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Full text of "Bulletin de la Societe botanique de France."

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SOCIÉTÉ BOTANIQUE 


DE FRANCE 


Paris, — Imprimerie de E, MARTINET, rue Mignon, 2, 


BULLETIN 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE 
DE FRANCE | 


FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 


TOME TREIZIÈME 


PARIS 


AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ 
AUE DE GRENELLE-SAINT-GERM AIN, 84 


LISTE DES MEMBRES 


ADMIS DANS LA 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE 


PENDANT L'ANNÉE 1865. 


BARLA (JEAN-BAPTISTE), directeur du Musée de la ville de Nice (Alpes-Mari- 
times). 

BLANCHE (HENRI), à Dóle (Jura). 

GOUVILLE (CÉSAIRE), ancien pharmacien, à Carentan (Manche). 

LE GRAND (ANTOINE), agent voyer d'arrondissement, rue Montaud, 25, à 
Saint-Étienne (Loire). 

MAGNES (Louis), licencié ès sciences naturelles, rue des Couteliers, 24, à 
Toulouse. 

MERCEY (ALBERT DE), à Hyères (Var). 

MICHEL (ÉVARISTE), rue Notre-Dame de Lorette, 18, à Paris. 

MONTOLIVO (l'abbé JusTIN), bibliothécaire de la ville de Nice (Alpes-Maritimes). 

NETTO (LADISLAU DE SOUSA-MELLO), directeur de la section de botanique et 
d'agriculture au Musée impérial de Rio-de-Janeiro (Brésil), rue Linné, 8, 
à Paris. 

PAIRA (MICHEL), cultivateur, à Gendertheim près Brumath (Bas-Rhin). 

RIPART, docteur en médecine, rue Moyenne, 18, à Bourges (Cher). 

ROUSSEL (MADAME VEUVE), à la Bruyère près Cellettes (Loir-et-Cher). 

SAMSON (ÉMILE), rue du Faubourg-Poissonnière, 80, à Paris. 

SAPORTA (le comte GASTON DE), à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). 

SAUVAGE D’ESTRÉES (ÉMILE), étudiant en médecine, boulevard Saint-Michel, 
16, à Paris, 

VAN-TIEGHEM (PHILIPPE), docteur ès sciences, chargé des conférences de bota- 
nique à l'École normale supérieure, rue de Sorbonne, 4, à Paris, 


» 


6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Admis comme membres à vic. 


TIMBAL-LAGRAVE (Édouard). 
Caron (Henri). 
ARDOINO (Honoré). 


Membres décédés, 


SAINTINE (X.-B.), 21 janvier 1865. 
MÆDER (Albert), 2 février, 
Durour (Léon), 18 avril. 

REVEIL (Oscar), juin. 

Hooker (sir William), 42 août. 
MAILLE (Alphonse), 30 septembre. 
Ramu (Hippolyte), novembre. 


SOCIETE BOTANIQUE 
DE FRANCE 


SÉANCE DU 5 JANVIER 1866. 


PRÉSIDENCE DE M. AD. BRONGNIART. 


M. E. Roze, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de 
la séance du 22 décembre 1865, dont la rédaction est adoptée. 

Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le 
Président proclame l'admission de : 


MM. Moccrince (John-Traherne), à Menton (Alpes-Maritimes), 
présenté par MM. Ardoino et de Schœnefeld. 


River (Charles-Gabriel), attaché au ministère des finances, 
rue Biot, 7, à Batignolles (Paris), présenté par MM. Roze 
et Bescherelle. 


M. le Président annonce en outre quatre nouvelles présentations. 

Lecture est donnée d’une lettre de M. Évariste Michel, qui remer- 
cie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. 

M. le Président annonce à la Société la perte profondément re- 
grettable que la botanique française vient de faire dans la personne 
de notre éminent collégue M. le docteur Camille Montagne, membre 
de l'Académie des sciences, décédé hier, dans sa quatre-vingt- 
deuxième année. (Voyez le Dulletiu, t. XII [Revue], p. 278.) 

Conformément à l'art. 28 du règlement, M. le Président fait con- 
naitre à la Société les noms des membres des diverses Commissions 
nommées par le Conseil, pour l'année 1866, dans sa séance du 
22 décembre dernier. 

Ces Commissions sont composées de la maniére suivante : 

1° Commission de comptabilité, chargée de vérifier la gestion de 
M. le Trésorier : MM. de Bouis, A. Passy et Ramond. 


8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


2% Commission des archives, chargée de vérifier la gestion de 
M. l'Archiviste : MM. Eug. Fournier, Laségue et Le Maout. 

3° Commission permanente du Bulletin : MM. Cosson, Eug. 
Fournier et Gaudefroy. 

h? Commission permanente des gravures : MM. Decaisne, Græn- 
land et Prillieux. 

5 Commission chargée de recueillir les opinions émises relati- 
vement à la tenue de la prochaine session extraordinaire, et de for- 
muler une proposition sur le lieu et l’époque de cette session : 
MM. P. de Bretagne, Cosson, Eug. Fournier, Chatin et G. Maugin. 

6" Comité consultatif, chargé de la détermination des plantes 
de France et d'Algérie soumises à l'examen de la Société : MM. Bes- 
cherelle, Cordier, Cosson, Eug. Fournier, Groenland, le comte Jau- 
bert et Roussel. 

M. le Président annonce que, par suite du tirage au sort fait le 
S8 décembre dernier, les membres du Conseil sortant cette année 
sont : MM. P. de Bretagne, Chatin, Gubler et Hénon. 

M. le Président annonce en outre que les fonctions de M. Eug. 
Fournier, secrétaire, nommé en 1862, sont expirées. 

On procède à l'élection du président pour l'année 1866. 

M. le comte JaupERT, ayant obtenu 132 suffrages sur 144, est 
proclamé président de la Société pour 1866. 

La Société nomme ensuite successivement : 

Vice-présidents : MM. Decaisne, Gubler, de Bouis et Eug. Four- 
nier. | 

Secrétaire : M. Éd. Bureau. i 

Vice-secrétaire : M. P. de Bretagne, en remplacement de M. Bu- 
reau, nommé secrétaire. 

Membres du Conseil : MM. Ad. Brongniart, Laségue, Brice, Lar- 
cher et A. Passy. 

Il résulte de ces nominations que le Bureau et le Conseil d’admi- 


nistration de la Société se trouvent composés, pour l'année 1866, 
de la maniére suivante : 


Président. 
M. le comte JAUBERT. 


Vice-présidents. 
MM. de Bouis, MM. Eug. Fournier, 
Decaisne, Gubler, 


SÉANCE DU 12 JANVIER 1866. 9 


Secrétaire général. 


M. de Schonefeld. 


Secrétaires. Vice-secrétaires. 
MM. Éd. Bureau. MM. P. de Bretagne, 
A. Gris. E. Roze. 
Trésorier. Archiviste, 
M. Fr. Delessert. M. Duchartre. 
Membres du Conseil. 
MM. Bescherelle, MM. Laségue, 
Brice, Alph. Lavallée, 
Ad. Brongniart, Le Dien, 
Cordier, Le Ma out. 
E. Cosson, A. Passy, 
Larcher, Ramond. 


Avant de se séparer, la Société vote des remerciments unanimes 
à M. Ad. Brongniart, pour le dévouement avec lequel il a bien 
voulu diriger ses travaux pendant l'année qui vient de finir. 


SÉANCE DU 12 JANVIER 1866. 


PRÉSIDENCE DE M. GUBLER, VICE-PRÉSIDENT. 


M. Gubler, en prenant place au fauteuil, présente les excuses de 
M. le comte Jaubert, président de la Société, empêché de se rendre 
à la séance. ` 

M. Roze, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la 
séance du 5 janvier, dont la rédaction est adoptée. 

Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le 
Président proclame l'admission de : 


MM. CmanEnT (Eugéne-Nicolas), juge de paix à Saint-Vallier 
(Dróme), présenté par MM. de Parseval-Grandmaison et 
Cosson. 

Bories (Paul), pharmacien de la Marine, sous-directeur du 
jardin d’acclimatation et d'histoire naturelle, à Saint- 
Denis (lle de la Réunion), présenté par MM. de Parseval- 


Grandmaison et Cosson. 
T. XIII, (SÉANCES, 9 


10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
MM. Békérorr (André), professeur à l'université de Saint-Péters- 
bourg, présenté par MM. A. Gris et Eug. Fournier. 


EicHLER (Auguste-Guillaume), docteur en philosophie, prt- 
vatim docens à l'université de Munich (Baviére), Karls- 
platz, 29, présenté par MM. L. Netto et A. Gris. 


M. le Président annonce en outre trois nouvelles présentations. 
Dons faits à la Société : 


4° Par M. Ad. Brongniart : 


Annales des sciences naturelles, 5° série, t. III, n° 6. 


2 De la part de M. de Martius : 
QE ffentliche Sitzung der Gesammt-Academie zur Feier des 10611 Stif- 
tungstages am 28» Merz 1865. 
3° De la part de M. le comte de Lambertye : 
Les plantes à feuilles ornementales en pleine terre, 1** partie. 


h? De la part de M. Ch. Martins : 


Index seminum Horti monspeliensis, anno 1865. 
5° De la part de M. Fr. Crepin: 


Notes sur quelques plantes rares ou critiques de la Belgique, 5* fasci- 
cule. 


6^ En échange du Bulletin de la Société : 


Bulletin de la Société des sciences de l Yonne, 1865, 3° trimestre, 

Pharmaceutical journal and transactions, janvier 1866. 

Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation, novem- 
bre 1865, 


L'Institut, décembre 1865 et janvier 1866, trois numéros. 


M. Gris fait à la Société la communication suivante : 


NOTE SUR LES CORPS REPRODUCTEURS DES CYCADÉES, 
pr M. Arthur GRIS, 


C'est particuliérement aux beaux travaux de Robert Brown , de M. Adolphe 
Brongniart et de Mirbel, que la science doit les connaissances générales qu'elle 
possede actuellement sur la structure de l'ovule végétal. 


Des traits d'organisation spéciaux à l'ovule de certaines plantes ont été 


SÉANCE DU 12 JANVIER 1806. 11 
signalés depuis par MM. Decaisne, Planchon, Schacht et d'autres. savants 
observateurs. 

J'ai moi-même fait connaitre, à différentes époques, soit dans les Comptes 
rendus de l'Académie, soit dans d'autres recueils scientifiques, les résultats de 
mes recherches sur l'ovule des différents genres appartenant à la belle famille 
des Marantées, sur celui du Ricin, et, dans un travail dont M. Brongniart m'a 
fait l'honneur d’être le collaborateur, sur celui du Posidonia Caulini. 

Mes observations sur l'ovule du Ricin m'avaient présenté de curieuses par- 
ticularités de structure. Mais elles prennent aujourd'hui une importance nou- 
velle, car elles me paraissent devoir servir à jeter quelque jour sur le sens 
morphologique des organes de fructification des Cycadées. 

Ges organes ont été diversement interprétés par les botanistes et le sont 
encore aujourd'hui. 

L. -C. Richard considérait la fleur femelle des Gycadées comme formée d'un 
calice monosépale adhérent à un ovaire semi-infére, uniloculaire et uni-ovulé, 
opinion qui n'eut d'autre partisan que le fils de cet illustre botaniste. 

Il n'en fut pas ainsi de celle que Robert Brown fit connaitre en 18206, et 
d’après laquelle l'ovule des Cycadées n'est, à aucun âge, renfermé dans un 
ovaire, mais se trouve exposé directement à l'action du pollen. 

Guill. Miquel, dans ses Observations sur l'ovule et les embryons des Cy- 
cadées (4); Adrien de Jussieu, dans ses Éléments de botanique; Endlicher, 
dans son Genera plantarum ; M. Ad. Brongniart, dans son Ænumération 
des genres de plantes cultivés au Muséum; MM. Decaisne et Naudin, dans 
leur Manuel de l'amateur des jardins, et beaucoup d'autres botanistes émi- 
nents reconnurent, comme Robert Brown, que les Cycadées sont des plantes 
gymnospermes , c'est-à-dire munies d'ovules nus, non renfermés dans un 
pistil clos et surmonté d'un style et d'un stigmate. 

Cependant, dans ces dernières années, M. Payer fut conduit à revenir, au 
moins en partie, aux idées de L.-C. Richard. Il admit, en effet (Familles 
naturelles des plantes), que les fleurs femelles des Cycadées consistent en un 
pistil, sans aucunes traces d'enveloppes florales; que l'ovaire de ce pistil est 
supere, surmonté d'un style court, uniloculaire, et ne contient qu'un seul 
ovule sans enveloppes, attaché au fond de sa cavité, 

Pour arriver à une conviction motivée sur cette importante question, j'a! 
soumis à l'examen microscopique les organes de fructification de deux espèces 
de Zamia et du Cycas circinalis qui viennent de fleurir dans les serres du 
Muséum d'histoire naturelle. 

Les écailles peltées du cône femelle des Zamia portent suspendus à la face 
inférieure du disque hexagonal qui les termine deux corps ovoïdes qui sont 
les organes reproducteurs de la plante. Chacun de ces corps offre, dans son 


(1) Ann. sc. nat. 3° sér, t. HI, p. 193. 


T SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

intérieur, un cône libre, très-large à la base et effilé au sommet. Un peu au- 
dessous de l'origine de ce cóne se trouve une cavité contenant un sac em- 
bryonnaire. Ce cóne est donc un nucelle, et ce nucelle, libre dans sa partie 
supérieure, fait corps, dans sa moitié inférieure environ, avec la masse basi- 
laire charnue du corps reproducteur. Un tégument enveloppe étroitement la 
partie libre du nucelle et se prolonge au-dessus de sa pointe en un petit bec 
cylindrique creusé d'un canal central. 

Avant d'aller plus loin, remarquons immédiatement que cette particularité 
de structure du nucelle se retrouve tout entiére dans l'ovule du Ricin, et 
qu'elle est un des caracteres les plus remarquables de cet ovule. 

Si nous reprenons maintenant l'examen du corps reproducteur du Zamia, 
ce n'est pas sans surprise que nous découvrirons bientót de nouvelles et frap- 
pantes analogies entre ce corps reproducteur et lovule du Ricin. 

J'ai fait voir que dans l'ovule de cette dernière plante, la partie du nucelle 
qui n'est pas libre est revêtue extérieurement par un magnifique réseau de 
vaisseaux nourriciers émanés de l'unique faisceau qui rampe, sous le nom de 
raphé, dans le tégument externe de l'ovule. 

J'ai retrouvé cette riche cupule vasculaire dans le corps reproducteur 
du Zamia. Elle embrasse, comme dans le Ricin, la partie du nucelle 
qui fait corps avec l'enveloppe épaisse dont il est revêtu (1) ; elle naît des élé- 
ments vasculaires destinés à vivifier cette enveloppe, et qui se distribuent dans 
son intérieur en six faisceaux régulièrement espacés, comme l’a très-exacte- 
ment indiqué M. Karsten (2). 

Dans le Cycas circinalis, les corps reproducteurs ne sont plus pendants et 
réunis par paire à la face inférieure d’une écaille, mais, comme on le sait, dres- 
sés et solitaires dans les échancrures des feuilles florales. Leur structure est, 
du reste, sensiblement la méme que dans les Zamia. 

Ils nous offrent, en effet, un nucelle libre dans sa partie supérieure seule- 
ment, et enveloppé d'un tégument qui se prolonge au-dessus de sa pointe en 
un petit bec cylindrique creusé d'un canal central. Une cupule vasculaire, 
analogue à celle que j'ai signalée dans le Ricin et dans les Zamia, s'élève dans 
l'épaisseur de la masse basilaire charnue du corps reproducteur, de maniére à 
embrasser toute la base du nucelle et à s'élever environ jusqu'à la hauteur des 
point d'émergence de son cóne supérieur libre. Elle nait, comme dans les 


Zamia, des éléments vasculaires destinés à vivifier l'enveloppe du corps 


reproducteur, mais qui se distribuent dans son intérieur en deux faisceaux 


(1) Je dois faire remarquer ici que M. 
particularité de structure (pl. IX, fig. 36), 
hujus strati superficies membranam sistit 
postea magis distinctam, albam, et post foc 
anastomosantibus pertensam..... » 

(2) Abhandl. der Kœn, Akud. der Wissensch. zu Berlin, 
Betrachtung der Zamia muricata. 


Miquel (loc. Cil.) à figuré cette remarquable 
et qu'il l'a signalée en ces termes : « Interna 
fere propriam, in ovulo juniore cellularem, 
undationem vasorum Spiroideoruw fasciculis 


1857. Organographische 


SÉANCE DU 12 JANVIER 1866, 13 


seulement. Sur une section transversale du corps reproducteur, ces faisceaux 
occupent les extrémités du grand diamètre de la figure ovalant formée par 
cette section. 

. Ainsi, qu'on veuille bien le- remarquer, les corps reproducteurs des Zamia 
et des Cycas offrent à l'observateur attentif les deux traits les plus caractéris- 
tiques de la structure de l'ovule dans le Ricin. 

Si donc il existe entre les corps reproducteurs de ces plantes de telles ana- 
logies de structure, n'est-on point porté à conclure de l'identité d'organisation, 
dans ce qu'elle a d'essentiel, à l'identité des organes eux-mêmes? Ces analo- 
gies de structure ne servent-elles point à confirmer l'opinion émise par Robert 
Brown, il y à quarante ans ? 

Pour nous, comme pour les ent les plus éminents de nos jours, le 
corps reproducteur des Cycadées est un ovule nu; l'enveloppe extérieure. de 
ce corps est un tégument et non un ovaire; son prolongement filiforme est un 
micropyle et non un style; le cóne qu'elle protége est un nucelle et non un 
ovule. 


M. Roze, vice-secrétaire, donne lecture de la communication 
suivante, adressée à la Société : 


NOUVELLES HERBORISATIONS DANS L'HÉRAULT, EN 1865, par Mi. Henri LORET. 
(Montpellier, 4er décembre 1865.) 


Patience et longueur de temps 
Font plus que force ni que rage. 


Les montagnes de l'Esperou, depuis quelque temps déjà, ont fait place aux 
Cévennes de l'Hérault dans les préoccupations des botanistes montpelliérains. 
Aussi, en dirigeant nos recherches, cette année, vers la partie occidentale du 
département, trop négligée autrefois, nous sommes-nous associé à une idée 
qui parait avoir pris faveur chez nos savants professeurs de botanique. M. le 
professeur de la Faculté des sciences, notamment, a naguère mentionné 
comme nouvelles pour le département quelques espèces du Caroux qui, avec 
nos idées actuelles, ne seraient plus censées nous appartenir aussi légitime- 
ment, si on ne les rencontrait qu'à l'Esperou ou ailleurs, en dehors de nos 
limites départementales. 

Il est bon de le faire observer, en montant jusqu’à la crête des Cévennes 
méridionales, de l'Espinouse à l'Escandorgue, de la Salvetat au Caylar, non- 
seulement nous restons dans nos limites politiques, mais les botanistes qui ne 
parlent que de divisions géographiques naturelles, remarqueront avec nous que 
les limites de l'Hérault, du cóté dont nous parlons, correspondent parfaitement 
avec les divisions naturelles qu'ils préconisent. Les Cévennes de l Hérault, en 


4h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


effet, contribuent pour leur part à la grande ligne de séparation des eaux de 
l'Europe, Au sommet nord-est de lEspinouse notamment, où trois rivières 
prennent leur source à moins de 2 kilomètres l'une de l'autre, deux d'entre 
elles, l'Agoüt et le Dourdou, yont à l'Océan par l'intermédiaire du Tarn, et la 
troisième, qui est la rivière de la Mare, devient tributaire de la Méditerranée, 
en versant ses eaux dans l'Orb, le plus important des cours d'eau du départe- 
ment, après celui qui lui donne son nom. 

Nous devons reconnaître que Gouan, en comprenant l'Esperou dans sa flore 
de Montpellier, ne s'éloignait pas des données de la nature, puisqu'il n allait, 
de ce cóté-Ià aussi, que jusqu'aux sources des eaux et au point de division des 
(leuves, Toutefois, outre les motifs qu'on a de doter chaque département 
francais d'une bonne flore; avant d'établir des divisions naturelles sur les- 
quelles on puisse s'accorder, nous avons, à Montpellier, une raison. particu- 
lière de circonscrire la flore du pays dans nos limites départementales. Un 
livre, simplement intitulé: Flore de Montpellier, ne dirait, en effet, rien de 
précis à personne. On a vu quelle extension Gouan donnait à ce titre. Magnol, 
au contraire, avait cru devoir se renfermer dans l'espace restreint qui com- 
prend, de nos jours, l'arrondissement de Montpellier et la plage d'Aigues- 
Mortes. Deux fois, à la vérité, il franchit la rivière de l'Hérault pour men- 
tionner, dans son Botunicum monspeliense, le Calycotome spinosa entre 

. Béziers et Saint-Thibéry, et le Cistus crispus entre Béziers et Pézenas; mais 
il cherche aussitôt une excuse dans la beauté de ces plantes qu'il tient 
à signaler aux amateurs, dit-il, quoiqu'elles soient l'une à huit , l'autre à neuf 
lieues de Montpellier. Ainsi Magnol commença par limiter la flore de Mont- 
pellier aux environs de cette ville, puis Gouan et Sauvage s'avancérent jusqu'à 
l'Aigoual, Enfin, quelques botanistes, plus tard, parlèrent, sans réaliser leur 
projet, de comprendre dans la flore de Montpellier tout le vaste territoire qui 
s'étend depuis Narbonne jusqu'au Rhône. Aujourd'hui qu'il se publie tant de 
flores départementales, quoi de plus raisonnable que de couper court à toutes 
les divergences et de se renfermer dans les limites incontestables de l'Hérault, 
en abandonnant à la flore du Gard les montagnes qui ne sont plus censées 
nous appartenir? D'ailleurs, les Cévennes de l'Hérault, omises volontairement 
par Magnol et que Gouan connaissait si peu, n'offrent-elles pas aux botanistes 
de Montpellier une belle compensation ? Qu'ils nous permettent de leur pré- 
senter aujourd'hui le bouquet que nous y avons formé l'été dernier, dans l'es- 
pérance qu'on voudrait bien l'accueillir avec quelque faveur. Nous ne con- 
naissons point de plus douce jouissance pour les botanistes que celle de 
concourir en commun et sans rivalité à l'accroissement des richesses végétales 
d'un pays, car la science ne connait point de monopole. 

Nous avons choisi, cette année, pour théâtre principal de nos herborisations 
le plateau de Saint-Amand-de-Mounis, au pied de l'Espinouse (802 mètres), et 
plus bas, la partie moyenne de la vallée de la Mare. Ce torrent, qui descend 


SÉANCE DU 12 JANVIER 1866. 15 


de l'Espinouse, arrose, de l'ouest à l'est, Castanet-le-Haut (599 m.), Andabre- 
hosis (361 m.), Saint-Gervais-sur-Mare (334 m.), Castanet-le-Bas, Saint- 
Étienne-de-Mursan (270 m.), et va se jeter dans l'Orb, prés d'Hérépian, 
aprés un trajet d'une. trentaine de kilomètres. La nature minéralogique du 
sol, assez peu variée, consiste presque partout en schistes de transition super- 
posés au terrain houiller et mêlés parfois, à Saint- Amand ct à Saint-Geniès, 
au calcaire ancien, 

Cette vallée nous a séduit par de gracieux tableaux. On pourrait, à la 
vérité, lui souhaiter une plus grande largeur; mais souvent ses collines éta- 
gées y multiplient les points de vue, et les roches grises qui apparaissent dans 
le lointain contribuent à varier les aspects, en contrastant avec les vertes prai- 
ries du plan inférieur. Au sommet de la vallée, les foréts de Hétre, et presque 
partout le Châtaignier et le Chêne, offrent à l'œil ces verts horizons, si rares 
dans la majeure partie des hautes Cévennes. Peu de sites, dans les Pyrénées 
elles-mêmes, nous ont paru plus frais et plus gracieux que celui de Plaisance, 
entre Saint-Geniès-de-Varensal et Andabre. Ce petit vallon, encadré, pour 
ainsi dire, dans la vallée principale, est baigné par les caux toujours limpides 
du Gravesou, petite rivière qui va se perdre, après un court trajet, dans le 
tumultueux torrent de la Mare. C'est bien ici qu'on serait tenté de faire des 
phrases, car la beauté du site les livre, pour ainsi dire, toutes faites; mais les 
meilleures descriptions sentent leur collége lorsqu'elles sont inutiles, ct ce 
genre de littérature est toujours inopportun et souvent déplacé dans un tra- 
vail scientifique destiné aux botanistes. Parlons donc de nos plantes. 

La plupart des espèces qu'on a mentionnées depuis quelque temps comme 
nouvelles pour l'Hérault, se sont offertes à nous, cette année, dans la vallée 
privilégiée que nous venons de parcourir (1). Nous devons omettre naturel- 
lement tout ce qui a été cité naguère par nous ou par d'autres, et nous ne 
consignerons ici que les espèces qui n'étaient point connues encore comm e 
appartenant au département. Leur nombre, en y joignant quatre especes rap- 
portées par nos amis, s'éléve à quarante-neuf. 

En voici le catalogue méthodique, avec les localités respectives où ellcs 
végètent : 


Ranunculus tuberosus Lap.; Duby Bot. p. 11 (R, villosus Saint-Amans ; R. Amansii 
Jord.). — Saint-Amand-de-Mounis. 

Helleborus viridis L. — Saint-Amand-de-Mounis. 

Cardamine silvatica Link. — Andabre-Rosis ; Saint-Amand, 


(1) C'est surtout prés de nos limites que nous avons fait nos meilleures découvertes. 
Il en est ainsi ordinairement, et, à en juger par plusieurs de nos flores départementales, 
ce sont presque toujours les lieux les plus éloignés du centre qui sont les moins connus, 
Nous en avons eu, cette année, une double preuve; car, en franchissant notre limite, 
nous avons trouvé à l'extrémité orientale du Tarn huit espèces qui ne figurent point dans 
la flore récente de ce département, flore si consciencieuse néanmoins et étudiée avec 
soin, depuis longues années, par un botaniste des plns distingués. 


16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Viola scotophylla Jord. — Andabre ; Saint-Amand. 

Polygala depressa Wend. — Saint-Amand. À 

Reseda Jacquini Rchb. (R. littoralis Gay ined.). — Andabre -Rosis. 

Silene nutans L. — Toute la vallée de la Mare. 

Dianthus grauiticus Jord. — Saint-Geniès-de-Varensal. 

Hyperieum hirsutum L. — Saint-Amand, 

Potentilla argentea L. (P. argentata Jord.). — Saint-Amand, où il a été trouvé égale- 
ment par MM. Aubouy et Farrand. 

P. Fragariastrum Ehrh. — Andabre; Castanet-le-Haut; Saint-Amand. 

P. micrantha Ram. — Andabre-Rosis. 

P. rupestris L. — Andabre. 

Rubus glandulosus Bell. — Andabre, 

Epilobium roseum Schreb. — Presque toute la vallée. 

Sempervivum arvernense Lecoq et Lam. — Saint-Amand. 

S, arachnoideum L. — Saint-Amand, 

S, arvernensi-arachnoideum Loret in Herb. de la Lozère, p. 20. — Saint-Amand. 

Chærophyllum aureum L. — Prairies de toute la vallée. 

Ch. hirsutum L. — Andabre; Saint-Amand., 

Galium læve Thuill. — Andabre ; Saint-Amand. 

Scabiosa patens Jord. — Toute la vallée. 

Centaurea pratensis Thuill. — Andabre. 

C. nigra L. (C. obscura Jord.). — Saint-Amand. 

Prenanthes purpurea L. — Saint-Amand ; trouvé également par M. Barrandon à Saint- 


Gervais-sur-Mare, par M. Farrand à Andabre et par M. Aubouy à l'Espinouse. 
Crepis biennis L. — Andabre. 


Centunculus minimus L. — Andabre. 
Primula elatior Jacq. — Saint-Amand. 
Gentiana Cruciata L. — Saint-Amand. 


Myosotis silvatica Hoffm. — Saint-Amand. 
Veronica agrestis L. — Andabre; Saint-Amand. 
Scrofularia alpestris Gay. — Saint-Amand. 


Euphrasia rigidula Jord. — Saint-Amand, où l'ont. trouvé aussi MM. Aubouy et Farrand., 
Galeopsis Tetrahit L. — Andabre; Saint-Amand. 

G. intermedia Vill. — Saint-Amand. 

Chenopodium Bonus Henricus L. — Saint-Amand. 

Scilla Lilio-Hyacinthus L. — Saint-Amand. 

Luzula maxima DC, — Saint-Amand. 

Carex pallescens L, — Saint-Geniés-de-Varensal. 

Aira Cæspitosa L. — Saint-Amand. 

Melica nebrodensis Parl. type. — Saint-Amand. 

Asplenium Halleri DC. — Toute la vallée moyenne et supérieure. 
A. Breynii Retz. — Andabre. 

A. lanceolatum Huds. — Andabre. 


Aspidium aculeatum Sw. — Saint-Amand ; bien moins commun que VA. angulare Kitai- 
bel, qui abonde dans la vallée et avec lequel on a eu tort de le confondre. 


Les quelques espèces trouvée; par M. Farrand, instituteur à Andabre (1), 


(4) M. Farrand, instituteur à Andabre, est parvenu seul, et dans le cours d'un seul 
été, au moyen dela flore de MM. Gillet et Migne, à reconnaitre plusieurs plantes de la 
vallée qu'il habite. Quoiqu'il ne soit qu'au début, nous avons reconnu en lui cette faculté 
de découvrir les plantes, dont parle M. Bernard Verlot dans son Guide du botaniste 
faculté innée et qui ne peut que difficilement s'acquérir dans le cours d'une longue 
pratique. — M. Aubouy, professeur au collège de Lodève, nous a communiqué plusieurs 
espèces intéressantes de Pézenas et de Lodève, On peut dire de 


: reu : M En lui qu'il porte l'amour 
de la science jusqu'à la passion, et c’est là vraiment ce qu'on nomme le feu sacré. 


SÉANCE DU 12 JANVIER 1866, 17 


et deux de nos amis, MM. Barrandon et Aubouy, qui sont venus nous voir 
dans les montagnes où nous avons passé l'été, sont les suivantes : 


Pinguicula vulgaris L. — Saint-Amand (Barrandon et Farrand). 
Euphrasia montana Jord. — Andabre (Farrand). 
E. campestris Jord. — Espinouse (Aubouy). 


Orobanche ramosa L. — Saint-Geniès-de-Varensal (Farrand). 


Nous ne mentionnerons point la plus belle de nos Fougères (Osmunda 
regalis L.) recueillie par M. Farrand sur le territoire de Saint-Gervais, 
car M. Touchy l'a trouvée autrefois au Caroux. 

Une demi-douzaine environ des espéces dont nous avons parlé ont été in- 
diquées par Gouan à quelques localités plus voisines de Montpellier; mais 
nous croyons qu'on ne les y a jamais vues depuis. On sait d'ailleurs que cet 
auteur si peu exact a souvent méconnu les espèces dont il parle; c'est ainsi, 
pour ne citer qu'une de nos plantes, que le Silene nutans de Linné lui étant 
resté inconnu, il donne ce nom, par une erreur qui s'est perpétuée ici dans 
plusieurs de nos herbiers, au Silene italica de Persoon, si commun aux envi- 
rons de Montpellier. 

èn parcourant le catalogue de nos espèces et en songeant qu'il s'agit là de 
plantes de l'Hérault, plusieurs botanistes seront surpris, sans doute, de ne 
point retrouver en elles ces espèces essentiellement méditerranéennes carac- 
térisées par un faciès particulier et qui les fait reconnaître immédiatement lors- 
qu'on a herborisé dans plusieurs régions. Ce phénomène a besoin d'explication, 
et nous allons en signaler la cause. 

Les Cévennes de l'Hérault, dont le faite détermine, comme nous l'avons dit, 
la division des eaux, touchent également à la limite de deux climats tranchés, 
le climat occidental ou girondin et le climat méditerranéen ou provencal. 
Elles appartiennent néanmoins encore, en grande partie, au premier de ces 
deux climats; car ce n’est que vers la ligne tracée par la route de Lodève à 
Saint-Pons que commence le climat méditerranéen. Qu'on suive, en effet, les 
nuages qui arrivent de l'Océan, et l'on verra qu'ils commencent à se dégonfler 
en franchissant la chaine transversale qui nous borne à l'ouest, et que les der- 
nières gouttes d'eau qu'ils distillent dépassent rarement Lamalou et Hérépian. 
Là, l'horizon se dégage de ses vapeurs grises, l'azur du ciel devient plus franc, 
et l'Olivier commence à y caractériser une nouvelle région. 

C'est surtout à ce climat humide et un peu occidental de nos basses mon- 
tagnes, ainsi qu'à l'influence de l'altitude, qu'il faut attribuer la différence 
notable qui existe entre la flore de la plaine, chez nous, et celle des vallées. 
Il suit de là aussi que les espèces de ces vallées, qui manquent dans la plaine 
de Montpellier, végètent presque toutes dans l'ouest et dans le sud-ouest de la 
France. La comparaison nous est facile, car nous avons fait autrefois l'herbier 
du pluas riche de nos départements occidentaux. Doit-on conclure de cette 


18 . SOCIÉTÉ ROTANIQUE DE FRANCE. 


analogie de végétation que les plantes de nos vallées nous sont venues du 
bassin de la Garonne ou du voisinage de l'Océan ? Nous ne le pensons point. 
En thèse générale, une pareille migration ne nous semble admissible que pour 
des espèces très-abondantes au. lieu d'origine, et fort rares, au contraire, là 
où elles auraient été transportées : or, les espèces dont nous parlons ne sont 
pas beaucoup plus communes d'un côté que de l’autre. Nous croyons donc 
- que c'est en raison de l'analogie du milieu où elles végètent qu'elles y sont 
autochthones, et qu'elles ont pu y être, dès le principe, également répandues 
par le Créateur. Presque toutes se trouvent aussi dans le nord, prés de Paris 
notamment, et là aussi, sans doute, la cause principale de leur présence est 
due à l'analogie du climat. 

Un certain nombre de ces plantes essentiellement hygrophiles ne végètent 
bien que dans les climats humides, et c'est évidemment la sécheresse de notre 
atmosphère comme de notre sol qui les tient éloignées de Montpellier et les 
enchaîne, pour ainsi dire, au delà de la ligne de Lodève à Saint-Pons, A cette 
catégorie appartiennent surtout les espèces suivantes de notre liste : Helleborus 
viridis, Cardamine silvatica, Hypericum hirsutum, Epilobium roseum, Che- 
rophyllum aureum, Ch, hirsutum, Centaurea pratensis, Prenanthes purpu- 
rea, Myosotis silvatica, Scrofularia alpestris, Luzula mazima, Carex pal- 
lescens, Aira cæspitosa, Aspidium aculeatum, Primula elatior, Centunculus 
minimus. Cette dernière plante, que MM. Grenier et Godron excluent de la 
région méditerranéenne, y est seulement très-rare et peut, du reste, échapper 
aux recherches, car sa taille atteint à peine quelques centimètres. C'est en 
nous baissant pour recueillir une plantule également gréle et peu sympathique 
aux climats secs, le Radiola linoides Gm., que nous l'avons aperçue au 
pied des rochers humides à Andabre. Pour ce qui est du Radiola, M. Alph. 
De Candolle, dans son savant Traité de géographie botanique raisonnée, 
p. 218, dit, en parlant de cette plante; qu'il croit absente de Montpellier : 
* A Montpellier, la sécheresse parait trop forte pour l'espéce, méme dès le- 
» printemps. Les chiffres hyétométriques y sont très-faibles. On comprend 
» donc très-bien l'exclusion du sud-est de la France. » M. De Candolle avait 
d'excellentes raisons pour parler ainsi d'une plante décidément hygrophile et 
qui n'a jamais été mentionnée chez nous. Elle y à été trouvée néanmoins, et, 
si nous l'avons exclue de notre catalogue de nouveautés départementales, bien 
qu'elle nous soit tombée sous la main, c'est parce que nous l'avons vue dans 
l'herbier de Dunal, qui l'indique à Maguelonne (1). 


(1) I y a des herbiers qui ne peuvent être cités sans la plus grande circonspection 
et cela a lieu lorsqu'en a acquis la certitude que quelques étiquettes, bien qu'en très- 
petit nombre, n'ont point trait aux échantillons mêmes qu'elles accompagnent Ce fait 
regrettable peut se produire sans mauvaise foi, si Pauteur del'herbier persuadé qu'une 
plante croit dans une localité, ignore qu'il lui est interdit d'attribuer à cette localité de * 
échantillons pris ailleurs et qu'il croit de la même espèce. Mais si ces herbiers ne peu- 


SÉANCE DU 12 JANVIER 1866. 19 


Après avoir assigné à nos plantes le caractere général qui leur convient, 
nous devons dire un mot de celles qui offrent, sous d'autres rapports, un cer- 
tain intérêt. Quelques-unes d'entre elles nous ont frappé par leur abondance 
dans toute la vallée. Elles n'ont pu. échapper aux regards des botanistes qui 
ont passé par là, et, pour nous expliquer leur absence de tous nos herbiers et 
le silence qu'on a gardé à leur égard, nous nous sommes demandé si on ne les 
avait point confondues de prime abord avec des espèces voisines et censées 
vulgaires. Autant nous serait-il arrivé sans doute si nous n'avions fait que 
passer à côté des plantes dont il s'agit, sans les observer de prés. Il est impos- 
sible, selon nous, de bien connaitre les espèces d'un pays sans y séjourner, et 
c'est cette conviction qui nous a suggéré l'épigraphe : Patience et longueur 
de temps, etc. 

Nous devons citer comme frappant partout les regards : le Reseda Jacquini, 
plante rare que nous avons rencontrée autrefois dans l'Ardèche, et qui a dû 
être prise chez nous pour le Reseda Phyteuma; le Silene nutans, aussi com- 
mun hà haut que l'ifaica; VEpilobium roseum, dont le faciès est de loin 
celui du montanum ; le Chærophyllum aureum, qui infeste toutes les prai- 
ries de la vallée et qu'on a pris de loin peut-être pour un Anthriscus silves- 
tris; le Galeopsis intermedia Vill. , commun dans les cultures à Saint-Amand ; 
enfin l'Asplenium Halleri, qui tapisse les vieilles murailles et remplit les 
fissures de plusieurs rochers d'un bout à l'autre de la vallée. 

Le Dianthus graniticus, que nous avons vu sur presque tous les rochers 
granitiques et schisteux de l'Ardéche, est venu s'établir à Saint-Geniès-de- 
Varensal sur un rocher calcaire, à l'exclusion des roches schisteuses qui l'en- 
tourent. g 7 

Le Potentilla argentea L. (P. argentata Jord.), que nous avons recueilli 
à Saint-Amand, où lont rencontré également MM. Aubouy et Farrand, ne 
doit pas étre confondu avec son intime voisin, le P. inclinata Vill., signalé 
par M. Godron prés de Ganges, oà M. Barrandon l'a rencontré depuis. 

Le Potentilla micrantha, que nous avons trouvé autrefois dans l'Ardèche, 
où ilest fort rare et où on ne l'avait jamais mentionné, est assez commun 
dans les Pyrénées. On pourrait nommer plusieurs espèces trés-rares dans les 
Cévennes et fort répandues, au contraire, dans les Pyrénées «ui semblent 


vent étre cités que trés-rarement et, pour ainsi dire, avec bénéfice d'inventaire, à plus 
forte raison doit-on traiter comme nuls et non avenus ceux où cette irrégularité se pré- 
sente fréquemment et où l'on rencontre des échantillons nombreux d'une provenance 
différente de celle qui est mentionnée sur les étiquettes. C'est le chátiment de ceux qui 
ne disent pas constamment la vérité de n'étre crus par personne alors méme qu'ils la 
disent. L'herbier Dunal n'appartient ni à l'une ni à l'autre des deux catégories dont nous 
venons de parler. Bien. qu'il ait passé par beaucoup de mains et qu'on y remarque sou- 
vent du désordre, nous le considérons comme irréprochable sous le rapport des indica- 
tions de localités, et nous n'hésitons point à admettre notamment celle qu'il assigne au 
Radiola linoides. 


20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


nous avoir transmis, à des époques difficiles à déterminer, quelques intéres- 
santes colonies. 

Que dire du Gentiana Cruciata, si rare dans le midi, mais qui se trouve 
fréquemment dans le nord et dans le centre de la France ? Les auteurs de la 
Flore de France le considèrent comme étranger à la région méditerranéenne, 
au sud-ouest et probablement, disent-ils, aux Pyrénées. Nous avons trouvé 
cette plante dans les Pyrénées de l'Aude, mais une seule fois. Pour ce qui est 
de la région méditerranéenne, un peu plus étendue que celle des Oliviers, 
nous avons recueilli notre Gentiane, sinon dans cette région, au moins sur 
ses limites, Nous l'avons trouvée, en effet, une première fois dans la haute 
Provence, un peu au-dessus de Grasse, et cette fois-ci, dans l'Hérault, à 
Saint-Amand-de-Mounis, que son altitude de 800 metres dans ces froides 
montagnes exclut de la région méditerranéenne pour les botanistes, sinon pour 
les géographes. D'où nous vient cette belle espèce, dont l'habitat semble être 
ici un peu isolé ? On croirait qu'elle s'avance lentement chez nous, du nord 
au midi, et que les montagnes de l'Hérault en sont redevables à celles de 
l'Aveyron, où M. Revel l'indique à Mondalazac, non loin de Rodez. 

Le Serofularia alpestris, si commun dans les Pyrénées, rare dans le 
Tarn, d’après la flore de M. de Martrin, et plus rare encore chez nous, semble 
au contraire marcher lentement du midi vers le nord, où il peut s'avancer 
sans crainte, car il n'est point frileux. 

L Asplenium Breynii, chez nous comme partout, est peu abondant et 
végète toujours entre les Asplentum Trichomanes et septentrionale, dont il se 
partage les caractères. M. l'abbé Chaboisseau, qui travaille à une seconde édi- 
tion de la Flore de la Vienne, nous dit, dans une lettre, qu’il en a trouvé un 
seul pied dans sa circonscription, et qu'il le considère comme un hybride. Si 
la certitude du fait est difficile à établir, au moins ne peut-il être plus vraisem- 
blable, et nous inclinons vers l’affirmative. j 

On réunit généralement, dans nos flores, les Aspidium aculeatum Swartz 
et Asp. angulare Kitaibel. Nous ne partageons point cette maniere de voir, 
et l'auteur de la Florule du Torn, dont nous sommes loin d'admettre toutes 
les espèces, nous semble ici avoir parfaitement raison de distinguer spécifique- 
ment ces deux plantes. Leur signalement différentiel est facile à saisir. Les 
frondes de l'Aspidium angulare sont flasques, molles et d'un vert pâle; les 
lobes des segments courts, pétiolés, fortement auriculés et élargis à la base. 
L'Aspidium aculeatum s'en distingue, méme à quelques métres de distance, 
par son port roide et ses frondes coriaces et d'un vert sombre. Les lobes des 
segments, peu ou pas auriculés, sont atténués à la base et un peu décurrents. ; 

On a dû voir avec surprise parmi nos plantes nouvelles de l'Hérault les trois 
Joubarbes qui figurent sur notre liste sous les noms de Sempervivum arach- 
noideum, arvernense et arvernensi-arachnoideum. Cette derniere s'est offerte 
à nous d'abord sur un rocher schisteux, dans le village méme d'Andabre. Notre 


SÉANCE DU 12 JANVIER 1866. 21 
surprise fut extrême; car nous ne pümes nous défendre d'y voir immédiate- 
ment l'hybride de l'Ariége, que nous avons nommé Sempervivum Bouti- 
gniano-arachnoideum, dans le Bulletin de la Société botanique, et, plus 
tard S. arvernensi-arachnoideum, dans un travail sur l'herbier de la Lo- 
zère, lorsque nous crümes avoir acquis la certitude que le S. Boutignianum 
n'est qu'un synonyme de l'arvernense. La plante d'Andabre nous rappelait 
aussi exactement le S. rubellum, qui est identique, comme l'a reconnu l'au- 
teur lui-méme, avec notre hybride des Pyrénées (1). 

On devine notre embarras en présence du Sempervivum d'Andabre, plante 
isolée et néanmoins si semblable à celle de l'Ariége, dont l'hybridité nous a 
toujours paru incontestable. Nous la communiquàmes immédiatement au 
savant monographe de Riom, sans lui faire part de nos pensées, et, comme 
nous n'avons souci que de la vérité, nous lui dimes méme que l'isolement 
absolu de cette plante, ici, militait contre toute idée d’hybridité. M. Lamotte 
nous répond, avec sa sagacité ordinaire, qu'il voit dans cette forme un hybride 
qu'il faut ranger près des S. rubellum et villosum. Toutefois, comme elle lui 
parait un peu distincte de tout ce qu'il connait, il va la désigner, dit-il, dans 
ses cultures sous le nom de S, Loreti, se proposant de l'étudier avec soin et 


(1) Dans le compte rendu d'une excursion botanique aux Pyrénées (Bull. de la Soc. 
bot. de Fr. t. XI, p. 137), M. Timbal-Lagrave, aprés avoir parlé d'un certain nombre 
, d'espéces de Sempervivum, dit : « Notre ami M. Loret a pensé que plusieurs de ces es- 
péces étaient produites par l'hybridation des Sempervivum tectorum, alpinum, monta- 
num, etc. » La mémoire de notre ami, ordinairement si fidèle, l'a trompé ici; car nous 
n'avons jamais pensé cela, ni ne l'avons écrit nulle part. Nous n'avons jamais admis d'hy- 
bride de Sempervivum qu'entre deux espèces qui sont le S. arachnoideum et l'arvernense 
dont le S. Boulignianum est pour nous un synonyme, 

Nous ferons observer également, puisque l'occasion s'en présente, qu'il ne faut point 
non plus préférer le nom de S. alpinum à celui de Boutignianum, car MM. Grisebach et 
Schenk, eux-mémes, ont reconnu l'antériorité du nom créé par MM. Grenier et Billot. 

Nous venons de lire à l'instant une autre brochure que nous a adressée M. Timbal- 
Lagrave, brochure où il parle des excursions de la Société botanique lors de sa session 
extraordinaire à Toulouse et à Luchon. Notre ami dit (p. 5) qu'il a montré à plusieurs 
membres de la Société, sur un mur prés de Toulouse, son Sempervivum rubellum, notre 
S. arvernensi-arachnoideum (antea S. Boutigniano-arachnoideum), et il traite d'opinion 
sans preuve l'opinion émise par M. Lamotte et par nous, relativement à l'hybridité incon- 
testable de cette plante. La découverte des trois plantes de l’Ariége sur le territoire de 
l'Hérault et dans des conditions identiques, modifiera sans doute l'opinion de M. Timbal. 
Notre hybride est constamment stérile ici, ce que nous n'avions pu constater à Quérigut, 
oi la plante n'était qu'en fleur, el nous avons froissé vainement des milliers de carpelles 
bien mûrs sans y trouver une graine bien conformée. Il suffit de lire notre article relatif 
à la plante de l'Ariége (in Bull. Soc. bos. Fr. t. V, pp. 147 à 150) pour se convaincre 
que nous n'avons point admis une opinion dénuée de preuves. La forme hybride, inter- 
médiaire entre les deux espéces génératrices, se trouvait toujours au pied de la plante- 
mére, de maniére à lever toute espéce de doute. Nous en avons méme trouvé un pied 
enchâssé dans une touffe de S. arachnoideum, où il n'était évidemment que le produit 
d'une graine hybridée. Nous ne connaissons aucun hybride naturel dont l'origine soit 
plus évidente, et nous ne doutons point que notre conviction ne devienne tót ou tard celle 
de tous les botanistes qui auront occasion de voir ce que nous avons vu et étudié sur 
place. (Ajouté au moment de l'impression.) 


22 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


de nous en dire son avis l'année prochaine. Il s'agissait pour nous de trouver 
à Andabre les parents de l'hybride présumé, et nous nous mimes en quéte 
contre toute espérance. Le rocher où nous l'avions observé nous paraissant 
être une station artificielle, nous demandâmes si on l'y avait toujours vu. 
Une personne du village nous dit qu'elle l'avait apporté de Moulière, hameau 
de Castanet-le-Haut, il y a vingt-cinq ans, et que nous l'y trouverions sur une 
muraille. Nous partons avec M. Farrand pour Mouliere, situé au sommet d'un 
vallon étroit et sauvage. A notre arrivée, la plante s'offre à nous aux flancs 
d'un mur de soutènement qui borde le chemin, puis sur un pan de muraille, 
contre-fort épais et solide encore d'une maison en ruines. Les rosettes étaient 
entassées si dru à la partie supérieure de ce mur que, sur un espace de deux 
mètres carrés, on aurait pu en compter, d'apres nos calculs, sept à huit mil- 
liers. On sait que l'abondance des individus d'une pareille plante n'en infirme 
point l'hybridité, puisque la tige émet à sa base de nombreux rejets qui la 
reproduisent sans cesse; mais ici encore, point d'espèces voisines génératrices 
de notre mystérieuse plante, et conséquemment point de solution satisfai- 
sante. Les paysans du lieu nous renvoyèrent aux rochers d'Orques, entre 
Andabre et Saint-Amand-de-Mounis, oü l'on devait avoir pris autrefois cette 
plante de Moulière, Mon brave instituteur part pour Orques le jeudi suivant 
et en rapporte, outre l'hybride présumé, deux rosettes qui me font bondir de 
joie, cor c'est pour tnoile S. arvernense. Reste à trouver la plante-mère, le 
S. arachnoideum. Nous stimulons le seul propriétaire qui habite au pied des 
rochers d'Orques, où il envoie paitre ses troupeaux. Il s'agit de découvrir des 
rosettes de cassaoude (nom patois du pays), qui portent des fils d'araignée à 
leur sommet. La plante est trouvée; M. Farrand revient à la charge et 
recueille sur la. partie schisteuse de la montagne les parents et l'hybride en 
quantité. En certains endroits, tous végétaient côte à côte; mais, au besoin, il 
y à là plusieurs ruches dont les habitants sont, comme on sait, les agents les 
plus actifs des croisements adultérins, méme à de grandes distances. 

L'habile monographe des Sempervivum francais les a récemment beau- 
coup multipliés, en dédoublant notamment les Sempervivum Boutignianum 
et arvernense, Y crée dans sa dernière brochure le nom de S. pyrenai- 
cum (1) pour la plante que nous avons recueillie près des bains de Saint- 
Sauveur en 1854, et donne celui de lesurinum à celle de la Lozère que nous 
lui avons adressée en 1861. 11 est possible que les parents de notre hybride 


(1) M. Lamotte, dans ses Études sur le genre Sempervivum, exprimant la pensée que 
le S. Boutignianum Grenier et Bill, n'est point, comme nous l'avons cru, un synonyme 
du S. arvernense, dit, page 34: « La première description des auteurs laissait à désirer 
et pouvait aussi bien convenir au S. arvernense et aux formes voisines qu'au S. Bouti- 
gnianum. » Puis il ajoute (l, c.) que « nous n'avons sans doute pas eu connaissance de 
la seconde description, bien plus complète que la première, que MM. Billot et Grenier ont 
donnée de leur plante. » Nous croyons devoir dire que cette seconde description nous 
était connue, car M, Billot nous a envoyé les Archives où elle a été publiée ; mais nous 


SÉANCE DU 12 JANVIER 1866. 23 
de l'Hérault soient considérés plus tard par ce savant botaniste comme distincts 
du S. arvernense et de l'arachnoideum ordinaire. Malgré notre profonde 
estime pour la science du monographe dont nous parlons, rien jusqu'ici ne 
nous à paru propre à nous convertir au morcellement spécifique dont il s'agit, 
et les trois plantes de l'Hérault ne nous semblent point devoir être nommées 
autrement que nous venons de le faire. Nous craignons qu'on ne multiplie les 
espèces végétales plus que ne l'a fait la nature. On s'éloigne ainsi, selon nous, 
du véritable progrés, autant que les entomologistes qui ont parfois, à leur 
insu, donné au mâle et à la femelle du méme insecte des noms spécifiques 
différents. 

Nous ne sommes pas néanmoins de ceux qui dédaignent'et repoussent sans 
les étudier les nombreuses formes qu'on nous donne chaque jour comme de 
nouvelles espèces. Nous aimons, au contraire, à les observer de prés pour 
n'exprimer un avis qu'à bon escient. La connaissance des espèces nous semble 
être à ce prix. Ceux qui n'ont. point de temps à perdre aujourd'hui à cette 
iminutieuse étude, et nous avouerons volontiers qu'il y a mieux à faire, ceux-là 
doivent se récuser, au lieu de condamner sans examen. Nous comprenons les 
plaintives réclamations de quelques plumes autorisées; mais la réaction qu'on 
désire, et qui ne peut manquer de se produire tôt ou tard, sera moins le 
résultat de quelques impatients murinures que l'effet d'une étude sérieuse des 
prétendues espèces dont on se plaint et de la démonstration de leur inanité. 
Rien ne nous parait plus propre à nous révéler la vérité à cet égard, que d'in- 
cessantes herborisations dans des régions diverses, jointes à l'étude attentive 
des nombreuses formes que renferment les herbiers. La culture qu'on préco- 
nise peut éclaircir parfois certaines questions obscures; mais n'a-t-elle pas 
contribué souvent à la création de fausses espèces, plutôt que d'en provoquer 
la réduction? Observons donc en plein champ les nombreuses formes végétales 
que produit la nature. Arrétons-nous longtemps, au besoin, pour les étudier 
sur place avec une persévérance qui trouvera enfin, dans la. découverte du 
vrai, le plus doux dédommagement. Les difficultós suscitées par nos trois 
Joubarbes nous ont prouvé, pour la centième fois, que les botanistes herbo- 
risateurs vont généralement trop vite, et que, sans uue patiente persévérance, 
on ne peut souvent reconnaitre que les espèces vulgaires qui disent, en quelque 
sorte, leur nom à tout le monde. 


n'y avons point vu la preuve que cette plante différát spécifiquement du S. arvernense. 
Pour ce qui est de l'identité de notre plante des Pyrénées avec le S. Houtignianum, 
identité contestée par M. Lamolte qui lui donne le nouveau nom de pyrenaicum, nous 
devons dire que M. Grenier, à qui nous l'adressámes dans le temps, y reconnut, avec 
raison selon nous, son S. Boutignianum, et nous avons recu, en outre, de M. Boutigny 
lui-mème, des échantillons évidemment identiques avec les nôtres. Si nous nous trompons, 
ce n'est donc point faute de renseignements suffisants et sans connaissance de cause ; 
mais rien jusqu'à présent n'a modifié nos convictions, comme aussi rien, le cas échéant, 
ne nous coüterait moins à avouer. 


2h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


A propos de la station assez singulière du Dianthus graniticus 
sur une roche calcaire, signalée par M. Loret, M. le Président fait 
remarquer qu'il serait trés-utile, dans des cas semblables, de s'as- 
surer de la composition intime de la roche ainsi désignée comme 
calcaire, alors surtout que des roches dolomitiques se comportent 
absolument comme des roches siliceuses. 


M. Gris, secrétaire, donne lecture de la lettre suivante : 


* LETTRE DE M. Armand LANDRIN. 


A Monsieur le Président de la Société botanique de France. 


Paris, 8 décembre 1865. 
Monsieur le Président, 

M'occupant en ce moment d'écrire une histoire détaillée des illustres mem- 
bres de la famille Jussieu, jai dû rechercher tous les documents qui les 
concernent. J'ai consulté tout d'abord l'admirable collection de M. Fizeau, 
gendre de M. Adrien de Jussieu, et, grâce à la complaisance de ce savant, j'ai 
recueilli bon nombre de faits inédits sur la méthode naturelle. 

J'ai pensé que peut-être la Société accueillerait avec intérét la communication 
d'une page curieuse d'Adanson, qui prouve clairement, quoi qu'on en ait pu 
dire, que la première idée des familles naturelles es 
nard de Jussieu, et non à lui. 


Ce morceau est extrait de sa correspondance avec B. de Jussieu et son frère. 
Le voici : 


t due à son maître, Ber- 


« Sénégal, 4°" août 1750. 


»...… J'ai trouvé une facon de décrire bien différente de celle que j'arrétai dans 
» le temps de mon premier envoi, et c'est la seule que je crois bonne ct utile, 
? parce que non-seulement elle comprend absolument toutes ] 
» différents corps naturels, mais encore parce qu'elle décrit c 
» toutes les qualités qui leur sont propres..... Il n’est, suivant moi, que 
» cette seule méthode qui puisse conduire à 


Sa découvrir les classes naturelles, à 
» les diviser en familles et en genres naturels, et à trouver les véritables dif- 


» férences spécifiques. Suivant les observations que j'ai faites et qui ne sont 
» pas en petit nombre, j'ai concu un prospectus d'histoire naturelle, ou, pour 
» mieux dire, je me suis donné, sur la division naturelle des classes et des 
» familles de chacun des trois royaumes naturels, un plan que je compte, 
» par un travail de toute ma vie (quoique la vie d'un homme soit bien courte 
? pour un ouvrage si immense), que je compte, dis-je, perfectionner et con- 
» duire avec succès à la fin. Je crois avoir trouvé cette division naturelle, ou 
» une bien approchante, et j'en suis d'autant plus convaincu que j'aper- 


es parties des 
es parties dans 


SÉANCE DU 12 JANVIER 15606, 25 
» cois une analogie assez exacte de la division que je fais des classes et des 
» familles des plantes avec celles des animaux..... 

» Ne me taxez point d'amour-propre..... Si je fais quelque progrès dans 
» votre science, je ne le dois qu'aux bons principes que vous avez bien 
» voulu me donner, Messieurs, et dont vous m'avez développé les secrets 
» d'une manière plus particulière qu'à tout autre. Vous pouvez être parfai- 
» tement persuadés que vous n'avez pas semé dans une terre ingrate et sans 
» reconnaissance..... » 

Cette lettre, suivant moi, peut se résumer de la facon suivante : « J'ai 
trouvé un moyen d'arriver à classer les plantes d'aprés les principes que j'ai 
recueillis auprès de vous. » Or, ces principes, ce sont ceux qu'a mis en 
œuvre B. de Jussieu pour la disposition du jardin de Trianon, ce sont 
ceux que devait plus tard publier en les complétant et les étendant Ant. -Laur. 
de Jussieu ! : 

Permettez-moi, Monsieur le Président, de saisir cette occasion pour de- 
mander aux savants membres de la Société de vouloir bien me communiquer 
les documents qu'ils pourraient avoir sur Antoine, Bernard, Joseph, Antoine- 
Laurent, Adrien de Jussieu. Je ne parle pas ici seulement des renseignements 
scientifiques, mais encore des détails inédits sur leur vie privée, sur leurs 
relations, en un mot sur leur biographie. Je m'étonne de voir partout des 
volumes innombrables sur la vie de nos célébrités littéraires, tandis qu'il 
n'existe que de courtes brochures sur celle de chacune de nos illustrations 
scientifiques ; et encore, dans celle-ci, le plus souvent on n'envisage que le 
savant, et l'on ne parle pas de l'homme. Pourquoi cette différence? Les Jus- 
sieu, les Cuvier, les Buffon, les Duhamel, méritent-ils donc moins d'attirer 
l'attention des chercheurs que Molière, Racine ou La Fontaine? Leur vie pré- 
sente-t-elle moins d'épisodes dramatiques? Peut-être dira-t-on que les œuvres 
littéraires subissent. plus que les travaux scientifiques l'influence du genre de 
vie, du milieu, de leur auteur. Mais c'est une erreur, Linné est aussi actif 
dans sa vie privée que dans ses œuvres, Buffon aussi recherché dans ses ma- 
nieres que daus son style! Aussi, ce que je veux, c'est inaugurer cette nouvelle 
carrière de recherches: la biographie détaillée des grands naturalistes. Peut- 
être ne saurai-je pas intéresser, mais d'autres, plus habiles, suivront mon 
exemple avec plus de succès, et, pour moi, je me contenterai d'avoir entrepris 
le premier, pour les botanistes, ce que les Walckenaer et les Soulié ont fait 
pour nos grands écrivains. 

Veuillez agréer, etc., 

A. LANDRIN. 


M. Lefranc dépose sur le bureau le catalogue des plantes qu'il à 
récoltées aux environs de Sidi-bel-Abbés (Algérie). 


T. XH (SÉANCES) 3 


96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


CATALOGUE DES PLANTES RÉCOLTÉES DANS LA SUBDIVISION DE SIDI-BEL-ABBÈS, 
PENDANT LES ANNÉES 1863 ET 1864, par Mf. Edmond LEFRANC. 


PREMIERE PARTIE. 


Renonculacées. 


Clematis cirrósa L. — Broussailles forestières ; fl. janvier. 
Anemone palmata L. — Coteaux herbeux sur l'Oued-Sarno. 
— coronaria L. — Champs cultivés. 
Adonis æstivalis L, — Ibid. 
— microcarpa DC. — Ibid. 
Ceratocephalus falcatus Pers, — Ibid. 
Ranunculus cœnosus Guss. — Ruisseaux des sources à Daya. 
aquatilis L, var. Baudotii. — Marécages. 
spicatus Desf. — Djebel-Tessalah, Daya. 
macrophyllus Desf. — Påturages frais. 
bullatus L, — Coteaux herbeux. 
chærophyllos L. — Ibid. 
flabellatus Desf, — Ibid., Tessalah. 
trilobus Desf, — Prairie fraîche à Daya. 
arvensis L, — Champs cultivés. 
— orientalis L. — Pàturages à Daya; fl. fr. mai. 
Ficaria calthifolia Rchb. — Pâturages frais, Tessalah. 
Nigella arvensis L, — Pâturages secs. 
—  — var. divaricata, — Ibid. 
Delphinium pubescens DC. (vel sp. affinis). — Ibid. 
— junceum DC. — Champs cultivés. 
— pentagynum Desf, — Broussailles et pâturages, 'Tessalah. 


bERETI EI 


Papavéracées, 


Papaver Rhæas L. — Cultures. 
— setigerum DC, — lbid. 
— dubium L. — Ibid. 
— Argemone L. — Ibid. 
Romeria hybrida DC. — Ibid. 
Glaucium corniculatum Curt. — Tbid. 
Hypecoum pendulum L, — lbid. —— 
— procumbens L. var. albescens Coss. el DR, — Páturages secs. 
Fumaría officinalis L. — Cultures. 
— parviflora Lmk. = Ibid. 
Platycapnos spicatus Bernh. (Fumaria spicata L.). — Ibid. 
Ceratocapnos umbrosus DR. — Broussailles du chemin de Ben-Yoob ; iai. 


Crucifères, 


Sinapis arvensis L. — Lieux herbeux, champs cultivés, 

— dissecta Lag. — Terrains vagues. 

— alba L. — Ibid. 

— geniculata Desf. — Bords des champs. 

— hispida Schousb. — Lieux herbeux sur la Mekerra à Boukhanefis. 
,— amplexicaulis DC. (Sísymbrium amplexicaule Désf,). — Pâturages des broussailles. 
Eruca stenocarpa Boiss, et Reut. — Bords des champs. 

Brassica Maurorum DR, — Cultures au pied du Tessalah. 

— fruticiilosa Cyrill. var. — Brotssailles, Tessalah, Ben-Yoüb, Sfisef. 

— Tournefortii Gouau. — Bords des cültures à Sfisef. 

— sabularia Brot. — Ibid., plaines de Sfisef et du Tessalah. 

— nigra Koch (Sinapis nigra L.). — Lieux herbeux, terrains vagues. 


SÉANCE DU 12 JANVIER 1866. 27 


Diplotaxis auriculata DR. — Ibid., bords des routes. 
— virgata DR. — Ibid., bords des routes. 
Erucastrum varium DR. (Brassica varia). — Ibid. 
—`leucanthum Coss. et DR. — Coteaux forestiers à Daya. 
Malcolmia ramosissima Coss. (Hesperis ramosissima Desf.). — Plaine de Sfisef, plaine du 
Telagre. 
Matthiola tristis R. Br. — Bords des champs. 
— lunata R. Br. — Ibid. 
— parviflora R. Br. — Ibid. 
Erysimumgrandiflorum Desf. — Broussailles de la Tenira et de Ben-Youb à Daya. 
— orientale R. Br. — Cultures. 
— Kunzeanum Boiss, — Pâturages secs. 
Sisymbrium runcinatum Lag. — Bords des champs. 
— torulosum Desf. — Plaine de Sidi- Chaib prés Daya. 
— crassifolium Cav. — Coteaux forestiers à Daya. 
— [rio L. — Lieux herbeux. 
Arabis Thaliana L. — Pàturages des broussailles. 
— auriculata Lam. — Ibid. 
— parvula L. (A. latifolia DR.). — Ibid. 
— pubescens Poir. (Turritis pubescens Desf.). — Montagnes forestières de Daya. 
Alyssum serpylüfolium Desf. — Coteaux secs à Daya. 
— scutigerum DR. — Bords des champs. 
— campestre L. — lbid. 
— granatense Boiss. et Reut, — Ibid. 
— maritimum Lmk. — Coteaux et pàturages. 
Meniocus linifolius Desv. — Plaine de Sidi-Chaib pres Daya. 
Clypeola cyclodontea Delile. — Bords des champs. 
Draba verna L, — Pâturazes des broussailles. 
Camelina sativa L. — Bords des vultures. 
Thlaspi Bursa pastoris L. — Lieux herbeux. 
— perfoliatum L. — Ibid. 
Hutchinsia petræa R. Br. — Pàturages des broussailles. 
Ionopsidium albiflorum DR. — Ibid. 
Iberis Pruitii Tineo.— Montagnes forestières de Daya. 
— odorata L. (I. parviflora Munby). — Bords des champs. 
Biscutella auriculata L. — Ibid. 
— apula L. — Ibid. 
Cordylocarpus muricatus Desf. — Pentes argileuses, fraiches. 
Psychire stylosa Desf. — Ibid. 
Neslia paniculata Desv. — Champs cultivés. 
Lepidium Draba L. — Prairies du Tessalah. 
— calycotrichum Kunze (L. granatense Coss., L. heterophyllum Boiss., L. dayense 
Munby). — Clairières des bois du plateau de Daya; mai-juin. 
— Iberis L. — Bords des chemins sur la Mekerra. 
Carrichtera Vella DC. — Coteaux, bords des cultures. 
Succowia balearica Medik. — Clairiéres des hautes broussailles prés de Ben-Youb. 
Muricaría prostrata Desv. (Bunias prostrata Desf.). — Terres en culture de la plaine de 
Sidi-Chaib prés Daya. 
Rapistrum Linnæanum Boiss. et Reut. — Broussailles du Tessalah. 
— orientale DC. — Bords des champs. 


; Cistinées. 
Cistus sericeus Munby. — Coteaux forestiers des Hamarnah. 
— halimifolius L. — Coteaux forestiers de Sfisef. 


— Jadaniferus L. — Coteaux forestiers-de Sfisefæt de la 'Tenira ; #1, mai. 
— salvifolius L. — Coteaux forestiers des Hamarnah. 
— villosus L, — lbid. 
Helianthemum Fumana DC..(Fumana vulgaris Spach). — bid; 
— glutinosum Pers, (Fumana viscida Spach). — Ibid, 


28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Helianthemum Javandulifolinm DC. — Coteaux forestiers des Hamarnah. 
— sessiliflorum Desf. — Broussailles des coleaux à Sfisef. 
— guttatum Mill. var. macrosepalum. — Ibid. 
— rubellum Presl (Cistus nummularius Desf.). — Daya. 
— Fontanesii Boiss, et Reut. (Cistus helianthemoides Desf.). — Ibid. 
— virgatum Pers. — Plaine et coteaux à Sidi-bel-Abbès, 
— — var. racemosum. — Coteaux forestiers à Daya. 
— hirtum Pers. — lbid. 
— salicifolium Pers. — Plaine et coteaux à Sidi-bel-Abbés, 
— ægyptiacum Pers. — lbid. 
— niloticum Pers. — lbid, 


Résédacées. 


Reseda Phyteuma L. — Champs. 
— alba L. — Lieux herbeux. 
— stricta Pers, — Talus des routes, Tessalah, Tenira. 


Polygalées, 
Polygala monspeliaca L. — Lieux herbeux. 


Frankéniacées. 
Frankenia corymbosa Desf, — Fossés de la ville, côté du midi. 


Caryophyllées. 


Gypsophila compressa Desf. — Coteaux secs. 

Dianthus velutinus Guss. — Broussailles des coteaux. 
— serrulatus Desf. — Broussailles des coteaux, aux Hamarnah. 
— siculus Presl, — Broussailles du Tessalah. 

Silene imbricata Desf. — Lieux herbeux. 

— tridentata Desf. — lbid. 5 
muscipula L. — Bords des champs. 
rubel'a L. — Lieux herbeux. 
inflata L. — Broussailles. 
bipartita Desf. — Pâturages. 

— var. lasiocalyx Soy.-W, et Godr. — Pàturages des coteaux. 
cerastioides L. (S. coarctata Lag.). — Päturages des broussailles, aux Hamarnab. 
Pseudatocion Desf. — Ibid. 
scabrida Soy.-W. et Godr. — Ibid. 
mellifera Boiss. — Sommet du Tessalah, talus et empierrements des fossés d'une 

redoute romaine. 

— nicæensis All. — Pâturages des coteaux sablonneux de Sfisef. 
Velezia rigida L. — Piaine et coteaux. 
Alsine corymbulosa Boiss. et Balansa, — Coteaux forestiers à Daya. 
Stellaria media Sm. — Terrains vagues. 
Arenaria procumbens Vahl (A. herniariæfolia Desf.). — Daya. 
Lychnis Cœli Rosa Desf. var. aspera Poir. — Broussailles. 

— macrocarpa Boiss. et Reut. — Ibid. 
Agrostemma Githago L. — Moissons; très-rare. 


BL LITT 1 


Linées. 


Linum gallicum L, — Coteaux secs, broussailles. 

— sirictum L. — Ibid. 

— corymbiferum Desf. — Broussailles du Tessalah, 

— asperifolium Boiss. et Reut. — Päturages secs des broussailles, aux Hamarnah, 
— Munbyanum Boiss. et Reut. — Broussailles de Palmier-nain. 

— grandiflorum Desf. — Bords des moissons au pied du Tessalah. 

— suffruticosum L. — Coteaux forestiers à Sfisef et à Daya. 


SÉANCE DU 12 JANVIER 1866. 99 


Malvacées. 


Malope tripartita Boiss. et Reut, — Pâturages au bord des chemins. 
Malva ægyptia L. — Cultures. 
— silvestris L, — Lieux herbeux. 
— parviflora L. — Ibid. 
Lavatera trimestris L. — Prairies du Tessalah. 
— olbia L. var. hispida (L. hispida Desf.). — Ravins frais du Tessalah. 
Sida Abutilon L. — Glacis de l'enceinte de Sidi-bel-Abbés. 
Althæa longiflora Boiss. et Reut. — Bords des champs de la plaine du Tessalah. 


Hypéricinees. 
Hypericum tomentosum L. — Bords des fossés. . 
— pubescens Boiss. (H. suberosum Salzm.). — Tessalah. 
Géraniacées. 


Geranium malviflorum Boiss. et Reut. — Broussailles de Palmier-nain sur l'Oued-Sarno. 
— Robertianum L; — Broussailles du Tessalah. 
Erodium laciniatum Cav. — Broussailles de Palmier-nain. 
— ciconium Willd. — Bords des chemins. 
— cicutarium L'Hér. — Ibid. 
— moschatum Willd. — Ibid. 
— malacoides Willd. — Páturages au sommet du Tessalah, 
— guttatum Willd. — Bords des chemins, pâturages. 
— mauritanicum Coss. et DR. — Plateau de Daya. 


Rutacées. 
Ruta montana Clus. (R. tenuifolia Desf.). — Plaine et coteaux secs. 
— angustifolia Pers. — Coteaux forestiers de Sfisef. 
Ehamncées. 
Rhamnus Alaternus L. — Broussailles au sommet du Tessalah. 
— oleoides L, — Broussailles. 
Zizyphus Lotus Lmk. — Ibid. 
Térébinthacées. 
Pistacia Terebinthus L. — Gorges du Tessalah. 
— atlantica Desf, — Plaines de la région montagneuse forestière moyenne, Sfisef ct 
Telagre. 


— Lentiscus L. — Broussailles (1). 


Légumineuses, 


Anagyris feetida L. — Broussailles forestières, Tenira, Ben-Youb. 
Calycotome intermedia Presl. — Broussailles des coteaux de l'Óued-Sarno et du Tessalah. 
Retama Bovei Webb, — Jardin de l'hópital militaire, cultivé. 
Sarothamnus arboreus Webb (Spartium arboreum Desf.). — Bois du Telagre. 
— purga:s Gren. et Godr. (G. purgans L.). — Coteaux forestiers à Daya. 
Genista quadriflora Munby. — Bois sur la Tenira. 
— biflora DC. (Spartium biflorum Desf.). — Ibid. 
— tricuspidata Desf. — Coteaux forestiers de Sfisef. 
— ramosissima Poir. — Bois sur la Tenira. 
Argyrolobium Linnæanum Walp. — Tessalah. 
Lupinus hirsutus L. — Plaine sablonneuse de Sfisef. 


(1) Le P. Lentiscus se rencontre aussi en arbre, isolément ou par petits groupes. 


30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ononis Dehnhardtii Ten. — Pâturages des broussailles. 
sicula Guss. — Ibid. 
breviflora DC. — Ibid. 
ornithopodioides L. — Ibid. 
reclinata L. — Ibid. 
euphrasifolia Desf. — Pâturages des coteaux à Sfisef. 
Columns All. (0. parviflora Desf.). — Pâturages. 
pendula Desf. — Ibid. 
biflora Desf. — Ibid. 
brachycarpa DC. — Ibid. 
antiquorum L. — Bords de la Mekerra. 
Anthyllis Vulneraria L. — Pâturages des coteaux. 
— tetraphylla L. — Ibid. 
Medicago lupulina L. — Lieux herbeux. 
— lævis Desf. (M. Helix Willd.). — Pâturages de Sfisef. 
— minima Lam. — Pâturages, 
— tribuloides Lmk. — Ibid. 
— turbinata Willd. — Ibid. 
— pentacycla DC. — Ibid. 
Melilotus elegans Salzm. — Lieux herbeux. 
Trifolium stellatum L. — Pâturages du Tessalah. 
— augustifolium L, — Pâturages des coteaux. 
squarrosum DC. — Ibid. 
arvense L, — Ibid. 
Bocconi Savi. — Ibid. 
scabrum L. — Ibid. 
tomentosum L. — Påturages des coteaux du Tessalah. 
spumosum L. — Lieux herbeux frais. 
repens L. — Ibid. 
gemellum Pourr. — Pàturages. 
procumbens L. — Ibid. 
resupinatum L. — Ibid. 
Cherleri L. — Ibid. 
Dorycnium suffruticosum Vill. — Montagnes forestières de Daya. 
Tetragonolobus purpureus Mench. — Pâturages du Tessalah. 
Lotus rectus L. — Bords de la Mekerra. 
— corniculatus L, — Pâturages. 
— prostratus Desf. (L. cytisoides DC,). — Ravins du Tessalah. 
— edulis L. — Pâturages, 
Trigonella prostrata DC. (T. gladiata Stev,). — Pâturages des coteaux, 
— polycérata L. — Ibid. 
— monspeliaca L. — Ibid. 
Astragalus Glaux L. (A. hypoglottis Desf. non L.). — fbid., bords des chemins. 
sesameus L. — Ibid. 
scorpioides Pourr. (A. canaliculatus Willd.). — Lieux herbeux. 
Stella Gouan. — Pâturages de Sfisef et de Sidi-Chaib prés Daya. 
hamosus L. — Lieux herbeux, 
geniculatus Desf, — Coteaux secs à Daya. 
epiglottis L, — Pâturages des coteaux. 
lanigerus Desf. — Ibid, 
caprinus L, var.? — Páturages de Sfisef. 
incurvus Desf. — Pàturages secs des coteaux, 


narbonensis DC. — Coteaux forestiers de Daya, broussailles forestiéres de la vallée 
de la Mekerra sous Daya; tl.-fr. mai-juin. 


Erophaca bætica Boiss. (Phaca bætica L.). — Coteaux forestiers des Hamarnah, bois de 
la Tenira et de la Mekerra. 

Colutea arborescens L. — Bois de Daya. 

Psoralea bituminosa L. — Haies, broussailles. 

Ervum Lenticula Schreb, — Plaine du Tessalah, 


ERE 


ER ARE 


IITE 


SÉANCE DU 26 JANVIER 1866. 31 


Vicia sativa L. — Lieux herbeux. 
— lutea L. var. hirta (fl. purpurascentibus). — Bords des cultures. 
— leucantha Biv. — Lieux herbevx, bords des cultures. 
— calcarata Desf. — Champs cultivés. 
— hirsuta Koch (Ervum hirsutum L.). —- Broussailles des grands bois à Daya. 
— tetrasperma Mænch var. pubescens. — Ibid. 
— Pseudocracca Bert. — Broussailles forestières des Hamarnah. 
— onobrychivides L. — Broussailles du Tessalah, bois de Daya. 
— villosa Roth var. glabrescens. — Broussailles de la plaine du Tralimet. 
— polyphylla Desf. — Broussailles des ravins, montagnes forestières de Daya: 
Pisum elatum M.-Bieb. — Vergers incultes du grand ravin du Tessalab. 
Lathyrus Clymenum L. — Haies et broussailles. 
— Cicera L. — Champs cultivés, sub sp.? 
Scorpiurus vermiculata L. — Pâturages. 
` — sulcata L. — Ibid. 
Ebenus pinnata L. — Pâturages, broussailles. 
Coronilla minima L. — Bois de Daya. 
— juncea L, — Broussailles des coteaux, aux Hamarnah. 
Arthrolobium scorpioides DC. (Ornithopus scorpioides L.). — Pâturages. 
Hippocrepis minor Munby. — Pâturages du Tessalah. 
— unisiliquosa L. — Ibid. 
—- ciliata Willd, — Páàturages des coteaux. 
— scabra DC. — Daya et vallée de la Mekerra sous Daya, broussailles des cateaux et 
bords des sentiers. 
Hedysarum pallidum Desf. — Pâturages de l'Oued-Sarno et des prairies du Tessalah. 
— capitatum Desf. — Pàturages des coteaux. 
Onobrychis argentea Boiss. — Pàturages du Tessalah et de la plaine de Sidi-Chaib prés 
Daya. 
— Crista galli Lam, (0. trilophocarpa Coss. et DR. olim). — Pâturages des coteaux. 


(La suite à la prochaine séance.) 


SÉANCE DU 26 JANVIER 1866. 


PRÉSIDENCE DE M. LE COMTE JAUBERT. 


M. Roze, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la 
séance du 12 janvier, dont la rédaction est adoptée. 

Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le 
Président proclame l'admission de : 


MM. Hervier-Basson (Joseph), rue de la Bourse, 31, à Saint- 
Étienne (Loire), présenté par MM. A. Le Grand et Eug. 
Fournier; | 

BrLLoc, greffier de la justice de paix, à Langon (Gironde), 
présenté par MM. Théry et de Schenefeld ; 

CABASSE (Paul), étudiant en pharmacie, rue et hôtel Corneille, 
à Paris, présenté par MM. Cordier et Chatin. 


M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. 


3. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Dons faits à la Société. 


4° Par MM. L.-R. et Ch. Tulasne : 
Selecta Fungorum carpologia, t. MI. 


> De la part de M. S. Garovaglio : 


Sui piu recenti sistemi lichenologici. 
Tentamen dispositionis methodicæ Lichenum in Longobardia nascen- 
tium, deux livraisons. 


3* De la part de M. G. Gibelli : 
Sugli organi riproduttori del genere Verrucaria. 
h° En échange du Bulletin de la Société : 


Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, décembre 
1865. 
L'Institut, janvier 1866, deux numéros. 


M. le Président prononce le discours suivant : 


DISCOURS DE. ME. le comte JAUBERT. 


Messieurs, 


Les honneurs que vous décernez sont exempts de mécompte : votre con- 
cours assidu ne cesse pas de soutenir vos élus dans l'accomplissement de leur 
tâche, votre bienveillance d'entretenir le sentiment de gratitude dont je suis 
heureux de vous offrir en ce moment l'hommage au nom de votre Bureau. 

Douze années à peine se sont écoulées, depuis qu'un certain nombre 
d'entre nous se réunissaient dans le salon de notre confrère M. Passy, autour 
de M. Brongniart, pour fonder cette institution qui manquait à notre pays. 
Dix beaux volumes publiés jusqu'à ce jour sont là pour attester l'intérét qui 
s'attache à nos séances ordinaires, l'heureuse influence de nos sessions 
extraordinaires en province pour le perfectionnement de la Flore francaise, le 
nombre et la valeur des questiors que nous avons traitées, l'abondance des 
Mr vus de tout genre que nous avons recus et propagés. 

L'état actuel de la botanique nous convie à un redoublem efforts, si 
nous voulons non-seulement nous maintenir au niveau oo re 
acquises, mais aussi contribuer d’une manière notable à leurs progrès. 7 

L'époque où nous vivons, si agitée dans toutes les directions de l'activité 
humaine, et si féconde en découvertes et en applications dans les sciences 
physiques, a fait aussi aux botanistes une existence de plus en plus labo- 
rieuse, Le temps n'est plus où l'on pouvait, à peu de frais, se dire botaniste, 


SÉANCE DU 26 JANVIER 1866. 33 
que dis-je? où pour entrer à ce titre à l'Académie, il suffisait de ce qu'on 
appelait la connaissance des simples, telle qu'on la comprenait alors, d'un ou 
deux mémoires imprimés, de courte haleine, de quelques voyages peu loin- 
tains, témoin ce docte académicien à qui son biographe officiel (1) faisait hon- 
neur d'avoir parcouru, à la recherche des plantes....... presque toute la Pi- 
cardie ! Au siecle dernier, Rousseau ne demandait à ses disciples, et il en a eu 
d'excellents, que l'amour de la campagne, avec un tour d'esprit observateur ; 
il ne leur mettait guère entre les mains qu'une loupe et un ou deux bons 
livres, et le penchant au. paradoxe l'a entraîné jusqu'à prétendre qu'on pou- 
vait être botaniste sans connaitre une seule plante par son nom. De nos 
jours, le bagage est moins léger. En méme temps que la masse des plantes 
connues s'est prodigieusement accrue, les méthodes d'investigation se sont 
étendues et perfectionnées. On ne se contente plus des anciens apercus : on 
s'efforce, en y apportant le secours des sciences accessoires, de pénétrer plus 
avant dans les secrets de la nature ; on l'interroge sans relâche jusque dans 
ses principes élémentaires. Plusieurs branches de la botanique moderne qui, 
au commencement de ce siècle, n'existaient, pour ainsi dire, qu'en germe, 
se sont développées, ramifiées, à ce point qu'elles donnent lieu à de volu- 
mineux traités. La morphologie, depuis Gæthe et Auguste de Saint-Hilaire, 
la phyllotaxie et ses applications à la symétrie florale, la tératologie, l'orga- 
nogénie, les hybrides, le contingent notable que l'anatomie et la physiologie, 
dans leur marche plus lente, n'ont pas laissé que d'apporter, sans étre 
parvenues pourtant à dévoiler beaucoup de mystères de la vie végétale, etc. ; 
que de chapitres destinós à prendre rang dans nos codes scientifiques, avec 
leur cortége obligé de terminologie ! 

Si l'on compare entre eux les livres élémentaires publiés depuis un demi- 
siècle par nos maîtres successifs, Mirbel, De Candolle, Adrien de Jussieu, à 
quelque dix ans d'intervalle seulement les uns des autres, on est frappé de 
la quantité toujours croissante de notions importantes devenues classiques, 
et quil ne nous est plus permis d'ignorer. Que sera-ce, lorsque M. Du- 
chartre aura achevé d'en dresser le plus récent inventaire dans le nouveau 
traité dont on attend avec impatience la publication? 

Au milieu de tant de richesses, un certain embarras est excusable ; en 
présence d'un si grand nombre de problémes compliqués, du choc de tant 
de théories, il s'agit pour chacun de nous de se faire un corps de doctrine 
fondé sur les traditions les plus autorisées, rationabile obsequium, comme dit 
saint Paul (2), à l'épreuve des entrainements faussement décorés du nom de 
progrès. Malheureusement, un souffle énervant de scepticisme semble s'étre, 
dans ces derniers temps, répandu sur la botanique. Déjà, il y a huit ans, à 


(1) Mémoires de l'ancienne Académie des sciences. 
(2) Rom. IH, 4. 


3^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

cette méme place, je signalais l'une des principales causes de ce malaise dans 
la multiplication inconsidérée des espèces, et je conviais la Société à user de 
son influence pour arréter un débordement si funeste. Depuis, le mal a fait 
des progrès, et l'ébranlement s'est étendu à toutes les autres bases de la classi- 
fication. Serions-nous àla veille d'une régénération scientifique, ou menacés 
d'une déplorable décadence ? 

Où en sommes-nous de la notion fondamentale de l'espèce? D'un côté, 
l'hypothèse de l'invariabilité absolue, conduisant fatalement à distinguer autant 
d'espèces qu'on rencontre de différences, même légères, plus ou moins 
transmissibles par la génération, plus ou moins durables : système qui ren- 
chérit sur les catalogues des horticulteurs, et tendrait à substituer à nos 
anciens moyens d'échange en pièces d'or et d'argent une monnaie de billon à 
empreinte équivoque, et qu'un Spartiate lui-méme aurait trouvée trop pesante. 
D'autre part, la variabilité indéfinie des formes sous l'influence des causes 
extérieures dans les diverses périodes géologiques, systeme destructif de toute 
entité autre que celle de la matière générale, et où l'état présent de la végé- 
tation à la surface du globe ne compterait plus que comme un temps d'arrét. 
Des deux cótés, toutes les subtilités métaphysiques, et au fond la négation de 
l'espèce et l'anarchie. Serions-nous donc réduits à ne plus avoir affaire à ces 

* bonnes espèces avec lesquelles nous vivions dans une sorte de familiarité, et 
condamnés à errer à la suite de fantômes insaisissables ? 


Perque domos Ditis vacuas et inania regna (1). 


Non : les novateurs eux-mêmes sont ramenés par la force des choses à recon- 
naître des types dans les espèces dénommées par Linné ou à sa manière, L'un 
des plus hardis, pour satisfaire aux réclamations qui surgissent de toutes parts, 
consent à ce que « les espèces affines soient réunies sous le nom de l'ancien 
» type qui les avait représentées » (2); il reconnait que « cela est très-utile 
» pour faciliter l'étude et l'intelligence des faits ». L'aveu et l'expédient sont éga- 
lement précieux, et, à ce compte, il n'y aura bientót plus entre nous qu'une 
querelle de mots, une question de typographie, et il sera loisible à chacun de 
faire tel état que de raison des formes enregistrées en petit texte. Il sera bon 
toutefois d'y regarder selon l'occurrence, ne füt-ce que pour y constater l'ap- 
plication des principes développés dans un récent travail de notre savant con- 
frère M. Duval-Jouve, sur les variations parallèles des types congéneres (3). 

Le genre est incontestablement une production de l'esprit : juvandeæ me- 
mori causa, a dit Antoine-Laurent de Jussieu, en proposant sa célebre liste 
de 1900 genres environ. Endlicher, dont l'ouvrage est resté pour nous, jus- 


(1) ZEneid. VI, v. 269. 
(2) Bulletin, 1865, p, 210. 
(3) Ibid., p. 196. 


SÉANCE DU 26 JANVIER 4866. 35 


qu'à nouvel ordre, une sorte de bréviaire, en comptait déjà, en 1848, plus 
de 8000, c'est-à-dire autant de genres que l'on connaissait d'espèces au 
temps de Linné ; le livre de Walpers, avec son Supplementum et son. Reper- 
torium, se tient à grand'peine au courant, et encore en se bornant aux Pha- 
nérogames : de telle sorte que le botaniste imbu de l'esprit philosophique des 
grands maîtres, et résolu avant tout, d’après leur exemple, à ne jamais perdre 
de vue l'ensemble de la science, se voit de plus en plus contraint à négliger, 
si ce n'est dans quelques travaux de choix, l'étude des espèces. Un si rapide 
accroissement des genres amènera de toute nécessité, dans le sens synthé- 
tique, une réaction qu'un sentiment plus exact des faits vraiment saillants de 
l'organisation ne peut manquer de favoriser. La cryptogamie en éprouve sur- 
tout le besoin; et plusieurs des familles phanérogames les mieux constituées 
ont été successivement remaniées avec succès dans cet ordre d'idées: 
M. Eugène Fournier en a donné un bon exemple dans sa thèse sur les Cruci- 
feres, où d'ailleurs il a achevé de démontrer que les caractères tirés de la 
situation respective des parties de l'embryon ne pouvaient plus servir à dis- 
tinguer les tribus. i 

Les familles, leur ancien assemblage en classes ou en alliances, sont l'objet 
de vives controverses. Les familles, dit-on, ne peuvent se distinguer que par 
des à peu pres (1), les divisions primordiales elles-mémes du régne végétal ne 
peuvent se soutenir, la méthode naturelle est démantelée ! Serait-ce parce 
qu'avec un talent auquel nous sommes le premier à rendre hommage, aux 
rapports multiples déjà signalés en toute occasion par l'illustre auteur du 
Genera plantarum entre les groupes végétaux, on a ajouté une foule 
d'apercus, de démonstrations qui nous obligent à resserrer ou à étendre les 
anciennes circonscriptions ? Mais personne moins que Jussieu lui-même ne 
s’est fait illusion sur les lacunes et les imperfections de sa méthode ; personne 
n'a mieux démêlé les affinités croisées qui relient entre elles les familles, sou- 
vent à d'assez grandes distances les unes des autres dans la série méthodique ; 
nul n'a plus fait pour mettre les:observateurs subséquents sur la voie des 
transpositions dont leurs découvertes pourraient démontrer la convenance. A 
cet égard, on ne saurait trop admirer les notes élégantes qu'Antoine- 
Laurent de Jussieu a consignées à la suite de ses familles; ce sont des trésors 
de science et de sagacité, et la hardiesse n'y manque pas, témoin, entre mille 
exemples, la note des Renonculacées, oü se trouve signalée l'affinité des 
Alisma, déjà entrevue par Adanson. Sans doute, plus nous étudions le règne 
végétal dans son infinie variété, plus il tend à ressembler, pour nous, à un 
réseau, à une carte géographique, aux éminences et aux dépressions rami- 
liées d'un plan en relief. Une série linéaire, régulièrement graduée, n'existe 
que dans les livres ; il faut s'y résigner: la nature échappe aux classifications 


(1) Adansonia, t. IV, pp. 37 et 38. 


36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


rigoureuses, aux règles absolues. Sans doute, il arrivera que telle méthode 
qualifiée de naturelle, à laquelle, pour un temps, quelque nom illustre 
aura pu être attaché, recoive d'assez fortes atteintes ; mais rien ne pourra 
ébranler le principe de l'ensemble et de la subordination des caractères, sur 
lequel est fondée la généreuse poursuite de la méthode naturelle définitive 
que l'avenir réserve sans doute, et c'est encore ce principe qui fournit aux 
novateurs leurs meilleures armes. Tel qui semble aspirer à renverser l'édifice 
aura, par ses efforts mémes, puissamment contribué à le perfectionner. 

Si donc nous avons, à l'égard des hommes éminents auxquels je 
fais allusion, quelque regret à exprimer, c'est que, par suite de certaines 
susceptibilités dont, au reste, je ne me constitue pas juge, quelques-uns 
aient privé notre Société de leur concours. Hs y ont laissé un vide; leur 
absence a donné lieu, dans une certaine mesure, de remarquer à quel point 
la contradiction, le choc des opinions qui se contrólent sont nécessaires à 
toute assemblée, en la soumettant à une sorte de gymnastique éminemment 
propre à entretenir ses forces. Je l'ai dit ailleurs, en haut lieu, à mes risques 
et périls, on ne discute pas assez. De là une certaine langueur qui, si l'on n'y 
prenait garde, transformerait peu à peu une assemblée, faite pour l'initiative 
et le progrès, en une sorte de bureau d'enregistrement des travaux et des 
découvertes qui surgissent hors de son sein. C'est pourquoi, et avant que 
cette disposition fatale se soit manifestée parmi nous, je désirerais qu'un plus 
grand nombre de nos confrères s'habituassent à provoquer des discussions 
et à y prendre part. Je me suis demandé pourquoi plusieurs d'entre nous 
qui auraient, sur beaucoup de sujets, tant de bonnes choses à dire, gardent 
le silence. Je crois en avoir découvert deux causes: d'abord l'absence d'un 
ordre du jour proclamé d'avance, qui permettrait à chacun de se préparer 
aux discussions ; ensuite l'usage existant dans nos procès-verbaux de désigner 
nominativement les membres qui ont pris la parole. Tout le monde n’est pas 
empressé à se produire ainsi au grand jour. On aimerait à hasarder une 
observation, à émettre un doute, à demander une explication, qui peut-étre 
auraient fait naitre tout un débat étendu et intéressant, et l'on s'abstient non- 
seulement par modestie, mais aussi par un assez légitime amour-propre, en 
garde contre les inconvénients de la publicité. Or, rien dans le réglement ne 
s'oppose à ce que, d'une part, les ordres du jour soient fixés d'avance, et à 
ce que, d'autre part, les rédacteurs de nos procès-verbaux ne se croient pas, 
en toute occasion, obligés à énoncer les noms des membres qui auront pris 
part aux discussions, à moins qu'il n'y ait lieu de prendre date à raison 
d'un fait, d'une découverte, ou qu'il ne s'agisse de toute autre cause légitime. 
Cette question sera soumise à votre Bureau. N'oublions pas que nous ne 
sommes pas une académie officielle, à nombre limité de membres, mais une 
société composée en grande majorité d'amateurs, dont plusieurs sont saus 
doute destinés à devenir des savants, mais qui, en attendant, sont jaloux de 


SÉANCE DU 26 JANvIER 1860. 97 
s'instruire. Profitons des lumières des maîtres qui nous ont fait l'honneur 
de siéger ici parmi nous; ne craignons pas de les interroger, au risque de 
paraître nous-mêmes trop novices ; faisons de fréquents appels à l'obligeance 
dont ils nous ont donné tant de preuves : généreuse diffusion des lumières, 
patronage de talents naissants, encouragement presque paternel de toutes les 
bonnes volontés, autant de devoirs que se plaisaient à remplir les chers institu- 
teurs de notre jeunesse, les Jussieu et les Desfontaines : leurs successeurs 
n'ont répudié aucune partie de leur héritage. 

Une autre innovation, qui tendrait aussi à accroitre l'intérét des séances, 
serait celle qui consisterait à transporter aux séances, et sous forme de rap- 
ports, les comptes rendus des principaux ouvrages publiés, soit par des mem- 
bres de la Société, soit en dehors de son sein. Ici, on pourrait étre arrété 
par une petite difficulté d'interprétation du règlement. La critique scienti- 
fique, comprenant nécessairement tout à la fois la part de l'éloge et celle du 
blâme, est formellement interdite aux rédacteurs de la Revue bibliographique : 
ils ne peuvent exprimer « aucune opinion sur le mérite des ouvrages, dont 
» ils doivent simplement et brièvement rendre compte » (art. 54). Cette cri- 
tique peut sans doute se produire en séance, mais verbalement et d'une ma- 
niere incidente ; si elle veut prendre la forme d'une communication écrite, 
destinée à figurer dans la première partie du Bulletin, elle est, aux termes 
d'une disposition arrétée le 25 février 1859, obligée de se soumettre à la cen- 
sure préalable et méme au veto de la Commission du Bulletin. Cette mesure, 
amenée par certaines vivacités de critique que l'autorité du Bureau aurait 
peut-étre suffi à réprimer, n'a-t-elle pas dépassé le but? Un tel pouvoir, 
abstraction faite des honorables membres qui l'auraient sans doute exercé 
avec modération, si l'occasion leur en eût été fournie, a paru de sa nature 
attentatoire à la liberté des opinions ; toutes, en effet, orthodoxes ou non, ont 
le droit de se produire ici, à la seule condition, dont le Bureau est l'appré- 
ciateur naturel, de s'exprimer avec convenance. La Société n'a-t-elle pas 
tout intérêt à encourager la controverse, quel que soit le chemin par où elle 
arrive? Si l'on a eu juste sujet de redouter dans la critique scientifique les 
écarts de l'initiative individuelle, quelle objection pourraient rencontrer des 
rapports confiés à des membres choisis par le Bureau, rapports annoncés 
d'avance, pour étre soumis à une discussion sérieuse et à un vote aussi 
adouci, aussi peu compromettant qu'on voudra, mais auquel chacun aurait 
participé utilement pour lui-méme et pour la Société ? Pourquoi encore s'ab- 
stenir ici avec tant de scrupule de rendre compte des ouvrages publiés par 
des membres de la Société ? Ceux-ci seront souvent les premiers à solliciter 
un tel examen, et, s'il y a lieu, l'attache de la Société et sa recommandation 
pourleurs travaux, au moyen d'un rapport qui aura d'autant plus de prix, 
que le rapporteur se sera senti moins obligé de se monter au ton du panégy- 
rique. Pourquoi enfin de tels rapports ne s'appliqueraient-ils pas aussi aux 


39 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

cours publics, aux collections de botanique, aux expositions, aux réunions scien- 
tifiques, soit en France, soit à l'étranger, et aux nouvelles les plus intéressantes ? 
La Revue bibliographique en serait allégée d'autant ; or, chacun de nous a pu 
remarquer parfois l'espèce d'hypertrophie qui s'est manifestée dans cette 
seconde partie de motre Bulletin, et, par contre, un certain amaigrissement 
de la première, effet inattendu de la loi bien connue des balancements orga- 
niques. L'équilibre étant maintenu entre les deux parties du Bulletin, il s'agira 
de les faire marcher d'un pas plus égal et surtout plus accéléré, de telle sorte 
que soit enfin réalisé ce vœu, souvent exprimé par votre excellent secrétaire 
général tout le premier, par mes prédécesseurs et par moi-même, que jamais 
un mois ne s'écoule sans que le compte rendu imprimé d'une séance soit 
mis à la disposition des membres de la Société, et qu'ils recoivent à la fin de 
l'année la table correspondante. Si un résultat si désirable m'a pas encore été 
obtenu, la faute n'en est certainement pas à M. de Schœnefeld, dont vous 
connaissez tous l'infatigable dévouement; nous lui devons déjà une amé- 
lioration notable: vingt-neuf feuilles de comptes rendus des séances ont 
été imprimées depuis le mois de juillet dernier, et trois tables arriérées 
ont été publiées ou mises sous presse : la régularité du service de l'imprimerie 
a été assurée sur de nouvelles bases. Votre Commission du Bulletin s'efforcera 
d'atteindre le but auquel nous aspirons tous. 

Déjà, en- illustrant par un certain nombre de planches gravées le texte 
du Bulletin, nous avons singulièrement ajouté à son mérite pratique; il 
faudra multiplier les applications de cette excellente mesure. L'époque est 
restée incertaine où il nous sera possible d'exécuter la promesse contenue 
dans l'article 48 du règlement, relatif à notre collection de mémoires, véri- 
table complément de notre mission. Depuis longtemps déjà, si nos ressources 
financières nous avaient permis d'entreprendre cette publication spéciale, les 
matériaux ne mous auraient pas manqué, car je suppose «que plusieurs de mes 
confrères auraient recherché l'avantage de faire paraître sous les auspices «de 
la Société des travaux importants : ‘dissertations, monographies, séries d'expé- 
rienees, cte., qu'ils ont livrés au public sous Ja seule garantie ‘de leur nom 
avec ‘une confiance que, du reste, le succes a justifiée. 

La fondation d'une «collection de mémoires «qui mous soit propre est sans 
doute éminemment désirable ; mais si un tel bienfait se faisait trop longtemps 
attendre, pourquoime pas associer nos efforts et nos moyens d'exécution àdes 
etitreprises analogues qui ‘déjà ont bien mérité -de la botanique? Plusieurs 
d'entre elles ont conquis dans le monde savant am rang distingué, «et $'y sont 
pem une clientèle. ‘Quelques-unes ont fait école, À une €poque déjà éloi- 
gnée, <quélques ouvertures tout officieuses ont eu lieu pour amener ce ‘que, 
dans le langage industriel du jour, on appelle ame fusion : pourquoi «des 
négociations régulières ne seraient-elles pas ttentées :dans«ce sens ? iles obsta- 


cles 'ne seraient pas aussi insurmontables qu'on pourrait de penser, eLsil me 
: 


SÉANCE DU 26 JANVIER 1866. ._ 39 
serait pas difficile d'imaginer. telle combinaison qui sauvegarderait tous les 
intérêts, méme matériels, «ui sont engagés dans là question. Partons de ce 
point, qu'il n'est pas nécessaire qu’un recueil scientifique de ce genre ait 
pour base l'unité des doctrines et des influences. H doit moins, ce nous 
semble, tenir de l'enceinte fortifiée que de la tribune parlementaire acces- 
sible aux divers partis, ou du journal ouvrant ses colonnes aux opinions 
contraires, entre lesquelles le lecteur serait appelé à faire son choix. 
On a toujours parlé de la république des lettres; les sciences aussi ont 
besoin du grand air de la liberté : jamais le moment n'a été plus opportun. 
La botanique, sacrifiée dans beaucoup d'occasions à d'autres sciences plus 
envahissantes, plus en crédit, lutte contre tme sorte de défaveur, jusque 
dans les régions où pourtant elle est représentée avec te plas d'éclat et d'at- 
torité. Elle doit rassembler ses forces éparses pour mieux défendre son terri- 
toire et ses prérogatives. Je voudrais donc, non pas que ‘tous les recueils 
existants, mais que ‘deux ‘où trois fussent réunis en um seul ‘où nos maîtres et 
leurs principaux disciples viendraient tour à tour consigner les résultats de 
leurs travaux, et qui prendrait le titre d'heureux présage, jadis consacré par 
Linné, d'Amenitates academice. V'idée que je soumets à la Société n'est 
peut-être qu'une utopie, mais nul ne nous saura mauvais gré de la pour- 
suivre. 

Quelque jour aussi, nous pourrons remettre sur le tapis diverses questions 
de régime intérieur et. d'encouragement aux études, qui n'ont pas encore été 
résolues : par exemple, celle des conférences micrographiques pour lesquelles 
nous aurions un local, des démonstrateürs et des auditeurs tout prêts, au 
bésoin méme des souscripteurs; l'achèvement de la flore cryptogamique de 
Paris, dotée depuis longtemps par la Société d'un fonds qui est resté sans 
emploi; des prix à décerner dans la mesure de nos ressources, étc. Tout cela 
dépend de nous. 

Au-dessus de nous, deux grands pouvoirs, l'institut et l'administration 
publique, nous doivent lear protection. Il appartient à ceux de nos confrères 
qui, dans l'Académie des sciences, jouissent sans conteste de la plénitude 
du droit de délibération, de resserrer les liens «ti "naturellement unissent à 
cette illustre compagnie, én général les diverses Sociétés savantes, et en parti- 
culier chacune de celles-ci ‘avec la section de l'Académie qui correspond à la 
nature de ses travaux : il y à beaucoup à faire sous ce point-de vue. Quant à 
l'administration, elle est appelée, en France, à suppléer de tous ‘côtés à ce 
qui, comparativement à d'autres pays, manque encore au môtre -en fait 
d'esprit d'association. Aussi ‘devons-nous remercier M. le Ministre de l'agri- 
culture, du commerce et ‘des travaux publics, ‘d'avoir, au milieu de tant 
d'exigences, accordé chaque année à notre budget une subvention, faible sans 
doute, mais qui, du moins, témoigne d'un intérêt flatteur pour la Société. 
Depuis Cuvier, aucun naturaliste n'a exercé une influence ‘décisive au minis 


AO SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
tère de l'instruction publique. Quelque jour il y aura un assez long compte à 
régler en faveur de la botanique, et, pour commencer, les chaires des Jussieu 
seront relevées ! L'enseignement, la conservation de nos diverses collections 
publiques, réclameront à la fois des accroissements de crédits et des réformes, 
mesures dont je ne serais pas embarrassé pour démontrer ici la nécessité pres- 
sante et les moyens d'exécution , si je n'avais pas déjà retenu assez longtemps 
votre attention, et peut-étre risqué d'excéder les bornes de ma compétence. 
Au besoin, mon dévouement aux intéréts de la botanique et à notre 
Société serait mon excuse. D'ailleurs, ce n'est pas ici que le zèle est exposé à 
se voir taxé d'indiscréte activité, ou que la persévérance dans une juste cause 
puisse étre confondue avec l'obstination. Tous, nous recherchons le vrai avec 
loyauté, sans nous laisser intimider par ce que les questions peuvent avoir de 
côtés ardus ; car nous savons que tout gouvernement libre, méme dans l'ordre 
scientifique, a ses labeurs, et n'est pas, pour parler avec Royer-Collard, une 
tente dressée pour le sommeil. Votre Bureau ne mettra pas en oubli ce salu- 
taire avertissement. 


M. Brongniart fait à la Société la communication suivante : 


NOTE SUR LE GENRE BIKKIA, DE LA FAMILLE DES RUBIACÉES, 
pr Mí. Ad. BRONGNIART. 


Dans une de ses dernieres séances, j'ai fait connaitre à la Société quelques 
plantes de la flore de la Nouvelle-Calédonie appartenant à la vaste famille des 
Rubiacées, voisines des Portlandia et constituant avec le genre Bikkia, formé 
aux dépens du Portlandia tetrandra de Forster, un petit groupe très-naturel, 
comprenant les genres Portlandia, Bikkia, Bikkiopsis et Grisia, et j'ai par- 
ticulièrement examiné ces deux derniers qui, seuls, appartiennent à la flore de 
la Nouvelle-Calédonie (1). 

Depuis lors, j'ai étudié avec plus de détails les diverses plantes des herbiers 
du Muséum qui rentrent dans le genre Bikkia, et j'ai vu qu'elles constituaient 
plusieurs espèces bien distinctes; que le Bikkia australis, tel qu'il est indi- 
qué par De Candolle dans le Prodromus, comprenait deux espèces tres-diffé- 
rentes, comme l'auteur du Prodromus l'avait lui-méme pressenti, et qu'il y 
avait ainsi. quelque intérét à mieux limiter ces formes remarquables. 

Les échantillons que j'ai étudiés proviennent tous des iles comprises entre 
Waigiou à l'ouest et Taiti à l'est, et entre Guam, l'une des iles Mariannes, au 
nord (14° lat. bor.), et les iles Vavao, Hapaï et Savage, vers le 19^ lat. austr. 
— Ge sont donc, jusqu'à présent, des plantes essentiellement propres à la ré- 
gion équatoriale de la Polynésie. 


(4) Voyez le Bulletin, t. XII (Séances), p. 402. 


SÉANCE bU 26 Janvier 1866. hi 

Toutes ces plantes ont une organisation très-similaire et forment un genre 
des plus naturels. 

Comme les Grisia et le Bikkiopsis, elles offrent dans leur calice un carac- 
tere fort singulier : chacun des quatre lobes du calice est replié sur lui-même un 
peu au-dessus de son origine, et forme une lame aplatie latéralement comme 
la feuille d'un Iris; cette disposition est surtout trés- marquée dans le Bikkia 
Gaudichaudiana, où les divisions du calice acquièrent une plus grande dimen- 
sion. Dans d'autres espèces, et surtout dans le B. Forsteriana, les lobes du 
calice, trés-courts, ne présentent cette disposition que sous forme d'un petit 
acumen comprimé. 

La corolle, toujours à quatre divisions, offre un tube plissé dans le bouton 
et des lobes assez courts, plus ou moins aigus, rapprochés en préfloraison val- 
vaire. Les étamines sont insérées près de la base du tube, comme dans les 
genres voisins; enfin l'ovaire à deux loges présente toujours, dans 'chacune 
d'elles, un placenta bilobé plus ou moins saillant, portant un grand nombre 
d'ovules. Lorsque le placenta est épais, mais peu saillant, ces ovules sont tous 
dirigés vers la surface externe de la loge, mais souvent le placenta forme une 
lame très-saillante qui atteint presque la paroi intérieure de la loge et se divise 
alors en deux lames réfléchies qui portent de nombreux ovules sur leurs deux 
surfaces, externe et interne. Il y a à cet égard des variations assez prononcées 
dans les cinq espèces que nous croyons devoir distinguer, et c'est probable- 
ment cette disposition du placenta, lorsqu'elle est portée à son plus haut 
degré, qui a fait considérer par quelques auteurs l'ovaire et le fruit comme à 
quatre loges (1). 

Le fruit lui-méme offre, dans ce genre, des caractéres communs aux 
genres du méme groupe et des caractéres propres que nous n'avons pu mal- 
heureusement vérifier que sur l'espece-type, le Bikkia Forsteriana, et sur le 
Bikkia Gaudichaud (ana. 

Comme dans les genres voisins, le parenchyme qui enveloppe le péricarpe, 
et que nous considérons ici comme appartenant au tube du calice, se détruit; 
les nervures médianes seules persistent et entourent le péricarpe crustacé 
comme une sorte d'involucre. Le péricarpe s'ouvre en deux valves par la divi- 
sion et la rupture de la cloison, et chaque valve se partage plus ou moins pro- 
fondément en deux lobes par une seconde ligne de déhiscence loculicide. La 
partie centrale de la cloison soutenant les placentas réunis des deux loges reste 
isolée, comme un axe central portant sur les placentas plus ou moins saillants 
des graines trés-fines et trés-nombreuses: c'est le mode de déhiscence des 
Grisia uni aux graines nombreuses et multisériées des Bikkiopsis. 

Nous avons cru devoir distinguer cinq espèces dans les échantillons assez 


(1) Richard, se fondant sur ce caractère inexact et sur la supposition que le fruit 
était indéhiscent, a placé le genre Bikkia dans la tribu des Hameliaceæ, très-loin des 
Portlandia dont il diffère au contraire à peine. 


T. XII. (séances) A 


A2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


nombreux recueillis par Gaudichaud et par MM. Hombron et Le Guillou, 
médecins de la dernière expédition de Dumont-d'Urville. Leur distinction est 
surtout fondée sur la forme du calice et de la corolle. L'ovaire offre aussi, dans 
la forme et la direction des deux lobes de chacun des placentas, des différences 
très-notables, difficiles à introduire dans des caractères spécifiques, mais qui 
nous paraissent confirmer la séparation de ces espèces. 

Nous résumerons ainsi les caractères du genre et des espèces : 


BIKKIA Reinw. 


Calyx, tubo ovarium paulo superante, lobis 4 margine induplicatis com- 
pressis ancipitibus. — Corolla infundibuliformis vel cylindrico-infundibuli- 
formis, tubo in præfloratione plicato, 4-loba lobis brevibus subtriangularibus 
in præfloratione valvatis. — Stamina, filamentis prope basim corollæ insertis, 
in annulum connatis ; antheris basifixis sagittatis faucem corolla: paulo superan- 
tibus. — Ovarium biloculare, placentis bilobis prominentibus, lobis dilatatis 
et saepe reflexis, ovulis numerosissimis minimis peritropis undique onustis. — 
Fructus parenchymate calycis evanido denudatus, nervis persisteatibus liberis 
involucratus ; pericarpio dehiscentia septifraga bivalvi, valvis bilobis vel 
bipartitis ; placentis columnam centralem liberam efformantibus, semina nu- 
merosa sustinentibus. 


Arbores vel frutices ?, foliis oppositis plus minusve obovatis approximatis, 
stipulis brevibus integris. 
1. BIKKIA FORSTERIANA. 

B. foliis obovatis vel obovato-subrotundis ; calycis lobis brevibus triangula- 
ribus acutis, vix apice mucronulato-compressis ; corolla infundibuliformi, lobis 
obtusis rotundatis, breve mucronatis. 


Bikkia australis var. a Forsteriana et var. B Commersoniana DC. Prodr. 
IV, p. 405. 


Bikkia tetrandra À. Rich. Rub. p. 231. 

Bikkia grandiflora Reinw. et Blume. 

Portlandia tetrandra Forster Prodr. flor. insul. n° 86. 

Hab. in insula Savage seu Feroz ad orientem insularum Viti, lat. austr. 
19° (Forster); Port-Praslin in insulis Salomonis (Commerson). 
2. BIKKIA MARIANNENSIS. 

B. foliis ellipticis, basi in petiolum attenuatis ; calycis lobis lineari-subulatis 


ancipitibus, acutis, incurvatis; corolla tubo basi subcylindrico superne expanso, 
lobis triangularibus obtusiusculis. 


Hab. Guam una ex insulis Mariannis (Gaudichaud, Le Guillou). 
3. BIKKIA GUILLOVIANA. 


B. foliis obovatis vel obovato-lanceolatis, obtuse acuminatis; floribus pedun- 


SÉANCE DU 26 JANVIER 1866. A3 
culo medio bracteolato (in aliis speciebus nudo); calycis lobis ancipitibus 
lineari-subulatis acutis; corolla infundibuliformi brevi, parte inferiore con- 
tracta non elongata, lobis triangularibus acutis. 

Hab. ad portum Triton ( Triton-bay) in ora australi -occidentali Novae 
Guineæ (Le Guillou). | 
h. BIKKIA HOMBRONIANA. 

B. foliis oblongis, obovato-oblongis vel obovatis, obtusis ; floribus pedunculo 
nudo brevi ; calycis lobis subulatis brevibus ; corollae tubo longe elongato gra- 
cili, sursum ampliato, lobis triangularibus acutiusculis. 

Hab. Vavao (Hombron) et Zapai (Le Guillou), inter insulas Amicorum. 


9. BIKKIA GAUDICHAUDIANA. 

B. foliis ellipticis, oblongo- vel obovato-ellipticis, basi attenuatis petiolatis ; 
calycis lobis late ancipitibus lanceolatis acutis incurvis; corolla basi tubulosa, 
superne expansa, lobis triangularibus acutis. 

Hab. ad portum Rawak in insula Waigiou (Gaudichaud) ; in insula Taiti 
(Hombron); ad portum Triton, in ora australi-occidentali Novæ Guineæ 
(Hombron). 


A propos de l'insertion des placentas ovulaires des Rubiacées 
décrites par M. Brongniart, M. Bureau exprime le regret que leur 
étude organogénique ne puisse étre faite, faute d'échantillons frais 
ou conservés dans l'alcool, et fait ressortir le vif intérêt que pré- 
sente la question des placentas d'origine pariétale ou d'origine 
axile. 

M. Brongniart déclare partager le regret exprimé par M. Bureau 
relativement aux faits intéressants que pourrait fournir l’organo- 
génie des fruits des Bikkia. Il cite à ce sujet les observations qui 
ont été faites sur des Cucurbitacées dont les placentas, bien qu'axiles, 
présentent l'apparence pariétale. 


M. Passy fait à la Société la communication suivante : 


NOTE DÈ M. A. PASSY SUR UNE NOUVELLE STATION DU MÓRCHELLA BOHEMICA. 


MORCHELLA BOHEMICA Krombh. Natur. Abb. tab. xv, fig. 1-13; Corda in 
Sturm Deutschl. Fl. (1837) Heft 14-15, p. 117, tab. 56. — Verpa dübia 
Lév. in Ann. sc. nat. sér. 3, t. V, p. 250; B. Verlot, Guide du bot. p. 2965 
Desmazieres, in Ann. sc. nat. sér. 3, t. VIII. 

Ce Champignon rare a été trouvé par M. le docteur Léveillé dans les bois 
de Meudon près Paris; par M. Bouteille (de Magny-en-Vexin), dans le parc 


AA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


d'Halaincourt (Seine-et-Oise). L'été dernier, je l'ai rencontré dans mon jardin, 
à Gisors (Eure), dans le pied creux d'un vieux Saule-pleureur. 


* 


M. Brongniart signale à cette occasion le développement assez 
singulier du Clathrus cancellatus, observé par M. Lavallée sur des 
Arundo Donax provenant d'Hyères et plantés dans un jardin aux 
environs de Paris. Ce Champignon, assez fréquent dans le midi de 
la France, n'avait jamais été rencontré jusqu'ici au nord de la 
Loire. 


MM. les Secrétaires donnent lecture des communications sui- 
vantes, adressées à la Société : 


LETTRE DE M. F.-E. KAMPMANN père, A M. EUG. FOURNIER. 


Colmar, 23 janvier 1866. 
Monsieur, 


Vous avez sans doute déjà recu les deux exemplaires du Bulletin de la 
Société d'histoire naturelle de Colmar, que M. le docteur Faudel, secrétaire 
de la Société, vous a adressés il y a quelques jours; il ne me reste qu'à vous 
faire connaitre quelques additions à la flore de l'ile Sainte-Marguerite (1) et des 


corrections que des exemplaires plus complets, recus depuis, m'ont permis 


de faire. 

Anemone coronaria L. varr. — Mi-avril. 

Fumaria capreolata L. — Commencement 
d'avril. 


Brassica Robertiana Gay, — Mai. 

Hirschfeldia adpressa Mœnch. — Avril. 

`- Sisymbrium officinale (deleatur) = Hirsch- 
feldia adpressa. 

Diplotaxis erucoides DC. — Mai. 

Cistus incanus L. — Avril. 

Silene inflata Sm. 

— gallica L. var. quinquevulnera L. 

Ruta bracteosa DC. — Avril. 

— angustifolia (deleatur). 

Lotus ornithopodioides L, 

Psoralea plumosa Rchb.? — Mai. (Un exem- 
plaire qui me paraît différer du P. 
bituminosa.) 

Vicia sativa L. 

Cracca tenuifolia G. G. 

Lathyrus ochrus DC. 

Onobrychis sativa Lam. 

Leontodon autumnalis (deleatur) — Pieri- 
dium vulgare. 

Lithospermum arvense L. 


Cynoglossum pictum All. — Mai. 
Antirrhinum Orontium L. 
Trixago apula Stev. — Mai. 

Ornithogalum narbonense L. — Mai. 
Alium roseum L. f bulbiferum G.G. (A. 
carneum Bertol.). — Mai. 

— paniculatum L. — Mai. 
Muscari comosum Mill. — Mai. 
Gladiolus segetum Gaud. — Avril. 
Limodorum abortivum Sw. — Mars. 
Serapias cordigera (deleatur) — Limodorum 


specimen exsiccatum, difforme. 
Arum italicum Mill. — Mai. 


— Arisarum L. — Avril. 
Avena barbata Brot. 
— sterilis L. 
Briza maxima L. 
Dactylis glomerata L. 
Cynosurus echinatus L. 
Bromus madritensis L. 
— inermis Leyss. 
Serrafalcus Lloydianus G. G. (est forma spi- 
culis paucis, pedicellis brevissimis). 
Triticum ovatum G. G. 


(1) Voyez le Bulletin, t. XII (Revue), p. 215. 


SÉANCE DU 26 JANVIER 1866. A5 

Voilà, Monsieur, ce que j'ai reçu jusqu'a présent de cette ile; j'espère en 

recevoir encore davantage, et alors je me propose de publier un second article 

sur cette contrée, encore assez peu connue sous le rapport des productions 
naturelles. " 


CATALOGUE DES PLANTES RÉCOLTÉES DANS LA SUBDIVISION DE SIDI-BEL-ADBES, 
PENDANT LES ANNÉES 1863 ET 1864, pr M. Edmond LEFRANC. 


DEUXIÈME PARTIE (1). 


Rosacées. 


Potentilla reptans L. — Lieux herbeux frais. 
Poterium Magnolii Spach. — Páàturages. 
Rosa rubiginosa L. — Tessalah. 

Cratægus Oxyacantha L. — Ibid. 
Amygdalus communis L. 


Prunus insititia L. Subspont. — Vergers en taillis broussailleux, presque à 
Pirus Cydonia L. l'état sauvage, dans le grand ravin du Tessalah, versant 
Armeniaca vulgaris Lam. sud. 


Punica Granatum L. 
Onagrariées, 


Epilobium hirsutum L. — Bords des eaux. 


Haloragées. 


Myriophyllum verticillatum L. — Sources de Sidi-Chaib prés Daya. 


Lythrariées. 


Lythrum flexuosum Lag. — Bords des eaux. 


Tamariscinée s, 


Tamarix gallica L. — Bords de la Mekerra. 


Cucurbitacées, 


Bryonia dioica L. — Broussailles. 
Ecbalium Elaterium Rich. — Terrains vagues. 


Paronychiées, 


Polycarpon tetraphyllum L. — Bords des chemins. 
Leflingia hispanica L. — Sentiers des coteaux sablonneux à Sfisef. 
Telephium Imperati L. — Escarpements des coteaux. 
Herniaria annua Lag. (H. cinerea DC.). — Bords des chemins. 
Paronychia nivea DC. — Páturages des coteaux. 
Scleranthus annuus L. var. (S. polycarpus DC.).— Bords des sentiers, parmi les brous- 
sailles, aux Hamarnah. 
Queria hispanica L. — Bords des sentiers de la plaine de Sidi-Chaib prés Daya. 
Minuartia campestris L. — Plaine et coteaux , bords des sentiers. 
— montana Left, — Ibid, 


(1) Voyez plus haut, p. 26. 


A6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Crassulacées. 


Sedum album L. var. micranthum. — Coteaux et broussailles. 

— cæspitosum DC. (Crassula Magnolii DC.). — Daya. 

— altissimum Poir. — Coteaux forestiers des Hamarnah. 
Umbilicus horizontalis DC. — Lieux herbeux frais des broussailles. 

— hispidus DC. (Cotyledon hispida Lam.). — Rochers sur la Mekerra. 
Pistorinia intermedia Boiss. et Reut, — Coteaux des Hamarnah. 


Cactées. 
Cactus Opuntia L. — Haies des jardins. Subspont. 


Ficoïdées. 
Aizoon hispanicum L, — Coteau du télégraphe. 


Siaxifragées. 


Saxifraga allantica Boiss. et Reut. — Tessalah et coteaux forestiers de Daya. 


Ombellifères, 


Daucus maximus Desf, — Broussailles de Palmier-nain. 
— muricatus L. — Prairies de l'Oued-Sarno. 
— aureus Desf, — Moissons. 
— crinitus Desf. — Ibid. 
— setifolius Desf. — Coteaux forestiers des Hamarnah; broussailles du sommet du 
Tessalah. 
Orlaya maritima Koch. — Plaine sablonneuse de Sfisef. 
Turgenia latifolia Hoffm. — Moissons. 
Torilis nodosa Gærtn. — Broussailles. 
Caucalis leptophylla L. — Ibid. 
— daucoides L. — Plaine de Sidi-Chaib près Daya. 
Bifora testiculata DC. — Champs cultivés. 
Coriandrum sativum L. — Ibid. 
Elæoselinum Fontanesii Boiss. (Laserpitium thapsioides Desf.). — Páturages secs; coteaux 
des Hamarnah. 
Thapsia villosa L. — Bords des moissons ; pàturages secs. 
Ridolfia segetum Moris (Anethum segetum L.).— Moissons des coteaux de l'Oued-Sarno. 
Ferula communis L. — Plaine et coteaux; champs et broussailles. 
— sulcata Desf. — Plaine du Tessalah ; moissons et broussailles. 
Athamanta sicula L. — Broussailles au sommet du Tessalah. 
Kundmannia sieula "DC. (Sium siculum L.). — Moissons des Hamarnah et de l'Oued- 
Sarno. 
Fœniculum vulgare Gærtn. — Broussailles ; bords des routes. 
OEnanthe anomala Coss. et DR. — Prairies fraîches et ravins du Tessalah. 
Bupleurum protractum Lk et Hoffm. — Moissons ; trés-abondant. 
— rigidum L. — Coteaux et broussailles des Hamarnah. 
— gibraltaricum Desf. — Coteaux forestiers des Hamarnah et broussailles au som- 
. met du Tessalah; fl.-fr, septembre-octobre. 
— semicompositum L. — Bords des moissons. 
Hohenackeria bupleurifolia Fisch. — Plateau de Sidi-Chaib prés Daya. 
— polyodon Coss. et DR. — Plaine du Tessalah ; rare. 
Ammi majus L. — Moissons. 
Ptychotis verticillata Duby (Seseli verticillatum Desf.).— Coteaux et broussailles. 
Helosciadium nodiflorum Koch. — Ruisseaux. ; 
Scandix Pecten Veneris L. — Moissons, broussailles. 
— australis L. — Ibid. 


— glaberrima Desf. (Bunium glaberrimum DC.; Balansæa Fontanesii Boiss. et Reut.). 
— Le long des hautes broussailles du chemin de Ben-Youb. 


SÉANCE DU 26 JANVIER 1866. A7 


Smyrnium Olusatrum L. — Tessalah. 
Krubera leptophylla Hoffm. (Conium dichotomum Desf.). — Ravin-des-tuiliers, bords 
des cultures à Mouley-Abd-el-Kader. 
Conium maculatum L. — Lieux herbeux des jardins à Bou-Khanefis. 
Carum incrassatum Boiss. — Champs cultivés. 
— mauritanicum Boiss. et Reut. — Broussailles du Tessalah. 
Cachrys pterochlæna DC. — Champs cultivés, pâturages. 
— tomentosa Desf. (Magydaris tomentosa Koch). —Tessalah ; coteaux forestiers de Daya. 
Eryngium ilicifolium Lmk. —- Páturages secs. 
— tricuspidatum L. var. (E. Bovei Boiss.). — Champs cultivés et broussailles, 
— triquetrum Vahl. — Ibid. 
— dichotomum Desf. — Ibid. 


Caprifoliacées. 


Viburnum Tinus L. — Broussailles du Tessalah. 
Lonicera implexa Ait. — Broussailles forestióres des Hamarnah. 


Rubiacées. 


Asperula arvensis L. — Champs cultivés. 

— hirsuta Desf. — Broussailles, bords des champs. 
Rubia tinctorum L. — Haies des jardins. Subsp. 

— Jævis Poir. — Broussailles. 
Galium tunetanum Desf. — Broussailles. 

— glomeratum Desf. — Champs cultivés. 


— Aparine L. — Broussailles du Tessalah, 
— tricorne With. — Ibid. 
— saccharatum All. — Ibid. 


Crucianella patula L. — Champs cultivés. 
— angustifolia L. — Ibid. 
Sherardia arvensis L. — Ibid. 


Valérianées. 


Centranthus Calcitrapa Dufr. — Páturages des broussailles. 
Valeriana tuberosa L. (V. Phu Desf.). — Ibid. 
Valerianella microcarpa Lois. — Champs cultivés, 
— chlorodonta Coss. et DR. — Ibid. 
— stephanodon Coss. et DR. — Ibid. 
— discoidea Lois. — Ibid. 
— sp. nov.? — Ibid. 
— pumila DC. — Pâturages à Daya. 
Fedia graciliflora F. et Mey. — Lieux herbeux des broussailles. 
— cornuta Spach. — lbid. 


Dipsacées. 


Cephalaria leucantha Schrad. — Sommet du Tessalah ; août-septembre, 
Knautia arvensis Coult. — Tessalah. 
Scabiosa monspeliensis Jacq. — Ibid. 

— maritima L. — Ibid. 


Composées (Corymbifères). 


Erigeron canadensis L. — Lieux vagues. 
Bellis annua L. — Coteaux, pàturages des broussailles. 
Bellis silvestris Cyrill. — Ibid. 
Phagnalon rupestre DC. (Conyza rupestris L ). — Tessalah. 
Micropus bombycinus Lag. — Pâturages des coteaux. 
Inula montana L. — Coteaux à Daya. 

— viscosa Ait. — Ravins frais du Tessalah. 
Asteriscus maritimus Mænch. — Rampes des coteaux, 


AS SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Pallenis spinosa Cass. — Rampes des coteaux. 
Anthemis fuscata Brot. — Lieux herbeux. 
Anacyclüs Pyrethrum DC. — Pâturages des coteaux. 


— valentinus L. — Lieux herbeux. 
— pedunculatus Pers, (Anthemis pedunculata Desf.). — Tessalah. 
Ormenis aurea DR. — Pâlurages du Tessalah. 


Achillea spithamea Coss. et DR. — Escarpements de la rampe et des bois de Daya. 
Santolina squarrosa Willd. — Plaine de Sidi-Chaib prés Daya. 
Lonas inodora Gærtn. — Coteaux, plaine et broussailles, aux Hamarnah. 
Coleostephus macrotus DR. — Päturages du Tessalah. 

— multicaulis DR. — Pâturages des coteaux à Sfisef. 
Pyrethrum glabrum Boiss. et Reut. — Päturages des broussailles, marécages. 
Chrysanthemum coronarium L. — Lieux herbeux. 


— segetum L. — Ibid. 
Artemisia Herba-alba Asso. — Coteaux, plaine et broussailles prés Mouley-Abd-el-Kader. 
Plagius grandiflorus L'Hérit. (Balsamita grandiflora Desf.). — Bords des cultures de 
l'Oued-Sarno et du Tessalah. 
Helichrysum Fontanesii Camb. — Tessalah. 


Gnaphalium luteo-album L. — Bords des canaux d'irrigation. 
Filago spathulata Presl. — Pàturages. 
Senecio nebrodensis L. — Lieux herbeux, 


— giganteus Desf. — Bords de la Mekerra, sources du Tessalah. 


(Cinarocéphales.) 


Calendula suffruticosa Vahl var. tomentosa. — Coteaux sablonneux à Sfisef. 
— arvensis L. — Champs cultivés. 
Echinops spinosus L. — Champs cultivés, lieux herbeux. 
Xeranthemum inapertum Willd. — Bords des champs. 
Stæhelina dubia L. — Coteaux forestiers à Daya. 
Carlina lanata L. — Páturages des coteaux. 
— involucrata Poir. — Bords des routes. 
— racemosa L. (C. sulfurea Desf.). — Pâäturages secs. 
— gummifera Less. — Pàturages, champs cultivés, bords des chemins. 
Atractylis cæspitosa Desf. — Coteaux broussailleux et bords des chemins dans les brous- 
sailles : Ben-Youb, Tenira, Daya. 
— cancellata L. — Pâturages des coteaux. 
Microlonchus Delestrei Spach. — Broussailles et champs cultivés. 
Crupina vulgaris Cass. — Coteaux et broussailles. 
Centaurea pullata L. — Lieux herbeux, páturages des broussailles. 
involucrata Desf. — Ibid. 
incana Lag. — Coteaux et broussailles à Daya. 
acaulis L. — Pâturages, bords des chemins. 
pubescens Willd. (C. incana Desf.). — Bords des chemins ; rare. 
eriophora L. — Bords des chemins, champs cultivés ; commun. 
sulfurea Willd. — Bords des champs, aux Hamarnah. 
Calcitrapa L. — Chemins, bords de la Mekerra. 
ferox Desf. — Päturages de Sfisef. 
sphærocephala L. — Broussailles des coteaux de Sfisef et du Tessalah. 
infestans DR. — Sfisef. 
Fontanesii Spr. — Bords des chemins sur la Mekerra. 


algeriensis Coss. et DR. (C. acutangula Boiss. et Reut. Pugill.. — Bords des 
champs. 


Ceutrophyllum lanatum DC. — Bords des chemins. 


Onobroma helenioides Spr. (Carthamus helenioides Desf.). — Moissons et prairies de la 
plaine du Tessalah. 
Carduncellus pinnatus DC. — Pâturages secs, bords des chemins. 
— atlanticus Coss. et DR. — Plateau de Sidi- Chaïb près Daya. 
— caeruleus DC. — Bords des champs cultivés, 


LEELLEEPLEEBI 


SÉANCE DU 26 JANVIER 1866, 49 


Carduncellus calvus Boiss. et Reut, Pugill. — Bords des champs cultivés, 

— pectinatus DC. (Carth. pectinatus Desf.). — Ibid. 
Silybum eburneum Coss. et DR, — Lieux herbeux, bords des chemins. 
Onopordum macracanthum Scheusb. — Ibid. 
Cinara Cardunculus L. — Plaine du Tessalah. 

— acaulis Desf. (Rhaponticum acaule DC.). — Päturages et champs cultivés. 
Carduus leptocladus DR. — Bords des chemins. 
Notobasis syriaca Cass. (Carduus syriacus L.). — Bords des champs cultivés de la plaine 

du Tessalah et du Tessalah. 

Cirsium giganteum Spr. — Ravins du Tessalah. 

— echinatum DC. (Carduus echinatus Desf.). — Bords des chemins. 

— lanceolatum Scop. (Carduus lanceolatus L.). — Lieux herbeux des jardins. 
Leuzea conifera DC. (Centaurea conifera L.). — Coteaux forestiers des Hamarnah. 
Serratula mucronata Desf. — Ibid. 


(Chicoracées.) 


Scolymus maculatus L. — Bords des champs cultivés, 

— hispanicus L. — Bords des chemins. 

— grandifloras Desf. — Champs cultivés de la plaine du Tessalah. 
Rhagadiolus stellatus DC. — Champs cultivés. 

Hyoseris radiata L. — Påturages parmi les Palmiers-nains. 
Hedypnois cretica Willd. — Pâturages des coteaux. 
Catanance cærulea L. — Escarpements des coteaux, broussailles. 

— lutea L. — Bords des champs cultivés. : 

— cæspitosa Desf. — Coteaux rocailleux de la plaine de Sidi-Chaib prés Daya ; mai-juin. 
Cichorium Intybus L, var. 8 (C. divaricatum Schousb.). — Pâturages. 
Tolpis umbellata Bert. — Pâturages des broussailles. 

Hypochæris neapolitana DC. — Pâturages des broussailles, coteaux. 

— arachnoidea Poir. — Ibid. 

Seriola ætnensis L. — Bords des chemins. 
Thrincia tuberosa DC. — Pâturages des broussailles, coteaux. 

— maroccana Pers, — Ibid. 
Kalbfussia Salzmanni Schultz-Bip. — Lieux herbeux. 
Podospermum laciniatum DC. var. calcitrapifolium. — Ibid. 
Geropogon glaber L. — Champs cultivés. 

Tragopogon porrifolius L. — Ibid. 

Spitzelia cupuligera DR. — Bords des champs du coteau du télégraphe. 
Urospermum Dalechampii Desf. — Lieux herbeux. 

Scorzonera undulata Vahl. — Pâturages des Hamarnah. 

— coronopifolia Desf. — Bords des cultures. 

Helminthia echioides Gærtn, — Lieux herbeux, bords des eaux. 

— aculeata DC.— Escarpements des coteaux du télégraphe et de la plaine du Tessalah. 
Taraxacum Dens leonis Desf. — Champs cultivés et pàturages. 
Barkhausia taraxacifolia DC. var. myriocephala. — Ibid. 

Picridium tingitanum Desf. — Coteaux et broussailles de Sfisef. 

— vulgare Desf. —. Lieux herbeux. 

Zollikoferia resedifolia Coss. var. longiloba (Z. longiloba Boiss. et Reut.). — Escarpements 
des ravins montagneux de Sfisef, 

Sonchus maritimus L. — Lieux frais, bords des eaux. 

Andriala integrifolia L. — Lieux herbeux, broussailles. 


Campanulacées. 


Campanula dichotoma L, — Broussailles.. 
— Kremeri Boiss. et Reut. — Coteaux forestiers broussailleux sur la Tenira. 
— Rapuneulus L, — Broussailles de Palmier-nain. 
—  — var. verruculosa, — Broussailles du Tessalah. i ; 
Trachelium cæruleum L. — Gorges du Tessalah, escarpements rocheux humides ; plaine 
de Sidi-bel-Abbès, parois des canaux d'irrigation ouverts dans les coteaux de 
conglomérats siliceux. ! 


50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ericacées, 
Arbutus Unedo L. — Broussailles forestières (1). 


Primulacées. 


Androsace maxima L. — Pâturages secs des broussailles. 
Coris monspeliensis L. — Coteaux et broussailles des Hamarnah ; juin. 
Anagallis arvensis L. — Bords des champs. 
— collina Schousb. — Ibid. 
— linifolia L, — Ibid. 
Samolus Valerandi L. — Ruisseaux. 


Oléacées. 


Olea europæa L. — Broussailles en plaine, grand arbre dans la gorge de Ben-Youb. 
Phillyrea media L. — Vague broussaille et broussaille forestière. 


Jasminées. 


Jasminum fruticans L. — Broussailles. 


Apocynées. 


Nerium Oleander L. — Ravins frais du Tessalah ; Oued-Tenira. 


Gentianées, 


Erythræa pulchella Fries. — Päturages. 
— Centaurium Pers. var. suffruticosa Griseb. — Coteaux forestiers. 
— spicata Pers. — Coteaux des Hamarnah. 

Chlora grandiflora Viv. — Ravins frais du Tessalah. 


€onvolvulacées. 


Convolvulus lineatus L. — Bords des chemins. 
— tricolor L. — Plaine du Tessalab, páturages. 
— suffruticosus Desf. — Broussailles du Tessalah. 
— arvensis L. — Bords des chemins, 
— althæoides L. — Broussailles de Palmier-nain, bords des chemins, 
— sepium L. — Haies des jardins; rare. 
Cuscuta europæa L. 


Borraginées. 


Heliotropium supinum L. — Fossés desséchés, 
Cerinthe gymnandra Gasp. — Lieux herbeux frais. 
Echium grandiflorum Desf, — Champs herbeux, bords des sentiers, 
— italicum L, — Ibid. 
— humile Desf. — Plaine de Sidi-Chaib prés Daya. 
— plantagineum L. — Escarpements des coteaux. 
— clandestinum Desf. — Lieux herbeux, bords des chemins. 
Nonnea nigricans DC. — Ibid. 
— micrantha Boiss. et Reut, — Ibid. 
Anchusa italica Retz. — Champs cultivés. 
Lithospermum arvense L,.— Ibid. 
— apulum Vahl. — Páturages ; trés-abondant. 
Alkanna tinetoria Tausch, — Coteaux secs. 
Echinospermum patulum Lehm. — Bords des champs cultivés de Sidi-Chaib. 
Cynoglossum cheirifolium L. — Champs et pâturages du Tessalah. 


(4) Ses fruits ne mürissent que dans les ravins un peu frais, exposés au midi. 


SÉANCE DU 26 JANVIER 1866. 51 


Solenanthus lanatus Alph. DC. (Anchusa lanata L.). — Lieux herbeux aux bords des 
chemins. 
Rochelia stellulata Rchb. — Bords des champs; rare. 
Borrago officinalis L. — Ibid. 
— longifolia Poir. — Fossés herbeux frais. 


(La fin à la prochaine séance.) | 


M. Cosson donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre qu'il a 
reçue de M. Alph. De Candolle : 


NOTE SUR LE QUERCUS CASTANEÆFOLIA D'ALGÉRIE, 
pr M. Alph. DE CANDOLLE. 


(Genève, janvier 1866.) 


Un Chêne d'Algérie, rapporté autrefois par MM. J. Gay et Cosson au 
Q. castaneæfolia C.-A. Mey., du Caucase, avait été reconnu ensuite par le si 
regrettable M. J. Gay étre le Q. Pseudosuber Santi; j'avais confirmé cette 
derniére opinion en me fondant sur des échantillons authentiques de Toscane. 
J'ignorais alors que M. Cosson avait constaté que les deux espèces existent en 
Algérie. Ayant reçu récemment de meilleurs échantillons de la province de 
Constantine, district de Philippeville, je puis distinguer nettement les deux 
arbres, méme sans avoir des fruits mürs. Le Q. castaneæfolia présente des 
feuilles plus allongées, dont les nervures sont toujours plus nombreuses que 
dans le Q. Pseudosuber. Il n'a pas de liége, du moins en quantité visible 
pour un observateur non-botaniste, tandis que le (. Pseudosuber a vérita- 
. blement du liége, bien qu'en quantité non comparable, il est vrai, à celle du 
Q. Suber et insuffisante pour le rendre utile au point de vue économique. Les 
échantillons déterminés par M. Cosson sous le nom de Q. castaneæfolia, 
dans l'exsiccata édité par M. Kralik (Plante algerienses select), appartien- 
nent bien à cette espéce, et j'ai eu tort d'exclure dans le Prodromus tous 
les échantillons d'Algérie du Q. castaneæfolia. Les personnes qui se servent 
du Prodromus feront bien de modifier dans ce sens les articles des deux es- 
peces, t. XVI, sect. post., pp. 43 et A9. 


M. Cosson dit qu'il est heureux de voir confirmer par le savant 
monographe des Cupuliféres la détermination du Chéne publié par 
M. Kralik dans ses Plante algerienses selectæ. 


Il ajoute que le Q. castaneæfolia observé par ses compagnons de voyage et 
par lui, en 1861, sur plusieurs montagnes de la Kabylie orientale (Djebel- 
Gouffi, massif montagneux des Beni-Foughal, Taourirt-el-Ghil, etc.), est sur- 
tout trés-abondant aux Djebel Tababor et Babor. Cet arbre forme l'essence 


52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


principale des belles foréts de ces deux massifs montagneux; il y est associé au 
Q. Mirbeckit, au Cedrus Libani var. atlantica et à l'Abies (Picea) Pinsapo 
var. baborensis (Abies [Picea] baborensis Coss. mss. olim). — M. Cosson 
croit en outre devoir faire remarquer que les foréts des Babors offrent une 
espèce nouvelle d Zpimedium (E. Perralderianum) très voisine de l'E. pin- 
natum propre aux régions caucasiennes. 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1866. 


PRÉSIDENCE DE M. LE COMTE JAUBERT. 


M. Roze, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la 
séance du 26 janvier, dont la rédaction est adoptée. 

Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le 
Président proclame l'admission de : 


MM. Jozon (Eugéne-Charles), pharmacien, rue Saint-Jean, 38, 


à Laon (Aisne), présenté par MM. Thibesard et de Schæ- 
nefeld ; 


CHAPELLE, docteur en médecine, médecin de l'hópital d'An- 
gouléme (Charente), présenté par MM. Chatin et Laségue. 


M. le Président annonce en outre trois nouvelles présentations. 
Lecture est donnée de lettres de MM. Cabasse, Eichler et Chabert, . 


qui remercient la Société de les avoir admis au nombre de ses 
membres. 


M. le Président annonce à la Société la perte bien regrettable 


qu'elle vient de faire dans la personne de M. le pasteur Magnan, 
décédé à Montauban le 1° février. 


Dons faits à la Société : 
1° Par M. Ad. Chatin : 
Le Cresson. 
2° Par M. L. Netto : 
Apontamentos sobre a collecçäo das plantas.economicas da Brasil. 


3° De la part de M. Émile Boudier : 
Des Champignons, 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1866. 53 
h° De la part de M. Alph. De Candolle : 


La vie et les écrits de sir William Hooker. 


5° De la part de M. A.-W. Eichler : 


Ueber den Bluethenbau der Fumariaceen,' Cruciferen und einiger Cap- 
parideen. 


6^ De la part de la Société entomologique de France : 


Documents relatifs à l'exposition des insectes, tenue à Paris en 1865. 


7° De la part de M. E. Faivre : 
Catalogue des graines du jardin botanique de Lyon, 1865. 


8° En échange du Bulletin de la Société : 

Wochenschrift fuer. Gertnerei und Pflanzenhunde, 1866, quatre nu- 
méros. 

Atti della Società italiana di science naturali, t. VII. 

Pharmaceutical journal and transactions, février 1866. 

The american journal of science and arts, janvier 1866. 

Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation, dé- 
cembre 1865. 

L'Institut, janvier et février 1866, deux numéros. 


M. Chatin fait hommage à la Société d'un intéressant travail qu'il 
vient de publier sur le Cresson. 

M. L. Netto fait hommage à la Société d'une brochure qu'il vient 
de publier (intitulée : Apontamentos sobre a colleccdo das plantas 
economicas da Brasil), et s'exprime en ces termes : 


J'ail'honneur de présenter à la Société botanique une brochure que je 
viens de publier en portugais. Ce sont des indications que j'ai dà communi- 
quer au ministère de l'agriculture, du commerce et des travaux publics du 
Brésil, sur la collection des produits végétaux qu'on doit envoyer à la pro- 
chaine exposition de Paris. En mentionnant les différentes sortes de produits 
utiles du pays sous plusieurs points de vue, je m'y attache surtout à deman- 
der le plus grand nombre possible de renseignements, soit dans l'intérét des 
exploiteurs, soit au profit de la science. 

En effet, à qüoi bon une grande collection de fruits, d'échantillons de bois, 
de plantes médicinales, etc. , quand aucun nom, aucune notice sur l'exploitation, 
l'usage, le prix, la quantité, etc. , de ces objets dans leur pays natal ne s'y trou- 
vent pas? C'est un tort, ai-je dit, pour le pays, pour sa littérature, et surtout 
pour la botanique, que de négliger la nomenclature indigène de nos plantes 


55. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


remarquables et usuelles, car le plus souvent ce sont des noms très-expressifs 
et donnant admirablement l'idée:de la chose. D'ailleurs, voici la traduction de 
ce que j'ai dit à ce sujet, à la page 2^, en parlant d'un produit brésilien fort 
connu aujourd'hui de toute l'Europe : « Si nous réfléchissons, par exemple, 
sur le mot indigène Araruta, un peu altéré par nous-mêmes et bien plus 
encore par les Anglais qui l'ont transformé en Arrow-root, nous le voyons 
composé de Aru-aru (1); deux mots qui signifient farine de la farine ; phrase 
naive, mais éloquente, dont se sont servis les Indiens du Brésil pour exprimer 
la délicatesse de ce produit, relativement à la farine de Manioc, ou plutót pour 
représenter la petitesse de ses grains, en comparaison avec les éléments infini- 
ment plus gros de celle-ci. C'est une expression naive, dis-je, mais qui parait 
avoir la plus grande analogie avec celle que nous employons quand nous 
disons : une fraction de fraction, » 

Insistant beaucoup sur l'impossibilité qu'on a, en Europe, de nommer les 
produits végétaux qu'on y envoie des régions lointaines sans les matériaux 
nécessaires, j'ai cru devoir conseiller à la Commission centrale de Rio, pour 
les expositions nationales, de faire joindre à la collection végétale un petit 
herbier où chaque produit devra être représenté de manière à être facilement 
reconnu par les botanistes. 

Il serait long, et je dirai méme inutile, de donner ici un apercu de ce que 
contient cette brochure. Je traduirai pourtant une rectification que j'y ai mise 
et qui, ayant rapport à la Caparrosa dont il est question dans ma note sur la 
destruction des plantes au Brésil, me parait devoir étre signalée à la Société 
botanique, qui a lu déjà cette note dans son Bulletin (2). Voici la partie 
essentielle de cette rectification : « Je dois déclarer que cet arbrisseau (la 
Caparrosa) n'est pas le Jussiæa Caparrosa de Saint-Hilaire, comme je l'ai 
présenté ailleurs. Ayant analysé ses fleurs au moment de les récolter, il est 
arrivé que, dans un examen minutieux que j'ai fait derniérement de presque 
tout l'herbier collectionné par moi à Minas, en comparant chacune des notes 
que j'ai prises alors avec la plante correspondante, j'ai reconnu qu'il n'y 
avait aucune analogie entre le végétal de Saint-Hilaire et celui auquel j'ai 
attribué son nom, Il s'éloigne, au contraire, non-seulement du genre Jus- 
sica, mais encore de sa famille elle-méme, vu que c'est une Nyctaginée du 
genre Pisonia, qui est fort commun au Brésil. J'ai reconnu, en outre, que 


: (1) C'est du moins l'opinion émise par M. de Martius, dont les travaux sur ces ques- 
tions font autorité. Le mot anglais Arrow- root (racine de flèche), généralement adopté 
en Europe, et que les Allemands ont méme traduit littéralement par Pfeil- Wurzel, ne me 
paraît pas pouvoir s’accorder avec les propriétés de ce végétal, qui n'a rien de commun 
avec les plantes vénéneuses servant à empoisonner les fléches des sauvages. Je ne puis 
croire non plus qu'il y ait eu de la part des Indiens l'idée d'appeler fléche ce Maranta, 
dont la tige n'en offre nullement l'aspect. D'ailleurs, dans aucune des langues américaines, 


le mot flèche ne présente d'analogie avec celui d’Araruta, ou mieux Aru-aru. 
(2) Tome XII (Séances), p. 70, 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1866. 55 
c'était une espèce nouvelle, et pour réparer au plus vite l'erreur où, sans 
faire attention à la plante, m'avaient conduit, et la similitude des noms vul- 
gaires et l'identité de l'usage de ces deux Caparrosas, je me suis empressé de 
figurer et de décrire cette nouvelle plante, tout en lui conservant le nom po- 
pulaire comme spécifique. J'espère publier bientôt le Pisonia Caparrosa 
avec quelques autres espèces nouvelles de la même collection, et je mention- 
nerai alors les caractères qui les distinguent, ce qui ne conviendrait pas à la 
nature de ce travail. » 


M. Roussel fait à la Société la communication suivante : 


NOTE DE M. ROUSSEL SUR UN OUVRAGE INTITULÉ : TENTAMEN DISPOSITIONIS 
METHODICÆ LICHENUM IN LONGOBARDIA NASCENTIUM, ADDITIS ICONIBUS PARTIUM 
INTERNARUM CUJUSQUE SPECIEI, AUCTORE SANCTO GAROVAGLIO, ADJUTORE OPERIS 
ICONOGRAPHICI JOSEPHO GIBELLIO. Mediolani, 1865, Fasciculi III, tabulæ v. 


Les Verrucaires sont des Lichens dont le thalle crustacé, quelquefois pulvé- 
rulent, se distingue assez difficilement des rochers, de la terre et de l'écorce 
des arbres sur lesquels elles croissent. Malgré les difficultés qu'elles présen- 
tent dans leur recherche, et en raison peut-être de ce qu'elles précèdent le 
développement de plantes d'une organisation plus élevée, surtout lorsqu'elles 
viennent sur les rochers dénudés, les Verrucaires ont été l'objet d'un grand 
nombre de travaux depuis quelques années. Deux écoles se partagent la théorie 
et les principes de leur classification. Dans l'une, dite des Massalongiens, se 
rangent, en Italie, les savants auteurs Anzi, Baglietti, Beltrami, et quelque- 
fois Trevisani et De Notaris; en Allemagne, ce sont MM. Hepp, Nægeli, Ar- 
nold, Rabenhorst, Zwach, Kærber et Fries fils qui la défendent. Pour eux, 
le genre Verrucaria, tel qu'il avait été établi par Persoon, Acharius, Fries 
père, en embrasse aujourd'hui 35, et le nombre des espèces, qui ne s'élève 
qu'à 96 dans le recensement qu'en a fait M. Nylander dans son Zzpositio 
synoptica. Pyrenocarpeorum, 1858, en comprendrait 200. L'ancienne école, à 
laquelle se réunit en partie le savant auteur du Tentamen, en prenant pour 
guide M. Nylander, compte parmi ses adeptes la plupart des auteurs francais, 
anglais, américains, et parmi les Allemands, MM. Stizenberg, de Krempel- 
huber, Mueller, Speerschneider et quelques autres. 

M. Garovaglio expose, sous la forme de prolégomènes, la disposition métho- 
dique de ce mémoire et l'organographie de ces Lichens. Il décrit le thalle, 
l'apothécium, l'épithécium, auquel il donne une autre signification que celle 
généralement admise. Pour lui, l'épithécium serait la troisieme couche de 
l'hypothécium, celle à laquelle M. Nylander donne le nom de perithecium 
dimidiatum dans son Synopsis Lichenum, p. 21, tandis que l'epithecium de 
M. Nylander et autres ne consiste que dans la couche de granulations pig- 
mentaires superposée au thécium. 


56 SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

M. Garovaglio décrit ensuite les paraphyses, dont les formes simples ou ra- 

meuses, filiformes ou articulées, lui fournissent des caractéres pour la distinc- 
tion des espèces. Il reconnait que lorsqu'elles existent dans un apothécium, 
il n'y a point de spermaties. Viennent ensuite les spermogonies, sur lesquelles 
M. Itzigsohn appela l'attention des lichénographes, et qui, depuis, ont été 
décrites avec tant de sagacité par M. Tulasne, dans son célébre mémoire sur 
l'organisation des Lichens (1852). Pour M. Garovaglio, les spermogonies sont 
devenues des spermatocalia, dénomination précédemment adoptée par Mas- 
salongo. Il passe ensuite en revue les diflérentes formes qu'affectent les thè- 
ques au milieu de la substance glutineuse qui les enveloppe. Les spores, dont 
les formes et la composition sont si variées, lui permettent de diviser les Ver- 
rucaires en quatre grandes sections : 
- Dans la première, les £'uverrucaria, se rangent les espèces à spores unilo- 
culaires. Elles sont toujours dépourvues de paraphyses, et leur nucléus, 
composé de thèques et de spermatocalia, les fait considérer comme herma- 
phrodites. Cette section est subdivisée en huit cohortes, dont les caractères 
reposent sur les différences que présentent l'organisation du thalle, celle de 
l'épithécium, les formes des thèques, la grandeur des spores, etc. Ces huit 
cohortes comprennent dix-sept espèces et un grand nombre de variétés. 

La deuxième section, les Biloculares, est bien distincte par ses spores bi- 
ou triloculaires, par ses paraphyses souvent nulles ou peu développées. Elle 
comprend, dans l'opinion de l'auteur, des espèces hermaphrodites, mo- 
noiques ou dioiques. Elle est subdivisée en trois cohortes, comprenant onze 
espèces et leurs variétés. 

L'auteur expose d'abord les caracteres spécifiques de chacune des espèces, 
et les décrit ensuite longuement. Ces descriptions sont précédées d'une syno- 
nymie fort complète et accompagnées de figures analytiques exécutées par 
M. le docteur Gibelli, dont le talent bien connu n'a malheureusement pas 
toujours été secondé par le lithographe. Parmi les vingt-huit espèces décrites 
jusqu'à présent, on remarque comme nouvelles les Verrucaria Pertusatii G., 
V. heterospora G., V. confusa G., et un grand nombre de variétés. 

La troisième section comprendra les espèces pourvues de spores de quatre 
à huit loges superposées, et la quatrième celles dont les spores sont dites tes- 
selées ou murales. 

La haute sagacité de l'auteur et l'exposition si complète des caractères de 
ces Lichens, dont il est si difficile de déterminer la limite des espèces, font 
vivement désirer qu'il publie bientôt la suite de cette monographie. Déjà les 
Prolegomena ont été traduits en allemand par M. de Krempelhuber et publiés 
in extenso dans le Botanische Zeitung. 

A l'appui de la théorie physiologique de M. Garovaglio, M. Gibelli a publié 
dans le 1° volume des Mémoires de la Société italienne des sciences natu- 
relles, un mémoire intitulé : Sugli organi riproduttori del genere Verru- 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1866. 57 
caria, con una (tavola. Milano, 1865. C'est un résumé des nombreuses ana- 
lyses qu'il a faites des espèces décrites par M. Garoveglio, et qui l'ont 
conduit à admettre que toutes les Verrucaires pourvues de paraphyses sont 
diclines, c'est-à-dire monoiques ou dioïques, tandis que toutes celles dans les- 
quelles elles manquent sont hermaphrodites et saxicoles. H fait remarquer que 
l'appareil spermatifere se manifeste sous la forme d'une frange qui orne l'ori- 
fice des apothéciums, et le compare aux spermaties du Cenangium Frangule 
décrites et figurées par M. Tulasne dans son beau mémoire Sur l'appareil 
reproducteur des Champignons (1852). 11 énumère ensuite les espèces qui 
ont été plus particulierement l'objet de ses recherches. La planche représente 
les pycnides et les spermogonies du Verrucaria carpinea Pers., l'apothé- 
cium hermaphrodite du Verrucaria epipolæa G., et une spermogonie du 
Sagedia byssophila Kærb. L'intérêt que présente ce mémoire a déterminé 
M. de Krempelhuber à en publier la traduction en allemand dans le Flora 
de Ratisbonne, n° 5 et 6 (1866). 


M. le comte Jaubert fait à la Société la communication suivante 


COMPTE RENDU DU SELECTA FUNGORUM CARPOLOGIA DE MM.L.-h. ET CH. TULASNE. 
par MB. le comte JAUBERT. 


MM. L.-R. et Ch. Tulasne ont fait don à la Société du troisième et der- 
nier volume de leur ouvrage sur les Champignons : Selecta Fungorum Car- 
pologia. Notre Revue bibliographique a donné, avec la réserve qui lui est 
imposée par le règlement, et en ce qui concerne les deux premiers volumes, 
un aperçu dà à la plume exercée de M. Fournier (1). Nous sommes ici plus à 
l'aise pour payer à cet ouvrage le tribut d'éloges, disons mieux d'admiration, 
qui lui est dà. Connaissance. approfondie du sujet, ordre parfait dans son 
exposition et ses développements ; planches splendides, reproduisant avec une 
rare perfection le port des végétaux et l'analyse microscopique la plus délicate 
poussée jusqu'aux détails de l'organisation intime de la spore et de sa germi- 
nation : tel est le double mérite de fond et de forme qui distingue cette 
œuvre, destinée à faire époque dans l'histoire de la botanique. L'honneur qui 
en revient aux deux auteurs a été laissé par eux dans une sorte d'indivis tout 
fraternel ; mais dans leur longue et patiente collaboration, qu'il nous soit per- 
mis de rechercher surtout la part que M. Louis-René Tulasne, notre confrère 
à double titre, à la Société botanique et à l'Académie des sciences, a apportée 
à l'œuvre commune. M. Fournier n'a pas manqué d'en signaler la portée 
éminemment philosophique : c'est précisément sur ce caractère que nous in- 
sisterons davantage, sous deux rapports, celui des principes généraux et celui 


(1) Voyez le Bulletin, t. VIII, p. 391, et t. X, p. 626, 
T. Eb (séances) 5 


58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
de la synthèse qui relie les faits dans l'intérêt d'une meilleure classification des 
représentants de l'immense famille des Champignons. 

L'idée fondamentale de l'ouvrage, et qui en a déterminé la composition, 
repose sur les faits que M. L.-R. Tulasne avait précédemment révélés dans les 
Annales des sciences naturelles et d'autres écrits, relativement à la diversité, 
dans une méme espèce, des organes de la fructification et des formes transi- 
toires où l'on avait trop souvent cru saisir les signes caractéristiques d'au- 
tant d'espèces différentes. C'était le point de départ d'une sorte de révolution 
dans la eryptogamie. On sera d'autant plus disposé à l'accepter, qu'on tiendra 
plus de compte des analogies qu'offrent à cet égard les animaux, non-seule- 
ment ceux des ordres inférieurs, les vers intestinaux par exemple, sans parler 
des insectes, mais aussi et jusque dans leur embryogénie les étres plus élevés 
dans l'échelle zoologique. Les métamorphoses y abondent: bien plus, les 
générations alternantes en zoologie’ n'ont-elles pas leur analogie dans le pro- 
thallium des Fougères ? M. Léveillé, dans ses études sur le mycelium en génć- 
ral, et sur les Sclerotium en particulier, avait été l'un des premiers à ouvrir 
à la cryptogamie cette voie nouvelle ; il appartenait à M. Tulasne de l'élargir 
et d'y éclairer notre marche. 

Au reste, les plantes vasculaires elles-mémes offrent souvent sur un. méme 
individu des différences de formes qu'on serait tenté de prendre pour au- 
tant d'espéces différentes. S'agit-il des organes de la végétation ? On peut 
citer, entre beaucoup d'exemples, l Eucalyptus Globulus, à feuilles opposées, 
et méme connées dans la jeunesse, alternes et pétiolées dans l’âge adulte, 
certains Mimosa, le Ludia qui a pris son nom de ces jeux de la nature, etc. 
Les organes de la reproduction, qui sont en général les plus fixes, ne sont 
pas exempts de tels écarts, dont l'un des plus remarquables est saus contredit 
le dimorphisme des Orchidées. Mais ce n'est encore là qu'une variation où l'on 
retrouve toutes les parties essentielles de la fleur hermaphrodite. Les avorte- 
ments ou arréts de développement dans les fleurs diclines, souvent si dissem- 
blables dans une méme espéce, constituent un autre ordre de différences : nous 
en voyons de plus profondes encore dans les bourgeons et leurs diverses 
variétés, telles que turions, bulbilles, propagules, tubercules, qui continuent 
l'individu, comparés aux graines perpétuant l'espéce; de part et d'autre, ce 
sont des organes divers, mais ayant un but commun: la propagation. Les 
deux modes, chez les Champignons, se rapprochent au point de se confondre, 
surtout dans le jeune âge, passent de l'un à l'autre, se succèdent ou se 
suppléent. 

La spore, bien que dépourvue de cotylédons, n'en est pas moins, au méme 
titre que la graine dela Cuscute, une véritable graine susceptible de germer, 
| scopique tendant de plus en plus à faire prévaloir les 
caracteres tirés de l'organisation sur ceux que les formes superficielles avaient 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1866. 59 
d'abord fournis, la spore, partout où on à pu l'observer, a pris dans la classi- 
fication une importance de premier ordre. On l'a cherchée partout, et soup- 
connée jusque dans la spermatie, l'un des premiers développements du my- 
celium ; les appareils qui ont paru propres à la produire ont tous été 
interrogés, souvent décrits à part, sans s'inquiéter de leurs corrélations. De là, 
dans la taxonomie, cette confusion à laquelle M. Tulasne s'est efforcé de 
remédier, tout en conservant le cadre des divisions principales. Les Champi- 
gnons, dans leur état parfait, sont ou Ectosporés, c'est-à-dire à spores nues, 
ou Endosporés, à spores contenues dans un conceptacle fermé. Les Ecto- 
sporés se subdivisent en Collitosporés, naissant d'un mucilage d'abord homo- 
gène, puis durcissant et se réduisant en poussière, et en Arthrosporés, à 
filaments fasciculés ou articulés (Trichosporés, Stylosporés, Basidiosporés) : 
parmi les Basidiosporés, les Agarics tiennent une grande place. Les Endosporés, 
aussi appelés Ascomycètes, Champignons plus compliqués à spores contenues 
dans des thèques (asci), avec ou sans paraphyses, se rapprochent des Lichens ; 
la spore solitaire ou associée à d'autres nage dans la théque comme le germe 
des Phanérogames dans le sac embryonnaire : ce sont les Helvelles, Pé- 
zizes, etc. , et les Pyrénomycètes en général. Ces derniers possèdent trois formes 
de graines répondant à autant de formes de réceptacles fructifères. 

Le temps n'est pas encore venu de remanier, au point de vue de la diver- 
sité des organes de reproduction, nous ne dirons pas la famille entière des 
Champignons, mais méme une seule de ses nombreuses tribus. Aussi M. Tu- 
lasne s'est-il contenté de débrouiller et d'exposer à l'appui de sa doctrine 
quelques genres bien choisis, persuadé, comme le célebre mycologue d'U psal, 
M. Fries, que celui-là aura beaucoup fait pour l'avancement de la botanique, 
qui, peu jaloux d'instituer des genres nouveaux, se sera attaché à suivre une 
méme espèce dans toutes les phases de son évolution. Tout d'abord le genre 
Erysiphe, pris parmi les Pyrénomycètes, a paru à M. Tulasne éminem- 
ment propre à son dessein, et il l'a traité dans le premier volume en mono- 
graphe consommé. Un mycélium unique donne naissance aux trois formes de 
réceptacles fructifères produisant trois formes de graines, toutes, on s'en est 
assuré, également susceptibles de germer : 1° La CONIDIE, que M. Tulasne qua- 
lifie quelque part, avec justesse, de mycelium soboliferum, est simple ou 
composée de spores disposées en série généralement moniliforme. Selon quel- 
ques mycologues, il y aurait des conidies remplies d'une sorte de plasma à 
granules qui constitueraient des organes multiples, en ce sens qu'ils contien- 
draient des sporules susceptibles elles-mêmes de germer isolément : les cas 
de ce genre, observés par M. Berkeley et autres, rentreraient, selon M. Tu- 
lasne, daus la catégorie suivante. Les conidies sont plus nombreuses, plus 
manifestes dans le genre £rysiphe que dans tout autre. Deux espèces du 
genre problématique Oidium, l'O. pannosum (vulgairement appelé Blanc du 
Rosier, Blanc du Pécher) et l'O. monilioides, ne seraient que des états coni 


60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

diferes de deux £rysiphe, le premier Æ. pannosa, le second Æ. Graminis. 
29 La PYCNIDE, conceptacle rempli de’ graines innombrables et trés-fines, 
nommées stylospores, qui s'en échappent à la manière d'un pollen. L'Oidium 
Tuckeri, ce fléau de la Vigne, sur lequel on a tant disserté, ne serait, selon 
toute apparence, qu'un état à la fois conidifere et pycnidifère, mais incomplet, 
dont l'état parfait n'avait pas encore été découvert. M. Berkeley n'a pas hésité 
à le classer parmi les Erysiphe, sous le nom spécifique d'£rysiphe Tuckeri, 
3° Le CONCEPTACLE ASCOPHORE, ou état parfait, où s'engendrent une ou plu- 
sieurs thèques oligosporées, ne contenant guère de véritables paraphyses. A la 
base des conceptacles, on remarque souvent des filaments qui en procèdent, 
et s'enchevétrent avec ceux du mycélium. 

Dans le genre Erysiphe, les pycnides, et surtout les conceptacles, sont en 
outre ornés d'appendicules subulés, qui semblent articulés à leur base sur un 
bouton arrondi, sont diversement ramifiés au sommet, et rappellent, à certains 
égards, les baguettes des oursins (vulgairement châtaignes de mer) parmi les 
animaux échinodermes : plusieurs botanistes descripteurs ont tiré parti de ces 
appendicules pour distinguer les espèces. Enfin, dans une espèce d' Erysiphe, 
PE. guttata, le conceptacle est surmonté d'une vésicule membraneuse qui, à 
une certaine époque, l'égale en grosseur, se rompt, et laisse à découvert un 
grand nombre d'utricules allongés, dont chacun se couronne d'une sorte de 
pinceau, à la manière des tentacules de certains polypes, des astéries par 
exemple (vulgairement anémones de mer). Les mycologues n'ont pas encore 
déterminé la nature. de ces vésicules et leur róle physiologique : nous serions 
tenté d'y voir une sorte de thèque vivipare. 

Le deuxième volume est consacré aux Xvlariés, Valsés et Sphériés. Sous 
le nom de Xylariés, l'auteur a rassemblé les types supérieurs des Hypox ylés, 
Champignons généralement ligneux, de couleur foncée, placés en téte des 
Pyrénomycètes. La tribu des Valsés, ainsi désignée du nom de son genre 
le plus parfait, est encore composée de plantes détachées des anciennes 
associations des Sphériés, qu'on appelait composés, des Stilbosporés, Cyto- 
sporés, Némasporés, Mélanconiés, et méme des Tubercularinés ; toutes 
ces plantes sont ramenées par M. Tulasne à leurs affinités naturelles. Selon 
lui, aucune tribu ne fait mieux que celle des Valsés ressortir les applications 
de sa doctrine. M. Fournier en a indiqué quelques-unes pour cette tribu et 
celle des Xylariés, dans son aperçu, auquel on pourra avoir recours, de ce 
second volume. La troisième tribu, celle des Sphériés, a conservé, dans 
l'ouvrage de M. Tulasne, les espèces si nombreuses rangées autrefois sous 
le nom de Sphériés simples, à un seul ostiole. Ici, il n'a pas été donné à 
l'auteur de présenter beaucoup de types qui fussent pourvus d'organes variés ; 
cependant les conidies, entre autres, y sont assez fréquemment mentionnées. 
M. Tulasne s'est donc tenu, à cet égard, dans une sage réserve, jaloux de ne 
rien offrir au lecteur que de nettement démontré. Sous le rapport de la clas- 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1866. 61 
sification, cette partie du livre, plus que les autres, ne lui semble encore 
qu'un essai : et pourtant quels trésors d'observations ne contient-elle pas ! 

Le troisième volume traite des Nectriés, Phacidiés et Pézizés. Les Nec- 
triés terminent la série des Pyrénomycetes; ce sont généralement des végétaux 
de consistance molle, charnue et de couleurs variées. La tribu des Phacidiés 
répond à une partie de la division des Discomycètes de Fries, plus élevée 
dans la série et dont la tribu des Pézizés occupe en quelque sorte le centre. 
Dans l'impossibilité où nous sommes d'énumérer, avec assez de détails pour 
nous faire comprendre, nous ne disons pas les genres de ces tribus, mais 
méme les groupes dans lesquels ils sont rangés, nous choisirons dans chaque 
tribu un seul genre, dans ce genre une seule espèce, pour en exposer briève- 
ment la synonymie. Elle a son éloquence ; on y verra jusqu'où une connais- 
sance imparfaite des organes de la reproduction a entrainé les anciens auteurs. 

Dans la première tribu, qui ne connait le Nectria cinnabarina Tode, si 
commun sur les branches mortes du Groseillier, où elle forme des amas de 
petits sphéroides de couleur rosée? Cette espèce se présente sous deux états : 
l'un imparfait, l'autre parfait. Le premier est une sorte de stroma à conidies. 
Dillenius l'avait désigné sous le nom vague de Z/chenoides ; pour Vaillant, 
c'était un Nostoc ; pour Linné, d'abord une Trémelle et aussi un Zubercu- 
laria, nom sous lequel la plante est restée jusqu'à nos jours dans la nomencla- 
ture la plus acceptée, mais sous onze appellations d'espèces différentes ; pour 
Sowerby, c'était une Trémelle. Haller approchait davantage de la vérité en la 
réunissant aux Sphéries : c'est en effet avec les Sphéries qu'elle a le plus 
d'affinité, mais seulement alors qu'elle atteint son état parfait. Pour les au- 
teurs modernes, sauf pour Greville qui en fait un Cucurbitaria, elle aura 
donc été une Sphérie, mais ils auront. imposé à la méme plante trois noms 
d'espèces différents. 

Parmi les Phacidiés, le Phacidium [licis, dans son état pycnidifere, était 
une Sphérie pour Sowerby, qui en avait donné une mauvaise figure; pour 
Greville, un Ceuthospora; pour M'* Libert, un Ascochyta. Encore M. Tu- 
lasne écarte-t-il par scrupule de la synonymie applicable au Ceuthospora de 
Greville une foule de prétendues espèces presque identiques croissant sur 
des végétaux autres que le Houx, tels que Laurocerasus, Hedera, Populus, 
Quercus, etc. A l'état parfait et ascophore, les auteurs n'hésiteront. plus 
qu'entre les Xy/oma et les Phacidium. 

Parmi les Pézizés, prenons le Dermatea Cerasi dans le groupe caractérisé 
par ses stylospores linéaires, arquées ou flexueuses, et ses endospores continues. 
Ce Champignon est assez commun sur les rameaux non encore desséchés des 
Gerisiers, tant sauvages que cultivés : à l'automne, il se couvre de pycnides 
et de spermogonies, et ne mürit qu'au printemps ses fruits ascophores ; ses 
débris persistent longtemps sur l'écorce où il a pris naissance. Or, l'état. im- 
parfait du Derinatea. Cerasi figurait pour Persoon, De Candolle, Wahlenberg, 


62 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


parmi les Sphéries; pour d'autres, dans les genres Cenangium, Microspora, 
Polythecium, ou même ne représentait qu'une particularité de la fructifica- 
tion des Valsea. L'état intermédiaire réunit à la fois des Pézizes, des Cenan- 
gium, des Tubercularia, etc. L'état parfait, à fructification double, n'était 
pour un auteur récent qu'un Cenangium. Remarquons ici, en passant, que 
s'il arrive à M. Tulasne de critiquer ses*devanciers, c'est toujours avec une 
urbanité irréprochable et méme affectueuse, n'hésitant pas, d'un autre côté, 
à reconnaitre ingénument les erreurs, d'ailleurs bien rares, où il est lui- 
méme tombé précédemment, par exemple, à propos de l'état parfait du 
Dermatea Cerasi. 

Concluons de ces trois exemples que si, en ce qui concerne des types 
supérieurs dans la série générale des Champignons, de telles confusions ont eu 
lieu, il doit en avoir été commis beaucoup d'autres dans les types inférieurs, 
où ces confusions sont bien plus difficiles à découvrir et à déméler. 

Ce que nous avons appris des relations des anciens Oidium avec le genre 
Erysiphe semble nous entraîner à une conjecture qui aurait une grande 
portée. Un certain parallélisme, aujourd'hui démontré pour un assez grand 
nombre d'espèces, existe entre les formes de la fructification qui, par exemple, 
ont, d’une part, servi de base à la caractéristique des Arthrosporés et des En- 
dosporés, et, d'autre part, se sont fréquemment retrouvées ensemble et sur un 
méme mycélium d'Endosporés : grande raison pour soupconner que beaucoup 
d'Arthrosporés ne sont que des membres épars de la division supérieure, oit ils 
devraient être admis en vertu d'une sorte de promotion. De plus, le phénomène 
si récemment révélé des générations alternantes joue probablement dans la 
famille des Champignons un róle important, et il nous sera donné sans 
doute quelque jour de l'y saisir avec la précision qu'il nous offre chez les 
Fougères, notamment et sur une grande échelle dans l'Aerostichum alci- 
corne. Par ces deux causes, le catalogue des Arthrosporés véritablement 
autonomes pourra quelque jour être sensiblement réduit ; la nomenclature en 
sera sans doute simplifiée, mais au prix de quel labeur ! Pour le naturaliste, le 
cercle semble quelquefois s'étre resserré, mais bientót de nouvelles perspec- 
tives se sont ouvertes, et il se trouve toujours en présence de l'infini. 

M. Tulasne, avec sa modestie habituelle, n'avait promis qu'un choix d'es- 
pèces comme preuves de sa doctrine carpologique ; mais, outre que ses des- 
criptions sont tellement parfaites que le sujet entier en est éclairé d'une vive 
lumière, les Prolégomènes, qui n'occupent pas moins de 186 pages du premier 
volume, constituent un véritable traité embrassant l'ensemble des considéra- 
tions qui, de prés ou de loin, intéressent la famille des Champignons : Origine 
et nature des Champignons ; leur nombre immense et leur róle dans la nature. 
— Modes divers de propagation des végétaux : gemmes et graines. — Géné- 
ration et dissémination des graines des Champignons ; diversité des graines 
chez un méme type de cette famille, — Évolution de la spore en germination ; 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1866. 62 


nature variée du mycélium; existence des zoospores annoncée par M. De Bary 
chez quelques espèces de Champignons. — Controverse au sujet des sexes 
des Champignons. — État actuel et desiderata. de la mycologie. Tous ces 
chapitres abondent en rapprochements ingénieux, en observations délicates, 
en vues profondes. 

Un esprit éminemment philosophique, précisément parce qu'il est reli- 
gieux, anime cette grande composition. L'école voltairienne pourra sourire 
aux nombreuses citations des Livres saints qui relèvent sans cesse vers les 
régions supérieures l'esprit du lecteur exposé à s'absorber dans les plus 
humbles, mais aussi dans les plus curieux détails. Les hommes sérieux ne 
s'étonneront pas de voir l'un des plus beaux génies du moyen âge, saint 
Thomas, invoqué au secours des doctrines spiritualistes si imprudemment 
attaquées de nos jours. C'est un lieu commun de dire que, dans l'économie 
générale de la nature, la vie nait de la mort, et cet axiome s'applique surtout 
aux Champignons, en tant qu'appareils élaborateurs des matériaux de toute 
sorte préparés pour la nutrition des végétaux supérieurs. Mais ces appareils sont 
eux-mêmes doués de la vie, non-seulement individuelle, mais spécifique. Un 
pouvoir créateur, supérieur à la matière, surnaturel, admirable dans ses 
minimes productions comme dans les plus vastes, à distribué la vie à tous 
les êtres dans des mesures différentes; il ne cesse pas un seul instant de 
la réparer. Déjà, dans l'un de ses beaux mémoires sur lembryon végétal, 
M. Tulasne avait marqué le point où la science humaine, à bout de recher- 
ches et d'hypotheses, n'a plus qu'à. s'incliner avec respect devant un mystère 
divin. Pour ne pas étre trop en reste avec M. Tulasne, en fait de bonnes cita- 
tions, nous dirons à notre tour : Zn ipso vita erat (1); et encore: Jn ipso 
enim vivimus, et movemur, et sumus (2). 

Un autre mérite distingue encore le Selecta F'ungorum Carpologia : c'est 
qu'il est écrit dans une exquise latinité qui se préte avec souplesse, mais non 
sans le secours du grec, à tous les raffinements de la science moderne, art 
supréme dans lequel nous ne trouvons d'autre rival à M. L.-R. Tulasne que le 
savant Endlicher parmi les botanistes de notre siècle. On a fait à l'auteur un 
reproche d'avoir écrit dans une langue malheureusement trop morte pour 
un grand nombre d'hommes, méme studieux ; le latin, pour M. Tulasne, à 
l'exemple des grands maitres de la science, est resté la langue catholique, 
c'est-à-dire universelle. A ceux d'entre nous qui ont heureusement conservé 
plus qu'une teinture des études classiques, le temps pourrait encore manquer 
pour surmonter à la fois les difficultés du texte et celles du sujet : l'ouvrage 
de MM. Tulasne a donc besoin, pour atteindre toute son utilité pratique, d'étre 
traduit en francais. Nous proposerions à cet égard une sorte de concours entre 


(4) Evang. sec. S. Joh. I, 4. 
(2) Act. Apost. XVII, 98. 


GA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


nos jeunes confrères ; celui qui mènera à bonne fin une telle entreprise aura 
certainement mérité un premier prix de version latine, ou plutôt il aura 
trouvé pour récompense, dans son travail même, une des plus pures jouis- 
sances qu'un naturaliste puisse goûter. 


M. le Président annonce les conférences micrographiques de 
M. Groenland : 


Ces conférences de micrographie végétale, consistant exclusivement en dé- 
monstrations faites au microscope, seront au nombre de dix. Elles auront lieu 
le lundi de chaque semaine, à dater du 26 février, de huit heures et demie à 
dix heures et demie du matin, au domicile de M. Greenland (rue des Boulan- 
gers-Saint-Victor, 13), chez lequel on peut s'inscrire. Le nombre des audi- 
teurs est limité à huit. Le prix de la souscription est de 20 francs par per- 
sonne, pour toute la durée du cours. 


MM. les Secrétaires donnent lecture des communications sui- 
vantes, adressées à la Société : 


ENCORE UN MARTYR DE LA SCIENCE ! 


Les journaux espagnols du 26 janvier ont annoncé la mort récente de don 
Juan Ysern, savant très-estimable, qui a été victime de son zèle pour l'avan- 
cement de l'histoire naturelle. Né au sein des Pyrénées catalanes, fils d'un 
cultivateur, le spectacle de la grande nature lui inspira de bonne heure la 
passion des recherches et des découvertes. Et cette passion ne fut point stérile 
pour son pays. Ila enrichi la flore espagnole d'un grand nombre de plantes 
qui n'y avaient pas été inscrites avant lui, dont plusieurs trés-rares et quel- 
ques-unes tout à fait nouvelles : tel est, entre autres, le Centaurea Yserni, 
ainsi nommé par le professeur Graélls. Le nom d'Ysern est cité avec honneur, 
et presque à chaque page, dans la Flore de Madrid, de D. Vic. Cutanda. Son 
mérite était rehaussé par les plus aimables qualités et par une rare modestie 
qui en doublait le prix. Il était aide-naturaliste et bibliothécaire au Muséum de 
Madrid, lorsque la reine d'Espagne décréta une expédition de circumnaviga- 
tion, à laquelle on voulut adjoindre un naturaliste. Ysern fut choisi pour 
cet emploi, qu'il accepta avec empressement, et qu'il aurait sollicité s'il ne lui 
eût été offert. Il échangea sans hésitation son poste tranquille et sûr, qui lui 
donnait un repos honoré, contre les chances périlleuses qui lui promettaient 
de nouvelles découvertes. Mais ses forces n’ont pas répondu à son courage. Trois 
aus de voyage sur mer et de fatigues incessantes dans les contrées tropicales 
ont détruit sa santé : et il n'est rentré à Madrid, il y a peu de mois, que pour 
y mourir, dans la force de l’âge, de la maladie d'épuisement contractée dans 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1566. 65 
cette pénible expédition. On annonce que le gouvernement de son pays, recon- 
naissant de ses nombreux services et de son dévouement, veut assurer l'avenir 
de sa veuve et de ses jeunes enfants. On espère aussi que le Muséum de Madrid 
s'empressera d'utiliser, en les publiant pour le bien de la science, les objets 
d'histoire naturelle que le regretté collecteur a rapportés de son voyage. 


A. GUILLARD. 
Paris, 8 février 1866, 


CATALOGUE DES PLANTES RÉCOLTÉES DANS LA SUBDIVISION DE SIDI-BEL-ABBES, 
PENDANT LES ANNÉES 1863 ET 4864, par M. Edmond LEFRANC. 


TROISIÈME PARTIE (1). 


Solanées. 


Lycium barbarum L, — Tessalah. 

Solanum nigrum L. — Terrains vagues. 
— villosum Lmk. — Ibid. 

Datura Stramonium L. — Ibid. 


Scrofularinées. 


Verbascum sinuatum L. — Bords des chemins et des champs. 
Celsia laciniata Poir. — Broussailles du Tessalah, 
Antirrhinum Orontium L. var. grandiflorum. — Champs cultivés. 
Linaria spuria Mill. — Fossés desséchés au bord des routes. 
— triphylla Mill. — Lieux herbeux, moissons. : 
— aparinoides Chav. (L. heterophylla Desf.). — Terrains vagues, broussailles, glacis 
de Sidi-bel-Abbés, coteaux de Sfisef, Tessalah, Daya. 
— simplex DC. — Lieux herbeux. 
— reflexa Desf. — Champs cultivés. 
— virgata Desf. — Páturages des broussailles. 


— rubrifolia Rob. et Cast. — Coteaux broussailleux des bords de la Tenira. 
Anarrhinum pedatum Desf. — Bords des champs; trés-rare. 
— fruticosum Desf. — Broussailles des Hamarnah ; trés-abondant. 


Scrofularia lævigata Vahl. — Broussailles du Tessalah. 

— hispida Desf. — Ibid. 

— canina L, — Ibid. 

— auriculata L. — Lieux herbeux frais, bords des eaux. 
Veronica Anagallis L. — Ruisseaux. 


— arvensis L. — Champs cultivés, pâturages. 

Trixago apula Stev. (Rhinanthus versicolor Desf.), — Päturages frais. — 

Eufragia viscosa Benth. (Rhinanthus maximus Desf.). — Pàturages frais à Ben-Youb. 
— latifolia Griseb. — Pâturages. - 


Orobanche reticulata Wallr. — Broussailles. 
Phelipæa Muteli Schultz. — Pàturages. 


Labiées. 


Lavandula Steechas L, — Coteaux et broussailles à Sfisef. 

Mentha Pulegium L. — Lieux herbeux. 

Lycopus europæus L. — Ibid. 

Origanum hirtum Link (0. glandulosum Desf.). — Tessalah ; juillet-août. 


(1) Voyez plus haut, pp. 26 et 45. 


66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Thymus Fontanesii Boiss, et Reut. — Coteaux, bords des chemins. 
— ciliatus Benth, (Thymbra ciliata Desf.). — Ibid. 
Calamintha graveolens Benth. — Champs cultivés, 


Salvia phlomoides Asso. — Coteaux de Sidi-Chaïb, Daya. 
— bicolor Desf. — Moissons de la plaine du Tessalah et des coteaux de l'Oued-Sarno : 
abondant, 


— algeriensis Desf. — Ibid.; rare. 
— Verbenaca L. — Pàturages, bords des champs. 
— patula Desf. — Ibid. 
Rosmarinus officinalis L. — Coteaux forestiers. 
Zizyphora hispanica L, — Pàturages des coteaux. 
Nepeta multibracteata Desf. — Broussailles du Tessalah. 
— rosea Salzm. (N. Apulei Ucria). — Ibid. 
Sideritis incana L. (S. virgata Desf.). — Broussailles au sommet du Tessalah. 
— montana L. — Champs cultivés. 
Marrubium vulgare L. — Bords des champs. 


Ballota hirsuta Benth. (Marrubium híspanicum Desf.). — Parmi les Palmiers-nains, 
Stachys hirta L, — Ibid. 
Lamium amplexicaule L. — Champs cultivés. 


Phlomis biloba Desf. — Coteaux, bords des champs. 
— Herba venti L. — Ibid. 
Teucrium campanulatum L. — Champs cultivés de la plaine de Sidi-Chaïb, 
— fruticans L. — Coteaux forestiers de Daya. 
— Pseudoscorodonia Desf. — Broussailles du Tessalah. 
— resupinatum Desf. — Moissons des coteaux de l'Oued-Sarno. 
— flavum L. — Sommet du Tessalah. 
— Pscudochamæpitys L. — Coteaux et broussailles. 
— Polium L, — Ibid. 
Ajuga Iva Schreb. (Teucrium [va L.). — Pâturages. 


Acaníhaeées. 


Acanthus mollis L. — Ravins frais du Tessalah. 


Verhénacées, 
Verbena officinalis L. — Bords des chemins. 
Vitex Agnus castus L. — Haies des jardins ; rare. 
Globulariées. 


Globularia Alypum L, — Broussailles des coteaux, aux Hamarnah. 


Plombaginées, 


Statice Thouini Viv, (St. ægyptiaca Pers.). — Bords des moissons. 
Armeria mauritanica Wallr, (St. Pseudarmeria Desf.). — Pâturages sablonneux à Sfisef. 


— plantaginea Willd. var. leucantha Boiss. — Pâturages au sommet du Tessalah et à 
Daya. 


Plantaginées, 


Plantago major L. — Lieux herbeux, frais. 
— albicans L, var. — Pâlurages secs, bords des chemins. 
— Lagopus L. — Ibid. 
— Coronopus L. — Ibid. 
— Psyllium L. — Ibid. 


Salsolacées. 


Beta vulgaris Moq.-Tand. — Lieux herbeux. 
Chenopodium Vulvaria L. — Ibid. 


© 
M 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1866, 


Amarantacées. 


Amarantus silvestris Desf. — Lieux herbeux, terrains vagues. 
— albus L. — Ibid. 
Polyenemum Fontanesii DR. et Moq.-Tand. — Broussailles de Sarothamnus purgans ? 
Daya. 


Polygonées, 


Rumex thyrsoides Desf. — Pâturages des broussailles. 
— bucephalophorus L. — Ibid. 
— tingitanus L. — Pâturages du Tessalah et de Sfisef, 
Polygonum lapathifolium L. — Bords des eaux. 
— aviculare L, — Champs cultivés, bords des chemins. 
— Bellardi All. — Ibid. 


Thymélées, 


Thymelæa nitida Endl. (Passerina nitida Desf.), — Coteaux forestiers à Sfisef et à Daya. 
—— virgata Endl. (Passerina virgata Desf.). — Lieux vagues, co!eaux. 
— Passerina Coss. et G. de St-P. var. pubescens. — Ibid. 

Daphne Gnidium L. — Broussailles. 


Santalacées. 
Thesium humile Vahl. — Pälurages. 


Aristolochiées. 


Aristolochia bætica L. (A. glauca Desf.). — Escarpements du grand ravin du Tessalah. 


Euphorbiacées. 


Mercurialis annua L. — Lieux herbeux. 
Euphorbia pubescens Vahl. — Lieux frais. 
— Chamæsyce L. — Terrains vagues. 
— sulcata De Lens. — Bords des champs. 
— exigua L. — Ibid. 
— Helioscopia L. — Lieux herbeux. 


Urticées. 
Urtica pilulifera L. 


Ulmacées, i 
Ulmus campestris L. — Bois de Taoutila près Daya. 
Celtidées. 
Celtis australis L. — Plantations. 
Morées, 


Ficus Carica L. — Ravins du Tessalah, subsp. 


Cupulifères. 
Quercus coccifera L, var. pseudococcifera (Q. pseudococcifera Desf.). — Bois et brous- 
sailles. 
— Ilex L. — Ibid. 
— — var. Ballota (Q. Ballota Desf.). — Constitue l'essence principale des forêts de 
Daya. 


Salicinées. 


Salix purpurea L. — Bords de la Mekerra et des sources. 
— pedicellata Desf. -— Ibid. 


68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Populus alba L. — Bords de la Mekerra et des sources. 

— nigra L. — Ibid. 

Conifères. 

Pinus halepensis Mill. — Bois broussailleux des Hamarnah, forêts de Daya. 
Juniperus Oxycedrus Desf. — Ibid. 
Thuja articulata Desf. (Callitris quadrivalvis Vent.). — lbid. 
Ephedra altissima Desf. — Broussailles du Tessalah et de la Tenira. 

— fragilis Desf. — Broussailles des coteaux, 


2? 


Alismacées. 
Damasonium polyspermum Coss. — Fond vaseux desséché de la Daya (1), à Daya. 
Colchicacées. 


Colchieum Bertolonii Kunth. — Pâturages des coteaux. 


Liliacées. 


Tulipa Celsiana Redouté (T. silvestris Desf.). — Coteaux et broussailles. 
Fritillaria messanensis Raf. — Broussailles des montagnes, rare en plaine. 
Urginea Scilla Steinh. — Coteaux et broussailles. 
Scilla undulata Desf. — Ibid. 

— autumnalis L, — Ibid. 

— lingulata Poir, — Ibid, 

— peruviana L. — Ibid, 

Ornithogalum sessiliflorum Desf. — Champs cultivés. 


— umbellatum L. — Páturages des coteaux et des broussailles. 
— narbonense L, — Champs cultivés. 
Gagea mauritanica DR. — Bords des champs, pâturages, 


— reticulata Ræm. et Schult. — Ibid. 
— arvensis Rom. et Schult. — Ibid. 
Allium subhirsutum L. — Pàturages des broussailles. 
— pallens L. s.-var. — Ibid, 
— nigrum L. — Champs cultivés. 
— Chamæmoly L. — Pâturages des coteaux. 
— Ampeloprasum L. — Tessalah. 
— sphærocephalon L. — Parmi les Palmiers-nains. 
Uropetalum serotinum Gawl. (Hyacinthus serotinus L.).— Pàturages des coteaux escarpés. 
Bellevalia comosa Kunth. (Muscari comosum L.). — Champs cultivés. 
— ciliata Nees. — Cultures au pied du Tessalah. 
Muscari racemosum Mill. — Coteaux du Tessalah. 
Phalangium Liliago Schreb. (Ph. algeriense Boiss. et Reut.). — Sfisef, Daya. 
Asphodelus acaulis Desf. — Pâturages des coteaux de l'Oued-Sarzo ; avril. 
— microcarpus Viv. — Broussailles et pâturages. 
Agave americana L. — Tessalah, versant méridional; rare. Sidi-bel-Abbès, haies des 
jardins, bords des routes, subsp. 


Smilacinées. 
Asparagus horridus L. — Broussailles. 
— acutifolius L. — Ibid. 


Smilax mauritanica Desf,— Broussailles du Tessalah et des bois de la Mekerra à la Tabbia. 


Dioscorées. 
Tamus communis L, — Ravins frais et broussailles du Tessalah. 


(1) Les Arabes des plateaux donnent le nom de Daya aux dépressions qui rassem: 
blent et gardent jusqu'au printemps les eaux des pluies de l'hiver, et qui vers le mois de 
mai se transforment en prairies plus ou moins marécagenses, 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1866. ‘69 


Iridées. 


Trichonema Bulbocodium Ker. — Páturages des coteaux. 
Iris Sisyrinchium L. — Ibid. 
— scorpioides Desf. — lbid. 
Gladiolus Ludovicie Jan (G. byzantinus Mill.). — Broussailles et cultures. 


Amaryllidécs, 


Corbularia monophylla DR. (Narcissus Clusii Dunal). -— Páturages des broussailles des 
bois. 


Narcissus Tazetta. — Päturages frais. 


Orchidées. 

Serapias Lingua L. — Broussailles. 

Aceras anthropophora R. Br. —- Pàturages sur l'Oued-Tenira. 
Loroglossum hircinum Rich. (Satyrium hircinum L.). — Ibid. 

Anaeamptis pyramidalis Rich. (Orchis condensata Desf.). — Páàturages frais au pied du 

Tessalah. 

Orchis saccata Ten. — Pâturages et broussailles des coteaux. 

— papilionacea L. — Ibid. 

— coriophora L. var. fragrans (0. fragrans Poll.). — Prairies humides de Sfisef. 

— tridentata Scop. var. lactea (0. acuminata Desf. ). — Pâturages du Tessalah. 

-— undulatifolia-Biv. (0. longicruris Link). — Broussailles des coteaux, aux Hamarnah. 
Ophrys ciliata Biv. (0. Speculum Link). — Ibid. 

— fusca Link et var.? — Ibid. 

— lutea Cav. — Pâturages des broussailles. ` 

— Scolopax Cav. — Ibid. 3 

— tenthredinifera Willd. — Ibid. 


Potamées. 


Potamogeton natans Viv. — Canaux d'irrigation. 
— densus L. — Bassins des sources de Sidi-Chaib prés Daya. 


Palmniers, 


Chamærops humilis L. — Abondant et ne s’arrêtant qu'au pied des massifs montagneux 
forestiers qui supportent les hauts -plateaux. 


Aroïdées, 


Biarum Bovei Blume.— Coteaux argileux frais sur l'Oucd-Sarno. 
Arisarum vulgare Rchb, — Broussailles. 


Joncces. 


Juncus multiflorus Desf. — Lieux humides. 
— bufonius L. — Ibid. 
— acutus L. — Oued-Sarno, 
Cypéracées. 
Cyperus badius Desf. — Lieux humides, canaux d'irrigation. 
— Mevigatus L. var. distachyus (C. distachyus All.). — Bords des eaux. 
— rotundus L. — Ibid. 
Schenus nigricans L, — Prairies fraîches. 
Seirpus Holoscheenus L, — Bords des eaux. 
Heleocharis palustris R. Br. — Ibid. 
Carex distans L. — Ruisseaux des sources de Sidi-Chaib, Daya. 
— Halleriana Asso. — Broussailles des coteaux forestiers. 


70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Carex Linkii Sehk. — Broussailles des bois de Sfisef. 
— divisa L. — Páàturages frais. 


Graminées. 


Lygeum Spartum L. — Pâturages el coteaux frais. 

Phalaris brachystachya Link. — Bords des cultures. 
— paradoxa L. — Rroussailles. 

— nodosa L, — Lieux herbeux frais. 

Oplismenus Crus galli Kunth (s.-var. muticus) et var. colonus. — Terrains irrigués. 

Digitaria sanguinalis Scop. — Ibid. 

Setaria verticillata P. B. — Ibid. 

Sorghum halepense Pers. — Champs de Maïs, haies des jardins. 

Andropogon hirtus L. — Pâturages du Tessalah à mi-cóte. 

Pollinia distachya Spreng. (Andropogon distachyon L.). — Ibid. 

Crypsis aculeata Ait. — Lit desséché de l'Oued-Sarno ; septembre. 
— schenoides Lmk. — Ibid. 

Alopecurus pratensis L. var, ventricosus. — Prairie de Daya. 

Lagurus ovatus L. — Páàturages des broussailles. 

Agrostis alba L. var. coarctata. — Bords des canaux d'irrigation. 
—  — var. Fontanesii (Aira capillaris Desf. non L.). — Ibid. 
— verticillata Vill. — Ibid. 

Polypogon monspeliensis Desf. — Ibid. 


Piptatherum cærulescens P. B. (Milium cærulescens Desf.). — Pàturages et broussailles 
du Tessalah. 
— miliaceum Coss. (Agrostis miliacea L.). — Broussailles. 


Stipa barbata Desf. — Coteaux rocailleux à Sidi-Chaib. 
— gigantea Lag. — Coteaux, 
— parviflora Desf. — Ibid. 
— tortilis Desf. — Ibid. 
— tenacissima L. — Plaine et coteaux forestiers des Hamarnah ; trés-abondant, 
Cynodon Dactylon Rich. — Terrains incultes. 
Echinaria capitata Desf. (Cenchrus capitatus L.). — Päturages des coteaux. 
Holcus lanatus L. — Pàäturages du Tessalah. 
Ærrhenatherum elatius Mert. et Koch. var. bulbosum. — Páturages des broussailles. 
Avena eriantha DR. var. acuminata. — Bords des champs, broussailles. 
— sterilis L, — Ibid. 
— pratensis L. — Ibid. 
Gaudinia fragilis P. B. (Avena fragilis L.). — Påturages des broussailles. 
Trisetum flavescens P. B. — Ibid. 
— paniceum Pers. — Ibid. 
Kæleria phleoides Pers. (Festuca phleoides Desf.). — Ibid. 
Phragmites communis Trin. — Bords de la Mekerra. 
Arundo Donax L. — Bords de la Mekerra, haies des jardins. 
Ampelodesmos tenax Link. — Coteaux et broussailles. 
Cynosurus elegans Desf. — Pâlurages des broussailles. 
Wangenheimia Lima Trin. (Cynosurus Lima L.). — Ibid. 
` Lamarckia aurea Mœnch (Cynosurus aureus L.). — Pâturages de Sfisef. 
Melica ciliata L. — Broussailles. 
Briza maxima L. — Ibid. 
— minor L. — Ibid. 
Eragrostis vulgaris var. megastachya Coss. et G. de St-P. — Terrains irrigués. 
Sphenopus divaricatus Rchb. (Poa divaricata Gouan). — Ibid. 
Atropis distans Griseb. (Poa distans L.). — Pâturages. 
Ammochloa pungens Boiss. (Dactylis pungens Schreb.). — Ibid., bords des champs. 
Dactylis glomerata L. — Coteaux. 
Sclerochloa dura P. B. — Terrains vagues, battus, bords des chemins. 
Bromus tectorum L. -— Coteaux. 
— squarrosus L. — Bords des champs. 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1866. 


Bromus rigidus Roth var. Gussonii. — Bords des champs, 
— macrostachyus Desf. — Broussailles, 
— rubens L. — Coteaux. 
Festuca geniculata Willd, — Broussailles, 
— cynosuroides Desf. — Páturages des coteaux. 
— cærulescens Desf. — Ibid., broussailles. 
— arundinacea Schreb. — Champs irrigués. 
— tuberculosa Coss. et DR. (Catapodium tuberculosum Moris) — Broussailles. 
— divaricata Desf. — Pâäturages des coteaux, broussailles. 
— rigida Kunth, — Ibid. 
— unilateralis Schrad. — Ibid. 
— incrassata Salzm. — Ibid. 
Brachypodium pinnatum P.-B. — Bords de la Mekerra et des canaux d'irrigation. 
— distachyum P.B. — Pâturages des coteaux. 
Hordeum bulbosum L. — Pâturages du Tessalah. 
— crinitum Desf. (Elymus crinitus Schreb.). — Broussailles. 
Ægilops ventricosa Tausch (Ægilops squarrosa Willd.). — Bords des cultures. 
— ovata L. — Broussailles. 
Lepturus incurvatus Trin. — Bords des cultures. 


Kquisétacées. 
Equisetum ramosissimum Desf. — Bords de la Mekerra. 
Fougères. 


Notochlæna vellea Desv. (Acrostichum lanuginosum Desf.), — Rochers du Tessalah. 
Ceterach officinarum Willd. — Ibid. 

Cheilanthes odora Sw. — Rochers sur la Mekerra. 

Adiautum Capillus Veneris L. — Ibid, 


Characées. 


Chara gymnophylla A. Braun. — Marécages de l'Oued-Sarno. 


M. Prillieux fait à la Société la communication suivante : 


SUR LA NATURE, L'ORGANISATION ET LA STRUCTURE ANATOMIQUE DES BULBES 
DES OPHRYDÉES, par M. Ed. PRILLIEUX. 


Les bulbes des Ophrydées ont été déja l'objet de très-nombreux travaux, et 
il n'y a guère d'organes dans les plantes dont la nature ait été plus contro- 


versée. 


Avant de tenter d'expliquer à mon tour quelle est la nature de ces organes 
compliqués, je crois devoir commencer par indiquer quelle est leur structure 
dans un certain nombre de plantes. Tous les bulbes d'Ophrydées n'ont pas, 


en effet, une organisation absolument identique. 


Si l'on arrache, au moment de la floraison, un pied d'Orchis mascula, on 
trouve à sa base, comme dans la plupart des autres Ophrydées, deux tuber- 
cules: l'un, plus gros, déjà flétri et ridé, termine inférieurement la tige flori- 
fère; l'autre, plus petit, plus ferme, n'a pas encore atteint tout son dévelop} e- 


ment; il porte à sa partie supérieure un bourgeon. 


72 "SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Lorsqu'on fait une coupe longitudinale de ces deux corps, on voit que le 
plus jeune est attaché à la tige florale en un point qui correspond à l'aisselle 
d'une feuille, et si l'on observe avec soin les débris des feuilles successives 
situées au-dessous de l'insertion de ce jeune bulbe, on reconnait qu'il nait 
constamment à l'aisselle de la cinquième feuille de la tige florale. Cette position 
est constante non-seulement dans lOrchis mascula, mais encore dans les 
autres Ophrydées que j'ai eu occasion d'examiner. 

Au moment où la tige est couverte de fleurs, le bulbe de l'année. suivante 
ne porte pas encore à son sommet une tige, mais seulement un bourgeon dont 
la disposition particulière se voit très-bien sur une coupe longitudinale. La 
partie supérieure du corps charnu, ou, en d’autres termes, le plateau du 
bulbe, est creusé de facon à former une sorte de fossette, sur les bords de 
laquelle sont insérées les feuilles les plus âgées, les plus extérieures, tandis 
que les plus jeunes occupent le fond de la dépression. Cette disposition, bien 
digne d'être notée, se retrouve non-seulement dans les autres espèces Or- 
chis, dont le tubercule n'est pas divisé, mais encore dans les espèces que j'ai 
observées des genres Ophrys, Aceras, Anacamptis, Loroglossun. 

Dans d'autres genres, la structure du bourgeon du bulbe est différente. 

Elle est absolument inverse dans les Gymnadenia. Dans ces plantes, les 
feuilles du bourgeon, au lieu d’être insérées sur les bords et au fond d'une 
fossette, sont disposées sur une sorte de cône saillant, de telle facon que.la 
première feuille, la plus âgée, la plus extérieure, est, de toutes, celle qui est 
insérée au point le plus bas; la plus intérieure, la plus jeune, celle qui occupe 
le point le plus élevé. 

La connexion entre le jeune bulbe et la tige est établie par ce qu'on 
nomme le pédicule du bulbe. 

Dans l'Orchis mascula et les plantes analogues, le pédicule du bulbe n'est 
autre chose que le côté de la fossette où naissent les feuilles, côté par où pas- 
sent les faisceaux qui se portent de la tige dans le bourgeon. 

Dans les Gymnadenia, c'est une sorte de tige cylindrique. extrémement 
courte, qui part de la tige-mére et se porte dans le cône chargé de feuilles 
qui surmonte le tubercule. 

Il me parait utile de distinguer par un nom spécial la partie du bulbe sur 
laquelle sont. insérées les feuilles; je la nommerai le plateau du bulbe. Ainsi 
je dirai que dans les Ophrys le plateau du bulbe est creusé en fossette. 

Ceci compris, supposons que le plateau ne se creuse pas ainsi, mais prenne 
un développement trés-considérable en un des points situés entre l'insertion de 
la premiere et celle de la seconde feuille, par là le bourgeon et le tubercule 
qui est au-dessous se trouveront entrainés loin de la tige. C'est la disposition 
que présentent les Platanthera. 

Enfin l Herminium Monorchis nous montre encore des bulbes différem- 
ment organisés. Dans cette plante, le pédicule du bulbe s'allonge beaucoup et 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1866, 73 
emporte le bourgeon avec sa feuille très-loin de la tige. Mais la premiere 
feuille se soude au pédicule par sa partie dorsale dans toute sa longueur et a 
sa pointe tout près de la tige. 

D'après cela, nous distinguerons quatre formes de bulbes dans la tribu des 
Ophrydées : 

1^ Les bulbes d'Ophrys, oà le bourgeon terminal est au fond d'une dépres- 
sion et la premiere feuille adossée à la tige-mere. C'est à cette forme que se 
rapportent les bulbes non palmés des Orchis, ceux des Ophrys, des Aceras et 
des Loroglossum. 

2° Les bulbes de Gymnadenia, chez lesquels les feuilles du bourgeon ter- 
minal sont insérées sur un axe saillant et où la première feuille est adossée à 
la tige-mère. Les tubercules y sont palmés. 

3° Les bulbes de P/atanthera, où le bourgeon terminal forme une faible 
saillie et où la première feuille a son sommet au-dessus du bourgeon et loin 
de la tige-mére. 

^^ Les bulbes d' Herminium, où la première feuille du bourgeon est soudée 
par le dos au pédicule trés-long du bulbe et a son sommet près de la tige et 
trés-loin du bourgeon. 

Si l'on examine un de ces bulbes d'Ophrydées, à quelque forme qu'il se 
rapporte, à partir de sa premiére apparition, on peut trouver dans l'étude de 
sa formation la preuve certaine de la nature complexe de ces organes. 

Un jeune bulbe, en effet, apparait toujours sous la forme d'un bourgeon 
axillaire, qui n'offre aucune particularité notable. Ce n'est que plus tard 
qu'on voit se produire sur le cóté du jeune axe, au-dessous de la premiere 
feuille, une petite tubérosité qui croit rapidement et s'organise d'une facon 
spéciale : c'est le tubercule naissant. On y distingue de bonne heure plusieurs 
faisceaux vasculaires qui partent tous perpendiculairement des faisceaux de 
l'axe du bourgeon, et parcourent la tubérosité dans sa longueur marchant à 
peu près parallèlement, bien qu'un peu arqués et se rapprochant vers le bas, 
où ils se perdent dans un tissu en voie de formation. La pointe du jeune tu- 
bercule est coiffée par une sorte de disque circulaire aminci sur les bords 
et qui se moule sur son extrémité. C'est un organe pareil à celui qui termine 
toutes les racines, et auquel on a donné le nom de péléorhize ou mieux de 
pilorhize. 

La tubérosité coiffée de sa pilorhize n'est pas directement exposée an 
dehors; elle est recouverte par une sorte de membrane formée de quelques 
rangées de cellules qui sont en continuité avec celles de la couche externe. da 
reste de la tige. En d'autres termes, la tubérosité se forme sur le cóté de l'axe 
du bourgeon, dans l'intérieur méme de son tissu, c'est-à-dire qu'elle se forme 
absolument comme toutes les racines adventives, qui se produisent, comme 
on le sait, au-dessous de l'épiderme, et qui ne peuvent sortir au dehors qu'ea 
percant les couches externes de la tige. 

T. Xil. (séANCES) 6 


7^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


En grossissant, le tubercule crève la mince membrane qui l'enveloppait et 
qui, longtemps, entoure sa base d'une sorte de collerette, dans laquelle il est 
impossible de ne pas voir un organe analogue à une coléorhize, 

Ainsi, tout nous force à assimiler le tubercule d'une Ophrydée à une ra- 
cine. La formation de l'organe dans l'intérieur des tissus, au-dessous d'une 
coléorhize qu'il créve, son mode de croissance par l'extrémité, la présence 
d'une pilorhize, sont autant de preuves incontestables, qui ne sauraient per- 
mettre, selon moi, de méconnaitre la nature radicale du tubercule. 

Dans un assez grand nombre d'Ophrydées, les tubercules sont divisés par 
eur extrémité en plusieurs lobes, et cette singulière disposition a paru, à plu- 
lieurs auteurs, fournir une preuve solide à l'appui d'une hypothèse qui con- 
siste à regarder les tubercules comme formés de paquets de racines. Cepen- 
dant, si l'on observe un tubercule palmé trés-jeune, on voit qu'il ne présente 
pas trace de lobes, et qu'il est. tout pareil à un tubercule entier. Ce n'est que 
plus tard que la partition se prononce à sa partie inférieure, et ce n'est qu'a- 
lors qu'il devient palmé. Un tel tubercule a essentiellement la méme compo- 
sition que les autres tubercules d'OrcAis ; il n'est. en réalité formé que d'une 
seule racine tubéreuse, qui se distingue seulement des autres ràcines tubé- 
reuses en ce qu'elle est le siége d'une partition normale dans certaines espéces 
et qui se produit seulement accidentellement dans d'autres. 

L'examen de la structure anatomique de ces tubercules me parait de nature 
a confirmer le résultat des observations qui précèdent. Un tubercule est une 
masse celluleuse traversée par des faisceaux vasculaires nombreux; le paren- 
chyme est composé de cellules d'inégale grandeur, les unes (les plus grosses) 
contenant du mucilage, tandis que les autres sont remplies de fécule. Les 
faisceaux sont formés chacun de quelques vaisseaux annelés qu'entourent des 
cellules très-allongées. 

Une racine ordinaire d'Ophrydée porte au milieu du pureiehynie un 
anneau formé de six à dix faisceaux vasculaires entourant une sorte de moelle. 
Supposons les faisceaux dissociés par l'accroissement extraordinaire du tissu 
- cellulaire et isolés ainsi au milieu du parenchyme ; pour avoir la structure du 
tubercule, telle que l'observation directe nous la montre, il ne faut plus que 
supposer que les faisceaux se sont multipliés pendant que le parenchyme a pris 
un accroissement excessif : et ainsi, nous sommes amenés à reconnaitre que, 
s'il y a des différences, il y a aussi de réelles analogies entre la structure ana- 
iomique du tubercule et celle des racines ordinaires des Ophrydées, qui ne 
S'écartent pas tant les unes des autres, sous ce rapport, que les tubercules et 
les rameaux des Pommes-de-terre, que nul cependant ne songe aujourd'hui à 
considérer comme des organes différents. 


M. Békétoff fait à la Société la communication suivante : 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1866. 75 


SUR LA STRUCTURE DE L'ÉCORCE DU BOULEAU (BETULA ALBA) ÉTUDIÉE SUR DÉS 
. ÉCHANTILLONS PRIS EN PAYS DIVERS, par M. André BÉKÉTOFF, 


Jusqu'à présent personne, que je sache, n'avait pris pour objet d'étude spé- 
ciale la structure anatomique des végétaux, sous le rapport des différences qui 
pourraient s'y trouver dans des latitudes et des climats divers. Nous trouvons 
cependant, chez certains auteurs, des faits qui paraissent démontrer l'existence 
des différences indiquées. MM. Bravais et Martins, Quetelet et autres, tou! 
récemment encore M. Middendorf, se sont attachés à faire voir, par des me- 
sures trés-exactes, que les couches ligneuses d'une seule et même espèce 
d'arbres perdaient de leur épaisseur à mesure que l'espèce s'avancait au nord 
ou en altitude. Mais, outre ces faits, qui auraient fort bien pu ne pas affecter 
la structure anatomique de l'arbre (1), il est remarquable que la densité, et 
par conséquent la pesanteur, du bois d'une espèce donnée ne restent pas les 
mêmes sous des latitudes différentes et dans des conditions climatériques 
diverses. 

Il est avéré que la densité d'un bois augmente à mesure qu'il s'avance dans 
des climats plus rigoureux. Pour ne citer que peu d'exemples, je rappellerai 
à la Société ce que dit M. Middendorf sur les Mélèzes et les Bouleaux obser- 
vés par lui au nord de la Sibérie. Le savant que je viens de citer avait étudié 
avec un soin particulier le Méleze de Dahurie, qui est justement l'arbre le 
plus avancé, au nord, de toutes les espèces ligneuses connues. ll en avait 
trouvé quelques troncs rabougris sous 72° de latitude nord. Le plus ancien 
des troncs, le Nestor de la petite forét, comme l'appelle M. Middendorf, n'avait 
à peu près que dix pieds de longueur, et il avait déjà atteint l’âge d'un siècle 
et demi. Les couches ligneuses en étaient tellement minces, que l'on en avait 
pu compter soixante-trois par centimétre. La densité du bois de cet arbre, 
ainsi que de tous ceux qui avaient été observés dans les latitudes arctiques, 
était telle, qu'il gardait à peine les traces de la hache qui venait le frapper per- 
pendiculairement aux fibres. Mais, en méme temps, il n'avait presque aucune 
élasticité, et sa fragilité tait telle, que des baguettes d'une certaine longueur, 
faites avec ce bois, se brisaient quelquefois par l'action de leur propre pesan- 
teur. — Le bois des Bouleaux et celui des autres arbres des latitudes arctiques 
présentent à peu près le méme caractère de densité et de fragilité. La fragilité 
du Bouleau arctique est si évidente, que les habitants de ces contrées glaciales 
reconnaissent de prime abord un traîneau venu des contrées situées un peu 
plus au sud, car le bois de Bouleau, dont il est faconné, est loin de s'user 
aussi promptement que celui d'origine plus septentrionale. La partie du trai- 


(4) Il est évident que, les éléments histologiques restant les mêmes, la couche ligneuse 
pourrait être diminuée ou augmentée en épaisseur par la seule augmentation ou diminu- 
tion de la quantité des cellules, fibres et vaisseaux. 


76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

neau qi touche immédiatement le sol dure à peine un an, dans le cas où | lc 
véhicule est construit dans les contrées arctiques, tandis qu'il faut au moins 
trois ans d'usage pour mettre hors de service un bois plus méridional. 

D'ailleurs, il est généralement reconnu par les ingénieurs que les bois du 
nord sont infiniment plus durs que ceux qui ont crû dans des climats tem- 
prés. Cette différence de fragilité et d'élastieité ne peut cependant être attri- 
buée uniquement à l'épaisseur relative des couches ligneuses, ainsi que je l'ai 
fait remarquer au début de cet. article, et cela indique que l'étude de l'ana- 
tomie de divers arbres, pris sous des latitudes et dans des climats différents, 
ne peut manquer d'intérêt. J'ai pensé qu'en étudiant la structure anatomique 
d'un grand nombre de végétaux. pris dans des climats divers, peut-étre par- 
viendrait-on à découvrir des rapports entre la formation de certains tissus et le 
milieu dans lequel ils se sont développés. J'ai cru que, de cette manière, on 
pourrait, pour ainsi dire, mettre la main sur les causes immédiates de ce que 
des espèces, trés-rapprochées en apparence, comme le Sapin de Sibérie et le 
Sapin d'Europe, ne peuvent croître dans le méme climat. Nous sommes d'ail- 
leurs forcés de convenir que nous ignorons complétement, jusqu'a présent, 
les raisons qui déterminent un végétal quelconque à ne croître que dans un 
climat donné. 

J'ai donc entrepris de former une collection de végétaux, tous jouissant 
d'une aire d'habitation assez vaste, afin de faire sur eux une étude approfondie 
d'histologie comparée. J'ai choisi les espèces ligneuses de préférence aux 
autres, parce qu'elles se conservent mieux et parce que leur structure anato- 
mique est généralement mieux connue. Ma collection se compose déja d'une 
cinquantaine d'espèces, et, profitant d'un temps d'arrêt dans mon voyage, j'ai 
commencé mes études par le Bouleau ordinaire (Betula alba). Des prépara- 
tions microscopiques (au nombre de vingt-cinq) que j'ai faites jusqu'à présent 
et que je conserve, me permettent de faire part à la Société de quelques faits 
assez intéressants, que je vais exposer brièvement. 

Six localités diverses m'ont fourni des échantillons de Bouleau, dont je me 
suis servi pour faire des préparations microscopiques : Moscou, Pontresina 
(canton des Grisons, Suisse, 6000 pieds d'altitude), Zellaggio (environs de 
Monte-Primo, à peu près la méme altitude), Campinia (dans les Apennins de 
la Romagne toscane, 3500 pieds d'altitude), Florence et Paris (bois de Bou- 
logne). Le plus curieux de ces échantillons est celui qui provient de l'Apennin, 
par conséquent d'une station élevée et d'un climat méridional. Mais pour faire 
bien apprécier les différences que j'ai à signaler, je me permettrai de rappeler 
à Ja Société la structure anatomique de l'écorce du Bouleau, car ce n'est que 
l'écorce que j'avais spécialement étudiée jusqu'à présent. Un épiderme véri- 
table ne se trouve que sur les branches trés-jeunes, car dés la première 
année il commence à être remplacé par des cellules tabulaires, disposées en 
plusieurs couches et formant le périderme, Immédiatement sous cette enve- 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1866. 77 
loppe commence le parenchyme de l'écorce, qui est traversé par des groupes 
plus ou moins nombreux de fibres libériennes. Ges fibres sont rapprochées du 
tissu ligneux et forment ce qu'on appelle la couche libérienne ou le liber. Dans 
la seconde année commence la formation de lécorce secondaire, c’est-à-dire 
d'un parenchyme qui se dépose entre le bois et le liber, et qui est traversé 
par des rayons médullaires, continuation des rayons médullaires du bois. 
Plusieurs cellules parenchymateuses corticales se transforment en méme 
temps en cellules pachydermes, qui commencent d'ailleurs à se former 
méme pendant la première année. Voilà les éléments principaux qui con- 
courent à la formation de l'écorce du Bouleau, et qui sont reconnus par la 
plupart des auteurs. Mais les cellules pachydermes, ou cellules parenchyma- 
teuses lignifiées de Schacht, ne sont pas du tout décrites. Link en donne un 
dessin, fait d’après une section transversale, sans les décrire autrement. C'est 
M. Hartig qui leur donne l'épithète de pachydermes, sans les décrire non 
plus; M. Hanstein ne fait que les indiquer. 

C'est. cependant le plus curieux des éléments histologiques de l'écorce du 
Bouleau, et c'est lui qui marque les différences entre les écorces des bois ayänt 
crü dans des contrées diverses. Ce que je viens de dire indique assez clairement 
la position des cellules pachydermes au milieu des tissus corticaux. J'essayerai 
maintenant de les décrire. Les sections transversales et. longitudinales ne peu- 
vent donner une idée parfaite de leur forme. Elles apparaissent sur ces sections 
comme de grandes cellules à parois épaisses et d'un blanc nacré, comme celles 
des fibres libériennes, mais leur longueur n'excède que fort peu leur largeur: 
il arrive méme qu'elles sont plus larges que longues. On peut distinguer dans 
leurs parois des canaux à larges embouchures intérieures; leurs cavités sont 
scuvent presque comblées et de forme irrégulière, ce qui se trouve en rap- 
port avec l'irrégularité des formes des cellules mêmes. Leurs épaisses parois 
ne sont pas divisées en couches très-manifestes, mais on voit dans la plupart 
de ces cellules une sorte de dédoublement de la paroi, comme si chacune 
des cellules en renfermait une plus petite, ce qui d'ailleurs n'est qu'un effet 
d'optique. La véritable forme des cellules pachydermes ne s'obtient que par 
leur isolement. A cet effet, j'ai emplové le traitement par l'acide azotique ; 
quelques parcelles de tissu pachyderme, chauffé jusqu'à ébullition avec 
de l'acide azotique, donnent des milliers de ces cellules surnageant sur le 
liquide en forme de poussière légère. Considérées à l'aide d'un grossissement 
suffisant, elles présentent des formes assez variées et souvent bizarres. On ne 
pourrait trouver chez elles de forme prédominante; tout ce qu'il est possible 
de dire sous ce rapport, c'est que ce sont des cellules courtes; plusieurs ont 
des excroissances latérales, quelques-unes ont deux branches principales, et 
alors leur cavité, extrémement étroite, est également branchue. M y en à 
d'elliptiques, de parallélipipédiques, ete. Leurs parois sont criblées de pores 
qui donnent à toute la superficie de la cellule un aspect pointillé et comme 


78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


recouvert d'un réseau, ce qui provient de l'intersection des canaux pariétaux 
divergeant dans tous les sens. 

La formation des cellules pachydermes commence dés la première année, 
mais elles se forment surtout pendant les années subséquentes. Elles se trou- 
vent non-seulement dans le parenchyme de l'écorce proprement dit, mais 
aussi dans la partie du parenchyme cortical, traversée par les rayons médul- 
laires. Les cellules qui forment ces rayons sont elles-mêmes souvent lignifiées, 
contrairement à ce qu'en dit Schacht. 

Il sera facile maintenant d'indiquer en peu de mots la différence que j'ai 
cru trouver entre l'écorce de quelques échantillons de Bouleaux que j'ai étu- 
diés. Cependant, je ne puis passer sous silence l'épaisseur relative des couches 
ligaeuses, car dans le Bouleau des Apennins, cette épaisseur est quelquefois 
de 5 millimétres, tandis que dans celui de Pontresina, il n'atteint que 1 milli- 
mètre, ainsi que dans celui de Russie et du bois de Boulogne. Le Bouleau de 
Florence a aussi des couches ligneuses fort épaisses. 

Je passe au tissu pachyderme cortical, qui est l'élément le plus propre à 
faire distinguer les Boulcaux de différentes provenances. Le degré de son dé- 
veloppement, joint à la conformation de ses masses dans l'écorce, est fort 
caractéristique, Dans un échantillon remarquable qui me vient de Campinia 
(dans les Apennins) et qui est un morceau de tronc àgé de sept ans, l'écorce 
a une épaisseur d'un peu plus de 2 millimétres, tandis que l'écorce de l'échan- 
tillon de Moscou, âgé également de sept ans, n'atteint pas méme 1 milli- 
mètre d'épaisseur; l'écorce d'un échantillon du bois de Boulogne, âgé de 
quinze ans, est encore moins épaisse que celle des Apennins. Les masses de 
tissus pachydermes se développent dans l'écorce du Bouleau italien avec une 
telle puissance, qu'elles forment sur la section transversale des figures irréga- 
lièrement elliptiques d'un demi-millimètre, réunies souvent en chapelet par 
trois ou quatre, et traversant l'écorce radialement. Ces masses présentent à 
peu prés les mémes formes et les mémes dimensions sur des sections longitu- 
dinales; il est facile de les isoler en les chauffant légèrement avec de l'acide 
azotique : on obtient alors de petites piles teintes en jaune orangé par l'acide et 
formées de menues pelotes angulaires. Les masses de tissu pachyderme, dans 
la plupart des autres Bouleaux, celles par exemple de l'échantillon du bois de 
Boulogne (âgé de quinze ans), se discernent à peine à l'oeil nu, et présentent 
ordinairement des solutions de continuité, ne formant point chapelet et s'unis- 
sant plutót latéralement que dans la direction radiale. 

L'échantillon pris à Florence est celui qui se rapproche le plus du Bouleau 
des Apennius, quant à l'écorce. Il faut dire, en outre, que les fibres libé- 
riennes, qui se trouvent dans l'écorce de tous les Bouleaux étudiés par moi, 
disparaissent à mesure que les cellules pachydermes se forment; il parait que 
ceci arrive bien plus rapidement dans les Bouleaux d'Italie que dans ceux des 
autres pays. Les masses pachydermes que je viens de décrire ont aussi une 


9 


- 
4 


1861. 


influence remarquable sur l'aspect extérieur des écorces. Fort développées 
dans le Bouleau italien, et présentant une certaine régularité et une densité 


excessive, comparable à la dureté de ces concrétions pierreuses que l'on 


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E DU 9 FÉVRIER 


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-0Z¥ ƏpP1L, P 9pre, e sa9jost “sW pyd soqu[poo bur: ; 


trouve dans les poires, elles perdent fort peu de leur volume par la dessic- 


. 


cation. Il en résulte que lors de la contraction du tissu parenchymateux envi- 


ronnant, les masses pachydermes forment des bosselures qui font saillie même 


80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

à l'extérieur de l'écorce, lui donnent un aspect bosselé en réseau, tandis que 
l'écorce des autres Bouleaux reste unie méme à l'état desséché. La section 
transversale de l'écorce, vue à l'eil nu, présente un aspect uniforme dans les 
échantillons de Moscou, de Pontresina, du bois de Boulogne, tandis que dans 
les Bouleaux d'Italie les masses pachydermes se présentent comme des taches 
blanchâtres sur un fond plus foncé. 

En continuant mes études, j'espere pouvoir présenter par la suite l'histoire 
complète de ce tissu pachyderme, assez peu étudié jusqu'à présent, surtout 
par rapport à son origine et à son développement. J'espère aussi pouvoir 
trouver, dans la structure du bois et de la moelle, des faits qui puissent servir 
à prouver que le climat et les conditions d'existence exercent une certaine 
influence sur la formation de tel ou tel tissu végétal. 


M. Chatin confirme l'observation faite par M. Békétoff de la dis- 
parition des fibres corticales du Bouleau, au bout de deux à trois 
ans, et de leur remplacement par les cellules scléreuses, appelées 
pachydermes par M. Békétoff. Il ajoute: que des recherches an- 
térieures lui permettent du reste de confirmer tous les autres faits 
avancés par notre savant confrère dans sa communication. — 
M. Chatin met sous les yeux de la Société les dessins représentant 
ses propres observations , lesquell?s remontent à plusieurs années. 

M. de Schenefeld demande à M. Békétoff s'il ne croit pas que 
la nature du sol ait quelque influence sur les modifications de struc- 
ture qu'il vient de signaler. 

M. Békétoff répond qu'il ne peut rien affirmer à cet égard, mais 
que cette influence, quelle qu'elle soit, ne lui parait avoir que, peu 
d'importance dans la question. 

M. Duchartre appelle l'attention de M. Békétoff sur la différence 
d'élasticité des bois sous des climats différents, et cite notamment 
les bois de màture que fournissent les Pins de Suéde, et dont la 
grande flexibilité n'est due qu'au peu d'épaisseur de leurs couches 
ligneuses. Il pense qu'il serait intéressant de connaitre à quelle lati- 
tude commence cet effet avantageux. 

M. Chatin demande à M. Békétoff s'il a étudié, au point de vue 
de l'influence de la latitude, d'autres arbres que le Bouleau ou des 
Coniféres. 

M. Békétoff dit qu'il ne connait, sur ce point, en dehors de ses 
propres observations, que celles de M. Middendorff, mais qu'elle: 
n'ont porté que sur les Coniféres. 

M. Chatin cite à ce propos, et par opposition, les Chênes, qui sont 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 150606, 81 


d'autant plus cassants qu'ils ont des couches fibreuses moins 
épaisses. C'est ainsi que le Chêne-Rouvre, à accroissement lent et à 
couches minces, est reconnu par les architectes et les ingénieurs 
comme ayant un bois moins élastique que celui du Chéne blanc ou 
Chéne pédonculé, à accroissement plus rapide et à couches ligneuses 
plus épaisses. 

M. Chatin fait ensuite à la Société la communication suivante : 


DES PLACENTOIDES, NOUVEL ORGANE DES ANTHÈRES, par SE. Ad. CHATIN. 


L'organe que nous allons faire connaitre n'avait pas encore été signalé. Le 
nom de placentoide, par lequel nous nous proposons de le désigner, rappelle 
les analogies de forme, et, jusqu'à un certain point, de fonctions, qu'il a avec 
les placentas des ovaires. Nous le considérerons aux points de vue : a. mor- 
phologique ou organographique ; &. histologique ; e. biologique; d. taxono- 
mique; e. philosophique. 

a. Morphologie des placentoides. — Les placentoides rappellent tout à fait, 
par leur place dans les logettes et la forme générale qu'ils affectent, les pla- 
centas axiles des ovaires biloculaires. Que l'on fasse la coupe transversale de 
l'ovaire d'un Solanum et celle de l'une de ses anthéres, on trouvera dans 
chacune des logettes de celles-ci, comme dans chaque cavité ovarienne, un 
corps charnu qui s'avance vers le milieu de chacune d'elles. 

Par la place qu'il occupe dans les logettes, le placentoide réduit souvent 
beaucoup l'espace réservé au pollen, à peu pres comme, dans beaucoup de 
Solanées et de Scrofularinées, on voit les graines resserrées entre de volumi- 
neux trophospermes et les valves du péricarpe (1). 

Quelquefois le placentoide s'avance assez vers la valve qui lui est opposée 
pour venir la toucher par son extrémité, subdivisant alors chaque logette de 
lanthére en deux sous-logettes. La coupe d'une jeune anthère ainsi con- 
formée présente celle-ci divisée en huit logettes si l'anthére est complète ( He- 
mitomus), en quatre logettes si, comme dans le Salvia, l'anthere doit être 
réduite à une seule loge. 

J'ai observé quelques plantes dans lesquelles les placentoides, au lieu 
d'exister dans chacune des deux logettes, ne s'étaient développés que sur l'une 
des faces de la cloison, manquant par conséquent sur la face opposée et 
dans la logette correspondante : tel est le cas du Justicia flavicoma et du 
Brillantaisia. 


(4) On peut comparer le pollen, resserré dans la logette entre le placentoide et les 
valves, aux spores des Mousses pressées entre la volumelle et les parois de l'urne. L'ans- 
logie physiologique quant au mode de nutrition est d'ailleurs complète, comme leur for - 
mation 4 par 4 dans les cellules-mères, entre le pollen et Jes spores. 


82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

La production du placentoide a lieu généralement comme celle de la cloison, 
c'est-à-dire que les tissus se taillent en quelque sorte en plein drap dans la 
masse parenchymateuse de la jeune anthére; parfois cependant on les voit 
s'accroitre par une sorte de végétation utriculaire appliquée sur la portion 
tenant à la cloison. 

La durée des placentoides est limitée, comme celle de la cloison dont ils 
peuvent être en quelque sorte considérés comme une dilatation ; c'est dire que, 
comme celle-ci, ils sont résorbés et disparaissent plus ou moins complétement 
vers l’époque de maturation du pollen, ne laissant tantôt aucune trace, se 
manifestant quelquefois encore par deux petites cornes ou appendices que la 
rétraction de la cloison a rapprochés du connectif. 

En somme, l'existence des placentoides est, comme celle de la cloison des 
logettes et plus qu'elle encore, liée au développement du pollen; ils apparais- 
sent avec celui-ci, disparaissent vers sa maturation, sans jamais persister, la 
cloison persistant au contraire dans un certain nombre de plantes. La résor- 
ption des placentoides commence d'ailleurs généralement un peu avant celle de 
la cloison. 

b. Histologie des placentoides. — J'ai toujours vu les placentoides formés 
par un tissu parenchymateux trés-semblable à celui qui constitue la cloison. 
Comme celle-ci, ils ne sont jamais traversés ni par des fibres, ni par des vais- 
seaux (et, sous ce rapport, leur parallèle avec les placentas des ovaires ne saurait 
être soutenu, de méme qu'on ne peut comparer le pollen, libre dans la cavité 
des logettes, aux graines attachées sur les placentas); mais, de plus, ils parais- 
sent ne jamais compter parmi leurs éléments histologiques les cellules fibreuses 
ou à filets qui revêtent assez souvent la surface des cloisons, et parfois les for- 
inent tout entières. Ce dernier point me paraît important à noter au point de 
vue du róle biologique des placentoides. 

Je dois faire d'ailleurs cette remarque, que je n'ai pas observé de placen- 
toides dans les anthéres à cloisons formées, même partiellement, de cellules 
fibreuses, toujours la présence des placentoides ayant coincidé avec l'existence 
de cloisons simplement parenchymateuses. 

Les placentoides sont ordinairement, comme les cloisons, recouverts par un 
repli de la troisième membrane ; toutefois, j'ai vu quelquefois cette membrane 
manquer partiellement (1) (Squamaria), la surface des placentoides étant 
alors en rapport immédiat avec le pollen. 

c. Biologie des placentoides. — Les placentoides me paraissent avoir pour 
fonction de concourir à la nutrition du pollen. Ils naissent vers la méme 
époque que lui, le suivent dans ses développements, disparaissent quand, sa 
maturation approchant, ils lui sont inutiles, leur persistance pouvant méme 
être un obstacle à sa facile et complète dissémination. 


(1) Peut-être par un décollemeut qui se produirait dans les opérations que nécessite 
la préparation des objets à observer. 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1866, 83 


La structure, essentiellement parenchymateuse, des placentoides, la troi- 
sième membrane ou membrane nourricière, qui les revêt ordinairement et 
dont ils servent ainsi à multiplier les surfaces ou points de contact avec le 
pollen, dont la masse, déjà divisée par la cloison, est subdivisée par les pla- 
centoides qui la réduisent ainsi en tranches minces, presque partout resserrées 
entre deux surfaces nourriciéres dont les produits ne peuvent lui arriver que 
par imbibition, sont évidemment des conditions appropriées au rôle que nous 
attribuons aux placentoides. 

On est d'ailleurs d'autant plus frappé de l'utilité d'une organisation ayant 
pour effet de mettre partout l'aliment à la portée du corps à nourrir, que 
celui-ci (le pollen) ne reçoit pas directement sa nourriture par continuité, 
comme les ovules la reçoivent des placentas, mais indirectement, par simple 
contiguité. ] 

d. Des placentoides dans leurs rapports avec la taxonomie. — Étant don- 
née, comme c'est le cas pour les placenteides, l'observation d'un organe nou- 
veau dans les plantes, il est nécessaire à l'histoire de cet organe de rechercher 
quels rapports d'existence ou de développement il peut avoir avec les divisions 
naturelles, plus ou moins générales, du régne végétal. Ce premier point dé- 
terminé, il deviendra possible d'apprécier la signification de l'existence des 
placentoïdes dans ses rapports avec les degrés variés d'éléóvation organique 
des espèces végétales. 

Il est digne de remarque que je n'ai constaté la présence des placentoïdes 
dàns aucune espèce appartenant à l'embranchement des plantes monocotylé- 
dones. Or, comme mes études ont porté sur presque toutes les familles de cet 
embranchement, on peut, je pense, tenir pour certain que les placentoides y 
font complétement défaut. 

Les plantes dicotylédones ont été divisées par l'ilustre De Candolle en 
quatre classes, dont deux, les Monochlamydées ou Apétales, les Thalamiflores 
ou Polypétales hypogynes, n'ont présenté, comme les Monocotylédones, aucun 
vestige de placentoides. J'en dirais autant des Calyciflores, si je n'avais 
observé des placentoides dans le Cussia marylandica. 

La division des plantes calyciflores du célèbre botaniste de Genève, fondée 
uniquement sur l'insertion, réunit deux séries distinctes, celles des Polypétales 
et celle des Gamopétales, et il est bien digne de remarque (en raison de ce qui 
va suivre) que ce soient précisément les Calyciflores gamopétales qui manquent 
absolument de placentoides. Je pense, du reste, qu'il ne faut accorder qu'une 
médiocre valeur au fait exceptionnellement offert par un Cassia, bien que ce 
genre soit l'un des plus parfaits d'une famille regardée comme des plus élevées 
de sa classe. 

. Reste la quatrième classe de Dicotylédones, les Corolliflores ou Gamopétales 
hypogvnes. Or, c'est aux familles qui en font partie qu'appartiennent les espèces 
dont les anthères sont pourvues de placentoides, organes que j'ai observés : 


8^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

Chez les Gentianées, dans le Ch/ora prr foliata, les Chironia frutescens et 
Ch. Centaurium; 

Chez les Solanées, dans les Solanum, Lycopersicum, Atropa, Datura, 
Habrotamnus, Hyoscyamus, Witheringia, Ulloa ; 

Chez les Scrofularinées, dans les Verbascum, Hemitomus, Pedicularis, 
non dans les Veronica et Chelone; 

Chez les Labiées, dans les Salvia, Rosmarinus et. Westringia, genres à 
anthères uniloculaires; dans les Lamium, Leonurus et Marrubium, genres à 
anthères biloculaires ; 

Chez les Acanthacées, dans les Acanthus, Beloperone, Brillantaisia, Cyr- 
tanthera, Peristrophe, Justicia ; 

Chez les Orobanchées, dans les Clandestina et Squamaria, non dans les 
Orobanche et Phelipea ; 

Chez les Bignoniacées, dans les Tecoma. 

Les familles qui suivent, rapprochées des précédentes à des degrés divers, 
ont, au contraire, paru étre privées de placentoides : 

Les Gesnériacées (Gloxinia, Aehimenes) ; 

Les Polémoniacées (Polemonium, Phlox, Cobæu); 

Les Apocynées (Asclepias, Allamanda, Nerium, Vinca) (4); 

Les Convolvulacées (Convolvulus, Cuscuta); 

Les Primulacées (Primula, Cyclamen, Androsace); 

Enfin, les Plombaginées (Plumbago, Statice) et les Plantaginées (Plantago, 
Littorella), familles qui forment le passage aux Monochlamydées , et devaient 
à ce titre, on pouvait le prévoir, étre privées de placentoides. 

On sera frappé de ce fait, que parmi les Corolliflores portant des placen- 
tojdes, ce sont les ordres labiatiflores qui dominent (Labiées, Acanthacées, 
Orobanchées, Scrofularinées, les Solanées étant elles-mêmes inséparables des 
Scrofularinées). 

Quelques groupes fort complexes, comme les Scrofularinées, présentent à 
cet égard des différences en rapport avec les coupes qui semblent étre les plus 
naturelles. De ces faits, on peut conclure que la présence ou l'absence de pla- 
centoides est en rapport avec les caractères morphologiques et pourra, à ce 
titre, être invoquée comme caractère complémentaire dans la recherche des 
affinités naturelles. 

e, Philosophie des placentoides. — Sous ce titre, on pourrait considérer 
les placentoïdes sous plusieurs côtés, revenir à leur rôle biologique, etc. Mais 
je circonscris la question à ce seul point, l'appréciation de l'existence des pla- 
centoides par rapport à la mesure de la gradation organique des espèces 
végétales. 

On peut dire, en se reportant aux faits ayant déja cours dans la science, que 
poser la question c'est la résoudre. 


(1) Je prends ici les familles dans leurs anciennes et grandes circonscriptions, 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1866. 85 

En effet, il est depuis longtemps admis, et les preuves surabondent, que les 
Monocotylédones sont moins élevées en organisation que les Dicotylédones. 
Or, les Monocotylédones n'ont pas de placentoides. 

Pour les Dicotylédones, la question, plus controversée, parait être enfin 
arrêtée à cette solution (vers laquelle j'ai poussé, dans la mesure de mes 
forces, par mes écrits sur la mesure de la gradation organique des espèces 
végétales) que les plantes gamopétales sont plus élevées en organisation que 
les plantes dialypétales (polypétales et apétales) et que parmi les gamopétales, 
les familles à ovaire soudé au calice doivent prendre rang au-dessous de celles à 
ovaire libre, c'est-à-dire au-dessous des Corolliflores de De Candolle. 

Or, je n'ai observé les placentoides que dans les Corolliflores. Donc ces 
organes sont un attribut des plantes les plus élevées en organisation. 


M. Duchartre dit qu'il lui semble que M, Chatin attribue un rôle 
trop important au placentoide; il lui demande comment se fait, 
selon lui, la nutrition du pollen dans les anthéres oü ce placentoide 
n'existe point. 

M. Chatin répond que la troisième membrane qu'il a signalée 
lui parait étre la seule qui joue un róle véritablement nutritif dans 
l'anthére; que la présence du placentoide ne fait qu'augmenter la 
surface de cette membrane et en activer la fonction; que si le pla- 
centoide est ainsi indirectement utile à la nutrition du pollen, il 
n'est pas d'ailleurs indispensable à celle-ci. 

M. Békétoff avoue ne pouvoir s'expliquer le rôle nutritif de cette 
membrane pour les grains de pollen : il croit qu'il pourrait y avoir 
un rapport quelconque entre leurs cellules-mnéres et la membrane 
dont il s'agit, mais il lui semble qu'aprés la résorption de ces cel- 
lules-méres, les grains de pollen, devenus libres, n'ont plus besoin 
de nourriture. 

M. Chatin dit : 


Que les grains de pollen sont très-loin d’être alors définitivement constitués ; 
qu'ils n'ont, apres la destruction des cellules-méres, ni leur forme, ni leur 
structure définitive. H ne doute point que si l'on pouvait enlever à une an- 
thére sa. troisiéme membrane, qu'il persiste à regarder comme essentiellement 
nourricière, tant des cellules-mères que du pollen, ou n'arrétàt le développe- 
ment de ces organes. Enfermés de toutes parts par la troisième membrane, les 
cellules-mères et leur pollen ne peuvent évidemment recevoir les matières pre- 
mières de leur développement que par l'intermédiaire de cette membrane. 


86 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


M. Gris, à propos de cette membrane nourriciére, que M. Chatin 
a décrite comme uniquement formée de tissu cellulaire, fait re- 
marquer que les organes nourriciers présentent ordinairement des 
trachées. 

M. Chatin répond que non-seulement il y a des anthéres sans 
éléments vasculaires, mais que les Champignons et autres Crypto- 
games cellulaires fournissent de nombreux exemples d'organes nu- 
tritifs où la cellule suffit à en remplir les fonctions. ll énumère 
ensuite les familles sur lesquelles il a fait ses observations, et éta- 
blit quelques rapprochements nouveaux entre des genres placés 
dans des familles assez éloignées. 

M. Eug. Fournier fait vemarquer à l'appui, que tout récemment, 
dans une thèse inaugurale sur le genre Lathræa, M. le comte de 
Solms-Laubach a émis l'opinion que ce genre s'éloigne des Oro- 
banches par plusieurs de ses caractères et doit être rapporté aux 
Rhinanthacées. 

M. Maugin fait à la Société la communication suivante : 


LA PLANTE A-T-ELLE UNE AME? ESSAI DE PSYCHOLOGIE VÉGÉTALE, 
pr M. Gustave MAUGIN. 


I. 


C'est bien à la réveuse Allemagne qu'il appartenait de soulever la question 
qui, dans ces dernières années, a été discutée par MM. de Martius et Fechner, 
d'une part, et M. Schleiden d'autre part, la question de savoir Bi la plante a 
une àme. ; 

S'occuper de cette question est bien présomptueux de la part de celui qui 
n'a pu lire les auteurs qu'il cite, ne connaissant pas la langue dans laquelle ils 
ont écrit et ignorant s'ils ont été traduits; c'est de l'outrecuidance peut-être, 
s'il n'est ni botaniste, ni philosophe. Il espère que sa présomption et son outre- 
cuidance lui seront pardonnées par ceux qu'intéressera cette question presque 
neuve ; il espere surtout que ceux moins dépourvus que lui, à qui il fera con- 
naître ce probléme, voudront bien s'en occuper et compléter les quelques ren- 
seignements qu'il lui a été donné de puiser, notamment dans l'article sur ce 
sujet, publié par M. Arnold Boscowitz dans la Revue germanique. Il n'a, an 
reste, pas la prétention de donner une solution; il se propose uniquement 
d'examiner, en dehors du point de vue scientifique et en simple curieux (si 
blámable que cela puisse paraître à certains esprits) les phénomènes cités et 
les déductions qui en ont été tirées. 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 18606, 87 

Deux méthodes d'examen se trouvent en présence. On peut, en effet, 
étudier les phénoménes végétaux, les comparer entre eux et aux phéno- 
mènes qui se produisent chez les autres êtres; puis en conclure que la plante 
à une âme ou n'en a pas. On peut encore se demander ce que c'est que l'àme; 
puis rechercher si les phénoménes végétaux affirment ou nient l'àme de la 
plante. Nous ne croyons pas que l'une de ces méthodes l'emporte sur l'autre, 
nous ignorons si elles ont été employées toutes deux, ou si l'on a préféré l’une 
à l'autre, et laquelle; toutefois, il nous semble que l'on a dû se servir de la 
première tout d'abord, c'est pourquoi nous nous permettrons d'employer la 
seconde pour examiner cette question, non moins intéressante au point de vue 
philosophique qu'au point de vue botanique. 

il nous faut donc préalablement définir ce que l'on entend par le mot éme, 
définition ardue et d'où peut dépendre en grande partie la solution de la 
question. 

L'âme de la plante ne pouvant nous être connue que par ses manifesta- 
tions extérieures, manifestations nécessairement différentes de celles de l'âme 
de l'homme et de celles de l'àme de l'animal, nous ne pouvons nous assurer 
de son existence que par une observation attentive et scrupuleuse des phé- 
noménes normaux et anormaux dela vie végétative. Puisqu'il en est ainsi, 
la physiologie et la pathologie végétales seront nos guides les plus sûrs dans ces 
recherches sur la psychologie végétale, si méme ce ne sont pas les seuls. Ce 
n'est donc pas armé d'un mince bagage scientifique que nous devrions partir 
à la conquéte de l'àme de la plante. 

Que si nous adoptions pour définition de l'àme la définition de l'àme de 
l'homme pourvue de toutes ses facultés, nous pourrions presque certainement 
répondre à priori : non, la plante n'a pas d'àme. Il parait bien difficile, en 
effet, d'admettre que l'âme de la plante soit douée de toutes les facultés que 
nous voyons ou que nous sentons faire partie de notre âme. La nature propre, 
la constitution de la plante les lui rendent inutiles : nous ne citerons pour 
exemple que l'imagination. C'est donc une définition de ce que l'on peut con- 
sidérer comme le type général de l'àme qu'il faut donner; c'est une âme 
abstraite que nous devons imaginer, une âme envisagée seulement dans ses 
parties essentielles. Prenons garde, en faisant cette opération, de tomber dans 
l'exagération opposée à celle que nous indiquions tout à l'heure, et d'appeler 
àme ce que l'on désigne habituellement sous le nom d'instinct, de force vitale, 
ou méme de toute espèce de force invisible, intangible ou impondérable ; ce 
serait non-seulement admettre sans examen l'àme de la plante, mais encore 
attribuer une âme aux animaux et à la matière inorganique. 

L'intelligence humaine est, certes, une belle chose : malheureusement elle 
n'est pas parfaite et ne connait pas toute la science, malheureusement encore 
elle ne se manifeste guère que par la pensée exprimée au moyen des mots, par 
la parole ou par l'écriture, et quand bien méme nous avons une idée nette de 


88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


quelque chose, nous ne trouvons pas toujours, même dans la langue la. plus 
perfectionnée, d'expressions qui rendent nos pensées et toutes leurs nuances , 
c'est pourquoi nous sommes forcés de catégoriser. Tout au contraire, ne- 
tura non facit saltum. Ainsi, telle et telle forces sont bien voisines, et arrivent 
à se confondre ou à se transformer l'une dans l'autre, ou bien elles présentent 
des phénomènes analogues, de telle facon qu'elles semblent s'engendrer mu- 
tuellement ou n'être que des modalités l'une de l'autre : ainsi. de l'électricité, 
de la chaleur et de la lumière. Alors qu'il s'agit de ces forces dont les manvi- 
festations sont physiques, nous pouvons encore indiquer leurs lignes de sépa- 
ration ou leur en créer de fictives et d'arbitraires pour aider notre intelligence 
et faciliter la compréhension de nos pensées. S'il s'agit de la partie purement 
intellectuelle des étres dont les manifestations ne tombent pas sous nos sens, la 
difficulté grandit, et ce n'est pas sans efforts, ni sans nuire uu peu à la 
vérité que, nous servant d'images, nous arrivons à faire connaitre aux autres 
ses caractères essentiels, ses fonctions, ses manières d’être, ou du moins l’idée 
que nous nous en faisons. 

Intelligence, sensibilité et volonté, telles paraissent. étre les facultés fonda- 
mentales de l'âme, et l'on peut affirmer que l'être qui ne pense pas, ne sent 
pas ou ne veut pas, n'a point d'âme. L'intelligence, la sensibilité et la volonté 
s'exerceront d'une facon plus ou moins complète, avec des modalités plus ou 
moins différentes, mais il faut que nous retrouvions ces trois facultés pour que 
nous disions : il v a une âme. Que si une ou deux de ces facultés manquaient 
absolument dans un être, cet être n'aurait plus une âme; il serait doué de 
telle faculté, et nous nous verrions contraint de le ranger dans une classe à part, 
envisagé au point de vue psychique, de lui appliquer une dénomination spé- 
ciale pour indiquer sa position, ou d'énumérer les facultés dont il serait doué; 
cet être ne jouirait pas de l'ensemble psychique que nous nommons âme, dont 
les trois facultés essentielles forment un tout si complet et si homogéne, que 
l'on se figure difficilement une de ces trois facultés s'exercant indépendam- 
ment des deux autres. 

‘Pour connaitre si la plante a une âme, il faut donc rechercher si elle est 
douée des trois facultés que nous venons d'énumérer, et il suffit de les trouver 
chez elle. l 

Nous sommes aisément convaincus que nous avons une âme, telle au moins 
que nous venons de l'indiquer, parce que nous sentons en nous, d’après une 
analyse méme superficielle, l'exercice de ses trois facultés fondamentales : l'in- 
telligence, la sensibilité et la volonté. Nous croyons à l'àme des autres, non- 
seulement parce que les autres hommes identiques avec nous-mémes agissent 
comme nous-mêmes et paraissent obéir aux mêmes impressions que nous, 
mais aussi parce que, avertis comme nous, par leur sens intime ou conscience, 
de l'existence de leur âme, ils nous font connaitre cette existence. La notion 
de l'àme humaine nous vient donc par une double révélation, par notre examen 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1866. 89 
intérieur et par l'examen extérieur des autres, sa réalité nous est con- 
firmée par l'échange de nos idées. Mais la cónscience n'est elle-méme qu'une 
modalité de l'àme; elle est à âme ce que les sens sont au corps : pour nous 
donc l'âme se révèle à elle-même et par elle-même. 

Il en est tout autrement pour l'àme animale et pour l'àme végétale : si elles 
existent, nous ne pouvons le savoir que par induction, la certitude nous est 
interdite sur cette question, l'àme ne tombant pas sous nos sens etla con- 
science ne pouvant nous servir au dehors de nous-mêmes. Cette impossibilité 
d'atteindre l'absolu se rencontre. trop. fréquemment sous nos pas pour nous 
arrêter, et sachant bien que nous ne pourrons dépasser la probabilité, nous 
partons néanmoins à la recherche de la probabilité la plus probable. 

Si nous ne devions pas rencontrer d'autre obstacle, nous serions bien heu- 
reux, et nous pourrions espérer atteindre une si haute probabilité, qu'elle 
équivaudrait presque à la certitude ; malheureusement les moyens méme que 
nous employons vont nous faire défaut ou étre une cause d'erreurs. Les 
sciences dont nous nous aidons ne sont point parfaites et ne le seront peut-étre 
jamais; nous ne connaissons pas tous les phénomènes de la vie végétative, 
faute d'études ou d'instruments, et ceux qui nous échappent seraient peut- 
étre justement décisifs. Reculerons-nous maintenant? Point; nous irons en 
avant, heureux de la moindre découverte qu'il nous sera donné de faire, et 
d'avoir posé quelques jalons sur la route, s'ils peuvent servir à guider ceux 
qui viendront aprés nous. 

Les phénomènes dela vie végétative peuvent se diviser en deux classes, 
phénomènes d'accroissement et phénomènes de reproduction. Nous pensons, 
en effet, que certaines manifestations d'irritabilité qui semblent totalement 
indifférentes à la vie de la plante ou à l'accomplissement de l'acte générateur, 
telles que le mouvement des folioles de l Hedysarum gyrans, la contraction 
du limbe de la feuille des Drosera, la torsion suivant le cours du soleil de cer- 
taines fleurs sur leur pédoncule, ont une utilité propre, qui permet de les ranger 
dans rune ou l'autre de ces deux grandes classes. 

Il est à remarquer que, chez l'animal et chez l'homme, la vie ne tend à l'ac- 
croissement que pendant une certaine période, plus ou moins longue, de l'exis 
tence; qu'au delà de cette période, il n'y a plus qu'entretien du corps, et que, 
méme pendant la première période, une certaine part est faite à l'entretien 
par renouvellement. Chez la plante, l'accroissement est constant jusqu'a la 
mort; il n'y a, pour ainsi dire, pas d'entretien : certaines parties persistent 
d'une facon constante pendant toute la durée de l'existence, et les parties qui se 
séparent, artificiellement ou naturellement, ne sont pas reformées : les unes 
disparaissent pour toujours, les autres sont remplacées de toutes pieces par des 
parties entierement nouvelles. La vie de la plante est donc tout. d'accroisse- 
ment. Elle a une existence qui se rapproche, en ce point entre autres, de 
l'existence du minéral. 

T. XH (séances) 7 


90 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


Nous nous proposons donc de rechercher si les phénomènes de la vie végé- 
tative démontrent l'existence de trois principales facultés de l'âme, c'est- 
à-dire si le fait d'accroissement et le fait de reproduction peuvent nous ré- 
véler dans leurs modalités l'existence de l'âme. Nous prendrons séparément 
chacune des trois facultés: intelligence, sensibilité, volonté, d'une part, et 
d'autre part les phénomènes de vie végétative que nous connaissons; et nous 
examinerons, si un quelconque de ces phénomènes nous met sur la trace d'une 
de ces trois facultés, s'il peut s'accomplir sans le secours, soit de l'intelli- 
gence, soit de la sensibilité, soit de la volonté; si, au contraire, elles en sont 
une condition nécessaire, sauf à accomplir ensuite le méme travail en prenant 
l'ensemble de ces trois facultés. Pour cela, nous prendrons ces facultés dans 
l'ordre oà nous venons de les énumérer, et qui est celui dans lequel on les 
étudie ordinairement. 

L'intelligence vient donc en premiere ligne. 


IE 


L'INTELLIGENCE est la faculté de connaitre. 

Nous n'avons pas à suivre ici les philosophes, à distinguer les idées innées de 
celles qui nous viennent des sens ou de la conscience, à étudier séparément les 
facultés intellectuelles, mémoire, imagination, comparaison, abstraction, géné- 
ralisation, etc.; c'est à l'idée générale d'intelligence que nous nous attachons 
et non aux subdivisions plus ou moins parfaites, plus ou moins discutées. 

La faculté de connaitre ne se peut manifester à nous qu'indirectement, par 
des phénomènes apparents qui tous indiqueront chez la plante une volonté, 
une tendance vers un but. Si nous croyons la plante susceptible de connaitre 
le terrain favorable à son existence, où elle sera à méme de puiser les éléments 
qui lui sont nécessaires, et de le distinguer de celui où elle périrait inévitable- 
ment, nous ne pourrons faire reposer cette croyance que sur des faits qui nous 
rendront évident que la plante, ayant discerné ce qui lui est utile de ce qui lui 
est nuisible, a recherché son utilité et fui le mal. L'opération interne et pure- 
ment psychique nous échappera, nous ne pourrons que l'induire des faits que 
nous observerons. Hl ne nous parait donc pas possible d'étudier l'intelligence 
de la plante isolément et abstraction faite de la volonté. Est-ce à dire que l'intel- 
ligence de la plante ne puisse étre en exercice que concurremment avec sa vo- 
lonté? Non, certes ; mais les phénomènes internes ne nous sont révélés qu'indi- 
rectement, et, sila plante est pourvue d'intelligence, sa conscience seule peut lui 
faire connaitre ce genre d'opération et elle ne peut la faire connaitre qu'à elle- 
méme. Il en résulte que nous devons supposer, pour un instant, que la plante 
est douée de volonté si nous voulons essayer de découvrir son intelligence. 

La graine qui germe dans un terrain plutót que dans un autre fait-elle acte 
d'intelligence? Il peut être fort poétique de supposer que c'est en connaissance 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1866. 91 

de cause qu'ici elle développera une radicule et une tigelle et qu'elle se refu- 
sera obstinément à en faire autant ailleurs, de dire que c'est parce qu'elle a 
jugé que le calcaire serait utile à son développement que la Gentiana Cruciata 
s'est fixée en cet endroit, parce qu'elle préfère les terrains volcaniques aux 
terrains tourbeux ou siliceux, que telle espèce se rencontre au puy de Pariou 
et non pas dans les marais de la Somme ou dans les plaines de la Sologne; 
mais cette facon de parler n'est pas sérieuse, et les stations de ces plantes sont 
déterminées par une raison qui n'échappe pas aux données de la science. Ces 
stations sont déterminées par l'impossibilité où sont ces plantes de s'alimenter 
ailleurs, par la nécessité de s'approprier certains éléments et par une disposi- 
tion organique qui empéche l'assimilation de telle substance, favorise celle de 
telle autre. L'intelligence n'intervient pas plus ici que pour fournir les rumi- 
nants de trois estomacs, que pour développer les incisives des rongeurs et leur 
allonger le museau. S'il y. avait fait d'intelligence dans l'élection du terrain par 
la plante, il y aurait fait d'intelligence dans la mort d'inanition du tigre en- 
touré de paille et de foin, du mouton abondamment pourvu de viande fraiche. 
— Mais, dit-on, voici une plante, un arbre, qui s'est développé dans un sol 
capable de le nourrir, médiocrement du moins; à peu de distance il existe une 
couche de terre plus favorable, il v a un cours d'eau. Est-ce que, parvo con- 
tentus, il végétera péniblement, mais paisiblement à la place où il est fixé? 
ist-ce que, ne pouvant se transporter dans cette terre meilleure, il ne sup- 
pléera pas à son défaut de mobilité en prolongeant jusqu'à un milieu plus favo- 
rable les racines avec lesquelles il puise dans la terre sa subsistance? — 1l le 
fera. Bien plus, rencontre-t-il un obstacle, un mur, un fossé, on verra ses 
racines passer sous la muraille ou passer à travers, on les verra descendre sur 
la berge du fossé, puis les enfoncer dans le sol de l'autre cóté ou les épanouir 
dans le cours d'eau. — Si l'arbre n'avait pas connu ce qui se trouve lui con- 
venir, s'il n'avait pas connu le moyen d'atteindre cette terre, ce cours d'eau, 
il ne l'aurait pas fait. — Si le fer aimanté ne savait pas où se trouve le pôle 
nord, il ne se tournerait pas vers lui; si la pierre ne connaissait pas la terre, elle 
ne tomberait pas; donc le fer aimanté est intelligent, donc la pierre est intelli- 
gente. — Pas du tout, ces deux phénomènes n'ont rien de commun : la pierre, 
le fer aimanté sont des corps inertes ; celui-ci jouit d'une propriété particulière, 
celle-là obéit à une force. — Et à quoi donc obéit la plante? A une force! A 
une force intelligente si vous voulez, mais qui est en dehors d'elle et la gou- 
verne; à une force semblable à celle qui fait circuler notre sang. 

Le phénomène qui vient d’être cité est très-curieux, il séduit tout d'abord, 
étonne, puis il parait tout simple de l'attribuer à la plante elle-même, de faire 
de celle-ci un être intelligent. Que se passe-t-il réellement? Il y a une attrac- 
uon exercée par le terreau plein de sucs, par le cours d'eau, sur les extrémités 
des racines, comme il y a une attraction exercée par une particule minérale 
sur une autre. Si l'attraction de ces deux particules est supérieure au frotte- 


92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ment, par exeraple, qui s'oppose à leur réunion, ces deux particules se rejoin- 
dront, et, de particule en particule, on verra se former un cristal régulier. 
Chez l'étre organisé, chez la plante, cette attraction occasionne une élongation 
des tissus, les molécules organiques élaborées par la plante elle-méme sont 
attirées à l'extrémité des radicelles et s’y groupent suivant leur nature, la racine 
s'allonge. Voici le mur : s'il y a une fissure, la racine s'y introduit et s'y déve- 
loppant l'élargit, ce qui lui permet de pousser plus avant; s'il n’y en a pas, 
elle s'appliquera au mur et, l'attraction continuant à agir, elle glissera dessus 
jusqu'à ce qu'elle soit arrivée à un sol dont la perméabilité soit plus grande, et 
ce suivant la résultante des forces. S'agit-il du fossé, il s'accomplit un phéno- 
mene identique: la racine s'allonge, elle n'est pas rigide et ne peut se soutenir 
horizontalement, elle s'allonge donc sur la berge. Ce fait est très-intéressant, 
mais ne nous parait pas le moins du monde intelligent. 

Parfois, on essaye un dernier argument. Cette racine est si faible, si peu 
rigide, comment percerait-elle le mur si son intelligence ne l'y poussait ? 
Intelligente ou non, elle ne sera ni plus forte, ni plus faible, et il nous répugne 
d'autant moins de faire venir sa puissance de la force inconsciente d'attraction, 
plutót que de l'intelligence, que l'attraction nous explique jusqu'à un certain 
point la puissance méme d'un organe si peu rigide. Pour attribuer à l'intelli- 
gence l'accomplissement de ce travail, il faudrait que l'on vit la plante avoir 
conscience de cet acte, et cela n'apparait en aucune facon, tandis qu'on la voit 
obéir à des forces connues et définies. D'ailleurs, la puissance que l'on remar- 
que dans ce cas ne nous semble pas plus extraordinaire que la force d'expan- 
sion des métaux, des gaz, par la chaleur; de l'eau congelée, par le froid. 

Il est une tendance de ce genre qui a motivé des expériences fort curieuses 
de Dutrochet, si je ne me trompe. Ayant remarqué que les racines se diri- 
geaient plus ou moins directement vers le centre de la terre, il s'est demandé si 
ce n'était pas à une force centripète ou à la loi de la pesanteur qu'elles obéis- 
saient, la tige s'élevant plus ou moins dressée en sens contraire dans l'atmos- 
phére, en vertu de la force centrifuge, de l'attraction solaire ou par toute 
autre cause. Pour s'en assurer, il a placé des graines à la surface d'augets 
remplis de terre humide, situés à la circonférence d'une roue horizontale, puis 
il a fait tourner cette roue avec une certaine vitesse. Aprés avoir entretenu le 
mouvement pendant plusieurs jours, il a regardé ses graines; elles avaient 
germé suivant leur coutume, et elles avaient dirigé parallèlement à l'axe de la 
roue leur radicule et leur tigelle, développant l'une inférieurement, l'autre 
supérieurement. Il a recommencé l'expérience en augmentant la vitesse de 
rotation, et il n'a fini par apercevoir une légère déviation oblique qu'en attei- 
gnant une vitesse capable de faire éclater sa roue. Il a expérimenté avec une 
roue verticale, et il a vu les radicules se diriger toutes vers l'axe, quelle que 
fût la vitesse de rotation. Il s'est dit alors que l'attraction était exercée par la 
terre humide, et pour s'en assurer, il a pris un cube percé de trous et rempli 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1866, 93 
de terre. Les graines ayant germé, celles de la face supérieure ont suivi leur 
habitude, celles des faces latérales ont glissé leur radicule le long des parois, 
dans l'intérieur du cube, dressant leur tigelle qui sortait par les trous le long 
des parois extérieures, celles de la face inférieure ont fait pendre leur radicule 
dans l'air, et ces malheureuses n'y trouvant pas de subsistance n'ont pas tardé 
à mourir. La racine ne cherchait donc pas plus la terre humide et ne fuyait pas 
plus la lumière qu'elle n'obéissait à la pesanteur vaincue et au delà par la force 
centrifuge qu'il développait dans ses premières expériences. 

Attribuerons-nous à l'intelligence de la plante la résistance opposée à 
Dutrochet ? 

Si la plante savait ce qui lui convient, elle ne ferait pas pendre hors du cube 
la radicule qui se développe chez les graines situées à la surface inférieure du 
cube, fait qui doit amener sa mort d'une manière certaine, et les graines sou- 
mises à cette expérience eussent agi comme la graine du Viscum album, 
qui, placée à la partie inférieure de la circonférence d'une branche d'arbre, 
dirige sa radicule à travers l'écorce, vers l'axe de la branche jusqu’à l'aubier, 
puis l'étale, la ramifie, et la fait fuser dans cet espace oü coule le cambium. 

L'intelligence sera-t-elle plus visible dans les phénomenes de reproduction 
que dans les phénomènes d'accroissement ? Est-ce par son intervention que 
nous expliquerons la position de la fleur du Fuchsia au moment de la fécon- 
dation, position renversée, qui permet au pollen sortant des anthères de ren- 
contrer en tombant le stigmate placé à l'extrémité d'un style d'une longueur 
démesurée par rapport au filet des étamines? Nous ne pouvons voir là qu'un 
lusus naturæ, un de ces mille problèmes qu'elle se plaît à résoudre ; l'intelli- 
gence ne nous parait pas plus intervenir que dans la position respective du 
mâle et de la femelle au moment de l'accouplement, position qui n'est déter- 
minée que par la forme et la situation des organes. Si l'intelligence agissait 
dans ce cas et dans d'autres analogues, les fleurs mâles d'une plante monoique 
s'ouvriraient en méme temps que les fleurs femelles, et celles d'une plante 
dioique, cultivée hâtivement, ou simplement mieux exposée qu'un pied fe- 
melle de méme espècé, ne fleuriraient pas longtemps avant ces dernières, 
situées à peu de distance; l'un des sujets retarderait son épanouissement, 
l'autre háterait le sien, et la plante pourrait se reproduire. 

Les mouvements que l'on observe à l'époque de la fécondation, pas plus 
que la chaleur développée ne sont encore un indice d'intelligence, si l'on en 
juge d’après ce qui se passe chez les êtres où l'àme est le moins contestable. 

Il s'accomplit, chez la plante, des phénomènes qui paraissent se rattacher 
moins directement que les précédents, soit à l'accroissement, soit à la repro- 
duction, bien que tel soit réellement leur but, et que l'on puisse démontrer 
qu'ils servent tantôt à l’une, tantôt à l'autre de ces fins; ce sont des phénomènes 
de motilité de tel ou tel organe, par exemple : ainsi, l'ouverture et la fermeture 
de la corolle, la torsion des tiges ou des vrilles, le sommeil et le réveil. Il est 


94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


hors de doute que la tige du, Phaseolus et celle du Convolvulus, ou de V Hu- 
mulus, s'enroulent, soit de gauche à droite, soit de droite à gauche, autour de 
l'appui qu'elles rencontrent, mais le font-elles sciemment? Toujours celle-ci 
s'enroulera de gauche à droite; celle-là s'enroulera toujours en sens contraire. 
Est-ce en connaissance de cause ? On voit aisément le contraire, si l'on observe 
ces tiges; leur structure est telle, que la plante ne peut croitre qu'en spirale, 
ayant une espèce de rétraction des fibres d'un côté, et d'élongation de celles 
situées du cóté opposé, à tel point que si ces plantes, dites grimpantes, ne ren- 
contrent pas d'appui, elles ne vont pas ramper sur le sol en s'y étendant; 
elles s'y allongeront en spirale. 

La corolle de certaines plantes s'ouvre au soleil et se ferme lorsqu'il survient 
des nuages : ce peut étre, c'est évidemment pour protéger les tendres organes 
qu'elle renferme. Devons-nous croire que la plante agit sciemment? Si oui, 
pourquoi ferme-t-elle sa corolle, alors que nous étendons au-dessus d'elle un 
voile qui ne peut que la garantir; et n'accomplira-t-elle pas les mêmes mou- 
vements si nous lui enlevons ses organes sexuels, alors qu'elle n'aura plus rien 
à protéger ? N'est-ce pas un phénomène purement physique ? 

Presque toutes les plantes offrent ce phénomène que l'on nomme sommeil ; 
leurs feuilles ne gardent pas la même position dans l'obscurité et à la lumière. 
Seulement, que la lumière soit naturelle ou artificielle, la plante se réveille. 
De plus, la fonction vitale accomplie par la feuille n'est pas la méme le jour 
que la nuit; la feuille prend la position qui est la plus utile à l'accomplisse- 
ment de cette fonction : elle la prend par cela seul que le milieu ambiant se 
modifie, comme les cheveux se hérissent sous l'influence d'un courant élec- 
trique. Les folioles si remarquables de l'Zedysarum gyrans s'agitent sous 
l'influence d'une cause analogue, et l'intelligence n'y a aucune part. 

Il existe encore bien des faits que nous passons sous silence; ils ont plus ou 
moins d'analogie avec ceux que nous venons d'examiner. Nous ne prétendons 
pas pouvoir nier toujours, et dans toutes les circonstances, que l'intelligence 
existe chez la plante; nous disons seulement que nous ne nous souvenons pas de 
phénomènes où il nous paraisse nécessaire de faire jouer un rôle à cette faculté 
de l'àme, et que, s'il en existe, nous ne les connaissons pas, et ils ne nous ont 
pas, jusqu'à ce jour, été révélés. 

Passons donc à l'examen de la sensibilité (1). 

(La suite à une prochaine séance.) 


M. Roze, vice-secrétaire, donne lecture de la communication sui- 
vante adressée à la Société : 


(1) Le travail ci-dessus de M. G. Maugin n'a pas été lu dans la séance du 9 février 1866, 
présidée par M. le comte Jaubert ; seulement M. Maugin a rappelé qu'il avait présenté ce 
travail en janvier 1864, et en a réclamé l'insertion, qui avait été ajournée par la Com- 
mission du Bulletin afin d'accélérer la publication des séances de 1864. (Note ajoutée à 
la demande de M. le comte Jaubert, président.) 


SÉANCE DU 9 rÉvnikn 1866. 95 


QUELQUES FAITS DE CARPOLOGIE, par Mi. D. CLOS. 


(Toulouse, 6 novembre 1865.) 


I. Mécanisme de la déhiscenee du fruit et de la projection des graines 
des Acanthes. 


On sait qu un certain nombre de fruits se font remarquer par l'élasticité dé 
quelque partie du péricarpe, tels les capsules des Cardamines, des Balsamines 
et surtout du Sablier (Mura crepitans), dont, à la déhiscence, les carpelles 
sont projetés au loin avec force. 

Au 5 aoüt dernier, travaillant dans mon cabinet, j'entendis à plusieurs 
reprises un bruit sec, analogue à celui qu'eüt produit le choc des vitres par 
de petits cailloux. L'appartement était élevé et isolé ; on ne pouvait donc attri- 
buer le fait ni à la malveillance, ni à une espièglerie. Je ne tardai pas à recon- 
naitre qu'il provenait de la déhiscence du fruit et de la projection de graines 
de plusieurs grappes d'Acanthus mollis, que j'avais cueillies quelques jours 
auparavant et oubliées sur l'accoudoir de la fenétre. 

L'élasticité de la capsule des Acanthacées est bien connue, et signalée au 
nombre des caractères de la famille par plusieurs phytographes : Capsula... .. 
elastice bivalvis, dit Nees d'Esenbeck (in DC. Prodr. t. XI, p. 46) ; Cap- 
sule..... s'ouvrant avec élasticité en deux valves qui emportent chacune 
avec elle la moitié de la cloison, a écrit Ach. Richard (in Dict. class. 
d'hist. nat. t. I, p. 37). M. Spach donne entre autres caractères au genre 
Acanthe : capsule élastiquement bivalve, cloison... .. bipartible (Vég. phanér. 
. IX, p. 151). Mais on n'a pas, à ma connaissance, déterminé la cause de cette 
division de la cloison. Or, dans les Acanthes, l'axe du fruit est parcouru par 
deux fortes lames fibro-vasculaires, dont les faces d'abord planes et appliquées 
‘une contre l'autre, se montrent convexes après la séparation des carpelles ; 
et c'est ce changement brusque de forme qui détermine à la fois et la disjonc- 
tion de ceux-ci et la projection des graines. Il convient d'ajouter que l'hygros- 
copicité est probablement la seule cause du phénoméne, car les pressions que 

'on exerce sur la capsule n'ont pour effet ni de le provoquer, ni d'en faciliter 
a production. 

Par suite méme de cette élasticité, les grappes d'Acanthes parvenues à l'état 
de maturité complète et de sécheresse ont perdu tous leurs fruits. 

On cherche vainement cet exemple parmi ceux de fruits s'ouvrant avec éla- 
sticité, que citent De Candolle (Physiol. végétale, t. I, p. 15; t. II, p. 610) 
et L.-C. Treviranus (Physiol. der Gewæchse, t. V, p. 751), et c'est ce qui m'a 
déterminé à le signaler. 


96 SOCIÉTÉ BÔTANIQUE DE FRANCE. 


II, D'une variété ou race de Châtaignier à longs chatons femelles, 


En 1854, M. de Schœnefeld présentait à la Société un rameau de Châtai- 
gnier provenant de la châtaigneraie de Chambourcy (Seine-et-Oise), et portant 
à son extrémité des chatons femelles presque aussi longs ct aussi garnis de 
fleurs que les chatons mâles. 

Il est dans la Montagne-Noire, aux limites des départements de l'Aude et du 
Tarn, une métairie appelée la Jasse, où deux arbres de cette essence se font 
remarquer tous les ans, parmi tous les autres, par leurs inflorescences femelles 
longues de 20 à 30 centimètres, mais à involucres et fruits plus petits qu'à 
l'état normal, et par cela méme d'uu médiocre intérét pour le propriétaire du 
lieu. 

Ala date de quelques années, M. Parenteau, notaire à Cierp (Haute-Ga- 
ronne), m'avait adressé quelques chatons semblables, pris sur un arbre de sa 
localité. Le fait n'est donc pas trés-rare. 

En rapportant l'exemple cité au début de cette note, M. de Scheenefeld ne 
parait pas éloigné d'attribuer cet allongement des chatons à l'extréme humidité 
de la fin du printemps (in Bull. de la Soc. bot. t. I, p. 173). Mais cette ex- 
plication ne peut convenir à ceux de la Jasse, qui sont régulièrement produits 
tous les ans par les deux arbres cités. 

Faut-il considérer ce fait comme une anomalie? A ce titre seulement, la 
description donnée par Endlicher de l'inflorescence femelle ou hermaphro- 
dite du Chátaignier serait exacte : Gemmæ axillares subsolitariæ. Je crois 
plus rationnel d'y voir une variété ou une race du Castanea vulgaris. 

Il n'est peut-étre pas inutile d'ajouter que le Noyer a offert accidentellement 
une inflorescence analogue. On lit, en effet, dans le Cultivateur de 18A8, 
p. 443, que chez M. Dauvesse, pépiniériste à Orléans, « un Noyer fertile était 
chargé de plusieurs grappes de noix d'une longueur de 07,15 à 0,17, sur 
chacune desquelles on compte de 30 à 35 superbes noix » (1). 


III. Pluralité des graines dans le fruit des Châtaigniers, 


Voici encore un fait qui m'a paru bien digne d'étre noté. En partageant ver- 


(1) Notes ajoutées pendant l'impression. — a. Au rapport de M. Casimir De Candolle 
les épis du Juglans cinerea L., espèce où ils atteignent le plus grand développement, 
ne dépassent guère en longueur 0,08 et ne portent guère plus de huit fleurs. 

b. L'observation d'une noix n'offrant exceptionnellement qu'une seule suture et une 
seule valve (déviation que j'ai lieu de croire assez fréquente), m'a conduit à rechercher 
quel était le sentiment des phytographes sur l'organisation intime de l'ovaire des Juglan- 
dées. Mais j'ai vainement consulté les descriptions de cette famille ou du genre Juglans 
données par Adr. de Jussieu (in Dictionn. univ. d'hist. nat.), Nees d'Esenbeck (Genera 
plantarum), Endlicher, Lindley, MM. Cosson et Germain, Le Maout, Duchartre (Manuel 
des plantes), Spacn, Kirschleger, et méme par M. Casimir De Candolle dans son récent 
Mémoire sur la famille des Juglandées (in Annal. des sc. nat. 4e sér. t. XVIII). Tous 
ees auteurs y mentionnent un ovaire unileculaire avec un ovule orthotrope ; mais cet 


SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1866. 07 


ticalement, et suivant le plus grand axe transversal, des châtaignes, provenant 
de la localité citée de la Montagne-Noire, j'ai vu plusieurs de ces péricarpes 
renfermant deux graines et quelques-uns en ayant jusqu'à trois. Elles affectent 
toutes la méme direction, l'extrémité radiculaire du collet regardant invaria- 
blement le sommet du fruit. Cette pluralité de graines dans une même boite 
carpique s'observait surtout chez quelques arbres réputés pour la grosseur de 
leurs châtaignes. 

M. Alph. De Candolle, dans un travail Sur un nouveau caractère observé 
dans le fruit des Chénes, fait remarquer qu'un caractère important, la pré- 
sence des ovules atrophiés relativement à la graine toujours unique, a été 
omis par les auteurs (in Biblioth. univ. de Genève [ Archiv. des sc.] de 1862, 
t. XV, p. 929). Or, à propos du fruit du Chátaignier, on lit dans le Genera 
d'Endlicher : Nuculæ monospermæ (n° 1848); dans la Flore de France de 
MM. Grenier et Godron, t. III, p. 115: Fruit... à une graine; dans le 
Manuel général des plantes, t. IV, p. 243: Péricarpe... rempli par une 
grosse graine. Cependant Gartner avait écrit et répété deux fois dans la des- 
cription du genre Castanea : Semina unum ad tria, rarissime plura (De 
fructib. t. I, p. 181): MM. Cosson et Germain, d'une part, Kirschleger de 
l'autre, ont aussi tenu compte de ces variations dans la structure de la chà- 
taigne, car on lit à propos de ce genre dans la Flore des environs de Paris, 
2° édit. p. 609 : Fruit... monosperme... plus rarement disperme, et dans 
celle d'Alsace, t. II, p. 84 : Noix renfermant une ou deux graines. 

En 1852, M. Germain de Saint-Pierre signalait des glands à trois embryons 
et donnant, par la germination , naissance à trois plantes. Tous les fruits d'un 
méme arbre de la forêt de Marly offraient ce caractère, c'est-à-dire très- 
probablement la pluralité des graines dans un méme péricarpe (Revue hort. 
de 1852, p. 100). 


ovaire est-il foliaire, tigellaire (caulogène) ou mixte? Se compose-t-il d'une feuille carpel- 
laire ou de deux ? Je n'ai pu trouver de réponse à ces questions. Seul, à ma connaissance, 
M. Schacht a songé à les aborder. Dans ses Beitræge zur Anatomie und Physiologie der 
Gewæclise, p. 51, ce botaniste déclare que chez le Juglans regia deux placentas parié- 
laux, représentant les bords des deux feuilles stigmatiques, sont stériles. Tout semble 
indiquer en effet, dans la constitution normale du fruit des Juglandées, l'intervention de 
deux carpelles, et leur app'ication bords à bords. Mais lorsque l'un d'eux vient à man- 
quer, le seul qui se développe se comporte comme un follicule pour fermer la cavité, et 
ç'a été le cas pour la noix objet de cette note. Toutefois les belles recherches de M. C. De 
Candolle ont appris que, dans les Juglandées, l'ovaire est soudé soit à deux périgones, 
soit à un seul, soit à deux appendices latéraux, et que, primitivement uniloculaire, il a un 
placenta central s'élevant librement du fond de la loge et portant au sommet un ovule 
orthotrope. 


98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1866. 


PRÉSIDENCE DE M. LE COMTE JAUBERT.' 


M. E. Roze, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la 
séance du 9 février, dont la rédaction est adoptée. 
Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le 
Président proclame l'admission de : 
MM. Varon (Ernest de), rue des Moines, 3, à Batignolles /Paris), 
présenté par MM. Eug. Fournier et Gaudefroy ; 


TounLET (Ernest-Henri), étudiant en pharmagie, place de la 
Sorbonne, 1, à Paris, présenté par MM. Roze et Besche- 
relle ; 

PELTEREAU, licencié en droit, place Saint-Germain-des-Prés, 
h, à Paris, présenté par MM. Roze et Rivet. 


Lecture est donnée d'une lettre de M. Belloc (de Langon) qui 
remercie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. 


Dons faits à la Société : 


4° De la part de M. Ch. Martins : 
Sur la possibilité d'atteindre le póle nord. 
2° De la part de M. Durieu de Maisonneuve : 


Catalogue des graines récoltées, en 1865, au Jardin-des-plantes de la 
ville de Bordeaux. 


9* De la part de M. J.-B. Verlot : 


Catalogue des graines récoltées, en 1865, au Jardin-des-plantes de la 
ville de Grenoble. 


h° De la part de M. O. Debeaux : 
Essai sur la pharmacie et la matière médicale des Chinois. 
5° De la part de M. le baron Larrey : 


Notice sur M. Montagne. 


6° De la part de la Société d'horticulture et d'arboriculture de la 
Cóte-d'Or : | 
Bulletin de cette Société, juillet et octobre 1 865. 


SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1366. 99 
7° De la part du Comité agricole et industriel de la Cochinchine : 


Bulletin de ce Comité, un numéro. 


8 En échange du Bulletin de la Société : 

Schriften der Kamniglich physikalisch-ækonomischen Gesellschaft zu 
Keanigsberg, année 186^, 1** et 2° parties. 

Mémoires de la Société impériale d'agriculture, sciences et arts d'An- 
gers, t. VIII, 1865, n? 1. 

Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Colmar, année 1864. 

The Gardeners Chronicle, février 1866, trois numéros. 

The american journal of science and arts, dix volumes de 1860 à 
1865. 

Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, janvier 
1866. 

L'Institut, février 4866, deux numéros. 


M. le Président rappelle à l'attention de la Société la Carte agro- 
nomique des environs de Paris, publiée par M. Delesse, et fait res- 
sortir l'intérét que cette carte pourrait présenter pour la constata- 
tion des stations géologiques des plantes de la flore parisienne. — 
Sur l'invitation de M. le Président, M. Chalin veut bien se charger 
de faire prochainement un rapport sur l'utilité de cette carte au 
point de vue botanique. 


M. Eug. Fournier donne lecture de la note suivante adressée à 
la Société : 


SUR L'OXALIS LIBYCA, par MI. Maurice BONNET. 


(Nice, février 1860.) 


L'Oxalis libyca Viv. n'a été indiqué jusqu'à présent qu'en Corse, dans la 
flore francaise. Au printemps dernier, mon ami M. Maurice Tardieu et moi 
avons eu l'occasion de rencontrer plusieurs fois cette jolie plante sur le littoral 
de la Méditerranée, savoir : à Hyères, au pied des murs du vieux château; à 
Nice, au Château de l'Anglais, aux environs du couvent de Cimiez; à Ville- 
ranche, au bord des chemins rocailleux qui menent à la rade, et dans d'autres 
ocalités. M. Ardoino, auquel cette espèce avait échappé jusqu'a présent, l'a 
trouvée, de son côté, récemment aux environs de Menton. Il n'est pas dou- 
teux qu'elle ne soit encore signalée, par la suite, sur d'autres points du Var 
et des Alpes-Maritimes, où elle ne présente pas d'ailleurs une spontanéité plus 
certaine que sur les rochers d'Ajaccio. Quelques botanistes ont pensé que 


100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


l'Oxalis libyca Viv. pourrait être confondu avec l'O. cernua "Thunb. Ces deux 
espèces sont certainement très-voisines, puisque Zuccarini s'exprime ainsi dans 
sa monographie des espèces américaines du genre Oxalis (Nachtrag zu der 
Monographie der amerikanischen Oxalis-Arten, in-h°, Muenchen, 1831, 
p. 7): « VO. libyca me paraît, maintenant que j'ai eu l'occasion d'en com- 
» parer un échantillon de Della-Cella chez M. Viviani lui-même, fort peu dif- 
» férer de l'O. cernua Thunb., d'autant plus que cette dernière espèce a été 
» récoltée à Lisbonne par M. Holl, pour l’ Unio ?tineraria. » 

Sans être cultivée dans les jardins de Nice ou des environs, notre plante s'y 
présente cependant trés-fréquemment, et, dans ce cas, elle acquiert des 
proportions plus considérables, des feuilles plus grandes, une ombelle plus 
fournie que dans les rochers ou dans les décombres. 


M. le Président fait part à la Société d'une lettre de M. Seemann, 
secrétaire de l'Exposition internationale d'horticulture et du con- 
grés botanique qui doivent avoir lieu à Londres vers la fin du mois 
de mai prochain. 


L'exposition se tiendra à South-Kensington, dans les jardins de la Société 
royale d'horticulture. La valeur des prix à distribuer sera d'environ 2500 li- 
vres sterling. Le congrés sera présidé par M. Alph. De Candolle. Les mé- 
moires ou communications devant étre imprimés, avec traduction en regard, 
pour étre distribués aux séances du congrés, ne seront recus que jusqu'au 
31 mars, terme de rigueur. On est prié de les adresser à M. Seemann, l'un 
des secrétaires du congrés, 57, Windsor-road, London. 


M. Cosson entretient la Société d'un procédé pour la conservation 
des herbiers, dont il a tout lieu d’être satisfait : 


Apres avoir signalé les inconvénients que présente assez souvent l'emploi de 
la solution alcoolique de sublimé corrosif, solution qui, lorsqu'elle est plus ou 
moins étendue d'eau, pénètre difficilement les tissus des plantes à principes 
huileux, balsamiques ou résineux, M. Cosson préconise l'usage de la benzine. 
Pour assurer la conservation des paquets d'herbier, il suffit de les placer dans 
des caisses ou des cartons fermés daus lesquels on introduit une petite éprou- 
vette ou un flacon à large ouverture renfermant du coton imbibé de benzine. 
M. Cosson se borne à renouveler la benzine deux fois par an; par ce procédé 
il a conservé intacte la collection de l Herbarium normale de M. Fries depuis 
plus de dix ans. 


M. le Président demande à M. Cosson s'il croit que Ja benzine soit 


SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1866. 101 


préférable en cela au sulfure de carbone, dont on a obtenu des 
résultats trés-satisfaisants. 

M. Cosson répond que la benzine, pour son emploi, n'offre pas 
du moins les dangers du sulfure de carbone. 

M. Marés confirme l'assertion de M. Cosson, et dit avoir conservé 
ses collections intactes, dans une atmosphére de benzine, malgré la 
présence antérieure d'insectes. 

M. Brongniart fait remarquer que le sulfure de carbone est em- 
ployé au Muséum pour la conservation des collections d'insectes. 

M. Duffet dit : 


Que l'acide phénique lui semble préférable à la benzine, dont la vapeur est 
extrémement inflammable, ce qui pourrait occasionner, entre autres accidents, 
l'incendie des plantes que l'on voudrait conserver; M. Buffet ajoute que, d'ail- 
leurs, l'acide phénique est d'un trés-bas prix, que sa vapeur tue parfaitement 
les insectes, et qu'il a lui-méme, depuis six ans, employé ce moyen avec 
succés; enfin que la solubilité de l'acide phénique dans l'alcool en permet 
l'usage de préférence à la solution de sublimé corrosif. 


MM. les Secrétaires donnent lecture des communications sui- 
vantes adressées à la Société : 


DE L'HERBIER CONNU SOUS LE NOM D'HERBIER MAGNOL, 
pr M. Henri LORET. 


( Montpellier, janvier 1866.) 


'Tous les botanistes qui ont quelque souci des gloires scientifiques de Mont- 
pellier ont entendu parler de l'herbier Magnol. Il en est peu néanmoins qui 
aient vu cet herbier, et qui sachent ce qu'on a nommé et ce qu'on. nomme 
encore ainsi. Il était difficile, en effet, naguere d'en avoir une juste idée ; car 
cet herbier, qui ne comprend pas, en tout, mille espèces, était comme noyé 
depuis longtemps dans le grand herbier de M. Bouchet-Doumenc. Ceux qui 
ont eu occasion de consulter l’herbier Bouchet, acquis il y a une vingtaine 
d'années pour la Faculté des sciences par les soins de Dunal, ont pu y ren- 
contrer quelques-unes des plantes dont nous avons à parler ici. C'était dans 
cette vaste collection qu'il. fallait les chercher lorsqu'on voulait les voir ou les 
étudier, et il n'était point rare que l'on ouvrit plusieurs de ces volumineux 
paquets, sans rencontrer ce qu'on désirait. 

Lorsqu'on a un certain nombre d'herbiers utiles à consulter, leur fusion en 
un seul peut offrir de grands avantages en abrégeant les recherches, et en 


102 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


contribuant ainsi à l'épargne du temps, toujours trop court pour l'homme 
studieux. Toutefois, certains herbiers exceptionnels doivent conserver leur 
autonomie et ne pourraient, sans une sorte de profanation, subir le sort com- 
mun. L'herbier Magnol semblait plus qu'aucun, à Montpellier, digne de cet 
honneur. A la demande de M. Gervais, alors doyen de la Faculté des sciences, 
nous entreprimes, pendant l'hiver de 1864, avec M. Barrandon et un autre 
de nos amis, M. Richter, de reconstruire cet herbier, qui porte au bas d'une 
partie de ses feuilles le mot Magnol inscrit par un de ses anciens possesseurs. 

En quoi consiste cet herbier attribué à Magnol et qui renferme, comme 
nous l'avons dit, près de mille espèces de plantes, dont un quart environ cul- 
tivées et exotiques? Il y a là deux parts tranchées. Une portion minime con- 
siste en échantillons mal préparés et mal conservés, qui flottent dans des 
feuilles doubles de papier gris. Là se trouvent également, libres ou attachées 
par des épingles, des étiquettes grossières, portant presque toujours les phrases 
des /nstitutiones de Tournefort. La portion remarquable de l'herbier est com- 
posée de plantes bien préparées, étalées avec soin sur les feuilles d’un papier 
grand raisin. très-remarquable. La partie supérieure des échantillons y a été 
collée trés-proprement au moyen d'une substance gommeuse, et la partie in- 
férieure de la tige ou du rameau a été cousue au papier avec une belle soie 
verte. Il y a là, outre les exotiques cultivées et les espèces françaises un peu 
éloignées de Montpellier, environ cinq cents espèces du Zotanicum . monspe- 
liense. Les noms, ou plutôt les phrases du Botanicum sont inscrites sur le 
papier méme en téte de chaque feuille, et accompagnées non-seulement des 
synonymes qui figurent dans ce savant catalogue des plantes montpelliéraines, 
mais encore d'autres synonymes nombreux. Cette écriture, qu'un commer- 
cant de nos jours où un instituteur trouverait peu conforme aux règles de 
la calligraphie, est belle et porte un cachet qui ne parait point vulgaire. Les 
botanistes n'ignorent pas que beaucoup d'anciens herbiers ont subi des trans- 
formations regrettables, et l'on sait, pour n'en citer qu'un exemple, combien a 
été amoindrie de cette facon l'autorité de l'herbier du grand Linné lui-méme. 
Ici nulle transposition possible. A quelque époque que remonte notre herbier, 
ni étiquettes, ni plantes n'ont pu étre déplacées, puisque les unes et les autres 
adhérent inséparablement au papier lui-même. Quoique les plantes ainsi 
traitées se prétent mal parfois à une sérieuse étude, l'avantage certain d'avoir 
un herbier intact nous plaisait. Ces belles plantes, ce papier de luxe, cette 
écriture magistrale, nous aimions tout cela, et, comme le prisme du désir 
montre toujours les choses telles qu'on les veut voir, il nous semblait voir ici 
partout, en commençant nos recherches, la main du grand Magnol. Il est 
temps de le dire, cette illusion, partagée par tant d'autres, ne devait point 
durer. Plus est profonde une conviction, plus est lent à se produire le doute 
qui doit finir par la transformer; aussi pouvions-nous à peine en croire nos 
yeux, lorsque se manifestèrent les premières probabilités opposées à nos chères 


SÉANCE DU 23 FEVRIER 1866. 103 


illusions, Nous ne pouvons dire combien notre peine fut vive enfin, lorsque, 
en présence d'arguments invincibles et désormais sans réplique, nous nous 
sommes sentis dépossédés d'un précieux trésor. Commencons par les pré- 
somptions. 

Les plantes de l'herbier paraissent généralement bien nommées; il renferme 
néanmoins des erreurs qu'il serait difficile d'attribuerà l'auteur du Potanicum 
monspeliense, quoique ce livre n'en soit pas exempt, ce qui était inévitable, 
surtout avec l'imperfection et l'embarras extréme de Ia nomenclature à cette 
époque. Voici quelques-unes des erreurs de l'herbier qui sont en opposition 
avec le Zotanicum, et qu'il. paraît impossible d'attribuer à l'auteur. de ce 
livre. On y trouve sous le nom de Cicuta major C. B., un Anthriscus vul- 
garis, que Magnol connaissait parfaitement, puisqu'il le nomme avec Bauhin 
Myrrhis silvestris, etc. ( Botan. monspel. p. 484). On a collé avec la 
phrase du Botanicum, p. 56, qui se rapporte au Caucalis leptophylla, un 
Torilis helvetica Gm., que Magnol n'eût point ainsi méconnu, puisqu'il est 
bien nommé plus bas, à la même page de son livre. On trouve sous le nom de 
Chamæmelum fætidum (Pinax), Cotula fætida (Adv. bot. p. 61), un 
Anthemis arvensis, au licu du Cotula. Avec le nom Marrubium nigrum, etc. 
(Bot. p. 17^), qui répond au Ballota fætida, se trouve un Marrubium vul- 
gare L., Marrubium album vulgare de Bauhin et de Magnol. Sous la phrase 
de l'Arundo Phragmites (Bot. p. 29), on a collé le Glyceria spectabilis. On 
voit dans cet herbier, préparé et étiqueté parla méme main, un Ail superbe qui 
n'était pas connu ici encore du temps de Magnol, et dont le nom, par suite, ne 
se trouve point au Zotanicum ; nous voulons parler de l'A ium nigrum L., 
A. monspessulanum Gouan, qui n'a paru dans les champs de Montpellier que 
vers l'époque où vivait l'auteur du Flora monspeliaca, et que les soins donnés 
aux cultures semblent en avoir banni aujourd'hui pour toujours. Terminons 
cette nomenclature en faisant observer que le mot Helichrysum est écrit sans 
H dans l'herbier, et par H au Zotanicum. 

Notre thèse ne semble reposer jusqu'ici que sur des probabilités, mais voici 
venir des arguments malheureusement irréfutables. L'auteur de l'herbier a 
écrit en tête d'un Silene conica collé et attaché avec soin : rioris varietas 
ex Petro Magnol doctore monspeliensi. Ailleurs, on lit au-dessus de lEro- 
dium petræum du pic Saint-Loup : Geranium petraum cicuta [ol io, radice 
crassa, CLARISS. DNI MAGNOL in Bot. mionsp., etc. Enfin, sur une feuille 
où sont collés pêle-mêle deux pieds de Linaria rubra et trois de Linaria 
origanifolia, on lit : Antirrhinum sazatile folio Serpylli Caspari Bauhini 
in Prod., in Bot. monsp. CLARISS. UNO MAGNOL cura exacte depictum. 
On reconnait ici sans peine l'impossibilité. évidente que Magnol se fût cité et 
qualifié Jui-même de cette façon. 

Ce n'est pas tout. Le beau papier grand raisin auquel adherent toutes ces 
plantes nous paraissait postérieur à l'époque de Magnol, qui écrivit le Bota- 


104 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


nicum en 1676 et dont la mort date de 1715. Un papetier compétent de 
Montpellier, auquel nous le soumimes, fut de cet avis et jugea que la fabrica- 
tion d'un pareil papier ne pouvait guére remonter à plus d'un siécle. Non con- 
tent d'une appréciation qui eüt pu nous paraitre suffisante, nous adressàmes 
une des feuilles qui se trouvaient dépourvues de plantes au directeur du Jour- 
nal des papetiers à Paris, en lui soumettant nos doutes. L'expert que nous 
considérions comme le plus compétent en cette matière nous répondit, après 
avoir confronté notre papier avec des échantillons nombreux et d'une date 
certaine : « Le papier dont vous m'adressez une feuille me parait avoir été 
» fabriqué vers l'an 1762. A en juger par le raisin, je puis presque affirmer 
» que je me trompe à peine de deux ou trois ans au plus; car le raisin qui se 
» trouve filigrané dans la feuille n'a fait son apparition, au moins dans cette. 
» forme, que vers l'année indiquée. L'aspect général du papier indique, du 
» reste, le genre de fabrication du milieu du siècle dernier. » 

Nous pouvons, en toute sécurité, conclure de ce qui précéde que l'herbier 
attribué à Magnol est de beaucoup postérieur à l'époque oü vivait cet illustre 
botaniste, et que, par conséquent, il n'a jamais été son œuvre, ni n'a pu lui 
appartenir. 

Maintenant, pour ce qui est de la partie minime (70 à 80 plantes), com- 
posée de fragments mal préparés, ordinairement enfermés avec leurs mau- 
vaises étiquettes entre des feuilles de papier gris, qu'en dirons-nous ? Tout 
cela est l’œuvre d'un homme moins habile que l'auteur du grand herbier et ne 
peut, selon nous, être attribué à l'auteur du Botanicum monspeliense. Magnol, 
en effet, n'aurait pu adopter qu'à la fin de sa carrière la nomenclature de 
Tournefort, son ancien élève, qui figure seule ordinairement sur ces étiquettes ; 
or, méme vers cette époque (en 1707), son écriture n'avait pas de rapport 
avec l'écriture tremblée dont nous parlons. 

Il y a là des erreurs notables et qu'un botaniste qui a étudié le Botanicum 
monspeliense n'attribuera jamais au savant auteur de ce livre. C'est ainsi que 
l'étiquette sur laquelle on lit: Rhamnus catharticus, est accompagnée du 
Prunus Mahaleb, que Magnol connaissait trés-bien, comme on peut le voir 
(Bot. p. 58). Au lieu du Veronica officinalis, désigné au Botanicum, p. 275, 
on trouve dans l'herbier, avec la phrase du Zotanicum, un Veronica Allionii 
des Alpes. Sous les phrases du Zotanicum qui se rapportent au Thlaspi per- 
foliatum, p. 250, on trouve un Alyssum perfoliatum étranger. Qui oserait 
attribuer à Magnol toutes ces énormités? L'auteur du Botanicum, p. 251, si- 
gnale on ne peut mieux, et avec sa sagacité ordinaire, les différences qui exis- 
tent entre les deux espèces que Linné a nommées depuis : Alyssum calyci- 
num et A. campestre; or l'auteur de l'herbier, tout en écrivant sur son 
étiquette les phrases relatives à l'A/yssum campestre, place à côté un A. ca- 
lycinum bien tranché, où il n'a pas su voir autour de la silicule le calice 
persistant désigné au Bofaniéum par ces mots : Juxta capsulam quatuor 


SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1866. 105 


adsunt foliola viridia (l. c.). Terminons par un fait décisif et qui atteste 
que l'écriture des étiquettes dont nous parlons est postérieure méme à celle 
des feuilles de l'herbier principal, dont il a été question d'abord. En effet, sur 
une des feuilles de ce bel herbier, est collé un Erodium malacoides jeune 
avec la phrase suivante : Geranium malacoides majus ex Gallia narbo- 
nensi. Le mot majus a été biffé et remplacé au-dessus par le mot minus, 
d'une écriture parfaitement identique avec celle des étiquettes du petit herbier, 
d’où il résulte que cette dernière écriture est postérieure en date à celle du 
grand herbier, et que, par conséquent, Magnol n'est l'auteur ni de l'un ni de 
l'autre. Une feuille blanche grand raisin du principal herbier porte un Son- 
chus tenerrimus attaché avec la belle soie verte dont nous avons parlé. Que 
lit-on en tête ? Le seul mot : Chondrilla, dela main tremblante qui a écrit 
les mauvaises étiquettes du petit herbier. Qu'en conclure? 1^ Que Magnol 
n'est point l'auteur du grand herbier, car il n'eüt point manqué d'écrire le 
nom de ce Sonchus tenerrimus, qu'il connaissait parfaitement, puisqu'il l'in- 
dique sur les murs de la ville oà on le voit encore aujourd'hui, et qu'il lui 
donne (Bof. p. 2^5) les noms imposés à cette plante par les deux Bauhin; 
2° que le botaniste qui a écrit le mot CA^ondrilla et qui est l'auteur des éti- 
quettes du mauvais herbier, n'a point vécu avant l'auteur du grand herbier, 
mais à la méme époque ou plus tard. 

Nous croyons avoir établi, contrairement à l'opinion générale, que l'herbier 
qualifié de précieux herbier Magnol dans les écrits les plus récents des bota- 
nistes de Montpellier n'est point l'œuvre de ce grand homme. Mais on nous 
demandera peut-étre quelle est l'origine de cet herbier, et s'il est possible d'en 
connaitre l'auteur? Nous devons avouer que nous n'avons point à cet égard de 
conviction sérieuse, et que nos recherches ont été trop superficielles pour nous 
conduire à une solution définitive de ce difficile probléme. On sait qu'Antoine 
Magnol, fils du célèbre botaniste de ce nom, professa la médecine à Montpel- 
lier jusque dans un âge avancé. Son écriture parait identique avec celle qui 
couvre toutes les tétes de feuille de l'herbier connu sous le nom d'Aerbier Ma- 
gnol. L'époque où il professait avec le plus de distinction coincide également 
avec la date de fabrication du papier, date qui nous parait incontestable, d’après 
l'autorité que nous avons invoquée. Y a-t-il là des raisons suffisantes pour 
croire que l'herbier en question ait été fait ou possédé par Antoine Magnol? 
Nous n'oserions l'affirmer; mais cette opinion se concilierait avec la qualifica- 
tion traditionnelle d’herbier Magnol si difficile à expliquer. On conçoit en effet 
qu'un herbier appartenant à Magnol fils ait porté le nom de son possesseur, et 
que la postérité ait continué plus tard à le nommer ainsi, sans savoir qu'elle 
n'avait là que l'herbier d'Antoine Magnol, au lieu de celui de son illustre pére. 
Quoi qu'il en soit, nous n'affirimons rien à ce sujet, et nous nous contentons 
d'indiquer des présomptions, dans l'impossibilité où nous sommes de formuler 
une conviction suffisamment motivée. 

T. XI. (SÉANCES) 8 


106 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Pour ce qui est de cette minime et laide portion de l'herbier composée de 
plantes mal préparées et accompagnées de mauvaises étiquettes, nous avons 
tout lieu de croire, mais sans en avoir la certitude, qu'elle appartenait à Claude 
Chaptal, que nous avons vu qualifié de grand botaniste par un flatteur con- 
temporain, et qui s'appliquait à l'étude des plantes de Montpellier. Il y a, en 
effet, entre l'écriture de Claude Chaptal et celle de la plupart des étiquettes 
dont nous avons parlé une conformité frappante. Nous croyons donc qu'il a pu 
hériter du grand herbier qu'on trouve joint à celui qui lui aurait appartenu, 
et que c'est lui qui a essayé en deux ou trois endroits d'en corriger les phrases. 
Souvent, nous avons oublié de le dire, la synonymie des /nstitutiones de 
Tournefort a été inscrite sur les feuilles du papier grand raisin, et ces phrases 
de Tournefort sont également d'une écriture très-semblable à celle de Claude 
Chaptal (1). 

Quoi qu'il en soit, si notre déception a été grande lorsque, en parcourant 
l'herbier dit herbier Magnol, nous avons compris que nous n'avions point 
entre les mains l'eeuvre de ce grand homme, nous n'en avons pas moins pour- 
suivi notre tâche sans repentir, persuadés que cette collection est précieuse 
pour nous, et mérite de figurer à part et d'étre étudiée avec soin par les bota- 
nistes de Montpellier. 


L'HERBIER DE LINNÉ ET LES GRAMINÉES FRANÇAISES, D'APRÈS LES TRAVAUX DE 
NM. PH. PARLATORE, C. HARTMAN et W. MUNRO, par MI. J. DUVAL-JOUVE. 


(Sirasbourg, 30 janvier 1866.) 


« Il est inutile de chercher à faire apprécier toute l'importance de l'herbier 
» de Linné » (Fée, Vie de Linné, p. 322). « Un des herbiers les plus curieux 
» et qui présente un intérét tout particulier est, sans contredit, celui de 
» Linné... Il renferme les types des plantes que ce naturaliste célèbre a dé- 


(1) L'écriture de Claude Chaptal figure en tête de l'exemplaire du Botanicum de la 
bibliothéque de médecine, dont les annotations sont attribuées à Magnol. On trouve dans 
ce volume plusieurs écritures différentes. L'Héritier, à quiil a appartenu, déclare qu'il l'a 
recu du ministre Chaptal en 1799, et que les notes marginales et les herborisalions écrites 
sur le papier blanc ajouté au volume sont de la main de Magnol. Le docteur Prunelle, 
dans cette persuasion sans doute, a payé ce volume plus de 50 francs, lors de la vente 
des livres de L'Héritier. Le volume a pu appartenir à Magnol et passer plus tard à son 
fils et à Claude Chaptal, mais nous avouerons que, malgré l'attestation de L'Héritier, il 
nous reste des doutes sur l'authenticité des notes marginales et du manuscrit relié avec 
ce volume. On a pu dire à L'Héritier que cet exemplaire était celui de Magnol, mais n'en 
a-t-il pas conclu à tort que les annotations manuscrites étaient, comme il le dit, de la 
main de cet auteur? Nous n'avons point approfondi cette question, mais nous faisons des 
veux pour que, à une époque de critique exacte et sévère comme la nôtre, elle soit 
élucidée par un homme compétent. La chose en vaut la peine, et nous ne connaissons 
personne qui puisse éclaircir cela mieux que le savant professeur de la Faculté des sciences, 
qui nous a promis unc série de mémoires sur les périodes principales de notre histoire 
botanique. 


SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1860, 107 


» crites; il est encore consulté avec fruit et toujours avec une sorte de véne- 
» ration par les botanistes de tous les pays. Oa y a recours dans les cas 
» douteux, et c'est ainsi que s'aplanissent quelquefois des difficultés de nomen- 
» clature que les seules descriptions des livres ne parviendraient jamais à sur- 
» monter d'une manière certaine » (Lasègue, Musée bot. de M. Delessert, 
p. 349). C'est là certainement ce qui est venu naturellement, nécessairement 
méme à la pensée de tous les botanistes, au moment où surgissaient pour eux 
des doutes et des embarras sur l'exacte détermination d'un type linnéen. Mais 
cet herbier contient-il la solution de tous ces doutes? C'est là une autre ques- 
tion. 

Je ne crois pas qu'il ait encore été publié un recensement complet, faisant 
connaître ce qui est contenu et ce qui manque dans ce précieux herbier ; mais 
divers travaux partiels ont déjà paru à cet effet. Ainsi M. Edw. Newman a fait 
connaitre ce que renferme le fascicule des Equisetum (1) ; en 1845, M. Par- 
latore a consigné dans son Æ/ora palermitana les observations qu'il avait faites 
dès 1840 en étudiant l'herbier de Linné; dans les Act. Acad. scient. de 
Stockholm, M. Ch. Hartman a publié, de 1849 à 1851, de précieuses noes 
sur les plantes scandinaves de cet herbier (2); et, enfin le A avril 1861, M. W. 
Munro a lu à la Société Linnéenne de Londres une notice sur les Graminées 
que renferme le méme herbier (3). J'ai, dit ce dernier auteur, soigneusement 
» examiné chacune des Graminées de l'herbier de Linné, et en donnant la liste 
» des noms que je considére comme les leurs, j'ai la confiance qu'elle pourra étre 
» de quelque utilité aux botanistes qui ne sont pas à portée de consulter cet 
» herbier » (p. 34). M. Munro ne s'est pas trompé en ce qui me concerne; sa 
liste et ses notes m'ont été, comme celles de MM. Parlatore et Hartman, si 
agréables et si utiles, que j'ai cru faire quelque chose de bon en offrant à mes 
confréres un travail de compilation, qui, réunissant les observations de ces 
savants botanistes, ferait connaitre comment et par quels types les Graminées 
françaises sont représentées dans l'herbier de Linné. Je me hâte de répéter que 
c'est là un travail de compilation, dont tout le mérite revient aux auteurs 
reproduits, et où il n'y a de moi que quelques réflexions. J'ai dû séparer soi- 
gneusement ce qui m'est personnel de ce qui est extrait et traduit des ouvrages 
originaux, en marquant ces extraits de guillemets et en les faisant suivre de 
l'initiale du nom de l'auteur. 

Une difficulté de disposition m'a longtemps arrété. M. Parlatore a men- 


(1) Observations on the Linnean specimens of Equisetum, dans The Phytologist, 1843, 
pp. 930 et suiv.; reproduit dans À History of British Ferns, 2° édit., pp. 412 et suiv., 
et traduit dans: Duval-Jouve, Hist, nat. des Equisetum de Fr. pp. 228 et suiv. 

(2) Annotationes de plantis scan linavicis Herbarii LinnϾani, in Museo Sociel. Lin- 
nœæanæ Londin. asservati, auct. Car. Hartman; tirage à part de 1862 en un vol. in-8 
de 262 pages. 

(3) On the identification of the Grass?s of Linngus's Herbarium, by colonel W. Munro, 
daus le Journa/ of the proceedings of the Linnean Sociely of London, 1861, pp. 33-55. 


108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


tionné ses observations à la suite de la diagnose de chacune de ses espèces et 
sans tenir compte de l'ordre de l'herbier linnéen. Les deux autres auteurs ont, 
au contraire, suivi cet ordre, mais toutefois avec de grandes différences. Ainsi 
M. Hartman a donné ses listes et ses notes en deux parties; la première con- 
tient: P/ante Scandinaviæ Herbarii Linneani dubie habite ; la seconde: 
Plante Scand. Herb. Linn. non dubiæ habite, vel cum determinotioni- 
bus recentiorum congruentes. Il suit de là que le total des espèces de chaque 
genre se trouve coupé en deux; ainsi les Graminées douteuses vont de la 
page 24 à la page 43, et les non douteuses de la page 199 à la page 206. De 
plus, les numéros d'ordre qu'emploie le savant auteur suédois sont, non les 
numéros de l'herbier, mais ceux des espéces scandinaves représentées en cet 
herbier. L'auteur anglais ne donne pour chaque genre qu'une liste, et ses 
numéros d'ordre sont uniquement ceux de la première édition du Species 
plantarum. En outre, ces trois auteurs n'emploient pas les mémes noms spé- 
cifiques modernes pour exprimer la concordance synonymique des noms lin- 
néens et de la nomenclature actuelle, de telle facon que je me suis trouvé dans 
l'impossibilité absolue de reproduire, d'une part, trois dispositions différentes, 
d'autre part, les noms de chacun des auteurs, sans tomber dans une synonymie 
trop longue. D'un autre cóté, les noms de genre imposés par Linné à cer- 
taines espèces ont dû subir de tels changements, qu'il y a une véritable diffi- 
culté pour beaucoup de botanistes à reconnaitre directement, et sans le 
secours de la synonymie, sous les noms d'AiRA aquatica, A. subspicata, 
A. cristata, A. cerulea, les genres Catabrosa, Trisetum, Kæleria, Moli- 
nia, et ainsi de beaucoup d'autres. Or, pour éviter les inutiles longueurs 
d'une triple synonymie, et dans l'impossibilité de suivre un ordre commun 
aux trois auteurs, j'ai pensé que ce qu'il y avait de plus simple était de prendre 
la série des Graminées francaises nommées et décrites par Linné, dans l'ordre 
général où la donne la Flore de France de MM. Grenier et Godron, et de 
mettre après le nom moderne celui de l'herbier de Linné et les observations 
de MM. Parlatore, Hartman et Munro. Par exemple : 


Catabrosa aquatica L. (sub : Aira) « m. pr. » ! H. — ! M., 
ndique que, suivant MM. Hartman (!H.) et Munro (!M.), le Catabrosa 
aquatica des modernes est bien exactement représenté dans l'herbier par l’ Aira 
aquatica L. , et que le nom est de la main de Linné (m. pr.), d’après le té- 
moignage de M. Hartman. Les observations de chaque auteur sont toujours 
suivies de son initiale, quand elles sont rapportées textuellement. Je n'ai cité 
M. Parlatore que pour les plantes qu'il a affectées d'un ! et de la note : ez 
herbario!, et j'ai omis de le faire pour celles dont il se borne à rapporter la 
synonymie linnéenne sans mentionner la vérification dans l'herbier de Linné., 


SÉANCE DU 23 FÉVRIER 18656. 109 


LEERSIA Soland. 


L. oryzoides L. (sub: Phalaris) « Un spécimen, de Gronovius, est bien le 
» L. oryzoides Sw.; un autre, de Browne, est le Z. hexandra Sw. » M. 


PHALARIS L. 
Ph. canariensis L. ' M. 


Ph. aquatica L. « ! Am. acad. IV, 25^ ». M. — C'est là tout ce qu'en dit 
M. Munro; ce qui revient à affirmer que le Ph. aquatica de l'herbier répond 
bien au PA. aquatica des Am«n. acad., mais non à préciser à quelle espèce 
moderne il correspond. Or, il n'est peut-étre pas de nom linnéen qui ait été 
plus que celui-là attribué en synonyme à diverses espéces. En ouvrant seu- 
lement la Flore de France, on voit que, suivant M. Godron, au Ph. minor 
Retz se rapporte PA. aquatica Ait. , Schrad. , DC., Lois., Duby, Mertens et 
Koch, Rchb. (non L.); au Ph. truncata Guss. se rapporte PA. aquatica 
Desf. (non L.); au PA. cœrulescens Desf. se rapporte Ph. aquatica Bertol. , 
Koch; et qu'enfin au Ph, nodosa L. doit s'identifier, comme double emploi, 
le Ph. aquatica du méme. M. Parlatore avait émis la méme opinion, et le 
savant botaniste italien identifie les PA. tuberosa L., nodosa L. et aquatica 
L., et ce, comme il le dit trés-expressément, sur l'étude de l'herbier de 
Linné et en décrivant l'échantillon linnéen, lequel est d'ailleurs en mauvais 
état (FL palerm. pp. 17 et 18; FI. ital. pp. 73 et 7^). Or, M. Munro 
reconnait un Ph. aquatica L. trés-distinct des Ph. tuberosa et nodosa L., 
contenu dans une autre feuille, et dont il dit: « Ph. tuberosa Mant. 551, 
» est marqué par Smith comme Ph. nodosa Syst. veg. , et c'est, en effet, la 
» plante ainsi nommée de nos jours ». Alors à quoi se rapporte le PA. aqua- 
tica L., puisqu'il diffère du PA. nodosa L.? 

Ph. paradoxa L.! P. — «! Du jardin d'Upsal; est bien la plante ainsi 
» nommée de nos jours. Dans les notes manuscrites de la 1'* édition du Sp. 
» pl. il est nommé par Linné PA. utriculosa, avec une note marginale 
» portant: Ph. paradoxa 1665. » M. 

Ce numéro indique la page de la 2* édition oü est décrite cette plante. 

Ph. arundinacea L.! P. — ! «m. pr. Dans la méme feuille se trouve un 
» spécimen étiqueté Phalaris sans nom spécifique et qui n'est que la forme 
» dite colorata. » H. — ! M. 


HiEROCHLOA Gmel. 
H. borealis (Holcus odoratus L.). « m. pr. Smith a écrit contre les trois 
» premiers échantillons : borcalis Schrad., et contre le quatrième : austra- 
» lis Schrad. Trois échantillons appartiennent en effet à VH. borealis et un 
» al AH. australis. » H. 
« Un échantillon est l H. borealis R. et Sch. ; l'autre est LH. australis. » M. 


110 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ANTHOXANTHUM L. 
A. odoratum L. « m. pr. » ! H. —!M. 


MIBORA Adans. 
M. minima L. (sub.: Agrostis)! M. 


CRYPSIS Ait. 
C. scheenoides L. (sub.: Phleum) ! M. 


PHLEUM L. 

Pb. pratense L.! P. — « m. pr. » !H. — !M. 
Ph. nodosum L, « D'après l'examen des individus de l'herbier, cette plante 

» n'est qu'une variété du PA. pratense. » P. 

« Ph. nodosum m. pr. ; sur un petit morceau de papier attenant une main 
» étrangère a écrit : — (zramen fyphoides vol. 3, p. 15h, 1^, et au-dessous 
» Linné a ajouté en manière de réponse : — PAleum nodosum. Sans aucun 
» doute, c'est le PA. nodosum Sp. pl. ed. 2°, absolument identique avec la 
» forme du Ph. pratense, que de nos jours on appelle du méme nom. 

» Un autre, étiqueté Ph. nodosum, m. pr., et plus bas A, porte au revers 
» de la feuille : — Gramen nodosum spicatum €. B. Prod.; c'est une forme 
» du PA. pratense, à souche noueuse, il est vrai, mais à chaumes gréles, à épis 
» moins serrés, courts (à peine un pouce), ovales, à mucrons presque aussi 
» longs que les glumes; elle est aussi intermédiaire entre cette espèce et le 
» Ph. alpinum, et ressemble beaucoup à une forme remarquable par la lon- 
» gueur de ses mucrons, qui se trouve dans les prés humides prope Geva- 
» liam ». H. 

» Ph. nodosum Sp. pl. ed. 2* n'est qu'une forme du PA. pratense ». M. 
Ph. Boehmeri Wibel == Phalaris phleoides L. « m. pr.; est tout à fait le 

Ph. Behmeri auct. recent. » H. — ! M. 
Ph. alpinum L. « m. pr. » ! H. — ! M. 


Ph. arenarium L. « m. pr. » ! H. — ! M. 


Ph. tenue Schrad. « — Phalaris bulbosa L. Am. acad. IV, 26h, et Sp. pl. 

ed. 2", 19 » ! M. 

ALOPECURUS L. 

A. pratensis L. « m. pr. » ! H. — ! M. 
A. agrestis L. « m. pr. » ! H. — ! M. 
A. geniculatus L. ! P. — « m. pr. » ! H. —! M. 

« Attaché à la feuille du véritable A. geniculatus se trouve un échantillon 
» sans nom, ne portant que ce mot de la main de Linné : — Lappo. Par tous 
» ses caracteres et son faciès, il appartient à lA. geniculatus ; toutefois, la 
» localité indiquée (Lapponia), l'épi glauque, l'aréte dela glumelle ne dépassant 


SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1866. 111 


» pas les glumes, le font rapporter à PA. geniculatus var. B Fl. suec. p. 21, 
» et Z7. lapp. n°38, aussi bien qu'à l'A. geniculatus var. fulvus auct. recent. , 
» A. fulvus Smith, bien que sur le sec la couleur et la forme des anthères ne 
» puissent plus se distinguer ». H. 

« L'A geniculatus L. a été divisé par Smith en deux espèces: A. genicu- 
» latus et A. fulvus, appuyées sur la différence de longueur de l'aréte, ici 
» incluse, là exserte. Mais ces différences, par leur présence sur une méme 
» panicule, démontrent leur peu d'importance pour la distinction en espèces. 
» L'A. geniculatus de l'herbier de Liané a son arête de la méme longueur 
» que les glumes, ce qui se constate aussi sur PA. fulvus de l'herbier de 
» Smith; tandis que l'A. geniculatus de ce dernier a ses arêtes exsertes. Si, 
» en contradiction avec les faits, on voulait voir dans cette différence autre 
» chose qu'une variation d'une méme espèce, c'est alors VA. geniculatus de 
» Smith qui devrait constituer une espèce, puisque son À. fulvus est parfaite- 
» ment identique avec l'A. geniculatus de l'herbier de Linné ». P. 
A. bulbosus L. M. Munro ne fait aucune mention de cette espèce. 


A. utriculatus L. (sub: Phalaris) méme observation (1). 
SESLERIA Scop. 
S. cærulea L. (sub: Cynosurus) ! H. — ! M. 
ECHINARIA Desf. 
E. capitata L. (sub : Cenchrus) ! M. 
TRAGUS Hall. 
T. racemosus L. (sub : Cenchrus) ! M. 


PANICUM L. 
P. glaucum L. ! P. — ! M. 
P. viride L. ! P. — ! M. 
P. verticillatum L. ! M. 

M. Parlatore se tait sur cette dernière espèce et n'affirme l'identité que des 
deux premières. M. Munro s'est expliqué sur le P. verticillatum avec plus 
de détails et en ces termes : « 2. Panicum polystachyon. L'échantillon est 
» un Pennisetum barbatum Schult. Un autre, H. U. (2), est le Setaria glauca 
» P. de B., noté comme venu de graines d'Amérique; et un autre, aussi affecté 
» du n? 2 et attaché avec les précédents, est le S. verticillata P. de B. ». M. 
Puis, au P. verticillatum, M. Munro en affirme la présence et l'identité, 
tout en renvoyant à ce qu'il a dit ci-dessus. 


(1) Linné ne cite aucune figure de cette espèce et n'en a probablement jamais vu 
d'échantillon, car il dit dans son Mant. alt. p. 322 : « Phalaris paradoxa a Ph, utri- 
» culata vix specie differt, quamvis Tournefortius utrasque distinguit ». 

(2) H. U. — Jardin d'Upsal. 


112 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

Mais M. Hartman entre, sur ces trois espèces, dans des détails trop impor- 
tants pour ne pas étre cités ici tout au long, dans l'ordre méme oü les expose 
le savant botaniste suédois. 

« 4. Panicum verticillatum, H. U., m. pr.; aprés ce nom, Smith a 
» ajouté: — vix. Le faciès de cette Graminée, son épi peu fourni, allongé, 
» son chaume élevé, ses feuilles larges rappellent tres-bien le P. verticillatum 
» auct., et, autant qu'on peut le voir sur un sujet desséché, répondent assez 
» bien à la description linnéenne du Sp. pl. Mais le caractère attribué comme 
» essentiel par les modernes, bien que non mentionné par Linné (1) — Arista 
» deorsum scabra, — fait ici défaut, et les aspérités de l'aréte sont dirigées en 

haut, comme sur le P. g/aucum, dont cet échantillon a aussi les graines 

rugueuses, ce qui me fait rapporter cet échantillon à cette derniere espéce. 

» 2. Sans aucun nom. 

» Deux grands échantillons dont le faciès, les caractères et la direction 


(1) Il semble à priori bien étonnant que Linné n'ait pas mentionné un caractère si 
saillant que les enfants eux-mêmes le remarquent et savent s'en servir dans leurs malices 
pour accrocher les épis de ce Panicum sur les habits de leurs camarades. En y regar- 
dant de plus prés, on trouve que Linné avait d'abord mentionné ce caractére dans son 
Hort. Cliffort., en ces termes : Panicum spiculis spicatis scabriti? adherentibus, p. 27, 
n? 2. Plus tard, trompé par les soies géminées qu'il prit pour un involuere, il rapporta 
cette Graminée au genre Cynosurus et en fit le Cynosurus paniceus Sp. pl. ed. 1*, 
p. 73, auquel il attribua toute la synonymie de ce Panicum et, en particulier, la phrase 
de G., Bruhin et de Scheuchzer : Gramen paniceum spica aspera Scheuchz. Agr. p. 47. 
Or, dans la description de Scheuchzer, il est dit formellement : « Spica pilis aristæformibus 
» donatur, digitis sursum valde resistentibus et adherentibus, quod et vestibus trans- 
» euntium accidit» (p. 48), et c'est, qu'on le remarque bien, ce méme mot adhæren- 
libus que répète Linné. Dans la deuxième édition du Spl. pl., le Cynosurus paniceus 
disparait, l'espéce est reportée avec sa synonymie au genre Panicum ; elle doit dés lors 
perdre son nom de paniceum et elle prend celui de verticillatum, en méme temps qu'elle 
est distinguée du P. viride, auquel Linné parait l'avoir d'abord réunie dans son Fi. 
suec. — ll y a plus, età ceux qui ne voudraient pas voir dans le Cynosurus paniceus 
le Panicum verticillatum et qui aimeraient mieux y voir, avec Willdenow, le Polypogon 
maritimus (qu'on n'a jamais vu dans la presqu'ile scandinave), nous dirons que Linné 
mentionne en toutes lettres sur son Panicum verticillatum le caractère de la direction 
des aspérités. En effet, qu'on ouvre le Sp. pl. 2° ed., à la page 82, et à la sixième et 
septième ligne de la description du P. verticillatum, on lira: « Simillimum P. viridi 
» sed spica racemis longioribus 3 s. 4, deorsum SECUNDIS. » Or, que peut signifier 
racemis deorsum SECUNDIS, avec le sens ordinairement attribué au terme secundus : — 
Floribus ad unum ideiaque latus versis, lorsqu'il s'agit d'une plante qualifiée verticil- 
latum? Un ami, à qui je posais cette question, me dit qu'il devait y avoir une faute 
d'impression et du'au lieu de secundis, il fallait peut-étre lire scabris ; mais alors on 
aboutit à un contre-sens botanique. Deorsum signifie de haut en bas, du sommet à la 
base, tout comme le sursum de Scheuchzer signifie de bas en haut, de la base à la 
pointe ; et deorsum scabris serait le contraire de la réalité, puisque les arétes sont rudes 
pour la main qui va de bas en haut, et lisses pour celle qui va de haut en bas. Or, c'est 
précisément ce que veut dire deorsum sECUNDIS, puisque secundus, chez les anciens 
naturalistes, signitie : lisse, uni ; squama secunda esse, avoir les écailles lisses (voir les 
dictionnaires). Ainsi on voit que Linné avait, lui aussi, mentionné le caractére spécifique 
que les modernes regardent comme essentiel, et que tous ces échantillons des trois 
espèces se trouvaient rapprochés pour comparaison, 


SÉANCE bU 23 FÉVRIER 1866, 113 


» descendante des aspérités de l'aréte, indiquent avec exclusion de doute le 
» vrai P. verticillatum. 

» Les échantillons de P. glaucum conservés dans les deux feuilles suivantes, 
» dont l'une est étiquetée par Linné et l'autre par Smith, non-seulement appar- 
» tiennent évidemment au vrai P. glaucum, mais encore sont absolument 
» identiques avec le spécimen ci-dessus mentionné et étiqueté verticillatum. 

» 3. Panicum viride m. pr. ; Smith a ajouté un ?. 

» Les caractères sont tout à fait ceux du Setaria viridis, et l'échantillon ne 
» diffère en rien de la forme ordinaire ; il a toutefois la panicule un peu plus 
» allongée (4 pouces). 

» h. P. verticillatum Curt. Lond. — Ces mots sont de la main de Smith; 
» Linné n’a mis que le numéro 2 (1), et une main étrangère a ajouté : — 
» Gramen spicalima ex Virginia. 

» Cette feuille, jointe à la précédente (celle du P. viride), sans doute pour 
» la comparaison (2), et le numéro 2 écrit par Linné, semblent se rapporter 
» à une autre espèce que celle dont le nom est écrit par Smith, mais en réalité 
» l'échantillon est parfaitement un P. verticillatum ». H. 


P. italicum L. « Est bien le Setaria italica Kunth. Un autre spécimen du 
» jardin d'Upsal, est nommé par Linné P. germanicum ». M. 
Cette dernière dénomination était celle de G. Bauhin. 


P. capillare L. « H. U. » ! M. 
P. repens L. ! P. —!M. 
P. miliaceum L. ! M. 


P. Crus galli L. ! P. —« m. pr. » ! H. — « Un petit échantillon de 
Kalm! ». M. 


P. colonum L. ! P. — « ! marqué aussi P. brizoides. Un échantillon 


(4) Ce numéro est celui que porte, dans la premiére édition du Sp. pl., le Panicum 
polystachyon cité par M. Munro. On peut voir dans Kunth Agr. syn. I, p. 163, le 
rapprochement que cet éminent agrostographe avait indiqué sans avoir vu l'herbier de 
Linné. 

(2) A mon avis, c'est là l'origine de la plupart de ces prétendues confusions dans 
l'herbier de Linné. Linné n'était point le minutieux conservateur d'une stérile collection, 
possédant pour posséder ; il possédait pour comparer, pour distinguer, pour décrire, et il 
me semble qu'il est plus naturel et plus juste de croire qu'aprés une étude et une des- 
cription comparative, ce grand naturaliste ait pu laisser les espéces comparées dans une 
méme feuille, soit par distraction, soit dans l'intention d'une nouvelle comparaison, que 
de lui attribuer des confusions d'espéces et de genres, confusions impossibles non-seule- 
ment de la part de cet incomparable observateur, mais de celle d'un tiro bolanicus. Or, 
en ce qui concerne les trois Panicum susnommés, on trouve dans la deuxième édition 
du Species, à la suite de la diagnose de chacun d'eux, une longue desciiption compara- 
tive qui suppose l'étude simultanée de ces trois types, et dès lors explique au besoin 
leur rapprochement dans une méme feuille. Ajoutons que la plupart des espéces, dont la 
feuille en renferme d'autres, ont aussi dans la deuxième édition du Species leur diagnose 
suivie d'une description comparative. 


114 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
de Browne est le vrai P. colonum ; un autre, marqué colonum, est l Echi- 
nochloa Crus galli ». M. 

P. sanguinale L. ! P. —!M.— M. Munro mentionne aussi un échantillon de 
la méme espèce, H. U., fourvoyé dans la feuille du P. filiforme. M. Hart- 


man dit, au contraire : 

« P. sanguinale 8, H. U. m. pr.; c'est tout à fait le P. glabrum Gaud.; 
» soit Digitaria humifusa. 

» Parmi les échantillons qui suivent, sans porter aucun nom, se trouve 
» une forme H. U., qui se distingue de la précédente par ses épis plus nom- 
» breux et plus grands, par ses gaines hérissées, et qui parait se rapporter au 
» P. ciliare Retz ». H. 

CYNODON Rich. 


€. Daetylon L. (sub : Panicum) ! M. 


ANDROPOGON L. 
A. Ischæmum L. « L'herbier de Linné renferme un exemplaire d'A. pro- 
» vinciale à la place de son À. /schemum ». P. 
« Ce n'est point la plante généralement reçue sous ce nom, mais c'est lA. 
provinciale Lam., plante que j'ai rarement vue ». M. 
A. distachyon L. « C'est l'Apocopis Wightii Nees ab Esenb. Smith a 
» écrit: Ask Thunberg if this be Burser's plant? Je suppose qu'il a égaré 
» les autres et que, par suite, une plante tres-différente du spécimen original 
» de Linné est maintenant appelée A. distachyus ». M. 


A. Gryllus L. ! M. 
A. hirtum L. ! M. 
SORGHUM Pers. 
S. halepense L. (sub: Holcus) ! « H. U.; aristé et mutique ». M. 
ERIANTHUS Rich. 
E. Ravennee L. (sub : Saccharum) ! M. 


IMPERATA Cyrill. 


I. cylindrica L. (sub : Lagurus)! P. — « Est bien la grande forme euro- 

» péenne de l /mperata cylindrica auct. rec. » M. 

Mais un autre spécimen se trouve dans la feuille du Saccharum spica- 
tum L., et M. Munro le note ainsi qu'il suit : 

« Sacch. spicatum L. est l Imperata cylindrica auct. Un spécimen est de 
» €. B. S., et un autre a été nommé par Smith : Perotis latifolia Q. 
» Willd. I, 324; et, de toute facon, il y a confusion très-grande de deux ou 
» trois plantes prises l'une pour l'autre ». M. 


SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1866, 115 


ARUNDO L. 


A. Donax L. ! « Deux échantillons sont marqués KL, ce qui, je suppose, 
» indique Klein. Un est bien l'A. Donaz; l'autre est l'A. Phrag- 
» mites ». M. 


A. Phragmites L. « m. pr. » ! H. — ! M. 


CALAMAGROSTIS Adans. 


n 


;. Epigeios L. (sub : Arundo). Sur les échantillons représentant cette espèce, 

MM. Hartman et Munro s'expriment ainsi qu'il suit : 

« 1 Spécimen. £'pigeios, de la main de Smith; Linné n'avait mis que le 
» numéro 4, correspondant à cette espèce (Sp. pl. ed. 1*); en outre, Smith 
» a ajouté : Gr. panic. palustre prealtwn. Pont. Compend. tab. 56. Ex 
» herb. Sherard. Au revers, Linné a écrit : Arundo montana Fi. suec. 

» Par le faciès, comme par le détail des caractères, c'est le €. Æpigeios 
» Hn, Fl. Scand. 

» 2 Sp. Epigeios h, m. pr. — Smith a mis un ?. 

» Je ne sais par quel hasard, ou par quelle méprise, ce nom a été imposé à 
» cette plante, alors que ses épillets 4-5-flores, ses glumes inégales et tous les 
» autres caractères en font indubitablement l Arundo Phragmites. 

» 3 Sp. E pigeios de la main de Smith, qui a ajouté: — Gr. arund. pani- 
» cula molli spadicea majus €. B. Scheuchz. Prod. p. 21, tab. V, ez aucto- 
» ritate Sherardi mss., nec Scheuchzeri. Linné avait seulement écrit au 
» revers : Arundo montana. 

» C’est entièrement le Calamagrostis Epigeios auct. H. 

» À. Epigeios. Le premier, marqué par Linné : — £pigeios, est un PArag- 
» mites. Au méme sont joints des échantillons de Deyeuxia montana Poir. , 
un étiqueté au dos A. montana FT. suec.; un autre est le Calamagrostis 
lanceolata Roth ». M. 
En présence de ce désaccord, que croire ? 


x 
x 


C. lanceolata Roth — Arundo Calamagrostis Y. 
1'* feuille « Calamagrostis 5, m. pr. — Autant qu'on peut en juger sur 
un échantillon sec, cette Graminée est tout à fait le Cal. lanceolata auct. 
recent. 
2° feuille « Linné a écrit au dos : Arundo culmo ramoso Fl. lapp., et 
Smith a ajouté : — Not the original spec., which was lost, sec. FL. lapp. 
» Il y a deux échantillons, dont l'un est parfaitement le €. lanceolata, Vautre 
» a un faciès différent, bien qu'aucun caractère ne l'en distingue, si ce n'est 
» qu'il a aux épillets des poils confervoides ». H. 

« A. Calamagrostis L. nest qu'un €. Epigetos Roth. Aréte basilaire et 
» poils plus longs que les fleurs. Un autre étiqueté Arundo Calamagrostis est 
» le Lasiagrotis Calamagrostis Link ». M. 


T 


T 


T 


116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
Que croire encore ? 
€. arundinacea L. (sub: Agrostis) ! M. 
PSAMMA P. de B. 
Ps. arenaria L. (sub: Arundo) « m. pr. » ! H. — ! M. 


AGROSTIS L. 
A, alba L. « m. pr. » ! H. — ! un échantillon mutique, auquel est joint un 

» échantillon d'A. canina ». M. 

A. stolonifera L. « C’est à tort que les botanistes ont distingué l'A. verti- 

» cillita Vill. de l'A. stolonifera L., puisque c'est parfaitement la méme 

» plante, comme je m'en suis assuré par l'examen de cette Graminée dans 

» l'herbier de Linné ». P. (Fl. palerm. p. 67, et Fl. ital. I, p. 180.) 

17* feuille « A. stolonifera 7, m. pr., aprés correction du nom capillaris, 
» d'abord inscrit. Il y a six échantillons, tous de la méme plante, qui, par sa 
» panicule resserrée, dense, à rameaux scabres, à glumes égales mutiques, à 
» deux glumelles, à ligule longue, est aussi bien l'A. stolonifera G. L. F1. 
» suec. que I' A. stolonifera auct. suec. recent., quoique ce ne soit que la 
» forme littorale de cette plante ». 

2* feuille « Agr. stolonifera, m. pr. et au-dessus : A : tica, signe dont 
» le sens m'est inconnu . » 

« Indépendamment de tous les autres caractères de l'A. stolonifera pré- 
» sentés par ces échantillons, leur panicule dense, trés-grande, leurs feuilles 
» larges de 3-4 lignes, un peu scabres, leurs nœuds inférieurs émettant des 
» radicelles, leur taille plus élevée enfin, tout. prouve que c'est là la forme de 
» I4. stolonifera, que les auteurs suédois appellent maritima ». H. 

« L'herbier contient une des formes de l'A. vulgaris, qui est appelée stolo- 
» nifera (The Fiorin Grass) ; une autre, marquée par Linné stolonifera, est 
» l'A, verticillata Vill. » H. 

Remarquons que M. Hartman ne mentionne que les échantillons scandi- 
naves, qu'il y en a deux feuilles distinctes (six dans la premiére) et que tous 
appartiennent au. type linnéen, lequel se trouve, d'aprés Linné, dans le nord 
de l’Europe. A côté de ces types bien déterminés est venu se placer (pour 
comparaison ?) un échantillon de l Agrostis méridional, que Villars a nommé 
plus tard verticillata, et il nous semble que la présence à côté des autres de 
cet échantillon isolé ne saurait autoriser à dire, avec M. Parlatore, que 
l'A. verticillata Vill. est identique avec l'A, stolonifera L. herb. — D'autre 
part, il semble que M. Munro ait tort de rapporter la plante de Linné à 
l'A. vulgaris, puisque les échantillons de l'herbier ont une ligule lancéolée, 
et que tous les auteurs attribuent une ligule courte et presque nulle à 
l'A. vulgaris, et une ligule longue à l'A. aiba L. et auct. recent. 


SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1866. 117 


"A. pumila L. « m. pr.; locus : Hammarby. 

» Quatre échantillons qui, par leurs rameaux glabres, leurs glumes égales, 
» leurs deux glumelles, leurs courtes ligules, appartiennent à l'A. vulgaris ; 
» quoique la panicule plus contractée et la briéveté du chaume (^ pouces) 
» due sans doute à la nature du sol, donnent à la plante un aspect particu- 
» lier ». H. 

«C’est, je crois, une bonne espèce, quoique réunie par Kunth et par 
» d'autres auteurs à l'A. vulgaris. Les échantillons ont environ 3 pouces». M. 


A. rubra L. « manque dans l'herbier ». M. 


A. eanina L. « m. pr.; sur un fragment de papier attaché à la feuille, une 

» main étrangère a ajouté (ramen miliaceum, vol. I, p. 352, n° ^ (1), et 

» au-dessous Linné a répété, en forme de réponse : Agrostis canina. 

» Tous les échantillons, par leurs caractères et leur faciès appartiennent à 
» l'A. canina L. et auct. recent., quoique les uns soient aristés et les autres 
mutiques; sur tous, les feuilles caulinaires sont planes; les radicales font 
» défaut ». H. 

« 1 Un de ces échantillons a recu de la main de Smith cette note: — capil- 
» laris Huds. , nec Linn.; Agrostis vulgaris Fl. brit. tenuis Sibth. » M. 

M. Hartman mentionne cette méme note, mais au lieu de la rapporter à 
l'A. canina, il la rapporte à A. vulgaris. Auquel croire ? 


D 


v 


A. setacea Curt. «est, dans l'herbier, étiqueté A. aurea Hall. 1498 ». M. 
A. Spica venti L. « m. pr. » ! H. — ! M. 
A. interrupta L. « manque dans l'herbier ». M. 
A. pungens Schreb. « est nommé par Linné dans son herbier : — Ag. ma- 
» ritima; il lui venait de Klein ». M. 
GASTRIDIUM P. de B. 
G. lendigerum L. (sub: Milium) ! M. 


POLYPOGON Desf. 
P. monspeliense L. (sub : A/opecurus) « La forme à épi grêle, à glumelles 

» un peu ciliées, se trouve dans l'herbier de Linné sous le nom d' A/ope- 

» curus monspeliensis » ! P. —! M. — Voir ci-après : Kæleria phleoides. 
P. maritimum Willd. « C'est à tort que quelques auteurs ont rapporté à 

» cette espèce l’ Alopecurus paniceus L. » P. (Fl. pal. p. Th.) 

En regard du nom linnéen Alopecurus paniceus, M. Munro a placé la note 
suivante : « A. paniceus, 2° ed. p. 90, est nommé Cynosurus paniceus dans 
» la 1'* édition, et n'est autre que le Po/ypogon maritimus Willd. ». M. 

Avec MM. Parlatore et Andersson (Gram. scand. p. 102), nous rappor- 


(1) Cette indication renvoie au Gramen miliaceum, panicula viridi Segu. PI, veron. 
l, p. 352, qui paraît être l' Agrostis alba. 


118 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


tons le Cynosurus paniceus L. à un Setaria : d'abord parce que toute la syno- 
nymie linnéenne convient à un Setaria, ensuite parce que le Cyn. panireus, 
indiqué comme se trouvant « in agris et hortis oleraceis Scaniæ » 77. suec. 
2* ed., p. 30 (où se trouvent, en effet, les Setaria verticillata et viridis An- 
derss. o. c. pp. 101 et 102), ne saurait être le Polypogon maritimum, qui 
ne croit pas dans le Nord et ne se trouve nulle part dans les jardins marai- 
chers. On comprend que, pour placer un Setaria dans son genre Cynosurus, 
Linné ait été abusé par les soies de la base des épillets, simulant ce qu'il assi- 
gnait comme caractère à son genre Cynosurus : « Involucrum partiale, saepe 
» triphyllum, etc. » Ge». plant. n° 87; mais rien de semblable ne se trouve 
dans les Polypogon pour motiver ce rapprochement. Quoi qu'il en soit, 
M. Munro nous apprend qu'au genre Cynosurus la feuille C. paniceus ren- 
ferme le Polypogon monspeliense Desf., ce qui ne semble pas en accord 
avec la note du méme sur l' Alopecurus paniceus ci-dessus rapportée. Quand 
on voit que Gouan appelait Cyn. paniceus le Pol. monspeliense, il est permis 
de croire que cette plante, mal nommée par Sauvages peut-être, et envoyée à 
Liuné, ait été, par inadvertance ou plutôt pour comparaison ultérieure, placée 
dans le genre Cynosurus ; et, ce qui confirme cette hypothèse, c'est qu'on 
trouve un Cynosurus paniceus dans les plantes que Nathhorst avait rappor- 
tées à Linné de Montpellier (C£. Am. acad. AV, p. ^77, et Bull. Sor. bot. X, 
p. 14). 
LAGURUS L. 
L. ovatus L. ! P. —'M. 


STIPA L. 

S. juncea L. « Un échantillon est exactement nommé, et l'autre est le 

» S. Sparta "Trin, , avec les fleurs plus petites ». M. 
S. eapillata L. « ! L'échantillon est saus nom ». M. 
S. pennata L. ! P. — « m. pr. » H. —! M. 
S. tenuissima L. ! M. 

ARISTELLA Bertol, 

A. bromoides L. (sub : Agrostis) == Stipa Aristella L. ! P. — ! M. 


LASIAGROSTIS Link. 
L. Calamagrostis L. (sub: Agrostis) « m. pr. : ! H. — « Manque dans 

» l'herbier ». M. ?? 

Dans le cahier du genre Stipn, la présence d'une feuille non étiquetée de 
Z. Calamagrostis est mentionnée par M. Munro, et le méme auteur signale, 
comme on le voit, l'absence de la méme plante sur la feuille du genre Agros- 
tis, auquel elle appartient. Il est permis de supposer que cette Graminée a été 
rapprochée des Stipa pour une comparaison d'ailleurs indiquée dans la 
deuxième édition du Species, et qui est d'autant plus remarquable que les 


SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1866. 119 


auteurs modernes ont confirmé l'analogie entrevue par Linné, en placant cette 
plante dans le groupe des S/ipacées. 


PIPTATHERUM P. de B. 


P. paradoxum L. (sub: Milium) ! « Un autre, attaché à côté et venant de 
» la Carniole, est le P. virescens Trin. ». M. 
Koch, comme Linné, réunit ces deux formes (Syn. ed. 3°, p. 682). 


P. miliaceum L. (sub: Agrostis)! P. — « H. U. C'est bien lui, ainsi 
» qu'un autre étiqueté A. sepium » M. 
Ce nom a paru dans le Syst. nat. ed. 10*, puis a disparu ensuite. 


MILIUM L. 
M. effusum L. ! P. — « m. pr. »! H. — !M. 


M. confertum L. « est un Pip'atherum » M. — Soit; mais lequel ? On 
peut voir les notes de Gaudin, Agr. helv. I, p. 56; Rem. et Schult. Syst. 
veg. II, p. 319, établissant que la plante de Linné et de Scheuchzer n'est 
qu'une forme du M. effusum. Ce point valait la peine d’être éclairci ! 


MOLINERIA Parlat. 


M. minuta L. (sub: Aira) « n'est qu'un. échantillon de l'Airopsis agros- 

» tidea DC. ». M. 

D'après cette note, on serait d'abord porté à croire que Loiseleur-Deslong- 
champs avait raison lorsque, dans la première édition de son 77. gall., il 
avait appelé Aëropsis minuta V Airopsis agrostidea recent., d'autant que les 
deux espèces croissent en Espagne, et que Læfling aurait pu recueillir et dé- 
crire aussi bien l'une que l'autre; mais ensuite, quand on remarque que 
Aira minuta L. est annuel et fleurit aux premiers jours du printemps, 
tandis que l Aira agrostidea est vivace et fleurit de juillet en septembre, et 
qu'on lit dans Leefling : « Semina matura sunt ad initium mensis aprilis..... 
» radix annua » (/t. hisp. pp. 117-118); quand, en outre, on voit Linné dans 
son Mant. alt. p. 325, citer l'excellente figure que Schreber à donnée de 
cette plante,on ne peut plus conserver aucun doute sur la plante de Læfling, 
qui est bien le Molineria minuta recent. — Mais alors, comment cette plante 
envoyée par Læfling à Linné n'est-elle pas dans l'herbier, et comment y est- 
elle remplacée par l’ Aéropsis agrostidea DC.? 

CORYNEPHORUS P. de B. 


C. canescens L. (sub : Ara) « canescens 12, m. pr. » ! H. — Puis sur 
une autre feuille portant le méme nom, M. Hartman ajoute : « canes- 
» cens, m. pr., et contre l'échantillon : — Dick; au revers, Linné a mis : 
» Aira valesiaca Haller, ist. 1h45. Smith a ajouté : — cristata. C'est le 
» Aæleria glauca ». H. 

« C'est bien le Cor. canescens P. de B.; et à côté se trouvent deux échan- 
tillons de Kæleria cristata ». M. 


120 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


AIRA L. 


A. caryophyllea IL. ! P. — « m. pr. » ! H. — ! «à côté est attaché un 
» échantillon de Poa annua ». M. 


A. præcox L. «m. pr. »! H. — ! M. 


DESCHAMPSIA P. de B. 

D. cæspitosa L. (sub : Aira)! P. — « m. pr. » ! H. — « ! Un échan- 

» tillon vivipare de Laponie est noté par Smith : — lævigata fide Don; 

» à côté est attachée une espèce de Poa nemoralis (a species of Poa nemo- 

» ralis) ». M. 

M. Hartman mentionne cette circonstance comme il suit : « Aira lœvigata 
» de la main de Smith, en surcharge du mot vivipara, d'abord écrit par le 
» méme, et au-dessous J E S (1). Il y a été ensuite ajouté : — Same from 
n G. Don. De la main de Linné, il n'y a que : — Lapp. 

» Cette Graminée, par sa grande panicule vivipare, son arête insérée au- 
» dessus du milieu de la glumelle et ne la dépassant pas, par ses fleurs poilues 
» à la base, est tout à fait l’ Aira alpina, non moins bien décrite par Linné 
» que par les modernes, quoique Linné ne l'ait pas étiquetée ». H. 


D. alpina L. (sub: Aira) ! M. — M. Hartman ne fait aucune mention de 
cette plante. 


D. flexuosa L. (sub: Aira) ! P. — « m. pr. »! H. — ! M. 

D. montana L. (sub: Ara). M. Hartman ne voit qu'un Poa dans l'échan- 
tillon qui figure sous ce nom et est étiqueté de la main de Linné. Smith a 
ajouté : — vera?. Cette plante se retrouverait aussi dans le cahier du genre 
Poa, sans nom, avec le numéro 66 de la main de Linné. 

M. Munro s'exprime ainsi : 
« Aira montana. Une partie est de l'Agrostis rupestris; une autre est le 


» Poa flexuosa Wahlbg; et une autre marquée: — From China, Osbeck, 
» est l’ Zriachne Hookeri Munro. » M. 

Certes, on peut répéter avec M. Hartman: « Ad A. mon/anem veram 
» illustrandam herbarium Linnaei parum adjuvat ». 


AVENA L. 
A. sativa L. «m. pr. » ! H. —! M. 


A. fatua L. ! P. — « m. pr. » ! H. — « ! Une feuille portant le numéro 6 
» (qui est celui de cette espèce) est l'A. barbata Brot. ». M. 


A. sterilis L. « ! Dans la méme feuille se trouve aussi le Macrochloa are- 
» naria Kunth, étiqueté A. sterilis ». M. 


A. pubescens Huds. ! « L. Sp. pl. ed. 2°, p. 1665 n'est qu'une forme 


(1) Initiales de J.-E. Smith. 


SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1866. 121 
de l’A. pratensis, comme Linné le fait entendre dans une note manus- 
crite; il l'a aussi notée : — Avena near sesquitertia ». M. 

A. pratensis L. «m. pr. ; à la feuille du véritable A. pratensis s'en trouve 
» jointe une autre qui contient lA. pubescens, mais non dénommé ». H. 
« ! Quelques spécimens sont marqués A. spicata sans appartenir à cette 
» derniere espèce »: M. 

A. bromoides L. « Sp. pl. ed. 2*, p. 1666, n'est qu'un A. pratensis L. ». M. 

A. fragilis L. ! M. 

A. elatior L. « m. pr. »! H. — ! M. 


TRISETUM Pers. 


T. subspicatum L. (sub: Aira) ! H. — ! M. 
T. Leeflingianum L. (sub : Avena) ! M. 


T. flavescens L. (sub: Avena) « m. pr. » ! H. — « Avec cette espéce est 
» attaché un échantillon A. pratensis ». M. 


Horcus L. 


H. lanatus L. «m. pr. » ! H. — !M. 
H. mollis L. «m. pr. » ! H. — ! M. 


- KOELERIA Pers. 


R. cristata L. (sub: Aira). M. Hartman mentionne deux feuilles comme 
étiquetées de la main de Smith et dont l'une contient le K. glauca auct. 
recent. ; l'autre le X. cristata auct. 

M. Munro dit de son côté : 

« 2. Aira cristata L. n'est pas représenté dans l'herbier. C'est probable- 
» ment le Kæleria cristata ; voir ci-dessous au n? 12 ». 

Puis à son n° 12, qui se rapporte à l Azra canescens L., il mentionne la 
présence de cette dernière espèce, ajoutant : « Avec elle sont attachés deux 
» échantillons de Kæl. cristata, qui probablement appartiennent au n? 2 ». M. 

M. Hartman mentionne aussi, dans la deuxieme feuille de l’ Aira canescens, 


la présence d'un Kæleria étiqueté m. pr. : — Aira valesiaca Haller, Hist. 
1445, et qui ne serait que le X. glauca auct..... ? 


K. phleoides Vill. (sub : Festuca) — Festuca cristata L. ! — « ! Est éti- 
» queté aussi par Linné Poa cristata; et, de plus, il a écrit au dos de la 
» feuille : — Alopecurus monspeliensis ». M. 


CATABROSA P. de B. 


t 
4 


;. aquatica L. (sub: Aira)! H. —! M. 


GLYCERIA R. Brown. 


G. fluitans L. (sub : Festuca) « m. pr. « ! H. — ! M. 
T. Xll. (séances) 9 


122 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
G. aquatica L. (sub! Poa) « m. pr. »! H. — ! M. 
G. distans L. (sub : Poa). Bien que Linné ait compris cette plante parmi les 

Poa, il l'a, m. pr., étiquetée comme il suit : 

« Aira aquatica. ad salinas Schreber. — Smith a mis au-dessus : — dis- 
» tans Mant. 32. — retroflexa Curtis. — Poa salina Pollich? Confer. — 
» Au verso de la feuille se trouve de la main de Linné : — Pluribus flosculis 
» variat ad salinas. 

» C'est tout à fait par le faciès, comme par tous les caracteres, le Glyceria 
» distans auct. ». H. 

« P. distans Mant. 32. vest bien le Sclerochloa arenaria Nees. Il a été 
» étiqueté par Linné Ara aquatica ». M. 


x 


x 


G. maritima Huds. (sub : Poa). Suivant M. Hartman, cette espèce se 
trouve dans l'herbier de Linné. — « Poa maritima Huds., de la main 
» de Linné, à ce qu'il semble ; Smith a successivement ajouté, puis effacé : 
» — Fl. dan. 251. — retroflexa Curtisii? distans Lin.?. salina Pol- 
» lich. Davall litt. sep. 14. 1792. C'est tout à fait, par l'ensemble comme 
» par le détail des caracteres, le G. maritima ». H. 
M. Munro ne mentionne pas cette plante. 


SCHISMUS P. de B. 


S. ealyeinus L. (sub: Festuca) ! « Il porte aussi écrit de la main de Linné : 
— Festuca harbata ». M. 


SCLEROCHLOA P. de B. 
S. dura L. (sub : Cynosurus) ! M. 


Poa L. 

P. annua L. ! P. —! H. — !M. 
P. nemoralis L. ! P. — « Nemoralis 25, vix m. pr.; c'est le P. nemoralis 

» 8. major Hartm. Fl. scand. ». H. 

Puis M. Hartman mentionne deux formes qu'il croit appartenir au P. sero- 
tina auct. recent. 

M. Munro dit seulement : 

« P. nemoralis L. ! Sept feuilles sont exactes; une, portant le méme nom 
» et venant de Kalm, est le Reboulea gracilis Kunth, Reboulea truncata 
» Torr. ». M. 
p. palustris L. « manque dans l'herbier ». M. 


P. alpina L. M. Hartman en mentionne cinq feuilles : 

« 9, alpina m. pr. ; Smith a ajouté : — trivialis videtur J E S. Stipula 
» brevis? obtusa? casu? Yet it can not be the glauca. 

» Il est vraisemblable que c'est par suite d'une transposition qu'à la place 
» du vrai P. alpina, on trouve cette forme, qui, j'en conviens, par son faciès 


SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1866. 123 


» et sa grande taille, rappelle, au premier coup d'œil, le P. trivialis ; mais sa 
» panicule à 4-6 rameaux, ses épillets ovales à 5-6 fleurs, ses glumelles unies 
» par du tomentum, ses longues feuilles à ligule courte, en font tout à fait 
» le P. pratensis auct. i 

» 3. P. alpina m. pr.; Smith a ajouté : — trivialis videtur J E S. Sti- 
» pula longa, acuta. Flosculi pilis connexi. 

» Cet échantillon n'appartient pas au P. a/pina, et il se rapporte mieux 
» que le précédent au P. trivialis, aussi bien par sa panicule plus courte et 
» ses épillets à 3-^ fleurs que par ses ligules longues (sec. Smith). 

» h. P. alpina m. pr.; de la main de Smith : — Stip. lanceolata, acuta. 
> C'est par tous les caractères le P. alpina. 

» 5. P. alpina m. pr., Smith a ajouté: — Stipula lanceolata, puis il a 
» entouré d'une ligne trois des échantillons en écrivant au-dessous : — di- 
» versa ? vide formam calycis. Ces trois individus n'ont, en effet, de commun 
» avec les autres que leur panicule vivipare ; quant au reste, ils diflérent tel- 
» lement, qu'ils semblent être étrangers au genre Poa, et s'y trouver placés 
» par quelque hasard. Les autres, aussi au nombre de trois, conviennent au 
» P. alpina B. Fl. suec. 

» 6. Point de nom; Linné a seulement mis: — 2 Lapp., et Smith: — 
» Stip. lanceolata acuta. L'indication de Linné, comme les caractères de la 
» plante, se rapportent au P. alpina ». H. 

M. Munro est plus bref, et dit seulement : 

« P. alpina L. ! Deux spécimens, dont un de Laponie, sont le vrai P. al- 
» pina ; et il y en a deux du P. trivialis ; Linné, dans ses manuscrits, dit que 
» le P. alpina peut bien n'être qu'une forme du trivialis. 

» B. vivipara. Il y en a trois feuilles, toutes du P. alpina, excepté une 
» partie de l'une d'elles, qui est du Festuca ovina vivipara ». M. 


x 


P. bulbosa L. ! P. — M. Hartman tient aussi tous les échantillons pour 
bien nommés. 
« Tous les échantillons sont vivipares, sauf un à feuilles très-étroites et ex- 
» trémement semblable au P. ligulata Boiss. ». M. 
P. compressa L. ! P. — M. Hartman en mentionne quatre échantillons 
étiquetés m. pr., et les déclare P. compressa. 
« P. compressa H. U. est le P. pratensis ordinaire ». M. 
P. pratensis L. m. pr.; Smith a mis un ?, et une main étrangère a ajouté : 
« — Poa spiculis ovatis muticis, culmo compresso n° 15. Autant que j'ai 
» pu le voir, c'est le vrai P. pratensis auct. ; quoique l'échantillon, petit et 
» incomplet, ait pu inspirer des doutes à Smith ». H. 
« P. pratensis; ainsi marqué par Linné fils : c'est un P. alpina ». M. 
P. angustifolia IL. 
« 1'* feuille m. pr. Une main étrangère a mis : Poa spiculis ovatis com- 


12h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
» pressis, muticis, flosculis loanuginosis. — Stirp. sib. n° 16. Enfin, Smith 
» a ajouté : — Flosculi pilis basi connexi ut in P. pratensi e£ triviali. Glumeæ 
» costatæ. — Stipula brevis pratensis ? 

» Cette plante est absolument le P. angustifolia L. Fl. suec., et ne peut 
» d'ailleurs se distinguer en rien du P. pralensis auct. recent. , dont elle a le 
» faciés et tous les caractéres. En ce qui concerne son nom, elle a les feuilles 
» à peine plus étroites que la forme ordinaire du P. pratensis, c'est-à-dire 
» d'une largeur double du diamètre du chaume; toutefois, les épillets sont 
» h-flores, bien qu'il y en ait de 3-flores; ce qui n'est pas mentionné dans la 
» description de Linné, mais convient au P. pratensis recent., qui comprend 
» les P. angustifolia et pratensis L. 

» 2* feuille. P. angustifolia 5, m. pr.; cependant le n? 5 se rapporte au 
» P. pratensis de la première édition du Species; Smith a ajouté : — Stip. 
» brevis. Comme le précédent, il appartient par son faciés et ses caracteres 
» au P. pratensis recent.; mais il est de petite taille, et la panicule est 
» maigre ». H. 

« P. angustifolia. Un échantillon est du P. pratensis var. angustifolia, et 
» un autre, attaché avec lui, est un P. nemoralis ; un autre est un P. annua ». 
M. 
P. trivialis L. ! P. — « m. pr.; Smith a ajouté : — Right. Stip. lanceolata 

» acuta. C'est parfaitement cette espèce » ! H. —! M. 


ERAGROSTIS Host. 
E. major Host — Briza Eragrostis L. ! P. « Un échantillon de Kalm et 
» un autre marqué : — Morison, Hist. 20^, t. 6, f. 52, sont tous les deux 
» le Poa Eragrostis L. ! Un autre, marqué C. B. S. 384, est l’ Fragrostis 
» Chapellieri Kunth ». M. 
E. minor Host — Poa Eragrostis L. ! P. — ! M. 
E. pilosa L. (sub : Poa) « manque dans l'herbier ». M. 
BRIZA L. 
B. maxima L. ! M. 
B. media L. «m. pr. » ! H. — ! M. m 
B. minor L. ! P. — !M. 
B. virens L. « est le méme que le Z. minor, d'après l'herbier » ! P. (FL 
» ital. p. 383). B. virens, 2° éd., p. 103, est purement une forme du 
» B. media. Un individu est marqué par Linné: B. anceps ». M. 
De ces deux assertions, laquelle choisir ? 
MELICA L. 


M. eiliata L. ! p. — « m. pr. » ! H. Ii ! M. 
Ces trois affirmations ne nous apprennent pas à quel type appartient la 


SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1866. 195 


plante décrite et conservée par Linné. Il parait que M. Parlatore identifie la 
forme du nord, à panicule continue cylindrique, avec la forme à grande pani- 
cule lobulée, interrompue, que M. Godron a appelée M. Magnolii. 


M. minuta L. « L'exemplaire de l'herbier est trop incomplet pour qu'a on 
puisse se pronoucer avec certitude ». P. — ! M. 


M. nutans L. « m. pr. » !H. —'!M. 


SCLEROPOA Griseb. 


S. maritima L. (sub: 7iticum). « ! Un autre échantillon, étiqueté Poa 
» maritima par Linné, Triticum loliaceum par Smith, puis Festuca mari- 
» (ima, n° 69, est le Brachypodium Poa R. et Sch. ». M. 


S. rigida L. (sub: Poa) ! P. — ! M. 
DACTYLIS L. 
D. glomerata L. « m. pr. » ! H. — ! M. 


DIPLACHNE P. de B. 
D. serotina L. (sub: Festuca) « manque dans l'herbier ». M. 


MOLINIA Schrank. 

M. cærulea L. (sub: Ara et posterius sub: Melica) ! « m. pr.; le plus 
» grand des deux est bien cette espèce, mais le plus petit est-il le méme ? » 
H. — ! M. 

DANTHONIA DC. 


D. decumbens L. (sub: Festuca) « m. pr. » ! H. — ! M. — C'est sans 
doute par inadvertance que M. Munro, aprés avoir dit au n° 8 que le 
F. decumbens de l'herbier de Linné est bien le 7riodia decumbens P. de 
B. , dit, huit numéros plus bas : « F. decumbens n'est pas dans l'herbier. » 


CYNOSURUS L. 
C. cristatus L. ! P. —!H. — ! M. 
c. echinatus L. ! P. — !H. —'M. 
C. Lima Læfl. ! M. 
C. aureus L. ! P. — !H. — !M. 


FESTUCA L. 
F. Myurus L, « L'exemplaire du F. Myurus de l'herbier de Linné est tout 
» à fait le Vulpia Pseudomyurus Soy. -Willm. et n'a pas les glumes 
» ciliées » P. (Fl. pal. p. 187, et Fl. ital. p. 420.) 
! « Une toute petite forme naine ». M. | 
F. geniculata L. (sub: Bromus)! M. « Même espèce, sous le nom de 
» Bromus stipoides L. » ! M. 


126 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


F. bromoides L. M. Parlatore rapporte le F. bromoides L. en synonyme au 
F. Myurus du même; ce nom faisant double emploi (77. pal. pp. 186- 
187, et Fi. ital. pp. 418-419). 

. M. Munro nous dit également : 

« F. bromoides L. A mon avis, c'est la méme plante que le n? 5 ». M. 

Or, le n° 5 de M. Munro et de Linné est le F. Myurus; et ainsi ce double 
examen s'accorde parfaitement pour défendre de rapporter le F. uniglumis 
Soland. au F. bromoides L. 

D'un autre côté, Smith affirme que le F. uniglumis Soland. correspond 
exactement au Stipa membranacea de la description et de l'herbier de Linné. 
M. Munro en dit autant en ces termes : « Stipa membranacea, ed. 2°, 
» p. 116, est exactement le Festuca uniglumis Solander ». M. 

Si l'on adopte ces vues, il s'ensuit que le nom princeps de cette Graminée 
serait membranacea, nom que Link aurait eu raison de lui conserver. Mais 
M. Parlatore nous avertit que la plante décrite et conservée par Linné n'est point 
tout à fait identique avec le F. uniglumis Soland., qu'elle en diffère par les 
glumes inférieures plus grandes, par les arétes des glumes supérieures et des 
glumelles inférieures aussi plus longues, et, pour cette raison, il en avait fait 
son Vulpia Linneana (Fl. pal. p. 192); mais, dans son 7T. ital. I, p. ^25, 
tout en maintenant les différences sus-énoncées, le savant auteur italien fait 
disparaître son V. Linncana sur cette considération, qu'il faut voir ultérieu- 
rement si ces diflérences ne sont pas susceptibles de variation. Or, il est avéré 
pour moi qui ai trouvé toutes ces variations de longueur et qui les ai déjà 
signalées à la Société botanique (Bull. XII, p. 206), qu'il n'y a pas là deux 
plantes distinctes, que le Stipa membranacea L. est bien notre V. uniglumis, 
et que dés lors le nom de cette espèce est le suivant : 


Vulpia membranacea L. (sub : Stipa). 

a. Glume inférieure assez développée — S. membranacea L., Vulpia Lin- 
ncana Parl. Fl. pal. p. 192. 

B. Glume inférieure presque nulle — F. uniglumis Soland. 


F. ovina L. « Le F. ovina L., à en juger par les exemplaires authentiques, 
» semble différer du F. duriuscula par ses épillets plus petits et ses arêtes 
» moins longues; mais je crois, avec beaucoup d'autres, qu'on doit le 
» ramener au duriuscula en simple variété. » P. 
« F. ovina L. ! exact, sauf un échantillon de Kalm, qui est le F. tenella 
» Willd. Un autre échantillon de l'herbier, marqué F. varia Hall. 1439, est 
» aussi un ovina ». M. 


M. Hartman s'explique avec plus de détails sur les trois feuilles qui con- 
tiennent des échantillons scandinaves : 


1'* feuille « sans nom; Linné n'a mis que le n? 1, qui répond au F. ovina 
» Sp. pl.; au verso, il a ajouté: — Lapponia 55. C'est le n° du F7. lapp. 


SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1866, 127 


» Par l’ensemble, comme par chaque caractère, sauf celui de la panicule 
» qui est à peine unilatérale, au moins sur ce sujet desséché; cette Graminée 
» est tout à fait la forme ordinaire du F. ovina recent. ». 

2° feuille « ovina m. pr. Tous les caracteres conviennent mieux à l'ovina 
» qu'au duriuscula Sp. pl.; mais si l'on se réfère aux caractères que les mo- 
» dernes assignent aux mêmes espèces, cet échantillon doit être rapporté au 
» F. duriuscula auct. recent. » 

3° feuille « !&. m. pr. Lapp. ! forme vivipare du F. ovina L. et auct. 
» recent. ». H. 
F. duriuseula L. 4° feuille « sans nom; Linné a seulement mis: — 3, 
» n° qui se rapporte au F. rubra Sp. pl.; mais qui, plus tard, a été effacé 
» et remplacé par un 2, correspondant au F. duriuseula Sp. pl. Cette cor- 
» rection n'a guère plus d'importance, attendu que l'exemplaire original du 
» Species ne porte pas le signe dont Linné marquait les espèces qu'il avait 
» dans son herbier. D'oü il suit que Linné lui-même ne regardait comme 
» vrai F. duriuscula aucun échantillon de son herbier. Sur la méme 
» feuille, Smith a mis : — F. duriuseula Sp. pl. ed. 1*. 
» Il y a dans cette feuille cinq échantillons, mais très-différents : le premier 
et le troisième semblent se rapporter au duriuscula, le deuxieme et le cin- 
quieme au rubra, et le quatrième, qu'un hasard semble y avoir placé, est le 
Bromus secalinus ». H. 
M. Munro dit seulement : « F. duriuscula L. ! » M. 
M. Parlatore est plus explicite: « Notre F. duriuscula correspond aux 
exemplaires authentiques de l'herbier de Linné, sauf que , sur ces derniers, 
» la glumelle inférieure est velue, tandis qu'elle est glabre sur les exemplaires 
» de Sicile. Faisons en outre remarquer que dans l'herbier de Linné sont 
» confondus sous un méme nom les F. rubra et duriuscula ». P. 


> 


x 
x 


x 
x 


F. rubra L. « m. pr.; se rapporte non moins bien au F. rubra du Species 
» qu'au F. rubra auct. recent. Get échantillon a cependant les épillets 
» velus et seulement 6-7 fleurs ». H. 
« A les épillets très-velus. Linné, dans une note manuscrite en fait une 
» variété du F. duriuscula. Un échantillon attaché à côté et étiqueté par Linné 
» F. dumetorum est certainement un F. rubra ». M. 
F. dumetorum L. « Linné avait d'abord mis : — F. duriuscula ; puis il a 
» corrigé et ajouté : — H. U. Au verso, il a écrit: — Valde affinis F. du- 
» riuscule, sed spicule pubescentes. C'est tout à fait le F. dumetorum 
» Sp. pl. ed. 2*, mais les épillets sont plus gros et plus pubescents que ceux 
» décrits par les auteurs suédois modernes, et récoltés sur les rivages de la 
» Baltique ». H. 
M. Munro en fait un F. rubra et renvoie à cette feuille. 


F. spadicea L. ! H. 


128 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


F. elatior L. ! P. —«m. pr.; H. U. — Quoiqu'elle ait les glumelles mutiques, 
» cette Graminée, par sa taille, son faciès et ses épis lancéolés à 6 fleurs, 
» ses glumes violacées au sommet et par ses autres caractères, convient 
» mieux au F. arundinacea des modernes qu'à leur F. elatior ». H. —! M. 
F. gigantea L. (sub: Bromus) ! H. — ! M. 
La variété Bromus triflorus L. « n'est pas dans l'herbier ». M. 


BROMUS L. 


B. tectorum L. ! P. — ! H. —! M. 


B. sterilis L. ! P.— ! H. — ! M. « Dans les feuilles de cette espèce se trouve 
» confondu un exemplaire du Bromus Gussonii Parlat. ». P. 


B. madritensis L. ! ! P. — « ! H. U. Un autre exemplaire étiqueté : — 
» B. erectus R. Syn. est la méme espèce ». M. 


B. rubens L. ! P. — « ! d'Espagne ». M. 
B. asper L. ! P. — ! H. Cette espèce n'est pas mentionnée par M. Munro. 


B. inermis Leyss. ! H. — ! M. MM. Hartman et Munro font tous les 
deux remarquer que les noms ne sont point de la main de Linné, mais de 
celle de Smith. 


B. seealinus L. 

Are feuille. « m. pr. »! H. 

2* feuille. « secalinus m. pr., aprés cette note d'une main étrangère : — 
» n° 41. Bromus nanus, Obs. p. 8, var. mollis? — C'est le B. mollis auct. 
» forma pumila ». H. 

« B. secalinus L. ! avec adjonction d'un spécimen de Z. mollis étiqueté : 
» — B. hordeaceus n° 32 ». M. 


B. arvensis L. !H. — ! M. 


B. racemosus L. ! P. — « ! Un des échantillons est aussi étiqueté par 
Linné : — B. secalinus ». M. 
M. Hartman ne mentionne pas cette espèce. 


B. mollis L. ! P. 

« Une feuille non étiquetée par Linné a recu d'une main étrangère : — 
» 32 B. hordeaceus, au-dessous de quoi Smith a ajouté : — Hill scripsit? et 
» plus bas : — secalinus 8. Sp. pl. 2; plus bas enfin: — mollis. 

» Cette plante correspond exactement à la var. p. du B. secalinus Fl. suec. 
» et Sp. pl. ed. 1*, et n'en est pas moins le vrai B. mollis Sp. pl. ed. 2, 
» car ces dénominations sont synonymes, ainsi que l'a fait remarquer Wahlen- 
» berg; une preuve s'en trouve dans l'exemplaire original du Species ed. 1°, 
» où Linné a effacé de sa main : secalinus 8. et l'a remplacé par B. mollis. 

» Les deux feuilles suivantes sont étiquetées B. mollis m. pr. » H. 


SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1866, 129 


« B. mollis L. ! un petit échantillon est étiqueté P. nanus Weigel ». M. 
M. Parlatore fait la méme remarque. 

B. hordeaceus L. « omis dans la deuxième édition du Species et rapporté 
» au B. mollis; il n'est en effet que cette espèce ». M. 


B. squarrosus L. ! M. 
B. scoparius L. « La feuille renferme le vrai scoparius et aussi un échan- 
» tillon du B. intermedius Guss. ». P. 
« ! La vraie plante d'Espagne; un autre étiqueté scoparius est le B. japo- 
» nicus ». M. 
HORDEUM L. 
H. vulgare L. ! M. i 
H. murinum L. « m. pr. » ! H. —! M. 
H. nodosum L. « m. pr. H. U. Smith a ajouté : — pratense Huds. Ce n'est 
» que l'espéce précédente. Deux autres échantillons étiquetés de la main de 
» Linné : — 3 et 4, et de celle de Smith : — pratense Huds. , et qui sont 
» en réalité lH. pratense Huds. et recent., paraissent avoir été mis par 
» Linné pour représenter son H. nodosum, bien qu'il ait omis de les éti- 
» queter ». H. 
« H. nodosum Sp. pl. ed. 2*,p. 126, est certainement VH. pratense 
» Huds. Il y a aussi, de cette dernière plante, deux échantillons sans nom; 
cette espèce ne parait pas avoir été récoltée par Linné ». M. 
Koch et M. Parlatore, tout en mentionnant l'autorité de Smith, font remar- 
quer que la description de Linné attribue à sa plante des fleurs latérales muti- 
ques, tandis que I' Z. pratense Huds. a toutes les siennes sétacées. 
H. bulbosum L. M. Parlatore l'identifie avec lH. strictum Desf. (FI. pal. 
p. 245; FT. ital. pp. 518-519). 
« H. bulbosum L. a une tige remarquablement bulbeuse; néanmoins, je 
» crois qu'il n'est qu'une variété de VH. murinum ». M. 


x 


ELYMUS L. 


E. europæus L. « m. pr. » !H. — ! M. 
E. arenarius L. « m. pr. » !H. -— ! M. 
SECALE L. 
S. cereale L. ! M. 
TRITICUM L. 

T. villosum L. (sub: Secale) « n'est point dans l'herbier ». M. 

M. Munro fait observer qu'une Graminée, qui parait d'abord avoir recu de 
la main de Linné le nom de Secale creticum, nom ensuite effacé, est bien le 
S. villosum Ls 


130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


JEGILOPS L. 
Æ. ovata L. ! P. —!M. 


ZE. triuncialis L. ! M. 

Æ. caudata L. ! M. 

Æ. squarrosa L. « manque dans l'herbier ». M. 

AGROPYRUM P. de B. 

A. junceum L. (sub: Triticum) « m. pr. » ! H. —! M. 

« Un autre échantillon, d'une espéce douteuse, est étiqueté d'une main 

» inconnue ». H. 

A. repens L. (sub: Zriticum) «m. pr. » ! H. — !M. 

A. caninum L. (sub: £/ymus). 

17* feuille « caninus B. 7. m. pr., et au dos : Elymus. Triticum radice 

» perenni spiculis binis longissime aristatis Gmel. 25, convient tout à fait à 

» l'A, caninum auct., quoique avec un aspect particulier, provenant de ce 

» que les épillets inférieurs d’un échantillon, et presque tous les épillets de 

» l'autre, sont géminés; circonstance qui parait avoir déterminé la description 

» ci-dessus rapportée et celle du 77. suec., et qui, sans être constante, n'est 

» pas rare dans les localités ombragées ». 

2* feuille « caninus m. pr. — d'une main étrangère : — 37. Triticum ca- 

» ninum. C'est tout à fait l'A. caninum auct. et la forme ordinaire à épillets 

» non géminés ». H. 

« E. caninus L. Deux échantillons, marqués l'un B et l'autre 37, tous les 

» deux d'Angleterre, sont bien le Triticum caninum Schrad. Un autre mar- 

» qué : Gmel. 23, est le Triticum repens; un autre marqué : Gmel. 25, est 

» PElymus sibiricus. » ! M. 

Que croire ? 
BRACHYPODIUM P. de B. 

B. silvaticum Huds. (sub: Festuca). Cette espèce, considérée par Linné 
comme fa variété 8 de son Bromus pinnatus, n'a été ni classée, ni nom- 
mée par lui dans son herbier. Un échantillon s'en trouve dans la dernière 
feuille du genre Zromus. — « Une main inconnue l'a étiqueté : — Promus 
» gracilis ». H. 

M. Munro fait la méme remarque. 

B. pinnatum L. (sub: Bromus)! P. — !H. — !M. 

B. pheenicoides L. (sub: Festuca) « manque dans l'herbier ». P. —id. M. 

B. ramosum L. (sub : Zromus) « manque dans l'herbier » P. ( Fl. ital. 
p. 220). 

« Il y a encore beaucoup de confusion sur cette plante. La Graminée décrite 

» (Mant. 3h), ex Oriente et notée : — Allioni 2233, de Scheuchzer — est le 

» Brach. ramosum R. et Sch.; l'épithéte ramosum s'appliquant à la tige. La 


SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1866. 131 


» seule plante marquée ramosus par Linné est le Bromus asper de Murray, 
» donné par Schreber ». M. 

Le nom Bromus asper aurait-il été donné par Linné (Mant. 3^) à notre 
Brach. ramosum, recu d'Orient par Schreber, puis oublié, et ensuite donné à 
la plante nommée plus tard par Murray : B. asper ? ?. 

B. distachyon L. (sub: Bromus)! P. — « ! A côté se trouve attaché un 

échantillon venant d'Angleterre, et qui est le Brach. silvaticum ». M. 


LOLIUM L. 


L. perenne L. ! P. — « m. pr. »! H. — ! M. 


L. tenue « n'est qu'une forme de Z. perenne à épi grêle et à épillets 3-4- 

» flores ». P. 
L. temulentum L. M. Hartman en mentionne trois feuilles : 

1'* feuille. « temulentum 2, m. pr., et au dos: — Zolium fatuans. Smith 
» a ajouté : — arvense. C'est en effet le Z. arvense Schrad., linicola auct. 
recent. 

2° feuille. « sans nom, mais fixée à la précédente, Linné a mis: — 1 Got- 
» land. C'est le Z. temulentum auct. 

3* feuille. Lolium temulentum, m. pr. C'est le Z. arvense Schrad. » H. 

« L. temulentum L. ! » M. 

Quelle assertion admettre ? 


NanDURUS Rchb. 


N. unilateralis L. (sub: 7riticum) « Mant. 35. Il est aussi étiqueté Nardu- 

» rus 6 dela main de Linné; et 77. subulatum, ainsi que Tr. hispanicum 

» de celle de Smith. Je crois que ce n'est qu'une forme du 77, tenellum 

» L. » — M. 

Le n° 6, qui suit le nom générique JVardurus écrit de la main de Linné, 
correspond au Festuca maritima Sp. pl. ed. 1*, p. 75, dans la description 
duquel Linné dit expressément : — Flores omnino spicati , secundi. Il y à 
donc lieu de croire que ce Festuca maritima de la premiere édition du Spe- 
cies, qui n'est plus dans l'herbier (Munro, p. 45), qui n'est plus dans le Syst., 
ed. 12*, est devenu, non pas le Triticum maritimum L. Sp. pl. ed. 2*, mais 
bien le 7r. unilaterale Mant. 35, représenté par le n° 6, et auquel d'ailleurs 
Linné rapporte (Mant. 35) la synonymie précédemment donnée au Festuca 
maritima. Là se trouve, à mon avis, la réponse à la question posée par M. Ber- 
toloni : « Quid sibi Linnæus novissime voluit in Mant. alt. p. 325, cum ex 
» Festuca maritima fecit Triticum maritimum floribus, ut ille ait, omnino 
» Spicatis, aristatis, ideo diversum a Tri. maritimo Sp. pl. ed. 2°, p. 128? 
» Res non aliter extricanda, quam inspectione herbarii linnæani » (FT. ital. I, 
pp. 815- 814). Qu'on ouvre, en effet, le Mant. alt. à la page 325, et l'on y 
verra, non pas que Linné fait de son Festuca maritima son Triticum mari- 


132 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
timum, mais qu'il justifie seulement l'insertion de cette espèce dans le genre 
TRITICUM; ce qui est très-différent. 

Le nom de NARDURUS, écrit de la main de Liuné, et employé plus tard par 
M. L. Reichenbach, comme nom d'un genre comprenant cette espèce, est 
aussi une particularité remarquable. 

N. tenellus L. (sub: Triticum) — Triticum Poa DC. — Nardurus La- 
chenalii var. a. Godr. Fl. Fr. WI, p. 617. « C'est bien le Brach. Poa R. et 

» Sch. , avec trois nervures aux glumes ». M. 

Il suit de là: 1? que Loiseleur avait eu raison de reprendre le nom de 
Linné : Irit. tenellum Fl. gall. ed. 2°, 1, p. 72; 2° que M. L. Reichenbach 
n'aurait pas dû nommer JVardurus tenellus l'espèce unilatérale, puisque Linné 
dit positivement de son 77it. tenellum : — « Spicis alternis » Sp. pl. ed. 1°, 
p. 127; 3° que cette plante étant très-distincte, à tous égards, du Tri. 
tenuiculum Lois., que M. Godron y rattache en variété, son vrai nom prin- 
ceps serait : 

Nardurus tenellus L. (sub: Triticum) (non Viv. nec Rchb., nec Godr.); 
Triticum Poa DC.; Triticum Halleri Viv. Ann. bot. 1, 2, p. 155. Fragm. 
fl ital. p. 2h, t. xxvi, fig. 1. Triticum Lachenalii Gmel. FL bad. I, 
p. 291, et IV, p. 106. Festuca Lachenalii Spenn. Fl. frib. p. 1050, etc. 


LEPTURUS R. Brown. 


L. incurvatus L. (sub: ZZgilops) et L. f. (sub: Rottbællia) ! H. — M. 

« Nardus Gangitis L. est le Lepturus incurvatus Trin. L'échantillon a été 
» recueilli à Montpellier. Une grande confusion a été occasionnée par les 
» erreurs que Linné a commises en citant les figures. La figure de Lobel, 7c. 
» p. 8^, ne représente que des feuilles, et c'est, je crois, l’ Andropogon lani- 
» ger Desf. (1); la figure de Morison, tab. 13, fig. 8, est le Ctenium ameri- 
» canum, ce qui a porté Kunth à faire du Nardus Gangitis L. un synonyme 
» de cette plante. Il est difficile d'expliquer comment le nom de Gangitis a été 
» donné à une plante récoltée dans le midi de la France, à moins qu'il y ait 
» eu quelque confusion concernant la plante de Lobel, qui est une de celles 
» regardées comme produisant le nard des anciens ». M. p. 35. 

M. Munro trouvera, j'ose le croire, la solution de la difficulté au mot Nardus 
Gangitis, dansla Note sur le Flora monspeliensis de Linné (Bull. Soc. bot. 
X, pp. 14-19); note dans laquelle je rapportais le Nardus Gangitis L. à une 
des formes du ZLepturus, qui figure en effet sous ce nom dans son herbier, ce 
que j'ignorais alors, bien que le savant travail de M. Munro, lu en avril 1861, 
füt peut-étre déjà publié. 

PSILURUS Trin. 
Ps. aristatus L. (sub: Nardus) « spécimen de Rome ». M. 


(1) Non; mais bien la partie inférieure du Triglochin palustre L. (voy. Bull. Soc. 
bot. X, pp. 14-19). 


SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1866. 133 


Je ne comprends pas pourquoi, en changeant le nom générique, Trinius à 
changé le nom spécifique, et je crois qu'il y a justice à reprendre le nom spé- 
cifique princeps. 

NARDUS L. 
N. stricta L. !P. — « m. pr. » ! H. — !M. 


Par ce qui précède, on peut voir que, sur 305 Graminées énumérées dans 
la flore francaise la plus récente, celle de MM. Grenier et Godron, Linné en 
a décrit et nommé 178, sur lesquelles 13 manquent absolument dans son her- 
bier et 165 y sont représentées. De ces dernières, 17 espèces donnent lieu à 
des déterminations si diverses, que, sans nouvel examen, il est très-difficile, ou 
plutôt impossible, de se prononcer. Les 148 espèces qui restent, et sur les- 
quelles s'accordent les savants botanistes dont j'ai reproduit les appréciations, 
peuvent se partager en deux catégories : 39 ont, en effet, d'autres espèces à 
elles mélées dans la méme feuille, et enfin 109 sont seules, chacune dans sa 
feuille, exemptes de tout mélange. 

Ainsi, le rapport des Graminées francaises actuellement connues, à celles qui 
les représentent dans l'herbier de Linné, peut étre résumé ainsi : 


Graminées françaises....,.......,.,....,.....,....,... ee. 305 
Linné en a nommé...... 2229505551050 2229222304798 


Sur lesquelles sont : 


Absentes de l'herbier............. ee... eo res 135 
Contestables ou douteuses...... s ceu. Nee Pete oo se ose eie 17 178 
Gertsines, mais avec mélange ....... i see erre SS. 7 99 
Certaines, sans mélange................ posed vsu 09 


Et comme il est probable qu'il en est à peu prés de méme pour les autres 
familles, on voit que cet herbier si précieux est encore trop souvent insuffi- 
sant pour dissiper les doutes et pour conduire à une rigoureuse détermination 
de certains types linnéens. Aussi la déception des espérances que tant de fois 
il a fait concevoir a-t-elle amené sur lui des jugements et des appréciations 
sévères. Voici en quels termes s'exprime l'auteur du Coder botanicus lin- 
næanus : « Herbarium linnzeanum sepe fallax, patris senescentis filiique Lin- 
» mei dubiis per quindecim et quod excurrit annos ab culmine linnæano 
» obnoxium, sepe specierum originalia non continet, vel e vivo descripta 
» quondam, vel sæpe in Cliffortii, Gronovii, Royeni, Burmanni, Burseri alio- 
» rumque herbariis conquirenda ; eorumque loco sæpe sæpius forsitan fovet 
» serius missa ab aliis exemplaria, male determinata ; vel prorsus caret 
» plantis vulgaribus, quas ob id ipsum nondum collegerat et exsiccaverat her- 
» barii possessor, vel earumdem loco formas habitu affines (hodie vero specie 
» distinguendas) intercalatas fovet, quas plante vulgari proxime colligendze 
» comparare voluerat, et quas ob habitum discrepantem servaverat (ut certum 
» estin Andropog. Ischæmo, etc.). In aliis contra (maxime exoticis) plantis 


434 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


» summam et genuinam auctoritatem ipsi tribuamus necesse est » (Richter, 
Cod. bot. p. xxvi). M. Godron, après avoir dit aussi que l'herbier de Linné 
est un guide souvent trompeur, ajoute : « Pour qu'on puisse, en s'étayant sur 
» cet herbier, débrouiller une question de synonymie, il faudrait s'assurer 
» d'abord que la plante dont on cherche le nom linnéen, est étiquetée de la 
» main de Linné, et qu'elle l'a été à l'époque même où il décrivait cette plante 
» dans la premiere édition du Species ; il faudrait étre certain, en outre, qu'il 
» n'y a pas eu, dans cet herbier, de déplacement d'étiquettes » (F7. de Fr. TIT, 
p. 482). Ce ne sont pas les étiquettes qui peuvent avoir été dérangées, attendu 
qu'il n'y en a pas. Linné s'est strictement conformé aux règles qu'il avait 
tracées pour la confection d'un herbier, et ses échantillons sont collés sur leur 


feuille : 
« 9. adglutinandæ ichthyocolla » ; 


le nom spécifique se trouve le plus souvent remplacé par le numéro de la pre- 
mière édition du Species, et les remarques, toujours rares, sont au verso de la 


feuille : 
« 4h. species et historica a tergo » (Phil, bot. S. xt, p. 7). 


Exiger ensuite, avec M. Godron, qu'une plante de l'herbier, pour fournir 
un témoignage authentique, ait été étiquetée à l'époque de la première édition 
du Species, est une condition trop stricte et inconciliable avec les corrections 
et les additions que Linné a introduites dans les diverses éditions de ses ou- 
vrages; corrections qu'il a eu souvent le tort de ne pas indiquer. 

Un tort plus grave, et que l'on peut reprocher à tous les botanistes du siècle 
dernier et à ceux des premieres années du vôtre, est celui d'avoir recueilli des 
spécimens incomplets et d'avoir cru qu'un seul individu d'une espéce peut la 
représenter spécifiquement. Les ópillets inférieurs, accidentellement géminés, 
d'un brin d'Agropyrum caninum paraissent, à Linné, un caractere constant, 
et lui font retirer cette plante du genre Triticum, où l'avait placée Gmelin, 
pour la mettre parmi les Elymus; « cum spiculæ inferiores sunt geminæ, a 
» Tritico removendus est » (Fl. suec. p. 29). Cette méprise eüt été évitée 
par la récolte et la comparaison d'un plus grand nombre d'individus de cette 
plante vulgaire, pris dans des localités diverses et éloignées. 

Il est, au reste, de toute évidence que ce tort était inévitable au début de 
la classification, et, qu'à cette époque, il était naturel de croire que les espèces 
vivantes sont des types absolument invariables. Il n'y avait encore ni assez 
d'observations minutieuses, ni assez de comparaisons rigoureuses, ni surtout 
assez de documents géologiques pour permettre à la pensée de concevoir l’évo- 
lution générale de la vie à travers les périodes géologiques; — de concevoir 
l'espèce vivante comme un temps d'arrét dans cette évolution, comme une 
forme stable en apparence pendant une époque géologique, mais néanmoins 
toujours modifiable dans des limites qui ne s'arrétent que là où cessent, pour 


SÉANCE DU 9 Mans 1866. 135 


les individus, les conditions de la vie; — de concevoir enfin que le caractere 
essentiel des étres vivants n'est point, comme celui du cristal, la permanence 
fixe, invariable, absolue, dans une forme arrétée, mais la propriété pour l'en- 
semble de se modifier avec les grandes modifications du globe, et, pour les in- 
dividus de chaque espèce, de se modifier avec le changement des circonstances 
ambiantes. Dès lors, on ne pouvait songer à recueillir de nombreux matériaux 
de comparaison pour soutenir ou pour combattre cette conception. 

Cette tendance à n'avoir qu'un seul représentant d'une espéce végétale était 
par-dessus tout inévitable pour le botaniste qui avait la prétention de ren- 
fermer un herbier de 6000 espèces dans une armoire haute de 7 p. 1/2 
(27,50) et large de 16 pouces (07,45); « spatium arcæ interne accurate 
» determinetur » (Phil. bot. p. 291). Mes Graminées de France, où man- 
quent encore hélas! tant de termes de comparaison, occupent plus de trois 
fois ce volume ! 

Mais, quoi qu'il en soit, et tel qu'il est, l'herbier de Linné fournirait de 
précieux renseignements s'il était complétement étudié et connu, ou au moins 
si les auteurs de notices partielles étaient d'accord entre eux. M. Munro parait 
avoir laissé de cóté les travaux de ses devanciers, et, malgré tout ce que son 
travail a. d'excellent, ses appréciations, si différentes d’appréciations anté- 
rieures qu'il ne cite ni ne critique, engendrent un doute pénible et presque 
décourageant. Aprés avoir répété avec Richter: « Nondum eruditis plena 
» quaedam et peculiaris notitia de hoc herbario exhibita est ab Anglis », avec 
lui aussi, nous appellerons de tous nos vœux un examen complet et une étude 
définitive de ce grand document scientifique : « Forsan serior ætas hujus col- 
» lectionis monographiam , ubique opera linnæana et criticam sanam sine 
» partium studio respicientem, aliquando videbit » (Cod. bot. p. XXVII). 


A l'oecasion de cette communication, M. Brongniart fait remar- 
quer combien il est regrettable que l'on n'ait pas encore songé à 
publier un simple catalogue de l'herbier de Linné. 


SÉANCE DU 9 MARS 1866. 
PRÉSIDENCE DE M. LE COMTE JAUBERT. 


M. Roze, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la 
séance du 23 février, dont la rédaction est adoptée. 

M. le Président annonce une nouvelle présentation. 

Lecture est donnée d'une lettre de M. Tourlet, qui remercie la 
Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. 


136 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
Dons faits à la Société : 


4° Par M. A. Landrin : 
Lettres de la Quintynie, sur la culture des Melons, traduites de l'an- 
glais. 
2 De la part de M. Godron : 


Mémoire sur la pélorie des Delphinium. 
Observations sur les bourgeons et sur l'inflorescence des Papilionacées. 


3° De la part de MM. Vilmorin-Andrieux : 
Extrait des catalogues et supplément aux catalogues de cette maison, 
1866. 


h° De la part de la Société d'horticulture et de botanique de 
l'Hérault : 
Annales de cette Société, t. V, 1865, nn. 3 et 4, et table du t. IV. 


5° En échange du Bulletin de la Société : 


Wochenschrift fuer Gærtnerei und Pflanzenkunde, 1866, quatre nu- 
méros. 

Erster Bericht der oberhessischen Gesellschaft fuer Natur- und Heil- 
kunde, 1865. 

The Gardeners chronicle, 1866, deux numéros. 

Pharmaceutical journal and transactions, mars 1866. 

Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation, janvier 
1866. 

L'Institut, février et mars 1866, deux numéros. 


M. le Secrétaire général rappelle à la Société la perte bien regret- 
table qu'elle a faite dans la personne de M. le pasteur Magnan, et 
donne lecture de la note nécrologique suivante : 


LE PASTEUR JACQUES-PIERRE MAGNAN. 


Né à Orange (Vaucluse) le 12 janvier 1792, M. Magnan se destina de 
bonne heure au ministère évangélique. Après avoir passé quelques années à 
Genève, à une époque où cette ville était encore le rendez-vous des grandes 
illustrations de l'Europe (1812-1816), et d'où il rapporta de précieux souve- 
nirs dont le récit a longtemps charmé ses amis, il vint terminer à Montauban 
ses études théologiques. 

A peine sorti des bancs de notre Faculté, il dut à ses qualités personnelles 


SÉANCE DU 9 MARS 18606. 137 
et à des dons brillants pour la chaire, d’être appelé, par le vœu enthousiaste 
de la population, à desservir l'Église de Montauban, et de s'allier bientôt après 
à l'une des familles les plus honorables de cette ville. Le souvenir et les succes 
de sa prédication sont encore vivants dans bien des mémoires. Il fut l'un. des 
premiers de son temps dans l'art de bien dire. Malheureusement, une santé 
délicate ne lui permit pas de cultiver et de développer son talent de prédica- 
teur ni de supporter les fatigues d'un ministère qui embrassait la ville et une 
banlieue considérable. 11 dut partager de bonne heure, avec des suffragants, 
des travaux qu'il ne pouvait porter seul, et il résigna volontairement, en 1856, 
une charge qu'il avait brillamment et fidèlement remplie pendant sa jeunesse 
et une partie de son âge mûr, et qu'il a toujours honorée par son caractère. 

Les travaux intellectuels étaient sa jouissance de prédilection. 11 avait des 
piués éloquentes pour ceux qui ne les connaissent pas ou qui les dédaignent. 
L'histoire, la littérature, l'éloquence de la chaire, l'anecdote, ornaient tour à 
tour sa mémoire, l'une des plus heureuses que nous ayons connues. Mais les 
diverses branches de l'histoire naturelle, pour laquelle il montra dès sa jeu- 
nesse une aptitade remarquable et un irrésistible penchant, occupèrent plus 
particulièrement ses loisirs. Tous les hommes compétents qui ont eu avec lui 
quelques relations, botanistes, entomologistes, géologues, etc., ont pu appré- 
cier l'étendue et la variété de ses connaissances, et cet esprit si distingué, si 
sain, si orné, qui lui assignaient un rang honorable parmi les notabilités litté- 
raires et scientifiques de nos contrées, et qui lui avaient ouvert les portes de 
l'Académie de Montauban. 

Membre de la Société botanique de France, il en suivait assidüment les 
travaux et, bien que septuagénaire, il prenait part, avec une ardeur juvénile, 
à ses voyages d'herborisation. 11 laisse des collections de plantes rares, prépa- 
rées avec soin, et dignes d'un grand intérét. 

Modeste comme tous les vrais savants, M. Magnan n'étalait pas ses tré- 
sors, mais il se faisait un généreux plaisir de les répandre dans ses entretiens, 
et sa parole était une bibliothèque vivante, toujours ouverte à ses amis. Dans 
cette branche de l'histoire naturelle, qu'il cultivait de préférence depuis plu- 
sieurs années, et qui touche par tant de points aux questions religieuses , la 
géologie, il savait distinguer, avec un discernement exquis ct une critique 
intelligente des faits, le vrai du faux, la réalité de l'hypothèse, et jamais les 
vérités essentielles du christianisme n'ont recu de la science moderne la 
moindre atteinte dans son esprit. Sa conception élevée et toute spiritualiste de 
l'Évangile et la fermeté de ses principes moraux étaient au-dessus et parfai- 
tement indépendantes des théories qui sont nées aujourd'hui de l'étude pas- 
sionnée de la matiere. 

Il est regrettable que M. Magnan n'ait rien écrit. La tension d'esprit 
qu'exigent la conception et l'exécution d'un ouvrage quelconque était au-des- 
sus de ses forces, ou plutót incompatible avec un tempérament qui ne lui per- 

E. XIIE (séances) 10 


138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


mettait pas des travaux suivis et absorbants. Le méme motif l'a empéché de 
donner un cours public de botanique, que lui ont souvent demandé ses col- 
légues de la Société des sciences de Montauban. 

Mais si M. Magnan ne nous a légué aucun monument écrit de son savoir, il 
laisse dans notre ville un vide que sentiront vivement tous les esprits cultivés; 
et, dans le cercle de sa famille et de ses amis, d'ineffacables et bien précieux 
souvenirs. Il avait parcouru sa carrière d'homme; il avait atteint la vieillesse ; 
et, resté jusqu'à la fin jeune de cœur et d'esprit, chrétien et savant, il est 
mort presque subitement le 1°" février dernier, emportant l'estime, les regrets 
et l'affection de tous ceux qui ont pu apprécier son caractére et son savoir. 
Puisse-t-il, dans le séjour de la paix qu'il habite, recueillir cet hommage 
public d'un ami reconnaissant, l'un de ceux qui l'ont le mieux connu et le 


plus aimé ! 
J. CRUVELLIÉ, 
Pasteur de l'Église réformée de Montauban. 


M. Roze, vice-secrétaire, donne lecture de la communication 
suivante, adressée à la Société : 


NOTE SUR UN CAS PARTICULIER DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE, 
rar M. Éd. ANDRÉ. 


(Passy, 25 février 1866.) 


ll y a trois ans, les serres de la ville de Paris, à la Muette, reçurent de 
M. Linden, le savant directeur du jardin zoologique de Bruxelles, une nou- 
velle Aroidée à grand feuillage. Elle arrivait en droite ligne des bords du Rio- 
Negro, où l'avait découverte le collecteur M. Wallis. 

M. Linden l'avait nommée Caladium auritum. Le nom se fondait sur uu 
appendice en forme d'orei/le, invariablement inséré sur la partie inférieure de 
la nervure médiane des feuilles, depuis la moitié du limbe jusqu'à son sommet. 
L'échantillon envoyé présentait, en effet, cette curieuse monstruosité. Nous 
pensions qu'elle avait pu être accidentelle, et qu'avant de consacrer le nom, 
il serait utile d'observer si les autres feuilles se développeraient de méme, et si 
la descendance par division suivrait aussi cette loi, 

Il y avait là, si l'anomalie persistait, plus qu'un simple accident de térato- 
logie végétale, plus qu'une simple phyllomantie accidentelle, et le fait valait la 
peine d'étre soumis à l'étude. 

Or, l'anomalie persista. A l'heure qu'il est, nous possédons une douzaine de 
jeunes pieds qui présentent le méme phénoméne que la mére, méme sur les 
plus petites feuilles. Sous le limbe, à partir du milieu environ, la cóte médiane 
s'entr'ouvre et donne passage à un, puis deux organes foliacés, contigus 
d'abord, et s'étalant enfin comme les deux cótés d'un limbe de feuille. Ils sont 


SÉANCE DU 9 MARS 1866, 139 
d'une contexture, d'une couleur et d'une forme semblables à la feuille elle- 


OS 


méme, mais plus tourmentés, recroquevillés et présentant la nervation habi- 


140 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
tuelle, déformée toutefois sur quelques points. Ces appendices, à l'état adulte, 
s'appliquent presque exactement sous le limbe de la feuille (fig. 1, n^ 1). 

Parfois la monstruosité se complique et devient à son tour prolifere. 1l y a 
un dédoublement de la nervure médiane de l'appendice, et un nouvel organe 
identique vient s'appliquer sur le premier (fig. 4, n° 2). Ce qu'il y a de remar- 
quable dans ce cas, c'est que la face inférieure de l'appendice est opposée 
exactement à la face inférieure de la véritable feuille. On le reconnait par la 
couleur plus pále du dessous du limbe. Les deux mémes teintes se trouvent donc 
en face l'une de l'autre. De plus, le dédoublement nouveau ne suit plus cette 
loi d'opposition. Il est normalement inséré (fig. 2, B), c'est-à-dire que la face 
inférieure est opposée à la face supérieure du premier appendice, et si de 
nouveaux organes identiques s'en échappaient, il est probable que leur inser- 
tion serait celle-ci. D'autres fois, au licu d’être exactement appliqué sur le 
dessous du limbe, l'appendice s'en écarte et retombe en languette (fig. 1, 
n° 3). 

Nous avons vu, sur les jeunes feuilles des pieds venant d’être multipliés par 
œilletons, une autre disposition non moins singulière. L'évolution n'a pas lieu 
ici de la méme manière. Les organes appendiculaires en question ne naissent 
plus par superposition, mais par juxtaposition. Deux petits cornets, insérés 
sur la côte médiane, à 1 centimètre de distance, se développent l'un près de 
l'autre, et gardent cette forme pendant toute la vie de la feuille. Ils ressem- 
blent assez au godet formé par le labelle des Cypripedilum (fig. 2, A). 

Il est probable que là ne s'arréterait pas le nombre des formes que l'on 
pourrait constater de cette curieuse anomalie de position, ou exfopies, comme 
on dit dans la tératologie animale. Leur développement peut se faire de diffé- 
rentes manières, et leur insertion ou plutôt leur ezsertion (comme disait plus 
correctement M. De Candolle), qui a déjà varié, pour nous, quatre fois, sur 
une dizaine de feuilles que nous avons pu examiner, mérite d’être étudiée 
davantage, et variera bien plus encore sans aucun doute. 

Ce qui nous a semblé le plus intéressant dans ce cas de pAyllomante, c'est 
sa persistance sur toutes les feuilles d'une plante et de sa descendance; c'est 
de plus son origine toute naturelle, puisque la plante a été envoyée en cet état 
de sa patrie à M. Linden. Il faut ajouter que c'est la premiére fois, à notre 
connaissance, qu'une Aroidée présente ce phénoméne, observé jusqu'ici seule- 
ment dans des Dicotylédones. M. Moquin-Tandon indique, comme phénomènes 
du même ordre, mais éloignés cependant par leur disposition, des monstruo- 
sités de nombre ou chorises simples, observées sur des feuilles de Nerium, 
Scabiosa, Cerastium, Syringa, Tilia, Laurus, Ulmus, Trifolium. 

Les deux seuls cas que nous connaissions dans les Monocotylédones se rap- 
portent : l'un, à la Parisette (Paris quadrifolia), dont nous possédons en 
herbier un exemplaire recueilli dans le département du Cher, et qui offre 
dans toutes ses parties la disposition quinaire: cinq feuilles, cinq sépales, cinq 


SÉANCE DU 9 Mans 1860, 144 


pétales, cinq étamines ; l'autre a été fourni par un Calla palustris à double 
spathe. Mais il n'y avait là qu'une simple augmentation de nombre et non pas 
un écart de position aussi considérable. D'ailleurs, ces anomalies ne se présen- 
taient que sur une seule partie de la plante, dont le reste était normal. 

Dans un récent voyage à Paris, M. le docteur Karl Koch visita les serres de 
la Muette. On lui montra notre Caladium auritum. T le reconnut pour l'avoir 
vu au Jardin de Berlin, plusieurs années, disait-il, avant son envoi à M. Linden. 
Il fallait de plus, ajouta-t-il, changer ce nom inexact en celui de Xanthosoma 
appendiculatum. 

Or, il ne nous appartient pas de suspecter la déclaration d'un botaniste de 
la valeur et du caractère du docteur Koch, mais nous avouons être fort étonné 
de cette introduction, à deux reprises différentes, de plantes d'une méme 
espèce portant le méme caractère monstrueux. 

Quant à la rectification de nom, notre plante est, en effet, un Xanthosoma, 
distinct des Caladium par une tige toujours sensible et parfois élevée, des 
feuilles sagittées et non peltées, et des pédoncules sortant plusieurs d'une méme 
aisselle. Mais ce n'est pas le X. appendiculatum de Schott, espèce distincte 
surtout par la brièveté des lobes postérieurs du limbe et les côtes postérieures 
plus ou moins mises à nu par la profondeur des lobes. 

Celle curieuse plante assurément n'est pas une espèce. Elle nous parait 
bien plutôt appartenir au Xanthosoma atrovirens K.Koch, originaire des 
mêmes régions, et dont elle ne serait qu'un accident remarquable plutôt au 
point de vue botanique qu’au point de vue horticole. Le type, que nous possé- 
dons et qui constitue l'une de nos espèces les plus ornementales, offre un 
feuillage vert-noir trés-remarquable, dont la teinte se trouve reproduite exac- 
tement sur les échantillons porteurs de la monstruosité signalée. 


A propos de la transmission par descendance du phénomène téra- 
tologique, signalée par M. André, M. de Scheenefeld fait remarquer 
qu'il ne s'agit que d'une descendance par bourgeons ou boutures, 
et non par graines. 

M. Eug. Fournier dit qu'il n'y arien de semblable au cas observé 
par M. André dans le Traité de Tératologie végétale de Moquin- 
Tandon. 

M. Chatin présente à la Société un tableau sur le fond duquel est 
collée une préparation de diverses matières végétales qui ont été 
détachées des parois de l'égout collecteur d'Asniéres prés Paris. 

M. le Président croit reconnaitre dans quelques parties de cette 
préparation la présence d'un /tAzzomorpha. M annonce que le ta- 
bleau sera d'ailleurs examiné de plus prés. 


142 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


M. Louis Bouvier (d'Annecy) fait hommage à la Société de la pre- 
miére partie de son travail intitulé : Topographie botanique de la 
chaine des Aravis, en Savoie, présentement en cours de publication 
dans le Journal de la Société Florimontane d' Annecy : 


Il donne quelques détails sur la fondation de cette Société, instituée sous les 
auspices de saint François de Sales, et trace un tableau pittoresque de la 
chaine, dite des Aravis, dont les vallées, notamment celle du Reposoir, offrent 
dans l'ensemble de leur végétation une sorte d'intermédiaire entre la flore 
caractéristique de la grande chaine granitique et celle de la chaine calcaire. 


M. Chatin rappelle à cette occasion que le Mont-Brizon a été l'un 
des points les plus intéressants qu'il ait explorés dans son excursion 
en Savoie. Il demande à M. Bouvier si la végétation du Reposoir 
differe de celle du Brezon. 

M. Bouvier répond que l'on retrouve au Reposoir la plupart des 
plantes du Brizon ; mais que l'ensemble de la végétation y est in- 
comparablement plus riche ; qu'il se réserve d'ailleurs d'en signaler 
dans son travail toutes les espèces intéressantes. 

M. Goumain-Cornille met sous les yeux de la Société un grand 
dessin représentant (d'aprés des photographies) les divers aspects 
des gigantesques Sequoia de la Californie, et donne lecture de ce 
qui suit : 


ÉPISODES D'UN VOYAGE EN SAVOIE ET DANS LE NORD DE L'ITALIE, RELATIFS A LA 
LONGÉVITÉ DE CERTAINS ARBRES, par M. A. GOUMAIN-CORNILLE. 


Les boulevards de Nice sont plantés d'Acacias et de Platanes. Le Platane 
oriental y croit avec une rapidité surprenante, comme à Chambéry et dans toute 
l'Italie septentrionale. Il a des formes plus carrées qu'à Paris. 

Je ne puis voir ces beaux arbres sans penser à un fait resté dans ma mé- 
moire : il est cité par Élien et se rapporte à Xerxés. Le Platane oriental, on 
le sait, est originaire de l'Asie-Mineure. L'armée perse, composée de soldats 
de toute origine, s'avancait exercant des ravages, rasant les maisons ou les 
brülant, abattant les arbres, faisant enfin ce que les armées modernes se sont 
plus d'une fois permis, lorsqu'elles voulaient imprimer l'épouvante en pays 
ennemi. 

Le monarque, en véritable fils des Aryas, avait le sentiment de la nature ; 
il aimait les arbres. Ne pouvant arréter la fureur des soldats, il donna l'ordre 
de respecter les végétaux, sinon les hommes, et fit placer au pied d'un véné- 


SÉANCE DU 9 Mans 1866. 143 


rable Platane, dix fois séculaire, une sentinelle choisie dans la légion des im- 
mortels, ainsi nommée parce qu'on y remplacait immédiatement tout homme 
tombé sur le champ de bataille. Le Platane, ainsi préservé, conserva long- 
temps le nom d'arbre de Xerzés. : 

On peut, sans trop donner carrière à l'imagination, conjecturer que le Pla- 
tane de Xerxès est encore vivant sous le nom de Platane de Godefroi de 
Bouillon. En effet, lorsqu'il négociait avec l'empereur grec Alexis, en défiance 
contre les croisés, Godefroi de Bouillon, aprés de fatigantes journées de dis- 
cussion avec ce prince, aimait à aller se reposer, le soir, sous son ombrage. 

M. Charles Martins l'a décrit dans son très-intéressant mémoire de 1858, 
intitulé : Promenade botanique le long des côtes de l’Asie-Mineure, de [a 
Syrie et de l'Égypte. 

Ce Platane se trouve à Bujugdérê, village du Bosphore, dont la situation est 
ravissante. Xerxès, cela est certain, s'arrêta aux environs de la localité. Le 
végétal, ou plutôt la réunion de neuf Platanes soudés, forme trois groupes 
très-rapprochés, et de proportions colossales. 

« En commencant par l'est, dit M. Martins, on voit d'abord deux troncs réunis, 
» ayant, à 1 mètre au-dessus du sol, une circonférence de 10",80. Le feu y a 
» creusé une cavité de 5 metres d'ouverture; puis vient un tronc isolé dont 
» le pourtour est de 5,40. Le dernier groupe se compose de six troncs réunis, 
» formant une ellipse courbe dont la circonférence est de 23 metres, savoir : 
» 13 mètres pour l'arc extérieur, 10 mètres pour l'intérieur, qui est concen- 
» trique au premier. Cet énorme tronc était aussi creusé par le feu; un cheval 
» se trouvait à l'aise dans la cavité qui lui servait d'écurie. J'estimeà 60 mètres 
» environ la plus grande hauteur du massif. La projection de la cime sur le 
» sol couvre une surface irrégulière de 112 mètres de pourtour. Quelques 
» branches mortes dépassent le dóme de feuillage, mais de longues branches 
» vivantes retombent de tous côtés, chargées de feuilles plus découpées que 
» celles du Platane d'Occident. C'est à la fois une merveille botanique et un 
» arbre à enchanter un paysagiste. Théophile Gautier l'appelle non pas un 
» arbre, mais une foret. Son instinct de poëte ne l'a pas trompé. Ce mot forêt 
» peint l'impression produite par ce géant; en réalité, c'est un massif dont le 
» tronc semble unique, quoique multiple en réalité. » 

Rien de surprenant dans la longévité du Platane de Xerxès, s'il est bien le 
méme que le Platane de Godefroi de Bouillon. Il y a des exemples de vie végé- 
tale beaucoup plus longue. Les Châtaigniers du mont Etna, dont Pline le natu- 
raliste a donné une si curieuse description, et qui, de son temps, étaient déjà 
de puissants végétaux, sont encore en pleine vigueur. On les reconnait sans 
peine aux caracteres particuliers décrits par Pline. Il n'y a pas à s'y tromper. 
Aucun naturaliste ne s'est inscrit en faux contre l'assertion, vingt fois renou- 
velée, qu'en les contemplant, on a devant les veux les Châtaigniers de Pline le 
naturaliste. 


144 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Les Sequoia de la haute Californie, nommés par gloriole patriotique Wel- 
lingtonia par les Anglais, Washingtonia par les Américains du Nord, sont 
bien autrement vieux que le Platane de Bujugdéré et les Chátaigniers de 
l'Etna, qui sont des nains en comparaison. Plusieurs de ces énormes végétaux 
ont 120 mètres de hauteur, et leur circonférence est en proportion. 

Le savant général, docteur Nelson, nous a raconté que, voyageant dans Pin- 
térieur de la Californie dans les premiers temps de la colonisation de cet 
État, il fut surpris par un violent orage. La contrée était déserte. Il aurait 
fallu franchir 150 kilomètres peut-être pour trouver une habitation. Il dut 
chercher un refuge dans le tronc d'un Sequoia creux, dont l'ouverture res- 
semblait à une porte cochère. Ses compagnons, au nombre de quinze, et les 
sept mulets porteurs du bagage de la petite caravane, trouvèrent un abri com- 
mode dans la cavité du végétal. On pouvait s'y promener. Il y avait écurie 
pour les bétes de somme, chambre spacieuse pour les hommes, et méme une 
cuisine. Bien des gens y avaient déjà cherché refuge. Un fover, formé d'une 
vaste pierre plate, y avait été établi avec une sorte de cheminée constituée 
au moyen d'un Sapin creux, qui, placé au-dessus du foyer, allait sortir par 
une ouverture supérieure en forme de fenétre. 

Le général-docteur et ses amis y passèrent la nuit fort agréablement. 

Avant de continuer sa route, le docteur Nelson, dont l'esprit était tourné 
vers les idées gaies, fit placer une planche au-dessus de l'entrée de la cavité 
du Sequoia, avec cette inscription : Washington's imperial house, en fran- 
cais : Hótel impérial de Washington. 

Le fait nous a été confirmé par M. Lorquin, naturaliste voyageur, dont les 
mémoires ne tarderont pas à paraitre. 

M. Jules Marcou, également naturaliste vovageur, qui a fait, dans ces der- 
niers temps, une carte géologique de la terre, et a retrouvé en Amérique les 
couches jurassiques, est entré à cheval dans la cavité d'un autre Sequoia tombé, 
oü, malgré sa haute taille, il. s'est promené, toujours à cheval, l'espace de 
30 métres. 

Une douzaine de Sequoia vivants, de non moins grandes dimensions, for- 
ment un énorme bouquet autour du géant renversé. Ils sont pleins de vigueur, 
et si la main des hommes les respecte, ils paraissent devoir fournir une carrière 
indéfinie. Le moindre des Sequoia vit depuis plus de quatre mille ans. 

Au moment où nous écrivons ces lignes, on nous communique une litho- 
graphie fort bien faite et qu'on n'aurait pu assurément mieux réussir à Paris, 
qui représente une vue photographique d'un bois de Sequoia situé dans le 
comté de Calaveras, en Californie. La lithographie sort des presses de San- 
Francisco. Elle a pour titre: THE MAMMOTH TREE GROVE, CALAVERAS CO. 
CALIFORNIA, AND ITS AVENUES (Bois des arbres géants du comté de Cala- 
veras, Californie, et ses avenues). C'est une succession de quatorze dessins 

représentant chacun un coin du paysage. Il n'y a rien là de fantaisie, puisque 


SÉANCE DU 9 Mans 1866. 145 


ce sont des vues photographiques. On voit un Sequoia dont la cavité porte 
le nom de cabine des pionniers. Cet arbre a 13 mètres de diamètre; il est 
encore haut de 40 mètres. La cime a été enlevée par un ouragan. Un autre 
Sequoia, dont la cavité porte le nom de cabine des mineurs, est représenté tel 
qu'il existait en 1855. Sa circonférence est de 28 mètres, et sa hauteur de 
92 mètres. Un troisième, renversé, s'appelle the old dominion and uncle 
Tom's cabin (le vieux chef et cabine de l'oncle Tom). On trouve la mère de la 
forét telle qu'on la voyait en 1855. Elle a été renversée, en 1861, par une 
épouvantable tempête. La mère de la forét a 30 mètres de circonference à la 
base. L'écorce mesure 6 mètres, si on la prend à la hauteur de 28 mètres. 
L'élévation du végétal géant était de 107 métres; or le sommet du Panthéon 
est seulement à 83",05 au-dessus du pavé de la place. On a construit un 
hôtel très-élégant et très-fréquenté près de la forêt, sur le point où l'on peut le 
mieux jouir du beau spectacle de cette merveille de la nature. L'Aótel Sperry 
est sur le modele américain, c'est-à-dire digne de figurer à cóté de ces prodi- 
gieux Sequoia. On voit une longue caravane de gens à cheval, conduisant une 
file de chameaux récemment importés de la Bactriane pour le service des sen- 
tiers de la Szerra- Nevada, se diriger vers l'hôtel. La mère et le fils sont deux 
autres Sequoia non moins remarquables ; ils ont, l'un 105 métres, et l'autre 
100 mètres de hauteur; leur circonférence réunie donne 31 mètres. Il ne 
faut point parler du père de la forêt, naturellement plus extraordinaire que la 
mére de la forét. Ce malheureux géant git à demi brülé et couvre encore un 
espace immense. Le grand arbre a été scié. Originairement, il avait 32 mètres 
de circonférence et 100 mètres de haut; une échelle de meunier de vingt-huit 
marches vous permet de monter sur une section de tronc. On donne quelque- 
fois des bals sur la base de l'arbre coupé. Trente couples de valseurs y pren- 
nent à leur aise leurs ébats; une galerie a été ménagée pour les spectateurs 
et les dames qui font tapisserie. Le Sperry’s hotel organise ces bals pour ses 
hótes. - 

En présence de tels faits authentiques, l'esprit reste étonné. On a devant 
les yeux des végétaux antérieurs aux temps historiques, et dont beaucoup 
vivront encore plusieurs milliers d'années, si le grand destructeur, qui est 
aussi le grand producteur, l'homme, a le bon sens de les respecter ? Qu'est. la 
vie humaine en comparaison ? Mais l'homme a la vie pleine, entière, la vie de 
l'intelligence ; elle est courte, sans doute, mais elle se continue par sa posté- 
rité. Il a, de plus, une âme immortelle ; ses œuvres se transmettent et sa 
mémoire ne se perd pas s'il a rendu des services à l'humanité. Ne nous plai- 
gnons donc pas de notre sort. L'éternelle sagesse a tout pesé, tout combiné en 
vue du plus grand bien ; chaque étre a sa mission sur cette terre. 

Le globe que nous habitons est un atome dans l'immensité. Faibles êtres 
d'un jour, nous nous agitons pour des intéréts qui nous paraissent immenses ; 
comme si notre vie était trop longue, nous nous détruisons les uns les autres 


146 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


par la guerre, par la concurrence, par nos passions, nos vices. Les meilleurs, 
pour vivre, aspirent à mourir, Le plus beau jour de leur vie est encore celui 
où ils la quittent, afin de se réunir au Créateur et de connaitre enfin les secrets 
de l’Éternité. 

A propos du Platane de Xerxés cité par M. Goumain-Cornille, 
M. le Président fait remarquer qu'il existe une différence essentielle 
entre les arbres énormes (Platanes ou Chátaigniers) du bassin de 
la Méditerranée et les gigantesques Conifères de la Californie, les 
uns se composant d'un groupe de troncs réunis, les autres n'ayant 
qu'un tronc unique. 

M. Eug. Fournier présente les observations suivantes : 


Il fait remarquer, à propos de la longévité de certains arbres, que quelques- 
uns d'entre eux ont dû leurs noms anciens précisément à leur durée. Ainsi le 
nom de lI (Taxus baccata), en vieux français Æuves, en ancien allemand 
Iwa, en espagnol et en portugais Zva, a été rapporté par les linguistes au latin 
ævum et au grec aio». Dans l'idiome de la Basse-Bretagne, le Cyprès est 
. nommé Hivi ou Jvi. C'est surtout en Orient que la longévité des arbres a été 
remarquée des populations, qui en faisaient l'objet d'un culte religieux. On 
sait qu'un des grands arbres de l'Himalaya est nommé, dans les Védas, Deva- 
daru (1), c'est-à-dire arbre sacré; ce nom a été appliqué en général, depuis 
Roxburgh, au Cedrus Deodara; M. Cleghorn, écrivant à Calcutta, ap- 
plique au contraire le nom de Devadaru au Cupressus torulosa (2). Les Per- 
sans, qui donnaient au Cyprès le nom de Dév-dar, terme évidemment dérivé 
du sanscrit, regardaient le berceau de feuillage formé par les arbres comme un 
temple sous lequel Zoroastre avait enchainé les dévs, c'est-à-dire les dé- 
mons (3). C'était sous l'ombrage des arbres que les rois étaient sacrés dans 
l'ancienne Arménie (A). 


M. Lefranc fait à la Société la communication suivante : 


ÉTUDE BOTANIQUE, CHIMIQUE ET TOXICOLOGIQUE SUR L'ATRACTYLIS GUMMIFERA, 
pr Ml. Edmond LEFRANC. 


Radix et receptaculum aqua ebulliente coctum cum 
butyro et oleo mixtum, optimum præbet nutrimentum. 
(Dzsr. Flora atlantica, t. II, p. 252.) 


L'Atractylis gummifera L. (Carlina gummifera Less., Acarna gummi- 


(1) Le terme sanscrit daru (prononcez darou), qui signifie arbre en général, a été 
plus spécialement appliqué au Chêne dans Jes langues indo-européennes dérivées du 
sanscrit, et nous a valu les Dryades et les Druides. 

(2) Voyez le Bulletin, t. XII (Revue), p. 74. 

(3) D’après M. le professeur Schefer, Dév-dar signifie qui garde les dévs. 

(A) Voyez Lajard, Recherches sur le culte du Cyprés, dans les Mémoires de l'Académie 
des inscriptions et Lelles-lettres, 1854, t. XX. 


SÉANCE DU 9 Mars 4866. Ah7 


fera Brot.) est une espèce répandue sur tout le pourtour européen et algé- 
rien du bassin de la Méditerranée — la côte de France exceptée — et dans 
toutes les grandes iles de cette mer; elle habite aussi toute la partie sud de 
l'Espagne, la cóte marocaine en regard , et tout le Portugal méridional depuis 
Coimbre (1). 

En Algérie (2), cette plante se rencontre dans toute l'étendue de la région 
littorale et du Tell, tant en plaine qu'en montagne, à partir du niveau de la 
mer jusqu'aux sommets du Tababor et de l'Ouarensenis, c'est-à-dire à des 
altitudes de 1500-1900 mètres. Si, dans l'est, elle se montre encore dans les 
plaines de la région montagneuse supérieure, comme à Batna, elle n'apparait 
pas au milieu des steppes (hauts-plateaux) de la province de l'ouest. Par contre, 
le littoral et le Tell de cette partie de l'Algérie en sont abondamment pourvus; 
et, là, elle prend un développement qu'elle n'atteint pas dans les régions cor- 
respondantes de la province de Constantine. Espèce rustique, elle s'accom- 
mode de tous les terrains ; toutefois, un sol meuble et profond, argilo-arénacé, 
parait étre son milieu de prédilection. 

On sait l'intérêt qui s'est attaché à l'A tractylis gummifera (3) ; les annales 
des sciences médicale, chimique et botanique, ont enregistré des faits d'obser- 
vation qui établissent unanimement : que la racine de cette plante, sous des 
dehors de racine alimentaire presque séduisants (pour des estomacs affamés, 
soit dit en passant), cache un principe toxique mortel pour l'homme; que, au 
contraire, les nervures des feuilles et le réceptacle sont susceptibles de fournir 
un aliment sain ; enfin, le dernier mot n'est pas dit sur les rapports d'identité 
que cette espèce présenterait avec tel ou tel Cham«leon des anciens. 

Les recherches chimiques et toxicologiques que j'ai été conduit à entre- 
prendre sur l'A£ractylis, à l'occasion d'affaires criminelles dans lesquelles 
j'avais été appelé à témoigner comme expert, par-devant les tribunaux civil et 
militaire dela subdivision de Mostaganem, bien que poursuivies dans l'igno- 


(1) Portugal (Brot.); Tanger (Salzm.); Espagne méridionale (Boiss., Monard); royaumes 
de Murcie et de Valence (Cav.); Algérie (Desf.); royaume de Naples (Tenore); Sardaigne 
(Moris); Sicile (Guss., Coss., Zeyher); Grèce (Sibth., Dumont d'Urville, Heldreich); Crète 
(Sieber). 

(2) Stations algériennes reconnues : La Calle (Lefr.); Bône (Mutel); Djebel Edough 
(Coss.); Guelma (Krem.); Philippeville (Coss.); Constantine (Choulette, Bové, Coss.); Batna 
(du Colombier, Coss.): Djurdjura : Djebel Tafertous, Tababor, Drah-el-Mizan (Coss.); Aumale 
(Charoy); Alger (Jamin), Bouzareah (Coss.); Boghar (Debeaux, Coss.); Milianah (Coss.); 
Teniet-el Haad (Coss.); Djebel Ouarensenis (Coss.); Tiaret (Delestre); Mostaganem (Ba- 
lansa, Lefr.); le Sig (Durando); Sidi-bel-Abbés (Krem. Lefr.); Oran (Coss.). 

(3) Mémoires de la Société physique de Genève, VI, 1833, p. 27 : Note de Macaire 
sur la gomme de l'Atractylis gummifera. — Comptes rendus de l’Académie des sciences, 
1838, p. 340 : Communication d'un médecin d'Athénes sur un cas d'empoisonnement 
par la r:eine de l'Atractylis gummifera; et 1854, p. 1055 : Note de M. Commaille sur 
les propriétés toxiques de cette racine. — Bulletin de la Société botanique de France, t. V, 
pp. 692 et 706: Notes de M. J. Gay sur les propriétés toxiques de la racine de l’Atrac- 
tylis gummifera. — Recueil des mémoires de médecine et de pharmacie militaires, 3° tri- 
mestre, 1864 : Nouvelle note de M. Commaille. 


118 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

rance des notes déjà publiées sur cette plante, ne font pas — j'ai pu m'en 
assurer sur les indications de mon ami le docteur Fournier — double emploi. 
Je demanderai donc à la Société la faveur de lui en faire part. Mais, avant 
d'exposer les résultats de ces recherches, me sera-t-il permis, eu égard aux 
intéressantes particularités de l'histoire et des propriétés de l'Atractylis, de 
présenter quelques observations sur certains points de la magistrale description 
que l'illustre auteur du Flora atlantica a donnée (t. II, p. 252) de cette espèce 
sous le nom d' Atractylis gummifera, et de faire suivre cette discussion de 
quelques développements sur les caractéres physiques et botaniques de la 
racine de cette plante? 


PREMIER POINT. — Radix fusiformis, 3 decim. , crassitie digiti aut pol- 
licis,.... Folia....., sepe 3-6 decimetr. longa. 


Avec une végétation foliacée de ce développement, lAfractylis présente 
ordinairement une racine d'un diamètre de 4-6 centim., pour une longueur 
de 5-6 décim. Comment, en effet, se représenter comme fusiforme une racine 
qui, longue de trois décimétres, n'aurait que la grosseur du doigt ou du 
pouce? Ces dimensions de volume ne peuvent appartenir qu'à une racine de 
l'année ou d'un sujet adulte trés-chétif. Dans les conditions de végétation les 
moins favorables, la racine de l’Atractylis est rarement aussi grêle. 

Cependant Desfontaines a vu la plante dans l'ouest de l'Algérie, là où elle 
est particulièrement abondante et de riche végétation, où ses racines atteignent 
communément la grosseur du bras et parfois celle de la jambe. Comment donc 
le fait de ce remarquable développement de la racine chez une herbe vivace | 
de cette apparence a-t-il pu échapper à l'observation de l'illustre maitre ? 
Probablement, il y a eu, dans la description citée, rapprochement de notes 
prises sur des sujets différents : le « radix fusiformis, 3 decim. », etle « folia 
siepe 3-6 decim. longa », sont de la plante telle qu'on la rencontre ordinaire- 
ment; le « crassitie digiti aut pollicis », est d'un individu très-jeune ou très- 
mal venu. 


DEUXIÈME POINT. — Flos plerumque solitarius....., scapus nullus 
aut brevissimus. 


Ce « plerumque » ne conviendrait pas davantage à la plante algérienne. En 
effet, les bourgeons de l Atzactylis sont mixtes ou folii-florifères , et il est ordi- 
naire qu'une souche adulte, dans de bonnes conditions de végétation, émette 
plusieurs de ces bourgeons, soit deux ou trois, Il est bon de faire remarquer 
que si ces bourgeons ne s'allongent pas sensiblement en rameaux aériens, ils 
sont susceptibles de donner naissance à des tiges souterraines qui figurent 
comme des ramifications de la souche. 


SÉANCE DU 9 MARS 1866. 149 


Cette sorte de ramification est particulière aux individus dont la racine a 
acquis un développement considérable, ou bien s'est trouvée enfouie soit par 
l'apport des vents, soit par le travail de la charrue. Dans le premier cas, 
celui d'une souche qui emmagasine annuellement une ample provision de 
sucs nutritifs, les bourgeons se montrant en 'nombre et ayant chacun à 
se faire place, il arrive que ceux qui sont nés inférieurement ne peuvent 
trouver la leur à la lumière qu'en prenant une direction plus ou moins obli- 
que. Dans le second cas, celui d'une racine dont le collet est enfoui de quel- 
ques décimètres, c'est une couche de terre épaisse d'autant que les uns et les 
autres ont à traverser. De part et d'autre, dans ces conditions, les entre- 
nœuds des feuilles doivent s'allonger pour que quelques mérithalles arrivent 
à se dégager. Ceux qui restent engagés dans le sol se constituent en une sorte 
de rameau. 

Ces rameaux souterrains portent la trace des cicatrices qu'y laissent, en 
s'indurant, les pétioles des feuilles, dont le développement, quant au limbe, 
a nécessairement avorté. Quoi qu'il en soit, leur maniére d'étre peut les faire 
prendre tout d'abord pour des souches, et il est des cas où l'on peut être d'au- 
tant plus facilement induit en erreur sur leur compte qu'ils sont plus longs, 
que, par suite, la souche proprement dite se dérobe au couteau, arme ordi- 
naire du botaniste; mais on remarquera que ces rameauy, au lieu d'étre à 
tissu principalement pareuchymateux, comme l'est la racine, sont particuliè- 
rement ligneux. 


TROISIÈME POINT. — Folia..... hieme renascuntur et usque ad finem 
primi veris virent. 


Cette poussée prématurée des jeunes bourgeons foliacés est, en Algérie, un 
fait assez général chez les plantes vivaces; elle s'explique, au reste, pour ce 
pays, par l'effet de l'action combinée des pluies de l'automne et de la somme 
de chaleur, héritage de l'été, que le sol retient encore au moment où ces 
pluies le pénètrent. Alors, en effet, les conditions de chaleur et d'humidité 
que la terre réunit au printemps se trouvent à peu près reproduites. Dans ces 
conditions, toute herbe vivace, acaule, à racine pivotante, c'est-à-dire à 
réservoir de sucs nutritifs trés-abondants et toujours prêts à répondre au pre- 
mier appel de l'activité végétale , est nécessairement des premieres à renouveler 
son feuillage; or, l'Atractylis offre un type très-accusé des herbes de cette 
catégorie. 

Ce phénomene de renouvellement anticipé des feuilles n'est probablement 
pas différent de celui que l'on désigne sous le nom de seconde poussée ; seule- 
ment, l'hiver, sous le climat de l'Algérie, ne vient pas, ainsi qu'il agit avec ce 
dernier sous la plupart des climats de l'Europe, l'anéantir dans son principe 


150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


et dans ses effets; il ne fait qu'en ralentir la marche. Vienne le printemps, et 
cette végétation ébauchée par l'automne se définit avec une abondance et une 
rapidité vraiment prodigieuses. 


QUATRIÈME POINT. — Floret autumno ; foliis tunc exsiccatis et quasi 
ambustis. 


L'Afractylis gummifera présente ce phénomène particulièrement remar- 
quable que sa végétation foliacée et sa fructification s'operent en deux temps 
bien tranchés. On ne voit pas, en effet, chez cette plante, le développement de 
la partie florifere des bourgeons faire équilibre à la décoloration et à la des- 
siccation des feuilles. Les choses se passent comme si les produits nutritifs éla- 
borés par celles-ci faisaient retour en totalité à la souche, au lieu de se porter 
partie vers cette dernière, partie vers l'appareil de la fructification ; c'est-à- 
dire que, dans la végétation de l’Atractylis, la période fructifère n'aurait pas 
avec la période foliacée de relations de succession directes, que la souche 
serait l'intermédiaire obligé de l'activité de ces deux périodes ; d'où, dans la 
succession de celles-ci, un temps d'arrét trés- marqué. 


CINQUIÈME POINT. — Radix et receptaculum aqua ebulliente coctum, cum 
butyro et oleo mixtum, optimum prabet nutrimentum. 


Cette proprieté « optimum nutrimentum » n'a pu étre attribuée par Des- 
fontaines au réceptacle et à la racine de l'Atractylis gummifera, tout ensem- 
ble, que par suite d'un faux renseignement, ou peut-étre par la transposition 
d'une note qui revenait au Cinara acaulis ( Tefran des Arabes), lequel est 
très-usité chez ces derniers, comme aliment mangé cru ou cuit, racine et 
réceptacle compris. 

Si l’Atractylis et les qualités toxiques de sa racine sont encore générale- 
ment inconnus aux Européens qui habitent l'Algérie, si les botanistes ont pu 
croire, pendant longtemps, sur le témoignage de l'illustre Desfontaines, que 
les Arabes faisaient de cette racine un aliment de choix, ces derniers n'ont 
qu'une voix pour le déclarer poison des plus dangereux. Tous, hommes et 
femmes, nomment cette plante à premiere vue : « el Heddad ! ». Les enfants 
apprennent de bonne heure à s'en méfier: « Reddou balkoum ala el Hed- 
dad » (Prenez bien garde à l'Heddad !) est un mot d'ordre souvent répété aux 
petits bergers. Mais ces pauvres enfants, sous l'aiguillon de la faim, ne tien- 
nent pas toujours compte de la recommandation des leurs ; l'habitude. qu'ils 
ont de dévorer tout ce qui peut se mettre sous la dent fait que, chaque année, 
quelques-uns sont victimes de cet aliment vénéneux (1). 


(1) Dans le mois de mars 1857, sept enfants arabes qui avaient mangé de la racine 
d’Atractulis sont pris d’accidents ; quatre meurent. — Dans le mois d'avril 1862, mot 
de quatre enfauts arabes par la méme cause. 


SÉANCE DU 9 MARS 1866. 151 


On sait aussi des exemples d'Européens, adultes ou enfants, qui sont morts 
ou ont couru des dangers sérieux pour avoir mangé de cette racine: les uns, 
cuite, d'autres, crue (1). Les femmes arabes en font usage, à la dose de quel- 
ques grammes (une pincée de menus fragments ingérés en substance), pour 
activer le travail des accouchements indolents. Aux dires confidentiels de leurs 
seigneurs et maitres, elles sauraient, à l'occasion, en faire un criminel emploi 
comme abortif; et, mieux encore, les soumettre eux-mêmes, traitreusement, à 
l'action de cet agent dangereux, sous le prétexte d'interroger, de sonder les 
dispositions du mektoub (2) à leur égard. Quoi qu'il en soit des connaissances 
des femmes arabes touchant l'A£ractylis , ce n'est pas auprès de celles-ci que 
les roumis, ou catholiques romains, devront chercher des renseignements : 
nous savons, pour en avoir fait l'expérience, que, pour la plupart, elles seraient 
capables, par zèle religieux, d'en recommander l'usage à des chrétiens. 

Peut-étre sont-elles pour quelque chose dans la méprise de Desfontaines ? 


Les caractères particuliers à la racine de l’Atractylis sont, comme on va 
le voir, assez accusés pour que les yeux les moins attentifs en soient frappés : 
pivotante, fusiforme, diamètre moyen de 3-5 centim., longueur de 25-30 
centim. , densité remarquable. 


Aspect extérieur. — Teinte d'un brun jaunâtre; stries transversales 
fines et serrées, interrompues, qui paraissent dues au retrait, par dessiccation, 
des cellules, en séries transversales, du suber, dans ses couches les plus 
anciennes, 


Aspect intérieur. —- Liber et corps ligneux d'un blanc jaunâtre, uni- 
forme, formant ensemble un corps très-compacte, succulent, plus parenchy- 
mateux que fibreux, susceptible d'étre rompu à la main, et se laissant facile- 
ment couper, transversalement. 

L'odeur développée par une racine fraiche, divisée, est balsamique, 
quelque peu nauséabonde ; la saveur, d'abord doucátre et sucrée, puis chaude 
et âpre, laisse dans l’arrière-bouche une sensation d’äâcreté trés-persistante. 

Au moment de la plus grande activité de la végétation foliacée de l' 4trac- 


(1) Dans le mois d'avril 1863, deux soldats de la légion étrangère, employés au tra- 
vail des champs, à Sidi-bel-Abbès, furent pris d'accidents d'empoisonnement, après quatre 
jours d'un régime alimentaire particulièrement composé de fricassées de lézards et de 
racine d’Atractylis; ils en furent quittes pour quelques jours de maladie (Obs. de M. le 
docteur Boutonnier). — Dans le mois d'avril 1864, deux jeunes enfants de la banlieue de 
Sidi-bel-Abbés, ramassant dans un champ retourné par un labour récent des trongons 
de racine d’Atractylis, s'avisézent d'en manger ; le lendemain v atin, l'aîné de ces en- 
fants était pris de vomissements, l'autre, plus jeune de deux ans, ne commençait à vomir 
que 40 heures plus tard et mourait quelques heures après. M. le docteur Renard, appelé 
à ce moment pour donner des soins au survivant, eut à combattre, pendant 10 jours, 
des accidents d'une extrême gravité, ceux des poisons narcotico-àcres, Le rétablissement 
du malade n'était complet qu'aprés quinze jours de traitement. 

(2) Mektoub : ce qui est écrit (Fatum)! 


152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


tylis gummifera, à peine une section transversale d'une racine fraichement 
récoltée a-t-elle été pratiquée, que l'on voit, de toute la partie végétante des 
couches corticales, et dans toute l'épaisseur des couches ligneuses, principale- 
ment dans les intervalles circulaires des couches annuellement formées, perler 
des gouttelettes d'un suc laiteux, visqueux, qui se coagule et se solidifie promp- 
tement à l'air. Ce suc s'échappe aussi en larmes de l'écorce blessée ou scarifiée, 
et se montre encore par exsudation à l'époque de la fructification, sur les 
bords du réceptacle, formant sur ces points des concrétions jaunâtres du 
volume d'une noisette parfois, d'apparence gommeuse , insipides et inodores. 
Nous considérons le suc en question comme étant le latex de cette racine, 
bien que les vaisseaux qui le charrient ne présentent pas l'organisation des 
laticifères proprement dits. Si, lorsqu'il s'échappe du corps de la racine, sa 
saveur participe un peu de l’âcreté qui est propre à cette dernière, une fois 
concrété, il s'est dépouillé de tout principe âcre; il est devenu insipide et 
inodore, comme le sont les concrétions recueillies sur les bords du réceptacle. 
La substance, soit de celle-ci, soit des larmes coagulées, recueillies sur une 
racine scarifiée, présente des propriétés physiques et chimiques qui se rap- 
prochent de celles du caoutchouc proprement dit : insolubilité dans l'eau et 
dans l'alcool, et solubilité dans l'éther et dans la benzine, etc. ; développant, 
malaxée entre les doigts, l'odeur du caoutchouc ainsi traité, et s’étirant en 
fils. Il n'y aurait entre celles-ci et celles-là qu'une différence d'état physique : 
ici, cette sorte de caoutchouc est émulsionnée, en globules, dans un peu d'eau 
de végétation; là, elle est à l'état compacte, élastique, sans mélange d'eau. Dans 
ce cas, elle se présente en larmes translucides, jaunátres; dans l'autre, en 
larmes blanchátres et opaques. 

En méme temps que ce latex, on remarque, dans les lacunes, que les élé- 
ments des tissus cellulaire et fibro-vasculaire laissent cà et là entre eux, des 
amas d'une matière jaune-orangé, semi-concrétée. Quant à l'ensemble de son 
organisation, cette racine a pour caractère, malgré sa nature de racine vivace 
et son apparence extérieurement ligneuse, d'étre plus parenchymateuse que 
ligneuse. En effet, tout le corps fibreux est formé de tissu utriculaire allongé, 
en réseau, à parois peu épaisses et peu résistantes, et les produits transitoires 
de l’activité végétale y abondent comme dans le tissu cellulaire proprement 
dit. Les faisceaux des fibres corticales et les faisceaux vasculaires présentent 
seuls une certaine résistance ; les faisceaux fibreux du liber sont anastomosés 
et forment un réseau à mailles serrées qui enveloppe exactement le corps 
ligneux; les faisceaux vasculaires se composent de vaisseaux flexueux. Ceux-ci 
et ceux-là ont une teinte jaune-clair qui, sur une coupe longitudinale, appa- 
rait tranchant trés-sensiblement sur le fond blanchâtre des tissus parenchy- 
mateux ; ils sont à parois ponctuées et rayées. 


SÉANCE DU 9 Mans 1866. 153 


Caractères chimiques. — Les alcalis libres ou carbonatés, les per-sels de 
fer et l'acide sulfurique développent, au contact de tranches de racine d' Atrac: 
tylis, des colorations qui peuvent aider à la différencier : 


eau de chaux, potasse ou soude, foncée dans les points qui correspondent 
libres ou carbonatées. aux dépóts interstitiels de sucs propres. 
2» Per-sels defer. — Coloration en vert-sale générale 


3? Acide sulfurique.— Coloration passagère d'un rouge-groseille vif, par places. 


1? Gaz ammoniac, ammoniaque liquide, í Coloration en jaune-citron générale, plus 


Composition chimique. — Une racine de grosseur moyenne, récoltée à la 
date du 4° mai dans un terrain argilo-arénacé des environs de Mostaganem, 
desséchée à l'air — la perte de leau de végétation ayant été de 75 pour 100 
du poids de la racine fraîchement cueillie — nous a présenté la composition 
suivante * 


1? Inuline, 


Glycoses. 
9? Sucres f 
2 Sucre de canne. 


3° Matière colorante jaune (tannin vert). 
4? Une sorte de caoutchouc. 
9° Matière balsamoide, àcre (caoutchouc et huile essentielle en partie résinifiée ?). 
6? Glycose amylique ? 
7° (???) Principe éthéré, amylique. 
8° Glycosoamylsulfamylamate de potasse ? (1). 
9» (?) Principe toxique, narcotico-âcre, trés-fugace. 
10? Asparagine. 
44° (?) Acide hydro-carboné dérivé du sucre. 
12° Matière albuminoïde. 
13° Cellulose et ligneux. 


149 Matières minérales (soude, potasse, chaux, magnésie, oxyde de fer, chlore, acide 
sulfurique, acide carbonique, silice). 


15° Eau. 
La proportion d'inuline s'est trouvée de ......,,..,... 46,50 pour 100. 
— des sucres (mi-partie environ pour chacun). 8,00 — — 
— delceilulose >. en a e aa 25,00 — 
— des aaa a do da 4,50 — 
— dequ.. in dur s 4,00 — 


Dans le suc des feuilles, analysé à la méme date que le suc de la racine, 
nous n'avons retrouvé ni matière balsamique àcre, ni principe vireux, ni inu- 
line, ni asparagine. La glycose, la matière colorante hydrocarbonée (du bi- 


(1) L'acide de ce sel (pour lequel nous proposons le nom d'acide atractylique) étant 
isolé, en dissolution dans l'eau, régénére, lorsqu'on tente de le concentrer au bain- 
marie, de l'ammoniaque, de l'acide sulfurique, de l'acide amylique (de l'alcool amylique 
et la glycose amylique citée [8] ?). 


T. XIII. (séances) 11 


154 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


malate de chanx ?), du chlorure de sodium en grande quantité, du sulfate de 
chaux : tels étaient, avec la chlorophylle, les principes constituants de ce suc. 


Des principes toxiques. — Le lait serait bon dissolvant et véhicule assez 
discret et très-rapide des principes toxiques de l’Afractylis. En effet, des 
expériences répétées, faites sur des chiens, nous ont démontré qu'une infu- 
sion ou décoction de cinq minutes, de 100 à 150 grammes de racine fraiche, 
dans 500 grammes de lait environ, pouvait déterminer la mort plus prompte- 
ment et avec plus de violence que ces mêmes doses de racine directement 
ingérées. C'est également un fait de notre observation que le lait, ainsi empoi- 
sonné, n'est pas très-sensiblement modifié dans sa couleur, et que son odeur 
et sa saveur, en pareil cas, ne sont pas de nature à prévenir à temps les 
organes de l'odorat et du goüt chez le sujet dont la défiance n'est pas éveillée 
et dont l'estomac est bien disposé. ; 

La teinte du lait atractylisé de facon à être boisson mortelle, à la dose de 
500 grammes, est celle d'un café au lait très-clair ; l'odeur en est balsamique, 
presque agréable, bien que légèrement vireuse, mais cette impression dernière 
n'est sensible que pour un odorat exercé. Quant à la saveur, douceâtre et 
sucrée au passage du liquide, elle laisse ensuite dans la bouche et l'arrière- 
bouche une sensation d’âcreté vive et persistante. 

A quelle dose la racine del A tractylis serait-elle poison mortel pour un adulte? 
— Des faits à notre connaissance : la mort du nommé Bou-Maza-ben-Attia, 
Arabe d'un douar des environs de Mostaganem, survenue par suite de l'inges- 
tion d'une tasse de lait afractylisé par les soins d'une de ses femmes; celle de 
l'enfant Giraud, de Sidi-bel-Abbés, qui mangea de cette racine fraiche; — de 
ces faits, dis-je, on peut déjà tirer cette conjecture qu'une dose de 100 gram- 
mes au plus, en infusion lactée ou prise en nature, serait mortelle pour un 
adulte. 

En effet, il est difficile d'admettre que la saveur âcre et nauséeuse de la 
racine de l'Atractylis, toute masquée qu'elle puisse être au premier abord par 
les principes sucrés et aromatiques, ne se développerait pas assez tót pour 
empécher les plus affamés, comme les moins difficiles, de pousser au delà de 
quelques bouchées la consommation d'un aliment dont l'aspect est, en somme, 
assez peu engageant. 

Quant au lait empoisonné par digestion, apres infusion ou courte décoction, 
il est certain, pour nous, que cette boisson , sous le volume de 250-500 gr., 
ne pourrait se charger des principes aromatiques, colorants, vireux et ácres, 
de beaucoup plus de 100 grammes de racine fraiche, sans acquérir une odeur, 
une couleur et une saveur telles, que l'éveil serait donné aux sens de la vue, 
de l'odorat et du goût. 

Les principes toxiques de l'Atractylis ne semblent pas apporter de trouble 
dans la digestion des substances alimentaires auxquelles ils sont naturellement 


SÉANCE DU 9 MARS 1866. 155 


mêlés dans la racine ou dont on accompagne celle-ci. Les accidents toxicolo- 
giques, dans leur apparition et leur marche, sont d'autant plus prompts, plus 
précipités, et, par suite, plus violents, que l'aliment véhicule du poison est de 
moindre quantité et de digestion plus facile et plus entière. 

L'invasion du poison en quelques heures, ou de douze à vingt-quatre heures, 
après l'ingestion de l'aliment empoisonné, selon l’âge et la force du sujet, la 
quantité et la nature de la substance alimentaire choisie comme véhicule du 
poison, et, daus tous les cas, la mort en quarante-huit ou cinquante heures, 
la dose étant de 80-100 grammes de racine fraiche, tel serait le pronostic de 
l'empoisonnement par la racine de l'Atractylis gummifera. 

Les réactions de ce poison sur l'économie animale sont celles des narcotico- 
ücres. En effet, les symptómes de cet empoisonnement sont, d'une part, des 
vertiges, de l'assoupissement, de Ja stupeur, le ralentissement de la circulation, 
la difficulté de respirer, des accidents convulsifs ; de l'autre, des extravasa- 
tions sanguines des muqueuses nasale, stomachale, intestinale, vésicale méme. 

Dans le genre narcotico-âcre , l'espèce Afractylis gummifera trouverait sa 
place à côté de l'espèce Champignons vénéneux. 

' La mort par une asphyxie progressive, déterminée par les spasmes de plus 
en plus prolongés des muscles respirateurs, ne serait pas le moindre danger à 
combattre dans l'empoisonnement par l'A£ractylis. Les contractions qui sai- 
sissent tous les muscles du tronc et des membres, agissent aussi sur les sphinc- 
ters; nous avons trouvé à l'autopsie, chez la plupart des chiens tués par la 
racine de l’Afractylis, des vessies distendues par urine, celle-ci toujours 
très-colorée, trés-chargée d'épithélium, très-albumineuse ; et, dans les intes- 
tins, des matières fécales moulées, enveloppées d'une bouillie de sang épaissi ; 
dans quelques cas seulement, il y avait eu, au moment de la mort, issue 
d'urines et de matières fécales mêlées de sang, sans doute par relâchement des 
sphincters. 

Dans le traitement de cet enipoisonnement, en méme temps que les éva- 
cuants purgatifs et diurétiques, les bains de siége, ete., on mettrait en œuvre 
les antispasmodiques : éther et chloroforme, tout en réveillant les forces vives 
de l'économie, très-déprimées, par des toniques et des excitants diffusibles qui 
provoqueraient trés-utilement la transpiration. 

Mes recherches sur la nature physique’ et chimique de ce poison ont été 
infructueuses. Toutefois, il ressort des accidents sérieux d'empoisonnement 
que j'ai éprouvés, après avoir manipulé pendant deux jours une dissolution 
éthérée des principes balsamique et vireux de cette racine, dans un laboratoire 
trés-petit et non ventilé, que cette substance serait soluble dans l'éther et non 
moins volatile que cet agent. 

Le produit balsamique, qu'un traitement par l'éther enléve au suc retiré 
par expression de la racine fraiche, préalablement broyée, développe, lorsqu'il 


^ 


vient d'être obtenu, une odeur qui rappelle assez celle de la conicine. La 


156 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
muqueuse nasale s'irrite si l'on. respire de trés-prés cet extrait éthéré; et, 
d'une semblable investigation; on ressent promptement du malaise. 

Cette propriété du principe essentiellement toxique de la racine de P Atrac- 
tylis, de se dégager promptement et facilement dans l'atmosphére, ressort 
encore des faits suivants : 

Cette racine, soit par une dessiccation de quelques jours à l'air libre, soit 
par l'action d'une décoction prolongée, comme de dix à vingt minutes, perd 
beaucoup de l'énergie de ses qualités toxiques; nous l'avons constaté dans 
maintes expériences faites sur des chiens. Toutefois, il résulte de ces obser- 
vations qu'une dessiccation ou une coction complète ne saurait la purger 
entièrement de principes nuisibles, en faire jamais un aliment sain. Tous les 
animaux expérimentés, aprés deux ou trois jours d'un régime composé de 
racine cuite mêlée à de la viande hachée et du lait que nous avions fait bouillir 
pendant un quart d'heure sur de menus fragments de cette méme racine, la 
quantité de racine étant portée chaque fois, d'une facon comme de l'autre, à 
100 ou 150 grammes, ces animaux, dis-je, finissaient par éprouver pour ce 
genre d'alimentation un tel dégoût, qu'ils n'y revenaient que poussés par la 
faim. Encore, dans ce cas, leur estomac n'entrait-il pas toujours en composi; 
tion : ils avaient des nausées en mangeant, et des vomissements le plus souvent 
suivaient. Quand l'aliment était supporté et digéré, l'animal était tourmenté 
d'une soif vive, et ses excréments moulés se montraient maculés de sang. 

C'est que, si cette racine possède un principe vireux, âcre, susceptible de 
s'éliminer par la dessiccation à l'air libre, ou mieux encore par l'action d'une 
température de 100 degrés suffisamment prolongée, elle contient encore une 
sorte de baume concret, très-âcre, qui ne peut disparaître ni dans un cas, ni 
dans l'autre. 

Nous dirons donc : Que l'optimum nutrimentum de Desfontaines ne saurait 
être, quant à la racine, toléré par l'économie animale; que cette dernière 
doit être repoussée d'une manière absolue de l'alimentation. 

Condamnée comme toxique des plus dangereux à l'état frais, et comme ali- 
ment très-suspect desséchée ou cuite, la racine de l'Atractylis ne pourrait- 
elle se réhabiliter comme agent thérapeutique? 

Nous laisserons à l'avenir et aux explorateurs compétents le soin de faire 
connaitre si, comme contro-stimulant, le principe toxique en question ne 
serait pas appelé à rendre quelques services à l'art de guérir, à l'humanité. 


M. Cosson confirme l'exactitude de quelques faits singuliers signa- 
lés par M. Lefranc, notamment l'usage superstitieux que font les 
femmes arabes du poison de la racine d’Afractylis pour connaitre 
la durée de l'existence de leurs maris. 


M. Eug. Fournier présente les observations suivantes : 


SÉANCE DU 9 Mans 1866. 157 


Dans un article sur l’Afractylis gummifera, publié dans notre Bulletin par 
M. J. Gay, t. V, p. 692, on trouve une indication bibliographique relative au 
Chamæleon albus de Dioscoride, que les commentateurs ont diversement inter- 
prété. Ici, comme sur beaucoup d'autres points, ce qui a causé la divergence 
d'opinions et l'incertitude des gloses, ainsi que leurs erreurs, c'est le défaut de 
connaissance de la distribution géographique des végétaux. Ainsi Matthiole a 
figuré, pour le Chameæleon albus et le Chameleon niger de Dioscoride, la 
variété acaule et la variété caulescente du Carlina acaulis, comme l'a parfai- 
tement reconnu Bertoloni (77. ital. IX, p. 63), dont les articles sur les Car- 
duacées peuvent étre cités comme des modèles d'érudition synonymique (1). 

Si l'on veut chercher avec quelque connaissance de cause les plantes dont a 
parlé Dioscoride, il faut avant tout se reporter au texte antérieur de Théo- 
phraste, qu'il n'a fait que copier en l'altérant, ce qui lui est arrivé bien sou- 
vent. Voici les renseignements les plus importants donnés par Théophraste 
(Hist. plant. lib. IX, cap. X111) : « Il existe deux Chaméléons, un blanc et un 
noir. Les racines de ces deux plantes différent par leurs propriétés et par leurs 
caractères. En effet, celle de l'une est blanche, sucrée, épaisse et douée d'une 
odeur forte; elle est employée contre les cours de ventre et les vers, et 
elle tue les chiens et les porcs. Les femmes ont l'habitude de la préparer dans 
du vin doux ; si l'une d'elles, dont le mari est malade, veut savoir s'il vivra, 
elle lui en lave le corps pendant trois jours ; s'il résiste, il vivra. Elle se trouve 
communément partout : les feuilles en sont semblables à celles du Chardon, 
mais plus grandes et plus rapprochées de la terre ; les capitules en sont grands 
et semblables à ceux de l'Acanos ; c'est pourquoi on l'appelle A canos. Quant au 
Chaméléon noir, il ressemble beaucoup au précédent par sa feuille; elle est, 
en effet, scolymoide, mais plus petite et plus lisse; et toute la plante offre 
l'aspect d'un parasol. La racine en est épaisse et noire, jaunátre sur la coupe ; 
elle se plait dans les terrains humides et froids. Dissoute dans du vinaigre, elle 
a le pouvoir de guérir la lèpre; elle tue également les chiens. » 


M. Maugin fait à la Société la communication suivante : 


LA PLANTE A-T-ELLE UNE AME? ESSAI DE PSYCHOLOGIE VÉGÉTALE, 
par M. Gustave MAUGIN (2). 


(Suite.) 
III. 
La SENSIBILITÉ est la faculté de sentir. 
(1) Cet auteur s'exprime ainsi sur les usages de l' Atractylis : « Siculi utuntur glutine 
» quod exsudat a receptaculo et a collo radicis ad aucupia, et ad ulcera jumentorum 


» sananda. » 
(2) Voyez plus haut, p. 86. 


158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


A première vue, il semble que, sans aucun doute, la plante est douée de 
sensibilité, et les gens du monde qui connaissent le Mimosa pudica, les Dro- 
sera et autres plantes analogues, mais qui se sont contentés de les voir accom- 
plir les phénomènes curieux que l'on observe chez elles, nous taxeraient de 
légèreté si nous leur disions que la plante n'est pas sensible. Nous verrons 
tout à l'heure s'ils auraient raison. 

Nous passerons sous silence l'amitié du Lierre pour son soutien, qu'il étouffe 
dans son étreinte, jusqu'à ce que mort s'ensuive, si c'est un arbre; dont il 
disjoint les pierres, jusqu'à ce que ce qu'il l'entraine et l'écrase dans sa chute, 
si c'est un mur; ainsi que l'affection dela Vigne pour l'Ormeau et tous autres 
faits aussi poétiques. Ces phénoménes, au reste, ne pouvant provenir que de 
la sensibilité passionnelle, n'apparaissent, si la plante a une àme douée de sens 
interne, qu'à sa propre conscience, et notre imagination seule peut nous faire 
croire à leur existence. Aussi, bien que nous pensions pouvoir démontrer qu'ils 
n'ont rien de commun avec la sensibilité, nous leur opposerons tout d'abord 
cette fin de non-recevoir : que le sentiment dont ils seraient la manifestation 
n'est pas susceptible d'observation scientifique. On ne se contente pas de cette 
réponse, examinons donc ces faits de sympathie, de parasitisme et d'antipathie. 
Telle plante ne vit que sur telle autre; celle-ci est toujours prés de celle-là, et à 
l'inverse, à côté de l'Ivraie par exemple, il n'existe pas de Froment. Est-ce fait 
passionnel et de sensibilité? N'est-ce pas plutót que le Champignon ne saurait 
se nourrir que d'un suc déjà élaboré, et d'une facon spéciale, que l’ Oroban- 
che Epithymum ne peut s'assimiler que la substance du Thymus Serpyllum, 
que le Viscum album ne fera sien que le cambium de tel arbre ? Ne faut-il 
pas croire, pour être dans le vrai, que le Froment trouve dans la terre qui 
entoure l'Ivraie l'excrétion particulière à cette plante, qui est pour lui un véri- 
table poison. 

Si, d'une part, nous faisons cette premiere élimination, et si nous écartons 
les phénomènes passionnels pour nous en tenir aux phénomènes de sensibilité 
pure, d'autre part, nous abandonnons un argument dont on s'est, il est vrai, 
servi dans cette discussion pour combattre l'existence de la sensibilité, mais 
qui ne nous parait pas une arme sûre. C’est l'argument qui consiste à dire que 
la plante ne peut sentir, faute de nerfs. La sensibilité, en effet, ne réside pas, 
que nous sachions, dans les nerfs; nous avons toujours entendu dire qu'elle 
avait son siége dans le cerveau. De plus, sauf erreur, si les nerfs servent par- 
fois à l'exercice de la sensibilité comme moyen de transmission, tel n'est pas 
toujours leur rôle, et l'on est autorisé à les classer en nerfs de sensibilité et 
nerfs de mouvement. Enfin, il n'est rien moins que prouvé, d'une part, que 
la sensibilité ne puisse pas exister indépendamment des nerfs; d'autre part, 
qu'il n'y ait pas de nerfs chez la plante. Nous n'aborderons donc pas la question 
de l'existence ou. de la non-existence des nerfs : nous ferons seulement remar- 
quer qu'il se produit, chez la plante où l'on ne voit pas de nerfs moteurs, des 


SÉANCE DU 9 MARS 1866. 459 


mouvements évidents, et que, par conséquent, la plante pourrait être sen- 
sible, bien que l'on n'y trouve pas de nerfs de sensibilité. Nous devons ajouter 
encore, et pour que la question reste bien entière, que nous ne connaissons 
pas tellement bien la structure des végétaux et le rôle assigné à chacune des 
parties de la plante, que nous puissions affirmer qu'il y a des nerfs ou qu'il 
n'y en à pas, et que certains physiologistes ont cru trouver dans les vais- 
seaux, les trachées en particulier, les nerfs de mouvement. 

Nous pouvons dès l'abord restreindre au toucher les sens que l'on pourrait 
admettre chez la plante, on ne cite aucun phénomène qui relève des quatre 
autres sens, et l'on n'en comprendrait guère l'exercice, sauf peut-être une 
sorte de goût ou d'odorat qui n'a guère d'importance, et que l'on reconnait 
bien vite pour n'étre qu'une vaine apparence. Les autres sens, au reste, 
s'exercant toujours par un toucher plus ou moins spécialisé, ce que nous 
dirons de ce sens pourra s'appliquer aux phénomènes que l'on voudrait rap- 
procher de tout autre. 

Une des plantes dont on cite l'exemple le plus fréquemment est le Mimosa 
pudica, cette charmante Légumineuse, originaire d'un climat plus chaud que 
le nótre, dont le port est si gracieux. Personne n'ignore que si l'on fait à cette 
plante une piqüre, une coupure, une déchirure, ses folioles s'appliquent infé- 
rieurement, l'une contre l'autre, puis, suivant l'importance de la blessure et 
l'élévation de la température, la feuille entière fait un mouvement de haut en 
bas, les rameaux eux-mêmes s'abaissent, et la plante entière offre le méme 
aspect que si elle manquait d'eau, par exemple, et était sur le point de se 
flétrir, puis de mourir. Par analogie, nous disons qu'elle souffre ; la direction 
des lignes de haut en bas nous fait prononcer ce mot, comme lorsque nous 
voyons une personne dont les traits du visage sont, comme l'on dit, tirés, 
c’est-à-dire ont cette direction, et dont les bras tombent inertes le long du 
corps. Cette manière de parler est-elle exacte ? La plante souffre-t-elle, ressent- 
elle le mal, et par conséquent le bien, physique, si elle ignore le bien et le 
mal moral? La Sensitive redresse ses rameaux, ses feuilles, ses folioles, long- 
temps avant que sa blessure soit fermée; est-ce qu'elle ne sentirait la douleur 
qu'au moment méme de la lésion; est-ce qu'elle s'y habituerait ; est-ce qu'elle 
ne souffrirait, par hasard, que du contact du corps étranger? Voyons, laissons 
en place l'aiguille cause dela blessure; la plante ne s'en redresse pas moins : 
ce n'est pas encore cela. Nous ne pouvons non plus nous expliquer ce phéno- 
mene en disant qu'il n'y a de sensible dans la plante que la surface extérieure, 
la partie médiane ou la portion intérieure, puisque l'effet croit en proportion 
de la grandeur de la blessure, soit coupure, soit piqüre, et dans quelque sens 
qu'on la dirige. 

La Sensitive se conduit de méme si on l'agite; et, si l'ébranlement con- 
tinue, elle reprend sa position normale. Un abaissement subit de température, 
le contact de certains liquides, de certains gaz, lui font, au premier moment, 


160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


accomplir le méme mouvement. Décidément, cette plante est-elle douée d'une 
sensibilité exagérée? On serait tenté de le croire, et pourtant des causes s 
diverses amenant un méme résultat, la non-persistance de l'état, l'inanité de ce 
mouvement nous donnent à réfléchir. L'animal ne se conduit-il pas ainsi dans 
certains cas ? Les phénoménes connus sous le nom d'action réflexe ne sont-ils 
pas du méme genre? Ils nous paraissent identiques ; aussi sommes-nous dis- 
posé à considérer les mouvements du Mimosa pudica comme provenant de 
l'irritabilité et non pas de la sensibilité ; ce qui nous confirme dans cette opi- 
nion, c'est que l'éthérisation suspend ce phénomene (1). 

Jusqu'à ce jour, on a dit l'étre végétal irritable, mais non sensible, les faits 
observés chez lui sont dits relever de l'irritabilité, et nous ne voyons pas de 
raison qui nous détermine à changer leur appellation, à leur assigner une 
autre provenance. La Sensitive, du moins, nous a confirmé dans cette opinion; 
voyons si les autres faits que l'on prétend invoquer à l'appui de l'opinion que 
la plante est douée d'une âme sensible concorderont avec notre manière de 
voir ou seront susceptibles de nous en faire changer. 

Sans aller dans le Nouveau-Monde , ni dans les régions torrides, autour de 
nous se rencontrent des plantes présentant des phénomènes fort intéressants ; 
nous pouvons les examiner à loisir, presque chaque jour et sans nous déranger, 
c'est là un avantage considérable, puisqu'il nous permet d'observer par nous- 
mémes et de ne pas nous en rapporter uniquement aux récits des voyageurs. 
Prenons les Drosera : il en existe plusieurs espèces, mais toutes jouissent de la 
propriété que nous nous proposons d'étudier. Ces plantes possèdent des feuilles 
dont le limbe est garni, à lasurface supérieure, de poils courts et peu serrés, son 
contour est orné de poils longs d'environ 5 millimètres, qui le bordent comme 
les cils bordent la paupière, aussi dit-on que leurs feuilles sont ciliées. Ces 
poils, implantés sur une glande sécrétant un liquide visqueux, laissent échap- 
per ce liquide par leur extrémité libre. Dans l'état normal, le limbe de la feuille 
offre une surface presque plane, et les cils forment autour comme des rayons. 
Si l'on irrite le limbe, si l'on met à sa surface supérieure un corps étranger, si 
un insecte s'y pose, les cils se recourbent de bas en haut jusqu'à ce que leurs 
extrémités se touchent, puis s'entrelacent, les bords du limbe se redressent et 
le corps étranger, insecte ou autre, est complétement emprisonné. L'insecte se 
débat, la feuille resserre de plus en plus l'espace dans lequel il s'agite, enfin 
épuisé par la lutte ou tué par le liquide visqueux que les poils, méme ceux de 
la surface du limbe, n'ont cessé de sécréter, il devient immobile ; peu à peu la 
feuille étend de nouveau son limbe et ses cils pour se refermer de nouveau à 
la première occasion. 

ëst-ce de la sensibilité ou seulement de l'irritabilité ? La plante éprouve- 


(1) Guide du botaniste, par M. Germain de Saint-Pierre, p. 484, — Brochure du 
docteur Leclerc. 


SÉANCE DU 9 MARS 1866, 161 


t-elle une sensation et son action est-elle la conséquence de sa perception? Il 
est à remarquer que, semblablement à la Sensitive, elle accomplit son mouve- 
ment d'une facon d'autant plus vive et plus complète que l'air ambiant est à 
une température plus élevée. L'irritabilité est, plus que la sensibilité, soumise 
à l'influence atmosphérique et en particulier à l'action de la chaleur. Le mou- 
vement ne se répète pas indéfiniment, et devient de plus en plus lent, de moins 
en moins complet. La sensibilité s'émousse moins aisément que l'irritabilité, 
Le phénomène est indifféremment produit, avec les mêmes phases, par un 
corps quelconque; la perception serait donc tout au moins vague et mal défi- 
nie. Nous verrons dans un instant, en jetant un coup d'œil d'ensemble sur 
les faits qui nous auront occupés, si nous pouvons méme aller jusqu'à admettre 
qu'il y ait perception. 

Prenons encore un autre exemple autour de nous. Le filet des étamines du 
Berberis vulgaris est trós-irritable; si on le pique, il se courbe vivement vers 
le pistil et l'anthere va frapper le stigmate. Ce fait curieux n'a été étudié avec 
soin que postérieurement à la publication des travaux sur l’âme de la plante, 
c'est à M. Kabsch que nous devons d'avoir une observation bien faite de ce 
phénomène. D'après lui, le siége de l'irritabilité ne se trouve pas exclusivement 
à la partie inférieure du filet, mais dans toute son étendue; le filet n'est pas 
encore irritable avant l'épanouissement de la fleur, et n'acquiert cette irritabi- 
lité que vers l'époque de la déhiscence de l’anthère. L'auteur pense, ajoute 
M. J. Grænland (1), rendant compte des travaux sur ce sujet publiés par 
M. Kabsch, que le but de la nature est de rendre possible ou de faciliter, par 
les mouvements que permet l'irritabilité, la fécondation des plantes qui offrent 
cette organisation particulière. On invoquait ce phénomène à l'appui de la 
théorie de l'àme de la plante; un homme vient qui l'étudie avec soin, sans 
parti pris; et de cette étude il résulte que l'argument non-seulement est sans 
valeur, mais encore prouve le contraire de ce que l'on avait avancé. Le pollen 
est projeté sur le stigmate mécaniquement et sans appétit. Cela doit-il nous 
étonner alors que nous voyons, chez les êtres où l'àme est le plus certaine, 
pareil phénomène se produire par simple irritabilité et sans le secours de la 
sensibilité. 

Il v a appétit, dit-on, dans un phénomène du même genre que l'on observe 
chez le Kalmia (2). Sa corolle monopétale offre des replis ou cavités dans les- 
quelles sont enchássées les anthères, le filet formant une courbe dont la con- 
vexité est tournée du côté du pistil; à un moment donné elles s'en dégagent et 
l’élasticité du filet les lance avec force sur le stigmate où elles répandent, cha- 
cune à son tour, leur pollen. Au moment où la fleur s'épanouit, le filet est 
souple et flexible; au contact de l'air son élasticité augmente : la corolle se dé- 


(1) Bulletin de la Société botanique de France, t. VIIL, p, 160. ; 
(2) 


1 
2) Botanique populaire, par M. Lecoq, p. 278. 


162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


veloppe et la cavité qui retient l'anthére s'éloigne de plus en plus du point 
d'insertion des étamines; à un moment donné, l’anthère ne fait plus que tou- 
cher le bord de cette cavité, l'instant. d’après elle s'échappe. Tout cela nous 
parait fort simple, résulter d'une impulsjon extérieure à la plante et n'exiger 
en rien la sensibilité pour mobile. 

Tous ces faits ont une grande parenté : ce sont des mouvements provenant 
de causes étrangères à la plante, s'exaltant sous certaines influences, se rap- 
prochant beaucoup de certains faits qui s'accomplissent chez l'étre doué d'une 
âme, faits qui n'ont pas leur cause dans ceite âme, mais dans une propriété de 
la substance organisée qui a une grande analogie avec la force d'attraction, avec 
l'élasticité, dans l'irritabilité. 

Ce n'est donc pas la sensibilité que nous avons trouvée chez la plante. Elle 
est bien douée d'une propriété particulière, dont les curieuses manifestations 
ont parfois une grande analogie avec le résultat de la faculté de sentir ; mais 
ce n'est méme alors, la plante ne percevant pas, que de l'irritabilité. 

Nous voici arrivé à l'étude de la volonté. 


IV. 


La VOLONTÉ est la faculté de vouloir. 

La volonté se manifeste plus particulièrement que les autres facultés par 
l'action: aussi confond-on souvent l'activité avec la volonté. De l'existence 
végétale elle-même il résulte que l'activité se produit d'une tout autre facon 
chez la plante que chez l'animal. L'animal agit généralement par des mouve- 
ments apparents et des déplacements, l'homme agit certainement encore intel- 
lectuellement. L'activité intellectuelle de la plante ne pouvant se transmettre 
par des sons, ni par des signes convenus exprimant des idées, ne nous sera 
révélée que d'une facon tout indirecte, par des actes; c'est donc aux actes 
seulement que nous aurons à demander la réponse à la question que nous nous 
posons. Ces actes eux-mémes différent beaucoup des actes de l'animal. Celui-ci 
se meut dans l'espace ou s'agite sur place : la plante n'est mue, le plus souvent, 
que par des causes étrangères ; elle s'agite rarement, d'une facon apparente et 
rapide du moins, et encore n'est-ce que dans quelqu'une de ses parties, elle 
ne se transporte pas d'elle-même en totalité d'un lieu dans un autre. C'est ce 
qui a fait dire, aux défenseurs méme de l'âme de la plante, ce mot très-juste : 
pour elle, croitre c'est agir; mot auquel nous reprocherons pourtant de ne 
point parler de la reproduction. Nous croyons, en effet, que se reproduire c'est 
agir aussi bien que croitre; et c'est par oubli, nous en sommes convaincu, que 
l'on n'a pas dit : pour la plante, croitre et se reproduire c'est agir. 

Nous retrouvons comme exemples d'activité des faits que nous avons exa- 
minés à propos de la sensibilité et de l'intelligence, n'ayant pu rechercher 


SÉANCE DU 9 Mans 1866. 163 


l'existence de ces facultés que dans les phénoménes apparents, nous croyons 
ne pas devoir les reprendre ici, afin de multiplier autant que possible nos ob- 
servations et aussi parce qu'ils font partie de groupes d’où nous pouvons déta- 
cher d'autres faits dont ils sont tellement proches que ce que nous dirons de 
ceux-ci s'appliquera également à ceux-là. 

Quelques plantes sont pourvues de vrilles ou mains ; la Vigne, par exemple, 
est munie de ces organes considérés habituellement comme accessoires, qui 
s'allengent et se ramifient plus ou moins, s'enroulent autour des objets peu 
volumineux qu'ils rencontrent, et servent à soutenir la tige qui, avant d'être 
devenue ligneuse, n'a pas la force de rester par elle-même dressée sur une 
grande longueur. Ces organes, pourvus ou non de sensibilité, accomplissent- 
ils de par la volonté de la plante la fonction à laquelle ils paraissent destinés ? 
Pour répondre affirmativement, nous croyons qu'il faudrait voir ce phénomène 
se produire librement ; or jamais une vrille, quelque corps qu'elle rencontre, 
ne manquera de s'enrouler autour dans un sens déterminé; si elle ne rencontre 
que la branche méme d'où elle est née, elle s'enroulera encore ; si elle était 
libre, le ferait-elle dans le cas où cet acte est complétement inutile? 

Le pétiole de la Capucine, doué d'une propriété semblable, s'enroule non 
moins fatalement, et l'on voit deux, trois pétioles contournés les uns autour 
des autres. Si c'est là de la volonté, c'est au moins de la volonté irréfléchie; ce 
n'est méme pas de l'instinct, car l'instinct guide l'étre vers ce qui lui est utile. 
Nous ne voyons dans ce phénomène qu'un fait purement fatal, résultat de 
structure de l'organe. 

On ne prend généralement pas de précautions relativement à la position de 
la graine que l'on sème, pas plus que la nature quand elle détache le fruit de 
la plante, on la jette sur la terre, on l'enfonce dans le sol sans prendre garde 
au côté par où son hile est tourné ; et pourtant on voit toujours la tigelle sortir 
de terre, jamais la radicule. Les graines paraissent accomplir une version pen- 
dant la germination. La plante veut-elle présenter constamment ses feuilles à 
l'air et à la lumière? Non-seulement telle ne parait pas être son intention, mais 
elle accomplit ce phénomene d'une facon constante, et quand bien méme cela 
est contraire à son intérét comme les graines de la face inférieure du cube de 
Dutrochet, La plante se suiciderait donc ; nous avons peine à l'admettre, et 
d'autant plus que nous voyons une version du méme genre s'accomplir chez 
le fœtus des vivipares et que l'animal ovipare n'ouvre jamais son œuf du côté 
qui repose sur le sol. 

Les feuilles de certaines plantes aquatiques allongent leur pétiole à mesure 
que l'eau monte, de maniere à étaler leur limbe à la surface ; d'autres donnent 
à leurs tiges un développement plus considérable pour accomplir leur floraison 
à l'air libre. Certes les Nymphæa, V Hottonia, les Potamogeton méritent 
quelque attention; il est pourtant une plante où le phénomène est tellement 
complexe et curieux que nous la préférerons comme exemple, bien qu'on la cite 


164 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


à tout propos : c'est le Vallisneria spiralis. On sait que ses fleurs mâles, rete- 
nues dans une sorte de spathe au fond de l'eau par un pédoncule très-court, 
se détachent de la plante, gagnent la surface, s'épanouissent et voguent au gré 
du vent et du courant, fécondant deci delà les fleurs femelles qu'elles ren- 
contrent. Ces fleurs femelles, qui ont besoin de rester attachées à la plante 
pour nourrir le fruit et márir la graine, sont portées par un pédoncule qui 
s'allonge au moment de la floraison et qui, la fleur fécondée, se rétracte. La 
fleur mâle se détache comme le fruit mûr tombe d'un arbre, comme la feuille 
jaunie est emportée par le vent d'automne. L'instant est arrivé, il se fait une 
modification dans les tissus, la cicatrice se prépare, la fleur mâle n’adhère plus 
à la plante, sa faible densité la fait arriver au contact de l'air, l'eau l'emporte, 
que les fleurs femelles soient en boutons, en pleine floraison ou passées. C'est 
un fait purement physiologique et fatal. 

D'où vient cette élongation du pédoncule chez la fleur femelle, puis sa ré- 
traction en spirale? D'où viennent des phénomènes analogues dans les organes 
de la reproduction chez l'animal? pas toujours, si quelquefois, de la volonté. 
Pourquoi l'attribuer à la volonté de la Vallisnérie, qui n'est encore pour nous 
qu'une hypothése, quand nous l'attribuons à une cause différente chez l'étre 
manifestement doué de volonté. Il est certain qu'à un moment douné, le pédon- 
cule s'allonge et qu'il se contourne ensuite en spirale serrée entrainant la fleur 
avec lui. Mais ce fait seul est certain, et nous voyons la plante présenter fré- 
quemment de ces alternatives où la volonté n'a que faire. Laissez manquer d'eau 
une plante quelconque : elle se flétrira, deviendra flasque et non-seulement 
dans ses feuilles mais dans ses pousses récentes et méme dans son jeune bois ; 
arrosez-la, elle reprendra sa rigidité et son port. S'il s'agit d'une plante armée 
de vrilles ou d'une plante volubile, vous verrez les mains se détendre, la plante 
glisser le long de son support, puis elle se cramponnera de nouveau et conti- 
nuera à monter. Si l'on dit que c'est fait de volonté, il y aurait fait de volonté 
dans l'ascension de la séve, dans la circulation du sang; l'étre vivrait par sa 
volonté. Au lieu de nous lancer dans de semblables hypothèses qui ne satisfont 
personne, examinons la structure de l'organe. Nous trouvons dans la hampe de 
la fleur femelle du Vallisneria un assez gros faisceau central et un petit fais- 
ceau latéral ou asymétrique, sorte de corde fibreuse qui, se confondant à ses 
deux extrémités avec le gros faisceau axile, est par ses deux bouts fixée à 
celui-ci comme une corde l'est à un arc (1). L'explication de ce singulier phé- 
nomene n'est-elle pas là tout entière ! 

On à encore cru trouver la volonté dans le développement de la plante et 
dans son infinie diversité. Nous nions, tout d'abord, la diversité de développe- 
ment. Non pas que chaque espèce n'ait une manière d’être particulière, un 
port spécial, qui empéchera de confondre l'Orme avec le Bouleau, le Hétre avec 


(1) Mémoire sur le Vallisneria spiralis, par M. Ad. Chatin. Paris, 1855, p. 22. 


SÉANCE DU 9 MARS 1866. 165 
le Chêne, mais cette diversité est une en ce sens que le Bouleau aura toujours 
l'aspect du Bouleau, le Chêne le faciès du Chêne, et que l'on ne prendra jamais 
l'un pour l’autre. Il n'y aura pas toujours, il n'y aura peut-être jamais deux 
Ormes qui aient même taille, même grosseur, même nombre de branches et 
de feuilles, il n'y aura peut-être jamais deux feuilles d'Orme qui soient abso- 
lument pareilles l'une à l'autre. L'Orme aura toujours cependant la feuille de 
l'Orme, il végétera toujours de la même facon, ses feuilles seront toujours dis- 
posées dans le méme ordre sur ses branches, partant ses bourgeons et encore 
les branches qui en naissent. Que si par hasard vous rencontrez une plante à 
feuilles opposées qui un beau jour produise des feuilles ternées, direz-vous 
qu'elie l'a voulu? Si oui, vous direz : que l'homme qui a six doigts à la main 
à vou:u avoir six doigts au lieu de cinq, que le bossu a voulu être bossu. Et 
encore on vous expliquera peut-étre plus aisément pourquoi, physiologique 
ment, cette plante a produit des feuilles ternées, qu'on n'expliquerait pour- 
quoi une main a six doigts, pourquoi un bossu a une bosse. Si la plante avait 
cette liberté d'allure que l'on voudrait lui attribuer, est-ce qu'il serait possible 
de distinguer des classes, des familles, des genres, des espèces, des variétés? 
Est-ce que Linné aurait pu se contenter de quelques mots pour ses descriptions 
qui sont de véritables définitions et permettent de reconnaitre l'espèce aussi 
bien à Perpignan qu'à Dunkerque, à Nantes qu'à Strasbourg? 

A côté de la fécondation curieuse de la Vallisnérie, des Genêts, de l’Aloës, 
on invoque, à l'appui de la thése de l'àme de la plante, la fécondation par les 
insectes et les oiseaux. Elle les appelle, dit-on, à l'aide de son activité et pour 
suppléer à l'impossibilité où elle se trouve de se mouvoir elle-même pour satis- 
faire sa passion. Fort bien; mais, en passant, un petit reproche sur le choix 
des exemples. Les Viola, les Aristolochia, sont des plantes hermaphrodites 
où la fécondation s'accomplit fort bien toute seule et sans secours étranger, où 
le petit nuage de pollen, qui s'échappe lors de la déhiscence de l’anthère, ira 
d'une facon certaine rencontrer le stigmate. 

Que les abeilles, les papillons, un grand nombre d'insectes, certains oiseaux, 
les oiseaux-mouches en particulier, aident et favorisent la fécondation, nous 
sommes loin de le nier et leur róle nous remplit d'admiration comme celui du 
vent qui transporte également et le pollen et la graine; mais de l'existence de 
ce fait à la volonté de la part de la plante que le fait soit, il y a loin et nous ne 
comprenons pas, nous l'avouons, comment la volonté de la plante pourrait 
influer sur les insectes, le vent et les oiseaux. A notre avis, ces phénomènes 
sont régis par une volonté ou plutót une force supérieure; nous croyons 
qu'elle est la cause de ces faits comme nous croyons qu'elle est la cause du 
transport des graines par l'eau, par l'air ou par les oiseaux. Chaque jour des 
aigrettes se déploient sous l'influence d'une température sèche, le vent qui 
passe les détache et les emporte, légères et construites en forme de parachute, 
elles sont lestées par une graine qui pend au-dessous d'elles, retenues par un 


166 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


pédicelle, elles voguent un certain temps, puis rencontrent un corps étranger, 
s'y fixent et y germent ; d'autres fois, elles sont abandonnées par le vent qui 
vient à cesser, ou bien encore elles traversent une atmosphère humide ou 
recoivent une goutte d'eau, l'aigrette qui est très-hygrométrique se referme 
et la graine tombe sur le sol. Il existe des fruits pourvus d'ailes membra- 
neuses, il en est aussi qui, plus légers que l'eau dans laquelle ils tombent, 
surnagent et voguent pendant un certain temps poussés par le vent ou en- 
traînés par le courant. Une espèce de Cocotier abondant sur les rivages de 
l'Amérique du Sud, laisse choir son fruit dans la mer, le courant l'emporte 
et le fait attérir sur les côtes des îles Açores où cette espèce ne croit pas. 
Longtemps avant que l'Amérique fût découverte, ce phénomène se pro- 
duisait ; les habitants de ces îles ne s’en rendaient pas compte, mais ils 
savaient fort bien à quelle époque les fruits venaient, et comme ils en étaient 
très-friands ils arrivaient fort exactement sur la plage pour faire la pêche de ce 
qu'ils regardaient comme un produit de la mer. Il y a des fruits pulpeux et 
succulents dont la graine est entourée d'une enveloppe plus ou moins dure : 
les fruits dits à noyau, par exemple; les oiseaux en sont grands amateurs, ils 
les avalent, digerent la pulpe, et rejettent deci delà les graines qu'ils n'ont 
pu broyer, ils transportent ainsi parfois une espéce d'une contrée dans une 
autre. 

Il est de l'intérét de l'homme et de l'animal que les plantes se dispersent, il 
est aussi de l'intérét de la plante que toutes ses graines ne tombent pas à son 
pied, la terre épuisée des sucs particuliers nécessaires à telle espèce ne lui 
fournirait plus une nourriture suffisante. En résulte-t-il que cette dissémination 
manifeste la volonté de la plante, que l'on puisse lui attribuer ce transport par 
les oiseaux, par l'eau, par l'air, qu'elle soit la cause de cette admirable répar- 
tition des espéces sur la surface de la terre? Non, à notre avis, ce serait 
prendre l'effet ponr la cause, ce serait renverser les termes sans profit, donner 
une explication qui n'explique rien et substituer une volonté individuelle, con- 
cordant, sans que l'on sache pourquoi, avec les autres volontés individuelles et 
avec les pures forces naturelles, à une volonté universelle directrice de tous 
ces phénoménes ou à une force fatale, tout aussi faciles à concevoir et agis- 
sant par un mécanisme beaucoup plus simple; manière de voir qui n'óte 
rien de sa splendeur d'ensemble ni de ses étonnants détails au spectacle de la 
nature que nous ne sommes, nous l'espérons, pas suspect de mépriser. 


Y. 


Après ce coup d'œil rapide sur la possibilité de reconnaitre à la plante une 
intelligence, une sensibilité, une volonté, prenons l'ensemble de ces facultés, 
l'âme, le MOI, et voyons si nous le trouvons chez la plante, s'il peut y exister. 

Les principaux caractères du mot sont l'unité et l'identité. 


SÉANCE DU 9 Mans 15866. 167 


Peut-il y avoir unité du moč chez la plante? Cet être n'a pas, comme ceux 
auxquels nous attribuons une âme, un centre qui paraisse être le siége spécial de 
-ce moi : la plante aurait donc un mot particulier, un mot répandu dans toutes 
ses parties, dans ses racines, dans sa tige, dans ses feuilles, dans ses fleurs et 
dans ses fruits. Qu'advient-il de ce mo? quand son fruit se détache, lors de la 
chute des feuilles? — Le mot se retire de ces parties qui sont mortes ; les 
autres, vivant alors d'une vie à part, acquièrent un nouveau mot. — Nous ad- 
mettons momentanément ce système; mais la branche que l'on coupe, dont on 
fait une bouture qui végète à son tour d'une vie séparée, acquiert-elle un 
nouveau moi? N'emporte-t-elle pas au contraire une portion du mo? de la plante 
d'où elle a été détachée? Et la greffe et l'écusson, qui peuvent être considérés 
comme des boutures faites sur un autre individu au lieu d’être faites dans la 
terre, quel est leur mot, d’où vient-il, en changent-ils? Nous avouons que 
dans ces divers cas l'unité du moi nous embarrasse tellement que nous l'aban- 
donnons pour chercher son identité. 

Malheureusement l'identité du mot de la plante nous fait l'effet d’être un 
probléme insoluble ; son existence ne se révélera d'une maniere certaine qu'au 
moi lui-même, à l'aide de la conscience et de la mémoire; nous ignorons si la 
plante est consciente, si elle est douée de mémoire. On voudrait nous démon 
trer et la mémoire et l'identité du moi par l'exacte répétition des phénomènes 
annuels, cette exactitude méme nous met en défiance contre ce raisonnement 
et nous porte à croire que la chaleur et l'humidité sont les vrais agents du 
renouveau et de la chute des feuilles. Si l'on étaye cette observation de l'exemple 
de ces arbres qui devancent les autres, la constance de leur précocité détruit 
pour nous l'argument, et nous opposerions volontiers à ces faits les floraisons 
intempestives qui nous paraissent indiquer que la plante obéit aux agents na- 
turels et aux influences atmosphériques bien plus qu’à l'impulsion d'un moi 
unique et identique. 

Que résulte-t-il de tout ceci? qu'il nous semble que la plante n'a point 
d'âme, que nous sommes porté à la considérer comme un être irritable, mais 
inintelligent, insensible et sans volonté. La théorie de l'âme de la plante nous 
parait devoir être rangée à côté du magnétisme, du somnambulisme translu- 
cide, de la sympathie escargotique, du spiritisme et de l'odisme. Nous avions 
déjà, nous l'avouons, des idées faites sur ces théories avant la révélation des 
savants professeurs allemands : peut-étre nous ont-elles obscurci la vue; peut- 
étre aussi les arguments dont nous avons pu avoir connaissance ne sont-ils pas 
les seuls, ni les plus décisifs. Quoi qu'il en soit, si séduisante que paraisse au 
premier abord la théorie de l'àme de la plante, si brillamment qu'elle puisse 
étre soutenue par des observateurs superficiels, ayant de longue date une 
croyance fortifiée de quelques autorités qui ont bien leur valeur, nous nous 
permettrons de n'en pas changer. Nous acceptons à l'avance tout ce que l'on 
pourra dire sur notre aveuglement et nous prions les initiés de nous apporter 


158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


la lumière à la recherche de laquelle nous venons, mais vainement, de faire 
avec toute l’impartialité possible cette petite excursion. 

Nous ferons enfin remarquer que nous n’avons pas cherché à faire une dé- 
monstration, que nous avons simplement examiné; que si nous nous sommes 
de plus en plus rapproché de l'opinion qui nie l'àme de la plante, c’est qu'à 
mesure que nous avancions il nous paraissait de plus en plus difficile d'admettre 
l'existence de cette âme. Prouver la non-existence de l'âme de la plante n'était 
point notre ambition; outre que cela eüt été au-dessus de nos forces de philo- 
sophe et de botaniste, c'eüt été vouloir prouver un fait négatif, c'est-à-dire 
quelque chose qu'il est presque toujours impossible de prouver, et dans le cas 
particulier qui nous occupe plus que dans tout autre. La preuve ne pourrait se 
faire dans ce cas, en effet, qu'en examinant un à un tous les phénomènes de la 
vie végétative, et l'on ne serait jamais sür de n'avoir pas négligé le seul phéno- 
mène susceptible de donner la solution de la question. Mais, puisque l'on a 
essayé de démontrer l'existence de cette àme, nous étions autorisé à n'étudier 
que les faits dont on se prévalait pour affirmer cette existence, nous retran- 
chant derrière ce brocard : Actori incumbit probatio. 

Puissent ces quelques mots diriger vers la question de l'àme de la plante 
la curiosité de certains esprits; elle aura toujours l'avantage, si peu scientifique 
qu'elle puisse paraître en elle-même, de faire envisager et accomplir méthodi- 
quement et à un point de vue philosophique, trop négligé aujourd'hui, les 
observations et les expériences de physiologie botanique. 


SÉANCE DU 23 MARS 1866. 


PRÉSIDENCE DE M. LE COMTE JAUBERT. 


M. Roze, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la 
séance du 9 mars, dont la rédaction est adoptée. 

Par suite de la présentation faite dans la derniére séance, M. le 
Président proclame l'admission de : 


M. FnawcnET (Adrien), à Cour-Cheverny (Loir-et-Cher), pré- 
senté par MM. le marquis de Vibraye et de Schoenefeld. 


M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. 

M. Cosson fait part à la Société de la douloureuse nouvelle qui 
vient de lui parvenir de la mort de M. le professeur Gussone, décédé 
récemment à Naples. 


SÉANCE DU 23 Mans 1866. 169 


Dons faits à la Société: 


1* Par M. Ad. Brongniart : 
Annales des sciences naturelles, 5° série, t. IV, n° 1. 
2° Par M. Arthur Gris : 
Recherches pour servir à l’histoire physiologique des arbres. 
3° En échange du Bulletin de la Société : 
Gardener's chronicle, 1866, n° 11. 
Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, février 1866. 


Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation , février 
1866. 


L'Institut, mars 1866, deux numéros. 


M. le Président fait don à la Société de plusieurs sachets de grai- 
nes achetés à Honk-Kong (Chine); il appelle l'attention sur la mi- 
niature coloriée qui figure sur chacun de ces sachets, et qui paraît 
devoir représenter la plante à laquelle les graines appartiennent. 
M. Gris veut bien se charger d'examiner ces graines. 


M. Martins fait à la Société les communications suivantes : 


SUR LES RACINES AÉRIFÈRES (OU VESSIES NATATOIRES) DES ESPÈCES AQUATIQUES 
; DU GENRE JUSSIÆA L., par M. Charles MARTINS. 


Le genre Jussieua (1) ou Jussiæa (2) a été établi par Linné; il appartient 
à la famille des Onagraires et renferme actuellement environ quatre-vingts 
espèces : les unes terrestres, les autres aquatiques, végétant dans les eaux 
douces de l'ancien et du nouveau continent. Les organes dont nous allons 
parler n'existent que sur les parties immergées des espèces aquatiques : ce 
sont des corps blancs ou rosés, cylindriques ou cvlindro-coniques, quelquefois 
vermiformes, spongieux, pénétrés d'air et se distinguant par leur forme ct 
leur couleur des racines ordinaires et des feuilles qui naissent comme eux des 


nœuds de la souche fixée dans la vase ou des rameaux flottant à la surface de 
l'eau. 


(1) €. Linnæi Corollarium generum plantarum. Lugduni- Batavorum, 1737, p. 126. 
(2) C. Linnæi Flora zeylanica, 1747, p. 75. — Systema naturae, 1748, p. 105, 
n^ 422. — Mantissa plantarum, 1767, p. 69. C'est ce dernier ouvrage que les au- 


teurs citent ordinairement, mois à tort, comme celui dans lequel Liuné aurait établi le 
genre Jussiæa. 


T. XI. (SÉANCES) 12 


170 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Historique. 


A ma connaissance, Rheede est le premier (1) qui ait signalé et figuré les 
racines aérifères d'une plante qu'il appelait /Vir-Carambu et que Linné dési- 
gna plus tard sous le nom de Jussica repens (2). Rheede reconnut la nature 
de ces organes, car il dit: « Radices, qu: ex caulibus hinc inde ad exortum 
» minorum cauliculorum exeunt fibrosa, albicantes ac rubescentes, aquea et 
» fistulosæ. » 

Longtemps après, Bonpland, décrivant le Jussiæa natans qu'il avait décou- 
vert avec A. de Humboldt, flottant à la surface d’un marais prés de Mompox 
dans la Nouvelle-Grenade, caractérisait les tiges de cette plante dans les termes 
suivants (3) : « Caules natantes, teretes, carnosi, glabri, ramosi, ad ramifica- 
» tiones vesiculis spongiosis niveis et radicibus fasciculatis instructi. » Hum- 
boldt et Bonpland croyaient que cette plante n'adhere pas au sol dans le fond 
de l'eau, mais qu'elle flotte à la surface, soutenue par ses vésicules aérifères. 

Plus tard, Wight et Arnott (4) revirent sur le Jussica repens les organes 
indiqués et figurés par Rheede, car ils disent en parlant des rameaux de cette 
plante : « Creeping and floating by means of vesicles round the insertion of 
» the leaves trowing out roots from the joints. » Enfin, M. Hasskarl (5) a donné 
la description suivante des racines acriféres du Jussiæa repens : « Utrinque ad 
» basim petioli infra stipulas progeminant primo tubercula rosea 6-8, quie 
» mox magis excrescunt in radices biformes; partim radices hæ sunt valde in- 
» crassatæ, mollissimæ, tenerrima, candidae, utrinque plus minus attenuatæ, 
» spongiosæ, levissima (vesiculæ W. A. Prodr. I, 335-1040) et inde fiunt 
» radices natatoriæ 4 ad 2, 5 pollices longa, fusiformes e cellulis constantes 
» stellulatis, canales aërios amplissimos foventibus, parenchyma spongiæforme 
» (Schleiden, Handb. p. 232, fig. 35) formantibus, partim radices filiformes, 
» roses, elongata, in inferiore caulis parte ad 20 poll. longae sat crasse et 
spongiose ast quam radices natatoriæ firmiores, » 

Sur le Jussica grandiflora Mich., c'est John Sims qui, le premier, à si- 
gnalé (6) ces organes sur des individus cultivés au Jardin de Kew : il distingue 
très-bien les racines ordinaires fibreuses, d'une couleur foncée, des organes 
ramifiés composés d'une substance légère analogue à la moelle de Sureau; il les 
compare à des flotteurs ou des bouées destinés à maintenir la plante près de 
la surface de l'eau, car M. Anderson, dit-il, n'a jamais observé qu'elles péné- 


> 
x 


(4) Hortus malabaricus, t. Il, p. 99 et tab. 51, 1679, et Dillwyn, A review of the 
references Lo the Hortus malabaricus. Swansea, 1839, p. 9. 

(2) Flora zeylanica, 1747, p. 75. 

(3) Plante equinoctiales, t. I, p. 16 et tab. uit, fig. B, 1808, et Kunth, Nova genera 
el species plantarum cquinoctialium, t. VI, p. 99, 1824. | 

(^) Prodromus flore peninsulæ Indiæ orientalis. 1834, t. 1, p. 325. 

(5) Plante javanicæ rariores, 1848, p. 440. 

(6) Curtis's Botanical Magazine, t. XLVI, tab. 2122, 1820. 


SÉANCE DU 23 MARS 1866. 171 
trassent dans la terre, quoique l'eau dans laquelle la plante végétait n'eüt pas 
plus de 18 pouces de profondeur. 

Dans l'herbier de Delile, conservé au Jardin-des-plantes de Montpellier, se 
trouve une note de sa main, avec la date d'août 1823, accompagnant des échan- 
tillons de Jussicea grandiflora desséchés avec leurs racines aérifères. Je repro- 
duis cette note en entier : « Caules immersi natantes cylindrici. Radices nu- 
» merosæ, fasciculatæ ex axillis foliorum, aliæ simplices limum petentes, alie 
» natantes in radiculas laterales horizontales, numerosas divise. Radices istae 
» succis plenæ, descendentes. Radices aliæ adventitiæ fusiformes, cellulosæ, 
» inflatæ, exsuccæ, albæ, prioribus contiguæ, plantam sustinentes per aquam et 
» vesicarum more auxiliatrices. Quin imo medulla radicum adventitiarum sub 
» epidermide corticis interdum serpit, turget, corticem dilacerat ita ut cras- 
» sior et levior insuletur et aliqua parte caulis mutetur : exsucca et levis haec 
» medulla aére plena locum tenet corticis ut figura ostenditur. » La figure 
manque dans l'herbier, mais ce passage montre que Delile avait très-bien re- 
connu l'existence de ces organes et constaté leur utilité : ils ne sont pas men- 
tionnés dans la description de 22 espèces indiquées comme aquatiques dans le 
troisieme volume du Prodromus de De Candolle (1) qui parut en 1828. 

Les descriptions plus détaillées faites depuis cette époque montrent que ces 
organes n'avaient pas échappé à l'attention des observateurs. Ainsi le nom seul 
de Jussiæa helminthorrhiza, donné par M. de Martius (2) à une espèce de Bahia, 
prouve déjà qu'il avait vu les racines aérifères qui ressemblent souvent à des 
vers intestinaux nématoides; l'illustre botaniste a soin d'ajouter : « Radicibus 
» pluribus in corpora spongiosa vermiformia, oblonga, utrinque acuta, alba 
» roseave tumentibus. » Les racines aérifères ne sont mentionnées dans aucune 
des 36 autres espèces décrites dans le Repertorium Bolanices systematic (3) 
et les Annales Botanices systematicæ (h) de Walpers. Cependant, en parcou- 
rant les grands herbiers, il est facile de voir, par le choix des échantillons, que 
cessinguliers organes avaient frappé l'attention des collecteurs et de ceux qui 
observaient les plantes vivantes dans les jardins botaniques. Ainsi je trouve 
dans l'herbier de M. De Candolle un rhizome de Jussiæa grandiflora cueilli en 
1840 dans le Jardin de Genève et accompagné d’une étiquette de M. Reuter 
portant : « Racines garnies d'un tissu cellulaire léger et spongieux qui les fait 
» monter verticalement. » Néanmoins ces organes signalés par les botanistes des- 
criptéurs n'avaient pas encore été l'objet d'une étude particulière : c'est cette 
lacune que je vais essayer de combler par ce travail. Comme il est consacré 
spécialement à la description et à l'anatomie des racines aériféres des Jussiæa 


(1) Prodromus systematis regni vegetabilis, t. II, p. 52. 

(2) Herbarium flore brasiliensis. Flora, t. XXII, pars 1, Beiblætter, p. 61, 1839, 
Description reproduite dans Walpers, Repertorium, t. II, p. 74, 1843. 

(3) Tome II, p. 72, 1843, et tome V, p. 664, 1845-1846. 

(4) Tome lI, p. 531, 1851-1852, et tome III, p. 861, 1852-1852. 


172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

repens L. et J. grandiflora Mich. , je me borne à indiquer deux autres espèce 
que j'ai trouvées munies de racines aérifères dans les herbiers du Muséum et 
de M. Delessert à Paris, de M. De Candolle à Genéve. Leurs formes différent 
peu, étant toujours plus ou moins cylindriques ; néanmoins elles ne sont jamais 
identiques daus deux espéces distinctes et peuvent aider à différencier celles 
qui se ressemblent par d'autres caractères ; ces espèces sont : 


Jussiæa natans H. B. Nouvelle-Grenade prés Mompox, Fernambouc (herb. 
Delessert), Paraguay (Weddell, 3239), ct 
Jussiæa helminthorrhiza Mart. Bahia, Salzmann 1830 (herb. De Candolle). 


Le nombre des espèces de Jussica, sur lesquelles j'ai observé des racines 
aériferes, ne s'éléve donc pas à plus de quatre; mais je suis convaincu qu'on 
retrouvera ces organes sur toutes les espéces aquatiques, lorsque l'on sera pré- 
venu de leur existence. On les cherchera sous l'eau en arrachant les tiges sub- 
mergées des plantes, au lieu de se borner, comme on le fait habituellement, à 
cueillir les sommités fleuries qui dépassent la surface. 


* 


Description des racines aérifères du Jussiæa repens L. 


Le Jussica repens L. (J. adscendens L., J. diffusa Forsk., J. grandiflora 
Mich., J. peploides H. B., J. polygonoides H. B., J. fluvialis Blume, J. ra- 
mulosa DC., J. Swartziana DC., J. stolonifera Guill. et Perr. , Jussieua al- 
ternifolia E. Meyer) est une plante des parties chaudes et tempérées de l'an- 
cien et du nouveau monde : elle occupe une large bande dont les deux bords, 
parallèles à l'équateur, sont éloignés chacun de 35 degrés latitudinaux de la 
ligne équinoxiale. Les marais d'eau douce, les bords des fleuves, les terrains 
inondés de l'Asie, de l'Afrique, de l'Amérique et de l'Océanie, sous tous les 
méridiens, ont pour ainsi dire été envahis par cette espèce qui se propage à la 
fois par ses nombreux stolons et par ses innombrables graines dont la germi- 
nation est très-facile. 

C'est en octobre 1862 que M. Durieu de Maisonneuve me montra cette 
plante qu'il avait reçue d'Afrique, où M. Letourneux (1) l'avait découverte dans 
un canal prés de Bóne, le 20 septembre 1861. Elle était cultivée dans les 
plates-bandes du jardin botanique de Bordeaux et végétait dans un tonneau 
peu profond; ses nombreuses racines aérifères s'élevant du fond de l'eau me 
frappèrent vivement. L'année suivante, grâce aux graines envoyées par M. Du- 
rieu, je cultivai la plante dans le Jardin de Montpellier, où elle réussit admi- 
rablement. Quand on considère la plante végétant dans une terrine ou un 
baquet, sous quelques décimétres d'eau, on distingue cinq sortes de racines 
flottantes, partant toutes des nœuds de la souche ou des branches sur les- 
quelles naissent également les feuilles et les rameaux : 


(1) Collection Kralik, n° 159 (herb. De Candolle et Cosson). 


SÉANCE DU 23 Mans 1866. 173 


4° Des racines flottantes simples, filiformes, rougeâtres, de 1 à 20 centimè- 
tres de long, poussant principalement sur les derniers nœuds immergés des 
rameaux flottants. 

2° Des racines, modification des premières, également rougeâtres, mais hé- 
rissées de petites radicules fines. Ces racines ont de 5 à 40 centimètres de 
longueur, en général 20 centimètres; elles sont également flottantes, mais 
s'implantent quelquefois dans la vase par leur extrémité. 

3° Des racines, également ramifiées, mais dont l'axe, au lieu d’être grêle et 
rougeâtre, est tuméfié, spongieux, aérifere, d'un blanc jaunâtre. Ces racines 
que j'appellerai mixtes, sont quelquefois flottantes, mais plus souvent enfoncées 
dans la vase. Quand on sort un pied de Jussiæa de sa terrine et qu'on enlève 
au moyen de lavages répétés toute la vase, on voit que le systeme radiculaire 
par lequel la plante adhère au fond de l'eau se compose en entier de racines 
mixtes, qui forment la transition à celles que nous allons décrire sous le nom 
de racines aérifères et qui se présentent sous deux formes, savoir : 

^? Les racines aérifères des rameaux flottants, véritables vess?es natatoires de 
la plante : elles naissent sur les noeuds comme les autres, formant des faisceaux 
composés de deux à quatre, rarement cinq, racines. Leur longueur moyenne 
est de 2 centimètres, mais elle varie de 4 à 5; leur forme est celle d'un cône 
trés-allongé, terminé par une pointe de couleur rosée qui contraste avec 
le blanc mat de la partie cylindrique. Molles, spongieuses, non ramifiées, elles 
ne s'enfoncent pas dans le sol, et l'air s'en échappe en petites bulles quand on 
les comprime entre les doigts au-dessous de la surface de l'eau. 

5° Enfin les racines aériféres qui naissent de la souche, et quelquefois des 
racines mixtes enfoncées dans la vase : elles s'élévent verticalement comme des 
colonnes du fond de l'eau. Leur longueur est de 4 à 10 centimètres; en 
général, de 5 à 6; elle varie, du reste, avec la profondeur de l'eau dont 
elles cherchent à atteindre la surface. Leur diamètre est en moyenne de 5 mil- 
limètres; leur forme, celle d'un cylindre terminé par une petite pointe; leur 
couleur, un blanc d'argent; leur consistance, molle et spongieuse. Elles sont 
rarement ramifiées et ne présentent alors que deux ou trois rameaux latéraux 
naissant du méme cóté. Quand ces racines sont nombreuses, elles forment, au 
fond de l'eau, une sorte de tapis argenté du plus singulier effet. 

Telles sont les cinq espèces de racines que possède le Jussiæa repens : les 
deux premières ne sont ni spongieuses, ni aérifères ; la troisième offre un axe 
spongieux et des ramifications qui ne le sont pas; les quatrième et cinquième 
sont simples et entièrement spongieuses et aérifères. Ces cinq sortes de racines 
se combinent entre elles de diverses façons. Ainsi, j'ai vu des vessies natatoires 
sur des racines mixtes ou méme sur des racines ordinaires ramifiées; mais 
l'anomalie la plus singulière est celle que Delile avait déjà aperçue sur le Jus- 
sia. grandiflora, c'est lorsqu'une portion plus ou moins longue de la tige 
devient spongieuse. Cela se voit uniquement sur les parties submergées. Le 


174 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


tissu aérifère se développe sous l'épiderme, qui se soulève, se déchire et permet 
à la tige de se gonfler dans toute la portion envahie. Ce tissu spongieux s'arréte 
brusquement et la tige reprend sa grosseur et sa structure ordinaires. 


Description des racines nériféres du Jussiza grandiflora Mich. 
(J. repens var. grandiflora Nob.) 


Espèce distincte ou simple variété du Jussiæa repens, le Jussiea grandi- 
flora, découvert par Michaux (1) aux environs de Savannah en Géorgie, a été 
retrouvé sur la cóte orientale de l'Amérique depuis le Kentucky jusqu'au Rio 
de la Plata. Delile la cultivait dès 1823 dans le canal de l'école botanique du 
Jardin-des-plantes de Montpellier. Vers 1830, le jardinier en chef, appelé Mil- 
lois (2), en porta quelques pieds dans la petite rivière du Lez, prés du port 
Juvénal, où elle s'est naturalisée en occupant toute la rivière en aval du pont 
qui la traverse. MM. De Candolle père et fils (3) l'ont constaté en 1836. Depuis, 
cette plante a envahi non-seulement tout le cours inférieur du Lez de maniere 
à gêner la navigation de la partie canalisée de cette rivière qui conduit à la 
mer, mais encore elle a pénétré dans tous les canaux et fossés d'irrigation des 
prairies de Lattes où elle est la plante dominante. Cette naturalisation est d'au- 
tant plus singulière que l'espèce se propage uniquement par stolons, car jamais 
elle ne fructifie en France et rarement dans son pays natal (4). Cependant les 
fleurs sont souvent visitées par les abeilles. Le pollen, parfaitement organisé, 
identique avec celui du J. repens, laisse échapper dans l'eau sa fovilla animée du 
mouvement brownien; d'un autre côté, l'ovaire contient de nombreux ovules 
transparents en tout semblables à ceux du J. repens, qui donne chaque année 
à Montpellier comme à Bordeaux un grand nombre de graines fertiles. 

Une comparaison minutieuse des parties florales, calice, corolle, étamines, et 
des feuilles examinées comparativement à la loupe et au microscope, ne m'ayant 
pas permis d'apercevoir la moindre différence, sauf la grandeur des parties, 
entre les deux espèces, je les réunis donc et considère le J. grandiflora Mich. 
comme une variété à grandes fleurs et à grandes feuilles du J. repens. Cette 
variété, ne se propageant que par stolons, maintient ses caractères. Sa distri- 
bution géographique vient encore à l'appui de mon opinion, car elle occupe 
une position relativement limitée, savoir les cótes orientales d'Amérique, 
depuis la Géorgie jusqu'au Rio de la Plata, comprise dans l'aire américaine du 
J. repens. qui s'étend du Kentucky au Rio de la Plata, le long des cótes de 
l'Atlantique et de la mer Pacifique, oà personne n'a encore signalé la présence 
de la variété à grandes fleurs. 


(1) Flora boreali-americana, t. I, p. 267. 

(2) Chapel, Sur l'acelimatation dans le Lez de quelques plantes aquatiques (Bulletin 
de la Société d'agriculture de l'Hérault, avril 1838). 

(3) Alph. De Candolle, Végétaux phanérogames naturalisés prés de Montpellier ( Bi- 
bliothèque universelle de Genève, nov. 1836, et Géographie botanique, p. 714). 

(4) Chapman, Flora of the southern United Slates, p. 140. 


SÉANCE DU 23 Mans 1866. 175 


Les parties émergées de la tige sont simples ou rameuses : elles présentent 
des nœuds très-marqués où s’insèrent les feuilles et les (leurs axillaires qui 
leur correspondent. Mais, si l'on arrache la plante de facon à pouvoir observer 
les parties immergées, on voit que ces nœuds portent en outre des fais- 
ceaux de racines fort différentes entre elles comme celles du J. repens, 
savoir : 4° des racines filiformes, simples ou ramifites, d’une couleur rou- 
geátre; 2° des racines dont laxe est spongieux et que j'ai appelées mixtes; 
enfin 3° des racines blanches, spongieuses, aérifères, simples, dressées verti- 
calement et partant de la souche, des racines mixtes enfoncées dans la terre, ou 
de la partie inférieure des tiges. Quand la plante végète dans une rivière ou un 
canal, leur longueur ne dépasse pas 5 à 7 centimètres sur 2 à 3 millimètres 
de diamètre, En général, plusieurs fixées sur le méme nœud caulinaire for- 
ment des faisceaux composés de deux à cinq racines. Mais, si l'on cultive la 
plante dans une terrine, ces racines, groupées en faisceaux nombreux et serrés, 
atteignent une longueur de 15 à 17 centimètres sur 2 à 5 millimètres de dia- 
metre : elles sont cylindriques, d'un blanc d'argent, et leur pointe se contourne 
en hélice. On n'observe pas dans le J. grandiflora ces racines aériferes, coni- 
ques, véritables vessies natatoires qui garnissent toute la partie immergée des 
rameaux flottants du J. repens où du J. natans et les soutiennent à la surface 
de l'eau. Les tiges émergées du J. grandiflora se soutiennent par elles-mêmes 
et sont plus ou moins dressées : aussi les racines aérifères de cette variété rap- 
pellent-elles ces organes sans fonctions dont l'existence, chez certaines espèces, 
ne prouve que l'unité de composition des organismes semblables dans les végé- 
taux comme dans les animaux. 

Les cinq espèces de racines adventives que nous avons décrites se dévelop- 
pent sous l'influence de l'eau. Les extrémités de la tige qui s'élèvent au-dessus 
du liquide en sont complétement dépourvues. Si l'on cultive les Jussiæa pré- 
cités dans une terrine enfoncée dans le sol, les stolons, longs souvent de 50 cen - 
timetres, qui dépassent les bords de la terrine, sont complétement dépourvus de 
racines; mais, si l'on a soin de faire plonger de nouveau dans un vase rempli 
d'eau une certaine portion de l'un de ces stolons, les racines filiformes, puis de 
petites racines aérifères apparaîtront bientôt. Un Jussiæa cultivé dans un ter- 
rain sec ne pousse des racines caulinaires que dans la portion inférieure de la 
tige en contact avec le sol qui conserve toujours un peu d'humidité après les 
pluies, jamais il ne se développe de racines aériferes. Si la plante pouvait vivre 
dans un terrain parfaitement sec, je suis convaincu que sa tige ne présenterait 
méme point de traces de racines; car celles qui se développent dans les cir- 
constances ordinaires sont trés-gréles et trés-courtes. La plante tout entière 
est alors fort différente des sujets venus dans l'eau. Le port général, la dispo- 
sition des rameaux dont les entre-nœuds rapprochés portent de petites rosettes 
de feuilles avortées, ne sont plus les mémes. Les feuilles, réduites au quart de 
leur grandeur naturelle, se couvrent de poils blanchâtres qui manquent sur 


176 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


celles de la plante immergées dans l'eau. Presque tous les rameaux floriferes 
sont remplacés par des branches courtes, non ramifiées, composées uniquement 
de feuilles encore plus petites que celles dans l'aisselle desquelles ces branches 
ont pris naissance. Les fleurs sont plus hâtives, plus rares et plus petites, mais 
leurs caractères sont les mêmes que ceux des individus qui végètent dans 
l'eau. 


Comparaison des vessies natatoires des Jussiæa avec ceiles de 


«quelques autres végétaux ct animaux aquatiques. 


Chez les plantes aquatiques appartenant à d'autres familles naturelles, ce 
sont en général les organes foliacés qui remplissent le rôle de vessies natatoires. 
Je me contenterai de citer les Utricularia vulgaris, U. intermedia et 
U. minor, où une partie des ramifications de la feuille décomposée deviennent 
vésiculeuses (1); celles de l'Aldrovandia vesiculosa, où c'est le limbe lui- 
méme d'une feuile simple (2) qui se renfle. Dans d'autres plantes, c'est le 
pétiole qui se gonfle et se remplit d'air. Ex. Trapa natans (3), Pontederia 
crassipes (h), et nous constaterons que la composition de l'air qui remplit ces 
organes se rapproche beaucoup de celle de l'air contenu dans les lacunes des 
cellules spongieuses. 

Chez les animaux, nous voyons également des organes différents remplir la 
fonction de vessie natatoire; dans les poissons, c'est la vessie aérienne qui ap- 
partient au système eesophagien et correspond au poumon des animaux aériens. 
Dans l'Argonaute, c'est la légèreté méme de la coquille qui aide l'animal à se 
soutenir à la surface de l'eau ; chez le Nautile et d'autres univalves, ce sont les 
cloisons remplies d'air traversées par le siphon (5). Enfin dans les Acalèphes 
hydrostatiques où Siphonophores, ce sont des vésicules aériennes situées au 
sommet de la grappe et des cloches natatoires rangées sur les côtés (6). Dans 
les Vellelles, c'est an bouclier avec canaux aériferes (7). Enfin dans un mol- 
lusque gastéropode pélagique de la Méditerranée, la Janthine, ce sont de petites 
bulles d'air emprisonnées dans une écume dont les cellules sont formées par 

‘Ja mucosité que sécrète le pied de l'animal. Semblable à un ludion, cette 
écume le soutient à la surface de l'eau. LA vessie natatoire de la Janthine n'est 
donc plus méme un organe transformé, mais seulement le produit d'une sé- 


(1) Cosson et Germain, Atlas de la flore des environs de Paris, pl. XVIII bis, fig. À, 
9, D, 3 et C, 5 ; et Dic'. sciences naiur., pl. XXVII, 4. 
, (2) Lamarek, Illustrations, pl. CCXX, b. 

(3) De Candolle, Organographie, pl. LV, p. et i. 

(4) Schnizlein, [concaraph^ie, t. I, pl. LIV. 

(5) Milne Edwards, Éi£«ents de zoologie, p. 785, fig. 314. 

(6) Vogt, S ir les SU de lan mer de Nic?, pl. Dhs, 2, 4 cd pl. Vila: 
etc: pl. XII im 2 et 3, elc: 

(7) Ibid. pl. I, fig. 5 et 6. 


SÉANCE DU 23 Mans 1860, 177 


crétion devenue aérifere par suite des mouvements particuliers du pied de 
l'anime (1). 


Structure anatomique des racines aérifères des Jussiæa repens 
et J, grandiflora. 

Si l'on fait une section longitudinale sur une petite radicule aérifère de Jus- 
siæa repens d'un. centimètre de longueur et qu'on l'examine avec un grossis- 
sement de 6 fois, on remarque d'abord à l'extrémité une petite coiffe (pi- 
léorrhize [2] Wurzelhaube [3]) dont la partie extérieure, déjà morte, commence 
à se détacher; au centre est un faisceau de vaisseaux rayés ; à l'extrémité 
de la radicule, et en contact avec le faisceau central, on voit des rangées de 
cellules prismatiques non séparées par des espaces lacunaires et contenant des 
granules verts; le corps de la radicule spongieuse se compose de tissu cellu- 
laire dont les lacunes ou intervalles des cellules sont remplis d'air et paraissent 
noirs avec un centre blanc sous le microscope. Enfin à la circonférence se 
trouve une mince couche de lacunes et de cellules pénétrées d'eau qui sont 
transparentes. 

Avec un grossissement de 80 fois, on observe que les cellules les plus exté- 
rieures sont déchirées et que la racine aérifère est complétement dépourvue 
de couche épidermique. Avec un grossissement de 200 fois, on voit le cloi- 
sonnement de ces cellules, les lacunes qu'elles laissent entre elles et les nucleus 
qu'elles contiennent. 

L'examen microscopique des racines ordinaires du Jussiga grandiflora 
nous dévoile trés-bien la transformation du tissu cellulaire ordinaire sans 
lacunes en tissu cellulaire lacunaire aérifère. Sur des racines simples filiformes, 
on remarque souvent une ou deux rangées de cellules situées vers la périphérie, 
séparées par des lacunes longitudinales et apparaissant sous le microscope 
comme deux bandes noires, blanches au centre : sur des racines ordinaires 
ramifiées, ces espaces intercellulaires aériferes se multiplient. Sur d'autres 
préparations, les cellules sont plus écartées, les espaces lacunaires agrandis, et 
l'on remarque les prolongements latéraux qui, en s'allongeant transversalement, 
transforment peu à peu le tissu cellulaire, qui se composait uniquement de 
rangées de cellules prismatiques juxtaposées, en un réseau à mailles aéri- 
feres carrées. Ainsi, la section longitudinale d'une racine ordinaire ramifiée 
de Jussica grandiflora présente symétriquement de chaque côté : 1° au 
centre, le faisceau vasculaire composé de vaisseaux rayés; 2° en dehors, le 
tissu cellulaire formé de rangées de cellules allongées juxtaposées les unes aux 
autres ; 3° plus en dehors, les mêmes cellules, déjà séparées par des lacunes 


(4) Voyez Lacaze-Duthiers, Comment les Janthines font leur flotteur ? (Recherches 
sur les animaux des faunes maritimes de l' Algérie el de la Tunisie, p. 317. 1866.) 

(2) Trécul, Origine des racines (Ann. sc. nat. 3° série, t. VI, p. 310). 

(3) Schacht, Lehrbuch der Anatomie und Physiologie der Gewæchse, t. V, ]p. 166. 


178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


aériféres; 4° ces mêmes cellules écartées munies de prolongements latéraux 
et le tissu transformé en tissu lacunaire aérifère; 5° enfin un épiderme com- 
posé de cellules fort semblables à celles du centre, formant des rangées 
juxtaposées sans lacunes aérifères. 

On reconnait donc que la structure d'une racine spongieuse blanche aéri- 
fere est la méme que celle d'une racine ordinaire, quoique leur apparence et 
leurs fonctions soient bien différentes. Dans la racine aérifère, les méats inter- 
cellulaires en se remplissant d'air se sont agrandis, des trabécules transversales 
se sont formées, et il en est résulté un tissu aréolaire à mailles carrées renfer- 
mant de l'air. Cette transformation de la racine en un corps spongieux aérifere, 
propre à soutenir la plante à la surface de l'eau, a amené des changements 
organiques et biologiques, dont les principaux sont : 1? la tuméfaction de l'or- 
gane; 2° son moindre allongement ; 3° la destruction de l'enveloppe épider- 
mique; et 4° l'avortement presque constant des ramifications latérales. Ces 
ramifications naissent des faisceaux vasculaires centraux, comme M. Trécul (1) 
l'a montré pour le Nufar luteum et un certain nombre de plantes terrestres. 

En résumé, la transformation des racines ordinaires des Jussiæa en racines 
aériferes, obéit aux lois générales de ce genre de métamorphoses. Dans les 
deux organes, les éléments sont les mêmes; seulement l'un d'eux s'hypertro- 
phie aux dépens des autres, et les lacunes aériennes qui existent dans la tige et 
dans les racines de tous les végétaux aquatiques envahissent toute la racine, 
excepté le faisceau vasculaire central, qui devient l'axe d'un système lacu- 
naire aérifère, au lieu d’être celui d'un organe d'absorption, comme dans les 
racines non modifiées. 

Les tiges du Jussiæa grandiflora ne sont pas dépourvues de lacunes aéri- 
feres, mais elles se trouvent dans la partie corticale ; en effet, la coupe transver- 
sale d'une tige nous montre au centre : 1? un faisceau vasculaire ; 2° un tissu 
aréolaire à cellules pentagonales; 3° une couche vasculaire représentant la 
couche ligneuse des végétaux arborescents; 4° une couche corticale d'un tissu 
cellulaire serré dans lequel sont creusées de grandes lacunes aérifères ova- 
laires, bien différentes pour la forme des lacunes à section quadrilatère des 
racines aérifères. Cette étude microscopique a été faite avec mon collègue et 
ami M. Rouget, professeur de physiologie à la Faculté de médecine de Mont- 
pellier. Sa grande habitude de ce genre d'observations est un garant de leur 
exactitude. 


Composition de l'air contenu dans les lacunes des racines 
spongieuses des Jussiæa aquatiques. 


Ce travail n'eüt pas été complet, si je n'avais cherché à connaitre la compo: 
sition de l'air contenu dans les lacunes aériferes des racines de mes deux 


(1) Loc. cit. p. 309. 


SÉANCE DU 23 MARS 1866. 179 


espèces de Jussiæa. Pour cela, je mv'adressai à M. Moitessier, agrégé de 
chimie de la Faculté de médecine de Montpellier, qui voulut bien se charger 
de ces analyses. 


Composition de Pair dans les racines du Jussiæa grandiflora, 


Il était d'abord intéressant de savoir quelle était la composition de cet air 
lorsque la plante est, pour ainsi dire, dans des conditions normales, Pour 
cela, M. Moitessier a recueilli, le 23 juillet 4864, dans une éprouvette, environ 
20 centimètres d'air en l'exprimant sous l'eau des racines ordinaires semi- 
spongieuses ramifiées du Jussiæa grandiflora, qui vit et se propage dans les 
eaux courantes du Lez. Cet air, analysé par le phosphore, se trouvait composé 
de (1) : 


DO n e 5.005 25 5 2 Ud 
Üxygéna EE a 8,9 
400,0 

Deux analyses de l'air des racines spongieuses non ramifiées ont donné : 
Azote. ee se se... 15753 88,5 
Oxygéne.......... 50000900 127 11,5 
100,0 100,0 


Dans les eaux stagnantes d'une mare prés de Granmenet, non loin de la 
mer, on a trouvé, le mois suivant, dans deux expériences sur des racines 
aérifères non ramifiées ; 


Azote,; --. eos. ts 85,5 87,8 
Oxvgóne. o: 5. c... c 14,0 49:9 
100,0 100,0 


On voit qu'en pleine eau, en dehors des conditions artificielles de la culture 
des jardins, la composition de l'air contenu dans les racines spongieuses du 
Jussiæa grandiflora est, en moyenne, de : 


Azote. es E: 9753 
Oxygəane oocddooouovboocoueovdroavouc 1277 
100,0 


La même espèce, végétant dans un baquet dont l’eau était sans cesse renou- 
velée par un courant continu, a donné, dans deux analyses comparatives, 
dont la première a été faite à l'aide de l'acide pyrogallique, les résultats sui- 
vants pour l'air contenu dans ses racines aérifères : 


À30l8- 550-00 en ce... 88,9 87,4 
Üxygéne; -a 4171 12,6 
100,0 100,0 


Dans un baquet dont l'eau était également renouvelée, M. Moitessier trouva, 


(1) Tous les volumes gazeux de ces analyses étaient de 15 à 30 centimètres cubes 
et ont élé ramenés à la température de zéro et à la pression de 760 millimètres. 


180 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


le 29 juillet 186^, que l'air contenu dans les racines spongieuses se compo- 
sait de : 


Azote.. 5 19425. DO60OODUOOOUC ` . 89,3 
Oxygène o t ECCE ec 07 
100,0 


Le composition de l'air dissous dans l'eau du baquet était de : azote, 67,5; 
oxygène, 32,5, qui est celle qu'on trouve habituellement pour l'air dissous 
dans l'eau. 

Une autre expérience faite en juillet 1865 surla méme plante, végétant dans 
un baquet dont l'eau ne se renouvelait pas constamment, a donné pour résultat : 


Azote........ 20 00000 00099090C . 87,0 
Oxygene ee duoddcoabac 36995 13,0 
100,0 


L'air dissous dans le baquet avait, suivant deux analyses très-concordantes, 
la composition suivante, bien différente de celle trouvée pour l'aircontenu dans 
un baquet où l'eau se renouvelait sans cesse. L'air de l'eau stagnante contenait : 


(a) Le D. 2.5 a a 84,4 
HÜxcyóne a a a one 15,9 
100,0 


Ainsi, dans l'eau courante, la proportion d'oxygène de l'air dissous est su- 
périeure à celle de l'air atmosphérique; c'est le contraire quand l'eau. ne se 
renouvelle pas. Mais, quelle que soit la composition de l'air dissous dans l'eau, 
celle de l'air contenu dans les racines ne varie pas; elle a été, en moyenne, 
dans les neuf analyses : 


EAxole | o ao s a aa 875 
(0) oxygène Te OC boosondécodooco on. PE 
100,0 


Composition de l'air contenu dans les racines aérifères 
du Jussiæa repens. 


Une analyse faite en août 1864, de l'air des racines aérifères d'une plant 
végétant dans un baquet dont l'eau se renouvelait sans cesse, a donné : 


KZOE 5.215. ee 50925 ess 85,8 
joa | pce Hr  . 14,2 
100,0 


L'air dissous dans l'eau de ce baquet contenait 69,9 d'azote et 30,1 d'oxy- 
gene. 

Deux analyses comparatives, la première avec le phosphore, la seconde par 
l'acide pyrogallique de l'air, des racines spongieuses d'une plante végétant daus 
un baquet dont l'eau ne se renouvelait pas, ont donné en août 1864 : 


x d Tu a 13,6 
(c) Ante. | 87,0 XY B oc | 13,0 


SÉANCE DU 93 mars 1866. 181 

Dans une autre expérience faite en juillet 1865, l'air dissous dans l'eau 

stagnante d'un baquet contenait 82,7 d'azote sur 17,3 d'oxygène, résultat 

qui concorde avec celui de l'analyse (a). L'air des racines spongieuses avait la 
composition suivante : 


Azote a eee Docu 0 ` 88,1 
DES . D 300009900 2201159 
100,0 


Étant parvenu à faire végéter des boutures de Jussiwa diffusa. pendant 
l'hiver, dans la serre tempérée, M. Moitessier voulut bien analyser l'air con- 
tenu dans les racines spongieuses qui s'étaient. développées sur les plantes, 
malgré leur végétation languissante, et il trouva, en janvier 1866, qu'il con- 
tenait : : 


AZO. o 000900020990 es. 250 8/2 
Oxygène n se 15,8 
100,0 


La quantité d'oxygène est plus forte que dans les deux analyses (c et d) de 
la plante végétant en plein air et en été, dans des conditions semblables, et 
cependant la composition de l'air dissous dans l'eau non renouvelée du baquet 
était la méme, car deux analyses très-concordantes ont donné pour sa compo- 
sition : azote, 82,9; oxygène, 17,1, comme pour l'air dissous dans l'eau de 
l'analyse (d). 

En résumé, cinq analyses de l'air des racines spongieuses du /ussiæa re- 
pens, végétant dans diverses conditions, donnent, quelle que soit la compo- 
sition de l'air dissous dans l'eau, le résultat moyen suivant : 


A20 0. 5-752 7 2.7 LS 86,3 
Üxygénel e e e BonooooSg30t 13,7 
100,0 


Composition trés-analogue à la moyenne (/) des neuf analyses de l'air con- 
tenu dans les racines spongieuses du /ussiæa grandiflora. 

Nous avons voulu savoir encore si les racines aériferes exhalaient de l'air. 
Pour cela, nous avons placé des éprouvettes remplies d'eau sur des racines 
dressées verticalement au fond des terrines. Quelques éprouvettes sont restées 
vides d'air, d'autres contenaient une bulle plus ou moins grande; l'émission 
se faisait irrégulierement, de jour comme de nuit; en un mot, nous avons 
acquis la certitude que cet air s'échappait uniquement par suite de la rupture 
de quelques lacunes aériféres; cet air avait une composition analogue à celle de 
l'air que nous exprimions des racines spongieuses, car il contenait : 


182 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ces résultats sont d'accord avec ceux que Dutrochet (1) a obtenus sur une 
autre plante aquatique, le /Vufar luteum. Comme nous, il a trouvé que l'air 
contenu dans les racines était pauvre en oxygène, puisqu'il n'en contenait que 
8 pour 100, tandis qu'il en trouvait 16 dans l'air que la pompe pneumatique 
dégageait du rhizome, et 18 pour 100 dans celui des feuilles. Le célèbre phy- 
siologiste en concluait que l'air atmosphérique absorbé par les feuilles descen- 
dait peu à peu dans les racines en s'appauvrissant de son oxygène, qui se 
combinait avec le tissu végétal. Nos expériences ne sont pas contraires à cette 
théorie, car elles démontrent que la composition de l'air contenu dans les ra- 
cines ordinaires ou aériferes est indépendante de la composition de celui qui 
est dissous dans l'eau, et qui, par endosmose, aurait pu pénétrer directement 
dans les racines. Deux expériences de M. Moitessier sont dans le méme sens 
que celles de Dutrochet ; à ma prière, il voulut bien analyser l'air contenu 
dans les pétioles des feuilles du Pontederia crassipes Mart. et celui des feuilles 
de l’Aldrovandia vesiculosa L., retrouvé en abondance par M. le docteur 
Duval dans les caisses d'emprunt du chemin de fer, à la station de Raphèle 
prés Arles. Lair des pétioles du Pontederia contenait 14,1 pour 100 
d'oxygène; celui de l'A/drovandia, 15,5 : proportion un peu plus forte que 
celle qui se trouve dans les racines aérifères des deux espèces de J/ussiæa, où 
elle est, en moyenne, de 13,0. 


Résumé. 


4° Un certain nombre d'espèces aquatiques du genre Jussiæa, telles que 
J. repens, J. grandiflora, J. natans et J. helminthorrhiza, sont pourvues de 
racines spongieuses aériféres simples, cylindriques ou coniques, blanchátres ou 
rosées. 

2° Ces organes remplissent les fonctions de vessies natatoires. 

3? Ils se rattachent par les transitions les plus ménagées aux racines rameuses 
ordinaires. 

h° Leur structure anatomique est la méme; le faisceau vasculaire central 
n'est pas changé, seulement le tissu cellulaire est devenu lacunaire, rempli 
d'air et formé d’aréoles prismatiques; l'épiderme est détruit, la racine est 
courte, tuméfiée, et ses ramifications avortent le plus souvent. 

5? En moyenne, par quatorze analyses, la composition de cet air est de : 


Azote. .... Ron Foie sit 82,0 
OxYRÉNB Dii oir. ie... LOT SET 13,0 
100,0 


6^ Cette composition est indépendante de celle de l'air dissous dans l'eau, au 
fond de laquelle les plantes sont plongées. 


(4) Mémoires pour servir à l'histoire anatomique et physiologique des végétaux, t. I, 
p. 340. 1837. 


SÉANCE DU 223 MARS 1866. 183 


SUR LA SYNONYMIE ET LA DISTRIBUTION GÉOCRAPHIQUE DU JUSSLEA REPENS 
DE LINNÉ, par ME. Charles MARTINS. 


Après avoir cultivé pendant quatre ans, dans les conditions les plus diverses 
de sécheresse et d'humidité, d'ombre et de lumière, une espèce aquatique du 
genre Jussica, le J. repens L., provenant de graines originaires de Bône en 
Algérie, j'ai pu constater combien la forme, la dimension, la pubescence de 
ses feuilles, la grandeur de ses fleurs, le port enfin. tout entier de la plante, 
étaient sujets à varier. Bien familiarisé avec toutes ces modifications d'un 
méme type spécifique, j'ai abordé les herbiers et visité personnellement ceux 
du Muséum, de M. Delessert et de M. Cosson, à Paris; de Delile et de Cam- 
bessèdes, à Montpellier; de M. De Candolle, à Genève. M. Dalton Hooker a 
bien voulu, à ma prière, parcourir l'herbier de Kew, et M. Boissier celui qu'il 
possède à Genève. J'ai ensuite compulsé tous les ouvrages où cette plante est 
nommée, dans les bibliothèques du Muséum et de M. Delessert, à Paris; de 
Requien, à Avignon; de M. Alph. De Candolle, à Genève. Après ces études, 
j'ai cru pouvoir établir la synonymie et faire connaitre la distribution géo- 
graphique de cette espèce. 


Siyynonymic du Jussiæa repens L. 


Voici d'abord, rangés par ordre chronologique, tous les noms sous lesquels 
cette plante a été désignée : 


1. Nin CanAwBU (Rheede Hortus malabaricus, t. II, p. 99, tab. 51. 1679). 

2. CARYOPHYLLUS SPURIUS MALABARICUS PENTAPETALUS AQUATICUS, REPENS (Raji His- 
toria plantarum, p. 1510. 1693). 

3, LYSIMACHIA INDICA NON PAPPOSA, REPENS, FLORE PENTAPETALO, FRUCTU CARYOPHYL- 
LOIDE (Raji Historia plantarum, p. 1510. 1693. — Commelin, Flora malabarica, 
p. 4^1. 1696). 

A. CUBOSPERMUM PALUSTRE Lour. (Loureiro, Flora cochinchinensis, in-4°, p. 275. 1740). 

5. JUSSIÆA REPENS L. (Linnæi Flora zeylanica, p. 75. 1747). 

G. JUSSIÆA ADSCENDENS L, (Linnaei Montissa plantarum, p. 69. 1767). 

7. JUSSIÆA DIFFUSA Forsk. (Forskal, Flora ægypliaco-arabica, p. 210. 1775). 

8. JUSSLEA GRANDIFLORA Michx, var. MAJor Nob. (Michaux, Flora boreali-americana, 
t. I, p. 267, 4803). ' 

9. JUSSLEA PEPLOIDES H. B. K. 

10. JussuEgA POLYGONOIDES H. B. K. (Humboldt et Bonpland, Nova genera americana, 
t. VI, p. 97. 1823. — Kunth, Synopsis plantarum æquinoctialium, t. III, p. 391. 
1824). 

11. JussugA FLUVIALIS Bl. (Blume, Bigdragen tot de Flora van Nederlandesch Indie. 
1825). 

12, JUSSIÆA RAMULOSA DC, (De Candolle, Rrodromus systemalis regni vegetabilis, t. IT, 
p. 54. 1828). 

1%. JUSSLEA SWARTZIANA DC. (De Candolle, ibid.). 

14. JUSSIÆA STOLONIFERA Guill, et Perr. (Guillemin, Perrottet et Richard, Flore Senc. 
gambiæ lentamen, p. 292. 1830-1833). 

15. JUSSIEUA ALTERNIFOLIA E. Mey. (W. Peters, Naturwissenschaftliche Reise nach 
Mossambique, t. I, p. 69. 1862). 

16. JUSSIÆA AUSTRALATICA Ferd. Muell. (Herb. kewense). 

17. JUSSIÆA FLUITANS Hochst. (Herb. kewense, nec non Boissier), 


18^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

Peut-être faudrait-il encore ajouter à cette liste Jussiæa patibilcensis 
H. B. K.; mais comme je n'ai pas trouvé dans les herbiers d'échantillons 
portant ce nom, j'ai préféré m'abstenir, bien que Steudel, dans son Nomen- 
clator botanicus, identifie cette espèce avec le J. polygonoides des mêmes 
auteurs. 

yest en 1747 que Linné établit définitivement, dans son Flora zeylanica, le 
genre Jussiæa, qu'il avait déjà indiqué dix ans auparavant dans son Corollarium 
generum plantarum sous le nom de Jussieua. Ce genre Jussiæa, de la flore 
de Ceylan, ne reposait alors que sur deux espèces : le J. erecta, que Linné 
avait vu vivant issu de graines dans le jardin d'Upsal, et le J. repens, qu'il ne 
connaissait que par des échantillons desséchés, les descriptions de Ray, de 
Commelin et la figure de Rheede, auxquelles il renvoie. Cette plante ayant 
été retrouvée dans toutes les parties chaudes de l'Asie, de l'Afrique, de l'Amé 
rique et de l'Australie, il n'est pas étonnant qu'elle ait recu tous les noms que 
nous avons indiqués ci-dessus, d'autant plus qu'elle varie prodigieusement, 
d'abord suivant les climats où elle se trouve et encore plus suivant les circon- 
stances trés-diverses dans lesquelles elle végète. Plante semi-aquatique, elle 
élève toujours ses rameaux et ses fleurs hors de l'eau, mais celle-ci peut monter, 
et alors la plante reste submergée, ou bien disparaître peu à peu comme cela 
arrive si souvent dans les pays chauds. La plante végète alors à sec sur le sol; 
les racines seules y puisent encore un reste d'humidité. De tels changements 
dans les conditions d'existence amènent des variations de forme qui ont con- 
duit les botanistes à voir des especes différentes dans de simples modifications 
d'un seul et méme type végétal. 

Quand on élève le Jussiæa repens de graines semées sous l'eau et que les 
tiges n'ont pas plus d'un décimétre de long, les feuilles sont lisses, rougeûtres, 
pétiolées, obovales et varient de longueur entre 1 et 2 centimètres. À mesure 
que la plante grandit, les feuilles grandisseñt également; le pétiole, dont la 
longueur était égale à la longueur du limbe, devient relativement plus court. 
La feuille alors est plus ou moins elliptique, ovale, obovale, spatulée ; mais elle 
reste toujours molle, lisse et luisante. Ces formes correspondent aux J. repens 
L., J. adscendens L., J. peploides H. B., J. polygonoides H. B., J. fluvia- 
lis Blume, J. ramulosa DC. et J. Swartziana DC. 

Quand la plante végète en pleine eau, dans une rivière ou un canal, alors 
ses feuilles finissent, vers l'extrémité des rameaux, par atteindre 10 centi- 
mètres de longueur sur 25 millimètres de largeur ; elles sont alors elliptiques 
ou ovales-lancéolées, et, sauf la grandeur des fleurs, la plante reproduit com- 
plétement la forme J. grandiflora Mich. 

Mais, lorsque la plante ni les rameaux ne sont plus plongés dans l'eau 
depuis longtemps, les feuilles s'allongent, se rétrécissent, se couvrent de poils, 
et finissent par devenir roides et étroitement lancéolées; cette forme corres- 
pond aux synonymes J. diffusa Forsk. et J. stolonifera Guill. et Perr, Cette 


. SÉANCE DU 23 MARS 1866. 185 


dernière surtout, qui croit sur les terrains inondés des bords du Sénégal, 
desséchés en été, prend la forme d'un sous-arbrisseau couché sur le sol, à 
feuilles lancéolées, étroites, aiguës, roides, couvertes de poils blanchâtres et 
rudes : c'est la forme la plus terrestre du J. repens. 

Je ne suis pas le seul botaniste qui ait réduit la synonymie du Jussiæa 
repens de Linné. Déjà, dans le Species plantarum de Linné, le J. adscen- 
dens n'est plus cité ni comme espèce, ni comme variété. De Candolle, dans le 
Prodromus, reconnait l'affinité du J. fluvialis Blume avec le J. repens, 
opinion confirmée par Miquel (1). Guillemin et Perrottet, dans leur Flore de 
Sénégambie, soupconnent que leur J. stolonifera n'est que le J. diffusa 
de Forskal; et Delile, dans une note de sa main laissée dans l'herbier du 
Muséum de Paris, reconnait l'identité des deux espéces. Schiede et Ehren- 
berg (2) ne séparent pas le J. Swartziana DC. du J. polygonoides H. B. K. 
Torrey et Asa Gray (3) identifient la première de ces deux espèces avec le 
J. repens L., et Hasskarl, dans le Flora de 184^, p. 604, réunit ensemble 
les J. repens L., J. fluvialis Blume et J. Swartziana DC. Enfin, Grise- 
bach (A) ne distingue pas le J. repens L. des J. Swartziana DC., J. peploides 
Kunth et J. ramulosa DC. Pour l'identification du J. repens L. avec le J. dif- 
fusa Forsk. que j'ai vus vivants l'un et l'autre, le premier issu de graines 
originaires de Bóne, et le second à l'état sauvage dans les marais d'Alexan- 
drette en Asie-Mineure (5), j'invoquerai l'autorité de M. le docteur Dalton 
Hooker, qui m'a écrit pour me dire qu'il ne sépare pas ces deux espèces. 
J'espere donc que les botanistes partageront mon opinion en réduisant à 
néant ces douze synonymes imposés successivement à la plante linnéenne. 
L'aire immense qu'elle occupe en Asie, en Afrique, en Amérique et en Aus- 
tralie, explique et justifie jusqu'à un certain point cette profusion de noms 
appliqués à un méme type spécifique. 


Distribution géographique du Sussizea rcpens L. 


Pour établir cette distribution géographique, je me servirai uniquement dé 
documents empruntés aux herbiers du Muséum de Paris, Delessert, Cosson, 
De Candolle, Delile et Cambessèdes, que j'ai visités moi-même, et à ceux de 
Kew et Boissier, sur lesquels M. Dalton Hooker et M. Boissier lui-méme m'ont 
transmis des renseignements. Ces documents sont suffisants pour déterminer 
l'extension géographique de l'espèce. 


(4) Flora Indie Balavæ, t. 1, p. 623. 1845. 

(2) De plantis mexicanis, in Linnca, t. XII, p. 270. 1838. 

(3) A Flora of North-America, t. 1, p. 520. 1838. 

(A) Flora of the british West indian Islands, p. 72. 1860. 

(5) Ch. Martins, Promenade botanique le long des côtes de l'Asie-Mineure, p. 13. 


T. XHL (séances) 13 


186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


AFRIQUE. 


J. diffusa Forsk. : Dans le canal de Magroun-Charchara prés Bóne (Algérie) (Letour- 
neux, 20 septembre 1861 ap. Kralik Plante algerienses selectæ n? 159 in herb. De Can- 
dolle et Cosson). Nabaroth (Basse-Égypte) (Husson in herb. Boissier et Cosson). Source de 
l'Endaoueh (Égypte) (Pacho 1826 in herb. Mus. par.). — J. stolonifera Guill. et Perrott.: 
Oualo sur le fleuve Sénégal (Perrottet 1825 in herb. Mus. par., Delessert, Cambes- 
sèdes). Nil blanc (Sabatier 1842 in herb. Mus. par.). Nil blanc, latitude 85,30! N. 
(D' Brouwnell in herb. Kew). Afrique tropicale, lat. 59,47 S. long. 33? Est de Greenwich 
(Speke et Grant in herb. Kew). — J. fluitans Hochst. in herb. Kew et J. alternifolia 
E. Meyer : Natal (Guenvius in herb. Boissier). Cap de Bonne-Espérance (Drége in herb. 
Boissier ; Verreaux 1831 in herb. Delessert ; J. fluitans Hochst. Krauss in herb. Boissier). 
Madagascar (Bouron in herb. Delile, et D" Lyall n° 254 in herb. Kew). Ile Maurice 
(Néraud et Sieber in herb. Delessert). Ile de la Réunion, étangs de Saint-Paul (Boivin, 
1846 in herb. Mus. par. et n° 1402 in herb. Boissier). 


ASIE. 


J. diffusa Forsk. (in herb. Delile, Delessert, Cosson et Kew) : Marais d'Alexandrette 
(Asie-Mineure) (Ch. Martins, octobre 1857). Elmalu en Lycie (Bourgeau, juillet 1860). 
Bords du Jourdain en Syrie (Bové, aoüt 1832 in herb. Mus, par.). Marais de Mérom en 
Judée (Boissier in herb. Boissier), Lac de Tibériade (Aucher-Eloy, 1831, n° 2830 in herb. 
Boissier et Mus. par.). Eaux de Banias en Palestine (Boissier, mai 1846 in herb. Mus. 
par.). Korna sur l'Euphrate prés Bagdad (Noé, mai 1851, n°° 445 et 1047 in herb. Mus. 
par. et Boissier). 

INDES ORIENTALES (Lady Dalhousie 1846, herb. Delessert et Wright, herb. Kew et 
Mus. par.). Gange supérieur (D. Hooker et Thomson, à 300 mètres d'altitude, 1859). 
Saharampour (province de Delhi) (Lemann in herb. Boiss.). Moradabad, province de 
Calcutta (Thomson, juin 1843, in herb. Kew). Calcutta, jardin botanique (Wallich, 
n? 6831). Bengale (Hooker et Thomson, 1859 in herb. Kew et Mus. par.). Coromandel 
(Macé in herb. Mus. par.). Madras (D' Shuter in herb. Kew). Ponäichéry (Commerson in 
herb. Mus. par.). Var. pubescens : Ceylan (Leschenault in herb. Mus. par., et Thwaites 
n? 2793 in herb. Kew et Mus. par.). Mergui (Inde transgangétique) var. foliis latioribus 
apice rotundatis obtusis (herb. Kew). 

CHINE (Gaudichaud, déc. 1338 in herb. Delessert). Macao et iles avoisinantes (rév. 
G.-H. Vachell, mai 1830, n° 260 in herb. Kew, et Callery, 1844, n° 117 in herb. 


Mus. par.). 
OCÉANIE. 


Philippines (Cuming, 1841, n° 1217 in herb. Delessert et Boissier). Java (Zollinger 
n? 406 in herb. Mus. par., Delessert et Boissier). Batavia (Adolphe Delessert in herb. 
Delessert). Timor (herb. Delessert). 

AUSTRALIE, J. repens (Caley in herb. Delessert; Gillionay, n? 184 in herb. Kew; 
Leikhart in herb. Mus. par.): Moreton-bay (Verreaux, 1846, n° 602 in herb, Mus. 
par.). — J. australasica F. Müller : fleuve Murray et marais de Snowy-River (F. Müller 
in herb. Kew). 


AMÉRIQUE. 


AMÉRIQUE DU Nord. J. Swartziana (DC.; Lenghelm in herb. Boissier): Kentucky 
(D* Shout in herb. Kew et Boissier). — Var, Louisiana (A. Gray in herb. Boissier}. — 
Nouvelle-Orléans (Drummond, 1833 in herb. Kew et Delessert sub J. repens n° 109 
et J. grandiflora n? 408). — J. repens : Texas, marais du Guadalupe, à Victoria (Trécul 
in herb. Mus, par.). Frontières du Mexique (Mexican Boundary) (Survey, n? 581 in 
herb. Kew). — Var.: Mexique (Berlandier in herb. Boissier). Mexico (D" Coulter, 
n° 484 in herb. Kew), Orizaba (Botteri, 1856 in herb. Mus. par.). Oajaca (Franco in 


herb. Boissier). 
ANTILLES. Var, : Cuba (Pœppig in herb. Boissier). Havanne (Boldo in herb. Delile) 


SÉANCE DU 23 Mans 1866. 187 


Jamaique (P. Gosse in herb. Boissier). — Var. foliis latioribus (Mac-Tadion et Marsh 
n? 585 in herb. Kew). — J. repens : Saint-Domingue (Jacquemont, 1827 in herb. Cam- 
bessédes). 

AMÉRIQUE DU Sub. Venezuela (Hudley, 1855, no 445 in herb, Kew). La Paila (Nou- 
velle-Grenade) (Holten, 1853, n° 887 in herb. Kew). — J. repens : Guyane anglaise 
(Schomburgk, 1843, n° 354 in herb. Delessert et Kew). Guayaquil (République de 
l'Équateur) (Jameson in herb. Boissier). Pérou (Pavon in herb. Boissier). — J. repens 
et J. inclinata L. f. : Lima (Dombey, 1779 in herb. Cambessèdes et Mus. pav.). Port 
de Callao (herb. Kew). Brésil (Gardner, n? 1604 in herb. Boissier). — J. Swartziana 
DC.: Brésil (Aug. Saint-Hilaire in herb. Cambessédes). Santarem (Amazones (Spruce, 
août 1850, n° 1034 in herb. Kew). — J. repens : province de Ceara (Gardner, 1838 
in herb. Delessert). Bahia (Blanchet, 1055 n? 1035 in herb. Delessert, et Salzman iu 
herb. Kew). ~- J. grandiflira Mich. : Sainte-Catherine (herb. Kew). Chili (L echler, 
n? 407 in herb. Boissier). — J. repens : Mares des environs de la Serena (Coquimbo) 
(Claude Gay in herb. Mus. par.). Santiago (Ph. Germain, 1855 in herb. Delessert). Val- 
divia (Chili) (Claude Gay in herb. Mus. par.). Insula Valenzuela (Valdivia) (Hohenacker 
n? 437 in herb. Mus. par.). — J. grandiflora : Uraguay et Buénos-Ayres (Twedie in 
herb. Kew). — Var. hirta : Mendoza (Rio de la Plata (Gillies in herb. Kew). 


Linné avait déjà constaté en Laponie (1) le fait, étendu depuis par M. Alph. 
De Candolle (2) à toute la surface de la terre, que les plantes aquatiques ont 
une aire beaucoup plus large que les plantes terrestres. Le Jussiæa repens est 
une confirmation éclatante de cette donnée, puisqu'il est répandu surtoutes les 
parties chaudes de l'ancien et du nouveau continent, En Afrique, il s'étend de 
l'Algérie au cap de Bonne-Espérance et de la Sénégambie à la cóte de Mozam- 
bique, couvrant une surface de 71 degrés latitudinaux et de 57 degrés en 
longitude, et méme 73 degrés en considérant les iles Maurice et de la Réunion 
comme appartenant au continent africain. 

Si nous réunissods l'Asie avec l'Océanie, et nous sommes autorisés à le 
faire puisque nous suivons la plante, d'étape en étape, depuis l'Asie-Mineure 
jusqu'au sud de l'Australie, nous trouvons que son aire en longitude comprend 
112 degrés et en latitude 74 degrés. En Amérique, l'extension de cette plante 
est moins grande; les points extrêmes sont, en latitude, le Kentucky et Mon- 
tevideo, savoir 72 degrés; et, en longitude, Mexico et Bahia, ou 61 degrés. 

En résumé, le Jussiæa repens occupe une large bande faisant le tour du 
globe et dont les deux bords extrêmes, situés, l'un dans l'hémisphère nord, 
l'autre dans l'hémisphère sud, sont éloignés chacun de 35 degrés de la ligne 
équinoxiale, ce qui donne 70 degrés latitudinaux pour la largeur totale de 
cette bande. 

Une autre plante asiatique, le Leersia hexandra Swartz a peut-étre une aire 
aussi étendue, car elle se trouve dans les régions intertropicales de l'Ancien 
et du Nouveau-Monde. Mon ami, M. E. Cosson (3) s'en est assuré par l'étude 
d'échantillons authentiques. Comme le Jussiæa repens, cette espèce est affligée 


(4) Flora lapponica, prolegomena, $ 34. 
(2) Géographie botanique, p. 519. 
(3) E. Cosson et Durieu de Maisonneuve, Flore de l'Algérie, t. 1, p. 18. 


188 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de treize synonymes, conséquence inévitable de sa présence dans des pays trés- 
éloignés l'un de l'autre. 

La distribution géographique du Jussiæa grandiflora est bien plus cir- 
conscrite; cette forme n'a été observée que dans le Nouveau-Monde, de la 
Géorgie à Buenos-Ayres, savoir du 32° nord au 35° sud, sur une étendue de 
67 degrés latitadinaux, et uniquement sur la cóte orientale de l'Amérique. 
Son aire se trouve donc, pour ainsi dire, intercalée dans le domaine du 
J. repens, qui s'étend sur les deux cótes et daus l'intérieur du continent 
américain, depuis le Kentucky, lat. 36? nord, jusqu'au Rio de la Plata, qui 
forme probablement la limite méridionale des deux plantes daus l'Amérique 
du Sud. Le J. grandiflora occupe donc une partie relativement restreinte de 
l'aire immense du J. repens. Cette distribution n'est-elle pas une présomption 
que ces deux plantes dérivent du méme type, et que le J. grandiflora ne serait 
qu'une variété à grandes fleurs et à grandes feuilles du J. repens. Ce qui 
confirme cette idée, c'est que les deux plantes ne présentent de différence 
ni dans la structure de leurs fleurs ni dans la forme et la pubescence de leurs 
feuilles. J'ai comparé minutieusement les divisions du calice, les pétales, les 
étamines, sans pouvoir trouver d'autre différence que la grandeur relative des 
parties. Quant aux fruits, on ne saurait en faire la comparaison, car c'est un 
fait que le J. grandiflora ne fructifie pas aux environs de Montpellier, et, sui- 
vant Chapman, ses ovaires máürissent rarement dans son pays, quoique le 
pollen, la fovilla et les ovules soient parfaitement développés. J'ajoute que les 
rameaux flottants ne portent pas sur leurs nœuds ces groupes de petites 
racines aériféres cylindro-coniques qui font surnager ceux du J. repens. 
L'avortement des fruits et des vessies natatoires n'expliquerait-il pas le plus 
grand développement des feuilles aériennes et des fleurs? Ce soupcon avait 
déjà surgi dans l'esprit de quelques botanistes. Sir William Hooker (1) signale 
une variété 6 du Jussiæa grandiflora, qu'il considère comme si voisine du 
J. repens qu'elle ne lui semble pas spécifiquement distincte, et Chapman, dans 
sa Flore du sud des États-Unis (2) ne nomme que le J. grandiflora, qu'il 
réunit nécessairement avec l'autre espéce que Torrey et Asa Gray (3) n'ont 
pas confondueavec elle, et que d'autres voyageurs (4) et d'autres botanistes ont 
signalée dans les mêmes régions. Si la notion d'espéce avait actuellement un 
sens défini, j'attacherais de l'importance à cette discussion. Dans l'état présent 
des idées sur ce point, je me borne à dire que, pour les botanistes à esprit 
synthétique, le Jussiæa grandiflora Mich. ne sera qu'une variété du J. re- 
pens L., propre aux régions orientales de l'Amérique, tandis que, pour les 


(1) Companion to the botanical magazine, t. 1, p. 25. 

(2) Flora of the southern United States, 4860, p. 140. 

(3) Flora of north America, t. T, p. 520. 

(4) Drummond, D* Lenghelm, D' Shout, Asa Gray, etc.; voy ci-dessus, p. 186. 


SÉANCE DU 23 MARS 1866. 186 


botanistes chez lesquels' l'esprit analytique est prédominant, ces deux formes 
continueront à représenter deux espéces distinctes. 


M. A. Gris, secrétaire, donne lecture de la communication sui- 
vante, adressée à la Société. 


REMARQUES SUR LES GENRES DE VÉGÉTAUX ACTUELS DONT L'EXISTENCE A ÉTÉ CON- 
STATÉE A L'ÉTAT FOSSILE, LEUR ANCIENNETÉ RELATIVE , LEUR DISTRIBUTION, LEUR 
MARCHE ET LEUR DÉVELOPPEMENT SUCCESSIFS, pr NÉ, le comte Gaston de 
SAPORTA, 


On a souvent contesté la valeur des résultats obtenus par l'étade des plantes 
fossiles; une certaine suspicion plane sur les rapprochements proposés dans 
cette partie de la botanique', comme si le caprice aidé d'une vague ressem- 
blance était le seul guide qui dirigeât les observateurs. Je ne nie pas que ces 
défauts ne soient inhérents à la marche que la rareté des matériaux et l'impos- 
sibilité de les soumettre à l'analyse impose bien des fois; mais il ne s'ensuit 
pas que l'ensemble des travaux qui font l'objet de la paléontologie végétale en 
soient nécessairement atteints, et frappés de discrédit. S'il est en elle des côtés 
obscurs, quelle est la science qui n'en renferme pas? Et il serait injuste, si 
l'on remarque des obscurités, de ne pas insister également sur la précision, la 
certitude méme, au moins sur la probabilité, d'une foule de faits qui jettent le 
jour le plus précieux sur l'état de la végétation, dans les périodes antérieures à 
la nótre. La vérité est qu'il existe bien des degrés dans la maniere de détermi- 
ner les plantes anciennes, depuis les attributions les plus vagues jusqu'à celles 
qui reposent sur des fondements aussi sérieux que s'il s'agissait d'une plante 
vivante. Je voudrais toucher certains cótés de cette question, sans oublier 
qu'il s'agit ici d'une simple note, dont les bornes ne doivent pas étre dépas- 
sées. Ainsi, je ne dirai rien des genres de plantes, si curieux par eux-mêmes, 
qui n'ont avec ceux de notre âge que des analogies plus ou moins éloignées. 
Dans la foule méme des plantes fossiles qu'il est possible d'assimiler à celles 
que nous avons sous les yeux, je négligerai les formes pour lesquelles l'attribu- 
tion proposée conserve quelque chose d'incomplet et de provisoire, soit par la 
faute de l'observateur, soit aussi parce que les organes décrits n'ont rien 
d'assez nettement caractérisé pour entrainer la conviction. Pour mieux faire 
ressortir l'importance des études de botanique fossile, je vais rechercher les 
seules déterminations qui ont eu pour résultat de prouver d'une manière cer- 
taine, ou au moins trés-probable, l'existence, dans les âges antérieurs au 
nótre, des genres que nous possédons encore; et qui, par conséquent, s'étant 
manifestés bien avant l’homme, ont persisté jusqu'à lui. Cette étude ainsi res- 
treinte est trés-intéressante, en ce qu'elle rattache étroitement la végétation 
des temps passés à celle de notre époque. Mais on ne saurait l'aborder sans se 


190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


rendre compte tout d'abord de la valeur des éléments dont elle dispose, sans 
examiner par quelle voie on constate la réalité de l'existence des anciens types 
et leur identité avec les nótres. Pour atteindre ce but, la description exacte et 
minutieuse des espèces fossiles serait insuffisante, si l'on n'y joignait une attri- 
bution générique, justifiée par la similitude des caractéres. Lorsque cette 
attribution se trouve fondée sur l'observation des fruits et des feuilles, et que 
ces organes sont revétus d'ailleurs d'une forme assez saillante pour exclure 
toute incertitude, la plante fossile est aussi légitimement déterminée que le 
serait une plante vivante en pareil cas. Un œil exercé est cependant indispen- 
sable parfois pour faire reconnaitre la structure véritable des organes, ordinai- 
rement comprimés, rarement entiers, à l'état fossile, et ne pas se laisser abuser 
par des ressemblances superficielles. On verra plus loin que, malgré leur rareté 
comparative, ces sortes d'attributions sont plus fréquentes qu'on ne l'a cru jus- 
qu'ici; on peut leur réserver exclusivement le nom de détermination. On 
serait pourtant dans l'erreur si l'on considérait comme incertaines toutes les 
espèces dont l'attribution ne repose pas sur les organes réunis de la végétation 
et de la reproduction; on concoit d'abord que ces derniers doivent suffire en 
l'absence des autres, à cause de leur importance, et, en second lieu, on doit 
admettre également qu'il est des cas où les organes de la végétation suffisent 
pleinement, comme pour la plupart des Conifères, beaucoup de Fougères, les 
Palmiers et bien d'autres groupes. Ici, la forme des feuilles, l'aspect des tiges, 
ou le mode de ramification, sont assez caractéristiques pour permettre l'attri- 
bution avec pleine probabilité ; et cette attribution, comme les précédentes, 
est une vraie détermination. 

Il est d'autres cas où, sans arriver jusqu'à la certitude, l'attribution que 
l'on fait des espèces fossiles à un genre déterminé offre encore un degré suffi- 
sant de probabilité ; c'est lorsque, ne possédant que des feuilles, ces feuilles 
présentent une forme ou une structure assez reconnaissable pour enlever les 
doutes raisonnables. Ainsi, les empreintes de feuilles laissées par les Smilax, 
Ulmus, Celtis, Populus, Acer, etc., ont par elles-mêmes des caractères assez 
distincts pour ne pas étre confondues avec celles d'aucun autre groupe. Lors- 
que, d’ailleurs, elles se rapprochent individuellement de quelqu'une des 
espèces actuelles de ces genres, lorsque ces genres méme sont demeurés 
européens, ou se trouvent représentés, soit en Amérique, soit dans le voisi- 
nage de notre continent, c'est encore une probabilité qui vient s'ajouter aux 
autres pour conseiller d'admettre la légitimité de ces sortes d'attributions; 
j'applique à ce second mode le terme d'assimilation, comme offrant un degré 
de certitude moindre que le premier. 

Enfin, lorsqu'on a devant les yeux de simples feuilles, qui ne sont pas revê- 
tues de caractéres différentiels assez saillants pour reporter immédiatement 
l'esprit vers un groupe déterminé, il faut bien se résoudre, avant de classer ces 
feuilles parmi les incertaines, à chercher si l'on ne peut les réunir, avec quelque 


SÉANCE DU 23 Mans 1866. 191 


chance de succès, à quelqu'un. des greupes du monde actuel. C'est alors une 
recherche comparative, longue, pénible, hérissée de difficultés, souvent d'er- 
reurs, mais qu'on ne doit pas condamner, puisqu'elle repose encore sur l'étude 
d'un des éléments importants de la végétation, sur celle dela nervation. Je 
donnerai aux attributions qui résultent de cette recherche le nom de rappro- 
chement, nom qui leur convient, parce qu'il n'affirme et ne préjuge rien. 
Parmi ces rapprochements, il en est un certain nombre dont je veux encore 
tenir compte dans l'énumération que je vais faire; mais C’est seulement 
lorsqu'ils ont trait à quelque groupe dont l'existence à l'état. fossile est diffi- 
cile à révoquer en doute, comme les Quercus et les Ficus, et à la condition 
que les caractères de forme, et surtout ceux tirés du réseau veineux, concor- 
dent parfaitement. 

C'est en me basant sur ces principes que j'ai dressé la liste suivante des 
genres actuels existant à l'état fossile. Je ne saurais dire qu'elle ne renferme 
point de lacunes; les progrès de la botanique fossile tendent à l'augmenter tous 
les jours; d'ailleurs, j'en ai éliminé tout ce qui ne m'était pas assez connu 
pour motiver un jugement. Loin de chercher à grossir le nombre des genres, 
je n'ai tenu compte que de ce que j'ai constaté par moi-même ou de ce qui est 
généralement admis, ou enfin de ce que les figures les plus authentiques per- 
mettent de regarder comme réel. J'ai rejeté un assez grand nombre de genres 
cités par les auteurs allemands, non parce que j'en nie l'existence, mais parce 
que cette existence ne me paraît pas suffisamment prouvée. Par contre, j'en ai 
cité plusieurs autres qui résultent d'observations nouvelles, encore inédites, 
mais seulement lorsque ma conviction à leur égard a été établie sur de véri- 
tables preuves (1). Aprés avoir donné cette liste suivant l'ordre systématique, je 
la répète en la disposant dans l'ordre chronologique, c'est-à-dire dans l'ordre 
de l'apparition successive de chaque groupe. Cet ordre d'apparition, il ne faut 
pas l'oublier, ne saurait être absolu; il est relatif à nos connaissances actuelles ; 
il ne peut être modifié cependant que dans une certaine mesure par des dé- 
couvertes postérieures. 


Énumération des familles et des genres actuels dont l'existence 
a été constatée à l'état fossile. 


Characées. Chara Ag. — Les grains de Chara se montrent dans pres- 
que tous les étages tertiaires; les plus anciens ont été observés dans la craie 
du Locle (Suisse) (Heer, Die Urwelt der Schweiz, p. 218, fig. 133). 

Hépatiques. Marchantia March. — Une espèce de ce genre, accompagnée 

* 


(1) Les Cryptogames cellulaires ont été exclues comme n'offrant que des appréciations 
trés-confuses par rapport au genre. 


192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
de débris de fructifications, a été signalée depuis longtemps à Sézanne (éocène 
inf.) par M. Brongniart. 

Jungermannia Dill. — Une fronde annonçant ce genre s'est montrée à 
Manosque (miocène inf.) et dans le succin. 

Mousses en général. — L'existence de la famille n'est pas douteuse. Le 
plus ancien exemple signalé remonte à la craie supérieure d'Aix-la-Chapelle 
(Muscites cretaceus Deb.). 

Équisétacées. — La famille existe depuis la période paléozoique , repré- 
sentée par les Calamites. On signale de vrais Z'quisetum depuis le trias. Ces 
plantes se rapprochent successivement des nôtres, à mesure qu'on redescend 
la série des terrains. Les espéces tertiaires sont encore comparables aux plus 
élevées du monde actuel. 

Fougères. — Les plus anciennes connues datent du terrain dévonien. 

Pteris L. — Fragments de fronde avec fructification, depuis l'étage des 
gypses d'Aix (éoc. sup.). 

Asplenium L. — Frondes accompagnées de sores dans la flore de Sézanne 
(éoc. inf. ). 

Woodwardia Sm. — Frondes munies de sores à l'époque de la mollasse 
suisse (miocène). 

Aspidium Sw. — Frondes avec sores dans la mollasse suisse (mioc. inf.). 

Lindsæa Sm. — Fronde munie de sores à Armissan (mioc. inf.). 

Alsophila R. Br. — Frondes munies de sores bien caractérisés dans la flore 
de Sézanne (éoc. inf.). 

Gleichenia Sm. — Fragments de fronde ‘avec fructification dans la craie 
supérieure d'Aix-la-Chapelle (Deb. und Ettinghs. Urw. Acrobr. p. 11, tab. 1, 
fig. 11,12) 

Lygodium Sw. — Fragments de frondes quelquefois accompagnés de fruc- 
tifications dans la craie supérieure d'Aix-la- Chapelle, et ensuite à Manosque et 
en Suisse (mioc. inf.). 

Osmunda L. — Fragments de frondes et quelquefois débris de fructifica- 
tions à partir de la flore de Monod (Suisse, mioc. inf. ). 

Salviniacées. Salvinia Mich. — Le plus ancien exemple avéré de ce 
genre remonte à Monte-Bolca (éocène). 

Lycopodiacées en général. — Cette famille, en y comprenant les Lépi- 
dodendrées, remonte comme les Fougeres au terrain dévonien. 

Cyeadées. — On observe des Cycadées peut-être dés le terrain carboni- 
fere (Næggeratia), et sûrement depuis le trias; elles se multiplient dans les 
périodes du lias, du jura, et dans le wéaldien et la craie inférieure ; elles 
deviennent ensuite de plus en plus rares, à mesure qu'on se rapproche du 
terme de leur existence, qui parait s'étre prolongée en Europe jusqu'en plein 
miocene. Rien ne prouve que ces anciennes Cycadées aient été réellement 
congéneres de celles de nos jours. 


SÉANCE DU 23 Mans 1866. 193 


Coniféres en général. — Les plus anciennes (Walchia) datent des ter- 
rains paléozoiques. Cette classe n'a cessé, jusqu'à nous, de suivre un déve- 
loppement progressif, mais en perdant quelques-uns de ses genres. 

CUPRESSINÉES. Thuia Tournef. — Un véritable huia a été observé par 
M. Gaudin dans les travertins anciens de Massa (quaternaire inf.), c'est le 
Thuia Saviana Gaud. 

Callitris Vent. —' Les fruits, les graines, les rameaux, se montrent dans 
plusieurs dépóts tertiaires; le plus ancien exemple est dans l'argile de Londres 
(éocène). 

Widdringtonia Endl. — Fruits et rameaux à partir de la flore des gypses 
. d'Aix (éoc. sup.). 

Thuiopsis Sieb. et Zucc. — Fruits et rameaux à Armissan (mioc. inf.). 

TAXODINÉES. Taxodium Rich. — Fruits et rameaux à partir du miocène 
inférieur. Ce genre était trés-répandu dans l'Europe miocéne ainsi que les 
suivants. 

Glyptostrobus Endl. — Fruits et rameaux réunis depuis la flore de Ma- 
nosque (mioc. inf.) jusqu'à OEningen. 

Sequoia Endl. — Toutes les parties caractéristiques se rencontrent à partir 
du miocène inférieur, surtout à Armissan. Le genre représenté par des espèces 
plus éloignées de celles du monde actuel se montre dans la craie supérieure 
d'Aix-la-Chapelle (Cycadopsis) et peut-être même dans la craie moyenne, où 
il est connu sous le nom de Geinitzia (Geinitzia cretacea Endl.). 

ABIÉTINÉES. Pinus L. — L'existence du genre est certaine à partir de la 
flore des gypses d'Aix (éoc. sup.) (1). 

ARAUCARIÉES en général. — Dés le trias, on trouve des genres qui parais- 
sent appartenir à ce groupe (Albertia Schimp., Voltzia Brent. 

Araucaria Juss. — De véritables Araucaria de la section £utassa se mon- 
trent dans la craie moyenne accompagnés de leurs fruits. Le plus ancien 
exemple remonte au terrain wéaldien (Araucarites Dunkeri Ett.). L'existence 
de ce genre se prolonge en Europe jusqu'à l'époque des grés de Beauchamps 
(éoc. sup.), d’après un très-bel exemplaire que j'ai observé dans la collection 
de M. Hébert à la Sorbonne. 

TaxiNÉES. Podocarpus L'Hérit. — L'existence des Podocarpus dans l'Eu- 
rope tertiaire, quoique fondée sur la seule observation des feuilles, parait cer - 
taine. L'exemple le plus ancien remonte à la flore de Monte-Bolca. 

Graminées. Panicum L. — Épillets et tiges, à partir de la flore des 
gypses d'Aix (éoc. sup.); il reparait à Manosque et dans la mollasse suisse. 


(4) De véritables Pinus ont été signalés derniérement dans l'étage néocomien du 
bassin de Paris par M. Cornuel, et dans le terrain crétacé inférieur du Hainault, par 
M. Eugène Coémans ; les genres Cedrus et Abies remonteraient à la méme période, si l'on 
a égard aux plus récentes ohservations. (Note ajoutée au moment de l'impression, 
mai 1867). 


19^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Cypéraeées. Carex L. — Feuilles, fruits isolés, portions d'inflores- 
cence, à partir du tongrien (Saint-Jean-de-Garguier) et surtout dans le mio- 
cene. 

Cyperus L. — Traces d'inflorescence et tiges à partir du miocène inférieur 
de Suisse. Ce genre existe peut-étre déjà dans les gypses d'Aix. 

Asparaginées. Dracæna Vand. — Des tronçons de tiges et des feuilles 
à partir de la flore des gypses d'Aix et dans celle d'Armissan. 

Smilacées. Smilax Tournef. — Feuilles très-fréquentes dans la plupart 
des localités tertiaires, à partir de l'éocéne supérieur. 

Naïadées. Caulinia Willd., Zostera L., Potamogeton L. — L'existence 
de ces divers genres de plantes aquatiques n'est contestée par personne. Les 
Zostera paraissent remonter trés-haut dans la série des terrains; ils ont été 
s gnalés dans la craie de l'ile d'Aix sous le nom de Zosterites. 

Typhaeées. Typha et Sparganium Tournef. — Ces deux genres, surtout 
le dernier, souvent accompagné de ses fructifications, reparaissent dans pres- 
que tous les dépôts tertiaires, à partir du tongrien ou, au plus tard, du mio- 
cene inférieur. 

Nipacées. Nipa Thunb. — Ce genre, ou une plante très-voisine des 
Nipa actuels, se montre dans les couches éocènes des bassins de Londres et 
de Paris. Ses fruits sont connus sous le nom de /Vipadites. 

Palmiers. — L'existence de la famille est certaine à partir de la craie 
supérieure. Mais rien de plus douteux que le rappro chement générique des 
espèces anciennes avec celles du monde actuel. 

Scitaminées. Musa Tournef. — Des feuilles, dont l'analogie avec celles des 
Musa actuels ne saurait être méconnue, se montrent dans la flore des gypses 
d'Aix (éoc. sup.) et dans plusieurs autres dépôts tertiaires. On en trouve des 
traces jusque dans la craie supérieure de Provence (lignites de Fuveau). 

Pandanées. — L'existence du groupe des Pandanées dans la craie 
moyenne et supérieure est attestée par la présence de feuilles et méme de 
fruits, soit isolés, soit agrégés en inflorescence. 

Myrieées. Myrica L. — L'existence ancienne de ce groupe, comprenant 
les Myrica proprement dits et les Comptonia Banks, est prouvée par de nom- 
breuses empreintes de feuilles, accompagnées, à Armissan (miocène inf.), de 
fruits et de châtons mâles. L'origine du groupe est trés-ancienne ; il a été si- 
gnalé dans la craie moyenne et supérieure. 

Bétulacées. Betula Tournef. — Samares et feuilles depuis la flore 
des gypses d'Aix (éocène sup.) (1). 

Alnus Tournef. — Fruits et feuilles depuis la méme époque. 

Cupulifères Osérya Mich. — Involucres accompagnant les feuilles, ou 


(4) L'existence des genres Alnus et Betula doit être reculée sans invraisemblance 
jusque dans la flore de Sézanne (éoc. inf.). 


SÉANCE DU 23 Mans 1860. 195 


isolés dans la plupart des dépóts tertiaires, à partir de la (lore des gypses d'Aix 
(éoc. sup. ). 

Carpinus L. — Involucres accompagnant les feuilles dans la flore de Saint- 
Zacharie (tongrien). 

Quercus L. — Série non interrompue de feuilles successivement plus rap- 
prochées de celles des Chénes de notre zone ; l'exemple le plus ancien appar- 
tient à la flore d'Aix (éoc. sup. ). 

Fagus Tournef. — Ce genre, caractérisé par des feuilles bien reconnais. 
sables, commence à paraître dans la flore de Manosque (mioc. inf.). 

Castanea 'Tournef. — Les feuilles le plus anciennement signalées appar- 
tiennent à la flore d'Armissan (mioc. inf.). 

Ulmaeées. Planera Gmel, — Fruits et feuilles trés-répandus dans divers 
dépóts tertiaires, à partir du miocene inférieur. 

Ulmus L. — Samares et feuilles dans un grand nombre de localités ter- 
tiaires. Le fruit le plus ancien appartient à la flore des gypses d'Aix (6oc. 
sup.) (1). 

Celtidées. Celtis Tournef. — Les feuilles seulement à partir de la flore 
d'Armissan (miocène inf.). . 

Morées. Ficus Tournef. — Point encore de preuve directe et décisive de 
l'existence du genre, mais les exemples de feuilles sont trop nombreux pour 
permettre de la révoquer en doute. Le plus ancien Ficus, à ma connaissance, 
appartient à la flore de Monte-Bolca (Ficus bolcensis Mass.). 

Platanées. Platanus L. — Les feuilles, les fragments de glomérules et 
les fruits isolés se montrent fréquemment dans la mollasse suisse (miocène 
sup. ). 

Balsamifluées. Liguidambar L. — Les feuilles et les fruits sont répan- 
dus dans la mollasse suisse , particulièrement à OEningen. 

Salicinées. Salix Tournef. — Présence simultanée des chatons et des 
feuilles dans la partie moyenne de la mollasse suisse. Les plus anciens exemples 
du genre remontent au miocène inférieur (Armissan, Monod [Suisse]). 

Populus 'Tournef. — Feuilles et fruits, ou du moins feuilles isolées, dans la 
plupart des localités miocénes, La plus ancienne espèce provient des gypses 
d'Aix (éoc. sup.) (2). 

Oléraeées. — L'existence du groupe semble prouvée par une feuille de 
la flore des gypses d'Aix (éoc. sup.). 

Laurinées. — Le genre Cinnamomum est connu à l'état fossile par ses 
feuilles, ses rameaux, ses bourgeons, son inflorescence, sa fleur et ses fruits 


(1) Les feuilles de ce genre commencent à se montrer dans la flore de Sézanne. 
(Note ajoutée au moment de l'impression, mai 1867). 

(2) Les genres Salix et Populus existaient probablement déjà à l’époque où se dépo- 
saient les travertins de Sézanne (éoc. inf.). (Note ajoutée au moment de l'impression, 
mai 1867). 


196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


observés dans la mollasse suisse. Ce genre était déjà important à l'époque des 
gypses d'Aix (éoc. sup.). 

Persea Gærtn., Laurus L., Oreodaphne Nees, Sassafras Nees. — On ne 
saurait guére douter de l'ancienne existence de ces divers genres, dont les 
feuilles ont laissé de nombreuses empreintes dans la plupart des localités ter- 
tiaires, à partir du miocène et méme du tongrien; le genre Laurus doit être 
antérieur à cette époque, et le genre Sassafras remonte jusqu'à l’âge de 
Sézanne. 

Eléagnées. Hippophae L. — Des fruits attachés au rameau accompa- 
gnent les feuilles dans divers dépóts tertiaires, entre autres à Salzhausen, bassin 
rhénan (miocène). 

Protéacées en général. — Malgré des indices trop nombreux et trop ca- 
ractéristiques pour étre complétement trompeurs, on ne saurait donner encore 
des preuves directes et décisives de l'existence de ce groupe. Cependant, 
parmi les fruits de l'argile de Londres, il en est qui se rapprochent de ceux 
des Petrophila ; des formes très-voisines des Leucospermum, Conospermum, 
Persoonia, Grevillea, Hakea, Lomatia, Banksiu et Dryandra, se montrent 
fréquemment à partir de la craie supérieure et jusque dans le tongrien ; on ren- 
contre aussi, quoique bien plus rarement, des graines ailées et des fragments de 
fruits dénotant la méme analogie. Les localités les plus riches en feuilles simi- 
laires de celles des Protéacées actuelles sont les sables de la craie supérieure 
d’Aix-la-Chapelle et les gypses d'Aix-en-Provence. 

Composées en général. — Des fruits surmontés d'aigrettes attestent l'exis- 
tence du groupe dans l'époque tertiaire moyenne. Ces organes sont très- 
répandus à OEningen (mioc. sup.); la plus ancienne espèce appartient à la 
flore des gypses d'Aix (éoc. sup. ). 

Convolvulacées. Porana Burm. — La présence des corolles et des 
feuilles a fait connaitre ce genre dans la mollasse suisse (miocène) ; il est sur- 
tout répandu à OEningen. 

Oléaeées. Fraxinus Tournef — Les fruits et les folioles se montrent 
dans plusieurs dépôts tertiaires, à partir de celui de Manosque (mioc. inf). 

Apoeynées. Nerium L. — L'existence du genre à partir du miocène 
inférieur est fondé sur l'observation d'une feuille de Coumi (Eubée). 

Solanées en général. — Des corolles détachées, assez fréquentes dans la 
flore des gypses d'Aix (éoc. sup.), paraissent avoir appartenu à ce groupe, ou 
peut-étre à celui des Borraginées (voy. Ét. sur la vég. tert. in Ann. sc. nat. 
he série, Bot. t. XVII, p. 262, pl. TI, fig. 2). 

Myrsinées. Myrsine L. — Des feuilles seulement, mais en grand nom- 
bre et en parfaite conformité avec les espèces du monde actuel, à partir de 
la flore des gypses d'Aix (éoc. sup.). 

Ébénaeées. Diospyros L. — Feuilles et calices persistants, quelquefois 
accompagnés de corolles ou de fruits, dans la plupart des dépôts tertiaires, à 


SÉANCE DU 23 MARS 1866. 197 
partir de l'éocene supérieur. Le plus ancien exemple remonte à la flore de 
Skopau (en Saxe) et ensuite à celle des gypses d'Aix. 

Éricacées. Andromeda L. — Feuilles et rameaux accompagnés d'inflo- 
rescences chargées de fruits à Armissan. Le genre lui-méme remonte à l'épo- 
que des gypses d'Aix (éoc. sup.). 

Araliacées. — L'existence du groupe en général parait remonter jusqu'à 
l'éocéne le plus ancien (Sézanne). Le plus ancien exemple de fruits réunis en 
ombelle, pareils à ceux des Aralia, appartient à la flore de Monte-Bolca. Le 
plus récent, dénotant le genre Panax L. se rapporte à OEningen. Les em- 
preintes de feuilles et de folioles sont fréquentes dans l'éocéne supérieur, le 
tongrien et le miocène; ces empreintes paraissent dénoter l'existence des 
genres Panax L. (gypses d'Aix), Oreopanax (gypses d'Aix et Armissan), Pa- 
ratropia DC. (Saint-Zacharie), Sciadophyllum Br., mais il vaut mieux 
réunir provisoirement toutes ces espèces dans le genre linnéen Aralia. 

Hedera L. — Il existe une espèce représentée par des feuilles très-peu 
éloignées de celles de notre Lierre d'Irlande dans la flore de Sézanne 
(éoc. inf.). 

Ampélidées en général. — Le groupe représenté par des formes simi- 
laires des Cissus L., Vitis L., Ampelopsis Rich. , existe dès l'éocene inférieur 
de Sézanne. 

Vitis L. — Les fruits, les pepins, les feuilles d'une Vigne (Vitis teutonica 
Ung.), ont été recueillis dans plusieurs dépôts de l’âge miocène (Rovey, en 
Angleterre; Radobis, Salzhausen, en Islande). 

Hamamélidées. — Le groupe représenté par des feuilles parait exister 
dans l’éocène inférieur de Sézanne. 

Cornées. — Cornus L. Le premier indice de l'existence des Cornus nous 
est révélé par des feuilles de Sézanne : les empreintes de feuilles et quelque- 
fois de fruits appartenant à ce genre ne sont pas rares dans les divers dépóts 
tertiaires de l’âge miocène. 

Nymphéacées. Nymphæa L. — Feuilles, fragments de fruits, graines, 
rhizomes, dans beaucoup d'étages tertiaires, à partir de la flore des gypses 
d'Aix (éoc. sup.). 

Magnoliacées. Liriodendron L. — Feuilles très-bien caractérisées dans 
plusieurs dépôts de l'âge miocène supérieur (mollasse suisse, Stradella, Islande). 

Magnolia L. — Feuilles et fruits dans la craie supérieure de Molletein 
(Moravie), 

Sterculiacées en général. — Le groupe parait avoir existé déjà à l'époque 
de Sézanne (éoc. inf.). 

Bombax L. — Corolles détachées, garnies d'étamines, dans la flore des 
gypses d'Aix (éoc. inf.). 

Buettnériacées en général.— Le groupe parait avoir existé à l'époque de 
Sézanne (éoc. inf.). Des semences trés-analogues à celles des Pterospermum 


198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


se rencontrent dans la plupart des dépôts de l’âge miocène, à partir d'Armis- 
san (mioc. inf.). 

Tiliaeées. — L'existence du groupe à une époque très-ancienne est at- 
testée par des feuilles voisines de celle des Zuehea qui se montrent à Sézanne 
(éoc. inf). Dans l'étage de l'argile de Londres (éocène), on rencontre des 
fruits décrits d'abord par Bowerbank sous le nom de Cucumites, retrouvés 
dans la mollasse suisse par M. Heer, et que cet auteur rapporte avec raison à 
un genre voisin des Apeiba Aubl. 

Tilia L. — Ce genre n'a laissé de trace à l'état fossile que dans le pliocène 
récent, et surtout dans les travertins quaternaires. 

Aeérinées. Acer Mench. — Samares et feuilles quelquefois réunies sur 
le méme rameau dans la plupart des étages tertiaires, à partir du miocène 
inférieur et méme du tongrien. 

Sapindaeées. Sapindus L. — Les empreintes de feuilles et de folioles 
isolées sont trop nombreuses et trop nettement caractérisées pour ne pas faire 
admettre l'existence du genre; le plus ancien exemple remonte à l'éocéne du 
Monte-Bolca. 

Ilicinées. lex L. — Un rameau entier recueilli à Armissan laisse peu 
d'incertitude sur l'existence du genre ; il commence à se montrer dans l’éocène 
supérieur (gypses d'Aix). 

Rhamnées. Paliurus Tournef. — Les empreintes de fruits accompa- 
gnent assez ordinairement les feuilles dans plusieurs dépóts tertiaires, à partir 
de l’éocène supérieur (gypses d'Aix). 

Zizyphus Tournef., Berchemia Neck. , Rhamnus Juss. — Ces trois genres 
ont laissé de nombreuses empreintes de feuilles bien caractérisées, à partir de 
l'éocéne supérieur et surtout dans le tongrien et le miocène inférieur. 

Zanthoxylées. A/antus Desf. — Des fruits de ce genre ont été obser- 
vés dans les terrains tertiaires de Suisse et du midi de la France; j'en ai 
recueilli dans les gypses d'Aix et à Manosque. 

Coriariées. Coriaria L. — Un rameau accompagné des débris de l'inflo- 
rescence, dans le miocene inférieur d'Armissan. 

Juglandées. Juglans L. — L'existence méme du genre a été mise hors 
de doute depuis longtemps; il ne parait pas remonter d'une maniére certaine 
au delà du miocene inférieur (Monod), mais on observe des indices du groupe 
jusque dans la craie supérieure de Molletein (Moravie). 

Engelhardtia Lesch. — Il est certain, par de nombreux exemples d'invo- 
lucres, de feuilles et de folioles, que ce genre était trés-répandu en Europe 
dans l’âge tongrien. 1l a été récemment observé dans les gypses d'Aix. 

Anacardiacées. Rhus L. — Des empreintes souvent répétées de folioles 
et quelquefois de feuilles ont fait reconnaitre l'existence du genre, qui remon- 
terait jusque dans l’éocène. 

Pomacées. Cratægus L. — Des feuilles trop nettement caractérisées pour 


SÉANCE DU 23 Mans 1866. 199 


induire en erreur dénotent l'existence du genre dans la flore des gypses d'Aix 
(éoc. inf.). 

Amygdalées. Prunus L., Amygdalus L. — Feuilles et quelquefois frag- 
ments de fruits dans divers dépôts miocènes de Suisse et d'Allemagne. 

Légumineuses en général — L'existence du groupe, prouvée par des 
fruits, remonte jusqu’à l’éocène inférieur (grès du Soissonnais). Je néglige les 
assimilations fondées uniquement sur des folioles isolées et même sur des 
feuilles dans l'énumération suivante : 

Robinia L. — Fruits souvent très-nombreux dans plusieurs dépôts mio- 
cènes de Suisse et d’Allemagne. 


Drepanocarpus Mey. — Fruits dans l'éocéne du Monte-Bolca. 
Brachypterum Benth. — Fruits conformes à ceux de ce genre indien dans 


l’éocène supérieur (gypses d'Aix). 

Calpurnia E. Mey. — Feuilles, folioles, fruits, dans le miocène inférieur 
d'Armissan. 

Cercis L. — Le genre se montre dans les gypses d'Aix et les calcaires de 
Brognon (Cóte-d'Or). Les fruits existent à côté des feuilles dans la première 
des deux localités. 

Cassia L. — Les folioles se montrent dans la plupart des dépôts tertiaires, 
à partir du tongrien. Les fruits sont plus rares, mais non pas inconnus. 

Copaifera L. — D'assez nombreuses folioles, et quelquefois des fruits, dé- 
notent la présence du genre en Europe, à partir du tongrien. 

Campsiandra Spr. — Une grande empreinte de fruit à valves déhiscentes, 
pareil à ceux du C. angustifolia Sp., atteste l'existence du genre à Manosque 
(mioc. inf.). 

Mimosa Adans. — Des fruits pereils à ceux des Mimosa ont été figurés par 
Unger (Syll. pl. foss. YI, p. 3h, tab. 11). 

Acacia Neck. — Les fruits de ce genre sont encore plus répandus que les 
folioles ; ils se montrent d'une manière certaine à partir de l'éocéne supérieur, 
puis successivement dans le tongrien et le miocene inférieur (gypses d'Aix, 
Sotzka, Armissan, base de la mollasse suisse). 


200 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Tableau des familles et des genres du monde actuel disposés d’après 
l'ordre relatif de leur apparition successive. 


NOMS DES FAMILLES 
ET DES GENRES. 


LYCOPODIACÉES en général. 


FoucERES en général, 


ÉQUISÉTACÉES en général, 
CONIFERES en général. 


CYCADÉES en général. 


ÉouisÉTACÉES, Equise!um L. 


ARAUCARIÉES en général. 


CUPRESSINÉES en général. 


ARAUCARIÉES , Araucaria 
Juss. (1). 

NarADÉEs en général (Zosle- 
rites). 


CHARACÉES, Chara Ag. 

SÉQUOIÉES en général (Gei- 
nitzia). 

PANDANÉES en général. 

PALMIERS en général. 


MYRICÉES en général (Comp- 
toniles). 
PROTÉACÉES en général. 


Myricées, Myrica L. 
Mousses en général. 


GLEICHÉNIACÉES , Gleichenia 
Sm. 


ÉPOQUE 
de la plus ancienne apparition 
constatée, 


HABITATION ACTUELLE. 


Terrain dévonien. 
Terrain dévonien. 


Terrain carbonifére 
Terrain carbonifére? Per- 
mien. 


Terrain carbonifère ! Trias. 


Trias. 


Trias. 


Lias ? Terrain wealdien, 
Terrain wealdien. 
Craie de l'ile d'Aix. 


Craie du Locle (Suisse). 
Craie moyenne. 


Craie moyenne. 
Craie moyenne? Craie supé- 
rieure. 


Craie moyenne de Scanie. 
Craie moyenne? Craie supé- 
rieure d'Aix-la-Chapelle. 


Craie sup. d'Aix-la-Chapelle. 


Id. 
Id. 


id, 
id. 


Les deux hémisphères; prin- 
cipalement la zone inter- 
tropicale. 

Les deux hémisphéres ; prin- 
cipalement les régions in- 
tertropicales et insulaires. 

Les deux hémisphéres. 

Les deux hémisphères; prin- 
cipalement les régions 
montagneuses de la zone 
tempérée boréale. 

Régions intertropicales el 
subtropicales; principale- 
ment dans l'hémisphére 
austral, 

Les deux hémisphėres. Eu- 

rope. 

Régions chaudes et tempé- 

rées de hémisphère aus- 

tral. 

Régions chaudes et tempé- 

rées des deux hémisphères. 

Australie et Amérique méri- 
dionale. 

Les deux hémisphères. 


Les deux hémisphères. 

Amérique boréalo - occiden- 
tale. 

Zone intertropicale. 

Zone intertropicale et sub- 
tropicale ; une seule espèce 
dans l’Europe méridionale. 

Les deux hémisphères. 


Hémisphère austral, à de 
rares exceptions près. 
Les deux hémisphéres; une 
seule espéce en Europe. 
Les deux hémisphéres. 

Zone intertropicale. 


(4) C'est ici que l'on doit placer probablement la premiére apparition constatée des 
Abiétinées des genres Pinus, Cedrus, Abies. (Note ajoutée au moment de l'impression, 


mai 1867). 


SÉANCE DU 23 Mans 1866, 


201 


NOMS DES FAMILLLES 
ET DES GENRES. 


ÉPOQUE 
de la plus ancienne apparition 
constatée. 


HABITATION ACTUELI E. 


SCHIZÉACÉES, Lygodium Sw. 
SCITAMINÉES en général. 
MAGNOLIACÉES, Magnolia L. 


CYATHÉACÉES, Alsophila R. 
Br. 

HÉPATIQUES , Marchantia 
March. 

POLYPODIACÉES, Asplenium 
L. 

— Blechnum L. 


LAURINÉES en général. 


— Sassafras Nees. (4). 

ConNÉES, Cornus L. 

HAMAMÉLIDÉES en général, 

AMPÉLIDÉES en général (Cis- 
sus?). 

ARALIACÉES en général. 

— Hedera L. 

STERCULIACÉES en général, 

BUETTNÉRIACÉES en général. 


TiLIACÉES en général. 


RHAMNÉES en général (Zizy- 
phus ?). 
CÉLASTRINÉES en général, 


LÉGUMINEUSES, Acacia? Neck. 


NiPACÉES, Nipa? Thunb. 


(Nipadites Bow.). 


Craie sup, d'Aix-la-Chapelle. 
Craie supérieure de Pro- 
vence. 


Craie supér. de Molletein. 


Éocène infér. de Sézanuc. 


ld. id. 
Id. id. 
Id. id. 
Id. id. 
ld. id. 
Id. id. 
Id. id. 
Id. id. 
Id. id. 
Id. id. 
ld. id. 
ld. id. 
Id. id. 
Id. id. 
Id. id. 


Éocéne inférieur, Grés du 
Soissonnais. 


Éocène. Bassins de Londres, 
de Paris et de Belgique. 


Régions tropicales et sub- 
tropicales. 

Régions tropicales et sub- 
tropicales. 

Régions tempérées et tem- 
pérées chaudes. 

Les deux hémisphères. Ré- 
gions intertropicales et 
australes. 

Les deux hémisphères. Eu- 
rope. 

Les deux hémisphéres. Eu- 
rope. 

Les deux hémisphères, Eu- 
rope. 

Régions  interiropicales et 
tempérées chaudes; une 
seule espèce dans l'Europe 
méridionale. 

Les Indes orientales et l'A- 
mérique septentrionale. 
Zone tempérée des deux hé- 

misphéres. Europe. 

Les deux hémisphères. 

Les deux hémisphères. 


Les deux hémisphéres. 

Zone tempérée des deux 

hémisphéres ; une seule 

espéce en Europe. 

Régions inlerlropicales ou 

australes. 

Zone intertropicale. 

Végions intertropicales ou 
tempérées; un seul genre 
demeuré européen. 

Régions chaudes et tempé- 

récs des deux hémisphères; 

quelques espèces dans 
l’Europe méridionale. 

Régions chaudes et tempé- 

rées des deux hémisphères. 

Régions chaudes et tempé- 
rées, surtout dans l'hémi- 
sphére austral, 

Indes orientales et iles de la 


Sonde. 


(4) D’après les observations les plus récentes, on doit reculer jusqu'à ce niveau l'ap- 
parition àes genres Alnus, Betula, Ulmus, Populus, Saliz, et peut-être aussi des Vibur- 
num, Juglans, Carpinus. (Note ajoutée au moment de l'impression, mai 1867.) 


E AHE 


(séances) 14 


202 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


NOMS DES FAMILLES 
ET DES GENRES. 


ÉPOQUE 


de la plus ancienne apparition 


constatée, 


HABITATION ACTUELLE. 


TILIACÉES, Apeiba? Aubl. 
(Apeibopsis Heer, Cucu- 
mites Bow.). 
CUPRESSINÉES, Callitris Vent. 
SAPINDACÉES en général. 


PROTÉACÉES, Dryandra? R. 
Br. 
SALVINIACÉES, Salvinia Mich, 


TaxiNÉES, Podocarpus Hérit. 


Mortes, Ficus L, 


ARALIACÉES, Aralia L. 


SAPINDACÉES, Sapindus L. 
RHAMNÉES, Zizyphus L. 


MYRTACÉES en général. 


LÉGUMINEUSES, Drepanocar- 
pus Mey. 
ÉBÉNACÉES, Diospyros L. 


POLYPODIACÉES, Pteris L. 


ICUPRESSINÉES , Widdringlo- 
nia Endl. 
ABIÉTINÉES, Pinus L. 


GRAMINÉES en général. 
— Panicum L. 


CYPÉRACÉES en général. 
NAIADÉES, Potamogeton L. 
ASPARAGINÉES , Dracæna 
Vand. 


Éocéne. Argile de Londres. 


Id. id. 
Id. id, 

Éocéne. Calcaire grossier 
parisien. 


Éocène. Monte-Bolca. 


Id. 


Id. 


Id. 


Id. 
Id. 


Id. 


Id. 


id. 


id. 


Éocéne supérieur. Grés de 
la Sarthe. Skopau en Saxe, 


Éocéne supér. Gypses d'Aix, 


Id. 


Id. 


Id. 
Id. 


. ld. 
Id. 


Id. 


id. 


id. 


Guyane. 


Afrique septentrionale. 
Régions  intertropicales et 

tempérées chaudes. 
Australie. 


Les deux hémisphères. Eu- 
rope. 

Régions intertropicales et 
tempérées chaudes, sur- 
tout dans l'hémisphère 
austral, 

Régions intertropicales et 
tempérées chaudes des 
deux hémisphères; une 
seule espéce dans l'Eu- 
rope méridionale. 


Régions intertropicales et 
tempérées chaudes des 
deux hémisphères, 

Zone intertropicale. 

Régions intertropicales et 
tempérées chaudes des 
deux hémisphères. 

Régions intertropicales et 


tempérées chaudes; une 
seule espéce dans l'Eu- 
rope méridionale, 

Zone intertropicale. 


et 
des 


Régions  intertropicales 
tempérées chaudes 
deux hémisphères. 

Les deux hémisphères. Eu- 
rope. 

Afrique australe. 


L'hémisphére boréal jusqu'à 
l'équateur, principalement 
les régions montagneuses. 
Europe. 

Les deux hémisphéres. 

Les deux hémisphéres, sur- 
tout les régions intertro- 
picales, 

Les deux hémisphéres. 

Les deux hémisphéres. Æu- 
rope. : 
Indes orientales; une espece 
dans Ies iles Canaries. 


SÉANCE DU 23 Mans 1566. 


203 


NOMS DES FAMILLES 
ET DES GENRES. 


SMILACÉES, Smilax Tourn. 


MUSACÉES , 
(Musophyllum), 

TYPHACÉES , Sparganium 
Tourn. 

BÉTULACÉES, Betula Tourn. 


— Alnus, Tourn. 


CuPULIFERES, Ostrya Mich. 


— Quercus L. 


ULMACÉES, Ulmus L. 


SALICINÉES, Populus Tourn. 


OLÉRACÉES en général. 
LAURINÉES, Laurus Tourn. 


— Cinnamomum Burm. 


PROTÉACÉES, Grevillea? R. Br. 
—. Lomatia? R. Br. 
Couvosées en général. 
SoEANÉES en général. 


MYRSINÉES, Myrsine L, 


ÉRICACÉES, Andromeda L. 


ARALIACÉES, Oreopanax ? 
— Panaz L. 
NYMPHÉACÉES , 
Neck. 
STERCULIACÉES, Bombax L. 


Nymphæa 


ÉPOQUE 
de la plus ancienne apparition 
constatée. 


HABITATION ACTUELLE, 


Musa? Tourn. 


Éocène supér. Gypses d'Aix. 


Id. id. 
Id. id. 
Id. id. 
Id. id. 
Id. id. 
ld, id. 
Id. id. 
Id. id. 
Id, id. 
Id. id. 
Id. id. 
Id. id. 
Id. id. 
Id, id. 
Id. id. 
Id. id. 
Id. id. 
Iq: id. 
Id. id. 
Id. id, 
Id. id. 


Régions tropicales et tempé- 
rées chaudes des deux 
hémisphères ; une espèce 
dans l’Europe méridionale. 

Régions tropicales de l’an- 
cien continent. 

Les deux hémisphères. Eu- 
rope. | 

Zone tempérée boréale dans 
les deux hémisphères. Eu-} 
rope. ] 

Zone tempérée boréale et 
montagnes de l'Amérique 
tropicale. Europe. 

Zone tempérée boréale des 
deux hémisphéres. Europe 
méridionale. 

Zone tempérée boréale et 
régions subtropicales et 
alpines tropicales des deux 
hémisphéres. Europe. 

Zone tempérée boréale dans 
les deux hémisphéres, Eu- 
rope. 

Zone tempérée boréale dans 

les deux hémisphères. Eu- 

rope. 

Les deux hémisphéres. 

Région méditerranéenne et 

iles Canaries. 


Régions intertropicales et 
tempérées chaudes de 
l'ancien continent, ] 
Australie. 
Australie. 


Les deux hémisphéres. 
Régionschaudes et tempérées 
des deux hémisphéres, 
Régions intertropicales 
tempérées ehaudes 
deux hémisphères. 
Les deux hémisphères ; quel- 
ques espèces en Europe 
dans les régions arctiques 
et alpines. 

Amérique équatoriale. 

Lone intertropicale. 


et 
des 


hémisphéres. 


SS 


Les eaux douces des "1 


Zone intertropícale. 


204 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


NOMS DES FAMILLES 
ET DES GENRES. 


ÉPOQUE 
de la plus ancienne apparition 
constatée. 


PITTOSPORÉES, Pitlosporum 
Sol. 


ILiciNÉES, lex L. 


ANACARDIACÉES, Rhus L. 


JUGLANDÉES, Engelhardtia 
Lesch. 

ZANTHOXYLÉES , Ailantus 
Desf. 


PoMACÉES, Cratægus L. 
RHAMNÉES, Paliurus Tourn. 


LÉGUMINEUSES, Colutea ? L. 
— Brachypterum Benth. 
— Cercis L. 


Cassia L. 


Mimosa. Adans. 
Acacia Neck. 


CUPULIFÈRES, Carpinus L. 
ACÉRINÉES, Acer Mœnch. 


LÉGUMINEUSES, Robinia L. 
— Copaifera L. 
ULMACÉES, Planera Rich. 
SANTALACÉES, Leplomeria R. 
Br, 
CUPRESSINÉES , 
Endl. 
CYPÉRACÉES, Carex L. 
APOCYNÉES , Nerium L. 


Thuiopsis 


POLYPODIACÉES, Lindsæa Sm. 


TAXODINÉES, Taxodium Rich. 
SALICINÉES, Salix Tourn. 


CUPULIFÈRES, Castanea Tour- 
nef. 
CELTIDÉES, Celtis Tournef. 


Éocéne supér. Gypses d'Aix. 


Id. id. 
Id. id. 
Id. id. 
Id. id. 
Id, id. 
ld, id. 
Id. id. 
Id. id. 
Id. id. 
Id. id, 
Id. id. 
Id. id. 


Tongrien. Saint-Zacharie. 


Id. id. 
Id. id. 
Id. id. 


Tongrien. Hæring en Tirol. 


Id. id. 
Tongrien. Saint -Jean- de - 
Garguin, 
Id. id. 


Miocéne infér. Coumi. 


Miocéne infér. Armissan. 


Id. id, 
Id, id. 
Id. id. 
Id. id. 


HABITATION ACTUELLE. 


Afrique australe. Australie. 
Japon; une espèce dans 
les îles Canaries. 

Régions intertropicales et 
tempérées chaudes des 
deux hémisphères ; une 
espèce en Europe. 

Les deux hémisphères. Eu- 
rope méridionale. 

Asie tropicale. 


Asie tropicale. 


Zone boréale dans les deux 
hémisphéres. Europe. 
Europe méridionale. Chine, 

Népaul. 

Région méditerranéenne. 

Asie tropicale. 

Zone tempérée des deux hé- 
misphéres. Europe méri- 
dionale. 

Régions intertropicales dans 
les deux hémisphères. 

Zone intertropicale. 

Régions intertropicales 
tempérées chaudes 
deux hémisphéres. 

Zone tempérée boréale. 
rope. 

Zone tempérée boréale. 
rope. 

Zone tempérée boréale. 

Amérique tropicale. 

Zone tempérée boréale. 

Australie. 


et 
des 


Eu- 


Eu- 


Japon. 


Les deux hémisphéres. 
Ancien continent; une seule 
espéce en Europe. 
Régions intertropicales 

australes. 
Amérique septentrionale. 
Zone tempérée boréale el 
glaciale arctique. Europe. 
Zone tempérée boréale. Eu- 
rope. É 
Zone temporée boréale. Eu- 
rope. 


et 


SÉANCE DU 23 Mans 4866. 


205 


NOMS DES FAMILLES 


ET DES GENRES, 


ÉPOQUE 
de la plus ancienne apparition 
constatée, | 


HABITATION ACTUELLE. 


LAURINÉES, Persea Gærtn, 
CORIARIÉES, Coriaria L. 


RHAMNÉES, Rhamnus L. 
— Berchemia Neck. 


LÉGUMINEUSES, Calpurnia E. 
Mey. 

— Dalbergia L. 

BERBÉRIDÉES, Berberis L. 


HÉPATIQUES , Jungermannia 
Dill. 

PoLYPODJACÉES , Woodwar- 
dia Sm. 


POLYPODIACÉES , 
Sw. 
OSMONDACÉES, Osmunda L. 


Aspidium 


TAXODINÉES , 
Endl. 
CYPÉRACÉES, Cyperus L. 


Glyplostrobus 


TYPHACÉES, Typha Tourn. 


CuPULIFERES, Fagus Tourn, 


BALSAMIFLUÉES , Liquidam- 
bar L. 


ConNÉES, Cornus L. 
JuGLANDÉES, Juglans L. 
OLÉACÉES, Fraxinus Tourn. 


LÉGUMINEUSES , 
dra Benth. 
CuPULIFERES, Corylus Tourn. 


Campsian- 


CONVOLYULACÉES , — Porana 


Burm. 


Miocéne infér. Armissan. 


Id. id. 

ld. id. 

ld, Peyriac, 
Id. Armissan, 
Id. id. 

Id. id. 


Miocène infér. Manosque, 
succin. 

Miocéne inf, Monod (Suisse), 
Radoboj. 


Mollasse (Suisse). 


Miocéne inférieur. Monod. 


Miocéne inférieur. Manos- 
que, Monod. 

Miocène inférieur. Rochette 
(Suisse). 

Miocène inférieur. Monod. 


Miocène infér. Manosque. 


Miocène inférieur, Horw 


(Suisse). 


Miocène inf. Monod (Suisse). 


ld. id. 

Id. id. 

Id, Manosque, 
Miocène. Hohe, Rhonen 
(Suisse). 
Miocène. Hohe, Rhonen 


(Suisse). 


Régions tropicales et subtro- 
picales des deux hémi- 
sphères ; une espèce aux 
îles Canaries, 

Asie centrale. Japon. Iles 
de la mer du Sud. Amé- 
rique; une seule espèce 
en Europe. 

Les deux hémisphères, zone 
tempérée boréale, Europe. 

Asie tropicale et Amérique 
tempérée chaude, 

Afrique tropicale. 


Asie tropicale, 

Zone tempérée boréale et 
Amérique tropicale; une 
espèce en Europe. 

Les deux hémisphères. Eu- 
rope. 

Amérique tropicale et tem- 
pérée chaude vers le 
nord ; une espèce dans 
les iles Canaries, 

Les deux hémisphères. Eu- 

rope. 

Parties tempérées et froides 


des deux hémisphères. 
Europe, 
Chine, 


Les deux hémisphères. Eu- 
rope. 

Les deux hémisphères. Eu- 
rope. 

Lone tempérée boréale, en 
Europe, en Amérique et 
zone australe. 

Zone tempérée boréale dans 
les deux hémisphéres et 
Asie tropicale. 

Zone temp. boréale. Europe. 
Zone tempérée boréale, 
Zone temp. boréale. Europe. 


Amérique tropicale. 


Lone tempérée boréale. Eu- 
rope. 

Zone intertropicale de l'an- 
cien continent, 


208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


ÉPOQUE | 
NOMS DES FAMILLES 
de la plus ancienne apparition | HABITATION ACTUELLE. 
ET DES GENRES. 


constatée. 


ÉLÉAGNÉES, Hippophaé L.  |Miocéne. Salzhausen. Europe moyenne et mérid, 
AMPÉLIDÉES, Vilis L. Id. id. Zone tempérée boréale, 
ARALIACÉES, Hedera L. Id. id, Zone intertropicale et tem- 


pérée boréale, Europe, 
MAGNOLIACÉES, Liriodendron|Miocéne. Ériz (Suisse). Is-|Amérique septentrionale. 
L lande, 


AMYGDALÉES, Amygdalus L.|Miocéne. Radoboj. Zone boréale tempérée et 
tempérée chaude. 
— Prunus L. Id. id. Hémisphére boréal. Europe. 


PLATANÉES, Platanus L. Miocéne sup. Schrotsburg. |Hémisphére boréal, zone tem- 
pérée chaude, 


RENONCULACÉES, Clematis L.| Id. OEningen. Zone temp. chaude, Europe.[ 
TiLIACÉES, Tilia L. Pliocéne. Roche-Sauve, Zone temp. boréale. Europe.- 
LAURINÉES,Oreodaphne Nees.| Id. Sinigaglia. Zone intertropicale; une es- 
pèce aux îles Canaries, 
CUPRESSINÉES, Thuia L. Pliocène supérieur, traver-| Amérique septentriouale. 


tin de Massa-Maritima. 


Le tableau précédent est nécessairement incomplet, puisqu'il comprend seu- 
lement ceux des genres actuels dont l'existence à l'état fossile a été assez bien 
constatée pour être, sinon certaine, au moins trés-probable; il en ressort 
cependant, malgré cette insuffisance, des notions pleines d'intérêt sur la 
marche de la végétation en Europe, depuis son origine jusqu'à nos jours. 

Les groupes apparus les premiers sont plutót des classes que des familles 
proprement dites, et leur extréme diffusion actuelle n'a rien de surprenant, 
puisqu'elle semble la conséquence naturelle de leur ancienneté. Cette diffusion 
existe aussi bien pour les ordres aujourd'hui peu nombreux en espèces, que 
pour ceux dont l'importance s'est maintenue ou développée, comme les Fou- 
gères et les Gonifères. 

En poursuivant l'examen de ces premiers groupes, on observe dans la plu- 
part une tendance dont l'effet a été de les ramener en partie dans le voisinage 
des tropiques, où ils habitent de préférence maintenant. C'est là surtout que 
de nos jours on lesrencontre en plus grande abondance et avec des dimensions 
relativement plus élevées. Les divers groupes de ce premier áge paraissent 
avoir été distribués d'abord, dans des proportions à peu près égales, sur toute 
la surface du globe ; mais il est facile de reconnaitre que depuis cette époque 
il en est qui se sont repliés hors de l'Europe, dont l'habitation a été fraction- 
née, et qui se trouvent confinés dans certaines régions exclusivement à 
d'autres ; il suffit de désigner, à l'appui de cette assertion, les Cycadées et les 
Araucariées. 


SÉANCE DU 23 MARS 18656. 207 


Ainsi, dés l'origine, on voit que le résultat principal du. développement vé- 
gétal, dans sa marche à travers le temps, a été non-seulement d'étendre les 
végétaux, mais encore de produire en eux des aptitudes plus exclusives que 
dans les premiers moments de leur existence, puisqu'alors des groupes, qui 
maintenant sont appropriés à des conditions spéciales et séparés par de grands 
espaces, se trouvaient associés et confondus. En second lieu, non-seulement 
ces groupes primitifs ont subi respectivement des adaptations très-variées, 
mais ils ont encore donné lieu à des développements très-inégaux; les uns 
ayant continué de s'accroitre et de se diversifier, comme les Fougères et les 
Conifères, tandis que d'autres, comme les Équisétacées et les Cycadées, ont 
vu restreindre leur rôle, et que certaines tribus, comme les Araucariées et les 
Séquoiées, se sont trouvées réduites, de nos jours, à une aire d'habitation 
très-limitée. 

Ainsi : diffusion originaire et acquise très-grande, retrait successif et partiel 
des póles vers l'équateur et la zone australe, adaptation et cantonnement par 
régions, et inégalité croissante de l'importance relative ; tels sont les caractères 
généraux imprimés à la végétation dans sa marche. En résumé, les événements 
géologiques ont eu pour résultat la dissociation croissante de groupes originai - 
rement réunis, et leur appropriation successive à des conditions nouvelles 
très-diverses et très-inégales. Si l'on recherche la raison d’être et le point de 
départ de cette impulsion si variée dans ses effets, il faut nécessairement remonter 
à l'égalité primitive des conditions extérieures, et par conséquent reconnaitre que 
l'uniformité originaire de la végétation était en parfait rapport avec celle des 
conditions physiques et climatériques alors établies à la surface du globe. La 
loi qui préside au développement des phénomènes subséquents est en réalité 
le résultat de la combinaison d'une double cause; il suffit pour s'en convaincre 
d'essayer de l'analvser. En effet, plus un groupe est ancien, plus il tend à 
devenir diffus, et, si rien ne fait obstacle à cette diffusion, il arrive, comme 
on le voit pour la plupart des plantes aquatiques, que la diffusion atteint son 
maximum; le temps, les circonstances et le milieu concourant à la fois au 
méme résultat. Pour beaucoup de plantes, au contraire, les phénomènes de 
diffusion se compliquent d'un mouvement de localisation, dont l'effet est de 
maintenir chaque groupe sur les seuls points de la surface terrestre où la 
mesure des circonstances favorables l'emporte sur celle des circonstances oppo- 
sées. Ainsi, l'ancienneté d'un groupe amène sa diffusion, tandis que la pro- 
pension causée par la diversité croissante des conditions extérieures produit, 
au contraire, sa localisation. Il résulte évidemment de i'existence de cette 
double impulsion cette conséquence, que les anciens groupes devront différer 
entre eux dans leur manière d’être actuelle, suivant que l'une ou l'autre des 
deux tendances l'aura emporté. Ces mouvements, quoique dirigés en sens 
inverse, n'ont rien de contradictoire; ils sont les effets naturels d'une méme 
cause générale, incessamment active depuis l'origine du globe, n'ayant cessé 


208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


depuis lors d'en modifier la surface en la diversifiant, et d'engendrer des cir- 
constances favorables pour certains étres, défavorables pour d'autres. En sorte 
qu'un groupe trés-ancien peut et doit être très-diflus et trés-nombreux en 
espèces, dans certains cas; trés-diffus, mais appauvri, dans d'autres cas; quel- 
quefois réduit à une aire trés-limitée. Enfin, on conçoit encore qu'un groupe 
ancien peut être trés-diffus et très-développé dans une partie du globe, et 
n'être plus représenté sur d'autres points que par un petit nombre d'espèces 
ou méme par une seule. Tous ces faits sont la conséquence naturelle de l'an- 
cienneté des groupes, et des vicissitudes qu'ils ont subies avant d'arriver jus- 
qu'à nous. 

Après les groupes les plus anciens, on voit apparaitre des familles demeurées 
depuis plus spécialement et quelquefois exclusivement tropicales, comme 
es Pandanées, Palmiers, Morées, Laurinées, Araliacées, Ampélidées, 
Buettnériacées, Sterculiacées, 77//acées, Sapindacées, Mimosées, etc. Mais il 
faut remarquer que plusieurs de ces familles, entre autres celles que j'ai sou- 
lignées, n'ont pas entièrement quitté l'Europe, et y ont laissé, soit un genre 
isolé, soit une seule espèce sur le sol même de ce continent ou dans son voisi- 
nage immédiat ; en sorte qu'il est possible de reconnaitre dans ces vestiges ce 
que je nommerai une /radition végétale. Cette tradition se montre méme, 
quoique à un degré bien affaibli, dans les Protéacées, qu'on s'est étonné parfois 
de voir signaler dans les dépôts européens; mais si l'on réfiéchit à la distri- 
bution actuelle du groupe, qui se retrouve à la fois en Amérique, en Australie, 
aux Indes orientales, dans l'Afrique australe, et dont une espèce pénètre jus- 
qu'en Abyssinie, on est forcé de reconnaitre. qu'il remplit les conditions 
demandées à priori pour exister en Europe à l'état fossile. On doit citer encore 
quelques autres familles, comme les Hamamélidées, les Myricées, enfin les 
Coriariées, qui présentent au plus haut degré les caractères que j'attribue plus 
haut aux groupes d'ancienne origine, puisqu'elles sont à la fois pauvres en 
espèces et dispersées dans toutes les zones, dans les iles comme sur les conti- 
nents. Quant aux familles demeurées propres à la zone boréale tempérée ou 
froide, ce n'est qu'un peu plus tard que nous les voyons se montrer et se dé- 
velopper. Apparues, à ce qu'il semblerait, à une époque moins reculée, elles 
n'ont peut-étre pas trouvé, par suite de la diversité croissante des conditions 
extérieures, autant de facilité que les précédentes pour se répandre au loin. 
Adaptées immédiatement à certaines conditions déterminées, leur diffusion 
a été restreinte à la seule zone où elles ont pris naissance. La plupart de ces 
familles (pour ne pas dire toutes) sont communes à l'ancien comme au nou- 
veau continent, s'étendent méme au delà de la zone terrestre qu'elles caracté- 
risent ; mais c'est seulement au moyen des plateaux élevés, des grandes chaines 
de montagnes, qu'elles ont pu se frayer un accès au milieu des régions où 
se sont cantonnées de leur côté d'une manière désormais exclusive, les 
groupes qu'elles ont remplacés sur notre sol, en les éliminant peu à peu. 


SÉANCE DU 23 mars 1866. 209 


Si, au lieu de considérer les groupes du rang le plus élevé, on s'attache aux 
genres en particulier, et qu'on recherche ceux qui existent encore dans la na- 
ture actuelle, au fur et à mesure de leur apparition, on les voit suivre la marche 
que je viens de décrire, et que leur étude permet encore de mieux préciser. 

Les genres, comme les groupes dont ils dépendent, sont d'autant plus sus- 
ceptibles d'extension qu'ils sont plus anciens, mais, comme ceux-ci, ils sont 
aussi susceptibles de retraits, de fractionnements, ils peuvent étre réduits à un 
très-petit nombre d'espèces disjointes ou méme à une seule, et à une aire 
d'habitation très-petite. Les genres les plus anciens dans la série sont, ou très- 
diffus, comme les Z'quisetum, ou cantonnés dans le sud, comme les Arau- 
caria. Il est trés-probable qu'il en a été de méme de plusieurs genres de 
Protéacées de la craie supérieure ou des gypses d'Aix, trop semblables à ceux 
d'Australie pour ne pas leur être, en partie au moins, assimilables. Les Myrica 
présentent, au contraire, une grande diffusion actuelle jointe à ce fait, que 
leurs espèces, dispersées par petits groupes, ne sont nombreuses nulle part, 
et que les iles Canaries, comme l'Europe, en présentent encore quelques rares 
représentants. 

A partir de la craie supérieure, et surtout lorsqu'on aborde l'éocene infé- 
rieur de Sézanne, le nombre des genres actuels, dont l'existence peut être 
signalée avec probabilité, va en augmentant ; mais ceux que l'on observe sont 
toujours, ou des genres tout à fait cosmopolites (Marchantia, Asplenium, 
Blechnum), par conséquent existant en Europe comme ailleurs, ou des genres 
actuellement limités aux régions voisines des tropiques, dans les deux hémi- 
sphères (A/sophila, Gleichenia, Lygodium). Jusqu'à présent, il a été bien 
difficile, pour la méme époque, d'asseoir parmi les Dicotylédones des attri- 
butions génériques plus süres que de simples rapprochements. Cependant, ces 
rapprochements revétent un certain degré de probabilité, lorsqu'ils se rappor- 
tent à des groupes qui ne comprennent que des genres solitaires ou peu nom- 
breux, ou qu'ils sont fondés sur des analogies de forme et de nervation assez 
saillantes pour inspirer de la confiance. C'est à ce titre que les genres Cissus 
et Myrica, Sassafras et Zizyphus devraient être signalés comme existant à 
Sézanne (1). Mais il est remarquable qu’en admettant ces attributions, et 
d'autres encore qu'on pourrait indiquer, comme réelles, on est toujours en 
présence de genres appartenant aux deux hémisphères, par conséquent très- 
diffus. C'est, selon moi, un indice précieux, qu'une certaine uniformité dans 
les conditions extérieures s'étendait encore alors sur la plus grande partie du 
globe, et que rien ne s'opposait par conséquent à ce que les mêmes types 
fussent présents à la fois partout. Plus tard seulement des diversités fde plus 
en plus marquées ont distingué les différentes régions, et les flores locales se 

(1) Cette liste pourrait être grossie de plusieurs genres dont la présence a été con 


statée tout récemment. Je mentionnerai seulement des fleurs de Symplocos, type qui 
rentre dans la même catégorie. (Nole ajoutée au moment de l'impression, mai 1867.) 


210 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


sont accentuées de plus en plus, tandis que les types communs à des parties 
du monde aujourd'hui séparées ont persisté sur quelques points comme un 
vestige de l'uniformité antérieure. 

La plupart des groupes de cette époque permettent de conjecturer, par l'étude 
de leurs caractères actuels, que rien ne s'opposait encore à ce que les formes 
devenues depuis tropicales pussent s'étendre librement jusque dans l'Europe 
moyenne; plus tard, elles en ont été éliminées successivement ; mais ce retrait 
ne s'est pas opéré sans que des espèces isolées, disséminées cà et là comme des 
sentinelles perdues, n'aient jalonné la route suivie par les anciens genres en 
s'éloignant. En effet, il est remarquable d'observer encore, soit en Europe, 
soit dans les régions contigués de l'Asie et de la Méditerranée, ou dans cer- 
taines iles, comme les Canaries, les derniers représentants des genres constatés - 
le plus ordinairement à l'état fossile, à partir de la craie supérieure ( Wood- 
wardia, Callitris, Dracena, Myrica, Ficus, Laurus, Persea, Nerium, 
Myrsine, Andromeda, Diospyros, flex, Pittosporum, Coriaria, etc.). C'est 
surtout dans la période éocène proprement dite, c'est-à-dire depuis le calcaire 
grossier parisien jusqu'aux gypses d'Aiz inclusivement, que l'on peut con- 
stater l'existence, non plus seulement des principaux groupes en général, mais 
d'un grand nombre de genres assez déterminés pour entrainer la conviction. 
Or, à cette époque, véritable temps de transition, les phénomènes d'adaptation 
commencent à se prononcer à côté de ceux de diffusion; il est très-curieux de 
suivre ce double courant et d'en noter les résultats dans les éléments végétaux 
de cet âge. 

Les premiers vestiges de l'adaptation ou plutôt de la localisation de certains 
genres peuvent être tirés de la considération de ceux qui ne sont qu'imparfai- 
tement assimilables aux types actuels. A Sézanne, par exemple, on observe 
des Tiliacées qui se rapportent vraisemblablement à un type disparu, mais 
dont l'analogie avec les Zuhea actuels est visible. Or, les Zuhea sont particu- 
liers au Brésil, où ils sont nombreux de nos jours. Les Vipadites et Apei- 
bopsis, à peu prés contemporains, peuvent donner lieu à la méme remarque, 
puisque tous deux se rapprochent beaucoup des genres Nipa et Apeiba, parti- 
culiers, l'un aux Indes orientales, l'autre à l'Amérique tropicale, sans que leur 
identité générique absolue avec ceux-ci ait pu être affirmée d'une manière cer- 
taine. Le genre Drepanocarpus, observé à Monte-Bolca, n'est pas aujourd'hui 
entièrement américain, puisque le Dr. lunatus se retrouve dans le Sénégal; il 
peut être rangé parmi les genres disjoints, mais le genre Prachypterum de 
gypses d'Aix, quoiqu'il ne soit qu'un. démembrement récent du groupe am- 
phigé des Dalbergia, est exclusivement asiatique, aussi bien que les genres 
Lngelhardtia, Porana, Ailantus, tandis que les Copaifera sont uniquement 
américains, que les Widdringtonia appartiennent à l'Afrique. australe, et les 
Leptomeria à? Australie. On voit donc que les premières adaptations s'appli- 
quent à des genres d'abord associés sur le sol de notre Europe, depuis refoulés 


SÉANCE DU 23 Mans 1866. ' 211 
dans la zone torride, les uns dans l'ancien, les autres dans le nouveau continent, 
et cantonnés aujourd'hui exclusivement, soit au Brésil, soit en Afrique, soit 
dans l'Asie tropicale ou austro-orientale. A côté de ces genres qui n'habitent 
plus chacun qu'une partie déterminée des régions tropicales, la foule de ceux 
qui sont très-diffus ou très-disjoints domine cependant toujours , puisque l'on 
peut citer parmi les premiers les Podocarpus, Zizyphus, Diospyros, Pteris, 
Panicum, Andromeda, Nymphæa, lex, Rhus, Cassia, Acacia, ete., comme 
ceux dont les traces sont les plus fréquentes et les plus certaines, et parmi les 
seconds les Dracæna, Pittosporum, Coriaria, Bombax. Mais cette adaptation 
de certains genres à certaines régions limitées de la zone torride, n'est pas la 
seule qui se soit produite autrefois; le phénomène en lui-même n'est pas par- 
ticulier à telle ou telle zone; il parait être d'un ordre plus général, et le mou- 
vement auquel il a donné lieu n'a fait que s'accentuer toujours davantage en 
s'étendant à tous les pays et à tous les climats. L'époque où se sont déposés 
les gypses d'Aix peut être notée comme le point de départ véritable d'une 
ère végétale dont le développement continue encore aujourd'hui. Dès lors, les 
conditions extérieures qui président à la vie des plantes se sont distribuées de 
manière à exclure certains types pour en favoriser d'autres et donner à chaque 
région séparée une physionomie particulière. Comme tous les grands phéno- 
mènes, celui que je désigne ici n'a été d'abord ni radical ni tres-sensible. A 
son origine, il semble avoir consisté uniquement dans ce fait très-simple que 
les genres apparus à partir d'un certain moment n'ont plus franchi certaines 
limites, et qu'ayant encore la faculté de s'étendre dans le sens des longitudes 
ils sont restés propres à une des grandes zones terrestres, sans en dépasser les 
bornes, sauf à l'aide des conditions exceptionnelles qu'ont pu leur procurer les 
plateaux élevés et les régions montagneuses. Quoique limités dans le sens des 
latitudes, ces nouveaux groupes ne l'étaient pas encore dans celui des méri- 
diens, aussi la presque totalité d'entre eux sont demeurés communs à la partie 
tempérée boréale des deux continents. Ces genres sont ceux dont la présence 
caractérise encore cette zone, en Amérique comme en Europe, et dans l'Asie 
septentrionale ; quelques-uns seulement, mais en très-petit nombre, sont spé- 
ciaux à l’ancien monde, comme le genre Paliurus, ou le sont devenus an 
nouveau, comme le genre Liriodendron. On doit les diviser en deux groupes 
distincts par leur point de départ qui n'est pas le méme. Les uns sont en 
méme temps les plus anciens et les plus répandus dans tous les sens, les plus 
variés par leurs aptitudes, ceux enfin qui se sont pliés aux conditions les plus 
diverses. Je dois citer tout de suite les Betula et Alnus, les Quercus, Ostrya, 
Carpinus, Ulmus et Populus, les Acer, Cercis, Crateegus, et bientôt aprés 
les Salix, Castanea, Fagus (type boréal), Celtis. Ces genres n'ont cessé de- 
puis d'occuper notre zone, plusieurs y ont acquis du sud au nord une grande 
extension, quelques-uns comprennent à la fois des espèces à feuilles persis- 
tantes et des espèces à feuilles caduques, des formes méridionales et des formes 


212 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


alpines ou polaires. Cette premiere émission de genres européens (1) a eu lieu à 
partir de la flore des gypses d'Aix jusqu'au temps de celle de Manosque inclu- 
sivement, c'est-à-dire dans un espace vertical qui s'étend de l'éocene supérieur 
au miocène proprement dit, et que les géologues se sont accordés à désigner 
sous le nom de /ongrien ou d’oligocène. 

Pendant tout le temps qu'a duré cette première émission, aucun indice de 
refroidissement ne peut étre encore constaté. A cóté des genres que je viens 
d'énumérer, les Palmiers, les Musacées, les Araliacées, les Anacardiacées et les 
Légumineuses d'affinité tropicale, enfin la présence des genres Dracæna, Bom- 
Lax, Engelhardtia, Cinnamomum, etc., laissent peu de doute au sujet du 
caractère général de la végétation d'alors. Il est naturel de voir dans le phé- 
nomène que je signale les indices d'une adaptation croissante des genres aux 
conditions particulières à chaque zone et de la difficulté qu'ils éprouvent dé- 
sormais à s'étendre indifféremment comme autrefois. Il est à croire que cette 
adaptation régionale aurait eu lieu également dans notre Earope, si la tempé- 
rature y était restée stationnaire, puisqu'elle s'est opérée depuis, non-seule- 
ment pour notre zone, mais dans toutes les régions du globe devenues de plus 
en plus distinctes et isolées les unes des autres. Il faut excepter cependant de 
cette loi les genres à station aquatique ou littorale, qui continuent à se montrer 
trés-diffus, sans doute à cause du milieu qui les favorise en égalisant les con- 
ditions de leur existence. D'autre part, sous l'influence d'une cause agissant 
en sens inverse, les Cupressinées et les Taxodinées présentent successivement 
des genres dont l'extension est aussi rapide qu’éphémère, puisque leur retrait 
s'est opéré bien avant notre époque et que la plupart de ceux qui ont autrefois 
dominé (W'ddringtonia, Callitris, Thuiopsis, Sequoia, Glyptostrobus) se 
trouvent réduits maintenant à des stations très-limitées. 

Un peu plus tard, vers le miocène, une seconde émission de genres actuel- 
lement propres à la zone boréale a eu lieu à une époque où la végétation com- 
mencait à perdre de sa physionomie tropicale pour se rapprocher de celle qui 
caractérise maintenant la zone tempérée chaude. Cette seconde émission 
porte aussi son caractère. Les genres Liquidambar, Fraxinus, Juglans, 
Platanus, Tilia, sont encore communs aux deux continents, mais ce 
sont bien décidément des genres à feuilles caduques, moins variés, moins cos- 
mopolites que les premiers, adaptés uniquement aux conditions climatériques 
de la zone tempérée actuelle. C'est aussi le temps où l'influence des latitudes 
se fait distinctement connaître, où les (lores contemporaines de l'Europe 


(1) Il ne faut pas oublier que dans l'intervalle qui s’est écoulé entre la communication 
de cette note et son impression, plusieurs de ces genres, entre autres les Alnus, Betula, 
Ulmus, Populus, Salix, ont été observés dans l'éocéne inférieur de Sézanne, par con- 
séquent dans un âge bien plus reculé que je n'étais porté à le croire ; mais leur dévelop- 
pement et leur extension sont bien postérieurs ; et c'est à ce dernier phénomène que doit 
être rapporté ce que je croyais à tort être la suite de leur première manifestation. (Note 
ajoutée qu moment de l'impression, mai 1867.) 


SÉANCE DU 23 Mans 1866. 243 


moyenne, des bords de la Baltique et de l'Islande, présentent des différences 
trés-seusibles, analogues à celles de notre âge, quoique bien moins accentuées ; 
alors les signes d’une localisation régionale croissante deviennent de plus en 
plus manifestes. Le genre Liriodendron s'est retiré en Amérique; le genre 
Hippophaé est demeuré exclusivement européen. La plupart des Juglans, 
Fraxinus, sont en Amérique; ils n'ont laissé dans l'ancien continent que 
des représentants isolés ou peu nombreux; d'autres. (Liquidambar, Pla- 
tanus) se trouvent réduits à deux espèces disjointes très-voisines, distinctes 
pourtant, entre lesquelles l'espèce européenne tertiaire semble tenir le railieu. 

Telle est la marche que parait avoir suivie la nature. Elle est partie d'un état 
de choses caractérisé par l'association d'un assez petit nombre de types uni- 
formément réunis pour les étendre à mesure qu'ils s'éloignaient de leur ori- 
gine, les rendre ou les faire demeurer communs à beaucoup de points à la fois, 
puis elle a rompu cette uniformité en diversifiant les types, en en introduisant 
de nouveaux et les appropriant aux régions daus lesquelles ils étaient fixés. 
C'est ainsi que la nature a donné lieu successivement à de nouveaux types, 
d'abord faibles et dominés à leur origine, puis dominateurs à leur tour, exten- 
sibles et diffus tant que des circonstances défavorables, physiques ou climaté- 
riques, ne sont pas venues détruire par des fractionnements leur continuité 
primitive. Enfin, tandis que certains types plus flexibles ont pu donner lieu à 
de nouvelles combinaisons et continuer leur développement, la nature a opéré 
le retrait des autres en les parquant dans des cantonnements de plus en plus 
limités, en leur mesurant un espace sans cesse décroissant, sous l'empire de 
conditions qui tantôt leur permettaient de rester stationnaires, ct tantôt en- 
trainaient leur disparition définitive. Cette marche, quoique aisée à définir 
dans son ensemble, est trop compliquée dans ses détails, et les indices qui la 
révèlent sont encore trop rares et trop confus pour permettre d'en tracer autre 
chose qu'une faible esquisse. 

M. Brongniart rappelle à cette occasion les nombreux travaux 
de M. de Saporta sur la paléontologie végétale et fait ressortir le 
vif intérét que présentent les résultats de ses observations. 

M. Cosson donne lecture des communications suivantes, adressées 


à la Société : 
DES ÉPINES PULVINALES DE QUELQUES ESPÈCES D'ASPARAGUS, par M. D. CLOS. 
(Toulouse, 5 mars 4860.) 
On a beaucoup écrit sur les organes de végétation des Asparagus. Rama- 
tuelle, Tristan, Link, Aug. de Saint-Hilaire et Payer ont. cherché à distin- 


guer dans ces plantes les feuilles des pédoncules. Ramatuelle avait reconnu 
que les prétendues feuilles de l'Asperge sont des rameaux. Tristan cite ct 


214 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


partage cette opinion, appelle ces filaments ramules, et ajoute : 1° que les fleurs 
sont portées sur de petits rameaux ou organes semblables à ces ramules, et 
qui en deviennent aussi quand les fleurs avortent; 2* que les Asperges sont 
dépourvues de feuilles ; 3° que les écailles de leurs tiges et de leurs rameaux 
pourraient bien étre des stipules (1). 

Je cherche en vain pourquoi Tristan a refusé de voir des feuilles dans 
ces écailles, considérées déjà comme telles par Ramatuelle. 

Quant à De Candolle, aprés les avoir d'abord, en 1813 (2) et 1815 (3) ad- 
mises au nombre des stipules, il les tint, en 1827 (4), pour des rudiments de 
véritables feuilles, et, en méme temps, il rapportait aux feuilles les fascicules 
d'aiguilles des Asperges. Mais Link, Doell, les frères Bravais, et surtout, en 
1845, M. Wydler (5), ont montré, sans réplique, que ces filaments représen- 
tent un faisceau de pédoncules. Pourquoi donc quelques phytographes mo- 
dernes, MM. Spach (6) et Tornabene (7) par exemple, conservent-ils encore 
dans leurs ouvrages descriptifs le nom de feuilles à ces organes ? MM. Du- 
chartre (8) et Kirschleger (9), par trop de scrupule à coup sür, n'ont pas osé 
opérer complétement une réforme qu'ils ont indiquée, et devant laquelle 
n'ont pas reculé, à bon droit, MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre, d'une 
part (10); M. Godron de l'autre (11). 

Plusieurs espèces d'Asparagus, et en particulier les A. horridus L. et 
albus J,., sont armées de fortes épines, d'une seule sorte dans lA. albus, de 
deux sortes dans l'A. horridus. Celui-ci montre, en effet, à la place du fais- 
ceau de pédoncules aciculaires, une, deux ou trois épines ayant la méme 
signification qu'eux. Tristan l'avait déjà reconnu, lorsqu'il déclarait que les 
fortes épines de lA. horridus (et aussi de PA. aphyllus) n'ont aucune analogie 
avec les feuilles ordinaires, mais remplacent celles que l’on voit dans le groupe 
précédent (en particulier dans PA. officinalis). 

Les branches et les rameaux (non fasciculés) de l'Asparagus horridus, les 


(4) Voy. Bulletin de la Société philom. (1813), p. 306. 

(2) Catal. plant. hort. bot. Monspel., p. 84. 

(3) Flore française, t. III, p. 172. On y lit : «A la base de chaque faisceau est une 
stipule membraneuse qui quelquefois dégénére en épine. » 

(4) Organographie végétale, t. 1, p. 333; il y proclame l'écaille le rudiment de la 
véritable feuille. 

(9) In Flora oder allgem. botan. Zeitung, nouvelle série, 3° année, p. 472. 

(6) Histoire nat. des végét., t. XII, p. 221, 

(7) Monografia delle specie di Asparagus spontanee sull" Etna, in Atti dell’ Academia 
gioenia di scienzi naturali, 2° série, t. XII. Catane, 1856, in-4°. 

(8) Manuel général des plantes, t. IV, p. 735; on y lit: «Feuilles étroites, fasci- 
culées (plus exactement ramules ressemblant à des feuilles). » 

(9) Flore d'Alsace, t. M, p. 164; elle porte: « Faisceaux de feuilles capillaires ou 
aciculées (pédoncules sans fleurs). » 

(40) Flore des environs de Paris, édit. 1, p. 537 ; les organes en question y sont 
appelés ramuscules avortés filiformes. 

(11) Flore de France, par Grenier et Godron, t. Il; ces organes y portent le nom 
de rameaux folüformes (cladodies Kunth). 


SÉANCE DU 23 Mans 4866. 215 


branches, les rameaux et les faisceaux de ramules de l'A. albus naissent à 
l'aisselle d'une écaille éperonnée d’une forte épine dont la direction est ou 
horizontale, ou en sens contraire de celle de l'écaille, c'est-à-dire la pointe 
tournée vers le bas. 

Quelle est la nature de ces deux organes, écaille et épine ? Pour M. Tor- 
nabene qui, on l'a déjà vu, considère les faisceaux de filaments comme des 
feuilles, l'écaille et l'épine sont les parties d'une stipule. Le savant Sicilien a 
écrit, à propos de PA. horridus : sriPUL ad alas foliorum et angulos 
ramorum inferne spina tenui terminate? apice membranaceo-acuminate ; et 
au sujet del'A. albus : Rami... STIPULA armati ; spina valida, elongata, 
candida, erecta aut retroflexa ad axillas; folia fasciculata, etc. (1). 

Mais, aux yeux de ceux qui qualifient à bon droit de pédoncules les fais- 
ceaux de filaments, l'écaille ne peut être que la véritable feuille, à l'aisselle de 
laquelle naissent les ramules, les rameaux et les branches. 

Quant à l'épine, si, au premier abord, elle parait étre une dépendance de 
l'écaille, elle en diffère essentiellement par la forme et l'origine. A la section de 
botanique du congrès italien tenu à Padoue, au mois de septembre 1843, 
M. P. Savi, traitant de la signification morphologique des épines de quel- 
ques Asparagus sous-jacentes à la feuille, les tenait pour des processus de 
la feuille ellemême; c'est ainsi du moins que l'indique le compte rendu 
de ces séances dans un journal de botanique allemand (2). Mais l'épine ne 
fait pas partie de l'écaille ou feuille; elle est une expansion du support de 
celle-ci, un processus du coussinet. A ce propos, je rappellerai qu'on peut 
admettre deux sortes de coussinets : 

1* Les coussinets foliaires, occupant sur les axes la place méme des feuilles, 
et tantôt, et le plus souvent, fertiles (surmontés par la feuille), tantôt stériles 
ue portant pas de feuilles (mamelons des Mamillaria) (3). 

2° Les coussinets infra-foliatres, toujours stériles; c'est à cette division 
qu'appartiennent les épines des Asparagus horridus et albus. 

Cette dernière espèce est comprise par Kunth dans son genre Aspara- 
gopsis (h). Mais, d'une part, les caractères de ce groupe diffèrent peu de ceux 
du genre Asparagus, et, de l’autre, dès 1841, c'est-à-dire un an avant la 
création du genre Asparagopsis de Kunth, M. Montagne, de regrettable 
mémoire, dénommait ainsi un genre d'Algues (5), qui a été admis par 
Lindley (6). 

(1) Loc. cit. pp. 374 et 370. 


(2) In Flora oder Allgem. botan. Zeitung (1844), p. 508. Voici les termes em- 
ployés : Hervorspringende Theile der Blatter seibst auf einer und derselben lothrechten 
Ebene. 

(3) Voy. mon mémoire intitulé : Du coussinet el des nœuls vitaux dans les plantes, 
spécialement dans les Cactées, inséré dans les Mémoires dc ” Acad. des sciences de Tou- 
louse, 5° série, t. IV, pp. 324 à 340. 

(4) Enum. plant, t. V, p. 76. 

(5) Procès-verbaux des séances de la Société philom. (1341), p. 10. 

(6) Vegetable Kingdom. 


* 


216 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


NOTE SUR L'JBERIS PARVIFLORA, par ME. &. MUNBY. 


(Londres, 9 mars 1866.) 


Parmi les nombreuses espèces du genre /beris, une des mieux définies 
à mon avis est lZ. parviflora, que j'ai publié dans le Bulletin de la Société 
botanique (t. II, 1855, p. 282). M. Jordan a pourtant dû croire que ma 
description n'était pas assez claire, puisqu'il a attribué à ma plante le nom 
d'I. numidica dans ses Diagnoses des espèces nouvelles ou méconnues pu- 
bliées en 1864. 

Je m'abstiens de reproduire ma diagilose de cette espèce, vu que celle 
donnée par M. Jordan cadre complétement avec elle. Je remarquerai cepen- 
dant que la briéveté du style, relativement à l'échancrure des lobes de la sili- 
cule, suffirait seule pour la distinguer de toutes les espèces annuelles du genre 
Iberis. Les dents des feuilles du milieu dela tige sont constamment au nombre 
de deux de chaque cóté, ct elles sont tellement prolongées que j'ai dà décrire 
ces feuilles comme pectinées; les dents des feuilles radicales sont pourtant 
quelquefois au nombre de trois. Un caractère omis par M. Jordan est l'hispi- 
dité de la tige, surtout à sa partie supérieure, aussi bien que celle des pédon- 
cules. Ila bien remarqué que les tiges florifères sont feuillées jusqu'au som- 
met, mais il aurait pu ajouter que les tiges fructifères, surtout la centrale, sont 
dénudées quelquefois dans une longueur de deux pouces. Ma description des 
feuilles glabrescentes était exacte, car elles ne sont en effet ciliées que sur les 
bords. J'ajouterai que les feuilles supérieures sont très-rarement entières dans 
la plante sauvage; mais je ne doute pas que, dans les cultures de M. Jordan, 
sous le climat comparativement humide de Lyon, la plante ait pu. présenter ce 
caractère. La grandeur des fleurs seule suffirait à distinguer lZ. pectinata 
Boiss. de notre plante, sans tenir compte de la longueur relative du style, qui 
dans la plante de M. Boissier égale l'échancrure de la silicule. J'avais cru d'abord 
devoir rapporter ma plante à l'Z. odorata L., d’après sa description dans 
l Hortus Cliffortianus; mais un examen de cette espèce dans l'herbier du 
jardin de Kew, m'a montré qu'elle en diffère notablement, surtout par la 
grandeur des fleurs et la forme des feuilles qui sont beaucoup plus allongées et 
possèdent en outre au moins £rois dents de chaque côté. 

J'ai publié cette espèce d'/beris en 1849 dans mes centuries du Plant? 
Algerienses exsiccatæ, n° 5h, sous le nom d'7. pumila, nom que j'ai cru 
devoir remplacer plus tard par celui d'/. parviflora qui indique un de ses 
caractères les plus saillants. 

La plante est trés-commune à Oran, où elle ieni dans les premiers jours 
de mars; je l'ai aussi trouvée à Tlemcen, à l'extrême ouest de l'Algérie, à 
Dhaya, sur les bords du désert, et à Milianah. Je ne l'ai jamais aperçue dans 
les environs d'Alger, et je doute fort qu'elle s’y trouve, Elle a été distribuée 


SÉANCE DU 23 Mans 1566. 217 
par M. Choulette dans ses Fragmenta flore Algeriensis exsiccata, n° 406, 
sous le nom d’Z. pectinata Boiss. ; les échantillons de cette collection ont été 
recueillis dans les moissons autour de Constantine. 
J'admets volontiers l’/beris Balanse Jord., l. c., p. 27h, car la plante 
d'Algérie que l'on a confondue soit avec lZ. Pruitii Tineo, soit avec lZ. con- 
tracta Pers. , diffère notablement de ces deux espèces. 


NOTICE SUR LES NOMS ARABES DES PLANTES D'ALGÉRIE, par M. G. MUNBY. 


Dans ma Flore d'Algérie, publiée en 1847, j'ai pu inscrire quelques 
noms arabes vulgaires des plantes qui croissent spontanément en Algérie ; 
mais, depuis la publication de cet ouvrage, mes rapports avec les indigènes, 
pendant près de vingt-trois années de séjour dans le pays, me permettent d'en 
donner une liste beaucoup plus étendue. 

Il faudrait avoir une connaissance bien plus approfondie de la langue arabe 
que celle que je posséde, pour pouvoir comprendre la signification de la 
plupart des noms indiqués dans la liste suivante, que j'ai composée presque 
exclusivement d’après des rapports de vive voix avec les indigènes. 

Ce n'est pas un travail facile que celui d'apprendre la dénomination des 
plantes dans un pays où il existe si peu d'individus lettrés, et où la connaissance 
des simples est souvent limitée aux vieilles femmes; on est rarement assez 
heureux pour rencontrer quelque berger intelligent qui puisse donner quel- 
ques indications sur la nomenclature des plantes. Dans le plus grand nombre 
des cas, aprés avoir demandé le nom d'une plante, la réponse sera Hachiche 
qui veut dire simplement herbe, ou si la plante possède une fleur éclatante, 
on vous dira que c'est un Vouar ou fleur. 

Les noms varient aussi selon les provinces : par exemple, l'Orge est appelée 
à Alger Chair, tandis qu'à Oran, et généralement dans l'intérieur du pays, 
clle ne porte que le nom de Zra. 

Plusieurs plantes ne sont connues que génériquement, telles que Sisane 
qui veut dire toute espèce de Lis ou Narcisse. J'ai entendu les mères arabes 
bercer leurs enfants en chantant : 

Kan, omma, kan 


Habboq ou Sisane 
Nar ou Ebliss ma kan. 


(Ma mère, il y a du Basilic et des Lis, mais le feu et le diable sont loin.) 


Les animaux sauvages, et surtout le chacal, jouent un rôle dans la nomen- 
clature des plantes : ainsi nous avons Sife-el-dibe (l'épée-du-chacal), nom qui 
s'applique à des plantes à feuilles lancéolées, telles que l'Orchis Rober- 
tiana, qui est aussi connu à Oran sous le nom de Æaia-ou-miet (vivant-et- 
mort), dérivé peut-être des deux tubercules dont l'un est toujours privé de vie 
au moment de la floraison. Nous avons aussi Aneub-el-dibe (raisin-du-chacal), 

T. XHL (séances) 15 


218 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


qui désigne le Bryonia dioica, et méme tout fruit rouge et vénéneux ressem- 


blant au raisin. 


Le scorpion, le mouton, lâne, la souris, et surtout le bouc, ont chacun 
leur part dans la désignation des plantes, ainsi qu'on le verra dans la liste sui- 
vante, dont je ne garantis pas l'orthographe, mais dans laquelle j'ai suivi autant 
que je l'ai pu le son des lettres de la langue française. 


Noms arabes de plantes d'Algérie. 


Clematis Flammula L. Sebeuq. 

C. cirrosa L. Zenzou, Ramous. 

Anemone coronaria L. £àlà. 

Adonis æstivalis L. Bendamann. 

Nigella sativa L. Habbet-essaouda. 

Delphinium Staphisagria L. Habb-errass. 

Berberis ætnensis R. et S. Dmamai. 

Papaver Rhæas L. Henadáma. 

Fumaria corymbosa Desf. Tfische. 

Eruca sativa Lmk. Djerdjera, Kerkass. 

Nasturtium officinale Br. Guernouniche. 

Clypeola maritima L. 4mimat-el-beldia. 

Thlaspi Bursa-pastoris L. Kerhass. 

Cordylocarpus muricatus Desf. El- Snafou. 

Zilla macroptera Coss. Chebro. 

Rapistrum rugosum All. Arra. 

Cistus ladaniferus L. Touzàla. 

C. monspeliensis L. Touzàla. 

C. albidus L. Tateye. 

Helianthemum sessiliflorum Desf. Reguig. 

Viola odorata L. Belesfindje. 

Malope stipulacea DC. Melatria. 

Malva silvestris L. Mougira, Khabiza. 

Lavatera maritima L. El-amar. 

Hypericum perforatum L. Beresmou, Mes- 
moun. 

Melia Azedarach L. Liesse. 

Ruta bracteosa DC. Fidjla. 

Peganum Harmala L. Harmal. 

Coriaria myrtifolia L. Arouss. 

Pistacia atlantica Desf, Bethomm. 

P. Lentiscus L. Dró; son fruit, Goddheim. 

Rhamnus Alaternus L. Mlila. 

R. oleoides L. Chroura. 

Zizyphus vulgaris L. Sefisouf, Annaba. 

Z. Lotus Lmk. Sidra ; son fruit, Enbeuq. 

Vitis vinifera L. Aneub. 

Rhus pentaphylla Desf. Tézera. 

R. dioica Willd. Djedari. 

Anagyris fetida L. Karoua. 

Ulex afiicanus Webb. Chobroq. 

Calycotome spinosa Link. Gandlov. 

Retama Rætam Webb. Ertem. 

Spartium junceum L. Boutertak. 

Genista spartioides Spach. Haiat-el-dte- 
rouss. 

G. linifolia L. Leseiza. 


Genista Saharæ Coss. et DR. El-Merkh. 
Trigonella Fænum-græcum L. Holba. 
Melilotus italica Lmk. Chennane. 
Lotus siliquosus L. Kern-el-kebche. 
L. prostratus Desf, Anfell. 
Hedysarum capitatum Desf. Silla. 
Amygdalus communis L. Chedjerat-el- 

louz3e. 
Armeniaca vulgaris Lmk. Mechemache. 
Prunus Cerasus L. Hab -ci-melouk. 
P. domestica L. Ainn. 
Rubus fruticosus L. Toute. 
Rosa gallica L. Wourde. 
R. sempervirens L. Wourde-nesseri. 
Punica Granatum L. Rommäna. 
Citrus Aurantium L. Tchina, Larindje. 
C. Limonum Risso. Qareuce, Lima. 
Fragaria vesca L. Touts-ensàra. 
Crategus Oxyacantha L. {ine-e-lekra, 

Dmamai. 

Pirus communis L. Linndjace. 

P. Malus L. Tefahà. 
P. Cydonia L. Sfeurdjell. 
Tamarix africana L. Terfa, Ariche. 
Myrtus communis L. Rihhane. 
Cucumis Dudaim L. Goddéma. 
C. Melo L. Betikha, Delåa. 
C. Melopepo L. Qra. 
CS ie xe Khiar. 
C. Colocynthis L. Henndel. 
Bryonia dioica L. Areub-el-dibe. 
Opuntia vulgaris L. Kermouce-ensàra. 
Momordica Elaterium L. Er qués-el-hamar. 
Paronychia argentea Lmk. La-Theye. 
Nitraria tridentata Desf. Damouche. 
Daucus Carota L. Zeroudia. 

— muricatus L. Safaria. 
Coriandrum sativum L. Keussbar. 
Thapsia garganica L. Bounéfa. 
Crithmum maritimum L. Slats-el-bahar. 
Ridolfia segetum Moris. Psipsa. 
Sium siculum L. Zaïata. 
Pimpinella lutea Desf. Merganiss, 
Ammi majus L. Tetla. 
Apium graveolens L. Krafs. 
A. Petroselinum L. Madenouss, 
Conium maculaium L. Djirkir. 


SÉANCE DU 23 Mans 1866. 


Smyrnium Olusatrum L. Hadjar. 
Ferula communis L. Quelkha. 
Carum mauritanicum Boiss. Thalrouda. 
Sambucus nigra L. Riouss. 
Vibernum Tinus L. Chedjanàma. 
Lonicera implexa Ait. Solthan-el-rhaba. 
Rubia tinctorum L. Fouda. 
Fedia Cornucopiæ Gærtn. El-Aniss. 
Inula viscosa All. Magramane. 
Buphthalmum spinosum L. El-Nougt. 
Anthemis nobilis L. Baba-hanout, 
boundje. 
Artemisia Herba-alba Asso. Chikh. 
A. arborea L. Chedjerats-miriam. 
Anacyclus Pyrethrum DC. Teguentheuss. 
Chrysauthemum coronarium L.  El-Re- 
zeima, Marara. 
Balsamita grandiflora Desf, Zlifa. 
Helichrysum Fontanesii Camb. Chiba. 
Calendula arvensis L. Kern-el-Kebsch, 
Louesche. 
Othonna cheirifolia L. Karschoune. 
Carlina gummifera L. El-Addad. 
Centaurea Crupina L. Dhamrane. 
C. eriophora L. Altham. 
C. sphærocephala L. Temerseuga. 
Carduncellus pinnatus DC. Guernine, Coro- 
nagidei. 
C. cæruleus DC. Guergda. 
Silybum Marianum Gærtn. Fouerk. 
Cinara acaulis Desf. Tefrda. 
C. Cardunculus L. Khorchef. 
Scolymus hispanicus L. Guernine. 
S. maculatus L. El-Issri. 
Catananche lutea L. Terarit. 
Cichorium Intybus L. Bou- Tartag- Bezoult- 
el-Frass. 
Urospermum Dalechampii Desf. Senelford. 
Crepis taraxacoides Desf. Lesasiza. 
Sonchus oleraceus L. Chamet-el-Kor 
S. tenerrimus L. Silfets, Snar-el-Aceub. 
S. maritimus L. Tifaf. 
Xanthium Strumarium L. Ouarouar. 
Arbutus Unedo L. Lindje. 
Erica multiflora L. Bou-Addad, Khlidje. 
Samolus Valerandi L, Solthan-el-Behair. 
Fraxinus excelsior L. Derdàra. 
— ses fruits, Lesane-el-Assfour. 
Olea europea L. Zenboudje. Cult. Zitoun. 
Phillyræa media L. Quethemm. 
Jasminum officinale L. Jasmine, 
J. fruticans L. Kern-el-Aterouss. 
Nerium Oleander L. Difla. 
Dæmia cordata Br. Louéss, 
Erythræa major Link. Meurt-el-Aniss. 
Chlora grandiflora Viv. Zandaroun, Tadjer. 
Echiochilon fruticosum L. Degouféle. 
Lycium europæum L. Losedje. 
Solanum nigrum L, Mognine. 


Ba- 


219 


Withania frutescens Pauq. Tirrhar. 

Datura Stramonium L. Chedjerat-el-Dje- 
henna, Msakra. 

Hyoscyamus albus L. Berendjouf. 

Capsicum grossum L. Filfil-halou. 

C. annuum L. Filfil-arhar. 

Lavandula Stæœchas L. Mahergua. 

L. dentata L. Halhal. 

Mentha silvestris L. Timersat, Namdar, 
Maguermane. 

Origanum Majorana L. Merkous, Mer- 
dekouche. 

0. hirtum Lk. Zattar. 

Thymus hirtus W. Zwischen. 

T. Fontanesii Boiss. et Reut. Zattar. 

Melissa officinalis L. Habbok-el-arounce. 

M. candidissima Munby. Nobtha. ` 

Ocimum Basilicum L, Habbok. 

Rosmarinus officinalis L. El-Aktile. 

Marrubium vulgare L. El-Merouïah 

Phlomis Samia L. Kaïate. 

Teucrium Pseudochamæpitys L. Zeudou- 
goura. 

T. Polium L. Djaida. 

Acanthus mollis L. Zergou, Saponia. 

Globularia Alypum L. Taselra. 

Statice Thouini Viv. Oukifa. 

Limoniastrum Guyonianum DR. Zeita. 

Armeria plantaginea W. Aouthmi. 

Plantago major L. Beràka. 

P. Lagopus L. Hachiche-el-Agreub. 

Beta maritima L. El-Sildje. 

Chenopodium ambrosioides L. Cianàma. 

Suieda vermiculata Forsk. Cherira. 

Atriplex Halimus L. Guetoff. 

Traganum nudatum Delile. Damrane. 

Salsola articulata Cav. El-Remtz, Kerendel, 
Azel. 

Anabasis articulata Moq. Bague!. 

Rumex thyrsoideus Desf. El-Hamouida. 

Polygonum aviculare L. El-Gourt. 

Passerina hirsuta L. Mitnana. 

P. virgata Desf. Tinina. 

Daphne Guidium L, Lezaze. 

Osyris quadripartita Salzm. 
Miss. 

Aristolochia bætica L. Bleléta. 

Crozophora tinctoria Juss. El-Meraas. 

Ricinus communis L. El-Kerouan. 

Euphorbia verrucosa L. Erradime, 

E. fruticosa Biv. Lezara. 

Urtica pilulifera L. Hariga. 

Parietaria diffusa M. et K. El Zarou. 

Ficus Carica L. Kermouce. 

Cannabis sativa L. Ei-Kerneb, Kif, Has- 
chiche. 

Celtis australis L. Therzaz. 

Morus alba L. Toute. 

Cynomorium coccineum L, Tarsous. 


Garoubel- 


220 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Quereus coccifera L. Karrouche. Narcissus serotinus L. Tirkelt. 
Q, Mirbeckii DR. Karrouche; les galles, | Pancratium maritimum L. Zgousbah. 
Afsa. © | Orchis Robertiana Lois. /Jaia-ou-nuet, Sif- 
Q. Dallota Desf. Belloute. el- Dibe, 
Q. Suber L. Fernoune. Arisarum Simorrhinum DR. Begoug. 
Salix babylonica L. Salef-el-Adra. A. vulgare Rchb. El-Sebohra. 
S. pedicellata Desf. Aoud-el-ma. Typha angustifolia L. Estob, Sabbat. 
Populus alba L. Sefsaf. Juncus acutus L. El-Smar. 
Pinus halepensis L. Zkoukou; graines, | Zea Mays L. Dra. 
Znine. : Lygeum Spartum L. Semra. 
P. Pinea L. Snoubeur. Phalaris canariensis L. Beràka. 
Cupressus sempervirens L. Seroual. Panicum repens L. Nedjema. 
Juniperus macrocarpa Ten. Thaga. P, Dactylon L. Sboult-el-Far. 
J. phænicea L. Djinda. Stipa barbata Desf. Drinn. 
Ephedra altissima Desf. Alenda, Belbal. S. parviflora Desf. Béma. 
Callitris quadrivalvis Vent. Arhar. S. tenacissima L. Halfa. 
Alisma Plantago L. El-Sid. Aristida pungens Desf. Drinn. 
Merendera filifolia Camb. Zil-el-Moumen. Arrhenatherum elatius M. et K. Keurtann, 
Scilla maritima L. Pharaoun. Arundo Donax L. Qoceub. 
Allium sativum L. Temeur. Bromus madritensis L. Nessli, 
A. triquetrum L. Schmamm. Festuca cæspitosa Desf. À kriss. 
Muscari racemosum L. Kikout. Arundo festucoides Desf. Diss. 
Asphodelus microcarpus Viv. Berouag. Hordeum murinum L. Qoult-el-Far. 
Asparagus albus L. Soukoum. H. hexastichon L. Chair, Z'ra. 
Ruscus Hypoglossum L. Karka-Fil-Ourga. | Triticum durum L. Qomah, Gom. 
Smilax mauritanica Desf. Skersi. Chamærops humilis L. Doum. 
Iris germanica L. Sisane. Phænix dactylifera L. Temeur, 


M. Eug. Fournier fait à la Société la communication suivante : 


SUR L'ÉTYMOLOGIE ET LES ORIGINES DU GENRE HESPERIS, 
par M. Eug. FOURNIER. 


C'est un fait assez surprenant que le discrédit dans lequel sont tombés 
aujourd'hui les auteurs antérieurs à Linné, auxquels on doit cependant les 
fondements sur lesquels le naturaliste suédois a établi l'édifice de la nomen- 
clature binaire. Si quelques-uns de ces auteurs méritent assurément cet oubli 
par l'inutilité de leur texte et infidélité de leurs gravures, il n'en est pas de 
méme de ceux qu'une profonde érudition, rarement égalée de nos jours, n'a 
pas empéchés de se livrer avec passion à l'observation des faits, et de nous 
faire connaitre pour la première fois, souvent avec précision, des plantes 
méme exotiques qu'on est étonné de trouver parfaitement figurées dans leurs 
livres. Est-il nécessaire de citer Rauwolf et Prosper Alpin, Dodoéns, Césalpin, 
Camerarius, Clusius, Dalechamp, Lobel, les Bauhin, Morison, Rai, Magnol 
et enfin Tournefort, dont les genres mémes sont généralement attribués à 
Linné dans les ouvrages de botanique descriptive? Il est vrai que d'excellents 
esprits ont signalé cette erreur; il n'en faut citer comme preuve, et pour 
attester le sentiment de la Société botanique à cet égard, que le procès-verbal 
de la séance du 9 juin dernier, où, à l'occasion d'une note de M. Kirschleger, 
M. Duchartre et plusieurs membres ont rappelé les travaux et le mérite des 
auteurs dont Linné avait obscurci la gloire. Pour ce qui concerne les genres, 


SÉANCE DU 23 MARS 1866. 221 


MM. Decaisne et Le Maout ont commencé une excellente réaction, dans leur 
Flore des jardins et des champs, où, malgré l'usage général, ils n'ont pas 
craint d'attribuer à qui de droit les genres que Linné n'avait fait que repro- 
duire dans le Genera plantarum. Mais ce n'est pas seulement aux genres que 
je voudrais voir appliquer cette méthode; c'est encore, dans de certaines limi- 
tes, aux espèces elles-mêmes. Il ne suffirait pas, selon moi, de citer, quand on 
s'occupe d'une flore francaise, les phrases et les localités fort précises de Dale- 
champ et de Jean Bauhin, ce qui ne serait d'ailleurs qu'un tribut fort juste- 
ment payé à l'antériorité de leurs observations ; il faudrait encore citer leurs 
noms à la suite de la dénomination d’une espèce, lorsqu'il est manifeste qu'ils 
ont les premiers distingué et nommé cette espèce. Telles sont les réflexions 
sous l'empire desquelles j'ai abordé l'étude du genre Æesperis, dont l'histoire 
me parait les justifier plusieurs fois. ; 

C'est dans Théophraste que lon trouve la première mention d'une plante 
nommée Hesperis (De causis plant., lib. VI, xxv). En traitant des odeurs 
de certaines plantes, qui sont plus intenses pendant la nuit, l'auteur ajoute 
qu'il en est de même de celle de l Hesperis : « Gomes xoi torts tm: tig temeoidas 
zakoupen. adrn yxp This vuxtds üGet phos N xaD' huioaw. » Ce passage a été 
reproduit littéralement par Pline, Nat. hist., XXI, 7. A l'époque de la renais- 
sance des études, les divers commentateurs furent partagés d'opinion sur 
P Hesperis dont avaient parlé les auteurs anciens, et dont le nom si expressif 
signifiait fleur du soir. La diversité de ces opinions, livrée par la tradi- 
tion, parait chez les auteurs les plus anciens. Paganus (De latinis et 
graecis nominibus, etc., 1548), le premier auteur qui, à ma connaissance, ait 
reproduit le terme Hesperis, s'exprime ainsi : « Hesperis, vulgo herba gallica, 
» sunt qui vocant Giroflée, quod Caryophyllum oleat. » Ce texte parait désigner 
un Matthiola; Lonicer, dans l Onomasticon placé à la suite de son Botanicon, 
rapporte le nom d'Zesperis au Leucotum Dioscoridis seu Cheiri, c'est-à-dire 
au Cheiranthus Cheiri. Fragoso, dont l'ouvrage, écrit en espagnol en 1572, 
et devenu fort rare, a été traduit en latin en 1600 par Israël Spach, s'exprime 
ainsi, d'aprés son traducteur, daus un chapitre intitulé, De Arbore tristi : 
« Ad propositum Arboris tristis offert se illa herba valde communis in Cas- 
» tilia, dicta Hesperis a Theophrasto, quam scribit Plinius nomen id inde inve- 
» nisse, quia noctu magis olet. A quibusdam vulgo dicitur Alheli do campo 
» (Viola campi), et bene, quia nihil interdiu et in presentia solis olent flores, 
» qui sunt melior pars totius herbæ, sed nocte adveniente et ad occasum solis ; 
» neque est Viola, neque Jasminum majus, neque suavioris fragrantia herba, ut 
» possunt experiri ii quicumque per æstatem serius in campo progrediuntur. 
» Sed quia de hac ipsa tractavimus in aliis libris magis particulariter, dicta 
» nunc sufficiant ». Si l'on consulte l'index placé à la fin de l'introduction à la 
flore de Catalogne de M. Costa, et qui donneles noms castillans des plantes, on y 
verra que le terme AZe// désigne encore aujourd'hui dans le méme pays des 


222 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


espèces du genre Matthiola, notamment le Matthiola incana. Lobel, en 1576 
(Hist. stirp. p. 175), regarde comme étant l Hesperis une plante du genre 
Malcolmia. Tandis que plusieurs auteurs s'accordaient à identifier avec 
l'ésress de Théophraste la plante qui est devenue F Hesperis matronalis de 
Linné, d'autres rapportaient le synonyme grec au Malcolmia littorea (Dale 
champ, Hist. gen. pl., 1560), au Cheiranthus syriacus, nommé Viola noctis 
par Welsch (Basis botanica, 223) ; et méme l'érudit Sprengel, dans l’ Historia 
rei herbaric, I, 97, différant on ne sait pourquoi de tous les commentateurs 
précédents, invoque l Hesperis tristis L. Hl est à regretter que les auteurs 
anciens paient pas eu des notions plus précises de géographie botanique, par 
lesquelles ils eussent évité la plapart des erreurs qu'ils nous ont transmises, Il 
suffit en effet d'ouvrir le Prodromus Flore græcæ pour voir qu'il ne croit en 
Grèce aucune espèce anciennement connue du genre Zesperis (1), ce qui 
tranche une bonne partie de la difficulté. Le Cheiranthus Cheiri étant éliminé 
parce qu'il ne répond pas à ce que dit Théophraste de sa plante, et les Mal- 
colmia à cause de la petitesse et du peu d'apparence de leur fleur, il ne reste 
guère en cause que le Matthiola incana, dont le parfum, comme le dit Fra- 
goso, embaume à la tombée de la nuit des garrigues entières (2). 

J'ai montré tout à l'heure que tel était le sentiment des premiers commen- 
tateurs. Celui qui a fait dévier la tradition est évidemment Lonicer, qui a 
décrit dans son Zotanicon, fol. 480, f. 4, le Matthiola incana, et qui a repré- 
senté en marge l Hesperis matronalis, en se servant du terme de Vroïa ma- 
tronalis, appliqué par les auteurs plus anciens que lui, c'est-à-dire par 
Fuchs (Hist. 313, 314, 315) et par Tragus, au Matthiola incana; de 
sorte que notre Hesperis a été appelé Winterviole, nom qui ne convient 
qu'au Matthiola incana, Violette des dames, et, probablement par une faute 
typographique, Violette de Damas, enfin Viola damascena. En dernière 
analyse, l'espèce que Linné a nommée Hesperis matronalis ne méritait d'après 
la tradition ni le nom générique d'Zesperis ni le nom spécifique de matro- 
nalis. 

Ce n'est pas du reste la seule erreur que Linné ait commise en dénommant 
les espèces du genre. Celle qu'il a nommée H. tristis avait été appelée avant 
lui A. montana par Clusius (Rar. 296) en 1601, et Æ. pannonica par Came- 
rarius (Hort. med. p. Ih, t. xvi) en 1588. Laforme spontanée del’ Hesperis 
matronalis, qu'il a appelée H. inodora, avait été signalée sous le nom 
d'A. silvestris par Clusius, nom qui a été fort heureusement conservé par 
Crantz et par Allioni. En effet, et c'est. par cette réflexion que je terminerai 
cette note, il est singulier que I' 7. silvestris de Clusius, plante des basses mon- 


(4) Si ce n'est PH. verna L.,qui est maintenant l' Arabis verna R. Br. 
(2) U faut reconnaitre que cette détermination n'est que plausible et nullement cer- 
taine. 


SÉANCE DU 23 Mans 1866. 223 


tagnes de l'Europe centrale, qui s'étend en Italie sous le nom d' 7. heterophylla 
Ten., en Sibérie sous celui d'H. sibirica, soit appelé dans les livres H. ma- 
tronalis, ce qui signifie Hesperis cultivé par les dames. Plusieurs auteurs, 
à l'exemple de De Candolle, ont admis le type spontané sous le nom de var. 
p. silvestris ; il est étrange qu'une forme spontanée, dont la distribution géogra- 
phique est bien nette, soit considérée comme une variété d'une forme cultivée 
qui, vu l'ancienneté de sa culture, affecte les monstruosités les plus bizarres. 
Si l'on consultait seulement les droits de l'antériorité, on devrait évidemment 
décrire la plante cultivée et maintenant subspontante autour de toutes les 
villes de l'Europe, comme var. (4. matronalis de V H. silvestris Clus. Césalpin 
s'est. servi dans le méme sens du terme Viola matronalis (De plant. lib. 8, 
cap. 80). 


M. de Schenefeld fait remarquer que si l'on admeltait la pro- 
position de M. Fournier d'appliquer à l'espéce Hesperis matro- 
nalis L. le nom de la variété 8. silvestris, pour rétablir le nom 
donné à la plante par Clusius (Hesperis silvestris), on scrait conduit 
par analogie à de nombreuses corrections analogues (par ex. Pasti- 
naca), qui compliqueraient la synoñymie sans avantage réel pour la 
science. : 


M. Eug. Fournier répond : 


Qu'il n'a pas voulu ériger en principe nécessaire et constant la recherche 
des noms spécifiques antérieurs à Linné, car il ne rectifie pas le nom de l Hes- 
peris tristis ; il a seulement eu l'intention de faire valoir l'avantage que l'on 
trouve à rappeler les titres des anciens auteurs dans le cas où, comme Clusius 
pour les Hesperis, ils ont précisément employé la nomenclature binaire, et 
lorsque des confusions commises successivement par d'autres auteurs ont 
obscurci l'espéce linnéenne. C'est ce qui est arrivé pour l Hesperis matro- 
nalis, espèce à laquelle on accorde une distribution géographique beaucoup 
trop vaste, en prenant pour elle les H. Steveniana DC., H. elata Hornem., 
grandiflora sp. nov. On se trouve donc heureux d'avoir à reprendre un nom 
princeps excellent et qui caractérise mieux Ja plante, celui d’ Hesperis sil- 
vestris Clusius. 


M. Cosson dit : 


Qu'il comprend tout l'intérét que présentent les recherches synonymiques, 
mais qu'il ne faut pas leur attribuer une importance exagérée ; car l'abus des 
noms nouveaux, encombrant la synonymie déjà presque inextricable, serait 
une cause de grand embarras. Il ajoute qu'il ne faut pas non plus attacher 
trop d'importance à la signification littérale des noms spécifiques, particulière- 


224 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

ment sous le rapport géographique, ce qui les rendrait presque tous criti- 
quables; il vaut mieux les conserver tels quels dés qu'on est d'accord sur 
l'espéce qu'ils doivent désigner. 


M. Duchartre dit qu'il partage à ce sujet l'opinion de M. Cosson, 
et que d'ailleurs l'usage de la nomenclature binaire établie par 
Linné, lui parait devoir faire considérer le nom Linnéen comme le 
nom princeps des espéces. 


SÉANCE DU 6 AVRIL 1866. 


PRÉSIDENCE DE M. LE COMTE JAUBERT. 


M. Roze, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la 
séance du 23 mars, dont la rédaction est adoptée. 
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le 
Président proclame l'admission de : 
MM. Cosson (Paul), rue du Grand-Chantier, 12, à Paris, présenté 
par MM. E. Cosson et Kralik ; 
PnAbDEL (E.), pharmacien, rue Racine, 12, à Paris, présenté 
par MM. Chatin et Forget. 


M. le Président annonce en outre deux nouveiles présentations. 
Lecture est donnée d'une lettre de M. Franchet, qui remercie la 
Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. 


Dons faits à la Société. 


4° De la part de M. J.-E. Planchon : 
Rondelet et ses disciples. 
2 De la part de M. le docteur W. Nylander : 


Lichenes Novæ-Zelandie quos ibi legit anno 4861 Doctor Lander 
Lindsay. 


9^ De la part de M. le docteur E. Stizenberger : 
Ueber die steinbewohnenden Opegrapha-Arten. 
h° De la part de M. le baron Larrey : 


Rapport sur un mémoire de M. le docteur H. Dumont relatif à la ma. 
ladie des sucreries. 


SÉANCE DU 6 AVRIL 1866, 295 
9° De la part de M. Bossin : 
Proposition sur les adjectifs latins pour les noms génériques des plantes 
potagères. 
6° Rapport de la Commission nommée pour examiner les procédés de 
culture et de fécondation artificielle de M. D. Hooibrenk, 2° partie, 
7° De la part de M. le comte Achmet d'Héricourt : 
L’ Analyse, compte rendu mensuel, un numéro. 
8° En échange du Bulletin de la Société : 
Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire, tome XVII. 


Pharmaceutical journal and transactions, avril 1866. 
L'Institut, mars-avril 4866, deux numéros. 


M. Nylander fait hommage à la Société d'un mémoire qu'il vient 
de publier sur les Lichens de la Nouvelle-Zélande, et M. Stitzen- 
berger, d'un travail sur le genre Opegrapha. — M. le Président 
annonce que M. Roussel a bien voulu se charger de faire un rap- 
port sur ces deux ouvrages. 

M. Eug. Fournier fait hommage à la Société du second rapport 
que vient de publier laCommission présidée par S. Exc. M. le maré- 
chal Vaillant, et chargée d'examiner le procédé de fécondation ar- 
tificielle des céréales proposé par M. Hooibrenk, rapport qui est 
défavorable à l'adoption de ce procédé. 


M. Faivre fait à la Société la communication suivante : 


NOTE SUR QUELQUES PHÉNOMÈNES PHYSIOLOGIQUES DE LA VÉGÉTATION CHEZ LES 
BOUTURES DE MURIER, par M. Ernest FAIVRE, 


L'analyse nous ayant appris que la proportion d'acide carbonique augmente 
avec l'activité de la végétation, et qu'elle est nulle pendant le repos hivernal, 
nous nous sommes proposé de mettre à profit ces données de l'expérience, et 
de déterminer, en les prenant pour point de départ, l'origine de l'acide carbo- 
nique que renferment les rameaux pendant la phase végétative (1). 

Nous avons pensé que l'origine de cet acide par le végétal lui-méme pour- 
rait étre mise en évidence, si l'on faisait bouturer en hiver, avec des précau- 
tions convenables, des rameaux dont le mélange gazeux serait soumis à lana- 
lyse avant et apres l'opération ; si l'on ne trouve pas d'acide carbonique avant 


(4) Ernest Faivre et V. Dupré, Recherches sur le gaz du Mürier et de la Vigne 
(Comptes rendus de l'Académie des sciences, ? avril 1866, et Annales des sciences na- 
turelles, 5* série, 1867). : 


296 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


l'opération, et qu'il apparaisse, au contraire, chez les boutures développées en 
dehors de toute introduction possible d'acide carbonique, on sera nécessaire- 
ment conduit à la conséquence que l'acide est formé dans l'intimité méme du 
végétal, et aux dépens de son propre carbone. 

Pour réaliser cette expérience, il fallait d'abord se placer dans les deux con- 
ditions qui la rendent possible : 1° trouver une époque où le mélange gazeux 
renfermé dans les rameaux fût exempt d'acide carbonique ; 2° obtenir la cer- 
titude que de pareils rameaux peuvent végéter dans des circonstances où 
l'acide carbonique ne püt leur parvenir ni par le sol, ni par l'eau, ni par Fat- 
mosphère. 

Relativement à la première condition, nous nous sommes assuré par plu- 
sieurs analyses faites en hiver, notamment au 31 janvier, qu'elle se trouve 
remplie, l'acide carbonique n'existant pas dans les rameaux en quantité appré- 
ciable. Pour l'exécution des analyses, M. Voigt, professeur de physique au 
lycée de Lyon, a bien voulu nous prêter son important concours. 

Pour chercher à réaliser la seconde condition, nous avons fait les tentatives 
suivantes : on enterre des boutures de rameaux à des profondeurs de plusieurs 
centimètres sous une couche de sable chauffé de la serre à multiplication, on 
arrose avec de l'eau ordinaire, et en moins de dix jours la végétation s'établit ; 
les jeunes bourgeons développés à la surface des parties souterraines sont com- 
plétement décolorés. Ils se courbent et s'allongent de maniere à atteindre la 
surface du vase, où la lumière leur rend la coloration normale. Nous remar- 
quons une végétation plus hâtive chez les rameaux plus volumineux et plus 
anciennement développés. Des fragments de rameaux choisis dans les mémes 
conditions que les précédents sont suspendus sous une cloche disposée sur le 
sable humide de la serre à multiplication ; on les abandonne dans cet état ; en 
moins de dix jours la végétation s'est établie. D'autres fragments de rameaux 
sont introduits le 20 février dans une éprouvette étroite, fermée, mastiquée et 
enfoncée dans le sable chauffé de la serre. En moins de vingt-neuf heures les 
parois de l'éprouvette se couvrent de gouttelettes d'eau, indices d'une transpi- 
ration manifeste, et la végétation s'établit; ainsi, on n'entrave pas la végétation 
en se placant dans des conditions qui permettent de priver d'acide carbonique 
soit l'air, soit le sol. Ces données acquises, nous avons réalisé l'expérience 
suivante : 

Sous une cloche posée sur du sable pur, chauffé et arrosé au début avec de 
l'eau ordinaire, on plante dans les premiers jours de février vingt troncons de 
rameaux. De la chaux vive placée sous la cloche est destinée à absorber l'acide 
carbonique qui peut exister dans l'air. Dans ces conditions, la végétation s'o- 
père, et en douze jours les bourgeons ont étalé leurs feuilles. A cet état de dé- 
veloppement on arréte l'opération et l'on essaye de pratiquer l'injection mercu- 
rielle du troncon pour en retirer le mélange gazeux ; l'opération est impossible 
et quelques gros vaisseaux sont seuls pénétrés ; en pratiquant des coupes 


SÉANCE DU 6 AVRIL 1866. 292 


de ces rameaux et en les étudiant au microscope, on constate la présence d'in- 
nombrables globules remplissant les tissus vasculaires, tandis que les dépóts 
amylacés ont en partie disparu des tissus, où ils abondent pendant l'hiver 
lorsque l'on n'a pas provoqué la végétation. Il y alà un état particulier des 
matières en dépôt, état sur lequel il convient d'appeler l'attention, et qui est 
sans doute en rapport avec l'imperméabilité des vaisseaux par le mercure, Nous 
soumettrons ces faits à un nouvel examen. 

Gette expérience nous apprend encore que, pour recueillir et analyser le mé- 
lange gazeux renfermé dans les boutures, il est nécessaire d'arréter l'opération 
lorsque les feuilles sont sur le point de s'épanouir. C'est ce que nous avons 
réalisé dans l'expérience suivaute : 

Le 20 février, on place sous une cloche, disposée sur le sable pur et sec d'une 
serre à multiplication, vingt boutures de rameaux dans la période d'inactivité 
végétative, ne contenant pas par conséquent une quantité appréciable d'acide 
carbonique ; on a placé sous la cloche de la chaux vive destinée à absorber 
l'acide carbonique de l’atmosphère ; on arrose au début avec de l'eau bouillie. 
Dans ces conditions, oü l'acide carbonique ne peut parvenir à la plante ni par 
le sol ni par l'atmosphére, et où elle-même n'en contient point, la végétation 
s'établit; cette fois on a soin de mettre fin à l'expérience au moment oü les 
bourgeons sont sur le point de s'épanouir, et avant que les feuilles se soient 
étalées. Le 28 février, les rameaux bouturés dans les conditions qui précèdent 
sont injectés, le mercure y passe facilement et l'on peut en extraire 3**,43 de 
mélange gazeux. 

L'analyse de ce mélange par le phosphore et la potasse donne les résultats 
suivants, corrections faites de la température, de la pression, de la tension de la 
vapeur : 


Gaz extrait, volume mesuré...,.............. der e 3,43 
— volume réduit........... eU 300,37 
Dosage de l'acide carbonique, volume mesuré .......... 3065,33 
— — volume réduit........... 3ce,28 


ce qui donne 2,6 d’acide carbonique pour 100. 


Dosage de l'oxygène, volume mesuré après l’action du phosphore. ..  2°°,75 
— volume réduit — — A acto. 
ce qui donne une proportion d'oxygene de 16,6 pour 100. 
En résumé, il y aurait dans le gaz extrait supposé égal à 100 cc. cubes : 
Acide carbonique........... eene 2cc,6 
Oxygène. ........ viser ERN accoa AN 
Cette composition n'est plus la composition normale de l'air : elle en différe 
par un déficit dans l'oxygène, remplacé par une notable proportion d'acide 
carbonique. Dans les conditions de l'expérience, cet acide carbonique s'est né- 
cessairement formé dans les rameaux et aux dépens du carbone qu'ils renfer- 


228 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


maient. Les boutures en se développant se seraient ainsi comportées comme 
les graines qui germent ; on sait que Saussure a prouvé que les graines en 
germant forment de l'acide carbonique aux dépens du carbone de leur propre 
substance (1). Les quelques expériences indiquées dans cette note tendent en 
définitive à signaler des analogies entre les boutures et les graines, au point de 
vue des conditions générales de la végétation, comme aussi de l'absorption 
d'oxygène et de la formation d'acide carbonique. On sait d'ailleurs qu'il existe 
dans les rameaux comme dans les graines une provision destinée à l'évolution 
végétative. 


M. Gris demande à M. Faivre s'il pourrait rattacher à une forme 
déterminée la matiére qui encombre les vaisseaux au moment de 
l'épanouissement des feuilles. 

M. Faivre répond qu'il n'y a observé que des masses granuleuses 
ne présentant en aucune facon la forme des grains d'amidon, et que, 
du reste, la composition de ces granules lui est inconnue. Il ajoute, 
en réponse à une nouvelle question de M. Gris, que les vaisseaux 
ne lui ont pas paru présenter sur leurs parois un liquide tel que 
la glycose, intermédiaire naturel entre l'amidon et l'acide carbo- 
nique. 


M. Rosanoff fait à la Société la communication suivante : 


SUR LE PIGMENT ROUGE DES FLORIDÉES ET SUR SON ROLE PHYSIOLOGIQUE, 
pr M. S. ROSANOFF. 


I] n'y à pas longtemps, M. Van Tieghem a communiqué à l'Institut (Comptes 
rendus, séance du 6 novembre 1865, p. 804) un apercu de ses recherches 
sur la présence, dans le tissu des Floridées, d'une formation amyloide peu diffé- 
rente de l'amidon ordinaire. En terminant sa communication, il exprime sa sur- 
prise de voir figurer en abondance une matière semblable dans des plantes dé- 
pourvues de chlorophylle et conséquemment, pour employer sa propre 
expression, essentiellement comburantes, Cette dernière épithète n’est justifiée 
cependant par aucune expérience directe, qui aurait été faite sur des Algues 
rouges ; c'est simplement une généralisation des faits acquis par les expériences 
de M. Cloëz, faites sur des Phanérogames à feuilles rouges, expériences qui, 
en contradiction avec celles de Saussure et de M. Corenwinder, ont démontré 
que ces plantes renferment toujours une certaine quantité de chlorophvlle 
verte, en vertu de laquelle seulement elles décomposent, sous l'influence de la 
lumière solaire, l'acide carbonique. 


(1) Saussure, Recherches chimiques sur la végétation, p. 110, et De Candolle, 
Physiologie, 1, p. 138. 


SÉANCE DU 6 AVRIL 1866. 229 

M'étant occupé à Cherbourg, depuis le mois d'octobre dernier, de recher- 
ches physiologiques sur les plantes marines, j'avais porté mon attention prin- 
cipalement sur leur assimilation de carbone, leur respiration et le rôle que joue 
dans ces phénomènes le pigment rouge. Je vais exposer ici un résumé succinct 
des principaux résultats de ces recherches. 

La couleur rouge des Floridées est due à des formations protoplasmatiques 
plus ou moins semblables à celles de la chlorophylle. Elles sont imprégnées 
d'une matière colorante rose, présentant une certaine variabilité dans ses 
nuances, et forment un réseau plus ou moins continu sous la couche membra- 
neuse du protoplasma. Dans certaines espèces, ce réseau est composé de grains 
isolés, disposés en chaine, les uns à la suite des autres ; dans d'autres espéces, 
il présente des bandes continues, ramifiées, gonflées de place en place. La 
substance de ces formations apparait homogène sur des préparations fraîches ; 
c'est l'influence de l'eau baignant la préparation qui détermine leur aspect 
plus ou moins granuleux, plus ou moins vésiculaire. 

Quand les grains du pigment sont isolés les uns des autres, ils présentent le 
plus souvent la forme d'une baguette diversement recourbée, comme, par 
exemple, dans le Bornetia secundiflora, le Griffithsia setacea, dansles ramules 
du Dasya coccinea, etc. Dans les Delesseria, les Nitophyllum, leur forme 
est plus isodiamétrique, quoiqu'elle reste toujours allongée; dans l'/rid«ea 
edulis et le Callithamnion floridulum, elle est sphéroidale et aplatie du cóté 
de la paroi cellulaire. Avec certaines restrictions, on peut poser la règle géné- 
rale que, plus la cellule dans laquelle les granules du pigment isolés sont en- 
fermés est isodiamétrique, plus ces derniers se rapprochent de la forme sphé- 
roidale. Les formations pigmentaires sont toujours disposées de manière à être 
le plus rapprochées de Ia superficie de la fronde. Dans les frondes composées 
de simples séries ramifices de cellules (Bornetia, Griffithsiq, Callithamnion, 
les jeunes ramules de Dasya), elles sont apposées aux parois extérieures cylin- 
driques. Dans les frondes composées d'une couche unicellulaire (Delesseria, 
Nitophyllum), les granules de pigment sont toujours accumulés sous les 
deux faces libres des cellules. Daus les frondes d'une structure plus compliquée, 
le nombre des granules ou la densité du réseau renfermé dans les cellules 
augmente à mesure qu'on s'approche de la superficie de la fronde ; leur teinte 
devient en méme temps de plus en plus foncée. 

L'influence de l'eau de mer ou de l'eau douce produit dans les granules ou 
les réseaux du pigment des Floridées les mêmes phénomènes qu'on observe 
sur les grains de chlorophylle du Bryopsis plumosa par exemple. Ces phéno- 
ménes, qui se reproduisent sur chaque goutte du protoplasma sortie de la ca- 
vité cellulaire, démontrent que les formations pigmentaires rouges sont aussi 
plus denses à leur périphérie, comme les grains de chlorophylle. En faisant 
sortir sous l'objectif du microscope le contenu d'une cellule du Griffithsia se- 
tacea ou du Bornetia secundiflora, et puis en ajoutant à l'eau de mer baignant 


230 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
la préparation, de l'eau distillée, on constatera facilement les phénoménes sui- 
vants. 

Les granules sortis séparément conservent quelque temps leur forme allon- 
gée-cylindrique, puis ils commencent à s'arrondir, deviennent granuleux et 
présentent à la fin une vésicule à contours inégaux. Souvent plusieurs granules 
sortent ensemble, enveloppés dans une couche de protoplasma incolore. 
Celui-ci se gonfle en méme temps que les granules qu'il renferme. Mais ces 
derniers se gonflent plus rapidement que la goutte de protoplasma dans la- 
quelle ils sont enfermés; ils se pressent l'un contre l'autre, et tout le groupe peut 
alors présenter l'aspect d'ane cellule primordiale, divisée en deux, trois, 
quatre, etc. En méme temps que se produisent le changement de forme exté- 
rieure et le gonflement, la couleur rose se convertit en une teinte verte. Cette 
transformation commence toujours sur un point périphérique et se transmet 
peu à peu à tout le reste du granule. A la fin, ce dernier apparaît ponctué, 
vert et plus clair au milieu. 

Il me paraissait important de rechercher si les formations que je viens de 
décrire renferment de l'amidon ; toutes les observations que j'ai faites sur un 
grand nombre de plantes m'ont donné une solution négative à ce sujet. Au 
moins, si l'amidon y existe, il s'y trouve en quantité infiniment faible. La ponc- 
tuation qu'on voit apparaitre après l'action de l'eau sur les formations pigmen- 
taires n'est pas due à la présence de particules d'amidon, car elle se conserve 
aprés l'action de la chaleur et de la potasse caustique. Mais souvent les for- 
mations pigmentaires consistent en un protoplasma très-réfringent, et leur as- 
pect extérieur pourrait conduire à croire que ce sont des grains d'amidon, 
recouverts d'une couche de protoplasma coloré. 

Contrairement aux résultats obtenus par M. Van Tieghem, mes recherches 
me font croire que d'amidon est toujours séparé des formations pigmentaires, 
quoique l'un soit toujours situé à côté des autres. Tant qu'on observe les 
grains amyloides dans les cavités mêmes des cellules, où ils sont entremélés 
avec le pigment, ils apparaissent souvent roses ; mais cette teinte est tout sim- 
plement due au reflet du pigment. Étant sortis de la cavité cellulaire, les 
grains d'amidon se présentent toujours blancs et nus. 

Quant à la substance des granules amyloides, elle ne m'a pas semblé étre 
bien caractérisée comme une substance différente de l'amidon ordinaire. H 
semble au contraire qu'elle présente dans le tissu des Floridées les mémes varia- 
tions, quant à l'intensité de ses réactions, que l'amidon des plantes chlorophyl- 
liferes. En effet, tandis que les grains qui remplissent les cellules du Ryti- 
phlæa pinastroides (Halopithys pinastroides) se colorent par la dissolution 
aqueuse d'iode en acajou, les granules du Bornetia, qui présentent une va- 
riabilité remarquable de leurs formes, se rapprochent plus de l'amidon ordi- 
naire en ce qu'ils prennent une teinte beaucoup plus violâtre, et enfin, dans le 


SÉANCE DU 6 AvRIL 1866, 934 


— 


Delesseria sanguinea, une partie des grains se colore immédiatement en bleu 
violátre foncé. 

Bien qu'il ne soit pas possible de découvrir la presence de granules d'ami- 
don dans les formations pigmentaires elles-mêmes, leur disposition révèle néan- 
moins une relation intime avec ces dernières. Si l'on décolore une fronde du 
Callithamnion floridulum au moyen de l'alcool, et puis si on la met dans de 
l'eau iodée, on verra les granules de pigment se colorer en brun foncé, à 
l'instar de toutes les formations protoplasmatiques, tandis que les très-petits 
granules, situés dans la couche du protoplasma qui revét les faces intérieures 
des cellules, se colorent en bleu violet. Dans le Æyfiphlæa et d'autres Floridées, 
nous voyons, dans les cellules qui contiennent à la fois de l'amidon et du pig- 
ment, les granules d'amidon interrompre les chapelets formés par les granules 
du pigment ou en être entourés, Dans le Bornetia secundiflora, le Griffithsia 
setacea, la couche formée par les granules du pigment est assez régulièrement 
interrompue par des espaces vides dans les cellules toutes jeunes, et occupés 
par des grains d'amidon (plus rarement par des cristaux) dans les cellules 
adultes. 

Tandis que dans les diverses parties de la fronde l'amidon est réparti d'une 
manière plus ou moins uniforme, il y a des endroits où son accumulation est 
beaucoup plus considérable. Ainsi, par exemple, les cellules intérieures de la 
base tigellaire du /’elesseria sanguinea, la base des frondes de l’ /rid«ea edulis, 
du Dasya coccinea, etc., montrent une accumulation trés-abondante d'ami- 
don. Les parties qui entourent les fructifications m'ont toujours présenté un 
dépôt plus considérable d'amidon (Delesseria sanguinea, Nitophyllum Hil- 
Lie, Dasya coccinea, Lithothamnion polymorphum, etc.). 

Revenons maintenant à la matière colorante elle-même, dont sont imprégnées 
les formations pigmentaires. Ces dernières présentent, dans l'état normal, 
une teinte rose qui est toujours jaunátre aux bords de leur image microsco- 
pique. L'accumulation plus ou moins grande des granules et la densité du ré- 
seau qu'ils forment, déterminent la couleur de la fronde. Sous l'influence de 
la lumière solaire, de la chaleur et d'une dilution trop grande de l'eau de mer, 
les frondes deviennent d'un beau rouge-brique, puis vertes, et à la fin elles se 
décolorent complétement. Le premier de ces changements provient de ce que 
la matière colorante, qui était auparavant concentrée dans les formations pro- 
toplasmatiques constituant les granules, en sort et se dissout dans le suc cel- 
lulaire. La coloration verte est due à un changement de la constitution méme 
de la matière colorante, et enfin la décoloration complète correspond à sa des- 
truction finale. 

Pour avoir une dissolution du pigment rouge non altéré, il faut traiter les 
plantes avec de l'eau distillée, En les broyant avec cette dernière, on obtient un 
liquide d'un rose intense et de différentes nuances suivant les espèces. La dis- 
olution, examinée par transparence, est limpide et se présente avec une colo- 


232 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

ration d'un beau rouge-cramoisi; mais, en la regardant à la lumiere réfléchie 
et devant un objet noir, on la verra changer de couleur et apparaitre d'un 
jaune intense qui varie entre le jaune de Naples et le brun orangé. — 
C'est une fluorescence des plus prononcées ; elle se manifeste de la maniere la 
plus brillante sur les dissolutions aqueuses du pigment des Corallinées, des 
Plocamium, des jeunes frondes des Rhodymenia palmata, etc. En plaçant ce 
liquide dans l'appareil indiqué pour cette sorte d'observations par M. Sachs, 
on voit dans le cylindre obscur un cône de lumiere jaune très-vive. En proje- 
tant le spectre solaire sur une couche de la dissolution en question, on constate 
que toute la partie du spectre qui correspond aux rayons verts, montre la cou- 
leur jaune. Enfin, en examinant la dissolution rose à l'aide d'un spectroscope, 
on trouve qu'elle absorbe à une certaine profondeur tous les rayons verts et 
quelquefois une très-faible partie des rayons violets. — La potasse caustique, 
versée goutte à goutte dans la dissolution, la décolore complétement; les acides 
anéantissent la fluorescence et convertissent la couleur du liquide en un rose 
violâtre. Chaulfé jusqu'à la température de 65° C., le liquide se décolore com- 
plétement ; la méme chose arrive lorsqu'on l'expose à l'action simultanée de la 
lumiere solaire intense et de l'air. La décoloration s'effectue d'autant plus ra- 
pidement que la surface en contact avec l'air est plus grande et que la tempé- 
rature en méme temps est plus élevée. Il me parait bien remarquable qu'une 
forte quantité d'alcool absolu, ajoutée à l'extrait aqueux du pigment, ne fait 
qu'affaiblir ou anéantir la fluorescence et en méme temps rendre la couleur 
rose plus claire, tandis qu'en broyant les Floridées avec de l'alcool absolu ou 
méme avec de l'esprit-de-vin, on obtient un liquide d'un beau vert-émeraude. 

Cette dissolution alcoolique se comporte exactement de la méme maniére 
qu'une teinture chlorophyllique : elle montre une fluorescence des plus mani- 
festes dans les varties les plus réfrangibles du spectre solaire, et absorbe éner- 
giquement la partie extréme des rayons rouges, les rayons bleus, indigo et 
vioiets. Nous voyons donc que les rayons qui passent par un extrait aqueux 
sont à peu près tous absorbés par l'extrait alcoolique et vice versä. Ainsi, en 
superposant devant la fente du spectroscope deux couches de dissolutions du 
pigment de la méme Algue, l'une aqueuse, l'autre alcoolique, on ne voit dans 
le spectroscope qu'une partie trés-restreinte du spectre solaire, savoir, une 
bande étroite, composée d'une partie du rouge et de l'orangé. 

La dissolution alcoolique se décolore, comme la véritable chlorophylle, très- 
rapidement dans la lumière solaire : elle devient d'abord d'un brun verdátre, 
ct passe peu à peu à un jaune très-pâle. 

On peut produire la transformation du pigment rose en chlorophylle sur des 
frondes fraiches elles-mêmes, si on les chauffe jusqu'à 50-70? centigrades. Ce 
changement se produit toujours plus tót et plus rapidement dans les parties 
jeunes des frondes, tandis que les parties plus développées résistent plus long- 
temps à l'action de la chaleur. 


SÉANCE DU 6 AVRIL 1866. 233 

Avant de terminer la description des propriétés du pigment rose, je dois 
faire remarquer que la fluorescence propre à la dissolution aqueuse est un phé- 
nomène normal, qui n'est nullement dá à une altération quelconque de la ma- 
tière colorante ; cette fluorescence est bien manifeste dans les formations pig- 
mentaires qu'on observe sur une préparation microscopique fraiche: tandis 
que la partie centrale apparait d'un rose clair, les bords et les protubérances, 
c'est-à-dire les endroits dont l'œil reçoit la lumière réfléchie, sont plus ou 
moins jaunâtres. 

Quoique la signification physiologique du phénomène de la fluorescence des 
pigments végétaux ne soit pas encore éclaircie, et qu'elle n'ait donné lieu qu’à 
des suppositions plus ou moins vagues, nous voyons par ce qui précède, con- 
firmée encore une fois la généralité de ce phénomène, généralité qui parle 
en faveur de l'importance de son róle. 

En tout cas, les formations pigmentaires rouges représentent les organes de 
l'assimilation du carbone, leur structure, leur disposition dans les diverses par- 
ties des frondes, leur position relativement aux grains d'amidon, la cessation 
de la vie aprés la décoloration, tout cela donne droit à la conclusion suivante : 
les Floridées contiennent, dans leurs cellules rapprochées de la surface des 
frondes, une formation équivalente aux granules de chlorophylle des autres 
plantes; elles absorbent et décomposent, sous l'influence de la lumière solaire, 
l'acide carbonique dissous dans l'eau de mer ; dans l'obscurité, elles respirent, 
c'est-à-dire elles absorbent de l'oxygéne et dégagent de l'acide carbonique. La 
présence du pigment rouge est la condition essentielle pour que l'assimilation 
puisse avoir lieu, et il est bien probable que les grains d'amidon sont le pro- 
duit de ce pigment, comme dans les plantes chlorophylliferes ils sont le 
produit de la chlorophylle. 

Il me reste à appuyer cet énoncé par les résultats de mes expériences sur 
l'assimilation et la respiration des Floridées. — Ces expériences portaient sur 
les espèces suivantes : Ceramium rubrum, Plocamium coccineum, Rhodyme - 
nia palmata, Dumontia filiformis, Cystoclonium purpurascens, Gracilaria 
confervoides, Chondrus crispus, Gigartina mamillosa, Polysiphonia 
Brodiei, Rhodomela subfusca, Lomentaria articulata, Corallina officinalis, 
Jania rubens. J'ai recueilli de grandes quantités du gaz que ces plantes dé- 
gagent sous l'action de la lumière solaire, lorsqu'on leur fournit constamment 
de l'acide carbonique : ce gaz consistait en oxygène pour sa majeure partie. 
L'élévation de température et l'accroissement de l'intensité de la lumière exer- 
cent une influence favorable sur la décomposition de l'acide carbonique. La 
plupart des plantes citées commencent à dégager l'oxygène déjà à la tempéra- 
ture de 6-7? centigrades ; à la température de 15-20? centigrades le dégagement 
devient pour ainsi dire tumultueux. Quant aux divers rayons du spectre, mes 
expériences, faites sur les Rhodymenia palmata, Chondrus crispus et Gigar- 
tina mamillosa, m'ont montré que l'assimilation du carbone est beaucoup 

T^ XII. (SÉANCES) 16 


234 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

plus faible dans la moitié du spectre composée des rayons les plus réfrangibles. 
Nous voyons donc ici le retour des phénoménes connus pour les plantes 
vertes. 

Dans l'obseurité se produit une absorption abondante d'oxygène et un déga- 
gement d'acide carbonique, ainsi que me l'ont appris les expériences que j'ai 
faites à ce sujet sur les Gigartina mamillosa, Chondrus crispus, Rhodymenia 
palmata et Polysiphonia Brodiei. 

Je me contente de constater ici les résultats de mes recherches, sans entrer 
dans les détails des phénomènes et des méthodes employées. J'espere qu'ils 
sont de nature à éclaircir un peu l'histoire des fonctions vitales des Algues ma- 
riues et à les faire rentrer, quant à leur assimilation et leur respiration, dans 
la regle générale, quoique l'organe qui préside à ces fonctions présente cer- 
taines particularités remarquables. 


M. J.-E. Planchon soumet à la Société des dessins analytiques 
et des pièces en nature représentant une curieuse monstruosité 
des ovaires ou des fruits du Cognassier (Cydonia vulgaris). 


L'anomalie de ces organes, abstraction faite des nuances de détail, se ré- 
sume dans les faits suivants : 

A l'extrémité renflée du pédicelle, juste au point où commence le tissu du 
fruit, se trouvent, groupées en faux verticille, cinq feuilles, de nature brac- 
téale, mais dont une ou deux ont souvent leur base renflée en une gibbosité 
pétiolaire (inférieure à l'insertion de deux stipules), dont la couleur jaune et 
la consistance rappellent exactement la chair du coing. 

Le coing lui-même, c'est-à-dire ce que l'on appelle vulgairement l'ovaire 
infere, se termine supérieurement par cinq expansions foliacées représen- 
tant les divisions du limbe calicinal de la fleur normale, sauf que leurs 
dimensions sont plus grandes et que leur forme se rapproche davantage de 
celle des feuilles ordinaires. Quant au tissu répondant à la masse méme du 
coing, il se compose de cinq renflements ou cótes obtuses, séparés par des 
sillons plus ou moins profonds, et qui semblent des portions pétiolaires des 
cinq feuilles calicinales qui seraient plus ou moins soudées entre elles autour 
de l'axe du pédicelle prolongé. 

Ici donc la masse principale du coing ne serait pas une simple dilatation du 
pédicelle, comme le suppose la théorie de Schleiden assez volontiers admise 
aujourd'hui; mais, dans ce prétendu pédicelle hypertrophié, on retrouve- 
rait plus ou moins distinctes, plus ou moins confluentes, les cinq portions pé- 
tiolaires du verticille des phvlles calicinaux. | 

Cette explication, du reste, fondée sur l'étude d'un fait tératologique, répon- 
drait assez à une observation analogue qui se présente fréquemment chez les 
roses proliféres. On voit souvent, dans ce dernier cas, la cavité pyriforme dite 


SÉANCE DU 6 AVRIL 1866. 235 


vulgairement tube du calice, disparaître complétement au-dessous des pétales, 
des étamines et du rameau central de la rose atteinte de phyllomanie, et les 
cinq sépales plus ou moins foliacés n'être confluents que par les bases élargies 
(mais non creusées) de leurs pétioles. 

Il semble donc probable que, dans bien des cas d'ovaire infère, le soi-disant 
tube du calice est formé par la portion pétiolaire des phylles calicinaux. Mais 
il est possible aussi que l'axe entre pour sa part dans la composition de tel ou 
tel fruit dit infère ; ou pour mieux dire, la séparation entre l'axe ou les por- 
tions décurrentes des sépales n'est pas toujours anatomiquement facile à 
établir. 

Du reste, la méme difficulté se présente lorsqu'on veut distinguer dans cer- 
taines tiges de Cactées, d'Acac/a à phyllodes, de Coniféres, la limite entre 
l'axe proprement dit et les décurrences des feuilles. Dans l'écaille des Coni- 
féres-Abiétinées, par exemple, on doit admettre avec M. Caspary une portiou 
basilaire de nature axile et une portion supérieure formée de la coalescence de 
deux appendices : mais ilest très-difficile, sinon impossible, de marquer la 
séparation du système axile et du système appendiculaire. 

En laissant de la théorie des phytons de Gaudichaud certaines parties con- 
testables au point de vue anatomique, on voit dans cette théorie bien de» 
côtés qui rendent admirablement compte des faits. Les décurrences si mani- 
festes des feuilles de beaucoup de plantes sur la tige, le rapport entre ies 
faisceaux vasculaires de ces tiges ou des rameaux annuels avec les feuilles ou 
les appendices divers, tout est favorable à l'idée que l'axe lui-inéme repré- 
sente les portions inférieures et plus ou moins confluentes des phylles. Ce qvi 
ne veut pas dire que, au point de vue de leur formation, les axes dérivent des 
appendices. C'est le contraire qui semble plutôt ressortir des recherches d’or- 


ganogénie. 


A l'occasion des idées exprimées sur l'écaille du cône des Cont- 
féres, M. Gris demande à M. Planchon ce qu'il pense de la nature 
des ovules de ces plantes. 

M. Planchon ne voudrait pas exposer d'une maniére incidente 
et encore prématurée la série de recherches qu'il poursuit depuis 
douze ans sur l'ovule du Gingko biloba. Toutefois en soumettant 
à la Société les dessins qui résument ses observations dans ce sens, 
il ne signalera qu'un seul fait, mais un fait qui semble important : 
C'est que l'appareil reproducteur du Gingko (fruit pour les uns, 
graine pour le plus grand nombre des botanistes) commence à 
paraitre dans le bouton sous la forme d'un mamelon indivis, autour 
duquel se montrent vltérieurement les téguments ovulaires. Ce 
mamelon est évidemment un nucelle, el les téguments sont bien 


236 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ceux d'un ovule, puisque, au contraire des carpelles, ils n'appa- 
raissent que postérieurement au nucelle. 

M. Gris rappelle qu'il a étudié les ovules de diverses Coniféres et 
Cycadées. Il dit y avoir rencontré des analogies frappantes avec 
l'ovule du Ricin, relativement à l'adhérence du nucelle et à la pré- 
sence d'une cupule vasculaire qui forme la chalaze et enveloppe la 
partie adhérente du nucelle, ainsi que cela se voit sur la chalaze 
du Zamia dans les figures de M. Miquel. Pour lui, comme pour 
M. Planchon, les corps reproducteurs des Coniféres seraient de 

nature ovulaire et non ovarienne. 

M. Planchon ayant employé, par mégarde, le mot de coussinet 
pour désigner indifféremment tantót le renflement vasculaire que 
présentent divers axes au-dessous de l'insertion des feuilles, tantót 
le bourrelet généralement parenchymateux que présentent cer- 
tains pétioles (notamment ceux des plantes sensibles ou sommeil- 
lantes), M. Clos insiste pour que la distinction de ces deux struc- 
tures soit bien établie et que le mot pulvinus soit réservé à la 
premiére seulement. 

M. Planchon reconnait la justesse de l'observation de M. Clos; 
il cite lui-même des cas remarquables de vrais pulvini, surtout 
chez les plantes grimpantes (Combrétacées, Trixis, Mikania, Bou- 
gainvillea, etc.) ; il rapporte ce coussinet à l'axe plutôt qu'à l'ap- 
pendice, tandis que le bourrelet de la base du pétiole n'est évi- 
demment qu'un épaississement cortical du pétiole lui-méme. 


M. Kirschleger fait à la Société la communication suivante : 


SUR LA VALEUR MORPHOLOGIQUE DE L'ÉCAILLE DANS LE CONE DES CONIFÈRES ET SUR 
LES FEUILLES ACICULÉES DE L'ASPERGE, par ME. KIRSCHLEGER. 


J'ai lu avec plaisir dans le dernier numéro du Bulletin bibliographi- 
que, p. 2^5, les conclusions de M. OErsted sur la formation de l'écaille sper- 
matophore ou ovulifére dans l'ordre des Abiétinées. 

J'aime assez remonter à l'origine des questions. En 1842, la commission 
chargée de rédiger la programme des questions botaniques à traiter pendant la 
session du Congrés scientifique tenu à Strasbourg en septembre et octobre de 
cette méme année, avait posé (comme sixiéme question) le probléme suivant : 
Quelle est la valeur morphologique de l'écaille dans le cône des Conifères ? 

Dans la séance du 3 octobre, M. A. Braun (alors professeur à Fribourg) 
exposa, en réponse à la question posée, une manière de voir toute semblable, 


SÉANCE DU 6 AVRIL 1866. 237 


presque identique avec celle que M. OErsted vient de publier. Cette opinion 
de M. A. Braun se trouve consignée dans les procès-verbaux du Congrès, 
p. 172. En voici les principaux passages : M. A. Braun avait envisagé l'écaille 
ovulifere comme une feuille carpellaire non fermée ; mais (fait remarquer 
M. A. Braun) une feuille ne se développe pas à l'aisselle d'une autre. Or, une 
monstruosité de Mélèze a fait voir à M. A. Braun que J'écaille ovulifere était 
formée de deux feuilles, habituellement connées, mais entièrement distinctes 
et séparées dans le cas anormal dont il est question ; on remarquait encore 
dans cette monstruosité une, deux ou trois feuilles squamulées du cóté de 
l'axe de l'inflorescence, c'est-à-dire du cône ; les deux feuilles-squames anté- 
rieures cohérentes constituent donc ensemble la prétendue écaille ovulifère. A 
l'aisselle de la bractée nait donc un bourgeon abrévié dont les deux feuilles 
antérieures seules se développent, en se soudant par leur bord intérieur, pour 
former la soi-disant squame carpellaire portant deux ovules à sa base dorsale. 
Il n'y a rien d'étonnant dans la naissance d'ovules sur le dos de la feuille car- 
pellaire ; les Gentianes, les Butomes nous présentent quelque chose de sem- 
blable. 

M. A. Braun annonce qu'il a souvent remarqué la transition d'un épi mâle 
de fleurs du Picea alba en inflorescence femelle, et la transformation d'une 
feuille-étamine en une écaille-bractée d'inflorescence femelle. 

Daus la Flore d'Alsace, II, 96, nous avons reproduit, en peu de mots, 
l'opinion sus-dite de M. A. Braun, en tout conforme à celle que vient d'émet- 
tre M. OErsted. 

J'arrive maintenant à une autre question, à celle des feuilles aciculées et 
fasciculées et aux fleurs de l'Asperge (Bulletin des séances, p. 201). M. Cau- 
vet relate à cet égard l'opini on d'Ach. Richard « feuilles (rameaux ?)». M. Le 
Maout les nomme franchement des rameaux avortés. M. Kirschleger (7. 
Als.) les prend pour des pédoncules avortés. 

Je dois commencer par protester contre la manière trop écourtée d'exposer 
une opinion. Nous disons d'abord que la base filiforme de la fleur est arti- 
culée avec le pédoncule, puis « que les feuilles, squames rameales, donnent 
naissance à leur aisselle à un rameau d'inflorescence dont l'axe médian, plus 
ou moins allongé, donne naissance inférieurement à deux fleurs latérales (dont 
l'une avorte quelquefois) et plus haut à des faisceaux de feuilles capillaires ou 
aciculées (pédoncules sans fleurs) et axillaires, à des squamules trés- petites ». 
Je suis le premier à convenir que la clarté et la précision manquent à cette 
description, d'autant plus qu'il s'y méle une certaine ironie contre des opinions 
anciennes ayant encore cours en 185^, quand parut la livraison de la Flore 
d' Alsace renfermant les Asparaginées. 

Excité par la note de M. Cauvet, je fis de nouvelles recherches bibliogra- 
phiques à l'égard des fleurs et des feuilles aciculées de l'Asperge, et je n'eus 
pas de peine à trouver dans le Flora (Regensb. bot. Zeitung, 1845, p. A^6) 


238 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


une notice des plus satisfaisantes de M. Henry Wydler, le laborieux et sagace 
morphologiste de Berne. Les deux figures symboliques qui accompagnent la 
notice rendent parfaitement compte des faits et en facilitent l'intelligence. 
M. Wydier recherche d'abord des prédécesseurs pour cette question. Il n'en 
découvre que trois: d'abord Link (£/em. philos. bot. Y, 470), puis Bravais 
(Ann. sc. nat. 4837, p. 207) et, en 1842, Dœll (F7. rhen.). Il ne dit rien 
de la Morphologie d'Aug. Saint-Hilaire, p. 776 (1840), où pourtant on peut 
lire : « Vous verrez les organes appendiculaires de l'Asperge dans les écailles 
scarieuses qui sont symétriquement rangées sur la tige, et ces parties délicates 
qu'on appelle vulgairement des feuilles seront pour vous des rameaux avortés 
| parce qu'elles se trouvent à l'aisselle des écailles ». Link se borne à dire que 
les pédoncules ont pris la forme de feuilles aciculées. Bravais cherche à mon- 
trer que les prétendues feuilles fasciculées et aciculaires ont la disposition 
cymeuse des inflorescences axillaires des Labiées. En effet, dit M. Wydler, on 
distingue toujours dans ce faisceau axillaire à une feuille-squame : 4° un axe 
médian; 2° deux ramuscules de deuxième degré ou de deuxième évolution, 
d’où partent, comme dans l'inflorescence des Sedum, des axes appartenant à 
plusieurs degrés d'évolution ultérieure. 

L'axe médian est tantót simple, tantót il peut, à l'aisselle d'une squamule 
minime, reproduire les faits que l'on observe dans l'axe immédiatement auté- 
rieur. Ce sont les deux ramuscules de deuxième évolution qui portent des 
fleurs articulées à leur base ; les autres ramuscules de troisième, quatrième et 
cinquième évolution (cyme dichase) se présentent sous forme de feuilles acicu- 
lées, et probablement elles en exercent les fonctions physiologiques de respira- 
tion et de nutrition. Si l'on a pu dire que ces aiguilles sont des pédoncules 
ananthés, on n'a pas commis une grosse erreur ; seulement, si l'on n'appelle 
pédoncule que la partie anthophore placée au-dessus de l'articulation, l'expres- 
sion de pédoncule accordée aussi à la portion infra-articulaire n'est plus juste ; 
quelque chose de semblable se présente dans la fleur mâle unistaminée de nos 
Euphorbes. L'explication ou plutót l'exposition des faits par M. Wydler est 
très-claire. En 1851 (Flora, p. 446), l'auteur répète ce qu'il a dit en 1845, 
mais dans un style lapidaire par trop concis. Dans le Linnæa, XVII, p. 189, 
M. Wvdler expose encore ces faits d'une manière toute semblable. De Can- 
dolle (Organogr. I, 335) parle des feuilles fasciculées des Berberis, du Mé- 
lèze et du Cèdre, puis il dit : « Les Asperges doivent à une cause analogue, 
c'est-à-dire à la non-évolution des entre-nœuds, leurs faisceaux de feuilles 
axillaires à l'aisselle d'une écaille qui est le représentant d'une véritable 
feuille ». Tel était encore en 1828 l'état de la science à l'égard des feuilles 
fasciculées de l'Asperge. M. Godron (Fl. Lorr. MI, 57; 1844) parle de 
feuilles fasciculées par 3 à 8 à l'aisselle de trois petites écailles membraneuses. 
Dans la Flore de France (III, 231; 1855), le méme auteur parle de rameaux 
foliiformes longs de 15-50 millimètres, capillaires, à /'aisselle d'une écaille 


SÉANCE DU 6 AVRIL 1865. 239 


meinbraneuse, et de fleurs longuement pédonculées, solitaires ou géminées, 
nées à la base des rameaux foliiformes (c/adodies, Kunth) ; pédoncules arti- 
culés sous la fleur. 

Parlatore (F7. ital. III, 15; 1858) dit que les pédoncules solitaires ou 
géminés, articulés sous la fleur, sont accompagnés d'autres pédoncules sté- 
riles, réunis en faisceau et ayant l'aspect de feuilles aciculaires. Comme on le 
voit, Parlatore, en 1855, envisageait absolument les choses comme nous 
dans la Flore d' Alsace. On fera la remarque que la notice de M. Wydler de 
1845 a passé presque inapercue. 

Voici l'opinion de Dell (F7. Bad. I, 380; 1856) : « Rameaux allongés, 
chargés de feuilles-écailles, assez éloignés, les dernières ramifications acicu- 
laires ramassées en faisceaux. Inflorescence (Zluethenstœænde) à Vaisselle de 
squamules minimes naissant à la partie ramifiée de la tige, et se composant or- 
dinairement de deux fleurs. Pédoncules unis au périgone rétréci à la base 
par une articulation. » Encore ici nous regrettons la clarté de l'exposition de 
M. Wydler. 

M. Boreau (/7. du centre, 612) s'exprime ainsi : « Feuilles réduites à 
l'état d'écailles, en forme de stipules, portant à leur aisselle un faisceau de 
feuilles filiformes, qui ne sont que des phyllodes (plutôt cladodes) ou jeunes 
rameaux non développés ». 

MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre (Fl. Paris, 937 ; 1845) s'expri- 
ment déjà fort nettement à l'égard des feuilles fasciculées de l'Asperge : « à 
l'aisselle des écailles naissent des fascicules de ramuscules avortés filiformes, 
simples, simulant des feuilles ». Mais partout nous voyons manquer l'idée de 
la disposition en dichase de ces cladodies, dont l’idée première revient de 
droit à M. Bravais et l'élucidation à M. W ydler. 

Encore un mot sur M. Le Maout, que cite M. Cauvet. Dans les Zegons 
élémentaires, p. 32h, on lit: «Des feuilles membraneuses sortent des fais- 
ceaux de soies très-déliées, et que tout le monde prend pour des feuilles en 
aiguille et qui ne sont que des rameaux avortés. » Ce mot « avortés » ne nous 
parait pas juste puisque ces ramuscules existent ; « trés-réduits » ou une autre 
expression semblable rendrait plus exactement le fait. 


M. Durieu de Maisonneuve dépose sur le bureau quelques spé- 
cimens de l'Ustilago marina Tul., champignon marin qu'il a dé- 
couvert sur le Scirpus parvulus, prés des côtes de l'Océan à Ar- 
cachon, ainsi que de nombreux et magnifiques échantillons de 
Marsilia hirsuta R. Br. (cultivé au Jardin de Bordeaux), qu'il 
distribue aux membres présents. Il fait remarquer que tous ces 
échantillons réunis ne représentent pas la moitié du développement 
acquis au bout de quatre mois par l'unique plante qu'il avait ob- 


240 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


tenue de la germination des macrospores de quelques sporocarpes 
provenant de Melbourne. 

M. Durieu de Maisonneuve signale ensuite la publication récente 
dans un recueil d'horticulture de l Abies numidica Delannoy comme 
espèce nouvelle. Il rappelle que cet arbre n'est autre que l Abies 
Pinsapo var. Baborensis Coss. découvert dans la Kabylie orientale, 
en 1861, par MM. A. Letourneux, H. de la Perraudiére, Cosson et 
Kralik. 


M. Eugéne Fournier donne lecture de la note suivante : 


NOTE SUR L'EXSICCATA DES LICHENS DE NORMANDIE, PUBLIÉ PAR M, A. MALBRANCHE 
EN 1863, par M. NYLANDER. 


Fasc. I 


N° 2. Calicium parietinum. — C'est le C. pusillum FIk., Nyl. Syn. T, 
p. 157. La cloison des spores est le plus souvent peu visible. 

N° 3. Coniocybe furfuracea = Calicium trichiale var. stemoneum Ach., 
Nyl., 4 c., p. 150. 

N°8. Cladonia gracilis = Cl. gracilis f. chordalis (FIk.) Nyl. Lich. 
Scandin. p. 52. 

N° 21. Cetraria aculeata — C. aculeata f. edentula (Ach.) Nyl. l. c. 
p. 80. 

N° 25. Physcia stellaris — Ph. stellaris f. rosulata (Ach.) Nyl. 4. c. 
p Hf. 

Ne 26. Physcia obscura — Ph. obscura var. ulothriz (Ach.). 

N° 29. Lecanora cerina var. rupestris = L. calva (Dicks.). Nyl. l. c. 
p. 147. 

N°31. Lecanora varia var. lutescens = L. varia var. conizæa (Ach.) Nyl. 
l. c. p. 163. 

N° 32. Lecanora Friesiana == L. sophodes var. exigua Ach., Nyl. l c. 
p. 450 (terrestris). 

N° 34. Lecidea vernalis var. muscorum — L. sabuletorum Flk., Nyl. 
l. c. p. 204. 

N° 35. Lecidea luteola — L. luteola f. porriginosa Ach., Nyl. l. c. 
p. 209. 

N° 39. Graphis scripta var. pulverulenta = Gr. scripta var. serpentina 
et Gr. inusta Ach. 

N° 40. Graphis Smithii = Gr. inusta Ach. 

N° 43. Opegrapha vulgata — O. atra Pers., Nyl. l. c. p. 254. 


N° 4h. Opegrapha vulgata var. siderella — : herpetica var, rufescens 
(Pers. ) Nyl. 7. c. p. 256. 


SÉANCE DU 6 AVRIL 1866. 2311 
N°45. Opegrapha herpetica — O. herpetica var. rufescens (Pers.). Iden- 
tique avec le précédent. 
N° 47. Arthonia astroidea var. Swartziana — Spilomium Graphideorum 
Nyl. 
Fasc. 1I. 


N° 65. Parmelia perlata — P. olivetorum Ach. 

N° 66. Parmelia sazatilis — P. saxatilis var. sulcata (Tayl.) Nyl. Syn. T, 
p. 389. 

Ne 75. Lecanora aurantiaca — L. phlogina (Ach.) Nyl. Scandin. 
p. 144 (1). 

N° 78. Lecanora athroocarpa — L. umbrina (Ehrh.) Nyl. ¿L e. p. 162 
(forma margine thallino apotheciorum subintegro). 

N° 79. Lecanora sophodes — L. athroocarpa var. metabolica (Ach.) Nyl. 
l. c. p. 168. 

N° 80. Urceolaria scruposa f. cæsioalba. C'est PU. seruposa approchant 
de la variété gypsacea Ach. de PU. cæsioalba Le Prév. On lit dans le Liche- 
nographia reformata: « habitus Variolariæ communis », ce qui ne convient 
pas au Lichen publié par M. Malebranche sous ce numéro. 

N° 84. Lecidea parasema var. enteroleuca — L. parasema war. eleo- 
chroma Ach., Nyl. l. c. p. 217. 

N° 90. Graphis scripta var. recta — Gr. scripta var. betuligna Ach. (Ope- 
grapha pruinata Pers.). 

N°95. Verrucaria fuscella — V. polysticta Borr. 

N° 96. Verrucaria rupestris — Limboria sphinctrina Duf. 

N° 99. Verrucaria epidermidis — V. epidermidis var. fallax Ny. 


M. Gris donne quelques détails sur les sachets de graines des 
marchands de Hong-Kong, offerts dans la dernière séance à la So- 
ciété par M. le comte Jaubert. Le résultat de l'examen comparatif 
qu'il en a fait est que, à l'exceplion de deux ou trois sachets, les 
figures de plantes qu'ils portent n'ont aucun rapport avec les graines 
qu'ils contiennent. 

MM. Lecoq et Planchon font remarquer à ce propos que le char- 
latanisme trouve malheureusement ailleurs qu'en Chine le moyen 
de se produire, et qu'il serait souvent fort utile de démasquer cer- 
tains colporteurs de graines qui, surtout en province, abusent de 
la crédulité publique. 


(1) Excl. citat, L. P. 121 vel qua dicenda L. vitellina var. reflexa Nyl., similis fere 
epicanthe, sed apotheciis biatorinis aurantiacis, paraphysibus et sporis differens a 
L. phlogina. 


212 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


SEANCE DU 27 AVRIL 1809. 


PRÉSIDENCE DE M. LE COMTE JAUBERT. 


M. Roze, vice-secrétaive, donne lecture du procès-verbal de la 
séance du 6 avril, dont la rédaction est adoptée. 

M. Cosson, à propos de la remarque faite dans la dernière séance 
par M. Durieu de Maisonneuve relativement à la question de prio- 
rité soulevée par la publication, comme espèce nouvelle, de l Abres 
numidica Delannoy, annonce qu’il lui a été donné satisfaction 
par l'insertion d'un article établissant les faits dans la Revue hor- 
ticole. 

Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le 
Président proclame l'admission de: 


MM. WiNTREBERT, licencié és sciences, rue Férou, 11, à Paris, 
présenté par MM. Eug. Fournier et de Schonefeld. 
JourpaN (Pascal), ingénieur civil, garde-mines, à Alger, pré- 
senté par MM. P. Marès et E. Cosson. 


M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation. 
Lecture est donnée de lettres de MM. Bories et Pradel, qui 


remercient la Société de les avoir admis au nombre de ses mem- 
bres. 


Dons faits à la Société : 


I^ De la part de M. Duval Jouve : 

Procès intenté contre le Cynosurus echinatus L. 
2 De la part de M. Th. Caruel : 

Guida del botanico principiante. 


3° De la part de M. G. Gasparrini : 


Notizie sopra una Mortella dell" Australia. 

Osservazioni sopra una malattia dell" Cotone detta Pelagra. 
Osservazioni sul cammino di un Micelio fungoso. 

Nuove osservazioni sulla maturazione artifiziale nel Fico. 


Osservazioni sulla origine del calice monosepalo e della corolla mono- 
petala. 


Sulla melata dell" Uva. 


SÉANCE DU 27 AVRIL 1866. 243 
^* En échange du Bulletin de la Société : 


Mittheilungen des naturwissenschaftlichen Vereins fuer Steiermark, 
1863, 1864 et 1865. 

Verhandlungen des naturforschenden Vereines in Bruenn, 1865. 

Wochenschrift fuer. Gærtnerei und Pflanzenkunde, 1866, six numéros. 

Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, mars 1866. 

The Gardeners Chronicle, 4866, trois numéros. 

L'Institut, avril 1866, trois numéros. 


M. l'abbé Chaboisseau dépose sur le bureau des échantillons 
måles et femelles du Dioscorea pyrenaica Bubani, récoltés en août 
1365 au Port de Gavarnie (versant espagnol) par M. Bordère. ll 
annonce que cette plante n'est pas trés-rare dans la localité signalée, 
et que M. Bordère espère pouvoir en recueillir cet été d'assez 
nombreux spécimens pour satisfaire aux demandes de tous les bo- 
tanistes qui ont souscrit à ses collections. 

M. Gosson fait, à cette occasion, l'éloge du soin avec lequel sont 
préparés les exsiccata des plantes des Hautes-Pyrénées formés par 
M. Bordére et mis par lui à la disposition des botanistes au prix 


le plus modéré. 


M. Alexis Petounnikow (de Moscou) fait à la Société une commu- 
nication intitulée : Recherches physiologiques sur les transfor- 
mations successives des parois des cellules et sur la genèse de la 
cuticule. — Voici les conclusions de ce travail : 


1° La cuticule constitue une membrane très-mince, quelquefois très- 
sinueuse, complétement uniforme et dépourvue de toute structure. 

2» Elle se forme des parois de la cellule- mére, par une transformation pro- 
gressive, dont le résultat est la substitution complète de la subérine à la cel- 
lulose. j 

3° Une fois formée, la cuticule ne peut plus s'accroitre, mais quelquefois 
elle subit des modifications chimiques qui la transforment en résine ou 
en cire. 

h° La cuticule se dissout dans l'acide chromique plus difficilement 
quela cellulose et la substance ligneuse; elle ne se dissout pas dans l'acide 
sulfurique, se saponifie par l'action de la potasse et s'oxyde par l'action de 
l'acide nitrique. 

5? Les couches cuticulaires se forment des parois des jeunes cellules par un 
passage progressif de la cellulose en subérine, qui commence à la surface. La 


2AA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


transformation n'est jamais complète dans les cellules de l'épiderme. Avec 
l’âge cette transformation ne s'arrête pas : c'est pourquoi les couches cuticu- 
laires peuvent s'accroitre. Il faut rapporter à ces couches les membranes cuti- 
culaires des spores et du pollen ainsi que les cellules subéreuses. Tous ces pro- 
duits sont le résultat de la même cause, dela métamorphose subéreuse, 


M. Eug. Fournier donne lecture d'une lettre de M. le docteur 
Blancsubé dans laquelle, aprés avoir décrit le Sechium edule, cul- 
tivé à Mostaganem, M. Blancsubé ajoute : 


Le seul pied de cette plante que nous possédions ici est actuellement âgé de 
huit ans. La première année il n'a pas porté de fruits, ayant souffert du vent de 
mer auquel il avait été exposé. Changé de place la seconde année, sa végéta- 
tion a été luxuriante, et il a produit. une vingtaine de fruits pesant ensemble 
13 ou 44 kilogrammes. 1l est méme probable que la récolte eût été plus abon- 
dante encore si les tiges n'avaient pas été rapprochées en colonne serrée, ce qui 
avait privé de lumière un certain nombre d'entre elles, et n'avait. permis le 
développement des fleurs qu'à la périphérie. Cette année, les tiges encore 
vertes ont été coupées en janvier, alors que d'autres se développaient déjà, et 
l'on donnera à la plante toute l'expansion dont elle a besoin. 

Le fruit de notre Cucurbitacée peut entrer avec beaucoup d'avantage dans 
les usages économiques. Il semble, sous le rapport de ses qualités nutritives, 
avoir sa place entre la Pomme-de-terre, la Patate et l’Igname d'une part, le 
Topinambour, le Navet et le Chou-Rave d'autre part. Dans un diner dont le 
principal but était son appréciation au point de vue culinaire, ce fruit a été 
servi apprêté de cinq facons différentes : en friture, en salade, accommodé au 
gras, au maigre, avec du lait et confit dans le vinaigre comme les cornichons. 
Il a été fort apprécié par les sept personnes réunies à table, et clas:é par elles 
parmi les meilleurs légumes. 

La plante ne fleurit qu'en octobre, et mürit ses fruits, qui se développent 
très-rapidement, vers la fin de novembre ou dans le courant de décembre. Il 
ne serait donc pas possible de la cultiver dans les pays froids. Peut-être, avec 
beaucoup de soins, réussirait-elle dans nos départements méridionaux. 

Le fruit se conserve longtemps et est d'un transport facile. La graine qui a 
produit le sujet en question provient d'un fruit apporté de la province de 
Murcie, où ce fruit est connu vulgairement sous le nom de Calabaza 
(Courge). 


M. le Président dit qu'il a vu cultiver le Sechium edule à Naples. 
Il ajoute qu'il ne peut partager l'opinion de M, Blancsubé quant 
aux ressources que cette plante pourrait offrir au point de vue ali- 
mentaire. 


SÉANCE DU 27 AVRIL 1866. 245 


M. Eug. Fournier donne lecture de la communication suivante, 
adressée à la Société par MM. Richter et Loret : 


NOTE SUR UN ROMULEA DE MONTPELLIER NOUVEAU POUR LA FLORE DE FRANCE, 
par MEME. RICHTER et LORET. 


(Montpellier, 10 mars 1866.) 


La Flore de MM. Grenier et Godron mentionne dans le midi de la France 
deux espèces de Zrichonema ou Romulea (1), le Romulea Bulbocodium 
Sebast. et Mauri, 77. rom. p. 17; Bert. ; Parl. ; Guss. (Trichonema Bul- 
bocodium Ker; Rchb; Billot exsicc. n° 2247) et le Romulea Columne 
Sebast. et Mauri, Z. c. p. 18 (Trichonema Columnæ Rchb; Billot exsicc. 
n° 1337 bis). 

Les Romulea Bulbocodium et R. Columna, réunis d'abord sans distinction 
sous le nom linnéen /xia Bulbocodium, formèrent plus tard dans plusieurs 
flores deux variétés, l'une à grande fleur, l'autre à petite fleur. Tout le monde 
aujourd'hui reconnait là deux espèces qu'on ne pourrait identifier sans faire 
violence à la nature. 

C'est avec raison que les savants auteurs de la Flore de France indiquent le 
KR. Bulbocodium à Bordeaux, à Bayonne et dans les landes du Sud-Ouest où 
ilest commun ; mais la plante qu'ils signalent à Montpellier sous ce nom 
est une autre espèce bien distincte du XR. Bulbocodium qui nous manque, et 
du A. Columneæ qu'on mentionne à juste titre chez nous sur le littoral médi- 
terranéen. 

Les botanistes savent quelles difficultés présente la détermination des plantes 
et à quels écueils on se heurte lorsqu'on se prononce avec trop de précipita- 
tion, ou qu'on manque, si nous pouvons parler ainsi, d'un tact spécifique 
particulier. Ces écucils et ces difficultés redoublent à mesure que s'accroît le 
nombre des espèces connues, et, lorsqu'on passe en revue les prétendues 
espèces dont l'imagination des auteurs encombre plus que jamais la science. 
Il est facile de comprendre combien doivent étre circonspects ceux qui 
veulent marcher sur ce terrain épineux de la phytographie. Nous avons pu 
reconnaitre sans peine, en comparant notre Romulea de Montpellier avec celui 
du Sud-Ouest, que nous avions ici une espèce bien différente ; mais ce n'était 
là qu'une partie de notre tàche. Il nous restait à rechercher si la plante mé- 
connue jusqu'a présent à Montpellier était nouvelle pour la science, ou si on 
lui avait donné un nom quelque part. Reichenbach, aprés avoir décrit les 
R. Bulbocodium et R. Columna, fait observer (Fl. excurs. I, p. 84) qu'on 
a vraisemblablement confondu ensemble plusieurs espèces de Romulea, et il 

(1) Nous croyons qu’on doit adopter le nom générique Romulea (Moretti Fl. Romul. 


et saturn. p. 43 cum ic.), qui date de 1772, au lieu de Trichonema (Ker in Annals of 
bot. I, p. 227), qui ne date que dc 1805. 


2^6 SOCIÉTÉ BOÏANIQUE DE FRANCE. 

engage à étudier ceux de Tenore. Nous avons vu dans nos herbiers publics le 
Romulea (Ixia) minima de Tenore communiqué par l'auteur de l'espéce, qui 
la donne lui-même comme un synonyme de /?. Columna. Mais le À. ramiflora 
du méme auteur, espèce dont le nom seul réveille l'idée d'une inflorescence 
analogue à celle de notre plante, était surtout l'objet de nos recherches. Nous 
avons fini par rencontrer un échantillon italien accompagné d'une étiquette 
ainsi conçue: « Jxia ramiflora Tenore, 1839. Puglia ». L'herbier où se 
trouve cette plante ayant été enrichi autrefois par Tenore lui-méme de plu- 
sieurs espèces de sa création, nous avions lieu de penser, bien que l'étiquette 
ne soit point autographe, que cet échantillon émanait de lui comme ceux des 
autres espèces qu’accompagne presque toujours une étiquette authentique. Or 
cette plante diffère totalement de la nôtre par son périgone trois à quatre fois 
plus grand, fortement nervé, et plusieurs autres caractères tranchés. Décus de 
ce côté et ne connaissant aucune espèce identique avec la nôtre, nous la nom- 
mámes provisoirement R. juncifolia, nom justifié par l'aspect et la forme des 
feuilles. 

Cependant, pour plus de sûreté, nous voulümes, avant de la décrire, la 
communiquer au digne président de la Société linnéenne bordelaise dont la 
science vraie et l'obligeance à toute épreuve sont connues des botanistes. 
M. Des Moulins, dépourvu, par extraordinaire, des types et des ouvrages de 
Tenore, eut recours à M. Durieu de Maisonneuve qui crut reconnaitre im- 
médiatement dans la plante montpelliéraine le A. ramiflora de Naples 
cultivé au jardin de Bordeaux. M. Des Moulins nous transmit, avec l'avis de 
M. Durieu, des graines de ce Romulea, et, plus tard, des bulbes de cette 
plante nous furent expédiés complaisamment par le savant directeur du jardiu 
de Bordeaux. M. Durieu nous renouvelait en méme temps son premier avis 
relativement à notre espèce, tout en nous faisant observer qu'il exprimait son 
impression plutôt qu'une conviction, et il nous engageait à étudier nous-mêmes 
la plante à fond et à décider. Grande fut notre surprise en songeant au 7^. ra- 
miflora de la Pouille dont nous avons parlé plus haut. En recourant alors à la 
description de Tenore que "nous pümes enfin nous procurer, nous fümes bien- 
tót convaincus que nous avions été induits en erreur dans le principe par une 
plante attribuée faussement à Tenore, ou accompagnée d'une étiquette trans- 
posée. L'étude attentive de la plante de Montpellier avec le Sylloge de Tenore 
etle Flora italiana de Bertoloni ne permettait pas d'hésiter à y reconnaitre le 
R. ramiflora (1). Nous eümes ainsi la preuve qu'il ne faut point admettre 


(4) Les ouvrages de Tenore étant rares chez nous, nous donnons ici la description 
de cet auteur pour faciliter l'étude de, notre plante. « Ixia ramiflora ; scapo basi ra- 
moso, ramis alternis ; corollis spalhas superantibus, stylo staminibus breviore, stigma- 
tibus inclusis; foliis linearibus medio latioribus, sulcatis, erectis. R. ramiflora Ten. 
append. ad indic. sem. H.R N. pro anno 1827.... Ab. I. Bulbocodio differt scapo ra- 
moso, corollis duplo minoribus, stigmatibus inclusis; ab. I minima digaoscitur scapo 
elato multifloro, corollis majoribus, » Terore, Sylloge fl. Neap. p. 25. 


- 


SÉANCE DU 27 AVRIL 1866. 247 


sans contróle l'authenticité d'une plante, lorsqu'elle se trouve dans des herbiers 
qui ont été souvent remaniés, et qu'une description claire est, en ce cas, le 
meilleur critérium de détermination. 

Voici les caracteres différentiels des trois espéces qui nous intéressent. Le 
R. ramiflora de Montpellier diffère du R. Bulbocodium des Landes, avec 
lequel on l'avait confondu, par sa tige bien plus allongée, rameuse multiflore, 
et non pas presque simple uni-biflore; par le périgone deux fois plus petit et à 
segments presque égaux ; par la foliole intérieure de la spathe verte, à bord 
scarieux assez étroit, et non presque entièrement scarieuse hyaline et striée 
de linéol.s brunes; par le style égal aux étamines, et non beaucoup plus 
long; par les filets staminaux glabres à la base, et non pas pubescents ; par le 
stigmate inclus concolore, et non exsert blanchâtre; par la capsule oblongue 
plus grande; par les graines sphériques, au lieu d’être sphérico-anguleuses. La 
plante de Montpellier, quoique à fleur beaucoup plus petite, a une taille 
double, le port roide, les feuilles fermes presque toutes dressées, moins com- 
primées, et le bulbe d'un tiers plus gros. 

Le R. Column Seb. et Maur., bien que plus voisin du R. ramiflora, en 
diffère notablement par sa taille presque naine et deux fois moindre, par son 
périgone plus petit égalant ou dépassant à peine la spathe, par sa tige presque 
toujours simple uni-biflore, recourbée à la fin de la floraison, ainsi. que les 
feuilles, par les graines ternes, anguleuses, un peu chagrinées, et non pas 
lisses, luisantes, et manifestement sphériques. 

On trouve le Z. Columna dans le département de l'Hérault à Villeneuve- 
les-Maguelonne. Le R. ramiflora croit à Roquehaute, et, plus prés de Mont- 
pellier, à la Plauehude, à Bione, prés du chemin de Grabels, etc. Il se trouve 
aussi dans plusieurs localités de la Provence, à Fréjus, à Cannes, etc., oü il 
parait remplacer, comme à Montpellier, le 2. Bulbocodium du Sud-Ouest. 

Les deux espèces, qui n’en formaient qu’une pour Magnol et Gouan, sont 
désignées dans le Botanicum Monspeliense par la phrase suivante de J. Bau- 
hin : « Crocus vernus minor alter flore minore ex albo purpureo ». Gouan les 
prend dans le F/ora monspeliaca pour le Crocus sativus de Linné. On se 
demande comment il n'y a pas vu le Crocus Bulbocodium de la première 
édition du Species plantarum qui lui était familière et qu'il cite dans son 
livre. 

Bertoloni dit dans la caractéristique du genre Romulea : semen globosum. 
MM. Grenier et Godron disent également : graines globuleuses, et Rei- 
chenbach : semina angulato-subglobosa. Les graines de toutes les espèces 
que nous connaissons nous ont paru sphérico-anguleuses, y compris celles du 
R. ramiflora cultivé au jardin de Bordeaux. Le Romulea de Montpellier que 
nous rapportons au Æ. ramiflora les a seul évidemment sphériques et roulantes 
comme du plomb de chasse. Il n'est pas rare que des plantes à graines ordi- 
nairement globuleuses produisent des graines qui se déforment par la pression 


248 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


en máürissant, et deviennent, par suite, un peu anguleuses, comme nous l'avons 
remarqué notamment dans les genres Lathyrus, Lupinus, Vicia, etc. Toute- 
fois si une étude plus prolongée de notre plante venait à révéler des différences 
spécifiques réelles, nous ne connaissons point de meilleur nom à lui imposer 
que celui de X. juncifolia que nous lui avions donné dans le principe et sous 
lequel nous l'avons adressé à MM. Des Moulins et Durieu de Maisonneuve (1). 
Les bulbes du jardin de Bordeaux que nous avons transplantés chez nous re- 
fusant de nous donner des fleurs cette année, nous avons jugé inutile d'atten- 
dre une année encore pour faire connaitre notre opinion sur la plante de Mont- 
pellier. Bien certains qu'elle a été mal nommée jusqu'à présent, nous ne 
croyons point nous tromper en la rattachant à l'espéce de Tenore. Cela nous 
parait, au reste, plus prudent et moins dommageable que de proposer un nom 
nouveau sans une entière certitude. Nous croyons également, comme M. Des 
Moulins, qu'il y a des notions de localité qui sont plus précieuses pour la 
science que la découverte d'une espèce tout à fait nouvelle, et la présence chez 
nous du Romulea napolitain nous parait un fait d'un véritable intérét pour 
la géographie botanique. 


` M. Prillieux fait à la Société la communication suivante : 


OBSERVATIONS SUR LA MATIÈRE COLORANTE DES RAISINS NOIRS, | 
par W. Ed. PRILLIEUX. 


On sait que la matière qui colore en rouge les divers organes des végétaux 
se présente généralement sous la forme d'un liquide qui remplit l'intérieur des 
cellules et se méle à l'eau quand les cellules sont déchirées. C'est là un fait 
d'observation trés-général, mais non pas absolu. On y peut trouver des 
exceptions, ainsi que je me propose de le montrer par un exemple qui me 
parait présenter un intérét particulier. 

Les raisins noirs sont, on le sait, colorés par une matière violette ou rouge 
fort abondante dans les couches de cellules les plus extérieures, dans ce qu'on 
nomme la peau du raisin. Cette matière est, au point de vue de la fabrication 
du vin, importante à considérer, car c'est certainement à elle que cette 
liqueur doit sa couleur rouge. Or, si l'on fixe son attention sur les procédés 
employés par les vignerons pour fabriquer le vin rouge, on se trouve, ce me 
semble, assez embarrassé pour mettre d'accord la pratique, dont l'efficacité 
est incontestable, avec la supposition que la matière colorante des raisins est 
liquide et soluble dans l'eau. En effet, quand on foule les raisins, le jus qui 


(1) On peut, si l'on est facile relativement à la valeur des caractéres spécifiques, don- 
ner à notre plante le nom de Romulea Rollii Parl. ; mais, d’après les renseignements 
que nous avons recus de notre ami M. Ardoino, la plante de M. Parlatore ne différant de 
celle de Tenore que par une tige généralement moins rameuse, nous croyors devoir la 
considérer, avec M. Ardoino, comme un simple synonyme du R. ramiflora. 


SÉANCE DU 27 AVRIL 4866. 249 
s'en écoule est presque incolore; si on laissait fermenter ce jus à part, on ne 
produirait pas un vin rouge; il est indispensable, pour que la liqueur prenne 
de la couleur, qu'on la mette à cuver, c'est-à-dire à fermenter dans une cuve 
contenant les peaux des raisins qu'on a pressés. D'où vient, si la matière colo- 
rante est liquide, que par le foulage elle ne s'écoule pas avec le jus, et que la 
coloration ne se manifeste dans le liquide qu'après que la fermentation a com- 
mencé à se produire et a donné naissance à de l'alcool? C’est dans le but de 
me rendre un compte exact de ce qui se passe dans ces conditions que je me 
suis livré à un examen attentif du contenu des cellules de la peau du 
raisin. 

Ch. Morren est, à ma connaissance, le seul botaniste qui ait, depuis Grew, 
fait, au point de vue anatomique, l'étude des grains de raisin (1). Il a donné 
une description détaillée de la pellicule qui enveloppe le grain et de la partie 
de la pulpe qui y reste adhérente quand on écrase le grain, c'est-à-dire des 
parties qui contiennent la matière colorante. 

Selon lui, la pellicule du grain ou l'épicarpe est formé de deux couches de 
cellules, l'extérieure incolore et transparente, l'intérieure colorée. Les cellules 
de la première couche contiennent un liquide incolore sans globules ni cyto- 
blastes, celles de la seconde renferment chacune un cytoblaste petit, blanchá- 
tre et circulaire, et autour du cytoblaste une substance chromulaire rouge 
formée d'une liqueur rouge et de globules de méme couleur. 

Quant à la portion de la chair du grain (sarcocarpe) qui est colorée, elle a 
fourni à l'ingénieux botaniste belge le sujet de très-singulières observations. 
Il y a signalé l'existence d'un grand nombre de corps rouges d'une teinte très- 
intense. Ces corps aplatis, discoides, sont placés, selon lui, entre les cellules 
ovoides du sarcocarpe, sur la surface extérieure desquelles ils sont appliqués ; 
ils ne sont pas contenus à l'intérieur de cellules. Généralement, à chaque cel- 
lule correspond un seul de ces corps, cependant on en trouve parfois plusieurs 
sur une seule cellule. Selon Morren, ce sont des organes composés de corpus- 
cules chromuleux qui sécrètent une substance liquide rouge, violette ou 
bleuátre qui finit par former un nuage autour d'eux (2). Ce sont des espèces 
de glandes internes; mais leur isolement, leur position, leur formation, leur 
organisation les éloignent à tel point de tous les organes connus qu'ils méri- 
tent, selon Morren, d'étre distingués par un nom nouveau, et il propose pour 
les désigner le mot fort bizarre de corése qu'il tire du mot grec x6:», prunelle, 
parce que chacun d'eux « placé sur une cellule y fait l'effet d'une pupille dans 
un œil ». 

Le savant belge attribue à ses coréses un rôle fort important dans la fabrica- 
tion des vins. Non-seulement il les regarde comme formant « la principale ma- 


(1) Dodonæa, p. 84, et Études sur l'analomie du raisin et la coloration des vis, lues 
à l'Académie des sciences et belles-lettres de Bruxelles, 5 septembre 1842. 
(2) Loc. cit., p. 95. 
T. XIII. (skANCES) 17 


950 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


tière colorante du vin », sans appuyer du reste sur-ce point et sans chercher 
comment elles colorent les vins, mais il insiste en outre et plus particulièrement 
sur une propriété toute différente qu'auraient selon lui ces coréses : « Si l'on 
» songe, dit-il, à leur extréme petitesse, à leur facilité de passer dans le jus 
» lorsque l'on comprime le raisin, on est tenté de croire que leur analogie avec 
» les glandes, et peut-étre déjà à cette époque ou plus tard la formation d'une 
» huile essentielle dans leur masse, peuvent les faire considérer comme les 
» corps essentiels à la formation du bouquet des vins. » 

Les observations que j'ai faites sur la matière colorante des raisins noirs, à 
l'occasion d'études plus générales que j'avais entreprises, il y a plusieurs années, 
sur les vignes et la fabrication des vins, sont loin d’être d'accord sur tovs les 
points avec celles de Morren. Je les exposerai ici le plus brièvement possible. 

L'épicarpe des grains de raisin est formé d'une couche de cellules polyédri- 
ques assez irréguliéres. Dans les raisins noirs, ces cellules contiennent toutes 
une substance liquide d'un rouge incarnat. Cette liqueur rouge n'occupe pas 
la cavité entière de la cellule, elle y forme une sorte de large goutte, tantôt sphé- 
rique, tantót un peu allongée, au milieu d'un liquide incolore avec lequcl elle ne 
se mélange pas. Il est extrémement probable que chacune de ces gouttes est 
contenue dans une vésicule trés-mince; toutefois, je dois avouer que je n'ai 
jamais pu parvenir à en distinguer les parois qui doivent étre d'une excess;ve 
ténuité. 

Pour observer ces faits, il faut enlever un lambeau de la membrane qui 
forme l'épicarpe et le placer dans l'eau sous le microscope ; mais on observe 
alors que le contact de l'eau produit dans la matière colorante des altérations 
notables. — Dans les cellules que l'instrument tranchant a. déchirées et où 
l'eau a eu un libre accés, on ne trouve pas de liqueur rouge, mais de fins gra- 
nules violets déposés sur les parois. — Dans les cellules non déchirées on voit 
bientôt la matière liquide rouge s'altérer aussi, sans doute sous l'influence de 
l'eau que l'endosmose y fait pénétrer. Souvent alors la goutte colorée parait se 
déformer et présenter en divers points des dilatations, ce qui peut, ce me sem- 
ble, s'expliquer en supposant que l'eau pénètre par endosmose dans la vésicule 
qui entoure la goutte et la distend inégalement. Toutefois, cette modification, 
la plus légere de celles qu'on observe, ne se produit pas toujours. Au bout d'un 
temps plus ou moins long, la goutte rouge disparaît, probablement par suite 
de la rupture de la vésicule qui la contenait, et la liqueur qui la forinait se 
mêle avec la liqueur incolore que contenait aussi la cellule. Dans ce moment 
on voit se former tout à coup des granules d'un rouge violet foncé, qui nagent 
dans le liquide lilas formé par le mélange de la liqueur rouge et de la liqueur 
incolore. 

Un phénomène analogue se produit bien plus rapidement quand à l'eau 
dans laquelle baigne le lambeau d'épicarpe on ajoute une goutte d'un acide 
énergique comme l'acide sulfurique. Alors on voit tout à coup la goutte rouge 


SÉANCE DU 27 AVRIL 1866. 251 


disparaître et un dépôt de matière granuleuse rouge se former. — Si, au lieu 
d'un acide on emploie un alcali comme la potasse, il y a encore altération su- 
bite de la liqueur rouge; mais alors la matière solide qui se précipite est d'un 
beau bleu. On peut, du reste, à volonté, faire passer la substance du bleu au 
rouge aprés sa précipitation en la traitant par un acide, et la ramener ensuite 
au bleu à l'aide de la potasse. La matière colorante solide ainsi précipitée est 
formée de granules d'une ténuité telle qu'ils sont presque tous animés du mou 
vement brownien. 

En résumé, nous voyons, d’après ce qui précède : 

1. Que la matiere colorante contenue dans l'épicarpe des raisins noirs se 
présente normalement sous l'apparence d'un liquide qui ne se mêle pas avec 
la liqueur incolore que contiennent aussi les cellules, et au milieu de laquelle 
il nage sous forme de goutte probablement contenue dans une vésicule. 

2. Que sous l'influence de divers agents qui, sans doute, causent la rupture 
de la vésicule, ce liquide rouge se dédouble en un liquide qui se méle à l'eau, 
et en granules insolubles, assez analogues en apparence à de petits grains de 
résine et qui sont violets dans l'eau pure, rouges dans une liqueur acide, bleus 
dans une liqueur alcaline. 

Ce qu'on appelle dans le langage ordinaire la peau du raisin est formé, non- 
seulement par l'épicarpe, mais aussi par les cellules les plus extérieures de la 
chair ou, en d'autres termes, du sarcocarpe qui y restent adhérentes. Ces cel- 
lules sont les seules du sarcocarpe qui contiennent de la matiere colorante (au 
moins dans la plupart des variétés de Vigne). 

La matière colorante s'y présente sous deux formes, ainsi que l'avait exacte- 
ment indiqué Morren; non-seulement les cellules contiennent un liquide 
rouge, mais on y observe aussi une substance solide formant de petits amas 
d'une couleur violette ou d'un rouge foncé, couleur qui varie selon le degré 
d'acidité du liquide dans lequel on l'observe. Dans l'eau pure, ils sont d'un 
beau violet. 

Les petits amas de matière colorante solide ont le plus souvent la forme de 
disques ou de lentilles, mais leur contour est rarement bien régulier : ils pa- 
raissent toujours assez minces ct sont appliqués sur la paroi de la cellule. Leur 
surface est assez irrégulière ; je n'y ai jamais pu reconnaitre de véritab'e orga- 
nisation. Ces petits disques m'ont toujours paru formés par un simple dépót 
de matière solide violette à l'intérieur des cellules, et je crois pouvoir affirmer 
qne les granules qu'ils contiennent ne sont rien autre chose que des grains de 
chlorophylle qui se sont trouvés englobés daus le dépót. 

La complète opacité de ces corps rend fort difficile l'examen de leur struc- 
ture ; mais en les traitant par l'alcool, sous le microscope on peut avoir cepen- 
dant une connaissance exacte de leur nature, L'alcool les dissout peu à peu. 
On les voit d'abord. s'entourer d'une aréole d'une couleur plus pâle, puis ils 
deviennent plus transparents, et alors, l'action dissolvante continuant, 0n aper- 


252 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


coit parfois dans leur masse quelques granules; on ne voit plus enfin à leur 
place qu'un nuage violet qui disparaît lui-même, et à l'endroit où était le disque 
violet il ne reste plus rien ou seulement quelques fins granules. L'existence 
de ces granules me parait déjà une preuve de la situation des disques de ma- 
tiere colorante à l'intérieur et non à l'extérieur des cellules, comme l'affirmait 
Morren; mais en outre l'observation directe ne m'a jamais fourni la moindre 
raison qui püt porter à admettre, corame l'a fait Morren, que ces corps soient 
appliqués sur la paroi externe des cellules. Il me semble, au contraire, fort cer- 
tain qu'ils sont produits par une matière solide quis’est déposée régulièrement 
sur un point de la paroi interne de la cellule, matière qui paraît du reste iden- 
tique avec celle que nous avons vue se déposer dans les cellules de l'épicarpe 
sous l'influence de certains agents. 

Ces faits très-simples permettent, ce me semble, de se rendre maintenant aisé- 
ment compte des opérations que pratiquent les vignerons pour obtenir un vin 
coloré. Quand on presse le raisin, le jus qui s'écoule est trés-faiblement coloré ; 
en effet, la presque totalité de la matière colorante qui est solide et insoluble 
dans l'eau, demeure collée aux parois des cellules. Dans la cuve, quand le jus 
fermente, il se forme de l'alcool, et alors seulement la matière colorante solide, 
qui, insoluble dans l'eau, est soluble dans l'alcool, se dissoutetle vin se colore. 

En ce qui a trait aux assertions émises par Morren, il résulte en outre des 
observations précédentes, que ce qu'il nomme des coréses sont des dépôts de 
matière violette, et non, comme il le supposait, des corps glanduleux placés à 
l'extérieur des cellules et sécrétant une matière colorante liquide. 

Quant à l'hypothése qui attribue à ces corps, en tant que glandes, la propriété 
de sécréter le bouquet des vins, il est clair qu'elle ne saurait plus étre soutenue 
dans l'état présent de nos connaissances. 


SÉANCE DU 11 MAI 1866. 


PRÉSIDENCE DE M. EUG. FOURNIER, VICE-PRÉSIDENT. 


M. Eug. Fournier, en prenant place au fauteuil, présente les 
excuses de M. le comte Jaubert, président de la Société, empêché 
de se rendre à la séance. 

M. E. Roze, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de 
la séance du 27 avril, dont la rédaction est adoptée. 


Par suite de la présentation faite dans la derniére séance, M. le 
Président proclame l'admission de : 


M. Perounnixow (Alexis), de Moscou, actuellement à Paris, pré- 
senté par MM. Chatin et Bescherelle. 


SÉANCE DU 11 mar 1866. 253 

M. Duvillers, membre de la Société, est proclamé membre à vie, 
sur la déclaration faite par M. le Trésorier qu'il a rempli les con- 
ditions fixées par l'art. 14 des Statuts pour l'obtention de ce titre. 


Dons faits à la Société : 
1° Par M. L, Netto : 
Additions à la flore brésilienne. 
.2° De la part de M. Ph. Parlatore : 
Le specie dei Cotoni, avec atlas. 
3* De la part de M. Goeppert: 
Beitræge zur Kenntniss fossiler Cycadeen. 
Beitræge zur Bernsteinflora. 
Ueber die Tertiær flora von Java. 


Breslauer Gewerbeblatt, n° 26. 
Ueber Aphyllostachys. 


4° De la part de M. Eichler: 


Thiloa und Buchenavia. 


5° De la part de M. Th. Caruel : 
Programma d'una Flora d'Italia. 
Supplemento al Prodromo della Flora toscana. 
6» De la part de M. Kirschleger : 
Annales de l Association philomathique vogéso-rhénane, 5° livr, 
7° En échange du Bulletin de la Société : 
Linnca, Journal fuer die Botanik, t. XXXIV, livr. 2, h et 5. 
Flora oder allgemeine botanische Zeitung. 1865, nn. 31 à 40 ; 1866, 
nn. 1à8. 
Botanische Zeitung, 1865, nn. 40 à 52 ; 1866, nn. 1 à 14. 
Erster Jahresbericht des naturwissenschaftlichen Vereins zu Bremen, 
1866. 
Pharmaceutical Journal and Transactions, mai 1866. 
The Gardeners Chronicle, avril-mai 1866, deux numéros. 
Bulletin de la Société impériale zoologique d’acclimatation, mars 
1866. 
L'Institut, mai 1866, deux numéros. 


M. Éd. Bureau annonce à la Société : 


Que les travaux entrepris à la butte du Trocadéro oat mis à découvert une 
couche géologique intéressante par l'abondance des fragments de végétaux 


254 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

fossiles qu'elle renferme. On y remarque d'abord des fruits ct de grandes 
feuilles simples appartenant à un genre éteint de la famille des Pandances 
(Nipadites), intermédiaire entre les Nipa et les Pandanus, puis un Pin à 
feuilles groupées par cinq, un Cinnamomum, un Nerium, diverses Pro- 
téacées, ctc. ; en tout 10 à 12 espèces. Le niveau de cette couche a pu être 
exactement déterminé : elle est située à.la base du calcaire grossier moyen. La 
flore fossile qu'elle présente offre, d’après notre savant collég::e M. de Saporta, 
une grande analogie avec celle des gypses d'Aix-en-Provence. 


M. le Secrétaire général met à la disposition des membres pré- 
sents un certain nombre de cartes pour assister au Congrès de bo- 
tanique et d'horticulture qui aura lieu à Londres dans le courant 
de ce mois. 

M. Cosson donne quelques détails au sujet de ce Congrès. 

M. le Président annonce à la Société que le Conseil, sur le rap- ` 
port d'une commission composée de MM. P. de Bretagne, Chatin, 
Cosson, Eug. Fournier et G. Maugin, et chargée d'examiner les 
avis reçus des départements, relativement à la tenue de la pro- 
chaine session extraordinaire, a décidé que la proposition suivante 
serait, conformément à l'article 4/ du règlement, soumise à l'ap- 
probation de la Société : 


La Société tiendra sa session extraordinaire de 1866 dans le département de 
la Haute-Savoie. Cette session s'ouvrira à Annecy le jeudi 9 aoüt prochain. 
De là on se rendra à Bonneville et à Chamonix. 


La Société adopte cette proposition à l'unanimité. 

M. Boisduval présente à la Société plusieurs plantes qui viennent 
de fleurir dansses cultures, notamment le Cypripedilum Calceolus, 
une magnifique touffe de Ramondia pyrenaica, et un Scilla pro- 
venant du midi de l'Espagne, dans lequel M. Cosson croit recon- 
naitre le Scilla lusitanica. 

M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : 


OBSERVATIONS SUR L'ACCROISSEMENT DE QUELQUES PLANTES PENDANT LE JOUR 
ET PENDANT LA NUIT, par M. P. DUCHARTRE. 


L'allongement de la tige des plantes s'opére-t-il uniformément pendant les 
vingt-quatre heures que comprend chaque journée, ou, au contraire, offre-t-il 
une différence appréciable selon qu'il a lieu pendant l'une ou l'autre des deux 
portions de la journée qui constituent le jour et la nuit? La réponse à ces deux 
questions offre, pour la physiologie végétale, un intérêt qu'il n'est pas néces- 


SÉANCE DU 44 Mar 1866. 255 


saire de faire ressortir ; toutefois il est absolument impossible de la donner avec 
tant s it peu de précision, dans l'état actuel de la science. On ne possède en 
effet jusqu'à ce jour qu'un petit nombre d'observations qui ne permettent pas 
méme d'entrevoir une loi générale, et parmi lesquelles certaines manquent de 
la précision qui semble indispensable en pareille matière. 

Frappé de cette insuffisance des données acquises jusqu'à ce jour, j'ai songé 
à utiliser, pour cet objet, mon séjour à la campagne pendant une partie de la 
belle saison, et j'ai mesuré l'allongement que prenait, pendant le jour et pen- 
dant la nuit, la tige. de quelques plantes qui végétaient en pleine terre, dans 
un grand jardin situé à Meudon (Seine-ct-O:se), qui se trouvaient par consé - 
quent dans les conditions normales. Ces observations ont été poursuivies régu- 
licrement du 6 août au 8 septembre 1865. Elles ont consisté à mesurer la crois- 
sance de la tige à trois moments de la journée : le matin à six heures, à midi, 
et le soir à six heures. Pour le moment, la mesure prise à midi est laissée de 
côté, et je ne tiens compte que de celles que je prenais à six heures du matin 
et du soir, parce qu'elles divisent la journée entière en deux parties égales qui 
peuvent étre regardées, sans inexactitude notable, comme correspondant l'une 
au jour et l'autre à la nuit. Les plantes dont j'ai suivi ainsi l'allongement sont : 
la Vigne, l'A/t/ea rosea Cavan., un Frais:er à grosses fraises appartenant à la 
variété conuue dans les jardins sous le nom de Marguerite Lebreton, le Hou- 
blon, enfin deux Glaieuls, simples formes ou variétés jardiniéres de la plante 
connue sous le nom de Gladiolus yandavensis e dont on sait que l'origine est 
purement culturale. C'étaient donc q'atre espèces dicotylédones et une espèce 
monocotylédone. 

Presque toutes les observations qui avaient été faites jusqu'à ce jour sur lal- 
longement diurne ou nocturne des tiges avaient montré le premier supérieur 
au second ; ce n'est donc pas sans étonnement que j'«i reconnu le contraire, 
dans la plupart des cas, sur mes cinq espèces de plantes, qui cependant avaient 
été prises au hasard. Je n'essayerai pas d'expliquer cette différence entre 
les observations antérieures et les miennes ; je me contente de la signaler, et 
je me propose de continuer ces mesurcs en temps et lieu, en les étendant à 
d'autres sujets, afin de voir si de nouvelles donuees viendront ainsi. confirmer 
ou contredire le résultat général que je signale. Je me bornerai à faire obser- 
ver qu'ici l'erreur n'était pas possible, puisqu'il s'agissait de simples mesures 
prises au moyen de marques tracées sur une iringle de bois fixée à demeure à 
cóté de chaque tige. Or, j'ai reconnu ainsi que, dans plusieurs cas, les plantes 
s'étaient allongées deux fois plus de six heures du soir à six heures du matin, 
ou pendant la période nocturne, que de six heures du matin à six heures du 
soir, ou pendant la période diurne. Assez souvent méme la différence entre 
l'accroissement de nuit et celui de jour a été encore plus considérable. Peut- 
être ce résultat inattendu tient-il à l'époque de l'année à laquelle j'ai fait mes 
expériences? Je ne puis, à cet égard, exprimer que de très-vagues conjectures: 


256 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


mais les faits n'en sont pas moins incontestables. J'espère, en réunissant plus 
tard de nouvelles observations du méme genre, parvenir à reconnaitre si le ha- 
sard m'a fait tomber sur des cas exceptionnels, ou s'il existe, ce qui me semble 
en ce moment peu probable, une loi générale sous laquelle viennent se ranger 
tous les accroissements de tiges, malgré les inégalités qu'ils semblent offrir. 


M. Cosson émet l'opinion que l'accroissement nocturne des tiges 
peut bien dépendre jusqu'à un certain point du rayonnement ter- 
restre et de l'état de l'atmosphére, et n'étre pas le méme par un 
temps serein que par un temps nuageux. 

M. Cosson donne ensuite lecture de la note ci-dessous : 


SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE TULIPE, par M. €. MUNBY. 
(Londres, 1*r mai 1866.) 


Les observations de M. Jordan sur le genre Tulipa, dans son premier frag- 
ment des Observations sur plusieurs plantes nouvelles, publié en 1846, sont 
trés-exactes ; mais malgré la confusion qui existe parmi quelques espèces de 
ce genre, telles queles 7. silvestris, Celsiana, gallica et australis, je viens 
ajouter à ce groupe une nouvelle espèce qui croit communément dans les envi- 
rons d'Oran (Algérie), et dont les caractéres sont à mon avis assez tranchés 
pour la distinguer de toutes les autres Tulipes. 

TULIPA FRAGRANS nov. sp. — Bulbo ovato parvo, squamis fuscis obtecto ; 
caule 2-3 decim. longo, ad tertiam partem usque folioso, uni-vel rarissime 
bifloro; foliis glaucis, linearibus, insigniter canaliculatis, apice acutis, supe- 
rioribus tantum strictis, caule sublongioribus ; floribus etiam ante anthesim 
erectis, luteis, odoratissimis, phyllis 5 centim. longis, subæqualibus, apice 
glabris, late lanceolatis, exterioribus angustioribus externe viridibus, margine 
luteo et rubro-fusco, interioribus basi villosis, omnino luteis sed dorso carina 
viridi instructis; staminibus flavescentibus, basi villosis subinæqualibus, 
ovario virescente brevioribus, antheris luteis ; stigmate triangulari non dilatato. 

Floret ineunte Aprili in campis argillosis prope Oran, ubi vulgo reperitur. 

L'étroitesse des feuilles, et la position des fleurs avant l'anthése, avec la 
glabréité des divisions du périgone à leur extrémité, servent à distinguer la 
présente espèce du Tulipa silvestris L., sans tenir compte de l'odeur des 
fleurs, de la brièveté des étamines eu égard à l'ovaire, et d'autres caractères 
d'une moindre importance. De Candolle (dans les Ziliacées de Redouté, 
vol. III, n° 165) parle d'une variété B du Tulipa silvestris, qui, dit-il, 
a les fleurs odorantes et plus petites, et qui a été indiquée par Link sous le 
nom de 7. australis. Differe-t-elle de notre T. Ce/siana? Mais Lange et 
Willkomm, dans leur Prodromus Floræ Hispanic, donnent au T. australis 
Lk les caractères de « inodora, phyllis apice puberulis », et ils ajoutent que 


SÉANCE DU 14 war 1866. 257 
la plante d'Algérie diffère du 7. australis Lk, par les divisions extérieures du 
périgone verdátre en dehors, et par ses fleurs trés-odorantes. La description 
du T. Celsiana donnée par MM. Grenier et Godron dans leur Æore de 
France conviendrait à notre plante, et la citation des exsiccata de M. Balansa 
autoriserait à croire que les caractères ont été étudiés sur un échantillon pro- 
venant d'Algérie. 


M. Prillieux fait à la Société la communication suivante : 


APERCU GÉNÉRAL DE L'ORGANISATION DES RACINES DES ORCHIDÉES, 
pr M. Éd. PRILLIEUX. 


Les Orchidées n'ont jamais, à aucune époque de leur vie, de racines autres 
que des racines adventives (1). 

Daus la graine müre, l'embryon encore imparfait ne présente méme au 
moment de la germination ni tigelle ni radicule; il est réduit à un globule 
celluleux encore porté par un suspenseur, et est analogue, non à un embrvon 
complet de Monocotylé, mais à un embryon monocotylé durant les premieres 
phases de sa formation ; il s'arrête dans son développement, sans jamais par- 
venir à la période où dans le corpuscule embryonnaire se manifestent des 
organes particuliers; il n'a Jamais de radicule. 

Durant un temps plus ou moins long, l'embryon germant, ou en d'autres 
termes la trés-jeune plante, vit sans racines en puisant ses aliments dans le 
sol à l'aide de papilles (poils radicaux) qui se développent par bouquets sur la 
surface du corps embryonnaire qui se gonfle en tubercule. Ce n'est que plus 
tard, lorsque le bourgeon terminal se développe de facon à produire une tige, 
que l'on voit apparaitre des racines à la partie inférieure de cette tige. J'ai 
montré ailleurs (2) que l'GEceoclades maculata (Angrecum maculatum), du- 
rantsa germination, prend un développement très-considérable avant de pro- 
duire de racines. 

Quelques Orchidées très-singulières offrent à l'état adulte et d'une maniere 
permanente cette organisation si exceptionnelle et qui n'est que transitoire 
dans l'OFE'ceoclades maculata : tels sont l'£pipogon Gmelini et le Coral- 
liorrhiza innata, les seules plantes, je crois, parmi toutes les Phanérogames, 
qui soient véritablement dépourvues de racines pendant toute la durée de 
leur vie (3). 


(1) Je ne puis comprendre comment Payer a pu attribuer aux Vanilles des racines 
autres que des racines adventives : «Les racines proprement diles de la Vanille, dit-il 
(Élém. de bot. p. 14), ne se détruisent pas pendant toute la vie de la plante, et par 
suite, les racines adventives ne sont jamais que des racines auxiliaires. » J'avoue qu'il 
m'est impossibie de concevoir à quelle sorle de racines il est fait ici allusion. 

(2) Voy. Ann. sc. nat., h° série, t. V, p. 119. 

(3) Voy. Bull. Soc. bot., t. IV, p. 768. 


258 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Toutes les racines des Orchidées, étant des racines adventives, se développent 
à l'intérieur des tissus qu'elles crèvent pour se montrer au dehors, et suivant 
la loi générale du développement des racines adventives. Il n'y a donc pas à 
insister sur ce point. 

En général, dans les Orchidées, comme dans la plupart des végétaux, les 
racines sont toutes semblables sur la méme plante; dans telle espèce, elles sont 
trés-longues et très-minces; dans telle autre, plus charnues ; dans d'autres 
encore courtes, épaisses et renflées de facon à constituer de véritables tuber- 
cules. Dans les Ophrydées, au contraire, on trouve sur chaque pied des racines 
de deux sortes : les unes fibreuses, les autres renflées en tubercule et insérées 
à la base des bourgeons. Ces dernières racines ont la propriété de se diviser 
en plusieurs lobes par partition, normalement dans certaines espèces (Orchis 
maculata, Gymnadenia conopea), accidentellement dans d'autres. Ce phé- 
nomène est assez fréquent dans le Platanthera chlorantha (1). 

La surface des racines est d'ordinaire recouverte de papilles, organes des- 
tinés à l'absorption de l'humidité et des aliments nécessaires à la vie de la 
plante. 

Dans les Orchidées sans racines, comme les Coralliorrhiza et Epipogon, 
le rhizome porte des papilles pareilles à celles que l'on voit d'ordinaire sur les 
racines. Dans quelques autres Orchidées au contraire, qui ont l'aspect de 
plantes parasites et sont dépourvues de parties vertes, les racines ont une sur- 
face entièrement lisse et ne portent pas de papilles. C'est ce qu'on voit, par 
exemple, dans le Veortia Nidus-avis et le Limodorum abortivum. Dans les 
racines aériennes, la couche superficielle est. blanche et remplie d'air, elle a 
un aspect tout spécial et a recu un nom particulier, celui d'enveloppe de la 
racine (velamen radicis). 

Pour donner en peu de mots une idée juste de la structure anatomique des 
racines des Orchidées, le mieux est, je crois, d'en connaitre le type, qui sans 
doute ne se réalise pas toujours complétement, mais qui se montre toutefois 
d'une facon plus ou moins marquée, au moins dans les racines aériennes, qui 
sont, de toutes, celles dont l'organisation est le plus compliquée. En effaçant les 
différences qui distinguent les zones successives qu'on aura étudiées là où elles 
sont trés-tranchées et nettement caractérisées, on arrivera aisément à la struc- 
ture trés-simple des Orchidées terrestres de nos pays, qui ne présentent, sur 
une tranche de racine, qu'un cercle de faisceaux vasculaires d'une grande 
ténuité au milieu d'une masse de parenchyme homogène. 

Sur une coupe de racine aérienne d'Orchidée, on remarquera successi- 
vement, en allant du centre à la circonférence, les parties suivantes : 

1^ Le centre de la racine est occupé par une moelle composée de cellules 
d'ordinaire assez larges, surtout près de l'axe, et plus ou moins allongées dans 


(1) Voy. Ann. sc. nal., 5* série, t. IV, p. 265. 


SÉANCE DU 11 mar 1866. 259 


le sens de la longueur de la racine. Souvent les parois de ces cellules sont 
minces ; mais il n'est pas rare non plus qu'elles s'épaississent et présentent des 
ponctuations ; si alors elles sont très-allongées, elles se confondent par des 
transitions insensibles avec l'anneau ligneux qui enveloppe !a moelle. Dans un 
certain nombre de plantes, la moelle de la racine est très-étroite ; elle parait 
manquer complétement dans les Ép'pactidées. Dans certaines Vandées, le 
Vanda multiflora par exemple, la moelle contient quelques petits faisceaux 
vasculaires çà et là au milieu du parenchymo. 

2° L'anneau ligneux qui entoure la moelle est formé d'une série de faisceaux 
disposés en cercle autour de la nroelle, et contenant chacun au centre un 
cordon de cellules conductrices (1) entouré de fibres ligneuses à parois d'or- 
dinaire assez épaisses. Sur les cótés oü les faisceaux voisins se touchent, se 
trouvent les vaisseaux, qui se montrent par conséquent disposés en ligne droite 
dans le sens des rayons sur une tranche de la racine. Ces rangées de vaisseaux 
prises deux à deux entourent les faisceaux comme entre les deux bras d'un V. 
Les vaisseaux ainsi disposés ne sont pas tous de méme taille: les plus gros se 
trouvent prés de la moelle, les plus petits à la périphérie. Les plus gros sont 
ordinairement réticul's ou rayés, les plus petits annelés ou méme spiraux. Sou- 
vent les plus extérieurs se montrent déroulables comme des trachées, au 
moins dans une partie de leur longueur. 

A la périphérie de l'anneau ligaeux ainsi constitué est une couche formée 
d'une seule assise de cellules trés-allongées dont les parois sont souvent trés- 
épaissies, surtout par le côté qui est appliqué contre les fibres ligneuses. Les 
cellules qui sont adossées aux faisceaux fibreux sont les seules qui présentent 
un épaississement considérable et offrent un aspect fort analogue à celui des 
fibres libériennes; dans l'intervalle des faisceaux, à l'extrémité des lignes 
rayonnantes de vaisseaux, la couche résistante est interrompue, et l'on ne trouve 
on ces points que des cellules minces. Dans beaucoup de.racines, du reste, 
toutes les cellules de cette couche ont des parois minces, et la couche elle- 
méme devient peu distincte. 

3° A l'extérieur de l'anneau ligneux est une zone, souvent très-épaisse, de 
parenchyme cortical formé de cellules ordinairement ovoides qui contiennent, 
surtout celles qui sont le plus voisines de l'extérieur, des grains de chloro- 
phylle. Souvent les cellules de cette région portent sur leurs parois des dépóts 
réticulés, des anneaux, etc., qui donnent de la solidité aux racines et les ren- 
dent moins cassantes. 

h° Au delà se trouve la couche qui a été nommée épiderme ou membrane 
épidermoide par MM. Schleiden, Unger, Fockens et Chatin ; c'est l'endoderme 


(1) J'emploie volontiers cette dénomination, qu'a proposée M. Caspary, pour désigner 
le tissu délicat que M. H. de Mohl a nommé vaisseaux prepres (vasa propria), que 
M. Sckacht regardait comme du cambium, et dont la véritable nature est encore contro- 
versée. 


260 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de M. Oudemans. Cette couche est très-remarquable par la disposition singu- 
lière des cellules qui la composent, et qui sont alternativement allongées et 
courtes, épaisses et minces. Les cellules allongées sont très-souvent épaissies, 
mais seulement d'ordinaire par la face externe et sur les cótés. Les cellules 
courtes, au contraire, sont minces : ce sont elles qui ont été prises pour des 
stomates, Cette couche, formée toujours d'une seule assise de cellules consti- 
tuées comme il vient d'étre dit, enveloppe la racine d'une sorte de tube résis- 
tant percé d'ouvertures, qui, tout en la protégeant, laisse une communication 


facile entre le parenchyme cortical et la couche la plus externe de la racine, le 
velamen. 


+ 5° Le velamen, ou enveloppe de la racine, est situé au-dessus de la couche 
précédente ; mais comme cette dernière n'est pas, à mon avis, analogue à un 
épiderme, le velamen ne doit pas étre regardé comme extérieur à l'épiderme, 
comme le pensaient les auteurs qui lui ont donné ce nom d'enveloppe de la ra- 
cine (velamen radicis). Yl est, selon moi, l'épiderme méme. 

Le velamen atteint souvent une épaisseur considérable, et est formé d'un 
grand nombre de cellules dont les parois sont tapissées le plus souvent de fils 
spiraux trés-minces et très-serrés. 

L'ensemble de ces cellules forme un tissu spongieux où l'air extérieur a fa- 
cilement accès. D'ordinaire il est rempli d'air et parait à cause de cela d'une 
couleur blanche ; mais l'eau y pénétre aussi avec une extréme facilité et, en 
imbibant le tissu du velamen, fait disparaître la couleur blanche et apparaitre 
par transparence la verte qui est celle du parenchyme cortical situé en dessous. 
A l'extrémité en voie de développement des racines, là où le tissu du velamen 
est encore formé de cellules à parois lisses et qui sont remplies de liquide, c'est 
la couleur verte qui apparait constamment. 

Daus certaines plantes, les couches les plus profondes du ve/amen, au lieu 
de porter des fils spiraux, s'épaississent sur une grande partie de leur surface 
et présentent des aréoles et des ponctuations. 

L'assise superficielle du velamen porte souvent cà et là des papilles dues 
comme d'ordinaire à un simple prolongement des cellules, qui a la forme d'un 
tube fermé par le bout. 

La nature du velamen et de la couche située au-dessous a été très-contro- 
versée. Pour les auteurs qui assimilent la couche inférieure à un épiderme, 
comme l'ont fait Meyen, MM. Schleiden, Unger, Fockens, Chatin, etc. , le vela- 
men est un organe appendiculaire (Schleiden), un produit (Chatin) de 
l'épiderme. 

L'opinion de Schacht est toute différente, et c'est celle à laquelle s'est rallié 
M. Oudemans dans un mémoire trés-exact et trés-complet qu'il a publié sur ce 
sujet spécial. Ces savants observateurs considérent comme analogue à l'épi- 
derme l'assise la plus extérieure du velamen, celle qui seule porte les papilles. 
Le reste du velamen est, par suite, regardé par eux comme une zone exté- 


SÉANCE DU 14 mar 1866. 261 


rieure de parenchyme cortical, séparée du reste de l'écorce par une couche 
offrant une structure particulière, et qui est celle que les autres auteurs ont 
considérée comme étant l'épiderme. 

Quant à moi, je ne trouve pas 'qu'il y ait de raison suffisante pour admettre 
ainsi qu'il y ait dans le ve/amen plusieurs couches de nature éminemment dif- 
férente. Je regarde le velamen tout entier comme analogue à un épiderme, 
et la couche située au-dessous comme une couche sous-épidermique. 


Aprés cette communication, M. Germain de Saint-Pierre dit : 


J'ai reconnu, depuis longtemps déjà, et j'ai eu occasion d'établir, que non- 
seulement les plantes de la famille des Orchidées, mais les plantes de presque 
tous les groupes monocotylés, ne sont pourvues, à part la radicule ou racine pri- 
mordiale (qui se détruit en général trés-rapidement), que de racines adventives, 
c'est-à-dire émises par des tiges souterraines ou rhizomes : que ce rhizome 
soit pourvu de racines fibreuses filiformes, ou épaisses et charnues ; que cette 
souche porte ou non des tubercules, c'est-à-dire des bourgeons charnus ; qu'elle 
soit elle- méme gréle ou charnue, courte ou longuement tracante, souterraine 
ou rampante; qu'elle soit constituée par des bulbes ou bourgeons écailleux à 
écailles charnaes, ou par des faux-bulbes, c'est-à-dire des épaississements bul- 
biformes des axes souterrains. 

Dans les groupes des Palmiers, des Liliacées, des Amaryllidées, des Aspa- 
raginées, des Iridées, des Orchidées, des Naiadées, des Joncées, des Cypé- 
racées, des Graminées, etc., etc., je ne connais aucune plante dont les fibres 
radicales ne soient pas émises par un rhizome ou tige souterraine, Le groupe 
des Dioscorées me parait seul faire exception, au moins chez les Monocotylées 
indigènes : la souche charnue verticalement descendante du Tamus communis 
est une véritable racine pivotante de forme trés-bizarre et à divisions non 
effilées mais obtuses. 

Cette absence, presque générale, de racine pivotante, avec production de 
racines adventives, est donc un des traits les plus caractéristiques de l'embran- 
chement des Monocotylées. 


M. Bureau fait observer que le Tamus, qui se rapproche des 
Dicotylédones par la nature de sa racine, s'en rapproche en méme 
temps par la forme et la nervation de ses feuilles. 

M. Chatin dit que les Orchidées différent des autres Monocotylé- 
dones en ce que les premiéres racines méme sont adventives; il 
demande à M. Prillieux s’il a observé le velamen dans toutes les 
racines aériennes d'Orchidées qu'il a examinées. 

M. Prillieux répond aflirmativement. 

M. Chatin croit que le velamen manque dans quelques racines 


269 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


d'Orchidées. La couche composée de cellules alternativement lon- 
gues et courtes se trouve tantôt à l'extérieur et tantót sous le ve- 


lamen. 
M. Prillieux dit qu'il ne l'a jamais vue à l'extérieur. 


M. Duchartre dit : 


Que nous ignorons complétement le rôle de cette couche. Ce qui est cer- 
tain, c'est que les racines aériennes d'Orchidées n'absorbent pas l'humidité 
atmosphérique en vapeur. Dans les lieux où ces plantes croissent naturelle- 
ment, elles émettent, au dire des voyageurs, une quantité de racines bien plus 
considérable que dans nos serres ; il y a souvent deux ou trois couches de ces 
racines entremêlées dans tous les sens. Ce tissu retient les poussières trans- 
portées par le vent et finit par se trouver plongé dans un sol artificiel. 


M. Chatin dit : 


Qu'il admet, avec M. Duchartre, la non-absorption de la vapeur d'eau par 
les racines d'Orchidées. Il ajoute qu'elles absorbent trés-bien l'eau sous forme 
de rosée et de pluie. Ces racines se chargent d'eau très-vite et ne l'abandon- 
nent que très-lentement. Le siége principal de l'absorption est la partie verte 
qui s'enfonce sous le velamen. Quant au velamen lui-même, peut-être a-t-il 
une certaine action sur l'atmosphére. On y trouve des composés ammoniacaux 
et nitreux, et il parait jouer le rôle d'une sorte d'éponge organique, rôle offrant 
une certaine analogie avec celui de l'éponge de platine. 


M. Duchartre rappelle les expériences qu'il a faites au Muséum, 
et qui ont montré que des Orchidées plongées dans un air trés-hu- 
mide, mais privées d'arrosement, perdent de leur poids. 


SÉANCE DU 95 MAI 1866. 


PRÉSIDENCE DE M. AD. GUBLER, VICE-PRÉSIDENT. 


M. Bureau, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la 
séance du 11 mai, dont la rédaction est adoptée. 


Dons faits à la Société. 


1* Par M. Ad. Brongniart : 

Annales des sciences naturelles, 5° série, t. IV, nn. 2 à 4. 
2 Par M. Duchartre: 

Éléments de botanique. 


SÉANCE DU 25 Mar 1866. 263 
3° De la part de M. E. Doissier : 

Icones Euphorbiarum, ou figures de 122 espèces du genre Euphorbia, 
dessinées et gravées par M. Heyland, avec des considérations sur la 
classification et la distribution géographique des plantes de ce genre. 

^^ De la part de M. Hosskarl : 7 
Sur les Commélynacées. 
5° De la part de M. le comte de Lambertye : 

Les plantes à feuilles ornementales en pleine terre, 2° partie. 

6° De la part de M. E. Constant : 

Catalogue des Lépidoptères de Saône-et-Loire. 

7° De la part de M. Contejean : 
Des phénomènes diluviens. 


8° De la part de la Société d'horticulture de la Cóte-d'Or : 
Bulletin de cette Société, novembre-décembre 1865. 
9° En échange du Bulletin de la Société : 
Wochenschrift fuer Gertneret und Pflanzenkunde, 1866, quatre nu- 
méros. 
The Gardeners Chronicle, mai 1866, deux numéros. 


Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, avril 1866. 
L'Institut, mai 1866, deux numéros. 


M. Cosson fait hommage à la Société, au nom de la famille de feu 
M. Maille, de trois centuries de l’exsiccata intitulé Reliçuiæ Mail- 
leanæ. Ces centuries comprennent 335 espèces dont 220 appar- 
tiennent à la flore de France. 

M. Cosson appelle, à cette occasion, l'attention de la Société sur 
un procédé trés-simple et trés-pratique de conservation des plantes. 
Ce procédé, dont l'examen des collections laissées par M. Maille 
démontre les bons effets, consiste à envelopper chaque fascicule avec 
du papier goudronné et à le comprimer fortement de maniére à y 
empécher, autant que possible, l'accés de l'air. 

M. Duchartre est d'avis que ce mode de conservation peut n'étre 
pas toujours suflisant, et il dit avoir vu des collections qu'une trés- 
forle compression n'a pas préservées des ravages des insectes. 

M. Cosson ajoute que d'ailleurs il est encore un meilleur moyen 
de conserver les plantes d'herbier, qui consiste à les inettre dans 
des boites bien fermées, avec de petits flacons ou éprouvettes con- 
tenant de la benzine renouvelée au moins deux fois par an. 


264 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


M. Gubler fait hommage à la Société d'un mémoire qu'il vient 
de publier, sur un mycelium analogue à l'Oidium albicans (muguet 
des enfants). 

Lecture est donnée d'une lettre de M. Pascal Jourdan, qui 
remercie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. 

M. le Secrétaire général annonce que MM. les membres de la 
Société sont invités à faire, le 10 juin prochain, une excursion aux 
environs de Nemours, qui sera dirigée par M. Cosson. 

M. Lefévre fait à la Société la communication suivante : 


APERQU GÉNÉRAL SUR LA VÉGÉTATION DE LA BASSE-COCHINCHINE (POSSESSIONS 
FRANÇAISES), par M. Édouard LEFÈVRE. 


Appelé en Cochinchine, vers la fin de l’année 1863, pour y occuper une po: 
sition administrative, j'ai tâché, en dehors de mes occupations, de mettre à 
profit mon goût pour l'histoire naturelle et en particulier pour la botanique. 
Malheureusement, les difficultés de voyages, de récoltes, et surtout de con- 
servation des échantillons, dans un pays aussi neuf, aussi humide et aussi mal- 
sain, jointes au peu de temps dont j'ai pu disposer, ne m'ont pas permis d'en 
étudier la végétation d'une manière aussi sérieuse et aussi complète que je 
l'eusse désiré. Néanmoins, pendant un séjour de prés de deux années, j'ai pu 
parcourir quelques-uns des postes les plus importants de la colouie; aussi 
les plantes que j'ai rapportées ont été récoltées un peu partout, quoique plus 
particulièrement aux environs de Saigon, lieu de ma résidence, et peuvent 
donner un apercu des richesses botaniques de nos possessions dans cette partie 
de l'Inde. 

La portion de l'empire d'Annam soumise àla domination francaise est située 
sous le dixiéme degré de latitude nord, et par conséquent en plein entre 
les tropiques. L'année s’y trouve partagée presque également en deux saisons. 
Du mois de décembre au mois de mai (époque de la saison sèche), la végéta- 
tion, pour ainsi dire arrêtée, languit sous une atmosphere embrasée que ne 
vient rafraîchir aucune goutte de pluie ; mais quand arrive la saison des pluies 
(c'est-à-dire de mai en décembre), tout change subitement d'aspect. Le feuil- 
lage des arbres se ravive, et la terre se couvre d'un épais tapis de verdure. Ce- 
pendant, quoique vigoureuse et belle, la végétation des plaines de la Basse- 
Cochinchine ne répond pas à l'idée qu'a pu se faire de la végétation tropicale 
le voyageur qui a parcouru le Brésil, les Antilles, Cevlan et les iles de la Sonde. 
Il n'y rencontre pas, comme dans ces contrées privilégiées, les grands Pal- 
iniers, ni les admirables Fougères arborescentes qui contribuent à imprimer au 
paysage une physionomie si grandiose. A part le Phænix paludosa, abondant 
dans les foréts du littoral qui bordent le Soirap, et quelques Cocotiers rares et 
rabougris, les princes du règne végétal ne sont guère représentés en Cochin- 


SÉANCE DU 25 MAI 1866. 265 
chine que par les Aréquiers. Aussi, bien que le pays semble couvert d'une 
vaste forét, la prédominance des arbres en boule donne au paysage une appa- 
rence qui rappelle plutót la zone tempérée que le voisinage de l'équateur. 

Aux environs de Saigon, le sol, entrecoupé d'arroyos nombreux, est géné- 
ralement plat et d'une humidité exceptionnelle. Seuls, quelques Bananiers et 
les Aréquiers, plantés autour des habitations où ils forment souvent de vérita- 
bles bois, viennent rompre un peu la monotonie du paysage, et le matin, les 
suaves émanations de leurs fleurs sont un heureux correctif aux âcres odeurs 
qui s'exhalent des centres de population annamites. 

Avant l'occupation francaise, les plaines de Saigon devaient étre habitées 
par une population industrieuse et riche, dont les cases étaient entourées de 
vastes jardins fermés de haies impénétrables de Bambous ou clóturés par 
l'Zuphorbia antiquorum aux rameaux triangulaires hérissés d'épines et ayant 
l'apparence d'un Cactus. Les révolutions ct la guerre ont, il est vrai, détruit 
les habitations et bouleversé les jardins, mais leur emplacement est aujourd'hui 
facile à retrouver. Ces jardins étaient ombragés par de grands arbres qui sub- 
sistent encore : des Tamariniers en grand nombre et les plus beaux du monde, 
des Jacquiers (Artocarpus integrifolia L.) (1), le Filao (Casuarina equiseti- 
folia L.), et d'énormes Figuiers de l'Inde, dont les diverses espèces, con- 
fondues sous le nom d' Arbres des Banyans, se rapportent principalement aux 
Ficus bengalensis, Sycomorus, religiosa, indica et Benjamina. 

Les arbres fruitiers n'étaient pas moins importants ; ceux que l'on rencontre 
encore témoignent du soin avec lequel ces propriétés étaient entretenues. Ici 
poussent avec vigueur des Manguiers magnifiques; là les Orangers, les Citron- 
niers, les Pamplemousiers unissent leurs branches à celles des Pommiers-Can- 
nelle (Anona squamosa L.); plus loin croissent les Pommiers d’acajou (Ana- 
cardium occidentale), le Goyavier (Psidium pomiferum), le Carambolier 
(Averrhoa Carambola) et un peu partout le Papayer et le Mangoustanier( Gar- 
cinia Mangostana). Ce dernier arbre, dont le fruit est trés-estimé, parait étre 
d'importation assez récente, si l'on en juge par le silence que garde à son égard 
l'auteur de la Flore de Cochinchine. 

Comme plantes d'ornement, restes d'anciennes cultures, on trouve près des 
habitations : Clitoria ternata, Calonyction speciosum , Poinciana pulcher- 
rima, plusieurs variétés d'Zpomwea, grand nombre de Balisiers, de Datura, 
de Gardenia à fleurs doubles, le Gomphrena globosa et la Sensitive (Mimosa 
pudica L.). 

Comme végétaux de grande culture, il faut citer en premiere ligne le Riz 
(Gao), qui se cultive dans toute la colonie et dont les Annamites reconnaissent 


(1) Dans le pays, on désigne à tort cct arbre sous le nom d'Arbre à pain. Le véritable 
Arbre à pain (Artocarpus incisa L.) croit à Ceylau et dans les iles dela Sonde, mats na 
pas été trouvé à ma connaissance en Cochinchine, En 1865, on a cependant tenté de 
l'importer dans l'ile de Poulo-Condore. 


T. XII. (stances) 18 


266 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

un grand nombre de variétés. L'une d'elles, entre autres le Nep (Oryza glu- 
tinosa ? Lour.), sert principalement à fabriquer une eau-de-vie infecte connue 
sous le nom de choum-choum. ` 

Vient ensuite la Canne-à-sucre (Mia), qui n'est : uere cultivée sur une grande 
échelle que dans la province de Bien-hoa. L'Arwm esculentum (Cáy-mon),le 
Mais, le Manioc, le Coton, l'Indigo, le Mürier, le Tabac et les Arachides sont 
cultivés un peu partout, mais dans une proportion restreinte. 

Le commerce de la noix d'Arec est assez considérable ; d’après les renseigne- 
ments qui m'ont été fournis, chaque pied d'arbre rapporte eii moyenne plus 
de 4 franc par an et peut donner des fruits pendant 25 ans. 

En raison de l'immense consommation du Bétel (Traù), la culture de cette 
plante est très-productive et par suite les plantations sont très-communes. En 
Cochinchine, tout le monde mâche la feuille de Bétel, jointe à un quart de 
noix d'Arec, du tabac et un peu de chaux. Cette mastication dégoütante, qui 
corrode les lévres, noircit les dents et remplit sans cesse la bouche qu'elle dé- 
forme d'une salive sanguinolente, est, dit-on, stomachique et anti-dysenté- 
rique : de là son emploi si universel dans toute l’Indo-Chine. 

Si l'on ajoute à tous ces végétaux le Rocou (Bixa Orellana L.), plusieurs 
variétés de Bananier, le Fayotier (Agati grandiflora) à fleurs blanches et 
roses et le Flamboyant (Erythrina Corallodendron Lour.) aux belles corolles 
d'un rouge éclatant, on aura la nomenclature à peu prés compléte de ce que 
j'appellerai la végétatton subspontanée, résultant de cultures et d'importations 
plus ou moins anciennes. 

Jetons maintenant un coup d'œil sur la végétation spontanée. 

Dans les parties basses ou rizières, sur les rives des fleuves et des arroyos 
sujets aux alternatives des hautes et basses marées, la végétation est assez uni- 
forme et comprend une foule de points communs avec les contrées voisines. 
Prés des embouchures croissent deux Palétuviers, devenant exceptionnelle- 
ment des arbres médiocres, Rhizophora Candel et Rhizophora gymnor- 
rhiza Low (1). 


(1) Le Flora cochinchinensis de Loureiro, ouvrage plein de mérite sans doute pour 
l'époque à laquelle il a été publié (1793), est bien insuffisant aujourd'hui, et ne peut être 
que d’un bien faible secours pour la détermination des plantes de Cochinchine.— Beau- 
coup d'espèces n’y figurent pas, et pour n'en citer qu'un exemple, il n'y est pas fait men- 
tion des Cáy-daü, Cây-go, etc., végétaux qui forment le fond de la végétation des forêts 
et dont il semble étonnant que l'auteur n'ait pas eu connaissance. Il y a tout lieu de 
penser que Loureiro n'a pas eu sous les yeux Ja majeure partie des plantes qu'il a 
signalées, et qu'il s'est contenté de copier ses descriptions dans les auteurs du temps, en 
s'en rapportant le plus souvent au témoignage d'autrui. Aussi est-il fort difficile et sou- 
vent même impossible de reconnaitre les espèces qu'il a décrites. Cependant, dans le 
cours de cette note, j'ai pu en citer quelques-unes, mais c’est à l'aide des noms vulgaires 
annamites que j'ai pu les retrouver. Encore ne faut-il employer ce inoyen qu'avec circon- 
spection, ces noms vulgaires étant pour la plupart très-inexacis et pouvant parfaitement 
induire en erreur. 


SÉANCE DU 25 MAI 1860. 267 


Cette. dernière espèce est l’objet d'un commerce important à cause des 
perches qu'elle fournit et qu'on utilise à construire des palissades autour des 
habitations. 

On trouve mêlé à ces deux Palétuviers et trés-commui lé Sinnerütia acida 
(Rhizophora caseolaris Lour.), aux fleurs solitaires, pourvues de nombreuses 
et longues étamines rosées. 

En remontant les arroyos, et à mesure que l'action de l'eau salée se fait 
moins sentir, apparaissent : /nfsia amboinensis, Stravadium coccineum (Me- 
feorus coccineus Lour.), Barringtonia racemosa, un Xylocarpus indéter- 
miné, et surtout un Calophyllum peu connu, qui est peut-être le Palsamarta 
inophyllum de Loureiro. Cet arbre, appelé Céy-muu par les Annamites, 
laisse suinter une résine verdàtre et produit un fruit qui renferme üne huile 
employée pour la conservation des bois. 

: Dans les bras des arroyos qui s'avancent le plus dans les rizières abondent 
le Cryptocoryne ciliata Kunth et le Palmier d'eau (Nipa fruticans Kunth, 
Cocos Nipa Lour.). Les feuilles de cette belle Pandanée, qui atteignent jus- 
qu'à 4 et 5 mètres de longueur, sont employées, comme les Rouches (Phrag- 
mites communis) dans certaines parties de la Beauce, pour couvrir les tnaisons. 

Dans les marais qui bordent les cours d'eau, se rencontrent principalement 
Melastoma dodecandra Lour. aux belles fleurs roses, Dilivaria ilicifolia, 
Ardisia Pyrgus (Pyrgus racemosa Lour.) et grand nombre de Cypéracées 
et de Graminées. 

Les pelouses humides et marécageuses sont littéralement couvertes d’ Hydro- 
cotyle abbreviata (Trisanthus cochinchinensis Lour.). On y trouve égale- 
ment, mais moins nombreux, plusieurs Jussiæa et Ludwigia au milieu de 
quelques Commelyna, dont les fleurs bleues si délicates se mêlent aux corolles 
roses des petites Scrofularitiées (Bonnaya, Torenia), et au feuillage si 
tendre de plusieurs Rubiacées appartenant presque toutes à la tribu des 
Hédyotidées. 

Les eaux stagnantes produisent également qüelques belles plantes, parmi 
lesquelles je citerai : Æ'schynomene aspera (Cäy-dien-dien) dont les tiges 
servent à fairé les chapeaux dits de moelle d'aloés, I Utricularia flexuosa 
Vahl, uii. Pontéderia à fleurs bleuâtres, tin Sagittaria voisin du sagitti- 
folia et surtout le Jussiæa repens L. ou Cubospermum palustre de Loureiro 
dont les corolles blanches, vues de loin, rappellent assez bien les fleurs de notre 
Renoncule âquatique, et par cela méme ravivent dans le cœur des Européens 
le souvenir de la patrie absente. 

Si maintenant nous párcourons les terrains vagues, nous les verrons coü- 
verts de Polanisia viscosa DC. , Capparidée commune en Egypte, mêlée à titit 
quantité considérable de Sida scoparia (Cäy-bay-choi) dont les tiges servent 
à faire des balais. Au milieu du fouillis inextricable formé par cette plante, 
végètent : Cardiospermum Halicacabum L., Tragia pilosa (Urtica pilosa 


268 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

Lour.), Uraria lagopoides DC. (Hedysarum lagopodioides Lour.), Leonurus 
sibiricus L. (Stachys Artemisia Lour.), Urena sinuala L., Heliophytum 
indicum DC., Hibiscus tiliaceus, plusieurs Corchorus et grand nowbre 
de Légumineuses herbacées appartenant principalement aux genres Cassia et 
Indigofera. 

Au nord de Saigon se trouve une vaste plaine, connue sous le nom de 
Plaine des Tombeauz, couverte encore de tumuli que le temps et la guerre 
ont privés pour la plupart de leur revétement de pierre et de leur ornementa- 
tion de peintures bizarres. Cette vaste nécropole, que traverse la route de 
Saigon à Tong-kéou, est entourée de tous côtés de légères ondulations de ter- 
rain couvertes d'arbres et de broussailles, qui offrent au botaniste un assez 
grand nombre de plantes intéressantes. 

Dans les endroits bas où l'eau séjourne pendant la saison des pluies, on peut 
récolter : Utricularia nivea Vahl, U. bifida L. et U. Wallichiana Roxb., 
un Zurmonnia à fleurs violettes, trois Restiacées et deux Drosera, dont l'un 
à fleurs d'un beau rose, et l'autre à fleurs blanches qui est, je crois, le Dro- 
sera indica L. 

Au milieu des broussailles croissent pêle-mêle : Cæsalpinia Sappan, 
Acacia Farnesiana, Trachystella Actea DC. (Actæa aspera Lour.), Tri- 
phasia trifoliata DC. (Triphasia ourantiola Lour.), Ehretia buxifolia 
Roxb., Clerodendron paniculatum L., Clerodendron fragrans Vent. , Syzy- 
gium ? Metrosideros DC. (Opa Metrosideros Lour.), Muricia cochinchi- 
nensis Lour., belle Cucurbitacée qui entoure le tronc des Banyaus de ses tiges 
volubiles, Morinda citrifolia Roxb., un Gleditschia indéterminé, Cicca 
racemosa Lour., Mollugo triphylla Lour., Andropogon acicularis Kunth 
(Rhaphis trivalvis Lour.), dont les épillets, à l'exemple de ceux de l Ægi- 
lops ovata, se détachent avec une extrême facilité et pénètrent désagréable- 
ment les vêtements, Arum trilobatum Lour., Oncus esculentus Lour., Phyl- 
lanthus Embelica L., Pœderia fœtida L. (Gentiana scandens Lour.), 
Waltheria indica L., Plumbago coccinea, plusieurs Lit-chy (Dimocarpus 
Lour.), A/fopAyllus ternatus Lour., deux Dicerma indéterminés, beaucoup 
d'Amomacées parmi lesquelles le Curcuma et le Zingiber, le Melastoma 
septemnervia Lour., quelques Rotins, et surtout le Pandanus odoratissimus 
Lour. , qui, au moment de sa floraison, dégage une chaleur surpassant de 2 de- 
grés environ la température de l'air ambiant. 

Cette esquisse sommaire des plantes les plus communes aux environs de 
Saigon n'est qu'un bien faible aperçu de celles qu'on peut y récolter. J'en ai 
recueilli beaucoup d'autres qui sont encore indéterminées, et que par cette 
raison je n'ai pas signalées ; mais le peu que j'ai cité suffira, je pense, à douner 
une idée de la végétation de cette partie de la colonie, et il est juste de dire 
que si le botaniste n'y trouve pas une flore très-variée, ces plaines inondées 
sont les plus productives en Riz et peuvent étre considérées comme la Beauce 
de l'extréme Orient. 


SÉANCE DU 25 MAI 1866. 269 


En sortant de Saigon par la route de Bien-hoa, on rencontre, à peu prés 
à moitié chemin de ces deux villes, le point A, point stratégique sur la rive 
gauche du grand arroyo de la Poste. La végétation y est plus variée et offre à 
l'explorateur un plus grand nombre de plantes spéciales ; ce sont entre autres : 
Ixora stricta, Pselium heterophyllum Lour., Ipomæa pulchella Roth, 
Lepta triphylla Your., Ochna (deux espèces), Stigmarota Jangomas Lour., 
Desmodium....., Cutula scutellata Lour., Riedleia corchorifolia DG., 
Blastus cochinchinensis? Lour., Salomonia cantoniensis Lour., Globa....., 
Ürena...., Cæsalpinia..... (plusieurs espèces), Cerbera salutaris Lour., 
Utricularia variés, Quercus (deux espèces à feuilles entières), et surtout le 
Cåy-go, arbre magnifique de la famille des Légumineuses, qui fournit les 
grandes tables couleur d'ébéne qu'on voit dans les cases annamites. 

A partir de Thu-daü-mot (poste francais à 48 kilométres de Saigon) le ter- 
rain s'éléve et devient presque relativement montueux. C’est là que com- 
mencent à apparaitre les premiers arbres à huile qui caractérisent les foréts de 
la Cochinchine. La végétation est ici la méme qu'au point A, augmentée 
cependant de quelques grands arbres particuliers. C'est à Thu-daü-mot que 
jai récolté la seule Orchidée terrestre qu'il m'ait été douné de rencontrer 
dans mes excursions : elle appartient à la tribu des Ophrydées et au genre 
Bonatea. 

Les environs de Bien-hoa et de Bariah jusqu'à la baie de Ganh-ra? ou du 
cap Saint-Jacques, sur les bords de la mer, au confluent du grand Vaico, doi- 
vent, en raison des collines qui les environnent, renfermer des richesses bota- 
niques importantes. Les sables des bords de la mer qui, aux portes mémes de 
Bariah, forment de vastes salines à peu prés inexploitées, doivent principalement 
offrir une végétation toute différente de celles des autres parties de la Cochin- 
chine et par cela même fort intéressante. Mais j'ai malheureusement dû quitter 
la colonie avant d'avoir eu le loisir d'explorer ces contrées, et je n'en parle ici 
que pour engager les voyageurs à diriger spécialement leurs recherches de ce 
côté. 

Je vais maintenant dire quelques mots de la partie la plus intéressante, mais 
la moins connue, de la flore cochinchinoise : je veux parler de la végétation des 
foréts. 

Situées dans la province de Tay-ninh, ces foréts sont éloignées d'environ 
115 kilomètres de Saigon ; cette distance, qui peut paraître minime en Europe, 
devient énorme en Cochinchine, où les moyens de transport sont si difficiles à 
se procurer. De plus, comme je l'ai déjà dit au début de cette communication, 
mes occupations administratives ne me laissaient que peu de loisir. Aussi 
n'est-ce pour ainsi dire qu'en courant que j'ai pu faire une excursion dans ces 
contrées si riches ; mais quoique de courte durée, mon séjour à Tay-ninh m'a 
permis de recueillir les faits intéressants qui suivent. 

Le cercle de Tay-ninh, borné au nord par le Cambodge, à l'est et au nord- 


270 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


est par le pays des Stiengs, est le dernier poste que le gouvernement francais 
ait établi sur cette frontière. Le sol, généralement argilo-sableux avec une pro- 
portion variable de fer, toujours mélé d'une grande quantité d'humus, laisse 
reposer la couche de terre végétale sur une couche d'argile plus ou moins 
profonde. C'est assez dire que ces terres sont favorables à toutes les cultures et 
particulièrement à celles de la Canne-à-sucre, des Arachides, du Coton, du 
Mûrier et du Tabac. Mais le commerce actuellement le plus répandu est celui 
des bois, des huiles de bois, des résines et des rotins. Le centre da commerce 
se trouve au village de Tay-ninh, situé au pied d'une haute montagne, dont la 
partie supérieure est couverte de foréts immenses qui s'étendent jusqu'au delà 
des provinces cambodgiennes de Bap-noum et de Thong-Kmoum. 

Les lisières de ces forêts sont des fourrés impénétrables, où les lianes et les 
Bambous, généralement petits et très-épineux, occupent les espaces laissés libres 
entre les arbres : on n'y peut pénétrer que la hache à la main et en faisant de 
longs détours pour éviter les obstacles qui viennent à chaque pas entraver la 
marche de l'explorateur. 

De distance en distance se rencontrent néanmoins des clairières naturelles 
parfois trés-vastes, provenant de dépressions de terrain, qui se transforment en 
marais pendant la saison des pluies. Ces clairières sont couvertes d'un tapis de 
verdure formé par de nombreuses Graminées parmi lesquelles croit le Vepen- 
thes destillatoria L. (Phyllamphora mirabilis Lour.). Quand on a traversé 
ces clairières, on se trouve en pleine forêt au milieu d'arbres magnifiques 
appartenant presque exclusivement à la famille des Diptérocarpées. Je citerai 
principalement les Cäy-chiai (genre Hopea), Cáy-vin-vin et Cáy-ca-chae 
(tous deux du genre Vateria); puis les Céy-dau-long, Cây- daù-ngno et Cáy- 
daü-nuoc appartenant au genre Dipterocarpus. Ces arbres, qui atteignent pour 
la plupart 80 à 100 pieds de hauteur, toujours droits et sans branches, sont 
précieux, non-seulement pour leurs bois, mais encore pour leurs produits. Ce 
sont eux qui fournissent presque tous les bois employés dans les constructions, 
ainsi que les essences ou huiles de bois et diverses résines dont font usage les 
Annamites. 

La manière de recueillir ces huiles est des plus simples ; vers le mois de 
mai, on perce dans le tronc des arbres, à 2 ou 3 pieds au-dessus du sol, un 
trou en forme de bénitier ; on enflamme l'huile qui suinte de la partie supé- 
rieure ; le lendemain, et ensuite de sept jours en sept jours, on vient recueil- 
lir l'huile qui s'est amassée. La durée de l'écoulement est de six mois et plus, 
et l'on peut répéter pendant huit ou dix ans cette opération, qui ne parait pas 
nuire aux arbres. 

Les Annamites emploient ces huiles pour préserver les bois du ravage des 
fourmis blanches, et les carènes de leurs barques de la piqûre des tarets. Quant 
à la résine, elle suinte ordinairement de plaies accidentelles ou artificielles 
faites à l'écorce des arbres, surtout des Cây-chiai, des Cây-vin-vin et des 


SÉANCE DU 25 MAI 1868. 971 


Cáy-ca-chac ; les trois espèces de Daë étant plus spécialement réservées pour 
la récolte des huiles. 

À ces magnifiques végétaux, il faut ajouter le Sao (genre Vateria), se rap- 
prochant du Teck (1) par la qualité de son bois, mais s'en éloignant beau- 
coup par ses caractères botaniques. 

La famille des Légumineuses est représentée dans les foréts par quelques 
beaux arbres tels que le Cáy-go, déjà signalé plus haut au point A, le Dang- 
huong, au bois odoriférant couleur d'acajou, et le Camere, au bois rouge foncé 
veiné de noir, servant à faire les piliers des cases annamites. 

Trois arbres de la famille des Verbénacées, appartenant au genre Vitex, sont 
également des essences recherchées : deux portent le nom de Cáy-bin-lin et 
le troisième celui de Sang-va. 

Enfin, la splendide famille des Orchidées, si rare dans les plaines (où l’on ne 
voit guère que l Aërides odorata, croissant sur les troncs des Manguiers et 
des Banyans), est largement représentée dans les forêts. Ces belles plantes vé- 
gètent en touffes luxuriantes sur les arbres qui avoisinent les marais et les ruis- 
seaux, au milieu de nombreuses Fougères herbacées. 

En terminant cet aperçu si rapide de la végétation des forêts, je ne puis 
passer sous silence les magnifiques pieds de Bambous qu’on y rencontre. L’es- 
pèce dominante offre un chaume parfaitement droit et entièrement nu, qui 
atteint souvent plus de 4 décimètre de diamètre et 10 mètres de longueur. 
Ses entre-nœuds ont souvent 8 décimètres de long. C’est cette belle espèce 
que les naturels exploitent de préférence et qui, par les innombrables services 
qu’elle leur rend, est considérée à juste titre comme la providence de ces popu- 
lations déshéritées. 

Au résumé de cette communication sur l’ensemble de la végétation des pos- 
sessions françaises en Cochinchine, je ne me dissimule pas combien mon travail 
est imparfait ; car je n'ai pu citer que les plantes qui m'étaient familières, me 
réservant de faire connaître ultérieurement à la Société les espèces beaucoup 
plus nombreuses que j'ai rapportées et dont je n'ai pas parlé parce qu'elles me 
sont encore inconnues. Mais jusqu'à ce jour rien n'avait transpiré parmi nous 
des richesses végétales de cette partie de l'Inde, dont les contrées avoisinantes 
ont été si bien explorées par nos voisins d'outre-Manche. Aussi, quelque in- 
complet que je dusse être, j'ai cru utile de signaler les faits qui précèdent, 


(4) C'est sur la foi de Loureiro que Ie Teck a été indiqué daus les foréts de Cochinchine. 
Il est malheureusement presque certain que cette précieuse essence n'y existe pas, du 
moins dans les contrées soumises à la juridiction francaise. On a pris pour lui le Sao. 
Du reste, ce nom de Sao, que l'auteur du Flora cochinchinensis donne à l'espéce qu'il dit 
être le Teck, fait réfuter toute idée qui porterait à croire que cet arbre si reconnaissable, 
eût-il existé à l'époque de son séjour en Cochinchine, ait pu disparaître tout à coup du 
pays. Je crois qu'il est plus juste de penser que Loureiro n'a indiqué le Teck dans son 
ouvrage que sur la foi d'autrui, sans vérification des caractères botaniques, et qu il a sim- 
plement copié sa description dans Linné. 


272 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


heureux si ces notes succinctes peuvent offrir assez d'intérêt pour engager 
quelque hardi voyageur à se rendre dans le pays, afin de continuer une explo- 


ration que la maladie m'a empêché, à mon grand regret, de rendre plus pro- 
ductive pour la science. 


M. Netto fait à la Société la communication suivante : 


SUR LA STRUCTURE ANOMALE DES TIGES DES LIANES, par M. Ladislaü NETTO. 


Dans la séance du 24 février 1865 (1), j'ai eu l'honneur de communi- 
quer à la Société un extrait de mes premières recherches sur la structure 
anomale des lianes. Les forêts qui environnent Rio-de-Janeiro m'ont offert 
de nouveaux sujets d'études qui, malheureusement, ont été interrompues 
par mon voyage actuel en Europe. En revanche, gráce à l'accueil bienveil- 
lant accordé aux naturalistes étrangers par les savants professeurs du Muséum 
de Paris, j'ai eu à ma disposition la riche collection de bois de la galerie bo- 
tanique, ce qui m'a permis de compléter et de rectifier quelques-unes de mes 
observations. 

Ce que je me propose de présenter aujourd'hui à la Société se rapporte 
seulement à la tige des Cissus et surtout à celle des Bauhinia et Schnella, 
appelée généralement au Brésil Cipo d'escada, à cause des sinuosités régulières 
et alternatives qui la font ressembler aux marches d’un escalier. Mes autres 
observations sur l'ensemble de ces végétaux feront, dsns la suite, l'objet de 
nouvelles communications. 

L'accroissement, en diamètre proprement dit, de la tige des Bauhinia n'a 
lieu qu'en deux points diamétralement opposés de sa périphérie; il se fait des 
le premier développement fibro-vasculaire de la plante. Un fait digne d'atten- 
tion, c'est que le plan vertical selon lequel ces deux ailes se développent coupe 
à angle droit celui qui réunit les iusertions opposées des feuilles distiques de 
cette tige. Si l'on fait une coupe transversale dans un entre-nœud de deux ans 
environ et qu'on l'observe à un grossissement suffisant, on remarque que la 
périphérie de la moelle décrit une croix très-régulière dont l'un des bras, un 
peu plus long que l'autre, correspond aux deux ailes ligneuses placées selon 
une ligne droite, le plus court répondant aux deux séries opposées des inser- 
tions des feuilles. Cette moelle est composée d'utricules légèrement ponctués, 
surtout vers le centre. Les rayons médullaires sont distribués réguliérement à 
travers les faisceaux ligneux, munis déjà de plusieurs vaisseaux ponctués d'au- 
tant plus larges qu'ils se trouvent plus prés de l'écorce. Considérons une coupe 
transversale, pratiquée à la hauteur de l'insertion méme d'une feuille : dans 
cette coupe, on remarque quelques modifications apportées au plan de la coupe 
précédente ; d'abord la moelle n'est plus au centre, non pas qu'elle ait été dé- 


(1) Voyez le Bulletin (Séances), t. XII, p. 106. 


SÉANCE DU 25 Mar 1866, 978 


placée, mais parce que le cylindre ligneux a recu, par suite de la formation de 
la branche, un épaississement assez considérable du cóté de celle-ci. Ensuite 
on remarque que les rayons médullaires et les faisceaux ligneux qui appartien- 
nent aux deux ailes, et également le bras correspondant de la croix formée par 
la moelle, se trouvent recourbés vers le cóté opposé à la branche, et que, par 
suite de cette modification, les ailes elles-mémes ont été refoulées de ce méme 
côté ; si nous observons une tige plus âgée, nous remarquerons que les ailes se 
sont rapprochées, et en outre qu'elles tendent à se courber l’une vers l'autre, 
en sorte que si la coupe est observée à l'œil nu, elle rappelle à peu de chose près 
une coupe qu'on aurait pratiquée verticalement sur un calice adhérent à 
l'ovaire. Mes dessins expliquent mieux que je ne puis le dire toutes ces parti- 
cularités, car ils représentent des tiges trés-àgées, où le rapprochement des deux 
ailes a atteint son plus haut degré. 

J'ai dit plus haut que l'accroissement en diamètre de cette tige se faisait 
sur deux points seulement de sa périphérie, et que ces deux points, se dévelop- 
pant plus tard en deux grandes ailes ligneuses, se trouvent dans le plan qui 
coupe à angle droit la ligne des deux séries des insertions des feuilles. Les deux 
ailes des Cipos d'escada se développent donc bien loin du concours immédiat 
des organes latéraux de la tige, comme j'ai pu m'en assurer, et ce simple fait 
suffit pour contredire, ce me semble, les idées si ardemment appuyées par Gau- 
dichaud ; mais le phénoméne dont je donne ici un apercu n'est pas men- 
tionné dans les travaux de ce botaniste, ni dans ceux de Crueger, de Schleiden 
et de Schacht, qui se sont occupés de la strncture des tiges anomales. 

Revenons maintenant au développement, non pas des ailes, dont nous con- 
naissons quelques exemples analogues dans les Ménispermées, dans les Bigno- 
niacées, dans les Cassia et dans les Malpighiacées, mais à celui qui s'opère 
particulièrement à l'insertion de la branche (1). Ce développement n'ayant lieu 
qu'à la base de cet organe, l'accroissement du bois ne se fait normalement que 
de ce cóté, tandis que de l'autre cóté il est nul. 

C'est là la cause de la forme si remarquable de ces tiges. En effet, les 
faisceaux ligneux, se dédoublant et en méme temps s'accroissant radialement 
comme dans une tige ordinaire, rendent la moitié correspondante du cordon 
ligneux central (tige primitive) beaucoup plus volumineuse que l'autre. Or les 
ailes de la tige, ne participant nullement à l'action qui se produit sur la face 
développée, accompagnent naturellement le mouvement du côté inactif qui 
tend à se plier sur lui-même, et de là leur courbure mutuelle, peu sensible 


(1) On ne voit qu'un petit nombre de branches à l'extrémité des tiges des Bauhinia. 
Presque toutes meurent par la suite ou bien restent réduites aux deux vrilles (quelquefois 
une) qui se trouvent à leur premier nœud en sortant de la tige-mère, Mais ordinairement 
tous ces appendices finissent par disparaitre, et la tige devient complétement nue, J'ai vu 
aussi parfois des individus dont les feuilles se trouvent tont à fait dépourvues de bourgeons 
à leur aisselle. 


27h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


d'abord, mais fort remarquable dans les anciennes tiges. La moelle est au 
reste le meilleur guide qu'on puisse prendre pour l'observation de ces modi- 
fications. Représentant une croix régulière dans la coupe transversale pratiquée 
au milieu de l’entre-nœud, on la voit courber graduellement .les deux moitiés 
de son bras le plus long vers le côté opposé à celui d’où naît la branche la plus 
voisine, à mesure que, par des coupes successives, on approche de celle-ci. 
Les rayons médullaires suivent aussi cette direction. Qu'on se figure mainte- 
nant le même phénomène ayant lieu alternativement, tantôt pour un côté, 
tantôt pour l'autre, et l'on aura exactement l'explication de la structure des 
concavités et des convexités alternantes de la tige des Bauhinia. En effet, 
si l'on prend une tige de ces lianes et que l'on considère trois coupes prati- 
quées, l'une au milieu de l'entre -nœud et les deux autres aux deux nœuds 
qui lui sont voisins, ces coupes projetées horizontalement donneront, la pre- 
mière une figure ayant à peu près la forme d'un x très-allongé, et les deux 
autres deux croissants dont les faces concaves se regardent. Il s'ensuit donc 
que le maximum d'amincissement du cordon ligneux central correspond au 
milieu de l'entre -nceud, et le maximum de son développement à la hauteur 
de la feuille. 

La tige des Cissus, quoique n'offrant pas extérieurement des caractères 
aussi saillants que celle des Bauhinia, n'en est pas moins remarquable quant à 
l'arrangement de son systeme fibro-vasculaire. 

rest le Cissus hydrophora, dont la séve a été étudiée par Gaudichaud, 
à Rio, qui est pris ici comme type. 

Lorsqu'on observe au microscope la coupe transversale d'une jeune tige 
de cette liane, on voit, en partant de l'écorce et aussitót aprés la couche subé- 
reuse, une large couche parenchymateuse, contenant trés-peu de chlorophylle 
et parsemée à son cóté externe d'amas de cellules ponctuées dont les parois 
deviennent fort épaisses plus tard. Dans les régions plus internes de ce paren- 
chyme, on voit des paquets libériens devant des faisceaux ligneux dont l'ano- 
malie est frappante au premier abord. Ces faisceaux, loin d'étre continus dans 
le sens des rayons, se trouvent subdivisés tangentiellement et séparés par du 
parenchyme en paquets distincts. 

Mais ce qui rend le corps ligneux plus remarquable, c'est qu'au lieu de 
rayons médullaires ordinaires, il est partagé radialement par de larges bandes 
cellulaires identiquement organisées comme la couche corticale dont elles sem- 
blent étre les prolongements. En effet, les larges lacunes remplies de rhaphides 
etles amas de cellules à parois épaisses de la couche parenchymateuse de 
l'écorce s'y trouyent aussi, avec cette seule différence que dans les rayons mé- 
dullaires, si je peux les appeler ainsi, ces cellules ne sont abondantes que vers 
le voisinage de l'écorce. Une particularité également notable du bois de cette 
liane, c'est que, malgré le développement d'une tige assez avancée, les fibres 
ligneuses sont comme à l'état d'ébauche et se détachent à peine des éléments 


SÉANCE DU 25 MAI 4866. 275 


parenchymateux qui les entourent. Ce n'est que dans les tiges de plus de trois 
ans qu'elles peuvent atteindre leur. développement définitif. C'est pourquoi la 
tige du Cissus kydrophora a aussi peu de consistance que celle d'un Costus. 

J'ai parlé plus haut des rhaphides contenues dans les lacunes qui sont répan- 
dues pour ainsi dire dans toute l'épaisseur de la tige. Leur forme, comme on 
le verra d’après mes dessins, est celle d'une longue aiguille pointue d'un côté 
et bifurquée de l'autre, et leur abondance est telle qu'ils génent parfois les 
observations. Je ne pense pas qu'il y ait une plante où ces cristaux soient en 
aussi grande quantité. Les lacunes qui les contiennent ne sont que de grandes 
cellules dont le diamétre vertical égale deux fois le diametre transversal. Mais 
comme caracjere histologique particulier de cette liane, il faut mentionner 
spécialement la structure de ses fibres ligneuses. On vient de voir qu'elles res- 
tent dans un état rudimentaire jusqu'à l'àge d'environ deux ans; en les exa- 
minant à une époque plus avancée, on est encore frappé de la minceur de leurs 
parois, et bien plus de les trouver remplies de cellules ballonnées en grand 
nombre dans chaque fibre, 

Au premier abord, on pourrait croire que ce sont simplement des cloi- 
sons particulières à ces tissus ; mais, en les traitant par l'acide nitrique, on voit 
de petits ballons se détacher des parois internes des fibres et les laisser complé- 
tement à nu. Les vaisseaux ponctués eux-mémes présentent cette particularité ; 
seulement, chez ces derniers les cellules ont été absorbées, et il n'en reste que 
quelques lambeaux ponctués de leurs parois horizontales. 

Qu'il me soit permis de dire, en terminant, quelques mots relatifs à des faits 
physiologiques remarqués dans cette liane. La disposition de ses faisceaux 
ligneux isolés au milien du parenchyme, en rappelant jusqu'à un certain point 
les tiges de quelques Monocotylédonées, les simule davantage lorsqu'on l'ob- 
serve près des nœuds. Là il n'y a plus d'ordre radial dans la disposition des 
faisceaux ; de plus, les utricules enyironnants semblent. étre en voie de trans- 
formation. Ils sont très-serrés et pleins d'activité, surtout vers un certain 
côté du faisceau où j'ai cru voir un dédoublement cellulaire. Plus la tige est 
ancienne, plus ces modifications sont saillantes, C'est au reste un phénomène 
fort curieux que celui de la vitalité présentée par les tronçons détachés des 
vieilles tiges, surtout au voisinage des nœuds. Gaudichaud (Annales des 
sciences naturelles, 2° série, t. VI, p. 141) parle ainsi de ce fait : « Quoique 
» j'eusse employé pour dessécher les bois de mes collections la forte chaleur 
» d'un four, un des morceaux de cette liane y a résisté, et deux ans après est 
» arrivé vivant en France. » On en a obtenu, comme on le sait, un bel indi- 
vidu dans les serres chaudes du Muséum. Mais je crois que Gaudichaud s'est 
trompé lorsqu'il attribue à cette liane deux sortes de tiges, dont l'une dépour- 
vue de moelle. Ce botaniste ne s'est. peut-étre pas apercu que c'étaient les 
racines adventives de la plante, tout aussi aériennes et presque tout aussi lon- 
gues que les tiges elles-mêmes. 


276 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Lecture est donnée d'une communication adressée à la Société 
par M. Landrin : 


NOTE DE M. Armand LANDREIN SUR LES DÉCOUVERTES BOTANIQUES FAITES 
PAR M, EUGÈNE DE BOUCHEMAN AUX ENVIRONS DE VERSAILLES. 


J'entrepris, il y a quelques années, de faire l’histoire naturelle complète de 
Versailles et des environs, dans le rayon de deux lieues. Comme on le voit, la 
région que je voulais étudier était restreinte, mais néanmoins la tâche était 
immense. On ne saurait s'imaginer ce que peut contenir de minéraux, de 
plantes et d'animaux, d'étres vivants et de débris fossiles, un cercle de quatre 
lieues de diamètre. D'ailleurs pour beaucoup de classes d'animaux, les docu- 
ments me manquaient absolument, et pour les autres, ils étaient bien incom- 
plets. Aus-i ai-je dû, à mon grand regret, renoncer, momentanément du moins, 
à mon projet. 

J'avais demandé des renseignements, des listes, des descriptions à diverses 
personnes, qui mirent le plus grand empressement à me répondre, et me com- 
muniquèrent leurs collections et leurs notes. Parmi elles, je citerai en première 
ligne mon vénérable ami, aussi habile botaniste que savant linguiste, que 
vous connaissez tous, Messieurs, et que vous aimez tous, M. Eugène de 
Boucheman. 

M. de Boucheman eut la complaisance de me dresser lui-méme le catalogue 
des plantes rares que, dans le cours de ses herborisations, il a rencontrées aux 
environs de Versailles. A cóté du nom de chacune d'elles, il a noté soigneuse- 
ment toutes les localités qu'elle habite. Je garde précieusement ce manuscrit, 
inappréciable cadeau de mon excellent maitre, mais je croirais manquer à mon 
devoir si, tenant ma main fermée alors qu'elle est pleine de vérités, je tardais 
plus longtemps à publier ce qu'il contient d'inédit. 

Il semblerait qu'aprés l'excellent ouvrage de MM. Cosson et Germain de 
Saint-Pierre il ne devrait plus y avoir rien à découvrir aux environs de Paris ; 
mais quelque habiles que soient les moissonneurs, le glaneur trouve toujours 
quelques épis à recueillir. 

La liste de M. de Boucheman comprend deux cent treize plantes. Parmi elles, 
cinq espèces sont tout à fait nouvelles pour notre flore versaillaise. Ce sont : 


1? Silene viridiflora L. — Naturalisé: Trianon; bois prés de Chaville; bois de 
Satory. 

2» Trifolium hybridum Z. — Dans les prés de Chaville ; et dans un pré, le long de la 
route de Versailles à Saint-Cyr. 

39 Verbascum sinuatum L. — Trouvé plusieurs fois à Versailles, à la suite de mouve- 
ments de terrain. 

4* Galium decolorans Gren. et Godr. — Près de l'étang de Saint-Quentin. 

5° Tussilago fragrans Vill. — Naturalisé : Bois du canal de Versailles ; Satory ; parc de 
Saint-Cloud. 


SÉANCE DU 25 MAI 1866. 277 
Voici maintenant une longue énumération de localités qui n'ont pas encore 
été signalées : 


Clematis recta. — Chaville. 

Thalietrum minus var. majus. — Chaville. 

Anemone ranunculoides, — La Brèche. 

Adonis autumnalis. — Plaine de Gally. 

Ranunculus hederaceus. — Petits-Bois prés Versailles. 

—  hololeucos. — Versailles. 
— Lingua. — Satory. 
— parviflorus. — Trouvé en 1850-1852 à la Minière (4). 

Isopyrum thalictroides. — Naturalisé dans le bois de Satory. 

Silene gallica. — Entre Saint-Cyr et Trappes. 

Geranium pyrenaicum. — Trianon ; Chaville (2). 

Althæa hirsuta.— Plaine derrière Trianon ; Gally. 

Pirola minor. — Bois de la Brèche ; Viroflay. 

Fumaria capreolata. — Montreuil près Versailles ; Villepreux. 

Barbarea præcox. — Montreuil. 

Cardamine hirsuta. — Versailles, dans les terres des pépiniéristes. 

Camelina sativa. — Champ du côté de Rennemoulin. 

Lepidium Draba. — Champs au-dessus de Saint-Cyr ; Viroflay. 

Neslea panniculata. — Rennemoulin et Saint-Nom. 

Trifolium micranthum. — La Miniére. 

Vicia lutea. — Ville-d'Avray. 

Lythrum Hyssopifolia. — Trou-salé ; Saint-Quentin. 

Fragaria elatior. — Viroflay ; Satory, 

Comarum palustre. — Satory. 

Rosa tomentosa. — Satory. 

Agrimonia Eupatoria var, odorata. — Bois des environs de Versailles, mélangé avec 
le type. 

Sorbus aucuparia. — Bois de la Fontaine-des-Nouettes. 

Epilobium roseum. — Viroflay. 

Sison Amomum. —- Entre Versailles et Saint-Cyr. 

Ammi majus. — Les Moulineaux prés Meudon. 

Ægopodium Podagraria. — Viroflay ; Chaville ; Sèvres. 

Carum Bulbocastanum. — Saint-Nom. 

Peucedanum Chabræi. — Les Moulineaux ; plaine de Gally; le Chesnay. 

Chrysosplenium alternifolium, — Introduit à la Minière, par M. de Furnes, 

Veronica verna. — Pont-Colbert ; Satory. 

Phyteuma spicatum. — Bois des Gonards et des Mets. | 

Cineraria lanceolata, — Trouvé, mais rarement , au parc de Saint-Cloud et dans les bois 
de Ville-d'Avray. 

Helminthia echioides.— Versailles ; Viroflay. 

Barkhausia setosa, — Saint-Quentin. 

Xanthium Strumarium, — Entre Sèvres et Saint-Cloud. — ro ni. 
— spinosum. — À Versailles, en plusieurs endroits, où il n'a pas persisté (3) 
(plante sporadique). 

Chenopodium opulifolium. — Prés de Saint-Cloud. 2 

Rumex Patientia. — Naturalisé dans les prés de Fontenay pres Saint-Cyr. 

Daphne Laureola. — Satory ; Viroflay. : 

Euphorbia dulcis. — Bois prés de Chaville ; bois de Fausses-Reposes ; Ville-d'Avray. 

Damasonium stellatum. — Les Mets prés Jouy. 


(1) Je l'ai retrouvé dans le méme lieu, en 1865, ainsi qu'à Marly dans les bassins 
desséchés du parc. 

(2) Et Mont-Valérien. 

(3) Mérat ly avait indiqué. 


278 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Iris feetidissima. — Trianon. 


Galanthus nivalis. — Bois des Gonards. 

Orchis ustulata. — Voisins ; Châteaufort. 
— galeata. — Observé quelquefois dans les bois du parc de Versailles Le long du canal. 
— mascula. — Bois des environs de Versailles. 

Ophrys aranifera. — Parc de Saint-Cloud. 
— apifera, — Parc de Saint-Cloud ; bois du parc de Versailles le long du canal ; 


les Moulineaux. 
Gymnadenia conopea. — Saint-Nom, 
Epipactis palustris. — Saint-Cyr. 
Potamogeton acutifolius. — Prés de l'étang de Saint-Quentin. 
Naias major. — Dans la Seine à Saint-Cloud et Port-Marly. 
Typha media. — Parc de Marly. 


Digitaria filiformis. — Versailles. 

Apera interrupta. — Butte de Picardie ; route de Versaillés à Buc ; bois de Satory. 
Avena pratensis, — Plaine de Gally, du cóté de Villepreux. 

Poa serotina, — Étang de Saint-Quentin. 

Festuca gigantea. — Bois et fossés autour de Trianon ; plaine de Gally. 
Nephrodium Thelypteris. — Bois de C'aville. 

Botrychium Lunaria — Trouvé jadis à la butte de Picardie. 


Voilà donc soixante-six plantes qui se trouvent dans des localités où per- 
sonne ne les avait encore remarquées ; et tout cela dans la partie la mieux 
connue de nos environs. Si cet exemple stimule les recherches des botanistes, 
en leur faisant espérer de nouvelles découvertes, nous aurons atteint notre but. 


M. Cosson fait remarquer que parmi les plantes signalées comme 
nouvelles pour les environs de Versailles dans la communication 
précédente, la plupart ne sont pas réellement spontanées. Il cite 
notamment le Trifolium hybridum qui a été cultivé autrefois en 
grand aux environs de Paris. 

M. Gubler annonce avoir trouvé une nouvelle localité de P Helt- 
chrysum arenarium près du cimetière de Boulogne-sur-Seine. Il 
émet l'hypothèse que cette plante a pu être importée en 1814 ou 
1815 par les armées étrangères. 

M. Cosson dit, à l'appui de cette opinion, qu'en général les 
grandes migrations d'hommes aménent à leur suite l'introduction 
de plantes étrangéres (1). Il rappelle que M. Mérat a publié sur ce 
sujet une note dont il n'admet toutefois les conclusions que sous 
certaines réserves. 


(1) Voyez une note sur ce sujet insérée dans le Bulletin par M. de Schœnefeld 
(t. VIII, p. 365). 


SÉANCE DU 8 JUIN 1866. 279 


SÉANCE DU 8 JUIN 1866. 


PRÉSIDENCE DE M. LE COMTE JAUBERT. 


M. Paul de Bretagne, vice-secrétaire, donne lecture du procés- 
verbal de la séance du 25 mai, dont la rédaction est adoptée. 


Dons faits à la Société : 
1° De la part de M. Ch. Des Moulins: 
Note sur la lettre de M. Alph. de Rochebrune relative aux plantes 
importées. 


Excursion de la Société Linnéenne à Monségur (Gironde). 
Etymologie du nom de l'Aconit , par M. le chevalier de Paravey. 


2° De la part de la Société d'horticulture et de botanique de 
l'Hérault : 
Annales de cette Société, janvier 1866. 
9* En échange du Bulletin de la Société : 
The Gardeners’ Chronicle, 4866, n° 21 et 22. 
Pharinaceutical journal, mai 1866. 
Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation, avril 1866. 
Wochenschrift fuer. Gertnerei und Pflanzenkunde, deux numéros. 
L'Institut, deux numéros. 

M. le Président rappelle qu’il avait recommandé, au nom de la 
Société, à S. Exc. M. le Ministre de la marine et des colonies, 
M. Beaudoin, capitaine d'infanterie de marine, qui, dévant se ren- 
dre en Cochinchine, désirait utiliser son séjour dañs ce pays au 
profit des sciences naturelles et faire partie de l'expédition destinée 
à explorer le Cambodge. Lecture est donnée de la lettre de M. le 
Ministre, en réponse à cette recommandation. M. Beaudoin trou- 
vera toutes les facilités désirables pour ses recherches. 

M. le Président présente des échantillons, d'une dimension trés- 
exiguë, de Papaver dubium, offerts pour l'herbier de la Société par 
M. le docteur Maugenest, de Saint-Amand (Cher). 

M. le Secrétaire général renouvelle l'avis relatif à l'excursion que 
MM. les membres de la Société sont invités à faire ensemble le 
10 juin aux environs de Nemours. 

M. G. Maugin fait à la Société la communication suivante : 


SUR LA QUADRIFOLIOLATION DU TRIFOLIUM REPENS, par M. Gustave MAUGIN. 


Le cas de tératologie végétale dont il s’agit a eu le privilége d'attirer l'atten- 


280 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

tion des personnes les plus étrangères aux sciences naturelles. Cette anomalie a 
été recherchée tout à la fois par les sorciéres et par les jeunes filles. Les unes 
la récoltaient la nuit à l'époque de la pleine lune et la mélangeaient à la Ver- 
veine (Verbena officinalis) et à d'autres ingrédients usités en magie. Les lé- 
gendes bretonnes vous diront ce qui en résultait. Les autres la cherchaient en 
plein jour tout en jouant au soleil dans les prés, et sa découverte était pour 
elles un gage de félicité parfaite. 

Bien que je n'aie jamais eu l'intention de composer le moindre philtre, bien 
que je ne croie pas que cette herbe exerce une influence quelconque sur le 
bonheur de la personne qui la trouve, je n'en fus pas moins enchanté 
de rencontrer, le 25 mai 1865, un Tréfle à quatre feuilles, ou plus exac- 
tement, à quatre folioles. Comme on le voit par les échantillons que je dépose 
sur le bureau, cette anomalie nous donne assez exactement la forme actuelle 
du tréfle des cartes à jouer. Le pétiole devient perpendiculaire au plan du 
limbe au lieu d’être, ainsi que d'habitude, dans le méme plan, et la quatrième 
foliole, qui est venue se développer dans la situation qu'il occupe ordinaire- 
ment, est plus petite et présente une forme triangulaire tandis que les autres 
folioles conservent leur forme habituelle. 

L'exemplaire qui avait frappé mes regards n'était pas isolé; je pus, sans 
bouger de place, en recueillir une quinzaine, mais la plupart ne portaient 
qu'une feuille quadrifoliolée, deux ou trois seulement m'en offrirent plusieurs 
à la fois, aucun ne présentait ce phénomène à toutes ses feuilles. 

Je ne rencontrai ni fleurs ni fruits, bien que je sois retourné à la même 
place dans le courant de l’année dernière ; malgré cela je crus reconnaître le 
Trifolium repens. M se trouvait sur un talus peu élevé, dans un endroit 
ombragé de jeunes Chênes et exposé au nord, dans le parc de Saint-Cloud, 
sur le bord du chemin qui longe, du côté de Sèvres, le mur d'enceinte. 

Le méme jour, M. Mouillefarine, notre confrère, récoltait la méme mons- 
truosité du méme Trifolium dans les gazons du parc de Compiègne (1). 

Des recherches faites à Saint-Cloud pendant l'été, l'automne et l'hiver der- 
niers ne m'avaient pas permis de la constater de nouveau. Je n'avais trouvé 
que des feuilles normales, soit à la place où je l'avais rencontrée l'an dernier, 
soit dans les autres endroits du parc, et je ne savais si ce phénoméne persiste- 
rait ou s'il devait son apparition à des influences atmosphériques particu- 
lieres. Mais, le 22 avril dernier, j'ai pu récolter, avec M. Gaudefroy, notre 
confrère, de nouveaux échantillons quadrifoliolés de ce Trifolium , qu'il 
m'affirma être le 7. repens, au lieu même où j'en avais pris l'année der- 
nière. 

Je crois cette disposition fort rare; s'il en était autrement, elle n'eüt pas 

(1) Peudant l'année 1866, M. Mouillefarine a rencontré dans les pelouses du parc de 


Saint- Brice prés Montmorency un grand nombre de cas de quadrifoliolation du T. repens. 
(Note ajoutée pendant l'impression, janvier 1868.) 


SÉANCE DU 8 JUIN 1866. 281 
excité l'imagination des gens étrangers à la botanique et elle fût demeurée ina- 
perçue comme tout ce qui est normal et habituel. D'ailleurs plusieurs botanistes 
à qui j'en parlai me dirent n'avoir jamais trouvé de Trèfle quadrifoliolé. Il m'a 
bien été indiqué un cas persistant de quadrifoliolation, mais ce n'est point dans 
la nature; il se produit chez une variété à feuilles pourpres du méme 77rifo- 
lium cultivé par M. Verlot au jardin du Muséum de Paris. J'ignore si toutes les 
feuilles sont anomales et s'il conserve toute l'année ce développement. particu- 
lier. Ce dernier fait me confirmerait dans la pensée que la quadrifoliolation est 
propre au 7. repens. 

Il m'a paru qu'il y avait quelque chose de spécial et de rare, parmi les 
monstruosités végétales, à voir un organe supplémentaire se développer ainsi. 
Une anomalie se produit souvent par transformation d'organe ou par exten- 
sion. Mais ici la feuille primitive conserve son aspect habituel, et une foliole 
compléte, composée de son pétiolule et de son limbe, se développe en outre 
des folioles régulières saus qu'il paraisse qu'elle soit le dédoublement de 
l'une d'elles. On voit fréquemment augmenter ou diminuer le nombre des 
paires de folioles d'une feuille composée; parfois, dans une feuille pinnée avec 
impaire, la foliole terminale se dédouble ; mais je ne sache pas que l'on ait 
rencontré ailleurs une disposition semblable à celle qui nous occupe. 

Peut-étre l'observation du sommeil de ces feuilles, leur examen anatomique, 
et l'étude des conditions dans lesquelles apparait ce phénomène, indiqueraient- 
ils le róle de la foliole supplémentaire et les causes de son développement. 


M. le Président signale à l'attention de M. Maugin la culture faite 
(et probablement continuée encore aujourd'hui) dans le jardiu du 
Luxembourg d'un Tréfle dont toutes les feuilles sont quadri- 


foliolées. 


M. le comte Jaubert fait à la Société la communication suivante : 


LES JARDINS DE NAPLES ET L'ILE D'ISCHIA, par M. le comte JAUBERT. 


Pour le moment, il ne fait pas bon herboriser dans l'ancien royaume de 
Naples, car le brigandage, ce fléau endémique des plus belles contrées de la 
terre, y sévit plus que jamais. Habitués que nous sommes à la sécurité que nous 
devons en France à l'adoucissement des moeurs, et aussi, il faut l'avouer, à 
notre bonne gendarmerie, nous avons de la peine à comprendre qu'en pleine 
civilisation, un gouvernement qui affiche de si hautes prétentions reste impuis- 
sant en face de telles indignités. Quoi qu'il en soit, ce serait de la botanique 
un peu chere que celle qui nous exposerait à faire quelque mauvaise rencontre 
au détour d'une touffe d'Arbousier ou de Laurier-Rose, et à étre promené de 
force dans la montagne jusqu’à parfait payement d'une rançon exorbitante, sous 


peine de quelque mutilation, pour le moins. Aussi, soigueux de ne pas renou- 
T. XI (stances) 19 


282 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


veler l'imprudence que l'attrait des ruines classiques de Pestum nous avait 
fait commettre l'an dernier, nous sommes-nous borné, cette fois, à des localités 
où la police s'exerce encore assez régulièrement : aux jardins de Naples et à 
l'ile d'Ischia. 

Il ne faudrait pas, sur la foi des degrés de latitude, croire que le climat de 
Naples soit doué de qualités supérieures à celles de nos côtes méditerranéennes, 
surtout depuis que le comté de Nice a été rendu à la flore francaise de La- 
marck et De Candolle. Gràce à certaines circonstances locales, parmi lesquelles 
l'exposition et les abris jouent le plus grand róle, l'hiver est généralement plus 
doux à Hyères, Cannes, Nice et Menton, séjours enchantés de la civilisation 
moderne, qui n'ont rien à envier aux classiques souvenirs de Baies et de Pouz- 
zoles. A Naples, la mauvaise saison n'est guère moins longue que chez nous, 
elle est assez souvent pluvieuse : le thermomètre y descend jusqu'à — 6 ou 
7 degrés. En janvier 1865, à Naples, nous avions trouvé les Crocus en fleur et 
l'Oxalis cernua naturalisé partout; en février, à Pestum, le Narcissus Tazetta, 
l'Asphodelus ramosus, V Anemone apennina; mais, dans ce méme mois de 
février, nous avons vu les coteaux de Pausilippe plus que saupoudrés de neige; 
le Vésuve en a été couvert le 18 avril 1835, et en 1836 précisément à la méme 
date. Aussi les plantes de serre, qui ont besoin d'une température qui ne des- 
cende pas au-dessous de + 10 degrés, doivent-elles être rentrées, comme à 
Paris, vers le 15 octobre, et de méme ne peuvent sans inconvénient être expo- 
sées à l'air libre avant le 15 mai. D'autres, qui paraissent plus rustiques, ont 
été risquées en plein air pendant l'hiver sous des abris temporaires : capu- 
chons de paille, paravents; mais souvent une mauvaise nuit a suffi pour les re- 
léguer à jamais dans les listes nécrologiques qui donnent un démenti aux éloges 
exagérés dont le climat de Naples a été souvent l'objet. Aussi est-ce avec raison 
que depuis quelques années les personnes valétudinaires, fuyant les hivers du 
centre de l'Europe, ne vont plus chercher si loin de meilleures conditions 
d'existence. On conseille aussi aux touristes, dans leurs migrations périodi- 
ques, l'hiver à Rome, le printemps ou l'automne à Naples, car, dans l'un et 
l'autre séjour, avec la circonstance aggravante pour Rome de la malaria, les 
chaleurs de l'été, qui atteignent jusqu'à + 37 degrés à l'ombre, sont insup- 
portables, surtout sous l'influence énervante du sirocco; mieux vaudrait peut- 
étre dans ce cas notre agacant mistral. C'est alors que les heureux du jour se 
réfugient, à tire-d'aile de Ja locomotive, dans les fraîches vallées des Alpes. Il 
n'est pas étonnant que les plantes des pays froids ne réussissent pas dans les 
jardins de Naples; elles n'y peuvent guère vivre que garanties contre les rayons 
du soleil. 

L'aspect de la végétation des environs confirme ces données générales. A 
part quelques plantes spéciales au pays, mais de peu d'apparence, les espèces 
indigenes ou naturalisées qui, par leur forme et leur abondance, caractérisent 
le paysage, sont les mémes que chez nous : avant tout, la Vigne, courant en 


SÉANCE DU 8 JUIN 1866. 283 


festons sur la tête rabattue des Peupliers, des Saules ou des Sycomores, qui 
abrite les cultures de légumes et de céréales, et parfois celle du Cotonnier; 
le Pin Pignon, couronnant les collines de ses magnifiques parasols, le Pin- 
d'Alep, si élégant, moins commun pourtant que chez nous, le Figuier, le Mû- 
rier, l'Olivier, l'Oranger, le Citronnier, le Caroubier, l'A gave americana, le 
Cytise de Virgile (Medicago arborea), les Erica arborea et mediterranea, le 
Viburnum Tinus, le Térébinthe, les Cistes, et, parmi les traits accessoires du 
tableau, nombre d'espéces naturalisées : Zriobotrya japonica, dont les fruits, 
du reste, mürissent comme à Montpellier, Pircunia (Phytolacca) dioica, 
Senecio Petasites (Cineraria platanifolia Schrank) du Mexique, Senecio 
mikanioides, Adhatoda Gendarussa, Buddleia madagascariensis, etc. A 
partir du mois d'avril, le Mesembrianthemum acinaci forme, amplement natu- 
ralisé, étale partout ses tiges flexibles et charnues et les grandes étoiles de sa 
corolle purpurine ou jaune, sur les talus des routes taillées dans le tuf friable 
d’origine volcanique, sur les berges des fossés, sur les murailles. 

Un très-grand nombre de plantes de la Nouvelle-Hollande et du Cap sont 
depuis longtemps naturalisées à Naples : elles y acquièrent leurs dimensions 
naturelles, et produisent dans les parcs et dans les jardins des effets pittoresques 
et originaux, les Protéacées surtout (Grevillea robusta, Banksia serrata, 
Leucadendron, Hakea, Lomatia, Dryandra, Isopogon) et les Myrtacées 
(Metrosideros, Melaleuca, Eugenia, Eucalyptus); les espèces de ce dernier 
genre, par l'étonnante diversité de leur feuillage, jouent dans la famille un róle 
analogue à celui des Protéacées elles-mêmes dans l'ensemble du règne végétal 
(Eucalyptus Globulus, E. populifolia, E. persicifolia, E. stricta, etc.). En 
Provence, on ne s'est guère avisé que dans ces dernières antiées du parti qu'on 
pouvait tirer de ces plantations, mais les progrès sont rapides : la Société en a 
été frappée, notamment dans les propriétés de nos confrères, M. Thuret, près 
d'Antibes, M. Germain de Saint-Pierre, près d’ Hyères. 

Le jardin botanique de Naples posséde, surtout en fait de végétaux de la 
Nouvelle-Hollande, des exemplaires remarquables par leur taille et le luxe de 
leur végétation : tels sont les Jambosa australis (Eugenia myrtifolia Sims, 
Myrtus australis Spreng.), de 20 metres de hauteur, qui décorent l'entrée de 
la grande cour; aux fleurs, assez semblables à celles du Myrte ordinaire, suc- 
cèdent des baies, d'une saveur sucrée aigrelette, que nous avons trouvées 
mûres en janvier 1865, ne dépassant pas la grosseur d'une petite cerise, ce en 
quoi le caractere attribué au genre Jambosa « flores ampli... fractus magni », 
serait à modifier. Ces fruits n'étaient pas connus de Sims en 1821 (Botanical 
magazine, n° 2230). Quant à la taille, elle n'est encore donnée dans cet ou- 
vrage que comme celle d'un arbrisseau : les J. australis du Jardin de Naples 
étaient alors âgés d'environ 12 ans. La plantation de tous ces beaux arbres 
date de 1809, année de la fondation de l'établissement. 

A l'aide du dernier catalogue de Tenore, et de nos propres notes de 1865 


284^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

et 1866, nous avons dressé aussi exactement que possible, par familles, genres 
et contrées d'origine, un tableau des végétaux exotiques des pays chauds 
(arbres, arbustes ou plantes vivaces) existant en pleine terre dans le jardin bota- 
nique de Naples. Ils ne sont sans doute pas les seuls qui puissent y vivre; 
d'autres, qui manquent à cette collection, prospèrent ailleurs dans des con- 
ditions climatériques à peu prés semblables; au Jardin de Montpellier, par 
exemple, où, pour ne parler que de la famille des Palmiers, M. Martins cultive 
avec succès depuis nombre d'années, et regarde comme acquises définitivement 
à la pleine terre deux magnifiques espèces : le Jubæa spectabilis du Chili, aux 
fruits comestibles, et le Cham«erops excelsa de la Chine et du Japon. D'autre 
part, dans le Jardin de Naples, le Chamcædorea elegans et V Areca para- 
guayensis ont résisté, en pleine terre, aux derniers hivers; on croit qu'ils s'y 
maintiendront. M. André, dans un écrit récent (Mouvement horticole en 1865), 
ajoute le Corypha australis et le Livistona chinensis aux végétaux de cette 
famille qui peuvent supporter les hivers de nos provinces maritimes, non-seule- 
ment des bords de la Méditerranée, mais du sud-ouest. Quant au Chamærops 
humilis, sa présence, à l'état sauvage quoique bien déformé, dans les environs 
de Nice, dernière limite de son aire de végétation, l'exclut de notre catalogue. 
Il y est remplacé par une Liliacée qui rivalise avec les Palmiers, le Yucca spe- 
ciosa ; l'individu que nous avons vu se divise, à partir de la racine, en neuf tiges 
s'élevant à environ 5 mètres de hauteur. 

Le jardin botanique, dirigé pendant prés d'un demi-siècle par Tenore, a, 
depuis la mort de cet éminent naturaliste, été confié à un savant dont les im- 
portants travaux sont appréciés par la Société, M. Gasparrini, dignement se- 
condé par M. Pasquale. Plusieurs améliorations notables ont été apportées par 
M. Gasparrini à la disposition des parties et à la tenue de l'établissement. Nous 
citerons notamment l'arboretum ; la mise en valeur des terrains de la partie 
ouest du jardin; le placement pittoresque en pleine terre, pendant la belle 
saison, d'un assez grand nombre de plantes exotiques à facies tropical : 
Zamia, Encephalartos, Dasylirion, Yucca, etc., la culture en rocailles 
des espèces des bois. et des montagnes. C'est aussi sous l'administration de 
M. Gasparrini que l'établissement s'est enrichi des herbiers classiques de 
Tenore et de Gussone. Il y a 34 ans, Tenore et Gussone nous avaient accueilli 
à Naples, sur la recommandation de De Candolle. L'an passé, Gussone, bien 
prés de sa fin, nous gratifiait d'un fascicule de ses plantes de Sicile. Cette 
fois, nous parcourions tristement les monuments scientifiques dont ils ont doté 
leur pays. L'habile directeur obtiendrait. de meilleurs résultats encore si son 
budget était plus largement doté, mais l'insuffisance des fonds, notamment 
dans ces derniers temps, est telle, que les serres sont délabrées, et que la cló- 
ture de l'école de botanique est restée inachevée. A plus forte raison m'a-t-il 
pas été encore possible de remédier au défaut radical du jardin, dont Tenore 
n'a cessé de gémir, la pénurie d'eau courante et d'arrosage. On y est réduit 


SÉANCE DU 8 JUIN 1866, 285 


à des citernes et à l'emploi d'un manége. Telle est, sauf le contingent apporté 
par quelques aqueducs insuffisants, la condition générale dans cette grande 
cité, quand il serait si facile d'y amener, par voie de dérivation, les eaux du 
Clanio ou méme celles du Volturne. L'incurie des gouvernements qui se sont 
succédé dans le pays a laissé à l'avenir l'accomplissement de cette ceuvre de 
première utilité. A plusieurs reprises, dans ces derniers temps de progrès 
plus ou moins problématiques, l'entreprise des travaux a été demandée, avec 
des conditions trés-acceptables, par des capitalistes anglais et francais : l'admi- 
nistration publique n'a voulu ni faire, ni laisser faire. Si la confiance renait 
avec la paix, Naples peut-étre se piquera d'honneur, et suivra enfin le bel 
exemple que Marseille lui a donné dans sa dérivation de la Durance. Nous avons 
surtout l'espoir que la santé de M. Gasparrini, ébranlée dans ces derniers 
temps, se rétablira bientôt, et qu'en achevant son œuvre de restauration du 
jardin botanique, il ajoutera ce grand service à ceux qu'il n'a cessé de rendre 
à la science. 

L'enseignement et les cultures du jardin botanique ont beaucoup contribué 
à assurer dans le pays la naturalisation des plantes exotiques ; les autres jardins 
royaux, de Portici, et surtout de Capo di Monte, en offrent de très-beaux spé- 
cimens, surtout en Laurus Camphora et en Eucalyptus. Parmi les jardins 
particuliers, nous citerons ceux de Pausilippe, dela Floridiana au marquis San- 
Angelo, de la Brasiliana à M. de la Hante, celui de la marquise Salza, celui de 
la villa Meuricoffre à Capo di Monte, où l'on admire un Magnolia grandiflora 
planté au commencement de ce siècle, dont le tronc mesure en circonférence 
1 mètre 80 centimètres à la hauteur de la ceinture, 2 mètres 35 centimètres 
au-dessous des grosses branches. Le pays tout entier n'est, à vrai dire, qu'une 
masse harmonieuse de jardins décorant les découpures de ce golfe incompa- 
rable. Toute habitation de paysan y fait fabrique de parc et point de vue ; peu 
de fenêtres où ne se balance quelque jolie plante, et entre autres celle qui 
pour étre, comme disent les horticulteurs, une vieille plante, n'en a pas moins 
conservé la prédilection des Napolitaines, l'OEillet {Dianthus Caryophyllus), 
fort employé dans le langage symbolique des fiancailles. Il y aurait ingratitude 
à oublier les cultures d'un amateur distingué, M. Nisson; son jardin en ter- 
rasse, dans Naples méme (Salita della stella) est devenu, grâce à la parfaite 
obligeance et au zèle du propriétaire, un véritable centre de propagande bota- 
nique. 

De méme que notre cóte provencale a ses localités privilégiées, les environs 
de Naples ont les leurs ; chez nous, Villefranche et Menton, et entre deux cette 
Petite- Afrique de Beaulieu, patrie adoptive du Brassica oleracea, et que la 
Société a visitée l'année dernière avec tant d'intérêt; ici, Castella-Mare, Sor- 
rente, et la plus belle des iles du golfe, Ischia, à deux heures de distance de la 
capitale, par le bateau à vapeur spécial. : 

Ischia est située en avant de la côte, de manière que de son sommet aigu, 


286 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


le mont Epomeo, à 800 mètres d'altitude, la vue embrasse avec ravissement 
tout l'espace compris entre la montagne de Circé, prés de Terracine, et le fond 
du golfe de Salerne se dessinant au loin dans l'espéce d'embrasure ouverte au- 
prés de Capri. Ischia est entierement volcanique, et les forces redoutables qui 
l'ont soulevée n'y sont qu'à moitié endormies : leur ancienne activité s'y 
manifeste encore par de nombreuses émanations gazeuses, appelées fuma- 
role, et par d'abondantes eaux thermales dont les températures varient entre 
28 et 100 degrés. Dans plusieurs localités, à la Marina di San Angelo par 
exemple, la gréve battue par le flot est chaude, au point que si l'on en creuse 
légèrement la surface on a de la peine à y tenir la main. On a eu l'idée, mais 
sans y donner suite, de tirer parti, pour certaines industries, de ces sources 
inépuisables de calorique, à l'instar de ce qui se pratique avec tant de succès 
dans le maremme de Toscane, pour la fabrication du borax. Ischia offre aux 
géologues les objets d'étude les plus intéressants : rien de plus curieux, par 
exemple, de plus imposant, que les coupes de la cóte méridionale de l'ile se dé- 
veloppant au regard du naturaliste tranquillement assis dans une barque, à 
partir du vieux cháteau. ; 

Le climat d'Ischia est plus doux en hiver que celui de Naples, comme l'at- 
teste, en dehors de la liste que nous donnons ci-dessous, la présence dans les 
jardins d'un certain nombre de plantes exotiques, cultivées en pleine terre, 
telles que Ficus elastica, Musa, Cereus, Russelia, Sparmannia, etc. 

La végétation spontanée a été décrite d'abord par Tenore, puis dans l'excel- 
lente flore spéciale publiée en 1855 par Gussone, sous le titre de Æ£rumeratio 
plantarum vascularium inarimensium (Inarime, l'un des antiques noms de 
l'ile. Notre confrère, M. Charles Bolle, y a ajouté dans le Bulletin de la So- 
ciété botanique (séance du 10 mars 1865) un supplément intéressant compre- 
nant, en fait de Phanérogames indigènes, 12 espèces et 6 variétés, plus 7 espèces 
naturalisées. 

La flore d'Ischia, analogue à celle de la cóte voisine de Pouzzoles et de 
Naples, en différe pourtant sous plusieurs rapports. Un certain nombre d'es- 
pèces, abondantes dans la première, manquent dans l'autre, et réciproque- 
ment : on en trouvera les listes dans la flore de Gussone. Parmi les plantes 
d'Ischia qui n'existent ni à Pouzzoles, ni à Naples, il en est qui se retrouvent 
dans d'autres parties du royaume, méme assez éloignées ; d'autres appartien- 
nent à des contrées différentes : par exemple, l Helianthemum juniperinum 
de l'Espagne. 

Le fait le plus remarquable de la végétation d'Ischia est l'existence, déja 
signalée par Gussone, auprès des fumarole et des eaux thermales, de deux 
plantes tropicales à l'état sauvage. L'une est le Cyperus polystachyus (Rottbell) 
à aire de végétation très-vaste dans l'ancien et le nouveau monde (1). Elle semble 


(4) Alph. De Candolle, Géographie botanique, pp. 580 et 1030. 


SÉANCE DU 8 JUIN 1866. 287 


être venue chercher la température qui lui convient sur les fumerolles mêmes, 
où nous l'avons trouvée au ravin delle Petrelle, s'ouvrant sur la Marina d 
San Angelo. Elle n'existe nulle part ailleurs en Italie : sa floraison, selon 
M. Bertoloni (Flora italica, t. IIT), n'aurait lieu qu'au mois d'août; nous 
l'avons trouvée en bon état le 21 mai. L'autre est une Fougère, le Pteris 
longifolia, originaire de la Jamaïque et de Saint-Domingue, égarée en Sicile 
et en Crète; nous l'avons, comme M. Bolle, recueillie à la Stufa del Cacciuto 
près Casamicciola, à côté des bains; M. Bertoloni (Flora italica, t. V) lui 
impose le nom de Pteris vulcanica, contestant qu'elle soit identique avec le 
Pteris longifolia de Linné et de Swartz, et il renvoie, à cet égard, à un cahier 
de ses Miscellanea botanica que nous n'avons pu nous procurer. En attendant, 
nous nous en tiendrons à l'ancienne appellation adoptée par Gussone. 

Comme M. Bolle, nous avons remarqué que le Pteris longifolia, pillé par 
l'indiscréte curiosité des baigneurs, n'offrait plus qu'un petit nombre d'indi- 
vidus jeunes et non fructifiés, à la différence de ceux que M. Bolle aurait vus, 
à Salerne, peut-être dans les jardins, où ils acquéreraient toute leur perfection. 
M. Bertoloni ne fait pas mention de Salerne, mais seulement de deux localités 
siciliennes : Taormina et une autre localité prés de l'Etna. Mais M. Bolle, 
comme Gussone, n'a pas, ce nous semble, accordé assez d'attention à une rareté 
non moins intéréssante au point de vue de la géographie botanique, une autre 
Fougère, le Woodwardia radicans Swartz, Filiz italica... gallas ferens de 
Tilli (Hortus pisanus). Cette belle Fougère, italienne sans doute, n'en est pas 
moins une émigrée des Canaries, arrivée à travers le Portugal oü tous les au- 
teurs l'indiquent, en Italie, d’après Tilli aux environs d'Amalfi, d’après Ber- 
toloni seulement à Ischia et à l'Etna : ce dernier auteur ne mentionne pas la 
localité de Sorrente donnée par Tenore. Nous l'avons recueillie en belles toufles, 
mais non encore fructifióes, sur les pentes abruptes du vallon dell’ acqua 
fresca, auprés de Casamicciola; nous en avons rapporté des rhizomes; outre 
cette localité, Gussone en cite deux autres dans l'ile. 

La variété des terrains d'Ischia et leur configuration accidentée sont telles 
que, sur une étendue circonscrite par une ligne de dix-huit milles géographi- 
ques seulement, elle présente une richesse exceptionnelle de productions végé- 
tales; pourtant les prés proprement dits y font défaut, l'eau courante y étant 
fort rare. Quelques bois de Chátaigniers et de Chénes, dont un de ceux-ci à 
feuilles persistantes (Quercus Flex) et trois à feuilles caduques (Q. pubescens 
Willd., Q. Virgiliana Tenore, et Q. Cupaniana Gussone, simples variétés du 
O. Robur) (1), revêtent les pentes de l'Epomeo et de Campagnano, découpées 
en vallées profondes; ces arbres ne laissent pas que d'entretenir une fraicheur 
favorable au développement d'une foule d'espèces annuelles ou vivaces. L'A7- 


(1) Quercus Virgiliana =Q. Robur subspecies sessiliflora var. y Virgiliana DC. Prodr, 
—  Cupaniana = Idem. id. 
— pubescens — Idem. id. var. B lanuginosa Ibid. 


988 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


nus cordifolia Tenore, indigène de l'Italie méridionale, de Naples aux Cala- 
bres, a été introduit dans l'ile par Gussone; on en a bordé une route prés de 
Casamicciola. La culture s'étend jusqu'au fond des anciens cratères, elle est 
d'ailleurs à peu prés la méme qu'aux environs de Naples. 

Les sables maritimes nourrissent toutes les espèces que nous sommes habi- 
tués à rencontrer dans les stations semblables de nos contrées méditerranéennes : 
Silene niceensis, Echinophora spinosa, Ambrosia. maritima, Malcolmia 
parviflora, Matthiola tricuspidata et sinuata, etc. 

Les terrains argileux, invariablement accusés par la présence du Tussilago 
Farfara, ont leur végétation pour ainsi dire septentrionale : Ononis spinosa, 
Anchusa italica (plante si commune en France, où elle n'est étrangère que de 
nom), Diplotaxis tenuifolia, Neslea panniculata,etc. Ces terrains, qui s'élèvent 
jusqu'au sommet de l'Epomeo et fournissent une excellente matière aux tui- 
leries et poteries de Casamicciola, ont une végétation tranchée à physionomie 
plus septentrionale : les céréales y prospèrent sans avoir besoin de l'abri que 
la Vigne leur préte dans les terrains friables et brülants de tuf volcanique. On 
retrouve la Vigne jusqu'auprés du sommet de l'Epomeo, mais ses fruits n'y mü- 
rissent pas, arrêtés dans leur développement moins par la rigueur de la tempé- 
rature que par l'impétuosité des vents. 

Les rochers, dans leurs anfractuosités souvent inaccessibles, méme aux chè- 
vres, se couvrent des espèces ordinaires, les Cineraria maritima, les Férules, 
Daucus gummifer, Anthyllis Barba Jovis, Euphorbia dendroides, etc. Tl 
en descend quelques-unes jusqu'au bord de la mer, à la portée du botaniste, 
telles que le Kochia saxicola de Gussone, que nous avons cueilli auprès de la 
petite plage de Carta Marina, entourée de rochers, idéal réalisé des bains de 
mer, poétique retraite des Néréides. Sur les murs de terrasse en pierres séches 
pendent également les touffes du Linaria de Tenore (L. acutangula), bonne 
espèce dont Gussone a soigneusement décrit les caractères. 

Les coulées volcaniques, à surface rugueuse et scoriacée, si tristes en Au- 
vergne et qu'on y désigne sous le nom de cheires, ont ici leur parure méridio- 
nale de Cytises, d' Erica mediterranea, de Cistes, ces derniers accompagnés 
de leur parasite le Cytinus, de Vitex Agnus castus, de Térébinthes, etc. 
Une partie de celle qui, descendant du Rotara, se termine dans la mer à la 
Mandria, entre la ville d'Ischia et Bagno, a été en grande partie et par les soins 
intelligents de mon ami M. Auguste Meuricoffre, consul général des Pays-Bas, 
transformée en un parc ravissant. Il n'a cessé, pendant trente ans, d'y répandre 
des graines de toutes sortes d'arbres ou d'arbustes, notamment de Genéts 
d'Espagne, qui sont au moment où nous parlons en pleine floraison, recouvrant 
au loin la lave d'un vêtement doré. A leur ombre protectrice se sont établies 
d'elles-mêmes de nombreuses colonies de Composées, de Cistes, de Légumi- 
neuses (Lotus villosus, en abondance), de Labiées (Prasium majus, Micro- 
meria greca, etc.), de Liliacées (principalement du genre Allium), d'Orchi- 


SÉANCE DU 8 JUIN 1866. 289 


dées (Serapias, Ophrys, etc.), et de ces jolies Graminées que les jardiniers 
de Paris commencent à cultiver en pots, comme plantes d'ornement des 
salons, Lagurus, Briza, Airopsis pulchella Tenore, etc.; le Mesembrian- 
themum acinaciforme, partout à profusion. Le moment est venu où les Pins- 
Pignons compléteront le paysage. 

M. Bolle nous promet, pour une autre communication, quelques nouveautés 
bryologiques ; elles seront d'autant plus les bienvenues que, comme dans la plu- 
part des flores imprimées, la cryptogamie s'arréte avec la famille des Fougères. 
M. Bertoloni a pourtant poussé ses descriptions assez avant parmi les Mousses 
dans le fascicule de 1858, le dernier qui soit encore parvenu au Musée Deles- 
sert. Quant au reste des Cryptogames vasculaires, et au vaste desideratum des 
cellulaires, silence ordinairement complet et déplorable, Noli tangere! Nous 
nous en sommes souvent plaint, la Société peut s'en souvenir. Cependant Gus- 
sone n'a pas laissé que de donner à cet égard, dans une note de son introduc- 
tion, quelques indications précieuses, parmi lesquelles celle d'un Lichen (Ste- 
reocaulon) si abondant parfois, dit-il, sur les rochers qu'ils en paraissent 
comme recouverts de neige; nous ne pouvions manquer de le rencontrer. 
Persoon (Act. Wetter., t. IL, tab. x, f. 5) l'a nommé S. vesuvianus comme 
avant été d'abord découvert au Vésuve; on l'a retrouvé à l'Etna; il est aussi à 
Ténérifle, d’après Hartung. Fries ( Lichenographia europea, 1831) l'a placé 
entre nos vieilles connaissances des Alpes (S. alpinus et S. denudatus ). 
M. Nylander ( Parerga lichenographica, 1855) le réunit à cette dernière, 
comme espéce douteuse, en faisant observer que pourtant il parait en différer 
par la couleur et la forme cornue des écailles primordiales de son thalle (£a- 
gerschueppchen). I aurait fallu que nous pussions en rapporter des échantillons 
fructifiós qui manquent aux collections (Aactenus sterile lectum, dit Fries), 
mais le temps nous a manqué. 

Parmi les jardins d'Ischia, remarquables plutót par leur agrément que par 
un mérite particulier sous le rapport de la botanique, nous citerons celui du 
ci-devant cháteau royal, embelli par le roi Ferdinand II, et qui domine le joli 
port de Bagno, créé sous son règne et le meilleur abri de l'ile pour les navires. 
M. Auguste Meuricoffre nous a signalé, dans sa propriété déjà mentionnée de 
la Mandria, un PAeniz dactylifera de belle taille, remarquable par un mode 
inaccoutumé de croissance de sa couronne foliaire. Chacun sait que dans la 
tige des Palmiers les faisceaux fibro-vasculaires se courbent et se croisent dans 
diverses directions, et qu'ils donnent naissance en haut aux feuilles, en bas, 
assez fréquemment, à des racines adventives. Or, dans le P/n?x dont il s'agit, 
il est arrivé, il y a une quinzaine d'années, que les faisceaux fibro-vasculaires 
émanant du sommet, au lieu de rester renfermés dans l'enceinte commune de 
la tige, ont commencé à s'en détacher par groupes, comme annelés par les 
traces des pétioles tombés : ces groupes montrent. dans leurs développements 
successifs une tendance marquée vers la disposition spirale propre aux feuilles 


200 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


des Pandanus. Cette anomalie mérite d’être constatée par un dessin exact; 
nous espérons le soumettre prochainement à la Société. 

Nous venons de passer bien imparfaitement en revue de nombreux objets 
d'étude remplis d'attrait. Tout cela, gráce aux progres de la vapeur, est désor- 
mais et pour ainsi dire à nos portes, à 53 heures de Paris (1). Le moment 
viendra où les botanistes pourront aussi, sans trop de fatigue et de dépense, 
s'élancer sur les traces de Tenore et des excellents collecteurs, les Thomas 
(de Bex), à la recherche des plantes encore trop peu connues des Abruzzes et 
des Calabres : mais il faut attendre, pour s'engager dans ces montagnes, que le 
grand probléme des destinées de l'Italie soit résolu. Puisse-t-il l'étre par des 
négociations pacifiques! Des efforts suprémes se tentent aujourd'hui dans ce 
but, au nom du bon sens et de l'humanité : la science aussi les appuie de ses 
veeux. 


(1) De Paris à Marseille, en chemin de fer. ..... POLI MEC IER 17 heures. 
De Marseille à Livourne, en bateau à vapeur ........... 205022 
De Livourne à Naples par Civita-Vecchia (la lacune de Nunziatella 
sera achevée en décembre prochain) et Rome, en chemin de 
wall re e a Laos ce sr... ds... Sooog. «Hi 


———— 


Tota] . 53 heures. 


SÉANCE DU 8 JUIN 4866. 291 
TABLEAU DES VÉGÉTAUX EXOTIQUES 


(Arbres, arbustes ou plantes vivaces des pays chauds), 
EXISTANT EN PLEINE TERRE DANS LE JARDIN BOTANIQUE DE NAPLES. 


. | AFRIQUE à AMÉRIQUE 

"EHI. QI8S > Š z E| a "3 
ET aA Ri AE Sell £ E d = | S LE 
as9|sz|$s A |B3|ÉNIÓAS E. 
AH. RB 19 pi Bib 1 3 25 

y 2 el À m5 >| & | d 5 
GENRES. EME RS 51818217 
S E so o Exi 39 

£9 Z £ 


26. POLYPODIACEZÆ 1. 


Acrostichum ...., le.) 7l 
38. CYCADEACEÆ. 
hi te o Ks 1 TE 


Encephalartos........ Pop UL dl 3 
42. GRAMINEÆ. 


Andropogon......... 1... Imp: 1 

Arundinaria......., cul c cu 

Brza-..... ONUS £t: dx Id 

Bromus ^; —- sl. ed 

GROTE 2... eee ieusuissssh d 

Panicum ....... | | 

Saccharum . ....,.... Sur o ess D nn. | 1 
43. CYPERACEÆ. 

Cyperus ae ce T 
48. COMMELYNACEÆ. 

Commelypa ooo ue. ,1.,,.1.1 Al. Ll oun 
51. JUNCACEÆ, 

Xerot8s .. 2... e EE cem Rm A 


53. MELANTHACE£. 
Schelhammera........].... 


55. LILIACEÆ, 
FUIT PEN etude RESI e 
Aloe.. — $5. 5. 9 $ 2$. Cu 1 
Dianella.:.......- es he Se 2e. D 2 
Eustrephus ..,....... 5onnlicasnlieneciocot 1 
Eritillaria s 2530925 9 
Emikis 223.5949 ]9- 7 À 4 
Hemerocallis ....,.... 2 ccu 
Duium 22-5 E onda r 1 
Ornithogalum ........ LI E 
Manum reel 1 as lo horrt. À 
Polianthes., ......... he de. | À 
Tritomanthe. . .... : Cus ci 4 
TUCC... -osete E. a aeee eeeoderse 4 2 
61. IRIDEÆ. 
Anomatheca....... A x1 
Aniholyza eee rera Mr 1 


Crocus ....-..--- 4 


Dias. . ..... S... |. 2 
Gladidlus- 7 ... --.-- dh ihe. 2 
lris- cs es C T 1 
Dua  —— MA | 2 
Morwa... ee : 1 
Sisyrinchium,........ 2 “à +4 5 


1 Les chiffres qui précèdent les noms des familles sont les numéros du Genera d'Endlicher. 


292 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


.| AFRIQUE ES AMÉRIQUE 
m s z pA € m S = alz s n = 
ET ARa ssl secus 12: 
n d| SE|22 e| aN] aS 
*3|*8|$z| EESE :|8 IPS TEE 
R 9|gnc|iuwc HIS 2 ga G H ES 
GENRES. 2l 25 EL [^] < 3 2 si 
Se z a |? 
62. HÆMODORACEÆ. 
Anigozanthus.....,... 1 
64. AMARYLLIDEÆ. 
gave... + epu n Ip ER E EE 
Amaryllis... ......... ia: D | © 
65. BROMELIACEÆ. 
Dasylirion ........... D ug i 
69. CANNACEÆ. 
Canna.. e a Les 5955-5. a 9 
72. AROIDEÆ. 
ACOCUS.. -aa a an 2: : 1 
Ambrosinia, ......... ~. | 34 
Arum.. o ee a o0 4 
Richardia ......... : 1 
75. PALME. 
AreCa.... s d. erre ree : : ` 1 
Chamædorea . .... li bio : . 1 
Phœnix ........ sel. 4 
76. CUPRESSINEÆ. 
Callitris. —....-..-..- EE. 44i ico 9 
Cupressus ........... a c e d E 1. vM 4 
Juniperus.......^ .... 1.1: D oeste. Im D 
hujas 9:929. 1: cm. d 1 4156. 1 
77. ABIETINEÆ. 
Araucaria....,..,..... oo. : 2 
Cunninghamia ..... ooolloooc A dl 
Pinus. ce Rn 4 : 2 
78. TAXINEÆ. 
liodocarpus- 4.5 22-9] 9 19 1 
86. CASUARINEÆ, 
Casuarina ........... ues ere aile cuil mul 4 4 
87. MYRICEX. 
Myrica.. .......1.... ne 1 9 
89. CUPULIFERÆ. 
Quercus... .. . e se dem dp 1 
91. CELTIDEÆ, 
Celtis... ts : ue c 4 
92. MoREX. 
Broussonnetia . ... s 4 
a 5.0.0. ce ie i 4 
96. ANTIDESMEÆ. 
Borya...... Aue e : sl: 4 
98. BALSAMIFLUÆ. 
Liquidambar ......... 4 
101. CHENOPODIEÆ. 
Beta.. nn ls... Lac 
Bose... 3 Ad 
Chenopodium......... sosslere cl... remuer... |.: 2:12.) 40 
102. AMARANTACEÆ. 
Alternanthera ........ sess 
a. A. Bassii et A. reticulata, ont pénétré en Sicile et jusqu'en Sardaigne. — b. Bermudes. — 
c. Et Jamaïque. — d. Moq.-Tand, in DC. Prod. XIII, rr, p. 87 (Geltideæ Endl. no 4854). — e. Et 
Pennsilvanie, — f. Et Chine, Japon. 


SÉANCE DU 8 JUIN 1866. 293 


AFRIQUE " | AMÉRIQUE 
FAMILLES S —— — . a E | . | má —— 

SiS. 415s|z: s 2 

m-c|'sm- moo E | n = 
Sd zo 4 [5] zZ a |<< < cm|.- 9. 
ET oleziss| es = 4| ENJIS] S 5x 
Fes En E menaa RARE 

TUM À - = e En d o 7 £É 
GENRES. SSS| aS ala a 8e 32/7 
ex | TO o Bes] 99 

ae Z s 

103. POLYGONEÆ. 
Atraphaxis.......... 1 


Brunnichia >. 1-3 ounce EE 1 
104, NYCTAGINEÆ. 
Mirabilis ........... seres il éooc 41 ll. 2 
106, LAURINEÆ. 
Camphora ....... ooollocoolloouollsocollocoull al 
Bercea. a 90 ~i À 
109. DAPHNOIDEÆ, 
Pimelea. R e oen 4 
Gnidia. D DC 1 
113. PROTEACEÆ. 
Dryandra.. -ri jocstobeoieeedleaeuicosoh 9 
Embothrium ........ deu s. RD. sis stets 1 | 
Grevillea-.... ...... io demde cpu 3 | 


Isopogon- = o- coul... LL | 
Leucadendron. .....1....1....| 1 | | 
Lomatia: 2335-529 e a 72 | 
| | 

| 


117. PLUMBAGINEÆ, 
Plumbagoj2-- 5e 3eodleescliaoosoopeiloscolosouicc- aucem 1 
120. COMPOSITAE. 
Agathma —....... A 
Andriala ..... d ict + 4 
AntBemis..........i1 1 
Arctoti£ a eee 22.5 con ecd 1 
Athanasia  —— aa] here 1 
Baccharis -- Bolle. esed. .xslejp eL DP 1 


Centaurea >- 2 dd one nue 1 
Chrysocoma......... | À | | 
Cineraria........... pun 1 | | 


Diplopappüs... -erof il À | 
Elephantopus.. .. e. «| eed] od] 1 | 
Encelia ...... boss saecu eu. oes lese Poser. 1 
Erigerom. ll. |... D... ln. 2 
Ethulia : .:::...... a a | 71 | 
Euryops...... >: else. À | 
Burnybia 5 sosclivenclasdddiioobellandell à 

Garüleum :......... se lai 1 | 
Gaza. le... 2 | 
Gnaphalium........ he. sc EA 1 
Helianthus  .....h. 1 1... D 1 
Heliehrysum ........ soscllecosl- 4 lssosllssacl]] 3 
Heterothalamus...... FOURIER IEEE vie. 


> 


a, Plus un de Californie. 


t 
294 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
, AFRIQUE E AMÉRIQUE 
FAMILLES S e E dE é nes 
"E: 8 saa 2E E. Le 
E 23|2:]39| B 8283 322 R8 
ei258l]5 + Teja > S|22|5o0 
GENRES. e| 8385|38 AJA El G gs a 
Se acc E Des E o 
120. CowPosiT (suite). 
Leighia 222. GOLU 1 
Moscharia ....... zolsrile 1 
Osteospermum.,...... -I tl 
Phuchea: .. scsi osure: i č.. i-i : : 1 
Senecio ..........., 11 0 2 
Seriphium .. ....... enar] 1 
Sphæranthus ........ | À 
124. LOBELIACEZÆ. 
fsoloma- 9 2h. 1.1... : |. 1 
Lobelia 122-2231 Allo Poe. 1 
125. CAMPANULACEÆ. 
Adenophora..... bouullugoollso élldouellogoul) £6 
Campanula.......... 2 
Lightfootia.......... zooclicoocll A 
126. STYLIDIEÆ. 
Stvliium. 2. 3 Last rert eoe kdenk 1 
127. RUBIACEZÆ. 
Borreria...... : 5... : à T 2 
Bouvardia ..,....... ó . à 1 
Crucianella --- à 4 
Gardenia. ..... sos... IE FD 
Serissa... .......... Rc i um 4 
128. LONICEREÆ. 
Lonicera... a:i is c 16 
Symphoricarpos...... dum xim Its 2 
Viburnum .......... dpa ES 4 
129. JASMINEÆ. 
Jasminum ..... 2 21.2.2 94 
130. OLEACEZ. 
Fontanesia, .......…. 4 
Fninus. R T 4 
IET M RASE Ur Pos 2 1 
Synnga. :.. CRC Te Tbe 1 
132. APOCYNACEZÆ. 
MN Cai EE E I 
Ardunia. a a eu. paa 1 
Gelsemium.......... 1 
Nenum.-  —.. : e 4 
133. ASCLEPIADEÆ, 
Anantherix......... jm 4 
Ascleptag-. 1. oe. teed ife» 9 
Gomphoecarpus....... |...) À 
136. LABIATAE. 
Ballota o este. 1 
Lavandula. --..... 1 1 
Leonolis...... eena anib enni 1 
Melissa... der ue 1 
Moluccella...... ... 1 
Salvia ......,..... | 2 4 4 4...) E S 4 
Westringia.. ........ occeloccohceacollococloaosl À 
a. Et Daourie (Russie asiatique), — b. G. Thunbergia. — c. Et Inde, — d, Et Madère, Açores. 


SÉANCE DU 


23 FÉVRIER 1866. 


295 


FAMILLES 
ET 


GENRES. 


137. 


139. 


143. 


144, 


148. 


149. 


150. 


163. 


VERBENACEÆ, 


ASIE 
occidentale. 


septentrionale Y 
et Canaries, 


| 


Caryopteris. ......... |. 


Duranta ..... À ; 


Lippia 

Verbena 
GLOBULARIE X. 

Globularia .......... 
ASPERIFOLLE, 

Anchusa. .........,. 

Echium 
CONVOLVULACEÆ. 

Batatas 


ere 2e. rf 


Ipomæa . 
SULANACEÆ. 
Cestrum. . 


nos Hot ve 


Lycium 


Sets s tee. 4 


SCROFULARINEÆ, 
Buddleia 


CRIAM AXI 


ACANTHACEÆ, 


elei. «e. COCO 


Gendarussa. .......« Seld 


Jusibia. 21... V. $ 
. BIGNONIACEZÆ, 
Amphicome 
[ncarvillea 

. MYRSINEÆ. 
Ardisia 
Myrsine 
SAPOTACEÆ. 
Bumelia 
. EBENACEZÆ. 


«e 6 terre 


HS CO a v» 


DIOSpyTOS. i... -eei 5opc 


Styrax 
. EPACRIDEJE, 

Epactis. -.....- 
. ERICACEÆ, 


Rhododendron 
. UMBELLIFERÆ, 


s". €. « «et »» B + 


Eryngium. .... ococlle 


ARALIACEÆ,. 


165, CORNEZ. 


Aucuba .... 


GO) O0 C0 O0 0000 Ci PSN CC 


Qu Ueemncocpouloulmoudo 


A a a E 


E ERT TNA 


N T a 


> 


94 ^.) 9 p» en 


4.» sr 99 


AFRIQUE 


australe, 
Cap, etc. 


| 
| 


13 


| 


ET JAPON. 


INDE. 


Be 


CHINE 


AUSTRALIE, 
Nouv.-Zélande. 


—— 


OCÉAN 


Pacifique. 


(sud). 
inter-tropicale | 


États-Unis 


| 
| 


AMÉRIQUE 


et Chili. 


> D 


296 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


AFRIQUE S AMÉRIQUE 
EIs sales la all E. 
ET as sz|si$| 3 |BX|ESIES sais 
T MI x ~ w - 
GENRES. 2 i: $3 E E E z 
168. BRUNIACEÆ, 
Brusia 12755 1 
170. SAXIFRAGACEÆ, 
Bscallonia -- A lou SSSR sh ce 3 
Hydrangea...... >: 
176. MAGNOLIACEÆ. 
Maghoha.....:.... £2 D Jg 
Michelia............ Ecos: 1 
Mhin. Se 2x ce ccs). 2 
177. DILLENIACE. 
Gandollea s. 73.2. ass ss c 1 
178. RANUNCULACEEE. 
Aconitum. 4. 29. 2. : 1 2 
Peonia....... rp 1 


Nandma-- .. 4... 1 
180. PAPAVERACEX. 
Argemone.. h.. Hdi either.) ! 
Eschscholtzia........ Qu ion damit des s Es 2 
181. CRUCIFERÆ. 
Cheiranthus. ........ "m 2 
6Grambe | -. 165 : 
Lepidium........... DOE Bn T n RC NEN E 1 


188. CISTINEZÆ. 
Helianthemum.......].... il 
195. BIXACEZÆ. 


Kiggellaria.......... socoloccoil 4 
197. PASSIFLOREÆ. 

Passiflora... 00oclteoccollococlloooolioecolleocelleccsiossc 
204. CACTEÆ. 

Opuntia- -i.s oeoo. noble a a ee 


205. MESEMBRIANTHEMEÆ. 
Mesembrianthemum.. .|.... |... 1 
207. CARYOPAYLLEZÆ. 


Dianthus a.s.. k.s 4 
208. PRYTOLACCEZÆ. 
Pircunia 4.1... des. lisse dis al.) d 
209. MALVACEÆ. 
Mimus.. l.. . ER. A Eie. 2 x 1 
Malope.. 5... .... “ose celle A c sd ec de. 1 
Pavonia 2... . : 1 


210. STERCULIACEÆ. 


Stereulia. |... ....... se E E 1 
211. BUETTNERIACEX, 

Seringia- ee Lie decas 1 
219. TILIACEÆ, 

Entelea ...... -aori R O a ee 1 
215. TERNSTROEMIACEE, 

Camellia... .. e e.r. AE ub. v. 1 4 


a. Et Java. — b. Et Hongrie 


SÉANCE DU 8 JUIN 


1866. 


297 


FAMILLES 
ET 


GENRES. 


215. TERNSTROEMIACEÆ (suite). 
224. AURANTIACEÆ. 


225. MELIACEÆ. 


230. SAPINDACEÆ. 
Koelreuteria......... 
233. POLYGALEÆ. 


234. PITTOSPOREZÆ. 
Pittosporum......... 

236. CELASTRINEÆ. 

Celastrus ........... 

Evonymus ..... Sooc 

239. RHAMNEÆ. 


Ceanothus ---.- ---- 
Philyca 5... -- Ac 


Mappa. -e a: 
245. ANACARDIACEÆ. 


Dodonæa........... 


250. ZANTHOXYIEZÆ. 


251. DIOSMEÆ. 


253. ZYGOPHYLLEÆ. 
254. GERANIACEÆ, 
256. OXALIDEZ. 
264. PHILADELPHEEÆ. 


DBeécumária.......-..- 
DeutZil. . . .. .. - 


T. XIII. 


LEA... s. 


Citrus: s]. 


ACOTs5......e.e. die 


Polygala... ...:: Ge 


Pomaderris......... Ss 


Duvaua .. 9) 3 - 2. 


Selinus... ...:.».>: 0e 
RhUS 2. es AC 


Ailantus.. ......... Ac 
Zanthoxylon.........1.... 


Agathosma.......... : 
Calodendron......... : 
Diosma . . .-..-. 2. 


Melianthus ..,..:..--|.. 


Pelargonium......... 3c 


ASIE 
occidentale. 


septentrionale 
et Canaries. 


| 


AdeHE —.... 2.35.4 food 


Oxals onn. dau ce 


ve» .s.le.eet9t 


australe, 
Cap, etc. 


AFRIQUE 


! 


CHINE 
ET JAPON. 


B 


1b 


INDE. 


— | 


1a 


AUSTRALIE, 
ouv.-Zélande. 


|x 
| 
| 


E. 


a. Et Indes-Orientales.— b. Oxalis cernua, naturalisé à Naples; cf, Fl, libyca Viviani. 


AMÉRIQUE 


OCÉAN 
Pacifique. 


Etats-Unis 
(sud) 
inter-tropicale 
et Chili 


(séances) 20 


298 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


.| AFRIQUE 
FAMILLES 3 ML; — 
Q 
Eslss PEN 
GENRES. 2159 3 Ey 
S9 2 
264. PHILADELPHEÆ (suite)... 
Philadelphus ........ ane 
265. OENOTHEREE. 
1 (Enothera--. .-. ..-.. . 
266. HALORAGEÆ. 
Gercodia s ----- 39... - ... 
267. LYTHRARIEÆ. 
Heimia...... 23.5.5 5c 
Lagerstremia. . ...... 2 dr e. 
269. MYRTACEÆ, 
Bæckea............ ne . 4 
Callistemon 3299 n: 
Calothamnus ........ or 
Eugenia............ 2. 
Fabricia- .- E $2 
Jambosa. oro ieoa 
Leptospermum....... BS 
Melaleucai .,. ,..... ied Har 
Metrosideros . . .... 1 
Synearpia:. -r Scie 
270. POMACEZ. 
Cotoneaster 1 . 6 
Crategus- | £l 
Cvdonia- 7 S Él 
Erlobotrya-. 339995 baoc 
Phonnia 239 25 s 
Pirus e 1 
271. CALYCANTHEÆ. 
Chimonanthus ....... : 
272. ROSACEÆ. 
Acmla - ...... 2 2 
Fragaria, :. ...:. oc E ded 
Geuk 1 7 S.l Fes Atos 
MOI 1. 1-1 HR RE 
RO 7.2... 51.2 zii 4 4 sl t 
TRübBS 2e uo i old A E + 40 
Spa... ee. 12 bu 
273. AMYGDALEÆ 
PEURUS...-.-:. ee 1 
275. PAPILIONACEÆ. 
ADI... i 
Baptista: 1... SS 
Brachysema. ........ “oc : 
Carmichelba ...:..... ES 
C8888 s is le ee 
Crotalaria... 2 vods 4 
Chororzema- . -: -2 Set 
Callistachys. .. .. >- n. 
Dolichos... ... |. se 
Edwardsia ...... $3. 
Gleditschia -n 1 a 2 


a. Et Terre de Magellan, Californie, — b. Et Ile-Maurice, 


a 


CHINE 
ET JAPON, 
AUSTRALIE, 
Nouv.-Zélande. 


| 
| 


ESS 


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OCÉAN 
Pacifique. 


AMÉRIQUE 
— IT amm. 
2 
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gs 
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E QT 
4 
1 
1 
4 
1a 
4 
1 
1 
4 
4 
1 LA 
1 
2 


SÉANCE DU 8 JUIN 1866. 299 


AFRIQUE v AMÉRIQUE 
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275. PAPILIONACEE (suite)... . 
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Lessertia ..... A A 3 
Mirbélia:.- ii rpres ea es iada a 2 
Podalyria s 5... To d | 2 
Phaseolus. ........ 5hoocolodoclloooo 4 
Bsoralba, sge 5... ... sides bus lode: dotis... D 
Swainsonia. ........ pum deci 1 
SOphOra se. 2-1. 1 
Hoveal 29 2B eee 1 
Virgilia: -- 5. se 3eo2llconal] 20 
Witir. 22s. LI HS IAM 1 
277. MIMOSEAX. 
Acacia ee em UE 1 1 1 29 I5sciliaaocll 7 
Prosopis. 25-2 nemus ll: soloooo! . 5! 
a. Et Abyssinie. 


M. Germain de Saint-Pierre constate l'analogie qui se fait remar- 
quer entre la végétation des environs de Naples et celle des environs 
d'Hyères. 

A propos du Cyperus polystachyus signalé près de Naples, 
M. Cosson dit que cette plante existe près de la Calle (Algérie), 
et ajoute ce qui suit : 


Le Pteris longifolia croit dans les gorges de la Chiffah, et il est digne de 
remarque que cette plante tropicale y vit associée avec des plantes de la flore 
parisienne, telles que l'Androsemum officinale, le Circæa lutetiana, V Arabis 
Turrita. Dans les gorges de la Chiffah, le C'ircæa, qui, aux environs de Paris, 
se plait dans les lieux ombragés, se développe dans un terrain aquatique et 
devient presque une plante lacustre. 


A propos de la présence du Circæa dans les bois secs et dans les 
lieux humides, M. de Scheenefeld fait observer que l’on constate des 
faits analogues dans la région parisienne : ainsi le Sez/fraga gra- 
nulata a été recueilli par lui dans les sables arides du bois du Vési- 
net et dans des prairies submergées à Auflargis (Seine-et-Oise). 
M. de Schœnefeld a également trouvé le Pirola rotundifolia dans les 
Bois-Noirs prés Saint-Germain, daus la forét de Montmorency et 
dans les iles flottantes de l'Étang de Valiére prés Marines. 


300 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


M. Chatin a constaté l'existence du méme Pirola dans une loca- 
lité aquatique, la queue de l'étang de Grand-Moulin prés Dam- 
pierre. Il a aussi recueilli le Sazzfraga granulata dans des stations 
aquatiques, par exemple dans les marais de la Reine-Blanche prés 
Orry-la-ville (Oise). 

Comme exemple analogue, M. Cosson fait remarquer que le 
Gymnadenia odoratissima se trouve sur deux points de la flore 
parisienne dans des conditions tout à fait différentes : sur la colline 
de la Justice prés Malesherbes et dans les marais de la Genevraie 
prés Nemours. 

M. de Schenefeld rappelle enfin la présence du Pirola rotundi- 
folia var. arenaria dans les dunes de Saint-Quentin en Tourmont 
(Somme). | 

M. Cosson fait toutefois remarquer que ce Pirola a besoin pour 
se développer de l'abri du Salix repens ou de l Hippophaë rham- 
noides. 

M. Boisduval présente à la Société trois plantes qu'il cultive avec 
succès: Scilla Cupaniana, Saxifraga Cotyledon et Saponaria lutea. 
Cette dernière espèce provient d'échantillons recueillis au Mont- 
Cenis lors de la session extraordinaire de 1863. 

M. Cosson pense que le Scilla présenté par M. Boisduval n'est 
qu'une forme du Scilla peruviana. 

M. Boisduval fait remarquer que son Scilla a les feuilles bien 
plus étroites que le Scilla peruviana. Le port d'ailleurs et l'époque 
du développement de la plante tendent à la lui faire admettre 
comme une espèce distincte du Scilla Cupaniana. 

M. le Président exprime le désir que M. Boisduval fasse connaitre 
à la Société ses procédés de culture dont les résultats sont dignes 
du plus vif intérét. | 

M. Cosson signale la présence en Corse du Juncus foliosus Desf., 
espéce nouvelle pour la flore de France: 


Il met sous les yeux de la Société des échantillons du Juncus foliosus 
Desf. Atl. I, t. 92; E. Mey. Junc., hA. — J. bufonius var. B. Laharpe 
Jone., 65. — J. bufonius var. B. major Boiss. Voy. Esp. 62h. Ces échan- 
tillons ont été recueillis en Corse pres d'Ajaccio, au mois de mai 1848, par 
Requien. M. Cossou dit que cette plante, généralement confondue avec les 
formes élancées du J. hufontus, est distincte de cette dernière espèce, par ses 
tiges plus gréles, par ses feuilles plus larges presque planes, et surtout par ses 


SÉANCE DU 8 JUIN 1866. 301 


graines assez fortement sillonnées-striées, à stries rapprochées, tandis que 
dans le J. bufonius les graines sont lisses ou presque lisses. Le J. foliosus 
n'avait encore été observé qu'en Algérie, dans l'empire du Maroc aux envi- 
rons de Tanger, et dans le midi du Portugal et de l'Espagne. 


M. Eug. Fournier signale à ce propos le séjour actuel en Corse 
de deux botanistes, MM. Mabille et Debeaux, dont les explorations 
profiteront sans nul doute à la science. 

M. Boisduval appelle l'attention de la Société sur la persistance 
de graines longtemps enfouies dans le sol de Paris. Il a recueilli à 
une grande profondeur, lors des fouilles récentes faites dans le sol 
de la Cité, une certaine quantité de terre qu'il a placée sous une 
cloche de verre interceptant l'air extérieur, et il y a vu se dévelop- 
per diverses plantes : Juncus bufonius, Urtica urens, Mercurialis 
annua, eic. 

M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication 
suivante : 


NOTE SUR LE LAGENARIA SPHÆRICO-VULGARIS, HYBRIDE OBTENU A HYÈRES, ET DÉS- 
CRIPTION DES ESPÈCES DU GENRE LAGENARIA, par M. GERMAIN DE SAINT- 
PIERRE. 


Entre autres belles espéces nouvelles de la famille des Cucurbitacées que je 
cultive avec succès au bord de la Méditerranée, à Hyères, dans ma propriété 
de Saint-Pierre, et dont je dois les graines à l'obligeance de mon ami M. Nau- 
din, j'ai semé en assez grand nombre, il y a deux ans (en 1864), le magni- 
fique Lagenaria spherica Ndu et j'ai obtenu des plantes vigoureuses et 
chargées de fleurs; mais, pendant la durée du premier mois de la floraison 
' de la plante (qui est dioique), je ne vis paraître que des fleurs femelles, qui 
se flétrissaient et tombaient par l'absence de fleurs mâles; et je dus supposer 
que, par une singulière bizarrerie, toutes les graines que j'avais semées 
avaient produit le méme sexe. 

Désirant cependant beaucoup voir arriver le fruit de cette plante intéres- 
sante à sa maturité, j'essayai, sans compter beaucoup sur ma tentative (tant 
les deux espèces présentent de différences essentielles), de féconder mes fleurs 
femelles de Z. sphærica par les fleurs mâles du Z. vulgaris (variété leucantha- 
longissima, Gourde-massue ou G.-serpent) que je cultivais dans le voisinage ; 
et je pratiquai avec soin le dépôt du pollen du Z. vulgaris sur le stigmate du 
L. spherica, à mesure que chacune de ses fleurs s'épanouissait. Pendant assez 
longtemps je n'obtins aucun résultat, les fleurs recouvertes du pollen étranger 
se flétrissaient et tombaient comme les précédentes, aucune action n'était pro- 
duite. Aussi fus-je assez surpris, un jour, de voir une de mes fleurs femelles 


302 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


persister et son ovaire grossir ; décidément la fécondation avait réussi chez cette 
fleur; en effet, l'ovaire devint fruit et parvint à la maturité. 

Plus tard, des individus mâles du Z. sphærica dont la floraison avait été - 
simplement un peu plus tardive que celle des individus femelles, fleurirent en 
abondance, et des fleurs femelles continuant en même temps à se produire, 
j'obtins un gtand nombre de beaux fruits normaux. 

Le fruit, résultat de la fécondation hybride dont je suivais le développement 
avec beaucoup d'intérêt, ne présenta aucune différence appréciable avec les 
fruits normaux ; il était de forme ovoide, de moyenne grosseur, et de couleur 
normale (vert intense maculé de vert trés-pále); (le fruit du Z. vulgaris 
var. leucantha, qui avait fourni le pollen, est de couleur blanche à la matu- 
rité, il est de forme cylindrique, de la grosseur du bras, et atteint un métre 
et demi de longueur). Je me demandais si ce fruit, que je regardais comme le 
résultat de la fécondation artificielle, n'aurait pas été le résultat de la féconda- 
tion par quelque fleur mâle du Z. sphærica, qui aurait échappé à mes recher- 
ches. Le semis des graines de ce fruit et la production de la nouvelle généra- 
tion pouvaient seuls trancher la question. 

J'ai ouvert le fruit à sa maturité, il renfermait un grand nombre de graines 
parfaitement conformées ; je les ai semées au printemps de 1865 ; puis, j'ai 
semé, dans une autre partie du jardin, des graines provenant des fruits fécon- 
dés normalement. Les unes et les autres ont parfaitement levé et ont poussé 
vigoureusement. Les Lagenaria sphærica type suivirent leur développement 
normal. Les graines provenant du fruit résultant de la fécondation hybride pro- 
duisirent des plantes dont le feuillage était identique avec celui de la plante- 
mère, le Lagenaria sphærica; ces plantes ne produisirent d'abord que des fleurs 
mâles qui me semblaient moins grandes, moins odorantes, et surtout beaucoup 
moins abondamment fournies de pollen que les fleurs des plantes normales. 

Enfin des fleurs femelles parurent, non sur des pieds différents de ceux qui 
portaient des fleurs mâles; mais sur les mêmes pieds ; la plante, si semblable 
d'aspect au A, sphærica (la plante maternelle dioïque), était parfaitement 
monoique, comme la plante paternelle, le L. vulgaris. À partir de l'apparition 
de ces fleurs femelles, la question était décidée, la plante était franchement hy- 
bride, et tons les pieds obtenus du semis paraissaient même hybrides au même 
degré. 

L'inflorescence etles fleurs de cet hybride sont exactement intermédiaires par 
leur forme entre les espèces maternelle et paternelle. L'inflorescence, au lieu 
d'être mulüflore comme dans le sexe mâle du L. sphærica, est subuniflore 
comme chez le L. vulgaris. Les fleurs ont le long pédicelle du Z. vulgaris, 
elles sont intermédiaires, par leur grandeur, entre celles du Z. vulgaris et celles 
du Z. sphærica, dont elles ont, en partie, perdu le suave parfum; somme 
toute, la plante a perdu de sa heauté en revétant une partie des caracteres du 
L. vulgaris. 


SÉANCE DU 8 JUIN 1866. 303 


Mais le fruit qui succède à la fleur femelle, et qui est également intermé- 
diaire entre les deux espèces, est admirable ; il se rapproche de la forme élé- 
gante du fruit du Z. sphærica ; il est ovoide, plus allongé, presque piriforme, 
mais d'un volume cinq à six fois plus considérable; sa couleur, intermédiaire 
comme sa forme, est d'un vert très-pâle, maculé de blanc verdâtre. 

Un pied de cette belle plante avait pris un si grand développement qu'il cou- 
ronnait d'un dôme de feuillage un très-grand Olivier dont les plus hautes 
branches semblaient porter les beaux fruits du Lagenaria, 

J'ai semé cette année les graines de cette plante hybride; nous verrons, 
l'année prochaine, si la descendance conserve les mémes caracteres d'hybri- 
dité, ou si, ce qui est plus probable, elle se rapproche chez un certain nombre 
d'individus, soit du type paternel, soit du type maternel. 

Je dois noter déjà que dans la premiere production de plantes hybrides, les 
fleurs mâles étaient peu riches en pollen, et les fleurs femelles trés-peu nom- 
breuses. Si ces caractères négatifs vont en s'affaiblissant encore, la plante ces- 
sera naturellement de se reproduire, soit par le manque de grains de pollen 
bien conformés, soit par l'absence de fleurs femelles. Il serait possible (mais je 
suis éloigné d'Hyères précisément en ce moment où l'expérience devrait être 
faite) de féconder les fleurs femelles : les unes par le pollen de la plante mater- 
nelle, le Z. sphærica; les autres (plus difficilement sans doute) par le pollen 
de la plante paternelle, le Z. vulgaris, afin de modifier la descendance, chez 
divers individus, dans le sens de l'un et de l'autre type. Mais, dans tous les cas, 
il y a peu de probabilité que l'on puisse conserver longtemps ce remarquable 
hybride, la plante étant annuelle et ne pouvant être par conséquent multipliée 
ou continuée ni par greffe, ni par boutures. 

Je suppose, du reste, que les fruits que j'ai obtenus du premier semis (dont 
je destine un spécimen à la collection de la Société), et dont les fleurs avaient 
été abandonnées à la fécondation naturelle, ont été fécondées non pas par le 
pollen (peu abondant et mal conformé) de la plante elle-même, mais (par 
l'intermédiaire des abeilles) par le pollen des Lagenaria spheerica et vulgaris 
cultivés en abondance l'un et l'autre à une trés-petite distance. 

Il me reste à caractériser, en quelques mots, les deux espèces normales pa- 
ternelle et maternelle, et la plante hybride. 

LAGENARIA VULGARIS L. — Plante monoique. Feuilles trés-amples, non 
pourvues de glandes à la base du limbe, à lobes larges, à pubescence molle et 
veloutée, d'un vert gai, à odeur musquée. Fleurs blanches à tube court, les 
máles portées sur de très-longs pédicelles ; corolle de dimension petite relative- 
ment à l'espéce suivante, à odeur peu agréable. Fruit trés-volumineux, de 
forme variée dans les diverses variétés, cylindrique dans la variété leucantha- 
longissima, étranglé à la partie moyenne dans la variété commune ; vert ou 
blanchâtre non maculé. — Grimpant, comme les espèces suivantes, jusqu'a la 
cime des grands arbres. 


304 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


L. SPHÆRICA Ndn — Plante dioique; feuilles ordinairement beaucoup 
moins amples que celles du Z. vulgaris, pourvues de deux glandes coniques 
à la base du limbe, à pubescence rude, d'un vert très-sombre ; inflorescence 
mâle pluriflore, inflorescence femelle uniflore ou subuniflore ; pédicelles des 
fleurs mâles et femelles courts. Fleurs blanches à nervures vertes en dessous, 
à tube court, à odeur de framboise trés-suave, larges comme la paume de la 
main, en forme de coupe; les étamines d'un jaune d'or. Fruit globuleux ou 
globuleux-elliptique de la grosseur d'un œuf de poule ou de dinde, d'un vert 
intense régulièrement maculé de taches horizontales d'un vert pâle. 

L. SPH.ERICO-VULGARIS (hybride des deux espèces précédentes). — Plante 
monoique. Feuilles du Z. sphærica. Inflorescence subuniflore. Pédicelles des 
fleurs mâles très-allongés. Fleurs blanches à nervures vertes, peu odorantes. 
Fruit ovoide, volumineux, d'un vert pâle maculé de vert plus pâle. 

Le genre Zagenaria, regardé comme monotype il y a peu d'années, s'est en 
outre enrichi d'une troisième espèce nommée par M. Naudin Z. angolensis. 
Cette belle plante a fleuri et fructifié, pour la première fois en Europe, l'année 
dernière, dans mon jardin de Saint-Pierre, à Hyères, et à l'établissement hor- 
ticole de MM. Hubert et Knoderer, en méme temps que dans le jardin bota- 
nique de Bordeaux, dirigé par M. Durieu de Maisonneuve; elle présente les 
caractères suivants : 

L. ANGOLENSIS Ndn — Feuilles du Z. sp/wrica, mais plus petites. 
Inflorescence pauciflore. Pédicelles des fleurs mâles courts. Fleurs blanchá- 
tres, peu odorantes, à tube cylindrique trés-long; étamines disposées.en un 
cylindre étroit (et non étalées en rosette comme dans le Z. sphærica). 
Fruit globuleux un peu déprimé, de la grosseur et de la forme d'une orange, 
d'une belle couleur vert gai, régulièrement maculé de taches linéaires hori- 
zontales blanches. 

Les Lagenaria sphærica et angolensis sont des plantes grimpantes émi- 
nemment décoratives, qui, en raison de leur durée annuelle, peuvent étre cul- 
tivées sous divers climats; elles paraissent, cependant, n'arriver avec cer- 
titude à la maturité que dans les contrées méridionales ; (la maturation des fruits 
continue à se faire pendant l'année qui suit la récolte). Au point de vue hor- 
ticole, elles présentent de l'intérét non-seulement en raison de la beauté de leur 
feuillage, de leurs fleurs et de leurs fruits, mais aussi, à ce qu'il me semble, en 
raison de la longue conservation de ces beaux fruits. Je conserve depuis prés 
de trois années des fruits de Z. sphærica qui n'ont pas subi la moindre alté- 
ration, soit dans leur forme, soit dans leur couleur verte; il me parait devoir 


en étre de méme des jolis fruits du Z. angolensis dont j'ai récolté les premiers 
à la fin de l'automne dernier. 


SÉANCE DU 8 JUIN 1860. 305 


Note ajoutée par M. Germain de Saint-Pierre pendant l'impression. 
(Décembre 1867.) 


Pendant l'intervalle qui s’est écoulé entre la séance où cette communication a été 
faite, et l'époque actuelle de l'impression, j'ai poursuivi la série de ces observations. J'ai 
exposé les résultats de ces nouvelles recherches dans un mémoire succinct présenté au 
Congrès international de botanique tenu à Paris en aoüt 1867. — Je vais résumer ici 
cette étude complémentaire dans une uote additionnelle : 

Les fleurs des plantes hybrides toutes identiques de première génération (provenant 
des graines du fruit résultat de la fleur de L. sphærica fécondée par le L. vulgaris), 
avaient été fécondées par du pollen de L. vulgaris, de L. sphærica et de L. angolensis. 
— Les fruits provenus de ces fleurs hybrides fécondées par ies diverses espèces typiques, 
tous semblables en apparence, contenaient chacun un certain nombre de graines müres 
et fertiles (une sur vingt environ); ces graines, semées en deux années consécutives 
(1866, 1867), ont fourni des plantes diverses, savoir : 

A. Des plantes intermédiaires entre l'hybride de première génération et le L. sphærica, 
et dont les fruits ont donné des graines fertiles. : 

B. Des plantes intermédiaires entre l'hybride de premiére génération et le L. angolen- 
sis, et dont les fruits n'ont pas donné de graines fertiles. 

C. Des plantes trés-voisines du Z. sphærica, mais n'ayant produit que des fleurs 
máles. 

D. Des plantes très-voisines du L. angolensis, mais n'ayaut produit que des fleurs 
máles. 

E. Une plante complétement retournée au L. vulgaris type, et ayant produit des fruits 
murs. 

Les graines de l'hybride de seconde génération A ont été semées en mai 1867 ; ces 
graines ont produit des plantes vigoureuses ; ces hybrides de troisième génération se rap- 
prochent beaucoup du L. sphærica type ; la plupart n'ont produit que des fleurs mâles, 
quelques-unes ont fourni quelques fleurs femelles dont les fruits ont máüri, ils différent 
trés-peu de la forme du fruit du Z. spharica, ils sont plus allongés et à sommet un peu 
conique. — Ils contiennent des graines qui paraissent fertiles, et produiront probable- 
ment une quatrième génération où le type du L. sphærica sera complétement ou presque 
complétement rétabli. 

Considérations générales tirées de la série des observations précédentes : 

1? La fécondation peut avoir lieu, sinon fréquemment, du moins accidentellement, 
entre des plantes d'espéces trés-différentes, mais appartenant cependant, soit à un méme 
genre, soit du moins à deux genres trés-voisins. 

20 Le fruit de la fleur fécondée artificiellement ne diffère ordinairement: en rien, en 
apparence, du fruit normal de la plante. 

3» Une méme fleur femelle (du moins chez les Cucurbitacées à fruits renfermant des 
graines nombreuses, telles que les Lagenaria) peut étre fécondée à la fois par les pollens 
de plusieurs espéces appartenant au méme genre ; de sorte que diverses graines, sorties 
d'un méme fruit, peuvent produire des plantes différentes, soit ayant des caractéres d'hy- 
bridité, soit retournant à l'un des types spécifiques normaux. 

4° Les graines de la fleur femelle normale fécondée par le pollen d'une autre espèce 
normale peuvent toutes étre fécondées et parvenir à la maturité. Le fruit fécondé d'une 
plante hybride ne produit généralement, au contraire, qu'un petit nombre de graines fer- 
tiles ; ce qui tient à ce que, dans les fleurs hybrides, les ovules ne sont pas toujours 
tous réguliérement conformés. 

5° Trés-généralement, les étamines des fleurs des plantes hybrides sont dépourvues de 
pollen ou à pollen abortif. Les fleurs femelles des plantes hybrides, bien que possédant 
des ovules bien conformés, resteraient donc stériles, si la fécondation n'était pas opérée 
par le pollen d'espéces normales. 

6? Le sexe femelleest donc, dans cecas, protégé et maintenu par la nature, tandis que 
le sexe mâle est abandonné. — Cette prépondérance du sexe femelle est trés-digne d’être 
remarquée, et aurait pu autoriser, selon moi, le systéme de nomenclature qui consiste, 
dans la fabrication du nom composé de l'hybride, à écrire le nom de l’espèce-mère avant 


306 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


le nom de l’espèce-1ère (tout en admettant la supériorité de l'ovaire sur l'étamine, chez 
les hybrides, le procédé de nomenclature inverse a été maintenu, le nom de la femelle 
au nominatif, bien qu'inscrit le dernier, étant regardé comme dominant le nom modi- 
ficateur du måle inscrit le premier). 

7? Une plante hybride peut présenter dans toutes ses parties, dans tous ses organes, 
des caractères parfaitement intermédiaires entre les formes de la mère et les formes du 
pére (systéme de végétation, dimension de la plante, direction des rameaux, forme, 
couleur et pubescence des feuilles ; forme, couleur, odeur, dimensions des diverses par- 
ties de la fleur ; forme, volume, couleur et saveur du fruit peuvent, chez un même indi- 
vidu hybride, tenir exactement le milieu entre l'une et l'autre espéce). — Ce mé- 
lange intime de deux types quelquefois trés-éloignés l'un de l'autre bien qu'appartenant à 
un méme genre, ce mélange, disons-nous, est bien digne de nos méditations. La plante 
femelle ne semble fournir que les téguments de l'embryon, et plus tard les matériaux de 
sa nutrition ; la plante màle semble fournir les premiers matériaux constitutifs de l'em- 
bryon. L'ovule (du moins selon l'opinion que j'ai cherché à faire prévaloir) est un bour- 
geon (un petit axe portant des feuilles raodifiées) produit par la feuille carpellaire ; le 
grain de pollen est une cellule modifiée, appartenant au parenchyme de la feuille stami- 
nale; et cependant ces organes de nature diverse (le bourgeon ovulaire et la cellule 
pollinique) imposent, en quantité égale, ies caractéres de leur espèce au produit qui ré- 
sulte de leur union. (Faisons remarquer, à ce sujet, qu'un rameau greffé n'emprunte ce- 
pendant aucun caractère, dans son évolution, à l'arbre dont la séve le nourrit.) 

8? Les fleurs femelles des hybrides fécondées par le pollen d'une espéce normale 
peuvent donner des fruits et des graines fertiles ; ces graines produisent une deuxiéme 
génération, dont les iudividus peuvent retourner exactement à l'un des types normaux, 
ou constituer des hybrides de second degré ayant une partie des caractéres de l'hybride 
mère, et une partie des caractères de l'espèce normale père. 

9? Ces hybrides de deuxiéme génération ou second degré peuvent, à leur tour, étre fé- 
condées par une espèce-type, et donner des fruits mûrs et des graines bien conformées et 
fertiles revenaní ou non à l’un des types normaux. 

10? Les plantes vivaces hybrides se conservent naturellement comme individus, et 
peuvent étre multipliées par dédoublement, par bouture ou par greffe ; il n'en est pas 
ainsi des plantes hybrides annuelles ; ne pouvant, trés-généralement, être fécondées par 
elles-mémes, et exigeant, pour mürir leurs fruits, la fécondation par une espéce typique, 
la génération suivante tend à se rapprocher du type paternel, lequel ajoute moitié des 
éléments à la quantité déjà fournie par la plante hybride ; souvent méme, elle reproduit 
tout à fait le type paternel, ce qui a presque toujours lieu à la troisiéme génération. 

11? Le maintien d'une forme hybride par génération ne peut donc être espéré que 
dans le cas fort rare où la plante hybride mère produit un pollen fertile pouvant féconder 
les fleurs femelles. 

12? Les fécondations croisées ont lieu généralement dans la nature par l'intermédiaire 
des insectes (des abeilles surtout) qui se transportent, chargés de pollen, d'une fleur à 
une autre, Les fécondations croisées ou hybrides sont cependant rares entre espéces typi- 
ques ; elles sont, au contraire, assez faciles entre fleurs femelles de plantes hybrides à 
fleurs mâles ou à étamines stériles, et fleurs mâles ou étamines d’espèces typiques. 


M. Cosson exprime le désir que M. Germain de Saint-Pierre 
poursuive pendant plusieurs années la série d'expériences qu'il a 
commencée sur le phénoméne de l'hybridation étudié dans le genre 
Lagenaria. 

M. de Schænefeld donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre 


de M. Barat: 
LETTRE DE M. BARAT. 


Tarbes, 18 avril 1866. 
Arrivé à Tarbes depuis peu de temps et n'y ayant passé que la saison où la 


SÉANCE DU 8 JUIN 1866. 307 


végétation est endormie, je n’ai encore eu l’occasion que de rencontrer bien peu 
de plantes, et le fait qui m'a le plus frappé est l’abondänce excessive du Cap- 
sella rubella. Reut., plus commun que le C. Bursa pastoris, et ne se conten- 
tant pas de venir le long des chemins, mais dans les champs mêmes, et y 
durant toute l'année, contrairement à ce que j'avais vu "jusqu ‘ici partout où 
j'ai trouvé cette espèce. Elle disparaît, en effet, ordinairement vers la fin de 
mai pour ne plus se montrer qu'au printemps suivant. Le Capsella gracilis 
Gren, est également très-abondant : je n'ai jamais pu, ici ni ailleurs, y décou- 
vrir une seule graine, ni un seul grain de pollen dans les étamines. Comme 
le C. rubella, i est ici de toutes les saisons. Je pense que cela tient à ce que 
la terre conserve ici toute l'année une humidité, entretenue par les nombreux 
ruisseaux d'eau vive qui courent à travers là campagne, suffisante pour que 
la végétation ne soit jamais complétement suspendue. Je pense, monsieur, que 
les faits que je viens d'avoir l'honneur de vous signaler ne paraitront pas nou- 
veaux à la Société et que peut-étre ils ont déjà été signalés bien des fois ; mais 
comme je ne les ai vus consignés nulle part, j'ai cru bien faire de les men- 
tionner. 


M. Malinvaud dit avoir trouvé le Capsella rubella en grande abon- 
dance sur les rives du Lot. Cette plante v persiste de mars à sep- 


tembre. 
M. de Scheenefeld donne lecture de la note suivante, adressée à la 


Société : 

LE PARONYCHIA ARGENTEA LAM., OBSERVÉ A MONTHERMÉ PRÈS MÉZIÈRES (ARDENNES 

FRANCAISES) EN 1838 ET 1865, par MI. de La Fons, baron de MEÉLICOCQ. 
(Raismes, 22 mai 1866.) 


Lorsque, en juillet 1838, je découvris à Monthermé le Saxifraga spon- 
hemica (1), je remarquai dans la méme localité une autre plante beaucoup plus 
rare (le Paronychia argentea Lam.), puisqu'elle appartient au midi de la France. 
C'est pourquoi elle ne figure dans mon Prodrome de la Flore des arron- 
dissements de Laon, etc. (2), que suivie du signe? 

Si je consulte, en effet, nos diverses Flores francaises, toutes elles m'appren- 
nent que le Paronychia argentea n'a jamais été observé dans le nord de la 
France. 


(1) Voy. ce Bulletin, t. IV, p. 125, t. VIII, p. 469. — En 1843, notre illustre confrère 
M. Brongniart voulut bien la faire connaitre dans les Annales des sciences naturelles 
(t. XIX, 2° série, p. 318), sous le nom de Saxifraga Sternbergii, ainsi que l Hypericum 
linarifolium, le Dianthus vaginatus Vill. (var 8. congestus G. G. du Dianthus Carthu- 
sianorum L.), assez fréquent sur tous les rochers qui bordent la route de Fumay à Givet, 
sur lesquels on observe rarement le Geranium lucidum, presque aussi rare que le Rosa 
cuspidata Bieb. 

(2) Page 29. 


308 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

De Candolle dit qu'elle croit dans les lieux secs des provinces méridionales (1); 
le Botanicon gallicum (2), in siccis Gallie australis; Mutel (3), dans les 
mêmes lieux, dans les Pyrénées, en Corse et en Algérie (où notre savant con- 


frère M. Cosson l'a aussi signalée), MM. Grenier et Godron, enfin (4), dans 
les mêmes contrées.” 


C'est donc avec bonheur que j'ai lu dans le Guide du botaniste herborisant 
de notre confrére M. Bernard Verlot, que cette plante si rare avait été retrouvée 
par M. G. Remy dans la méme localité (5). 


M. B. Verlot dit que le Paronychia argentea, retrouvé à Mon- 
thermé par M. Remy, a été communiqué par celui-ci à M. Callay, 
pharmacien au Chesne (Ardennes), duquel il a recu la plante. 


SÉANCE DU 99 JUIN 1860. 


PRÉSIDENCE DE M. LE COMTE JAUBERT. 


M. Roze, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la 
séance du 8 juin, dont la rédaction est adoptée. 


Dons faits à la Société : 
1* Par M. Ad. Brongniart : 


Annales des sciences naturelles, 5* série, t. IV, n? 5. 


2° De la part de M. Timbal-Lagrave : 


. Observations critiques et synonymiques sur un album de plantes des 
Pyrénées, préparées par Marchand, faisant partie du Musée d'his- 
toire naturelle de la ville de Toulouse. 

3° En échange du Bulletin : 


Mémoires de la Société impériale des sciences naturelles de Cher- 
bourg, 2° série, t. I, 1865. 


The Gardeners Chronicle, deux numéros. 
Wochenschrift fuer Gærtnerei und Pflanzenkunde, deux numéros. 


Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, mai 1866. 
L'Institut, deux numéros. : 


(4) Flore française, t. TT, p. 404. 
(2) T. I, p. 198. 

(3) Flore francaise, t. T, p. 386. 
(4) Flore de France, t. I, p. 610. 
(9) Page 385. 


SÉANCE DU 22 juIN 1866. 309 

M. le Président signale à l'attention de la Société le travail de 
M. Millardet sur les Yucca et les Dracæna, inséré dans les Mémoires 
de la Société impériale des sciences naturelles de Cherbourg. 

M. Germain de Saint-Pierre présente deux fruits de Lagenaria : 
l'un provenant du L. sphærica type, et l'autre de l'hybride des 
L. vulqaris et L. sphærica (plante-mére). 

M. Germain de Saint-Pierre fait ensuite à la Société la cominu- 
nication suivante : 


ÉNUMÉRATION DES ESPÈCES DE LA FAMILLE DES AMBULATORIÉES (NOUVEAU GROUPE 
VÉGÉTAL DE LA CLASSE DES DIATOMÉES) pr M. GERMAIN DE SAINT- 
PIERRE. 


La classe intéressante des Diatomées a été l'objet des recherches de tant 
d'habiles algologues, et a été tout récemment (1864) si savamment traitée 
par M. L. Rabenhorst (Flora europea Algarum aque dulcis et submarine), 
que c'est avec hésitation, et sous toutes réserves d'études ultérieures, que je 
viens signaler tout un groupe de ces intéressants petits étres; groupe dont le 
caractere essentiel ne me parait indiqué nulle part, et dont je ne trouve les 
curieuses espèces ni décrites, ni figurées, telles, du moins, que j'ai pu les 
observer. 

Ce groupe se compose d'espèces filiformes, je pourrais dire verm?formes. 
Chaque individu est constitué par un tube cylindrique régulier, arrondi aux 
deux extrémités, continu ou cloisonné, à anneaux discoides plus rarement 
subglobuleux , et contenant de très-fines granulations. Le diamètre de ces pe- 
tits tubes est d'un ou deux centièmes à quelques centièmes de millimètre, — 
Ces petits étres se rapprochent surtout des Diatomées comprises dans les genres 
Discosira et Melosira; ils rappellent aussi, dans de trés-petites proportions, 
les filaments des Oscillaires et surtout des Lyngbya. 

Mais les Oscillaires sont fixées à une de leurs extrémités, sont groupées en 
pinceaux, et ne présentent que des mouvements d'ondulation sur place; mais 
les Lyngbya se composent d'un tube transparent occupé, par intervalles sen- 
lement, par une série d'anneaux colorés, et comprenant des espèces rarement 
oscillantes. 

Quant aux disques réunis en cylindres des Discosira et des Melosira, on ne 
parait pas les considérer comme doués de mouvements manifestes. 

Le groupe dont je propose l'établissement sous le nom d'Ambulatoriec 
(ambulatoires), est, au contraire, essentiellement caractérisé par le mouvement 
spontané et volontaire de locomotion par reptation des espèces qui le con- 
stituent. Ces petits êtres, qui demandent pour être observés les grossissements 
les plus considérables, £raversent plus ou moins lentement, plus ou motns ra- 
pidement, le champ du microscope, et dans tous les sens, luttant pour fran- 


310 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


chir les obstacles ou les évitant ; quelquefois revenant sur leurs pas, l'extrémité 
postérieure (qui ne parait pas différer de l'antérieure) prenant alors le róle de 
la téte. 

C'est dans les flaques d'eau saumâtre des bords de la Méditerranée, à Hyères, 
dans le voisinage de la presqu'ile de Giens, que j'ai rencontré les espèces 
(complétement invisibles à l'eeil nu) de ce groupe bizarre d'Algues microsco- 
piques, douces de mouvements de locomotion volontaires ; ce groupe consti- 
tuerait une petite famille dans l'ordre des Diatomées. 

J'ai, à plusieurs reprises, observé, et plusieurs fois dessiné, provenant de 
récoltes différentes, la plupart des espéces, trés-caractérisées, que je vais 
énumérer, et qui peuvent étre réparties en plusieurs genres. (Je soumets au- 
jourd'hui à l'examen de la Société les figures des diverses espèces, que je me 
propose de graver. ) 

Que tant d'espèces bien distinctes entre elles (quelques-unes étaient très- 
abondantes dans les eaux où je les observais et il ne s’est pas présenté de formes 
intermédiaires entre les différents types), que ces espèces, disons-nous, aient 
complétement échappé aux recherches des algologues qui se sont principale- 
ment occupés des Algues microscopiques, et ont nommé, décrit ou figuré un 
si grand nombre de Diatomées, cela me semble peu vraisemblable ; mais, quel- 
ques-uns de ces microphytes, tous méme, eussent-ils été déjà signalés et 
rapportés à des genres connus (ce qui ne me parait pas avoir été fait), je 
croirais utile de les en détacher et de les réunir en un groupe déterminé. 

Ces petits tubes végétaux, doués d'un mouvement de translation volontaire 
et capricieux, par reptation, me semblent, en effet, constituer /e groupe le plus 
exactement intermédiaire entre le règne végétal et le règne animal, groupe 
d'un haut intérêt par la place qu'il occupe dans la série naturelle. 

Ayant conservé pendant plusieurs jours l'eau qui contenait ces petits êtres 
dans différents tubes de verre et la température extérieure (juin-juillet) étant 
très-élevée, cette eau bourbeuse et noirâtre se satura de gaz hydro-sulfureux, 
d'une odeur infecte. Examinant alors, de nouveau, le contenu des différents 
tubes, je constatai que non-seulement les microzoaires qui y pullulaient pré- 
cédemment avaient cessé d'exister, mais que les Navicules et autres Diatomées 
à test solide n'étaient plus doués de mouvement; les espèces du groupe des 
Ambulatoriées seules paraissaient n'avoir aucunement souffert, et continuaient à 
circuler dans les gouttes d'eau placées sous l'objectif du microscope (entre les 
plaques de talc). La résistance vitale de ces petits êtres est donc un caractère 
d'une importence notable à ajouter aux caractères précédemment signalés. 

Les AMBULATORIÉES peuvent être distribuées en deux petites tribus : 

Je Tribu. Espèces à tubes continus; genres: Atomaria; Orvetaria ; 
Equiseturia. 

IE Tribu. Espèces à tubes cloisonnés ; genres : Precatoria; Tracheariai 
Scalaria; Biseriea. 


SÉANCE DU 22 JUIN 1866. 311 


TRIBU I. — Tubes ‘ransparents continus (sans cloisons 
ni articulations visibles). 


Genre I. ATOMARIA. Tubes à extrémités arrondies, semblables; granules 
intérieurs inégaux, disposés plus ou moins irréguliérement. 

A. gigantea ; la plus grande espèce du genre; granules très-fins, inégaux, 
disposés par zones transversales non tranchées. 

A. agilis; granules peu nombreux, assez gros, distants, disposés sur une 
seule ligne irrégulière ; tubes se mouvant avec rapidité et se tordant dans diffé- 
rents sens. 

A. granulata ; granules assez gros, égalant le tiers du diamètre du tube, 
irréguliérement disposés, assez rapprochés. j 

A. catenulata; une seule ligne de granules, assez gros, occupant presque 
toute la largeur du tube. 

A. tenuis; granules d'une excessive ténuité, irrégulierement disposés dans 
un tube d'un très-petit diamètre (2 centièmes de millimètre). 

A. lucens; tube aussi fin que le précèdent; granules nuls ou non visibles 
en raison de leur excessive ténuité. 

Genre II. ORVETARIA. Tubes à extrémités arrondies, semblables ; granules 
intérieurs de grosseur égale ou presque égale, disposés en lignes transversales, 
régulièrement espacés. 

O. torquata. Un seul rang de granules par ligne transversale ; trois gra- 
nules suffisant à occuper la largeur du tube; lignes de granules espacées entre 
elles de deux fois le diamètre d'un granule. 

Genre III. EQUISETARIA. L'une des extrémités du tube bifide, constituant 
une sorte de bec ouvert; granules très-fins constituant une ligne médiane lon- 
gitudinale opaque, et se divisant pour se prolonger dans les deux branches de 
la bifidité. 

E. prolifera. Le seul individu que j'aie rencontré manquait de la partie 
postérieure, ses mouvements étaient lents mais continus; du bec ouvert sortait 
un petit tube fusiforme finement granuleux, pénétrant un peu, ou encore un 
peu engagé, dans ce qu'on pourrait appeler la gorge de l'individu adulte. J'ai 
supposé que ce petit tube pouvait étre une production du tube adulte, mais 
je ne saurais l'affirmer. 


TRIBU IL — Tubes transparents cloisonnés ou formés 
d'articulations distinctes. 


Genre I. PRECATORIA. Tube composé d'articles globuleux ou elliptiques, 
la série d'articles de grosseur égale étant interrompue, de distance en distance, 
par un article beaucoup plus gros, donnant à l'individu l'aspect d'un chapelet, 
et rappelant la disposition des globules en série linéaire du genre Anabaïna. 
Granules intérieurs nuls ou peu visibles. Les granules, d'abord globuleux, 


312 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

m'ont paru tendre à devenir elliptiques, puis à se diviser transversalement de 
manière que chacun constitue deux articles globuleux semblables aux ar- 
ticles primitifs. L'individu double ainsi sa longueur, puis se brise facilement 
en fragments, dont chacun se comporte comme un individu complet. Je n'ai 
pas observé de changement de forme dans les gros articles, j'ignore leur rôle. 

P. lucida. Je ne connais que cette seule espéce décrite suffisamment par 
ce qui précède, je l'ai rencontrée assez fréquemment; c'est la plus élégante 
de tout le groupe. 

Genre II. TRACHEARIA. Tube cylindrique (ayant l'aspect d'un rameau de 
trachée de chenille vu au microscope), présentant une série d'articulations 
transversales discoïdes très-régulières et très-rapprochées ; à un grossissement 
plus considérable, les intervalles qui se trouvent entre les cloisons (les disques) 
sont reconnus être occupés par des granules d'une extrême finesse, irrégulière- 
ment disséminés. 

J'ai rencontré une seule espèce de ce genre, T. annulata. 

Genre III. SCALARIA. Tubes à articles ou disques aussi longs que larges, 
renfermant des granules irréguliers, relativement assez gros, et irrégulièrement 
disséminés. (Les genres Trachearia et Scalaria sont assez voisins, et la dé- 
couverte de nouvelles espèces pourra motiver leur réunion.) 

J'ai rencontré une seule espèce du genre Scalaria, S. rapida. Le mouve- 
ment de locomotion de cette espéce est assez rapide, elle traverse en peu 
d'instants le champ du microscope. 

Genre IV. BISERIEA. Tubes renfermant deux séries longitudinales de dis- 
ques ou une seule série, mais qui présente, sur la ligne médiane, un étran- 
glement manifeste. 

B. serpens. Deux séries longitudinales d'articulations discoides de forme 
transversalement elliptique, étroites et trés-rapprochées, très-régulières. 

B. impatiens. Les deux séries longitudinales composées de petits disques 
globuleux en contact ; individus doués d'un mouvement assez rapide, s'agitant 


en sens divers lorsqu'ils rencontrent un obstacle. Ces deux espèces sont assez 
communes. 


Lecture est donnée des communications suivantes, adressées à la 
Société : 


NOUVEAU TRIBUT SCIENTIFIQUE DES BOTANISTES DE L'HÉRAULT, par MM. Hi. LORET. 


(Montpellier, 12 mai 1866.) 


La Société, qui a contribué à répandre partout en Francele goüt de la bota- 
nique, apprendra sans doute avec plaisir que le nombre des adeptes de l'ai- 
mable science s'accroit chaque année dans l'Hérault. Ce doit être en effet un 
sujet de joie pour tous ceux qui s'intéressent au progrès des sciences natu- 


SÉANCE DU 22 Juin 1866. 313 


elles, et en particulier à l'énumération exacte des productions végétales d'un 
pays classique pour nous tous. La flore de l'Hérault, si réputée, est, à notre 
sens, l'une des moins connues, et ce serait s'exposer à de nombreuses erreurs 
que de porter à son actif toutes les espèces qu'on prétend avoir observées ici, 
méme depuis Gouan, si elles n’ont pas été revues récemment et étudiées avec 
soin. Cette assertion pourra sembler paradoxale à ceux qui se rappellent les 
antécédents scientifiques de Montpellier ; mais on en reconnaitra l'exactitude 
lorsqu'on aura, d'une part, découvert ce qui nous appartient , de l'autre, éli- 
miné des catalogues boursouflés qu'on pourrait former avec les étiquettes de 
nos herbiers publics tout ce qui doit en étre exclu. Il y a en effet ici, pour 
arriver à l'exactitude qui est la premiere qualité d'une flore, non-seulement 
beaucoup de retranchements à faire, mais beaucoup plus de choses à décou- 
vrir qu'on ne pense. Quelque multipliées que soient nos communes investi- 
gations, il nous restera longtemps beaucoup de courses et d'études à foire 
pour arriver à une connaissance complete du pays. Nous devons donc nous 
réjouir en apprenant que le nombre des herboriseurs se multiplie dans les 
montagnes de l'Hérault comme aux portes de Montpellier; car les botanistes 
sédentaires seuls peuvent parvenir à bien explorer, en toute saison, la localité 
qu'ils habitent. Les espèces les moins connues à Montpellier sont surtout les 
espèces printanières des montagnes de l'Hérault. Chaque année, en effet, elles 
s'épanouissent à leur heure, et disparaissent avant l'époque oü de longs jours 
et un tapis végétal plus riche invitent les botanistes montpelliérains aux loin- 
taines herborisations. Bénis soient donc les herboriseurs voisins des montagnes 
qui viennent à notre aide en faisant la chasse aux espéces précoces. Nous 
sommes heureux d'avoir à signaler aujourd'hui quelques bonnes conquétes 
faites récemment par nos amis au profit de la flore de l'Hérault. Le mien, 
le tien ici sont inconnus. Quelle plus douce jouissance que celle de s'abreuver 
ainsi cu commun aux eaux pures de la science ; et qui pourrait, sans provo- 
quer les plus gais sourires, se plaindre qu'on trouble son breuvage ! 

M. Aubouy, professeur à Lodève, vient d'y découvrir le Primula grandi 
flora Lam. , espèce amie de la fraîcheur et de l'ombre, et qui se trouve rare- 
ment, par suite, dans les climats chauds et secs. On voit nóanmoins qu'elle n'est 
point absente de la région méditerranéenne, quoiqu'on lise le contraire dans 
la Flore de France, et nous l'avons trouvée nous-méme autrefois près de 
Nice. M. Aubouy a rencontré cette plante pêle-mêle avec le Primula ofici- 
nalis dans les prairies de Lodève, et nous l'avons engagé à y rechercher le 
P. variabilis Goup., que presque tous les botanistes aujourd'hui regardent 
avec raison comme un hybride des deux précédentes espèces. 

La vallée de la Mare, grâce aux investigations de M. Farrand, nous paye 
aussi son tribut printanier. Ce digne instituteur vient de nous envoyer trois 
nouveautés départementales pleines d'intérêt pour Montpellier : Galanthus 
nivalis L., Navcissvs Pseudonarcissus L., et Orchis provincialis Balb. Le 

T. 3H (séaxces) 21 


314 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Galanthus croit dans les bois montagneux de Saint-Amand-de-Mounis, ce qui 
ne peut surprendre, puisqu'on l'a signalé déjà dans des stations analogues des 
Cévennes du Gard. Ce qui serait plus surprenant, c'est que les botanistes de 
Montpellier l'y eussent découvert, car cette plante n'attend jamais pour se 
montrer le réveil des beaux jours et fleurit à une époque où les montagnes 
n'ont nul attrait pour nous. 

Le Narcissus Pseudonarcissus égaye de ses belles fleurs jaunes, à Rosis et 
à Saint-Gervais, les rochers schisteux les plus sauvages et les moins acces- 
sibles. C'est une des espèces les plus communes du genre, mais aussi l'une de 
celles qui ont le moins de sympathie pour les plaines méridionales, ce qui 
explique son absence de l'arrondissement de Montpellier. 

M. Farrand nous ayant adressé un bout de tige d'un Orchis qu'il croyait 
commun, nous le lui avons signalé comme une de nos meilleures acquisitions, 
et il nous est arrivé immédiatement toute une caisse de l'Ürchis provincialis 
qui est assez abondant dans les bois de Saint-Geniès-de-Varensal. 

Notre instituteur a recueilli à Saint-Amand le Pulmonaria tuberosa Schrank; 
mais nous ne le donnons point comme nouveau pour nous, car Dunal l'indique, 
sous le nom de Pulmonaria officinalis, à la Boissière, où il sera bon de le 
chercher de nouveau (1). 

Laissons la montagne pour la plaine et nous trouverous à Pézenas un her- 
boriseur actif qui a résolu d'explorer attentivement tout son voisinage, et dont 
les courses n'ont point été stériles pour nous. M. Biche, en effet, vient de dé- 
couvrir le Delphinium Staphisagria à cinq kilomètres de Pézenas, loin de 
toute habitation, sur un plateau volcanique sec et inculte où il n'y a jamais eu, 
faute d'eau, un seul jardin. Il y en a un assez grand nombre de pieds, et nous 
croyons qu'on peut introduire aujourd'hui cette plante dans une flore de 
l'Hérault, eu égard surtout à ses antécédents (2). 


(4) On trouve sur une méme feuille, dans l'herbier Dunal, un échantillon complet de 
Pulmonaria tuberosa et un fragment, avec deux étiquettes de sa main portant, l'une: 
« Pulmonaria officinalis, Hortus Roubiæi » ; l'autre, « Pulmonaria officinalis, bois de 
la Buissière ». 

Gonan, dans sa Flore, mentionne le Pulmonaria officinalis à à Lamalou. ll est probable 
qu'il s'agit là de notre plante de Saint-Amand ; mais qui oserait se faire garant de cet 
auteur ? Malheureusement, lorsque les données géographiques n’autorisent pas à nier 
l'habitat cité par lui, on doit se borner souvent à dire : C'est possible. 

(2) Magnol indique le Delphinium Staphisagria entre le pont de Castelnau et 6ra- 
mont où il l'a trouvé rarement, et à Assas où il le dit plus abondant et où l'on pouvait 
sans doute le croire alors naturalisé. Gouan le mentioune à Castelnau, à Gramont et à 
Prades. Il est devenu de plus en plus rare depuis Dalechamp qui, avant Magnol, l'indi- 
quait partout à Montpellier, et on ne l'y trouve plus depuis longtemps, quoique MM. Gre- 
nier et Godron Py mentionnent encore dans leur Flore de France. Cette plante aurait pu se 
conserver peut-étre dans les bois d'Assas ; mais, au temps de Magnol, la plupart des ét 
diants herborisaient et poursuivaient surtout ardemment les espéces réputées méridio- 
nales. Celle-ci passait avec raison pour un insecticide puissant, et la mention précise qu'en 
faisait Magnol dans un livre qui servait de guide alors à tous les botanistes eût suffi seule 
pour provoquer la destruction d'une plante qui ne pouvait échapper aux regards. 


SÉANCE DU 22 JUIN 1866. 345 


Mentionnons une autre espèce trouvée par M. Biche et qui ne manque point 
d'intérêt, mais qui ne peut nullement prétendre encore aux honneurs de la 
naturalisation. Nous voulons parler du Muscari ambrosiacum Mænch 
(M. moschatum Desf. ), dont un ou deux pieds seulement se sont offerts à M. Biche 
sur le coteau de Saint-Siméoz, à quatre kilomètres de Pézenas. De Candolle, 
dans sa Flore francaise, M. Duby, dans le Botanicon gallicum, Loiseleur, 
Mutel et Gonnet l'ont indiqué à Montpellier d’après Gouan qui le mentionne 
dans son Hortus à la Piscine, sous le nom de Hyacinthus Muscari. Gouan a 
dû s'apercevoir promptement qu'il s'était trop pressé d'admettre cette plante, 
puisque, trois ans plus tard, dans le Flora monspeliaca, il n'en fait plus 
mention. Les auteurs de nos Flores françaises auraient dû s'abstenir également 
d'en parler; car il ne suffit point que quelques individus d'une espèce appa- 
raissent de temps en temps dans un pays, pour qu'on l'y considère comme 
naturalisée (1). 

Quoiqu'on ne puisse regarder le Chrysanthemum monspeliense L. comme 
nouveau pour l'Hérault, nous devons dire que M. Biche nous l'a donné de 
Pézenas, et il est probablement le premier qui ait trouvé dans la plaine cette 
espèce de nos montagnes. 

Arrivons à Montpellier, qui est beaucoup mieux connu que nos montagnes, 
mais Où nos amis ne se reposent point, et font de temps à autre quelques 
bonnes conquétes. MM. Barrandon et Richter viennent de découvrir à la mon- 
tagne des Cambrettes l Arenaria modesta Duf. Ils avaient recueilli, l'an der- 
nier, prés de Mireval et dans les vignes de Frontignan, le Linaria micrantha 
Spreng., qu'on a signalé à Narbonne il y a une quinzaine d'années, mais qui 
n'était point venu jusqu'à nous. M. Richter a rencontré, l'an dernier, sur les 
rochers de la montagne de Cette, une Mercuriale intéressante qu'il a reconnue 
pour le Mercurialis que M. Hanry a découvert au Luc et proposé comme 
espèce sous le nom de Mercurialis Huetii. Cette plante ne se distingue guère 
du Mercurialis annua que par l'absence de cils au bord des feuilles, par les 


(4) De Candolle, dans sa Flore française, nomme la plante dont nous parlons Muscari 
ambrosiaceum, nom reproduit plus tard par Mutel et M, Duby ; mais le mot ambrosia- 
ceum n'est point latin et il eût mieux valu dire avec Mœnch Muscari ambrosiacum, 

Nous dirons, à cette occasion, que'le mot hybride holosericea (Scabiosa holosericea 
Bertol.) employé par tous les botanistes, est un barbarisme analogue, mais il y aici une 
circonstance atténuante qui porte à excuser le créateur de ce dernier mot et tous ceux qui 
lemploient dans le sens du mot français soyeux, c'est que notre mot soyeuw n'a point 
d'équivalent latin parfaitement adéquat. L'adjectif sericeus lui-même, peu usité chez les 
Latius, n'a été employé que dans le sens de l'adjectif sericus, qui est de soie et non pas 
soyeux ou doux au toucher comme la soie. 

Le mot ambrosiaceum n'a pas la méme excuse que le mot holosericea, car l'illustre 
auteur de la Flore française n'a pu y attacher une autre signification que celle du mot 
ax brosiacum employé par l'auteur du Methodus. Nous avons lieu de croire que De Can- 
dolle, dont le travail était fort rapide, a mal lu le nom spécifique créé par Mench, puis- 


qu' en citant cet auteur il emploie également le malheureux mot ambrosiaceum qui ne se 
trouve point dans le Methodus. 


316 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


pointes vertes du fruit plus régulièrement disposées et moins nombreuses, par 
son aspect plus glauque et ses plus petites proportions. Toutefois, comme la 
culture ne parait point devoir la modifier et qu'on la reconnait . facilement, 
nous ne sommes pas éloigné de l’admettre, quoique nous ayons peu d'incli- 
nation pour les nombreuses espèces prétendues qui, trop souvent, n'existent 
que dans nos livres. 

Quoique nous ayons plus de plaisir à parler de nos amis que de nous-méme, 
qu'on nous permette de joindre à la liste qui précède trois espèces trouvées 
par nous, il y a deux ans, et qui n'ont point été signalées encore dans le pays. 
Nous avons trouvé au Caylor l’ A/sine Bauhinorum J. Gay; à Saint- Étienne de 
Gourgas le Rosa Reuteri Godet (Flore du Jura); et, au Bousquet d'Orb, 
l'Aira multiculmis Du Mortier (forme A. aggregata Timeroy). Le Rosa Reu- 
teri, admis sous ce nom par M. Déséglise, Monog. p. 59, et par M. Grenier 
dans sa Flore du Jura, est considéré par M. Boreau comme le Rosa glauca 
de Villars ; mais l'espéce de Villars a donné lieu à beaucoup de discussious, et 
il parait impossible aujourd'hui de la reconnaitre avec certitude. 

Quoique notre Graminée soit le type de l'Aira aggregata Timeroy in 
Jord. Pugill. p. 114, nous la donnons comme Aira multiculmis, espèce qui 
nous parait comprendre l'A. aggregata dont les caractères, souvent presque 
insaisissables, n'ont point pour nous une importance spécifique. 

Nous donnerons plus tard, avec notre ami M. Richter, la diagnose et la des- 
cription d'un Amarantus commun à Montpellier et qu'on a confondu jusqu'à 
présent avec l'A. retroflexus L. et l'A. patulus Bert. Nous le nommons A. De- 
lilei, parce qu'il a intrigué Delile, qui, après l'avoir pris pour une espèce 
exotique avec laquelle il n'a que des rapports éloignés, a fini par le réunirà 
l'A. retroflexus dont il est fort distinct. Nous nous contenterons aujourd'hui 
de signaler les principales différences qui le séparent des deux espéces avec 
lesquelles on pourrait le confondre. 

L'AMARANTUS DELILEL Nob. se distingue del' A. retroflezusL. (A. spicatus 
Lam.) par les glomérules spiciformes moins longs et plus compactes ; les fleurs 
une fois plus petites ; les styles allongés comme dans l'A. patulus ; les bractées 
bien moins piquantes, dépassant d'un quart à peine le périgone, et non une 
fois plus longues ; les feuilles à peine ponctuées, plus brusquement atténuées 
en pétiole; la pubescence moindre; la tige moins anguleuse et bien moins 
robuste. 

Il diffère de PA. patulus Bert. par les glomérules spiciformes beaucoup 
plus serrés, le terminal dépassant à peine les latéraux et non cinq ou six fois 
plus long ; les fleurs plus grandes; les bractées un peu plus courtes relative- 
ment au périgone dont les divisions sont linéaires un peu élargies au sommet 
et non pas ovales-lancéolées aiguës. 

I} se distingue de l'un et de l'autre par sa couleur intermédiaire, moins 
sombre que celle de l’A. patulus, moins pâle que celle du retroflexus ; par sa 


SÉANCE DU 22 JUIN 1866. 317 


taille bien plus petite, et sa floraison plus tardive d'un mois au moins, car il 
ne fleurit qu'en octobre, et lorsque les deux autres sont complétement passés 
depuis longtemps. L'A. Delilei n'est point rare ici, et c'est de beaucoup le 
plus commun dans les vignes autour de Montpellier. C'est, en partie, l'A. 
patulus de la Flore francaise, et celui que M. Grenier indique, sous ce nom, 
à Montpellier et à Narbonne. Nous le lui avons communiqué avec nos obser- 
vations sous le nom d'A. Delilei. « J'ai vérifié avec soin, nous écrit le savant 
professeur de Besancon, ce que vous me dites de votre Amarantus et j'en ai 
reconnu l'exactitude. Votre plante n'est point l'A. patulus, encore moins l'A. 
retroflexus par les motifs que vous donnez, et vous pouvez le publier, sans 
hésiter, sous le nom d' A. Delilei. » 


ÉTUDE SUR LE GENRE CRYPSIS ET SUR SES ESPÈCES FRANCAISES, 
pr M. J. DUVAL-JOUVE. 


(Strasbourg, 27 mai 1860.) 


1. Linné a placé et constamment maintenu dans le genre Schœnus le Crypsis 
aculeata ; 

2. Pour cette même espèce, Gartner a créé le genre Antitragus, rejeté 
depuis ou mentionné seulement par quelques auteurs comme répondant à une 
division du genre ; 

3. Schreber, décrivant les caractères du genre, dit que la glumelle intérieure 
(supérieure) est plus longue que l'extérieure et que les glumes (L. Gen. plant., 
p. 785); Kunth dit des glumelles : a Paleæ longitudine subæquales » (Agr. 
Syn. p. 21); M. Cosson dit au contraire : « Glumella inferior superiore paulo 
» longior vel rarius eam subæquans » (#7. Alg. p. 53); et, d'autre part, 
Host les avait ainsi figurées sur les trois espéces; 

h4. Kunth attribue au genre : « Palea superior binervia » faisant toutefois 
exception pour le C. aculeata (o. c. p. 21); M. Godron dit au contraire de 
tout le genre : « glumelles.... toutes les deux uninerviées» (Fl. Fr. IM, 
p. 444); 

5. Schreber attribue au genre des glumellules et les décrit : « Nectarium 
» diphyllum; foliolis ovatis truncatis hyalinis» (o. c. p. 785); tandis que 
Kunth dit : « Squamulæ nulle » (o. c. p. 21, et suppl. p. 18); 

6. Schreber donne deux étamines à toutes les espèces du genre (L. Gen. 
plant. p. 785), bien qu'il en ait figuré trois sur le C. aculeata (Beschr. 
Græs. tab. 32, fig. 3), espèce diandre selon Linné fils et la plupart des bo- 
tanistes, alors que presque tous les floristes disent les autres espèces trian-- 
dres ; 

7. Tandis que Læfling affirme que les glumelles laissent échapper les ca- 

ryopses : « Corolla» glumæ semen continent, demittunt » (Jt. hisp. p. 115), 


318 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Schreber dit : « Corolla semen includens » (/. c.), et Schrader allant un peu 
plus loin : « Semen liberum, corolla tectum » (F7. germ. p. 167); 

8. Enfin Læfling décrit le caryopse comme sillonné : « Semen.... sulco in 
» altero latere » (o. c. p. 115), et on lit dans Palisot de Beauvois : « Semen.... 
» haud sulcatum » (Agr. p. 23), et dans Gartner : « Semen exsulcum » 
(De fruct. et sem. p. 1). 

En présence de ces divergences, il me semble qu'il n'est pas sans intérét 
d'essayer, par un rigoureux examen, de découvrir, d'une part, ce qui a pu faire 
illusion à tant d'observateurs éminents, et d'établir, d'autre part, ce qui doit 
subsister comme caracteres génériques. 

Si ces divergences, disons mieux, ces contradictions n'ont pas été plusieurs 
fois signalées à l'attention, comme on l'a fait pour tant d'autres genres, c'est 
sans doute que, par suite de l'extrême facilité qu'il y a, même pour un iro 
botanicus, à distinguer ce genre à espèces peu nombreuses et d'un faciès tout 
particulier, on a rarement à en consulter les caracteres génériques, et surtout 
qu'on n'a jamais besoin, pour sortir d'embarras, de recourir à l'étude com- 
parative de plusieurs diagnoses génériques. Cette même facilité nous fait 
éprouver un profond étonnement à voir le grand Linné placer une espèce de ce 
genre en dehors des Graminées, parmi les Cypéracées, et en faire son Schænus 
aculeatus (Sp. pl. ed. 1%, p. 42). On se dit qu'il doit n'avoir pas vu cette plante 
méridionale et avoir été induit en erreur par les figures qu'il cite; mais celle 
de Scheuchzer (pl. IL. fig. 9, C.), très-imparfaite, ne simule qu'une enve- 
loppe, sans organes reproducteurs, et impossible à déterminer soit comme 
glumes de Graminée, soit comme écailles de Cypéracée ; et celle de Morison 
(III, p. 195, sect. VIN, tab. 5, fig. 3), bonne pour l'ensemble, ne donne au- 
cune analyse. L'étonnement redouble quand on voit la méme dénomination 
persister dans la 2° édition du Species, et à côté de la citation de V Jter his- 
panicum de Læfling. En effet, cet élève de Linné trouva prés de Madrid et 
en Portugal cette plante mêlée au Phleum schenoides L.; il l'envoya à Linné 
avec une excellente description de toutes les parties, moins les étamines et les 
pistils qu'il n'avait pu voir sur la plante trop avancée; il en fit une Graminée 
qu'il nommait Phalaris repens et aussi Phalaroides repens, tout en ajoutant 
qu'elle était si rapprochée du Phleum schenoides L., qu'elle pourrait bien 
n'en être qu'une variété à épis courts (Loefl. Jt. hisp. pp. 45, 4h, 114 et 
115). Certes Linné était suffisamment averti et par un procédé très-courtois ; 
il publia tout dans l’/fer hispanicum, mentionna le nom de Phalaris repens, 
mais à chaque passage il mit avec obstination son nom de Schænus aculeatus à 
la place ou à côté de celui de Læfling; puis dans la 2° édition du Species et 
enfin dans toutes les éditions du Systema jusqu'à la treizième (1774), la 
dernière qu'il surveilla, il maintint cette dénomination. 

4° Une étude attentive de cette plante et des caractères que Linné attribuait 
au genre Schænus permet d'entrevoir ou au moins de soupçonner ce qui a pu 


SÉANCE DU 29 JUIN 4866. 319 


amener cette méprise et cette obstination. En effet, le premier caractère 
assigné par Linné au genre Schænus : « Gluma communis multiflora, bi- 
» valvis, magna, attenuata, persistens » (Gen. plant. ed. 6*, p. 29), sere- 
trouve de tout point dans les deux feuilles supérieures qui soutiennent les 
panicules subglobuleuses du Crypsis aculeata. Ft, si l'on y regarde de plus prés, 
on trouve que, sur cette espèce, ces deux feuilles ont un caractere tout parti- 
culier, qui ne se retrouve ni sur les autres feuilles de cette espèce, ni sur les 
feuilles fulcrantes ou caulinaires de ses congénères. Ce caractère, non encore 
signalé, à ma connaissance du moins, dans les diagnoses spécifiques, bien qu'il 
serve merveilleusement à distinguer cette espèce des autres, au premier coup 
d'œil et à quelque état de développement qu'elle soit, ce caractère, dis-je, 
consiste en ce que ces feuilles sont à l'extérieur unies et tout d'une pièce, sans 
présenter à la naissance du limbe l'étranglement qu'on trouve sur les autres 
feuilles de la méme espèce et sur toutes celles de ses congénères. Elles répon- 
daient donc complétement à cette sorte d'involucre bivalve que Linné assi- 
gnait à ses Schænus, et lui ont fait illusion. Ajoutons à cela que la forme de la pa- 
nicule, plus large que longue, inusitée ou rare dans les Graminées, est celle des 
Schanus mucronatus L., nigricans L., ferrugineus L., albus L., etc. Cette 
forme tient à cette particularité, si je ne me trompe, non encore signalée, que 
la panicule du C. aculeata n'a pas d'axe, ou pour mieux dire que son axe s'est 
raccourci en un réceptacle conique, trés-court, comprimé, d'oü naissent des 
rameaux trés-courts supportant une ou deux fleurs au plus, toutes disposées 
dans un sens parallèle aux deux feuilles fulcrantes. 

Notons, en troisième lieu, que les deux glumelles de cette espèce sont uni- 
nerviées comme les écailles des Cypéracées. 

Remarquons que Linné attribue à ses Sehenus : « petala sex.... exterioribus 
» brevioribus » (o. c.), et, pour comprendre ces mots, recourons à ses Prælec- 
tiones. Nous y lirons: « Si flosculi hermaphroditi non intra singulas squamas, 
» sed passim occurrunt, tam flectuntur vacuæ squamæ versus proximum flos- 
» culum, istud genus mihi est ScHOENUS. » (Præl. ed. Giseke, p. 130). Or, 
dans le C. aculeata, les épillets inférieurs de chaque ramuscule sont le plus 
souvent stériles (1), et, comme ils sont très-rapprochés et tournés dans un 
méme sens, leurs glumes, avec leurs glumelles vides et uninerviées, ont pu 
faire illusion à Linné. 

Ce n'est pas tout : nos trois espèces de Crypsis présentent une autre parti- 
cularité assez singulière et sur laquelle nous aurons à revenir. Aussitôt que 
leurs caryopses sont mûrs, ils sortent de l'épillet et restent comme accolés 
autour de la panicule, ce qui peut avoir encore contribué à faire prendre pour 
des écailles stériles les glumelles vides de leurs caryopses. Mais il y a plus : 


(4) C'est ce qu'avait trés-bien constaté le consciencieux Schrader: « Spicæ, hujus 
» (C. alopecuroides) eque ac sequentium duarum specierum (C. schœnoides et aculeata) 
» flosculi quandoque imperfecti admixti reveriu tur » (Fl. germ. I, p. 168). 


320 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Linné avait dit de son genre Schænus : « Corolla laxe connivens, dimittens 
» maturum semen » ; et ce caractere coincidait si bien avec la circonstance 
ci-dessus mentionnée, qu'on en est à se demander si en établissant son genre 
Schenus Linné n'avait pas fixé son attention d'une manière spéciale sur le 
C. aculeata. Et ce soupcon se change en certitude, quand on voit que c'est 
au Schœnus aculeatus, comme type du genre, que Linné compare son 
Phleum schanoides, pour en justifier le nom spécifique, en ces termes: 
« Habitus Schœnt aculeati foliis floralibus amplexicaulibus, brevibus, mucro- 
» natis » (Sp. pl. ed. 1*, p. 60). 

Enfin sur cette espèce, comme sur le C. schenoides, les deux styles sont, 
sinon soudés, au moins très-rapprochés à la base, ce qui plus tard avait induit 
en erreur Roth et Scopoli, et leur avait fait dire ces plantes monogynes (Roth, 
Neue Beitr. Y, p. 101; Scop. FL carn. ed. 2%, p. 63), tout comme 
antérieurement cela avait trompé Linné et lui avait fait placer cette plante dans 
la triandrie monogynie avec les Schœnus. 

Si l’on rapproche toutes ces circonstances, on comprendra, je crois, que leur 
ensemble a pu produire une méprise et la faire soutenir ensuite à un obser- 
vateur un peu prévenu, à l'époque où l'on ne connaissait pas nettement les 
différences qui séparent le fruit des Graminées de celui des Cypéracées. 

Mais enfin c'était une méprise, et méme une méprise facile à reconnaitre; 
aussi les réclamations et les rectifications avaient-elles abondé. Dès 1772, 
Scopoli avait ramené cette plante aux Graminées, en avait fait son Agrostis 
aculeata, l'avait décrit en détail pour justifier son opinion, en ajoutant : 
« Ergo vel Agrostis, vel novum genus est » (Fl. carn. ed. 2^ , pp. 62 et 63). 
L'année suivante, deux botanistes, Pallas et Jacquin, figuraient cette plante, 
la décrivaient et en faisaient une Graminée ; le premier disait d'elle : « Gra- 
» minis species singularis. An Dactylis? » (Pall. 7t. 1I, p. 733, tab. K, fig. 1, 
tab. Q, fig. 2) (1); le second la réduisait à n'étre qu'une variété du Phleum 
schonoides L. (Jacq. Fi. austr. I, tab. 7). Presque au méme moment 
Schreber en discutait les caractéres, montrait qu'il faut en faire une Gra- 
minée, et, malgré cela, par un sentiment de respect, lui conservait le nom 
linnéen (Beschr. Græs. II, pp. 62 à 64, tab. 32). Mais Linné fils, publiant 
son Supplementum, trois ans après la mort de son illustre père, n'eut plus les 
mêmes scrupules et se rendit à l'évidence en plaçant parmi les Graminées la 
plante si discutée ; à cause des deux étamines, il en fit son Anthozanthum acu- 
leatum (Suppl. p. 89). Dans la quatorzième édition du Syst. veg. , Murray, tout 
en conservant cette dénomination, la critiqua, ajoutant avec Jacquin, que ses 
deux étamines ne suffisent point pour faire appartenir cette plante au genre 
Anthoxanthum et que « vel Phleis annumerandum vel pro singulari genere 


(1) En 1777, Scopoli mit en avant le nom générique Pallasia (Intr. hisz. nat. p. 62 
en souvenir de ce que Pallas avait dit. 


SÉANCE DU 22 jurn 1866. 321 


» habendum » (Syst. veg. ed. XIV, p. 73; 1784). Depuis six ans Lamarck 
avait réalisé le premier de ces désirs en nommant Phleum aculeatum cette 
plante dont il disait : « Il faut faire uu genre à part de cette espèce et de la 
précédente, Phleum schamoides » (Fl. fr. VI, p. 564; 1778); et, cinq ans 
plus tard, W. Aiton satisfit au second en établissant le genre Crypsis dans 
son Hortus kewensis, ed. 1, T, p. 48, et III, p. 505; 1789 (1). Lamarck 
s'empressa d'introduire dans ses ///ustrations ce genre adopté depuis par tous 
les botanistes, à l'exception de Host qui eut la vaniteuse fantaisie de le changer 
pour celui d’Æeleochloa, et de Gærtner qui fit le genre Antifragus pour le 
Crypsis aculeata (2), sur ce que cette plante aurait sa fleur stipitée, sa glu- 
melle supérieure uninerviée et deux étamines (Gærtn. De fruct. et sem. M, 
p. 7, tab. 80, fig. 7; 1791). 

Reste maintenant à examiner si ces caracteres sont réellement particuliers à 
cette espèce. 

2° Le premier existe réellement, mais, d'une part, le support qui s'élève 
entre les glumes et les glumelles est si court, qu'il ne mériterait guère une 
mention, et comme, d'autre part, il est beaucoup plus prononcé sur le C. alo- 
pecuroides, et particulièrement sur les sujets provenant d'Algérie, de Sicile, 
d'Italie, de Smyrne, etc., il s'ensuit qu'il faut entièrement renoncer à le dire 
propre et particulier au C. aculeata. Le second est vraiment propre à cette 
espèce, Le troisième s'y montre aussi ; néanmoins il paraitrait qu'il n'est pas 
rare de trouver des fleurs triandres sur le C. aculeata et des fleurs diandres 
sur les deux autres espèces françaises, d’après ce qu'ont affirmé De Candolle 
(FL fr. II, p. 3), Schrader (Fi. germ. 1, 170) et Roth (Enum. Phan. 
germ. 1, p. 193); pour moi, j'ai constamment trouvé le C. aculeata diandre 
et les deux autres triandres. 

Il ne reste donc de propre à cette espèce que d'avoir la glumelle supérieure 
uninerviée, ce qui, avec l'identité du reste, ne suffit ni pour l'établissement 
d'un genre, ni méme pour celui d'une section. 

3° L'affirmation de Schreber sur la longueur relative des glumelles est com- 
plétement erronée ; tout ce que j'ai vu sur toutes nos espèces confirme au 
contraire l'exactitude des figures de Host et cette assertion de M. Cosson que 
la glumelle inférieure est la plus longue. Gussone dit du C. alopecuroides : 
« Valve calycinæ acutæ, corollam parum excedentes » (Fl. sie. Syn. I, 
p. 121). Tous les auteurs disent le contraire; Host et M. L. Reichenbach figa- 


(4) D’après Lapeyrouse (Suppl. pl. Pyr. p. 8), l'abbé Pourret avait créé pour le Cryp- 
sis schænoides le genre Pechea, P.subcylindrica ( Chlor. hisp. n? 403), en suuvenir de son 
ami le docteur Pech, de Narbonne, cité par Lapeyrouse, Hist. pl. Pyr. p. xxvii. — J'ai 
vainement cherché ce Chloris hispanica ; il parait qu'il est resté inédit, comme le faisait 
pressentir Lapeyrouse (Suppl. pl. Pyr. p. vi). 

(2) Gærtner a choisi ce num d'Antitragus parce qu'il a cru voir dans cette plante une 
m espèces de Soudes (Tragus) mentionnées par Pline, ainsi qu'il le dit lui-même 
0. c. p. 7). 


899 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


rent le contraire; je mai vu que le contraire, et il faut croire à un lapsus. 

4° Kunth a eu toute raison eu disant que le C. aculeata est le seul à avoir 
la glumelle supérieure uninerviée (1). Cette glumelle, trés- mince et très-dia- 
phane, semble n'avoir qu'une seule couche de cellules très-longues, excepté 
sur sa région dorsale oü la ligne médiane est parcourue par un trés-faible 
faisceau vasculaire, qui n'atteint pas le sommet obtus, non bifide, mais irrégu- 
lierement denticulé. Sur nos deux autres espèces, la glumelle supérieure est 
plus résistante et présente deux trés-petites nervures séparées par un étroit 
sillon plissé en dedans sur le tiers supérieur ; le sommet est un peu échancré, 
à deux lobes obtus arrondis. 

5° Je wai pu trouver aucune trace de glumellules, et il est certain qu'il 
n'y en à pas; mais il est non moins certain que Schreber a vu ce qu'il a dé- 
crit et que ce n'est pas au hasard qu'il a attribué au C. aculeata : « Necta- 
» rium diphyllum, foliolis ovatis, hyalinis. » J'expliquerai bientôt ce qui a 
fait illusion à cet auteur si exact et si consciencieux. 

6° J'ai trouvé constamment deux étamines sur le C. aculeata et trois sur 
les deux autres espèces. Mais aussi, au lieu de trouver les deux étamines du 
C. aculeata ylacées latéralement, comme les auteurs les mentionnent sur les 
Graminées diandres, je les ai, à ma grande surprise, trouvées placées vis-à-vis 
de la nervure médiane des glumelles, une contre l'embryon, une à l'opposé. 
J'ai cru d'abord étre dupe d'une illusion; vingt fois j'ai recommencé mon 
analyse, et toujours j'ai trouvé la méme position inexplicable pour moi. Tout 
à fait à leur base, les filaments sont trés-dilatés et constituent comme un petit 
anneau. 

7° Lorsqu'on recueille le C. schænoides à l’état de pleine maturité et un 
peu tardivement, il n'est pas rare de voir ses panicules tout entourées de ca- 
ryopses sortis des glumelles et au sommet desquelles ils adhérent en simulant 
les œufs luisants de certains insectes. Le méme fait se montre sur les deux 
autres espéces, mais moins fréquent et moins saillant. C'est donc à tort qu'on 
a dit: « semen inclusum... semen tectum », et Lœfling avait trés-bien observé 
le fait et l'avait exactement caractérisé par ces mots : « Semen nudum nec 
» corolla adnata obtectum..... Corolla glumæ semen dimittunt » (o. c. 
p. 115). Mais comment les caryopses sortent-ils de leurs glumelles ? et com- 
ment, aprés en étre sortis, y restent-ils adhérents? C'est là ce que j'ai long- 
temps cherché avant de le trouver. Le C. schænoïdes croit en abondance près 
du domaine de Rabet (arrondissement d'Arles, Bouches-du-Rhône), où je 
passe ordinairement quelques jours de mes vacances; or, j'avais remarqué 
que je ne trouvais ces panicules entourées de caryopses qu'aprés de grandes 
pluies, et jamais tant que durait la sécheresse de l'été. C'était là ce qui 
m'embarrassait le plus; car il me semblait que les fortes pluies devaient dé- 


(1) Lœfling avait entrevu ce caractère et avait attribué à cette plante: « Glumis co- 
» rolle dorso acutis » (0. c. p. 115). 


SÉANCE DU 22 Juin 1866. 323 


tacher et enlever ces caryopses et non les faire adhérer contre la panicnle. 
D'autre part, en prenant pour objet d'étude ces caryopses, qui me semblaient 
parfaits de maturité, je leur trouvais le sommet arrondi, complétement lisse 
et absolument dépourvu de toute trace de style, tandis que les caryopses que 
je prenais dans les glumelles portaient à leur sommet plus ou moins acuminé 
les induvic des styles. Enfin j'avais fini par renoncer à résoudre ce problème 
aux données en apparence contradictoires, lorsque, le 31 mars dernier, l'idée 
me vint d'étudier la germination des caryopses de Crypsis, si remarquables 
par un embryon qui en occupe toute la longueur. Je crus bien faire en prenant, 
d'une part, des caryopses parfaitement mûrs autour des panicules, et, d'autre 
part, en égrenant des panicules pour avoir des caryopses encore en place 
dans leurs glumelles, et en mettant séparément les uns et les autres tremper 
au préalable dans de petites auges de verre. Les premiers tombèrent tout de 
suite au fond de l'eau; et comme les seconds s'obstinaient à surnager et que je 
m'obstinais de mon côté à essayer de les enfoncer, je m'apercus, après deux 
ou trois minutes, qu'ils s'entouraient d'une sorte d’auréole blanchâtre. A 
l'aide d'une loupe, je vis à l'instant que leur péricarpe se gonflait jusqu’à 
prendre un diamétre plus que double, puis qu'il s'ouvrait, à la facon d'une 
coquille bivalve, du cóté opposé à l'embryon, et qu'enfin la graine en sortait 
latéralement, tout en restant encore adhérente à la base par un funicule très- 
court, très-faible et se brisant an moindre effort. Examiné au microscope, ce 
péricarpe était entouré sur son tiers supérieur d'une atmosphère mucilagineuse 
et visqueuse qui le faisait adhérer aux aiguilles de dissection. La graine sortie 
de son péricarpe était lisse et arrondie au sommet, identique avec les graines 
suspendues autour de la panicule ; et je compris alors comme quoi ces graines 
ne sortaient qu'aprés une grande pluie et restaient agglutinées, avec les grains 
de sable, au sommet des glumelles tout imprégné de ce mucilage. En faisant 
tremper, non plus des caryopses sortis de leurs glumelles, mais des épillets 
entiers, je pus constater que l'épillet s'entr'ouvre un peu, le péricarpe se brise, 
ainsi que la glumelle supérieure sur sa ligne médiane, la graine sort et reste 
enfermée dans les glumes. Puis, à mesure qu'ils se séchent, les épillets se con- 
tractent et la graine glisse vers le sommet où elle reste retenue par les visco- 
sités qu'elle entraine. Enfin, en analysant les panicules aiusi vides de ca- 
ryopses, je trouvai dans leurs glumelles les péricarpes simulant à s'y méprendre 
de grandes glumellules ovales et hyalines, comme l'avait dit Schreber. Tout 
était alors expliqué. Mais aussi il était avéré que les Crypsis n'ont point pour 
fruit un CARYOPSE, dont on puisse dire ce que R. Brown dit du fruit des 
Graminées : « Pericarpium semini adnatum », mais bien une sorte d'AKENE, 
s'isolant et se dépouillant de son péricarpe après un séjour de quatre ou cinq 
minutes dans l'eau. Le fait m'a paru digne d'étre signalé; rien n'est plus facile 
que de le vérifier. 

J'ai traité de la méme facon les caryopses des genres Mibora, Phleum, 


32h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Alopecurus, Phalaris et Agrostis, mais je n'y ai trouvé que des caryopses 
germant sans se dépouiller de leur péricarpe. Il n'en a pas été de méme du 
Sporobolus pungens. Ses caryopses, placés dans l'eau, s'y sont comportés 
absolument comme ceux des Crypsis. Le péricarpe s'est dilaté, puis ouvert 
latéralement, et la graine en est sortie, tout en y restant adhérente par le funi- 
cule (1). Ce n'est pas le seul rapport que cette Graminée ait avec les Crypsis ; 
ses feuilles sont distiques comme celles des Crypsis ; la ligule en est également 
remplacée par des poils; les glumes sont supportées par un stipe trés-court 
(Trin. Fund. agr. p. 118; Link Hort. ber. I, p. 85); les glumes et les 
glumelles sont un peu carénées, ce qui avait porté Forskäl à en faire son 
Phalaris disticha (Descr. p. 47) ; enfin, l'embryon, sans être aussi long que 
celui des Crypsis, l'est beaucoup plus que celui des A grostis et occupe un 
bon tiers de la longueur du caryopse. Tous ces rapports placent notre Sporo- 
bolus pungens plus prés des Crypsis que des Agrostis (2). 

8° Lœfling n'a pas eu raison de dire: « Semen... sulco in altero latere » 
(o. c. p. 113); il n'y a aucun sillon sur ces caryopses lisses, luisants et 
transparents. L'embryon, opaque et d'une couleur foncée, apparait à travers 
le péricarpe, sur toute la longueur de la graine; ce qui a fait dire à Host : 
« Semen altero latere fuscum » (Gram. austr. p* 17). Serait-ce cette cir- 
constance qui a fait illusion à Læfling , ou plutôt cette autre que j'ai moi- 
méme constatée, savoir, que quelquefois le péricarpe, aprés s'étre gonflé et 
ouvert sur le côté, se dessèche et se referme en laissant une petite fissure 
latérale qui simule un sillon? C'est ce que je suis porté à croire, car Loefling 
n'avancait rien à la légère. 

Il y a encore une remarque à faire, mais d'une importance trés-secondaire, 
Gussone décrit un Crypsis nigricans, lequel se distingue du C. alopecuroides 
« valvis calycinis latioribus; spicis abbreviatis ; habitu graciliore ac humi- 
» liore » (o. c. p. 121). M. Parlatore ajoute comme caractére distinctif 
« colore nerastro » (FI. it. I, p. 92). Or, j'ai recu cette plante des localités 
siciliennes mentionnées par Gussone, et il m'a été impossible d'y trouver aucun 


(1) Kunth a depuis longtemps signalé ce caractére : « SPOROBOLUS... pericarpio solu- 
» bili » (Agr. Syn. 1, p. 209); et dans son Supp'. pp. 166 et suiv., il dit de plusieurs 
espèces exotiques : « Pericarpium hyalinum, humectatum inflatum, solubile, ad unum 
» latus fissum semenque ejiciens ». S'il n'en dit pas autant de notre Sporobolus pungens, 
c'est sans doute à cause de l'extréme difficulté qu'il y a à se procurer des caryopses de 
cette espéce. J'ai détruit une incroyable quantité de panicules peu avancées ou trés-avan- 
cées, pour obtenir DEUX caryopses bien développés. Cette absence de fruits est-elle due à 
l'avortement que l'on remarque presque constamment sur les Graminées longuement sto- 
loniféres (voy. Billot Annot. p. 112), ou à l'extréme caducité des fruits, comme l'in- 
dique le nom de Rob. Brown et comme semble le croire Palisot de Beauvois (Agr. p. 26)? 
Je la crois due à l'avortement ; car dans les panicules encore jeunes on trouve, comme 
sur les plus avancées, les caryopses avortés. à 

(2) On ne trouve aucun de ces caractères sur le Sporobolus gaditanus Boiss., qui 
n'est, en effet, qu'un Agrostis. J'ai pu le constater sur les beaux échantillons de cette 
plante que j'ai récoltés en 1854 à la Macta, entre Oran et Mostaganem. 


SÉANCE DU 22 JUIN 1866. 325 


caractère spécifique valable. La couleur est variable sur tous les Crypsis, 
comme sur les PAleum, les Alopecurus, les Phalaris, et elle passe avec une 
extrême facilité du blanc au violet noirâtre. La taille est non moins variable 
sur les autres Crypsis ; le Phleum pratense a quelquefois des panicules lon- 
gues de 16 centimètres et d'autres fois longues d'un demi-centimètre ; même 
variation sur les Phalaris c«rulescens, minor, etc. La largeur des glumes est 
absolument la méme sur le C. alopecuroides de Sicileà longue panicule verte 
et sur le C. nigricans ; mais les épillets sont plus longs sur le premier. Or, si 
ce caractère, joint à celui de la couleur, suffit pour en faire une espèce, c'est 
le C. nigricans que nous avons à Metz et sur les bords de la Loire ; car celui 
qui vient de ces localités est absolument identique pour la couleur et la largeur 
des glumes avec les échantillons les plus authentiques du C. nigricans de Sicile. 
La plante francaise aurait méme les glumes un peu plus larges encore. Je 
possède la forme verte, à longue panicule, de la Vendée, de Montpellier, 
d'Alger, de Sicile, d'ltalie et de Smyrne, mais, malheureusement pour la 
distinction des deux espèces, je possède aussi tous les intermédiaires pos- 
sibles. 

Il me reste à résumer ce que cette étude m'a permis de constater sur les 
caractères contestés de ce genre et de ses trois espèces françaises. 


1° CRYPSIS. Glumes deux, plus courtes que les glumelles. Glumelles iné- 
gales ; l'inférieure un peu plus longue ; la supérieure uninerviée sur le C. acu- 
leata, bicarénée sur les deux autres. Glumellules nulles. AKENE libre, ovoide- 
oblong ou linéaire-oblong, non canaliculé, occupé sur un de ses bords et 
dans toute sa longueur par l'embryon. . 

2° Les différences qui existent entre le C. aculeata et les deux autres n'ont 
point une valeur générique ; peut-étre méme serait-ce en exagérer la valeur 
que d'établir sur elles uue section de genre. 

3° C. ACULEATA. Panicule entourée à sa base par les deux feuilles supé- 
rieures dont les gaines, très-dilatées, se continuent en limbe très-large sans 
étranglement vis-à-vis de la ligule ; toutes les autres feuilles étranglées à la 
naissance du limbe. Panicule courte, plus large que longue ; axe nul ou 
plutôt raccourci en un réceptacle conique comprimé. Fleur frès-brièvement 
stipitée; glumelle supérieure unénerviée. Deux étamines, non latérales, 
mais opposées à la nervure médiane des glumelles. Akène linéaire-oblong, 
d'un blanc sale, un peu courbé en faux du côté de l'embryon. 

h? C. SCHOENOIDES. Panicule ovale ou ovale-oblongue, spiciforme, en- 
tourée à sa base par la gaine de la feuille supérieure étranglée comme 
toutes les autres à la naissance du limbe. Fleur sessile ; glumelle supérieure 
binerviée. Akène ovoide-oblong, d'un roux pâle. 

5° C. ALOPECUROIDES. Panicule spiciforme cylindrique ou ovoide, atté- 
nuée à sa base, exserte. Toutes les feuilles étranglées à la naissance du limbe. 


396 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Fleur brièvement stipitée. Glumelle supérieure faiblement Ó/nerviée. Akène 
ovoide, d'un brun foncé. Formes extrêmes : 

a. Panicule très-longue, cylindrique, verte ; 

6. Panicule courte, ovoide, colorée en violet noir. 

6° Sur les trois espèces françaises les entre-nœuds des chaumes portent un 
large sillon par suite de la présence à la base de chaque gaine d'un rameau ou 
de feuilles rudimentaires. 

7* Enfin, le Sporobolus pungens est plus voisin des Crypsis que des 
Agrostis. 


M. Eug. Fournier donne lecture du travail suivant : 


MONOGRAPHIE DU GENRE HESPERIS, pr M. Eug. FOURNIER. 


Le genre Hesperis est un des genres de Cruciferes qui se sont le moins ac- 
crus depuis la publication des travaux de M. Boissier sur la flore de l'Orient. 
Obligé de le passer en revue pour continuer le travail monographique que j'ai 
entrepris sur les Cruciferes, j'ai dû en éliminer beaucoup d'espéces et rappro- 
cher les uns des autres un certain nombre de types qui m'ont paru se rejoindre 
naturellement, mais j'ai trouvé, proportion gardée, moins de nouveautés que 
je n'en avais signalé l'an dernier dans le genre Sisymbrium. 

Aussi ce qui a fait la difficulté de ce travail, ce n'est pas la nouveauté ni le 
nombre des espèces, c'est le peu de documents que l’on possède sur beaucoup 
d'entre elles. Le genre Zesperis appartient principalement à la région monta- 
gneuse centrale de l'ancien continent, et surtout de l'Orient : c'est l'Asie-Mi- 
neure, le Caucase, la Syrie et la Perse qui en ont fourni le plus d'espèces. Or 
les plantes rapportées par les voyageurs sont loin d'étre en état et en nombre 
suffisant pour qu'on apprécie complétement les caractères et surtout les limites 
de ces espéces, par l'examen d'un nombre suffisant d'échantillons reliant les 
formes extrêmes. À peine ai-je pu trouver, dans les nombreux herbiers que j'ai 
eus sous les veux, des feuilles radicales de PÆ. runcinata, et ce ne sont guère 
que ces feuilles qui permettent de distinguer cette espèce de VH. silvestris. 
Un autre inconvénient résulte des erreurs inévitables dans la distribution des 
grandes collections, mais qui paraissent s'étre singulièrement multipliées dans 
le genre Zesperis ; j'ai trouvé dans l'herbier Delessert jusqu'à quatre espèces 
différentes d’Æesperis sous un seul numéro d'Aucher-Éloy, et les ezsiceata de 
M. Bourgeau, de M. Balansa et de M. Kotschy lui-méme n'ont pas été à l'abri 
de méprises du méme genre. On trouve un Stevenia distribué à la place de 
PH. Kotschyi Boiss. et de l' H. violacea Boiss. , dans certaines collections ; deux 
plantes différentes sous le nom d' ZZ, Reuteriana ; le Matthiola montana distri- 
bué par M. Balansa est I. Æotschyi, etc., etc. 

Heureusement, j'ai été aidé autant qu'on peut l'étre pour la solution de dif- 
ficultés semblables par les communications les plus bienveillantes. Outre les 


SÉANCE DU 22 Jurn 1866. 327 


collections du Muséum et celles de M. Delessert, j'ai eu sous les veux les Hes- 
peris de M. de Candolle, renfermant les types authentiques de M. Boissier, 
ceux de M. de Franqueville et ceux de l'herbier Rayneval, qui fait partie des 
collections de la Société. J'ai trouvé de précieux matériaux dans l'herbier de 
M. Cosson, où les espèces sont toujours aussi abondamment représentées qu'il 
est possible. M. Boissier qui, étant en train de publier le commencement de 
sa Flore d'Orient, ne pouvait se départir d'un genre de la famille des Cruci- 
feres, a bien voulu me donner par lettre les renseignements les plus utiles, 
car il a lui-méme supprimé, pour les fondre ensemble ou dans des types plus 
anciens, quelques-unes des espèces qu'il avait établies dans les Annales, dans 
ses Diagnoses, ou publiées dans des exsiccata déterminés par lui. 

Les caractères du genre Hesperis sont parfaitement connus, mais il est bon 
de les préciser : | 

Calice bigibbeux, pétales longuement onguiculés, deux glandes scutelliformes 
en dedans des étamines courtes ; filets des étamines longues dilatés et embras- 
sant l'ovaire à leur base; fruit siliquiforme, toruleux ; stigmate fendu en deux 
lèvres aiguës ou obtuses, appliquées ou divariquées; cloison épaissie entre 
les graines, formée de cellules allongées transversalement, auxquelles s'ajou- 
tent quelquefois des vaisseaux longitudinaux larges et flexueux. — Herbes à 
souche ordinairement vivace, à feuilles lancéolées, à rameaux dressés. 

Le genre Hesperis comprend, dans le Systema, vingt-deux espèces, et dans 
le Prodromus vingt, les Hesperis arabidiflora DC. et scapigera DC. du Sys- 
tema ayant passé lors de l'impression du Prodromus dans le genre /Veuroloma. 
De ce nombre, onze espèces doivent déjà être exclues du genre, savoir : 
PH. heterophylla Ten. et lA. nivea Baumg., comme n'étant que des formes 
de l H. silvestris Clus. ; VH. pinnatifida Mich. et lH. apríca Poir., comme 
ayant les cotylédons accombants; VH. ramosissima Dest., lH. pygmea 
Delile, PÆ. crenulata DC., comme appartenant au genre Malcolmia (1); 
lH. repanda Lag., comme devant être identifié au Cheiranthus linifolius 
Pers. ; VH. alyssifolia DC., plante uniquement connue par un échantillon 
incomplet de l'herbier Delessert, s'éloignant du genre par la gracilité des longs 
filaments staminaux ; et VÆ. angustifolia DC. , comme devant être très-proba- 
‘blement ramené au Sisymbrium rigidum Bieb. (2). 


(4) M. Boissier a eu parfaitement raison de faire le premier cette rectification. Peu 
importe ici que les lobes stigmatiques soient aigus ou obtus. Le port est d'accord avec 
les caractéres de la cloison, munie dans son milieu d'un épaississement fibreux ruba- 
naire (voy. le Bull. t. XI, p. 242), pour faire rentrer ces espèces dans le genre Mal- 
colmia, ainsi que l H. Orsiniana Ten. 

(2) De Candolle cite son Hesperis? angustifolia dans l'herbier du Muséum de Paris. 
On ne trouve dans cet herbier rien qui puisse se rapporter à cette plante, si ce n'est un 
échantillon de Sisymbrium rigidum étiqueté, de la main de l'auteur du Systema, Sisym- 
brium angustifolium DC. Comme cette espéce n'a pas été publiée sous ce nom, et qu'elle 


cadre bien avec la description de l'H. angustifolia, il faut probablement y voir cette 
derniére plante. 


328 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Les espèces d' Zesperis créées par M. Boissier dans les Annales des sciences 
naturelles en 1842 et dans les Diagnoses plantarum orientalium, ou publiées 
dans les exsiccata de M. Kotschy, de M. Noé, ou dans l'Asie- Mineure de 
M. de Tchihatchelf, ne s'élèvent pas à moins de 2^, dont une mal connue, 
IH. unguicularis, fondée sur un échantillon très-incomplet. Sur les 23 autres, 
je n'en conserve ici que 11. D'abord, d’après M. Boissier lui-même, les H. 
Aucheri Boiss. et H. rupestris Boiss. rentrent dans l H. pendula DC. ; Y H. leu- 
coclada Boiss. est le Sisymbrium hesperidiflorum Boiss. et Bubse ; lH. qua- 
drangula Boiss., fondé sur un échantillon fructifié d’Aucher-Éloy, appartient 
à PH. pulmonarioides Boiss. (H. syriaca Clus.) ; et PH. paniculatu Boiss. 
in Tchih. As.-Min., bot., 331, n'était qu'un nom provisoire donné à un échan- 
tillon très-incomplet prêté par M. de Tchihatcheff, et qui appartenait à une 
forme de lH. silvestris. En outre, l'A. renifolia Boiss. que l'auteur recon- 
naît à bon droit comme distinct du genre Hesperis, et pour lequel il m'indique 
dans une lettre le nom manuscrit de C/Aa/canthus (1), me paraît devoir, jus- 
qu'à plus amples matériaux, être classé dans le genre Conringia. L'H. flava 
Kotschy et Boiss., connu en fleur seulement et par conséquent un peu dou- 
teux, s'éloigne du genre parla brièveté de sa corolle et par un calice égal à la 
base. L'H. breviscapa Boiss. appartient au genre Parrya. C'est ici le cas de 
rappeler que dans les Cruciféres, quand la radicule se trouve dorsale sur des 
cotylédons paralleles à la cloison, ce qui est le cas dans cette espéce, la forme 
du fruit reste la méme que si la radicule était latérale; tandis que quand la 
radicule est dorsale avec des cotylédons perpendiculaires à la cloison, ce qui 
est le cas des vrais Hesperis, le fruit est plus ou moins toruleux. L'H. Xotschyt 
Boiss. m'a donné d'abord beaucoup d'incertitude, parce que le numére 256 
de l'Jter cilicicum de M. Kotschy est représenté dans les herbiers par des 
plantes différentes : dans l'herbier de M. de Franqueville par une espèce à 
silique toruleuse et à graine pleurorrhizée, appartenant probablement au genre 
Stevenia (qui se rencontre aussi dans certaines collections, à la place de 
l'A. violacea Boiss., sous les numéros 3 a et 196 d du méme exsiccata) ; 
dans l'herbier du Muséum de Paris par une espèce à silique cheiranthoide 
et à graines également pleurorrhizées. D’après la description des Diagnoses de 
M. Boissier, je crois que PH. Korschyi (H. humilis Boiss. Fl. d'Or. in litt.) 
est bien cette dernière espéce; elle appartiendrait donc également au genre 
Parrya. L Hesperis Kotschyana Fenzl (H. tauricola Boiss.) est réuni dans la 
monographie suivante à l'H. bicuspidata DC. , dont je ne puis le distinguer 
que par ses fleurs un peu plus petites. L'H. thyrsoidea Boiss. est réuni à 
l'A. cappadocica (H. bicuspidata DC. var. B. cappadocica) pour une raison 
analogue ; quant à IZ. Reuteriana Boiss. Ann., il rentre aussi dans VH. bi- 


(4) Ce genre a été depuis publié par M. Boissier dans son Flora orientalis, t. 1, p. 221. 
(Note ajoutée pendant l'impression, janvier 1868.) 


SÉANCE pu 22 jurn 1866. 399 


cuspidata DC., mais celui qui a été publié dans les Plante armeniacæ de 
M. Bourgeau, n? 34, appartient à VH. cappadocica. 

Nombre d'autres espéces proposées par différents auteurs sont encore 
exclues du genre dans cette monographie. L'H. cretacea Adams et VH. tri- 
chosepala Turez. ne sont probablement que des variétés de H. aprica Poir. ; 
et en tout cas, s'ils en sont distincts, ils appartiennent comme cette dernière 
espèce au genre C'lausia Trotzky (si on l'adopte, et si on ne le réunit pas au 
genre Cheiranthus). L'H. fragrans Fisch. et lH. suaveolens Bess. (lesquels 
ne me sont connus le premier que par la planche de Sweet, le second par une 
citation de Sprengel) paraissent devoir être ramenés, le premier à VÆ. villosa 
DC. , le second à lH. laciniata All., que certains auteurs réunissent peut-être 
avec raison. Sur les trois espèces nouvelles d'Zesperis établies par M. Jordan 
dans ses Diagnoses, je n'en ai admis qu'une seule, l'H. spectabilis, parce que 
j'avais sous les yeux des échantillons qui me paraissent représenter le type de 
M. Jordan ; encore faut-il convenir que le caractère principal sur lequel elle 
repose, la largeur et la saillie des pétales, est bien sujet à caution. Pour les 
deux autres espèces du méme auteur, H. eruginea et H. purpurascens, il m'a 
été impossible de les caractériser, d’après les documents donnés par M. Jordan, 
autrement que comme de légères variations de PH. spectabilis et de VH. laci- 
niata, auquel bien des auteurs certainement réuniront en outre plusieurs des 
espèces que j'ai admises dans ma monographie. L'H. grandiflora Sims offre 
dans le groupe de PH. silvestris la méme difficulté que l H. spectabilis Jord. 
dans le groupe de H. laciniata; faut-il y voir une espèce différente de 
l'A. silvestris Clus., ou une variété de celle-ci à grande fleur? Les échantil- 
lons que j'ai vus dans l'herbier Delessert et dans celui du Muséum, et qui se 
rapportent à l'A. grandiflora bien qu'ils n'en portent pas le nom, étant dé- 
pourvus de fruits, n'aident guère à la solution de cette difficulté. L'A. nitens 
Viv. est, d'aprés M. Cosson, qui a examiné l'herbier de Viviani, le Moricandia 
suffruticosa Coss. et DR. (Voy. le Bull. t. XII, Séances, p. 216). L'H. Hookeri 
Led. et l'A. Menziesii Hook. appartiennent, d’après MM. Bentham et Hooker 
(Gen. pl. I, 68), au genre Cheiranthus (si l'on ne conserve pas comme 
distinct le genre Phænicaulis), au genre Erysimum d’après M. J. Gay. 
L'H. pachyrrhiza Trautv. diffère complétement par son port du genre Hespe- 
ris; cest une plante qui demande une étude ultérieure. Reste lH. glabra 
Royle, indiqué par cet auteur à Runawur dans PH indoustan. MM. J. Hooker 
et Thomson, dans leur mémoire sur les Crucifères de l'Inde, imprimé dans 
le tome V des Proceedings of the Linnean Society, ne citent pas cette espèce; 
mais au Parrya macrocarpa R. Br. ils donnent comme synonyme Æ. Ru- 
nawurensis herb. Royle. Il est probable que c'est là PH. glabra Royle, qu 
doit par conséquent disparaitre du genre Hesperis. 

Il me reste conséquemment, dans ce travail, neuf espèces du Sys- 
tema, onze espèces de M. Boissier, VÆ. spectabilis Jord., PH. dalmatica 

T. XIII. (stances) 22 


330 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
(H. glutinosa Vis. part.), plus sept espèces que je décris comme nou- 
velles, et quatre qui sont peu connues et douteuses, savoir : H. hyrcanica 
Spr., H. unguicularis Boiss., H. moniliformis Schur. 

Comment ces espèces doivent-elles être classées? Ni le calice ni l'androcée 
ne fournissent aucun caractère pour la division du genre. Les pétales en ont 
fourni à De Candolle, mais il faut reconnaître que leur forme varie par de 
nombreux intermédiaires, depuis les pétales linéaires de PH. tristis jus- 
qu'aux pétales à limbe orbiculaire de VH. grandiflora. Ils varient même un 
peu de forme dans certaines espèces, et ce n'est pas seulement dans le genre 
Hesperis, mais surtout dans le genre Matthiola, que cette variation crée au 
monographe de nombreuses difficultés. Reste le fruit. Il présente des diffé- 
rences importantes dans sa constitution, selon les espéces que l'on examine. 
Dans lH. tristis, tous les auteurs depuis longtemps ont fait remarquer que 
les valves sont plus étroites que le fruit, à cause du grand développement que 
prend le cadre placentaire. En outre, elles sont d'une ténuité toute parti- 
culière et se détachent parfois avant leur maturité du cadre qui les entoure. 
— Chez d'autres plantes, dont PH. pendula DC. peut être regardé comme le 
type, les valves sont beaucoup plus développées, ont une forme triangulaire 
et renferment dans leur intérieur un tissu spongieux que M. Boissier a fait 
remarquer. Mais le fruit y est encore déhiscent. Enfin, chez VH. dalmatica 
(47. glutinosa Vis. part.), le tissu spongieux des valves acquiert un dévelop- 
pement plus considérable, et le fruit devient indébiscent. 

Au microscope, quand on fait la coupe d'une valve du fruit de VH. silves- 
tris, qui appartient à la méme division du genre que l'A. pendula, on observe 
d'abord, du côté interne, un épiderme à cellules transversalement allongées. Si 
l'on observe un fruit très-jeune, qui vient d’être abandonné par les enveloppes 
florales, on remarque que cet épiderme est accolé à un tissu parenchymateux 
chargé de chlorophylle, dans lequel se développent quelques faisceaux fibro- 
vasculaires, et qui s'étend jusqu'à l'épiderme extérieur sur un fruit un peu 
plus avancé dans son développement; il existe en outre, entre l'épiderine 
interne et le parenchyme vert du carpelle, sur la coupe transversale, une rangée 
d'orifices elliptiques, allongés dans le méme sens que les cellules de l'épiderme 
interne et formés par des parois uu peu épaissies ; si la coupe est oblique, on 
voit clairement que ces orifices représentent la section de fibres allongées. 
Mais jamais ces fibres ne s'épaississent dans cette plante comme dans le genre 
Sisymbrium où la valve est doublée par des fibres que leurs couches d'épais- 
sissement et leur aspect font ressembler à des fibres du liber (1). En outre, 
elles n'existent pas constamment et sur toute l'étendue de la valve, d'un pla- 
centa à l'autre; elles disparaissent souvent dans la partie moyenne de cet 
organe. Aussi comprend-on bien pourquoi les fruits du genre Hesperis sont 


(4) Voyez mes Recherches analomiques et taxonomiques sur les Cruciféres, in-4°, p. 6. 


SÉANCE DU 29 gui 1866. 331 


généralement toruleux. Les valves, n'étant pas maintenues écartées de [a 
cloison par une membrane ligneuse arquée elle-même, ne sont soulevées que 
par le développement des graines, qui se créent une loge en soulevant la valve 
qui les avoisine. — Dans un état de développement plus avancé, il existe, 
entre les fibres que je viens d'indiquer et le parenchyme vert, des cellules 
larges, à parois minces, souvent plus allongées de dedans en dehors, et qui 
retiennent dans leur intérieur quelques grains de chlorophylle. C'est là ce qui 
constitue le tissu spongieux mentionné plus haut; il est d'autant plus abondant 
que le fruit est plus âg . L'H. silvestris est le seul dont j'aie pu suivre le déve- 
loppement à cet égard. Les autres espèces que j'ai examinées sur le sec 
(H. Aucheri, H. dalmatica, H. pulmonarioides) m'ont offert des faits 
analogues. 

Il parait probable que le tissu spongieux que je viens d'indiquer se forme 
aux dépens du parenchyme vert, dont les cellules les plus internes se multi- 
plient et perdent peu à peu leur chlorophylle. On pourrait le regarder comme 
étant de tiature subéreuse. 

Il résulte de ces données trois divisions dáns le genre. Malheureusement la 
division intermédiaire reste la plus nombreuse, et il faut avoir recours pour la 
classer à des caractères secondaires. Il ne faut pas penser ici que l'on puisse 
s'appuyer sur la coloration des fleurs, car dans lH. laciniata on trouve des 
corolles jaunes et des corolles d’uñ rouge sombre sur le méme rameau, et 
lH. spectabilis, très-voisin du luciniata, a les fleurs d'un rose vif. 

C’est assurément un fait remarquable que la réünion de ces deux sortes de 
coloration sur une inéme série de plantes, eu égard à ce qui a été soutenu sur 
l'isolement des séries cyanique et xanthique. Toutefois il est ici moins singulier 
qu'on ne s'y attendrait. En effet, la matiére colorante rouge, dans les 
Hesperis, ne se comporte pas d'une manière essentiellement différente de la 
matière colorante jaune. On dit généralement que la matière colorante jaune 
se trouve à l'état de granules daus les cellules végétales, et que la matiere 
colorante de la série cyanique y est dissoute dans le suc cellulaire. Cela tient à 
ce qu'on emploie généralement l'eau pour moyen d'étude, et que les matières 
de la série cyanique sont essentiellement solubles dans ce liquide. Mais si l'on 
fait ses observations dans la glycérine, où remarque que chez beaucoup de 
pétales colorés en rose, la matiére colorante est renfermée dans une vésicule 
qui flotte au milieu de la cellule. Ce n'est pas seulement sur l Hesperis silves- 
tris var. matronalis que j'ai constaté ce fait, mais sur plusieurs âutres fleurs : 
je citerai ici seulement le Pelargonium zonale et le Lobelia cærulea ; d'ailleurs 
je me propose de revenir sur ce sujet dans une communication spéciale. 

L'étude microscopique de la cloison ne donne pas de caractères où s'appuyet 
pour sectionner le genre. Elle est toujours constituée par des cellules trans- 
versalement allongées, à parois épaissies dans l'intervalle des graines. Dans 
P H. pendula, ces cellules sont seules; elles renferment de l'amidon. Dans 


332 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


PH. armena, il existe en plus des vaisseaux allongés, trés-larges, à calibre 
inégal et à parois minces, un peu flexueux, serpentant dans l'intérieur de la 
cloison, qui par leur forme mériteraient bien le nom de laticiferes s'ils renfer- 
maient du latex; c'est en eux qu'est renfermé l'amidon qui ne se trouve pas 
dans les cellules. Cette substance se trouve également chez l'A. silvestris, 
dans ces vaisseaux qui y occupent aussi le cadre placentaire. Mais mes obser- 
vations microscopiques n'ont pu étre assez étendues pour que je sois autorisé 
à employer ce caractère dans le sectionnement du genre. 

En somme, je regarde comme le moyen le plus pratique de diviser la sec- 
tion Deislosma DC. , d'avoir recours à la direction des siliques, lesquelles sont 
tantót dressées, tantót divariquées, tantót pendantes. Ces diverses considéra- 
tions m'ont conduit à adopter la disposition suivante. 


HESPERIS. 


Clus. Rar. plant. Hist. 296. Rai Hist. 190. L. Gen. n. 817. Endl. Gen. 
n. 4903. Bertol. F/. ital. vit, 112. Benth. et Hook. Gen. pl. 1, 76. 

Herba» gerontogeæ cæspite vulgo perenni, in oris maris mediterranei et in 
montibus Asie occidentalis obviæ. Folia integra runcinata. Calyx bigibbosus. 
Corolla petalis in unguem longum attenuatis; filamentis staminum longiorum 
basi dilatatis ovarium cingentibus, breviorum intus glandula scutelliformi sti - 
patis ; stigmate in duo labia acuta s. obtusa, conniventia v. divaricata fisso. 
Capsula torulosa, siliquiformis; septo inter semina incrassato, e cellulis 
constante transversaliter elongatis, et (apud nonnullas species) vasibus longi- 
tudinalibus, latis et flexuosis. 


Sect. 4. HESPERIDIUM. — Hesperis DC. Syst. 11, hh. — Deilosma 
Spach part. — K/adnia Schur Enum. Transs. 53. 


Petala linearia. Valvæ tenues, angustiores siliqua. 


4. M. tristis L. Sp. ed, 1, 663. Crantz Austr. 31. Jacq. Vind. 118; Fl 
austr. 11, 4, tab. 102. Mill. Dict. n° h. Reich. Syst. 111, 169. Vitm. Summ. 
1v, 57. Pall. Z4. 1n, pp. 58^, 653, 687 ex Led. /nd. taur. Lam. Dict. I, 
321, ic. Mœnch Meth. 256. Hoffm. Germ. 238. Willd. Sp. 11, 550. 
Schkuhr Handb. n, n° 4847, tab. 184. Schult. Os. n° 996. Curt. Bot. 
mag. t. 730. Smith in Rees Cyclop. n? 1, ic. Baumg. Fil. trans. ui, 277, 
ic. R. Br. A. Kew. ed. 2, 1v, 122. DC. Syst. 11, 448; Prod. 1, 188. Falk. 
Beitr. 11. 217. Bieb. Fl. taur.-cauc. 11, 122. Besser Enum. p. 27, n° 853. 
Eichw. Skizze 179. Claus Jnd. des in Gabel it. 256. Colla Herb. ped. 1, 197. 
Rchb. Ec. 685; Ze. Fl. germ. et helv. 11, tab. 57. Koch Syst. ed. 5, A1. 
Sadler Pesth. ed. 2, 289. Peterm. Deutschl. Fl. tab. 6, f. 41, l-o. Maly 
Enum. 269. Neilr. AufzeM. der in Ung. und Slav. p. 255. 


SÉANCE DU 22 Juin 1866. 333 


Cheiranthus lanceolatus Willd. Sp. 11, 515. 

Hesperis pannonica Cam. Hort. p. 7h, tab. 48. Park. Par. 262. 

Hesperis montana Clus. Pann. 33h, ic.; Hist. 1, 296, ic. Rai Hist. 791. 
Welsch Bas. bot. 116. 

Hesperis montana pallida odoratissima C. Bauh. Phytop. 380; Pin. 202. 
Moris. Ozon. 11, 252, $3, tab. 10, f. 3. Kœn. Regn. veg. 380. Tourn. 
Inst. 222. 

Hesperis colore ineleganti J. Bauh. Hist. 11, 879, f. 4. 

Hesperis matronalis Violæ folio flore viridi aut albo ineleganti Chabr. 
Sciagr. 280, f. 5. 

Hesperis caule hispido ramoso Date T. Hort. ups. 487. 

Hesperis caule hispido procumbente L. Hort. Cliff. 335. 

Hesperis caule hispido ramoso patente, valvis siliqua angustioribus Crantz 
Crucif. 191. 

Planta biennis v. perennis, glabra v. pilis simplicibus apprime et dense pi- 
losa. Caules infra simplices, apice ramosissimi, plures ex eodem rhizomate 
erumpentes. Folia inferiora rosulata, lanceolata, petiolata, usque 18 cent. 
longa, petiolo plano, costato, iufra dilatato, abrupte ad caulem terminato, basi 
sæpius rotundata; folia caulina sessilia, elliptico-elongata, summa linearia, basi 
dilatata, subamplexicaulia, omnia integra vel denticulata. Inflorescentia diva- 
ricata. Pedicelli post anthesin accrescentes, primum  patuli, deinde ho- 
rizontales, maturis fructibus divaricati, incrassati, 4-5 cent. longi. Flores 
magni, noctu olentes. Calyx strictus, clausus, 107" longus; corolla sordide ex 
albido aut ochroleuco fusco-rubens, petalis linearibus, calycem duplum æquans, 
stamina inclusa, minora filamentis longioribus æquilonga ; filamenta minora 
antheris breviora. Ovarium strictum, tetragonum. Siliqua cum pedicellis di- 
varicatæ, juniores erubescentes, maturæ albescentes, 8-10 cent. longae, plano- 
compresse, ensiformes, placentis multo latioribus quam valvæ tenues, papy- 
raceæ, foliaceæ, nervo medio valido, stigmatibus crassis exacte conniventibus. 
Semina parva, tetragona, radicula dorsali. 

Crescit in Europa meridionali, in Lombardia? (Maly), in Austria frequens 
circa Vindobonam, in Moravia, in Gallicia, in Hungaria vulgaris, in Transsil- 
vania, in Moldavia (Guebhard), in Odessa (Descemet in herb. Rayneval, 
. Led.), in Podolia inferiore, in Tauria, ad Sebastopol (St-Supéry in herb. 
Coss.), ad Tanain et Volgam inferiorem, a Aamypschin usque ad Sarepta 
(Claus in Beitr. zu Pfl. viu, 31, 205), ascendens in Rossia septentrionem 
versus usque in prov. Tambow, versus rivulum 7agaika (Pall. ex C.-A. 
Mey. in Verz. Tambow Beitr. zu Pfl. 1, 23. — V. sp. in herb. Mus. paris., 
Less., DC., Coss., Franq. et Raynev. 

Var. «, — Foliis basi dilatatis, triangularibus (Leucoium melancholicum 
Gerarde Herb, 403). 


334 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Var. 8. — Foliis majoribus, orbicularibus, basi cordatis, — Ex horto Au- 
dibertiano in herb. Mus, paris. — Patria ignota. 


Sect. 2. PACHYCARPOS. — Deilosma Spach part. 


Petala lineari-spathulata. Valvæ crassæ, spongiosæ, indehiscentes. 


2. H. pulmonarioides Boiss. Ann. sc. nat. 2, xvir, 68. Walp. Rep. 1, 
162. 

. H. quadrangula Boiss. Ann. sc. nat. 2, XVII, 67. Walp. Rep. 1, 161. — 
H. reticulata Aucher-Éloy in sched. n° 129. — Erysimum longisiliquum 
Aucher-Éloy in sched. n° 149. — Deilosma triste Spach in sched. 

Hesperis syriaca Cam. Hort. med. p. Th, tab. 49. Clus. Hist. 296. Moris. 
Oxon. 11, p. 252, § 3, tab. 40, f. 4. J. Bauh. Hist. 11, p. 879, f. 2. Chabr. 
Sciagr. 280, f. 6. Rai Hist. 790. Welsch Bas. bot. 116. 

Hesperis peregrina siliquis geniculatis C. Bauh. PAytop. 380. 

Hesperis silvestris latifolia flore albo parvo Park. Theat. 628. 


Planta biennis, radice crassa napiformi, tota ochracea, pilis brevissimis glan- 
dulosis aliisque albis scariosis adpressis obsita vel basi tantum hispidula. Caulis 
crassus, valde angulatus, erectus, sesquipedalis. Folia oblongo-lanceolata, ra- 
dicalia integerrima in petiolum planum longe attenuata, pilis furcatis hispidula, 
caulina ad basin ramorum sessilia, repanda aut integra, acuta, semiamplexi- 
caulia, subtriangulata, apice attenuata. Pedicelli glabri, teretes, patuli, calycem 
æquantes, flore delapso arcuati, fructibus maturis incrassati, fere 3 cent. longi, 
omnes bracteati, bracteis triangularibus pedunculum subæquantibus. Flores 
corymbosi; petalis sordide flavis, lineari-spathulatis, post anthesin multo 
accrescentibus, calycem triplum zequantibus, limbo tertiam tantum petali par- 
tem æquante, 3"" lato, rotundato ; stamina majora exserta, minora basim 
antherarum majorum non attingentia, basi crassa tereti insertis. Racemi 
fructiferi longissimi. Siliquz juniores glandulosæ, adultæ glaberrimæ, cum 
pedunculis divaricatæ, crassissimæ, 14-16 cent. longa, lateraliter subcom- 
presse, valvarum carina cum columnis placentiferis prominula quadrangulæ, 
rigidæ, fragiles, forsan indehiscentes, valvis sectione transversali triangulari- 
bus, maxime spongiosis, dissepimento passim incrassato, stigmatibus brevis- 
simis. Semina elongata, nidulantia, cotyledonibus paulum conduplicatis. 

Crescit ad Odessa (Aucher-Éloy n° 149 in herb. Mus. paris.), ad Alep 
(Aucher-Éloy n° 129, Rauwolf). — V. sp. in herb. Mus. paris. et DC. 

Var. pedicellis calyce longioribus. (Leucotum marinum Rauw. . Hodoep. 
part. 4, c. 4. — Hesperis syriaca sive Leucoium marinum D. Rauwol fii 
Cam. Hort. med. p. 7h, tab. 20). — Crescit ad Tripoli. 


Obs. — Leucoium melancholico colore Besl. Syst. eyst. ord. 2, p. 15, 
f. 3 (L. melancholicum John Gerarde Herb. 463) opinor Cheirantho 


SÉANCE DU 22 Jurn 1866. 335 


syriaco DC. esse affine : cui ceterum vix noto pleraque synonymata in Syste- 
mate a Candollio tributa non congruunt. 


3. H. Pachypodium n. Sp. 


Planta biennis, pilis stellato-ramosis undique sparsa. Caulis a basi ramosis- 
simus, bipedalis, ramis fractiferis longissime et laxe spiciferis. Folia paene des- 
tructa, lanceolata, dentata, etiam caulina inferiora petiolata. Pedicelli brevis- 
simi, crassissimi, cum siliquis divaricati. Siliqua» rectae, rigidae, tetragonæ, 
5-6 cent. longe, valvis tenuibus obscure 5-lineatis, stylo crasso conico apice 
profunde fisso, stigmatibus in fructu maturo primum sejunctis ; dissepimento 
membranaceo, opaco, e duabus membranis constituto quarum cellula trans- 
versim elongatae, stricte, parietibus incrassatis, multiporosis gaudent, inter 
quas vasa laticifera sparsa currunt, verticalia, non incrassata. Semina linearia, 
notorrhizea. 

Crescit in Tibetia orientali (Falconer in herb. of the late east indian Com- 
pauy n? 158). 

Obs. — Hæc planta, quanquam stigmate et septi structura ad Hesperidem. 
genus pertineat, habitu et forma siliqua ad Sisymbrium sect. Pachypodium 
vergit. — À Malcolmia recedit septi structura. 


^. Hesperis dalmatica. 


H. glutinosa Vis. part. in Ergænzhl. bot. Zeit. 1829, 1, B. p. 16, n. 24. 
Alsch FT. jadr. 149 part. Pett. Bof. Weg. 472 part. Griseb. Spicil, 1, 245 
non Ten. — H. laciniata var. glutinosa Vis. FI. dalm. ut, 130. — H. laci- 
niata auct. germ. — 4. secundiflora Boiss. et Sprunn. Diagn. ser. 1, 1, 70 part. 

Planta perennis, plus minus villosa. Caules ex una radice plures, angulati, 
pilis simplicibus sparsi; floriferi squamis vaginantibus paleaceis basi obducti. 
Folia inferiora lyrata, stricta, superiora ovato-lanceolata, dentata, sessilia, basi 
hastata v. attenuata, cuncta crassa, lucida, glutinosa, glabra v. ad nervos pilis 
raris furcatis sparsa. Flores ante anthesin spicati. Pedicelli primum erecto- 
appressi, villosissimi, calyce multo breviores, dein siliquis maturis incrassati, 
divaricati, 5-6"" longi. Flores læte flavi, floribus Æ /aciniat« haud absimiles, 
verum calyx magis latus, sepalis minus adstrictis, 10^" longus; stamina parva 
majoribus dimidio minora, basim antherarum majorum non attingentia, 
Siliqua juniores in stigma profunde bilobum, lobis acutis, conniventibus, 
dorso non incrassatis, desinentes, adulte fere glabræ, albescentes, lucidæ, 
divaricatæ, continuæ, fragiles, crassissimæ, paulo arcuatæ, 12 cent. longe, te- 
tragonæ, forsan indehiscentes, valvis juxta medium nervum concavis, latera- 
liter utrinque obsolete binervis, maxime spongiosis, dissepimento Z. matro- 
nalis. Semina magna, nigrescentia. 

Crescit in Dalmatia, hinc inde in sterilibus, ad Zessina (Botteri), ad Clissa 
(Petter), cum H. Visianii ab omnibus confusa, in Rumelia et in Gracia. 
— V. sp. in herb. DC., Less. Franq., Coss. 


336 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Sect. 3. DEILOSMA DC. Syst. Tr, ^48 non Spach. 
` Petala lineari-spathulata v. obovata; valvæ crasse, spongiosæ, dehiscentes. 
A. Silique divaricate. 


5. Hesperis laciniata All. ped. n? 985, tab. 82, f. 1; Ze. taur. vol. 28, 
tab. 95. Willd. Sp. ut, 530. DG. FL fr. ed. 3, 1v, 652. Sm. Cycl, m 2. 
DC. Syst. 11, 5h48; Prod. 1, 188. Spr. Syst. u, 899. Lois. Gall. 11, 77. 
Duby Bot. 43. Colla Herb. ped. 197. Bertol. F1. ital. vu, 113 excl. syn. 
Gr. et Godr. Fl. fr. 1, 82 part. Non auct. germ. 

H. suaveolens Bess. ex Spr. Syst. l. e. — H. æruginea Jord. Diagn. 1, 136. 

Hesperis siliqua corniculata flore obsoleto C. Bauh. Pin. 202. J. Bauh. 
Hist. 223 ex Vaill. herb. in Mich. PL. rom. et neapol. exsicc. n° 544. Tourn. 
Inst. 223. Koen. Regn. veg. 380. 

Hesperis saxatilis flore ex viridi purpurante siliquarum conjunctis val- 
vulis inter granum et granum conjunctis Mor. Oxon. 11, 251, n° 5. 

Antoniana sbrandellata Bertol. FT. ital. vii, 113. 

Planta biennis, pilis longis simplicibus sparsa. Caulis erectus, teres, bipe- 
dalis, albidus, apice ramosus. Folia radicalia petiolata, late ovalia, anguloso- 
dentata, basi incisa, caulina sessilia, ovalia, dentata, superiora minora. Flores 
ante anthesin corymbosi, mox petalis florum inferiorum non delapsis spicati. 
Pedicelli calyce duplo breviores, primum appressi, dein post anthesin paulo 
accrescentes, angulo recto divaricati v. reflexi, 6-7^" longi. Calyx 10-11°" 
ongus, floribus evolutis apice patulus; corolla flava v. etiam in iisdem ramis 
(DC.) livide rubra (H. æruginea Jord.), petalis lineari-oblongis, ungue ca- 
lycem paulo superante, limbo /??" Jato; ovarium villosissimo-glandulosum, 
stigmatibus in flore divergentibus, basi dorsali paulum incrassatis; stamina 
majora calycem paulo superantia, minora antheris paulo longiora, basim an- 
therarum majorum attingentia (non in icone Allionii). Siliqua tereti-com- 
pressa, villosæ, graciles, patulæ, 12-15 cent. longa. 

Crescit in Pedemontii rupibus apricis circa Briga et Sospello (in herb. 
Less., ubi species a cl. Balbis in herb. Ventenat ex herb. Allionii deposita), in 
Apenniuo piceno in monte Priora, et in monte Catria, in regione Fagorum 
(Parl.); etin rupibus Galloprovincie superioris, julio florens, circa Digne 
(Requien in herb. Less. ). 

Var. hieracifolia. 

H. hieracifolia Ni. Dauph. 11, 317. — Cheiranthus laciniatus Pers. 
Suppl. 11, 788. 

Hesperis silvestris Hieracii foliis hirsuta C. Bauh. Prod. 103. Garid. 
Aix 229. Ger. Gallopr. 365. 

H. silvestris hirsuta foliis Hievaci €. Bauh. Pin. 202. Rai Hist, 791. 
Moris. Pre. 93. 


SÉANCE DU 22 Jurn 4866. 387 


Hesperis silvestris folio sinuato Park. Theat. 628. 

Folia radicalia profundius dentata, floribus rubris, fructibus pendentibus. 

Crescit in Galloprovinci rupibus editioribus (Burserat in Bauh. Prod.), 
circa Digne (Honnorat in herb. Coss.), Sisteron (Vill), in rupe Cabasse 
(Gér.), in silva Sanctae Balmæ prope Roquefeuil (Garid.). — V. sp. in herb. 
Mus. paris., Less. , Coss. , Franq. 


6. H. spectabilis Jord, Diagn. 1, 135. 


H. laciniata Gr. Godr. Fl. de Fr. 1, 82 part. 

Differt a precedente floribus majoribus, ungue petalorum exsertiori, pedi- 
cellis maturitatem versus incrassatis, stigmatum lobis basi non incrassatis, a 
fructu non sejunctis. — Siliquz villosae, erecto-appressæ v. arcuato-pendentes 
(in iisdem speciminibus), valvarum nervo medio prominente compresse, a 
basi primum dehiscentes. 

Crescit in Gallia meridionali, in ditionibus Gard (Barrandon) ; Vaucluse 
(Req. in herb. DC.); Var. ad Bornes (Huet et Jacq. in Bill. ezséce. n. 3313), 
juxta torrentem ad Zavandon (Huet), aprili florens; Pyrenæis orientalibus ad 
Font de Comps (Benth. Cat.); in Hispania in rupibus ad Cabo de Gata 
(Bourg. PI. d' Esp. 1851 n. 1059), et in rupibus in Sierra de Almola prope 
Banda (Bourg. PL d' Esp. n. 36), junio desinente fructifera. 

Obs. — H. purpurascens Jord. Diagn. 1, 13^, foliis angustioribus et flore 
minore gaudet; speciminibus deficientibus, species valde dubia, forsan ad 
H. laciniatam referenda. 


7. M. villosa DC. Syst. 11, 449; Prod. 1, 188. Ten. Wap. 1v, 68; 
Syll. in. fol. p. 9^, in-8° p. 322. 


Cheiranthus villosus Spr. in litt. ad DC. — H. laciniata Guss. Prod. 11, 
257. — H. laciniata var. B. Columna Ten. Syll. in fol. p. 91; in-8° p. 322. 
— H. laciniata var. B. Bertol. FI. ital. v11, 413. — H. Columneæ Vis. ex 
Ten. msc. in plurimis herbariis. — H. glutinosa var. f. Columme Ten. 
Nap. v, 68.— H. Cupaniana Guss. Syn. 11, pars 1, 186. — H. tristis Presl 
Fl. sic. 12, excl. syn.; Ten. Prod. p. xxxvi; Nap. v, 68. — H. fragans 
Fisch. msc. ex Sweet brit. fl. gard. 1, tab. 61. Walp. Rep. 1, 162. 

Leucotum corniculatum saxatile obsoleto flore Col. E'cphr. tab. 262. 

Hesperis melancholica Park. Theat. 627; Moris. Ozon. n, 252, 8 3, 
tab. 10, f. 5. 

Leucoium madoniense villoso caule, diluto purpureo flore, Blattariæ 
folio. Cup. H. cath. 110. 

Leucoium purpureum, villosum, Blattariæ folio Cup. Panph. 1, t. 207. 

Planta villosa, pilis glanduliferis passim hirsuto-viscosa. Differt ab Æ. laci- 
niata All. calyce latiore, magis patulo, et indumento ; ab Æ. glutinosa siliquis 
tetragonis, quarum valve tenues, medio nervo extrinsecus prominente. — 


338 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
Siliqua mature divaricatæ, plano-compressæ, non fragiles, arcuatæ, pedicello 
incrassato 10-15 cent. longa, stigmate a fructu sejuncto, profunde fisso in 
lobos obtusos, basi dorsali incrassatos, parallelos sed discretos. 

Crescit in montosis Italiae meridionalis, Apuliae, et Sicilia ad Madonias. 

Obs. — Dubitandum est quid sit Hesperis villosa flore obsaleto siliqua 
brevi C. Bauh. Pin. 202. 


8. Hesperis Visianii. 


H. glutinosa Vis. part. — H. laciniata auct. germ. 

Differt ab H. laciniata et ab H. villosa stigmatibus in acumen conicum 
arcte conniventibus, basi dorsali non incrassatis. Caeterum siliquæ compressa 
torulosæ dehiscentes. 

Crescit in multis locis Dalmatie, ad C/issa (Petter egs. in herb. Mus. 
paris. ). 

9. H. secundiflora Boiss. et Sprunn. Diagn. ser. 1, 1, 70, emend. — 
H. lateriflora Sprunn. msc. in herb. DC. errore quodam nominis. 

Differt ab H. laciniata, villosa, Visianii et glutinosa petalis longioribus et 
angustioribus, Ceterum calyx strictior, ut in M. laciniata; stigmata (de 
Heldr. Merb. gr. norm. n. 138) subdivergentia, dorso incrassata; siliquae 
plano-compressa, torulosæ, villosae. 

Crescit in Graecia, in montibus Attice, praesertim in faucibus Hymetti, 
necnon in regione inferiore Parnassi, aprili florens. 


10. E. scabrida Boiss, Ann. sc. nat, 2, XVII, 6^. Walp. Rep. 1, 161. 


IT. Aucheri Boiss. in Kotschy //. syr. n. 39. 

Planta perennis, radice crassa, villosa, pilis simplicibus v. bifurcis. Flores 
floribus Æ. pendulæ haud absimiles, verum limbus brevior et latior, calyx 
magis patulus. Siliqua divaricatæ, glabrescentes (Aucher-Éloy n. 166) v. pilis 
brevibus villosæ (Kotschy Z. syr.), maxime torulosæ, graciles, subcontortæ, 
angustæ, stigmate acutiusculo bilobo... 

»rescitiu Syria circa Zebdaíne prope Damas (Kotschy), et in Mesopotamia 
(Aucher). 

Obs. Adest in herb. Less. specimen floriferum in deserto sinaico lectum, 
non indicato nomine collectoris, quod H. laciniatam valde refert, et cujus 
flores latiores floribus H. pendulæ et H. scabridæ, verum minores floribus 
H. majuscule. 


11. H. Balansæ n. Sp. 


H. Aucheri Bal. non Boiss. 

Differt a precedente siliquis erassis divaricatis quas ferunt pedicelli recti, 
v. sub maturitatem tantum arcuati, maxime incrassati, foliis linearibus den- 
tatis. 


SÉANCE DU 22 JUIN 1866. 339 


Crescit ad montem Sipylum supra urbem Magnesiam, junio fructifera 
(Bal, Pl, d'Or. 1854 absque numero in herb. Less. ). 


B. Silique deflexe. 
12. H. majuscula n. sp. 


Planta biennis, pilis bifurcis scabriuscula. Caules erecti, parce foliati, 
crassi, striati, apice ramosi. Folia inferiora oblongo-lanceolata, obtusa, in pe- 
tiolum attenuata, dentata; caulina similia, summa sessilia, lanceolata. Pedi- 
celli crassi, petalis non delapsis arcuato-deflexi, fere 3 cent. longi. Flores 
magni, ferruginei; calyx 15"" longus, petalorum limbo paulum latiore quam 
H. laciniate, stamina inferiora inclusa, basim antherarm majorum atiin- 
gentia. 

Crescit. prope Alep, vere florens (Kotschy P/, alepp. , kurd, , moss. absque 
numero), — V. sp. in herb. DC. 

13, Hi. pendula DC, Syst, 11, 457; Prod. 1, 190 nec Murr, nec Ten. 

H. Aucheri Boiss. Ann. se. nat. 2, xvii, 66. Walp. Rep. 1, 461. Tch. 
As. - Min. , bot. 1, 331. — 77. longisiliqua Aucher-Éloy in sched. — H. per- 
sica Boiss. in Kotschy P/. Pers. aust. nn. 271 et 428 a. quoad fructus. 

Planta perennis, cæspite ramoso lignoso. Scapi teretes, sesquipedales, ra- 
mosi, pilis albis patulis hispidi. Folia inferiora lanceolato-obovata, basi atte- 
nuata, sublyrata, obtusa, superiora sessilia, ovata, grosse præsertim basi 
dentata, omnia setis ramosis hinc inde utrinque plus minus pilosa. Racemi 
floriferi elongati, laxi. Pedicelli graciles, brevissimi, fructibus maturis arcuato 
deflexi, 5-6"? longi. Calyx basi fere «equalis, strictus, clausus; corolla flava, 
calycem plus duplo superans, petalorum limbo elliptico angusto, ungue ex- 
serto, antheris majoribus calycem longe excedentibus, minoribus inclusis. Si- 
lique tereti-compresse, pendula, nec basi nec apice attenuatæ, 12-1/ cent. 
longæ, glabriores vel pilis brevibus glandulosis vel et villis albis bifurcis obsitæ, 
valvis in medio clare, lateraliter obscure lineatis. Siliquarum valvæ tenues, 
fibris lignosis paucis ; dissepimentum tenue transversim inter semina spissatuim, 
cellulis transverse elongatis, valde amyliferis ; stigmate acutiusculo bilobo. 

Crescit in Syria (Olivier in DC. Sys/.) et in Persia prope urbem Persepolim 
(Kotschy). 

Var. x. integrifolia. 

Planta villosa, pilis simplicibus v. bifurcis plus minus sparsa, foliis radica- 
libus integris vix dentatis. — Crescit in Aderbidjan (Aucher-Éloy ezsicc. 
n. 248 et n. 4103 in herb. Mus. paris.). 


Var. B. laciniata. 

Planta paulo glabrior, foliis lyratis. — Crescit in Syria ad Z/malu in pe- 
trosis collium, maio florens (Bourg. P/. Lyc. n. 27), et in monte Sipylo 
(Aucher-Éloy n. 126). 


340 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
Var. +. rupestris. 


H. rupestris Boiss. et Noé in Herb. Noean. n. 810. Tch. As.-Win. bot. 
I, 331 non Raf. 


Scapi humiliores, floribus densioribus... — Crescit in Armenia, in fissuris 
rupium ad Ze&kirmaaden. — V. sp. in herb. Mus. paris., DC., Less., Coss., 
Franq., Raynev. 


1h. H. eampicarpa Boiss. Ann. sc. nat. 2, XVII, 66. Tch. As.-Min. 
bot. 1, 331. 


H. pendula Aucher-Éloy in sched. non DC. — Sphalmate H. rampicarpa 
in Walp. Rep. t, 161. 

Planta perennis, cespite lignoso, pilis rigidis albis villosissima. Scapi angu- 
losi, albidi v. basi violascentes. Folia inferiora lanceolata, in petiolum limbo 
æquilongum attenuata, sublyrata, obtusa, caulina sessilia, late ovalia, grosse 
dentata, obtusa. Racemi longi, etiam per anthesin spiciferi. Pedicelli primum 
subnulli, petalis non delapsis arcuati, fructibus maturis deflexi, paulum in- 
crassati, 3-5?" longi. Flores ut in H. laciniata et aff. ; stamina minora basim 
antherarum staminum majorum vix attingentia, filamenta minora subulata. 
Siliquz reflexæ, plano-compressæ, villis longis simplicibus, diametrum siliqua 
æquantibus comosæ, in stigma bilobum tenuatim desinentes, 1-8 cent. longa, 
valvis uninervis, dissepimento ad semina sape interrupto. Semina quadrata, 
rufa, minora quam in speciebus affinibus. 

Crescit in Antilibano (Boiss.), inter ruinas E /-Kena?sa (Gaillardot PL. Syr. 
n. 1695), maio; in Tauro (Aucher-Éloy ezscc. n. 127), et in silvis juxta 
portas cilicicas (Bal.), junio fructifera. — V. sp. in herb. Mus. paris., Less., 
Raynev., DC. 

Obs. — Adsuntin herb. Mus. paris. fructus a cl. Kotschy in Syria lecti qui 
false ad speciem relati, quorum siliqua. 4-5 cent. longe, pendulæ, pedicello 
brevissimo glabro suffultæ, pilis albis non sicut in H. campicarpa longis vil- 


losissimæ, suberubescentes, teretes non compresse, stigmate parvo fisso, lobis 
brevissimis. 


15. W. persiea Boiss. Ann. sc. nat. 2, XVII, 64. Boiss. et Buhse Auf- 
ze. 29. 


Planta perennis, tota pilis albis patulis hispida, radice crassa conica. Folia 
inferiora petiolata, lineari-lanceolata, sicca plus minus nigrescentia; caulina 
lanceolata sessilia. Flores per anthesin praesertim infra laxissime spicati. Petala 
longiora et angustiora quam in ulla Zesperide, calycem stric um, 107" lon- 
gum plus quam duplum æquantia, fusco-vinosa. Pedicelli graciles, fructibus 
maturis penduli, 5-6"? longi. Siliquæ tetragonæ, crasse, pendule, 5-67" 
longæ, glabrescentes, septo translucido... valvis obscure in medio uninervis. 

Crescitin Persia (Bélanger n. 309); in provincia Aderbidjan (Aucher- 


SÉANCE DU 22 JUIN 1866. 341 


Éloy ezs. n. 4114 B. in herb. Less. et Mus. paris. ; Kotschy P/. Pers. austr. 
nn. 271 et 428 æ. quoad flores; P/. Pers. bor. n. 156). 

16. HW. podocarpa Boiss. Ann. sc. nat. 2, XVII, 65. Walp. Hep. 1, 161. 

H. lwvigata Aucher-Éloy exsice. n. 125. 

Planta perennis, pilis albis obsita. Caulis simplex, angulosus, striatus. Folia 
radicalia lanceolata, in petiolum longum attenuata, caulina sessilia obtuse den- 
ticulata. Pedicelli glabri, fructibus maturis apice tantum incrassati, incurvi, 
^4?" longi, calyce multo breviores; petala flavo-livida; filamenta minora su- 
bulata, antheras æquantia. Siliquæ nitidae, levigate , pendule, 5 6 cent. 
longz, parte inferiori attenuatæ et pedunculo vix latiores, tereti-compressæ, 
desinentes tenuatim in stigma parvum lobis paulo distantibus, valvis in medio 
obscure nervosis. Semina oblongo-cylindrica, dissepimento inter semina in- 
crassato, cellulis transversim elongatis, fibris longitudinalibus paucis. Semina 
oblongo-cylindrica. 

Crescit in Syria (Aucher) ad Aënlab. — V. sp. in herb. Mus. paris. et DC. 

17. H. multicaulis Boiss. Diagn. ser. 1, VI, 10. Walp. Ann. 1, 39. 


Planta perennis. Caules numerosi, teretes, viridi-albescentes, a basi ramo- 
sissimi, glandulis pedicellatis et pilis simplicibus raris sparsi, ramis rigidis 
virgatis intricatis post anthesin apice induratis subspinosis. Folia pauca in ima 
parte planta linearidanceolata, integra, obtusiuscula, 3 poll longa, in pe- 
tiolum limbo æquilongum attenuata, superiora ad basim ramulorum minima. 
Pedicelli petalis non delapsis arcuati, 4-10'* longi, siliquis maturis non 
incrassati. Flores in parte inferiore ramorum pauci, remoti, superiores non 
fertiles; petala angustissima lineari-spatulata, flavida, violaceo-striata; fila- 
menta majora dilatata. Siliquæ deflexæ, basi attenuatæ, 2-4 cent. longa, 
remota, 1-3-spermæ, 3-4™™ ]ate, parte seminifera inflato teretes, parte 
extrema seminibus orbata compresse rostriformes , apice rotundatze, valvis 
enervis... 

Crescit in rupestribus montis Sabst-Buschom prope urbem Schiras 
(Kotschy Pl. Pers. austr. n. ^28), maio desinente fructifera. — V. sp. in 
herb. Mus. paris., DC., Less., Franq. 

Obs. — CI. Boissier affirmat siliquas non dehiscere. 


18. H. runcinata Waldst. et Kit. P/. rar. Hung. 11, 220, tab. 200. 
Schult. Obs. p. 999. Horn. Hort. hafn. 616. DC. Syst. 11, 449; Prod. 1, 
188. Griseb. Spic. 1, 245. Colla Herb. ped. 1, 197. Sadler Pest. ed. 2, 
290. Rchb. Ze. FI. germ. et helv. 11, tab. 58, f. 4376. Koch. Syn. ed. 3, 41. 
Tratt. FL œstr. tab. 52. Maly Enum. 269. Neilr. /Vachtr. 236. Schur 
Enum. Transs. 53. 

H. matronalis var. runcinata Neilr. Aufzæhl. 253 non Boiss. Ann. se.. 
nat. 2, XVII, 64. — H. bituminosa Savi Hort. pis. 1818. Willd. Enum, 
suppl. h8. — H. inodora L. herb. ex cl. Benth. in litt, ad cl. Loret. 


342 SOCÍÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


. Planta biennis, pilis simplicibus villosa. Caules erecti, bipedales, ramosi, pilis 
simplicibus glanduliferis obsiti. Folia inferiora lyrato-runcineta, caulina sessi- 
lia, lanceolata, basi hastato-truncata. Flores ante anthesin corymbosi. Pedi- 
celli longiores calyce, post anthesin longe accrescentes, fructibus maturis de- 
flexi non incrassati. Flores majores quam in H. matronali, albi vel violacei. 
Petalorum limbus obovatus, rotundatus, obtusus. Stamina inferióra basim 
antherarum majorum superantia. Siliquz plane 7 cent. longæ, maturæ de- 
flexæ, valvis planis, nervo medio prominente. 

Crescitin Austria meridionali ; circa Æadra versus confines Bukovinæ, in 
Hungaria frequens, necnon in Transsilvania, Rumelia. 

Obs. — Koch vidit folia inferiora etiam in Æ. silvestri lyrata. 


C. Silique erecta. 


19. H. Steveniana DC. Syst. 11, 452; Prod. 1, 189. C.-A. Mey. Ind: 
cauc. 187. €. Koch in Zinnea xv, 253. Boiss. Ann. sc. nat: 2, XVIL, 64 
part. Tch. As.-.Min., bot. 1, 330. Boiss. et Buhse Au/zæhl. 22. 

H. inodora Bieb. Fl. taur.-cauc. 1, 123, 162 part. (quoad plantam tau- 
ricam).— H. verna Pall. Jnd. Taur. — H. runcinata herb. Willd. n. 12142 
non Waldst. et Kit. — Arabis viscosa Aucher-Kloy n. 109 part. in herb. 
Less. ubi tres plantae sub hoc numero confusa. 

Planta annua, pilis longis simplicibus v. bifurcis villosa. Caulis simplex, 
1-2-pedalis, teres, striatus. Folia radicalia rosulata, runcinata v. pinnatipartita, 
superiora lanceolata, dentata, acuta, summa triangularia, basi truncata, acuta. 
Flores ante anthesin. corymbosi, minores quam in H. runcinata. Pedicelli 
patuli, 10-12" longi; maturis fructibus non incrassati, calyci æquilongi, 
corolla calvcem triplum æquante; petalorum limbo obovato, emarginato, 
mucronato, in unguem attenuato ; stamina minora basin antherarum majorum 
attingentia, calycem superantia. Siliqua... in pedicellis patulis erecto- 
ascendentes... ; 

Var. a. — Siliquis glabris. 

Var. B. — Siliquis glanduloso-pilosis. 

H. matronalis var. B. siliquis glanduloso-pilosis, lusus D. foliis inferioribus 
runcinato-pinnatifidis Led. F1. ross. 1, 172. 

Crescit in Tauria, Caucaso (Kolen. ezsiec. n. 1499), Sibiria; in Armenia ad 
Menschil, inter Rulischin et Schadschan in Persia, junio ineunte florens. 


21. H. silvestris Clus. /Jist. pl. rar. 297. Grantz Austr. 32. 


H. matronalis Lam. Dict. 1, 324; Illustr. tab. 564, f. 4. DC. Fl. fr: 
ed. 3, 1v, 652. R. Br. H. Kew. ed. 2, 1v. 122. DC. Syst. 11, 4503 Prod. i; 
189. Spr. Syst. 11, 899. Smith Zngl. FI. 11i, 207. Coss. Germ. FI. par. ed. 2, 
115. GG. FI. de Fr. 1, 83. Gaud, FI. helvet. 1v, 352, a. et B. Colla Herb. 
ped. 1, 197. Re Seg. p. 56; Tor, 1, 345. Noce. et Balb. Tic. 11, 19. Comoll, 


' SÉANCE DU 22 Juin 1866. 343 


Conn. v, 204 4: et B. Pollini Ver. ii, p. 388, a. et 8. Ten. Nap. 1v in Syll. 
p. 92 et v, p. 67; Syll. p. 322 n. 1. Rehl. cuin Koch Deutschl. Fl. p. 669. 
Koch Syn. ed. 2, 50. Host Austr. 11, 261. Peterm. Deutschl. Fi. tab. 6, 
f. 41, a-k. Maly Znwm. 269 (1848). Neilreich #4 der nied. Ost. (1859), 
p. 721. Pall Z4 111, 246. Schangn. in Pall. N. nord. Beitr. vi, &7. 
Mercklin Data 11, p. 586, n. 23. Ruprecht. Diatrib. p. 21; Fl. ingr. p. 68. 

H. odora R: K. El: it. 4h ex Neilr. l. c. Led. Fh ross. 1, 171. Trautv. 
PI. Schrenk. p. 112. Regel P.. /taddeanc n. 228. Regel et Herder in Buli. 
Mosc. 186h, n. 11, p. 419. Herdet bid; 1865, n. ttt, p. 291. Teh: As.- Min. 
bot. 1, 3305; exs. 1858, n. 22? 

Hesperis nostra Gam. 

Antoniana Targ.-Tozz; Dis: bot: 11, 116. 

Planta perennis, glabra v. plus minus pilis simplicibus v. ramosis v. glàn- 
dulosis obsita. Folia inferiora lanceolata, in petiolum attenuata, superiora lan- 
ceolato-ovalia, dentata. Flores ante anthesin dense corymbosi, minores quani 
in H. runcinata, heterophylla et elato. Pedicelli erecto-appressi, floribus 
evolutis lohgitudine variabiles, fructibus maturis non incrássati. Petala vario 
colore, limbo obovato, apiculato v. emarginato, unguibus calycem paulo su- 
perantibus. Siliquæ erecto-patulæ, tereti-compressæ, torulosæ, 10-12 cent. 
longs, valvis multinervis, dissepimento inter semina valde spissato, cellulis 
transÿersalibus parietibus plus minus incrassatis, potissimum inter semina 
spissatis, laticiferis verticalibus, amyliferis paucis. 

Crescit in silvis tnontosis Eufopæ mediæ et australis, in Astüriis (Bourg. 
eæsice. in herb. Coss.), et Sibirize occidentalis, in Caucaso : denique in plaga 
orientali prope Olekminsk (Kruhse in Led. F7. ross.) ; ascendens in valles sub- 
alpinas, et septentrioneni vérsus in Gallia juxta ripas Sequana (Dalecharüp), 
inter Jeufosse et Port- Villez (Schenefeld), in eadem regione ac Hepatica 
triloba et Thlaspi montanum, in silva Compiègne, in Germania usque inter 
montes regionis Zifel, in Rossia per Lithuaniam, in Sibiria ad Zrkutsk. — 
An planta in Asia-Minore sit indigena, dubitatur, nam ibi cum 47. elata fuit 
confusa. — Deest in Corsica, Sardinia, Gracia. 


Var. a. hortensis DC. Syst. 11, 4^0. 


H. matronalis L. Sp. ed. 4, 663. Mill. Dict. n. 4. Gm. Sib. 11, 259, n. 18, 
tab. 58. Doerr. Nass. p. 125. Kniph Cent. 7, n. 32. Crantz Austr. 35. 
Scop. Carn. ed. 2, n. 832. Vil: Daup/. ut, 316. Vitm. Summ: 1v, 57. 
Hoffm. Germ. 238; Roth Germ. 1, 284, u, 107. Willd. Sp. 111, 531 var. 
«. Galiz. Bot: agr. ut, 184. Targ. sf. bot. nr, 21. Smith in Rees Cyel. 
n. 3. Stok. Mat. med: 111, 463. Rchb. Ze. Fi: germ. et helv. 11, tab. 59; 
Exc. 11, 685, n. 4377; Cent. 12, p. 16, tab. 59, f. id. — Deilosma 
suaveolens Andrz. in Besser Enum. 83, n. 853? 

Viola matronalis sive damascena Lob. Icon. t. 323, f. 2. 


3hh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Viola maíronalis Dod. Pempt. 1. lib 1, c. v, p. 161,f. 1; Coron. 
p. 24, ic. Gars. Fig. tab. 623. 

Hesperis sive matronalis Viola Turre Dryad. 378. 

Hesperis flore purpureo albo et vario J. Bauh. Hist. 11, 878 et 879, f. 1. 
Chabr. Sciagr. 280, f. 3. 

Hesperis hortensis C. Bauh. Phytop. 319; Pin. 202. Moris. Præl. 93. 
Hist. 11, 251, 8 3, tab. 10, f. 1. Rai Hist. 790. Tourn. /nst. 222. Magn. 
Nov. Car. 250. Welsch Bos. bot. 106. Suth. Hort. 151. 

Hesperis sine Viola matronalis Park. Par. 262. 

Viola matronalis seu damascena Welsch Bas. bot. 123. 

Hesperis caule simplici erecto, foliis ovato-lanceolatis denticulatis, petalis 
mucrone emarginatis L. Hort. Cliff. 3355 Hort. ups. 138. Roy. Lugd. -b. 
338. Dalib. Paris. 197. 

Hesperis caule simplici erecto, petalis mucrone emarginatis Crantz 
Crucif. A22. 

Hesperis noctu olens Rehf. Hod. 35. 

Hesperis caule hirsuto, foliis ovato-lanceolatis, serratis, petiolatis, sub- 
asperis Hall. Helv. 1, 195, n. 448. 

Single Hesperis Eden tab. 27. 


Folia aspera, basi cuneata, ovali-lanceolata, carnosula. Pedicelli calyci æqui- 
longi. Flores suavius praesertim sub noctem olentes, colore maxime variabili, 
minores quam caeterarum varietatum, petalis brevius unguiculatis, sepius 
emarginato -mucronatis. Grescit in hortis, unde ruderalis exit; ad arces eversas 
in Helvetia (Haller) ; an et prope Monspelium (Nath. Fl. monsp.). 

Etiam in septentrione usque ad Upsala colitur, ubi flores minores (An- 
dersson in herb. Mus. paris. ) ; semina maturescunt in hortis ad St-Petersbourg. 
Floret primo vere in Europa meridionali, junio ineunte ad St- Petersbourg 
et ad Upsala (Herder l. c.). 


S.-var. albiflora DC. Syst. 11, h50. 

Viola alba, persica Hermolai Trag. Kr. h52. 

Viola alba Fuchs Den nieuwen herb. cap. 74. 

Leucoion Fuchs Hist. st. ^57, ic. 

Viola silvestris alba Caes. 

Viola matronalis alba Dalech. Lugd. 80A, f. 1. 

Viola hiemalis flore albo Tabern. Kreut. 692, f. 1. C. Bauh. Pin. 202. 

Viola matronalis flore albo Besl. Eyst. vern. ord. 8, tab. 3, f. 2. 

Hesperis hortensis flore candido Kœn. Regn. veg. 380. Tourn. Inst. 222. 

Hesperis seu. Viola matronalis hortensis flore simplici albo Moris. Oxon. 
It, 251. 

Hesperis flore albo Rebfeldt Hod. 35. 

1 Flore pleno. 


SÉANCE DU 22 Juin 1866. 345 


Hesperis sive Viola matronalis flore albo pleno Park. Theat. 627. 

Hesperis seu Viola matronalis hortensis flore pleno odoratissimo albo 
Moris. Ozon. 11, 251. 

Hesperis [lore pleno albo Moris. Pre. 93. Tourn. /nst. 222. 

Hesperis hortensis flore pleno Kœn. Reg. veg. 380. 


S.-var. purpurea DC. Syst. 11, ^50. 

Viola purpurea Fuchs Hist. st. 459, ic. ; Den nieuwen Herb, cap. 74. 

Viola silvestris purpurea, Caes. 

Viola matronalis purpurea Dalech. Lugd. 80^, f. 2. 

Viola hiemalis flore purpureo Tab. Kræut. 692, f. 2, C. Bauh. Pin. 202. 

Viola matronalis flore purpureo Besl. Eyst. vern. ord. 8, tab. 3, f. 3. 
Welsch Bas. bot. 223. 

Hesperis seu Viola matronalis hortensis flore simplici purpureo Moris. 
Oxon. 1, 254. 

Hesperis hortensis flore purpureo Kon. Regn. veg. 380. Tourn. /nst. 
222. Weinm. Phyt. tab. 572, f. 6. 

Hesperis flore rubro Rehfeldt Hod. 35. 

+ Flore pleno. 

Hesperis flore pleno purpurante Park. Theat. 617. 


Hesperis seu Viola matronalis hortensis flore pleno adoratissimo pur- 
pureo Moris. Oxon. 11, 251. 


Hesperis flore purpureo pleno Tourn. Inst. 222. 


Hesperis hortensis flore purpureo pleno Kon. Regn. reg. 380. Weinm. 
Phyt. tab. 572, f. 6. 


S.-var. variegata. DC. Syst. 11, 150. 

Hesperis hortensis flore vario C. Bauh. Pin. 222. Vaill. herb. 

+ Flore pleno. 

Hesperis hortensis flore vario pleno (H. Lugd.-5.) Tourn. Inst. 222. 

Viola matronalis flore albo et purpureo pleno variegato Mant. Phyt. aer. 
tab. 186. 


S.-var. foliifera DC. Syst. 11, 450. 

Hesperis flore viridi J. Bauh. Hist. 11, 879. Rai Hist. 790. Brukm. 
Suppl. 21. 

Hesperis hortensis flore viridi C. Bauh. Phytop. 380; Pin. 202. Tourn. 
Inst. 222. 

Hesperis seu Viola matronalis hortensis flore simplici viridi Moris. Oxon. 
II, 251. | 

Hesperis hortensis flore viridi seu abortivo Vaill. herb. 

+ Flore pleno. 

Hesperis hortensis [lore herbuceo pleno Weinm. Phyt. tab. 572, f. 2. 

T. Xil (séances) 23 


346 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
Var. p. lanceolata. 


Hesperis matronalis All. Ped. 1, 270; Icon. taur. 1X, tab. 15, 37. 

Viola matronalis vel damascena Rec. a Fuchsio pro Leucoio albo picta, 
ad quibusdam Hesperis Plinii credita Pona Monte Baldo. 

Hesperis montana floribus roseis odoratissimis, foliis serratis Sabb. Hort. 
rom. IV, tab. 27. 

Folia lanceolata, acuta, pilis sepius simplicibus, hispida, serrata. Crescit in 
Italia septentrionali (All., Pona), et centrali ad margines sylvarum in monte 
Cornu (Orsini in herb. Rayneval) ; in Gallia ad sepes (Bill. ezsicc. n. 2411); 
in Helvetia prope Sissach ad latera silvae montosæ (Haller); in Rossia circa 
argentifodinam Zmeof ad altaicas alpes (Patr. in herb. Less.) ; in Caucaso, in 
pratis alpinis montis Gutgora (Kolenati exsicc. n. 908), julio florens, et in 
moutosis ditionis Z’/isabeth pol (Hohen.). 

S.-var. oblongifolia. — Foliis obovato-oblongis, obtusis, emarginatis. Pe- 
dicellis calyce brevioribus. — Crescit in Gallia ad Rothomagum (A. Grenier). 

Hic procul dubio H. umbrosa Herbich Stirp. rar. Bukovine, p. A8, 
n. 105; Fl. d. Bukov. 359. Janka in Linnæa, xxx, 358; — qua forma 
foliis oblongo-lanceolatis, glanduloso-denticulatis, caule elato strictissimo piloso 
gaudet. — Crescit in Bukovina, 


Var. y. sibirica DC. Syst. 11, ^51. 


H. sibirica L. Sp. ed. 3, 927. Gou. Hort. 330. Pall Jf. 11, 55, 457; 
Iu, 230, 246, 315, 316. Georgi Jf. 1, 225; 11, 591. Lepech Z£. mi, 72. 
Led. F7. alt. vu, 115; Ze. pl. Fl. ross. alt. ill. tab. 395. Turcz. FI. baïcal - 
dah. 1, 1^9. Hoh. Enum. Elisabethp. 215. Turcz. Cat. Baik. n. 153. 
Guld. /f. 11, 164. Kar. et Kir. Eum. alt. n. 87; Enum. Soongar. n. 99; 
exsicc. n. 90. C. Koch in Linnæa xv, 253. Schur Verh. d. sieb. Ver. 

. 1853, p. 66; Enum. Transs. 51. 

H, matronalis multorum auctorum rossicorum. — H. matronalis var. 
G. Willd. Sp. ni, 531 excl. syn. 

Hesperis caule simplici erecto, foliis ovato-lanceolatis denticulatis, pe- 
talis mucrone emarginatis Gmel. Fi. sib. 111, 259, n. 18, tab. 58 excl. 
syn. prater Gmel. /nd. Len. 

Hesperis pyrenaica longifolia hirsuta odorata Scola bot. 90. 

Foliis stricte lanceolato-linearibus, a basi strictis, calyce apice barbato ; 
pilis longis simplicibus; pedicellis calyci equilougis. — Crescit in Sibiria, in 
alpinis Transsilvanie. 


Var. à. silvestris DC. Syst. 11, 551. 


Hesperis inodora L. Sp. ed. 3, 927. Mill. Dict. n. 3. Gmel. Enum. 205. 
Jacq. Fl. austr. tab. 347. FT. dan. tab. 935. Sm. FI. brit. ax, 744. Engl. 
bot. tab. 731. Hoffm. Germ. 239. Gmel, Bad. 111, 81. Wablb. Carp. 610. 


SÉANCE DU 22 JUIN 1866. 347 


Baumg. Fl. transsilv. 11, 277. Bieb. Fl. taur.-cauc. n, 123, 162, excl. pl. 
laur. Lap. Abr. 38^. Rchb. Zc. Fl. germ. et helv, tab. 59; £c. ni, p. 686, 
n. 4378; Cent. 12, p. 16, tab. 59, f. id.; exs. n. 1577. Bess. Enum. TA, 
n. 1552. C.-A. Mey. /nd. cauc. 187. Eichw. Skizze 279; Casp. 245. Hob. 
Enum. E lisabethpol 245. Claus. Ind. des in Gabel it. 11, 256. Koch in Lin- 
naa XV, 253. — H. matronalis Sadler Fl Pesth. ed. 2, 289. Vis. FL dalm. 
nr 130. — H. heterophylla Ten. mss. in herb. Less. et Fl. nap. prod. 
p. XXXIX; app. h. neap. 1815, p. 59; 1819, p. 53; Fl. nap. v, 67, tab. 
165 ; Syll. in-fol. p. 92, in-8° p. 322. DC. Syst. 11, 452; Prod. 1, 189. — 
H. matronalis var. (. Bertol. Fl. ital, vit, 125. 

Viola matronalis silvestris Gesn. De hort, p. 286. 

Hesperis altera pannonica inodora silvestris Clus. Pann. 335, ic. 

Hesperis pannonica inodora J. Bauh. Hist. 11, 878, f. 2. Chabr. Sciagr, 
170, f. ^. Rai Hst. 792. Park. Theat. 628. 

Hesperis silvestris inodora C. Bauh. PAytop. 380; Pin. 202. Tourn. 
Inst, 222. Juss. in Barr. Obs. n. 405. Rapp. Jen. ed. Hall. p. 78, tab. 1. 
Kon. Regn. veg. 380. Garid. Aix 229. Ger. Gallopr. 365. 

Viola matronalis flore purpurea sive albo John Gerarde Herb. 462. 

Hesperis seu Viola matronalis hortensis flore simplici inodorato Moris. 
Oxon 11, 251. 

Cacalia rarior Urticæ folio purpurascente flore Barr. Ic. tab. 357 mala. 

Hesperis caule subhispido ramoso erecto, valvis latitudine siliqua Crantz 
Crucif. 122. 

Planta habitu latiore, foliis inferioribus basi rotundata cordatis non tantum 
scabris quam in formis præcedentibus, superioribus vel basi hastatis v. atte- 
nuatis ; pedicellis calyci æquilongis, sub maturitatem incrassatis, 8?" longis ; 
flore majore, petalis longius unguiculatis ; siliquis erecto-appressis v. erecto- 
patulis, arcuatis, rectis, valvis in medio clare, lateraliter obscure bili- 
neatis. — Crescit in Italia, in Pedemontii et Liguriæ silvis circa Limonem et 
Uneliam (All.), in Aprutio (Ten.), ad Albano (herb. Raynev.), copiose prope 
Castel Gandolfo (Seb. et Maur.), frequens in Austria et in Hungaria, in 
Rossia meridionali. 

S.-var. glabra. 

H, matronalis B. pendula Doell. En. p. 42. Neilr. Fl. d. nied. Ost. 
721. — H. pendula Ten. in Rchb. Exc. 686. — H. glabra Schur Verh. 
d. sieb. Ver. 4853, p. 65; Enum. Transs. 51. — H. alpina Schur Verh. 
d. sieb. Ver. 1853, p. 66; Enum. Transs. 51. 

Foliis glabris. — Crescit in Germania meridionali, in Transsilvania. 


Var. c. alpestris. 


H. sibirica Vill. Dauph. 111, 316 non L. — H. runcinata permultorum 
auctorum non Waldst, et Kit. — 47. nivea Baumg. Trans. 1,278, DC. Syst. 


348 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


H, h58; Prod. 1, 190. Schur Zum. Transs. 52, ex specimine in herb. 
Coss. a cl. Janka deposito et in herb. Rich. — H. alba Fleischm. Ar. 112. 
— H. matronalis var. nivea Schur Sert. n. 218. 

Foliis longis basi attenuatis v. truncato-cordatis, apice attenuatis, dentatis, 
pilis longis simplicibus et cum caule præsertim summo pubescentia brevi ra- 
mosa obsitis ; pedicellis calyce longioribus, flore delapso divaricatis, inferioribus 
etiam 2 cent. longis: flore albo, sepalis sæpius pilis longis simplicibus apice 
barbatis. — Crescit in Pyrenæis (Forestier), circa Rhodez (de Valon), in Del- 
phinatu, in monte Lautaretico (Bill ezsicc. n. 2412), in Asturiis (Bourg. 
pl. d' Esp. absque numero in herb. Coss.) ; in Austria, in regione Z'ifel Ger- 
maniæ superioris (Wirtgen Herb. plant. sel. Flor. rhenan. fasc. xit, 670); 
in subalpinis Bukovinæ (Janka). 

Obs. Y. — Hesperis paniculata Boiss. in Tchih. As.-Min., bot. 1, 331 ad 
H. matronalem quoque, monente cl. Boiss. in litt., accedit. 

Obs. 2. — Adest in herb. Coss. specimen fructiferum a Bourgæo in alpibus 
Sabaudia secus viam ad Petit Bonnard m. julio a. 1848 lectum, distinctum 
siliqua breviori 5-6 1/2 cent. longa, latiori, stigmatibus divergentibus; foliis 
glaberrimis rigidis pellucidis. Speciem propriam esse opinor; verum absunt 
flores et partes inferiores caulis. 

Var. €. grandiflora. 


H. oblongifolia Schur Enum. Transs. 52. — Arabis grandiflora Patr. in 
- herb. Less. 

Floribus majoribus, violaceis, petalis calycem triplo superantibus. — Crescit 
in littore lacus Baikal circa Listvinichna. 

Var. ». parviflora. 

H. parviflora Schur Enum. Transs. 52. 

Floribus minimis; petalis calycem duplo superantibus. — Crescit in Trans- 
silvania. 

V. sp. in cunctis herbariis et vivam. 


21. H. elata. Hornem. H. hafn. suppl. Th. DC. Syst. u, ^57; Prod. 1, 
190. Colla Merb. ped. 187. C.-A. Mey. Enum. cauc. casp. A87. Bunge Rel. 
bot. 25, n. 96. 


`H. matronalis var. runcinata Boiss. Ann. sc. nat. 2, xvit, 64. 

Differt ab Æ. silvestri petalis calycem triplum æquantibus, siliquis 
angustioribus. Cæterum pili simplices, pedicelli calyci æquilongi, stamina 
inferiora inclusa, basim antherarum majorum non attingentia, siliquæ erecto- 
patulæ, maxime torulosæ, inter semina angustatæ, 7-8 cent. longæ, pedicellis 
rectis non incrassatis, 5-7?" longis, valvis multinervis, nervo medio promi- 
nente. Planta ramosissima, ramis patulis, villosa, floribus purpureis. 

Crescit in Rossia meridionali ; in silvis montosis ad {/jinskaja, Spaskoje, 


SÉANCE DU 22 JUIN 1866. 349 
Sergievsk, junio (Claus Beitr. zum Pfl. vit, 30); ad Kamyschin, Zaryzyn, 
julio (Claus 75id. 207), ad Sarepta (Claus /bid. 207, Becker PL. Volge infe- 
rioris n. 99); in promontoriis jugi uralensis Orby-Guberlinsk (Claus Ibid. 17); 
in Armenia (Aucher-Éloy n. 109 part. in herb. DC.); in Persia septentrionali 
ad Ghilan (herb. Mus. paris.); in Syria (Kotschy pl. Syr. bor. ez Amano 
prope Bellan n. 28); in silvis Abietum ad fauces subalpinas Daas Dagh, 
5500 p. atlas, 17^ junio florens. — V. sp. in herb. Mus. paris., DG., Coss., 
Raynev., Franq. 


22. W. glabra Boiss. et Noé Diagn. ser. 2, v, 22. Tch. As. -.Min., bot. 1, 
331 non Royle. 

H. monocarpica radice cylindrica subnapiformi; caule glabro lævi nitido 
superne parce ramoso corymboso-paniculato ; foliis viridibus tenuibus sub lente 
pilis minimis simplicibus furcatisque puberulis, inferioribus oblongis in petio- 
lum brevem attenuatis, superioribus e basi subsessili rotundata vel subcordata 
oblongis acutis, omnibus margine plus minus denticulatis basim versus sæpe 
lacinulatis ; pedicellis tenuissimis erecto-patulis calyce longioribus, calyce pu- 
berulo basi minute bisaccato rubello, petalis purpureis ungue subexserto la- 
mina obovata ; ovario glaberrimo. 

Crescit in Kurdistania prope. Van (Noë, junio 1849). 

Obs. — Planta bipedalis, foliis 1-3 poll. longis, pollicem aut paulo amplius 
latis. Flores magnitudinis florum Z7. Slevenianæ cui accedit et a qua gla- 
britie, forma foliorum, pedicellis tenuissimis, ovario glabro differt. — Haud 
vidi speciem, cujus caracteres obscuri. 

23. H. armena Boiss. Ann. sc. nat. 2, XVIL, 63. Walp. Rep. 1,161. Tch. 
As. -Min., bot. 1, 330. 

Malcolmia lyrata Aucher-Éloy in sched. 

Planta perennis, tota pilis ramosis hirta aspera; caules simplices, erecti. Folia 
radicalia lineari-spathulata, sublyrata, obtusa ; caulina sessilia, integra, lineari- 
ovalia. Pedicelli omnes bractea lineari post florem evolutum caduca suffulti, 
calyce breviores, appressi, fructibus maturis 10^" longi. Flores primum co- 
rymbosi, petalis roseis calycem duplum superantibus, limbo oblongo, basi at- 
tenuato, A"? lato; stamina minora inclusa, basim antherarum majorum 
attingentia. Siliquæ juniores pilis glandulosis brevibus dense hispidæ, postea 
glabræ, appressæ, torulosæ, remote seminiferæ, plano-compressæ, 4-6 cent. 
longæ, stylo tenui, stigmatibus conniventibus dorso paulum incrassatis, val- 
varum nervo medio prominulo, lateralibus plus minus obsoletis, cellulis septi 
transverse elongatis, laticiferis verticalibus flexuosis valde amyliferis. Semina 
ochracea, parva. 

Crescit in Asia-Minore, in montibus circa Voyhah et in Olympo Armeniæ 
(Aucher-Éloy nn. 123 et 173 in herb. Mus. paris.); in Cariæ montibus (Pinard), 
in Cappadocia (Tch.), in monte A/idagh 4400 alta prope Caesaream, julio 


350 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


fructifera (Bal. PL. d'Or. n. 1012), in Lycia, in rupestribus regionis alpinæ 
montis Ak-dagh, julio ineunte florens (Bourg. pl. Lyc.). — V. sp. in berb. 
Mus. paris., DC. et Coss. 


2^. H. violacea Boiss. Diagn. ser. 4, v, 81. Walp. Rep. v, 38. Tch. As.- 
Min., bot. 1, 330 ; exæsice. nn. 589, 619. 


Planta perennis, indumento molli velutina, ramosa, brevior quam in H. ar- 
mena. Folia oblonga, obtusa, inferiora in petiolum attenuata, caulina sessilia. 
Pedicelli inferiores bractea lineari caduca suffulti, siliquis maturis incrassati. 
Petali longiores et limbo angustiore quam in H. armena. Siliqua 7 cent. 
longa, erecto-patule, paulo arcuatæ, plano-compressæ, remote seminiferæ, 
latiores quand in H. armena, pube glandulifera etiam adulte viscosæ, nervis 
cunctis prominulis, stigmatibus dorso incrassato, stylo tenui, dissepimento 
translucido, ut in H. armena constituto, laticiferis ramosis , longitudine 
maxime variabilibus. Semina (immatura) majora videntur. 

Crescit in Asia- Minore, in regione alpina Cadmi orientalis (Tch., Boiss. sub 
H. armena), supra Colossam, in Lyciæ et Carie montibus (Pinard), in Pi- 
sidia, regione superiore montis (Tch.); in Cilicia ad Gulek Boghar juxta 
‘portas cilicicas, julio fructifera ( Bal.), in monte Au/gardagh ad pagum Gubk, 
in alpe Zschoch-Dagh, locis nive nuper derelictis, maio florens (Kotschy /f. 
cilicico-kurd. nn. 70, 138), in valle K«r/i- Boghar, 2000" alta (Kotschy 
It. cilicico-kurd. suppl. n. 328), in devexis septentrioni obnoxiis versus 
Bulgar-Maaden, 2200" altis, augusto fructifera (Kotschy Jt. cilicicum n. 31 
a. et 196 &. part.); in Armenia circa Baïbut, in locis 1500-2000^ altis (Huet); 
in Ponto inter Suniza et Ferenge (Tch.). — V. sp. in herb. Mus. paris. , DC., 
Less., Raynev., Franq., Coss. 

Obs. Cl. Kotschy in Zfin. cilic. nn. 31 a. et 196 d. fructus aliquando dis- 
tribuit solos v. cum veris H. violaceæ fructibus commixtos, qui inveniuntur 


etiam in herb. Franq. sub H. Kotschyi Boiss. (H. pumila Boiss. in litt., 
Kotschy //. cilic. n. 236 g.). 


25. H. bicuspidata DC. Syst. 11, 453; Prod. 1, 489. Tch. As.-Min., 
bot. 1, 530. 

Cheiranthus bicuspidatus Willd. Sp. 11, 519 et herb. ex Boiss. in litt. — 
H. cuspidata Poir. Suppl. 111, 194. — H. Reuteriana Boiss. et Huet Diagn. 
ser. 2, V, 20. Tch. As.-Min., bot. 1, 330 ex Boiss, in litt. et ex specimi- 
nibus. 

Planta perennis, pube ramosa brevi velutina. Caules plures, foliosi, ramoso- 
paniculati. Folia inferiora lineari-oblonga, in petiolum attenuata, obtuse si- 
nuato-lobata, caulina sessilia basi breviter attenuata, oblongo-subrhombea, 
dentata. Flores ante anthesin corymbosi. Pedicelli erecto-patuli, calyci sub- 
æquilongi, bractea omnino destituti. Calyx 8-0"? longus, erubescens, pilis ra- 
mosis hirtus; petala longe unguiculata, limbo lineari-elliptico; stamina minora 


SÉANCE DU 22 JUIN 1866. 351 


inclusa, basim antherarum majorum attingentia, majora calycem vix stipe- 
rantia, tubo multo breviora. Siliqua... stylo vix ullo stigmatibus conuiventi- 
bus, dorso non incrassatis. 

Crescit in Armenia prope /spir (Huet), junio florens, in saxosis montis 
Coureoulizos propre Gumusch-Khané, martio florens (Bourg. PI arm. 
n. 34). 

Var. floribus paulo minoribus. — 77. Æotschyana Fenzl Pug. t, 13, n. 40; 
Abbild. 1, 53 (939). — H. tauricola Kotschy et Boiss. in Kotschy /t. cili- 
cico-Kurd. n. 180. — Crescit in Syria, in monte Cassio prope Swedie 
(Kotschy P}. Syr. bor. n. 2h), et in angustiis versus Gala-Koi 1800" altis, 
maio florens (Kotschy 7f. cilicico-kurd. n. 180). 

V. sp. in herb. Mus. paris., DC. et Franq. 

Obs. — Pubescentia speciminis cujus schedula ab ipso Candollio inscripta 
non vere stellata, verum ramosa; idcirco evanescit discrimen cui cl. Fenzl 
et Boissier fidem adhibuerunt, caeterum ab omnibus speciminibus ab ipsis 
auctoribus nuncupatis suppeditantibus species conjuncta. 


26. H. eappadocica. 


H. bicuspidata var. B. DC. Syst. 11, 453; Prod. 1, 189. — H. Reuteriana 
Boiss. in Bourg. Pl. arm. n. 3^. 

Hesperis Glasti folio cappadocica Tourn. herb. n. 1697 ! 

Hesperis orientalis, Glasti folio Tourn. Cor. 16 et Vaill. herb! 

Planta perennis, villosa. Caules simplices v. ramoso-paniculati, pedales. 
Folia inferiora, lineari-lanceolata, obtusa, pilis furcatis brevissimis dense to- 
mentosa; caulina sessilia, lineari-lauceolata, subacuta. Flores ante anthesin 
corvmbosi. Pedicelli primum erecto-appressi, calyci æquilongi, postea patuli 
v. deflexi, calyce longiores, filiformes. Corolla læte rosea, petalis calycem du- 
plum æquantibus, lineari-spatulatis, longe unguiculatis, limbo brevi et angusto 
35" Jato. Stamina minora inclusa, basim antherarum majorum attingentia ; 
stamina majora tubo corollæ breviora, stigmata divergentia. 

Crescit in Cappadocia (Tourn.); in Armenia, in saxosis montis Courcoulizos 
prope Gumusch-K hané, maio florens (Bourg.). 


Var. ovalis. — H. thyrsoideu Boiss. in sched. 

Folia ovalia, basi rotundata. 

Crescit in vallibus prope Zaibout (Bourg. PI, arm. 1862 absque numero). 
V. sp. in herb. Mus. paris. et Franq. 


27. H. microcalyx 1l. Sp. 

Planta biennis. Caulis pedalis v. bipedalis, pilis brevibus simplicibus adoper- 
tus, apice paniculatus. Folia inferiora destructa, petiolata; caulina lanceolata, 
sessilia, pilis brevissimis simplicibus onusta, dentata. Flores ante anthesin co- 

rymbosi ; pedicelli floribus dehiscentibus breves, calyci æquilongi, fructibus 


352 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


maturis patuli, vix incrassati, 18"" longi. Calyx brevis, fere glaber, 5-4"" 
longus, petalis roseis lineari-spathulatis calycem triplum æquantibus, ungue 
longe exserto ; staminibus iuferioribus inclusis, basim antherarum majorum 
non attingentibus. Siliquæ planæ, torulosæ, matura 3 5 cent. longae, patulae, 
pubescentia brevi scabridæ, remote seminiferæ, valvis obsolete nervatis, stylo 
brevissimo, stigmate profunde bifido, lobis in fructu discretis. 

Crescit in Armenia (Aucher-Éloy n° 109 part. — V. sp. in herb. Mus. 
paris. , DC. et Less.). 

Differt ab H. cappadocica, cujus fructus ignoti, pubescentia et calyce bre- 
viore, sicut limbo petalorum angustiori. 

2^. H. aspera n. sp. 

Planta biennis. Caulis bipedalis, pilis longis albis simplicibus præsertim ad 
basim obductus, supra pilis simplicibus et furcatis vestitus, superne nudus, 
parce ramosus. Folia inferiora destructa, canlina lanceolata sessilia, obtusa, 
pilis longis apice furcatis appressis scabra. Flores ante anthesin corymbosi. 
Pedicelli erecto-appressi, calyce longiores. Calyx villosissimus, 8"' longus ; 
petala lineari-oblonga, calycem triplum æquantia, longissime unguiculata. Si- 
liqua.... 

Crescit in Armenia (Aucher-Éloy n. 109 part. in herb. DC. et Less.). 

Obs. — Sub n° 109 ejusdem collectoris suppeditant etiam in herb. Less. 
H. silvestris pilis simplicibus, foliis integris, floribus albis; in herb. DC. 
H. elata fructifera, spica longa, siliquis erecto-appressis, petalis limbo lato 
obovato. 

29. M. Bottze n. Sp. 

Planta perennis, pube brevi ramosa, velutina. Folia inferiora oblonga, in 
petiolum attenuata, dentato-angulata, caulina sessilia, lanceolata, dentibus acu- 
tis crenata, foliis ZZ. cappadocicæ similia. Racemi floriferi longi, floribus re- 
motis. Pedicelli breves, patuli v. deflexi, 4-5?" longi,..... haud filiformes. 
Petala limbo lineari angusto longo, 10"? longo, 3-4? lato, ungue calycem 
vix superante, stamina ut in speciebus affinibus. 

Crescit in Asia-Minore circa Diarbekir (Botta), maio florens, — V. sp. in 
herb. Mus. paris. 


SPECIES DUBLE. 


H. unguicularis Boiss. Diagn. ser. 2, v, p. 21. 
H. hyrcanica Spr. Syst. 11, 200. 
H. moniliformis Schur OEstr. bot. Zeit. 1858, p. 22, 


SPECIES EXCLUSÆ. 


Hesperis acris Forsk. FT. Æg. Ar. deser, 148 — Moricandia hesperidiflora 
DC. Syst. 11, 627, 


SÉANCE DU 22 JUIN 1865. 353 


Hesperis æstiva Lam. Dict. 11, 324. 


con. 


Eu 


Var. æ. — Matthiola anuua Sw. Hort. suburb. Aht. 
Var. B. — Matthiola graeca Sw. Hort. suburb. 4^7. 


. africana L. Sp. 928 — Malcolmia africana R. Br. Æ. kw. ed. 2, 11, 121. 

. Alliaria Lam. 77. fr. 11,503 —Sisymbrium Alliaria Scop. Carn. ed. 2, n. 825. 
. alyssifolia DC. Syst. 11, 447. 

. alyssoides Pers. cA. 11,203 — Malcolmia alyssoides DC. Syst. n. 244. 
. angustifolia DC. Syst. 11, 457 — Sisymbrium rigidum Bieb. FZ. taur.- 


cauc. Suppl., h39. 


. angustifolia Lam. Dict. 111, 322 — Matthiola tristis R. Br. H. kew. ed. 2, 


IV, 120. 


. angustifolia Aucher-Éloy n. 133 — Sisymbrium torulosum Desf. 77. atl. 


1t, 63, tab. 159, var. contortuplicatum Boiss. Ann. sc. nat. 2, XVII, 74. 


. aprica Poir. Suppl. 111, 194 = Clausia aprica Trotzky /nd. sem. hort. 


casan. 


. arabidiflora DC. Syst. 11, 454 — Neuroloma arabidiflorum DC. Prod. 1, 156. 
. arcuata Nocca Pl. sel. hort. ticin. 1, p. 3, tab. 2 — Chorispora tenella 


var. arcuata DC. Syst. 11, 436. 


. arenaria Desf. F7. atl. 11, 91, t. 162 = Malcolmia arenaria DC. Syst. 11, 442. 
. arenaria Lag. Caf. h. madr. 4814, p. 20, non Desf. — Malcolmia patula 


DC. Syst. 11, Ahh. 


. aurantiaca Jacquem. exs. n. 715 et 760 — Erysimum strictum 77. der 


Wetter, 11, ^51. 


. breviscapa Boiss. Ann. 2, xvir, 267 = Parrya breviscapa Fourn. 
H. 
H. 
. Cheiranthus carnosus Poir. Suppl. 111, 197 — Heliophila platysiliqua R. 


cheiranthoides Patr. in herb. Less. — Clausia aprica Trotzky. /. c. 
Cheiranthus Pers. Zuch. 11, 203 — Clausia aprica Trotzky. 7. c. 


Br. A. kew: ed. 2. 1v, 99. 


. Cheiranthus elongatus Poir. Suppl. 111, 197 = Heliophila? elongata DC. 


Syst. 11, 697. 


. Cheiranthus gramineus Poir. Suppl. 11, 157 == Heliophila graminea DC. 


Syst. 11, 697. 


. Cheiranthus linearis Poir. Suppl 111, 197 — Heliophila? linearis DC. 


Syst. 11,697. 


. Cheiranthus villosus Poir. Suppl. 11, 197 — Matthiola tricuspidata B. Br. 


H. kew. ed. 2, 1v, 190. 


. chia Lam. Dict. 11, 324 = Malcolmia chia Andr. in DC. Syst. 11, 440. 
. cinerea Poir. Suppl. 111, 196 — Cheiranthus scoparius Willd. Enum. 681. 
. contortuplicata Bieb. F/. taur.-cauc. 11, 12h — Sisymbrium contortupli - 


catum DC. Syst. 11, 483. 


. crenulata DC. Syst. 11, 456 — Malcolmia crenulata Boiss. Ann. 2, xVI1, 71. 


354 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Hesperis cretacea Adams in Web. et Mohr. Beitr. 1, 62 = Clausia aprica 
Trotzky var. /. c. 

H. cuspidata Poir. Suppl. 111, 194 — H. bicuspidata DC. Syst. 11, 453. 

H. dentata L. Sp. 918 — Sisymbrium bursifolium L. Amen. IV, 322. 

H. diffusa Banks in Spr. Syst. 11, 200 — Sinapis frutescens Ait. M. kew. 
ed. 1, 11, 404, 

H. diffusa Decaisne Ann. sc. nat. 2, 111, 271 — Malcolmia ægyptiaca Spr. 
Syst. 11, 898. 

H. diffusa Lam. Fl. fr. 11, 504 — Malcolmia africana R. Br. H. kew. ed. 2, 
IV; 120 

H. erosa Lag. Diagn. p. 20 — Malcolmia erosa DC. Syst. 11, 446. 

H. fasciculata Raf. Speech. 11, 7 — Matthiola fasciculata DC. Syst. 11, 714. 

H. fenestralis Lam. Dict. 111, 324 — Matthiola fenestralis R. Br. H. kew. ed. 
21 iV, 119, 

H. flava Georgi /f. 1, 225 — Erysimum altaicum C.-A. Mey. in Led. 77. alt. 
Hn 153. 

H. flava Kotschy et Boiss. in Kotschy Zt. eilic.-kurd. n. 157 —....? 

H. frutescens Poir. Suppl. 111, 195 — Cheiranthus semperflorens Schousb. 
var. B. in DC. Syst. 11, 184. 

H. glabra Royle 7/4 72— Parrya macrocarpa R. Br. in Parry's Voy. app. 270. 

H. glandulosa Pers. £nch. 11, 203 — Andreoskia integrifolia DC. Prod. t, 
190. 

H. graminea Poir. Suppl. 1, 197 — Heliophila graminea DC. Syst. 11, 697. 

H. hispida Roth Cat. bot. 1, 78 — Malcolmia africana R. Br. H. kew. ed. 
2, IV, 121. 

H. Hookeri Led. //. ross. 1, 17/4 — Cheiranthus pygmæus Adams Mém. soc. 
nat. Mose. v, 114. 

H. humilis Boiss. in litt. j Cotyledonibus planis septo parallel- 

H. Kotschyi Boiss. Diagn. ser. 2, v, 214 lis — Parrya.... 

H. Kladnii Schur Sert. n. 219 (stigmate capitato) — ....? 

H. incana Patr. in herb. Less. — Stevenia cheiranthoides DC. Syst. 11, 210. 

H. inodora Gouan Fi. monsp. 167 excl. syn. — Arabis cebennensis DC. 
Syst. 11, 234. 

H. lacera Georgi Zeschr. d. russisch. Reiches 111, h, p. 1136 — Sterigma 
tomentosum DC. Syst. 11, 579. 

H. lacera Lam. Dict. 11, 322 — Malcolmia lacera DC, Syst. 11, 4h45. 

H. lacera Sibth. in herb. Banks — Matthiola pumilio DC. Syst. 11, 177. 

H. laxa Lam. Dict. 111, 325 — Malcolmia laxa DC. Syst. 11, A40. 

H. leucantha Schur Enum. Transs. 52 (stigmate capitato) = ....? 

H. leucoclada Boiss. Ann. 2, xvii, 69 — Sisymbrium hesperidiflorum Boiss. 
et Buhse Aufzæhl. 22. 

H. linifolia Desf. Cat. ^. par. ed. 1, 129 — Cheiranthus linifolius DC. Syst. 
11, 185. 


SÉANCE DU 22 juin 1866. 355 


Hesperis littorea Lam. Dict. 111, 322 — Malcolmia littorea R. Br. H. kew. 


H. 


H. 


H 


H. 


H. 
H. 


ed. 2, iV, 124. 

longifolia Poir. Suppl. 111, 195 — Cheiranthus mutabilis Lhér. St. nov. 1, 
92 var. B. DC. Syst. 11, 183. 

lyrata Lam. Dict. 111, 325 — Malcolmia .... Led. FT. ross. 1, 17A. 


. maritima Lam. Dict. 111, 324 — Malcolmia maritima R. Br. H. kew. 


ed. 2, IV, 121. 
Menziesii Hook. F7. bor.-am, 1, 60 — Cheiranthus Menziesii Benth. et 
Hook. Gen. pl. 1, 68. 


. minima Torr. et Gray Fl. of north Am. 1, 90 — Cheiranthus pygmæus 


Adams 4. c. 


. nitens Viv. Z7. lb. p. 38, tab. 5, f. 3 — Moricandia suffruticosa Coss. DR. 


in Bull. Soc. bot. Fr. xu, 276. 


. nova Wint. Jnd. f. 1 — Malcolmia africana R. Br. H. kew. ed. 2, 1v, 421. 
. odoratissima Poir. Suppl 11, 195 — Matthiola odoratissima R. Br. H. 


kew. ed. 2, 1v, 120. 


. Orsiniana Ten. Rel. del viaggio 18 — Malcolmia Orsiniana Ten. Nap. 


v, 67. 

pachyrrhiza Trautv. in sched. = .,.. ? 

parviflora DC. Fl. fr. ed. 3, 1v, 654 — Malcolmia parviflora DC. Syst. 
u, 442. 


. parviflora Poir. Suppl. n1, 194 — Matthiola parviflora R. Br, H. kew. 


ed. 2, 1v, 124. 


. patula Lag. ex spec. ad DC. miss. — Malcolmia patula DC. Syst. 11, 44h. 
. pilosa Poir. Suppl, 111, 197 — Andreoskia pectinata DC, Prod. 1, 190. 
. pinnata Pers. ch. 11, 213 — Andreoskia pectinata DC. Prod. 1, 190. 
. pinnatifida Desf. Cor. 63, tab. 47 — Malcomia lacera DC. Syst. 11, 4h45, 
. pinnatifida Mich. Fl. Am. bor. 1, 31 — Cheiranthus (Iodanthus) hespe- 


ridioides Torr. et Gray F1, of North Am. 1, 72. 


. provincialis L. Sp. ed. 1, 664 — Matthiola tristis R. Br. H. kew. ed. 2, 
iv. 120. 

. pulchella DC. Syst. 11, 455 — Malcolmia pulchella Boiss. Ann. 2, 
XVII, 70. 


. pumila Poir. Suppl. rir, 194 — Malcolmia parviflora DC. Syst. 11, ^42. 
. punctata Poir. Suppl. 11, 195 — Andreoskia pectinata DC. Prod. 1, 190. 
. pygmæa Delile ///. FT, Eg. p. 19, n. 596 — Malcolmia pulchella Boiss. 


Ann. sc. nat. 2, XVII, 70. 


. pygmæa Hook. 77. bor.-am. 1, 60, tab. 19 — Cheiranthus pygmæus 


Adams /. c. 


. ramosissima Bové mss, — Malcolmia ægyptiaca Spr. Syst. 11, 898. 
. ramosissima Desf. FT. ati. 11, 91, tab. 161 == Malcolmia ramosissima 


Coss. herb. 


356 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


Hesperis ramosissima Desf. Cat. hort. par. sec. Jaub. et Spach ///. i, 147 
— Sisymbrium nanum DC. Syst, 11, A86. 

H. renifolia Boiss. et Hoh. Diagn. ser. 1, viir, 22— Conringia? renifelia Fourn. 

H. repanda Lag. Diagn. 20 — Cheiranthus linifolius Pers. £nch. 11, 201. 

H. rigida Stev. ex. Cat. hort. gor. 1808, p. 82 — Sisymbrium torulosum 
Desf. Fl. atl. 11, 8^, var. rigidum Fourn. Sisymbr. p. 137. 

H. rigida Sibth. in herb. Banks — Malcolmia lyrata DC. Syst. 11, 443. 

H. Runawurensis herb. Royle — Parrya macrocarpa R. Br. in Parry's Voy. 
app. 270. | 

H. rupestris Raf. Speech. 11, 46 — Matthiola rupestris DC. Syst. 11, 71h. 

H. salina Lam. Dict. 111, 32/4 — Arabis incarnata Led. FL. alt. 11, 22. 

H. salina Pall. herb. — Sisymbrium contortuplicatum DC. Syst. 11, 283 excl. 
var. Q. 

H. scapigera DC. Syst. 11, 4154 — Parrya macrocarpa R. Br. in Parry's Voy. 
app. 210. 

H. semperflorens Poir. Suppl. 111, 196. 

Var. æ. — Cheiranthus semperflorens Schousb. Maroc ed. germ. p. 181. 
Var. B. — Cheiranthus linifolius Pers. Znch. 11, 201. 

H. sinuata Lam. Dict. 111, 323 — Matthiola sinuata R. Br. H. kew. ed. 2, 
IV, 120. 

H. speciosa Sw. Brit. fl. gard. 11, ser. 2, tab. 35 — Sisymbrium speciosum 
Fourn. 

H. tatarica Pall. //. app. 117, tab. 0, ic. ed. gall. app. p. 351, n. 355, tab. 
67 = Matthiola tatarica DC. Sys/. 11, 170. 

H. tenella hort. — Chorispera tenella DC. Syst. 11, A86. 

H. trichosepala Turcz. Dec. pl. chin. 3 — Clausia aprica Trotzky 7. c. var. 

H. tricuspidata Lam. Dict. 111, 323 — Matthiola tricuspidata R. Br. 77. kew. 
ed. 2, iv, 120, 

H. verna L. Sp. 928 — Arabis verna R. Br. Z. kew. ed. 2, 1v, 105 non. Desf. 

H. violaria Lam. Dict. 111, 323 — Matthiola incana R. Br. H. kew. ed. 2, 
IV, 119. 


Hesperis affricana Hieracii folio hirsuto flore minimo purpurascente Niss. ac/. 
Acad. sc. paris. ex L. = Malcolmia africana R. Br. H. kew. ed. 2, 
Iv, 124. 

Hesperis africana major flore cæruleo Coronopi folio Tourn. 72st. 223. Koen. 
Regn. veg. 380 — Heliophila coronopifolia L. Sp. 927 excl. syn. 
Pluk. non Thunb. 

Hesperis africana minor flore cæraleo Coronopi folio Tourn. /nst. 223. Keen. 
Regn. veg. 380 = Heliophila liniflora DC. Sysr. r1, 696. 

Hesperis africana 5p:xpoqu)? o; floribus Lini cæruleis, siliquis strictissimis torosis 
Pluk. A/m. 185 — Heliophila liniflora DC. Syst. 11, 696. 


SÉANCE DU 22 JUIN 1866. 357 


Hesperis africana villosa flore cæruleo Pluk. Amalth. 117. Tourn. /nst. 293. 
Kon. Regn. veg. 380 — Heliophila pilosa Lam. Dict. 11, 90. 
Hesperis aizoides alpina parva, flosculis albis Pluk. Alm. 183 — Draba stel- 

lata Jacq. Vind. 113. 

Hesperis Allium redolens Mor. Hist. 252. Tourn. /nst. 222 ; Hist. pl. env. 
Par. 1, 168; 11, 59, 170, 395. Cup. Mort. cath. 9h — Sisymbrium 
Alliaria Scop. Carn. ed. 2, n. 285. 

Hesperis alpina minor flore albo siliquis longis Ray Syll. ext. 296 — Arabis 
stricta Huds. Ang/. 292. 

Hesperis alpina sive muralis minor repens J. Bauh. Mist. n, 880, f. 2. 
Chabr. Sciagr. 281, f. 1 — Arabis alpina L. Sp. 928. 

Hesperis Hesperidi alpinæ murariæve similis surrecta et magna J. Bauh. 
Hist, 1, 381, f. 2. Chabr. Sciagr. 284, f. 8 = Arabis Turrita L. 
Sp. 930. 

Hesperis alpinæ seu murariæ affinis Draba succulenta J. Bauh. Hist. 11, 880, 
f. 1. Chabr. Seiagr. 281, f. 2 — Arabis alpina L. Sp. 928, var. Clu- 
siana DC. Syst. 11, 217. 

Hesperis altera coronopifolio breviore Juss. in Barr. Obs. n. ^11. — Mat. 
thiola coronopifolia DC. Syst. 11, 173, var. 

Hesperis angustifolia incana floribus amplis luteis siliquis brevioribus Amm. 
Ruth. p. 51, n. 71 = Erysimum sessiliflorum R. Br. H. kew. ed. 2, 
IV, 116. 

Hesperis angustifolia, incana, floribus amplis, luteis, siliquis brevioribus 
Amm. Ruth. p. 57, n. 77 — Syrenia siliculosa Andrz. mss. in Led. 
Fl. ross. 1, 193. 

Hesperis angustifolia, incana, floribus amplis luteis, siliquis longioribus Amm. 
Ruth. 56, n. 76 = Erysimum Andrejowskianum Bess. ex Led. Fl. 
ross. 1, 190. 

Hesperis angustifolia, incana, floribus amplis luteis, siliquis longioribus Hall. 
Enum. Gott. p. 257 — Erysimum cheiriflorum Wallr. Sched. 307. 

Hesperis caule erecto ramoso, foliis cordatis, amplexicaulibus, serratis, villosis 
Crantz Crucif. 1, 123 — Arabis verna R. Br. H. kew. ed. 2, iv, 
105 non Desf. 

Hesperis caule ramosissimo diffuso, foliis petiolatis lanceolatis acute dentatis 
scabris, siliquis sessilibus Crantz Crucif. 122 — Malcolmia africana 
R-Br. H. kew. ed. 2, W, 424. 

Hesperis caule ramosissimo diffuso... L. Sp. ed. 1, 663. Ger. Gallopr. 366 
— Malcolmia africana R. Br. H. kew. ed. 2, iv, 121. 

Hespe:is caule ramosissimo foliis lanceolatis dentatis L. Hort. Cliff. 335, n. 3. 
Roy. Lugd.-b. 337 — Malcolmia chia Andr. in DC. Syst. 11, ^40? 
Cf. Crantz Crucif. 115. 

Hesperis caule ramosissimo, foliis lanceolatis, sæpius dentatis Sauv, Meth. fol, 


358 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


7h et 104 — Malcolmia africana R. Br. H. kew. ed. 2, 1v, 121. 

Hesperis caule ramosissimo, foliis linearibus, pedunculis glabris Gmel. 77. sib. 
nr, 292, n. 2 — S. humile C.-A. Mey. in Led. Fl. alt. um, 157? 

Hesperis caule ramoso diffuso siliquis teretibus L. Æ. ups. 188 — Matthiola 
tristis R. Br. H. kew. ed. 2, 1v, 120. 

Hesperis caule recto foliis scabris lanceolatis rariter dentatis siliquis tetragonis 
Zinn. Cat. pl. hort. et agr. Gætt. p. 338 = Erysimum strictum 
Fl. der Wetter. 11, 451. 

Hesperis caule simplici, foliis lanceolatis vix dentatis, siliquis virgatis Gmel. 
Fl. sib. 111, 260, n. 19 excl. syn. L. necnon Amm. Ruth. p. 55, 
n. 74, f. 4 — Clausia aprica Trotzky /. c. 

Hesperis chia saxatilis Leucoii folio serrato flore parvo Tourn. Cor. 16. Boerh. 
And. 11, 20 — Malcolmia chia Andrz. in DC. Syst. 11, 440? 
Hesperis exigua lutea folio dentato angusto Bæœrh. /nd. 1^6. Mich. Hort. 
Fior. p. 49, n. 9 — Erysimum repandum L. Amen. 11, 415 var. 

simplex DC. Syst. 11, 500. 

Hesperis flore albo minimo siliqua longa folio profunde dentato Bæhr. 
Lugd.-b. 11, 20. Dill. Ælth. 179, tab. 148, f£. 177 — Sisymbrium 
bursifolium L. Amen. tv, 322. 

Hesperis flore eleganti Triumf. Syll. — Malcolmia maritima R. Br., ex herb. 
Vaill. et Tourn.! 

Hesperis foliis dentatis flore luteo parvo Tourn. herb. — Erysimum repandum 
L. Aman. 111, A15. 

Hesperis foliis dentato-pinnatifidis, caule lavi Crantz Crucif. 1, 123 = Si- 
symbrium barsifolium L. Amen. 1v, 322. 

Hesperis foliis ellipticis glabris circumserratis Hall. Helv. n. 563 — Sisym- 
brium strictissimum L. Sp. 922. 

Hesperis foliis glabris linearibus lanceolatis obiter dentatis Hall. Hew. 1, 195, 
n. 5h49, tab. 44; /t. helv. 11, 45 — Erysimum ochroleucum var. a. 
DC. Fl. fr. 1v, 658. 

Hesperis foliis laciniatis flore parvo albo Tourn. kerb. — Sisymbrium bursifo- 
lium L. Aman. 1v, 322. 

Hesperis foliis linearibus lanceolatis rariter dentatis siliquis erectis tetragonis 
Hall. Helv. n. ^50 — Erysimum helveticum DC. Fl. fr. ed. 3, 1v, 
678. 

Hesperis foliis linearibus siliquis glabris Gmel. F/. sib. 111, 261, n. 20 excl. 
syn. Amm. — Erysimum altaicum C.-A. Mey. in Led. FZ. alt. 11, 
153. 

Hesperis foliis longioribus glabris, rariter dentatis Gmel. FL sib. 111, 258, 
n. 17 — Erysimum Marschallianum Andr. in Bieb. F7. taur.-cauc. 
Suppl ^A. 

Hesperis foliis multifidis Roy. Ludg.-b. 338 — Sisymbrium bursifolium L. 
Aman, 1v, 322. 


SÉANCE DU ?2 jurn 1866, 359 


Hesperis galatica maritima Leucoii folio incano flore minimo Tourn. herb. 
sec. Coss. in Bull. Soc. bot. Fr. x, 397 — Sisymbrium nanum DC. 
Syst. 11, 186. 

Hesperis hirta, pumila, angustissimis foliis, floribus purpurascentibus Amm. 
Ruth. p. 55, n. 75 = Andreoskia integrifolia DC. Prod. 1, 190. 

Hesperis hispanica foliis incisis, siliqua lunata Tourn. nst. 223 ex Vaill. erb. 
Kon. Regn. veg. 380 — Matthiola lunata DC. Syst. 11, 121. 

Hesperis hispanica incana flore obsoletiore D. Riqueur in Vaill. kerb. — Mat- 
thiola tristis R. Br. 7/7. kew. ed. 2, 1v, 120. 

Hesperis hispanica angustifolia, luteo flore Juss. in Barr. Obs. n. 412 = 
Erysimum canescens Roth Cat. bot, 1, 76. 

Hesperis Lavandulæ folio, obsoleto flore Juss. in Barr, Obs. n. 408 — Mat- 
thiola tristis DC. Syst. 11, 172. 

Hesperis Leucoii folio angusto et leviter serrato siliqua quadrangula Mich. 
Hort, Flor. p. 49, n. 8 — Erysimum repandum L. Amon. 111, 415. 

Hesperis Leucoii folio angusto non serrato siliqua quadrangula longiore et 
angustiore Mich. Hort, Flor. p. 49 — Erysimum australe J. Gay 
Erys. nov. Diagn. n. 41 (1). 

Hesperis Leucoii folio non serrato flore luteo siliqua quadrangula longiore et 
angustiore Mich. in Till. Cat. hort. Pis. p. 80 = Erysimum australe 
J. Gay. l c. 

Hesperis Leucoii folio non serrato siliqua quadrangula Tourn, /nsf. 223 = 
Erysimum lanceolatum R. Br. H. kew. ed. 2, iv, 116, 

Hesperis Leucoii folio non serrato siliqua quadrangula longiori Mich. P/. rom. 
et neap. n. 871 in kerb. Vaill. = Erysimum australe J. Gay /. c. 

Hesperis Leucoii folio serrato siliqua quadrangula Vaill. herb, — Erysimum 
australe J. Gay 7. c. 

Hesperis Leucoii folio serrato siliqua quadrangula Tourn. /nst. 223 (excl. 
syn.); Hist. pl. env. Par. u, 395 = Erysimum cheiriflorum Wallr. 
Sched. 307. 

Hesperis Leucoii folio serrato siliqua quadrangula Hall. Helv, tab. xiv = 
Erysimum ochroleucum DC. 77. fr. 1v, 658. 

Hesperis lusitanica angustifolia folio dentato purpurascente flore Tourn. /nst. 
223. Kon. Regn. veg. 380 —Malcolmia alyssoides DC, Syst. 11, 444. 

Hesperis lutea siliquis strictissimis Tourn. /nst. 222. Vaill. kerb. — Sisym- 
brium strictissimum L. Sp. 922. 

Hesperis lutea siliquis strictissimis, Bellidis minoris folio Sabb. Syn. 21—....? 


Hesperis lutea silvestris Hieracii folio siliqua quadrangula Zan. Rar. stirp. hist 


(1) La plupart des phrases synonymiques anté-Linnéennes attribuées ici au genre 
Erysimum l'ont été d’après une monographie inédite du genre Erysimum composée par 
notre regretté confrère M. J. Gay. 


360 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ed. Mont. p. 124, tab. 86 et 87 — Erysimum pumilum DC. Syst. 1, 
510. 

Hesperis maritima angustifolia incana Tourn. /nst. 223 — Malcolmia littorea 
R. Br. H. kew. ed. 2, 1v, 121. 

Hesperis maritima flore obsoleto Buxb. Cent. 11, p. 32, tab. 32, f. 1 — Mat- 
thiola tristis R. Br. H. kew. ed. 2, 1y, 420. 

Hesperis maritima latifolia siliqua tricuspidi Tourn. Jnst. 223 — Matthiola 
tricuspidata R. Br. H. kew. ed. 2, 1v, 120. 

Hesperis maritima perfoliata parva Pluk. 4/5. 183 — Arabis verna R. Br. 
H. kew. ed. 2, 1v, 105 non Desf. 
Hesperis maritima, supina, exigua Tourn. /ns&. 223. Juss. in Barr. Obs. 
n. 406 — Malcolmia maritima R. Br. 77. kew. ed. 2, 1v, 121. 
Hesperis maritima, supina, exigua, foliis Erucæ Jacobææ Tourn. Cor. 
16 =... 

Hesperis minima, angustifolia, incana et pilosa, floribus albis Amm. Ruth. 
p. 55, n. 75 — Sisymbrium humile C. -A. -Mey. in. Led. /7. alt. 111, 137. 

Hesperis montana Psyllii folio valde ramoso flore amplo purpurascente Stell. 
Irc. 223 ex Gmel. — Andreoskia integrifolia DC. Prodr. 1, 190. 

Hesperis n? 2 var. latifolia Hall. num. p. 564, tab. 5 — Erysimum ochro- 
leucum DC. Fl. fr. 1v, 658. 

Hesperis orientalis Elychrysi folio flore luteo Tourn. Cor. 16 ex Vaill. Aerb. 
= Sterigma elychrysifolium DC. Syst. 11, 581. 

Hesperis orientalis foliis viridibus sinuatis siliqua alata Vaill. in herb. Less. == 
Syrenia cuspidata Rchb. Jc. n. 1399. 

Hesperis orientalis Glasti folio Tourn. Cor. 16 — .... ? 

Hesperis orientalis Leucoii folio siliquiis corniculatis et intortis Tourn. Cor. 16 
= Sisymbrium contortuplicatum DC. Syst. 11, 483. 

Hesperis orientalis maritima Leucoii folio incano floribus variis Tourn. Cor. 
16. Vaill. herb. — Matthiola varia DC. Syst. 11, 471. 

Hesperis orientalis maritima Leucoii folio incano, flore minimo Tourn. Cor. 
16 ex Vaill. herb. — Sisymbrium nanum DC. Syst. 11, A86. 

Hesperis orientalis scordioides Hederæ terrestris folio Tourn. Cor. 16 — ....? 

Hesperis palustris alba, Bursæ pastoris folio profunde inciso Bœnn. Panph. 
tab. 64 = Sisymbrium bursifolium L. Amen. 1v, 322. 


Hesperis peregrina siliquis odoratis Keen. Regn. veg. 380 —....? 
Hesperis peregrina foliis dentatis floribus variis Tourn. /nst. 223. Keen. Regn. 
veg. 380 —....? 


Hesperis peregrina siliquis articulatis C. Bauh. Pin. 202, n. 6. Tourn. /nst. 
222 — Cheiranthus ? syriacus DC. Syst. 1, 185. 

Hesperis pilosa, minor, angustifolia, floribus amplis, purpureis Amm. Ruth. 
p. 25, n. 73 — Clausia aprica Trotzky 7. c. 

Hesperis prodigiosa hortensis, Molluginis ad imaginem degenerans Pluk. 


SÉANCE DU 22 JUIN 1866. 361 
Phytogr. tab. 37, f. 1. Alm. 183 = ....? ( Haud Crucifera ). 

Hesperis purpurco flore, kamatis foliis Juss. in Barr. Obs. 43, n. 409 — 
Matthiola coronopifolia DC. Syst. 11, 173 var. 

Hesperis sicula Coronopi folio siliqua tricuspidi Tourn. /nst. 223. Juss. in 
Barr. Obs. h3 n. 41? Kon. Regn. veg. 380 = Matthiola coronopi- 
folia DC. Syst. 11, 173. 

Hesperis sicula frutescens siliqua tricuspidi "Tourn. fast, 223. Juss. in 
Barr. Obs. n. 407. Koen. Regn. veg. 380 — Matthiola crucigera 
DG. Syst. 177. 

Hesperis siliquis hirsutis flore parvo rubello Dill. Æ Uh. 480, tab. 447, f. 178 

— Malcolmia chia Andrz. in DC. Syst. 11, 440. 

Hesperis silvestris angustifolia flore parvo Park. Theat. 628 — Arabis ceben- 
nensis DC. Syst. 11, 234. 

Hesperis silvestris (lore parvo Magn. Bot. monsp. 127. Tourn. Inst. 223. 
Kon. Regn. veg. 380. Garid. Aix p. 229. L. Sp. ed. 1, p. 663 — 
Malcolmia africana R. Br. M. kew. ed. 2, 1v, 121. 

Hesperis silvestris flore parvo C. Bauh. Prod. 403; Pin. 202 — Arabis 
cebennensis DC. Syst. 11, 23h. 

Hesperis silvestris flore parvo Sabb. Syn. 21 — Sisymbrium Alliaria Scop. 
Carn. ed. 2, n. 825. 

Hesperis silvestris siliqua articulata foliis latioribus dentatis, floribus ruben- 
tibus Sabb. Syn. 22 — ....? 


A propos des observations présentées par M. Fournier, dans le 
commencement de sa communication, sur la coloration des pétales 
des Hesperis, M. Duchartre rappelle les observations de M. Prillieux 
sur la matiére colorante des grains de raisin (1). Il fait remarquer 
que M. Prillieux n'avait pas été aussi affirmatif quant à la présence 
d'une vésicule autour de la matière colorante. 

M. Fournier cite l'observation suivante, qui lui parait se rappro- 
cher davantage encore de celle de M. Prillieux : 


Dans les appendices colorés qui entourent la fleur avortée de F Hortensia, 
il existe une matière colorante d'un rouge foncé, qui ne se rencontre que dans 
un petit nombre de cellules sous-épidermiques, plus abondamment du cóté su - 
périeur du limbe. Cette matière colorante est à l’état de sphérules, occupant 
une partie de la cellule; il en existe quelquefois plusieurs dans la méme cel- 
lule. Ces sphérules persistent, sans se dissoudre, dans l'eau comme dans 
la glycérine. Sous l'influence des alcalis, la matière colorante en disparaît d'a- 
bord, laissant une sphérule blanchàtre qui, bientôt attaquée et corrodée sur les 


(1) Voyez plus haut page 250. 
T. XI (stances) 24 


862 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

bords, disparaît aussi promptement. Quand elle a disparu, il se développe une 
teinte verte générale. On peut observer, avant la coloration des appendices en 
question, qu'il existe déjà dans un certain nombre de leurs cellules une sphé- 
rule blanche réfractant fortement la lumiere ; c'est daus son intérieur que doit 
se développer la matière colorante. 


M. L. Netto donne lecture de la première partie de son Jtiné- 
raire botanique dans la province de Minas-Geraes (Haut-San- 
Francisco) en 1862 (1). 

M. Eug. Fournier annonce à la Société que M. H. Fournier a 
constaté la présence au bois de Boulogne du Sisymbrium strictis- 
simum, du Lepidium Smithii, du Calepina Corvini et de l'Alys- 
sum maritimum, ce dernier probablement échappé des parterres. 

M. l'abbé Chaboisseau dit qu'il a recueilli aussi au bois de Bou- 
logne le Lepidium Smithii, et que cette plante y est assez abon- 
dante entre la porte de Passy et celle d'Auteuil. 


SÉANCE DU 13 JUILLET 1860. 


PRÉSIDENCE DE M. LE COMTE JAUBERT. 


M. Roze, vice-secrélaire, donne lectare du procés-verbal de la 
séance du 22 juin 1866, dont la rédaction est adoptée. 
M. le Président annonce une nouvelle présentation. 


Dons faits à la Société. 
4° Par M. Ad. Brongniart : 
Annales des sciences naturelles, 5° série, t, IV, n°6. 


2° De la part de M. Alph. De Candolle : 


Congrés international de botanique, Londres, mai 1866. Discours du 
président. 


List ofthe papers and subjects proposed for discussion at the meetings 
of the international horticultural and botanical Congress. 


3° De la part de M. Lange : 


Pugillus plantarum imprimis hispanicarum, pars IV. 


(1) Ce travail a déjà été imprimé par M, Netto. 


SÉANCE DU 13 JUILLET 1866. 303 
h° De la part de M. Fr. Crepin : 
Manuel de la flore de Belgique, 2° édition. 
5° De la part de M. Cr. A. Pasquale: 


Su di una novella varieta di Dictamnus albus. 
Notizia sui canali resiniferi rinvenuti nelle squame del Taxodium 
mucronatum. 
Poche parole sul feretro di Giovanni. 
Su di una nuova specie di Dianthus. 
Osservazioni sui canali resiniferi o serbati della resina negli à strobili 
dei Coniferi. 
6° De la part de M. Karsten: 
Ueber den Flugbrand. 
7° De la part de MM. Vilmorin, Andrieux et Ci : 
Divers catalogues. 
8* En échange du Bulletin de la Société : 
Mémoires de la Société impériale MA sciences et arts 
d' Angers, 1865, fasc. 3 et ^. 
Bulletin de la Société des sciences de l Yonne, t. XIV, 4° trimestre. 
Wochenschrift fuer. Gærtnerer und Pflanzenkunde, 1866, quatre 
numéros, 
Pharmaceutical Journal and Transactions, juillet 1866. 
The Gardeners Chronicle, 1867, trois numéros. 
Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation, mai 1866, 
L'Institut, juin-juillet 1866, trois numéros. 


M. le Président fait part à la Société de la triste nouvelle de la 
mort de M. le professeur Gasparrini, directeur du jardin botanique 
de Naples. Il unit ses regrets à ceux que tous les membres de la 
Société ne peuvent manquer de manifester en apprenant la perte 
de notre savant confrére, 

M. le Président annonce aux membres présents que M. Alexandre 
de Bunge, professeur à l'université de Dorpat (Lithuanio), fait l'hon- 
neur à la Société de prendre part à sa séance. 

À propos des plantes intéressantes, recueillies aux environs de 
Paris, dont il a été question à la derniére séance, M. Chatin 
signale à l'attention de la Société la présence, dans la forêt de 
Hallate, non loin du mont Pagnotte, du Nephrodium Oreopteris 
qu'il a fait récolter, dans sa dernière herborisation, avec le Chryso- 


304 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


splenium oppositifolium, le Veronica montana etl Androsæmum 
officinale. Y ajoute qu'il n'a toutefois pas trouvé sur le mont Pa- 
gnotte, l'un des points les plus élevés des environs de Paris, cer- 
taines plantes de la région montagneuse qu'on pouvait espérer d'y 
recueillir en raison de son altitude. 

M. Cosson dit que derniérement il a aussi constaté la présence 
d'une plante intéressante pour notre flore, le Juncus capitatus, qui 
couvrait les déblais du chemin de fer, prés de Thurelles (Loiret), 
sur une étendue de prés d'un demi-kilométre. Il a également re- 
marqué que les Orchidées avaient fait défaut cette année aux envi- 
rons de Thurelles, notamment le Gymnadenia conopea, qui y est 
très-commun ordinaire. Il ajoute que, du reste, le terrain de ce 
pays étant presque entièrement siliceux, les Ophrydées de nos 
calcaires y sont assezrares, mais que néanmoins on peut rencon- 
trer quelques pieds d’Orchis galeata. Il s'est assuré que cette 
plante se développe ordinairement sur les amas de sciure de bois 
de peuplier, qui, au bout de cinq à six ans, se trouvent avoir 
procuré à cet Orchis un humus favorable. 

M. le Secrétaire général résume en ces termes divers passages 
d'une lettre que lui a adressée M. Mouillefarine : 


Au sujet des explorations de la flore de Corse, dont il a été question dans la 
séance précédente, M. Edmond Mouillefarine qui, à la fin de septembre 1863, a 
fait l'ascension du Monte-Rotondo, écrit que parmi les plantes les plus intéres- 
santes qu'il y a récoltées malgré l'époque avancée, se trouvaient : Spergula 
pilifera DC., Berberis cretica L., Euphrasia corsica Lois., Bellium nivale 
Req., Helleborus lividus Ait., Stachys corsica Pers., St. glutinosa L., Po- 
tentilla crassinervia Viv., et le charmant Helichrysum frigidum Willd. Il 
a recueilli le Narcissus serotinus à Pietrocorbara, sur la côte orientale du 
cap Corse, localité où cette espèce n'avait pas encore été signalée. 


M. Cosson rappelle à cette occasion l'exploration récente qui a 
été faite du Monte-Rotondo par MM. Ch. Senot de la Londe, de 
Salve et Napoléon Doümet. 


M. Nylander fait à la Société la communication suivante : 
LES LICHENS DU JARDIN DU LUXEMBOURG, par MI. W. NYLANDER. 


Les Lichens sont de tous les vézétaux ceux qui sont le plus répandus dans 
la nature; ils vivent sur les écorces, le bois, les rochers, la pierre, la terre, 


SÉANCE DU 13 JUILLET 1866. 365 


partout où ces substratums divers sont baignés d'un air pur dont rien ne gêne 
la circulation, car c'est essentiellement aux dépens des éléments de l'atmo- 
sphère que se nourrissent ces Cryptogames aérophiles. Cependant la plupart 
des Lichens semblent fuir les villes, et ceux qu'on y rencontre n'y arrivent 
souvent qu'à un. développement incomplet, à un état sorédifere ou tout à fait 
stérie, Il n'y a que certaines espèces trés-peu nombreuses, telles que les 
Physcia parietina, Ph. pulverulenta var. pityrea, Ph. obscura, Ph. stel- 
laris, Placodium murorum, Pl. callopismum, etc., qui habitent assez 
volontiers les endroits cultivés; mais à l'intérieur des grandes villes, on les 
cherche ordinairement en vain sur les troncs des arbres et sur les murs ; 
à leur place on voit s'étaler des Cryptogames d'un ordre inférieur, comme les 
Protococcus, qui se plaisent surtout dans un air impur ou emprisonné de murs 
ou de maisons. Les Lichens, au contraire, se refusent à vivre dans ces con- 
ditions. Les troncs des arbres, dans les jardius et plantations des grandes 
villes, manquent le plus souvent, par cette raison, de toute trace de Lichens, 
tandis qu'à la campagne on voit chaque arbre plus ou moins orné de leurs 
thalles et apothécies de diverses couleurs (1). Les magnifiques arbres du jar- 
diu des Tuileries ne portent guère que des Protococcus. Au Jardin-des- 
Plantes, c'est à peine si l'on trouve des arbres lichénifères, et encore n'exis- 
tent-ils que dans les endroits les plus découverts. 

Le jardin du Luxembourg, sans doute à cause de sa situation plus favo- 
rable, en est moins dépourvu qu'aucune autre promenade de Paris. Comme 
les Lichens donnent, à leur maniére, la mesure de la salubrité de l'air, et 
constituent (si l'on peut ainsi dire) une sorte d’hygiomètre très-sensible, j'ai 
cru utile de faire un relevé des espéces que j'ai notées dans cette promenade 
publique. Les marronniers de l'all'ée de l'Observatoire y sont surtout remar- 
quables par les nombreux Lichens qui couvrent leurs écorces, et ce, en telle 
abondance, qu'il faut aller en dehors de la ville pour trouver quelque chose 
de semblable. Cette circonstance autorise certainement à affirmer que la partie 
du Luxembourg dont nous parlons est le lieu le plus sain de tout Paris (2). 

Je donnerai ici l'énumération des Lichens qui vivent dans le jardin du 


(1) Qu'il soit permis de faire observer, en passant, que les Lichens ne sont nullement 
des parasites proprement dits, et que c'est vraisemblablement un préjugé de les croire 
nuisibles aux arbres sur lesquels ils végétent. On accorderait tout au plus qu'ils pussent 
nuire en quelque facon aux écorces vivantes, soit en s'opposant à leurs fonctions respi- 
ratoires, soit en entretenant à leur surface une humidité exagérée, 

(2) C'est une considération qui devrait militer en faveur de la conservation de cette 
partie du jardin. ll est d'ailleurs évident que toute portion retranchée de la promenade 
influerait d'une manière fâcheuse sur les plantations qui seraient conservées, en dimi- 
nuant la quantité et la circulation de l'air; de nouvelles constructions, telles qu'elles 
sont faites aujourd'hui, entassées de tous cótés, contribueront puissamment au méme 
résultat désastreux. Si la suppression projelée s'achéve, l'amateur de Lichens n'aura 
plus que le regret de constater la disparition de plusieurs espéces et formes intéres- 
santes. x 


866 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Luxembourg. Je l'ai faite aussi complète qu'il m'a été possible, mais je dois 
prévenir cependant que certaines parties du jardin, non accessibles au public 
et que je n'ai pas visitées, offriront peut-être encore quelques espèces à ajouter 
à la liste qui suit. 

4. Parmelia acetabulum (Neck.) Dub. — Forma virescens sterilis sat rara, 
ad truncos Aceris versus Z'cole des mines et Paulowniæ in la pépinière. 

2. Physcia parietina L.— VFrequentissime fereque semper fertilis, ad cor- 
tices arborum variarum ct ad ligna vetusta sæpium; saepe forma thallo vires- 
cente (tum affusa solutione hydratis kalici leviter vel vix nisi ambitu ex acido 
chrysophanico purpurascens) et margine apotheciorum crenato vel subcrenato 
(praesertim supra ligna vetusta, mixta cum typica). 

Var. sorediosa, thallo flavo minore subdiffuso, marginibus sorediosis ste- 
rilis. — Sat frequens, prasertim ad corticem Tiliarum. 

3. Physcia stellaris (Ach.), typica et var. tenella Scop. — Passim ad cor- 
tices arborum et sæpes ligneas ; sterilis (raro typicam vidi. ad Paulownias in 
la pépinière apotheciis parum evolutis). 

l. Physcia obscura (Ehrh.) var. sorediosa, thallo centro vel. etiam margi- 
nibus sorediifera. — Sat frequenter ad sæpes ligneas et rarius ad cortices 
arborum; sterilis. l 

5. Physcia pulverulenta var. pityrea (Ach.) — Frequentissime ad cor- 
tices; etiam ad ligna vetusta sæpium ; semper sterilis. 

6. Lecanora (Squamaria) saxicola (Poll.) — Supra lapides murorum rara. 

7. Lecanora (Placodium) murorum (Hffm.), Ach., Nyl. Zrb. Lich. Paris. 
119. Spore vulgo longit. 0"",011-1/4, crassit. 0?,006-8. — Frequens ad 
lapides murorum ; saepius fertilis. 

Var. corticicola (f. contracta), thallo virescenti-cinereo contracto vel parum 
evoluto (reactione chemica epithallina sicut in PAyscia parietina f. virescente), 
apotheciis congestis, sporis (saepe subsimplicibus), longit. 0"7,011-15, cras- 
sit. 0"®,005-7,—Sat frequenter, praesertim ad corticem Æsculorum inA//ée 
de l'Observatoire, i i 

8. Lecanora (Placodium) callopisma Ach., Nyl. Hrb. Lich.Par. 36. Dif- 
fert a Z. murorum thallo, sporis crassioribus (longit. 0"",010-12, crassit. 
0?7,009-077,010) et paraphysibus apice clava minore; variat autem thallus 
facie fere ut in Z. murorum. — Sat frequenter, cum L, murorum. 

9. Lecanora citrina Ach., Nyl. Hrb. Lich. Paris, 35 (1). — Sat fre- 
quens ad lapides murorum, sepissime sterilis. 

10. Lecanora (Placodium) £eicholyta Ach. — Sat frequens supra lapides 
murorum, vulgo sterilis, raro fertilis, rarissime lignicola. 


(1) Lecanora citrina interdum facie externa statuque sterili accedit ad L. epizantham 
Ach., sed distinguitur ab hac facillime reactione chemica, nam stratum corticale (epi- 


thallinum) in L. citrina addito hydrate kalico intense purpurascit, at in L. epizaniha 
nequaquam tingitur, 


SÉANCE DU 13 JUILLET 1860. 367 


41. Lecanora candelaria Ach., Nyl. Syn. 1, p. 412, Lich. Scandin. 
p. 108, sub Physcia (a cujus generis speciebus analogis jam reactione chryso- 
phanica nulla longe differt). — Forma diffusa, passim frequens ad cortices ar- 
borum. Sat typica supra ligna vetusta sæpium et abundans ad Paulownias in 
la pépinière. Sterilis. 

12, Lecanora medians Nyl. in Bull. Soc. bot. de Fr. t. 1x, 1862, p. 262, 
sub Placodio (1). — Sat frequenter supra lapides socia Zecanoræ murorum; 
haud raro fertilis. 

43. Lecanora vitellina var. epizantha (Ach. L. U. p. 208, sub Lecidea) 
Nyl. Zich. Scandin. p. 4^1. Spore 8e oblongæ vel ellipsoideæ, longit. 
0m 012-214, crassit. 0?",005-7. — Frequentissime supra ligna vetusta sie 
pium et passim ad lapides murorum ; sæpius fertilis. 

1^. Lecanora cerina (Ehrh.) Ach. == Forma thallo cinereo turgescente ru- 
goso, ad /Esculos in Allée de l'Observatoire passim. Fertilis. 

15. Lecanora pyracea f. pyrithroma Ach., Nyl. Lich. Scandin. p. 145, 
sporis longit. 0?,010-13, crassit, 0"",004-6, == Supra lapides murorum 
sat frequens. 

F. rupestris (Scop.), Nyl. l. c. , sporis 1-septatis (variantibus septo crassiore), 
longit. 0^*,01/4-20, crassit. 0"®,006-9. — Supra lapides calcareos muri ad 
la pépinière. 

16. Lecanora sophodes var. teichophila Nyl. Thallus obscure cinereus ver« 
rucoso-areolatus subdeterminatus mediocris; apothecia nigra fere medioctiád 
(latit, 07,75 vel nonnihil minora) plania, margine thallino crasso integro (vel 
sæpe subrugoso) haud prominulo cincta; sporæ 8^*longit. 0"",018-25, cras- 
sit. 0?7,011-16. — Supra lapides murorum. Fertilis (2). 

Var. exigua Ach., Nyl. Lich; Scandin, p. 150. — Ad corticem Æsculorum 
passim. 

17. Lecanora circinata (Pers.), Ach., Nyl. Lich. Scandin. p. 152. — 
Supra lapides murorum rarius. Fertilis. 

48. Lecanora galactina Ach., Nyl. I. c. p. 134 (sub Squamaria). Thallus 
hydrate kalico non tinctus, saepe parum evolutus. Paraphyses sat graciles 
(crassit. 0,001) discretæ, apice non clavatæ, epithecium pulvere tenui opaco 
tectum, acido sulphurico partim in rhaphides mutato; sporæ longit. 07,009 


(4) In Lecanora mediante thallus vitellino-flavus vel citrinus opacus sat tenuis, ambitu 
plicato- -ràdiosus , centro latissime albido-cinerascente (vel vitellino- cinerascente, vel 
inspersis granulis citrinis) minute granuloso (vel quasi lepro se d:ssoluto), medioeri 
(latit. vulgo fere pollicaris, aut major); apothecia sordide flavescentia vel flavo-füseés- 
centia plana (latit, circiter 1 millim.), margine thallino (demum non prominulo) citrino 
integro aut crenulato cincta; spore» 81 oblongo-ellipsoideæ simp. ices, longit. 9mm 041- 
Omm,017, crassit, 0mm ,0045- (mum,0065. Thallus est quasi vitelline suffusus, inde 
opacus. Nec thallus nec apothecia hydrate kalieo purpurascunt ; distat itaque L. medians 
absolute ab extus subsimili L. murorum, sed affinis est L. vitellina et precipue L. tfe- 
nate Nyl. (crenulata Whlnb.). 

(2) Accedit ad var. confragosam Ach., sed differt sporis majoribus, erassioribus. 


368 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Owm,010, crassit. 0"7,005-6; gelatina hymenea iodo cærulescens, deinde 
sæpe vix nisi thecæ sic tinctæ. — Frequens ad lapides murorum intra hor- 
tum (1). 

* Lecanora urbana Nyl. Thallus albus opacus granulato-squamulosus, gra- 
nulis depressis crenatis, mediocris (plagulas latit. 10 millimetrorum et latiores 
formans); apothecia pallido-subincoloria leviter albo-suffusa conferta mediocria 
(latit. 0"7,8-177,4), margine thallino subcrenulato cincta, sæpe subangulosa; 
spore Sne ellipsoideæ, longit. 0"?,011-14, crassit. 0™™,005-7, paraphyses 
crassiusculæ (crassit, 0™™,092 -3) articulatæ, apice incolore non clavatæ. Gela- 
tina hymenea iodo cærulescens, dein vix nisi thecae (sordide violaceo vel cæ- 
rulescenti) tincta. — Ad lapides murorum, presertim in via dicta rue de 
l'Ouest copiose (2). 

** Lecanora dissipata Nyl. Thallus praecipue hypothallo nigricante subleproso 
indeterminato constans; apothecia subincoloria vel livido-pallida leviter albo- 
suffusa minora (latit. 0"",5-0"%,9), sat conferta, margine thallino albo opaco 
subintegro vel obsolete crenulato cincta; sporæ 8# ellipsoideæ, longit. 0"?,008- 
Owm 012, crassit. 07",004-6, paraphyses haud bene discret: (crassit. fere 
077,002). — Cum priore obvia ibidemque aeque copiosa. 

19. Lecanora parisiensis Nyl. n. sp. (vel potius var. Z. subfuseæ). Thallus 
cinereus mediocris (centro sæpe usque crassitiei 1 millimetri), rugosus vel 
rugoso-granulatus vel subverrucosus, sat determinatus, hypothallo non visi- 
bili; apothecia nigra vel fusco-nigra vel rarius fusca, nuda (interdum leviter 
cæsio-pruinosa), mediocria (latit. 0°%,6-0"%,9), planiuscula, margine thal- 


(4) Lecanora dispersa (Pers. ex hbb. Schrad. et Ach.) descendere videtur a L. ga/ac- 
tina, cujus sistat statum effusum ecrustaceum. Apothecia L. disper sæ livido-pallescentia 
vel subcornea aut nigrescentia pruinosa (latit. 0MmM,5-9), margine albo crenulato vel obso- 
lete crenulato (stepe subintegro vel farina epithallina alba crenulato), trita obvenientia 
margine proprio subconcolore demum explanato; spore S»: ellipsoideæ simplices, 
longit. 07»,009-027,011, crassit. 0?7,005-6, paraphyses gracilentæ (sepius apice 
incrassatæ ibique granulationibus inspersæ). Passim in Europa obvenit septentrionem 
versus usque prope lacum Onegam (Th. Simming). Granulationes epithecii ammoniaco 
(hic ut alibi) dissolvuntur. Thallus hydrate kalico non tingitur. 

(2) A Lecanora galactina presertim differt thallo firmiore purius albo et paraphysibus 
duplo vel triplo crassioribus distincteque articulatis. — L. dissipata (comparanda cum 
L. dispersa) differt ab L. urbana hypothallo, apotheciis dispersis minoribus, paraphysibus 
vix articulatis et minus bene discretis (addito ammoniaco distinctiores et evidentius arti- 
culata conspiciuntur). Gelatina hymenea in omnibus tribus similiter iodo tingitur et 
gonidia in iis abundantia sub apotheciis. Comparanda est cum L. galactina nova species 
in regione Parisiensi vigens Lecanora teichotea, cui thallus albidus subradiato-rimosus, 
ambitu placodioideo-effiguratus ; apothecia fusco-rufa convexiuseula, margine- thallino 
crenulato cincta ; sporæ 8n* ellipsoideæ (longit. 0?m,008-0mm,014, crassit, Qm, 005-7), 
paraphyses capitulo lutescente ; spermogonia incoloria (extus solar puncto. obscuro 
indicata), spermatiis arcuatis, longit. circiter 0,020, crassit. 0m,001. Pertinet vero 
hiec ad aliam stirpem Lecanorarum : ; thallus hypochlorite calcico reactionem «cuna 
dilutam ostendit. Affines L. teichoteæ sunt L. pruinifera Nyl. (L. pruinosa Chaub. 

St. Am. Fl. ag., p. 497, nomen non retinendum ob iden alii datum) et L. ARE 
Schær., quarum thalli similem reactionem erythrínicam offerunt. 


SÉANCE DU 13 JUILLET 1866. 369 


lino rugoso vel subcrenato cincta, strato subjacente gonidicolæte viridi; sporæ 
8% ellipsoideæ, longit. 0"",010-18, crassit. 0™™, 006-8, paraphyses (crassit. 
Omm,0020-0"%,025), distincte articulatæ, apice leviter incrassatæ et sat late 
fuscescentes. Gelatina hymenea iodo cærulescens (deinde thecae vulgo solæ sic 
vel nonnihil violaceo tinctæ).— Ad corticem praesertim Æsculorum ; in A//ee 
de l'Observatoire copiosissime, frequens in /a pépinière ad Paulownias. Raro 
supra lapides calcareos murorum (1). 

20. Lecanora scrupulosa Ach., Nyl. Lich. Scandin. p. 162. "Thallus al- 
bidus sat tenuis determinatus inæqualis ; apothecia pallido-fuscescentia leviter 
albido-suffusa (inde fere thallo concoloria), plana (latit. 0"",5-0%%,7), subja- 
cente strato gonidico læte viridi; sporæ 8% ellipsoidez, longit. 0"",008- 
(25,014, crassit. 0»2,006-8, paraphyses crassiusculæ (crassit. Omm,002- 
077,003) articulate, apice incolore haud clavatæ, epithecium opacum vel 
fuscescens e strato granulationum congestarum (quae ammoniaco dissolvuntur). 
— Ad corticem arborum in A//ée de l'Observatoire, minus frequens. 

21. Lecanora umbrina (Ehrh.), Ach., Nyl. 7. c. (f. cyanescens Ach. ). Thal- 
lus sordidus (vel hypothallinus olivaceo-fuscescens expansus); apothecia fusca 
parvula (latit. circiter 0™™,3), saepius caesio-suffusa, margine thallino albo vel 
albido subcrenulato cincta; sporæ 8"* ellipsoideæ, longit. 0»,009-07,012, 
crassit. 0™™ 005-6, paraphyses crassiusculæ articulate apice clava fuscescente 
crassula. Gelatina hymenea iodo cærulescens (deinde sapius nonnihil vinose 
fulvescens vel violaceo tincta). — Ad cortices arborum variarum et præsertim 
ad ligna vetusta sæpium frequens; etiam ad lapides murorum (2). 

22. Lecanora erysibe (Ach.), Nyl. Lich. Scandin. p. 217. — Supra lapides 
murorum rarius. 

23. Lecanora depressa (Ach.) var. calcarea (L.) Nyl. l. e. p. 154. Sporæ 
3-6"* ellipsoideæ, longit. 0,020 -32, crassit. 0"®,015-21, paraphyses ar- 
ticulate. Gelatina hymenea iodo vinose fulvescens, praecedente. cærulescentia 
levi. — Supra lapides murorum passim frequens. 


(1) Paraphyses crassiuseule articulate mox nostram L. parisiensem distinguunt a 
varietatibus comparandis L. subfuscæ ; in maxime accedente var, allophana Ach. sporæ 
majores, paraphyses gracilescentes. — L. scrupulosa Ach. affinior thallum habet albi- 
dum tenuiorem, apothecia fere thallo concoloria minoraque, gelatinam hymeneam iodo 
vinose rubentem, etc. In ea, similiter ut in L. parisiensi, thallus solutione hydratis kalici 
flavovirescit. Etiam L. parisiensis ad Robinias in Bois de Boulogne. 

(2) Lecanora Flotowiana Anz. Manip. 53 est L. umbrina saxicola (pro nomine Lecidea 
umbrina optime recipiendum sit nomen Lecidea pelidna Ach., Lecideam eandem respi- 
ciens). Lecanora Sommerfeltiana Krb. Lich. sel. 99 est L. crenulata Dicks., quæ non 
confundatur cum £L. dispersa Pers. : L crenulata datur in Nyl. Lich. Paris. 193 et in 
Hepp. Flecht. Eur. 63 ; sed L. Sommerfelliana Hepp. l. c. 61 pertinet ad L. d/spersam 
Pers., quæ parum differt (paraphysibus gracilioribus) vel vix a L. umbrina, cujus varietas 
eliam esse possit L. crenulala. In his omnibus thallus hydrate kalieo nullam reactionem 
ostendit; auxilioque hocce chemico differenti: specierum cerlissime in plurimis gene- 
ribus Lichenum gonidicorum observantur, prout reactio thallina (quæ variis manifestatur 
coloribus) aut nulla talis eodem efficitur. 


370 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


2h. Lecidea parasema var. enteroleuca Ach., Nyl. l. c. p. 217. — Ad 
corticem JEsculorum in Allée de l'Observatoire sat frequens, minus frequens 
ad Paulownias in la pépinière; etiam frequentior (f. synofhea Ach.) supra 
lapides murorum ; rarius ad ligna vetusta sæpium. 

25. Lecidea albo-atra var. athroa (Ach.), Nyl. 7. e. p. 235. — Sat frequen- 
ter ad corticem Æsculorum in Allée de l Observatoire. 

26. Arthonia tenellula Nyl. in Flora 186h, p. 488. Vix nisi varietas 
patellulatæ Nyl. Scand. p. 262, thallo cinereo-virescente tenui, apothéciis 
sat confertis. Sporæ iucolores oblongo-ovoideæ 1-septatæ, longit. 0»7,011- 
16, crassit. 0" 005-6. — Ad Æsculos ibidem parce obvia. Etiam ad ramos 
Populi in Bois de Boulogne cum Lecidea accline Flot. et Lecanora ceri- 
nella Nyl. (1). 

27. Verrucaria sorediata Borr. (V. Garovaglii var. incrustans Nyl. Prodr. 
Gall. Alger. p. 179, Pyrenoc. p. 20). — Saltem supra muros vetustos mus- 
cosos legi in viciniis horti Zuzembourg, ad viam dictam rue de l’ Ouest. 

28. Verrucaria virens Nyl. Pyrenoc. p. 25; Lich. Scandin. p. 270, var. 
obfuscans. Thallus fuscus vel olivaceo- fuscescens verrucoso-arcolatus sat crassus 
(crassitiei vulgo 0®™™,3-0™™,7) subeffusus, intus laete viridis; apothecia (extus 
parum ostiolo nigricanté vel parum visibili indicata) immersa, perithecio in- 
colore (latit. 0»»,2-077,3) aut demum interdum infra fuscescente (vel interdum 
solum superne lateribus fuscescente); spore 8% incolores ellipsoideæ vel 
oblongo-ellipsoideæ, longit. 0^*,015-21, crassit. 0"»,006-9. — Supra murum 
horti partem dictam la pépinière versus les quinconces cingentem haud rara, 
statu humido olivaceo-virescens (2). 

29. Verrucaria nigrescens Pers., Nyl. Lich. Scandin. p. 271: Spor& 
longit. 0?7,020-25, crassit. 0?7,010-13. — Supra lapides murorum fre- 
quens. 

30. Verrucaria fuscella Turn., Ach., Nyl. 7. e. p. 271. Spore longit. 
077,014-15, crassit. 0"",006-7. — Cum priore, sed parcius. 

91. Verrucaria rupestris Schrad., Ach, Nyl. Pyrenoc. p. 30, Lich. 
Scandin, y. 275 (Lichen immersus Hffm., Pers., ex specim. Wetteraviano ; 
V. galactina Mass. , Anz.). Thallus macula albida indicatüs ; perithecium im- 
mersum ostiolo planiusculo nigro, sed quoad totam partem immersam incolor 
(pallidum); sporæ longit. 0"®,020-27, crassit, 0?7,011-16. — Supra lapides 
murorum passim. 


Neque demum hic omnino prætervidendum sit Capnodium vel stroma to- 


(1) Lecanora cerinella est quasi L, cerina minor (apotheciis latit. 9m, 25 vel etiam 
minoribus) thecis 12-16-sporis (sporis longit. Omm 009-Omm,01 2, indistincte biloculares 
septo tenui, sed addito hydrate kalico sporæ formam placodinam mox sumunt i, e. locu- 
lum sublenticulare offerunt in utroque apice et tubulum axeos tenuem loculos conjun- 
gentem). Vix sit nisi varietas L. cerinæ. 

(2) Lichene post pluviam dessiccato, mox supra quodvis ostiolum conspicere licet glo- 
merulum protrusum roseum, e sporis compositum ex apothecio ejectis et conglulinatis. 


SÉANCE DU 13 JUILLET 1866. 371 
rulaceum, facie thalli lichenacei nigri opaci et spatiis vastissimis, quod occupat, 
maxime eminens, In horto Zuzembourg (at frequentius in aliis hortis parisien- 
sibus) id plurimos arbores (exceptis foliis) pro parte magna obducit, presertim 
in latere supero ramorum ramulorumque, sed etiam ad truncos descendit; 
crustam præbet tenuem inæqualem, tandem areolato-diffractam (ex. gr. in ra- 
mulis Æsculorum), ita ut haud male extus fingat thallum lichenis cujusdum 
crustacei, texturam vero sistit mycelii Fumaginis et modo sterile observatur, 
nec umquam in foliis ibi (quantum vidi) obvenit; Fumago circumvagans dici 
possit, si nomine egeat novo, et saltem sicut varietas vel forma distinguenda 
habeatur a F. vagante vulgari. Nostra F. circumvagans precipue in partibus 
horti Luxembourg viget, ubi coelum minus patens minusque ventis apertum ; 
ambulacrum contra dictum A//ée de l'Observatoire liberius perflatum liche- 
nibusque ditius, parasita corticicola minus infestatur, arboribus etenim hic fun- 
gillus sine dubio haud parum est noxius, licet quidem in primis eum in ramis 
marcentibus crassiorem vel quasi luxuriantem conspicimus, quod non obstat 
quin adsint in horto eodem etiam aliæ causae malum idem vel mortem arbo- 
rum sensim afferentes. 


M. Cosson déclare partager l'opinion de M. Nylander, quant à la 
décroissance du nombre des Lichens, en raison méme de la cor- 
ruption de l'air, ambiant; il pense toutefois que la production du 
noir de fumée et des émanations ammoniacales achéve de rendre 
l'air des villes impropre à leur végétation. 

À l'appui de l'influence pernicieuse du noir de fumée, M. de 
Schœnefeld dit qu'on a constaté, en effet, qu'un grand nombre 
des arbres du Muséum souffraient du noir de fumée apporté par le 
vent des usines avoisinantes. 

M. B. Verlot confirme l'assertion de M. de Scheenefeld. 

M. Nylander fait remarquer qu'il ne faut pas confondre les effets 
produits par le noir de fumée avec certains enduits noirátres, en- 
liérement constitués par des Champignons appartenant aux genres 
Capnodium Mont. et Fumago Persoon. 

M. Rivière émet l'opinion que ces Champignors, constituant ce 
que les horticulteurs appellent fumagine, ou morfée, ou maladie 
du noir, ne prennent naissance que dans les résidus des excrétions 
de certains insectes parasites. 

Sur la demande de M. le Président, M. Riviére promet d'appor- 
ter prochainement des preuves nombreuses à l'appui de son opi- 
nion. 

M. Bescherelle dit que si M. Nylander a noté la présence, dans le 


372 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


jardin du Luxembourg, de plusieurs espèces de Lichens qui lui 
seraient en quelque sorte parliculiéres, il y a lui-méme trouvé une 
Mousse, le Barbula papillosa Wils., en touffes assez abondantes 
sur les troncs des tilleuls dans les grandes allées; il ajoute que 
celte espéce critique, toujours stérile et bulbillifére, ne parait du 
reste avoir été encore observée que dans les promenades publiques, 
et qu'il l'a retrouvée sur les tilleuls du jardin des Tuileries, dans 
les mêmes conditions, et toujours sur le côté des troncs exposé à 
l'ouest. 


M. Duvillers présente à la Société un cas tératologique qu'il a 
rencontré sur un Lis de son jardin. 

M. Germain de Saint-Pierre fait remarquer qu'il s'agit d'un cas 
de fasciation et de multiplication des parties florales en nombre 
indéfini, avec leur disposition en spirale. 

Cet intéressant échantillon, offert à la Société par M. Duvillers, 
sera, conformément au désir de M. le Président, conservé dans 
l'aleool et placé dans les collections de la Société. 


M. Roze appelle l'attention de la Société sur de trés-récentes 
germinations de Selaginella Martensii Spr. qu'il lui présente. Il 
déclare que ces germinations, ágées d'un mois, sont le résultat 
tout à fait inattendu d’un semis d'androspores et de gynospores 
de ce Selaginella fait trois mois auparavant; il comptait en effet, 
d'après les expériences de M. Hofmeister, que l’évolution du germe, 
jusqu'à l'apparition des deux folioles pseudo-cotylédonaires, néces- 
sitail un laps de temps d'environ cinq à six mois. M. Roze annonce 
que dans le but de profiter des avantages de ce premier résultat, 
il a fait de nouveaux semis, dans les mêmes conditions, et qu'il se 
réserve d'entretenir ultérieurement la Société des recherches qu'il 


se propose de faire sur l'évolution sexuelle et germinative des 
Sélaginelles. 


M. Roze, vice-secrétaire, donne ensuite lecture de la commu- 
nication suivante, adressée à la Société par M. l'abbé Miégeville : 


SÉANCE DU 13 JUILLET 4860. 379 


ESSAI DE DÉTERMINATION D'UNE DIOSCORINÉE RÉCEMMENT DÉCOUVERTE DANS LES 
PYRÉNÉES, par ME l'abbé MRÉGEVILLE. 


Notre-Dame de Garaison (Hautes-Pyrénées), 29 mai 4866 (1). 


La Société botanique de France, dans sa séance du 11 novembre 1864, 
aprés avoir recu. communication de la lettre de M. James Lloyd à M. de 
Schænefeld, et des observations de ce dernier, relativement au ColeantÁus 
subtilis Seidel, surpris au bord d'un étang de la Bretagne, asignalé une décou- 
verte encore plus surprenante, due aux investigations de M. le docteur Bubani. 
Il s'agit d'une plante pyrénéenne rapportée par ce botaniste au genre Dioscorea. 
(Voyez Bull., t. XI, séances, p. 26^.) 

Vers le commencement de l’année courante, j'ai eu l'honneur d'écrire à 
M. le docteur Bubani pour l'interroger sur le fait, l'époque et le lieu de sa 
singulière découverte. Il a eu l'obligeance de me répondre de Bagnacavallo en 
date du 26 janvier 1866 : «Le botaniste qui a avancé que j'ai trouvé une 
» Dioscorée dans les Pyrénées orientales septentrionales s'est trompé. J'ai 
» découvert (2) une espèce de ce genre dans les Pyrénées méridionales. — 7//e 
» qui scripsit reperisse me Dioscoream in Pyreneis orientalibus septentrio- 
» nalibus, a veritate recessit. Hujus generis speciem ego detexi in Pyrencœis 
» meridionalibus. » — Dans le cours de ses explorations scientifiques en 
France, M. Bubani a soumis sa plante au contrôle de plusieurs de nos bota- 
nistes, et en particulier de M. Dunal, son intime ami. Il en désignera nette- 
ment le pays natal dans sa flore des Pyrénées. Les floristes liront avec intérét 
les observations ingénieuses dont il se propose d'accompagner sa diagnose. En 
attendant, la Société botanique sera, je pense, bien aise de savoir que quel- 
ques échantillons de cette espèce m'étaient tombés sous la main, en septem- 
bre 1857, au sommet de la vallée de Pinède, entre le Mont-Perdu et la Meunia 
de Trémouse, sur les rochers du Gabiédou, qvi dominentun beau vallon nommé 
Tourmacal par les pâtres aragonais. M. Bordère, plus heureux que moi, l'a 
récoltée en superbes exemplaires, au mois d'août 1865, dans la vallée d'Otal, 
non loin du port de Boucharo. 

Il y a, dans cet ensemble de faits, tous les éléments désirables pour une 
étude phytographique de notre plante, Aprés en avoir esquissé la description, 
je mettrai en relief les types génériques des végétaux de la famille des Diosco- 
rinées, avec lesquels elle a le plus d'affinité. Rien de plus propre que ces rap- 
prochements à faire jaillir la lumière et éclater la vérité dans les problèmes de 
la science. 

Voici la diagnose de notre nouveau genre et la description de l'espèce : 


(1) MM. le docteur Bubani et Bordère (de Gédre), auxquels a été communiqué en 


partie le travail ci-joint, ne s'opposent nullement à ce qu'il soit publié dans le Bulletin 
de la Société. (Note de l'auteur.) 


(2) Le 15 juillet 1845. 


37h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


BORDEREA. 


Inflorescentia axillaris et terminalis; stamina teretia, basi loborum peri- 
gonii inserta; styli evidenter distincti; fructus capsularis, dehiscens, subsphae- 
ricus; semina haud alata. Folia alterna; ramuli erecti, liberi; stirps tube - 
roso Jignosa. 


BORDEREA PYRENAICA (Dioscorea pyrenaica Bubani). — Mas : flores in 
racemos solitarios, geminos aut ternos, elongatos et compactos ordinati, bre“ 
viter pedicellati, bracteolati ; staminum filamenta capillaria; antheræ triangu- 
lares, subglobulose ; folia breviter petiolata. — Femina : flores paucissimi 
(1-3 in quolibet racemo), longe pedicellati, laxi; pericarpium magnum, 
limbo perigonali perstante coronatum, 3-alatum ; alis (id est valvulis) utrinque 
nervatis; nervis primariis transversis, approximatis, parallelis, secundariis 
interpositis et anastomosantibus; loculis 2-spermis ; seminibus fere renifor- 
mibus , amplis, compressis, levibus; folia sat longe petiolata. — Zn utroque 
sexu: perigonium minimum usque ad basin in sex lobos lineares, obtusos, 
herbaceos, margine membranaceo circumcinctos dissectum ; folia parva, ovata, 
basi cordata, acutiuscula, eleganter 5-7-nervata; caulis herbaceus, fistu- 
losus, striato-angulosus, apice ramosus, transfigens globulum foliis primordia- 
libus fasciculatis ante anthesin marcescentibus reconditum, et ortum e tuber- 
culo enormi pra statura plantæ, et fibris longissimis, ad extremum capillatis 
onusto; ramuli pseudumbellae instar ex apice cauliculi prodeuntes. Planta 
5- 10 centimetris longa, rigida, adscendens. 

Crescit in vallibus pyrenaicis hispanicis Pinède et Otal, in quibusdam 
cacuminibus quoque gallicis juxta cl. Bordère, et alibi, julio, augusto et sep- 
tembri. 


Nous ajoutons ici les caractères qui distinguent plusieurs genres, la plu- 
part exotiques, appartenant à Ja famille des Dioscorinées (1) : 


Dioscorea Plum., L., Juss. — Flores parvi, in racemos axillares dispo- 
siti ; perigonium campanulatum, corolloideum; stamina subulata, perigonii 
basi inserta ; styli tres, simplices; pericarpium adpressum, triangulare, trilo- 
culare ; loculis 2-spermis ; seminibus compressis, margine amplo membranaceo 
circumamictis; folia opposita, satis magna, cordata, acuminata, nervata 
nervis prominentibus ; caulis scandens; stirps tuberculoso-fæculenta. 

Oneus L., Juss. — Perigonium villosum, fere campanulatum ; tabo hexa- 
gono, oblongo, duabus squamulis externis stipato ; lobis acutis, forinsecus re- 
plicatis; stamina brevia, e basi loborum perigonalium nascentia; ovarium stylo 


(4) Dioscoreæ R. Brown; Dioscoreaceæ Endl. ; Dioscorineæ Kunth, 


SÉANCE DU 13 JUILLET 1866. ` 379 
brevi 3-fido instructum ; stigmatibus tribus, bifurcis ; bacca hexagona, oblonga, 
3-locularis ; unoquoque loculo 2-spermo; seminibus orbiculatis ; stirps 
tuberculosa. ; 

Ubium Rumph., Juss. — Perigonium omnino dissectum, basi externa 
duabus squamis munitum ; in floribus masculis ovarium nullum, et sex stamina 
brevia; antheris duos lobos rotundatos exhibentibus ; in femineis sex filamenta 
antheris flaccidis superata et ovarium tribus stylis terminatum; stigmatibus 
tribus; pericarpium 3-alatum, 3-loculare ; unoquoque loculo 2-spermo. 

Tamus Tourn., L., Juss., Lam., etc. — Perigonium campanulatum, aper- 
tum, in floribus femineis supra contractum ; stamina filamentis capillaribus, 
antheris subsphericis; styli basi inter se connati, stigmatibus 2-lobatis ; bacca 
indehiscens, multilocularis; loculis duo aut tria semina subglobulosa obvol- 
ventibus ; stirps tuberosa. : 

Rajania L., Juss, Lam. — Flores in spicas axillares dispositi; perigo- 
nium campanulatum, apertum, in floribus femineis superne angustatum ; styli 
tres, tribus stigmatibus ; pericarpium compressum, ala membranacea auctum, 
monospermum (duobus seminibus et duobus loculis abortivis). 


Il me sera bien permis, dans l'intérêt de ma thèse, d'appeler l'attention des 
botanistes sur la circonscription géologique de ces plantes, les conditions clima- 
tériques de leur évolution, leurs mœurs, leurs propriétés, leur usage. Rares 
dans les contrées tempérées situées en decà du tropique du Capricorne, les 
Dioscorinées abondent dans les régions tropicales et intertropicales de l'hémi- 
sphère austral. Les Æajania habitent l'Amérique équinoxiale et tropicale. Les 
Indes et la Cochinchine produisent les U bium et les Oncus. Les Tamus crois- 
sent dans l'Europe méridionale et l'Asie tempérée. On connait environ cin- 
quante espèces de Dioscorea, disséminées dans la zone torride de tout le globe. 
La plupart sont originaires de l'Amérique et de l'Indoustan. Quelques-unes 
habitent le Japon , la Cochinchine et l'Amérique du Nord, On en trouve au 
Cap de Bonne-Espérance, sur la cóte occidentale de l'Afrique moyenne, et au 
sud de la Nouvelle-Hollande. Connues sous le nom d’ignames ou d'yams, 
leurs racines tuberculeuses, remplies d'une matière très-féculente, remplacent 
le blé des Européens et le riz des Orientaux pour les habitants de la zone tro- 
picale. Trés-charnue, d'une énorme grosseur et d'un goût excellent, la racine 
du D. alata a au moins un pied de longueur. Cultivée dans nos serres en des 
conditions peu favorables à son développement, cette plante y dépérit. Elle a 
besoin du grand air pour prospérer. La culture s'en ferait probablement 
avec un plein succès sur plusieurs points de notre territoire africain. Nul 
doute que les Indieus ne se nourrissent des Ignames bulbifères et comestibles. 
Les tubercules du D. triphylla contiennent des éléments toxiques, qu'on 
neutralise par l'ébullition et la torréfaction. Résistant indéfiniment à toute 
influence externe, ils peuvent tenir lieu de biscuit pour l'approvisionnement 


370 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
des navires. Les Cochinchinois emploient avec succès les racines du D. opposi- 
tifolia contre les ravages de la phthisie pulmonaire. 

Qu'on daigne me pardonner ces longues pérégrinations à travers l’Ancien et 
le Nouveau-Monde ; je reviens aux Pyrénées, et remonte à la cime méridio- 
nale du Gabiédou, l'un des gites de notre Dioscorinée. Ce pic, l'émule du 
Pimené, dont il est séparé par le vallon d'Estaubé, mesure environ 2877 mé- 
tres d'altitude. C'est la hauteur du pic du Midi de Bigorre, égal au Pimené, 
d’après les calculs du célèbre Ramond, leur infatigable et persévérant explo- 
rateur. Aussi notre flore pyrénéenne est-elle représentée par les mémes indi - 
vidus sur ces trois cimes. Du flanc de leurs rochers granitiques et du sein de 
leurs massifs de verdure, s’échappent Ocyria digyna, Erigeron uniflorus, 
Silene acaulis, Saxifraga oppositifolia, Arenaria ciliata, Draba nivalis, 
Poa cenisia, etc. La partie septentrionale du cylindre du Gabiédou, dont la 
base demeure ensevelie sous la neige, porte le Ranunculus glacialis dans les 
fissures de ses rochers. Du côté austro-espagnol et à la même altitude, végète 
notre Borderea pyrenaica, pêle-mêle avec le Suxifraga aizoidoides. Le 
Bulletin de la Société a publié un remarquable travail de M. Charles Martins, 
intitulé : La végétation du Spitzb:rg et de la Laponie, comparée a celle 
des Alpes et des Pyrénées (1). Notre savant confrère, en établissant comme 
un fait incontestable la grande analogie de la végétation polaire avec celle de 
notre pic du Midi, démontre l'étroite affinité de la flore glaciale arctique et de 
la flore alpine de nos Pyrénées. Au Gabiédou, par 43 degrés de latitude, au- 
dessus de 2860 mètres, et au Spitzberg sous le 78° degré de latitude, sur le 
bord de la mer, se retrouvent les espèces désignées. Recueilli par M. Martins 
dans les îles de l'Archipel glacial arctique, Empetrum nigrum vit au 
Gabiédou, en compagnie de notre Borderea pyrenaica. Cette intéressante 
Dioscorinée croit-elle en Laponie, au Spitzberg, au Groénland, ou dans quel- 
que autre point dela zone boréale? Personne n'oserait l'affirmer. Mais, en par- 
tant des données de M. Martins, on peut dire sans la moindre témérité, si je 
ne m'abuse, qu'elle se développerait à son aise sous le climat et sur les forma- 
tions telluriques des régions polaires. Quelle énorme différence entre les 
conditions topographiques de la plante pyrénéenne et celle des Dioscorea, qui 
semblent courir à l'envi vers les contrées chaudes de l'hémisphére austral ! Je 
laisse aux savants le soin de calculer la portée de ce contraste. 

Abordons le fond de la question, et tâchons d'assigner à notre plante son 
véritable rang dans la nomenclature. En confrontant sa diagnose avec chacune 
des diagnoses de notre tableau synoptique, on ne tardera pas à s'apercevoir 
qu'il n'est pas facile de l'introduire à titre d'espèce dans quelqu'un des genres 
mentionnés de la tribu des Dioscorinées. Impossible de la rapporter à l'un des 
genres Oncus, Übium et Rajania. Il s'agit d'examiner si la science devra la 


(4) Séance du 24 mars 1865, pp. 144 et suiv. 


SÉANCE DU 13 JUILLET 1866. 377 
maintenir dans le genre Dioscorea, où elle a été placée par M. Bubani et 
admise par plusieurs de nos confrères. Les botanistes seront heureux d'ap- 
prendre qu'elle a d'abord recu au centre de nos montagnes, à cause de son 
habitat, le nom de Dioscorea pyrenaica. J'aime à me persuader qu'ils liront 
avec quelque intérét la communication des essais analytiques qui ont conduit à 
cette détermination. Ne m'étant pas aperçu en 1857 de la dioicité de cette 
plante, je n'avais emporté du sommet du Gabiédou qu'un nombre fort restreint 
d'échantillons mâles. Avec de tels éléments, tous mes efforts pour la définir 
devaient demeurer sans résultat. Le 6 août 1865, M. Bordère me fit la gracieu- 
seté d'étaler à mes yeux la prodigieuse quantité d'exemplaires complets qu'il 
possède de cette espèce. Nous réunimes nos lumières et nos labeurs pour en 
faire l'analyse. Cette première tentative n'ayant pas abouti, nous arrétàmes de 
l'envoyer à quelqu'un de nos maîtres, pensant qu'il ne manquerait pas de 
nous communiquer le résultat de son travail. Notre plante a pris l'essor vers 
le nord de la France. En méme temps se poursuivaient à Héas avec une cer- 
taine confiance nos opérations analytiques. Le lundi 7 août, nous restàmes 
convaincus que nous possédions une Dioscorinée nouvelle pour la flore euro- 
péenne. Il fallait songer à lui trouver une dénomination caractéristique. Le nom 
de Tamus pyrenaica se présentale premier à notre esprit. Nous comprimes à 
l'instant qu'une plante à fruit capsulaire ne pouvait être rangée parmi des espèces 
distinctes, par leur fruit bacciforme, de la plupart des autres Dioscorinées. Dans 
un de ces moments de brusque hilarité, ordinaires aux phytographes en pareille 
circonstance, il fut décidé qu'elle s'appellerait Dioscorea pyrenaica. Peu de 
jours aprés, une lettre adressée à M. Bordére par une de nos sommités antho- 
logiques nous apprit que notre plante gisait depuis longtemps sous cette déno- 
mination dans l'herbier de M. le docteur Bubani. La causerie consignée dans 
le Bulletin de la Société, relativement à cette découverte, était du domaine 
public. On l'ignorait entièrement à Héas et à Gédre. Le numéro où elle se 
trouve insérée ne nous a été expédié de Paris que trois mois plus tard. 

Des observations postérieures, fruit d'une étude comparative, ont fait naitre 
quelque doute en mon esprit au sujet de l'exactitude de cette détermination : 
je viens les soumettre à l'appréciation de la Société botanique. 

1° Les espèces du genre Dioscorea ont le périgone corolloide et campanulé, 
les étamines en alène, insérées à la base de ce périgone, les capsules compri- 
mées, triangulaires, et à trois loges dont chacune porte deux graines aplaties, 
ailées. Dans le Zorderea pyrenaica, l'appareil périgonial est découpé jusqu'à 
la base en six lobes herbacés, entourés d'un rebord légèrement membraneux. 
A la base de ces lobes naissent les étamines à filets capillaires. Le péricarpe, 
presque globuleux, consiste en trois valves formant de véritables ailes semi- 
circulaires, parfaitement identiques, soudées à un axe central et vertical, sé- 
parées par trois angles égaux et se déhiscant horizontalement. 

2° Les Dioscorea exotiques sont des plantes vivaces, dont les tiges grim- 


T. XH (séances) 25 


378 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


pantes, pourvues d'appendices cirreux, s'enroulent dans les arbres comme 
les lianes d'Amérique et les Clématites d'Europe. La Dioscorinée des Pyrénées 
est un végétal nain, roide, presque droit, et indépendant, 

3° Dispersés en épis axillaires dans les autres Dioscorinées, les fleurs de la 
nótre forment des grappes mixtes, axillaires et terminales. 

h? Grandes et acuminées, les feuilles des différentes espèces du genre 
Dioscorea sont opposées. Petites et presque obtuses, elles alternent dans notre 
Borderea pyrenaica, 

5° Plus d’un botaniste répugnera à admettre la croissance d’un Igname au 
sommet de nos montagnes, à côté de nos glaciers éternels. 

6° Aucun floriste ne l'ignore, il existe aux Pyrénées une plante que Linné 
dota du nom de Verbascum Myconi. La science s'aperçut bientôt que cette 
plante ne pouvait rester dans le genre oü venait de la placer l'illustre Suédois. 
Lapeyrouse, persuadé qu'elle devait porter le nom de son premier descripteur, 
proposa celui de Myconia borraginea, qui fut rejeté. Il la désigna plus tard 
sous le nom de Chaixia Myconii « pour consacrer, dit-il (1), la mémoire d'un 
» ecclésiastique aussi sayant que vertueux (2), qui a honoré la botanique par 
» ses travaux et ses écrits, qui fut l'émule de Villars et son ami le plus cher. » 
Les botanistes se prononcèrent contre Lapeyrouse, en faveur du genre Ra- 
mondia créé par Mirbel, lequel prévalut sur tous les autres par son ancien- 
neté. On voit qu'il s'agit du Æumondia pyrenaica, qui, pendant l'été, décore 
de ses belles touffes les pointes de nos rochers élevés, Si je ne me fais illusion, 
la plante de M. le docteur Bubani s'éloigne pour le moins autant du genre 
Dioscorea que le Ramondia pyrenaica du genre Verbascum., 

Il me parait résulter de l'ensemble de ces apercus que notre Dioscorinée ne 
se rattache à aucun des genres définis de la famille. Il faut de toute nécessité 
lui créer une diagnose propre pour lui donner une existence taxonomique, Si 
l'on tenait à faire dériver sa dénomination d'un de ses orgaues principaux et 
du lieu de sa naissance, il me semble qu'on pourrait l'appeler. Zubercularia 
pyrenaica. Mais une diagnose générique, tirée d'un organe commun à la plu- 
part des espèces de. la famille, ne distinguerait pas suffisamment des autres 
notre Dioscorinée. Inventé par Link pour la tribu des Champignons Gymuo- 
mycètes, legenre 7'uberculariaappartient d'ailleurs à Ja nomenclature cryptoga- 
mique. L'ordre et l'équité exigeraient sans doute qu'en mémoire de son inven- 
teur, notre plante fût publiée sous le nom de Zu£ania pyrenaica, Les mêmes 
difficultés qui s'opposent al'admission du genre T'ubercularia, militent contre 
le genre Zubania, introduit déjà dans la famille des Plombaginées. Tout en 
proclamant le droit de priorité de M. le docteur Bubani, je suis obligé d'adopter 
un autre nom générique. Nul doute que nos savants n'applaudissent à là 
création du genre Borderea. N'est-il pas, en effet, naturel que le nom de 


‘1) Supplément à l'Histoire des plantes des Pyrénées, p, 38. 
(2) L'abbé Chaix, 


SÉANCE DU 27 JUILLET 1866, 379 
M. Bordère figure en rang utile dans les registres de la phytographie? La 
botanique ne doit-elle pas à cet habile investigateur de précieuses découvertes? 
M. Bordère n'a-t-il pas rendu à la flore pyrénéenne les services rendus par 
M. Eugène Bourgeau à la flore universelle? Or il n'est pas de floriste qui 
n'apprécie le dévouement et l'intelligence du naturaliste voyageur de l'Asso- 
ciation botanique francaise d'exploration. M. le docteur Ernest Cosson n'a 
pas manqué de lui dédier un genre de Cinarocéphales (Zourgæa), dont 
M. Bourgeau lui avait signalé les caracteres distinctifs. Pourquoi ne pourrait-on 
pas décerner à un enfant des Pyrénées un hommage décerné à un enfant des 
Alpes? La Société botanique de France voudra donc bien me permettre d'ap- 
peler notre Dioscorinée Borderea pyrenaica (1). 


SÉANCE DU 27 JUILLET 1866. 


PRÉSIDENCE DE M. LE COMTE JAUBERT. 


M. Roze, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la 
séance du 13 juillet, dont la rédaction est adoptée. 
Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le 
résident proclame l'admission de : 
M. FRÉMINEAU, docteur en médecine , rue Turenne, 37, à Paris, 
présenté par MM. Eug. Fournier et Chatin. 


Dons faits à la Société: 
1* Par M. Ad. Brongniart : 
Annales des sciences naturelles, 5° série, t. V, n° 1. 
2^ De la part de M. Hasskarl : 
Ueber die Commelinaceen. — 


2" De la part de M. le comte G. de Saporta : 
Notice sur les plantes fossiles des calcaires concrétionnés de Broguon 
(Côte-d'Or). 
^* De la part de M. D. Clos : 


La feuille florale et l'anthére. 
De l'influence des plantes sur la civilisation. 


(1) Les botanistes qui tiendront à se procurer des échantillons de Borderea pyrenaica, 
sont priés de s'adresser à M. Bordére (de Gédre), qui sera toujours en mesure de les 
satisfaire. 


380 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
5° De la part de M. Franchet : 


Essai sur la distribution géographique des plantes phanérogames dans 
le département de Loir-et-Cher. 


6^ De la part de M. Cohn: 
Bericht ueber die Thotigkeit der botanischen Section der Schlesischen 
Gesellschaft im Jahre 1865. 
7° De la part de la Société d'horticulture et de botanique de 
l'Hérault : 
Programme de l'exposition qui doit avoir lieu à Montpellier en sep- 
tembre 1866. 
8° De la part de la Société d'horticulture de la Gironde : 
Nouvelles annales de cette Société, premiere année (1866), n? 1. 
9 De la part de la Société historique et scientifique de Saint- 
Jean-d'Angély : 
Bulletin des travaux de cette. Société, troisième année (1865). 


10^ En échange du Bulletin de la Société : 


Wochenschrift fuer Gertnerei und Pflanzenkunde, 1866, deux nu- 
méros. 

The Gardeners’ Chronicle, 1866, deux numéros. 

Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture , juin 1866. 

Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation, juin 1866. 

L'Institut, juillet 1866, deux numéros. 


Lecture est donnée de la communication suivante adressée à la 
Société : 


NOTE SUR LE DIOSCOREA PYRENAICA Bub. et Bord., par M. Ch. GRENIER. 
(Besançon, 21 juillet 1866.) 


Je commencerai par rappeler que le 5° numéro des comptes rendus des 
séances de la Société pour 1864 n'a été distribué qu'en juillet 1865, et que 
dans ce numéro, à l'occasion de la découverte du Co/eanthus subtilis Seid. 
trouvé au bord d'un étang, dans le département de la Loire-Inférieure, M. le 
comte Jaubert nous a donné connaissance d'un fait non moins intéressant, en 
nous apprenant que M. Bubani avait rencontré, dans les Pyrénées, un Dios- 
corea offert par lui à M. Timbal-Lagrave, sous le nom de D. pyrenaica. 
M. Duchartre ajoutait que M. Bubani lui avait depuis longtemps parlé, en 
termes vagues, de la découverte d'un Dioscorea croissant dans la partie des 
Pyrénées espagnoles voisine de Prats-de-Mollo. 


SÉANCE DU 27 JUILLET 1866. 381 


En présence de ces piquantes assertions, les membres de la Société témoi- 
gnèrent le vif désir de voir M. Bubani compléter, par des documents précis, 
sa découverte, qui était en effet trés-surprenante, puisque aucune espèce de 
Dioscorea n'avait jamais été signalée en Europe. 

Il était impossible d'adresser à M. Bubani une plus pressante et plus gra- 
cieuse sommation, et j'avoue que j'étais convaincu qu'il répondrait sans tarder 
à cette pacifique provocation. Il y a un an de cela, et nous attendons toujours. 

La réserve obstinée de M. Bubani ne saurait donc condamner à un silence 
indéfini les botanistes qui, comme l'infatigable M. Bordére, continuent à 
explorer les Pyrénées ; et j'espère qu'on ne me saura pas mauvais gré d'avoir 
repris la cause délaissée du Dioscorea pyrénéen. 

Les confidences de M. le comte Jaubert avaient été portées, par l'intermé - 
diaire de notre Bulletin, à la connaissance de tous les membres de la Société 
en juillet 1865. Et voilà que quelques jours plus tard la poste m'apportait un 
petit paquet dont l'ouverture me causait unc merveilleuse surprise, car il ren- 
fermait de superbes exemplaires, en fleurs et en fruits, d'un Dioscorea récolté 
le 9 aoüt 1865, au pied du revers espagnol des Pyrénées centrales. M. Bor- 
dere, auteur de la découverte, m'écrivait en méme temps qu'il croyait la 
plante nouvelle, et que si telle était mon appréciation, il me priait de la 
publier. 

Je répondis à M. Bordére par la copie de l'article de notre bulletin, et 
jajoutai que, dans cet état de choses, il me semblait convenable de laisser 
M. Bubani bénéficier des confidences faites à son profit par MM. Jaubert et 
Duchartre. 

Apres un an d'attente inutile, je ne pense pas faire acte d'impatience en 
placant, Messieurs, sous vos yeux la plante en question, accompagnée d'une 
description pour laquelle je sollicite une petite place dans votre Bulletin ; j'ose 
d'autant plus compter sur cette faveur, que l'un de vos plus illustres membres 
l'a enrichie de superbes dessins, tout en ne m'accordant pas le plaisir de le 
nommer et de lui témoigner publiquement ma vive gratitude. 

La plante encore inconnue des Pyrénées orientales est plus que probable- 
ment la méme que celle des Pyrénées centrales, et si j'ai adopté le nom que 
M. le comte Jaubert a laissé tomber daus une causerie reproduite par notre 
Bulletin, ce n'est pas pour consacrer un droit à M. Bubani, mais pour con- 
server une dénomination qui me parait bonne. Je fais donc toutes réserves à 
cet égard, car je ne puis regarder ce qui a été dit dans notre Bulletin comme 
une publication suffisante pour donner à M. Bubani un droit de priorité sur 
M. Bordére, je ne le regarde méme pas comme une publication. 

Un fait analogue s'est présenté en entomologie, lorsque M. Dejean a publié 
le catalogue des Coléopteres de sa collection; il avait donné, dans cette énu- 
mération, des noms à toutes les espèces nouvelles qu'il possédait, sans faire 
suivre ces noms d'aucune description; D'un commun accord, les entomolo^ 


389 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


gistes ont admis que les noms ainsi publiés étaient pour eux non avenus, et 
cet arrét tacite a recu son exécution. 

A ce titre, M. Bordère avait donc parfaitement le droit d'éditer le Dioscorea 
-sous tel nom qu'il lui aurait plu, et, s'il l’eût fait, je crois que sa dénomi- 
nation aurait dà équitablement étre maintenue. Dans ces conditions, je pense 
n'avoir pas dépassé les limites de l'équité, en associant, dans le baptême de la 
plante, les noms des deux inventeurs. 


DIOSCOREA PYRENAICA Bubani et Bordère. 


Planta nana, dioica, herbacea, humifusa, glabra, caudice hypogæo tuberoso, 
nucem sæpe æquante, radicellis filiformibus obsito ; caulibus 1-4, gracilibus, 
flexuosis, brevibus (6-15 cent.), ramosis, ramis patulis et foliosis ; foliis sparsis, 
profunde cordato-ovatis, acutis, mucronatis, subcoriaceis, opacis, epunctato- 
pellucidis et eglandulosis, 5-nerviis et raro. 7-nerviis, petiolatis, petiolo Levi 
limbum æquante aut superante; racemis masculis axillaribus, geminis vel 
ternatis, simplicibus et raro subramosis, multifloris ; floribus solitariis, remo- 
tiusculis, breve pedicellatis (4 mill.) ; bracteis pedicello longioribus ; perigonii 
2 mill. longi turbinato-campanulati laciniis oblongis, apice rotundato-submu- 
cronulatis et uninerviis, interioribus paulo longioribus; staminibus 6, ad basim 
perigonii insertis ; antheris introrsis, didymo-subglobosis, rudimento stylino 
exiguo ; pedunculis femineis axillaribus, solitariis, uni-paucifloris; floribus 
basi bibracteatis, bracteis sublinearibus et inæqualibus ; capsulis breviter sti- 
pitatis, triquetro-alatis, coriaceo-pergamenis, glabris, subcordatis, perigonio et 
stylo coronatis, loculicide-trivalvibus (15 mill. lat. et 20 mill. long.) ; semi- 
nibus 2 in quolibet loculo, angulo interno affixis, superpositis, compressis, 
lenticularibus, glabris, exalatis. 

24. Julio et augusto. 

Hab. — Ad pedem Pyrenæorum orientalium et centralium, Hispaniam 
versus (Jordére et Bubani). 


Ce Dioscorea appartient, par le nombre de ses étamines, à la division des 
Hexandræ de Kunth, et ses anthères introrses le font rentrer dans la 8° section 
de cet auteur, Toutes les espèces de ce groupe, moins quatre, sont volubiles ; 
et les quatre espèces non volubiles (D. humifusa, nana, pusilla, arenaria) 
ont d'intimes rapports avec la nôtre, qui est surtout très-voisine du D. pusilla 
Hook. , à cóté duquel il conviendra de la placer. 

La plante pyrénéenne se distingue à première vue des D. humifusa, nana, 
arenaria, par sa souche tubériforme, et par ses feuilles à cinq et rarement à 
sept nervures. Elle diffère en outre du D. /umifusa par ses grappes mâles ne 
dépassant que peu ou pas les feuilles, par ses fleurs régulièrement espacées, non 
fasciculées. Ce dernier caractere l'éloigne également du D. nana. Elle se sé- 
pare du D. arenaria par ses feuilles supérieures cordiformes et noi linéaires. - 


SÉANCE DU 27 JUILLET 1866, 385 


Enfin elle diffère du D. pusilla par ses feuilles non rétuses, par ses grappes 
mâles géminées, par ses fleurs presque sessiles et non longuement pédicellées. 

Si je ne donne pas avec plus de précision la station de ce Dioscorea; c'est 
que je crains que, séduits par l'attrait d'une nouveauté si inattendue, les 
botanistes ne se mettent à sa recherche avec trop d'ardeur, et qu'ils ne le fas- 
sent disparaître, J'ose espérer qu'on me pardonnera cette réserve en vue de 
l'intention, et surtout en se rappelant que, sous l'influence de la cause que je 
signale, le Phyllodoce ccrulea a à peu près disparu de l'Écosse. 


Explication des figures (Planche E de ce volume): 


Dioscoréa pyrenaica À et 9 de grandeur naturelle. 
Fig. 1. Diagramme de la fleur mâle. 
Fig. 2. Fleur mále, grossie. 

Fig. 3. Étamine. 

Fig. 4. Diagramme de la fleur femelle, 
Fig. 5. Fleur femelle, grossie, 

Fig. 6. Coupe transversale de l'ovaire. 
Fig. 7. Capsule grossie. 

Fig. 8. Graine. 

Fig. 9. Graine coupée. 

Fig. 10. Embryon. 


M. Eug. Fournier donne lecture de la lettre suivante qu'il : 
recue de M. Grenier : 


Besancon, 9 juin 1860. 


Je lis dans le Bulletin de la Société botanique (t. XII, séances, p. 410) 
un article dans lequel vous cherchez à rendre à la flore de France deux Cruci- 
feres. 

Pour le Sisymbrium levigatum, il n'est pas douteux qu'il ne soit commun 
en Cerdagne ; mais je crois qu'il n'existe que dans la Cerdagne espagnole. 
M. Bentham ne s'explique pas sur ce fait. En tout cas, cette plante n'étant 
qu'une variété du S. asperum, je ne vois nul inconvénient à la signaler. 

Quant au S. bursifolium, je ne suis nullement convaincu de sa présence au 
sommet de la vallée d'Eynes, où je l'ai vainement cherché à plusieurs épo- 
ques, et je ne sache pas que M. Bubani, ni aucun autre botaniste, aient là 
constaté sa présence. D'ailleurs, le S. bursifolium est une plante de région 
chaude (je veux dire de la région de la vigne) et nullement une plante tout à 
fait alpine. Je suis donc porté à croire que l'indication de l'herbier Barbier est 
fautive. 


M. Eug. Fournier dit que l'indication de Pourret dans l'herbier 


384 | SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
Barbier lui paraît trop précise pour ne pas être reproduite, puis- 
qu’elle accompagne un échantillon authentique. 

M. Roze, vice-secrétaire, donne lecture de la communication 
suivante, adressée à Ja Société : 


NOTE SUR DEUX PLANTES INDIGÈNES CONSIDÉRÉES COMME ALIMENTAIRES (CARLINA 
ACANTHIFOLIA. — ARABIS CEBENNENSIS), par MI. Henri LORET. 


(Montpellier, 42 mai 1866.) 


C'est sur la connaissance des espèces, dit Villars dans sa flore du Dauphiné, 
que repose la science de la botanique. Nous le croyons sans peine, et nous 
ajouterons que cette connaissance d'espèces réclame, pour porter tous ses 
fruits, l'étude de leurs propriétés et de leurs plus utiles applications. Nous 
avons entendu les hommes qui recherchent l'utile avant tout, reprocher à la 
botanique de se complaire trop souvent sur les hauteurs de la théorie, et de 
descendre rarement aux applications dont nous venons de parler : ces reproches 
ne sont-ils pas un peu fondés, et l'agriculture, la médecine, l'industrie ne 
réclament-elles pas à bon droit, des botanistes, une attention plus active et 
plus efficace? 

Les plantes, préconisées outre mesure autrefois comme médicinales , puis, 
trop complétement délaissées, semblent, gráce à Dieu, reprendre faveur, et 
finiront sans doute par retrouver dans la matière médicale la place qui leur 
est due. Nous y applaudissons, düt-on faire à certaines espéces presque inertes 
un honneur qu'elles méritent peu. Celles-là mémes ne seraient point sans 
utilité, si elles avaient pour effet d'inspirer aux malades, souvent trop avides 
de remédes, une patience qui permit au médecin de bien diagnostiquer le mal, 
avant de hasarder des remédes plus énergiques. 

Pour ce qui est de l'agriculture, attardée trop souvent par la routine, les 
Sociétés qui s'en occupent comptent de nombreux botanistes .dans leur sein. 
Nous avons plus d'une preuve que l'Institut sait s'adresser à eux pour se donner 
des correspondants qui représentent dignement cette portion de son domaine 
scientifique. 

Quant aux industries qui relèvent de la botanique, nous croyons que cette 
science pourrait faire mieux pour elles, quoiqu'elle leur vienne souvent en 
aide, en associant avec succés ses efforts à ceux de la chimie. 

Nous venons plaider aujourd'hui pour une industrie modeste que les gour- 
mets se plaisent à élever à la hauteur de l'art, industrie qui intéresse tout le 
monde, puisque ses produits, au moins dans nos sociétés civilisées, sont d'un 
usage universel. L'art culinaire, puisqu'il faut l'appeler par son nom, a-t-il 
demandé aux végétaux indigènes tous les secours qu'ils peuvent lui donner ? 
Nous ne le pensons pas. La zoologie vient de lui payer un tribut récent, en lui 
Vivrant l'animal qu'on ne croyait bon, jusqu'à présent, qu'à servir de monture 


SÉANCE DU 27 JUILLET 1866, 385 


et à trainer nos véhicules; mais l'homme n'est pas seulement carnivore et hip- 
pophage. Nous aimerions à voir la botanique et l’horticulture concourir aussi 
à la variété de nos aliments, en essayant d'introduire sur nos tables les végétaux 
qui en sont dignes et dont on a jusqu'à présent méconnu le mérite. La plante 
surtout pour laquelle nous venons réclamer aujourd'hui ce privilége, est une 
espèce des Cévennes, l'Arabis cebennensis DC., dont nous parlerons après 
avoir dit un mot d'un autre végétal plus connu, la Carline à feuilles d'Acanthe. 
Nous parviendrons difficilement à introduire nos végétaux hygiéniques sur la 
table des victimes obèses d'une cuisine trop succulente; mais, à défaut de ce 
succés inespéré, n'aurions-nous pas fait une chose utile, en contribuant à pro- 
curer aux plus modestes tables des aliments nouveaux et d'un prix peu élevé ? 

La Carline à feuilles d'Acanthe (Carlina acanthifolia L.), connue dans le 
Alpes sous le nom de Chardousse et dans les Gévennes sous ceux de Carda- 
belle et Cardavelle, a un réceptacle volumineux qu'on mange dans la plupart 
des pays où elle croit, à la facon du Salsifis ou du réceptacle de l'Artichaut. 
Nous en avons mangé plus d'une fois dans les Pyrénées, dans les Alpes, dans 
les Cévennes, et nous croyons qu'on ferait plus d'honneur à cette plante si 
elle croissait à la porte de nos villes. On la recueille abondamment daus cer- 
tains pays de montagnes où, après lui avoir ôté toutes ses feuilles, on la sèche 
pour la porter ensuite dans les villes les plus voisines. A Mende, nous l'avons 
vue chaque jour, sur le marché, fraiche encore et préte à subir les diverses 
préparations culinaires auxquelles on soumet ordinairement le Salsifis. On 
nous a appris qu'une montagne voisine s'affermait trois cents francs pour 
l'exploitation dela Carline seule, car on ferait de vains efforts pour cultiver 
avec succès d'autres végétaux dans les terrains calcaires dénudés où elle se 
plait. Ne serait-ce pas un progrès agricole et culinaire en méme temps, que de 
couvrir nos terres incultes d'une plante si peu difficile, et préte à croitre là oü 
nulle autre chose ne peut prospérer? Des tables bien servies s'accommode- 
raient sans doute parfois d'un mets nouveau pour elles; mais la satisfaction de 
procurer aux tables les plus modestes un aliment sain et peu coüteux, nous 
semblerait une bien douce récoinpense pour ceux qui tenteraient d'utiliser, au 
profit du peuple, tous nos terrains réputés improductifs. La réussite de notre 
plante dans la plaine sera peut-être contestée; mais nous ne croyons pas que 
l'essai dont nous parlons ait été fait, et l'expérience souvent démontre l'inanité 
des objections en apparence les plus plausibles. 

Parlons maintenant de l’Arabette des Cévennes, qui est notre plante favorite, 
et dont personne sans doute n'a songé à tirer parti pour la cuisine et la méde- 
cine. Nous sommes persuadé que cette espèce pourrait faire bonne figure à 
côté du Cresson de fontaine, dont le goût nous parait moins flatteur, et dont 
les propriétés médicinales sont peut-étre moins énergiques. En 1850, nous 
avions été passer quelques jours, entre Barcelonnette et la Savoie, dans un 
village près duquel on signale la Cardamine Asaret que nous tenions à cueillir 


386 - SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de nos mains. Nous l'avions cherchée vainement dans la seule localité francaise 
où on l'indique, et nous perdions l'espoir de la rencontrer, lorsque, un matin, 
nous vimes notre hôte armé d'une écuelle où quelques gouttes d'huile nageaient 
sur des flots de vinaigre, et qui se dirigeait du cóté d'un ruisseau voisin. 1l y 
allait souvent, nous dit-il, pour y déjeuner d'une salade qui croissait là au 
bord des eaux et dont il nous vantait l'excellence. Nous le suivimes; car ce 
pouvait étre notre chère Cardamine : c'était elle en effet ; et nous fümes rede- 
vable à cet amateur de salade, !e seul guide que nous ayons jamais eu, d'une 
excellente plante. Nous voulons dire excellente pour notre herbier, car pour le 
palais c'est autre chose. Cette espèce, comme sa congénère des Pyrénées, la 
Cardamine à larges feuilles, a une amertume peu agréable et un goût très- 
piquant, que peut braver seul le palais ferré d'un montagnard. 

L'Arabette pour laquelle nous plaidons a un goüt analogue à celui de la 
Cardamine dont nous venons de parler, mais bien moins piquant et dépourvu 
d'amertume. Elle nous a aussi paru , comme nous l'avons dit, supérieure au 
Cresson; mais, comme les goûts sont divers, nous avons cru devoir la com- 
muniquer à quelques personnes dont le palais s'est accordé à la juger comme 
le nótre. Nous avons lieu de la croire également dépurative et antiscorbutique, 
et il est possible que, si elle se présentait partout sous la main comme le Cresson 
de fontaine, on la lui préférerait non-seulement comme aliment, mais encore 
comme reméde. Noire plante, avant la fleur, ressemble à une Cardamine, et 
l'on ne s'attendrait point à voir apparaitre plus tard des organes de reproduc- 
tion conformes à ceux des Arabettes. Moins avide d'eau que le Cresson, elle 
aime néanmoins un sol constamment humide, comme la Cardamine à feuilles 
d'Asaret, dont elle nous a rappelé le souvenir. Elle offre un avantage remar- 
quable, eu égard à notre but; c'est celui d'avoir une souche qui produit plu- 
sieurs rosettes stériles dont les feuilles sont trois ou quatre fois plus larges que 
les folioles du Cresson. C'est à Paris surtout et près des grandes villes, à la 
consommation desquelles le Cresson sauvage ne peut suffire, que la culture de 
cette plante pourrait offrir de grands avantages. Ainsi, sur sept cents fosses que 
comptent aujourd'hui les cressonnières des environs de Paris, d'apres les sup- 
putations de M. Cliatin, un grand nombre subissent un chômage forcé pendant 
l'hiver; or, ce serait un avantage offert par notre plante montagnarde, de n'avoir 
point à redouter la rigueur du froid. D'un autre côté, le chômage d'été imposé 
à beaucoup d'établissements par le manque d'eau suffisante, n'aurait point lieu 
non plus pour l'espèce que nous préconisons; car, s'il lui faut, pour prospérer, 
une constante humidité, elle réclame, à en juger par la station où nous l'avons 
vue sur le bord de l'Ardéche, beaucoup moins d'eau que le Cresson. Malgré 
les inconvénients attachés à la culture de cette dernière plante, M. Chatin, à 
qui nous devons ces détails, estime à un million la somme que mettent en 
circulation annuellement les cressonnières de Paris. Nous croyons qu'il serait 
avantageux d'essayer notre plante dans les fosses inoccupées faute d'une eau 


SÉANCE DU 27 JUILLET 1866. 387 


assez abondante pour le Cresson. Des semis sur le fond vaseux de ces fosses 
apprendraient promptement quel avantage on pourrait espérer de l'Arabette 
des Cévennes. Nous ne pouvons la préconiser en parfaite connaissance de 
cause, ni affirmer qu'elle réussirait en plaine, puisque nous n'avons fait per- 
sonnellement aucun essai; mais nous croyons qu'il y a là une tentative à faire, 
tentative pleine d'avenir peut-être, et dont les horticulteurs de Montpellier, 
voisins des Cévennes, pourraient donner le premier exemple. Les marchandes 
d'herbes de cette ville commencent à se plaindre qu'elles ne peuvent satisfaire 
aujourd'hui toutes leurs pratiques. Le métier ne va plus, disent-elles, depuis 
que des défrichements multipliés ont diminué leurs récoltes, diminution impu- 
table surtout aux marchandes elles-mémes qui, chaque printemps, détruisent 
d'innombrables rosettes des espéces qui font l'objet de leur commerce. La 
plante des Cévennes comblerait avantageusement cette lacune. Ce n'est certes 
point lui faire trop d'honneur que de dire qu'elle serait préférable, en épinards, 
à la Scabieuse bâtarde, au Laiteron, au Coquelicot, aux Silènes et à deux ou 
trois Rumex qu'on débite sur le marché de Montpellier. Nous pouvons dire, 
par expérience, qu'on ne saurait lui comparer comme salade la Campanule- 
Raiponce, l'Épilobe à petite fleur, la Chicorée sauvage, la fade Doucette, l'amer 
et coriace Pissenlit, ni la Picridie vulgaire, mangée à Montpellier des le temps 
de Magnol, et connue alors comme aujourd'hui sous le nom de ferre greppe, 
terra crépia. 

On pourrait, il est vrai, objecter ceci, contre l'Arabette, qu'une herbe 
inconnue serait accueillie avec défiance sur nos tables; mais n'en a-t-il pas été 
de méme, au début, pour la plupart des végétaux qui ont fini, en conquérant 
peu à peu nos sympathies, par devenir notre alimentation ordinaire? 


A propos de l'Araóis cebennensis qui, suivant M. Loret, pour- 
rait dans quelques cas rivaliser avec le Cresson, M. le Président 
dit que plusieurs plantes sont en effet, dans certaines localités, 
beaucoup plus usitées que dans d'autres, au point de vue alimen- 
taire; qu'ainsi, dans le Berry, le Lampsana communis est re- 
cherché comme une excellente salade. 

M. de Schoenefeld ajoute que, dans le Hurepoix, on mange, en 
guise de Cresson, le Ranunculus hederaceus qui, à ce qu'on lui a 
dit, ne cause pas d'accidents, bien qu'appartenant à un genre et à 
une famille dont toutes les espéces sont réputées comme trés-nui- 
sibles. 

M. B. Verlot fait remarquer qu'au point de vue de la culture 
l'Arabis cebennensis est trés-difficile à conserver sous le climat 
parisien. 


388 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Lecture est donnée de la communication suivante adressée à la 
Société : 


NOTE SUR UNE BANDE D'ÉCORCE ENGAGÉE ENTRE DES COUCHES LIGNEUSES, 
pr M. Ch. ROYER. 


Saint-Remy (Cóte-d'Or), 12 jvillet 1866. 


J'ai rencontré le 7 mai 1866, parmi des Peupliers de Virginie (Populus vir- 
giniana Desf.), sur les talus du canal de Bourgogne, l'un d'eux offrant la 
particularité suivante : 

A quelques centimètres au-dessus du sol, le tronc était écorcé circulairement 
sur une hauteur de 40 centimètres. Cette blessure datait de plusieurs an- 
nées, et cependant l'arbre avait une végétation aussi belle que celle de ses voi- 
sins. Je recherchai donc ce qui lui avait permis de vivre en de telles condi- 
tions, car il aurait dà périr l'année méme de la blessure ou l'année sui- 
vante. 

Je trouvai d'abord au milieu de l'herbe un petit rameau de 60 centi- 
mètres de longueur, adventif sur une racine affleurant le sol. Comme ce ra- 
meau eüt été insuffisant pour fournir la séve descendante nécessaire aux 
racines d'un arbre mesurant 1,15 de circonférence, et comme d'ailleurs la 
grosseur du tronc immédiatement au-dessus de la plaie n'indiquait pas en 
ce point une notable accumulation de séve descendante, j'examinai s'il 
n'existait pas pour cette séve quelque voie de communication entre le tronc 
et les racines. 

L'écorcement a eu lieu à des époques successives. Une première plaie re- 
montant au moins à une quinzaine d'années avait mis à nu la moitié à peu prés 
du pourtour du tronc. Autour de cette vaste plaie s'était formé un bourrelet 
ligneux réparateur, dont les lèvres, quoique s'étant beaucoup avancées sur la 
partie dénudée, laissaient encore à découvert un espace de 20 centimètres, 
qui les séparait. Une seconde plaie, ne datant que de huit à dix ans, avait privé 
de son écorce le reste du pourtour du tronc et aussi le bourrelet produit par 
les lèvres de la première plaie. Mais je crus remarquer de l'écorce engagée 
entre le bourrelet de gauche et la partie qu'il avait recouverte. J'entaillai le 
bourrelet en ce point et je constatai qu'il était muni à sa face interne d'une 
véritable écorce interposée entre lui-même et le bois primitivement dénudé. 
Cette bande d'écorce avait une largeur de 14 centimètres. Sur les 7 cen- 
timètres les plus intérieurs, elle était morte et en voie de décomposition ; 
mais sur les 7 autres, c’est-à-dire sur ceux qui se rapprochaient du bord 
externe, elle était parfaitement saine et vivante. Le bourrelet ligneux qui la 
recouvrait avait une épaisseur de 4 centimètres. L'une des lèvres du bour- 
relet, en s'étendant sur la plaie qu'elle avait recouverte en partie, avait 
donc emprisonné l'écorce de sa face interne; L'autre lèvre ne présentait pas 


SÉANCE DU 27 JUILLET 1866. 389 
ce phénomène, et d'ailleurs s'était beaucoup moins avancée sur le bois dé- 
nudé. 

Ce cas offre donc un tronc de 17,15 de circonférence, qui avait subi depuis 
plusieurs années un écorcement circulaire complet; mais la végétation n'en 
paraissait pas souffrir, car il recélait dans son bois, à une profondeur de 4 cen- 
timétres, une bande d'écorce vivante, de 7 centimétres de largeur. 


M. le Président donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre qui 
lui a été adressée par M. Ardoino : 


LETTRE DE M. Honoré ARDOINO. 


Menton, 18 juillet 1866. 


....Je m'occupe depuis quatre ans d'une flore analytique du département des 
Alpes-Maritimes. Ce travail, qui s'adresse bien plutót aux amateurs étrangers 
qui viennent passer l'hiver à Nice, à Menton ou à Cannes, qu'aux savants, est 
aujourd'hui bien ou mal achevé, et j'en ai commencé depuis huit jours l'im- 
pression à Menton méme. 

Un infatigable botanophile anglais, M. Hawker, m'a rapporté ce printemps, 
des montagnes de Menton, une plante dont je n'avais trouvé que quelques 
brins insuffisants, il y a vingt ans, et que j'avais négligée. J'en ai cherché vai- 
nement la description dans le Prodromus, dans Walpers, dans Bertoloni, ainsi 
que dans les livres et les herbiers que j'ai pu consulter à Turin au mois de 
mai. C'est un Cytise, et je pense non-seulement que c'est une espéce nou- 
velle, mais que son aspect ne la rapproche d'aucune de ses congénères. — Je 
vous envoie tout ce que j'en possède, avec prière d'en garder la moitié; je 
soumets la plante à votre examen et à celui de M. Cosson, ce juge si compé- 
tent en plantes méridionales. Dans le cas probable où ma plante serait trouvée 
nouvelle, je regarderai comme une amabilité de votre part si vous voulez bien 
lui donner le nom que vous jugerez à propos. Mais il faudrait dans ce cas que 
cela fût fait tout de suite, c’est-à-dire dans la séance de vendredi 27, 
L'impression de mon livre s'opère trés-lentement et ne me prendra guère 
moins de cinq à six mois; mais, comme les Légumineuses se trouvent au pre- 
mier quart, il faut qu'avant le 15 août je sois fixé sur le sort et sur le baptême 
de mon Cytise. 


M. Cosson n'étant pas actuellement à Paris, M. Fournier veut 
bien se charger de répondre sur ce sujet à M. Ardoino (1). 


(1) Voici la description de la plante envoyée par M. Ardoino, que M. Eug. Fournier 
considère comme nouvelle : 

Cytisus (Corothamnus Spach) ARDOINI Fourn. — Fruticulus cinereo-sericeus, pedalis, 
procumbens, foliis trifoliolatis, petiolatis, foliolis parvis, lineari-oblongis, obtusis ; pedi- 


390 SOCIÉTE BOTANIQUE DE FRANCE. 


M. Roze donne lecture à la Société de la note suivante qui lui a 
été adressée par M. L. Marcilly : 


NOTE SUR LE SOLANUM NIGRUM L, par ME. IL. MARCILLY. 


(Nice, 25 juillet 1866.) 


Peu de temps après notre arrivée à Nice, l'attention de mon père et la 
mienne ont été attirées par un Solanum qui ne nous paraissait différer du 
S. nigrum, tel que nous l'avions vu dans le nord de la France, que par sa 
végétation plus robuste et par son état frutescent. 

Après l'avoir étudié, nous avons dû persister dans la dénomination que nous 
lui avions donnée de prime abord : seulement ce n'est plus ici une plante an- 
nuelle, mais bien un sous-arbrisseau; dès la première année, la souche pré- 
sente une apparence ligneuse. 

Cependant toutes les diagnoses que nous avons pu consulter, méme dans les 
flores méridionales, s'accordent pour indiquer le Solanum nigrum comme an- 
nuel. | 

Ne serait-il pas permis d'en conclure que cette plante, si commune partout, 
ne serait pas indigène dans le nord de l'Europe, où elle se serait acclimatée 
toutefois, à Ja suite de l'homme, depuis un temps immémorial ? 

Les premières diagnoses en ayant été faites probablement par des botanistes 
du nord, n'ont pu l'indiquer que comine annuelle, et elles avaient été copiées 
par les floristes du midi sans que ceux-ci aient songé à constater la pérennité, 
daus les régions méridionales, de la plante qu'ils décrivaient. 

Il ne serait peut-être pas sans intérêt que ceux de nos collègues qui habitent 
les quelques points privilégiés du littoral de la Manche, où la douceur de l'hiver 
permet le maintien en pleine terre d’espèces appartenant à des régions plus 
chaudes, examinassent si le Solanum nigrum y est pérennant comme ici. 

Avec le type, on rencontre assez fréquemment autour de Nice les deux va- 
riétés miniatum et ochroleucum, également pérennantes. 


M. Roze présente, à l'appui des observations de M. Marcilly, des 
échantillons frutescents de Solanum. nigrum vécoltés par ce der- 
nier aux environs de Nice. 


cellis non unilateralibus, 1-3 axillaribus, 5-6™™ longis, calyce 2-3-plo longioribus ; calyce 
breviter eampanulato, late fisso, labio superiore paulo longiore non dentato ; floribus lu- 
teis, siccis non nigrescentibus; vexillo apice emarginato ad nervum medium puberulo, 
carinam incurvam breviter rostratam obtusam paulo superante, stylo incurvo ad apicem 
leguminis persistente toto, stigmate minimo capitato. Legumen (immaturum) nigrescens 
sed albo-villosissimum, compressum, 2 cent, longum. 

b. Aprili-majo. — Crescit in monte Aguglia supra Menton, ad 1200 metra circa 
supra maro; manca exemplaria legit cl, Ardoing anno 1847, et copiose cl, Hawker 
anao 1866. ; 


SÉANCE DU 27 JUILLET 1866. 301 


M. Rivet annonce à la Société qu'il a constaté la présence, dans 
le bois de Boulogne, du Poa nervata. 

M. Gaudefroy dit que cette Graminée doit trés-probablement pro- 
venir d'un semis qui en ayait été fait l'année précédente. 

M. Riviére fait remarquer qu'il ignore sila méme plante a été 
semée dans le bois de Meudon, mais qu'elle se trouve assez abon- 
damment dans un marais, non loin de la fontaine des Lins. 

Lecture est donnée de la communication suivante adressée à la 
Société : 


NOTE SUR UNE STATION NOUVELLE DU VERBASCUM MONTANUM Schrad. ET SUR QUEL- 
QUES HERBORISATIONS A FOLEMBRAY (AISNE), par M. Ern. MALINV AUD. 


(Folembray, 15 juillet 1866.) 


Le Verbascum montanum Schrad., découvert pour la premiere fois dans le 
rayon de la flore parisienne par notre zélé confrère M. Bouteiller (de Provins), 
est une espèce assez rare pour qu'il ne soit pas sans intérêt d’en signaler une 
station nouvelle. Celle que le hasard m'a fait rencontrer un peu au delà des 
limites adoptées par MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre, dans ieur 
ouvrage classique, n'est pas moins remarquable par une florule singulière- 
ment riche et variée qui peut rivaliser avec les localités le plus avantageuse- 
ment connues au point de vue botanique de tout le nord de la France. 

Le Verbascum montanum que j'ai récolté en nombreux échantillons, en- 
core peu avancés, les 14 et 15 juin, était la plante la plus abondante d'un vaste 
plateau sec et rocailleux, situé entre Folembray et Verneuil, à ^ kilo- 
mètres environ de Coucy-le-Cháteau et à proximité d'une importante exploita- 
tion agricole, connue dans le pays sous le nom de ferme du Pignon. Les 
chemins montueux qui aboutissent à ce plateau étaient bordés, à une assez 
grande distance, par cette plante qui m'a paru s'étendre jusqu'auprés de la 
ferme de Longueval, aù commence le bourg de Folembray. — J'ai présenté 
mes échantillons à M. Bouteiller qui les a comparés avec ceux des environs de 
Provins, et à M. Cosson qui a bien voulu vérifier la plante. 

A l'indication qui précède, je vais joindre une rapide revue de l'intéressant 
sertum d'espèces rares à divers degrés que j'ai récoltées jusqu'à ce jour aux 
environs de Folembray. 

Les terrains secs où croît le Verbascum montanum produisent aussi les 
plantes suivantes : 


Cerastium brachypetalum. Globularia vulgaris. 
Linum tenuifolium. Thesium humifusum. 
Polygala austriaca. Poa compressa. 

Fumana vulgaris. Festuca rigida. 

Carum Bulbocastanum. Andropogon Ischaemum. 


Turgenia latifolia. 


392 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
Les coteaux herbeux entre Folembray et Verneuil fournissent : 


Anemone Pulsatilla. Artemisia campestris. 
Actæa spicata. Phalangium ramosum. 
Veronica Teucrium. Ophrys aranifera. 

— prostrata. — apifera. 

Leonurus Cardiaca. Carex digitata. 
Brunella grandiflora. Avena pratensis, 

— alba. : — pubescens. 

Ajuga pyramidalis. 


Dans les mémes lieux, les moissons et champs cultivés présentent : 


Nigella arvensis. Melilotus alba. 
lsatis tinctoria.: 


La végétation caractéristique de la basse forét de Coucy est essentiellement 
formée des plantes suivantes : 


Anemone ranunculoides. Seuecio Fuchsii. 
Melandrium silvestre. Allium ursinum. 
Malva Alcea. Maianthemum bifolium. 
— moschata var. laciniata. Paris quadrifolia. 
Hypericum quadrangulum. Orchis mascula. 
Corydallis solida. Neottia Nidus avis. 
Cardamine amara. ‘| Luzula pallescens. 
Turritis glabra. Carex maxima, 
Epilobium spicatum. — depauperata. 
OEnothera biennis. Festuca gigantea, 
Dipsacus pilosus. 


On y trouve aussi, mais plus rarement: 


Monotropa Hypopitys. Cardamine hirsuta. 
Pirola minor. Chrysosplenium alternifolium, 
— rotundifolia. Orobanche Teucrii. 


Les prairies marécageuses qui s'étendent entre Folembray, Guuy et Pont- 
Saint-Mard offrent quelques espèces spéciales : 


Ranunculus Lingua. Orchis coriophora. 
Nasturtium siifolium. — latifolia. 
Sium latifolium. — palustris. 


Samolus Valerandi. Gymnadenia conopea. 
Gentiana Pneumonanthe. Hydrocharis Morsus rane. 
Gratiola officinalis. Potamogeton densus. 
Senecio paludosus. Carex Pseudocyperus. 
Sonchus palustris. Scirpus pauciflorus. 


Crepis biennis. Schœnus nigricans. 
Peucedanum palustre. 


Sur les confing des communes de Champ et de Folembrav, on récolte : 


Tetragonolobus siliquosus. Gagea arvensis, 
Veronica persica. 


SÉANCE DU 27 JUILLET 1866. 393 


Enfin on observe cà et là dans des stations variées : 


Cynoglossum officinale. 
Atropa Belladonna. 
Veronica triphyllos. 
Nepeta Cataria. 
Teucrium montanum. 
Asperula odorata 


Chondrilla juncea. 
Orchis purpurea. 
— militaris. 

—- Simia. 

Carex Schreberi. 
Lolium multiflorum. 


Inula Helenium. Etc., etc. 


(Les deux derniers Orchis avec de nombreuses formes hybrides.) 

Ainsi, autour d’espèces telles que Verbascum montanum, Senecio Fuchst, 
Peucedanum palustre, Anemone ranunculoides, Carex digitata, etc., qui 
sont vulgaires dans cette petite localité, se groupent prés d'une centaine de 
plantes plus ou moins rares dans la flore parisienne. Je ferai remarquer, en 
terminant, que mes herborisations aux environs de Folembray n'ont guère 
dépassé les limites de cette commune, et que, même dans cette aire peu 
étendue, il reste très-probablement des additions à faire au tableau qui précède. 
Peut-étre aurai-je l'occasion une autre année d'en signaler quelques-unes dans 
une seconde note sur le méme sujet. 


Lecture est donnée de la communication suivante adressée à la 
Société : 


NOTES SUR QUELQUES PLANTES ROMAINES, par BE. A. WV ARION. 


( Mars 1860.) 


Les États romains offrent un grand nombre d’espèces des plus intéressantes, 
signalées dans la flore de Sebastiani et Mauri et dans celle que publie actuel - 
lement M. P. Sanguinetti. Malheureusement, la difficulté des communications 
et le manque de sécurité s'opposent à l'exploration complète du pays; si l'on 
excepte les environs immédiats de Rome, ceux de Tivoli, de Frascati et 
d'Albano, ainsi que le territoire de Terracine étudié par madame la comtesse 
Fiorini-Mazzanti et celui de Civita- Vecchia dont nous avons publié la florule 
(Bull. Soc. bot. t. X, p. 579), le reste du pays n'a jamais été exploré. Parmi les 
nombreuses localités qui restent à visiter et qui fourniraient d'abondantes ré- 
coltes, citons toute la cóte, bordée de dunes, de marais et de foréts, qui s'étend 
de l'embouchure du Tibre à Terracine, la vaste forét connue sous le nom de 
Selva di Nettuno, Viterbe et la chaine volcanique du Cimino, les prolonge- 
ments latéraux de l’Apenuin, etc. 

Les exigences de notre service ne nous ont permis de visiter que très-incom- 
plétement quelques uns de ces points; nous avons pu cependant y faire des 
récoltes intéressantes, soit en espèces nouvelles pour la flore romaine (elles sont 
précédées d'un astérisque dans cette note), soit en localités nouvelles pour des 
espèces peu répandues. 

T. XI, (séances) 26 


391 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ranunculus ophioglossifoltus Vill. — Indiqué dans les marais Pontins; 
n'est pas rare dans les parties sablonneuses et humides de la Selva di Nettuno. 

* Delphinium orientale J. Gay. Champs cultivés, à Frascati, Albano et 
Frosinone. 

Berteroa obliqua DC. (Alyssum incanum Seb. et Mauri, Fl. rom. p. 21^ !). 
— Pelouses arides, rochers, bords des chemins. Abondant aux environs de 
Rome (voie Appienne, la Caffarella, etc.), à Viterbe, Frascati, Marino, Castel-- 
Gandolfo, Albano, Genzano ; plus rare sur le littoral, à Palo et Terracine. 

* Capsella rubella Reut. — Cette forme remarquable n'est pas rare, au pre- 
mier printemps, sur les remparts de Civita - Vecchia, et dans les endroits secs et 
sablonneux des environs de Rome. Elle se rencontre presque toujours dans le 
voisinage du Stellaria media Vill. var. apetala. 

Polygala vulgaris L. —Indiqué seulement au Monte-Gennaro, où il est assez 
fréquent. Se retrouve dans les forêts sablonneuses des monts Albains, à l'Aric- 
cia, etc., mais légèrement modifié. Dans les échantillons de cette localité, les 
bractées latérales sont de la longueur du pédicelle, les ailes du calice fructifère 
sont ovales-allongées, légèrement dentées au sommet, et les lobes latéraux de 
l'arille n'atteignent pas le tiers de la longueur de la graine. 

* Silene bipartita Desf. — Sables maritimes, à Ostie. 

S. catholica Ait. — Assez abondant dans les foréts rocailleuses des environs 
de Tivoli et des monts Albains. 

* Lychnis leta Ait. — Sables humides, dans n Selva di Nettuno. 

Radiola Millegrana Pers. — Avec l'espèce précédente. 

* Anthyllis Barba Jovis L.— Abondant sur les rochers du littoral, à Porto- 
d'Anzio et à Nettuno. 

* Medicago scutellata All.— Pelouses, près de Civita- Vecchia. 

* Lotus creticus L. — Rochers du littoral, à Porto. d'Anzio et à Nettuno. 

* Ervum hirsutum L. B. leiocarpon Moris. — Broussailles, à Frascati. 

Ornithopus ebracteatus Brot. — Sables humides, à Fiumicino et à Porto- 
d'Anzio. 

Astragalus sesameus L. — Lieux secs, arides. Civita-Vecchia, Monte-Ro- 
tondo, Tivoli. 

Potentilla microntha Ram. (P. Fragariastrum Seb. et Mauri, FI. rom. 
p. 173; Sang., FT. rom. p. 387 ! non Ehrh. ).— Rochers des terrains volca- 
niques. Frascati, au Monte-Tuscolo; Rocca di Papa; Monte-Cavi; Monte- 
Gennaro. 

Sorbus torminalis Crantz. — Forêts, à la Tolfa et au Monte-Gennaro. 

* Amelanchier vulgaris Mœnch. — Rochers, au sommet du Monte- Gen- 
naro, avec Saxifraga rotundifolia, Euphorbia spinosa, etc. 

* Epilobium obscurum. Schreb. — Ruisseaux, fossés, à Rome et à Frosi- 
none. ; 

* Mesembrianthemum àcinaci forme L, — Cette espèce, fréquemment plan- 


SÉANCE DU 27 JUILLET 4866. 395 


tée aux environs de Naples et de Sorrente, couvre les rochers maritimes à 
Porto -d'Anzio et à Nettuno, où elle est complétement naturalisée. 

Seseli montanum L. Pelouses, au sommet du Monte-Gennaro. 

* Bupleurum tenuissimum L. — Pelouses humides, bords des champs. 
N'est pas rare à Corneto, à Civita- Vecchia, à la Tolfa, et à Rome, aux environs 
de la voie ^ppienne. 

* Helosciadium inundatum Koch. — Mares, dans la Selva di Nettuno. 

Cirsium italicum DC. — Indiqué seulement au Monte-Gennaro; se re- 
trouve sur les coteaux de tuf, voisins de l'embouchure de la Mignone. 

* Centaurea aspera L. —  Abondant à Corneto, dans les lieux arides, au 
bord des routes; se retrouve aussi sur les coteaux de tuf voisins de l'embou- 
chure de la Mignone. 

C. Calcitrapo-aspera G. G. — Mon ami, M. le docteur Avice, m'a fait ré- 
colter cet hybride aux environs de Corneto, oü il se rencontre parmi les pa- 
rents. 

C. napifolia DC. ; Seb. et Mauri, Fl. rom. p. 298; an L.? (C. romana L. 
ex Bert.) —Le C. romana est indiqué par Linné, d’après Barrelier, « præ- 
sertim in via qui ab æde divi Pancratii ad vineas et agros superioresque 
segetes ducit. » A cette localité, nous avons trouvé en abondance et seul, 
en 1863, le C. napifolia DG.; cette espèce se retrouve fréquemment à Cor- 
neto, Civita-Vecchia, età Rome (porte Saint-Pancrace, Macchia di Mattei, etc.). 

* C. sonchifolia L. — Bords des chemins, sentiers, au-dessus de l'Ariccia. 

C. montana L. — Une forme de cette plante, à feuilles très-étroites, lon- 
guement lancéolées, se rencontre dans les rochers du Monte-Gennaro. 

* Hyoseris radiata L. — Lieux incultes, pelouses, prés de Rome et de 
Civita Vecchia. 

* Phœnixopus vimineus Rchb. — Maquis, à Civita-Vecchia. 

* Xanthium italicum Mor. — Abonde près de Rome, dans les lieux in- 
cultes et sur les alluvions du Tibre. Se retrouve à Porto-Clementino où je l'ai 
déjà signalé. 

Styrax officinale L.; Seb. et Mauri, FL. rom. p. 147. — Coteaux rocail- 
leux, maquis. Très-répandu aux environs de Tivoli, où il couvre tous les 
coteaux, et d'où il s'étend à Palombara et au Monte Gennaro ; en certains points, 
par exemple au Monte-Catillo et à l'Osteria nuova, il forme le fond de la végé- 
tation. Se retrouve pres de Frascati, et dans les haies à Pozzo-Pantaleo, sur la 
route de Rome à Fiumicino. Dans cette dernière localité, où il est mélangé au 
Rhus Coriaria, il a certainement été planté avec cette espèce. 

* Cuscuta planiflora Ten, — Parasite sur les Hélianthèmes et les Labiées. 
Maquis, à Corneto et à Civita- Vecchia; Monte-Catillo près de Tivoli. 

*Cressa cretica L. — Pelouses humides entre Civita-Vecchia et Porto- 
Clementino ; salines d'Ostie, où il est abondant. 

Lycopsis variegata L. (L. bullata Seb. et Mauri, Fl. rom. p. 93). — 


* 


396 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Lieux sablonneux, clairieres, bords des chemins. Viterbe; abondant à 
Frascati, à Marino, à Albano, à Genzano, et à Rocca di Papa. 

* Myosotis hispida Schlecht. — Lieux arides, coteaux. Tivoli; Rome 
(Monte-Testaccio, etc. ). 

M. silvatica Hoffm. (M. scorpioides Seb. et Mauri, Fl. rom. p. 92; 
M. palustris Sang., FT. rom. p. 112*).— Commun dans les forêts des mon- 
tagnes, à Frascati, à Marino, à Albano et à Tivoli. 

Linaria pilosa DC. — Fentes des rochers. Monte-Gennaro, Tivoli au 
Monte-Catillo, Rocca di Papa, Frascati. | 

* L. græca Chav. — Fentes des rochers, à Marino et à Castel-Gandolfo. 

* Veronica anagalloides Guss. — Lieux humides, fossés, près de Rome et 
de Civita- Vecchia. 

* Thymus Chamædrys Fries. — Pelouses rocailleuses, à Tivoli. 

Stachys italica Mill. — Maquis, pelouses. Civita-Vecchia, Macchia di 
Mattei, Monte-Rotondo, Tivoli où il est commun, Palombara. 

* Armeria plantaginea Willd. — Pelouses, à Tusculum. 

* Atriplex rosea L. — Lieux arides, prés de Civita-Vecchia. 

" Euphorbia peploides Gouan. — Commun dans les lieux incultes, les ro- 
cailles, à Viterbe, à Civita-Vecchia et à Rome ; fleurit dès le mois de janvier. 

Quercus Pseudosuber Santi. — Par pieds isolés dans les forêts et les 
maquis. Macchia di Mattei, sur la route de Rome à Fiumicino; Selva di 
Nettuno. 

Juniperus macrocarpa Ten. (J. Oxycedrus Seb. et Mauri, Fl. rom. 
p. 339). — Abonde dans les dunes d'Ostie et de Castel- Fusano. 

Damasonium stellatum Dalech. — Lieux humides, fossés, dans la Selva di 
Nettuno, avec l’Alisma ranunculoides. 

* Ornithogalum divergens Bor. — Lieux incultes, prés, pelouses. Trés- 
abondant aux environs de Rome (villa Borghese, villa Patrizzi, etc.), d'Albano 
et de Civita- Vecchia, où je n'ai jamais rencontré l’ O. umbellatum, seul indiqué 
cependant dans les flores romaines. 

* Allium nigrum L. — Cultures, à Civita- Vecchia (ravin du diable). 

* Bellevalia trifoliata Kunth. — Pelouses sablonneuses, à la Magliana prés 
Rome. 

* Muscari parviflorum Desf. — Pâturages, pelouses, maquis, près de l'em- 
bouchure de la Mignone, à Porto-Clementino et à Corneto. 

Asphodelus luteus L. — Rochers du Monte-Catillo au-dessus de Tivoli et 
au sommet du Soracte. N'était indiqué qu'au cap Circé prés Terracine. 

A. microcarpus Viv. (A. ramosus Seb. et Mauri, Fl. rom. p. 129; Sang., 
Fl. rom. p. 277). — Lieux arides, pelouses, maquis, etc. Très-abondant 
dans tous les États romains. 

A. albus Willd. — Pelouses rocailleuses, rochers, broussailles de la région 
montagneuse, Rocca di Papa, Monte-Cavi, Genzano, l'Ariccia, Albano, Monte- 


SÉANCE DU ?7 JUILLET 1866, 307 


Gennaro, Se retrouve dans les parties basses, humides et sablonneuses de la 
Selva di Nettuno, entre le 29* et le 31* mille de la route de Rome à Porto- 
d'Anzio, au delà des derniers contre-forts des monts Albains et dans le voisi- 
nage immédiat de la côte méditerranéenne. Hl y a été découvert par M. de 
Rayneval, et je ly ai récolté le 44 mai 1863, à la demande de M. Gay. « Cette 
» station exceptionnelle (J. Gay, Sur la distribution géographique des trois 
» espèces d Asphod?les de la section Gamon, in Bull. Soc. bot. t. IV, p. 607) 
» est d'autant plus remarquable qu'ellese rencontre entre le 41° et le 42° degré 
» de latitude, c'est-à-dire à moins d'un degré de la limite méridionale de l'es- 
» pèce, là où l'on pourrait naturellement supposer que, pour vivre et prospérer, 
» elle à besoin d'une plus grande altitude. » Les échantillons de la Selva di 
Nettuno présentent encore une exception des plus remarquables dans la colo- 
ration des bractées. Tandis que toujours, dans les localités de la région mon- 
tagneuse, la couleur des bractées reste d'un brun noir trés-foncé, cette couleur 
se modifie dans la plante de Porto-d'Anzio. Sur la série des individus que j'y 
ai examinés, les bractées présentent toutes les nuances intermédiaires entre le 
brun noir et le blanc verdátre, cette dernière coloration étant méme la plus 
fréquente à cette curieuse station. 

Romulea ramiflora Ten. — Pelouses sablonneuses, maquis. Rome, la 
Magliana, Macchia di Mattei. 

` Potamogeton densus L. — Lac d'Albano. 

* Zostera marina L. — Civita-Vecchia, Palo, Ostie. 

Arisarum proboscideum Savi. — Lieux ombragés humides, bois couverts. 
Massif Albain, Marino, Albano, Monte-Cavi, Nemi, Norma et Sermoneta, 
Abondant dans ces localités, il y fleurit très-rarement. 

Biarum tenuifolium Schott. — Lieux arides, coteaux rocailleux, fentes 
des rochers. Fleurit une premiére fois en mai, et une seconde fois en sep- 
tembre-octobre ; les individus du printemps sont beaucoup plus développés 
dans toutes leurs parties que ceux d'automne. Maquis à Corneto; rochers 
de la Mignone (D' Avice); Tivoli au Monte-Catillo; Albano, pelouses prés du 
couvent des Capucins ; Marino, Rocca di Papa, Frascati. 

* Juncus pygmaus ‘Thuill. — Sables humides, dans la Selva di Nettuno, 
avec Radiola linoides, Juncus capitatus, J. Tenageia, J. bufonius, 
Carex punctata, Isoëtes Hystrix, etc. Cette plante n'était encore indiquée 
en Italie qu'aux environs de Populonia, d’après M. Savi. 

* J. capitatus Weig. — Méme localité. 

* J. heterophyllus L. Duf. — Ruisseaux, fossés inondés. Rome, villa 
Mellini, Prata lata. 

* J. Tenageia L. fil. — Sables humides. Selva di Nettuno. N'était signalé 
que dans le nord de l'Italie. 

J. bufonius L. — Lieux humides, fossés. Trés-répandu. 


398 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


B. major Parl. — Variété remarquable, fréquente au printemps dans les 
prairies humides à Civita-Vecchia. 
y. fasciculatus Parl. — Civita-Vecchia et Rome. 

* Carex vulpina L. — Lieux humides, fossés, prairies. Rome, Civita- 
Vecchia, Albano. 

* C. glauca Scop. var. erythrostachys G.G. — Prairies. Civita-Vecchia, 
Macchia di Mattei, Monte-Rotondo, Tivoli. 

* C. olbiensis Jord. — Maquis à Civita-Vecchia près de la Torre-Orlando ; 
forét de Frascati, dans le chemin de traverse de Frascati à Grotta-Ferrata, 
avec les C. silvatica, depauperata, muricata et divulsa. 

*C praecox Jacq. forma sicyocarpa Lebel. — Pelouses rocailleuses à Tivoli 
(Monte-Catillo, etc.). 

C. silvatica Huds. (1) (C. strigosa Mauri, Cent. p. ^7 !). — Maquis, forêts. 
Civita-Vecchia, Rome (villa Borghese, Mont-Mario, Macchia di Mattei), 
Monte-Rotondo, Frascati. 

* C, depauperata Good. — Forêts. Tivoli (villa d'Adrien), Frascati , 
Tusculum, Grotta-Ferrata, Albano, l'Ariccia. Cette espèce n'est indiquée 
qu'à Naples et à Pesaro (Parl., Fl. ital.). 

* C. binervis Sm. — Prairies humides du littoral à Civita-Vecchia, avec 
C. distans, Phalaris cærulescens, Laurentia Michelii, Scirpus Savii, etc. 
Espèce nouvelle pour la flore italienne, elle avait été vaguement indiquée à 
Naples où elle n'a pas été retrouvée (Ten., Fl. nap. V, p. 249), et à Lucques 
(Pucc., Syn. fl. lucc. p. ^78); mais on sait que M. Parlatore s'est. assuré 
que l'échantillon de M. Puccinelli n'était que du Carex distans (Parl., FL. ital. 
IL p. 209). 

* C. punctata Gaud. — Sables humides, dans la Selva di Nettuno. 

* Phalaris truncata Guss. — Lieux argileux et humides. Macchia di 
Mattei, sur la route de Rome à Fiumicino. 

* Phleum cuspidatum Willd. — Pelouses rocailleuses. Tivoli, Monte- 
Catillo, Monte-Gennaro. 

* Sesleria argentea Savi. — Rocailles, au sommet du Monte-Gennaro. 

* Andropogon pubescens Vis. — Lieux arides et rocailleux près de Rome. 

* Agrostis olivetorum G.G. — Macchia di Mattei. 

* A, canina L. — Bois couverts. Albano, l'Ariccia. 


(1) Depuis que cette note a été envoyée à la Société, M. Sanguinetti a publié la fin 
de sa flore romaine; il y indique, sans en signaler la source, quelques-unes des plantes 
que j'ai trouvées, d'aprés une note que je lui ai remise et des échantillons que je lui ai 
laissés à mon départ de Rome; mais bien souvent mes indications ont été dénaturées, 
comme on le verra plus loin pour le Cynosurus aureus et l'Isoétes Hystrix. Ainsi, 
M. Sanguinetti, auquel j'avais signalé l'erreur de Mauri, indique à la page 809 les 
Carex silvatica et C. strigosa; mais ces deux indications font double emploi, et le seul 
Carex qui ait été trouvé dans les États romains est le C. sileatica; c'est aussi le seul 
qui existe à la localité signalée par Mauri (villa Borghése!, et le seul qui se trouve dans 
l'herbier de M. Sanguinetti. (Note ajoutée pendant l'impression, février 1868.) 


SÉANCE DU 27 JUILLET 1866. 399 


Milium scabrum Cl. Rich. (M. effusum Seb. et Mauri, Fl. rom. p. 26! ; 
Sang., Fl. rom. p. 47! etherb. ! ; non L.). — Clairières des bois, lieux sa- 
blonneux et humides. Abondant à Frascati, à Grotta-Ferrata, à Albano, à 
Genzano et à Nemi. 

Aira caryophyllea L. (Seb. et Mauri, Fl. rom. p. 37, ex parte; Sang., 
Fl. rom. p. 57.). — Pelouses, à Civita- Vecchia. 

* A. intermedia Guss. — Pelouses, à Albano. 

A. elegans Gaud. (A. caryophyllea Seb. et Mauri, 77. rom. p. 37, ex 
parte ; A. capillaris Sang., FI. rom. p. 58). — Pelouses. Civita-Vecchia, 
Cervetri, Palo, Rome et Albano. 

* A. Cupaniana Guss. —- Pelouses sablonneuses, à la Magliana près Rome. 

* A. minuta L. — Pelouses rocailleuses, à Cervetri. 

* Avena barbata Brot. — Commun. 

* Melica nebrodensis Parl. — Coteaux, rochers, maquis. Civita-Vecchia, 
Monte-Gennaro, Une forme très-remarquable se trouve à Tivoli, à Castel- 
Gandolfo et à Albano. Serait-ce le M. typhina publié, sans description, par 
M. Boreau, dans ses notes sur quelques plantes de Corse ? 

* Cynosurus aureus L. (1).— Vieux murs, rochers, à Cervetri ; s'y retrouve 
sur les ruines des tombeaux étrusques. Première station signalée dans 
l'Italie centrale, et qui vient relier les localités de l'Italie du nord à celles des 
environs de Naples. 

* Agropyrum campestre Godr.—Rome, lieux sablonneux au bord du Tibre; 
Macchia di Mattei. 

* A. pyenanthum G.G. — Rochers du littoral, à Civita-Vecchia et à Ostie. 

* Ophioglossum vulgatum L. — Bois couverts, à l'Ariccia ( juin 1863). 

Osmunda regalis L. — Bois couverts, prés des aluminières de la Tolfa, 
avec Blechnum Spicant. 

Equisetum maximum Lamk. — Lieux humides, fossés. Corneto, Civita- 
Vecchia, Cervetri, Rome. 

E. ramosum Schl. (2). — Lieux frais, fossés, champs. Corneto, Civita- 
Vecchia, Rome, bords du Tibre, Monte- Mario, Albano, Frosinone, etc. 

* Isoëtes Hystrix (3) DR. — Sables humides, dans la Selva di Nettuno. 


(1) Cette plante, que j'ai remise à M. Sanguinetti, est à tort indiquée parlui à Civita- 
Veechia, où elle n'existe certainement pas. (Note ajoutée pendant l'impression, 
février 1868.) 

(2) L'Equisetum variegatum n'existe pas dans les États romains ; la plante signalée 
sous ce nom par M. Sanguinetti (p. 839) fait double emploi avec son E. ramosum, (Note 
ajoutée pendant l'impression, février 1868.) 

(3) M. Sanguinetti (Fl. rom. p. 840) commet deux erreurs à propos de cette plante 
que je lui ai remise : illui donne le nom d'Is. lacustris, et l'indique dans les marais de 
Civita-Vecchia où n'existe aucune espèce d'/soéles. La détermination de ma plante ne 
peut laisser aucun doute, car les échantillons en ont été vus par MM, Duyal-ouve, Al. 
Braun, et J. Gay. (Note ajoutée pendunt l'impression, février 1868.) 


A00 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

Aucune espèce d'/soéfes n'avait encore été signalée en Italie, au sud de 
Pise. La plante de la Selva di Nettuno doit se rapporter à une variété de 
7s. Hystrix, caractérisée par la forme un peu différente de ses écailles, 
d’après M. Duval-Jouve (in litt.). M. Al. Braun la rapporte simplement à 
lIs. Hystrix, d'après l'échantillon que M. Buchinger a bien voulu lui sou- 
mettre, sur ma demande. 


M. le Président déclare close la session ordinaire de 1865-1866, 
et invite MM. les membres de la Société à se rendre à la session 
extraordinaire qui s'ouvrira à Annecy le 9 août prochain. 


SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1866. 


PRÉSIDENCE DE M. LE COMTE JAUBERT. 


La Société se réunit à sept heures et demie du soir dans le local 
ordinaire de ses séances, rue de Grenelle-Saint-Germain, 84. 

M. le Président déclare ouverte la session ordinaire de 1866-67. 

M. E. Roze, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de 
la séance du 27 juillet dernier, dont la rédaction est adoptée. 

M. le Président annonce six nouvelles présentations et fait part 
des pertes regrettables que la Société vient de faire dans la per- 
sonne de deux de ses membres, MM. le docteur Gogot et Fernand 
de Wegmann. Il ajoute qu'il a encore une triste communication à 
faire à la Société, en inscrivant sur cette liste nécrologique les noms 
de MM. de Schlechtendal, Mettenius, de Siebold et Kotschy, regrettés 
de toutle monde savant, et celui de M. Charles Gay que le souvenir 
paternel avait fait lier d'affection avec la plupart des membres de 
la Société. 

Dons faits à la Société (4). 


M. Eug. Fournier rappelle que M. Ardoino avait adressé dans la 
derniére séance à la Société un Cytise dont il demandait la déter- 
mination. Il annonce avoir étudié cette plante qu'il considère 
comme nouvelle, et il lui donne le nom de Cytisus Ardoini (2). 


(4) La liste des dons présentés dans les deux séances de novembre se trouvera réunie 
en téte de la séance du 23 de ce mois. 


(2) Voyez plus haut, p. 389 (en note), la description de cette espèce. 


SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1866. A401 


M. E. Roze, vice-secrétaire, donne lecture de la communication 
suivante : 


NOTE SUR LES DIFFÉRENCES QUE PRÉSENTE AVEC LE CHANVRE ORDINAIRE LA VA- 
RIÉTÉ DE CETTE ESPÉCE CONNUE EN ALGÉRIE SOUS LES NOMS DE KIF ET DE 
TEKROURI, par M. Esidore DUKERLEY. 


(Batna, août 4866.) 


Une expertise dont j'ai été chargé à Bóne, vers la fin de juillet 1865, m'a 
mis à méme de formuler, avec plus de précision qu'on ne l'a fait peut-étre 
jusqu'ici, les différences qui séparent du Chanvre ordinaire la variété cultivée 
en Algérie sous les noms de Kif et de Tekrouri, laquelle est sans emploi 
comme matière textile, mais dont les sommités fleuries sont fumées par les 
Arabes dans des pipes ad hoc, ou servent à la préparation de certains élec- 
tuaires également enivrants à petite dose, et connus sous les noms de Madjoun 
(confiture) et de Mas/ak. 

Plusieurs cultivateurs avaient, l'année précédente, acheté d'un marchand 
arabe des graines qu'il leur avait vendues comme graines de 7ekrouri, et 
qu'ils avaient semées en conséquence, au printemps de 1865, avec la certitude 
de récolter ce produit. Le mois de juillet venu, leurs champs étaient couverts, 
presque en totalité, de pieds de Chanvre ordinaire. De là, plainte de leur part 
et poursuite du ministère public pour tromperie sur la nature de la marchan- 
dise vendue (1). C'est qu'à Bône il y a une grande différence de valeur entre le 
Kif et le Chanvre ordinaire. La graine de celui-là coüte d'abord beaucoup plus 
cher que la graine de celui-ci; d'unautre cóté, le débit d'unerécolte de Kif est 
beaucoup plus assuré que celui d'une récolte de Chanvre. 1l n'y a point là de 
frais de rouissage, opération à laquelle on répugne d'ailleurs, vu son insalu- 
brité, dans un pays déjà assez malsain par lui-même. Le Chanvre est donc, à 
Bóne, à cause des difficultés et des frais de son expédition dans les pays qui pour- 
raient l'utiliser, un produit presque sans valeur, et les cultivateurs en question 
avaient été grandement lésés dans leurs intéréts par la substitution, erronée ou 
frauduleuse, qui faisait la matière du procès. L'expertise avait à décider : 1? à 
quelle sorte appartenait la graine vendue; 2° et surtout, si les graines de Kif 
et de Chanvre ordinaire diffèrent entre elles par des caractères assez sûrs et 
assez constants pour qu'un homme exercant depuis longues années ce genre 
de commerce, soit tenu de ne jamais confondre les unes avec les autres. 

Quant à la première question, aprés avoir comparé un très-grand nombre 
d'échantillons authentiques, tant de graines de Kif que de graines de Chanvre, 
il fut reconnu par mes coexperts, MM. Pagot et Watebled, et par moi, que 


(1) Le procés, jugé dans les premiers jours de septembre, a donné lieu à une con- 
damnation à quinze jours de prison, prononcée contre le marchand arabe. 


A02 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


l'échantillon saisi chez l’Arabe et reconnu identique avec la graine vendue, était 
constitué par un mélange de Kif et de Chénevis, mais où celui-ci dominait de 
beaucoup. 

Ces mémes comparaisons nous permirent également de donner une solution 
affirmative relativement à la deuxième question, en établissant, entre les deux 
variétés, des caracteres distinctifs, bien nets et tranchés, que je crois devoir 
porter à la connaissance de la Société botanique de France. 

Mais, avant de passer à leur exposition, il me parait convenable de m'arréter 
un instant sur les différences que présentent les deux produits sur pied, c'est-à- 
dire les plantes elles-mémes, à l'époque de leur récolte. 

La comparaison nécessaire pour les reconnaitre n'a pu se faire d'une manière 
exacte qu'entre les pieds femelles des deux variétés. Lors de l'expertise, 
c'est-à-dire à la fin de juillet, les pieds de Kif mâles avaient déjà été arrachés, 
et les fanes desséchées qui jonchaient le sol étaient en trop mauvais état pour 
pouvoir être convenablement examinées. Le Kif femelle, de son côté, était 
alors presque mûr et bon à être récolté. — Quant au Chanvre ordinaire, les 
pieds mâles commencaient seulement à développer leurs fleurs, et ce n'est 
que plus d’un mois après que les pieds femelles commencèrent à montrer 
des akènes bien formés. 

Cette différence de plusieurs semaines dans l'époque de la maturité établit 
déjà, entre les deux variétés, un caractère distinctif des plus importants. 

Pour ce qui est des différences présentées par les plantes elles-mémes, elles 
sont plus faciles à constater sur le terrain qu'à exprimer avec précision au 
moyen d'une description botanique; car elles se réduisent, quand on vient à 
les analyser, à de simples nuances dont l'ensemble cependant suffit pour. im- 
primer à chacune des deux variétés un cachet particulier, propre à la faire re- 
connaitre presque au premier abord, et les cultivateurs ne s'y trompent méme 
jamais. 

Supposant donc présent à la vue ou à la mémoire un pied femelle de Chanvre 
ordinaire, voici les différences que la comparaison fera ordinairement ressortir 
dans le pied de Kif femelle qui lui sera comparé : 

Racine moins longue et plus fuible. — Tige presque toujours plus basse 
et surtout moins rameuse. — Insertion des feuilles plus rapprochée. — 
Pétioles plus courts. — Glomérules de fleurs beaucoup plus rapprochés, 
plus denses, plus courtement pédonculés, à ramifications plus courtes aussi, 
entremélés d'un plus grand nombre de feuilles florales. — Ces glomérules 
sont de plus en plus rapprochés vers le haut de la tige, et les derniers 
entre-nœuds ne se distinguant plus les uns des autres, la tige se termine net- 
tement par un bouquet de feuilles et de fleurs très-compacte; tandis que le 
Chanvre ordinaire se termine par une extrémité progressivement amincie 
et effilée. 

Toutes ces différences, on le voit, pourraient se résumer en disant que le 


SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1866. A03 


Kif est une plante plus ramassée, plus trapue que le Chanvre ordinaire, dont 
les entre-nœuds sont plus courts, et les organes appendiculaires en conséquence 
plus rapprochés les uns des autres. 

Une autre circonstance qui sert à faire distinguer le Tekrouri sur pied du 
Chanvre ordinaire, c'est la dénudation du bas de la tige, presque complète, 
en général, à l'époque de la récolte, par suite de la chute précoce des feuilles 
qui la garnissaient; le Chanvre ordinaire conserve au contraire ses feuilles 
jusqu'à la fin. 

Les fibres corticales du Kif m'ont paru aussi plus courtes et plus cassantes 
que celles du Chanvre ordinaire, circonstance qui rend bien compte de la 
différence d'emploi des deux variétés. 

On remarquera que les constatations faites par nous sur la forme de Chanvre 
dont il a été question jusqu'ici, sont en désaccord avec celles de Lamarck qui 
attribuait au Cannabis indica (?) des feuilles alternes, et une tige plus rameuse 
qu'au Cannabis sativa. Sur les échantillons de Kif bónois soumis à l'examen 
de la Société, il est aisé de voir en effet que toutes les feuilles sont opposées et 
que la tige est au contraire plus simple que celle du Chanvre ordinaire qui, on 
le sait, et dans les bons terrains particulièrement, se ramifie souvent en véri - 
tables branches plus ou moins longues. Jamais, sur les innombrables pieds de 
Kif que j'ai pu voir, je n'ai constaté de semblable disposition. 

Plusieurs de ces caractères différentiels peuvent cependant n'étre pas tou- 
jours parfaitement tranchés. Ainsi, il peut arriver que du Tekrouri semé dans 
un terrain tres-riche y produise des tiges aussi élevées et aussi fortes que les 
tiges de Chanvre, avec des feuilles aussi longues. Mais, dans la plupart des 
cas, la distinction restera toujours possible au moyen des caractères qui se 
rapportent au sommet de la tige et à la compacité des bouquets floraux et 
fructiferes. 

Daus les cas de doute enfin, et si la plante est en fruit, on aura dans les 
akènes du Kif et dans ceux du Chanvre des caractères d'une trés-grande im- 
portance, et dont j'emprunterai l'exposé à l'article que j'ai publié, en vue des 
besoins commerciaux et agricoles de la localité, dans la Seybouse, journal 
de Bóne, numéro du 3 février 1866. 


Les 


« 4° Tout le monde connaît la grosseur des graines de Chanvre. 
» graines de Kif sont ordinairement plus petites. 

» 2° Les graines de Chanvre offrent en général une teinte gris-clair uni- 
» forme.— Les graines de Kif sont en général d'une teinte plus foncée, tirant 
» au brun fauve ou roussâtre. 

» 3° Les graines de Chanvre varient peu entre elles d'un échantillon à 
» l'autre, sous le rapport du volume et de la couleur. — Les graines de Kif 
» présentent, d'un échantillon à l'autre, et sonvent dans le méme échantillon, 
» des variations très-sensibles sous le rapport du volume et de la couleur ; 


h04 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


elles sont aussi, en bien plus forte proportion que le Chènevis, mélangées de 
graines blanchâtres ou verdâtres non mûres ou avortées. 

» h° Les graines de Chanvre offrent toujours un aspect luisant uniforme. — 
Les graines de Kif sont souvent ternes et mates, et cela est vrai surtout 
pour les graines les plus grosses. 

» 5? Les graines de Chanvre présentent des veines étroites, semées égale- 
ment sur toute la surface et disposées en forme de réseau; ces veines sont 
d'une teinte blanchâtre, plus claire par conséquent que la couleur générale 
du fond sur laquelle elles se détachent à peine. — Les graines de Kif, 
outre le méme réseau de lignes blanches, présentent de véritables taches ou 
marbrures beaucoup plus larges, de forme très-irrégulière et très-variable, 
très-variables aussi quant au nombre, à la grandeur et à la position, mais 
toujours nettement séparées et indépendantes les unes des autres, ne for- 
mant point réseau par conséquent. Ces taches sont d'une teinte brun noi- 
rátre, plus foncée par conséquent que la couleur générale du fond sur 
laquelle elles tranchent d'une manière manifeste. 

» Ce sont les caractères différentiels de notre cinquième série qui sont les 
plus importants, parce qu'ils sont les plus constants et les plus prononcés, 
et cette considération permet de résoudre les cas exceptionnels qui 
peuvent se présenter. Il peut arriver en effet que du Kif semé dans un ter- 
rain gras, et y ayant pris un grand développement, produise des graines 
aussi et méme plus grosses que celles du Chanvre, et, si ces graines sont ré- 
coltées à un état de maturité imparfaite, que la couleur en soit aussi et 
méme plus pâle que celle du Chénevis. Mais la constatation des marbrures 
noirâtres propres au Kif préviendra toute confusion, et, à supposer qu'elles 
n'existent pas encore au moment de la récolte, ce qui arrive quelquefois, 
elles se prononcent au bout de trés-peu de jours d'emmagasinage, avant 
méme que la teinte gris roussâtre propre au Kif bien mûr ait remplacé la 
teinte claire actuelle qui les fait mieux ressortir encore. Les marbrures ca- 
ractéristiques sont donc surtout manifestes sur les graines de Kifles plus 
grosses et les plus récentes qui, précisément aussi, comme nous l'avons dit 
déjà, se diflérencient bien des graines de Chanvre par l'aspect terne de leur 
surface; nouveau moyen d'éviter l'erreur dans laquelle on serait tenté de 
tomber au premier abord. » 


De ces diverses remarques, il ressort avec évidence, ce me semble, que les 


graines de Kif, bien réellement différentes des graines de Chanvre au point de 
vue botanique, s'en distinguent suffisamment aussi pour les besoins commer- 
ciaux. Sans doute, sur une graine isolée, et méme sur un échantillon ne com- 
prenant qu'un petit nombre de graines, et en l'absence surtout de termes de 
comparaison, cette distinction peut quelquefois laisser place à des hésitations, 
peut-étre méme à des erreurs; mais sur des graines prises en masse, je crois 


SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1866. A05 
pouvoir affirmer, d'apres tous les cas à moi connus, qu'elle est toujours pos- 
sible, en y apportant le degré d'attention nécessaire; de sorte qu'on sera tou- 
jours bien fondé à refuser la qualité de graine de Kif à toute graine qui, com- 
parée avec un échantillon de Chenevis, ne présentera avec lui aucune différence 
caractérisée. 

En face de telles différences entre les fruits de deux plantes, il est naturel 
de se demander si ces deux plantes n'appartiendraient pas plutôt à deux espèces 
différentes qu'à deux variétés d'une méme espéce. Nous nous garderons bien 
de trancher cette question, pas plus que celle de l'identité du Tekrouri algérien 
avec la forme indienne recue de Sonnerat par Lamarck et à laquelle il crut 
devoir imposer le nom de Cannabis indica, en lui reconnaissant des carac- 
teres suffisants pour en faire une espèce particulière. 

Nous penchons cependant à croire que la forme de Chanvre cultivée en 
Algérie, si distincte qu'elle soit aujourd'hui du Chanvre cultivé en France, n'en 
est pas spécifiquement séparable, et doit toutes les différences qu'elle présente 
avec lui à l'action prolongée du climat, du sol et des procédés de culture. C'est 
une question, d'ailleurs, qu'une expérience assez longtemps continuée pourra 
seule résoudre. Il faudrait donc cultiver pendant une suite d'années : d'une 
part, en Algérie, le Chanvre ordinaire dans les mémes conditions que le Kif, 
c’est-à-dire sans lui donner ces soins assidus ct minutieux qu'on lui prodigue en 
France; et, d'autre part, cultiver en France, avec ces mémes soins et dans les 
mémes bons terrains, le Kif d'Algérie. Sans doute alors on verrait graduelle- 
ment s'effacer les distinctions qui diversifient ces deux formes. Nous avons pris 
quelques mesures pour réaliser la deuxième expérience; si elle donne des ré- 
sultats de quelque intérêt, nous les ferons connaître’ à la Société botanique de 
France. 


M. le Président fait remarquer la ressemblance qu'offrent les 
échantillons envoyés par M. Dukerley avec la plante qui fournit le 
hachisch. 

M. le docteur Reboud confirme la remarque de M. le Président 
et les détails donnés par M. Dukerley, dans sa communication, sur 
le tekrouri et le kif, noms qui, en arabe, désignent, le premier, la 
substance méme, et le second, la sensation de bien-étre que son 
usage produit Le mot kachisch s'applique plus particulièrement à 
une sorte de confiture que l'on condense en forme de grosses pi- 
lules et dans laquelle on fait entrer le tekrouri. Ce tekrouri, que 
l'on consomme plus habituellement sous la forme d'une poudre et 
que l'on fume dans de petites pipes ad Aoc avec du tabac, n'est 
autre chose que le Cannabis indica. M. Reboud ajoute qu'il s'en 


A06 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


fait un grand commerce en Algérie, et qu'on en expédie tous les 
ans de 300 à 400 quintaux de Bóne pour le Sahara. Suivant lui, 
l'usage de ce tekrouri est des plus funestes : il conduit en général à 
l'abrutissement le plus complet. 

M. Verlot, en réponse à une question de M. le Président, dit que 
sous le climat parisien le Cannabis indica, plus tardif que le Can- 
nabis sativa, n'arrive que difficilement à mürir. ses fruits. ll ne 
croit pas, du reste, que le C. indica soit autre chose qu'une va- 
riété du C. sativa, le plus ou moins de hauteur dans les tiges 
étant loin pour ces deux plantes de pouvoir constituer un caractère 
différentiel et spécifique. 

M. Duchartre confirme l'assertion de M. Verlot et fait remarquer 
que si, dans nos campagnes, le Chanvre ne s'élève guère au-dessus 
de deux métres, dans la vallée de la Garonne on en voit des pieds 
qui atteignent prés de quatre métres, et dans le Piémont jusqu'à 
six métres de hauteur. 


M. Eug. Fournier donne lecture de la communication suivante : 


RÉVISION D'UN DES GROUPES DE LA CINQUIÈME SECTION DU GENRE HELIANTHEMUM 
ÉTABLIE DANS LE PAODROMUS DE DE CANDOLLE ; 
pr M. D. CLOS. 


(Toulouse, 2 novembre 1860.) 


1. De I Helianthemum lasiocarpum Desf. 


En 1829, Desfontaines, dans sa troisième édition du Catalogue du Jardin des 
Plantes de Paris, signalait sous ce nom, sans la décrire, une espèce annuelle à 
laquelle il assigne pour patrie l'Espagne. Or, M. Spach, soit dans sa Monogra- 
phie des Cistinées (in Annal. des sc. nat. 2* sér., t. VI, p. 360), soit dans 
ses Végétaux phanérogames (t. VI, p. 47), n'a pas hésité à réunir l'H. /asio- 
carpum à son H. ledifolium, et Stendel a également adopté cette opinion 
(Nomencl. bot.). Aussi cette espèce, qui ne figure pas dans le Prodromus de 
De Candolle, d'une date antérieure à celle du Catalogus de Desfontaines, est- 
elle omise par Walpers et par la plupart des phytographes que j'ai pu consulter, 
à l'exception de MM. Jacques et Hérincq qui en donnent la diagnose dans leur 
Manuel général des plantes (t. Y, p. 120). Toutefois, en rapportant cette 
plante à la sixième section (£riocarpum) établie par Dunal dans les Cistinées du 
Prodromus, ces auteurs nous semblent avoir méconnu ses affinités, car cette 
section ne comprenait que des sous-arbrisseaux (suffrutices), tandis que l'espéce 
doit rentrer dans la section V (Zrachypetalum) et y prendre rang à côté des 


SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1866. ^07 


Helianthemum niloticum et ledifolium dont elle est très-voisine, mais qu'ils 
ont omis de signaler. 

LH. lasiocarpum de Desfontaines est une excellente espèce, dont le nom a 
été aussi trés-heureusement choisi, car le caractere qu'il désigne sert, au pre- 
mier aspect, à la distinguer des espèces affines. Son fruit est couvert, à 
partir du tiers inférieur de son pourtour jusqu'au sommet, d’un duvet blanc 
el soyeux qui, gràce à la disposition étalée des sépales, est extrémement appa- 
rent, méme à une certaine distance. Qu'on ajoute à ce signe une capsule ses- 
sile à angles obtus et comme arrondis, tenant le milieu pour la grosseur entre 
les fruits des Helianthemum salicifolium et ledifolium (4), des pétales jaunes 
à peine plus courts que le calice, des pédicelles dressés égalant presque ce 
dernier organe, enfin, de grosses graines subglobuleuses d'un jaune pâle, à 
tégument papilleux à l'état frais, et l'on aura plus de signes qu'il n'en faut pour 
établir une bonne espèce. En effet, les H. niloticum et ledifolium ont les 
pédicelles et les pétales beaucoup plus courts que le calice, la corolle d'un 
jaune påle, un fruit légèrement stipité, à faces plutôt planes que convexes et 
parfaitement lisses, présentant seulement au sommet et aux commissures trois 
lignes de poils. 

Voici maintenant la diagnose de l H. lasiocarpum : 

Herbaceum, erectum, brevissime velutinum aut puberulum; foliis oppositis, 
omnibus petiolatis, oblongo- vel lineari-lanceolatis nervosis, integris, margine 
recurvo (3-4 centim. longis, 5-10" latis), stipulis linearibus erectis, petiolo 
duplo longioribus ; floribus oppositifoliis remotis, in racemum laxum dispositis ; 
pedunculis erectis demum apice incrassatis, folio multo calyce paulo brevio- 
ribus; sepalis ovato-lanceolatis subcarinatis acuminatis acutisque, velutinis, 
inter nervos pellucidis, 2 stipularibus linearibus; petalis obovatis flavis, calyce 
vix brevioribus, integris; staminibus uniserialibus; germine subgloboso; 
stylo recto, brevi; capsula subglobosa, angulis subevanidis, minute puberula 
seorsum villis incanis coronata. Seminibus magnis ovoideis ; testa lævi, albido- 
lutea. 

Les caracteres distinctifs de cette espéce sont constants, car ils ont été tracés 
à la fois d'aprés un échantillon récolté par nous, à la date d'une vingtaine d'an- 
nées, au Jardin des Plantes de Rouen, et d'aprés des individus en ce moment 
vivants au Jardin des Plantes de Toulouse. 

Nous regrettons de ne pouvoir consulter, à cette occasion, les princi- 
paux herbiers de Paris pour chercher à y découvrir la patrie de PH. /as?o- 
carpum (2). 


(1) Link dit de cette dernière espèce : Capsula maxima (Enum. plant. t. Il, p. 75) 
(2) Notre confrére, M. E. Fournier, qui, à notre priére, a bien voulu faire quelque: 
recherches dans ces riches collections, n'a pu y découvrir que des échantillons provenant 
de culture. Cependant notre honorable confrère a vu depuis dans l'herbier Delessert un 
échantillon intitulé H. nilolicum Pers., cueilli in aridis ad radices montium Sarial el 


A08 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


L'appréciation des différences de l’ Helianthemum lasiocarpum avec les 
espèces voisines, nous a conduit à constater, chez la plupart des phytographes, 
une sorte de vacillation ou de confusion au sujet des H. villosum Thib., 
niloticum Pers. , ledifolium Willd. , qui, par leur réunion, constituent une des 
trois divisions de la section V (Zrachypetalum) établie par Dunal dans le Pro- 
dromus de De Candolle (t. I, p. 272). 

Les deux derniers Hélianthèmes ont été décrits d'abord comme distincts par 
Linné, sousles no ms de Cistus ledifolius (Hort. ups. p. 14h, et Species, p. 742), 
et de C. niloticus (Mant. p. 246). Ils ont été admis comme espèces par Will- 
denow (Species plant.) sous le nom générique linnéen, et aussi par Persoon 
(Enchir. t. 1I, p. 77), par Pourret (1), par Dunal (loc. cif.), tandis que 
d'autres phytographes ont cru devoir les réunir, les uns sous la dénomination 
de Cistus ledifolius (Lamarck, Encycl. [1786], t. II, p. 27), ou d'Zelian- 
themum ledifolium (Mutel, Fl. fr. t. I, p. 113, et Spach in Ann. des sc. nat. 
2* sér. t. VI, p. 360, et Végét. phan. t. VI, p. 17); les autres sous celle 
d'A, niloticum, tels M. Bentham (Caf. Pyr. p. 83), et Gussone (7Torc sic. 
syn. p. 25). 

Si nous supposons reconnue l'identité spécifique des H. niloticum et ledi- 
folium, c'est évidemment ce dernier nom, comme le plus ancien, qu'on devrait 
employer et qu'auraient dû adopter, ce semble, M. Bentham et Gussone. 

Quelques auteurs, MM. Grenier et Godron par exemple, mettant en doute 
l'identité du C. ledifolius L. et du C. niloticus L., ont préféré le nom d’ He- 
lianthemum niloticum, probablement d'aprés l'idée qu'il représentait mieux 
les caractères assignés par Linné à la seconde espèce. 

M. Moris, aussi, a cru sans doute retrouver en Sardaigne uniquement le 
Cistus niloticus L., puisque, dans son Flora sardoa, t. I, p. 214, il n'admet 
des deux que l’ Helianthemum niloticum. 

Voyons d'abord s'il convient de considérer comme espèces distinctes les 
Cistus ledifolius L. et niloticus L. Willdenow fait suivre sa description du 
C. niloticus de ces mots : « Simillimus Cisto ledifolio, sed multoties major, nec 
levis»; Lamarck, sa diagnose de ceux-ci : « B. idem elatior, caule ramoso. 
Cistus niloticus L. » ; M. Moris, sa description de l Helianthemum niloticum 


Schuscha Georg. Caucas. — Un. itin. 1838. Hohen. — et qui présente, avec des feuilles 
bien plus étroites que dans PH. niloticum, des fruits velus surtout dans leur tiers supé- 
rieur, ou plutót munis d'une pubcscence laineuse, courte, apprimée : « Ne serait-ce 
pas, m'écrit M. Fournier, lH. lasiocarpum, que je ne trouve dans aucune flore espa- 
gnole? » (Note ajoutée pendant l'impression , mars 1868.) 

(1) Dans un mémoire manuscrit, déposé aux archives de l'Académie des sciences de 
Toulouse et intitulé : Histoire générale des Cistes, Pourret rapporte à PH, ledifolium une 


var. semine cinereo, mais dans ce travail les Cistes seuls sont décrits et les Hélianthèmes 
ne sont que nommés, 


SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1866. ^09 


de cette réflexion : « Æelianthemo ledifolio Willd. non differt nisi propterea 
quod planta magis tomentoso-hirsuta sit» (1). 

Ainsi donc des différences dans la taille, la ramification et le degré de vil- 
losité, tels seraient les caractères distinctifs des deux espèces linnéennes. 

Or, je n'ai pas encore pu observer un seul échantillon glabre, de l'une ou de 
l'autre; et j'ai sous les yeux, en tracant ces lignes : 4° d'une part, des pieds 
recueillis à Béziers sur la garrigue du Contrôle (en 1853, 1854, 1855, les uns 
sous la dénomination d'H. ledifolium, les autres sous celle d' H. niloticum), 
d'autres au vieux Lazaret de Marseille (en 1853 et 1855 sous celle d'H. nilo- 
ticum), et à Narbonne (au bord des vignes de Crabit) (2), qui tous sont peu 
élevés, la plupart rameux dès la base et étalés-dressés. 

2° D'autre part, des échantillons récoltés soit en Algérie (à Benkoran dans 
le Petit-Atlas) en 1851 par Jamin et dénommés par M. Durieu H. niloticum 
Pers., soit à Palerme par M. Todaro?, soit à Avignonnet (Haute-Garonne, 
presque à la limite de ce département et de l'Aude) par M. Timbal-Lagrave, 

tqui, comme ceux que j'ai vus à Villespy (Aude), sont de haute taille avec 
l'axe primaire simple ou divisé s'élevant verticalement, et avec des feuilles plus 
longues. 

Or, ces deux formes, que relient quelques intermédiaires (en particulier des 
échantillons récoltés à Marseille, dressés, unicaules, mais peu élevés), me parais - 
sent appartenir à un méme type spécifique, et elles se trouvent figurées l'une 
à cóté de l'autre par Lobel, soit dans son P/antarum seu Stirpium historia, 
p. 552, soit dans ses cones ; seulement, toutes deux y sont représentées avec 
une tige dressée et rameuse dès la base. La première, celle de gauche (type de 
lH. ledifolium), y porte, il est vrai, la dénomination de Cistus humilis annuus, 
folio Salicis humilis ; mais les pédoncules y sont trés-courts et nullement 
étalés-arqués, comme dans le vrai Helianthemum salicifolium; brièveté des 
pédoncules qui avait déjà suggéré à M. Moris (loc. cit. p. 215) l'analogie de 
la plante de Lobel avec PH. niloticum. La deuxième, Cistus annuus folio 
Ledi, représente la seconde forme (H. niloticum), mais avec des feuilles plus 
étroites qu'à l'ordinaire. 


(1) Tel a été aussi l'avis de Delile, qui a écrit de sa main sur l'étiquette d'un échan- 
tillon (herb. Delessert) recueilli par M. Léon de Laborde en 1828 dans l'Arabie Pétrée : 
« H. niloticum var. ledifolium ». (Renseignement dû à M, Fournier et ajouté pendant 
l'impression.) 

Toutefois, M. Bertoloni a cru à la distinction des deux espèces, qu'il conserve et décrit 
longuement dans son Flora italiana t. V, p. 369, et la comparaison des deux diagnoses 
donne les différences suivantes : 

H. ledifolium : Feuilles inférieures opposées, elliptiques-oblongues, les supérieures 
alternes lancéolées ; pédicelles plus courts que le calice. 

H. salicifolium : Feuilles opposées, pétiolées, les inférieures obovales, les supérieures 
oblongues-lancéolées; pédicelles plus longs que le calice. 

(2) M. Maugeret admet pour la plante de Narbonne le nom d’A. ledifolium Willd, (Voy. 
le Bulletin, t. IX, p. 640.) 


T. XIII. (séances) 27 


A10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


On trouve enfin dans l'Znchiridion de Persoon (loc. cit.), sous le nom 
d'Helianthemum villosum Thib., la description d'une plante admise aussi 
comme espèce par Dunal (/oc. cit. ), et à laquelle ces auteurs assiguent l'Espagne 
pour patrie. 

L'herbier de la Faculté des sciences de Toulouse possede des échantillons 
d'une plante d'Espagne recueillis en 1851 par M. Bourgeau sur des coteaux 
incultes prés de Carthagène, et ainsi dénommés par M. Cosson : Helianthemum 
niloticum Pers. var. microcarpum ; is ressemblent tout à fait à d'autres récoltés 
en 1846 par le méme explorateur aux Canaries (sub n° 708), et dont léti- 
quette porte : « Helianthemum ledifolium Pers. — Fuerteventura. Barranco 
de Tuineye. » Ils appartiennent, les uns et les autres, à un méme type qui se 
distingue tout d'abord, au moins sur le sec, des deux types précédents, à ses 
feuilles plus étroites, à ses fleurs en épis serrés, à ses fruits plus petits, à ses 
pédoncules plus gréles et couverts, comme le sommet des tiges et des rameaux, 
ainsi que les sépales, à la face externe, d'une villosité blanche, soyeuse, toute 
caractéristique. Je ne doute pas que ce ne soit PÆ. villosum Thib., Pers., 
Dun., que Gussone avait déjà réuni à PH. niloticum par ce motif : « Ab hoc 
non differre videtur nisi sepalis angustioribus pilisque longioribus obsessis 
(loc. cit.) (4). » Voilà donc trois types représentant les trois espèces admises 
par Persoon, Dunal, et qu'on peut, je crois, rapporter à une seule espéce sous 
le nom d'Zelianthemum ledifolium. avec deux variétés : l’une genuinum, 
l'autre villosum. 


H. LEDIFOLIUM Willd. erectum, caule simplici erecto rigidi, aut a basi ramoso, 
ramis rigidis vel ascendentibus, puberulum aut præsertim apicem versus subto- 
mentosum ; foliis erectis obovato-oblongis vel ellipticis, vel oblongis, aut etiam 
obovatis, obtusis, apiculatis, superioribus alternis pedunculo oppositis, integris, 
brevissime ciliatis, subtus penninerviis, marginibus subrecurvis ; stipulis lineari- 
bus petiolo brevi longioribus, supremis lanceolatis, maximis ; floribus folio oppo- 
sitis, pedunculo brevi erecto ; sepalis 3, cymbiformibus, apice lanceolatis acutis- 
simis, 3-nerviis, extus villoso-hispidis, 2 stipularibus exterioribus multo mino- 
ribus, lineari-lanceolatis 1-nerviis; petalis cuneatis, calyce multo minoribus, 
pallide luteis; capsula laevi, ovoideo-trigona, angulis superne hispidulis, calyci 
subæquilonga ; seminibus minimis ovoideis, rubris. 

Var. œ. genuinum, pubescens, macrocarpum. 

Subvar. decumbens, ramis ascendentibus, caulem æquantibus. 


(4) Toutefois PH. ledifolium Willd. type croit aussi en Espagne, car notre Faculté 
en possède des échantillons récoltés en 1850 par M. Bourgeau (sub n° 582) et portant 
le nom d' H. nilolicum Pers, , d’après la détermination de M. Cosson. 

Je dois dire aussi que M, Fournier, ayant pu voir chez M. Delessert de nombreux échan- 
tillons d'H. villosum Thib.. (Bourgeau, Pl. d'Esp. n? 2112, Renter exsicc., Lange PI. 
Europ. austr. n° 343), est disposé à le maintenir au rang d'espéce : « ce n'est pas, 
ajoute notre confrère, l'H. niloticum var. microcarpum Coss. , dont/j'ai également sous les 
yeux un échantillon recueilli par M. Lange.» (Alinéa ajouté pendant l'impression.) 


SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1866. MA 


Subvar. erectum, caule erecto ramos rigidos firmos superante (Cistus nilo- 
ticus L. ? Helianthemum niloticum auct. pler.). 

Var. B. villosum, erectum vel decumbens, gracilius, villosum, microcar - 
pum, floribus approximatis (/7. villosum Thib., Pers., Dun.) in Hispania et in 
ins. Canariis oritur. 

Le nom de Cistus ledifolius L. est, en effet, le premier en date pour la 
plante francaise ; il est adopté par Lamarck (/oc. cit.), par De Candolle (FT fr. 
t. IV, p. 819, sub Helianthemo), et déjà, dés 1576, Lobel écrivait (oc. cif.): 
« Narbonensis Ledi annui rara species. » Contrairement à l'opinion exprimée 
en 1857 par M. Grenier (Florula massil. adv. p. 19), je crois que l'espèce 
est indigène en France, car elle est signalée, non-seulement par les auteurs 
que je viens de citer, mais par Magnol (Bot. monspel. p. 70), par Linné (Spec. 
1'* éd. p. 527), par Sauvages (Method. fol. p. 175), par Gérard (Flora Gallo- 
prov. p. 392), par Gouan (Flora monspel. p. 264), et aucun d'eux n'a mis 
en doute son indigénat. 

On pourrait demander peut-être si nous connaissons réellement le Cistus 
niloticus de Linné. J'ignore si, depuis que le prince des botanistes a signalé 
cette espèce, elle a été retrouvée en Égypte. Mais Delile, dans la partie bota- 
nique de l'Histoire naturelle comprise dans la Description de l'Egypte 
(t. XIX, p. 92), ne parait pas l'y avoir rencontrée, car on y lit seulement : 
« Helianthemum niloticum Desf. Hort., Cistus niloticus L., in Ægypto ex 
Linn. et ex Cat. mss. Hort. Paris. a° 1731. » Je n'ai pu découvrir à cet 
égard aucune autre indication; mais, d’après cela et d’après la description 
donnée par Linné, n'est-il pas infiniment probable que la plante égyptienne 
ne diffère point de celle d'Algérie ? 


M. le Secrétaire général donne lecture d'une lettre de M. Victor 
Personnat qui demande que la Société fasse des démarches auprés 
de l'administration des postes pour obtenir que l'envoi des échan- 
üllons d'herbiers puisse être accompagné d'étiquettes et se faire 
dans des papiers de la dimension réservée jusqu'ici aux plans et 
imprimés. | . 

M. le Président fait ressortir l'intérét qu'auraient les botanistes 
à ce que cette demande füt favorablement accueillie par l'adminis- 
tration des postes, et prie M. le Secrétaire général de vouloir bien 
faire, au nom de la Société, les démarches nécessaires. 

M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : 


RECHERCHES SUR LA RESPIRATION DES PLANTES SUBMERGZES, 
pr M, VAN ÆIEGHEM. 


La respiration des plantes a eu, depuis Charles Bonnet, l'heureuse fortune 


A2 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


d'exercer les efforts des chimistes et des physiologistes les plus habiles: aussi la 
loi qui règle l'échange gazeux des végétaux et de atmosphère est-elle désor- 
mais fixée dans ses conditions essentielles. Mais si la nature chimique et les 
causes déterminantes du phénomène sont bien connues, il s'en faut que l'on 
sache encore apprécier avec rigueur les variations qu'il peut subir dans sa 
maniere d'étre, quand on passe d'une plante à une autre qui vit dans un milieu 
différent, et que l’on ait déterminé dans tous les cas le lien qui unit ces varia- 
tions à celles de la structure anatomique. J'espére montrer, en me bornant 
aujourd’hui à quelques-unes des expériences que j'ai réalisées dans le cours 
de cette année, qu'il reste encore dans cette voie bien des faits à recueillir, 
dont quelques-uns paraitront peut-étre intéressants. 

Il m'a fallu, pour obtenir une réponse aux questions que je m'étais posées, 
adopter une marche un peu différente de celle que l'on suit d'ordinaire dans ce 
genre de recherches. Au lieu de placer des feuilles séparées de la plante dans 
un milieu différent de celui où elles fonctionnent naturellement, et de les 
soumettre pendant un temps toujours très-limité, à l'influence de la lumière 
directe ou diffuse, ou de l'obscurité, j'ai dà suivre pendant longtemps, sur la 
plante entière et dans les circonstances normales de sa vie et de son développe- 
ment, la marche de l'échange gazeux, et les variations qu'elle éprouve suivant 
les circonstances extérieures et suivant la nature propre de la plante. Cette 
observation directe et prolongée du phénoméne, qui n'exclut pas les analyses 
et les expériences variées, est habituellement négligée; il est vrai qu'elle est 
difficile pour les plantes à végétation aérienne qui font le sujet ordinaire de 
ces sortes d'expériences. Les plantes submergées, au contraire, s'y prétent à 
merveille, tant par la facilité avec laquelle on peut en cultiver dans le labora- 
toire un certain nombre d’espèces, que par la manière toute particulière et 
remarquable dont l'échange gazeux s'y accomplit. Les expériences dont je vais 
avoir l'honneur d'entretenir la Société, ont porté sur le Potamogeton lucens, 
sur le Ceratophyllum demersum, et particulièrement sur l’Z/odea canaden- 
sis ; c’est sur cette dernière plante que j'appellerai surtout l'attention, en me 
bornant à comparer les résultats qu'on en obtient à ceux que donnent les deux 
autres. 

Mais pour bien comprendre ce qui va suivre, il est nécessaire de se rappeler 
que le caractère anatomique le plus général des plantes submergées, quel que 
soit d'ailleurs le groupe naturel auquel elles se rattachent, est d'avoir leurs 
feuilles, leurs tiges et souvent leurs racines creusées de lacunes aérifères. 
Chez la plupart d'entre elles, les lacunes des feuilles (qui dans l’Z/odea sont 
d'étroits méats séparant les files longitudinales de cellules, qui dans le Cerato- 
phyllum sont de larges canaux munis de planchers transversaux) règnent, sans 
interruption, depuis le sommet de l'organe jusqu'au nœud où elles s'abou- 
chent avec les lacunes de la tige. Celles-ci s'étendent d'un nœud à l'autre; 
un plancher transversal, formé d'une ou de plusieurs couches de cellules 


SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1866. h43 


courtes qui laissent entre elles de petits méats, sépare à chaque nœud les deux 
systèmes de lacunes, tout en permettant aux gaz un passage facile de l'un à 
l'autre. Tantôt dans la longueur de l'entrenceud la lacune est continue (£lodea 
canadensis), tantôt elle est fréquemment entrecoupée par des planchers 
transversaux dont les cellules aplaties et riches en chlorophylle laissent entre 
elles de petits méats triangulaires (tige des Potamogeton, feuilles des Cerato- 
phyllum). De leur cóté, les canaux aériens des racines viennent s'aboucher 
aux nœuds avec ceux de la tige. Par ce système continu de lacunes, organisé 
le plus souvent avec une élégante régularité, une atmosphère intérieure s'étend 
d'un bout de la plante à l'autre, du sommet des feuilles à l'extrémité des ra- 
cines. Si, d'autre part, on remarque que les feuilles et les racines adventives 
des parties inférieures se détruisent peu à peu à mesure que la plante étale, 
en s'allongeant, de nouveaux rameaux, tandis que, d'un autre cóté, une foule 
de petits animaux se fixent sur les parties jeunes et vertes dont ils perforent 
les tissus pour se nourrir de leur substance, on comprendra que, par ces deux 
motifs, le systéme lacunaire de ces végétaux se trouve, le plus souvent, dans 
les circonstances naturelles, ouvert en plusieurs points dans le milieu exté- 
rieur. 

Ceci posé, et avant d'expliquer comment les choses se passent dans l' Z7odea 
canadensis, je crois devoir, tout d'abord, rappeler ici les résultats qu'ont 
apportés, au point de vue particulier qui nous occupe, les recherches de 
MM. Cloëz et Gratiolet sur la respiration des plantes submergées dont on 
avait négligé l'étude jusqu'à leur important travail. Ces observateurs y établis- 
sent que l'absorption de l'acide carbonique et sa décomposition s’opèrent 
surtout par la face supérieure des feuilles; ils en trouvent la preuve dans ce 
fait que, si l'on introduit des tiges feuillées de Potamogeton crispus et per- 
foliatus dans une eau chargée de bicarbonate de chaux, la décomposition du 
sel et la précipitation consécutive du carbonate n'ont lieu que sur la face supé- 
rieure des feuilles. J'ai observé très-souvent le méme fait dans l Z/odea cana- 
densis. Je ne puis manquer de rappeler, à ce propos, que, d’après les recher- 
ches toutes récentes de M. Boussingault, les feuilles aériennes , même 
et surtout les plus coriaces, celles du Laurier-Cerise , et du Laurier-Rose, 
décomposent aussi, à égalité de température et de lumière, beaucoup plus 
d'acide carbonique (trois et quatre fois plus) par leur face supérieure rigide, 
dépourvue de stomates, que par leur surface inférieure molle et percée d'in- 
nombrables ouvertures (1). 

D'autre part, MM. Cloëz et Gratiolet ont essayé de déterminer la marche de 


(4) Comptes rendus,t. LVIII, p. 706, 29 octobre 1866. 

Les recherches de M, Boussingault ont porté d'abord surles feuilles du Laurier-Rose et 
du Laurier- Cerise. Pour la première plante, la surface inférieure ayant, en huit heures, 
sous l'influence d'une vive lumière, décomposé 5cc,6 de gaz acide carbonique, la surface 
supérieure en a réduit, toutes choses égales d'ailleurs, 20cc,5, près de quatre fois autant; 


AAA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


l'oxygène produit dans le parenchyme des feuilles. Ayant exposé horizontale- 
ment au soleil, dans de l'eau chargée d'acide carbonique, un tronçon pris 
dans la partie moyenne d'une tige de Potamogeton, ils virent des bulles nom- 
breuses se dégager par la partie radiculaire du tronçon, tandis que le dégage- 
ment était insensible par l'autre extrémité ; ils en ont conclu qu'un courant 
d'oxygène se dirige constamment des feuilles vers les racines; mais ils admet- 
tent en méme temps que, chemin faisant, cet oxygène se dégage des feuilles et 
des tiges « par des pores latéraux ». 

On pouvait donc conserver quelque doute, tant sur l'existence de ce cou- 
rant et sur la maniere dont le régime s'en établit dans les plantes entieres pla- 
cées daus les conditions normales de leur développement, que sur le róle qui 
lui revient dans le phénomène total de la respiration. La manière dont les 
choses se passent dans l’ E/odea canadensis et dans les autres plantes que j'ai 
étudiées dissipera toute incertitude. 

Exposons au soleil un plant très-ramifié d’ E/odea flottant dans l'eau où son 
développement se poursuit avec activité, et, pour plus de simplicité, supposons 
d'abord le bout inférieur de la tige fraichement coupé. Nous verrons, aprés 
quelques instants, des bulles d'oxygène s'échapper une à une par les ouver- 
tures des canaux aériens de la section; ce courant s'accélère peu à peu, devient 
trés-rapide et se maintient avec une régularité parfaite tant que dure l'action 


pour le Laurier-Cerise la face inférieure d'une feuille ayant décomposé 7ec,5 d'acide car- 
bonique, la face supérieure en a réduit 21°c,3, près de trois fois autant, 

Ce résultat est aussi remarquable qu'imprévu ; car la face supérieure étant la plus ré- 
sistante, la plus pauvre en stomates qui méme y manquent absolument dans les deux 
espéces de feuilles qu'a citées M. Boussingault dans la premiére partie de son travail, 
tandis que la face inférieure plus molle en est toujours abondamment pourvue, il faut 
nécessairement en conclure que les stomates, pas plus que les innombrables lacunes du 
tissu caverneux de la feuille qui par eux s'ouvrent au dehors, ne favorisent, comme on 
l'avait cru jusqu'à présent par une induction naturelle, l'introduction et la décomposition 
de l'acide carbonique, qui s’opèrent au contraire avec une activité beaucoup plus grande 
par la couche supérieure palissadiforme et serrée du tissu de la feuille, et cela malgré 
l’épiderme épais et coriace qui la recouvre. 

Par suite d'une confusion, M. Boussingault arrive précisément à la conclusion opposée, 
Pour lui, c'est la face supérieure de la feuille, l'endroit comme il l'appelle, qui est le plus 
riche en stomates : «L'épiderme, la cuticule dont cette face est recouverte, ont plus de 
» consistance; les stomates y sont bien plus nombreux que sur la face opposée où il 
» arrive méme qu'ils manquent entiérement.». Et plus loin : « La communication des 
» cellules végétales avec l'air atmosphérique, avec le gaz acide carbonique, est favorisée 
» par les stomates : c'est, à n'en pas douter, le rôle principal de ces ouvertures, de ces 
» perforations. » Et plus loin encore : « Une fois admis que les stomates facilitent l'accès 
» de l'air dans le parenchyme, on doit se demander si dans les feuilles aériennes le cóté 
» du limbe où ces organes sont nombreux, agit plus énergiquement sur l'atmosphère 
» que l'autre côté. En d'autres termes, la question est de savoir si dans les mêmes con- 
» ditions d'intensité de lumiére, de température, de constitution du milieu gazeux, l'en- 
» droit d'une feuille décompose, dans des temps égaux, plus d'acide carbonique que 
» l'envers.» 

J'ai cru devoir signaler cette erreur d'interprétation et tirer des expériences de 
M, Boussingault leur véritable conclusion, d'autant plus remarquable, je le répète, qu'elle 
est plus en dehors de toute prévision fondée sur la structure anatomique de la feuille. 


~ 


SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1866. "^ M5 


du soleil; comparable au courant qui s'échappe du tube abducteur d'un appa- 
reil à préparer l'oxvgéne, ou, si l'orifice est très-petit, aux chapelets serrés de 
petites bulles qui s'élévent des électrodes pendant la décomposition électrique 
de l'eau. Aucune bulle gazeuse n'apparait pendant ce temps sur aucune des 
feuilles de la plante, ni en aucun autre point de sa surface : l'exhalation super- 
ficielle y est insensible, et c'est en un seul point que vient se dégager, gráce au 
système continu de lacunes dont j'ai rappelé la structure, la totalité de l'oxygène 
produit dans toutes les cellules vertes du végétal. Mais peut-être avons-nous 
déterminé cette localisátion en coupant fraîchement là tige, et les choses se pas- 
sent-elles tout autrement dans la nature : serrons l'extrémité ouverte entre les 
branches d'üne pince; le dégagement s'arrêtera d'abord, mais, tout à coup, 
nous verrons, en un ou plusieurs points, qu'une recherche patiente aurait pu 
déterminer à l'avance, à l'aisselle d'une feuillé ou sûr un point de sà Surface, 
sur un point d'une racine adventive, quelquefois au Cœur mémé d’un bourgeon 
terminal, un courant s'échapper avec violence sous l'effort dé là pression in- 
tèrne, puis se régalariser et se maintenir tant qu'on ne rétablira pas l'ouver- 
türe primitive en desserrant la pince ; le gaz se dégage alors de nouveau par là 
section, qui offre à sa sortie une issue plus inférieure et plus large. Et, si nous 
cxaminons avec soin les points par où l'oygene s'est échappé, nous verrons que 
la feuille était jaunie et en partie détruite, que la racine adventive était altérée, 
que le bourgeon axillaire, ou le bord de la jeune feuille, ou le cœur du bour- 
eon terminal, était rongé par de petits mollusques bu de petits vers qu'il m'est 
arrivé bien des fois de surprendre dans leur œuvre de destruction; toujours 
c'était uné ouverture accidentelle qui, ne pénétrant peut-étre pas d'abord jus- 
qu'aux canaux aériens, offrait pourtant un point de moindre résistance que là 
pression interne a changé en une véritable ouverture. En fermánt l'ihcision 
que nous avions pratiquée, nous nous sommes replacé dans les circonstances 
naturelles; et c'est en effet ainsi que la sortie du gaz s'opère dans les plants 
d' Elodea sur lesquels on n'agit pas. En général, c'est par un point situé près 
de la base, sur la tige, les feuilles, ou les racines en voie de destruction, mais 
souvent aussi par de petits trous situés sur les parties jeunes et vertes et, je le 
répète, au cœur méme d’un bourgeon terminal, que l'on. voit s'échapper le 
gaz oxygène mêlé d'azote. En coupant fraîchement la tige à sa base, ou en la 
piquant de plus en plus bas, on fait cesser ces divers courants en les ramenant 
à un seul qui s'échappe par l'ouverture la plus inférieure. 

Ainsi donc, en résumé, il y a dans les circonstances normales développe- 
ment d'une pression considérable dans l'atmosphère intérieure et par suite 
dégagement de courants rapides par les orifices accidentels ; le courant interne 
absorbe à lui seul tout l'oxygene produit par les cellules vertes, et sa direction 
ne dépend que de la situation de l'orifice; bien qu'il chemine de préférence, 
toutes choses égales d'ailleurs, du haut en bas de la tige, il est donc très- 
souvent interverti ; il peut s'échapper par le bourxeon terminal d'une branche 


A6 ` SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ou par un point quelconque de la surface du végétal; il est alors ascendant 
pour certaines parties, descendant pour les autres. — Dans ce mouvement à 
travers les lacunes, le gaz s'épure; il s'enrichit en oxygène à mesure qu'il 
traverse les filtres verts qu'y forment les planchers transversaux. Le róle de 
ces planchers à jour est donc considérable dans l'acte de la respiration. 

Telle est la manière dont l'échange gazeux s'effectue dans lZ/odea cana- 
densis placé au soleil dans les conditions de son développement normal: il 
faudrait supposer la plante hermétiquement close, pour concevoir que la sortie 
du gaz oxygène püt s'y faire, sous l'influence de la pression croissante de 
l'atmosphere intérieure, par une vague exhalation superficielle; il n'y aurait 
plus alors de courant interne, plus de circulation lacunaire; mais ce cas ne 
peut être réalisé dans la nature que par exception et pour un temps très-court, 
et, dans les recherches expérimentales, il s'agit bien moins de deviner com- 
ment les choses se passeraient dans telle ou telle hypothèse, que de savoir 
comment elles se passent en réalité. 

C'est la netteté que donne aux observations ce dégagement d'oxygène (1) 
localisé en un point, sous forme de courant régulier, qui m'a fait choisir ces 
plantes comme les plus propres à élucider certaines questions , sur deux des- 
quelles j'attirerai spécialement aujourd'hui l'attention de la Société. 

Une première remarque indispensable à faire c'est que, si l'on a soin de se 
mettre à l'abri des réflexions produites par les nuages, tant que la lumière 
directe du soleil n'a pas frappé les plants d'Z/odea placés devant une fenêtre 
à l'est, en face d'un grand espace libre, de manière à voir une large étendue 
du ciel, le végétal ne dégage d'oxygéne par aucun de ses points; sa respiration 
se borne à une exhalation superficielle insensible. La lumiére diffuse de l'at- 
mosphère, si vive qu'elle soit, est donc impuissante à provoquer, chez cette 
plante, la réduction de l'acide carbonique; c'est-à-dire qu'elle ne renferme pas 
assez de radiations actives, jaunes et rouges, pour agir sensiblement sur la chlo- 
rophylle. Il en est de même d'ailleurs pour le Potamogeton lucens et le Cera- 
tophyllum demersum. Ce résultat ne doit pas étonner; on sait en effet, par les 
expériences de M. Roscoë et par les observations journalières qui sont réalisées 
sous sa direction ou d’après son impulsion aux observatoires de Kew, de 
Cheetham Hill, d'Owen's College (Manchester) et de Parà (Brésil), que la 
lumière diffuse est beaucoup plus riche en rayons photographiques que la lu- 
mière solaire, même quand le soleil atteint une hauteur considérable, beaucoup 
plus pauvre au contraire en radiations jaunes et rouges. Cet effet est dû à ce 
que les particules solides, en suspension dans l'atmosphère, transmettent les 
rayons rouges et jaunes, tandis qu'elles réfléchissent en toussens les rayons 


(1) Le gaz dégagé par l’action du soleil n’est pas de l’oxygène pur, mais un mélange 
d'oxygène et d'azote dans la proportion de 9/10 d'oxygéne et de 1/10 d'azote, pro- 
portion d'ailleurs assez variable. 


SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1866, h47 


les plus réfrangibles : bleus, violets et ultra-violets. Le soleil ne dissémine donc 
dans l'atmosphère que trés-peu de ces radiations jaunes et rouges, qui sont 
précisément celles que la chlorophylle absorbe pour les convertir en travail 
chimique, tandis qu'il y répand, en nombre immense, les radiations très- 
réfrangibles qui réduisent les sels d'argent, et oxydent les matières organiques. 

Ceci posé, deux points sont à examiner. Que se passera-t-il quand, après 
avoir soumis l Zlodea canadensis à l'action du soleil, nous l'abandonnerons 
à la lumière diffuse ? Qu'arrivera-t-il quand nous mettrons la plante à l'obs- 
curité complète aprés l'avoir exposée au soleil ? 

Les expériences suivantes vont répondre à ces questions. 

I. Le 3 février 1866, à huit heures et demie du matin, la température de 
l'eau étant de 18 degrés, Elodea reçoit l'action directe du soleil. Un quart 
d'heure aprés, le plant que j'examine en particulier dégage, par quaire de ses 
points, des courants gazeux rapides : l'un d'eux part de l'extrémité. d’une 
racine adventive partiellement détruite ; un autre d'un point de la périphérie 
de la tige voisin de la base où elle porte des feuilles flétries; le troisième du 
bord d'une de ces feuilles basilaires à demi résorbée; le quatrième, enfin, 
s'échappe du bourgeon terminal d'un jeune rameau , où l'on voit s'agiter un 
petit mollusque qui s’en nourrit. À onze heures et demie, la plante, soustraite à 
l'action du soleil, est soumise à la lumière diffuse, à côté d'un autre flacon ren- 
fermant des plants d Z/odea maintenus, depuis le matin, à l'abri du soleil. A 
deux heures, les quatre courants continuent avec la méme vitesse dans le pre- 
mier vase; à cinq heures, leur activité s'est à peine affaiblie, les bulles se suc- 
cèdent innombrables en chapelets verticaux; vers cinq heures et demie, le jour 
tombe; à six heures, les quatre courants persistent visiblement ralentis; à 
sept heures, ils dégagent encore chacun quinze à vingt bulles par minute; 
à huit heures, trois d'entre eux sont éteints; le quatrième donne encore cà et 
là une bulle, Enfin, vers huit heures et demie, tout est terminé. 

Le dégagement d'oxygène n'a donc cessé que meuf heures après la fin de 
l'insolation. Pendant tout ce temps, aucune bulle de gaz ne s'est montrée dans 
le bocal placé comme témoin à cóté du premier. 

Ainsi la lumiere diffuse de l'atmosphère, incapable de provoquer par elle- 
méme la décomposition de l'acide carbonique, peut cependant prolonger le 
phénomène respiratoire pendant un temps considérable, une fois qu'il a été 
commencé par la lumière solaire directe. 

La même chose a lieu dans le Potamogeton lucens et le Ceratophyllum 
demersum, comme le montrent les expériences suivantes. 

II. Le 8 octobre 1866, un bocal où se trouve en pleine végétation le Pota- 
mogeton lucens, est placé ‘au soleil de huit heures et demie à dix heures trois 
quarts; on le soumet alors à la lumiere diffuse. A ce moment les tiges déga- 
gent, par leurs extrémités inférieures, des courants trés-rapides. Un bocal 


` 


contenant la méme plante maintenue à la lumière diffuse, est placé comme 


A18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

témoin à cóté du premier. A deux heures et demie, il se dégage encore, par la 
section d'une tige, 10 bulles par minute; à quatre heures, 9 bulles en deux 
minutes; à quatre heures et demie, tout est fini. Aucune bulle gazeuse ne s'est 
montrée dans le bocal voisin. 

Après deux heures un quart d'insolation, la décomposition sensible de l'acide 
carbonique a continué chez cette plante pendant cinq heures trois quarts sous 
l'influence de la lümiere diffuse. 

HI. Le même jour, un bocal contenant le Ceratophyllum demersum est 
soumis au soleil de neuf heures à midi : à quatre heures, le dégagement est 
encore, sur un point, de 220 bulles par minute; à cinq heures, de 35 bulles 
à la minute; à cinq heures et demie, le dégagement est insensible. Aucune 
bulle dans le bocal témoin. 

Pour trois heures d'insolation, il y a eu cinq heures et demie de dégagement 
consécutif à la lumiére diffuse. 

La conclusion que j'ài tirée des expériences sur I' Z7odea s'applique donc 
entierement à ces plantes; mais c'est chez l Z/odea que l'action continuatrice 
de la lumiére diffuse parait avoir le plus d'intensité. 

Il devenait des lors intéressant de rechercher si, ej placant ces végétaux à 
l'obscurité complete, le dégagement gazeux y continuerait encore. Je me 
bornerài à citer quelques-unes dés nombreuses expériences que j'ai réalisées 
pour obtenir une réponse à cette question. 

L Le 26 avril 1866, la témpérature de l'eau étant de 18 degrés, I Z/odea 
reçoit la lumiere diffuse jusqu'à midi, sans dégager aucune bulle gazeuse ; de 
midi à trois heures, l'action du soleil y détermine des courants trés-actifs. 
Où place alors la plante à l'obscurité complète; à quatre heures, le déga- 
gement d'oxygène est à peine ralenti; à cinq heures, il continue encore, mais 
avec une moindre áctivité ; encore sensible à cinq heures et demie, il ne s'é- 
teint que vers six heures. Ainsi, prés de £rois heures après avoir été soustraite 
à l’action directe: du soleil et mise à l'obscurité, la plante continue encore à 
réduire l'acide carbonique et à en dégager l'oxygène. 

IL Le 7 octobre 1866, la température de l'eau étant de 20 degrés, I'ZTodea 
est mis au soleil à huit heures et demie; à dix heures vingt minutes, les cou- 
rants étant eh pleine activité, la plante est placée à l'obscurité. A onze.heures, 
le dégagement est très-actif et, sur un point, je compte 100 bulles par minute; 
à onze heures quarante minutes, le même point dégage 56 bulles en une minute. 
Après un séjour à l'obscurité d'une heure vingt minutes, la réduction de 
l'acide carbonique est donc encore en pleine activité. Je replace le flacon à là 
lumière diffuse, le dégagement s'accélère et, à midi, il est de 86 bulles par 
minute; à une heure, il commence à se ralentir et donne 55 bulles. A quatre 
heures, il a cessé. 

Ces expériences me paraissent démontrer que, chez l' Z/odea canadensis, 
la réduction de l'acide carbonique et le dégagement correspondant d'oxygène, 


SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1866. h19 


dès qu'ils sont excités par l'action directe du soleil, se continuent ensuite à 
l'obscurité pendant un temps relativement très-long. 

Les deux autres plantes se comportent-elles de la méme manière ? 

Le 7 octobre, le Ceratophyllum demersum, après avoir subi l'insolation 
depuis huit heures et demie, est placé, en pleine activité respiratoire, à l'obs- 
curité complète, à onze heures trente-cinq minutes. Le dégagement se ralentit 
brusquement, mais ne cesse entièrement qu'à onze heures cinquante minutes. 
Ici l'action continuatrice, encore très-sensible, est pourtant assez faible. Il en 
est de méme dans le Potamogeton lucens. Un flacon renfermant cette plante est 
mis, le méme jour, à l'obscurité complète à onze heures vingt minutes, après 
avoir subi l'insolation depuis huit heures et demie; à onze heures trente-cinq 
minutes, tout dégagement a cessé. 

Ces expériences paraissent montrer que, dans ces deux plantes, la réduc- 
tion de l'acide carbonique ne se continue à l'obscurité que perdant un temps 
assez court (1). 

En résumant les principaux résultats de ces recherches, nous voyons 1° que 
si, chez les plantes submergées, là lumière diffusé de l'atmosphère est im- 
puissante à exciter la réduction de l'acide carbonique, elle exerce néanmoins 
sur elles un effet continuateur qui prolonge la réduction pendant un temps 
très-long aprés la fin de linsolation; 2° que, üne fois excitée par l'action 
directe du soleil, la réduction de l'acide carbonique peut se continuer à l'obs- 
curité complète pendant un temps qui varié suivant les plantes que l'on con- 
sidère : relativement très-long dans l Z/odea canadensis, assez court dans le 
Ceratophyllum demersum et dans le Potámogeton lucens. 

La force vive des radiations solaires peut donc se fixer, s'emmágásiner dans les 
cellules vivantes, pour agir aprés coup dáns l'obscurité complète et s'épuiser 
peu à peu en se transformant en un travail chimique équivalent, comme elle se 
fixe et s'emmmagasine dans les sulfures phosphorescents pour apparaitre ensuite 
au dehors sous forme de radiations moins réfrangibles que lesradiations incidentes 
(expériences de M. Ed. Becquerel), ou dans le papier, l'amidon et méme la 
porcelaine, pour se manifester, aprés un. temps qui peut être très-long, sous 
forme de travail chimique extérieur en réduisant les sels d'argent (expériences de 
M. Niepce de Saint-Victor). Là propriété remarquable que possèdent les cel- 


(1) J'ai observé plus récemment; et un grand nombre dé fois, chez le Ceratophyllum 
demersum, une continuation du phénomène respiratoire à l'obseurité aussi longue que 
chez l' Elodea canadensis. Ainsi, par exemple, le 11 juin 1867, une branche de ce végé- 
tal mise au soleil à huit heures du matin, dégage par så séction un courant très-actif ; 
on la place à l'obscurité à huit heures quarante-cinq minutes; à neuf heures le courant 
donne 200 bulles par minute; à neuf heures trente minutes, 425 bulles; à dix heures, 
79 bulles; à onze heures, 25 bulles; à onze heures quarante-cinq minutes, il se dégage 
encore 2 à 3 bulles par minute ; on remet la plante à la lumière diffuse et le courant 
s'accélère aussitôt. Ici encore ce n'est donc qu'après plus de trois heures de séjour à 
l'obscurité que l'effet produit par une insolation de moins d'une heure a pu être épuisé. 
(Note ajoutée pendant l'impression, mars 1868.) 


A20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


lules vertes des plantes submergées n'est donc pas isolée; elle n'est qu'un cas 
particulier d'une propriété générale dont se montrent douées aussi toutes les 
matières organiques mortes et les substances minérales, celle de fixer dans 
leur masse, sous une forme inconnue, une partie des vibrations de l'éther qui 
tombent à leur surface, de les y conserver en les transformant et en les pro- 
pageant lentement dans leur intérieur de molécule à molécule (car il y a une 
conductihilité de la matière, non-seulement pour les vibrations calorifiques, 
seul cas que l'on étudie, mais aussi pour toutes les vibrations de l'éther quelle 
qu'en soit la longueur d'onde), pour les émettre plus tard sous forme de ra- 
diations obscures et calorifiques, ou lumineuses, ou ultra-violettes, ou pour 
les consommer peu à peu en produisant un travail équivalent, chimique ou 
mécanique, intérieur ou extérieur. Le phénomène qui nous occupe est donc 
une phosphorescence, mais c'est une phosphorescence toute particuliére oü 
les vibrations incidentes emmagasinées ne sont pas émises au dehors sous 
forme de radiations, mais sont consommées au dedans et transformées en un 
travail chimique équivalent et bien remarquable, puisque c'est la réduction 
totale à froid de l'acide carbonique. Ce n'est d'ailleurs pas seulement par le 
mode de transformation des vibrations absorbées, mais encore par leur qualité, 
que le phénomène que nous étudions diffère de ceux du même ordre que 
nous venons de rappeler. Dans les expériences de M. Ed. Becquerel ce sont, 
en effet, les rayons les plus réfrangibles, ultra-violets, qui sont fixés par les 
corps phosphorescents, transformés par cux et émis sous forme de radiations 
moins réfrangibles et lumineuses ; dans celles de M. Niepce de Saint-Victor, ce 
sont encore les mémes rayons qui sont absorbés par les substances organiques 
et par la porcelaine et rendus sous la méme forme obscure pour aller réduire 
à distance les sels d'argent ; ici, au contraire, ce sont les vibrations lumineuses 
les moins réfrangibles, jaunes et rouges, qui sont fixées, conservées par la 
chlorophylle, et transformées par elle, dans l'obscurité complète, en travail 
chimique équivalent. 

L'action continuatrice de la lumière diffuse de l'atmosphére, que nos expérien- 
ces mettent en évidence, se rattache, elle aussi, à un ordre général de faits dont 
les substances minérales nous offrent des exemples. M. Ed. Becquerel a montré 
en effet, depuis longtemps, que le chlorure d'argent, qui ne noircit pas sous 
l'influence directe des rayons rouges du spectre, est attaqué, au contraire, dans 
toute la portion la moins réfrangible, quand on a primitivement exposé la couche 
sensible, soit à la lumière diffuse, soit à la lumière bleue, de manière à y faire 
une impression très-faible et égale dans toutes ses parties; les rayons peu ré- 
frangibles , impuissants à exciter l'action chimique, la continuent donc et la 
développent. Incapables aussi d'exciter la phosphorescence dans les sulfures, 
ils l'activent pourtant et la précipitent, une fois qu'elle y a été provoquée, par 
les rayons violets, sans augmenter néanmoins la quantité totale de lumière 
émise, De méme ici les rayons trés-réfrangibles, bleus, violets et ultra-violets, 


SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1866. A24 


que la lumiére diffuse contient en quantité si grande, comme je l'ai rappelé 
plus haut, impuissants à exciter la réduction de l'acide carbonique dans la 
cellule verte, continuent pourtant l'action une fois qu'elle a été commencée 
par les rayons peu réfrangibles, et la prolongent ensuite pendant un temps 
considérable. C'est la méme propriété, avec interversion dans la réfrangibi- 
lité des rayons actifs excitateurs et des rayons inactifs continuateurs. 

Sans insister davantage aujourd'hui sur ces résultats, et en me réservant de 
les compléter et de les étendre par une étude plus approfondie, je terminerai 
par une remarque toute pratique. 

` Il résulte, en effet, des observations qui précèdent, que si, pour certaines 
recherches sur la respiration végétale, on fait usage de plantes aquatiques, il 
faudra d'abord s'assurer de la manière dont le phénomène s'y passe, et tenir 
compte, s'il y a lieu, des conditions auxquelles la plante s'est trouvée soumise 
avant l'expérience, sous peine de s'exposer à commettre de graves erreurs. Un 
exemple montrera mieux l'utilité de cette remarque. Dans son Manuel de phy- 
stologie expérimentale des plantes (dans Hofmeister's Handbuch der physio- 
logischen Botanik), M. J. Sachs, voulant comparer l'influence des rayons de 
réfrangibilité diverse sur l'intensité de la respiration des plantes, choisit, comme 
sujet d'expériences, le Ceratophyllum demersum; et, comme il opère sur la 
méme tige qu'il soumet successivement à la lumière solaire, à la lumière rouge 
transmise par une solution de bichromate de potasse, et aux rayons bleus qui 
traversent une dissolution ammoniacale de sulfate de cuivre, en mesurant 
l'intensité du phénomène par le nombre de bulles que la tige dégage dans 
le méme temps par sa section, il est clair que si la lumiére solaire agissait 
encore après qu'on a interposé l'écran rouge, et la lumière rouge après l'inter- 
position de l'écran bleu, on ne mesurerait que des effets complexes, et que les 
résultats dépendraient de l'ordre d'interposition des écrans. Hâtons-nous de 
dire qu'il n'en est pas ainsi dans le cas actuel, le temps pendant lequel la 
plante reste soumise à l'influence d'un écran étant insuffisant pour qu'il y ait 
un effet continuateur sensible. — Néanmoins, en général, ce mode d'expérience 
est sujet à cette critique fondée, que l'action. d’un rayon peut se prolonger 
quand il a cessé d'agir; et que certains rayons peuvent continuer l'effet des 
premiers et paraître agir pour leur compte, qui sont par eux-mêmes impuis- 
sants à le provoquer. 


A l'occasion de cette communication, M. Duchartre fait remarquer 
que ce qui vient concorder avec les observations de M. Van Tie- 
ghem pour infirmer l'importance attachée pendant longtemps au 
róle physiologique des stomates, c'est que la transpiration végétale 
s'accomplit dans une certaine mesure par la face supérieure des 
feuilles qui est le plus souvent dépourvue de ces organes. En outre, 


A22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


et pour confirmer l'intéressante observation faite par M. Van Tie- 
ghem sur la persistance d'action de l'impression de la lumière, il 
ajoute que cette persistance devait étre reconnue à priori, car si 
la lumiére solaire directe était actuellement nécessaire pour la 
respiratior des végétaux, il y aurait bien des heures et bien des 
jours oü cette respiration ne s'effectuerait pas. 

M. Eug. Fournier présente, de la part de M. Groenland, des pré- 
parations microscopiques destinées à faciliter les études anato- 
miques des végétaux. ll annonce que M. Grænland mettra bientôt 
en vente des séries de ces préparations, et prie ceux des membres 
de la Société que ce sujet intéresse plus particuliérement de vouloir 
bien s'adresser à notre honorable confrére. 


M. Gris fait à la Société les communications suivantes, résultat 
d'études faites en collaboration de M. Brongniart : 


SUR QUELQUES CONIFÉRES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE, 
pr MM. Adolphe BRONGNIARE ct Arthur GRIS. 


La famille des Conifères est une de celles qui donnent souvent un caractère 
particulier à la végétation d'un pays. Les foréts de Pins, de Sapins et d'autres 
Abiétinées des régions tempérées de tout l'hémisphére boréal en sont un 
exemple frappant. Dans l'hémisphère austral, ce groupe de végétaux se montre 
sous des formes diflérentes : les Araucaria, les Dammara, les Podocarpus et 
les Dacrydium sont les principaux types qu'on y rencontre. 

Le quatre genres que nous venons de citer sont représentés à la Nouvelle- 
Calédonie par un nombre assez restreint d’espèces qui ont cependant une 
grande importance dans sa végétation. Les Araucaria et les Dammara lui 
donnent sans doute son aspect le plus particulier, mais les matériaux nous 
manquent pour bien distinguer les espéces. L'absence, dans le plus grand 
nombre des cas, de rameaux en état de floraison ou de fructification, la varia- 
tion bien connue de la forme des feuilles sur les diverses branches d'un méme 
individu, rendent aujourd'hui trés-difficile de fixer avec quelque certitude les 
limites de ces espéces. 

Pendant longtemps nous avions également manqué des matériaux nécessaires 
pour une étude suffisante des Podocarpus et des Dacrydium ; nous les de- 
vons à M. Pancher qui nous a envoyé dernièrement de petits rameaux, en 
fleur et en fruit, propres à compléter les échantillons stériles que nous possé- 
dions déjà. C'est ainsi que nous avons. pu fixer d'une maniere plus positive la 
détermination de nos plantes, éviter des erreurs auxquelles conduiraient aisé- 
ment l'examen superficiel et le port souvent trompeur de ces espéces, et in- 


SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1866. A23 


sister sur quelques points de structure des organes, autant du moins que pou- 
vaient le permettre le petit nombfe et l'état des échantillons. 

Nous avons reconnu et décrit trois espèces de Podocarpus : le Podocarpus 
Novæ-Caledoniæ, que M. Vieillard n'a fait qu'indiquer dans sa note sur les 
Plantes utiles de la INouvelle-Calédonie (A) ; le Podocarpus alpina R. Br., 
dont une variété a été recueillie par M. Pancher sur le mont Dore à 700 mè- 
res d'altitude; enfin le Podocarpus usta, arbrisseau curieux, ressemblant, 
selon M. Vieillard, à un Casuarina roussi au feu, et qu'il a signalé dans la note 
mentionnée plus haut sous le nom de Dacrydium ustum (2). 

Dans les deux premieres espèces, le rameau florifère femelle est terminé par 
trois écailles soudées entre elles dans la plus grande partie de leur longueur, et 
dont l'une porte un ovule anatrope dressé. Dans le Podocarpus Novæ-Cale- 
donic, ces trois écailles deviennent charnues à l'époque de la maturité, comme 
cela arrive fréquemment chez les Podocarpus, qui doivent leur nom géné- 
rique à cette particularité de structure. Nous ignorons ce qui se passe dans 
nos variétés de P. a/pina que nous possédons seulement en fleur. Quant au 
P. usta, il ne présente point cette sorte de réceptacle bractéal. L'écaille 
supérieure fertile des rameaux floriféres ne devient pas charnue à la maturité. 

La graine offre également une organisation différente dans les deux espèces 
qui viennent d’être signalées. Dans le P. Novæ-Caledoniæ, son tégument est 
sec, lisse, brillant et coriace; dans le P. usta, ce tégument est essentiellement 
formé de deux couches : l'extérieure charnue, l'intérieure épaisse et crustacée, 
disposition qui rappelle la structure d'une drupe. Il nous semble que, dans 
une classification naturelle des Podocarpus, il faudra non-seulement tenir 
compte, comme Endlicher l'a fait, des rapports et des modifications de struc- 
ture des écailles ovuliféres, mais prendre aussi en considération la structure de 
la graine qui, contrairement à la diagnose générique donnée par ce savant (3), 
n'est pas toujours drupacée. Ainsi la graine présente un testa fibreux dans le 
P. dacrydioides À. Rich. 

Le genre Dacrydium est représenté dans nos collections de la Nouvelle- 
Calédonie par deux espèces : l'une ressemble à un Araucaria, et croit sur le 
mont Dore à 700 mètres de hauteur ; l'autre a l'aspect d'un Tarsus, et habite 
les bois des montagnes prés de Balade (Vieillard) et le sommet du mont Cou- 
gui (Pancher). 

L'examen des fleurs femelles de ces deux espèces nous permet d'insister un 
instant sur quelques particularités de leur structure diversement interprétées 
par les botanistes, 


(1) Podocarpus Novæ-Caledoniæ. Port du P. spinulosus; feuilles allongées, 
molles, obtuses ; son bois, rouge comme celui du Cèdre, est de trés-bonne qualité 
(p. 29). 

(2) Loc. cit., p. 29. 

(3) Semen inversum, integumento exteriore carnoso.... interiore vero osseo, drupa- 
ceum, (Endlicher, Synopsis Coniferarum, p. 206.) 


A24 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


L.-C. Richard, dans son ouvrage posthume sur les Conifères, a donné de 
très-élégantes figures analytiques du Dacrydium cupressinum (1), et, dans la 
description de la fleur femelle (2), il dit qu'elle est enveloppée d'un involucre 
à orifice d'abord contracté et clos, s'ouvrant ensuite peu à peu par le sommet, 
et finalement débordé par « le fruit qui prend un tel accroissement, que cet 
involucre ne forme plus à sa base qu'une courte cupule ». 

L'appareil que Richard considérait comme une partie accessoire, et non 
comme une partie constituante dela fleur femelle, est interprété d'une maniere 
absolument opposée par Endlicher (3) : c'est pour lui le tégument extérieur 
de l’ovule et plus tard de la graine. 

Nos observations nous ont conduits à nous rallier à l'opinion de L.-C. Ri- 
chard, et à rejeter comme erronée l'opinion contradictoire d'Endlicher. Ii 
suffit d'isoler soigneusement les parties constitutives de la fleur femelle avec 
des aiguilles à dissection, pour s'assurer que le prétendu tégument extérieur 
de l'ovule n'est autre chose qu'une partie accessoire étrangère à cet ovule, 
mais qui le recouvre et le protége dans sa jeunesse. 

On ne saurait s'y tromper dans le Dacrydium araucarioides, où cette partie 
accessoire, sorte de faux-arille, enveloppe, comme d'un capuchon plus ou 
moins largement ouvert en haut et en dedans, un ovule orthotrope dressé 
obliquement et inséré vers la base de la bractée fertile. 

Mais il n'en est pas de méme dans le Dacrydium taxoides. Ici l'ovule or- 
thotrope est inséré un peu au-dessus de la base de la bractée fertile, et son 
sommet est dirigé obliquement en bas. Le faux-arille, inséré en fer-à-cheval 
allongé sur la bractée fertile, est complétement rétléchi sur l'ovule, et se pro- 
longe en une partie conique, qui donne si bien à l'ensemble l'aspect. d'un 
ovule anatrope, que nous avions d'abord fait dela plante un Podocarpus. 

Nous avons remarqué d'ailleurs que ce tégument accessoire, au lieu de 
grandir et de devenir de plus en plus charnu comme celui de l'If, ne prend 
aucun accroissement, et ne forme à la base méme de la graine qu'une petite 
cupule séche et membraneuse échancrée d'un cóté, et prolongée en un petit 
appendice conique. La graine est presque complétement dressée lorsqu'elle 
approche de la maturité, en sorte que le micropyle a décrit un arc de prés de 


90 degrés pendant les phases successives de la transformation de l'ovule en 
graine. 
o 


(4) Planche 2, fig. 2. 
(2) Page 17. 
(3) Gemmula unica,.... integumento exteriore laxo..... semen...., integumento exte- 


riore laxo, carnoso, ore lato hiante, nucleo multo breviore, disciformi, (Endlicher, Syn. 
Conif. p. 224.) 


SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1866, A25 
PODOCARPUS L'Hérit. 


1. Podocarpus alpina R. Br. var. (4. arborescens. 


Arbor ramosa, ramis fastigiatis, foliis linearibus basi attenuatis, decurrenti- 
pus, apice plerumque obtusis, adpressis, imbricatis, nervo medio notatis, mar- 
gine revoluto incrassatis, subtus (in specimin. siccis) sepissime rubescen- 
tibus. 


Amenta staminigera axillaria, pedunculata, basi (scilicet apice pedunculi) 
squamis parvis, ovatis, acutis, dorso carinatis, breviter involucrata, oblongo- 
cylindrica; stamina sessilia, multifariam imbricata, antheris bilocularibus lon- 
gitudinaliter dehiscentibus, connectivo in squamulam triangularem, acutam 
expanso. 

Flores feminei axillares, solitarii, breviter pedunculati, bracteis 2-3 oblon- 
gis, paulo inzequalibus, coalitis, parte superiore libera ovatis acutis, una tantum 
fertili ovulum anatropum fovente. Semina..... 

Habitat in Nova-Caledonia (Mueller, 1862). 

Var. y. cespitosa. — Frutex patens, 1/2-metralis, trunco brevi brachiali 
crassitudine, ramis foliisque ut in forma praecedente. 

Habitat in locis aridis, nudis, ferrugineis montis dicti mont Dore (Pancher, 
1864-1866). 

Podocarnus cæspitosus Pancher mss. 


2. Podoearpus Novze-Caledonise Vieill. 


Arbuscula 3-5-metralis, subpyramidalis, ramosa, ramis fastigiatis, foliis 
elongatis, angustis, lineari-lanceolatis, basi sensim angustatis, apice acutis (nec 
acuminatis ut in P. ensifolia vel pungentibus), nervo medio infra supraque 
conspicuo percursis, margine revolutis, glabris. 

Amenta staminigera geminatim in axilla foliorum approximata, subsessilia, 
oblongo-cylindrica, squamulis imbricatis basi involucrata ; stamina sessilia mul- 
tifariam imbricata, antheris bilocularibus connectivo in squamulam haud vel 
vix producto. 

Flores feminei axillares, solitarii ; pedunculus erectus bracteis duabus mi- 
nimis membranaceis oppositis, lanceolatis, dein bracteis tribus carnosis inæ- 
qualibus coalitis, parte superiore liberis, apice obtusiusculis superatus ; bractea 
una laterali tantum fertili, ovulum anatropum erectum gerente; semen ellip- 
soideum (nec globosum ut in P. e/ata, ex Endlicher) ad basim hilo micro- 
pyleque, lateraliter raphe notatum, nitidum, coriaceum, albumine denso, fari- 
naces, embryone centrali recto, oblongo, cotyledonibus brevibus, rotundis, 
applicatis. 

Podocarpus rivularis Pancher mss. 

T. XII (séances) 28 


A26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Habitat in Nova-Caledonia ad ripas rivorum Porla et Dombea dictorum 
(Vieillard, n° 1266; Pancher, 1865-1866) (1). 


3. Podocarpus usta. 


Frutex ramosissimus, foliis alternis remotiusculis, squamiformibus, acutis, 
basi late decurrentibus, ramulis junioribus fastigiatis foliisque imbricatis rulis 
arbusculam ustam simulantibus. 

Amenta staminigera axillaria, solitaria, oblongo-cylindrica, basi peduncu- 
lata, pedunculo bracteis imbricatis onusto; stamina plurima imbricata, sessilia, 
antheris bilocularibus, loculis rima longitudinali dehiscentibus, connectivo 
superne in appendicem triangularem expanso. 

Ramuli ovuliferi versus apicem foliolis seu bracteis 4-5 paulo longioribus 
onusti, bractea superiore ovulum erectum anatropum fovente; semen globosum, 
bractea propria membranacea stipatum, drupaceum, strato exteriore carnoso, 
interiore externe rugoso, crasso, crustaceo ; albumine carnoso nec farinaceo; 
embryone non viso. 

Dacrydium ustum Vieill. 

Habitat in silvis montium prope Diaue et Po//a (Vieillard, n° 1267). 

Species Podocarpo dacrydioidi affinis differt seminum ramulorum et folio- 
rum forma magnitudineque, colore rufo. 

Indigenæ sacram habent illam arbusculam cui miros præbent vires. 


DACRYDIUM Soland. 


1. Dacrydium araucarioides, 


Arbor 8-10-metralis, fastigio umbellato, plano, trunco cylindrico, ramoso 
(ex clar. Pancher), ramis erectis, fastigiatis, cylindricis ; foliis brevibus squa- 
miformibus, erectis, plurifariam imbricatis, coriaceis, arcuatis, intus concavis 
carinatis, dorso convexis, apice reflexo triangulari obtusiusculis, basi lata 
rhomboidea insertis, lucidis, 

Flores dioici. 

Amenta mascula terminalia, oblongo-cylindrica ; stamina sessilia plurifariam 
imbricata ; antheris bilocularibus, longitudinaliter dehiscentibus, connectivo 
crasso, superne in appendicem squamiformem, ovato-lanceolatam, curvatam, 
concavam, apice acutam expanso, 

Famuli ovuliferi gemmas ovoideas terminales simulantes, squamis laxe im- 
bricatis, foliis paulo longioribus; squamae inferiores steriles oblongæ, subspa- 
thulatæ, apice triangulari obtusiusculæ, intus panlo concavæ et medio longitu- 
dinaliter subcarinatæ, dorso vix convexa, basi incrassata gibbosæ, glabræ, 


(1) Nous ne connaissons que par de brèves descriptions les P. elata et P. ensifc/ía de 
la Nouvelle-Hollande qui ne sont point sans affinité avec le P, Nova-Caledo»&?. Nous 
laisserons provisoirement à cette espèce le nom que M. Vieillard lui a donné 


SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1866. A97 


coriacez, nitidae. Squamae superiores (id est interiores) ovuliferæ 1-5 (in 
gemmis observatis) oblongæ, dorso convexæ, intus concava, apice inflexa, 
basi paulo dilatata incrassatæ, ovulum orthotropum oblique erectum, squa- 
mula arilliformi cucullata, carnosa, margine undulata vel lobulata, apice et 
intus plus minus aperta fere totum involutum foventes. 

Gemina. seminifera (ex uno specimine) obovata, squamis applicatis, arcte 
imbricatis, purpurascentibus ; semina 2, paulo prominentia, ovoidea, facie una 
plana altera convexa, apice micropyle paululum producta superata, basi cupula 
brevi intus fissa, exsiccata fusca cincta, squama axillante incurva stipata et 
eamdem paulo superantia; testa coriacea nitida, tegmine membranaceo, albu- 
mine carnoso; embryone centrali cotyledonibus brevibus applicatis, radicula 
incrassata basi attenuata, 

Habitat in locis aridis, nudis, ferrugineis montis dicti mont Dore (Pancher, 
1865-1866) et in montibus prope Kanala (Vieillard, n° 1277). 


2. Dacrydium taxoides. ; 


Arbuscula conica, trimetralis, ramis subverticillatis (ex clar. Pancher), 
novellis ramulis purpurascentibus ; foliis alternis, oblongis, versus apicem ba- 
simque attenuatis, subfalcatis, nervo medio principali infra supraque notatis, 
planis, rigidis, glabris, nitidis, junioribus augustioribus purpureis. 

Amenta staminigera solitaria, vel 3-5 in racemum compositum approximata, 
axillaria vel terminalia, subsessilia vel ramulos breves bracteis minimis, im- 
bricatis, ovatis lanceolatisque onustos superantia ; stamina sessilia, plurifariam 
imbricata, antheris bilocularibus connectivo superne in appendicem squami- 
formem triangularem expanso. 

Ramuli ovuliferi terminales, incurvato-reflexi, parte inferiore sat graciles, 
bracteis imbricatis ovatis acutis decurrentibus stipati, parte superiore bracteis 
majoribus lanceolatis subulatis, ad maturitatis tempus basi decurrente crasses- 
centibus subcarnosis onusti; bractea ultima sola ovulifera. Ovulum orthotro- 
pum inversum, micropyle oblique inferiore paulo supra basim liberam obli- 
quamque bractez insertum, squamula carnosa cucullata superne in acumen 
conicam expansa, integumentum ovuli anatropi simulante, involutum. Semen 
propter ovuli evolutionem tandem suberectum, ovoideum, compressum, 
lateraliter paulo carinatum, inferne inflatum, versus apicem sensim attenuatum, 
siccum, nitidum, cupula minima, exsiccata, semi-circulari, in appendicem 
conicam brevem expansa basi tantum breviter involucratum, in latere supe- 
riore libero basis bracteæ incrassatæ paulo concavo et expanso affixum. 

Habitat in silvis montium prope Balade (Vieillard, n° 1259; Deplanche, 
n° 1860); ad ripas parvi paludis in cacumine montis Cougu? dicti (Pancher, 
1866). 


A28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


SUR LES SYMPLOCOS DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE, 
pr MW. Adolphe BRONGNIART ct Arthur GRIS. 


Les Symplocos sont, comme on le sait, des arbres ou des arbrisseaux qui 
croissent dans l'Asie méridionale et dans les régions chaudes des deux Amé- 
riques. Ils paraissent trés-rares à la Nouvelle-Hollande, oà M. Mueller n'en si- 
gnale qu'une seule espèce, et aux iles Viti, car on n'en voit également qu'une 
seule espèce indienne indiquée dans le catalogue de M. Seemann. Ces végé- 
taux prennent, au contraire, une grande place dans la flore de la Nouvelle- 
Calédonie, où M. Vieillard a pu en récolter déjà dix espèces. La plupart d'entre 
elles ont été publiées par ce savant et zélé collecteur, dans le dixième volume du 
Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, sous le nom de Chasselou- 
pa, genre nouveau que l'auteur a placé à la suite des Barringtonia; mais 
l'aspect de ces plantes, l'analyse de leurs fleurs, et surtout celle de leurs fruits 
et de leurs graines, ne laissent aucun doute sur leur véritable détermination. 

Ce fruit est drupacé, à noyau trés-dur, à une ou deux loges, chaque loge 
contenant une graine suspendue. Cette graine renferme sous un mince tégu- 
ment un albumen charnu abondant, au centre duquel se trouve un embryon 
grêle à tigelle trés-longue et à cotylédons courts et obtus. De Candolle et Endli- 
cher disent que l'embryon est droit dans les Symplocos, et nous l'avons trouvé 
tel dans quelques espèces indiennes. Il est un peu arqué ou recourbé à 
son extrémité cotylédonaire dans nos espèces néo-calédoniennes qui doivent du 
reste appartenir à la section Hopea du Prodromus. 


1. Symplocos stravadioides, 


Folia elongata, lanceolata, subsessilia, margine undulata crenulataque, supra 
lucida, glabra, infra secundum nervos (in juventute) pilis ferrugineis brevibus 
induta, confertim approximata; inflorescentia ad apicem ramorum congesta, 
ex axilla foliorum evadens : scilicet spicae plures plerumque basi ramosæ, 
fasciculatæ, erectae, in juventute ferrugineo-pubescentes, folii tertiam partem 
circiter æquantes; flores bracteis 3 (anteriore majore, lateralibus æqualibus) 
ovato-lanceolatis, extus pubescentibus, margine ciliatis stipati; inflorescentiæ 
rami post anthesim accrescentes, elongatissimi et virgati fructuum maturi- 
tatis tempore subglabratique ; fructus ellipsoidei glabri. 

Chasseloupia neo-caledonica Vieill., loc. cit. 

Frutex Hab. in Novæ-Caledoniæ montibus prope Balade (Vieillard, n° 541). 


2. Symplocos Lenormandiana. 


Folia elongata, oblonga, e tertia parte superiore usque ad basim angustatam 
longe cuneata, cæterum apice attenuata acutaque, margine remote et obscure 
sinuato-dentata, glabra, ut videtur in speciminibus nostris sparsa, sessilia, pen- 
ninervia; spicæ fructifera (flores desunt) simplices vel parce ramosæ, erect 


SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1866. h29 


adscendentesque, in axilla foliorum delapsorum 2-3-fasciculatæ ; fructus gla- 
bri, ellipsoidei. 

Habitat in Nova-Caledonia prope Wagap (Vieillard). 

Species foliorum forma situque, fructibus minoribus et inflorescentiis sparsis 
distincta. 


3. Symplocos ezerulescens. 


Folia elliptico-lanceolata, e medio usque ad basim subcordatam cuneata, 
margine grosse dentata, remote penninervia, glabra, subverticillatim approxi- 
mata, brevissime petiolata; inflorescentia ad apicem ramorum congesta, ex 
axilla foliorum evadens : scilicet spicæ basi sepe ramosæ plures, erectæ, rachi 
albo-pubescente; flores sessiles, bracteis tribus lanceolatis (anteriore majore) 
ciliatis suffulti; inflorescentiæ rami post anthesim accrescentes puberuli; 
fructus ellipsoidei, glabri. 

Chasseloupia cœrulescens Vieill., loc. cit. 

Arbuscula 4-5 metr. alta, ramosissima. Hab. in silvis humilioribus Novæ- 
Caledoniæ prope Wagap et Balade (Vieillard, Thiébault). 

Species a Sympl. stravad. differt foliis minoribus et forma diversis, inflo- 
rescentiæ maturitatis tempore ramis minus elongatis nec virgatis. 


l|. Symplocos arborea. 


Folia plerumque elliptica, interdum rotundata, apice sæpius obtusa, margine 
crenulata vel sinuolata, longe petiolata, glabra, remote penninervia, nervis 
infra supraque conspicuis, supra nitida, infra pallidiora coriacea; spicæ nume- 
rose, simplices vel ramosæ, axillares supra-axillaresque, adscendentes, hori- 
zontales vel etiam pendentes, petiolis plerumque duplo longiores, tomento 
brevi ferrugineo indutæ, floribus sparsis paulo remotis, bracteis 2-3 .ovatis, 
exterius breviter ferrugineo-tomentosis; fructus immaturi oblongi, subgla- 
brati. 

Chasseloupia arborea Vieill., loc. cit. 

Arbor. Hab. in silvis montium prope Balade (Vieillard, n° 545) ; in vallibus 
prope Wagap (Vieillard). 


5. Symplocos Vieillardi. 


Folia elliptica, petiolata, subintegra vel sepe obscure crenata, undulata, 
glabra, nervis remote pinnatis secundariisque infra supraque conspicuis; spicae 
axillares vel extra-axillares, simplices vel ramosze, erectae vel patentes et etiam 
pendentes, ramis sæpe divaricatis, rachi ferrugineo-velutina; flores sessiles, 
sparsi, sat remoti, bracteis tribus ovatis acutis ferrugineo-velutinis sicut in- 
volucrati. 

Arbor. Hab. in silvis Novæ-Caledoniæ prope Po//a (Vieillard, n° $42). 

Hzc planta cum Chasseloupia cærulescente a cl. Vieillard sub n° 542 falso, 
ut videtur, indicata haud congruere videtur. 


A30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
6. Symplocos rotundifolia. 


Folia obovato-rotundata vel rotundata, basi in petiolum breviter attenuata, 
integra, nervis pinnatis, secundariis reticulatis infra sat conspicuis, glabra; 
racemi axillares vel extra-axillares, erecti vel horizontaliter plus minusve pa- 
tentes, petiolo longiores; fructus subsessiles (flores desunt) oblongi glabri. 

Frutex. Hab. in Novæ-Caledoniæ montibus prope J/aue (Vieillard, 
n? 549). 


7. Symplócos báptica (1). 


Folia elliptico-lanceolata, apice paulo obtusa, in petiolum elongatum graci- 
iemque desinentia, integra, glabra, nervis pinnatis sat remotis supra conspi- 
cuis, infra secundariisque eleganter reticulatis prominulis; flores breviter pedun- 
culati, bracteis ovatis duabus suffulti, pedunculis bracteisque pubescentibus, in 
racemos erectos, petiolum superantes, simplices axillaresque dispositi ; fructus 
steriles drupacei, oblongo-ellipsoidei, glabri. 

Chasseloupia tinctoria Vieill., loc. cit. 

Non Symplocos tinctoria L Hér. 

Arbor. Hab. in Novæ-Caledoniæ silvis montium prope Balade (Vieill., 
nis 546, 547, 548): 

« Foliis contritis et cum radice Morindæ tinctorit mixtis, coctione indi- 
gene rubrum colorem parant » (ex Vieill.). 

Var. f. Foliis basi longe angustatis et ita subsessilibus, elliptico-lanceolatis, 
lanceolatis vel spathulatis; racemis fructiferis (flores desunt) folio circiter 
duplo brevioribus. 

Arbor. Hab. in silvis montium prope Balade (Vieillard, n° 546). 


8. Symplocos nitida. 


Folia obovata, petiolata, glabra, lucida, remote penninervia, crassa, integra, 
margine revoluta; spice axillares simplices, folio dimidio breviores (an 
sempér?), rachi pubescente, bracteis ovatis dorso pubescentibus, margine 
ciliatis. 

Frutex. Hab. in montibus Novæ-Caledoniæ prope Diaue (Vieillard, n° 550). 

Differt a Chasseloupia lucida Vieill. foliis obovatis nec ovalibus et magni- 
tudine foliorum vix 6 c. æquantium (nec 12-15 c.) in specimine nostro sat 
ingrato. 


9. Symplocos montana. 


Folia in eodem ramo forma magnitudineque sepe diversa, elliptica, lanceo- 
lata rotundatave, apice saepius obtusiuscula, basi in petiolum attenuata, sub- 
intregra vel margine obscure remoteque crenata, glabra, remote penninervia; 


(1) De Barrixèç, propre à la teinture, 


SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1866. A34 


spicæ breves, petiolum æquantes vel paulo superantes, axillares, erectae, plu- 
rifloræ ; flores tribracteati, bracteis ovatis, obtusiusculis, ciliatis. 
Chasseloupia montana et C. microphylla Vieill., loc. cit. 
Frutex ramosus. Hab. in Novæ-Caledoniæ montibus prope Balade, Diaue, 
Wagap (Vieill., nis 551, 551 bis, 552). 


10, Symplocos gracilis, 


Folia opposita, ovato-lanceolata vel lanceolata, apice obtusiuscula, subses- 
silia, basi subcordata, membranacea, læte virentia, integra, glabra, remote 
penninervia; racerni simplices vel parce ramosi, versus apicem ramorum 
axillares, graciles, folia subæquantes; flores remoti breviter pedunculati, 
bracteis lanceolatis minimis. 

Frutex. Hab. in Novæ-Caledoniæ silvis montium prope Balade (Vieillard, 
n° 54h). 


M. Gris communique ensuite à la Société la note suivante : 


RECHERCHES POUR SERVIR A L'HISTOIRE PHYSIOLOGIQUE DES ARBRES, 
par ME. Arthur GRIS. 


Au commencement de cette année, j'ai eu l'honneur de présenter à l'Aca- 
démie des sciences le résultat de mes recherches sur les mouvements pério- 
diques que subissent les matières de réserve contenues daus le tronc des 
arbres qui donnent leurs feuilles avant leurs fleurs. 

Il était intéressant de suivre ces mémes phénoménes dans des arbres dont 
la floraison s'effectue avant l'apparition ou avant le développement complet 
des feuilles, de constater l'influence immédiate de cette floraison printanière 
sur les matériaux nutritifs accumulés dans leurs tissus, d'assister enfin aux 
phénomènes consécutifs dont ces tissus devaient être le siége lors du développe- 
ment des feuilles et des fruits. 

Pour tâcher de m'éclairer sur ces questions, j'ai soumis à l'examen micro- 
scopique des branches d'Amandier, de Poirier, d'Érable, d'Aune et de Ma- 
gnolia, coupées à l'école de botanique du Muséum à divers intervalles, depuis 
la fin de février jusqu'a l'automne. Voici les principaux résultats de mes 
observations. 

' Le 13 mars, les fleurs de l'Amandier (Amygdalus communis) étaient 
épanouies et les bourgeons à feuilles étaient clos ou commençaient à peine à 
s'entr'ouvrir. Dans la branche de l'année précédente chargée de fleurs, la- 
midon avait disparu, et la résorption de cette matière était presque complete 
dans la couche externe du rameau de deux ans; elle s'accusait d'une maniere 
trés-marquée dans la couche interne de ce méme rameau, et s'étendait mani 
festement jusqu'a la zone la plus extérieure des rameaux de trois ans et de 


A32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


cinq ans. Dans ces derniers, les tissus amylifères plus profonds semblaient 
dans un état complet de réplétion. 

Les bractées du bourgeon à fleurs du Poirier (Pirus malifolia) étaient 
écartées le 4 avril pour livrer passage à des boutons et à quelques petites 
feuilles cotonneuses et involutées. L'influence de ce développement sur les ma- 
tières de réserve contenues dans les tissus n'était pas méme sensible sur le ra- 
meau annuel terminé par le bourgeon florifère, car la moelle tout entière, les 
rayons médullaires et le parenchyme ligneux de ce rameau paraissaient uni- 
formément remplis d'amidon. Mais douze jours aprés, lors de l'épanouissement 
des fleurs, la résorption de cet abondant dépôt nourricier était complète dans 
le corps ligneux des rameaux de deux ans et de trois ans, mais un peu moins 
avancée dans la moelle des mêmes rameaux. Il y avait encore beaucoup 
d'amidon dans les tissus de la branche de quatre ans. 

L'Érable (Acer macrophyllum) avait donné le 30 mars de magnifiques bour- 
geons floriferes, dont les écailles supérieures s'ouvraient pour laisser voir des 
étamines d'un vert jaunâtre. Les tissus amylifères des branches de quatre à six 
ans étaient encore très-riches en matière de réserve, et la résorption de cette 
matière était manifeste, mais incomplète, dans un rameau annuel terminé par 
trois bourgeons à fleurs. Le 11 avril, la floraison tirait à sa fin et, entre les 
écailles de ces bourgeons, se montraient de petites feuilles de 2 centimètres 
de longueur. L'amidon avait disparu d'une manière absolue dans les rameaux 
d'un an, et d'une manière générale dans les branches de trois à cinq ans. 

Les écailles des chatons mâles de l'Aune (Alnus cordifolia) étaient écartées 
le 3 mars, et à leur aisselle les petites fleurs commencaient à s'épanouir ; les 
branches stigmatiques pourpres se montraient au-dessus des écailles serrées 
des chatons femelles. Cette époque de la floraison commencante était à peine 
indiquée dans les tissus amylifères des rameaux d'un an, et ces mêmes tissus, 
dans les branches de deux ans et de trois ans, semblaient étre encore dans 
leur état de plénitude ; mais, le 6 avril, les chatons mâles étant tombés depuis 
plusieurs'jours, et les bourgeons foliacés encore clos, la floraison terminée 
s'accusait avec beaucoup d'intensité dans les tissus des rameaux d'un an et de 
trois ans. La résorption n'avait point encore atteint, au moins en apparence, 
les tissus d'une branche de six ans. 

Les boutons du Magnolia Yulan, déjà très-développés le 17 mars, étaient 
encore étroitement revétus de leur enveloppe bractéale velue. Dans les branches 
d'un an à dix ans, je trouvai les tissus amylifères trés-riches en matière de 
réserve. Le 27 du méme mois, les écailles protectrices des fleurs étant tombées, 
l'arbre se montrait couvert d'une immense quantité de grands boutons préts à 
écarter leurs divisions florales, et les bourgeons à feuilles étaient encore clos. 
La résorption, quoique trés-avancée dans les rameaux annuels florifères, y 
était cependant encore incomplète et ne s'accusait que faiblement et irrégu- 
lièrement dans les tissus des branches de deux à six ans. 


SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1866. A33 


Nous décrirons ailleurs en détail les phénomènes consécutifs de dissolution 
et de reproduction des matières de réserve après la floraison printanière. Il 
nous suffira d'indiquer ici qu'ils sont analogues à ceux que nous avons men- 
tionnés dans un précédent travail chez les arbres dont les feuilles se dévelop- 
pent avant les fleurs. Dans l'un et l'autre cas, la reproduction du dépót nutritif 
se fait pendant l'accroissement des fruits. 

D’après les principaux faits précédemment exposés, on voit que les ntatières 
de réserve déposées dans les tissus des arbres subissent un mouvement d'é- 
puisement sensible à l'époque de la floraison printanière, soit que l'épanouis- 
sement des fleurs précède l'apparition des feuilles, soit qu'il se fasse à l'époque 
où ces organes commencent à se développer. On voit de plus que la résorption 
du dépôt nutritif s'effectue de haut en bas et m'intéresse d'une manière 


absolue que les parties supérieures des branches, dans les limites indiquées 
plus haut. 


M. E. Roze présente à la Société des échantillons d'un /soëtes 
recueillis le mois dernier dans trois étangs prés de Romorantin, 
par M. Maxime Cornu, et donne lecture du passage suivant d'une 
lettre que ce dernier lui a adressée à ce sujet : 


LETTRE DE M. Maxime CORNU. 


: Paris, octobre 1866. 

J'ai l'honneur de vous adresser l’/soëtes que j'ai eu le bonheur de ren- 
contrer en Sologne. M. Durieu de Maisonneuve prédisait son existence en 
1862 d'une facon vraiment merveilleuse ; il écrivait en effet à M. E. Martin, 
de Romorantin : « Souvenez-vous que vos étangs ne doivent pas être sans 
Isoëtes : ils en ont au moins une espèce... quelle est-elle? Le lac de Grandlieu 
a aussi certainement la sienne. M. Lloyd a juré de la découvrir! » Quelques 
mois aprés, M. Lloyd trouvait l’/soëtes signalé par M. Durieu. Celui que je 
vous envoie vient de l'étang de la Harpe, commune de Loreux (Loir-et-Cher), 
à trois lieues environ de Romorantin (1). Cet étang est à fond de sable et ne 
reçoit l'eau d'aucun autre étang. Il est mis à sec presque tous les ans, et 
méme il y a quatre ans il était cultivé en avoine : les sillons en sont encore 
trés-nets. Mon attention, en passant près du bord, fut attirée par ce fait que 
les débris rejetés par le vent étaient presque exclusivement composés de 
feuilles d'/soétes ; d'autres plantes, telles que Juncus, Littorella lacustris, 
Elatine hexandra et Chara coronata (déterminé par M. E. Martin), n'y figu- 
raient que pour une minime partie. Du reste, les étangs, extraordinairement 
accrus par les pluies, étaient dans de mauvaises conditions cette année pour la 


(4) Ma plante a été reconnue comme étant l'Isoétes tenuissima Bor. par M. Durieu, 
qui s'occupe spécialement du genre 7soétes, et par l'auteur méme de l'espéce, M. Boreau. 


434 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

récolte des plantes, Cependant j'ai retrouvé cet Zsoétes dans l'étang Dernier et 
dans l'étang Luneau, tous deux aussi de la commune de Loreux ; mais les 
débris d’/soëtes y étaient plus rares. Ces deux étangs ont aussi un fond de 
sable, mais ils sont plus couverts de joncs; il est vrai qu'ils communiquent 
avec une série d'autres étangs où la plante pourrait peut-être se rencontrer. 


SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1866. 
PRÉSIDENCE DE M. EUG. FOURNIER, VICE-PRÉSIDENT. 

M. Eug. Fournier, en prenant place au fauteuil, présente les ex- 
cuses de M. le comte Jaubert, président, empéché de se rendre à la 
séance. 

M. E. Roze, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de 
la séance du 9 novembre, dont la rédaction est adoptée. 


Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le 
Président proclame l'admission de : 


MM. CnasrAINGT, conducteur des ponts et chaussées, à Château- 

roux, présenté par MM. Le Grand et Eug. Fournier ; 

CLovET, licencié és sciences naturelles, interne en phar- 
macie, à l'hópital de Lourcine, à Paris, présenté par 
MM. Chatin et de Schœnefeld ; 

Cornu (Maxime), élève de l'École normale supérieure, à 
Paris, présenté par MM. Van Tieghem et Roze; 

KaniTz (Auguste), docteur és sciences, à Lugos (Hongrie), 
présenté par MM. Eug. Fournier et de Scheenefeld ; 

Lamy (Eugène), banquier, à Lirnoges, présenté par MM. Roze 
et Bescherelle; 

SCHMITT, pharmacien-major à l'armée d'occupation de 
Rome, présenté par MM. Choulette et Lefranc. 


Dons faits à la Société et présentés dans les deux séances 
de novembre : 


4° Par M. Ad. Brongniart : 
Annales des sciences naturelles, t. V, nn, 2, 3 et ^. 
2 Par M. A. Gris : 


Suite à des recherches pour servir à l'histoire physiologique des arbres. 


SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 18606, A95 

3° Par M. Van Tieghem : 

Observations sur la F'icaire. 
h° Par M. Lefranc : 

Étude botanique, chimique ettoxicologique sur l Atractylis gummifera. 
5° De la part de M. Fée : 

Sur l'odorat et les odeurs. 
6° De la part de M. Timbal-Lagrave : 


Recherches sur les variations que présentent quelques plantes communes 
de la Haute-Garonne au point de vue phytographique. 


7° De la part de M. Nægeli : 
Entstehung und Begriff der naturhistorischen Art. 
8" De la part de M. J.-E. Planchon : 


Rondelet et ses disciples, ou la botanique à Montpellier au seizième 
siècle (avec un Appendice par M. G. Planchon). 


9 De la part de M. Moriére : 

Excursion de la Société Linnéenne à Vire, le 8 juillet 1866. 
10° De la part de M. Malbranche : 

Quelques réflexions sur le Darwinisme. 
11° De là part de M. l'abbé A. Boisbourdin : 


Discours sur les sciences, prononcé à la distributian des prix du petit 
séminaire d'Orléans (suivi d'une Réponse de M. le comte Jaubert). 


12* De la part de M. Justus de Liebig : 
Induction und Deduction. 
43° De la part de M. P.-A. Cap: 
Camille Montagne, botaniste. 
A^ De la part de M. André Leroy: 
Catalogue de son établissement. 
45° De la part de MM. Silliman et Dana : 
The american Journal of science and arts, septembre 1866. 
46° De la part de la Société phytologique et micrographique de 
Belgique : 
Annales de cette Société, t. I, livr. 5 à 7. 
47° Dela part de la Société d'Horticulture et d'Arboriculture de 
la Cóte-d'Or : 
Bulletin de cette Société, 1866, n° 4. 


436 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
48° De la part de M. Éd. Morren : 
Bulletin de la fédération des Société d' Horticulture de Belgique. 
19* En échange du Bulletin de la Société : 


Sitzungsberichte der K. B. Akademie der Wissenschaften zu Muenchen, 
1866, livr. 1 à 3. 

Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de Yonne, 
1866, un numéro. 

Comptes rendus des séances et Mémoires de la Société de Biologie, 
année 1865. 

Wochenschrift fuer Gertnerei und Pflanzenkunde, aoüt-novembre 
1866. 

Pharmaceutical Journal and transactions, aoüt-novembre 1866. 

The Gardeners Chronicle, aoüt-novembre 1866. 

Journal de la Société impériale et centrale. d'horticulture, juillet- 
octobre 1866. 

Bulletin de la Société impériale zoologique d’acclimatation, juillet 
octobre 1866. 

L'Institut, août-septembre 1866. 


M. le Président annonce à la Société que M. Grœnland se pro- 
pose, comme l'hiver dernier, de commencer de nouvelles confé- 
rences micrographiques. Il fait ressortir le vif intérét que présentent 
ces conférences, et invite les botanistes qui désireraient en profiter 
à vouloir bien s'adresser à M. Groenland. 

M. le docteur Reboud fait à la Société les deux communications 
suivantes : 


DE L'ARAK DES MUSULMANS, par M. Victor REBOUD. 


Les pèlerins musulmans de l'Algérie, Arabes, Kabyles et Mzabites, rappor- 
tent, à leur retour de la Mecque, de petits bátons d'environ 2 décimétres de 
long, et de grosseur variable, provenant des branches de Sa/vadora persica, 
qu'ils connaissent sous le nom traditionnel d’ Arak. 

Ils s'en font des brosses à dents, aprés avoir ramolli une des extrémités et 
l'avoir rendue flexible comme un pinceau. 

Tous les auteurs arabes parlent des propriétés attachées à l’ Arak ainsi em- 
ployé. Le prophéte se servait de cure-dents faits avec ce bois et il en a recom- 
mandé l'usage à tous ses fidèles. (D" Perron, Médecine du prophète.) 

Les échantillons d'Arak que nous offrons à la Société ont été achetés à 
Constantine, chez un indigène qui a de fréquentes relations avec P Arabie. 

On sait, par le travail de M. Cosson sur les plantes de M. Duveyrier, que 


SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1866, A37 


le Salvadora persica croit dans les régions habitées par les Touaregs, régions 
qui nous appartiennent de droit et dont les plantes doivent figurer un jour dans 
la flore de l'Algérie. 


DU REJAGNOU (RACINE DU CENTAUREA ACAULIS) ET DE SON EMPLOI EN MÉDECINE 
ET EN TEINTURE, par Wi. Victor REBOUD. 


On trouve sur les marchés des Hauts-plateaux et du Sahara, ainsi que dans 
les boutiques des marchands maures et mzabites, au milieu d'une foule 
d'autres substances végétales, une racine indigéne connue sous le nom de 
fiejagnou, dont les teinturiers et les ménagères du pays se servent pour teindre 
en jaune des tapis de selle feutrés, des coussins de peau de gazelle ou de 
mouflon, et une partie de la laine qui entre dans la préparation des tissus. 

C'est en 1858 seulement que j'ai pu avoir pour la premiere fois cette sub- 
stance tinctoriale. Un juif nomade, de passage à Djelfa, fut chargé de teindre 
une certaine quantité de tapis de selle et se servit de Rejagnou dont il fit une 
assez grande consommation. Lorsque j'eus l'occasion de le voir dans sa tente, 
il voulut bien me donner le nom arabe de la racine employée et m'apprendre 
qu'elle croit en abondance autour du village et sur les talus de la pépinière. 
Un mokrasni du bureau arabe se mit sur le champ à la recherche du Rejagnou 
qu'il connaissait dés son enfance, et me rapporta bientót des échantillons frais, 
pourvus de feuilles assez bien conservées pour faciliter la détermination de 
l'espéce. Je reconnus sur-le-champ le Centaurea acaulis, plante trés-répandue 
non-seulement à Djelfa, mais encore sur les plateaux de Bou-Saada , de Sétif, 
de Constantine, etc., etc. 

Plus tard, lors de la dernière insurrection du Hodna (1864), en visitant 
les réduits obscurs, enfumés, tapissés de toiles d'araignées, qui servent de 
magasin aux Mzabites établis à Bou-Saada, je fus à méme de voir des appro- 
visionnements relativement assez considérables de Rejagnou, récemment cueilli 
et vendu par les indigènes. J'en achetai un kilogramme (au prix de 2 fr. 50 c.) 
dont j'ai fait deux parts : l'une est destinée aux collections de la Société, l'autre 
sert en ce moment aux études entreprises par M. Roucher, pharmacien en 
chef de l'hópital du Gros-Caillou, sur le principe colorant du Rejagnou (1). 

Le Rejagnou se présente sous la forme de racines cylindriques, de la gros- 
seur du doigt, de 15 centimètres environ de longueur, ridées, simples ou 
divisées, conservant, à la partie supérieure, des fibres dures, roides, dispo- 
sées en forme de pinceau, au milieu desquelles on trouve parfois de jeunes 
feuiiles radicales non développées et revétues d'un duvet laineux; la cassure 
de la racine sèche est régulière, d'un teint blanc-gris ; elle laisse voir quelques 


(1) M. le professeur Roucher a publié dans la Revue agricole d'Alger, tome I**, un 
long travail sur le principe colorant des Polyporus Pistaciæ atlanticæ, Il se servit pour ses 
recherches des échantillons que je lui avais envoyés de Djelfa. 


A38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


rayons prés desquels sont réunies des granulations d'une couleur jaune pâle. 
Tel est le Rejagnou avant d'avoir été modifié par une préparation au sujet de 
laquel'e nous ne possédons aucun renseignement. + 

Dans le Rejagnou que j'ai pu voir à Bou-Saada, il s’en trouvait de tout à 
fait semblable à celui dont nous venons de donner les principaux caractères, 
mais la plus grande partie se composait de racines entières ou de fragments 
de racines de Centaurea acaulis, bien reconnaissables aux pinceaux de fibres 
roides, complétement écrasées et divisées en un plus ou moins grand nombre 
de lanières, remarquables par une belle teinte jaune que le marchand mzabite 
avait développée au moyen d’une préparation particulière. La racine semble 
teinte dans ses parties extérieures ; la matière colorante, rendue soluble, s’est 
répandue sur toute la surface des fragments auxquels elle donne une teinte 
que n’a pas le Rejagnou naturel. 

Le teinturier juif m'assura qu'il se contentait de battre, soit avec une pierre 
soit avec un marteau, le Rejagnou qu'il devait employer, afin de rompre les 
fibres profondes riches en matière colorante. Il le soumettait ensuite à l'ébulli- 
tion jusqu'à ce que l'eau eüt pris une teinte normale qui variait quelquefois, 
selon que la dose employée était plus ou moins considérable ; il plongeait alors 
dans le liquide bouillant les feutres auxquels il avait fait prendre un bain 
d'alun et qu'il avait laissés dans la solution jusqu'à complet refroidissement. 
Aprés une demi-heure d'ébullition dans le liquide colorant, les feutres étaient 
retirés et étendus. 

Les ménagères de Bou-Saada, nées à Guerrara dans le Mzab, qui ont eu la 
bonté de teindre devant moi les écheveaux de laine que je joins à l'échantillon 
de Rejagnou, pilérent la racine séche dans un long et étroit mortier de bois de 
genévrier jusqu'à ce qu'elle fût réduite en une poudre ténue qui nous offrit 
alors une belle teinte jaune; elles la firent ensuite bouillir dans une petite 
quantité d'eau, pendant environ une demi-heure, jusqu'à ce que, à leurs 
yeux, toute la substance colorante fût entièrement dissoute; c'est alors qu'elles 
plongèrent dans la teinture les écheveaux qui avaient déjà été soumis à un 
bain chaud d'alun. 

Quand il s'agit de teindre des peaux de mammiféres, on doit éviter l'ébulli- 
tion, et éloigner du feu, pour la laisser refroidir lentement, la teinture dans 
laquelle la peau a été plongée. 

Le Rejagnou est généralement employé seul ; cependant afin d'avoir des 
nuances plus foncées, on lui adjoint en parties égales de la poudre de S’rra, 
ou Polyporus Pistacie atlanticæ (1). Nos ménagères mzabites ont bien voulu 
nous donner un écheveau teint avec ce mélange. Le procédé suivi dans cette 
circonstance ne diffère en rien de celui qui a été indiqué précédemment. 

La récolte du Rejagnou se fait pendant l'hiver. L'état des jeunes feuilles ra- 


(1) Voyez notre notice sur cette substance dans le Moniteur algérien, fin décembre 
1856, 


SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1866, . 439 


dicales à peine développées, que l'on trouve au milieu des fibres de la partie 
supérieure, en est la preuve. 

Quant à la dose de substance nécessaire pour un volume de liquide donné, 
il n'existe rien de fixe; elle nous a semblé varier selon que le teinturier possé- 
dait un plus ou moins grand approvisionnement de Rejagnou. 

Le Rejagnou était connu des médecins arabes. On le trouve cité dans des 
livres de matière médicale, avec l'indication de ses propriétés et des principales 
maladies contre lesquelles il était employé, Ebn. Beithar (1) reproduit, dans 
son grand ouvrage de matière médicale, les articles sur le Rejagnou d'Aboul- 
Abbas-Ennabaty et du Chérif, 

e L'Ardjigna est ce que les teinturiers appellent Ardjignou. Ils la font 
» venir de Magreb, des environs de Bougie, et la meilleure est de Sétif. On la 
» connait également en Ifriquia. Son efficacité est reconnue contre l’hydro- 
» pisie; cuite avec des raisins et pétrie avec du miel, elle guérit l'ictére. C'est 
» un médicament bien connu, d'une saveur un peu chaude qui rappelle, ea 
» certains points, celle de la racine d'artichaut. Elle a aussi de la ressemblance 
» avec la plante connue des herboristes sous le nom d' Azr ou Azra (2), au 
» point de vue de la racine, de la feuille, de la fleur, et à cela près que la 
» feuille de l'Ardj7gna est blanchâtre, velue, incisée ou non. . . . . La 
» tige a environ un empan de longueur ou un peu plus, Il sort à la nais- 
» sance des feuilles une tige courte portant des capitules arrondis à fleurs 
» jaunes, de forme et de grandeur pareilles à celle du Carthame sauvage. La 
» fleur est la méme; elle porte quelques aiguillons sans rudesse (Aboul -Abbas- 
» Ennabaty). 

» D'après le Chérif, cette plante est froide et sèche. La décoction jouit de 
» propriétés détersives. Elle nettoie le corps de ses impuretés. Prise pendant 
» trois jours consécutifs, chaque jour à la dose d'une demi-livre, elle est 
» d'une efficacité reconnue contrel'ictére. Si l'on fait, avec sa décoction et de 
» la farine d'orge, une pàte et qu'on l'applique sur les tumeurs chaudes, on 
» s'en trouve bien. » 

Les indigènes du Sahara et des Hauts-plateaux ne semblent pas faire usage de 
la poudre de Rejagnou contre leurs ulcères et leurs autres maladies. J'ignore 
s’il en est ainsi dans les grandes villes du ‘Tell, comme Constantine et Alger, 
où les substances végétales employées en médecine sont recherchées, et l'objet 
d'un petit commerce. 

Quant à l'avantage que pourrait avoir l'introduction du Rejagnou dans la 
teinture francaise, l'étude de son principe colorant pourra seule nous l'ap- 
prendre ; elle ne sera praticable, dans tous les cas, que sur une petite échelle, 


(1) Traduction inédite de M. le D" Lucien Leclerc, médecin-major de 47° classe. 

(2) Ebn-Beithar, d’après M. le D" Leclerc, assure que l’ Azra est ce que l'on appelle 
en Tunisie le Chaméléon noir, qui est peut-étre le Carlina acaulis, Les traducteurs 
allemands d'Ebn-Beithar n'ont pas connu le nom de la plante qui donne le Rejagnou. 


AAO SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


car le Centaurea acaulis, plante vivace et d'un développement trés-lent, ne 
peut être appelé à figurer parmi les espèces tinctoriales cultivées. 

Laissons donc aux Arabes et aux Berbères de l'Algérie la petite quantité de 
substance colorante jaune que la nature a répandue dans le vaste espace qu'ils 
parcourent, loin des ressources de l'industrie européenne. 


M. Reboud présente à l'appui de ses communications, pour faire 
partie des collections de la Société, des échantillons d'Arak ainsi 
que de Rejagnou et des écheveaux de laineteints avec cette dernière 
substance. 


Lecture est donnée de la communication suivante, adressée à la 
Société : 


PROMENADES BOTANIQUES DANS L'ARRONDISSEMENT DE SAINT-PONS-DE-THOMIERE EN 
1866, SUIVIES DES DÉCOUVERTES RÉCENTES FAITES PAR NOS AMIS DANS L'HÉRAULT, 
pr M. Henri LORE'T. 


(Montpellier, 3 novembre 1866.) 


L'arrondissement de Saint-Pons, au point de vue de la botanique, ne nous 
était connu que par les découvertes de MM. Théveneau et Barthés. Les her- 
biers de Montpellier, en effet, renferment peu d'espéces provenant des riches 
localités que nous venons d'explorer. Cela s'explique en partie par les occupa- 
tions sédentaires du professorat qui s'opposent à ce qu'on puisse herboriser en 
toute saison loin de Montpellier; mais cette lacune est imputable surtout à la 
prédilection qu'on a toujours eue ici pour les montagnes du Gard qui nous 
avoisinent. 

Nous avons exposé ailleurs une partie des raisons pour lesquelles on doit 
identifier aujourd'hui la flore de Montpellier avec celle de l'Hérault, et substi- 
tuer enfin à l'Esperou nos montagnes si riches de l'Espinouse et de l’Escan- 
dorgue. Un nouveau motif dont nous n'avons point parlé, c'est que la flore de 
l'Esperou n'est plus à faire, depuis que Pouzolz, dans sa Flore du Gard, en a 
longuement décrit toutes les plantes. L'idée qu'a eue cet auteur de suivre pas 
à pas la nomenclature adoptée par MM.. Grenier et Godron dans leur flore, 
pourrait faire croire d'abord qu'il s'est borné à calquer , en partie, l'ouvrage 
dont nous parlons. Nous avons acquis néanmoins la certitude que ce vieux 
praticien a fait toutes ses descriptions plantes en main ; aussi a-t-il su, malgré 
des erreurs toujours inévitables dans une flore, corriger parfois les descriptions 
fautives de ses devanciers. On arrivera aux mémes convictions que nous, Si 
l'on compare son livre à son herbier du Gard, que M. Planchon ainé vient 
d'acquérir pour l'École de pharmacie de Montpellier. Dans cet herbier, fruit 
de patientes et fécondes recherches, sont rangés méthodiquement les échan- 
tillons de presque toutes les localités mentionnées dans la flore du Gard. Là 


SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1866. AM 


figurent. notamment toutes les plantes de l'Esperou, sur lesquelles les nom- 
breuses erreurs de Gouan avaient attiré l'attention. particulière du floriste de 
Nimes. Vouloir introduire aujourd'hui dans une flore de Montpellier les 
plantes de l'Esperou, ce serait donc reproduire, selon nous, une partie de la 
flore du Gard et les étiquettes de l'herbier dont nous venons de parler. 
Explorons plutót les montagnes de l'Hérault, au pied desquelles s'arrétent 
M. de Martrin-Donos dans sa Ælorule du Tarn, et M. le docteur Bras, dans sa 
flore (encore inédite) de l'Aveyron. Nous sommes plus que jamais persuade 
qu'il est juste et raisonnable de rester aujourd'hui sur notre terrain, en renon- 
cant à ce qu'on peut appeler le bien d'autrui; et c'est cette pensée qui nous 
a décidé, cette année comme la précédente, à explorer une partie des mon- 
tagnes qui nous appartiennent. 

Nos principales stations, l'été dernier, ont eu lieu à Saint-Chinian, à Par- 
dailhan-Pontguiraud, à Saint-Pons; puis sur l'Espinouse, à la Salvetat-d’Agoût, 
à Fraisse et à Cambon. Disons un mot, en commencant, du théátre de nos 
herborisations, pour que les botanistes étrangers au pays dont nous parlon. 
puissent nous suivre plus facilement. 

Saint-Chinian (alt. 123 mètr.), entre Béziers et Saint-Pons, est encore dans 
la région chaude et séche que caractérise le climat de Montpellier; mais, à 
l'extrémité occidentale de cette commune, la Vigne et l'Olivier disparaissent 
jusqu'à ce qu'on ait franchi une partie du Pardailhan et le col de Redemouls. 
A partir de Poussaroux, dont la gorge sauvage contraste singulièrement avec 
une si faible altitude et avec la plaine qu'on vient de quitter, on monte, pen- 
dant plus d'une heure et par une cóte fort roide, vers le col de Redemouls. 
Ce court trajet suffit pour qu'on puisse, méme en voiture, en regardant les 
rochers qui bordent la route, voir disparaitré, l'une après l'autre, les espèces 
de la région chaude. Arrivé au col (568 métr.), presque à égale distance de 
Saint-Chinian et de Saint-Pons, on descend rapidement vers cette dernière 
ville (320 mètr.), et l'altitude diminuant alors, on voit reparaitre graduelle- 
ment la Vigne, l'Olivier et le cortége des plantes qui les accompagnent, et 
qu'on avait vues disparaître peu auparavant, en montant de Poussaronx à Re- 
demouls. Ces altitudes si diverses, pendant un court trajet d'une vingtaine de 
kilomètres, sur un sol schisteux mélangé parfois de calcaire, pourraient donner 
lieu à des observations intéressantes pour la géographie botanique; mais ces 
détails, quelque intérét qu'ils puissent promettre, ne doivent point nous faire 
oublier notre but principal. 

En s'élevant de Saint-Pons vers l'Espinouse, montagne dont la partie la plus 
avancée courant de l'ouest à l'est, du Soulier vers le Carroux, est connue dans 
le pays sous le nom de Sommail, on entre décidément en pleines montagnes. 
Le sommet du plateau, entre le Cabarétou et le pont du Moulinet, a une alti- 
tude de 950 à 960 mètres. Là il faut descendre pour se rendre à la Salvetat ; 
mais Ja végétation ne change plus désormais pour celui qui veut explorer l’Espi- 

T. XI, (SÉANCES; 29 


AA2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


nouse proprement dit, en remontant l'Agoüt le long duquel s'échelonnent, à 
une dizaine de kilomètres l’un de l'autre, la Salvetat et les pauvres villages 
de Fraisse, de Cambon et de Salvergue. La Salvetat n'est qu'à 700 métres 
d'altitude; mais, dans ces humides et froides montagnes, on trouve à 700 
mètres une température et des plantes qu'il faut chercher à une plus grande 
hauteur daus les Pyrénées. Là, en effet, 900 métres, méme sur le ver- 
sant francais, équivalent à peine, sous le rapport dont nous parlons, et 
en tenant compte des expositions locales respectives, aux 700 mètres de la 
Salvetat. 

Nous retrouvons dans la vallée de l'Agoüt et d'une manière encore plus 
tranchée, le climat occidental dont nous avons parlé dans nos herborisations de 
la vallée de la Mare, climat humide, où presque tous les vents sont les heu- 
reux messagers de pluies fréquentes, sans lesquelles ce sol schisteux et gra- 
nitique demeurerait infécond. A la Salvetat, les murs plaqués d'ardoise à 
l'ouest attestent que ce vent, qui est le magistral constamment sec de Mont- 
pellier et de la Provence, est pluvieux dans le pays dont nous parlons, autant 
que les vents qui soufflent de la Méditerranée. Ceci explique pourquoi, eu 
juin et juillet derniers, pendant que l'on se plaignait de la sécheresse à Mont - 
pellier, il pleuvait fréquemment sur l'Espinouse. C'est là aussi, comme au 
sommet de la vallée de la Mare, que s'épuisent les nuages occidentaux; car 
Saint-Pons y est déja moins exposé, et, s'ils effleurent en passant le col élevé 
de Redemouls, Saint-Chinian, à une heure plus bas, demeure aussi sec que 
l'est Hérépian à l'autre extrémité et au bas de l'Espinouse. 

Qui ne comprend l'influence que doit avoir sur la végétation l'humidité 
dont nous venons de parler, jointe à un soleil encore méridional et dont l'action 
directe, quelle que soit la fraicheur de l'ombre, se fait fortement sentir? 
Aussi devons-nous avouer que, malgré notre longue habitude des montagnes, 
la végétation luxuriante de l'Espinouse nous a surpris. La plaine des oliviers, 
chez nous comme en Provence, est riche sans doute en espèces dont les mon - 
tagnes seront toujours dépourvues, et il n'y a point pour elles de compensation 
possible à un pareil désavantage. Toutefois, si le tapis végétal de la plaine est 
composé d'espéces plus nombreuses, quelle différence entre les individus des 
. espèces qui croissent des deux côtés et s'accommodent également des deux 
climats! Dans nos montagnes, outre que le nombre des graines qui germent 
chaque année, et par conséquent des individus, est beaucoup plus considérable 
que dans la plaine, toutes les plantes spontanées ou cultivées comme ornement 
y ont une taille presque double; le vert des feuilles y est plus foncé et l'éclat 
des fleurs incomparable. Nous ne connaissons d'exception à cette régle que 
pour certaines Graminées peu ou point hygrophiles, et pour les plantes agua- 
tiques presque entièrement submergées, telles que certains Zatrachium, les 
Callitriche, les Potamogeton, qui, sous tous les climats dont ils s'accommodent, 
sont constamment saturés d'humidité, et prennent un développement plus 


*. 


SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1866. UV) 
considérable peut-être sous les rayons du soleil de la plaine que dans les 
‘montagnes où les eaux sont plus froides. 

Quant à l'humidité de l’atmosphère, nous la ressentons aussi à Montpellier, 
lorsque souflle le vent de la mer; mais c’est une humidité salée qui pénètre 
nos murailles, tache nos tapisseries et moisit les plantes de nos herbiers, sans 
avoir sur les végétaux vivants l'action bienfaisante de l'humidité franche qui 
régne dans nos montagnes. 

Les botanistes qui n'ont herborisé que dans la plaine se font difficilement 
une idée juste des délices qu'offrent l'étude et l'observation, pendant l'été, 
dans les montagnes, au milieu des bois, des eaux, des prairies el de toutes 
les splendeurs éloquentes de la nature. Qui ne se sentirait ému eu présence 
de ce majestueux spectacle, et qui n’élèverait son âme avec bonheur vers l'Au- 
teur de toutes ces merveilles? Sans les visites toujours trop courtes de quelques 
amis, nous serious seul presque tout l'été; mais sommes-nous réellement 
seul avec la société de nos chères plantes? D'ailleurs il s'écoule peu d'années 
sans que nous ayons le plaisir de rencontrer un de ces hommes à qui il ne 
manque souvent, au sein des montagnes, qu'une occasion favorable pour ma- 
nifester une rare aptitude d'observation et un goüt décidé pour l'étude des 
végétaux. Nous avons du bonheur, quand s'offre à nous cette occasion d'initier 
à notre aimable science un véritable ami de la nature. «Un des plus beaux 
priviléges des sciences naturelles à notre époque, disait récemment devant 
l'Académie de Toulouse le savant professeur de botanique de cette ville, c'est 
de se populariser et de devenir accessibles à tous; et, loin de perdre à cette 
diffusion; elles se sont élevées de tous les degrés qu'elles semblaient descen- 
dre (1). » Nous applaudissons à ces paroles, et c'est ainsi que la science offi- 
cielle vraie, loin d'aspirer à un monopole impossible autant qu'injuste, encou- 
rage tous les travailleurs qui ne songent qu'à multiplier les matériaux d'étude 
et à accroître par leurs recherches le nombre des espèces connues. 

Nous avons eu occasion de parler des services qu'ont rendus à la flore du 
pays les herboriseurs de fraiche date que nous avons dirigés et encouragés 
naguère pendant notre séjour d'été dans les montagnes. Cette année est une 
des plus heureuses sous ce rapport; car nous venons de mettre aux mains 
d'un instituteur de l'Espinouse un livre et une loupe qui déjà ont porté des 
fruits, et qui ne sauraient être, avec cet homme intelligent et actif, de stériles 
instruments à l'avenir (2). 


(4) De l'influence des plantes sur la civilisation, par M. Clos, 1866. 

(2) Nous voulons parler de M. Vidal, instituteur à Fraïsse, triste village où il occupe 
une position bien inférieure à son mérite. Qui se füt attendn à trouver en pareil lieu un 
instituteur doué d'une aptitude rare pour l'étude, el qui a fait avec le plus grand succès 
une notable partie de ses humanités? Pressentant dès l'abord tout ce que nous pouvions 
obtenir d'un habitant de ces riches montagnes, doué d'intelligence et sachant un peu le 
latin, nous le priàmes de recueillir et de sécher les quelques centaines d'espéces qui en- 
tourent son village, nous bornant, vu la brièveté du temps dont nous pouvions disposer, 


AAA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Mais il est temps de signaler ce qui s'est présenté à nous dans nos prome- 
nades et ce que nos amis nous ont communiqué de divers points du départe- 


ment. 
Voici la ‘liste des espèces trouvées par nous dans l'arrondissement de 


Saint-Pons : 


Meconopsis cambrica Vig. — La Salvetat. 

Fumaria Bastardi Bor.; (F. media Bast. non Lois.; F. confusa Jord.). — Saint-Pons. 

Lepidium heterophyllum Benth. (L. Smithii Hook.). — La Salvetat, Pardailhan-Pont- 
guiraud. 

Viola agrestis Jord. — La Salvetat. Trouvé aussi par M. Aubouy à Lodéve. 

—  Sagoti Jord. — Fraïsse, la Salvetat. 

Lychnis silvestris Hoppe (Silene diurna G. G.). — La Salvetat, Fraïsse. M. Barthès l'a 
trouvé également à la Salvetat. 

Geranium silvaticum L. — La Salvetat. 

Rhamnus Frangula L. — Fraisse, La Salvetat. 

Ulex europæus L. — Près des bains de Rieumajou à la Salvetat. M. Aubouy l'a trouvé 
également à l'extrémité de la méme commune du cóté du Tarn. 

Trigonella hybrida Pourret. — Pardailhan-Pontguiraud à Redemouls. 

Trifolium patens Schreb. — La Salvetat, oà M. Aubouy l'a trouvé également. 

—  kevigatum Desf. — Pardailhan-Pontguiraud. 

Lupinus angustifolius L. — Pardailhan-Pontguiraud. 

Cerasus Padus DC. (Prunus Padus L.). — La Salvetat, Fraisse. Quoique cette espéce ne 
descende guère dans la plaine méditerranéenne, on ne peut pas dire qu'elle 
manque dans le midi de la France. (Voy. Fl. de Fr., t. T, p. 516.) 

Callitriche hamulata Kuetz. 6. homæophylla G.G. — Fraisse. 

Peplis Portula L. — Fraisse, Pardailhan-Pontguiraud. 

. Sedum elegans Lej.; G. G. — Fraisse. 
—  Fabaria Koch. — Fraïsse. 

OEnanthe peucedanifolia L. — Fraisse, la Salvetat. 

Anthriscus vulgaris Pers. — La Salvetat, où il atteint jusqu'à trois mètres, ainsi que 
la Ciguë. 

Chærophyllum nodosum Lam., G. G. — Saint-Pons. 

Galium uliginosum L. — La Salvetat, Fraïsse. 

Doronicum austriacum Jacq. — Mémes localités. 

Senecio silvaticus L. — Mêmes localités. 

Bidens tripartitus L.— La Salvetat. Recueilli aussi à Vias et à Capestang par le capitaine 
Braun et le frère Lioberus. Magnol dit que cette plante a été trouvée par Tour- 
nefort, ainsi que le Bidens cernua, à la roubine de Lattes. Gouan, prés d'un 
siècle plus tard, a indiqué ces deux plantes au même lieu d’où elles ont disparu 
depuis longtemps. 

Gentiana Pneumonanthe L. — La Salvetat. 

Verbascum nigrum L. — La Salvetat, Fraisse, Cambon. La plante qu'on trouve dans les 
herbiers de Montpellier sous ce nom et que Gouan indique dans notre voisi- 
nage, est le Verbascum Chaixii de Villars. 

Veronica verna L. — La Salvetat, prés de la limite du Tarn. 

Thesium alpinum L. — La Salvetat, dans un bois à la hauteur du village. 

Uropetalum serotinum Ker. — Saint-Chinian, 


e 

à lui en faire connaitre empiriquement les noms. Le faciés de ces plantes fut prompte- 
ment gravé dans sa mémoire. Seul ensuite, et avec une ardeur plus lente d'ordinaire à se 
produire, il se prit à parcourir les montagnes éloignées où nous ne pouvions le suivre, 
et il revenait souvent chargé de véritables faix d'herbe oü nous trouvions de l'or. Nous 
ne pouvons dire que ce fut toujours à son insu, car il nous signalait lui-méme quelque- 
fois les espèces qui manquaient à son petit herbier et qu'il n'avait jamais rencontrées près 
du village. On verra bientôt que nous lui sommes redevables déjà de précieuses espèces 
étrangères jusqu'à présent à la flore de l'Hérault. 


SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1866. hh5 


Polygonatum multiflorum All. — La Salvetat. Porté aussi de Lignéres par M. Vidal. 
—- verticillatum All. — Fraisse. 

Carex ampullacea L. — La Salvetat. Porté également de Lignères par M. Vidal. 
— lævigata L. — La Salvetat, Fraïsse. Trouvé à Lignéres par M. Vidal. 
— vulgaris Fries (C. Goodenovii Gay). — Fraïsse, 

Panicum glabrum Gaud. — Fraïsse, la Salvetat. 

Polypodium Phegopteris L. — Fraisse. 


Nous devons ajouter à cette liste les hybrides, au nombre de trois, qui se 
sont présentés à nous. Ce sont les Cistus ladanifero-monspeliensis Nob. , C. 
monspeliensi-ladaniferus Nob. (l'un et l’autre à Saint-Chinian), etle Verbascum 
nigro-pulverulentum Smith, dont nous n'avons trouvé qu'un seul pied à 
Fraisse, au milieu des parents. 

Mentionnons maintenant les découvertes des infatigables chercheurs qui, 
sans avoir autant de loisirs que nous, ont fait des rencontres précieuses pour la 
flore de l'Hérault. 

M. Vidal nous a rapporté de Lignéres, paroisse qui dépend de la commune 
de Fraisse : Laserpitium latifolium L. , var. asperum Soy-Will. (Z. asperum 
Crantz), Sambucus racemosa L., Asperula odorata L., Euphorbia hiberna L. 
Ila, en outre, rencontré à Salvergues le Lycopodium clavatum L., et au 
bois de la Blanque, près du Soulier, le Lactuca Plumieri G. G. (Sonchus 
Plumieri L.). 

M. Barthès, qui est venu nous visiter à Fraisse, nous a dit qu'il avait remar- 
qué au Moulinet une des plantes les plus chères à l’homæopathie, l’ Arnica 
montana L., et que les paysans du pays lui en avaient porté parfois pour sa 
pharmacie. Nous avons vu également dans son herbier le Clematis recta L. du 
bois de Sérignan près Saint-Pons, espèce que M. Théveneau nous a également 
donnée du même lieu, et le Sideritis hirsuta L. recueilli par M. Barthès dans 
la région chaude, à Aigues-Vives. l 

Un professeur du collége de Lodève dont nous avons parlé ailleurs, 
M. Aubouy, qui marche si vite et si bien depuis plusieurs années, est venu passer 
quelques jours avec nous, et nous a communiqué, de Lodève et des montagnes 
voisines, des espéces précieuses pour la flore du pays. Ce sont les suivantes : 
Cerastium arvense L., au-dessus de Lodève; Bunium Carvi Bieb., prairies 
du Pertus; Scorzonera purpurea L., le Cros, sur le Larzac; Orchis sambu- 
cina L., les Siéges, sur l'Escandorgue. Le Primula officinali-grandiflora 
(P. variabilis Goup.), hybride que nous avions engagé M. Aubouy à rechercher 
au milieu des parents, s'est présenté à lui, selon nos prévisions, dans les prai- 
ries de Lodève. 

En descendant de nos montagnes, nous avons admiré, dans le magnifique 
établissement des frères de la doctrine chrétienne à Béziers, un jardin botani- 
que consacré aux plantes du pays, jardin bien planté, dont les espèces sont 
bien nommées, ce qui est plus rare, et qui serait digne d'une grande ville. Le 
frère Lioberus, qui le dirige, a fait sa part de découvertes locales, et la flore du 


446 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
pays pourra enregistrer, grâce à lui, le Centaurea intybacea Lam. recueilli par 
lui et le capitaine Braun dans les rochers de Gruzy. 

En arrivant à Montpellier, nous avons eu le plaisir de trouver, entre les 
mains de nos infatigables amis, MM. Barrandon et Richter, le Melica major 
Sibth. de Montarnaud près Montpellier, etle Carex olbiensis Jord., parfaite- 
ment déterminé par cux et trouvé également à Montarnaud. 

Enfin M. Dupin, qui s'occupe de botanique depuis quelques années, a ren- 
contré à Villeroi près Cette le Bartsia viscosa L. (Euphragia Griseb.). 

Nous venons de transcrire les noms de 54 espèces et de 4 hybrides qui crois- 
sent presque toutes sur un sol schisteux et granitique. Nous serions tenté de 
regretter cette bonne fortune apparente, car une pareille moisson prouve que 
nos montagnes doivent cacher à nos regards encore bien des richesses, et que, 
par suite, les matériaux pour une flore locale suffisamment complète se feront 
encore attendre. Cette considération doit engager l’auteur à venir d’une flore 
de Montpellier, quel qu'il soit (cela importe peu), à éviter la précipitation; car 
le temps est l'élément nécessaire d'un bon livre, surtout d'une bonne (lore, Le 
principal mérite d'un pareil ouvrage, c'est d'étre exact et aussi complet que 
possible, car un volumineux supplément, qui viendrait grossir une flore dés 
le lendemain de son apparition, serait loin d'en faire l'éloge. 

Quoique nous n'attachions point aux découvertes que nous venons de men- 
tionner plus d'importance qu'elles n'en ont, on nous permettra de dire néan- 
moins que parmi les espèces recueillies par nos amis et par nous depuis 
quelques années, dans le département de l'Hérault, il en est plusieurs dont 
les flores voisines ne font nulle mention, et qui, au point de vue de la. géo- 
graphie botanique, intéressent la flore française elle-même. 

Si nous n'avons mentionné de vraiment nouveau pour la science que 
deux hybrides et une espéce, tout est nouveau du moins pour la flore départe- 
mentale. Sous ce rapport surtout, nos recherches auront eu une certaine nti- 
lité pour Montpellier, en hâtant le jour peut-être où les botanistes n'en seront 
plus réduits, pour étudier nos plantes, à se contenter du Zotanicum monspe- 
liense de Magnol et du Flora monspeliaca de Gouan. 

Ce dernier auteur mentionne, dans l'étendue de notre circonscription, une 
douzaine des espèces dont nous venons de donner la liste; mais l'une d'elles, 
nous l'avons dit déjà, ne croit plus à Lattes où il l'indique ; huit ou neuf autres 
ont été l'objet d'une méprise de sa part et mal nommées par lui. Deux ou trois 
seulement croissent peut-étre aux localités mentionnées ; mais, n'ayant jamais 
vu ces plantes provenant des lieux indiqués, nous nous gardons de nous fier 
sans preuve à un auteur qui a été souvent dupe de son imagination. Il parait 
certain méme qu'il a été trompé quelquefois par des personnes, henreuse- 
ment fort rares, qui ne rougissent point de méler le mensonge à l'étude de la 
nature, et qui ne sauraient, comme le dit un de nos meilleurs floristes mo- 
dernes, échapper au juste mépris qui les atteint tôt ou tard. 


SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1866, A^7 


Parmi nos espèces de cette année, quinze, auxquelles il fant ajouter nos 
quatre hybrides, manquent à la flore du Gard, et, par conséquent, n'ont point 
étó signalées encore dans les montagnes du Vigan ni de l'Esperou qui nous 
avoisinent. En voici les noms : Meconopsis cambrica, Fumaria Bastardi, 
Arabis stricta, Ulex europeus, Trigonella hybrida, Trifolium patens, 
T. lœvigatum, Cerasus Padus, Sedum Fabaria, Lactuca Plumieri, Cen- 
taurea intybacea, Euphorbia hiberna, Melica major, Carex olbiensis, 
Lycopodium clavatum. 

Sept de ces espèces et les quatre hybrides manquent en même temps à la 
Florule du Tarn de M. de Martrin-Donos. Ge sont les suivantes : Meconopsis 
cambrica, Trigonella hybrida, Trifolium lævigatum, Lactuca Plumieri, 
Centaurea intybacea, Melica major et Carex olbiensis. 

Nous faisons ces rapprochements pour qu'on ne redise point que toutes ces 
plantes sont dans les Cévennes, et qu'il importe peu qu'on les trouve plus prés 
ou plus loin de Montpellier. 

Nous avions cru rares d'abord chez nous les espèces de l'Espinouse, du 
Carroux et de l'Escandorgue qu'on y a mentionnées naguére, et que nous 
avons signalées nous-méme dans le principe, d'apres les herbiers d'autrui. 
Depuis que nous avons eu la pensée de visiter ces montagnes, nous avons été 
surpris d'y voir abondantes et vulgaires la plupart de ces plantes, dont plu- 
sieurs méme forment sur les rochers et dans les prairies le fond du tapis vé- 
gétal. Nous sommes loin, en parlant ainsi, de vouloir atténuer le mérite de 
personne, mais cela prouve que nous avons tous, jusqu'a présent, été trop 
étrangers à cette partie du département. On arrivera peu à peu aux espèces 
vraiment rares, du moins sur notre sol, et si, parmi les plantes que nous si- 
gnalons cette année, une moitié encore est composée d’espèces assez communes 
dans les montagnes d'oü nous venons, l'autre moitié s'est fait chercher, et 
quelques-unes méme peuvent étre considérées comme rares partout, sans parler 
des deux hybrides qui nous sont propres et n'ont jamais été signalés nulle 
part. | 

Revenons maintenant sur plusieurs de nos espèces dont nous n'aurions pu 
parler, sans interrompre trop fréquemment le catalogue que nous en avons 
donné. 

Le Clematis recta L , vu sur pied ne peut être méconnu par un botaniste ; 
mais, si l'on avait à le juger en herbier sur des tiges coupées un peu haut, l'er- 
reur serait possible. Il ressemble en effet ainsi aux formes à larges feuilles du 
Clematis Flammula, et l'erreur dont nous parlons a été commise dans un de 
nos herbiers publics pour un C/ematis de Montpellier désigné à tort sous le 
nom de C. recta. Certains caractères différentiels donnés par les auteurs sont 
loin d’être constants ; ainsi l'appendice plumeux des carpelles varie en lon- 
gueur dans les deux espèces, et la tige du C. recta n'est fistuleuse parfois 
qu'à sa partie inférieure et moyenne. Il existe un caractère excellent dont 


AAS8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


aucun auteur, croyons-nous, n'a fait mention et que nous reconnümes 
un jour sur la plante vivante, avec M. Grasidou chargé des serres du jar- 
din de Montpellier; c'est la saveur herbacée et presque nulle du C. recta. 
La feuille mâchée de cette espèce est presque insipide, tandis que celle du 
C. Flammula a, comme on le sait, une saveur tres-brülante. Une seule 
feuille suffit donc pour juger sans erreur un échantillon incomplet, comme 
on en trouve souvent dans les herbiers. Nous l'avons expérimenté plu- 
sieurs fois sur des plantes sèches, mais on comprend combien il est prudent 
de s'assurer que les feuilles qu’on soumet à cette expérience n'ont pas été 
empoisonnées. 

Nous avons été agréablement surpris en rencontrant sur les bords de l'Agoüt 
le Meconopsis (4) cambrica Vig., belle espèce que nous transplantämes des 
Pyrénées dans un jardin de la Saintonge, en 1844, et que nous n'avions point 
vue vivante depuis 1860. L'auteur du genre Meconopsis, genre mieux établi 
que bien d'autres qu'on ne pourrait adopter sans transformer la. botanique en 
une vaine science de mots, a été, comme nous l'espérions, trés-sensible à la 
découverte près de nous d'un nouvel habitat de sa plante; car cette localité 
relie les habitats de l'Auvergne à ceux des Pyrénées (2). 

Le Lepidium heterophyllum Benth. abonde à Pardailhan-Pontguiraud et 
n'est point rare sur l'Espinouse. La plante de l'Hérault, intermédiaire entre les 
deux formes extrémes, peut se rattacher arbitrairement au type que nous 
avons recueilli dans l'Ariége et les Pyrénées-Orientales, ou à la forme de l'ouest 
que Hooker a nommée Lepidium Smithii. On ne pourrait, selon nous, distin- 
guer spécifiquement le Zepidium Smithit sans faire violence à la nature, car 
il ne diffère du type des Pyrénées que par quelques poils de plus et un vert 


(1) Meconopsis (Múxov, pavot et óQ:;, ressemblance), et non pas Menocopsis, mot 
dépourvu de sens employé par Mutel et Gonnet dans leurs flores francaises. 

(2) M. Viguier, dont le nom vivra autant que la science, grâce au genre Viguiera que 
Kunth lui a dédié et au genre Meconopsis adopté par tous les botanistes, a été atteint na- 
guére d'un affaiblissement notable de la vue, et a dü, par suite, renoncer à ses goüts 
favoris et interrompre ses recherches relatives aux plantes indigénes. Nous le regrettons 
non-seulement pour lui, mais aussi pour la science que nous aimons ; car, en comparant 
son herbier à nos herbiers publics, nous avons acquis la certitude que personne n'était 
plus propre que lui à écrire une flore digne de notre pays. En renonçant au professorat 
et à l'exercice dela médecine, cesavant botaniste s'était créé des loisirs indispensables 
pour mener à bonne fin un pareil travail. Comprenant l'impossibilité pour un seul homme 
de bien connaître aujourd'hui toutes les plantes du globe; sachant en outre que l'étude 
des sciences naturelles perd de sa profondeur, en proportion de l'étendue du champ 
qu'on explore, il s'était voué principalement à l'étude des plantes d'Europe et à la distinc- 
tion des espèces de son pays. L'auteur du Meconopsis ne se bornant point à l'étude séden- 
taire des plantes, passait des étés tout entiers à les rechercher et àles observer dans les 
lieux où la nature les a dispersées. C'est là en effet qu'on apprend à bien connaitre des 
espéces dont nos livres souvent donnent de fausses descriptions et méconnaissent les 
vrais caractéres. Tout cela avait porté ses fruits et nous en avons vu assez, nous le ré- 
pétons, pour regretter vivement, dans l'intérét de la flore de Montpellier, qu'un acci- 
dent cruel soit venu interrompre les travaux d'un des éléves les plus remarquables du 
grand De Candolle. 


SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1866, Aho 


moins intense. Les prétendues espèces qui reposent sur des caractères très- 
variables, tels que la taille des plantes, la couleur des fleurs, les feuilles plus 
ou moins dentées, la rareté ou l'abondance des poils, sont malheureusement 
trop nombreuses, et entravent les progrès de la science, en contribuant 
à détruire l'unité et la conformité de vues chez les botanistes. Le nom 
imposé par M. Bentham à l'espèce dont nous parlons est pour nous le nom 
princeps, car nous sommes persuadé que la plante des Pyrénées orien- 
tales nommée Z. heterophyllum par le savant botaniste anglais est la méme 
que le Thlaspi heterophyllum décrit par De Candolle, d’après des échan- 
tillons de l'herbier Clarion recueillis, dit l'auteur, dans les Pyrénées voisines 
de l'Espagne. 

On à peut-étre vu avec surprise figurer sur notre liste comme nouveau 
pour nous l Ulex europæus L. On le trouve dans l'herbier de Dunal qui l'in- 
dique sous le nom d’Ulex provincialis, au grau d'Agde, et près du canal de 
Bourdigue à Cette, localités évidemment artificielles. On le cultive ailleurs dans 
le département, notamment autour de la Salvetat et à Saint-Amand-de- 
Mounis où nous en avons vu des haies provenant, d’après nos informations, 
de plants achetés au marché de Castres. 

On ne le connaissait jusqu'à présent chez nous que cultivé, et, à ce titre, il 
devait être exclu de la flore de l'Hérault, comme il l'a été par Pouzolz de la 
flore du Gard. Aujourd'hui nous sommes sür de sa spontanéité dans l'Hé- 
rault, puisqu'il couvre des terrains incultes entre la Salvetat et Rieumajou 
d’où le docteur Nègre nous l'a apporté, et que M. Aubouy l'a trouvé égale- 
ment à l'extrémité de la méme commune, dans un bois voisin de la route 
d'Angles. 

Nous avons trouvé, en juin, dans les seigles de Pardailhan-Pontguiraud un 
pied de Trifolium lgvigatum Desf. qui seul n'eüt point suffi pour faire ad- 
mettre l'espéce dans une flore de l'Hérault. A notre retour, au mois de sep- 
tembre, la méme plante s'est présentée à nous de nouveau, desséchée mais 
reconnaissable encore, dans les rochers de la méme localité, Nous n'hésitons 
point aujourd'hui, par suite, à la considérer comme nótre, et nous l'accueil- 
lons avec d'autant plus de plaisir qu'elle ne figure point dans les flores des dé- 
partements voisins. 

Le Trifolium patens, signalé par MM. Grenier et Godron dans la moitié oc- 
cidentale de la France et que nous avons vu autrefois trés-commun dans nos 
départements de l'ouest, est assez abondant aussi dans les prairies de la Sal- 
vetat; mais nous n'en conclurons point qu'il ait ici une origine occidentale. 
« Si le fait de l'existence d'une espèce ailleurs que dans la localité où on l'ob- 
serve, dit M. Des Moulins, suffit pour entacher de suspicion sa qualité d'au- 
tochthone, — ilfaudra logiquement ajouter sans cesse à cette liste déjà si longue, 
et je ne vois pas où pourra s'arréter cet amaigrissement des flores locales au- 
tochthones. Au lieu de plantes disjointes, on sera réduit à voir partout des 


A50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


plantes £ransportées d'une manière quelconque... la science vit de certitudes 
et non de possibilités (1). » 

Rien de plus sage, à notre avis, que ces réflexions du savant botaniste de 
Bordeaux, et nous les croyons applicables aux plantes dont nous parlons. Les 
plantes de la Salvetat, comme celles de la vallée de la Mare et du Bousquet 
dont nous avons parlé naguère, nous paraissent en effet tout aussi autochthones 
chez nous que dans l'ouest par les motifs que nous en avons donnés. Obser- 
vons et notons les faits, mais soyons sobres d'inductions, car les faits mieux 
connus viendraient souvent rectifier nos premiers jugements. C'est ainsi que 
l Heracleum Lecoquii dont quelques pieds trouvés au Bousquet nous avaient 
paru d'abord provenir des hautes Cévennes et de la Lozère, s'est présenté à 
nous plus tard en abondance dans presque toutes les prairies de nos montagnes, 
au point qu'il est plus commun chez nous peut-être que dans la Lozère et 
dans l'Auvergne. 

Après les savantes dissertations publiées dans le Bulletin de la Société bo- 
tanique de France (2) par M. Grenier et M. l'abbé Chaboisseau, il serait diffi- 
cile de voir plus d'une espèce dans les Sedum elegans Lej., S. pruinatum Brot. 
et S. aureum Wirtg. M. Chaboisseau y joint une quatrième forme, et il adopte | 
comme nom princeps celui de Sedum Forsterianum Smith., auquel il joint 
en variétés les noms précédents. Quoique la science de M. Chaboisseau soit 
pour nous une garantie de ses déterminations, nous préférons au nom de 
S. Forsterianum celui de S. elegans vulgarisé chez nous par M, Grenier qui, 
aprés l'avoir adopté dans sa Flore de France, vient de l'admettre encore récem- 
ment dans sa Flore du Jura. D'éminents botanistes anglais ayant rapporté le 
S. Forsterianum de Smith aux S. reflexum et rupestre de Linné, le nom de 
Forsterianum véunirait difficilement aujourd'hui l'assentiment général ; or, ne 
doit-on pas tendre surtout à l'unité, et, pour atteindre ce but, n'est-il pas 
sage de laisser dormir les noms, méme de vieille date, qui ne seraient dans la 
science qu'une pomme de discorde? Lorsqu'on a tout lieu d'espérer qu'un 
nom plus ancien, jusqu'ici méconnu, réunira tót ou tard l'immense majorité 
des suffrages, qu'on le propose; mais nous sommes ennemis de la résurrection 
malencontreuse de noms qui peuvent être faussement appliqués, ou qui n'au- 
raient point chance de réunir l'assentiment général, en détrónant presque 
sans conteste un autre nom en vogue. Il nous parait prudent alors de laisser la 
prédominance au nom recu et qu'on propose de reléguer au rang de syno- 
nyme. C'est le cas, selon nous, d'appliquer à l'auteur du nom présumé le plus 
ancien laloi d'expropriation pour cause d'utilité publique. 

Le Chærophyllum nodosum Lam., attribué tour à tour aux genres Scandix, 
Caucalis, Torilis, Anthriscus, Cherophyllum, Physocaulis, figure dans 


(4) Note sur la lettre de M. de Rochebrune relative aux plantes importées. 
(2) Voy. tome X, pp. 250 et 292. 


SÉANCE DU 23 NovEMBRE 1866. A451 


toutes nos flores de France. Morison qui en a donné, il y a un siècle et demi, 
une figure réduite, mais assez bonne, dit qu'on le croit originaire de la Crete 
ou de la Sicile. Linné l'indique en France et en Italie. Lamarck le dit ré- 
pandu aux environs de Paris, habitat mentionné d’après lui par d'autres au- 
teurs. Loiseleur dit qu'il n'est point rare autour de cette ville, « eirca Parisios 
non infrequens », et cet auteur, souvent dénué de critique et mal informé, 
semble néanmoins ly avoir vu; mais on ne ly retrouve plus sans doute, 
puisque MM. Cosson et G. de Saint-Pierre, dont on connait l'exactitude, 
n'en parlent point dans leur Flore des environs de Paris. Gonnet l'indique à 
Perpignan; Mutel à Paris, à Angers, à Perpignan, à Toulouse, à Nice; 
M. Duby circa Nicæam ex All., Parisios ex Lam., Andegaviam ex Bast. 
Allioni le mentionne à Nice et à Génes, et, si cette plante n'a point déserté 
Nice, comme Paris, Angers, Perpignan et Toulouse , notre excellent ami le 
chevalier Ardoino ne tardera point à en parler dans sa Flore des Alpes-Mari- 
times qui s'imprime en ce moment. 

M. Godron (Flore de France) n'indique cette espèce qu'à Calvi en Corse. 
On lit la note qui suit, datée de 1861, dans les Annotations de Billot, p. 235 : 
«M, Ozanon a découvert le Cherophyllum nodosum Lam,, plante nouvelle 
pour la France, dans les broussailles, sur le bord de l'Orhiel, en aval de Las- 
tour-Cabardés, canton de Mas-Cabardés (Aude), Montagne-Noire, sur le calcaire, 
à la fin de juillet 1860. » Si cette plante était nouvelle pour la France en 1860, 
il s'ensuit que les floristes qui l'ont mentionnée antérieurement comme plante 
francaise étaient mal informés, et nous le croyons sans peine; mais n'y a-t-il 
point lieu de se défier aussi des laines étrangères et des fabriques de draps de 
Mas-Cabardès ? Nous ne pouvons en parler pertinemment, puisque cette loca- 
lité nous est inconnue ; qui ne suspecterait néanmoins l'indigénat ou méme la 
naturalisation d'une espèce qui parait s'étre montrée tour à tour dans plusieurs 
localités d’où elle a disparu, et dont lefruit est hérissé de poils roides et accro- 
chants propres à en faire une plante nomade? Disons maintenant notre pensée 
sur la localité de Saint-Pons, qui n'est pas à une trés-grande distance de celle 
où M, Ozanon a vu ce Cherophiyllum, W croît, à Saint-Pons, dans une en- 
ceinte murée et sur un terrain calcaire à peu prés inculte aujourd'hui. Je ly 
trouvai un jour avec M. Barthès, et nous aurions pu en compter là, s'il m'en 
souvient, prés d'une centaine de pieds alors en fruit. Quoique nous ayons 
inscrit cette plante sur notre liste, afin d'en provoquer la recherche par les 
botanistes du pays, nous n'oserions néanmoins lui donner place dans une flore 
de l'Hérault où elle n'est ni indigène, ni suffisamment naturalisée. Qu'on vienne 
a remettre en culture le terrain peu étendu où elle croit aujourd'hui, et il ne 
pourra plus en être question. Ainsi en sera-t-il prochainement d'autres espèces 
qu'on a voulu à tort nous attribuer, notamment l' Ambrosia tenuifolia men- 
tionné à Cette; car il croit là sur un terrain situé à l'extrémité d'un faubourg 
et qui ne peut tarder à étre couvert de constructions. Les floristes, qui ont 


A52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


prématurément considéré comme plante française le Chærophyllum nodosum. 
n'ont pu lui donner, en l'inscrivant dans leurs flores, la fixité que lui a refusée 
la nature. Cette faiblesse qu'ont eue plusieurs auteurs, de s'attribuer des plantes 
qui ne leur appartenaient qu'à demi, est sans doute un des motifs qui ont en- 
gagé M. Alphonse De Candolle à dire que nos plus mauvais livres de botanique 
se trouvent surtout parmi les flores locales. 

Que dirons-nous du Scorzonera purpurea L., dont M. Aubouy vient d'en- 
richir notre flore? Cette plante n'avait été trouvée en France que du cóté de 
Mende par Prost, et à Campestre par Pouzolz. Nous l'avons vue à Mende, 
mais comme celle du Cros, assez peu avancée; toutefois, il nous a semblé 
remarquer le podogyne creux et épaissur lequel De Candolle a établi le genre 
Podospermum. Qu'on examine le fruit mür que nous n'avons pu voir encore, 
el, si nos prévisions venaient à se confirmer, la plante devrait changer de 
genre et. prendre le nom de Podospermum purpureum qu'elle a recu déjà 
une fois. 

Le Primula variabilis de Goupil a toujours été pour nous un hybride des 
Primula officinalis et grandiflora, et c'est aujourd'hui l'opinion de presque 
tous les botanistes. Il surgit néanmoins parfois quelques objections : ainsi 
MM. Sauzé et Maillard, dans leur Catalogue des plantes des Deux-Sèvres, 
disent « qu'un seul pied de cette espèce, planté dans leur jardin il y a huit 
ans, s'y est multiplié en se reproduisant de graines chaque année, et que par 
conséquent la plante est féconde par elle-même ». Pour bien conclure, ne fau- 
drait-il pas constater que le pied planté dans ce jardin, il y à huit ans, n’était 
pas un hybride simple qui avait été fécondé de nouveau par un des parents ? 
M. Godron s’est assuré artificiellement qu'un pareil hybride a des graines fer- 
tiles et se perpétue, si on l'isole des parents, mais que la fécondation croisée, 
s'il reste au milieu des parents, finit par le ramener au type. (Ztecherehes sur 
l'hybridité par M. Godron, p. 75.) 

Une des espèces les plus précieuses pour nous, c’est le rare Carez olbiensis 
de Montarnaud prés Montpellier. Le Carex Ardoiniana de Menton ap- 
partient, comme on le sait, à la méme espèce que le C. olbiensis qui croit 
à Hyères. La plante de Menton, que nous y avons recueillie en plein so- 
leil, est moins élancée et plus roide que celle que nous trouvâmes à Hyères, 
en 1852, dans un bois de haute futaie; mais cette différence accidentelle est 
due évidemment à la différence de station. Le Carez de Montpellier, qui n'a 
pas eu beaucoup d'eau cette année, et qu'on a recueilli dans un bois taillis 
récemment coupé, est parfaitement identique avec celui de Menton. Montar- 
naud a été l'objet de tant d'explorations que d'autres botanistes ont dû y ren- 
contrer cette plante, mais on se sera mépris sans doute jusqu'à présent sur sa 
détermination. 

Nous ne pouvons nous dispenser de parler des Cistes hybrides de Saint- 
Chinian, qui sont nouveaux non-seulement pour Montpellier, mais pour la 


SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1866. A53 


science. On sait que le plus beau de nos Cistes, le Cistus ladaniferus mêlé au 
C. monspeliensis, couvre, prés de Saint-Chinian, un espace assez étendu de 
terrains schisteux. Le C. ladaniferus est presque défleuri lorsque s'épanouit 
le C. monspeliensis ; mais sur le premier apparaissent encore journellement 
quelques fleurs tardives, et nous avons vu les cétoines qui se recherchent s'en- 
tasser péle-méle dans ces grandes fleurs et se charger. ainsi de pollen qu'elles 
portent sur le C. monspeliensis. Ainsi se produit, en plaçant le nom du père, 
selon l'usage, en première ligne, le C. /adonifero-monspeliensis. Nous en 
avons, aprés de longues recherches, découvert trois pieds, et un seul de 
C. monspeliensi-ladaniferus, pour la formation duquel le C. ladaniferus rem- 
plit au contraire le rôle maternel ou de porte-graine. Les deux parents croissent 
souvent péle-méle ; mais, parfois aussi, ils forment des groupes isolés qui faci- 
litent la juste détermination des hybrides, en aidant à y reconnaitre les róles 
paternel et maternel des deux espéces génératrices. 

Ordinairement, dans les hybrides, les caractères se fondent d'une manière 
assez peu régulière; toutefois, nous croyons, avec M. Grenier et beaucoup 
d'autres botanistes aujourd'hui, que les hybrides se rapprochent souvent plus 
du pere. Les organes floraux surtout, auxquels le pere imprime plus spéciale- 
ment son cachet, permettent presque toujours d'assigner aux parents le genre 
d'action qui leur appartient. Nous en avons eu la preuve plusieurs fois, no- 
tamment dans les hybrides des Cistes de Saint-Chinian et dans ceux de Mur- 
viel prés Montpellier. Il se produit pour les hybrides de Saint-Chinian ce 
que nous avons observé à Murviel dans les hybrides des C. monspeliensis et 
laurifolius. L'analogie est frappante, car le C. laurifolius de Murviel, qui a 
comme le C. ladaniferus trois sépales au lieu de cinq et la fleur plus grande 
que le €. monspeliensis, remplit dans la formation du C. Ledon un rôle iden- 
tique avec celui du C. /adaniferus dans notre C. ladanifero-monspeliensis. Le 
C. monspeliensi-laurifolius, au contraire, a des rapports évidents avec notre 
C. monspeliensi-ladaniferus. À Murviel, comme à Saint-Chinian, l'espéce à 
grandes fleurs attire plus d'insectes que le C. monspeliensis sur lequel ils 
portent le pollen dont ils sont chargés; aussi le C. laurifolius à Murviel et le 
C. ladaniferus à Saint-Chinian remplissent-ils presque toujours le rôle pa- 
ternel. Ainsi se forme à Murviel le C. Ledon de Lamarck qui est l'hybride 
auquel le C. laurifolius imprime le plus fortement sa ressemblance, et qui 
doit prendre le nom de C. laurifolio-monspeliensis Nob. (non Timbal). Notre 
ami, dans sa Notice sur les Cistes de Narbonne, donne ce nom à l'hybride 
qui ressemble le plus au Cistus monspeliensis et que nous nommons C. mons- 
peliensi-laurifolius ; mais ce n'est point là le vrai C. Ledon de Lamarck ; car 
ce botaniste a nommé ainsi la forme la plus commune, forme cultivée au jardin 
botanique de Montpellier et où le C. laurifolius prédomine. Lamarck n'a 
méme pas connu vraisemblablement la forme la plus rare qui a pour père le 
C. monspeliensis, la seul» dont parle M. Timbal et qu'il nomme à tort, selon 


h5A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


nous, C. laurifolio-monspeliensis. Ces deux hybrides sont trés-distinets à 
Murviel, comme nous l'avons constaté avec M. Barrandon à qui. revient 
une partie des observations que nous venons de mentionner, et nous nous 
proposons d'en parler ailleurs, pour ne point tomber ici dans une trop longue 
digression. 

Nos deux hybrides de Saint- Chinian sont intermédiaires, presque sous tous 
les rapports, entre leurs parents. Ils ont l'un et l'autre la fleur une à deux fois 
plus grande que celle du C. monspeliensis, une à deux fois plus petite que 
celle du C. /1daniferus. Ils portent presque toujours quatre sépales au lieu 
de trois comme le /adan?ferus et de cinq comme le monspeliensis. Les fleurs, 
comme on le sait, sont solitaires dans e premier et au nombre de 4-8 unilatérales 
dans le second ; les hybrides ont toujours deux ou trois fleurs en fausse om- 
belle, inflorescence qui les fait reconnaitre au premier aspect. Les organes de 
végétation sont également intermédiaires. Les rameaux floraux étaient beau- 
coup plus nombreux et les pétales plus caducs dans les hybrides que daus leurs 
parents. Les pétales du C. ladanifero-monspeliensis sont toujours marqués 
d'une belle tache violette comme ceux du C. ladaniferus, tandis que ceux de 
l'hybride opposé en sont dépourvus comme ceux du monspeliensis, notable 
différence qui les distingue parfaitement. Nous trouvàmes ces deux hybrides 
en pleine fleur au mois de juin; mais à notre retour, en septembre, ils ne 
montraient que des pédoncules nus, et le sol était jonché autour d'eux de ca- 
-ices vides et aplatis qui avaient dû se détacher de bonne heure. Ces arbustes, 
tout en donnant ainsi une nouvelle preuve de leur hybridité, formaient un 
contraste frappant avec les deux parents tous chargés de capsules müres et 
bien conformées. 

Ces curieux hybrides, qui ne se sont produits nulle part ailleurs peut-étre 
naturellement ni artificiellement, et qu'un florimane s'estimerait heureux de 
posséder dans son jardin, nous impressionnèrent vivement. Nous regrettions 
d’être seul à jouir de ce spectacle, autant que de Maistre regrettait d’être seul 
à contempler, de sa lucarne, chaque nuit, le ciel étoilé. Nous comprenons 
qu'on ne s'extasie point devant les végétaux ordinaires qu'on peut voir partout 
et toujours ; mais un botaniste qui aime à épier les secrets de la nature ne 
saurait demeurer insensible en présence d'un hybride inconnu et aussi remar- 
quable que ceux dont nous parlons. Nous restámes là près d'une heure à con- 
stater des rapports et des différences, et à étudier la mystérieuse action des 
deux espèces génératrices, et nous aurions été heureux de pouvoir con- 
voquer les botanistes du monde entier devant un spectacle si nouveau pour 
nous. 

Nous espérons que cet article, trop long peut-être pour les personnes qui 
s'intéressent médiocrement à la botanique, n'encourra point ce reproche de la 
part de ceux qui savent quel intérét on porte partout aujourd'hui aux flores 
locales. Le cercle des sciences naturelles s'est tellement agrandi que tous ceux 


SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1866. h55 


qui s’en ọccupent sentent le besoin de se borner; mais il y a peu d'études 
phytographiques partielles qui soient plus dignes d'attention que celles qui 
sont relatives aux plantes de Montpellier. Les botanistes croient connaitre de- 
puis longtemps la flore dont nous parlons; toutefois la vérité à cet égard est 
loin d’être entièrement connue. Le moment de parler avec impartialité nous 
semble enfin venu ; mais nous pouvons dire déjà que si la vraie beauté n'a 
nul besoin de fard, de méme la flore de Montpellier ne peut que gagner à se 
montrer telle qu'elle est, surtout aux yeux des observateurs attentifs auxquels 
on ne peut donner le change, et pour qui certajnes exagérations sont comme 
une sorte de mensonge toujours plus nuisible qu'utile. 


A propos de la citation faite par M. Loret des Annotations 
de Billot, relativement au Chærophyllum nodosum (Physocaulis 
nodosus Koch), M. Puel rappelle que la découverte de cette 
plante au Mas-Cabardés par M. Ozanon a déjà été mentionnée dans 
notre Bulletin (t. VIII, p. 119). 


Au sujet des hybrides des Cistus, M. de Schœnefeld signale les 
expériences d'hybridation artificielle que poursuit depuis plusieurs 
années M. Bornet, dans l'admirable jardin de M. G. Thuret, à 
Antibes, avec un soin minutieux et une rare persévérance (1), et 
qui ont déjà abouti à des résultats extrémement intéressants. 


M. Eug. Fournier entretient la Société de deux Cruciféres dont 
les graines ont été adressées de Chine au Muséum par M. l'abbé 
Armand David, dans un envoi d'ailleurs trés-considérable. 


L'une des deux est le Dontostemon micranthus C.-A. Mey. L'autre, que 
M. Fournier avait nommée, quand elle fleurissait, Jontostemon hesperoides, 


(4) On sait que toute hybridation artificielle, pour être effectuée avec précision et 
certitude de succés, doit étre précédée dela castration des fleurs, qu'il faut pratiquer au 
moment méme de l'éclosion, avant ]a déhiscence des anthéres et alors que les stigmates 
sont encore à l'état de parthénisme parfait. Or, les fleurs des Cistinées s'ouvrent au point 
du jour, et l'émission du pollen commence presque aussitôt aprés. Aussi M. le docteur 
Bornet, pour saisir le moment propice à ses diverses opérations, ne manque-t-il pas de 
se lever chaque matin vers trois heures, durant toute la période de floraison des Cistes. 
J'en ai été témoin moi-même, lors d'une visite que j'ai eu le bonheur de faire, en 
mai 1865, à mes savants et aimables amis d'Antibes. Immédiatement aprés avoir été 
castrée et fécondée artificiellement, chaque fleur est recouverte, pour quelques jours, 
d'un capuchon de papier ou d'étoffe, qui empéche toute invasion (par le vent ou par les 
insectes) d'un pollen différent de celui qui a servi à l'opération. Grâce à ces précautions, 
le succès est presque immanquable, et si les graines mürissent et donnent naissance à 
des hybrides, on est certain du nom et du rôle de chacun de leurs parents, (Note de 
M. de Schænefeld.) 


h56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

à cause de l'organisation de son androcée et de la grandeur de ses fleurs, qui 
rappellent celles de l Hesperis silvestris, a les graines pleurorrhizées, et se 
place au voisinage du genre Cheiranthus. Les étamines longues y sont soudées 
par paires dans les deux tiers de la hauteur. Elle s'éloigne du genre Streptan- 
thus Nutt., qui est exclusivement américain, par le défaut de torsion de ses 
pétales et par son calice bigibbeux. Si cette plante devait constitue un genre 
nouveau, on aurait là un nouvel exemple de la faiblesse des caractères sur les- 
quels sont fondés beaucoup de genres de la famille des Crucifères. 


^ 


. M. Guillard dit que l'origine de cette nouvelle espéce, si on la 
doit rapporter au genre Streptanthus, pourrait sans doute trouver 
son explication dans l'analogie que doivent présenter dans leur 
végétation les dernières ramifications occidentales des montagnes 
Rocheuses et la côte orientale de la Chine. 

M. Eug. Fournier fait remarquer qu'il existe en effet des rapports 
fréquents entre les plantes américaines et japonaises, ce qui con- 
corde assez bien avec l'opinion de M. Guillard ; mais que la plante 
dont il s'agit provient de graines recueillies sur les montagnes du 
centre de la Chine, ce qui doit rendre plus circonspect sur l'expli- 
cation que l'on voudrait donner de son origine. 

M. de Schœnefeld dit, à cette occasion, que la végétation de 
l'Éurope occidentale et celle de l'Amérique orientale offrent aussi 
quelques points de ressemblance. Il cite notamment le Lathyrus 
maritimus qui se rencontre sur les côtes de l’ Adriatique, de l'Océan, 
de la Manche, dela mer du Nord, de la Baltique, dela mer Blanche, 
de la mer d'Okhotsk et méme, dit-on, au Kamtchatka, et qui 
en méme temps se retrouve en abondance sur le littoral oriental de 
l'Amérique du Nord, à New-York, Terre-Neuve, etc. (1). 

M. Puel fait observer que l’Eriocaulon septangulare d'Irlande 
présente de méme ceci de remarquable d’être la seule espèce de 
ce genre connue en Europe, alors que l'on a observé un grand 


nombre de ses congénères en Amérique, et particulièrement au 
Brésil. 


(4) Il est vrai que cette Légumineuse parait tout spécialement prédestinée aux plus 
étranges pérégrinations et que son aire de dispersion est des plus vastes. Elle a été 
encore retrouvée prés d'un eap du littoral occidental de l'Amérique du Sud, entre le Chili 
et la Terre de Feu, où sa présence, dit M. De Candolle (Géogr. bot. p. 1048), est presque 
inexplicable. Il est probable que ses graines sont douées de la faculté de résister indéfi- 
niment à l'action délétére de l'eau de mer. (Note de M. de Schanefeld.) 


SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1866. A57 


M. Laisné rappelle à ce propos que l'extension de l'aire de ces 
plantes maritimes a déjà trouvé son explication dans le grand 
courant marin du gulf-stream. 

M. Eug. Fournier donne lecture de la lettre suivante qu'il a 
recue de M. E. de Valon: 


LETTRE DE M. E. de VALON. 


Paris, 41 octobre 1866. 


Je profite du premier moment de répit que me laissent mes occupations 
pour vous communiquer quelques observations à propos de deux plantes que 
vous avez récoltées cette année pendant la session de la Société en Savoie, 
l'Alsine Villarsii M. et K. et le Centaurea Kotschyana Heulf. 

Vos échantillons de la première de ces plantes paraissent conformes à ceux 
de l'A/sine Villarsi? (Arenaria triflora Vill. Dauph. TII, p. 623), que j'ai 
recueillis en grand nombre et à diverses époques au mont Séuse et au col de 
Glaise prés Gap, localités classiques de Villars. 

Les feuilles de la plante des environs de Gap sont étroites, un peu 
fermes et épaisses, à trois nervures saëllantes; c'est pourquoi Villars les 
compare un peu à celles du Genévrier, sauf, dit-il, qu'elles sont moins 
roides et plus aplaties. La plante est peu velue, ce qu'indique encore Villars. 
Enfin, les sépales du calice sont munis d'une bordure blanche scarieuse assez 
large. 

Ces caractères ne se rencontrent jamais sur d'autres échantillons que j'ai 
rapportés du mont Viso. Les feuilles de ces derniers sont plus /arges, molles, 
minces, à nervures à peine visibles et non saillantes. Toutes les parties de la 
plante sont frès-velues à poils plus /ongs, droits, roides, en partie glanduleux, 
principalement sur les pédoncales et sur les calices; enfin, les sépales du calice 
sont plus étroits et à peine bordés de blanc. 

Ges différences et un port particulier permettent de distinguer les deux 
formes à première vue. Ce n'est pas assez, peut-être, tant qu'on n'aura pas 
signalé d'autres caractères, pour en faire deux espèces, mais je penserais assez 
volontiers que la plante du mont Viso est seule PAren. austriaca d'Allioni 
(FL ped.) rapporté cependant comme synonyme à lA/s Villarsii par 
les auteurs de la Flore de France, et aus:i par Villars, mais avec doute, 
à son Aren. triflora, probablement parce qu'Allioni donne à sa plante des 
feuilles non nervosa, des pédoncules et des calices vi/losuli et des semina 
leucophaa. 

Je passe au Centaurca Kotschyana. Je regrette de ne pas avoir vu votre 
plante, mais je présume qu'elle est semblable à celle du Lautaret et du mont 
Séuse qui doit étre séparée de la plante du méme nom provenant du mont 
Viso. 

T. XIII. (stances) 30 


A58 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Voici d'ailleurs les différences que j'ai reconnues : 


Plante du mont Viso. 


Calathides presque ériples de celles 
du C. Scabiosa, solitaires au sommet 
de la tige non rameuse. 

Écailles du péricline noires ou tout 
au moins dont la bordure noire couvre 
entièrement la partie verte. 


Cils des écailles trés-longs, fins, d’un 


Plante de Séuse, ete. 


Calathides doubles de celles du 
C. Scabiosa ; tige rameuse au sommet, 
portant deux à quatre calathides. 

Bordure noire des écailles du péri- 
cline assez large, mais laissant tou-. 
Jours voir la partie verte. 

Cils moins longs et un peu plus 


larges, passant du noir au brun et au 
blanc sale, le terminal se distinguant 
à peine des autres. 

Tige ou rameaux assez longuement 
nus au sommet, à feuilles plus fermes 
et plus variables, moins velues, à 
côtes à peine ailées. 


blanc argenté, le terminal plus ferme 
et presque en aréte épineuse. 

Tige feuillée jusqu'au sommet, à 
feuilles molles et velues, toujours 
assez larges, à côtes ailées (3 à l mil- 
limètres). 


La description du C. Kotschyana dans la Flore de MM. Grenier et Godron 
ne peut se rapporter qu'à la plante du mont Viso, et il faut rayer sans hési- 
tation les localités de Séuse et la Graugette citées par ces auteurs. Le C. Kots- 
chyana Heulf. (in Koch. Syn. p. 473) correspond trés-exactement à la même 
plante (du mont Viso). D'oü je conclus que le C. Kotschyana Heuff. et le 
C. KotschyanaG. et G. sont identiques. Les botanistes qui ont émis un avis con- 
traire auront sans doute été induits en erreur parce qu'ils auront recu sous le 
nom de C. Æotschyana G. et G. la plante du mont Séuse. Il est bien certain, 
en effet, que cette dernière plante n'est pas le C. Kotschyana de Koch ni de 
Heuffel et n'aura pas été examinée de prés par les auteurs de la Flore de 
France, 

J'ai pu contribuer moi-même, je l'avoue, dans mes envois antérieurs 
à 1861, à propager cette confusion ; mais je n'avais pas encore récolté à cette 
époque le véritable C. Kotschyana du mont Viso. 

Maintenant, que faut-il faire de la plante du mont Séuse, etc. ? Elle a été 
publiée sous le nom de C. Scabiosa var. macrocephala, n° 2699 de l’exsiccata 
de M. Billot, autant du moins que j'en puis juger sur un échantillon imparfait 
qui m'a été distribué. 

Koch parait aussi avoir en vue notre plante lorsqu'il dit à la suite de la des- 
cription du C. Kofschyana : « Inter hanc et antecedentem speciem (C. Scabio - 
» sam) medium tenet C. alpestris Hegetschw. et Heer, Fl. der Schw. p. 854. 
» Caulis perinde monocephalus vel dicephalus, capitula magna, sed squamae 
» involucri appendicibus non occultantur. Hac forma transitum facit ad 
» C. Scabiosam, a qua fortasse et C. Kotschyana specie non differunt. » 

Les trois formes se rapportent-elles à un méme type général, comme parait 


SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1866. A59 
le penser Koch, ou bien constituent-elles trois espèces réellement distinctes? 
Une étude approfondie des autres caractères de ces plantes, aidée dela culture, 
pourra seule permettre de répondre avec certitude, 


M. le Secrétaire général annonce que notre honorable ancien 
président, M. Ramond, directeur des douanes à Paris, veut bien se 
charger de faire une démarche personnelle auprés de M. le Direc- 
teur général de l'administration des postes, pour tâcher d'obtenir 
la réalisation du vœu exprimé par M. Victor Personnat, dans une 
lettre lue à la Société dans la dernière séance (voy. plus haut, 
page 411). 


SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1866. 


PRÉSIDENCE DE M. LE COMTE JAUBERT. 


M. E. Roze, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de 
la séance du 23 novembre, dont la rédaction est adoptée. 
M. le Président annonce deux nouvelles présentations. 


Dons faits à la Société : 


4° De la part de M. Boisduval : 
Essai sur l'entomologie horticole. 

2 De la part de M. Asa Gray : 
Botanical contribution, 1865, 

3° De la part de M. Morière : 
Sur deux végétaux fossiles. 

4° De la part de M. F. Gloede : 
Culture spéciale des Fraisiers. 

5° De la part de M. Gaston Genevier : 
Extrait de la florule des environs de Mortagne-sur-Sévré (Vendée). 

6° De la part de M. Franchet : 


Essai sur la distribution géographique des plantes phanérogames dans 
le département de Loir-et-Cher. 


7° De la part de M. Ch. Des Moulins : 


Excursion de la Société Linnéenne à Bazas (Gironde). 


A60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
8 De la part de M. Bordère : 


Découverte dans les Pyrénées d'une espèce présumée nouvelle de Cly- 
peola. 


9° De la part de M. F. Schultz : 

Archives de Flore, juin 1866. 
40° De la part de M. L. Soubeiran : 

Études sur la matière médicale chinoise (Minéraux). 
41° De la part de M. Caruel : 

I generi delle Ciperoidee europee. . 
12 De la part de M. Pasquale : 


Notizia sopra una varietà di Lycopersicum esculentum detta volyar- 
mente Pomadoro granatino. 


13° De la part de M. Oliver : 


Memorandum on the genus Thamnea Solander, and other Bru- 
niaceæ contained in the south african herbarium of the late D* Bur- 
chell. | 


On Hillebrandia, a new genus of Begoniacea. 
14^ De la part de M. Armieux : 
Topographie médicale du Sahara et de la province d' Oran. 
15^ De la part de MM. Bavoux, A. Guichard, F. Guichard et 
Paillot : 
Billotia, t. IS | 
16° De la part de M. Gaetano Licopoli : 


Ricerche microscopiche sopra alcuni organi particolari della Statice 
monopetala. 


47° De la part de M. Wimmer : 

Salices Europee. 
18° De la part de M. John Paisse : 

Catalogue of plants found in Oneida county and vicinity. 
19° De la part de MM. Teysmann et Binnendyk : 


Ueber einige neue Pflanzen des Indischen Archipels, welche im Pflan- 
zengarten zu Buitenzorg cultivirt werden. 


20° De la part du Congrès des rosiéristes : 


Compte rendu d'une exposition spéciale de Roses à Brie-Comte-Robert, 
les 8 et 9 juillet 1866, 


SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1866, A61 
21^ De la part de MM. Silliman et Dana : 


The american journal of sciences and arts, oct.-nov. 1866. 


r 


22° En échange du Bulletin de la Société : 


Journal of the Linnean Society. Bot., nn. 35-37. 

Proceedings of the american Academy of arts and sciences, vol. VII. 

Annual report of the boord of regents of the Smithsonian institution, 
1865. 

Proceedings of the academy of natural sciences of Philadelphia, 1865. 

Pharmaceutical journal and. transactions, décembre 1866. 

Atti della Societa italiana di scienze naturali, vol. IX, 1866. fasc, 4. 

The Gardeners Chronicle, nov.-déc. 1866, trois numéros. 

L' Institut, nov.-déc. 1866, trois numéros. 


M. le Président soumet à la ratification des membres de la So- 
ciété la proposition faite par le Conseil, de tenir l'année prochaine, 
la session extraordinaire à Paris. Cette proposition est adoptée. 

M. le Président réitére l'annonce des conférences microgra- 
phiques de M. Greenland. 

M. le comte Jaubert fait à la Société la communication suivante : 


SUR LES EUPHORBIACÉES ET SUR UN GENRE NOUVEAU DE BIXACÉES DE ZANZIBAR, 
par BÉ. le comte JAUBERT. 


La révision complète des Euphorbiacées de mon herbier, le tome XV du 
Prodromus à la main, a été pour moi l'occasion de rectifier quelques détermi- 
nations erronées, d'en confirmer beaucoup d'autres, quelles qu'eussent été les 
lumières qu'il m'avait été précédemment donné de tirer du beau travail de 
M. Baillon sur cette famille (1). Ce savant s'était proposé d'en approfondir l'or- 
ganographie, et de dresser un tableau des genres avec leur synonymie et leur 
bibliographie; il y a joint la liste d’un certain nombre d'espéces, appuyée 
d'indications précieuses, de numéros appartenant aux collections les plus re- 
nommées, et formant comme des jalons d'une classification future. Le colla- 
borateur de M. Alph. De Candolle, M. J. Mueller, était déchargé de l'im- 
mense genre Æ£’uphorbia, que M. Boissier venait de traiter avec succès dans 
le premier fascicule de ce méme volume, et avait tout récemment illustré 
dans ses /cones E'uphorbiarum. Un vrai Species du reste de la famille, en- 
richi de tous les détails désirables de synonymie et d'habitat, nous a été donné 
par M. Mueller dans la seconde partie, improprement qualifiée du diminutif 
fascicule, puisqu'elle ne contient pas moins de 1286 pages. Encore M. Baillon 


(4) Baillon, Étude générale du groupe des Euphorbiacées. Paris, 1858. 


h62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

affirme-t-il (1) qu'on n'y voit pas figurer une cinquantaine de genres ou 
d'espéces et plus, qui certainement appartiennent au groupe des Euphor- 
biacées. Les botanistes dont la vue commence à se fatiguer ont regretté que 
l'impression de ce prétendu fascicule fût si compacte : tous auraient désiré 
que, pour faciliter les recherches dans les grands genres, tels qu’Acalypha, 
Croton, Phyllanthus, etc., chacun d'eux fût suivi d'un index alphabétique, 
à l'exemple de celui que M. Boissier a dressé pour le genre Zuphorbia et 
de ce qui a été pratiqué dans les précédents volumes du Prodromus, par 
Choisy pour les genres Convolvulus et /Zpomoa, par Dunal pour les Solanum: 
un pareil index aurait été bien venu aussi à la suite du genre Quercus 
traité par M. Alph. De Candolle. 

Le travail de M. Mueller, par son insertion méme dans le Prodromus, 
étant devenu pour la famille des Euphorbiacées une sorte de registre officiel 
de l'état civil des espèces, force a été d'y conformer les herbiers dont les 
possesseurs tiennent à se tenir au courant de l'état de la science : c'est ce que 
j'ai fait pour les quatorze boites d'Euphorbiacées de mon herbier, en ayant 
soin de conserver, en regard des numéros de genres de M. Mueller et d'End- 
licher, ceux de M. Baillon, ces derniers distingués à l'encre rouge. 

La comparaison des deux systèmes de classification de M. Baillon et de 
M. Mueller, rapprochés du premier mémoire classique d'Adrien de Jussieu, 
est une source féconde d'instruction. Mais, pour en déduire méthodiquement 
les principes, il ne suffit pas d'en avoir quelque peu profité pour son compte 
personnel, d'avoir pu répéter cà et là, par acquit de conscience, quelques ana- 
lyses sur des échantillons bien choisis. Il faudrait, pour peser exactement les 
raisons qui ont déterminé les trois auteurs dans la distribution de leurs tribus 
et la délimitation de leurs genres (sans parler de celle des espèces), un temps 
et un degré de compétence qui n'appartiennent qu'aux monographes les plus 
exercés. Une telle comparaison serait digne de M. Baillon lui-même : il y por- 
terait certainement l'esprit philosophique et l'impartialité qui distinguent émi- 
nemment son chapitre intitulé Classification. Aprés avoir mis en balance et 
discuté les divers procédés employés jusqu'à lui pour classer et nommer les 
Euphorbiacées, il confesse, comme l'ont fait les grands maîtres, l'impuissance 
de la science à traduire dans une série linéaire le plan complet de la nature. « Les 
» mémes défauts, dit-il, se retrouveront à chaque pas dans la classification que 
» j'ai adoptée. » — Et pour conclure : « Je bornerai à mes exemples. Ils 
» montrent que tous nos efforts sont impuissants, en présence des relations mul- 
» tiples qu'affectent de toutes parts les êtres qui nous entourent. C'est la lutte, 
» dont parle le grand botaniste Goethe, de l'homme contre la nature infinie : 
» on est assuré toujours de trouver l'homme surpassé. » 

Il y a deux points, l'un d'organographie, l'autre de simple taxonomie, oü les 


(1) Adansonia, t. VI, p. 374. 


: SÉANCE DU 1/4 DÉCEMPRE 1866. A63 


vues de M. Baillon n'ont pas prévalu. En premier lieu, on lui a reproché, avec 
raison ce me semble, de s'étre écarté de l'opinion. généralement admise sur 
le diclinisme des ZupAorbia, caractère qui rattache si étroitement ce genre 
au reste de la famille. Les raisons ingénieuses apportées par M. Baillon, à l'ap- 
pui de la théorie qu'il professe à cet égard, ne résistent pas à l'explication toute 
simple qu'on a principalement fondée sur la présence d'un calice rudimen- 
taire à la base de l'ovaire et de l'étamine, calice qui, en ce qui concerne l'éta- 
mine, atteint sa perfection dans la fleur monandre aussi d'un autre genre 
d'Euphorbiacées, Anfhostema (1), incontestablement dicline. L'appareil repro- 
ducteur tout entier chez l FupAorbia est donc constitué par une inflorescence 
pourvue d'un involucre de forme particulière, analogue d'ailleurs, sous 
plusieurs rapports, à ceux de l'Anthostema déjà cité, des Pera et des 
Dalechampia. Nous n'ignorons pas que, depuis un certain temps, il a été 
reconnu que chez les Euphorbiacées le diclinisme est moins général et 
surtout moins absolu qu'on ne l'avait cru jusqu'alors; que les exemples 
ne sont pas trés-rares de fleurs pourvues d'un nombre anomal d'organes 
des deux sexes, plus ou moins développés (Cælebogyne ilicifolia Sm. (2), 
si longtemps cité comme exemple de parthénogenèse, et où M. Baillon 
a trouvé des étamines rudimentaires ; — Zongetia (3), à une étamine), 
ou méme complétement et régulièrement hermaphrodites (Cicca [Phyl- 
lanthus longifolius], Ricinus, Mercurialis annua, un Rottlera). Ces faits 
n’en restent pas moins des exceptions dans l’immense famille des Euphor- 
biacées, et le diclinisme en demeure la règle générale, l'un des caractères les 
plus saillants. 

On n’a pas pu consentir non plus, malgré d'imposantes autorités énumérées 
par M. Lebel (4), à ranger le genre Callitriche parmi les Euphorbiacées, 
quoiqu'il ait aussi des ovules collatéraux descendants, anatropes, à raphé 
intérieur, à micropyle tourné en haut et en dehors. Vainement alléguerait-on 
une autre affinité tout aussi contestable, des Linées avec les Euphorbiacées, 
par la raison que les capsules du Callitriche que l'on qualifierait de coques 
sont, comme celles du Linum, pourvues de fausses cloisons. Une foule d'au- 
tres éléments de classification, dont il importe aussi de tenir compte dans la 
méthode naturelle, la physionomie de ces plantes, leurs stations, leur ana- 
tomie méme, ainsi que l'a fait remarquer à un autre point de vue M. Næ- 
geli, tout les éloigne d'une telle alliance: aussi, a-t-elle généralement paru 
forcée. M. Mueller incline à les rapprocher des Myriophyllum, Hippu- 
ris, etc., dont les ovules sont de méme descendants et anatropes; c'est aussi 


(1) Anthostema senegalense Adr. Juss. — Baillon, Étude, etc., pl. V, fig, 1-7. 

(2) Alchornea ilicifolia J. Muell. Cladodes ilicifolia Baillon. 

(3) Adansonia, t. VI, p. 352. 

(4) Esquisse monographique du genre Callitriche, in Mémoires de la Société des 
sciences naturelles de Cherbourg, 1863. 


A6! SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


l'avis de M. Hegelmaier (1) qui toutefois reconnait «la difficulté de trou- 
» ver pour une famille ainsi agrandie un nombre suffisant de caractères 
» communs »; à notre avis l'ovaire nettement supere du Callitriche suffit 
à l'en écarter. Je serais porté à le laisser à la place où Endlicher l'a mis dans 
son Genera, toutefois avec doute, c'est-à-dire parmi les Apétales, à cóté du 
Ceratophyllum. En tout cas, si le Callitriche devait rester une Euphorbia- 
cée, et quelles que soient dans la classification les exigences dela série linéaire, 
je ne répugnerais pas moins à placer ces jolies herbes de nos ruisseaux à la 
suite du genre Palenga, établi par M. Thwaites, pour un grand arbre de 
Ceylan. 

Le reproche que je me permets d'adresser à M. Mueller porte sur l'emploi 
qu'il a fait des caractères tirés de la forme de l'embryon (le plus ou moins de 
largeur des cotylédons) pour établir ses deux divisions primordiales (Sréno- 
lobées et Platylobées) en rejetant sur la seconde ligne ceux de l'ovaire (uni- 
ovulé ou bi-ovulé) que M. Baillon a justement préférés pour en faire la base de 
sa distribution. Il y a ici un vice de taxonomie, analogue à celui qui trop 
longtemps a causé dans les tribus des Crucifères un enchevêtrement que 
réprouve l'esprit de la méthode naturelle. De Candolle lui-méme ne s'en était 
pas dissimulé les inconvénients, puisque dans le tableau annexé à son mémoire 
sur cette famille et à son Synopsis, il avait établi la concordance de sa nouvelle 
distribution en Pleurorrhizées, Notorrhizées, Orthoplocées, etc., avec les tri- 
bus des Siliqueuses, Latiseptées, Angustiseptées, etc., et avait donné au lecteur 
le choix entre les deux systémes. On ne s'est pas bien trouvé du premier, 
et il y faut renoncer, d'autant plus qu'en fait, ainsi que l'ont montré entre 
autres Jacques Gay et M. Eug. Fournier, le caractere tiré de la forme de 
l'embryon et assigné à certaines tribus ou à certains genres, n'y est rien moins 
que constant. Les auteurs qui les premiers y ont eu recours n'en ont con- 
staté l'existence que sur un petit nombre d'espèces, et pour le reste ils ont 
raisonné par analogie. On en devra peut-étre un jour dire autant de certains 
genres d'Euphorbiacées. Il est permis aussi de douter que Moquin-Tandon ait 
été bien inspiré en partageant les Salsolacées en deux sous-ordres, suivant que 
l'embryon est annulaire (Cyclolobées) ou spiralé (Spirolobées); ces formes 
sont loin d'étre tranchées, comme on peut s'en convaincre à la simple lecture 
de la phrase du Prodromus consacrée à l'embryon dans l'énoncé général des 
caracteres de la famille (2). 

Il est une remarque essentielle à faire dans l'intérét pratique des détermina- 
tions, en vue duquel apparemment sont composés les manuels de classifica- 
tion. Si la considération primordiale du nombre des cotylédons a une si grande 
importance en taxonomie, c'est qu'elle résume pour chacun des deux grands 


(4) Monographie der Gattung Callitriche. Stuttgart, 1864. 
(2) Moquin-Tandon lui-méme en a fait l'aveu dans ses cours à la Faculté de méde- 
cine; le fait m'a été attesté par notre confrére M. le docteur Eug. Fournier. 


SÉANCE DU 1/4 DÉCEMBRE 1806. A65 


embranchements des Phanérogames tout un ensemble trés-apparent d'organi- 
sation. La situation de l'embryon dans l'ovule offre encore de notables res- 
sources pour la classification des familles. Quant à sa forme méme, elle peut 
aussi, dans ses nombreuses diversités, fournir quelque secours à la diagnose 
de certaines familles, oà l'on peut la saisir facilement (Rhizobolées, etc.), à la 
condition toutefois de ne tenir compte de cet élément de la forme que dans 
ses traits généraux. Au troisième rang de la classification, dans les tribus, les 
variations d'une ou de deux formes déjà voisines l'une de l'autre tendent de 
plus en plus à se confondre, et la difficulté de les apprécier augmente d'au- 
tant plus que l'on soumet à l'analyse des graines d'un moindre volume. A vrai 
dire, y a-t-il beaucoup de botanistes qui, ayant à leur disposition des échan- 
tillons pourvus de graines pour déterminer une Euphorbiacée, une Crucifere 
ou une Salsolacée, aient commencé par en scruter les embryons, et qui pour la 
première de ces familles par exemple, soient allés sous ce rapport beaucoup 
au delà du genre Ricinus, où la grosseur des graines permet au naturaliste de 
suivre sur le frais, pièces en main, la savante controverse de MM. Baillon et 
Arthur Gris ? 

Il faut le dire, la plupart de ceux qui ont eu à déterminer des plantes des 
trois familles ci-dessus, n'ont guére tenu compte de l'embryon; sur ce point, 
ils ont cru les maîtres sur parole, et ne se sont attachés qu'aux caractères acces - 
sibles à l'observation avec le secours d'une bonne loupe. C'est, selon moi, la 
régle qui devrait présider à toute nomenclature. N'abusons pas du microscope, 
si nous tenons à ce que les avenues du moins de la science ne soient pas fermées 
à la généralité des naturalistes. Un petit nombre d'élus pénétrera dans le sanc- 
tuaire: que tout homme de bonne volonté, encouragé à franchir les degrés et 
le parvis du temple, soit placé de manière à en saisir l'ordonnance tout 
entière, pour en examiner ensuite à loisir les parties principales. Dans la 
cryptogamie méme, prenons d'abord pour guides Bulliard, Hedwig, etc., et 
débrouillons avec eux les grandes familles à l'aide des caracteres extérieurs 
qu'ils ont si bien observés, et qui seuls doivent fournir le cadre de la nomen- 
clature. Ainsi préparé, on pourra, si le courage et la vue ne font point défaut, 
se faire initier aux mystères de l'organisation des Cryptogames à la suite des 
Thuret et des Tulasne. 

M. Baillon et M. Mueller sont d'accord pour distraire le Buxus des Euphor- 
biacées, et en faire le type d'une famille nouvelle : l'exposition en est promise 
pour le volume prochain du Prodromus. Rangeons-y d'avance, d'aprés les 
renvois admis par M. Mueller, les genres Pachysandra, Tricera, Sarcococca, 
Styloceras. 

Parmi les plantes diclines incerta sedis que j'avais, il y a déjà longtemps, 
rangées provisoirement à la suite de mes Euphorbiacées, il s'en est retrouvé 
une assez remarquable par sa capsule presque ligneuse, relevée de crétes sail- 
lantes à la manière de certaines Malpighiacées : ses étamines indéfinies, son 


A66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ovaire uniloculaire à placentation pariétale doivent évidemment la faire ranger 
parmi les Bixacées. Dans ceux des genres de cette famille qui sont pourvus 
d'une corolle, le nombre des pétales correspond généralement, soit par égalité, 
soit par multiples ou sous-multiples, à celui des sépales : le CAristannia, à six 
sépales et cinq pétales, s'écarte de la régle, si M. Fenzl a bien compté. Notre 
plante présente une autre exception, trois sépales, cinq pétales : de plus, nous 
y remarquons trois placentas et deux stigmates seulement. Quant aux appen- 
dices extérieurs de la capsule, ce caractère, resté rudimentaire dans les aiguil- 
lons des Bixa, plus développé dans ceux du Lirdackeria du Mexique, rattache 
notre plante au Carpotroche du Brésil. Elle a été découverte vers 1848, par 
Boivin, à Zanzibar et à Mombaze, et rencontrée de nouveau, en 1864, à Zan- 
zibar, par M. Alfred Grandidier, jeune et intrépide voyageur, dont il a été 
parlé dans notre Bulletin, à propos des récoltes faites vers 1857, de com- 
pagnie avec son frére dans la Bolivie et le Pérou (1). Un juste sentiment de 
gratitude m'a fait associer les deux explorateurs de Zanzibar dans la dénomi- 
nation de la plante : M. Grandidier aura le genre, quoiqu'il ne l'ait décou- 
vert qu'en second, mais Boivin a déjà recu de moi la dédicace d'un nom 
générique qui, avec mon autre genre Calantica, de la méme famille des 
Homalinées, a été sanctionné par M. Tulasne dans ses Floræ madagascarien- 
sis fragmenta (2). 

La méme région de l'Afrique tropicale possède un autre genre de Bixacées, 
décrit par Klotzsch sous le nom de CA/anys, et représenté par deux espèces 


(4) Bulletin de la Soc. bol. de France, t. VIII (1861), p. 114. 

(2) Ann. sc. nat. série 4, t. VIII, pp. 74 et 78. — M. Tulasne a cru devoir latiniser 
davantage mon Boivinia en l'écrivant Bivinia. Il en a usé de méme pour mon propre 
nom de famille, dont il a fait Jalbertus (Bivinia Jalberti). Ces sortes de transformations 
qui déroutent le lecteur ordinaire, sont sans doute plus conformes au génie du latin 
classique, si familier à M. Tulasne, et oü ne se rencontrent pas les sons boi et jau ; de 
plus, bi (du latin bibere) semble interpréter plus exactement la première syllabe de Boivin. 
Cependant l'usage a prononcé dans le sens contraire. Aussi, dans la désignation spéci- 
fique de notre plante nouvelle, ai-je écrit Boivini. Notre éminent confrére voudra bien 
me pardonner ce petit dissentiment philologique. — Quant aux traductions des noms 
de lieux qu'on rencontre dans divers ouvrages d’ailleurs estimés, notamment dans les 
flores (Fons bellaqueus, Fons bleaudi, par exemple, pour Fontainebleau), c'est un véri- 
table travestissement, avec circonstances aggravantes (fausse étymologie francaise, barba- 
risme en latin, etc.), et, qui pis est, cela se décline : in dumelis Fontis bleaudi! A ce 
compte, les Allemands du xvI° siécle ont été plus heureux dans leur Tabernæmontänus, 
traduction encore assez pédantesque du lieu de naissance (Bergzabern) de l'un des pères 
de la botanique moderne, Jacob Theodor, dont G. Bauhin n'a pas dédaigné d’être Védi- 
teur.— On ne saurait méme approuver, dans les ouvrages usuels du moins, la substitution 
au uom moderne du nom antique, quelque correct qu'il soit (Aquæ Sextiæ, pour Aix-én- 
Provence ; Aquæ Tarbellice, pour Dax, etc.), à moins qu'il ne s'agisse d'un nom connu 
de tout le monde, comme Neapolis, Massilia, et peut-étre Lutetia Parisiorum, Pour les 
autres, ne condamnons pas les botanistes qui n'auraient en cette matiére qu'une demi- 
érudition, à feuilleter sans cesse quelque dictionnaire de géographie ancienne. Au reste, 
il faut reconnaitre qu'à cet égard il n'existe pas de règle fixe : c’est une affaire de bon 
goüt. 


SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1866. h67 
dans le voyage de M. Peters à la côte de Mozambique (1) : il est différent du 
nôtre à beaucoup d'égards, notamment par le nombre 12 de ses pétales, 
la forme de ses étamines à filet élargi, celle de sa capsule simplement hérissée, 
la situation de ses ovules pendants, l'inflorescence, etc. 

Voici notre diagnose : 


GRANDIDIERA. 


Flores monoici : Masc. Calycis laciniæ 3 ; petala 5, imbricata ; stamina in- 
definita, erecta, antheris dorso affixis, bilocularibus, longitudinaliter dehiscen- 
tibus. FEM. Calycis laciniæ 3; corolla ..... ; ovarium sessile, liberum, unilo- 
culare, placentis 3 parietalibus pluriovulatis ; stylus brevissimus; stigmata 2, 
reflexa; capsula sublignosa, cristato-alata; semina epidermide incrassata. 

Grandidiera Boivini. — Frutex ramosus, cortice lavi; foliis alternis, 
breviter petiolatis, ovatis, obtusis, mucronatis, membranaceis, margine inte- 
gris; floribus axillaribus, masculis spicatis, femineis solitariis ; capsula glo- 
bosa, sublignosa, alis assurgentibus membranaccis nervosis ; seminibus ovatis. — 
Hab. in ora Africae australis : Zanzibar (Boivin, 1848, in herb. Mus. par. et 
herb. Jaub.; Alfr. Grandidier, in herb. Mus. par.). Mombaze (Boivin, 1848, 
in herb. Mus. par. et herb. Jaub.). 


M. le docteur Boisduval présente à la Société plusieurs pieds vi- 
vants d Hymenophyllum tunbridgense, qu'il cultive depuis sept ans 
dans une serre froide. Il dit que cette charmante Fougére lui a été 
adressée de Brest avec le Grammitis leptophylla, Fougère annuelle, 
qui pendant trois ans s'est reproduite d'elle-méme dans sa serre, 
mais a fini par disparaître; que cet Hymenophyllum se maintient, 
en poussant chaque année, à l'automne, de nouvelles frondes, alors 
que les frondes de l'année précédente se flétrissent et dispa- 
raissent. Il ajoute qu'il a également cultivé pendant quelque temps 
l'Asplenium Breynii Retz. (A. germanicum Weiss), qu'il avait 
récolté sur les rochers de Samoreau prés Fontainebleau, mais que 
cette Fougére, que l'on regarde comme un hybride des A. septen- 
trionale et Ruta muraria, ne s'était pas perpétuée dans sa serre. 

M. de Schoenefeld fait observer, à cette occasion, que le fait de 
l'hybridité chez les Cryptogames, lui parait encore douteux, car les 
fécondations réciproques, méme entre espèces voisines, ppésentent 
des difficultés bien autrement grandes que chez les Phanérogames, 


(1) Peters, Naturwissenschaftliche Reise nach Mossambique [1840-48]. Berlin, 
1862-64, t. I. 


A68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


attendu que les anthérozoides sont loin d'avoir les facilités de 
transmission des grains de pollen. 

M. Roze dit que la question de l'hybridité chez les Cryptogames 
ne lui semble pas, à sa connaissance, avoir encore été résolue ex- 
périmentalement; que néanmoins, chez les Fougères, le phénomène 
en lui-méme est trés-admissible, car les anthérozoides, conservant 
durant prés de deux heures une motilité rapide, ce qui leur per- 
met pendant ce temps de franchir des distances d'au moins 4 à 
5 centimètres, il peut fort bien arriver que les anthérozoides d'une 
espéce pénétrent dans l'archégone d'une espéce voisine, dans le cas 
où les thalles de ces deux espèces se trouvent entremélés. 

M. Gris, au nom de M. Brongniart et au sien, fait à la Société 
la communication suivante : 


SUPPLÉMENT AUX MYRTACÉES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE (1), 
pr MM. Ad. BRONGNIART ct A. GRIS. 


SYZYGIUM Gertn. 
1. Syzygium micans. 


Folia elliptico-lanceolata, apice obtusiuscula, basi in petiolum sensim atte- 
nuata, margine revoluta, coriacea, glabra, supra vernicosa, infra pallidiora 
punctulisque minimis creberrime conspersa, nervis piunatis gracilibus approxi- 
matis utrinque conspicuis; cymæ erecta, rigide, terminales axillaresque ra- 
morum divaricatorum internodiis paulo elongatis corymbum  efformantes; 
flores sessiles, calycis tubo infundibuliformi breviter 4-lobato, lobis late 
triangularibus, petalis calyptratim secedentibus, ovulis in quoque loculo fasci- 
culatis. 

Frutex dichotome ramosus, ramis teretibus gracilibus elongatis, virgatis. 
Habitat in Novæ-Caledoniæ silvis montium prope Wagap (Vieillard, n° 535). 

Species hzc pulchella a Syzygio densifloro (sub n. 535 olim misso) inflo- 
rescentia sat effusa nec densa, forma ramorum teretium, nudorum, virgatorum 
nec, ut in S. densifloro, internodiis brevibus, decurrentia foliorum tetragonis 
et cruciatim subalatis recedit. 


2. Syzygium wagapensc. 


Folia elliptica vel elliptico-lanceolata, basi in petiolum attenuata, apice 
obtusiuscula, glabra, facie superiore vernicosa et foveolis minimis conspersa. 
inferiore pallidiore, nervis primariis pinnatis, secundariis reticulatis, omnibus 
gracilibus notata; cymæ axillares terminalesque erectæ, compositæ, pedunculo 


(4) Voy. le Bulletin, t. X, pp. 369 et 574 ; t. XL (Séances), p. 182; t. XII (Séances), 
pp. 174 et 299. 


SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1866. A69 


communi elongato flores 2-6 fasciculatim vel umbellatim approximatos ge- 
rente; calyx tubo infundibuliformi in pedicellum sensim angustato, lobis 5 
erectis rotundatis; petala calyptratim secedentia; ovula in quoque loculo 
biseriata. 

Arbor. Habitat in montibus Novæ-Caledoniæ prope Wagap (Vieillard, 
n° 534, 538, jam Acicalypto nitide propriis). 


3. Syzygium tenuiflorum Ad. Br. et A. Gris (in Bull. Soc. bot. Fr. 
t. XII [Séances], p. 183), var. capillaceum. 


Folia plerumque elliptica, acuminata, apice obtusiuscula, interdum minora, 
ovato-cordata vel rotundata, membranacea, primo adspectu punctulis pellucidis 
creberrime conspersa; inflorescentiæ cymosæ pedunculi effusi, graciles, te- 
nuiter capillacei ; calyx tubo turbinato, limbo nullo ; petala 2, inaequalia, erecta, 
distantia, uno majore. 


Habitat in montibus Novæ-Caledoniæ prope Wagap (Vieillard, n° 2175). 


EUGENIA Mich. 


1, Eugenia crassifolia Vieill. mss. 


Folia elliptica, apice obtusa, basi in petiolum brevissimum attenuata, crassa, 
glabra, nervis pinnatis, remotis, infra supraque conspicuis; flores ramis ve- 
tustis insidentes, in fasciculos plurifloros congesti, inzequaliter pedunculati, 
pedunculis simplicibus sub flore articulatis, bibracteolatis, pube brevi canes- 
centibus ; ovula in quoque loculo pluriseriata; fructus piriformes , puberuli, 
2-spermi, lobis calycinis 4 late triangularibus coronati. 

Habitat in silvis Novæ-Caledoniæ prope Wagap (Vieillard, n° 2173). 


2. Eugenia aphthosa Vieill. mss. 


Folia ampla, ovato-oblonga, basi cordata, subsessilia, supra nitida, infra 
pallidiora, glabra, remote penninervia, nervis infra prominulis, pellucide 
punctulata, petiolis excrescentia annulari mamillosa canescente suberosa basi 
cinctis; cymæ axillares, breves, paucifloræ, pedunculis glabris ; ovarium bilo- 
culare, ovulis in quoque loculo pluriseriatis; fructus glaber, rotundatus, 
subdidymus, lobis calycinis triangularibus coronatus; semina solitaria, reni- 
formia, facie una convexa, altera paulo concava, basi poro elliptico excavata, 
crustacea, nitida. Embryo elongatus ; tigella compressa arcuata, cotyledonibus 
brevibus membranaceis spiraliter contortis. 

Habitat in silvis prope Wagap (Vieillard, n° 2172). 

Cette belle espèce doit le nom que M. Vieillard lui a donné à des tubercules 
annulaires blanchâtres et mamelonnés qui se trouvent autour de la base des 
feuilles. Nous n'avons pu examiner qu'une seule fleur, dont les pétales et les 
étamines étaient déjà tombés. La placentation de l'ovaire (ovules plurisériés) et 
les graines solitaires dans chaque loge rapprochent cette plante des Eugenia ; 
mais elle s'en éloigne par la structure de lembryon qui est recourbé en arc 


A70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


dans sa partie tigellaire, et contourné en spirale à son extrémité cotylédonaire. 
En attendant des échantillons plus complets, et nous fondant du reste sur le 
port de la plante, nous croyons devoir lui laisser le nom qui lui a été imposé 
par M. Vieillard. 


CUPHEANTHUS Seem. /7. vit. [1865]. 
(GastoNDiA Vieill. in Bull. Soc. Linn. Norm. t. X.) 


Calyx tubo ovario adhærente, ultra ovarium longissime producto, infundi- 
buliformi, saepissime arcuato, lobis 3 erectis. Corollæ petala 3, imbricata. 
Stamina numerosa, libera, margine superiore tubi calycini 3-seriatim inserta, 
filamentis subulatis, exterioribus majoribus, interioribus recurvis, antheris 
dorsifixis. Ovarium inferum, breve, biloculare, loculis multi-ovulatis ; ovulis 
anatropis, horizontalibus vel ascendentibus, pluriseriatis, faciem discoideam 
placentarii totam tegentibus. Stylus elongatus, subulatus, stigmate haud con- 
spicuo. «Fructus carnosus, abortu 2-spermus. Semina crassa, compressa, dorso 
» convexa, ventre plana, cotyledonibus carnosis, radicula subcylindrica inter 
» cotyledones latente (1). » 

M. Vieillard a déjà signalé les affinités de ce genre avec les Jambosa. I ne 
parait pas y avoir entre l'organisation florale des deux genres de différence 
essentielle. Le nombre ternaire des sépales et des pétales et la longueur du tube 
calicinal sont les caracteres saillants et distinctifs du Cupheanthus qui, pour 
certains auteurs, constituera peut-étre simplement une nouvelle section du 
genre Z'ugenia. -Ces réserves faites, nous avons cru devoir, en ajoutant nos 
propres observations à celles de M. Vieillard et de M. Seemann, donner la 
diagnose du Cupheanthus. 


Cupheanthus austro-caledonieus Scemann. 


Folia ampla, oblonga, elongata, apice obtusa, basi sensim in petiolum sat 
brevem attenuata, et ita subspathulata, terne vel quaterne verticillatim approxi- 
mata, glabra, supra nitida, infra pallidiora, penninervia, nervis crebris infra 
supraque conspicuis. + Flores in vetere ligno sub@mbellati 2-4, magni, amæne 
» rubri » (ex Vieill.), calyce glabro, lobis triangularibus acutis, petalis obovato- 
rotundatis, punctatis, glabris. 

Frutex, Habitat in montibus Novæ-Caledoniæ prope Balade, Wagap 
(Vieillard, n° 459). 


PILIOCALYX (2) Ad. Br. et A. Gris. 


5. Pilioealyx bullatus. 


Folia ampla, subsessilia, oblonga, e medio versus apicem basimque attenuata, 


(4) Les caractères du fruit et de la graine sont empruntés à la diagnose de M. Vieil- 
lard. 

(2) Voyez dans le Bulletin, t. XM (Séances), pp. 185-186, la description de ce genre 
et de ses quatre premières espèces. 


SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1866. | A74 


apice obtusa, basi subcordata, glabra, margine revoluta, nervis infra promi- 
nulis pinnatis in nervum lateralem a margine remotum confluentibus, ita 
subtrinervia, reticulato-bullata, coriacea; flores in cymas multifloras, erectas, 
foliorum dimidium superantes congesti; operculo calycino hemisphærico, 
apice breviter et obtusiuscule acuminato ; fructus subcarnosus, indehiscens, 
turbinatus, avellanæ magnitudine, glaber, ad apicem depressione cujus cen- 
trum styli basi apiculatum videtur notatus, monospermus, semine globoso ; 
cotyledonibus carnosis, hemisphæricis. 

Habitat in Novæ-Caledoniæ silvis montium prope Wagap (Vieillard , 
n? 2176). 

Cette espèce est remarquable par la beauté de son feuillage et l'abondance 
de ses fleurs. Voisine du P. robustus, elle rappelle au premier coup d'œil le 
Syzygium auriculatum par son inflorescence et Eugenia magnifica par ses 
feuilles. 


6. Piliocalyx wagapensis. 


Folia opposita, membranacea, ovata vel ovato-lanceolata, apice obtusiuscula, 
petiolata, glabra, margine eleganter undulata, supra lævia, infra punctulis 
minimis creberrimis et nervis reticulato-pinnatis fuscis notata ; cymæ axillares 
fructiferæ foliorum dimidium æquantes, ramis patentibus, divaricatis; fruc- 
tus (flores desunt) turbinati, glabri, monospermi. 

Habitat ad ripas torrentium Novæ-Caledoniæ prope Wagap (Vieillard, 
n? 2176). 

TRISTANIOPSIS (1) Ad. Br. et A. Gris. 


lh. Tristaniopsis glauca. 


Folia oblongo-lanceolata, basi seusim attenuata angustataque, integra, 
coriacea, supra lucida, glabra, junioribus puberulis, infra punctulis minimis 
conspersa ; cymze axillares, plurifloræ, inflorescentiæ ramis, pedunculis, caly- 
cibus fructibusque pube brevi cinerea vestitis. 

Frutex bimetralis, cyma hemispharica cærulescente, floribus luteis parum 
conspicuis, mel redolentibus (ex cl. Pancher). 

Tristania glauca Panch. mss. 

Habitat in collibus ferrugineis Novæ-Caledoniæ prope Yaté (Vieillard, . 
n° 507; Pancher; Deplanche, n° 532). 

Les savants auteurs du nouveau Genera plantarum ont fait de nos Trista- 
niopsis une simple section des Tristania : pour montrer qu'ils ont cédé trop 
aisément à la tendance qui les pousse à réunir, il nous suffira d'examiner les 
trois sections qui constituent selon eux le genre Tristania, et de mettre en 
relief les caractères différentiels de ces sections. 


. (4) Voyez dans le Bulletin, t. X, pp. 371-372 et t, XII (Séances), p. 300, la descrip- 
tion de ce genre et de ses trois premières espèces, 


A72 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

Le Tristania neriifolia peut étre pris pour type de la première. Les éta- 
mines y sont disposées en cinq phalanges assez courtes; l'ovaire est semi-infère. 
Les ovules sont très-nombreux dans chaque loge, horizontaux, anatropes, et 
recouvrent toute la face externe d'un grand placenta fait en facon de bou- 
clier. 

Le Tristania macrophylla est un représentant de la deuxième section. Les 
étamines y sont disposées en cinq phalanges remarquables par leur longueur, 
et ressemblant à un panache; l'ovaire infère offre une structure analogue à 
celle que nous venons d'attribuer au type de la première section, quant au 
nombre considérable des ovules, quant à leur forme et à leur mode de pla- 
centation. 

Le Tristaniopsis Calobuxus serait pour les auteurs du Genera le type de la 
troisième section. Les étamines y sont disposées en cinq phalanges courtes; 
l'ovaire est semi-infère, mais son organisation est complétement différente de 
celle que nous venons de signaler dans les deux groupes précédents. 

Le nombre des ovules, au lieu d'étre considérable dans chaque loge, se 
réduit à 6 ou 12; ces ovules, au lieu d’être horizontaux et de recouvrir toute 
la face externe d'un grand placenta scutelliforme, sont suspendus au bord 
d'un placenta discoide peu développé et naissant de l'angle supérieur de 
chaque loge, de sorte que le tout ressemble assez à une épaulette. D'ailleurs 
la forme des ovules du 7ristaniopsis est différente de celle qui est propre à 
l'ovule des espéces appartenant aux deux premiéres sections. Ces organes 
présentent, dans ces derniers groupes, la configuration ordinaire et typique 
des ovules anatropes. Chez le 7ristaniopsis, au contraire, la primine prend un 
développement considérable dans la région qui s'étend du cóté du raphé, 
tandis qu'elle reste mince dans la partie opposée, en sorte que le nucelle est 
comme déjeté, et n'occupe qu'une partie du volume de l'ovule. Cette diffé- 
rence de structure entraine avec elle de nouvelles dissemblances entre la 
graine des espèces appartenant aux deux premières sections et la graine du 
Tristaniopsis. Dans le premier cas, les graines sont aptères et complétement 
: remplies par un embryon allongé, étroit, insensiblement renflé en massue dans 
sa partie cotylédonaire. Dans le second cas, l'embryon piriforme n'occupe 
qu'une trés-faible partie du volume de la graine; il est couché obliquement et 
presque transversalement à sa partie inférieure, et surmonté d'une aile mem- 
braneuse très-développée. 

D'après les considérations qui précédent, n'est-il pas évident que, si les 
deux premiers groupes d'espèces admis par MM. Bentham et Hooker peuvent 
à la rigueur étre considérés comme sections d'un méme genre, il n'en est pas 
de méme du troisième, et que ce dernier est réellement éloigné des deux 
autres par des traits particuliers et essentiels de l'organisation de la fleur et 
de la structure des graines? 

C'est pour cela que nous avons isolé ce groupe des deux autres qui ne lui 


SÉANCE DU 1/4 DÉCEMBRE 18606. A73 


sont point équivalents, et que nous en avons formé le genre Tristaniopsis qui 
nous parait devoir être conservé comme très-naturel. 


M. Bureau, secrétaire, donne lecture de la communication sui- 
vante, adressée à la Société : 


NOTE DE M. WEAUD-GRAND-MARAIS SUR UN EUPHORBE D'AMÉRIQUE 
(EUPHORBIA POLYGONIFOLIA L.) RÉCEMMENT DÉCOUVERT EN FRANCE. 


(Nantes, 8 décembre 1866.) 


J'ai l'honneur d'appeler l'attention de la Société sur un tout petit Eu- 
phorbe stipulé, qu'on ne s'attendait guère à trouver sur notre littoral, P Zu- 
phorbia polygonifolia L. 

Cet Euphorbe a été découvert par M. Letard, pharmacien aux Sables 
d'Olonne, le 29 septembre 1866, sur la côte des Sables. En me l’adressant, 
M. Letard demandait ce qu'il pouvait être, trop de caractères le séparant de 
VE. Peplis L. dont il a le port et presque l'habitat. 

Cette petite plante croit en effet sur le sable des bords de la mer, où elle 
s'étale en rosette comme l' E. Peplis L., dont elle est fort voisine, mais elle en 
differe par sa couleur, par ses fruits, par ses feuilles égales à la base, linéaires- 
oblongues et disposées un peu en gouttière. 

Ma première pensée fut de la rapprocher de l Euphorbia Chamæsyce L., 
qui, lui aussi, est stipulé et disposé en rosette; mais Æ. Chamæsyce a des 
graines beaucoup plus petites, tétragones et ridées, tandis que celles de la 
plante de M. Letard sont ovales et lisses. 

Ce n'était donc pas une plante francaise, et, faute de livres et de termes de 
comparaison, je l'envoyai à M. Lloyd, notre maitre à nous tous, botanistes 
vendéens et nantais. Il mé répondit que la plante critique n'était autre que 
PE. polygonifolia L. d’après la description de M. Boissier (Euph. p. 28); 
que l' £. polygonifolia était du reste répandu tout le long du littoral oriental 
de l'Amérique du Nord et que sans doute il avait été importé aux Sables par 
des navires. 

Quelques jours plus tard, ayant communiqué l'Euphorbe de M. Letard au 
savant auteur de la Flore du Centre, j'ai reçu de lui une réponse identique. 
« Il n'est pas à ma connaissance, ajoutait M. Boreau, qu'on ait constaté jus- 
» qu'icila présence de cette plante en Europe. Avec les moyens de communi- 
» cation de plus en plus rapides que l'on a par terre et par mer, on doit 
» s'attendre à de plus nombreuses naturalisations à grande distance, et c'est 
» ainsi que peu à peu les flores locales se modifieront. » 

La seule localité où la plante ait été signalée jusqu'ici par M. Letard-est 
l'embouchure du Tunchet, Le Tanchet est un ruisseau de quelques kilomètres 
de longueur, à eaux trés-vives et trés-limpides. Il ne tarit jamais, méme au 

n Ud (SÉANCES) 91 


A7^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


plus fort de l'été, quoique coulant presque dans toute son étendue au milieu 
des dunes oü il se creuse un petit vallon, chéri des naturalistes vendéens. 
Moins noble et moins connu que le Rhin, le petit fleuve disparait presque en 
entier dans les sables de la plage avant d'atteindre le niveau des marées ordi- 
naires. C'est dans la dernière dune traversée par le ruisseau, et sur les pentes 
qui s'inclinent vers lui, que croit l Zuphorbia polygonifolia, sans mélange 
d'£. Peplis et si pressé qu'on dirait un semis. Là, le sable est fin et presque 
sans autre végétation que quelques pieds de Silene Thorei. 

Est-ce dans des conditions analogues que croit l Æ. polygonifolia en Amé- 
rique? Recherche-t-il aussi le voisinage des embouchures des fleuves? 

Aucun navire n'aborde la côte au point désert où se jette le Tanchet ; jamais 
lest n'a été déposé en ce lieu et toute habitation en est éloignée de près de deux 
kilometres. Vers cet endroit, au contraire, la mer apporte fort souvent des 
débris de toute sorte et en particulier des épaves de naufrages. En cherchant 
des porcelaines et autres coquillages, on y rencontre des graines de Légumi- 
neuses américaines à épisperme coriace. Enfin, aprés les tempétes, il n'est pas 
rare de trouver sur cette plage le Sargasse connu des marins sous le nom de 
Raisin-de-mer. La méme cause qui amène sur la côte du Tanchet tous ces 
débris aurait-elle semé et naturalisé en ce point ce petit Euphorbe, et le 
devrions-nous au courant du golfe? 

Si telle est l'origine de cette plante sur notre cóte, et si pour croitre elle 
n'exige pas le voisinage de l'eau dance, nous devrions la retrouver sur d'autres 
points dela Vendée, surtout sur la plage de la Barre de Monts et sur la cóte de 
Barbâtre (ile de Noirmoutier) dite la Grande Arée, ces deux grèves étant des 
lieux d'élection pour les bouteilles, les débris de naufrages et autres épaves 
qu'apportent les courants du large. Je recommande donc aux botanistes d'y 
chercher le petit Euphorbe. Il fleurit aux Sables, des derniers jours de 
septembre aux premiers jours de novembre. C'est peut-être à cette floraison 
tardive qu'il doit, comme le Coleanthus, d’être resté inaperçu jusqu'ici. 


M. Bureau fait remarquer à ce sujet que l'action permanente que 
l'on attribue au gulf-stream, pour l'introduction d'espéces améri- 
caines sur notre littoral, ne peut pas s'expliquer par un apport di- 
rect effectué par ce grand courant d'eau tiéde, car des observations 
récentes permettent de croire qu'au lieu d'arriver perpendiculai- 
rement en France, il se trouve forcé, grâce à un courant d'eau 
froide venant de Norvége parállélement à nos côtes et lui faisant 
naturellement obstacle, de remonter jusque dans les mers du Nord 
pour aller alimenter lui-méme cet autre courant. 


SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 4866. A75 


SÉANCE DU 98 DÉCEMBRE 1866. 


PRÉSIDENCE DE M. LE COMTE JAUBERT. 


M. E. Roze, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la 
séance du 14 décembre, dont la rédaction est adoptée. 

Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le 
Président proclame l'admission de : 


MM. ALLiER (Charles), professeur de mathématiques à la Ferme- 
école de Berthaud, par Ventavon (Hautes-Alpes), présenté 
par MM. de Salve et de Schenefeld ; 


hopniGuEz (J.J.), à Mahon (iles Baléares), présenté par 
MM. Du Colombier et Cosson. 


MM. Constant, Théry, Hasskarl et Manceau, membres de la Société, 
sont proclamés membres à vie, sur la déclaration faite par M. le Tré- 
sorier qu'ils ont rempli la condition à laquelle l'art. 44 des statuts 
soumet l'obtention de ce titre. 


Dons faits à la Société : 


4° De la part de M. Éd. Dufour : 


Rapport sur les travaux de la Société académique de la Loire-Inférieure 
pendant l'année 1865-1866. 
Rapport sur les travaux de la Société nantaise d'horticulture pendant 
l'année 1864-1865, 
2° De la part de M. Ch. Des Moulins : 


Rapport sur le livre DU FRAISIER de M. le comte Léonce de Lam- 
bertye. 


3° De la part de M. Todaro : 


Synopsis plantarum acotyledonearum vascularium sponte provenientium 
in Sicilia insulisque adjacentibus. 
h° De la part de M. Kirschleger : 
Annales de l'Association philomathique vogéso-rhénane, 6° livraison. 
5° En échange du Bulletin de la Société : 
Mémoires de la Société impériale d'agriculture, sciences et arts d’ An- 
gers, nouvelle période, t. IX, premiere partie. 
L'Institut, décembre 1866, deux numéros. 


A76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Lecture est donnée d'une lettre de M. Moggridge, relative à la 
récolte du Potentilla fruticosa sur le versant méridional de Mer- 
cantora (Alpes-Maritimes), entre le lac des Sagnes et les lacs de 
l'Agnel, le 26 novembre dernier, par MM. Hawker et Moggridge 
pére. Cette plante avait été longtemps et vainement cherchée dans 
cette localité d'aprés les indications d'Allioni. 

A cette occasion, M. le Président déclare être l'interpréte de toute 
la Société en hátant de ses vœux la publication de la flore des Alpes- 
Maritimes que prépare M. Ardoino. 

M. Guillard présente les observations suivantes sur l’article 
AUSTRALIE qu'on litdans un ouvrage en voie de publication (1) : 


Dans cet article, d'ailleurs intéressant et instructif, dit M. Guillard, l'auteur, 
relevant les grandes singularités qu'offre la nature organique dans le continent 
australien, va jusqu'à dire que « sa flore offre un contraste si complet avec 
» celle des autres continents, qu'on la prendrait pour la production d'une autre 
» planète ». Cette assertion excessive tendrait à ébranler ou obscurcir la notion 
fondamentale de l'unité de plan dans la production des êtres terrestres, unité 
qui est à la fois l'un des principaux points de mire des recherches des natura- 
listes et la solide base des sciences de classification. Il est juste de reconnaitre 
les traits tout à fait particuliers qui distinguent la végétation australienne : 
ainsi, l'abondance des grandes plantes sans feuilles et sans ombre, la spécialité 
de quelques familles, telles que Protéacées, Goodenoviées, Myoporées, É pa- 
cridées, et surtout des 7rémandrées, petit groupe appartenant en propre à la 
Nouvelle-Hollande, et qui n'est pas moins original dans la conformation du 
verticille interne que dans la disposition externe des étamines, disposition qui 
a motivé les noms de genres. Mais il ne faut pas pour cela perdre de vue que, 
nonobstant ces quelques caractères exceptionnels, la production des plantes 
australiennes est reliée à celle du reste du globe terrestre par les caractères les 
plus importants et les plus nombreux, que ces plantes sont formées des mémes 
éléments se développant dans le méme ordre, qu'elles sont assujetties aux 
mémes lois physiologiques d'organisation, de floraison, d'inflorescence, de 
fructification, etc. Pour résumer cette grande analogie, il suffit de rappeler 
que, sur cent familles dans lesquelles se viennent ranger sans contrainte les 
cinq mille espèces propres à l'Australie, quatre-vingt-quatorze avaient déjà été 
instituées avec les plantes des grands continents. 


M. Guillard s'excuse d'avoir entretenu la Société d'un point de cri- 
tique; mais il regarde comme un devoir pour les amis de la science 


(4) Dictionnaire des nonrs propres, par le docteur de Vorepierre. 


2^ 
/ 4 


'SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1866. 


de ne point laisser passer sans protestation les idées qui tendraient 
à en altérer les principes. 

M. le Président remercie M. Guillard et lui dit qu'il n'a pas besoin 
d'excuses, car la Société ne repousse pas la critique, mais au con- 
traire l'appelle, la discussion sur tous les points qui intéressent la 
botanique étant l'objet essentiel de ses séances. 

M. Bureau déclare s'associer à la critique faite par M. Guillard 
de l'hypothése émise par M. de Vorepierre, que la végétation de 
l'Australie semblerait être celle d'une autre planète. Il dit qu'on 
peut voir tout au plus dans cette végétation celle d'une autre 
période géologique. 

M. Boisduval exprime l'opinion que le continent australien, de 
formation récente, a dà étre l'objet de créations spéciales, car 
nombre d'étres qui l'habitent n'ont point leurs analogues sur les 
autres continents. Il signale ce fait notoire que les plantes de la 
Nouvelle-Hollande sont impossibles à greffer, ce qui s'explique par 
la disposition particuliére de leurs fibres vasculaires. 

M. Guillard fait remarquer que l'absence du diluvium sur les 
terrains tertiaires et granitiques du continent australien permet en 
effet d'y voir une création plus récente que celle des autres conti- 
nents. 

M. le Président dit qu'on s'était attaché d'abord à ne tenir compte 
en Australie que de ce qui paraissait extraordinaire; mais qu'un 
examen plus approfondi et plus large montre de jour en jour de 
nouvelles analogies, surtout dans la végétation, avec les archipels 
voisins ; que les liens se multiplient ainsi peu à peu, ce qui fait 
par suite ressortir cette unité de plan dans la nature dont vient de 
parler M. Guillard. 


M. Ém. Bescherelle fait à la Société la communication sui- 
vante : 


BRYOLOGIE FRANCAISE : FLORULE DES ENVIRONS DE REVIN (Ardennes), 
pr M. Émile BESCHERELLE. 


Le département des Ardennes offre, sous le rapport géognostique, deux ré- 
gions bien tranchées, l'une au sud est formée par le terrain secondaire; l'autre 
au nord par le terrain de transition. La ville de Revin, dont j'ai eu l'occasion 
d'explorer les environs, est située dans la partie septentrionale, au bord de la 


A78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Meuse. Les collines qui dominent le pays appartiennent à l'étage moyen et à l'é- 
tage inférieur du terrain ardoisier. Les schistes et les quartzites bleus dont se 
composent les rochers donnent asile à un petit nombre de Mousses qui se 
représentent toujours avec les mémes roches. Le fond de la végétation musci- 
naleest celui des bois montueux siliceux de Fontainebleau; mais indépendam- 
ment de ces espèces, j'ai eu le plaisir d'en récolter quelques-unes qui offrent 
un certain intérêt pour le bryologue francais et qui n'ont pas encore été signa- 
lées en France. Ainsi, j'ai trouvé le Schistostega osmundacea Web. et Mohr, 
en trés-bel état de fructification, dans les fissures du rocher sur lequel est établi 
le cimetière de Revin. Cette belle Mousse, qui se rencontre en Angleterre et 
en Allemagne, n'avait pas encore été trouvée en France, et la localité la plus 
rapprochée est dans le grand-duché de Bade, prés de Gernsbach. 

L'autre espèce est le Sphagnum Muelleri Sch., trés-remarquable par la 
mollesse de son port, le vert pâle de ses feuilles, et la disposition de ses ra- 
meaux supérieurs, dressés et atténués au sommet. Cette Sphagnacée, étrangère 
jusqu'ici à la flore francaise, n’a encore été trouvée qu'à Jever et à Detmold, 
par M. Ch. Mueller, et à Hunneberg, par M. Lindberg. Elle croit sur les 
rochers humides qui longent la route de Revin à l'usine de Saint-Nicolas, et 
forme des touffes compactes bien distinctes des autres espèces de Sphaignes 
avec lesquelles elle vit en société, telles que Sphagnun cymbifolium, S. cus- 
pidatum, S. subsecundum var. contortum. 

Les autres Mousses intéressantes comme station, que j'ai récoltées aux 
environs de Revin, sont les suivantes : 


Weisia fugax Hedw. Rhacomitrium protensum Al. Braun. 
Cynodontium Bruntoni Sch. Bryum inclinatum Sw. 

Dicranella cerviculata Sch. — alpinum L. (stérile). 

— rufescens Sch. Orthothecium intricatum (stérile). 
Dicranodontium longirostre Sch, Brachythecium plumosum Sch. 
Leptotrichum homomallum Hpe. — populeum Sch. 

Barbula ruraliformis Besch. Plagiothecium undulatum Sch. (stérile). 
Grimmia montana Sch. Andreæa rupestris Ehrh. 


M. Bureau fait à la Société la communication suivante : 


NOTE SUR LA DÉCOUVERTE DU POA PALUSTRIS Roth EN BRETAGNE, 
pr M. Éd. BUREAU. 


Je trouvai au mois de juin de l'année dernière, dans le bois dela Ville-Jégu, 
commune de Couffé, arrondissement d’Ancenis (Loire-Inférieure), quelques 
échantillons d’un Poa qui me parut nouveau pour la région de l'Ouest. Je 
l'étudiai avec M. Lloyd, et nous crümes devoir le rapporter au Poa palustris 
Roth (P. fertilis Host), opinion qui fut bientót confirmée par M. Duval- 
Jouve à qui nous communiquâmes tous les exemplaires. Ces échantillons 
appartenaient à la forme pauciflore des lieux plus secs (Poa serotina Gaud.). 


SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1866. A79 


Cette année, nous nous sommes attachés, M. Lloyd et moi, à rechercher le 
type de l'espéce, et nous avons reconnu qu'il est trés-abondant sur les bords 
du Havre, petite rivière qui longe le bois où ont été rencontrés les premiers 
pieds. J'ai trouvé le Poa palustris en amont et en aval du bourg de Couffé, 
sur les talus mêmes qui encaissent la rivière, dans les endroits ombragés, et il 
est beaucoup plus abondant sur la rive droite que sur la rive gauche. M. Lloyd, 
de son côté, a constaté la présence de l'espèce depuis Couffé jusqu'à l'embou- 
chure du Havre, sur le bord des prairies, au point où s'arrétent les grandes 
crues. Le Poa palustris se trouve donc le long de ce cours d'eau sur une 
longueur de 6 à 7 kilomètres. Il est bien probable qu'on le retrouvera sur 
d'autres points de la Loire-Inférieure, car ce département présente un assez 
grand nombre de localités analogues à celle que j'ai citée ; cependant on vient 
de le chercher vainement sur les bords de l'Erdre et de la Sévre nantaise. 


M. Gris donne lecture de la note suivante : 


SUR LE PRÉTENDU GENRE CHIRATIA, 
pr MW. Ad. BRONGNIART ct A. GRIS. 


Le père Montrouzier a publié, dans sa Flore de l'ile Art (1), voisine de la 
Nouvelle-Calédonie, un genre remarquable, qu'il a dédié à M. l'abbé Chirat, 
sous le nom de Chiratia. Les collections qui nous furent adressées par 
MM. Pancher, Vieillard et Deplanche, contenaient des échantillons de l'unique 
espece néo-calédonienne appartenant à ce type, et nous fournirent l'occasion 
d'en donner une description détaillée (2), celle du pére Montrouzier nous 
semblant trop concise et méme inexacte sur quelques points. Or, nous venons 
de constater que le prétendu genre Chiratia n'est autre chose que l'ancien 
genre SONNERATIA L. f. Ce genre est placé parmi les Myrtes par A.-L. de 
Jussieu, en tête de la tribu des Myrtées par De Candolle et par Endlicher; 
le père Montrouzier le rapporte au groupe des Punicées, et nous l'avions 
rapproché, avec quelque doute, des Crossostylis, parmi les Légnotidées. 
Il a peut-être plus d'affinité avec les Lythrariées, comme l'indiquent du reste 
MM. Bentham et Hooker dans leur nouveau Genera plantarum, et comme 
Blume l'admettait déjà en 1851 (3). Des sept espèces de Sonneratia décrites 
par ce savant botaniste, le S. alba Smith (de Java, des Moluques, de la 
Nouvelle-Guinée, etc.) paraît être celle qui se rapproche le plus de l'espèce 
néo-calédonienne par ses feuilles obovales ou ovales-arrondies, et par ses fleurs 
apétales, dont le calice est divisé en six ou huit lobes. 


(1) Mémoires de l'Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, 
t. X, p. 202. 

(2) Voyez le Bulletin, t. XI (Séances), pp. 69-71. 

e Museum botanicum lugduno-batavum, t. I, p. 336. 


Paris. — Imprimerie de E. MARTINET, rue Mignon, 2. 


Bullet. de la Soc. Bot. de France’. Tome ML PI. 1. 


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POIRE MAUDE. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 


(JANVIER-FÉVRIER 4866.) 


N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. J. Rothschild, libraire 
de la Société botanique de France, rue Saint-André-des-Arts, 43, à Paris. 


Beitræge zur noheren Kenntniss und Verbreitung der 
Algen (Contributions servant & perfectionner et à répandre la con- 
naissance des Algues); par M. le docteur Rabenhorst. In-4°; premier 
cahier, 1863 , 30 pages et 7 planches; second cahier, 1865, 40 pages et 
5 planches lithographiées, en partie coloriées. Leipzig, chez Édouard 
Kummer. 


Ce nouveau recueil nous offre une série de mémoires sur les Algues. Il 
se distingue d'une manière avantageuse par les nombreuses figures qu'il con- 
tient. Chacun de ces deux premiers cahiers renferme trois mémoires. 

Nous y trouvons d'abord un mémoire de MM. C. Janisch et L. Rabenhorst 
sur quelques Diatomacées maritimes du Honduras. Les auteurs avaient 
trouvé ces Diatomacées sur différentes Algues qui leur avaient été envoyées de 
la baie de Honduras, mais notamment sur le Halimeda Tuna. Ils commencent 
leur travail parla description de ces petits organismes, accompagnée d'une figure 
de l'appareil dont ils se sont servi pour les nettoyer et les préparer convenable- 
ment, ainsi que par une exposition détaillée du procédé qu'ils ont suivi pour les 
isoler. Ils passent ensuite àla description des Diatomacées en question. Ils don- 
nent la mesure de chacune en fractions de millimètre et ils font suivre leurs 
descriptions d'une synonymie très-soignée. Les quatre planches qui appartiennent 
à ce premier mémoire contiennent les figures des Diatomacées suivantes : Am- 
phipentas alternans Ehrbg, Amphitetras aristata Shadb., Amphitetras ante- 
diluviana Ehrbg, Amphitetras parvula Jan. et Rabenh., Amphitetras cruciata 
Jan. et Rabenh. , Campylodiscus Rabenhorstianus Jan., Campylodiscus Raben- 
horstianus var. f, Campylodiscus Hodgsonii W. Sm., Cocconeis Kirchen- 
paueriana Jan. et Rabenh., Campylodiscus angularis Greg. , Cocconeis flexella 
Jan. et Rabenb., Surirella fastuosa Ehrbg, Hyalodiscus subtilis Bailey, 
Cocconeis punctatissima Grev., Cocconeis ornata Greg., Cocconeis pseudo- 
marginata Greg., Cocconeis fimbriata Greg., Raphoncis fasciolata Ehrbg, 
Campylodiscus Hodgsonii W. Sm., var. B, Climacosphenia moniligera Ehrbg, 
Climacosphenia linearis Jan. et Rabenb. , Navicula Bombus Greg., Amphiprora 
maxima Greg., Triceratium orbiculatum Shad., Synedra Gomphonema Jan. 

T. XIII. (REVUE) 1 


2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

et Rabenh., Navicula nitescens Greg., Plagiogramma Gregorianum Grev., 
Epithemia constricta W. Sm., Navicula Bleischii Jan. et Rabenh., Denticella 
ventricosa Jan. et Rabenh., Actinocyclus duodenarius Jan. et Rabenh., Tes- 
sella hyalina Jan. et Rabenh., Podocystis americana Bail, Navicula Jani- 
schiana Rabenh., Navicula marina Jan. et Rabenh., Mastogloia apiculata W. 
Sm., Fragilaria pinnata Ehrbg, Rhabdonema mirificum W. Sm., Plagio- 
gramma inæquale Grev., Synedra undulata Bail., Synedra superba Ktz., 
Pleurosigma balticum W. Sm., Pleurosigma delicatulum W. Sm., Amphi- 
prora lepidoptera Greg., Grammatophora peruana Ehrbg, Navicula Lyra 
Ehrbg, Pyxidicula minor Bail., Auliscus sculptus W. Sm., Triceratium Favus 
Ehrbg, Asteromphalus Humboldtii Ehrbg, Actinoptychus undulatus Ehrbg, 
Amphora salina W. Sm., Biddulphia aurita de Brébisson, Auliscus radiatus 
Ehrbg, Actinocyclus bioctonarius Jan. et Rabenh., Biddulphia reticulata 
Roop. , Biddulphia pulchella Ehrbg, Rhabdonema arcuatum Ktz., Rhabdonema 
adriaticum Ehrbg; Coscinodiscus limbatus Ehrbg, Melosira marina W. Sm., 
Cocconeis Scutellum Ehrbg, Coscinodiscus striatus Ehrbg, Stauroneis pul- 
chella W. Sm., Synedra affinis Ktz., Pinnularia directa W. Sm., Gramma- 
tophora serpentina Ktz., Mastogloia Grevillii Greg., Coscinodiscus radiolatus 
Ehrbg, Gomphonema marinum Ktz., Isthmia nervosa Ktz., Isthmia enervis 
Ehrbg, Navicula didyma Ehrbg. 


Le second mémoire, dû à M. C.-A. Hantzsch, donne les descriptions de 
quelques Diatomacées de l'Archipel des Indes orientales. Dans ce mémoire, 
les mesures sont aussi données en fractions de millimètres. Toutes les figures 
sont dessinées par un grossissement de A20 fois, sauf deux qui sont repré- 
sentées par un grossissement de 700 fois. Les Diatomacées figurées sur les 
deux planches qui appartiennent à ce mémoire sont : Climacosphenia indica 
Htzsch, Synedra pulcherrima Hitzsch, Synedra formosa Htzsch, Toxarium 
rostratum Htzsch, Mastogloia interrupta Htzsch, Mastogloia quinquecostata 
Grunow, Nitzschia panduriformis Greg. , 'Tryblionella Formica Htzsch, 


Eupodiscus minutus Htzsch, Cocconeis heteroidea Htzsch, Cocconeis pel- 
lucida Grunow. 


Le troisième mémoire, dû à M. le docteur Hermann, s'occupe des espèces 


du genre Characium trouvées dans les environs de Neudamm (province de 
Brandebourg, Prusse), 


L'auteur débute par un court aperçu historique des travaux publiés jus- 
qu'à ce jour sur le genre Characium. Yl parle ensuite de l'organisation des 
êtres qu'il renferme, et il constate notamment que plusieurs phases du déve- 
loppement de ces plantes ne sont pas encore suffisamment connues, car on n'a 
observé ni leurs organes mâles, ni leurs organes femelles, ni leurs spores pro- 
prement dites ou spores fixes (Æuhespcren). Il reste toujours douteux si les 
Characiun ne représentent pas une simple phase de développement d'autres 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 3 
Algues microscopiques, quoiqu'on ne puisse pas nier que ceci soit peu pro- 
bable. M. Hermann croit devoir considérer les zoospores (Schwærmsporen) 
de ces plantes, qui sont connues, comme des organes de reproduction non 
sexuelle, puisqu'elles ressemblent entièrement aux zoospores observées dans 
les GEdogonium, Bulbochæte, Stigeoclonium, etc. Il passe ensuite aux des- 
criptions, accompagnées de notes critiques, des dix-neuf espèces du genre Cha- 
racium qu'il a recueillies dans les environs de Neudamm. Parmi ces espèces, il 
s'en trouve huit qui déjà avaient été décrites, ce sont : Characium Nægelii 
A. Br., Ch. longipes Rabenh., Ch. gibbum A. Br., Ch. piriforme A. Br., 
Ch. (Hydrocytium) acuminatum A. Br., Ch. obtusum A. Br., Ch. subulatum 
A. Br. ct Ch. acutum A. Br. — Voici les nouvelles espèces décrites et figu- 
rées par M. Hermann; ce sont: Charatium ensiforme, Ch. ambiguum, Ch. 
tenue, Ch. Clava, Ch. eurypus, Ch. tuba, Ch. phascoides, Ch. urnigerum, 
Ch. pedicellatum, Ch. epipyxis, Ch. sessile. L'auteur ajoute enfin encore 
deux espèces douteuses dont il donne également les figures, les Characium 
apiocystiforme et Ch. chlamydopus. 


Le premier mémoire du second cahier offre les descriptions, accompagnées 
de 29 figures, des Diatomacées et Desmidiacées de l'ile de Banka (Indes orien- 
tales) qui ont été distribuées par M. Gerstenberger dans les décades de 
M. Rabenhorst. M. A. Grunow, l'auteur de ce mémoire, y traite d'une ma- 
nière toute particulière des deux genres Ceratoneis et Frustulia. 

Les plantes décrites dans ce mémoire-sont : Diatomacés : Eunotia Formica 
Ehrbg, E. parallela Ehrbg, E. pectinalis var. undulata Rabenh., E. ventri- 
cosa Ehrbg, E. Camelus Ehrbg, E. indica /Grunow, E. major W. Smith, 
Desmogonium Rabenhorstianum Grunow, Ceratoneis Arcus Ktz. C. Am- 
phioxys Rabenh., C. lunaris Ehrbg, C. alpina Nægeli, C. pachycephala Ktz., 
C. arcuata Næg., C. biceps Ehrbg, C. flexuosa Bréb., C. subarcuata Næg., 
C. hemicyclus Ehrbg, Synedra splendens Ktz., Nitzschia curvula Ehrbg, 
Cymbilla turgida Gregory, Encyonema Gerstenbergeri Grunow, -Gomphonema 
lanceolatum Ehrbg, G. ‘dichotomum Ktz., G. Turris Ehrbg, G. oregonicum 
Ehrbg, G. parvulum Ktz., Navicula nodulosa Bréb., N. Tabellarii Ehrbg, 
N. cryptocephala Ktz, Frustulia saxonia Rabenh. — Desmidiacées : 
Closterium moniliferum Bory, Docidium indicum Grunow, D. denticu- 
latum Grunow, D. coronulatum Grunow, Microsterias Wallichii Grunow, 
Euastrum turgidum Wallich, E. orbiculare Wallich, E. angulatum Perty, 
Cosmarium margaritiferum Turp., C. Botrytis Menegh., G. granatum Bréb., 
Arthrodesmus obsoletus Htzsch, A. Incus Bréb., Pediastrum Boryanum 
Turp. 

Les deux autres mémoiresde ce cahier ont pour auteur M. le docteur 
Ferd. Cohn (de Breslau ). L'un nous offre. des recherches organographiques 
et organogéniques sur une Algue marine, le Dictyota dichotoma Lam., 


A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


plante sur laquelle M. Thuret avait déja antérieurement fait des observations 
qu'il a publiées dans la seconde partie de ses Recherches sur la fécondation 
des Fucacées et les anthéridies des Floridées (Ann. des sc. nat. h° série, 
t. III). — I est fort naturel que M. Cohn, qui, à l'époque de ses recherches, 
n'avait pas connaissance du travail de M. Thuret, ait été conduit, comme il le 
dit lui-même, à bien des observations qui, s'accordent avec celles du célèbre 
phycologue francais; néanmoins il juge utile, avec raison, de donner ici les 
résultats de ses recherches. 

Après avoir décrit la structure anatomique de la fronde du Dictyota 
dichotoma, M. Cohn passe à un examen détaillé des différentes phases de 
développement des trois organes de reproduction de cette plante. Ce sont : 
1? les anthéridies, 2° les tétraspores (Vierlingsfruechte), et 3° les sores 
Haufenfruechte, Sori, Favelle, Gymnocarpien). Il nous offre aussi une 
série d'observations sur la germination des tétraspores de cette plante, et il 
traite avec beaucoup de soin du mode de ramification de sa fronde. Fina- 
lement il donne en quelque sorte comme un résumé de son mémoire la di- 
gnose suivante du genre Dictyota, telle qu'elle résulte des observations 
récentes : 

Florideæ fam. Dictyoteæ, prope Ceramieas. Dictyota Lam. Frons folia- 
cea plerumque dichotoma olivacea utrinque corticata, fasciculis pilorum 
uniserialium delicatoram deciduorum hinc illinc ornata, e cellularum stratis 
tribus composita, duobus corticalibus, unico interno medullari. Cellule cor- 
ticales minores plerumque subrectangulares globulis phaeophylli coloratæ, 
medullares multo majores subcubicæ subhyalinæ, massam protoplasmatis cen- 
tralem brunneam guttas oleosas continentem includentes. Incrementum 
frondis e cellule terminalis divisione transversali continua, dichotomia vera 
et partitione cellule, terminalis longitudinali exorta. Fructificatio triplex 
triæca, cellularum corticalium metamorphosi progenita. 

1. Antheridia ovalia vel oblonga hyalina, limbo cellularum corticalium pa- 
pilloso involucrata, e fasciculo cellularum corticalium sursum excrescentium 
multiplicato-divisorum formata, ex quibus corpuscula spermatica hyalina 
immobilia erumpunt. 

2. Tetrasporangia e cellulis corticalibus singularibus tumescentibus intus 
quaternatim cruciatim divisis formata, tetrasporis singulis globosis facile ger- 
minantibus. 

3. Cystocarpia vel gymnocarpia e cellularum corticalium in soros tumes- 
centium fasciculis formata, cuticula communi tecta et limbo papilloso involu- 
crata, polysporis singulis e singula cellula matricali erumpuntibus (vix sine 

ecundatione germinantibus ?). 

Ce mémoire est accompagné de deux planches contenant 14 figures, en 
partie coloriées. Les figures sont représentées presque toutes avec un grossis- 
sement de 320 fois, d’après un microscope de M. Hartnack. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 5 


L'autre mémoire de M. Cohn a pour objet certains organes problématiques 
qu'il a trouvés sous la forme d'utricules remplis de chlorophylle dans l'intérieur 
du tissu du Cruoria pellita Fries. 

Le Cruoria pellita, Algue que M. Cohn a trouvée fréquemment sur 
les rochers argileux des cótes occidentales de l'ile d'Héligoland, se présente 
sous forme d'une croüte mince qui couvre ces rochers de taches noires. 
Soumise à un examen microscopique, cette croûte apparait composée de 
filaments dressés, disposés parallèlement et appliqués étroitement les uns 
à cóté des autres. L'ensemble de ces filaments est couvert d'une couche 
gélatineuse assez épaisse. Les filaments ont le plus souvent simples, quelque- 
fois aussi ramifiés ; ils sont formés par plusieurs cellules un peu plus longues 
que larges, leur contenu est d'un rouge brunâtre. A sa grande surprise, 
M. Cohn avait observé au milieu de ces filaments, et méme dépassés par eux 
en longueur, des utricules unicellulaires lancéolés remplis de chlorophylle, 
fixés à la base des filaments par un pédicelle incolore transparent, plus ou 
moins étroit. Ces organismes semblaient réellement appartenir à la plante 
méme, dans le tissu de laquelle ils étaient observés. Étaient-ce des organes 
reproducteurs de cette Algue, ou bien quelle interprétation fallait-il leur 
donner? L'observateur avait, gràce à ces singuliers utricules, beaucoup de 
peine à déterminer la plante qu'il avait devant lui, il dut cependant finalement 
reconnaitre qu'il avait affaire réellement au Cruoria pellita Fries, quoique 
les organes reproducteurs de cette Algue, observés et figurés par d'autres phy- 
cologues éminents dont les travaux ne peuvent point étre soupconnés d'inexacti- 
tude, n'offrissent rien qui püt être comparé à ces utricules. M. Cohn fit 
part de sa découverte à M. Thuret, qui, de son cóté, crut devoir considérer 
ces organismes comme des tétraspores d'une autre Algue en voie de germina- 
tion dans le tissu du Cruoria, opinion à laquelle M. Cohn s'est rallié. 

Ce dernier mémoire de M. Cohn est accompagné de quelques figures qu 
démontrent la structure anatomique du Cruoria pellita, ainsi que les utri- 


cules verts qui se trouvent au milieu de son tissu cellulaire. 
JOHANNES GRÆNLAND, 


Théorie de l'angle unique en phyllotaxie; par M. Casimir De 
Candolle. (Extrait de la Bibliothèque universelle et Revue suisse (Archives 
des sciences physiques et naturelles, t. XXII, juillet 1865) ; tirage à part 
en brochure in-8° de 14 p. 

En 1838, MM. Bravais et Martins émirent l'opinion que la distance angu- 
laire des feuilles est constante, non-seulement dans les diverses parties de 
chaque individu, mais méme d'une manière générale pour toutes les plantes 
phanérogames à feuilles alternes. Malheureusement ces savants n'ont pas dé- 
montré le théorème qui doit servir de base à leur théorie, et leur assertion a 
eu peu de valeur auprès des maîtres de la science. 


6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


On sait que la divergence des organes foliacés, examinés sur une tige quel- 
conque, est toujours égale à l'une des réduites successives d'une fraction pé- 
riodique indéfinie de la forme suivante : 


LE 
n 


+1 
T+ 


t... 


LH 
n 


Et qu'en faisant n == 2, on obtient la série suivante, qui est la plus com- 
mune dans la nature : 


4.413 35 5 
$? 3» 57 8» 13» lC. 


Les fractions élevées dans cette série expriment des angles de divergence 
qui différent trés-peu les uns des autres, Aussi MM. Bravais et Martins ont- 
ils été conduits à penser que les divergences d'une méme série ne sont, au 
fond, que des approximations successives d'un seul et méme angle. Malheu- 
reusement MM. Bravais et Martins n'ont pas poussé leur investigation 
au delà de ces rapprochements, et la plupart des botanistes ont trouvé le 
mémoire de ces savants trop mathématique et point assez concluant. La 
théorie de l'angle unique a été ainsi rejetée par presque tout le monde, sans 
qu'on l'eüt examinée à fond. Pour arriver à en prouver l'exactitude, M. C. De 
Candolle démontre d'abord le théorème suivant : 

Si l'on a une suite de points séparés par une méme distance angulaire irra- 
tionnelle, et dont le lieu géométrique soit une hélice enroulée autour d'une 
surface cylindrique, il existera une série de ces points qui seront de plus en 
plus rapprochés de la directrice passant par l'un d'entre eux pris comme ori- 
gine, et tels que chacun d'eux en sera plus rapproché qu'aucun des précédents. 
Ces points seront situés alternativement de chaque cóté de la directrice. 

Nous regrettons vivement de ne pas pouvoir, reproduire la démonstration 
de ce théoréme, qui est fort longue, et qui exigerait une figure et des consi- 
dérations algébriques auxquelles nos lecteurs ne sont pas accoutumés. Il nous 
suffira de dire, en renvoyant pour les détails à l'intéressant mémoire que 
nous avons sous les yeux, que l'auteur s'appuie sur la valeur des angles o et 
B qui séparent la directrice des deux éléments du cycle qui en sont le plus 
voisins au point où l’hélice la coupe en commençant son second tour; ces an- 
gles représentent chacun une fraction de la divergence 38, qui est irrationnelle. 
C'est en étudiant la valeur que prennent les angles a! et ß', œ" et B", etc, à 
chaque nouvelle révolution de l'hélice, que l'auteur prouve l'exactitude de 
son théorème. Il déroule le cylindre et l'hélice sur un plan, et fait voir par une 
construction graphique que les éléments les plus rapprochés de la directrice 
à chaque révolution de l'hélice forment par leur position des séries qui s’éloi- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 7 


gnent et se rapprochent alternativement de cette ligne verticale; qu'il existe 
par conséquent des distances minima entre cette directrice et ces éléments; si 
« est contenu au plus n fois dans fj, n étant entier, les deux premiers minima 
sont d'une part &— n a, et d'autre part (n +1) æ — GB. Au-dessus de ces 
deux minima, il en existe une série d'autres alternativement situés de chaque 
côté de la directrice, et les éléments qui leur correspondent sont toujours 
plus rapprochés de la directrice qu'aucun de ceux qui les précédent. 

Le nombre des tours de l'hélice, entre l'origine et un de ces points de plus 
en plus rapprochés, est toujours égal à la somme du nombre de tours entre 
l'origine et l'avant-précédent minimum augmenté d'un nombre entier de fois 
le nombre de tours correspondant au précédent minimum. Et, si pour cha- 
cun de ces minima l'on forme la fraction qui a pour numérateur le nombre 
de tours et pour dénominateur le numéro de l'élément correspondant, on a 
une suite d'approximations de la divergence qui, dans certaines conditions, 
les plus fréquentes dans ]a nature, est la série 


m L, ET 


Dans cette série, ce sont les points les plus rapprochés de la direc- 
trice quo l'œil est tenté de considérer comme situés sur cette verticale, Que 
la superposition exacte des éléments de l'hélice ait lieu aprés un certain nom- 
bre de tours, ou que la divergence soit irrationnelle, les cycles de plus en plus 
apparents correspondent à une série de valeurs de plus en plus approchées de 
la divergence. Voilà pourquoi sur un méme rameau l'on voit apparaitre suc- 
cessivement une série de cycles d'ordre de moins en moins élevé à mesure 
que l'axe du rameau s'allonge, tous ces cycles correspondant aux termes 
d'une même série. On peut prendre indifféremment pour la valeur de l'angle 
de divergence, ou bien le terme le plus élevé de chaque série, ou bien la 
limite vers laquelle tend cette série. Dans le premier cas, on admet un angle 
unique rationnel qu'il faut changer pour un autre dés qu'on trouve un terme 
plus élevé de la même série. Dans le second cas, on admet un angle unique 
irrationnel qui explique tous les cas présents et à venir. 

Les botanistes, dit l'auteur en terminant, ont observé que dans les cas où les 
limbes des feuilles ne sont pas.symétriques, leur plus grand développement a 
toujours lieu du cóté de l'angle le plus grand. Le fait que la divergence an- 
gulaire comprise entre 1 [2 et 1/3 est commune à presque toutes les Phanéro- 
games, ainsi qu'à un grand nombre de Cryptogames, est certainement ua in- 
dice de la communauté d'origine de tous ces végétaux. 


Sopra una nuova specie italiana di Tazzetta (Sur une nou- 
velle espèce italienne de Narcisse); par M. Carl Bolle (Extrait des 
Atti della Società italiana di scienze naturali, vol. virt) ; tirage à part en 
brochure in-8° de 8 pages. Milan, 1865, 


8 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


Cette nouvelle espèce, désignée par l'auteur sous le nom de Narcissus 
Aschersonii, a été découverte le 15 juillet 1864, sur la côte méridionale de 
l'ile de Capri, dans les rochers de Monacon; elle appartient à la section C du 
Flora italiana de M. Parlatore : « Perigonii laciniis albis vel albidis, corolla 
lutea, » et à la division « : « stylo stamina superiora subæquante vel supe- 
rante. » En voici la diagnose : 

Narcissus scapo plus minusve ancipiti, striatulo, cum foliis læte viridi, 
bifloro (rarius 1- v. 3-floro), folia paulo superante, perigonii laciniis tubo 
brevioribus patentissimis demum subreflexis, late ovalibus, summo apice 
puberulis, interioribus obtusis muticis, margine interdum subcrenulatis, exte- 
rioribus longiuscule apiculatis, omnibus candidis dorso carina pallide virescente 
notatis, corona perigonio subtriplo breviore, campanulata, ore late aperto, 
margine inæqualiter profunde crenato, aurea, staminibus croceis corolla 
multo brevioribus, inferioribus supra dimidiam tubi partem insertis, stylo 
staminibus superioribus subbreviore, folis late linearibus obtusis, nervoso- 
striatis, caualiculatis, dorso subcarinatis, carina inter duas lineas plana, undi- 
que (sub lente) punctulatis, strictis. 

Ce travail contient encore l'énumération d'une trentaine d'espèces recueil- 
lies dans la méme localité que le Narcissus Aschersonii. 


On the double cocoa-nut of the Seychelles (Sur le coco-de- 
mer des îles Seychelles, Lodoicea Seychellarum) ; par M. Swinburn Ward 
(Journal of the Linnean Society, 1864, vol. vit, n. 31, pp. 135-139) (1). 


On sait que les noix de Coco-de-mer ont été connues longtemps avant le 
Palmier qui les produit. Elles étaient transportées par les courants marins 
jusque sur les côtes des Maldives et à Ceylan, où elles acquéraient un prix con- 
sidérable, pour des motifs superstitieux et parce qu'on extrayait de leur noyau 
un médicament regardé comme analeptique, et fort précieux dans un pays oü 
règne la polygamie. C'est la découverte des iles Seychelles, faite par les Fran- 
cais, en 1742, qui a fait connaitre les foréts de Lodoicea, sans qu'on eüt des 
renseignement exacts sur la croissance de cet arbre. L'auteur nous en donne 
de trés-circoustanciés. Il lui faut au moins un laps de trente ans avant de 
pousser ses boutons, et une centaine d'années pour atteindre son complet dé- 
veloppement. Aucun des arbres plantés depuis que les Anglais ont pris pos- 
session de ces iles n'y est encore parvenu. Neuf mois après que la noix a été 
plantée, en supposant que Ia germination ait commencé immédiatement, il 
se développe une feuille sous un angle de 45°; et ainsi de suite pendant les 
premiéres années; il se montre une nouvelle feuille tous les neuf mois, saus 


(1) Ce numéro du Journal of the Linnean Sociely n’est parvenu que récemment à la 
Société, en méme temps que les deux numéros suivants du méme journal. Il est regret- 
table que ces envois soient faits aussi tardivement, ce qui enléve à certaines parties 
de la Revue leur caractère d'actualité. ; 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 9 


qu'il apparaisse encore de tige au-dessus de la surface du sol. C'est de la 
quinzième à la vingt-cinquième année que l'arbre est dans sa plus grande beauté ; 
les feuilles en sont alors dans leur plus grande largeur. Elles contiennent deux 
ordres de fibres qui se croisent à angle droit, et sont enfoncées dans une épaisse 
couche de parenchyme. L'arbre femelle reste ordinairement de vingt pieds 
plus petit que l'arbre mâle, qui atteint une centaine de pieds. Il s'écoule 
environ dix ans depuis la formation des fruits jusqu'à leur maturité complète, 
Ceux-ci prennent leur volume en cinq ans environ, et sont alors remplis 
d'une gelée d'un goüt fade. 


Observations on a peeuliar mode of fructification in 
Chionyphe Carteri Werk, (Observations sur un mode particu- 
lier de fructification dans le Chionyphe Carteri Berk.); par M. J. Der- 
keley (Journal of the Linnean Society, 1865, vol. vii, n° 31, pp. 139- 
142, avec une planche gravée). 


Le Champignon qui fait le sujet de ce travail est dans l’Inde la cause d’une 
maladie cutanée fort grave, qui affecte le pied des habitants. 1l a été déjà parlé 
de ce Cryptogame dans une note insérée dans l’/nfellectual Observer de 1862, 
par M. Berkeley, d’après des renseignements fournis par M. le docteur H. 
Vandyke Carter et par M. H.-J. Carter. Des notes ont également été publiées 
sur ce Champignon par M. Vandyke Carter dans les Transactions de la Société 
médicale et physique de Bombay, nouvelle série, 1861, n° 6, p. 104, 1862, 
n? 7, p. 206, et 1863, n° 8, appendix, p. XXVI ; et par M. H.-J. Carter dans 
la méme publication, 1862, n° 7, appendix, p. i, et dans les Annals and 
Magazine of natural History, vol. 1x, juin 1862, pp. 442 et 445. D'après 
les observateurs de l'Inde, ce Champignon, qu'ils ont nommé Mycetoma, pré- 
` sente plusieurs sortes de fructifications; M. Berkeley a confirmé d'une ma- 
nière générale l'exactitude de leurs observations. Les rameaux qui constituent 
le mycélium de ce Champignon, lorsque le moment de la reproduction arrive, 
portent, soit à leurs extrémités, soit au confluent de deux ou trois articles, des 
vésicules où se développent les spores, tantôt immédiatement, tantôt dans des 
vésicules de seconde formation. Quelquefois, au lieu de spores globuleuses, ce 
sont des myriades de corps fusiformes qui se développent dans ces vésicules. 
Parfois leur surface est couverte par des ramifications du mycélium, comme 
celle des anthéridies du Saprolegnia monoica Pringsh. , et celle des anthéridies 
figurées par M. Hofmeister chez les Truffes. M. Berkeley fait observer que, 
par plusieurs de ses caractères, le Chionyphe se rapproche des Sagrolegnia, 
qu'il ne paratt pas disposé à classer parmi les Algues, comme le font la plupart 
des auteurs. | 

Le mémoire de M. Berkeley est suivi d'une lettre de M. H.-J. Carter, d'où 
nous avons extrait quelques-uns des détails précédents. 


10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Supplementum Sylloges flore europee ; auctore C.-F. 
Nyman. In-A?, vr et 78 p. OErebroz, 1865, sumptu et typis N. M. Lindh. 


En lisant l'énumération des Auctores ultra citati, par laquelle s'ouvre ce 
supplément, on reconnait que de nombreuses additions ont été faites par 
M. Nyman à son Sylloge, qui porte, comme on sait, la date de 1854-55. Plu- 
sieurs travaux qui lui avaient échappé ont été recensés et dépouillés par lui. 
Mais la partie la plus importante de ce supplément parait, au premier coup 
d'oeil, relative à la flore de France, puisqu'elle concerne les publications de 
MM. Baillet et Timbal-Lagrave, J. Ball, Billot, Boreau, Cavalier, Chaboisseau, 
Chaubard, Darracq, Delastre, Des Moulins, Deville, Duchartre, Léon Dufour, 
Dunal, Godron, Grenier, Huet, Jordan, Lange, Lamotte, Malinvaud, Man- 
ceau, de Martrin-Donos, Miégeville, Perrier et Songeon, Personnat, Revel, 
Sauzé et Maillard, F. Schultz et Zetterstedt. Notre Bulletin a fourni à M. Ny- 
man une source importante, fréquemment consultée par lui. 


Panachure des plantes. Causes de son hérédité; par M. Éd. 
Morren (Académie royale de Belgique, classe des sciences, séance du 
h février 1865 ; L'Institut, n° 1652). 


M. Morren considère comme cause principale de l'hérédité de cette ano- 
malie la panachure marginale des feuilles carpellaires, qui se transmettrait 
ainsi par contagion aux jeunes ovules. Il fait apprécier en passant certains 
faits curieux. La panachure, ou plutôt la décoloration qui en est la cause, 
étant un signe d'affaiblissement, il est tout naturel que les végétaux pourvus 
de feuilles panachées ne produisent que très-rarement des fleurs doubles, 
qu'ils aient une croissance plus lente, soient plus sensibles au froid et moins 
floriferes que les autres individus de la méme espèce. M. Schleiden rapporte 
que des Hétres qui avaient été dévastés à leur naissance par des limacons 
donnèrent des feuilles panachées l'année suivante. Dans,la plupart des cas, 
la multiplication des plantes panachées ne peut se faire que par le bouturage, 
le marcottage ou le greffage; point par le semis ; le greffage n'est"méme pas 
toujours un moyen sûr. Il faut affaiblir une plante pour la maintenir pana- 
chée, et prendre soin de supprimer les pousses vertes à mesure qu'elles se 
montrent. 

L'hérédité de la panachure a été observée par M. Morren sur le Barbarea 
vulgaris, le Symphytum officinale, le Borrago officinalis, le Ligusticum 
Levisticum, Y ZEgopodium Podagraria, l'Astrantia media, le Veronica 
madagascariensis et l'lex Aqui folium. Les ouvrages de botanique signalent 
aussi, comme affectées de la même transmission, les variétés panachées des 
Acer Pseudoplatanus, Celtis australis, Alyssum maritimum, Buxus sem- 
pervirens, Salvia officinalis, Pelargonium zonale, Cheiranthus Cheiri, 
Brassica oleracea. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 11 


Dimorphism in the flowers of Monochoria vaginalis 
(Du dimorphisme des fleurs du Monochoria vaginalis); par M. John Kirk 
(Journal of the Linnean Society, 1864, vol. vaut, n° 31, pp. 147-148). 


L'inflorescence ordinaire de cette plante est un épi de 3-4 pouces de long, 
entouré à sa base d'une spathe membraneuse qui s'élève du pétiole engainant 
de la feuille. La seconde forme d'inflorescence consiste en une fleur solitaire, 
presque sessile, produite à la base du pétiole et renfermée dans sa gaine. Le 
Monochoria (Pontederia vaginalis L.) croit dans l'eau ; les fleurs de la pre- 
mière forme s'élévent seules, pendant la floraison, au-dessus du liquide am- 
biant; celles de la seconde, qui y restent enfermées, sont protégées par un 
sac formé par la gaine de la feuille, sac complétement clos, dans lequel 
s'accomplit la fécondation. On n'a pas observé de différence dans l'aptitude à la 
fécondation des deux sortes de fleurs. 


On the individual sterility and eross-impregnation 
of certain speeies of Oncidium "(De la stérilité individuelle 
et de la fécondation croisée de certaines espèces d'Oncidium) ; par 
M. John Scott (Journal of the Linnean Society, A86h, vol. vit, n° 31, 
pp. 162-167). : 


Encore de nouveaux faits à joindre à ceux dont l'habile jardinier d'Édim- 
bourg a enrichi la science. Les espèces sur lesquelles il a expérimenté cette 
fois sont les Oncidium sphacelatum, O. altissimum, O. divaricatum var. 
cupreum, O. graminifolium et O. ornithorhynchum. Premièrement, il a 
fécondé des fleurs d'O. sphacelatum avec les pollinia de l'O. divaricatum var. 
cupreum, et il a obtenu ainsi quatre belles capsules bien pleines, bien remplies 
de graines, dont un cinquième environ étaient pourvues d'embryon. Deuxiè- 
mement, il a appliqué les pollinia de l'O. sphacelatum aux stigmates de six 
fleurs de l'O. graminifolium, et ila obtenu une bonne capsule, dont un quart 
des graines étaient embryonées. L'expérience inverse n'a pas eu de résultats. 
Troisièmement, il a appliqué les pollinia de l'O. sphacelatum sur les stig- 
mates de l'O. ornithorhynchum, et, sur quatre fleurs, il a obtenu une capsule ; 
mais les graines de celle-ci, mal conformées, ne renfermaient aucun em- 
bryon. Il n'a pas réussi non plus en fécondant l'O. sphacelatum par les 
pollinia de l'O. ornithorhynchum. 

Après divers essais également infructueux, M. Scott a fécondé plusieurs 
fleurs de divers pieds d'O, sphacelatum, chacune avec ses propres pollinia, et 
cependant, en aucun cas, il ne s'est développé de capsule. Les seuls signes de 
fécondation donnés parla fleur ont été l'occlusion. de l'orifice stigmatique, 
vingt-quatre heures environ aprés l'application des pollinia, et un flétrissement 
léger du périanthe; M. Scott a constaté par une dissection attentive qu'un 
grand nombre de tubes polliniques avaient pénétré dans le gynécée de la 


12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


plante. De méme l'O. microchilum qui, croisé avec l'O. ornithorhynchum et 
l'O. divaricatum cupreum, ainsi qu'avec lui-même, de fleur à fleur, avait 
toujours donné des capsules fertiles, est demeuré stérile dans des expériences 
répétées, lorsque M. Scott s'est borné à féconder le stigmate par les pol- 
linia de la méme fleur. 


Cladoniæ Acharianze; par M. Eug. Coemans (Académie de Belgique, 
classe des sciences, séance du 44 janvier 1865 ; Z Institut, n° 1648). 


M. Coemans a profité d'un voyage qu'il a fait dansle courant de l'été 1864, 
en Suède et en Finlande, pour examiner l'herbier d'Acharius, qui est. con- 
servé à l'Université d'Helsingfors., Il a comparé aussi les échantillons de 
Délise qui se trouvent dans l'herbier du Muséum de Paris, et l'herbier de 
Flerke qu'il a découvert à Rostock. Le but que s'est proposé M. Coemans, 
dans cette notice, est de fixer la synonymie entre les espèces et les différentes 
variétés de ces diflérents auteurs, de simplifier la nomenclature en proposant 
la suppression d'un grand nombre de variétés inutiles, enfin d'émettre quel- 
ques idées nouvelles sur un certain nombre d'espèces de ce genre. Il espère 
que cette notice, comme celles qu'il compte publier sur les Cladonia de 
Délise et sur celles de Floerke, pourront servir de prodrome à une nouvelle 
monographie du genre Cladonia, qu'il se propose de publier ultérieurement. 
Elle contient des notes critiques sur 42 espèces de Cladonia. 

Dans son mémoire, M. Coemans dit que, quand il se rendit à la fin. de 
l'été dernier à Schwerin, il avait espéré qu'il y trouverait l'herbier du célébre 
Tode, qui lui aurait été, croyait-il, fort utile pour ses recherches sur les Mu- 
corinées. Grand fut son désappointement lorsqu'il apprit que Tode, peu de 
temps avant sa mort, avait fait précipiter son herbier, ses manuscrits et ses 
dessins dans les profondeurs du lac de Schwerin. IL fallut partir en se con- 
tentant de jeter un triste regard sur le gouffre qui avait englouti tant de 
richesses. 


On a new genus of Moracew, from Sumatra and Singa- 
pore (Sur un nouveau genre de la famille des Morées, de Sumatra et 
de Singapore); par M. Salpiz Kurz (Journal of the Linnean Society, 186A, 
vol. VIT, pp. 167-169); avec une note de M. T. Anderson et une planche. 


Le Sloetia Siderozylon,' nom sous lequel MM. Teysmann ét Binnendijk 
ont désigné (Tydschrift voor Nederlandsch Indie, 1863) un arbre de l'Inde 
hollandaise dont le bois est remarquable par sa dureté, sans le décrire, a été 
d'abord désigné sous le nom d'Artocarpus elongata par M. Miquel, dans le 
supplément au Flora Indic batave, p. 419. L'auteur le caractérise de la 
maniere suivante : 

Sloetia 'Teysm. et Binn. — Flores monoici, peltato-bracteolati, amentacei. 
cf. Perigonium 3-lobum, æstivatione valvatum ; stamina 3 ; pistilli rudimen- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 13 


tum nullum ; filamenta incumbentia, elastice exsilentia. 9. Perigonium 4- 
fidum; lacinie biseriales, interiores exterioribus! paulo minores; ovarium 
sessile, ovulo pendulo parieti styligero affixo; stylus subterminalis, brevius- 
culus; stigmata 2, longissima, pubera. Achænium perigonio paulo indures- 
cente inclusum, dein elastice injectum. 

Genus Artocarpearum prope Zoxotrophin inserendum, crescens in silvis 
Sumatra, in prov. Palembang; in Padung prope Sumut et ad littora prope 
Siboga ; in insula Singapora. 


Notes on the sterility and hybridization of certain 
species of Passifloru, Disemma and Tacsonia (Notes 
sur la stérilité et l'hybridation de certaines espèces de Passiflora, de 
Disemma ef de Tacsonia); par M. John Scott (Journal of the Linnean 
Society, 186^, vol. virt, n° 31, pp. 197-206). 


M. Scott a obtenu de bonnes graines en fécondant le Passiflora racemosa 
par le P. alata et par le P. caerulea, et même par le Zacsonia mollissima ; 
a contraire, il a échoué en fécondant le P. racemosa par son propre pollen. 
Il a réussi en traitant les stigmates du P. cerulea par le pollen du P. race- 
mosa, et par celui de pieds différents du P. cœærulea, mais il a échoué en 
appliquant sur eux le pollen des mêmes fleurs. Le P. alata s'est conduit à 
peu prés de méme, bien qu'il ait été plus rebelle aux croisements étrangers. 
Le genre Disemma s'est un peu écarté de ces lois. Les Disemma adan- 
toides et coccinea se laissent facilement féconder par leur propre pollen, et 
méme par celui du P. a/ata. On possédait au jardin royal de botanique 
d'Édimbourg des pieds de P. holosericea et de P. Manora remarquables par 
leur stérilité. M. Scott a réussi à provoquer le gonflement de leurs ovaires en 
les fécondant l'un par l'autre, mais il n'a pas obtenu la formation des graines. 
Il a encore fait fructifier le Tacsonia pinnatistipula, qui donnait rarement un 
seul fruit, en le fécondant par le pollen du 7. mollissima; dans l'expérience : 
inverse, il n'a obtenu que le gonflement des ovaires. 


On a peloria and semi-double flower of Ophrys arani- 
fera Huds. (Sur une pélorie et une fleur semi-double d'Ophrys ara- 
nifera Huds.); par M. Maxwell T. Masters (Journal of the Linnean 
Society, 186h, vol. vri, n° 31, pp. 207-211). 


Le mémoire que nous analysons ici offre un intérêt tout particulier en ce 
que M. Masters a pris soin d'y citer un grand nombre d'observations plus ou 
moins analogues à la sienne, dont voici le résumé. Il a rencontré près de 
de Folkestone toute une série d’ Ophrys anomaux ; la fleur dont nous allons 
reproduire la description paraissait réunir la plupart des singularités offertes 
par les autres fleurs. Elle présentait trois sépales,'cinq pétales, quatre gyno- 
stèmes et un ovaire à deux loges avec quatre placentas pariétaux. Les trois 


1^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


sépales ne différaient pas de ceux de la fleur normale; les trois pétales exté- 
rieurs ne différaient pas non plus des pétales normaux, si ce. n'est dans leur 
couleur, car les deux latéraux et supérieurs avaient la même teinte d'un 
pourpre brunâtre que le labelle. Au dedans de ces pétales, à la partie supé- 
rieure de la fleur, était le gynostéme ordinaire, et au cóté opposé, alternant 
avec les pétales déjà mentionnés, deux pétales additionnels labelliformes, dont 
l'un portait une demi-anthère contenant une masse pollinique unique et par- 
faitement formée. Alternant avec le verticille formé par ces trois organes ano- 
maux se trouvaient trois gynostémes, tous en apparence parfaitement formés 
et ne différant du gynostéme ordinaire que par leur taille plus petite. 

L'auteur s'en réfère, pour expliquer la nature de cette pélorie, aux vues 
émises sur la structure de la fleur des Orchidées par M. Darwin ( F'ertiliza- 
tion of Orchids, p. 386). Les deux pétales anomaux représentent des étamines 
modifiées, dont les éléments demeurent ordinairement soudés avec le labelle; et 
quant aux trois autres gynostèmes internes, ils montrent un exemple du déve- 
loppement complet du verticille staminal interne des Orchidées. Pour l'ovaire 
à deux loges, il n'est pas aussi facile à expliquer; à première vue, il parait 
résulter de la fusion de deux pistils, avec suppression de deux placentas, mais 
il parait difficile de rendre compte de la position de ces deux derniers 
organes, 

M. Masters a examiné, au jardin royal de Kew, une fleur de Cattleya 
crispa dans laquelle il y avait trois étamines, la centrale normale, et les deux 
latérales appartenant probablement au verticille staminal interne, mais d'appa- 
rence pétaloide. Dans un Pogonia ophioglossoides, examiné par M. Asa Gray, 
il existait trois labelles, et la colonne était transformée en petits organes péta- 
loides. Les deux labelles extérieurs occupaient précisément la position des deux . 
étamines du verticille extérieur ; dans une des fleurs monstrueuses, deux fila- 
ments représentaient deux étamines du verticille intérieur. 


Ueber die Mechanik der Bewegungen des Protoplasma 
(Sur le mécanisme des mouvements du protoplasma); par M. W. Hof- 
meister (Flora, 1865, n°1, pp. 7-12). 


Ce travail a été communiqué par M. Hofmeister à la réunion des naturalistes 
allemands à Giessen dans l'automne de 1864.— Ce qui caractérise, dit-il, le pro- 
toplasma et le différencie des agrégations ordinaires de corps fluides et visqueux, 
c'est que les molécules s'y déplacent beaucoup plus facilement dans de cer- 
taines directions. En caractérisant le protoplasma comme une substance con- 
tractile, on ne fait pas comprendre mieux la nature de ses mouvements. On a 
coutume de dire que les courants de liquide sont causés par la contraction 
des parties périphériques de la masse protoplasmatique, qui en pousse les par- 
ties intérieures vers les points où la zone périphérique offre lé moins de résis- 
tance, mais on se trouve alors en contradiction avec les faits. Si l'on déter- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 19 


mine le point où prend naissance, dans un plasmodium facile à mettre en 
mouvement, par exemple dans celui d'un Physarum, un courant nouveau, 
on reconnaît facilement que le mouvement se propage toujours à partir du 
centre. Ce n'est pas seulement sur les plasmodiums du Physarum albipes et de 
VZEthalium septicum que M. Hofmeister a fait ces observations, mais aussi, 
quoique plus difficilement, dans les courants des poils caulinaires des Cucur- 
bita et des £'chalium, et dans ceux des poils staminaux du Tradescantia. 1l 
n'est pas moins contraire aux faits d'attribuer les mouvements protoplasma- 
tiques à une expansion de points déterminés de la couche périphérique, qui, 
en se dilatant, attirerait en dehors d'autres parties du protoplasma. En eflet, 
l'auteur a observé sur des masses sphéroidales qui résultent de la désagréga- 
tion du plasmodium des Physarum, conservées sur des plaques de verre, des 
courants alternant dans leur direction à l'intérieur d'un protoplasma d'ailleurs 
immobile, courants tout aussi énergiques, et méme plus rapides et plus larges 
que dans des plasmodiums modifiés dans leur forme. 

Le protoplasma, que l'on a considéré comme contractile, ne se comporte 
point comme le tissu musculaire dans la manière dontjil réagit contre les cx- 
citants. Ébranlement, lésion, décharges électriques, alternances subites de 
températures différentes et voisines des températures extrémes que peut sup- 
porter la végétation, enfin action des poisons, tous ces agents rapprochent la 
forme particuliére prise par le protoplasma de la forme sphérique, en inter- 
rompentles mouvements, et par une action plus longtemps prolongée les arré- 
tent. En méme temps qu'il se rapproche de la forme sphérique, le proto- 
plasma tend à se raccourcir, surtout suivant son plus petit diamétre, ce qui 
offre extérieurement une certaine analogie avec le changement de forme 
résultant de la contraction musculaire. 

Il n'y a qu'un faitrconnu qui fasse exception à la loi suivant laquelle s'exer- 
cent ces influences. Il est offert par la division en deux parties d'un proto- 
plasma, observée sur les poils des Urtica, par le passage de décharges élec- 
triques d'une intensité déterminée (Bruecke) ou par l'action de températures 
élevées (Max Schultze), et dans les poils du Cucurbita (Sachs) et de l Echa- 
lium (Hofmeister), aprés le séjour prolongé de ces plantes dans un espace 
chauffé à 45? C. Mais ceci ne saurait en rien être comparé à la contraction 
musculaire. 

On pourrait déduire de la faculté d'imbibition du protoplasma une appré- 
ciation plus exacte de la nature de ses mouvements. Cette substance, qui 
montre au plus haut degré les propriétés du type colloide, possède de méme 
celle de modifier sous de très-faibles influences, la faculté qu'elle a d'ab- 
sorber et de retenir les liquides aqueux. On sait depuis longtemps avec quelle 
facilité se concrète le protoplasma des cellules vivantes, sous des modifications 
insignifiantes du milieu ambiant. On voit périodiquement diminuer et, au 
contraire, s'accroitre la faculté d'imbibition chez tous les protoplasmas qui 


16 ^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


renferment des vacuoles dites contractiles, soit que ces vacuoles disparaissent 
tout à fait dans leur état de plus faible dilatation, comme chez les Volvocinées, 
les Myxomycétes, etc., soit que seulement leur diamétre diminue, comme 
chez les Closterium, etc. Quand la faculté d'imbibition diminue, une partie 
du liquide aqueux contenu dans l'intérieur de la substance protoplasmatique 
s'en sépare à l'état de gouttelettes sphériques. Si cette diminution continue, 
les gouttelettes grossissent, si la faculté d'imbibition augmente, le protoplasma 
les absorbede nouveau, en partie ou en totalité. La décroissance et l'augmentation 
de cette faculté alternent périodiquement et régulièrement. Dans tous les cas 
observés, la décroissance en est graduelle, l'augmentation subite. La vacuole 
grandit lentement et se rapetisse ou disparait subitement. Il peut se rencon- 
trer plusieurs vacuoles à l'intérieur de la méme masse protoplasmatique ; 
alors leurs battements se succèdent dans un ordre déterminé (Cohn). 

Les particules aqueuses contenues dans un protoplasma formé de molécules 
différentes et douées de facultés d'imbibition différentes se trouvent par consé- 
quent, dans certains cas, expulsées des parties où cette faculté diminue pour 
être violemment portées vers celles où elle augmente : d’où leur mouvement. Il 
peut en résulter fort bien un courant établi à travers toute la masse protoplas- 
matique dans une direction déterminée. La variation, souvent réglée avec 
alternance, de la faculté d'imbibition de cette masse, explique les change- 
ments et le fréquent renversement des courants qu'on y a observés. Il est à 
remarquer que les points de la circonférence du protoplasma où cette faculté 
s'accroit augmentent de volume par l'intussusception du liquide qui s'y porte. 
Les oscillations des cils motiles que portent les spores animés des Myxomy- 
cètes et les spermatozoïdes peuvent être considérées sous le méme point de 
vue. On pourrait les envisager comme des mouvements des cordons de proto- 
plasma produits par des causes analogues, et déterminant le changement de 
volume de certaines parties. 


Beitrng zur Naítnurgeschiehte des Sératiotes aloides 
(Contributions à l'histoire naturelle du Stratiotes aloides) ; par M. Thilo 
Irmisch (Flora, 1865, n. 6, pp. 81-91, avec une planche). 


* Ce n'est pas seulement le Stratiotes qui est étudié dans ce mémoire; les 
figures qui y sont jointes représentent aussi le développement de la végéta- 
tion du Najas major, de l Hydrocharis et du Vallisneria. 

Quand la germination du S/ratiotes commence, le tégument de la graine, 
qui est brun et assez dur, se fend d'abord vers le micropyle; l'enveloppe 
mince et blanchâtre qui revêt immédiatement l'embryon reste dans ce tégu- 
ment, qui tôt ou tard se partage en deux moitiés par la prolongation de la 
fente qui se prolonge à travers le raphé jusqu'à l'extrémité chalazienne. La 
feuille cotylédonaire s'étale sans s'accroitre. d'une manière remarquable en 
épaisseur, et atteint en longueur environ trois quarts de pouce. L'embryon 


^ 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 17 


est déjà vert dans toutes ses parties, alors qu'ilest encore renfermé dans la 
graine, surtout quand celle-ci est restée longtemps dans l’eau. Relativement 
au développement de la coléorrhize , l'auteur a observé, sur le point où elle 
doit apparaitre, soit dans l'intérieur de la graine, soit sur un embryon libre, 
une rangée de cellules allongées à lumière plus étroite que les cellules du 
parenchyme environnant. ll en est de même de la rangée cellulaire qui tra- 
verse longitudinalement le cotylédon. Il n'a pas vu de poils sur les parties 
basilaires de l'embryon, comme il s’en produit sur la racine principale des 
plantes voisines, et en rassemblant toutes les particularités anatomiques qui 
les concernent, on est conduit, dit-il, à regarder ces formations comme pure- 
ment axiles, et à affirmer que la plante est dépourvue de racine principale, 
comme l'est le Ceratophyllum chez les Dicotylédones, 

La plumule présente dans ses diverses parties de fins vaisseaux spi- 
raux ou annulaires, qui n'ont pas d'analogues dans le cotylédon non plus que 
dans l'axe hypocot ylé. 

C'est seulement quelques semaines aprés le commencement de la germi- 
nation que la racine latérale se montre (bien que l'origine en soit indiquée 
sur l'embryon) après avoir causé un soulèvement sur le côté de l'axe hypo- 
cotylé ; elle traverse une large couche du parenchyme de cet organe ; elle est 
filiforme, sans aucune ramification ; l'époque oi elle apparait n'a rien de fixe. 
M. Irmisch l'a toujours vue placée sur l'axe, au-dessous de la partie médiane 
du cotylédon; quand ellea atteint environ la longueur d'un pouce, il se 
montre des poils à sa surface. Il n'apparait pas d'autre racine latérale au-des- 
sous du cotylédon; mais plus tard, dans le cours de la végétation, il s'en 
développe d'autres sur l'axe épicotylé. 

Suivent quelques détails sur la formation des bourgeons dans le Stratiotes 
et l’ Hydrocharis ; l'auteur renvoie sur ces points. à un mémoire publié par 
lui en 1859, dans le Zotanische Zeitung. 


Ueber (Sur le) Campeliæ L.-C. Richard; par M. J.-K. Hasskarl 
(Flora, 1865, n. 7, pp. 97-105). 


Le genre de Commélynées que Louis-Claude Richard a étudié sous le nom 
de Campelia avait été déja établi bien antérieurement, en 1703, par Plumier, 
sous celui de Zanonia. Malgré cela, pour ne pas contrarier un usage adopté 
dans la nomenclature, le savant monographe de la famille des Commélynées 
croit devoir conserver le nom de Campelia pour ce genre. Il en trace une 
nouvelle diagnose extrémement soignée. Cela était d'autant plus nécessaire, que 
les auteurs qui en ont parlé ont eu à leur disposition des matériaux insuffi- 
sants et ont quelquefois tellement différé dans leurs descriptions, que:le fruit 
décrit, par les uns, comme une capsule sèche, est, d’après les autres, une baie 
pulpeuse. M. Hasskarl le caractérise ainsi : Capsula inversa a perigonio interno 

Ip. EIL (REVUE) 2 


18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


emarcido et externo vegeto (nec baccanti!) inclusa, 3-(aborta 2-)locularis, 
3-(abortu 2-)valvis ; valvæ medio septiferae ; pericarpium (in vivo succosum ??) 
membranaceum ; semina in loculis bina superposita, nunc (abortu) solitaria, 
arillo cincta. 

M. Hasskarl décrit huit espèces du genre Campelia : C. glabrata Kunth 
(Forrestia glabrata Hassk.), de Cuba, de Costa-Rica et du Brésil ; C. Fend- 
leri Hassk., du Venezuela (Fendl. exsice. n. 1559); C. scandens Hassk., du 
Pérou ; C. fastigiata Schlecht. (Tradescantia gonatandra Schlecht., Gona- 
tandra tradescantioides Schlecht.), de la Colombie; C. mexicana Mart., 
du Mexique?; C. Zanonia L.-C. Rich. (Commelyna Zanonia L., Trades- 
cantia Zanonia Sw., Zanonia bibracteata Cram.), espèce répandue dans 
l'Amérique tropicale; C. Hoffmanni Hassk., de Costa Rica (Carl. Hoffm. 
exsicc. n. 865), et C. Pseudozanonia Kunth, de la Guayra, de Carácas et 
du Mexique (Botter exs. n. 917, Orizaba). 


Lecideæ adhue quedam europææ novae; exposuit W. Nylan- 
der (Flora, 1864, n. 10, pp. 146-148). 


Nous avons déjà rendu compte d'un*premier travail de M. Nylander sur 
le méme groupe de Lichens. L'importance de celui-ci ne le céde en rien au 
précédent. L'auteur décrit les Zecidea ocelliformis, in Finlandia (Norrlin) 
ad corticem Sorbi aucuparie, L. hypoptella Nyl., in Finlandia media 
(Norrlin) ad lignum A/n? ; L. melænida, ad Perrières supra terram ; L. pra- 
sinoides, ad calcem in valle pyrenaica Campan dicta (Larbalestier) ; L. sepa- 
rabilis, ad corticem Abietis in Finlandia media (Norrlin) ; Z. egenula, ad 
saxa arenaria silvae. Fontainebleau ; L. premneoides Ach., supra muros in 
insula Jersey (Larbalestier) ; Z. diducens, supra saxa feldspathica in insula 
Jersey (Larbalestier) ; L. polyporina, supra pileum Polyport vetusti in Fin- 
landia media (Norrlin) ; Z. plebeja, ad lignum Pini in Finlandia media 
(Norrlin). 

Celles de ces espéces qui ne sont accompagnées d'aucun nom d'auteur 
doivent porter celui de M. Nylander. 


Monographie des Saules de la flore belge et des 
espéees les plas répandues dans les cultures; par 
M. Alfred Wesmael (Mémoire couronné par la fédération des Sociétés 
d'horticulture de Belgique ; Bulletin de la Fédération, 1864, pp. 235- 
393); Gand, 1865. 


M. Wesmacl, après une courte introduction, analyse les travaux publiés 
sur le genre Salix par Hoffmann, Seringe, M. Du Mortier, G. Koch et 
MM. Grenier et Godron. Les caractéres adoptés par M. Du Mortier 
pour différencier les espèces paraissent à l'auteur sujets à très-peu de varia- 
tions. Il entre ensuite dans la description de la famille des Salicinées et du 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 19 


genre Salix. V trace le tableau synoptique des espèces de ce genre d’après la 
feuillaison et d’après la floraison. H les décrit ensuite ‘dans un ordre systéma- 
tique, fondé sur l'androcée qui est pentamére, triandre, diandre et mona- 
delphe ou submonadelphe. La diandrie, qui comprend le plus grand nombre 
des espèces, est subdivisée d’après la couleur des bractéoles et la largeur des 
feuilles. Cette partie est suivie de l'énumération des espèces exclues de la 
flore de Belgique ou à rechercher dans cette flore. Ensuite vient celle des 
hybrides de Salix ; cette partie est la reproduction d'un travail spécial publié 
par l'auteur dans les Bulletins de la Société royale de botanique de Bel- 
gique et déjà analysé dans cette Revue. Des gravures sur bois sont intercalées 
dans le texte pour l'illustration des formes hybrides. Un chapitre intitulé : 
Explication des espèces forestières renferme des détails sur l'exploitation et 
sur l'utilité des Saules. Le mémoire se termine par une table synonymique. 


Eine neue Gardenia vom westlichen Nilarm (Un nouveau 
Gardenia du bras occidental du Nil); par M. Théod. Kotschy (Botanische 
Zeitung, 1865, n° 22, pp. 173-174, avec une planche). 


Gardenia (Ternifoliæ) Tinnæa Kotschy et Heuglin. — Humilis, inermis, 
subsimplex, erecta, foliis ternis, ovato-oblongis, obovatis v. spathulatis, flore 
solitario subterminali, involucro brevi cincto, calyce laciniis lanceolato-linea- 
ribus coronato, corolla hypocraterimorpha tubo longe exserto, bacca sphærica 
exsucca, loculis fertilibus incompletis, sterilibus circumpositis sex. 

In Africa centrali per plagas occidentales fluminis Dahr Gasul prope Bongo 
ad confinia regni Fertit legerunt Alexandrina Tinne et Heuglin, nov. 1863. 

Proxima Gardenic ternifoliæ Schum. et Tonn., qua differt ramis diva- 
ricatis crassis farinaceo-cinereis ; perianthii dentibus parvis, corolla ochraceo- 
flava, tubo corollino calyce quadruplo longiore; stylo filiformi, pericarpio 
ovali magnitudine ovi anserini punctis verrucosis cinereis adsperso, semine 
nitido. 


On the british Arctic (Sur les espèces anglaises du genre Arctium); 
par M. G.-C. Babington (The Annals and Magazine of natural history, 
janvier 1865, pp. 1-11). 

L'auteur étudie cinq espèces du genre Arctium, dontjvoici, d’après lui la 
diagnose et la synonymie : 

1. A. tomentosum Schkr Handb. 111, 49, tab. 227. Pers. Syn. 11, 383. 
A. Lappa Fl. dan. tab. 652. Sv. bot. tab. 63. A. Bardana Willd. Sp. pl. 
ni, 1632. Lappa tomentosa Lam. Fl. fr. ed. 1, 11, 37. DC. Prod. vi, 661. 
Rch. Ze. germ. et helv. xv, tab. 80. L. major ex omni parte minor capitulis 
parvis eleganter reticulatis Dill. in Raï Syn. ed. 3, 197. Bardana capite ara- 
neoso; Cobweb-headed Burdock Pet. Engl. pl. tab. 23, f. 6. — Inflorescentia 
corymbosa, capitulis pedunculatis arachnoideis, squamis involucri foliis brevio- 


20 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


ribus, parte superiore corolie glandulosa ad basin ventricosa sub dentibus 
constricta tubum ejus æquante, tubo corollæ ad basin fructus latitudinem 
subæquante, petiolis fistulosis, foliis radicalibus cordato-ovatis subintegris api- 
culato-dentatis. 

2. A. majus Schkr Handb. 111, 49. Fries Nov. 26h. A. Lappa Willd. 
Sp. pl. 111, 1631. A. tomentosum Bab. in Ann. mat. hist. ser. 2, XVII, 
371 ; Man. br. bot. ed. 4, 18h. Lappa major Gærtn. Fruct. 11, 379, tab. 
162. DC. Prod. vi, 661. L. officinalis Rchb. Icon. fl. germ. xv, 5h, tab. 
81. Bardana vulgaris ; Burdock Pet. Engl. pl. tab. 23, f. 4. — Inflores- 
centia late subcorymbosa, capitulis pedunculatis glabris vel subglabris (maxi- 
mis), squamis involucri flores subæquantibus, parte superiore corolle quam 
tubus ejus multo breviore campanulata glabra ad basin attenuata sub dentibus 
nunquam constricta, tubo coroll undique fructu multo angustiore, petiolis 
farctis, foliis radicalibus cordatis subintegris apiculato-dentatis. 

3. A. intermedium Lange Dansk. Fl. ed. 1, n. 1000. A. pubens Bab. in 
Ann. nat. hist. ser. 2, xvit, 376. Man. br. bot. ed. ^, 185. Lappa inter- 
media Rchb. Zc. fl. germ. Xv, 5h, tab. 81. Fl. dan. tab. 2663. — Inflo- 
rescentia racemoso-pyramidali, capitulis arachnoideis inferioribus longe pedun- 
culatis summis subsessilibus, squamis involucri flores æquantibus, parte 
superiore corolle tubo, ejus subæquali campanulata ad basin attenuata sub 
dentibus nunquam constricta glabra, tubo corolla undique fructu multo 
angustiore, petiolis fistulosis, foliis radicalibus cordatis grosse crenatis, crenis 
apiculatis. 

h. A. nemorosum Lej Compend. fle belg. Yu, 129. A. intermedium 
Bab. Ann. nat. hist. ser. 2, XVII, 374; Man. br. bot. ed. h, 484. — Inflo- 
rescentia spicato-racemosa, capitulis subsessilibus arachnoideis, squamis invo- 
lucri flores æquantibus, parte superiore corollae tubo ejus subæquali subcy- 
lindrica sub dentibus nunquam constricta, glabra, tubo corollæ undique fructu 
multo angustiore, petiolis fistulosis, foliis radicalibus cordato-oblongis ovatis 
subconvolutis grosse crenatis, crenis apiculatis. 

5. A. minus Schkr Handb. 1u, 49. Fr. Nov. 263. A. Lappa a L. Fl. 
suec. ed. 2, 277 (teste Fries). A. Zappa Curt. [F7. lond. 11, 173 (fasc. 1v, 
55). Woodv. Med. bot. tab. 15. Lappa minor DC. Fl. fr. 1v, 17; Prod. 
vi, 661. Fl. dan. tab. 2662. Bardana capite minore ; Small-headed Bur- 
dock Pet. Engl. pl. tab. 23, f. 3. — Inflorescentia racemosa, capitulis brevi- 
pedunculatis arachnoideis (parvis), squamis involucri floribus brevioribus, 
parte superiori corollae tubo ejus subæquali subcylindrica ad basin attenuata 
sub dentibus;nunquam constricta glabra, tubo corollæ ad basin fructu multo 
angustiore, petiolis fistulosis, foliis radicalibus cordato-prolongis grosse den- 
tatis dentibus apiculatis. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 21 


Notices of british Fungi (Notes sur les Champignons d'Anglc- 
terre); par le rév. M.-J. Berkeley et M. C.-E. Broome (Annals and 
magazine of natural history, avril 1865, pp. 312-332, avec cinq 
planches; mai, pp. 400-404). 


Un grand nombre de Champignons déjà conuus et nouvellement décou- 
verts en Angleterre ont fourni aux auteurs le sujet de notes spéciales. 
Plusieurs espèces nouvelles sont, en outre, décrites dans leur travail : ce sont 
les Agaricus (Eccilia) carnco-griseus, A. (Hebeloma) euthelus, A. (Psal- 
liota) elvensis, Coprinus similis, Boletus variecolor, Polyporus (Resu- 
pinati) Gordoniensis, Telephora multizosata, Sporidesmium abruptum, 
Fusarium heteronema, Acrothecium delicatulum, OEdocephalum læticolor. 


On the gland of the phyllodium of Acacia magnifice 
De la glande du phyllode de lA. magnifica); par le rév. W.-A. Leighton 
(Annals and Magazine of natural history, juillet 1865, pp. 12-15). 


Sur le cóté supérieur des phyllodes verticaux de l'aisselle desquels sortent 
les épis de fleurs jaunes, il apparait une goutte de.liquide transparent, douce 
et sucrée au goût. Cette sécrétion s'échappe du phyllode par un petit orifice 
linéaire-oblong enfoncé et entouré d’un rebord, au niveau duquel la partie 
basilaire du phyllode est dilatée dans son ensemble. En faisant une coupe 
verticale du phyllode au niveau de cet orifice, on trouve extérieurement un 
épiderme, une couche parenchymateuse, d'abord verte, puis blanche ; la glande 
quise trouve au centre est formée d'un tissu plus dense, à cellules plus 
petites, blanc à la périphérie de la glande et jaune dans le centre, d'où part 
une fente aboutissant à l'orifice extérieur. Du cóté oppose à l'orifice, la glande 
repose sur un faisceau vasculaire. « 


De Lathrææ generis positione systematiea. Dissertatio 
inauguralis botanica quam consensu et auctoritate amplissimi philosophorum 
ordinis in alma litterarum universitate Frederica-Guilelma ad summos in 
philosophia honores rite capessendos die XVI m. Martii a. MDCCCLXV 
publice defendet auctor Hermannus Comes in Solms-Laubach. Petit in-8? 
de 42 pages. Berolini, typis Cr. Schade; pr. 4 fr. 35 cent. 


Cette thèse est dédiée à M. De Bary. Elle est divisée en plusieurs chapitres, 
intitulés : 4. De Orobancharum caulium anatome. 2. De Orobancharum evo- 
lutione. 3. De Orobancharum prolium successione et morphologia. ^. De 
ceterorum Orobanchacearum generum anatome. 5. De Lathræarum prolium 
successione et morphologia. 6. De Lathrearum prolium anatome. 8. De 
Lathraearum phylladum structura et evolutione. 9. De 7ozzia. 10. De reli- 
quis Rhinanthaceis. 

L'auteur pense que, par sa structure anatomique et par divers caractères, 


92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


le Lathræa s'éloigne des Orobanches et doit être placé parmi les Rhinan- 
thacées, malgré son ovaire uniloculaire. A ce propos, il fait observer que la 
valeur taxonomique de ce caractere diminue beaucoup, quand on réfléchit que 
l'ovaire uniloculaire devient très-facilement biloculaire, pour peu que ses 
placentas se soudent sur la ligne médiane. Ces deux modifications organiques 
se rencontrent dans l’Æyobanches, qui est rapporté par les uns aux Oroban- 
chées, et par les autres aux Scrofulariées. Les Rhinanthacées, qui se divisent 
en trois groupes : Mélampyrées, Tozziées et Clandestinées, se rapprochent des 
Scrofulariées, tandis que les Orobanches sont plus voisines des Gesnériacées. 


Des Champignons au point de vue de leurs caractères 
usuels, chimiques et toxicologiques ; par M. Émile Boudier. 
Mémoire couronné par l'Académie impériale de médecine de Paris (Prix 
Orfila). In-8° de 131 pages, avec deux planches dessinées par l'auteur et 
gravées par Faguet. Paris, chez J.-B. Baillière et fils, 1866. 


Ce mémoire est divisé en cinq chapitres. 

Le premier contient l'exposé des connaissances des anciens sur la nature 
des Champignons, les moyens qu'ils croyaient pouvoir donner pour la distinc- 
tion des bonnes et des mauvaises espèces; ceux qu'on a indiqués depuis eux 
jusqu'à nos jours, et ce que peuvent fournir les connaissances actuelles sur 
ce point. 

Le second comprend des recherches sur l'influence du climat, de l'expo- 
sition, du sol, de la culture, de l'apprét, soit par rapport à leurs effets nuisi- 
bles, soit par rapport à leurs qualités comestibles. 

Le troisiéme, leur étude chimique et toxicologique. C'est dans ce chapitre 

que sont renfermées la plupart des observations originales de l'auteur. H s'est 
imposé comme règle, dans ses analyses, de n'agir que sur une seule espèce 
à la fois, et de ne prendre que des Champignons en bon état et non piqués ou 
corrompus, afin de ne pas fausser ses résultats et de ne pas présenter comme 
composées de matières azotées des substances qui auraient emprunté leur 
azote aux milliers de larves qui abondent si souvent dans les Champignons, 
bons ou mauvais. On voit par les analyses de l'auteur que ces végétaux, quoi- 
que fort analogues par leur composition, different néanmoins assez sensible- 
ment. Il a pu obtenir et différencier d'une maniére assez certaine quelques 
produits chimiques qu'il présente comme nouveaux. Il s'est. étendu à dessein 
sur les manipulations chimiques auxquelles il s'est livré, afin qu'on püt répéter 
plus facilement ses expériences. Dans ses recherches des poisons, il n'est arrivé 
que tardivement à quelque chose de concluant, la découverte (dans l’ Amanita 
bulbosa) d'un alcaloide différant de l'amanitine par des caracteres bien: tran- 
chés. Malheureusement, la petite quantité qu'il lui a été possible d'en obtenir 
ne lui a pas permis de l'étudier plus complétement. Dans l' Amanita muscaria, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 28 


il n'a isolé aucun principe, mais ses analyses lui donnent les plus fortes pré- 
somptions de croire encore à un alcaloïde différent. Cependant, il a pu mon- 
trer la possibilité de retrouver, dans la majorité des cas et avec un certain 
degré de certitude, dans les matiéres vomies ou méme dans les selles, l'es- 
pèce ou au moins la section à laquelle le Champignon appartient. Nous 
devons signaler encore dans ce chapitre des recherches sur le suc laiteux des 
Lactaires. On doit toujours, dit l'auteur, regarder ce suc comme un liquide 
albumineux qui tient en suspension des résines solides ou fluides à un degré 
de division extrême, degré qui influe d'une manière remarquable sur l'àcreté 
du liquide. 

Le quatrième chapitre énumère les moyens d'enlever les principes véné- 
neux des Champignons, et, de plus, les recherches faites par l'auteur sur les 
modifications que subissent ces principes pendant ces opérations. 

Enfin, le cinquième chapitre traite de l'action que les Champignons exer- 
cent sur nos organes, et des moyens curatifs les plus propres à employer 
contre eux. 


Les fleurs de pleine terre, comprenant la description et la culture 
des fleurs annuelles vivaces et bulbeuses de pleine terre, suivies de classe- 
ments divers indiquant l'emploi de ces plantes et l'époque de leur flo- 
raison, de plans de jardins, avec des exemples de leur ornementation en 
divers genres, etc., par Vilmorin-Andrieux et Ci*, Deuxième édition, in-18 
jésus, 1296 pages. Paris, 1866. 


L'accueil favorable qui a été fait par le public à la premiere édition de cet 
utile ouvrage nous engage à donner ici quelques détails sur cette deuxième édi- 
tion. La plus saillante des améliorations qui y ont été introduites est le chan- 
gement de format. En outre, les auteurs ont profité de nouvelles lectures et 
de l'expérience acquise dans certaines cultures pour faire des changements 
qui, pour n'être pas trés-apparents, sont assez nombreux; ils ont encore 
ajouté quelques plantes qui avaient été introduites dans la culture depuis la 
premiere publication ou qui y avaient été omises. Le goût des aquariums et 
des rocailles devenant chaque jour plus général, ils ont cru utile de donner 
plus de développement à l'article P/antes aquatiques et d'ajouter un nouveau 
chapitre : Fougeraie, en l'accompagnant d'une liste plus étendue de Fou- 
gères de choix pour la pleine terre. Enfin, ils ont mentionné dans une liste 
spéciale les noms des principales plantes de serre, dont les descriptions et la 
culture n'ont pu entrer dans le cadre de cet ouvrage, et qui sont employées 
communément pour la décoration des squares et des principaux jardins. Ils 
ont cité aussi, dans la seconde partie du livre, un grand nombre d'exemples 
d'ornementation pour les jardins, combinés d’après la hauteur, le port des 
plantes et le contraste des couleurs de leurs fleurs ou de leurs feuilles. 

Comme complément naturel de cet ouvrage, la maison Vilmorin s'occupe 


9^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de faire dessiner et graver dans des dimensions réduites, mais suffisantes pour 
en bien faire connaitre l'aspect, une plante au moins de chacun des genres 
renfermés dans cet ouvrage; et méme les genres renfermant de nombreuses 
espèces y seront représentés par autant de sujets qu'il sera nécessaire, lorsque 
des espèces d'un méme genre présenteront entre elles de grandes différences. 
Ce recueil formera un atlas de 800 figures environ. 


Ueber (Sur 1c) Zepélothréx buccalis ; par M. Ernest Hallier 
(Botanische Zeitung, 1865, n. 23, pp. 181-183, avec figures). 


L'auteur se croit autorisé à conclure de ses nombreuses observations que 
l'Algue filiforme de la bouche décrite par M. Ch. Robin sous le nom de 
Leptothrix buccalis n’est que le résultat de la germination des spores du Pe- 
nicilltum crustaceum, qu'il a rencontrées trés-souvent dans la bouche, no- 
tamment dans des cas de diphthérite. Il a rencontré en grande quantité les 
mêmes spores et le méme Cryptogame dans les fécès. 


Untersuchung fossiler Zellenpfianzezn (Sur des plantes cellu- 
laires fossiles); par M. Ernest Hallier (Botanische Zeitung, 1865, n. 24, 
pp. 189-191, avec figures). 


C'est une chose surprenante que de trouver dans l'intérieur de gros blocs 
de grés des empreintes de Champignons ou de racines de végétaux. On peut 
alors douter de l'état fossile des productions observées, et penser qu'elles ont 
pu s'introduire du dehors; mais il y a des moyens de trancher la question. 
Le Champignon pétrifié se rompt à volonté, n'importe sur quel point, avec 
une cassure nette, tandis que les plantes cellulaires desséchées, quand leur 
stroma se brise, tombent en poussière ou ne se séparent qu'à certaines arti- 
ticulations de leur tissu. D'ailleurs celles-ci, à l'état fossile, conservent géné- 
ralement leur coloration. 

M. Hallier a déjà signalé l'existence de Champignons fossiles qu'il décrit 
aujourd'hui avec plus de détails. Il pense que ces Cryptogames appartiennent 
à la division des Urédinées. Il les décrit sous le nom générique de Fungites. 
Le F. apoldensisa été rencontré sur des fragments de feuilles de Cycadées ; 
le F. Tœchianus sur des écailles de poissons qui se trouvaient entre de nom- 
breux fragments de végétaux dicotylés et monocotylés. 


Einige Bemerkungen in Betreff meiner ucher Gefæss- 
buendelbildung geæusserten Ansichten (Quelques remar- 
ques à l'égard des vues que j'ai émises sur la formation des faisceau 
fibro-vasculaires); par M. Carl Sanio (Botanische Zeitung, nn. 91-25, 
pp. 165-172, 174-180, 184-187, 191-193, 197-200). 


M. Sanio résume ainsi lui-même les résultats acquis par ses travaux, relati- 
vement à la constitution de l'axe caulinaire muni d'une moelle. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 25 


A. Dans une catégorie de végétaux, les faisceaux vasculaires destinés aux 
feuilles apparaissent, lors de leur première formation, extérieurement aux 
faisceaux déjà existants. 

4. Alors, tantôt la zone d'accroissement se transforme, après la naissance 
des faisceaux vasculaires, en une gaine extérieure formée de cellules libéri- 
formes. Ici se placent les Monocotylédones à faisceaux épars, par exemple 
les Ruscus, et parmi les Dicotylédones, les Diphylléiacées, plusieurs Papavé- 
` racées, les Thalictrum. 

2. Tantôt la zone d'accroissement persiste ultérieurement, s'enforcit et 
produit un faux anneau ligneux (Dracénées, Nyctaginées, Amarantacées). 

B. Dans une autre catégorie, les faisceaux vasculaires de nouvelle formation 
se placent dans les intervalles qui séparent les faisceaux déjà existants; on ob- 
serve dans cette catégorie les modifications I et II. 

J. Toutes les cellules de la zone d'accroissement sont employées sur les 
points convenables à la production des faisceaux de cambium, et il n'en per- 
siste aucune trace sous ces faisceaux. 

1. Alors, tantôt les faisceaux manquent au voisinage de la moelle. Ici se pla- 
cent le plus grand nombre des Dicotylédones. On peut, en outre, distinguer 
les faisceaux vasculaires qui se composent seulement de bois primaire (aucun 
exemple connu), ceux chez lesquels il se produit, par le moyen d'une bande 
longitudinale de cambium, du bois secondaire; et enfin ceux chez lesquels il 
nait une zone ligneuse fermée par un anneau cambial également fermé. Des 
distinctions ultérieures se tirent de la constitution du tissu interfasciculaire, 
selon qu'il est à l'état de parenchyme ou à celui de prosenchyme, ainsi que 
de l'absence ou la présence des rayons primaires et de la composition des 
faisceaux. Chez le Tecoma, il se développe souvent deux anneaux de 
cambium. 

2. Tantôt il existe des faisceaux au voisinage dela moelle (Pipéracées, Bégo- 
niacées, Ombelliféres, Araliacées, Mélastomacées). Dans le Cucumis sativus, 
trés-anomal, les faisceaux vasculaires se produisent sans zone d'accroissement, 
et celle-ci, qui se transforme plus tard en une gaine extérieure libériforme, ne 
donne naissance qu'à des faisceaux de tissu cambiforme. 

II. 1l persiste sous la zone des faisceaux vasculaires une partie de la zone 
d'accroissement, qui reste telle quelle. 

1. Alors, tantót celle-ci se transforme en totalité ou en partie en une gaine 
extérieure libériforme, qui sépare nettement l'écorce de la zone des faisceaux 
vasculaires. Là se placent les Berberis vulgaris, Aristolochia Sipho, Plantago 
major, P. media, P. lanceolata, Trientalis europea, plusieurs Chénopodiacées 
(Hablitzia tamnoides, Boussingaultia baselloides, A gathophytum Bonus Hen- 
ricus), les Caryophyllées (Scleranthus annuus, Arenaria serpyllifolia, Ma- 
lachium aquaticum, Stellaria media, St. graminea, St. holostea; Agro- 
stemma Flos cuculi, Silene inflata, Lychnis alba, etc. ). 


26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


2, Tantôt la zone d'accroissement produit, sous les faisceaux vasculaires, un 
anneau de faux bois. 

àa. Les faisceaux vasculaires manquent au voisinage de la moelle. Là se 
placent la plupart des Chénopodiacées, le Cocculus, le Cycas, et le Phyto- 
lacea dioica. 

(. Il existe des faisceaux au voisinage de la moelle. Ici peut-être l’ Z'nce- 
phalartos. 

M. Sanio termine son mémoire en réfutant les observations que M. Caspary 
a faites sur les organes nommés trachéides par l'auteur dans un mémoire 
antérieur. 


Handbuch der physiologischen Botanik (Manuel de physio- 
logie végétale); publié par M. W. Hofmeister, en collaboration avec MM. A. 
De Bary, Th. Irmisch, N. Pringsheim et J. Sachs. Quatrième partie: Traité 
de physiologie expérimentale des végétaux, par M. J. Sachs; in-8° de 514 
pages, avec 50 gravures sur bois. Leipzig, chez W. Engelmann, 1865. 
Prix : 13 fr. 75 c. 


La quatrième partie de cet ouvrage parait la première. Voici, d’après une 
introduction signée de l'éditeur, quels travaux il doit renfermer : 


Are partie. — Théorie de la cellule végétale, par M. Hofmeister. 

Morphologie générale des organes végétatifs, par le méme. 

Théorie de l'évolution des bourgeons, par M. Th. Irmisch. 

Anatomie des organes de végétation des plantes vasculaires, par M. De 
Bary. 

2* partie. — Morphologie et physiologie des Champignons et des Lichens, 
par M. A. De Bary. 

Morphologie et physiologie des Algues, par M. N. Pringsheim. 

Morphologie et physiologie des Muscinées et des Cryptogames vasculaires, 
par M. Hofmeister. 

3° partie, — Reproduction des Phanérogames, par M. Hofmeister. 


L'ouvrage entier doit être publié à la fin de l’année 1866. Comme on peut en 
juger d’après cette annonce, plusieurs de ses parties consisteront dans la 
réimpression de travaux antérieurs, qui rentreront dans le cadre de la publica- 
tion nouvelle, 

On n'attend pas de nous que nous fassions l'analyse du volumineux tome que 
nous avons sous les yeux. On connait assez, par cette Revue méme, la direc- 
tion des travaux de M. J. Sachs pour préjuger la nature originale d'un livre 
consacré par lui à la physiologie végétale, et l'érudition bien connue de ce sa- 
vant prouve d'avance que son travail doit étre comme un résumé encyclopé- 
dique, dont la science avait grand besoin, de tous les travaux publiés en Alle- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 27 


magne dans ces vingt dernières années sur la physiologie végétale. Aussi 
pouvons-nous nous borner à indiquer seulement les tétes de chapitre qui en 
forment les divisions principales. Il débute par l'étude de l'influence des agents 
physiques sur la vie des plantes : la lumière, la chaleur, l'électricité et la 
pesanteur. Vient ensuite l'étude des éléments nourriciers des plantes, de leur 
absorption, des courants d’eau et d'air qui traversent le végétal, de sa respira- 
tion, des métamorphoses de ses éléments constituants, de sa structure molécu- 
laire, et enfin de la dilatation de ses tissus, et des phénomènes de mouvement 
qu'il peut présenter. 


Enumeratio plantarum in regionibus cis- et transi- 
liensibus a el, Semenowio anno 1857 colleetfarum ; auc- 
toribus E. Regel et F. ab Herder (Bulletin de la Société des naturalistes 
de Moscou, 186^, n. 11, pp. 383-425, avec une planche). 


Ce travail, qui sera peut-étre continué, ne renferme que l'énumération des 
Renonculacées, Berbéridées, Papavéracées, Fumariacées et Cruciféres. Le 
Corydalis Semenowii est la seule espèce nouvelle qui y soit décrite, sur les 
120 qui y sont mentionnées. Mais on y trouve des renseignements fort intéres- 
sants pour la géographie botanique. 

Dans le voyage qu'il a exécuté en 1857 dans l'Asie centrale, M. Séménow a 
parcouru trois grandes régions : l’Alatau de la Songarie, l'Alatau qui s'élève 
de chaque côté de lUi, et la chaine du Thian-Shan, qui sépare les dépressions 
d'Issyk-kul de l'empire chinois dont elle forme la frontière. Alatau signifie, 
dans le dialecte du pays, montagnes bigarrées, Ces montagnes atteignent dans 
certains endroits une altitude considéfable, et l'on a pu y distinguer six zones 
de végétation : 1? La zone des steppes, au sud du lac Balkasch, qui porte tout 
à fait le caractère de la flore des bas-fonds étendus de la mer Caspienne à la 

‘mer d'Aral, par ses Chénopodiacées, ses Artemisia, ses Astragales, ses Tama- 
riscinées, etc. 2° La zone cultivée, qui comprend de beaux pâturages, et qui a 
une grande analogie avec les champs de la Russie d'Europe et de la Sibérie oc- 
cidentale; on y rencontre quelques formes essentiellement asiatiques, comme 
le Sophora alopecuroides, le Rheum palmatum, etc. 3° La zone des Coni- 
feres, qui ne se rencontre pas sur tous les points, et qui renferme de riches 
provisions de bois de charpente; l'arbre caractéristique de cette région est le 
Pinus Schrenkiana ; on y rencontre aussi les Populus tremula et suaveolens, 
le Betula microphylla, e Sorbus aucuparia et quelques espèces de Salix. 
^? La zone des prairies alpines, qui renferme quelques arbustes, tels que le 
Juniperus Pseudosabina, le Caragana jubata, quelques espèces de Spiræa 
et de Potentilla ; les espèces de Graminées qui s’y rencontrent ne lui sont pas 
toutes particulières; elles appartiennent aussi aux régions de l'Altai, du 
Caucase, de l'Himalaya et aux montagnes de l'Europe. 5? La zone des gla- 


28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

ciers, où l'on remarque l'Orygraphis glacialis, Y Hegemone lilacina, le 
Ranunculus altaicus var. fraternus, les Draba pilosa, stellata, etc. 6° La 
zone des neiges perpétuelles. | 


Bemerkungen ueber dic wichtigsten Bæume, Strœu- 
cher und Stauden des k, botanischen Gartens in 
St.-Petcrsburg und der $S(.Petersburger Plora, 
mit Ruecksicht zuf ihre periodische Entwickelung 
(Remarques sur les arbres, arbrisseaux et plantes vivaces les plus im- 
portants du jardin botanique de Saint-Pétersbourg et de la flore de ce 
pays, avec des détails sur leur développement périodique); par M. Ferdi- 
nand de Herder (Bulletin de la Société des naturalistes de Moscou, 1864, 
n. Il, pp. 241-293, n. 1v, pp. 356-437). 


On se rappelle que notre regretté confrère M. J. Gay a noté pendant une 
trentaine d'années l'époque à laquelle s'épanouissaient, à chaque printemps, les 
Lilas des parterres du Luxembourg. M. de Herder a fait des observations ana- 
logues, à Saint-Pétersbourg, pour une période qui s'étend de 1852 à 1863, 
sur plusieurs espèces qui sont les suivantes : Acer eriocarpum Mich., A. pla- 
tanoides L., A. tataricum L., Æsculus Hippocastanum L. , Alchemilla vul- 
garis, Alnus fruticosa Rupr., A. incana Willd., Amelanchier Botryapium 
DC., Anemone nemorosa L., A. ranunculoides L., Antennaria diæċa Gærtn., 
Berberis vulgaris L., Betula alba L., B. carpinifolia Ehrh., 2, humilis 
Schrank, B. latifolia Tausch, Caltha palustris L., Calyptrostigma Midden- 
dorffianum Trautw. et Mey., Caragana arborescens Lam. , C. frutescens DC., 
C. jubata Poir., Chrysosplenium alternifolium L., Convallaria majalis L., 
Cornus alba L., Corydalis angustifolia DC., C. bracteata Pers., C. bulbosa 
Fisch. et Mey., Corylus Avellana L., Cotoneaster vulgaris Lindl. , Cratægus 
coccinea L., C. punctata Ait., C. sanguinea Pall., C. subvillosa Schrad., 
Crocus vernus All., Cytisus ratisbonnensis Schæff., Elæagnùs argentea 
Pursh, Erythronium Dens canis L., Evonymus europæus L., Ficaria ra- 
nunculoides DC., Fragaria vesca L., Fraxinus excelsior L., Gagea lutea 
Schult., G. minima Schult., G. rufescens Reg., Galanthus nivalis L., Gle- 
choma hederacea L., Hepatica triloba DC., Heracleum Sphondylium L., 
Hesperis matronalis L., Hyacinthus orientalis L., Juglans cinerea L., La- 
mium album L., Larix dahurica Trautv., L. microcarpa Poir., L. sibirica 
Led., Zeontice altaica Pall., Leontodon Taraxacum L., Lonicera alpigena 
L., L. chrysantha Turcz., L. cerulea L., L. edulis Turcz., L. tatarica L., 
L. Xylosteum L., Luzula pilosa Willd., Mahonia Aquifolium Nutt., Me- 
nyanthes trifoliata L., Philadelphus coronarius L., Picea alba Lam., P. 
vulgaris Lam., Pinus silvestris L., Populus nigra L., P. suaveolens Fisch., 
P. tremula L., P. tristis Fisch., P. anserina L., P. fruticosa L., Prunus 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 29 


Padus L., Pulmonaria officinalis L., Puschkinia scilloides Adams, Pirus 
baccata L., P. Malus L., Quercus pedunculata Ehrh. , Ranunculus aurico- 
mus L., Rhamnus cathartica L., Rh. Frangula L., Ribes alpinum L., R. 
cuneatum Kar. et Kir., R. Grossularia L., R. petreum Wulf., Rosa cinna- 
momea L., R. pimpinellifolia L., Rubus odoratus L., Salix caprea L., S. 
fragilis L., Sambucus nigra L., S. racemosa L., Saxifraga crassifolia L., 
Scilla azurea Goldb. , Sc. bifolia L., Sorbus aucuparia L., Spiræa chame- 
drifolia L., Sp. levigata L., Sp. opulifoliuL., Sp. media Schmidt, Sp. sali- 
cifolia L., Sp. sorbifolia L., Syringa Josikea Jacq. f., S. vulgaris L. , Tilia 
europæa L., Ulmus campestris L., U. effusa W., Viburnum Lantana L., 
V. Opulus L. et Viola tricolor L. 

L'auteur signale, pour chacune de ces espèces, le moment de l'anthese et 
celui de l'épanouissement complet de ses fleurs ; il signale en outre nombre de 
sources oü l'on trouvera des renseignements sur les époques oü elles fleurissent 
sous d'autres latitudes. 


Circa Am globeacleria Krée. notula. Adhue circa Amayla- 
bacteria adnotatio. Scripsit W. Nylander (Flora, 1865, pp. 521- 
525, 579-580). 


Nous avons reproduit dans le dernier volume, p. 214, les observations de 
M. Trécul sur la génération spontanée de plantules nées dans des cellules végé- 
tales parfaitement closes. M. Nylander à vu souvent des phénoménes analogues, 
surtout dans les cellules du parenchyme médullaire, sur le Reseda odorata, le 
Spartium scoparium, le Dahlia variabilis ; les corpuscules qu'il a observés 
ont des formes intermédiaires à celles que M. Trécul a caractérisées. Il les 
regarde comme fort analogues à des Bactéries. Relativement à leur naissance 
dans des cellules fermées, il rappelle que M. Nægeli a décrit et figuré un Cham: 
pignon, Schinzia cellulicola, qui se rencontre dans des parenchymes âgés 
(Linnga 1852, Ann. sc. nat. 1843). Mais il ne regarde pas comme démontré 
que les corpuscules observés par M. Trécul et par lui soient des êtres doués 
d'une individualité bien constatée. 


Des vaisseaux propres dans les Aroidécs; par M. A. Trécul 
(Comptes rendus, 1865, t. LXI, pp. 1163-1167, 1866, t. LXI, pp. 29-33; 
L'Institut, n° 1669 et 1670). 


M. Trécul commence par critiquer certains passages du mémoire de 
M. Hanstein, relatifs aux vaisseaux propres des Aroidées. Cet auteur a reconnu 
trois sortes de vaisseaux à latex. D’après M. Trécul, le premier et le troisième 
de ces types, qui ne différent que par la largeur, doivent étre réunis; et le 
deuxième n'appartient pas aux vaisseaux propres : ce sont des vaisseaux spiraux 


30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ou annelés dont la spiricule ou les anneaux ont plus ou moins complétement 
disparu par résorption. 

Il existe dans les Aroidées, dit l'auteur, deux modifications principales des 
faisceaux fibro-vasculaires, qui y sont simples ou composés. Les faisceaux sim- 
ples, formés d'une partie vasculaire et d'une partie libérienne qui n'est quel- 
quefois représentée que par du tissu cribreux, ont la structure des faisceaux 
des Monocotylédones en général. Les faisceaux composés sont des agrégats de 
deux, trois ou plusieurs faisceaux semblables aux précédents et confondus par 
leur partie libérienne, si bien que, dans les cas les mieux définis, un groupe 
libérien à fibres épaisses occupe le milieu du faisceau. Ce groupe est irrégulier 
(Philodendron crinipes), ou bien, à l'état parfait, il représente autant d'arcs 
libériens greffés par leur convexité qu'il y a des faisceaux constituants (PAilo- 
dendron Rudgeanum) Quant aux laticiferes, il n'en existe assez souvent 
qu'aux deux cótés du faisceau initial, ou des deux faisceaux opposés les plus 
âgés. Dans bon nombre de plantes, les vaisseaux laticifères placés sur les côtés 
des faisceaux sont composés de cellules distinctes, superposées, plus ou moins 
longues (Richardia africana, Arum vulgare, Aglaonema simplex, Dieffen- 
bachia Seguine, Philodendron. Melinont, canncfolium, tripartitum). 
Quand la fusion de ces cellules a eu lieu, les tubes continus ainsi formós s'ana- 
stomosent entre eux en s'ouvrant directement l'un dans l'autre, s'ils sont con- 
tigus, ou en s'envoyant de petites branches. Ce sont des ramifications des 
laticiferes des faisceaux périphériques qui constituent ces vaisseaux du latex 
épars dans le parenchyme externe des pétioles, décrits par l'Anonyme de 1846, 
ainsi que par MM. Karsten et Hanstein. Les laticifères qui émettent ces bran- 
ches latérales émettent aussi des branches au contact des vaisseaux spiraux, 
ponctués ou rayés. Tantôt ces branches s'appliquent sur ces vaisseaux par leur 
extrémité qui se déprime (Xanthosoma versicolor), tantôt elles s'incurvent et 
rampent sur le vaisseau (Syngonium Riedelianum). Dans la racine du Syn- 
gonium auritum, on trouve des laticiferes ainsi couchés sur d'assez grandes 
longueurs à la surface des vaisseaux fendus. Les laticiferes de la lame des 
feuilles sont de méme disposés sur chacun des cótés de la partie libérienne des 
faisceaux des nervures. 

Le latex des Aroidées, quand il existe, est ordinairement plus ou moins gra- 
nuleux, mais non laiteux; celui de l'Z/omalonema rubescens et de certains 
Philodendron peut être trouvé incolore, rougeâtre-pâle, orangé ou rouge 
foncé. Ce suc est le plus souvent chargé de tannin, mais la proportion de ce 
principe est trés-variable. 

Il est une autre espèce de vaisseaux propres qui n'a pas encore été signalée 
dans les Aroidées. Ce sont des canaux oléo-résineux formés par deux ou trois 
rangées de petites cellules oblongues, plus étroites que celles du parenchyme 
environnant. Ils existent dans les feuilles, dans les tiges et dans les racines ad- 
ventives des /7omalonema rubescens, Porteanum et de tous les Philodendron 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 31 


étudiés par l'auteur. Dans la lame des feuilles, ils sont étendus parallèlement 
aux nervures, vers le milieu de l'espace parenchymateux qui sépare deux des 
nervures tertiaires. Dans les racines adventives des Philodendron, ils ont en 
plus, autour de leurs cellules oblongues pariétales, deux ou trois rangées de 
fibres à parois épaisses et poreuses, de sorte que chaque vaisseau propre oc- 
cupe, dans ces organes, le centre d'un faisceau fibreux. L'oléo-résine que ces 
canaux renferment est ordinairement incolore dans la racine ; mais, dans la 
tige et les feuilles, elle passe au jaunâtre, à l'orange et au rouge, elle brunit 
méme au contact de l'air. Le sulfate de fer la colore quelquefois en noir. 

Il est à remarquer que des échantillons d'Aroidées, dépourvus de fleurs et 
de fruits, peuvent être classés approximativement d’après les caractères géné- 
raux de leurs vaisseaux propres reconnus par M. Trécul. L'absence de latici- 
fères à tannin élimine immédiatement, si la détermination est douteuse, les 
Heteropsis, Lasia, Scindapsus, Monstera, Anthurium, etc. Le manque de 
canaux oléo-résineux distingue les Syngonium des Philodendron qui en sont 
pourvus. Une coupe transversale d'une racine adventive fera reconnaitre un 
Philodendron parmi toutes les Aroidées étudiées par l'auteur, à ses faisceaux 
fibreux corticaux avec canal oléo-résineux central. 

M. Trécul termine son mémoire en comparant les vaisseaux tanniferes à 
latex des Aroidées aux vaisseaux ou séries de cellules tanniferes des Légumi- 
neuses. Ces vaisseaux ou cellules occupent en général la méme position dans 
ces deux familles de plantes. L'analogie des séries de cellules à tannin des Lé- 
gumineuses avec les vaisseaux du latex, déjà signalée antérieurement par l'au- 
teur comme évidente, devient, dit-il, plus manifeste encore par la comparaison 
avec les mêmes organes dans les Aroidées, parce que cette dernière famille 
contient en méme temps des plantes munies de séries de cellules tanniferes 
semblables à celles des Légumineuses, et des plantes dans lesquelles ces séries 
de cellules sont remplacées par des vaisseaux tubuleux continus, qui s'anasto- 
mosent entre eux à l'aide de ramifications latérales de manière à former un 
réseau comme les vaisseaux du latex les plus parfaits. Les organes qui renfer- 
ment le tannin dans les deux familles offrent encore un autre point de rappro- 
chement. Dans les Légumineuses, le tannin n'est pas contenu seulement dans 
des cellules régulièrement superposées en séries et simulant des vaisseaux ; il 
en existe aussi dans des utricules épars isolément ou par petits groupes de 
deux ou trois dans le parenchyme cortical ou médullaire (Glycyrrhiza glabra, 
Robinia Pseudacacia, Wisteria sinensis); et des cellules semblables se ren- 
contrent également dans quelques Aroidées. Enfin, de méme aussi que l'on 
trouve des Légumineuses dont tous les tissus sont imprégnés de tannin, et cela 
chez des espèces qui n'ont pas de vaisseaux à tannin proprement dits, de méme 
l'on a des Aroidées dépourvues de laticifères, dont tous les tissus se noircissent 
plus ou moins par la macération dans le sulfate de fer. 


32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Sur la vrille des Cucurhitacées; par M. Ad. Chatin (Comptes 
rendus, 1866, t. LXII, pp. 33-36). 


La vrille des Cucurbitacées procède pour les uns (De Candolle, Seringe, 
Payer, MM. Gasparrini, Al. Braun, Fermond, Lestiboudois, Guillard, Clos, 
Cauvet) d'organes appendiculaires (feuilles ou stipules); pour les autres (Link, 
MM. Fabre, Naudin et Decaisne) d'organes axiles (rameaux ou pédoncules) 
pouvant émettre, quand ils se divisent, des fleurs et des feuilles. Des botanistes 
ont aussi rattaché les vrilles aux racines, opinion d'autant plus spécieuse que 
la vrille est quelquefois remplacée par une racine ou coexiste avec une racine 
née soit près d'elle, soit le côté opposé de la feuille. 

C'est l'anatomie complète de chacun des organes, poursuivie dans les divers 
genres de la famille, qui fait la base du présent travail. M. Chatin examine suc- 
cessivement les vrilles des Cucurbita, Benincasa, Bryonia, Cucumis, Ec- 
ballium, Lagenaria et Luffa. Réunissant ensuite ses diverses observations, 
M. Chatin en tire les conclusions suivantes : 

4. La vrille des Cucurbitacées est d'origine axile (rameau ou pédoncule). 

2. Si la vrille est axile, elle est toujours et totalement analogue aux organes 
axiles. Si au contraire elle se ramifie, ses divisions répondent tantót aux or- 
ganes appendiculaires, tantôt aux organes axiles; son corps représente le 
rameau. 

3. Il n'y a aucun rapport d'origine entre la vrille et les racines ordinaires ; 
ce rapport existe au contraire entre la vrille et les racines adventives. 


De la postfioraison; par M. D. Clos (Comptes rendus, 1865, t. LXI, 
pp. 1177-1179). 


Voici les principaux arrangements que M. Clos a observés dans le périanthe 
après la floraison : 4° postfloraison fermée (occlusa) : Echeveria; 2° étalée 
` (patula) : Boussingaultia baselloides, Clématites; 39 réfractée (reflexa) : 
Begonia, Crassula spathulata ; h° crispée (crispa) : Pavia, Delphinium, 
- Lythrum, Campanula, Linaria; 5° pulpeuse (pulposa) : Tradescantia virgi- 
nica, dont les pétales après la floraison deviennent pulpeux ; 6° circinée (cir- 
cinata) : Capparis, Cleome, Gynandropsis, Heliotropium, Verbena cha- 
mædrifolia et tenera; T° récircinée (recircinata) : Mesembrianthemum, 
Cryptostemma calendulaceum, dans lesquels les pétales et les languettes 
s'enroulent en crosse, mais de dedans en dehors, c'est-à-dire en sens contraire 
de la préfloraison circinée ; 8? condupliquée (conduplicata) : Ornithogalum 
F'ckloni, chez lequel l'une des moitiés latérales de la face interne du pétale 
s'applique contre l'autre moitié. 

La postfloraison, ainsi que le fait remarquer l'auteur, est appelée à rendre 
quelques services dans la délimitation des genres. 

La postfloraison des étamines mérite une mention spéciale. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 38 


Existence d'une troisième membrane dans les anthé- 
res ; localisation des cellules fibreuses dans quelques 
antbéres; absence de ees cellules dans les anthéres 
d'un grand nombre de plantes; par M. Ad. Chatin (Comptes 
rendus, 1866, t. LXII, pp. 126-130, 172-176). 


On se rappelle que M. Chatin a communiqué ses travaux sur la structure des 
anthères à la Société à diverses reprises, mais sans en avoir toujours imprimé 
les résultats dans le Bulletin. Aussi tenons-nous à reproduire avec détails les 
notes qui viennent d'étre lues sur ce sujet à l'Institut par le savant professeur. 

M. Chatin a mis sous les yeux de l'Académie trente-six planches pour prou- 
ver l'existence de la troisième membrane des anthères non signalée par Pur- 
kinje. C'est à elle que s'appliquerait avec raison le nom d'endothécium, donné 
par l'anatomiste allemand à une véritable membrane moyenne qui devrait 
aujourd'hui étre nommée mésothécium. Le développement de cette troisiéme 
membrane, suivi sur plusieurs centaines d'espèces de plantes, a paru s'opérer 
avec une grande uniformité. C'est au moment oü les utricules polliniques revé- 
tent leurs apparences propres que les cellules de la membrane interne com- 
mencent à se détacher des tissus contigus en revétant des formes spéciales, et 
parfois en prenant une coloration particulière. Le développement des cellules 
marche ensuite de pair avec celui du pollen jusque vers le moment de la matu- 
ration de celui-ci. Alors, la troisième membrane se flétrit, se lacère, et le plus 
souvent est résorbée sans qu'il en reste de traces. Cependant elle persiste à des 
degrés divers dans les Hyoscyamus, Pedicularis, Convolvulus, Forsythia, 
Erythronium, Fuchsia, Paratropia, Crassula, Echeveria, Megazea, Æsculus, 
Citrus, Dictamnus, Helleborus, Linum, Reseda, Sparmannia, Thea, Tro- 
pæolum, Arum, Dianella, Hæmodorum et Loranthus. Elle persiste aussi 
régulièrement dans les anthères à déhiscence apicilaire (excepté, bien entendu, 
à l'endroit de la déhiscence), comme si, dans ces anthéres qui sont privées de 
cellules fibreuses, la non-destruction de la troisième membrane était liée à Ja 
non-production de filets dans les cellules de la membrane moyenne. La troi- 
sième membrane est ordinairement colorée, et de la méme couleur que le 
pollen; il est à remarquer, à cet égard, que sa coloration, comme sa forma- 
tion, précede celle de cet agent. Les cellules de cette membrane sont générale- 
ment à parois minces, fort délicates, non ponctuées par conséquent. Elle est 
ordinairement constituée par une seule assise d’utricules. Cependant on v 
compte deux assises dans le Sparmannia, de deux à six dans les Viola, le Crassula 
orbicularis, plusieurs Cassia et Canna. Comme pour la deuxième membrane, 
c'est vers l'attache des valves au connectif que les assises d'utricules sont le 
plus nombreuses. Les substances contenues dans les utricules de cette mem- 
brane sont principalement, avec des matières colorantes variées, des corps gras 
souvent réunis en gouttelettes chargées de principes colorants, des substances 

T. XH (REVUE) 3 


3^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


azotées, du mucilage, du sucre et de l'aleurone. Il est à remarquer combien 
la présence de ces matières plastiques est favorable à l'opinion que la troisième 
membrane serait chargée de former et de conserver des éléments nourriciers. 
Quand le pollen est arrivé à son. développement complet et n'a plus besoin 
d'organe nourricier, la troisieme membrane disparait. Il est probable que c'est 
aussi dans cette membrane que les cellules de la deuxieme membrane puisent, 
au moment où elle se garnissent de leurs lames fibreuses élastiques, les élé- 
ments nécessaires à leur rapide transformation. 

Les cellules dites fibreuses des anthères, et dont on admet généralement 
l'existence dans toutes les anthères et sur toute l'étendue des valves de celles-ci, 
peuvent n'exister que sur une portion des valves, comme M. Duchartre l'a vu 
dans le Clandestina, Tantôt c’est le long de la ligne de déhiscence (Lathræa, 
Orobanche, Phelipæa, Rhinanthus, Melampyrum); tantôt c’est le long de 
l'attache des valves au connectif (Halesia, Chlora perfoliata, Chironia Cen- 
taurium, Cathartocarpus Fistula); tantôt c'est autour du pore terminal de 
déhiscence (Solanum); tantôt sur toute la valve interne des loges, la valve 
externe en étant dépourvue ( Witheringia rubra); tantôt uniquement sur les 
valvules et sur les charnières sur lesquelles s'opère leur mouvement (Lauri- 
nées); tantôt cà et là, sans ordre; les cellules portent alors de courts filets, et 
sont le plus souvent éparses et incomplètes (Orchis, Ophrys, Gymnadenia). 
Enfin, les cellules fibreuses peuvent manquer complétement; c'est en général 
dans les anthéres à déhiscence apicilaire (Rhododendrées, Vacciniées, Pirola- 
cées, Épacridées, Monotropées, Mélastomacées, Cassia, Tetratheca). Il en est 
encore ainsi dans les genres Lycopersicum, Badula, Balonophora, Cycas, 
Zamia, et chez plusieurs Orchidées et Orobanche, Chez quelques plantes dont 
~ les étamines ont subi un arrêt de développement, et dans lesquelles l'évolution 
du pollen est incomplète, les lames élastiques des cellules fibreuses n'apparais- 
sent pas. 

M. Chatin a encore communiqué à l'Académie des sciences, dans une des 
premières séances de l'année, un mémoire dans lequel il décrit sous le nom de 
placentoide, un nouvel organe observé par lui dans les loges anthérales. Nos 
lecteurs trouveront le mémoire de M. Chatin, communiqué également par lui 
à la Société, dans le compte rendu de notre séance du 9 février. 


Sur les Graphidées de la Belgique; par M. J.-J. Kickx (Aca- 
démie royale de Belgique, classe des sciences, séance du 3 juin 1865; 
L'Institut, n. 1667). 


Ce travail consiste essentiellement en énumération et description d'espèces, 
Il a recu, dans le Flora, 1865, p. 525, l'approbation de M. Nylander, si 
bon juge en pareille matière, L'auteur s'est montré trés-sobre de variétés, et 
s'est gardé d'admettre légérement le grand nombre de genres nouveaux qui 
caractérisent l'école cryptogamique italienne. On peut signaler, d’après le 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. $5 


travail de M. Kickx, le caractère occidental des Graphidées de Belgique. 
Ce caractére ressort de la présence des Graphis inusta, dendritica, de 
l'Opegrapha prosodea et de l'Arthonia spadicea. La découverte de l'Ope- 
grapha prosodea, sur les cótes de Belgique, est surtout trés-remarquable, 
cette Graphidée de l'Amérique équinoxiale n'ayant encore été rencontrée 
qu'une fois en Europe, prés de la mer, à Brest. La constatation de plusieurs 
stations d'Arthonia spectabilis en Belgique est aussi très-intéressante pour la 
géographie botanique ; ce pays formera ainsi l'extréme frontière septentrio- 
nale de l'extension de cette espèce du Midi. (Extrait du rapport favorable pré- 
senté par M. Coemans sur la monographie de M. Kickx.) 


Le Cresson ; par M. Ad. Chatin. In-24 de 126 pages. Paris, chez J.-B. 
Baillière, 1866. 


Nos confrères ont déjà trouvé dans ce Bulletin, t. v, p. 158, un extrait des 
recherches faites par M. Chatin sur le Cresson. Le chapitre premier renferme 
la description botanique du Cresson, de ses variétés et de ses races; on y 
remarque un résumé intéressant des observations faites sur la reproduction 
des végétaux par le moyen des feuilles, et l'énumération des végétaux de diver- 
ses familles qui ont recu le nom de Cresson. Le deuxième chapitre traite de la 
culture du Cresson, de son historique et des soins qu'elle nécessite. Le cha- 
pitre troisième est intitulé : Données chimiques sur le Cresson. M. Chatin y 
a trouvé, outre l'huile essentielle sulfo-azotée qui lui donne sa saveur piquante, 
l'essence sulfurée de l'Ail, un extrait amer, de l'iode, du fer et des phosphates. 
Le Cresson a une saveur d'autant plus piquante qu'il croit dans des lieux plus 
découverts. Dans des eaux ferrugineuses, il se charge de quantités de fer con- 
sidérables. Le Cresson fleuri a ses parties herbacées moins riches en phos- 
phates (passés dans les jeunes graines) que celles du Cresson non encore monté 
à fleur. Le chapitre quatriéme et dernier renferme l'étude des applications ali- 
mentaires et médicales du Cresson : le Cresson cuit, préparé à la manière des 
Épinards, forme un légume agréable, qui se trouve à bas prix en été, quand 
les légumes verts sont le plus chers, et qui contient peu de sucre et seulement 
des traces de principes amylacés, ce qui doit le faire recommander dans le 
régime des malades affectés de diabète. Ses propriétés antiscorbutiques et toni- 
ques n'ont pas besoin d’être rappelées. 


Les plantes à feuilles ornementales en pleine terre; 
botanique et culture. Première partie : Solanum; par M. le comte Léonce 
de Lambertye. In-24 de 72 pages, avec un tableau. Paris, chez Auguste 
Goin. Prix : 1 franc. 


Cet ouvrage séra divisé en trois parties : la premiere comprend les princi- 
pales espèces de Solanum ; la deuxième, les principales espèces et variétés de 


36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

Canna ; la troisième, un mélange d'espèces appartenant à d'autres genres. Les 
Solanum, dont ce petit traité expose la description et la culture, sont au nom- 
bre de trente, L'auteur s'est beaucoup aidé de la monographie de Dunal. 1l 
s'est vu forcé de décrire pour la première fois quatre espèces dont trois fort 
belles, et que l'on n'a pu découvrir dans les livres sous les noms avec lesquels 
elles circulent dans le commerce, ni sous d'autres. Ce sont les S. cuneodon- 
ton, S. macranthum hort. non Dun., S. Sieglengii et S. Warscewiezi. Au 
lieu de classer les trente espèces comprises dans ce travail selon leurs affinités 
naturelles, M. de Lambertye a suivi l'ordre alphabétique , plus commode pour 
les jardiniers. Il a cultivé lui-même toutes les espèces dont il parle, et beau- 
coup d'autres qu'il a cru devoir passer sous silence. La culture qu'il indique 
est la sienne. IL a clos son travail par un tableau comparatif de ces trente es- 
pèces considérées au point de vue horticole, résumé de plusieurs données du 
livre, et par une analyse dichotomique au moyen de laquelle chaque jardinier 
pourra aisément arriver à la connaissance positive du nom des espèces QUE "il 
cultive, si toutefois elles font partie de la liste de M. de Lambertye. 


Les plantes à feuillage ornemental ; par M. E. André, jardi- 
nier principal de la ville de Paris. In-12; 256 pages. Paris, chez J. Roth- 
schild, 1866. 


L'adoption des plantes à feuillage ornemental, née avec les nouveaux jardins 
publics ou squares de la ville de Paris, s'est rapidement développée depuis 
1855 jusqu'à nos jours. L'exemple donné par M. Alphand, ingénieur en chef 
des promenades et plantations de Paris, qui a brillamment réalisé les inten- 
tions de M. le préfet de la Seine, et qu'ont dignement secondé M. Barillet- 
Deschamps et M. André, fut bientót suivi et rencontra de nombreux adeptes 
sur tous les points de la France, de l'Allemagne et de l'Angleterre. Le jardin 
du Luxembourg, grâce à M. Rivière, les jardins publics de Bordeaux, de 
Lyon, de Nantes, de Marseille, de Caen et de bien d'autres villes ont fait 
une large place aux plantes à belles feuilles dans l'ornementation de leurs 
paysages. 

Le livre où M. André retrace ces succès récents de l'horticulture est le déve- 
loppement d'une série d'articles publiés par lui dans le Moniteur universel, la 
Revue horticole et la Vie à la campagne. V est divisé en cinq chapitres : le 
premier contient des considérations générales; le deuxième, des détails sur la 
culture et la multiplication ; le troisième, une classification horticole des 
plantes à feuillage ornemental; le quatrième, l'emploi et la distribution de 
ces plantes ; enfin, le dernier renferme l'énumération et la description des 
espèces, avec l'indication de leur mode de culture. 38 petites gravures sur 
bois ornent cette publication. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 97 


Dipseudochorion, novum Alismacearum genus ; auctore 
Fr. Buchenau (Flora, 1865, n. 16, pp. 241-246). 


Dipseudochorion sagittifolium Buch. ( Alisma sagittifolium Willd., 
A. Kotschyi Hochst., Sagittaria nymphæifolia Hochst. in Perrottet Pl. 
Seneg. n. 807). — Flores inferiores imperfecte hermaphroditi, superiores 
masculini. Stam. 6; carpella numerosa in capitulum posita, monosperma. Car- 
pidia lignosa, stylo persistente antice posito coronata, loculis falsis duobus 
lateralibus instructa. Folia longe petiolata, ovato- vel triangulari-sagittata, 
lobis acutis, apice obtuso vel acuto. Flores in verticillos plures disposita. 
Patria Afr. trop. 


Anteckningar till eun monografi œfver vœxtfamilien 
Valerianese (Essa? d'une monographie de la famille des Valéria- 
nées); par M. O.-B.-N. Krok (Kongl. Svenska Vetenskaps-Akademins 
Handlingar, t. v, n? 4, pp. 1-105, avec quatre planches gravées). In-4°. 
Stockholm, 1864. 


Ce n'est que la premiere partie du trés-remarquable travail de M. Krok. 
Elle renferme la monographie des Valerianella. Après une courte introduc- 
tion historique, où les auteurs anciens sont étudiés bien plus soigneusement 
qu'on ne le fait généralement aujourd'hui, l'auteur examine les différents 
organes du genre Valerianella, racine, tige, bractées, fleurs, périanthe, éta- 
mines et gynécée. Vient ensuite un long exposé historique de la création des 
diverses espéces du genre; l'auteur a soin de donner la détermination des 
espèces mentionnées dans les ouvrages écrits avant l'emploi de la nomencla- 
ture binaire. Il expose la distribution géographique et l'altitude de ces plantes, 
et indique dans quelle proportion elles participent à la flore de chaque pays. 
Il traite enfin de leur classification, trace les méthodes suivies dans leur arran- 
gement par un grand nombre de phytographes, et passe à la description systé- 
matique des espèces. Il les distribue en cinq sections: Psilocæle DC., 
Platycælæ DC. (incl. Solenocæleis DC.), Locustæ DC. (excl. quib.), Corni- 
gera Soy.-Willm. emend. et Siphonella Torr. et Gray (sub Fedia). L'auteur 
décrit 47 espèces de Valerianella. Plusieurs portent son nom; cependant 
aucune n'est nouvelle; leurs changements de noms sont dus à ce qu'elles 
avaient été placées premièrement dans le genre Valerianella, si ce n'est pour 
une, le V. chlorostephana Boiss., dont l'auteur a changé le nom pour celui 
de V. Boissieri, craignant qu'il ne se confondit avec celui du V. cAlorodonta 
Coss. DR. Une espèce est ensuite donnée comme douteuse, le V. chenopodi- 
folia DC. Il a supprimé de la nomenclature le Valerianella lasiocephala 
Betcke; cette espèce a été faite, dit-il, sur un état jeune du V. coronata. Il a 


38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


enfin rayé du genre les espèces suivantes : Valerianella congesta Lindl. — 
Plectritis congesta DC., V. Cornucopiæ Loisel, — Fedia Cornucopiæ 
Gærtn., V. exscapa Stev. — Hohenackeria bupleurifolia Fisch. et Mey., 
V. laxa Presl — Astrephia laxa Hook, et Arn., V. /utea Mœnch — Patri- 
nia sibirica Juss., V. petrophila (Bunge ? sec.) Steudel — Valeriana petro- 
phila Bunge. T? monographie est tout entière en latin. 

Le mémoire se termine par un tableau indiquant la distribution géogra- 
phique des Valerianella à la surface du globe, et par une table alphabétique 
des espèces, 


BIBLIOGRAPHIE, 


Quarante-et-unième compte rendu annuel de la Société silésienne 
pour la culture nationale (Schlesischen Gesellschaft fuer 
vaterlændische Cultur), Breslau, 1864. 


Ueber den monstresen Stamm einer 25-jehrigen Weisstanne (Sur la tige 
monstrueuse d'un Sapin blanc ágé de vingt-cinq ans); par M. G. Stenzel, 
pp. 71-72. 

Ueber die Gonidien der Flechten (Sur les gonidies des Lichens); par M. W. 
Kerber, pp. 76-79. 

Ueber das Blatt, der Schuppenwurz (Sur /a feuille du Lathraea Squamaria); 
par M. Stenzel, pp. 79-80. 

Ueber die Verbreitung der Algen (Sur l'extension géographique des Algues); 
par M. F. Cohn, pp. 80-83. 

Ueber lebende und fossile Cycadeen (Sur les C'ycadées vivantes et fossiles); 
par M. Geppert, pp. 83-84. 

Ueber das Vorkommen von echten Monocotyledonen in der Kohlenperiode 
(Sur la présence de vraies Monocotylées à l'époque carbonifère); par 
M. Geppert, pp. 84-85. 

Ueber die Keimung der Eichel (Sur la germination du gland) ; par M. Sten- 
zel, pp. 90-92. 

Ueber das Verhalten der gruenen mikroskopischen Pflanzen und Thiere zum 
Lichte (De la manière dont se comportent avec la lumière (es végétaux 


et les animaux microscopiques colorés en vert); par M. F. Cohn, pp. 102- 
105. 


Proceedings of the Natural Society of Dublin, t. 1v, part. 11. 


Observations on Micrasterias Mahabuleshwarensis Hobson and on Docidium 
Pristidæ Hobson; par M. W. Archer (pp. 78-84). 

Description of a new species of Docidium Bréb., from Hong-Kong ; par 
M. W. Archer (Jbid. , pp. 84-85). 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 39 


On the occurrence of Hymenophyllum tunbridgense Smith in the County 
of Longford, with a list of stations of Cystopteris fragilis Bernh, in the 
Midland Counties ; par M. F.-J. Foot (/6id., pp. 106-108). 

Report on the progress made in collecting the irish Lichenes, accompanying a 
presentation to the natural history Society of a complete series of speci- 
mens of those hitherto collected, with an annotated list thereof, alphabeti- 
cally arranged, and an index list to the collection in the order in which the 
species occur therein (Rapport sur les progrès faits dans la récolte des 
Lichens d'Irlande, accompagné de la liste complète d'une collection 
d'exsiccata qui y a été faite, dressée par ordre alphabétique, et d'un 
index dressé d’après l'ordre des numéros de cette collection; par M. T. 
Jones (Ibid. , pp. 114-149). 

Notes on a supposed new variety of Orchis latifolia L., and on Orchis incar- 
nata var, extensa Rchb.; par M. David Moore (Zbid., pp. 180-182). 

On new or rare Cryptogams from Ofago (Cryptogames nouvelles ou rares 
d'Otago); par M. W. Lander Lindsay (/5id., pp. 280-284). — 16 Mousses, 
2 Hépatiques et 5 Algues. 

On the history and structure of Urocuccus (De l'histoire et de la structure de 
l'Urococcus); par M. Ch. Jenner (/bid., pp. 318-324). 


Journal of the Linnean Society, 1865, vol. vim. 


Observations on some Orchids of the south of France (Observations sur quel- 
ques Orchidées du midi de la France); par M. J. Treherne Moggridge 
(pp. 256-258). Il s'agit uniquement dans ce travail de la fécondation des 
Orchidées par le moyen des insectes. 

On the naturalized weeds of british Kaffraria (Sur les plantes herbacées na- 
turalisées dans la Cafrerie anglaise); par M. d'Urban (Jbid. , pp. 267- 
2712). 

Note on the variety Trimmeri of Potamogeton trichoides Cham, found in 
England (Sur la variété Trimmeri du P. trichoides trouvée en Angle- 
terre) ; par M. R. Caspary (/5id. , p. 273). 

On the forests of (Sur les forêts de) Sequoia (Wellingtonia) gigantea. Extrait ` 
d'une lettre envoyée de la Californie par M. le professeur Brewer (//id., 
p. 274). 

On the (Sur /e) Coco-de-Mer; par MM. H. Barkly et Swinburne Ward 
(Jbid. , vol. 1x, pp. 119-120). 

Notes on Pueraria DC., correctly referred by the author to Phaseolez (Votes 
sur le Pueraria DC., rapporté par l'auteur aux Phaséolées) ; par 
M. G. Bentham (Zbid., vol. 1x, pp. 121-125). 

On Musa Livingstoniana, a new Banana from tropical Africa (Nouveau Ba- 
nanier de iuri. tropicale); par M. John Kirk (Zbid., vol. 1x, 
p. 128). 


A0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


* Œsterreichische botanische Zeitschrift, 1864 (1). 


Bemerkungen ueber Narthecium ossifragum (Remarques sur le Narthe- 
cium ossifragum); par M. Muench (pp. 287-289). 

Die europæischen PAleum-Arten (Les espèces européennes du Phleum); par 
M. V. de Janka (Zbid., pp. 303-304). 

Mittheilungen aus den Nilgegenden (Communications qui concernent la ré- 
gion du Nil); par M. Kotschy (/bid., pp. 333-339). 

Die europæischen Festuca-Arten (Les espèces européennes de Festuca); par 
M. V. de Janka (pp. 339-341). 

Pinus leucodermis Ant.; par M. Fr. Antoine (/bid., pp. 366-368). 

Descriptio Salicum novarum flore tirolensis; par M. A. Kerner (/bid., 
pp. 368-370). 

Ueber Pleospora und Puccinia des Spargels (Les Pleospora ef les Puccinia 
de l Asperge); par M. F.-A. Haszlinsky (bid. , pp. 371-575). 

Die europæischen Poa-Arten (Les espèces européennes de Poa); par M. V. de 
Janka (Zbid., pp. 383-384). 


Articles divers. 


Les Diatomées de la vallée de Chamounix ; par M. Vénance Payot (Annales 
de la Société phytologique d' Anvers) ; t. 1, livr. ^, pp. 58-64, 1865. — 
150 espéces de Diatomées ont été recueillies par M. le comte Castracane et 
M. Payot dans les cours d'eau douce ou dans les sources de la vallée de 
Chamounix. 


Description of new species of Diatoms from the South Pacific ( Description de 
nouvelles espèces de Diatomées originaires de la Polynésie); par M. R.-K. 
Greville (Transactions of the botanical Society, vol. vri, part 11, pp. 233- 
238); Edimbourg, 1865. — Espèces de la Nouvelle-Calédonie, de l'Aus- 
tralie, de la Nouvelle-Zélande, etc. 


Osservazioni su talune specie di cotone coltivate nel R. Orto botanico (Obser- 
vations sur certaines sortes de Coton cultivées au jardin botanique royal); 
par M. A. Todaro (Giornale del Reale istituto d'incoraggiamento di agri- 
cultura, etc. , in Sicilia, 3° sér. , 1'* année, Palerme, 1864, pp. 1-16, 33-96). 

Sopra alcune Euphorbiæ ( Sur quelques E'uphorbes); par M. Todaro (/bid., 
pp. 157-159). 

Nuova specie di Agarico (Agaricus nebrodensis); par M. Giuseppe Inzenga 
(Ibid., pp. 161-164). 

Sopra una nuova specie di Cucurbitacea (Momordica Huberii) coltivata nel 
R. Orto botanico di Palermo ; par M. 'Todaro (/5i4. , pp. 165-169). 


(1) Nous regrettons vivement de ne pas recevoir cejournal, dont un grand nombre 
d'articles mériteraient d'étre analysés dans cette Revue. Les indications que nous donnons 
ici sont reproduites dans le Flora. Nous aurions la méme observation à faire pow plu- 
sieurs autres publications citées dans cette énumération, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. Al 


Les Cistes de Montpellier et des Cévennes au point de vue ornemental ; par 
M. J.-E. Planchon (Extrait des Annales de la Société d'horticulture et de 
botanique de l Hérault); tirage à part en brochure in-8° de 8 pages. 

Ueber die geographische Verbreitung der Æerniaria-Arten in Russland (Sur 
l'extension géographique des espèces d'Herniaria en Russie); par M. E.-R. 
de Trautvetter (Bulletin de la Société des naturalistes de Moscou, 1864, 
n° 1v, pp. 561-565). 

Osservazioni sulla materia colorante della Calothrix jantiphora e diagnosi si 
una nuova microficea (Observations sur la matière colorante du Calothrix 
janthiphora, e£ diagnose d'une Algue microscopique nouvelle); par M"* la 
comtesse Élisabeth Fiorini-Mazzanti (Atti dell Academia pontifica de 
nuovi Lincei, 17° année; 1864, pp. 101-103). 


Beitrag zur Kenntniss der Chytridieen (Contribution à la connaissance des 
Chytridiées); par MM. De Bary et M. Woronin (Berichte ueber die Ver- 
handlungen der naturforschenden Gesellschaft zu Freiburg, t. 111, Fri- 
bourg en Brisgau, 1864, pp. 22-61, avec 2 planches). 


Zur Erklærung der Entwickelung und des Baues der Schuppenwurz (Æ x- 
plication du développement et de la structure du Lathræa Squamaria); 
par M. Dell (Dreissigster Jahresbericht des(30* compte rendu annuel du] 
Mannheimer Vereins fuer Naturkunde, 1864, pp. 84-89). 

Zwei neue Semperviven (Deux nouveaux Sempervivum); par MM. C.-B. 
Lehmann et Schnittspahn (Fuenfter Bericht des offenbacher Vereins 
fuer Naturkunde, pp. 55-51). 

De la naturalisation et de l'acclimatation des végétaux; par M. le docteur Clos 
(Extrait de la Belgique horticole, 1865, p. 51); tirage à part en brochure 
in-8? de 15 pages. Gand, 1865. 

L'horticulture en Belgique ; son enseignement, ses institutions, son organisa- 
tion officielle; par M.. Ch. Baltet. In-4° de 184 pages avec 7 planches. 
Paris, chez Victor Masson, 1865. 


Die Farne fuer's Freiland (Les Fougères de pleine terre (non compris les 
Lycopodiacées); par M. Carl Heinrich Salomon. In-16 de 58 pages. Wurz- 
bourg, chez Stahel, 1865. Prix : 4 franc. 

Flora von Wuerttemberg und Hohenzollern (Flore du Wurtemberg et du 
Hohenzollern); par MM. G. de Martens et C.-A. Kemmler. Deuxième édi- 
tion, complétement refondue. In-24 de CXIV et 844 pages. Tubingue, chez 
Osiander, 1865. 

Ueber den innern Bau vegetabilischer Zellmembranen (Sur la structure in- 
térieure des membranes cellulaires des végétaux); par M. Nægeli (Sit- 
zungsberichte der K. Bayer. Akad. der Wissenschaften zu Muenchen, 
1864, pp. 114-171, avec trois planches). 


h? SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
NOUVELLES. 


(16 mars 1866.) 

— L'Académie des sciences a tenu, le 5 mars 1866, la séance annuelle 
destinée à la distribution des prix et à la proposition des sujets de prix nou- 
veaux, séance qui, d’après l'usage, aurait dû être tenue à la fin de 1866. 

Le prix Bordin à décerner en 1865, dont nous avons donné le programme 
l'année dernière (voyez t. XII, Revue, p. A8), a été remporté par M. P. Dehé- 
rain. Nous extrayons ce qui suit du rapport présenté par M. Naudin sur le 
travail couronné : 

« Aucun anatomiste n'a jamais rien saisi, dans la structure des racines, qui 
püt rendre compte de la diversité des appétits de la plante, et l'auteur du 
mémoire présenté recommencant, aprés beaucoup d'autres, l'étude microsco- 
pique de ces organes sur des plantes bien connues pour la différence de leur 
composition chimique, n'y trouve rien de plus que ses devanciers..... 

» Bien convaincu qu'il n'y aurait rien à découvrir dans cette voie, l'auteur 
change de route; au lieu de persister à suivre la méthode inaugurée par Th. 
de Saussure, il se met résolümeut à la suite de Dutrochet et de M. Th. Gra- 
ham, en prenant pour point de départ deux forces physiques, l'endosmose et 
la diffusion. Cette route nouvelle le conduit bientót à un résultat curieux et 
inattendu : comme les plantes elles-mémes, des vases poreux de diverses na- 
tures, placés dans des dissolutions complexes, y font des choix variés; non- 
seulement deux vases différents ne prennent pas les mémes quantités de sels 
dans la méme dissolution, mais le méme vase prend, dans des dissolutions diffé- 
rentes, des quantités de sels variables. Cette étude longue, minutieuse, et nous 
pouvons dire d'un genre tout à fait nouveau, et qui a nécessité de trés-nom- 
breuses déterminations numériques, est résumée dans un tableau graphique, 
où des lignes colorées font saisir au premier coup d'ceil les divers degrés d'en- 
dosmose des sels dans des vases poreux de différentes natures. L'auteur fait 
voir ici la concordance de ces résultats avec ceux des expériences d'un natura- 
liste allemand encore peu connu en France, M. G. Wolf, qui a étudié directe- 
ment sur les plantes l'absorption de dissolutions salines variées, concordance 
qui mène à conclure que l'endosmose joue le principal rôle dans le phénomène, 
Cette concordance est telle, en effet, que, dans un tableau graphique oi les 
résultats des deux expériences sont rapprochés, les courbes se suivent avec un 
remarquable parallélisme. On y voit que les sels qui pénètrent le mieux dans 
les plantes sont aussi ceux qui traversent Je plus aisément les parois des vases 
poreux; par exemple, que les sulfates ont un pouvoir endosmotique plus grand 
que les chlorures. De là l'explication du fait bien connu que les Fucus, qui 
vivent dans une eau beaucoup plus chargée de chlorures que de sulfates, ren- 
ferment cependant plus de sulfates que de chlorures. De méme encore, les 
iodures abondent dans les cendres des plantes marines, d’où on peut les ex- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 43 


traire avec profit, tandis qu'on ne saurait les tirer directement des eaux de la 
mer ; mais, dans ses expériences, l'auteur a vu les iodures pénétrer beaucoup 
mieux à travers les vases poreux que les chlorures, ce qui lui donne la raison 
du fait. Pour lui, donc, la composition minérale des plantes, qui se développent 
dans des dissolutions salines, est déterminée dans une certaine mesure par le 
pouvoir endosmotique des diffórents sels qui existent dans ces dissolutions. 

» Nous disons dans une certaine mesure, car il est clair cependant que 
les inégalités de la force endosmotique des sels ne peuvent expliquer toutes les 
différences de composition qu'on observe dans les cendres des plantes, aussi 
l'auteur aborde-t-il bientôt un nouvel ordre de recherches. Dans le sixième 
chapitre de son mémoire, il se propose de déterminer l'état sous lequel les 
principes minéraux sont fixés dans les plantes. Par l'emploi des dissolvants 
neutres ou des réactifs étendus, il reconnaît que ces principes y sont fixés avec 
des degrés très-divers d'énergie. Chez certaines espèces marines, des lavages 
prolongés à l'eau douce enlèvent tous les chlorures et laissent les sulfates ; une 
dissolution étendue de soude entraine toute la silice contenue dans les feuilles 
ou dans le bois, et laisse celle qui entre dans la composition de la paille de Fro- 
ment ou des feuilles de Fougères. Des essais synthétiques, enfin, exécutés avec 
diverses fibres végétales, et imités de ceux qu'a faits M. Chevreul dans ses mé- 
morables recherches sur la teinture, démontrent à l'auteur que ces fibres peu- 
vent prélever, dans une dissolution saline, des quantités variables de sels, et il 
croit pouvoir en conclure, avec M. Fremy, que les fibres végétales ne sont pas 
constituées par un principe immédiat unique, mais qu'il existe plusieurs varié- 
tés de cellulose susceptibles de former avec les dissolutions salines de véritables 
combinaisons, ou du moins des alliances comparables à celles qui ont lieu 
entre les fibres textiles et les teintures, alliances déterminées par cette première 
manifestation de l’affinité chimique que M. Chevreul désigne sous le nom 
d'affinité capillaire. 

» S'il était possible d'établir que les végétaux excrétent normalement par 
leurs racines ce qui pourrait leur être inutile, on s'expliquerait assez naturel- 
lement par là l'accumulation de certains principes à l'exclusion de certains 
autres, Une dissolution complexe y ayant pénétré endosmotiquement par les 
racines, un ou plusieurs éléments minéraux de cette dissolution se fixeraient 
dans la plante et passeraient à l'état insoluble, tandis que les autres, ne con- 
tractant pas de combinaison avec les principes immédiats des tissus, et restés 
en dissolution dans la séve, reflueraient vers les racines et finalement retour- 
neraient au sol par exosmose. Mais pour que cette théorie devint admissible, 
il faudrait démontrer l'existence de ces courants exosmotiques, et c'est ce que 
l'auteur, pas plus qu'aucun de ses prédécesseurs, n'a pu faire, Il lui faut donc 
chercher une autre raison, plus conforme aux faits observés, pour expliquer 
l'accumulation, dans les plantes, de certains principes minéraux plutót que de 
certains autres, qui existent cependant aussi dans le sol à l'état de dissolution, 


A^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


et sont par conséquent absorbables comme les premiers. Celle qu'il propose 
est ingénieuse, et d'ailleurs fondée sur de nombreux faits de diffusion, phéno- 
mene dont il parait avoir fait une étude approfondie. Ses expériences à ce sujet 
établissent le fait général que, si l'on met dans un vase poreux une dissolution 
saline quelconque, et qu'on plonge ce vase dans une autre dissolution conte- 
nant en mélange deux sels, dont l'un est identique avec celui de la premiere dis- 
solution, ce dernier ne pénétrera pas dans le vase poreux, tandis que l'autre 
sel y sera appelé. Ainsi, que de l'azotate de chaux et du sel ammoniac soient 
tenus en dissolution dans un vase de verre oü l'on immerge un vase poreux 
contenant de l'azotate de chaux, on trouvera, au bout de vingt-quatre heures 
d'immersion, que le vase poreux contient un sel ammoniac, mais ne renferme 
pas plus d'azotate de chaux qu'au commencement de l'expérience. Ce fait parait 
capital à l'auteur, et il en tire, avec une grande vraisemblance, l'explication du 
phénomène signalé plus haut, c'est-à-dire l'accumulation de certains principes 
déterminés dans la plante, comme par exemple de la silice dans la paille du 
Froment et la feuille de la Fougère. Chez ces deux plantes, la silice forme avec 
les tissus une combinaison insoluble, tandis que d'autres sels, le sel marin si 
l'on veut, y persistent à l'état de dissolution. La plante se trouve donc ici dans 
la méme condition que le vase poreux de l'expérience que nous venons de 
décrire; elle renferme un élément, le sel marin, en dissolution plus concentrée 
que dans le sol lui-méme, car il y a eu une certaine évaporation d'eau de la 
séve, tandis que la proportion de silice y est au contraire beaucoup moins grande 
que dans le sol, puisqu'une partie de cet élément s'est fixée dans les tissus. Il 
y aura donc appel de silice dans la plante, comme il y a eu appel de sel ammo- 
niac dans l'expérience précitée. Cette nouvelle dose de silice subissant le méme 
sort que celle qui l'a précédée, le vide qu'elle laisse tend de nouveau à se com- 
bler, et ainsi de suite, jusqu'à saturation des tissus de la plante. 

» Ces mouvements des sels dans les liquides, indépendants de tout mouve- 
ment des liquides eux-mêmes, qui, soit dit en passant, ont été très-bien étu- 
diés par M. Th. Graham, servent encore à l'auteur du mémoire pour expli- 
quer l'accumulation de divers principes dans certains organes de la même 
plante et leur absence de certains autres. Par exemple, si les feuilles anciennes 
renferment surtout du carbonate de chaux et de la silice, c'est, d'apres lui, 
parce que la précipitation de ces matières par le dégagement de l'acide carbo- 
nique, qui les tenait en dissolution dans la séve de la feuille, les y rend plus 
rares, ce qui détermine un nouvel appel de ces substances. De proche en proche 
elles cheminent à travers les tissus vers les points où leur condensation laisse 
u vide à remplir. Ici donc encore c'est une force purement physique qui est 
mise en Jeu, mais qui n'en reste pas moins déterminée, comme l'auteur le re- 
connait, par une cause physiologique, car si les tissus de la plante ont le pouvoir 
de fixer telle substance minérale qui leur est nécessaire, c'est en vertu de leur 
organisation méme, c'est-à-dire d'un produit direct de la vie. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A5 

» En résumé, d'apres l'auteur, la composition des cendres des végétaux se 
lie à diverses causes qu'on peut déterminer : d'abord à la station méme des 
plantes, car il est naturel que celles qui végètent sur un sol crayeux renfer- 
ment plus de chaux que celles qui vivent sur un sol granitique; ensuite aux 
inégalités de la force endosmotique, variable suivant les sels, et dont les effets 
sont si marqués sur les plantes marines; enfin à l'affinité capillaire s'élevant 
jusqu'à la combinaison chimique qui détermine la précipitation de certains 
principes par les tissus des plantes, et l'appel, par diffusion, de principes sem- 
blables, à l'exclusion de ceux qui, non fixés dans la plante, s'y trouvent en 
dissolution plus concentrée que dans le sol. L'auteur reconnait cependant que 
ces forces physiques, si capital que soit le rôle qu'il leur attribue dans les phé- 
nomènes de la végétation, sont encore impuissantes à expliquer le mouvement 
des matières azotées et des phosphates, qui semblent converger de tous les 
points de la plante vers la graine, au moment de la formation de cette dernière, 
mais il n'en conclut pas non plus que ce soit le résultat d'une action puremeat 
physiologique. En l'absence d'observations, il s'abstient sagement d'en préjuger 
la cause. 

» Relativement à la deuxième question du programme, question considérée 
ici comme secondaire et pour ainsi dire facultative, mais bien digne encore d'étre 
sérieusement étudiée, l'auteur s'est trouvé dès le début en présence de diffi- 
cultés matérielles qu'il ne lui a probablement pas été possible de surmonter... 

» Limité comme il l'était ici dans ses moyens d'investigation, l'auteur du 
mémoire présenté a fait du moins ce qui lui était possible. Ses expériences lui 
ont démontré que si les plantes aquatiques exigent, plus impérieusement en- 
core que les plantes terrestres, une vive lumiere solaire, c'est que, placées dans 
l'obscurité, ou méme simplement à une lumiere affaiblie, elles extraient, jus- 
qu'au dernier atome, l'oxygene contenu dans l'eau, ce qui les fait périr 
asphyxiées. De là la rareté ou le manque total de végétation dans les eaux 
stagnantes constamment abritées contre les rayons du soleil, et par suite leur 
innocuité au point de vue hygiénique; de là encore, pour la culture des plantes 
aquatiques, la nécessité, d'ailleurs bien connue, de placer les bassins qui les 
contiennent aux situations les mieux éclairées... » 

— Le prix Barbier qui, tous les ans, est accordé à celui qui fera une décou- 
verte précieuse pour la science chirurgicale, médicale, pharmaceutique, et 
dans la botanique ayant rapport à l'art de guérir, a été partagé entre MM. Bail- 
let et Filhol, d'une part, pour leurs Études sur UIvraie enivrante ; et, d'autre 
part, MM. Vée et Leven, pour leurs Recherches chimiques et physiologiques 
sur un alcaloide extrait de la F?ve de Calabar. Une mention honorable a été 
en outre donnée à M. René de Grosourdy, pour son ouvrage intitulé : Ze 
médecin botaniste créole. Notre Revue a rendu compte de tous ces travaux. 

— Relativement aux sujets de prix proposés dans la dernière séance de 
l'Académie, nous renverrons d'abord à ce que nous avons annoncé l'année der- 


A6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


niere; on se rappelle que le prix Bordin, à décerner en 1866, est relatif à la 
structure des tiges, et que les concurrents ont jusqu'au 1*' juin 1866 pour 
l'envoi de leurs mémoires. 

Le programme du prix Bordin, à décerner en 1867, est ainsi concu : 

Étudier la structure anatomique du pistil et du fruit dans ses princi- 
pales modifications. 

L'organisation de la fleur est maintenant ramenée par tous les botanistes à 
un type général, dans lequel on considere tous les organes qui la constituent 
comme dérivant de modifications diverses des feuilles. 

Le pistil, placé at centre de la fleur, présente cependant quelquefois des 
difficultés pour une assimilation complète de ses diverses parties aux organes 
appendiculaires ou foliacés. L'axe méme de la fleur, prolongé et diversement 
modifié, parait dans certains cas entrer dans la constitution du pistil et des 
placentas, et par suite dans celle du fruit qui en résulte. 

On a cherché à résoudre cette question par l'étude des monstruosités et de 
l'organogénie, mais il reste sur plusieurs points des doutes que l'examen ana- 
tomique de ces organes, à diverses époques de leur développement, pourrait 
probablement résoudre. 

On demanderait aux concurrents d'étudier dans les principaux types d'or- 
ganisation du pistil (pistils simples, pistils composés offrant divers modes de 
placentation, pistils libres et adhérents) la distribution des faisceaux vascu- 
laires qui se portent soit dans les placentas et les ovules, soit dans les parois 
de l'ovaire ou dans le péricarpe, ainsi que dans la zone externe des ovaires 
adhérents, et de déterminer l'origine de ces faisceaux vasculaires et leurs 
diverses connexions... 

Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de /rozs mille francs. 

Les mémoires (manuscrits) devront étre déposés, franc de port, au Secré- 
tariat de l'Institut, avant le 1° juin 1867, terme de rigueur. 

Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés qui ne seront 
ouverts que si la pièce est couronnée. 

— Le prix Barbier se troüve à décerner, en 1866, dans les mêmes condi- 
tions que chaque année. Le terme fixé pour l'envoi des mémoires manuscrits 
ou imprimés, est le 1° juin 1866. 


— Le prix fondé par M. Desmazières sera décerné, conformément aux sti- 
pulations du testateur, dans la séance publique de l'année 1866, à l'auteur 
français ou étranger, du meilleur ou du plus utile écrit, publié sur tout où 
partie de la Cryptogamie dans le courant de l'année 1865 et adressé à l'Aca- 
démie avant le 1° juin 1866. Ce prix sera de seize cents francs. 

— Le prix fondé par M. Thore sera décerné en 1867 à l'auteur du meilleur 
mémoire, manuscrit ou imprimé, sur les Cryptogames cellulaires d'Europe 
(Algues fluviatiles ou marines, Mousses, Lichens ou Champignons), adressé à 
l'Académie avant le 1° juin 1867, Ce prix sera de deux cents francs. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 7 


— Une place vient d'étre déclarée vacante à l'Académie des sciences dans la 
section de botanique, par suite du décès de M. Montagne. M. Trécul est pré- 
senté en premiére ligne par la section de botanique. 

— M. C. Montagne a laissé, sous le titre d'autobiographie, des mémoires 
manuscrits dont la publication a été confiée par lui à M. Cap, bien connu du 
monde savant par de nombreux écrits d'histoire naturelle et par des Études 
biographiques pour servir à l'histoire des sciences. La publication du nouveau 
manuscrit aura du succès; car, comme le dit M. le baron Larrey dans sa no- 
tice sur M. Montagne (1), si notre défunt confrère n'a pu avoir d'influence sur 
les événements mémorables de son époque, il y a du moins assisté en observa- 
teur dont l'esprit fin, le savoir profond, le jugement droit et le caractere hon- 
néte sont autant de garanties pour l'attrait de ses mémoires posthumes. 

— Notre honorable confrère, M. le docteur L. Savatier, médecin-major de . 
la marine, vient d'étre, sur la demande du gouvernement japonais, attaché à 
la création d'un arsenal au Japon. Le gouvernement du Taïcoun a fondé sa 
demande sur les services que M. Savatier pourrait lui rendre dans l'étude des 
sciences naturelles. Le poste important qu'il va occuper lui permettra de nous 
fournir des documents et des matériaux de toute sorte fort intéressants pour 
l'histoire naturelle du Japon. 

— L'exsiccata de Mousses et d'Hépatiques que MM. Roze et Bescherelle 
font paraître sous le titre de Muscinées des environs de Paris est aujourd'hui 
parvenu à son dixième fascicule. On se rappelle que plusieurs découvertes 
nouvelles pour la flore bryologique de Paris ont été consignées dans cette inté- 
ressante publication. 

— Nous avous le regret d'annoncer la mort d'un botaniste du midi de la 
France, M. Philippe, bien connu de nos confrères par sa Flore des Pyrénées. 


— La Commission scientifique, instituée prés du ministère de l'instruction 
publique pour centraliser les documents recueillis au Mexique par les explora- 
teurs qui font partie de l'expédition scientifique, a recu cet hiver un envoi 
important de M. Bourgeau, consistant en trois cent vingt-cinq espèces recueil- 
lies généralement en fleurs et en fruits, préparées avec le soin que l'on connait 
à cet habile collecteur, et munies chacuue d'une étiquette spéciale portant un 
numéro d'ordre et l'indication précise du lieu et du jour de la récolte. Chaque 
espèce a été recueillie au nombre de quinze à vingt échantillons, les petites 
espèces en nombre plus considérable. La Commission a été informée successive- 
ment de quatre autres envois de M. Bourgeau, dont l'expédition a été quelque 
peu retardée, et qui doivent arriver prochainement par le méme bátiment, 
l'Amazone, qui est attendu à Saint-Nazaire. Tout récemment, M. Decaisne, 


(1) Extrait du Recueil des, Mémoires de médecine, de chirurgie et de pharmacie mili- 
taires; in-8 de 16 pages. Paris, chez Victor Rozier, 1866, 


AS SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


membre de la Commission, vient d’être informé d'un sixième envoi par une 
lettre de M. Bourgeau. Les premiers contenaient des plantes recueillies sur les 
hauts plateaux. Le sixième envoi provient au contraire des terres chaudes. 
Malheureusement, M. Bourgeau s'y trouvait dans de mauvaises conditions pour 
y continuer ses récoltes. Il se plaignait déja de l'altération de sa santé ; il signa- 
lait aussi la difficulté particuliere que l'humidité du climat, dans les régions 
basses, oppose à la prompte dessiccation et à la bonne préparation des plantes 
récoltées. 

— M. C. Davaine a découvert tout récemment des spores de Puccinia en 

grande abondance dans l'intestin de quelques herbivores. Ces spores avaient 
germé et produit dans quelques cas des filaments rameux. Ce fait est d'autant 
plus intéressant que ces Cryptogames affectent particulièrement, comme on 
sait, les plantes, notamment les Graminées, dont se nourrissent ces animaux. 
-© — Collections de plantes à vendre. — On met en vente, après décès, l'her- 
bier de M. le docteur Betcke, de Penzlin, petite ville du grand-duché de 
Mecklembourg-Schwerin. Cet herbier contient environ 5900 espèces, et est 
divisé en deux parties : un herbier général qui ne comprend pas les espèces 
du pays, et unherbier particulier qui les renferme. Cet herbier est bien déter- 
miné et a une véritable valeur scientifique, à cause des relations que possédait 
son auteur. Le prix en est de 50 thalers (187 fr. 50). — S'adresser à 
Mr° veuve Betcke, à Penzlin. 

— Extrait du testament de J.-F.-C. Montagne, membre de l'Institut. 
— Pour la vente d'une bibliothèque spéciale (à peu près complete en crypto- 
gamie) comme est la mienne, et en tirer tout le parti possible, mon exécuteur 
testamentaire (M. Barreswill) voudra bien s'aider des conseils d'un libraire 
expérimenté et d'une rare probité. Je fais choix de M. Jean-Baptiste Baillière, 
rue Hautefeuille, n° 19, libraire de l'Académie impériale de médecine et 
membre du Conseil d'escompte de la Banque de France. — M. Bailliere, en 
qui j'ai toute confiance et dont l'habileté est bien connue et les relations fort 
étendues en Europe et en Amérique, fera dresser le catalogue exact de mes 
livres, en exceptant ceux qui servent à des legs, le fera imprimer et distribuer 
par ses nombreux correspondants, dont la plupart sont ses fréres ou ses pa- 
rents, afin de lui donner la plus grande publicité. Il sera aussi chargé, avec 
mon cousin M. Charles Le Roy, de surveiller la vente des livres. 


Pour copie conforme : BARRESWILL. 
La vente aura lieu le 23 avril 1866, et jours suivants, à la salle Silvestre, 


rue des Bons-Enfants, 28, à Paris. Le catalogue est imprimé et en distribution 
chez MM. J.-B. Baillière et fils, rue Hautefeuille, 19. 


D' EUGÈNE FOURNIER. 


Paris ^ Imprimerie de E. MARTINET, rue Mignon, 2, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 


(MARS-AVRIL 1866.) 


N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. J. Rothschild, libraire 
de la Société botanique de France, rue Saint-André-des-Arts, 43, à Paris. ^ 


Studj scientifici sull Egitto e suc adiacenze, compresa 
Ja penisola dell Arabia petrca ( Études scientifiques sur 
l'Égypte et les pays adjacents, y compris la péninsule de l'Arabie 
pétrée); par M. le docteur Antonio Figari-Bey. Deux volumes in-8°. Lucca, 
1864-65. 


Dans le bel ouvrage que nous avons sous les yeux, et qui renferme 
les documents les plus importants sur la géographie, l'histoire naturelle, 
l'industrie, le commerce de l'Égypte, la botanique tient, comme on doit s'y 
.attendre, une fort large place. Sur les vingt-cinq sections dont se com- 
poselelivre, dix concernent directement la botanique pure ou appliquée. 
L'importance de cette œuvre explique les développements dans lesquels nous 
croyons convenable d'entrer à son égard, surtout si l'on songe qu'il s'agit 
d'un pays sur lequel peu de travaux botaniques ont été jusqu'à présent 
publiés. 

4° Géographie botanique. — L'auteur divise le sol de l'Égypte en trois 
régions botaniques : l'une est nommée par lui région de la Thébaïde supé- 
rieure ; elle s'étend en largeur de l'ile d'Éléphantine, située sous le parallèle 
de Syene, jusqu'à l'antique cité de Coptos; elle s'abaisse d'un côté vers la 
mer Rouge, de l'autre vers la vallée du Nil; elle comprend trois sous-régions, 
l'une influencée par le voisinage de la mer, l'autre par les alluvions du fleuve; 
la troisième est proprement la vallée du Nil. La deuxième région commence où 
finit la précédente, c’est-à-dire sous le 26° degré de latitude, et se termine 
sous le parallèle du Caire et de Suez: c'est la région de la Thébaïde infé- 
rieure; elle comprend pareillement trois sous-régions. La troisième embrasse 
toute la région du Delta ; ses trois sous-régions sont l'isthme de Suez, le centre 
du Delta, et sa base, qui forme le littoral de l'Égypte. L'auteur indique succes- 
sivement les végétaux les plus remarquables de ces différentes régions; il n'en 
décrit aucune espéce comme nouvelle, et souvent n'en mentionne que les noms 
génériques. En général, il s'occupe plutót de leur habitat, de leur extension 
géographique et de leurs usages que de leurs caractères spécifiques, mais il 
donne une trésongue liste de plantes qui, si les déterminations en sont 
exactes, aura un grand intérét pour la géographie botanique, et dans la- 
quelle on rencontre bon nombre de végétaux européens, surtout de ceux qui 

T. XI, (REVUE) / 


50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


appartiennent à la flore maritime et à celle des sables et des décombres. Nous 
remarquons dans ces listes plusieurs des espèces qui ont été étudiées par 
M. Webb dans ses Fragmenta Florulæ æthiopico-ægyptiace. 

2» Acclimatation. — On voit croître vigoureusement dans le jardin d'ex- 
périences (du Caire?), la Canne-à-sucre de Taiti, les Corypha umbraculifera, 
Sagus farinifer a, Caryota urens, Cycas circinalis, Hyphœne Dileb, Cocos 
nucifera, Pandanus odoratissima , Flagellaria indica, Alstremeria pere- 
grina, Maranta arundinacea, Convolvulus Batatas, Jatropha Manihot, et 
plusieurs espèces de Crinum, d'Amaryllis, d'Agave, d'Aloé, d Yucca, La 
Canne-à-sucre de la Jamaïque est depuis quelque temps passée dans la grande 
culture de la Haute-Égypte et méme de la moyenne. Dans les.jardins du Caire 
et d'Alexandrie prosperent en pleine terre les Mangifera indica, Mespilus 
japonica, Anona squamosa, Carica Papaya, Citrus decumana, des espèces 
de Psidium, et diverses variétés de Vigne originaires de France, d'Espagne, 
d'Italie, de Grèce et de Syrie, etc. On remarque parmi les plantes d'ornement 
de ces jardins l' Eugenia Jambosa, un grand nombre d’espèces des genres 
Acacia, Mimosa, Cassia, Cæsalpinia, Poinciana et d'autres genres de Légu- 
mineuses tropicales, les Tamarindus indica, Celastrus edulis, Diospyros 
Lotus, Aucuba japonica, Rhus Vernix, quelques pieds de l'Adansonia digi- 
tata. Le Myrtus Pimenta et Y Olea fragrans sont cultivés au jardin d'expé- 
riences, mais les fleurs de ces arbres avortent. Le Croton sebiferum s'y 
propage de lui-méme; il en est de méme de plusieurs especes de Dalbergia, 
Terminalia,Combretum, Artocarpus; le Ficus elastica y est d'une rusticité 
superbe, ainsi que les F. indica et bengalensis, Hæmatoxylon campechia- 
num, Bixa Orellana ; on voit des espèces de Dodonæa, le Schinus Molle, 
P Acacia Lebbek et le Salix babylonica orner les promenades publiques 
d'Alexandrie et du Caire. Le Poinsettia pulcherrima et le Phytolacca diæca 
s'y développent à merveille. On cultive beaucoup le Duranta Plumieri, à 
cause de la facilité avec lequelle il se prête à toute espèce de taille, et le 
D. dentata à cause du parfum de ses fleurs. 

Ces végétaux ne sont pas sans subir quelques changements dans leur nou- 
velle patrie. Les Vignes offrent, dans la vallée du Nil, des grains plus gros, 
pulpeux, à suc plus aqueux; le vin qu'elles donnent est moins alcoolique que 
celui qu'on obtient des mêmes variétés en Europe; et par la matière mucila- 
gineuse et fermentescible qu'il contient en plus grande quantité, il se tourne 
facilement en viuaigre. Il faut excepter de ces considérations le vin d'or que 
produit au Caire, comme en Syrie, le raisin muscat du Liban. Le Mürier- 
blanc de Syrie, greffé sur celui du pays, réussit parfaitement. Le Morus 
cucullata des Philippines, qui a été introduit, se maintient en feuilles toute 
l'année. 

Au contraire, il faat beaucoup de soins pour conserver en Égypte les Rho- 
dodendron, les Magnolia, le Dianthus Caryovhyllus, surtout vour empêcher 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 91 
leurs belles variétés de dégénérer. En général, les plantes cultivées y perdent 
plus ou moins promptement leurs fleurs doubles. Les Pommes-de-terre y 
diminuent de volume et y deviennent aqueuses; l'Oralis crenata ne réussit 
pas non plus. La racine de la Betterave perd son volume, se divise, et devient 
fibreuse et méme ligueuse. Par contre, les racines féculentes des pays inter- 
tropicaux ne font que gagner en développement, et leur substance devient 
encore plus douce et plus amylacée : par exemple, celles des Dioscorea, du 
Manioc, dela Patate, des Arum, du Topinambour, etc. Les arbres frui- 
tiers à pepins et à noyaux d'Europe et d'Asie-Mineure ne fournissent pes 
de bons fruits en Égypte, si ce n'est vers la base du Delta, entre Rosette et 
Damiette. Les amandes douces y deviennent amères. 

Les graines venues directement d'Europe germent en Égypte bien plus len- 
tement que chez nous; on observe jusqu’à quarante jours de différence dans 
l'époque de l'apparition du germe, et la plantule qui en sort est débile; elle 
fructifie environ un mois ou six semaines plus tard que la plante de méme 
espèce venue de graines récoltées en Égypte ou naturalisée depuis longtemps 
dans ce pays. Les caractères des variétés européennes se modifient en Égypte ; 
la plante y tend à revenir toujours à l'état sauvage; elle devient plus robuste, 
plus ramifiée, porte un plus grand nombre de fleurs, et donne plus de semences 
fertiles, Si la plante cultivée est annuelle en Europe, souvent, en Égypte, elle 
devient bisannuelle ou prend une racine vivace. 

Le Chanvre se transforme, dans la vallée du Nil, d'une manière remar- 
quable, A ja cinquième ou sixième année de culture, la plante, toujours 
reproduite de sa propre semence, n'a pas plus de deux pieds de haut; les feuilles 
en sont tellement pressées qu'elles jaunissent et tombent ; les supérieures per- 
sistent seules au sommet des rameaux; elles sont d'un vert sombre, hispides, 
couvertes de glandules et douées d'une odeur forte toute particulière, C'est 
cette variété qu'on désigne sous le nom de Haschich. En Syrie, daus la plaine 
de Damas, où le Chanvre est cultivé en grand, il ne s'altére aucunement ; 
tandis que dans les environs de Balbek, de Naplouse et de Gaza, et dans le 
Liban, il'subit les mêmes transformations qu'en Égypte. 

3° Pathologie végétale. — Dans la vallée du Nil, les maladies qui affectent 
les plantes résultent en général de causes occasionnelles et accidentelles. L'au- 
teur décrit successivement l'asthénie, la cachexie causée par une trop grande 
sécheresse ou par une humidité excessive; des ulcérations produites par les 
insectes. L'auteur nomme asphyxie lente l'état d'une plante attaquée par la 
larve d'un Coccus, qui dévore les feuilles. et l'écorce. 11 a observé cela surtout 
sur le Ficus Carica et sur le Pécher. L'ApAis Gossypit cause de grands 
ravages sur les Malvacées ; les Urédinées et Ustilaginées sont peu connues en 
Égypte, etc. , etc, 

h° Agriculture. — L'auteur entre ici dans des notions assez généralement 
connues sur les nécessités qu'impose à l'agriculture égyptienne l'inondation 


52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


périodique de la vallée du Nil. Les végétaux dont la culture l'occupe spéciale- 
ment sont le Blé, la Féve, l'Zordeum hexastichnm, V Ervum Lens, le Cicer 
arietinum, le Lupinus Termis, le Linum usitatissimum, le Lactuca sativa 
oleifera, le Trifolium alezandrinum, le Lathyrus sativus,le Pisum arvense, 
le Trigonella Fanum grecum, le Carthamus tinctorius, le Papaver somni- 
ferum, qui produit un opium de bonne’ qualité, le Sinapis juncea, le Pim- 
pinella Anisum, le Coriandrum sativum, le Reseda lutea, le Chanvre, qui 
appartiennent à la culture hivernale; le Riz, le Sorgho, le Maïs, le Cotonnier, 
l'Indigotier, la Canne-à-sucre, le Sésame, le Tabac, l'Arachide, le Colocasia, 
le Topinambour, le Navet, l'A//?um Cepa , la Luzerne, le Cucurbita Citrul- 
lus, la Carotte, le Radis, le PAaseolus Mungo, le Dolichos Lablab, qui 
appartiennent à la culture estivale. Parmi les arbres cultivés, M. Figari-Bey 
traite du Dattier, du Cucifera thebaica, du Balanites egyptiaca, du Ficus 
Sycomorus, de l'Acacia nilotica, du Zizyphus Lotus, du Cordia Myxa, du 
Salix ægyptiaca, du Lawsonia alba (dont il indique bien la synonymie an- 
cienne, et dont il a trouvé des fleurs assez bien conservées dans les sarco- 
phages), de la Vigne, du Ricin, du Tamarix gallica, de l'Olivier, du Mûrier, 
de l Acacia Lebbek, du Cassia Fistula, du Caroubier, du Bananier, du Gre- 
nadier, de l'Amandier, du Prunier, du Ficus Carica, du Cactus Opuntia, 
des Peupliers, du Myrtus communis, du Melia, du Pistacia vera, du Cognas- 
sier, du Rosier à cen* feuilles, du Sesbania, de l’ Zleagnus orientalis, etc. 
L'auteur signale soigneusement les noms arabes de chacun de ces végétaux. 

5° Matière médicale, — Ici se trouve une pharmacopée arabe. L'auteur n'a 
pas manqué,à ce propos, de tracer une esquisse intéressante de la médecine 
des Arabes. Suit une énumération fort utile à consulter, qui ne se prête à 
aucune analyse. 

Ce ne sont pas seulement des détails sur l'Égypte que l'on trouvera dans ce 
beau livre. Comme l'auteur regarde la vallée du Nil comme une ramification 
de la grande vallée de la Nubie et du Soudan, il commence, dans son intro- 
duction, par tracer l'orographie et méme en grand la flore de cette vaste con- 
trée de l'Afrique intérieure. Cette flore, dit-il, considérée dans sa généralité, 
offre une assez grande analogie avec celle de la Sénégambie et méme avec celle 
du Brésil. La région de l'Abyssinie, à cause de l'élévation de ses montagnes, 
diffère assez par sa végétation de celle de la Nubie et du Soudan. M. Figari- 
Bey, dont les voyages se sont étendus fort loin, a trouvé dans le Tigré des 
plantes (plus ou moins communes) du continent indien, du golfe Persique et 
de l'Arabie; sur les crêtes élevées des inontagnes de ce pays, il a trouvé des 
Mousses, des Hépatiques, des Fougères, des Bruyères du Caucase, de la Tar- 
tarie. Au contraire, le versant sud de l'Abyssinie, c'est-à-dire le royaume 
d'Adel, des Gallas, etc. , lui a offert nombre d'espéces communes au centre du 
continent africain, avec d'autres communes à la Cafrerie, aux Indes et à l'Aus- 
tralie. Pour l'Abyssinie centrale, sa flore tient plus des caractères de celle de 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 53 
la Perse, d'une part, et, d'autre part, de celle du Soudan et de la Sénégambie. 
M. Figari-Bey, qui a si bien mérité de la botanique par la publication. de 
cet ouvrage, lui donnera sans doute plus encore s'il publie le résultat de ses 
voyages en Abyssinie, et s'il imprime à ses travaux une direction plus spéciale. 
Nous ne voulons pour preuve de cette assertion que rappeler un fait. Dans le 
récit de ses voyages, l'auteur signale à deux reprises &es herborisations marines 
qu'il a faites dans la mer Rouge, à l'effet de recueillir des Algues auxquelles, 
comme on le sait par la découverte d'Ehrenberg et par les travaux de M. Mon- 
tagne, cette mer doit le nom qu'elle porte depuis la plus haute antiquité; mais, 
nulle part, il ne donne la description ni méme l'indication des Algues qu'il a 
recueillies, 


De Pexistenec limitée et de l'extinction des végétaux 
propagés par division; par M. L. de Boutteville. In-8° de 106 
pages. Rouen, 1865. 


L'auteur a cherché à démontrer que les végétaux propagés par division. de 
parties, greffes, boutures, marcottes , etc., ont une existence nécessairement 
limitée. A l'appui de cette thèse, il a d’abord fait appel à la physiologie végé- 
tale, aux lois qui régissent fatalement les phases des êtres organisés. Il a réuni 
un grand nombre de faits pour établir l'état primitivement sain et présentement 
maladif de nombreuses variétés d'arbres fruitiers. Ces maladies ne dépendent 
pas de l'épuisement du sol, puisque, en substituart au moyen de la greffe une 
variété saine, sur des pieds encore jeunes et primitivement entés de variétés 
maladives, on obtient un bon arbre, susceptible d'une longue végétation et d'un 
bon produit. La cause du mal ne réside pas non plus dans des pratiques vi- 
cieuses, telles que l'emploi de greffons pris sur des arbres entés sur Coignassier 
ou sur Paradis, puisque l'on voit attaqués des mémes maux que les fruits de table, 
des Pommiers et Poiriers à fruits de pressoir qui n'ont jamais été cultivés ni en 
espalier, ni sur Paradis ou Coignassier ; et puisque le Peuplier d'Italie, toujours 
propagé de boutures et, par conséquent, toujours nourri par ses propres racines, 
est déjà aujourd'hui dans un état de dépérissement avancé, bien que cultivé 
chez nous depuis un siècle seulement. Le dépérissement en question ne peut pas 
davantage provenir exclusivement. de la vieillesse, puisqu'on rencontre cà et là 
quelques-unes des variétés malades à l'état sain, malgré l'ancienneté de leur 
culture. Plusieurs fruits relatés au xvi* siècle comme excellents, ont com- 
plétement disparu de la culture. 


Production ct fixation des variétés duus les végétaux ; 
par M. E.-A. Carriére. In-4° de 72 pages à 2 col. Paris, libr. agric. Prix : 
2 fr. 50 c 


Ce mémoire a valu à son auteur un deuxième prix au concours de la Société 
horticulture. Comme il n'a pas été publié par la Société, d’après les regle- 


5A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ments du concours, M. Carriére a eu la bonne pensée de faire profiter la 
science des observations inédites qu'il renferme, en le publiant à ses propres 
frais. Comme nous l'avons fait pour le mémoire de M. Verlot (voy. le Bull., 
t. xir, Revue, p. 160), nous reproduisons ici les conclusions de M. Carrière, 
qui s'exprime ainsi : 

Ces conclusions, dit-il, sont de deux sortes: les unes se rapportent à la 
science, les autres, tout en s'appuyant sur celle-ci, sont plus particulières à la 
pratique, à laquelle elles peuvent servir de guide. 

Au point de vue scientifique, les faits que nous avons rapportés démontrent 
que les phénomènes vitaux se développent, d'une part, en raison des mi- 
lieux dans lesquels ils s'exercent, et, de l'autre, qu'étant en rapport avec les 
traitements auxquels on soumet les végétaux, il peut, sous cette double 
influence, se manifester des phénomènes très-divers, de sorte que les indi- 
vidus qui v sont soumis peuvent parfois présenter les caractères les plus 
étranges si on les compare à ceux que présentent. ceux dont ils proviennent. 
Non-seulement leur faciés peut étre différent, mais leur organisation méme 
peut étre sensiblement modifiée, On a pu voir aussi que tous les végétaux sont 
plus ou moins plastiques, que les formes, pour la plupart transitoires et 
locales, ne sont que des modes que prennent les individualités végétales, 
pour se mettre en harmonie avec les conditions dans lesquelles elles croissent. 

De ces faits découle cette conséquence qu'il est fout à fait impossible de 
fixer d'une manière absolue ce qu'on nomme ESPÈCE. 

On savait déjà qu'une plante quelconque étant donnée, on pouvait, à l'aide 
de ses graines et sans qu'il y ait eu d'autre fécondation que celle qui s'est faite 
entre ses fleurs, obtenir des variétés; mais on croyait que les limites des varia- 
tions étaient trés-bornées, ce qui n'est pas, tant s'en faut. Mais ce qu'on ne 
savait peut-étre pas assez, c'est qu'un végétal peut, sur ses diverses parties, 
émettre des productions trés-différentes de celles qu'il présente normalement, 
et comme, d'une autre part, ces productions peuvent se multiplier et con- 
server les caractéres exceptionnels qui se sont montrés, on peut, par le seul 
fait du sectionnement, obtenir des individus qui présentent des particularités 
parfois trés-diflérentes de celles qu'offrent les individus dont ils proviennent. 
Ces faits, nombreux, sont aujourd'hui hors de doute. 

Quant aux conséquences que la pratique horticole peut tirer des faits que 
nous avons rapportés, elles sont trés-importantes. En suivant la marche que 
nous avons indiquée pour les différentes opérations, si l'horticulteur ne peut, 
à sa volonté, faire naître les variétés, il peut du moins en provoquer l'appa- 
rition, et conserver ces variétés lorsqu'elles se sont produites. Mais une fois 
qu'un ébranlement spécifique a eu lieu, qu an affolement s'est produit, l'hor- 
ticulteur pourra, en s'emparant de ce mouvement, le diriger dans le sens le 
plus propre à satisfaire ses vues, et obtenir, pour ainsi dire à sa volonté, telle 
ou telle forme qu'il désire. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 55 


A l'aide des données que nous avons indiquées, l'horticulteur pourra aussi, 
dans certains cas, distinguer les variétés dont, trés-probablement, il n'a p us 
rien à attendre, et en méme temps apprécier celles sur lesquelles il doit tout 
particulierement porter son attention. D'une autre part encore, en se basant 
sur les principes que nous avions indiqués, il pourra, à l'aide de la féconda- 
tion artificielle, modifier les individus, extérieurement et intérieurement, de 
maniere à les approprier à ses besoins. 

On lira avec intérét les notes qui terminent la publication de M. Carriére, 
et dans lesquelles, pour éviter des longueurs qui auraient pu géner la lecture 
du mémoire, il a relaté bon nombre d'observations intéressantes et souvent 
originales. 


Moosstudien aus den Algæuer Alpen. Beitræge zur Phy- 
togeographie (Études sur les Mousses des Alpes de l'Algau ; contri- 
butions à la géographie botanique) ; par M. Ludwig Molendo (Extrait des 
Jahresberichte des naturhistorischen Vereines in Augsburg, 1865); tirage 
à part en un volume in-8° de 163 pages. Leipzig, chez Engelmann, 1865. 


Nous avons déjà signalé les études de M. Molendo sur les Mousses 
des régions alpines de l'Allemagne, publiées conjointement avec M. Lo- 
rentz (1), ou séparément dans le Flora, sous forme de comptes rendus de 
voyages. L'Algau, auquel est relative cette dernière publication de l'auteur, 
est une contrée montagneuse de la Bavière, située entre le lac de Constance, le 
Leck et les Alpes tiroliennes, et traversée par l'Iller. L'auteur commence par 
décrire cette chaine; il en fait connaitre le relief, les altitudes principales, 
l'orographie, la composition géologique et minéralogique. Il passe ensuite en 
revue les Mousses observées par lui dans l'Algau, indiquant soigneusement 
les localités qu'elles habitent, les altitudes auxquelles elles parviennent. Nous 
remarquons dans cette revue les deux espèces nouvelles suivantes : 

Brachythecium Molendii Schimp. in litt. mart. 1864. — Folia cochleari- 
formi-concava, minute serrulata, nervo ultramedio, reti inter propinquos 
angustissimo, areolis paginae media? rhomboideo-linearibus, ad baseos angulos 
subquadratis; axis primaria vermiculari-julacea elongata longe prostrata 8-10 
decim. longa, simplex v. in ramos similes divisa vel ramulis brevibus inæ- 
quilongis julaceis paucis instructa, Vagans v. rarius in cespites laxos conges- 
tum, supra aureo-virens intense nitens, partibus senioribus brunnescentibus. 

Eurhynchium cirrosum Mol. (Hypnum cirrosum Sendtn. non Schwagr., 
E. Vaucheri B. julaceum Schimp. Syn. n. 556). 

Aprés cette étude, l'auteur s'occupe plus spécialement encore de géographie 
botanique. Il délimite les régions naturelles occupées par les végétaux qu'il a 
étudiés; il les compare aux régions qu'occupent les mémes végétaux dans 


(1) Voyez le Bulletin, t, XI (Revue), p. 164. 


56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


d'autres chaines de montagnes. Il énumère longuement les Mousses qui ap- 
partiennent à la région des Céréales, subdivisée en deux autres, à la région du 
Hêtre, également subdivisée, à la région subalpine ou région des Coniferes, et 
à la région alpine, étendue de 5400 à 8200 pieds, et subdivisée en trois autres 
sous-régions. M. Molendo a pris soin d'indiquer dans plusieurs cas la liste des 
principales Phanérogames qui habitent ces diverses régions botaniques. Il 
termine en classant les Mousses qu'il a observées selon les terrains où elles 
croissent. 


Dec l'état sauvage, de la culture et de la domestication; 
par M. le docteur Sagot. In-8° de 79 pages. Nantes, 1865. 


Il n'y a qu'une partie de ce travail qui intéresse spécialement les botanistes. 
On y remarque un petit nombre d'opinions personnelles, à cóté de faits 
qui sont du domaine public de la science. L'auteur n'a pas tenu à développer 
des vues originales, mais à exposer brièvement et avec méthode des vérités 
déjà assez généralement admises. Il s'occupe de comparer les races sauvages 
et les races de culture chez les plantes, afin de tirer de cette comparaison des 
conclusions utiles à l'acclimatation, à l'horticulture. Voici quelques-unes de 
ses conclusions. 

C'est par les semis répétés en sol trés-fumé, par la sélection attentive des 
types reproducteurs, par l'hybridation, par le bouturage réitéré, la taille, la 
greffe, les semis en saison particulière et la culture sous de nouvelles zones 
que l'on arrive à modifier utilement les plantes. A mesure que la physiologie 
végétale fera de nouveaux progrès, on arrivera à produire des déviations de 
plus en plus remarquables, en stimulant à propos certains organes et affaiblis- 
sant à dessein certains autres, comme, par exemple, en placant les racines et 
la tige dans des conditions inégales de nutrition : inégalité de température, 
d'humidité, taille exécutée à propos sur telle ou telle partie du végétal, succes- 
sion bien combinée de chaleur sèche ou humide, emploi d'agents chimiques 
ou physiques, etc. 

M. Sagot a remarqué que beaucoup de plantes annuelles des pays chauds, 
quand on les porte à la limite nord de leur aire de végétation, tendent à ralen- 
tir leur évolution, mais à pousser de plus larges feuilles. Cette disposition 
pourra être utilisée en vue d'arriver plus facilement à l'hypertrophie. 

Le lien héréditaire est plus ou moins serré chez les végétaux. Certaines 
espèces annuelles qui portent des graines grosses et peu nombreuses, et qui 
ont une évolution courte, montrent des phénomènes d'hérédité très-sensibles. 
D'une graine petite et chétive ne saurait, pour elles, sortir un pied vigoureux. 
Chez d'autres plantes, qui donnent des graines menues et nombreuses, il n'en 
est pas de méme. Là où l'hérédité est le plus manifeste, la sélection des 
graines est le moyen le plus naturel de perfectionnement, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 57 


Ofversigt af kongl. Vetenskaps-Akademiens Fœrhand- 
lingar (Comptes rendus de l’Académie royale des sciences de Stockholm); 
volume de 1864, publié en 1865. In-8° avec planches. 


Ce volume contient de nombreux travaux de cryptogamie, savoir : 

1° Exposition des Seligeria de la Scandinavie; par M. S.-O. Lindberg, 
pp. 185-192. — Ce mémoire contient la description et la synonymie de sept 
espèces de ce genre, savoir les S. Donnii (Sm.) C. Muell., S. pusilla (Erhr.) 
Br. et Schimp., S. calcarea (Dicks.) Br. et Sch., S. frifaria (Brid.) Lindb., 
S. setacea (Wulf.) Lindb., S. diversifolia Lindb. 

2° De la présence du Sedum dasyphyllum en Gothie ; par M. S.-O. Lind- 
berg, pp. 195- 196. 

3° Sur quelques espèces peu connues de Sphagnum; par M. Joh. Äng- 
stræm, pp. 197-203. —Les espèces décrites dans ce mémoire sont les Sphag- 
num laricinum Spr. in Wilson Zr. brit., Sph. riparium J. Angstr. 
(Sph. cuspidatum Ehrh.), SpA. neglectum J. Angstr. (Sph. subsecundum var. 
contortum C. Muell. in litt.), et Sph. pycnocladum J. Angstr. Nous regret- 
tons de manquer de place pour reproduire les descriptions de ces espèces, qui 
sont fort longues, l'auteur n'ayant pas jugé à propos d'en tracer des diagnoses 
abrégées, ni d'en faire saillir, par un artifice typographique quelconque, les 
caractéres essentiels. 

h° De Tortulis ef ceteris Trichostomeis europæis; auctore S. -O. Lindberg, 
pp. 215-254. — L'auteur étudie les genres Ephemerella, Spherangium, 
Microbryum, Phascum, Pottia, Trichostomum, Eucladium, Tortula, Pleu- 
rochete et Ceratodon; il décrit ou signale par leur synonymie 77 espèces, 
dont quelques-unes sont nouvelles, savoir les Pottia pallida (P. eustoma var. 
auripes C. Muell), et Tortula nitida, recueilli en Espagne sur les rochers 
de Gibraltar, dont voici la diagnose : 

Dense cæspitosa ; caulis humilis, rigidus, ramosus, densifolius ; folia cras- 
siuscula, erecto-patentia, sicca arcuato-curvata, lanceolata, obtusa, canalicu- 
lata, integerrima, margine plano, paulum undulato, nervo tereti, valde crasso, 
ut apiculo brevissimo excedente, sicco pallente dorsoque nitidissimo, cellulis 
superioribus indistinctis, minutissimis, dense papillosis, eisdem baseos et mar- 
ginis inferioris multo majoribus, hyalino-pellucidis. 

5° Contributions à la flore lichénologique de la Scandinavie ; par M. Th. 
Fries, pp. 269-277. — Nous remarquons dans ce mémoire les nouveautés 
suivantes : Buellia (Parosema) dives, Arthothelium scandinavicum, Belonia 
incarnata, Polyblastia agraria, Verrucuria obscura et Leptogium tetra- 
sporum. 

6° Sur certains Musci schizocarpi; par M. S.-O. Lindberg, pp. 575-588. 
— L'auteur étudie dans ce mémoire les genres Pleuridium et Sporledera. 

7° Constitution de la famille des Funariacées; par M. S.-0. Lindberg, 


58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


pp. 589-608. — L'auteur discute d'une manière fort intéressante quelles divi- 
sions secondaires doivent étre adoptées pour le classement de cette famille. 
Voici la classification qu'il suit : 

A. Funarieze. — Ephemerum Hampe, Aphanorrhegma Sull., Microste- 
gium Lindb., Physcomitrium (Brid.) Fuernr., Pyramidula Brid., Gonio- 
mitrium Wils., Entosthodon Schwægr., C. Muell., Funaria Schreb. 

B. Amblyodonteze. — Amblyodon Beauv., Br. et Sch. 

C. Disceliesze. — Discelium Brid. 

D. Gigaspermese. — Gigaspermum Lindb. 

Dans un appendice, l'auteur décrit les espèces suivantes, la plupart nou- 
velles : Spiridens longifolius (Sp. Reinwardti Mont.), des Philippines; Tra- 
chypus rugosus, des Philippines, Cuming n. 2197; Pterobryum elatum, 
des Philippines, Cuming n. 2198; Mefeorium striatum, du Chili, Lechler 
n. 257 a; Phyllogonium cylindricum, d'Otaiti, Calymperes parasiti- 
cum Hook. et Grev., Syrrhopodon obtusifolius, d'Otaiti, Macromitrium 
caducipilum, de la Nouvelle-Zélande, Goniobryum subbasilare ( Mntum 
C. Muell.), Fissidens Thunbergii €. Muell., Leucophanes guadalupense et 
Octoblepharum longifolium. — Voici les caractères du genre nouveau Gonio- 
bryum : Fructus lateralis. Capsula obliqua, cernua, collo distinctissimo, gra- 
cili. Peristomium optime evolutum, eodem Bryorum (verorum) persimile. 
Operculum breviter conicum, obtusum. Inflorescentia autoica. Areolatio folio- 
rum funaroidea. 


On the history and structure of Urococcus (De l'histoire et 
de la structure de l'Urococcus); par M. Ch. Jenner (Transactions of the 
botanical Society, vol. VII, part IE, pp. 318-324). Édimbourg, 1865. 


Jusqu'au travail publié en 1845 sur les Algues d'eau douce par M. Hassall, 
le genre U/rococcus avait été réuni au genre Hæmatococcus d' Agardh ; depuis 
cette époque, les espèces caractéristiques en ont été classées dans les genres 
Protococcus ou Glæocapsa, abstraction étant faite de leurs particularités dis- 
tinctives. Si l'on observe le Glæocapsa quaternata, espèce des plus grandes 
dimensions, on voit que le genre Glæocapsa est supérieur par son degré de 
développement aux genres Palmella et Palmoglea, parce que la paroi de 
ses cellules est plus épaisse et plus résistante. Cela n'empéche pas cependant 
que cette paroi ne soit brisée par la formation endogène des jeunes cellules (les- 
quelles sont ordinairement en méme nombre que les nucléus de la cellule pri- 
mitive). L'Ürococcus est encore placé au-dessus du G/æocapsa dans l'échelle 
des êtres organisés. Ici les cellules de nouvelle formation ne se séparent pas 
complétement de celle qui leur a donné naissance; on peut observer ainsi une 
centaine de cellules retenues les unes aux autres, ce qui forme une sorte de 
tige striée, dont les striations indiquent les points d’attache des cellules com- 
posantes. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 59 


Ueber dic Flora der schwarzen Schiefer von Raibl (Sur 
la flore des schistes noirs de Jtaibl); par M. Schenk ( Wuerzburger natur- 
wissenschaftliche Zeitschrift, t. VI, 1'* livraison, pp. 10-20 , avec deux 
planches). Wurzbourg, 1865. 


Le pays qui a été examiné par M. Schenk est placé dans la Carinthie supé- 
rieure ; il avait déjà été étudié par M. Bronn dans ses recherches sur la faune et 
sur la flore du trias. Ce savant paléontologiste y avait signalé huit empreintes 
végétales différentes; M. Schenk pense qu'il a eu raison d'en rapporter la for- 
mation à l'époque triasique, mais qu'il s'est trompé souvent dans leur détermi- 
nation. M. Schenk a récolté à Raibl le Calamites arenaceus auct., le Voltzia 
coburgensis Schaur., qui se rencontrent aussi dans le grés houiller des Alpes; 
une Fougère peut-être identique au JVevropteris Ruetimeyeri Heer, et qu'on 
trouve dans la méme formation à Hemmiken, canton de Bâle; le Tænto- 
pteris marantacea, qui est très-répandu ailleurs que dans les Alpes; et 
cinq autres fossiles jusqu'ici particuliers aux environs de Raibl, ce sont les 
Pterophyllum Sandbergeri Schenk, Pt. giganteum Schenk, Cyatheites 
pachyrrhachis Schenk, Calamites Raibelianus Schenk, et un Æquisetites. 
L'auteur décrit et figure ces nouveaux fossiles, et compare ses observations 


avec celles de M. Bronn. 


Quelques monstruosités végétales et catalogue des cas de proli- 
férie observés par M. A. Landrin (Extrait des Mémoires de la Société des 
sciences naturelles de Seine-et-Oise) ; tirage à part en brochure in-8° de 
12 pages. Versailles, 1865. 


Les monstruosités observées par M. Landrin sont au nombre de cinq. Les 
deux premières sont offertes par des poires proliféres. La troisième consiste 
dans la soudure des deux coques du fruit du Noyer; la soudure y est 
complète, et. s'étend de la pointe à la base de la noix. La quatrième est une 
soudure observée entre deux des graines renfermées dans l'involucre épineux 
du Castanea ; le cinquième est un fait de syncarpie observé entre les péricarpes 
de trois noisettes. A la suite de ce travail, l'auteur. présente une liste des 
plantes chez lesquelles on a reconnu des cas de proliférie. Cette liste, qui ne 
contient pas moins de quatre-vingt-dix observations (dont trois feites sur des 
Cryptogames), sera assurément fort utile à consulter pour s'assurer de la nou- 
veauté d'une observation tératologique de ce genre. 


Beseription du genre nouveau Schi:opsis de l’ordre 
des Bignoniacées; par M. Éd. Bureau (Adansonia, t. Y. 


Le limbe de la corolle se divise profondément en deux lèvres dans certaines 
Bignoniacées qui, jusqu'à ce jour, étaient restées confondues dans les genres 
Arrabidea et Bignonia. Ces plantes constituent, pour M. Bureau, deux genres 


60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


distincts. Chez les unes, on trouve un calice coriace, campanulé, denté ou den- 
ticulé; un ovaire très-velu, contenant quatre rangs d'ovules dans chaque loge 
ét sans trace de disque à la base. Leur corolle est tellement irrégulière qu'elle 
paraît appartenir à quelque plante de l’ordre des Labiées ou de celui des Ver- 
bénacées. Les affinités de ce genre, auquel l’auteur donne le nom de Schi- 
zopsis pour en rappeler le caractère principal, sont tres-évidentes ; il se range 
dela manière la plus naturelle près des Lundia qui, comme lui, ont un 
ovaire velu-hérissé et manquent de disque, mais avec lesquels sa corolle, d'une 
forme si particulière, ses anthères glabres et son port, qui est à peu près celui 
des Arrabidea, ne permettent pas de le confondre. M. Bureau décrit six espè- 
ces du genre Schizopsis : Sch. panurensis, Spruce exs. n. 2626 ; Sch. labiata 
(Bignonia labiata Cham.); Sch. Goudotiana (Nouvelle-Grenade, Justin 
Goudot); Sch. Chimonantha (Brésil); Sch. Regnelliana (Arrabidea fascicu- 
lata DC. non Bignonia Regnelliana Sond.), du Brésil; et Sch. fasciculata 
(Bignonia fasciculata Vell, Cuspidaria fasciculata Sond.). 

Les autres espèces de l'ancien genre Bignonia à corolle profondément bi- 
labiée, ont un calice cupuliforme, membraneux, à lobes arrondis; un ovaire 
dépourvu de villosité, contenant quatre à six rangs d'ovules dans chaque loge, 
et un disque trés-petit, quinquélobé. Les affinités du genre qu'elles consti- 
tuent sont plus difficiles à reconnaitre, vu l'absence des fruits, qu'on n'a pas 
encore découverts; mais les placentas qui déjà, dans l'ovaire, sont refoulés 
dans l'angle externe des loges et appliqués contre leur paroi, comme dans les 
Tanæcium, les Pithecoctenium, etc., donnent lieu à penser qu'il viendra se 
ranger prés de ceux dont la capsule est plus ou moins épaisse, courte et à 
valves ligneuses. On peut considérer comme le type de ce second genre, que 
l'auteur décrira prochainement sous le nom de Mussatia, le M. venezuelensis 
(Funck et Schlim exsice. n. 512). 


Observations on the morphology and anatomy of the 
genus Hestio L., togcther with an enumeration of the 
South Africam species (Observations sur la morphologie et 
l'anatomie du genre Restio L., accompagnées de l'énumération des espè- 

` ees de Restio de l'Afrique australe) ; par M. Maxwell T. Masters (Journal 
of the Linnean Society, vol. viu, n. 32, pp. 211-255, avec deux planches). 


Le genre Æestio, nommé d'abord Kyllinga par Rottbæll, a été fondé par 
Linné sur le R. dichotomus, qui a été longtemps une espèce douteuse dans les 
herbiers. Heureusement, il se trouve dans l'herbier de Linné, sur une copie 
de la douziéme édition du Systema, une note écrite par le savant naturaliste 
suédois, et qui identifie cette espèce au Thamnocortus fruticosus Berg. Fl. 
cap. 353, t. 5, f. 8. Ainsi, comme cela est arrivé si souvent pour les genres 
anciens, l'espèce princeps du genre Restio n'y est pius renfermée aujourd'hui. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. . 61 


Les espèces créées ultérieurement par Rottboell, Linné et d'autres auteurs ont 
été partie retenues dans le genre, partie distribuées dans les genres Calopsis, 
Elegia, Thamnocortus, Staberoha, Hypodiscus, etc. Dans son mémoire, 
M. Masters a adopté pour le genre Restio les limites tracées par Kunth. Il 
en éloigne le R. aristatus Thunb. et quelques espèces voisines, dont les fleurs 
femelles s'écartent par leur structure de celles des vrais Aestio. D'autre part, 
il y fait rentrer le genre Zschyrolepis de Steudel. 

M. Masters étudie successivement le rhizome, le chaume, le feuillage, les 
bractées, l'inflorescence, les faits tératologiques et l'histologie, chez les plantes 
qui font le sujet de son mémoire. Les feuilles y sont presque réduites à leur 
gaine, surtout à la base du chaume, où elles sont très-rapprochées. Plus haut, 
oü à cause de leur espacement, il est plus facile de les étudier, ces gaines 
entourent plus ou moins étroitement la tige, ce qui fournit un bon caractère 
pour la distinction des espèces. Souvent ces gaines se terminent par un mu- 
cron qui représente seul le limbe. Ce mucron, ou le limbe quand il existe, 
s'élève sur le milieu du dos de la gaine, juste au-dessous de son sommet. 
Au point de vue morphologique, dit l'auteur, cette partie de la feuille doit étre 
regardée comme la partie supérieure du pétiole, le véritable limbe man- 
quant chez la plupart des Monocotylédones. L'apex membraneux qui surmonte 
le mucron parait à l'auteur analogue à la ligule des Graminées. Quelquefois, 
cet apex se partage en deux lobes ; alors toute la feuille représente une feuille 
aciculiforme munie d'une gaine et de deux stipules membraneuses adnées ; 
dans quelques espèces d'Zypolena, cet apex est lacinié comme les stipules 
des Saccharum. 

En faisant une section de la racine du Restio, on y trouve à la surface exté- 
rieure une couche épidermique privée de stomates, au-dessous trois ou quatre 
rangées de cellules obliques, larges, làchement assemblées, polygonales sur 
une coupe transversale, à parois légèrement épaissies; en dedans encore, une 
couche épaisse de fibres libériennes ponctuées et brunes. Au centre est un 
cylindre de fibres ligneuses à parois épaissies et rarement ponctuées, entre- 
mélées d'un faible nombre de vaisseaux rayés. La structure du rhizome est 
très-semblable à celle de la racine, surtout extérieurement ; mais intérieure- 
ment la plus grande masse du rhizome consiste en cellules ponctuées, épais- 
sies, oblongues ou polygonales, disposées par groupes autour de vaisseaux 
ponctués et rayés. Le chaume du /iestio ferruginosus Link montre un épi- 
derme à cellules à peu près quadrangulaires, privées de chlorophylle, muni de 
quelques stomates épars; ces cellules s'épaississent beaucoup avec l'áge ; plu- 
sieurs d'entre elles se remplissent d'une substance d'un brun foncé, qui est 
probablement de nature résineuse. Il n'est pas rare de voir se rompre la paroi 
externe de ces cellules. Au-dessous de l'épiderme est, sur les jeunes chaumes, 
une faible couche herbacée qui perd. promptement sa chlorophylle et un tissu 
làche et spongieux, à cellules allongées transversalement. Plus en dedans est 


62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

un parenchyme, profond de trois ou quatre rangées, à cellules allongées paral- 
lelement à l'axe de la tige, puis une couche de liber, puis, de nouveau, une 
couche de parenchyme dans lequel s'élévent des faisceaux vasculaires formés 
de vaisseaux rayés et de fibres ligneuses. Tout à fait au centre est une moelle 
à cellules larges et ponctuées, analogue à la moelle des Dicotylédones. 

Dans le classement des espèces, M. Masters a conservé la première section 
de Kunth, ou les vrais Restio, caractérisés par la présence de deux styles et par 
l'absence de pistil rudimentaire dans les fleurs mâles; la deuxième section est 
formée par les espéces à trois styles, dont Kunth avait proposé de former un 
nouveau genre. La premiere section, qui est la plus membraneuse, est sub- 
divisée d'aprés le nombre des fleurs renfermées dans chaque épillet femelle, 
la laxité des gaines de la tige et l'inflorescence. 

Les espéces énumérées ou décrites par M. Masters sont au nombre de quatre- 
vingts, parmi lesquelles plusieurs nouvelles signées par l'auteur ou publiées 
d’après des notes manuscrites de Nees trouvées dans l herbier de M. Sonder. 
Huit autres espèces sont signalées comme douteuses. 


On the genera Sweetlia Spreng. and Giycine L., simul- 
taneously published under the name of Leptolobium 
(Sur les genres Sweetia Spreng. et Glycine Z., publiés simultanément 
sous le nom de Leptolobium); par M. G. Bentham (Journal of the Lin- 
nean Society, 1865, vol. vit, pp. 259-267). 


Quoique les résultats exposés dans ce mémoire se trouvent consignés déja 
dans la deuxiéme partie du premier volume du Genera plantarum, annoncés 
dans notre précédent numéro, nous avons cru utile de signaler ce mémoire 
antérieur de M. Bentham, pour avertir nos lecteurs qu'il traite de plantes 
appartenant aux flores du Brésil, du Mexique, de l'Abyssinie et de l'Inde. 


On a new genus of (Sur un nouveau genre de) Ternstroemia- 
cese; par M. H.-R. Beddome (Journal of the Linnean Society, 1865, 
vol. VII, p. 267, avec une planche). 


Il s'agit dans ce mémoire d'un arbre considérable qui croît à 3000 pieds 
d'altitude dans les Nilgherries, et qui donne un bois de charpente estimé. 
L'auteur le décrit sous le nom de Pæciloneuron. En voici la diagnose : 

] Calyx 5-partitus, sepalis æqualibus, imbricatis; petala 5, contorta. Stamina 
circiter 20, coalita in tubum circa basin ovarii; stamina subpentadelpha ; an- 
theris erectis, basifixis, longis, linearibus. Styli 2, stigmatibus filiformibus. 
Ovarium 1-loculare, ovulis 2 in utroque loculo, erectis. Capsula ignota. Pani- 
culæ terminales, Folia opposita, venis stricte parallelis, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 63 


Ncte of observatious and experiments on germination 
(Observations et expériences sur la germination); par M. G. Dickie 
(Journal of the Linnean Society, 1865, vol. 1x, pp. 126-127). 


On sait que dans le Welwitschia les deux cotylédons persistent pendant 
toute la durée de la plante, dont ils constituent les seules feuilles. Dans les 
Streptocarpus Rhexii et St. primuloides, l'auteur a observé la persistance 
d'un seul de ces organes; d'abord opposés, ils deviennent alternes, et c'est le 
supérieur qui s'accroit, tandis que l'inférieur conserve sa forme et se détache 
de la tige. En détruisant la plumule, l'auteur a déterminé la durée et lac- 
croissement des cotylédons au delà des limites normales. 


Novitiæ quadam Lichenum europæorum variarum tri- 
buum ; exposuit W. Nylander (Flora, 1865, n. 1^, pp. 209-213). 


Collema sabbad ium, in Finlandia orientali ad saxa calcis primitive; Zep- 
togium rhyparodes, in Scotia (Jones), ad saxa micaceo schistosa; Pyrenidium 
actinellum, in comitatu Kent (Jones), ad calcem; Calicium trajectum, in 
Hampshire (Salwey), corticola; Stereocaulisium gomphillaceum, in Fin- 
landia media (Norrlin), ad saxa granatica; Stereocaulon cupriniforme, in Fin- 
landia media (Norrlin); Placodium fulgidum, in Gallia meridionali, prope 
Cannes (Bornet), supra terram ; Opegrapha ochrocheila, in Gallia prope Pau 
(Larbalestier), ad corticem; Verrucaria subintegra, in insula Jersey (Larba- 
lestier), ad saxa granitica; V. Jeptotera, in insula Jersey (Larbalestier), ad 
scopulos; Melanotheca acerrulans, in Gallia centrali, dit. Cher (Ripart), ad 
lapides jurassicos, supra terram. 


Primula graveolenti-viscosa; par M. Christ (Flora, 1865, 
n, 14, pp. 213-214). 


L'auteur a rencontré ce nouvel hybride en aoüt 1863, entre 7000 et 8000 
pieds, entre de petits exemplaires des deux parents ; la plante a fleuri sur sa 
fenêtre depuis, au printemps, et il à pu parfaitement l'observer. Il en trace les 
caractères en les comparant à ceux de ses deux parents. 


Record of the occurrence, new to Ireland, with note 
of a peculiar condition of the volvocinaceous Alga 
Stephanosphæra pluvialis Cohn, and observations 
thereon (Note sur la présence, nouvelle en Irlande, du Stephanosphæra 
pluvialis Cohn, Aigue de lu tribu des Volvocinées , avec des remarques 
sur sa constitution, etc.); par M. W. Archer ( Proceedings of the natural 
history Society of Dublin, vol. 1v, part 11, pp. 451-177). Dublin, 1865. 


Le genre Stephanosphæra a été créé par M. Cohn en 1852, dans un tra- 
vail spécial publié dans le tome 1v du Zeitschrift fuer Wissenschatliche 


6h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Zoologie de Siebold et Kælliker, pour des Algues voisines des Protococcus, 
qui en diffèrent cependant parce qu'elles vivent en groupes ou colonies de 
huit individus enfermés dans une membrane commune. Ces huit individus, 
ou cellules primordiales du Stephanosphera, sont munis chacun de deux cils 
qui traversentl'enveloppe commune, sphéroidale, et déterminent le mouvement 
gvratoire dont est douée la colonie tout entiére. D'aprés M. Cohn, ces cor- 
puscules se multiplient de plusieurs manières, d'abord par macrogonidies, 
chaque cellule primordiale se divisant en huit par génération endogène ; tan- 
tôt par microgonidies, chacune d'elles se résolvant, par le même mode de par- 
tition, en une quantité innombrable de petits corpuscules fusiformes allongés 
munis de quatre cils, qui s'échappent après la rupture de leur cellule com- 
mune, prennent une couleur rouge en perdant leurs cils, deviennent immo- 
biles et se prêtent à de nouveaux ‘développements, d'où résultent des êtres 
ressemblant aux Microcystis et aux Polycystis de M. Kuetzing. Dans un 
autre mode de reproduction, les huit (quelquefois six) cellules secondaires 
nées dans la cellule primordiale du Stephanosphæra deviennent libres à un 
certain moment, et se transforment pour un temps en zoospores (sous l'in- 
fluence d'une dessiccation préalable, aprés laquelle elles peuvent revenir à la 
vie si on les humecte convenablement); ces zoospores perdent plus tard leur 
faculté de mouvement, comme en général chez les Algues zoosporées, et 
reproduisent directement les Stephanosphara. La plus importante des obser- 
vations faites par M. Archer sur ces Algues singulieres, dont les différentes 
transformations rappellent celles des Myxomycètes, c'est qu'à certains mo- 
ments et sous certaines influences qu'il ne parait pas très-nettement définir, 
les masses protoplasmatiques contenues dans les cellules primordiales du Ste- 
phanosphæra peuvent se transformer en véritables Amibes (dans lesquels il 
n'a pas observé de vésicule contractile). Il rappelle que déjà M. Hicks a 
observé l'état d'amibe sur les zoospores du Volvox globator, qui appartient 
à la méme famille. 


On the oceurrence of spiral vessels in the thallus of 
Evernia Prunustri (De la présence des vaisseaux spiraux dans 
le thalle de l'Evernia Prunastri) ; par M. T. Jones (Proceedings of the 
natural history Society of Dublin, t. 1v, part. 11, pp. 177-178). 


Voici encore un fait hon moins remarquable que le précédent. L'amiral 
Jones, qui s'occupe avec grand succés de l'étude des Lichens d'Irlande et 
qui a trouvé dans ce pays plusieurs espéces nouvelles décrites l'an dernier 
par M. Nylander, a découvert dans un Lichen des plus communs, abondam- 
ment répandu en France, l'£vernia Prunastri Ach., des faisceaux de vais- 
seaux spiraux; M. Archer les a examinés avec lui et les a représentés dans 
une figure qui accompagne la note de M. Jones. M. David Moore a observé 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 65 


sur quelques-uns d'entre eux une apparence scalariforme. M. Archer les a 
trouvés souvent à l'état de vaisseaux annulaires. 


Sur Pacclimatation des Cinchona. Rapport à M. Bontemps, 
gouverneur des établissements francais dans l'Inde ; par M. Jules Lépine. 
In-8? de 16 pages. 


Ce rapport est uniquement fondé sur les rapports publiés sur le méme sujet 
par M. Mac-lvor, chargé dela direction des plantations de Cinehona des 
Nilgherries, et sur les analyses faites par MM. Howard et De Vry. Nous avon 
déjà plus d'une fois entretenu nos lecteurs de ce sujet. Mais ce qu'ils ne savent 
probablement pas encore, c'est que M. Mac-Ivor a annoncé à M. Lépine 
l'envoi d'une caisse de plants de Cinchona, et que l'acclimatation de ces pré- 
cieux végétaux va être tentée dans les colonies françaises. M. Lépine passe en 
revue les différentes contrées où elle pourrait réussir, et il émet le vœu que 
la caisse annoncée par M. Mac-Ivor soit envoyée à l'ile de la Réunion, parta- 
geant l'opinion émise sur le méme sujet par M. P. Madinier dans la Revue du 
monde colonial (avril 1864). Dans le cas où une seconde caisse serait envoyée 
par M. Mac-Ivor, M. Lépine proposerait de la transporter en France pour la 
diriger de là sur l'Algérie. . 


Sugli organi riproduttori del genere Verrucaria (Sur 
les organes reproducteurs du genre Verrucaria); par M. Guiseppe Gibelli, 
professeur d'histoire naturelle au collége royal de Pavie (Extrait des Me- 
morie della Società italiana di scienze naturali, t. 1°); tirage à part 
en brochure in-4° de 14 pages, avec une planche. Milan, 1865. 


M. Gibelli a travaillé de concert avec M. Santo Garovaglio, professeur de 
botanique à l'Université de Pavie ; il étudiait l'anatomie des Lichens dont la 
classification occupait son collaborateur. On sait qu'en 1850 M. Itzigsohn a 
publié, dans le Botanische Zeitung, une note sur les anthéridies et les sper- 
matozoides des Lichens. Déjà, avant lui, quelques lichénographes avaient 
observé sur le thalle de plusieurs Lichens angiocarpes ou gyinnocarpes, outre 
les conceptacles normaux de ces Cryptogames, une quantité de petites ponc- 
tuations disséminées, qui ont fait désigner par les termes spécifiques de con- 
spersa, caperata, physodes, encausta, certaines espèces de Parmelia, de 
Porina, de Sagedia et d' Endocarpon. M. Fries les a regardées comme des 
apothécies transformées; il en a décrit, ainsi que M. Wallroth, chez divers 
genres. M. de Flotow les a nommées pyrénodes dans le Botanische Zeitung, en 
1850, et les a trouvées remplies de sporidies (Link) en quantité innombrable. 
M. Tulasne (Mémoire sur les Lichens, Ann. 3, xvii, 1852) a vérifié en partie 
les observations d'Itzigsohn, mais il nie le mouvement propre des corpuscules 
contenus dans ces petits organes; il ne leur reconnaît que le mouvement 


T. XIIL (REVUE) 5 


66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


brownien. Ce sont cependant, pour lui, des spermaties contenues dans des 
spermogonies, à l'extrémité de stérigmates. M. Massalongo, dans ses Fram- 
menti lichenologici, a été bien plus loin, puisqu'il admet des Lichens monoi- 
ques ou dioiques, selon qu'ils possèdent sur le méme thalle o. sur des thalles 
différents, les spermogonies de M. Tulasne, qu'il nomme spermocalia. 

M. Gibelli a, depuis trois ans, remarqué l'existence constante, dans le 
méme conceptacle ou au méme moment que les thèques et les spores, de très- 
petits corpuscules cylindriques épars dans le liquide de la préparation. La dif- 
ficulté de leur étude naissait de l'habitat des espèces de Verrucaires qui les 
présentent, lesquelles sont saxicoles. Pour la surmonter, M. Gibelli a préparé 
un mélange de quelques gouttes de bitume de Judée, avec une once de stéa- 
rine commune; ayant liquéfié le mélange, il en a étendu avec un pin- 
ceau une couche de 3 à 4 millimètres d'épaisseur sur un petit morceau 
de papier. Ensuite, détachant délicatement les apothécies de la pierre, il 
les transportait sur la couche liquide, et passait dessus, avec le pinceau, une 
nouvelle couche du mélange. La masse, une fois consolidée, se détachait avec 
là plus grande facilité du papier, et l'on en pouvait obtenir des coupes, comme 
on l'a fait pour étudier la structure des grains de pollen. Avec ces précau- 
tions, il est parvenu à constater qu'il existe dans les Verrucaires ce qui a été 
décrit sur les Lichens et sur les Sphéries par M. Tulasne et par. d'autres au- 
teurs (1). L'apothécie du Verrucaria monolocularis se divise en deux par- 
ties: l'une qui correspond à la partie du sphéroide libre extérieurement, 
l'autre à sa partie adhérente au thalle. De la première descendent dans la 
cavité du conceptacle les filaments rameux de l'appareil mále portant les sper- 
maties à leur extrémité; de la partie inférieure montent les thèques. Tl existe 
un ostiole à Ja partie supérieure et médiane de l'appareil. L'auteur entre dans 
des détails intéressants, mais que nous ne pouvons reproduire, sur la consti- 
tation anatomique et chimique de l'appareil sporigere. Les spermaties sont 
produites à l'extrémité des filaments rameux (stérigmates) de l'appareil sper- 
matigène ; ce sont des corpuscules cylindriques d'une longueur de 0"7,0032, 
doués au plus haut degré du mouvement brownien, mais dépourvus d'un 
mouvement de translation ou de gyration propre, comme l'avait cru M. It- 
zigsohn. L'auteur n'a pas observé les spermaties adhérentes à leurs spermaties, 
du moins chez les Verrucaires hermaphrodites. 

M. Gibelli dit avoir reconnu que toutes les Verrucaires qui possèdent des 
paraphyses à filaments bien distincts sont diclines et vivent en général sur les 
écorces, tandis que celles qui manquent de paraphyses distinctes possèdent ces 
organes dans leurs propres apothécies, sous forme de franges pendantes et 
spermatiferes, et sont, par conséquent, monoiques ; elles sont saxicoles et ont 
les spores uniloculaires. De méme que cela été noté pour les Sphériacées par 


(4) Voyez le Bulletin, t. XII (Revue), pp. 80 et 225. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 67 


M. Tulasne ct par M. Janovitsch, les jeunes apothécies des espèces monoiques 
observées par M. Gibelli ne contenaient pas encore les théques, dont il a pu 
observer les diverses phases de développement (1). 

L'auteur a observé des pycnides contenant des stylospores sur huit espéces 
de Lichens. Les stylospores étaient biloculaires dans le Verrucaria carpinea 
Pers., quadriloculaires dans le Pyrenula minuta Næg. et dans le Sagedia 
carpinea Pers. et Mass. 

M. Gibelli n'a pu, malgré ses nombreuses observations et en dépit de 
leur tendauce visible, reconnaitre de fécondation directe chez les especes 
' dioiques du genre Verrucaria, parce qu'il n'existe chez elles aucun orifice, 
ni pour la sortie des éléments máles, ni pour leur pénétration. dans l'organe 
femelle. 


Tentamen dispositionis methodicæ Lichenum iu Lon- 
gobardia nascentium, additis iconibus partium internarum cujus- 
que speciei; auctore Santo Garovaglio. 3 fascicules in-4^: 1° Prolego- 
mena; 2* sect, I. Verrucarias uniloculares illustrans, cum tab. lith. 111 ; 
prix: 6 francs; 3° sect. II. Verrucarias biloculares illustrans ; prix : 4 fr. 
50 c. Mediolani, 1865. 


Ces fascicules renferment l'exposition systématique du genre Verrucaria, 
dont M. Gibelli a étudié parallèlement la reproduction. On sait que les 
lichénographes, comme tous les naturalistes en général, peuvent aujourd'hui 
être rangés en deux camps : les uns, dont M. Nylander peut à bon droit 
être regardé comme le chef d'école, comprennent le genre et l'espéce de Ja 
maniere la plus large; les autres, dont M. Massalongo est peut-étre le prin- 
cipal représentant, sectionnent et fragmentent jusqu'à une extréme limite les 
types anciens. M. Santo Garovaglio tient à peu prés le milieu entre ces deux 
extrémes, avec MM. Stizenberger, de Krempelhuber, Mueller, Speerschneider 
et quelques autres lichénographes. C'est ainsi. qu'il renferme dans le genre 
Verrucaria non moins de trente genres différents admis par MM. Massa- 
longo, Anzi, De Notaris, Rabenhorst, Zwackh, Keerber, Th. Fries, etc. 
Pour lui, le genre Verrucaria comprend les « Lichenes angiocarpi, nucleo 
simplici et homogeneo, epithecio plerumque ad instar carbonis nigricante, 
preterea thallo crustoso instructi ». Il a divisé ce genre en quatre sections, 
d'aprés le nombre des logettes de la spore, qui offrent, soit une seule loge, 
soit deux loges, soit de quatre à huit loges superposées, soit plusieurs loges 
collatérales. Enfin, la subdivision de ces quatre sections est tracée d’après la 


(1) M. Nylander (F'ora, 1865, p. 579) ne partage pas le sentiment de M. Gibelli sur 
ces spermaties, qu'il nomme des fragments détachés des filaments ostiolaires. 11 a donné 
(Flora, 1864, p. 354 et 358) un exemple de l'association de filaments ostiolaires et de 
paraphyses dans la méme cavité. 


68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


présence ou l'absence des paraphyses, la situation des organes mâles, la 
forme des thèques, les variations du thalle, la place des apothécies et la gran- 
deur des spores. 

L'auteur décrit ainsi vingt-huit espèces de Verrucaria dans les deux pre- 
miéres sections; il n'a pas encore fait paraitre ce qui concerne les deux der- 
nières. Les Prolegomena contiennent encore l'explication de Ia nomenclature 
employée par l'auteur, laquelle lui est, dans quelques cas, particulière. Il 
emploie le terme d'épithécium dans le méme sens où Acharius et les anciens 
lichénographes s'étaient servis du terme de périthécium, et non dans le sens 
où l'emploie M. Nylander. 

C'est M. Gibelli qui a dessiné les planches du mémoire de M. Santo Garo- 
vaglio. 

Les Lichenes exsiccati Longobardiæ in ordinem systematicum dispositi, 
publiés par M. Santo Garovaglio, ont commencé à paraître. Les Verrucaires 
uniloculaires et biloculaires peuvent étre acquises au prix de 30 francs. 

Ce que nous venons de dire du mémoire de M. Santo Garovaglio suffira, 
croyons-nous, pour l'exposition de ses idées, et nous permettra, vu la grande 
abondance des matériaux envoyés récemment à la Société, de signaler seule- 
ment les autres publications suivantes du méme auteur. 


1° Sui piu recenti sistemi lichenologi sulla importanza compara- 
tiva dei caratteri adoperati in essi per la limitazione dei genere delle 
specie (Sur les systémes lichénographiques les plus récents et sur l'impor- 
tance relative des caractères employés par leurs auteurs pour limiter les 
genres et les espèces). In-8° de 34 pages. Pavie, 1865; prix : 1 fr. 50. — 
La plus grande partie de cet opuscule est consacrée à l'étude spéciale du genre 
Verrucaria. L'auteur y reproduit les mêmes vues que dans le travail précé- 
dent. 


2° Della distribuzione geografica dei Licheni di Lombardia e di 
zn nuovo ordinamento del genere Verrucaria (De la distribution 
géographique des Lichens de Lombardie et d'un nouvel arrangement du 
genre Verrucaria). In-8? de 27 pages, avec des notes. Pavie, 1864. Prix: 
IT 56 


Aleuni discorsi sulla botanica (Quelques discours sur la bota- 
nique); par M. Santo Garovaglio. 2 fasc. in-8*. Pavie, 1865. 


Ces travaux ne contenant aucun fait nouveau, nous nous contenterons 
d'en indiquer seulement la nature. Ils sont au nombre de six, et intitulés: la 
botanique, la fleur, les noms des plantes, les Coniféres, les arbres et la 
botanique chez les anciens. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 69 


Notizie sopra una Mortella dell Australia che può essere 
coltivata utilmente nell'Italia meridionale (Votes sur une Myrtacée d' Aus- 
tralie qui peut être cultivée avec avantage dans l'Italie méridionale); 
par M. Gasparrini (Extrait des Afti del R. Istituto incoraggiamento); 
tirage à part en brochure in-4? de 10 pages, avec une planche coloriée. 
Naples, 1865. : 


La Myrtacée qui fait le sujet de ce mémoire est le Jambosa australis DC. 
Les fruits de cet arbre, dont l'auteur a longuement étudié et décrit les pro- 
priétés chimiques, possèdent dans leur pulpe une matière colorante sem- 
blable à celle du vin, de la crème de tartre qu'on peut obtenir par simple 
évaporation, et un liquide fermentescible qui peut donner du vinaigre et de 
l'alcool. i 


La vie et les écrits de sir William Hooker; par M. Alph. De 
Candolle (Extrait de la Bibliothèque universelle, archives des sciences, 
1866); tirage à part en brochure in-8° de 19 pages. 


William Jackson Hooker était né à Norwich, le 26 juillet 1785; il est 
mort à Kew le 12 août 1865, à l’âge, par conséquent, de quatre-vingts ans 
accomplis. Son père était un homme instruit, amateur de plantes rares et 
de curiosités littéraires ou scientifiques. Son parrain, William Jackson, 
dont il portait les deux noms, lui destinait une propriété de quelque impor- 
tance, dont il hérita en 1806. Hooker se trouva donc trés-jeune sous des 
influences favorables à l'étude des sciences naturelles. On avait jugé bon de 
le placer -quelque temps chez un fermier pour qu'il y apprit l'agriculture, 
mais ce séjour à la campagne ne fit que développer ses goûts naturels. Il com- 
menca à faire des collections, et s'empressa de se mettre en rapport avec 
divers naturalistes du pays, parmi lesquels se trouvait sir Edward Smith. 
Après avoir débuté dans la carrière des vovages par quelques excursions en 
Écosse, Hooker fit en 1809 un voyage important en Islande. Malgré un ter 
rible accident, un incendie en mer, qui détruisit ses collections, il put rédiger 
sur ce voyage deux volumes entiers de récits et de documents. Il parcourut 
ensuite la France, la Suisse et le nord de l'Italie, recherchant partout les 
botanistes et herborisaut avec passion dans les localités dont les anciens au- 
teurs avaient le plus parlé. Quand il eut accepté la place de professeur de 
botanique à l'Université de Glascow, le nombre des élèves qui y souscri- 
vaient au cours de botanique s'éleva de 21 à 100. Parmi eux se trouvaient 
des jeunes gens destinés à voir des pays lointains et. qui, plus tard, stimulés 
par leur maitre, lui ont envoyé des plantes rares, ce qui fat l'une des causes 
de l'immense richesse ae son herbier. T fut ensuite appelé à la direction 
du jardin de Kew, vers 18^1, au moment où la reine en cédait la pro- 
priété à l'État, et ce fut lui qui fut le créateur de cet établissement admi- 


70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


rable, dont l'importance devint chaque jour plus considérable, et qui, l'année 
dernière, a recu 90 000 échantillons! On est heureux de savoir, dit M. De 
Candolle, et nous nous associons pleinement à cette expression de sa pensée, 
que la direction de semblables richesses est confiée au fils méme de sir Wil- 
liam, au docteur Joseph Dalton Hooker, dont l'activité n'est pas inférieure à 
celle de son père, et que des publications importantes placent déjà très-haut 
dans l'opinion des botanistes. Sir William le pressentait, et il a dà en éprou- 
ver beaucoup de douceur dans les derniers moments de sa vie. 

Après avoir raconté la carrière du savant naturaliste, M. De Candolle appré- 
cie ses ouvrages, sa tendance et sa position dans l'histoire de la botanique. Tout 
le monde sait que c'est comme botaniste descripteur que sir William y tien- 
dra une place des plus importantes. Parmi les botanistes dont la science a dû 
successivement déplorer la perte, Linné, Augustin Pyramus De Candolle et 
Hooker sont les trois qui ont publié le plus. Celui-ci a peut-étre décrit 
autant d'espèces nouvelles que De Candolle, et il a publié au moins 4000 
planches ! Les espéces qu'il a dit étre nouvelles le sont véritablement, à de 
trés-rares exceptions prés, et l'on est rarement appelé à transporter d'un 
genre daus un autre les espéces qu'il a classées. Il est fort remarquable de 
voir qu'il a achevé tous ses ouvrages, comme Linné, mais non comme De 
Candolle, ni Lamarck, ni méme Robert Brown, qui en ont laissé d'inachevés. 

M. Alph. De Candolle cite les principaux ouvrages de sir William Hooker. 
Nous en donnerons la liste complète, d’après le Journal de la Société Lin- 
néenne de Londres. 


Be la germination sous des degrés divers de tempé- 
rature constante; par M. Alph. De Candolle (Extrait de la Biblio- 
thèque universelle et Revue suisse; archives des sciences physiques et 

. naturelles); tirage à part en brochure in-8° de 40 pages. 


On sait que M. Alph. De Candolle s'est déjà occupé des phénomènes 
physiologiques de la germination (voyez la Physiologie végétale de A.-P. De 
Candolle, t. 11, pp. 640 et 646 ; et Ann. sc. naf. 3° série, t. VI, p. 373). 
Ses expériences nouvelles confirment celles de M. Fr. Burckhardt ( Veber 
die Bestimmung des Vegetationsnullpunktes [Sur la détermination du zéro 
de végétation] dans les Verhandl. d. naturfursch. Gesellschaft zu Basel, 
1858, t. 11, livr. 1, pp. 47-62), mais elles portent sur un plus grand nombre 
d'espéces, soumises à des conditions plus normales, et elles conduisent, par 
conséquent, à des conclusions plus étendues et plus certaines. L'auteur donne 
d'abord le détail de ses expériences, ensuite les résultats. Il a observé à la tem- 
pérature de 0°, de 1°,4 à 25,2, de 2°,6 à 35,2, de 4°,2 à 65,1, de 55,7 envi- 
ron, de 9* environ, de 12° à 13°, de 17" environ, de 20° à 21? environ, de 
2h? à 25° environ, de 28° environ, de 40° à 44°, de jusqu'à 57° environ 
pour les graines de Sésame, qui paraissent résister le mieux à une chaleur 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 71 


extréme. Les chiffres qui précédent doivent en général étre regardés comme 
des moyennes. 

Voici les principales déductions et conclusions de l'auteur, — 1° Il existe 
des graines qui germent sous 0° (Sinapis alba). — 2° TI existe un mini- 
num particulier de température pour chaque espèce, au-dessous duquel ses 
graines ne peuvent pas germer. Dans les expériences de M. De Candolle, les 
espèces qui ont demandé les minima les plus élevés sont toutes des pays 
chauds. Elles sont exclues par cette cause des pays froids, car, si elles y ger- 
maient, ce serait trop tard au printemps, et elles ne pourraient plus arriver à 
márir leurs graines avant l'hiver. Parmi les espèces qui lèvent sous de basses 
températures, il en existe qui sont de pays tempérés. Elles n'avancent pas 
jusque dans les régions polaires, soit par des causes étrangères aux faits de la 
germination, soit parce que, germant trop tôt, les parties herbacées sont saisies 
par le froid. — 3° Il existe aussi pour chaque espèce un maximum de tempé- 
rature, au-dessus duquel ses graines ne peuvent plus germer. Cette limite 
dépend beaucoup du degré d'humidité. Les graines qui souffriraient d'une 
immersion prolongée dans de l'eau à 50°, et méme à 45°, peuvent encore 
germer dans de la terre humide, à la méme température. — 4° L'amplitude, 
ou le nombre de degrés compris entre le minimum nécessaire pour la germi- 
nation d'une espéce et le maximum au delà duquel le phénoméne est impos- 
sible, varie d'une espèce à l’autre. Il est évident qu'une amplitude faible est 
une cause défavorable à l'extension. géographique d'une espèce et à sa cul- 
ture. — 5" Il existe une différence remarquable entre le moment de la germi- 
nation des graines de méme espèce et de méme origine. M. De Candolle a 
appelé germination, dans ses expériences, d'une maniére assez arbitraire, le 
moment oü apparait la seconde ou la troisiéme radicule. Si la température 
est trés-favorable, la germination de plusieurs graines arrive simultanément, 
Prés du maximum, et surtout. du minimum, les graines germent plus irré- 
gulierement, et un plus grand nombre ne germent pas. — 6^ L'absence 
ou la présence de l'albumen, et sa nature lorsqu'il existe, doivent exercer 
une certaine influence pour accélérer ou retarder l'effet du calorique. — 
7° Le rapport entre la température et le temps requis pour la germination 
donne lieu à des considérations intéressantes, Près du minimum, une aug- 
mentation légère de température abrége notablement la durée de la germina- 
tion. Sous des moyennes plus favorables, l'accélération est faible. Enfin, prés 
du maximum, l'intensité de la chaleur devient nuisible et retarde la germi- 
nation. M. De Candolle a construit des courbes qui indiquent ces résultats 
d'une maniere frappante. 

Au-dessous de leur minimum, les graines maintenues dans un milieu hu- 
mide et ne pouvant pas germer , pourrissent lentement ; au-dessous de 45° à 
50°, elles commencent à se carboniser. Il est aisé de comprendre que ces 
altérations extérieures gagnent le tissu interne, le dépot de’matières dans les 


72 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

cellules et même l'embryon. Ainsi la jeune plante se trouve dans la graine 
comme un prisonnier resserré dans un étroit espace. Les causes physiques et 
chimiques éloignent les parois de la prison, les rendent flexibles, pénétrables, 
et transforment quelquefois des matières encombrantes en matières liquides, 
nutritives. Si ces opérations physiques et chimiques n'ont pas lieu trop lente- 
ment ou trop brusquement, si elles ne dérivent pas vers une fermentation 
putride ou vers la carbonisation des tissus, si les matériaux de l'albumen ou 
des cotylédons se résolvent à propos et convenablement, la jeune plante 
grandit. 


Bastardiruugsversuche an Orchideen (Recherches d'hybri- 
dation sur les Orchidées) ; par M. F. Hildebrand ( Botanische Zeitung, 
1865, n. 31, pp. 245-249). 


M. Hildebrand résume de la manière suivante ses propres expériences. 
Nous voyons, dit-il, chez les Orchidées, le pollen de toute espèce germer sur 
le stigmate d'une autre Orchidée, quelle que soit l'affinité des deux espèces 
mises en expérience; mais les boyaux polliniques agissent de facon très- 
diverse sur le grossissement des ovules, lequel offre tous les degrés, selon les 
espèces mises en contact. Il est à remarquer que si l'on classe en série les cas 
observés d'apres le degré du développement de l'ovule, la série obtenue ainsi 
n'est pas du tout la méme que celle qu'on aurait dressée d’après l'affinité des 
deux sujets hybridés. Par exemple, l'auteur a obtenu des graines fertiles par croi- 
sements entre le Cypripedium Calceolus et Y Orchis mascula, entre celui-ci 
et le Cypripedium parviflorum, ou du moins des ovules qui contenaient un 
embryon; et rien de pareil en fécondant Y Orchis mascula par l'O. Morio. En 
second lieu, M. Hildebrand remarque, ce qui a déjà été signalé par divers ex- 
périmentateurs, qu'entre deux espéces qu'on croise, le choix du porte-graine 
n'est pas indifférent, puisqu'il a obtenu des ovules parfaitement conformés 
en fécondant l'O. Morio par YO. mascula. Il a observé que quand les ovules ne 
doivent pas se développer, l'adhérence du pollen à la surface stigmatique est 
bien plus facile et la formation des boyaux bien plus prompte que dans le cas 
contraire. Il a aussi reconnu, à l'exemple d'autres observateurs, que le dépót 
de la poussière pollinique exerce une influence manifeste sur le grossissement 
de l'ovaire et des ovules, sans méme qu'il y ait formation d'embryon dans 
ceux-ci. 


Bemerkungen ucber Leplothrix und Hefe (Recherches sur 
le Leptothrix e£ la levůre); par M. Ernst Hallier (Botanische Zeitung, 
1865, nn. 38 et 39, pp. 281-284, 289-291, avec une planche gravée). 


Nous avons analysé plus haut, p. 24, un travail où M. Hallier à ramené le 
Leptothrix à une forme d'un Champignon, M. Hallier est arrivé ultérieurement 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 73 


à penser que le Leptothriz peut être une forme de développement commune 
à plusieurs Champignons inférieurs. 1] croit pouvoir conclure de ses nouvelles 
recherches que la levüre, dans sa forme habituelle, c'est-à-dire sous l'aspect 
de cellules brillantes, à parois minces, qui se multiplient par partition du 
noyau et génération endogène, procède le plus généralement du Leptothrix, 
tandis que la levüre à l'état de conidies, telle qu'elle se produit dans le lait, 
parait être toujours un produit des spores. Il y a par conséquent , ajoute-t-il, 
trois formes de levüre, qui différent par leur origine comme par leur forme, 
savoir la levüre à l'état de Leptothriz (état parfait), à l'état de mycélium (état 
imparfait), dans lequel elle sort de spores ou de cellules et forme des tubes 
courts ; et la levüre à l'état de conidies. 


Parerga lichenologiea ; par M. G.-W. Kerber. 5° livraison, in-8° de 
XVI et 385-501 pages. Breslau, chez Éd. Trewendt, 1865. 


Ce cinquième fascicule termine l'ouvrage de M. Kærber, dont notre Zievue 
a déjà parlé à différentes reprises. L'introduction qui en forme le préambule 
contient une classification en partie propre à l'auteur, qui distribue les Lichenes 
heteromerici en trois ordres : thamnuoblasti Keerb., phylloblasti Kærb., et 
kryoblasti Koerb.; et les Lichenes homæomerici en deux ordres : gelatinosi 
Bernh. et byssacei Kœrb. Les Lichenes parasitici | Pseudolichenes auct.), 
rejetés en dehors de cette classification, forment une sorte d'appendice. Le 
fascicule actuel termine l'étude spécifique des Lichens. Il commence au mi- 
lieu de la tribu des Verrucariées. Le livre est terminé par des additions et 
corrections, par un index des genres et par un index des espèces. 


Ueber Juncus pyggmeeus Rich, und Juncus fascicu- 
tatus Schoushoe; par M. Fr. Buchenau (Botanische Zeitung, n. 26, 
pp. 205-208). 


Voici la synonymie et la diagnose de ces deux Juncus, telle que les rétablit 
M. Buchenau. 

1. J. pygmaus Rich. in Thuill. FE Par. p. 178 (1799). J. mutabilis œ 
Lam. Zneycl. 111, p. 270 (1789), teste DC. J. nanus Dubois FL. d'Orl. 279 
(1803). J. bicephalus Viv. Fi. cors. spec. nov., p. 5 (1824). J. bupleu- 
roides Pourr. herb. (ex Willk. et Lange Prod. FT. hisp. Y, p. 185. — Folia 
filiformia, septis transversis inconspicuis intercepta. Bracteæ acutae. Segmenta 
perianthii linearia, acuta. Stamina 3 v. 6. Filamenta filiformia antheris triplo 
v. quadruplo longiora; antheræ flavae, ovales. Ovarium perigonio brevius ; 
stylus brevissimus ; stigmata 3 ; capsula perigonio brevior, trigono-cylindracea, 
apice attenuata. 

2. J. fasciculatus Schousb. in E. Mey. Syn. Junc. p. 28 (1822). J. acu- 
minatus Salzm. herb. in Kunth Enum. ur, p. 330 (1851). — Folia cylin- 
drica, septis transversis conspicuis intercepta. Bracteæ acutæ, apice subulatæ, 


7h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Segmenta perianthii apice longe subulata; stamina 6; filamenta linearia, an- 
theris duplo breviora; antheræ longe, lineares ; ovarium obclavatum, in sty- 
lum longum sensim attenuatum ; ovarium cum stylo fere perianthium æquans. 
Capsula obclavata, perigonio æquilonga. 


Ueber die Krystalldruesen in Marke von Kerria japo- 
nica BC. und Ricinus communis (Des glandes cristallines 
qui se rencontrent dans la moelle des, etc.); par M. S. Rosanoff (Bota- 
nische Zeitung, 1865, n. hh, pp. 329-330, avec une planche). 


La moelle du Æerria japonica forme un cylindre composé de cellules pa- 
renchymateuses à mince paroi, qui sont de deux sortes. Les unes sont très- 
grosses et ont généralement la forme de deux pyramides tronquées, adossées 
parleurs bases, et les autres sont beaucoup plus petites et dirigées suivant 
l'axe dela tige. Celles-ci ne sont pas aussi nombreuses que les autres ; elles 
forment des cordons paralléles, dans lequel est enfermé le tissu à grandes 
cellules. Le cylindre médullaire, pris dans sa totalité, est entouré à sa péri- 
phérie de plusieurs couches de cellules épaissies qui, pendant le repos de 
l'hiver, servent de passage aux formations amylacées dont est dépourvue la 
moelle. Ce sont les petites cellules du cylindre médullaire qui contiennent 
(non pas exclusivement, mais principalement) les glandes cristallines étudiées 
par l'auteur, glandes qui, sur la coupe transversale, paraissent remplir toute la 
cellule qui les renferme, et qui sont composées d'oxalate de chaux; tantôt ces 
glandes sont renfermées originairement dans la paroi qui sépare deux cellules, 
et d’où elles font saillie dans la cavité de chacune d'elles; tantôt elles pendent 
librement dans cette cavité, suspendues par un pédicule. Il est possible que 
cet état ne soit qu'une conséquence du premier, due à la disparition d'une 
partie dela membrane qui séparait les deux cellules; alors le cristal ne 
parait plus communiquer qu'avec un seul point de la paroi. Si les deux por- 
tions membraneuses qui l'unissaient à cette paroi sont résorbées toutes deux, 
le cristal se trouve libre dans la cavité. 


Lichencs Novæ Zelandiæ, quos ibi legit anno 1801 D" Lander Lind- 
say; par M. W. Nylander (Journal of the Linnean Society, vol. 1x, 
pp. 244-259, 1865) ; tirage à part en brochure in-8°. 


On connait la large distribution des végétaux inférieurs, et l'on ne sera 
point étonné qu'il soit retrouvé dans la Nouvelle-Zélande des espèces telles 
que l Usnea barbata, le Cladonia pyxidata, le Parmelia conspersa, le Phys- 
cia parietina, et tant d'autres que nous pourrions citer. Les Lichens décrits 
par M. Nylander dans ce mémoire sont au nombre de 127, distribués dans 
1^ tribus. Plusieurs sont nouveaux pour la science; mais la lichénographie 
n'est pas assez avancée pour qu'on puisse affirmer qu'ils sont 'spéciaux à la 
Nouvelle-Zélande. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 75 


Ueber die steinbewohnenden Opegrapha-Arten (Sur 
les espèces saxicoles d'Opegrapha); par M. Ernst Stizenberger. In-^? de 
36 pages, avec deux planches. Dresde, 1865. 


Comme tous les travaux monographiques, celui-ci se préte peu à l'analyse. 
Les espèces que l'auteur y étudie sont au nombre de quinze. Elles sont clas- 
sées d'aprés le nombre de cellules que renferment leurs spores. Elles appar- 
tiennent à la flore européenne. On voit, en parcourant son mémoire, que 
l'auteur a réduit au rang de variétés un grand nombre d'espèces. Il en indi- 
que la station et l'altitude avec un grand soin. Les planches représentent les 
spores et les thèques d'un grand nombre d'espèces. 


Tcones flovie germanice et helvetieæ, simul terrarum adjacen- 
tium, ergo mediae Europæ, auctoribus L. Reichenbach et H.-G.. Reichen- 
bach filio. T. xxi, decades 12-15. Lipsiæ, sumptibus Ambrosii Abel. 


Tab. 1952. OEnanthe pimpinelloides L., OE. media Griseb.; Seseli leuco- 
spermum W. K., S. Hippomarathrum L.; Peucedanum longifolium W. K. 
1953. P. officinale L. 1954. P. parvifolium Vill. P. selinoides Rchb. f. 
1955. P. Schottii Bess. 1956. P. latifolium DC. 1957. P. ruthenicum M. 
Bieb.; Tæniopetalum Neumayeri De Vis. 1958. Peucedanum arenarium W. 
K. 1959. P. Cervaria Lap. 1960. P. Oreoselinum Mænch. 1961. P. alsaticum 
K. 1962. P. venetum K. 1963. P. austriacum K. var. rablense. 1964. P. 
Ostruthium K. 1965. P. angustifolium Rchb. fil. 1966. P. palustre Meench. 
1967. Tommasinia verticillaris Bert. 1968. Anethum graveolens L. 1969. 
Heracleum Sphondylium L. 1970. H. Sphondylium L. var. elegans K. 1971. 
H. palmatum Baumg. 1972. H. sibiricum L. 1973. H. Panaces L. 1974. H. 
pyrenaicum Lam. 1975. H. alpinum L. 1976. H. Pollinianum Bert. 1977. 
H. austriacum L. 1978. H. siifolium Rchb.; Tordylium apulum L. 1979. 
T. officinale L. 1980. T. maximum L. 1981. Pastinaca Fleischmanni Hladn, 
1982. P. sativa L. 1983. P. opaca Bernh. 1984. Siler trilobum Scop. 1985. 
Laserpitium latifolium L. var. glabrum K., var. asperum K. 1986. Ferula 
communis L.; Opopanax Chironium K.; Laserpitium alpinum W. K. 1987. 
L. marginatum W. K. 1988. L. Gaudini Morett. 1989. L. Siler L. 1990. 
Cenolophium Fischeri K.; Silaus pratensis Bess.; Opopanax Chironium K. ; 
Laserpitium peucedanoides L. 1991, L. marginatum Aruncus Rchb. f. 


Observations sur le pistil ou le frait des genres Pa- 
paver et Citrus; par M. D. Clos (Ann, sc. nat. 5° série, t. HI, 
pp. 312-320). 


L'ovaire du Pavot ne présente point de mamelons carpellaires primitifs. 
Son pistil nait par une enceinte circulaire continue. Faut-il admettre que ce 
pistil soit de naturejtigellairej? L'auteur discute divers cas de monstruosités 


76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
observés sur le genre Papaver, principalement des transformations d'étamines 
en carpelles. 

Au mois de janvier 1865, M. Clos a observé au centre d'une orange parfai- 
tement conformée quant à ses autres caractères, un corps ovoide conique 
composé de trois petites cótes, en tout semblables aux extérieures, à part la 
grosseur, et que l'on pouvait facilement isoler. Il a pu étudier ultérieurement 
les oranges fœtifères ou enceintes signalées par plusieurs auteurs. L'écorce de 
ces oranges ne diffère pas de celle des autres ; quand on l'a enlevée, on a sous 
les yeux un cercle de cótes normales, mais dont la suture ventrale, au lieu 
de représenter une ligne droite, est fortement incurvée pour pouvoir s'appli- 
quer sur un second rang de cótes intérieures, à dos également convexe, mais 
de moitié plus courtes. Généralement ces deux cercles alternent, l'aréte exté- 
rieure des cótes externes correspondant aux lignes de séparation des cótes du 
rang interne, et l'un et l'autre renferment quelques graines. Un gros faisceau 
cellulo-vasculaire blanc occupe l'axe vertical du fruit, envoyant des ramifica- 
Lions sur ces deux rangs de cótes ; il vient s'épanouir au-dessous des excrois- 
sances jaunes qui forment un relief autour de l'ombilic terminal du fruit, 
englobant en ce point trois (plus rarement quatre) petites cótes composées, 
comme les autres, de vésicules jaunes à suc doux, mais dépourvues de graines 
et tellement adhérentes entre elles et aux tissus ambiants qu'on ne les obtient 
guère que par voie d'énucléation. On ne saurait guère douter, dit M. Clos, 
que les excroissances terminales ne soient la peau ou l'écorce de ces petites 
côtes, celte peau s'étant développée là seulement où celles-ci ont pu recevoir 
l'action de l'air et de la lumière. Mais certains cas observés par MM. Perrier, 
Eudes Deslongschamps et l'auteur lui-méme, prouvent que quelquefois le 
zeste se développe aussi dans l'intérieur du fruit, àla surface des carpelles 
surnuméraires. 

En terminant, M. Clos signale quelques points d'analogie entre les genres 
Papaver et Citrus. Dans les deux, dit-il, on a fait intervenir dans la consti- 
tution du pistil une couche étrangere : le torus; dáns les deux, on a constaté 
l'existence de carpelles surnuméraires, tantôt extérieurs et tantôt intérieurs ; 
dans les deux, on cite des cas de transformation d'étamines en carpelles; dans 
les deux enfin, la nature des placentas suggère quelques doutes. 


Die fossile Flora der Grenzschichten des Keupers und 
Lias Frankens (Za flore fossile des couches limites du Keuper et du 
Lias en Franconie); par M. A. Schenk. 1'* livraison. In-4°, 32 pages de 
texte, 5 planches. Wiesbaden, chez Keidel, 1865. Prix : 11 fr. 25 c. 


La flore fossile dont il s'agit ici est. celle d'une formation géologique dont 
la place dans la série des terrains a été vivement discutée dans ces der- 
nières années, et qui est connue généralement en France sous le nom de 
chistes à Avicula contorta; en Allemagne, sous celui de couches de 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 77 


Kossen. L'étude soignée de la flore de ce terrain, commencée par MM. Gœæp- 
pert, d'Ettingshausen, C.-F. Braun, fournira aux géologues un point de 
repere et de comparaison fort important quand elle aura été terminée par 
M. le professeur Schenk. L'ouvrage entier doit comprendre de 20 à 25 plan- 
ches, qui paraitront en ^ ou 5 livraisons. On espère qu'il sera terminé à la fin 
de 1866. Nous reviendrons alors sur ce travail pour en faire connaitre le con- 
tenu et en faire apprécier les résultats. 


Bryologla javaniea, seu descriptio Muscorum frondosorum archipe- 
lagi indici iconibus illustrata, auctoribus F. Dozy et J.-H. Molkenboer ; 
post mortem auctorum edentibus R.-B. van den Bosch et C.-M. van der 
Sande Lacoste. Fasc. 45-48. Lugduni Batavorum, chez E.-J. Brill, 1865. 


Tab. 221. Thuidium cymbifolium Dz. et Mb. 222. Th. glaucinum (Mitt. ) 
v. d. B. et Lac. 223. Th. plumulosum Dz. et Mb. 22/4. Th. Meyenianum 
(Hmpe) Dz. et Mb. 225. Th. trachypodum (Mitt.) v. d. B. et Lac. 226. Th. 
bifarium v. d. B. et Lac. 227. Pseudoleskea prionophylla (C. Muell.) v. d. 
B. et Lac. 228. Ps. crispula (Dz. et Mb.) v. d. B. et Lac. 229. Ps. Zippelii 
(Dz. et Mb.) v. d. B. et Lac. 250. Cylindrothecium Bandongiæ (C. Muell.) 
v. d. B. et Lac. 231. Hypnodendron Junghuhnii (C. Muell.) Lindb. 232 H. 
arborescens (Mitt.) Lindb. 233. H. Reinwardtii (Hornsch.) Lindb. 234. 
Mniodendron divaricatum (H. et R.) Lindb. 235. Mn. humile Lindb. 236. 
Mn. Korthalsii v. d. B. et Lac. 257. Hypnum rigidum H. et R. 238. H. rigi- 
dum ß convolutum v. d. B. et Lac., y. Braunianum v. d. B. et Lac. 239 H. 
lancifolium (Haw.) C. Muell. 240. H. Bruchii Dz. et Mb. 


Die botanische Systematik in ihrem Verhæltniss zur 
Morphologie. Kritische Vergleichung der wichtigsten ælteren Pflan- 
zensysteme, nebst Vorschlegen zu einem natuerlichen Pflanzensysteme 
nach morphologischen Grundsætzen, den Fachgelehrten zur Beurtheilung 
vorgelegt (La taxonomie botanique dans ses rapports avec la morpholo- 
gie. Comparaison critique des principaux systèmes de botanique anciens, 
et proposition d'un système naturel fondé sur* des principes morpholo- 
giques, présenté au jugement des savants spéciaux); par M. Ernst 
Krause. In-8? de vir et 134 pages. Weimar, chez D.-F. Voigt, 1866. 
Prix: 9 fr. 25 €. 


Cet ouvrage est divisé en trois parties. Dans la premiere, l'auteur passe en 
revue les principes qui ont guidé les auteurs dans l'établissement des diverses 
classifications suivies tour à tour depuis l'origine de la science. Il divise ces 
classifications en trois groupes : artificielles, naturelles et spéculatives. Nous 
n'avons rien à dire des deux premiers groupes qui ne se trouve dans tous les cha- 
pitresdes ouvrages classiques consacrés à la méthode. Par le terme de « spécula- 
tives », l'auteur désigne ces classifications singulières qui ont recu particuliè- 


78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ment la marque du génie allemand, dont le système d'Oken est l'expression la 
plus brillante en botanique, et celui de Carus en zoologie : classifications dans 
lesquelles on veut établir à priori des analogies entre le plan de la nature et 
certains nombres fondamentaux, et diviser tous les groupes en un nombre de 
groupes identiques. M. Krause rattache à cette catégorie de naturalistes, on 
pourrait dire de métaphysiciens dans le sens étymologique de ce mot, les en- 
cyclopédistes de l'antiquité, Aristote en téte, et les philosophes modernes, 
représentés surtout par Leibnitz et sa théorie des monades. Comme botanistes, 
et aprés Oken, il signale comme ayant suivi la méme voie Wenderoth, qui 
divisait le regne végétal en quatre groupes d'égale valeur, dont les noms alle- 
mands, presque intraduisibles, expriment les relations prépondérantes des 
végétaux du premier groupe avec le sol, de ceux du second avec l'eau, de 
ceux du troisième avec l'air, de ceux du quatrième avec la lumière; Rudol- 
phi, qui n'a guère fait que perfectionner l’œuvre de Wenderoth; Ritgen, qui 
retire les zoophytes du règne animal, et divise le règne végétal en trois cercles : 
celui des plantes-animaux, des plantes inférieures (Algues, Lichens et Cham- 
pignons), et des plantes proprement dites; Ludwig Reichenbach, qui voyait 
deux périodes dans la vie du végétal, selon qu'il est renfermé dans la graine 
ou qu'il se développe librement à l'air. Il est à remarquer d'ailleurs que, 
quelque singulier que füt le point de départ théorique de ces contemplateurs 
de la nature, ils arrivaient toujours à peu prés, dans la pratique , à établir une 
série d'étres fort peu différente dans ses gradations de la série que fait conce- 
` voir la méthode naturelle par des considérations plus nettes et plus simples. 

Comme l'auteur le reconnait lui-même au début de la deuxième partie de 
son livre, la première difficulté à résoudre pour apprécier la valeur de ces 
classifications est de décider si, dans le classement des étres naturels, on peut 
à bon droit s'appuyer sur des lois qui ne résultent pas de l'observation directe 
de ces étres. L'auteur répond négativement à cette question : En botanique, 
dit-il, les résultats des recherches philosophiques, et méme ceux qu'ont ob- 
tenus les zoologistes et les paléontologistes, ne peuvent avoir une importance 
axonomique prépondérante ; tout au plus peuvent-ils servir accidentellement 
à-corroborer les lois trouvées par l'observation des formes successives des 
plantes. 

M. Krause expose ensuite les divers aspects morphologiques sous lesquels le 
végétal peut être considéré et les principes qu'on peut tirer de leur obser- 
vation pour étayer une classification. Il s'attache d'abord à définir ce qu'il 
nomme le type fondamental d'une plante, et il étudie ensuite les lois de 
perfectionnement de ce type et les lois suivant lesquelles il dévie vers 
les types voisins. Il compare les relations des types fondamentaux se rap- 
prochant pour former un type plus général et d'une plus haute valeur taxo- 
nomique, aux différentes formes qui constituent par leur ensemble un méme 
système cristallin. Un chapitre spécial est consacré à l'étude des irrégula- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 79 


rités de développement du type fondamental. Enfin, l’auteur entre dans la 
comparaison générale des types entre eux, et expose les principaux linéaments 
de sa nouvelle classification. A l'exemple de presque tous les naturalistes, il 
commence par reconnaitre qu'il n'existe pas de caractere absolu qui ue souffre 
aucune exception ; mais il expose l'importance des caractéres prépondérants 
(vorherrschende) pour la répartition en groupes naturels des Phanérogames, 
parmi lesquels il cite la structure anatomique, le mode de croissance, la 
constitution numérique des verticilles floraux ramenés à leurs éléments ; le 
mode de germination; la constitution du fruit et de la graine, et la nervation 
des feuilles. Viennent en second lieu les caracteres qui guident pour l'arran- 
gement des familles de plantes appartenant au méme type, et qui sont: la 
séparation des sexes ou leur réunion, les degrés de perfectionnement de la 
fleur, les modes d'insertion staminale, les degrés d'isolement des verticilles 
floraux et l'augmentation de leur nombre. L'auteur cite comme des carac- 
téres tout à fait trompeurs le nombre des parties d'une fleur particulière, non 
comparée aux autres fleurs de la méme plante; le contour de la feuille; le 
nombre des ovules qui arrivent à maturation sur chaque feuille carpellaire ; 
l'état. de liberté ou de soudure des feuilles carpellaires et des filets ; la diclinie 
et l'avortement observés sur des parties du végétal; la présence d'organes 
sécréteurs d'une huile esssentielle, et enfin l'observation. de ces modifications 
qui ne servent qu'à caractériser les divers genres d'une méme famille. 

L'auteur expose qu'il existe entre les végétaux qui se ressemblent des 
affinités de diverse nature: 1° une affinité de lignée; 2° une affinité de 
degré; 3? une affinité de conformation ; 4? une affinité de hasard. 

L'affinité de lignée (Stammverwandschaft), qui constitue les séries natu- 
relles, résulte de le transmission héréditaire ou de l'analogie de l'organisation. 
On y peut, en effet, distinguer des variétés. -Si l'on voit souvent plusieurs 
séries diverger en s'écartant d'un méme type fondamental, toujours est-il qu'à 
leur origine ces séries montrent une étroite affinité, et méme que le type fon- 
damental présente en lui seul comme la fusion des types différents de chaque 
branche. C'est le type fondamental, ainsi envisagé, que M. Agassiz a nommé 
en zoologie type synthétique ; on en a un exemple dans les Gamopétales épi- 
gynes, dont le type fondamental, représenté par les Composées et les familles 
voisines, donne naissance à plusieurs séries divergentes, dont une commence 
par les Globulariées, une autre par les Viburnées, etc. Au contraire, on peut 
nommer type analytique celui de la série divergente. Au type fondamental 
doivent, en outre, étre rattachés le type prophétique et le type embryonnaire 
de M. Agassiz : le premier, parce qu'il présente, par une sorte d'antici- 
pation, les propriétés d'un membre futur de la série, et le second parce 
qu'il contient en germe celles des termes plus avancés dans l'ordre des déve- 
loppements, les plantes inférieures étant considérées par l'auteur comme des 
végétaux supérieurs arrétés dans leur évolution. Les lignées naturelles sont 


80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


parfois difficiles à établir quand il manque des termes dans leur progression, 
à moins que la paléontologie ne les fournisse. 

L'affinité de degré (Stufenverwandschaft) est la ressemblance extérieure 
de deux termes placés sur le méme rang dans deux séries collatérales, c'est- 
a-dire à la méme hauteur dans l'échelle du perfectionnement des types. I 
arrive quelquefois que deux types collatéraux ont entre eux une affinité assez 
frappante pour masquer celle qui les unit aux membres voisins de leurs séries 
respectives. C'est là ce qui a causé jusqu'aujourd'hui, dit M. Krause, le plus 
grand désordre dans les classifications, parce qu'on a englobé dans un même 
groupe des termes appartenant à des séries différentes, et fait disparaitre leurs 
véritables affinités. Ainsi en est-il des classes d'Apétales, de Gamopétales et de 
Polypétales, et de celles qu'on a fondées sur la liberté ou l'adhérence de 
l'ovaire, des affinités reconnues entre les Myrtacées et les Rosacées, les Cam- 
panulacées et les Cucurbitacées, les Polygonées et les Chénopodiées, familles 
que réunit seulement l'affinité collatérale. Cette sorte d'affinité est très-étroite 
entre les types les moins perfectionnés placés plus pres de l'origine des séries ; 
elle s'évanouit peu à peu entre les familles qui suivent, et reprend, au con- 
traire, une grande force entre les Polypétales. Il est naturel, en effet, que les 
différents types, par leur tendance constante et progressive à un perfectionne- 
ment graduel, doivent se rapprocher d'un méme but final. Chez tous, on ob- 
serve à la fin le développement de tous les verticilles floraux, la liberté et méme 
Ja multiplication de leurs parties. Ainsi, les Renonculacées, les Wintéracées, 
les Calycanthées, les Nymphéacées sont des membres terminaux de séries dif- 
ferentes; les Méliacées, les Guttifères, les Aurantiacées, les Ampélidées, les 
Géraniacées, les Oxalidées, des membres collatéraux. 

L'espace nous manque pour faire apprécier les idées de l'auteur sur les 
deux autres sortes d'affinité. 

Nous en avons dit assez pour faire comprendre, d'une part, l'importance 
du livre de M. Krause, et, d'autre part, la méthode dont il a fait usage. 
Dans sa troisième partie, où il en expose plus spécialement et plus simple- 
ment les résultats, il fait connaître et étudie un grand nombre de séries 
avec leurs branches collatérales. Souvent le premier terme d'une série se 
retrouve dans d'autres, à l'origine desquelles il est placé. Il nous est impos- 
sible, vu les limites oà nous sommes renfermé, d'entrer dans plus de détails à 
ce sujet; mais chacun se rendra facilement compte des détails de la classifica- 
tion de l'auteur, méme sans aucune connaissance de la langue allemande, en 
parcourant son livre, dont le prix n'est pas élevé, et en consultant les diverses 
séries de familles. 11 nous suffira de dire que, pour les Cryptogames, l'auteur 
adopte à peu prés les idées de M. Al. Braun. Les Lycopodiacées le conduisent 
aux Gymnospermes, qui constituent pour lui un terme fondamental, d'oü 
partent toutes les séries qui aboutissent aux plantes supérieures dans l'ordre 
des développements. Les Cycadées, par les Pandanées, passent aux Monocoty- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. ` SÀ 


lédones, où il existe quatre séries, celle des Graminées et des Palmiers, celle 
des Aroidées, Dioscorées, Smilacinées et Asparaginées, celle des Potamées, 
Hydrocharidées, Juncaginées, Alismacées et Butomées, et celle des Liliacées, 
qui pert des Aroidées, et comprend dans plusieurs séries collatérales les types 
remarquables par l'irrégularité de leur fleur. D'un autre côté, les Aroidées, 
d'une part, et les Gnétacées de l'autre, et généralement par les Urticées, con- 
duisent à toutes les séries de Dicotylédones, dans chacune desquelles se trou- 
vent étagées Apétales, Gamopétales et Polypétales; ces séries sont au nom- 
bre de treize principales. Les caractères de ces séries, qui sont très-généraux, 
sont tirés de la structure de l'embryon et de celle de l'ovaire. 

I) serait facile de montrer quel appui cette classification généalogique des 
végétaux, si elle devait étre généralement adoptée, apporterait aux théories de 
M. Ch. Darwin. Nous laissons à nos lecteurs le soin de méditer ce rapproche- 
ment, ainsi que les conclusions qu'on en pourrait tirer. 


Le mouvement horticole en 1865 ; revue des progrès accomplis 
récemment dans toutes les branches de l'horticulture, avec annuaire pour 
1866 : calendrier, iravaux mensuels, système métrique, etc.; par M. Éd. 

, André. In-12 de 216 pages. Paris, chez Rothschild, 1866. 


Ce petit livre est divisé en deux parties suivies des annexes indiquées dans 
le titre. La premiere partie contient neuf chapitres, intitulés : Arboriculture 
fruitière, Pomologie et bibliographie arboriéole, Culture potagére, Biblio- 
graphie potagére, Floriculture et physiologie végétales, Bibliographie des 
cultures d'agrément, Outils et appareils nouveaux, Les ennemis de l’hor- 
ticulture, Les et cetera. La deuxième partie est plus spécialement relative à 
l'emploi ornemental des arbres et des plantes. 


Mémoire sur la pélorie des Deilphinium et sur pilu- 
sicurs autres anomalies que présentent les fleurs de 
ee genre ; par M. D.-A. Godron (Extrait des Mémoires de l'Académie 
de Stanislas pour 1865); tirage à part en brochure in-8? de 21 pages. 
Nancy, 1865. 


M. Godron a rencortré, sur le Delphinium elatum, ^A fleurs terminales 
et dressées, présentant une régularité plus ou moins complète, et qu'il a pu 
toutes étudier avec soin. La corolle de ces fleurs, dit-il, offre le plus souvent 
dix pétales, disposés sur deux rangs également espacés, étroits, dressés, con- 
tigus, mais parfaitement libres, réguliers, et pourvus chacun d'un éperon nec- 
tarifere. Le calice est à cinq sépales, étalés, égaux et symétriques, ordinaire- 
ment tous pourvus d’un éperon; chaque éperon calicinal renferme habituelle- 
ment deux éperons nectarifères inégaux provenant de deux pétales, dont l'un 
appartient au verticille externe et l'autre au verticille interne de la corolle. 
Les étamines ne sont pas déjetées en avant, comme dans les fleurs ordi- 

2 UB (REVUE) 6 


82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

naires de la même espèce; elles sont régulièrement disposées autour des 
. ‘ovaires, et les filets en sont droits et dressés. Les ovaires sont habituellement 
au nombre de trois et normaux. 

Sur cinq ou six grappes d' Aconitum Lycoctonum L., M. Godron a observé 
l'avortement complet des pétales ; quand il en existait quelques-uns, ils étaient 
rudimentaires, et les deux postérieurs étaient dépourvus d'appendice nectari- 
fere. Le sépale postérieur avait son limbe plan, comme celui des quatre autres 
sépales, et nullement disposé en capuchon. Aussi l'auteur pense-t-il que la 
présence d'un ou plusieurs éperons au calice des Aconitum et même des Del- 
phinium est liée à l'existence des pétales nectarifères. 

M. Godron a encore observé des exemples de Peloria anectaria sur les 
Delphinium chinense Fisch. et D. orientale J. Gay. Un seul pied, à fleurs 
toutes péloriées, s'est rencontré dans un semis de Delphinium chinense flore 
albo. Les pétales de certains individus anomaux du méme semis étaient plus 
ou moins profondément lobés. 

Il est encore un genre de pélories plus remarquable, constaté sur les Del- 
phinium par l'auteur. Ici, les pétales étaient conformés en cornet, comme 
ceux des Aquilegia, et variaient comme varient ceux de ce dernier genre. Ces 
faits viennent donc confirmer pleinement l'opinion émise par Moquin- 
Tandon comme vérité tératologique, à savoir que « les déviations du type 
» spécifique, dans un végétal, représentent l'état habituel d'un autre végé- 
» tal »; de plus, ils nous démontrent que dans le plan primitif de la fleur des 
Delphinium, il y a cinq nectaires. 

M. Godron a observé, dans une variété de Delphinium elatum L. , des fleurs 
semi-doubles, un peu moins irrégulières que d'habitude, et dont chacune 
était pourvue de dix à vingt-trois pistils courts, sessiles, acuminés, munis d'un 
style et d'un stigmate, presque tous ouverts sur leur bord interne et portant 
des ovules de chaque côté. Dans une autre pélorie du Ø. orientale, les pistils 
les plus extérieurs étaient stipités; le spes, long de 2 à 3 millimètres, linéaire 
et plan, avait la forme d'un filet d'étamine un peu épaissi ; l'ovaire était ouvert, 
et l'auteur à reconnu distinctement, à travers l'ouverture, dans la cavité et à 
sa base, deux loges d’anthère soudées par l'une de leurs faces aux parois de 
l'ovaire. Au-dessus de ces restes d'anthére et sur les bords de la fente se 
voyaient souvent un ou plusieurs ovules. C'est donc aux dépens des étamines 
qui manquent, du reste, dans les fleurs anomales, que se sont développés tous 
les pistils supplémentaires. 

M. Godron rattache les monstruosités qu'il a observées au point de vue 
étiologique, à la loi établie par De Candolle dans sa Zhéorie élémentaire 
d'après laquelle « toute fleur naturellement terminale, droite et solitaire, est 
régulière, lors méme qu'elle appartiendrait à une famille ordinairement irré- 
guliere. Dans toutes les fleurs normales (c’est-à-dire irrégulières) des Delphi- 
niumet des Aconitum,le pédoncule épaissi à son sommet constitue un plateau 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 83 


oblique d’arrière en avant et de haut en bas, proéminant en avant et qui n’est 
pas concentrique avec son support. La fleur est donc nécessairement penchée, 
même lorsque exceptionnellement son pédoncule est droit. Par suite de cette 
déviation et de cette obliquité du réceptacle, quatre pétales paraissent avoir 
été refoulés en arrière, et se sont déformés par leur pression mutuelle; les 
étamines ont été déviées, et les pistils postérieurs comprimés avortent ordinai- 
rement en partie; le corps pistillaire poussé en avant empêche généralement 
l'évolution du pétale antérieur. Dans les fleurs péloriées, au contraire, le ré- 
ceptacle est horizontal et parfaitement symétrique, relativement à l'axe du 
pédoncule. 

D'autre part, la fleur terminale régulière est toujours écartée des autres, 
les bractées portées par l'axe floral en sont éloignées ; tandis qu'à la base des 
fleurs péloriées sans nectaires, des bractées plus nombreuses qu'à l'état nor- 
mal, entourant complétement la base de la fleur, empéchent l'évolution de 
ces organes. Dans l'état normal, il existe chez les Aconitum, comme chez les 
Delphinium, une bractée antérieure, axillante, et deux latérales, qui, bien 
plus avancées dans leur évolution que les verticilles floraux les plus intérieurs, 
génent la production des nectaires et l'arrétent du cóté antérieur. La constric- 
tion exercée par ces bractéoles n'est-elle pas cause de la déformation de l'an- 
drocée, dont les éléments sont refoulés en arrière, et de celle du réceptacle, 
qui se reléve et s'exhausse dans le méme sens? M. Godron soumet comme 
vraisemblables ces solutions au jugement des botanistes. 


Notes sur quelques planies intéressantes de la Nouvelle- 
Calédonie; par M. Eug. Vieillard (Extrait du dixième volume du Zul- 
létin de la Société Linnéenne de Normandie) ; tirage à part en brochure 
in-8° de 23 pages. Caen, 1866. 


Plusieurs genres nouveaux et un certain nombre d'espèces nouvelles sont 
décrits par l'auteur dans cette brochure. 

1° Guillainia Vieill. (Zingibéracées). Très-voisin du genre G/obba par sa 
placentation pariétale, le Guillainia, dédié à M. Guillain, gouverneur de la 
Nouvelle-Calédonie, diffère de ce dernier genre par le filet anthérifère terminé 
toujours supérieurement par un lobe pétaloide, par le stigmate aplati, cilié, et 
enfin par les fleurs qui, au lien d’être nues, sont entourées d'une bractée co- 
lorée. — G. purpurata Vieil. Herb. de la Nouv.-Caléd. n. 1360. 

2° Penicillanthemum Vieill. (Linées). Ce genre diffère du genre Hugonia 
par la persistance des étamines après l’anthèse, la villosité des filets, de l'onglet 
des pétales, et surtout par la forme des graines, qui sont prismatiques-arquées 
et non aplaties. Le nom du genre Penicillanthemum est tiré du pinceau que 
forment .es étamines persistantes. — P. racemosum Vieill. herb. n. 2163 ; 
P. latifolium Vieil. herb. n. 2167; P. neo-caledonicum Wieill. herb, 
n. 954. 


84 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


3» Gaslondia Vieill. (Myrtacées). Voisin du Jambosa, dont il s'éloigne par 
le limbe du calice trifide, les trois pétales de la corolle, les étamines de lon- 
gueur inégale et l'ovaire triloculaire, ce genre est dédiéà M. Gaslonde, con- 
seiller d'État. — G. amphoricarpa Vieill. herb. n. A59. 

h° Barringtonia. Cinq espèces de ce genre signalées par l'auteur dans la 
Nouvelle-Calédonie : le B. speciosa L. f., le B. racemosa Blume, le B. inter- 
media Vieill. n. sp., le B. neo-caledonica Vieill. n. sp., et le B. Montrou- 
zieri Vieill. (Stravadium integrifolium Montrouzier). 

5° Chasseloupia Vieill. (Myrtacées). Ce nouveau genre, dédié à M. le 
ministre de la marine et des colonies, a de grandes affinités avec les Barring- 
tonia. Il renferme sept espèces : Ch. lucida Vieill. herb. n. 550 et 559; CA. 
arborea Vieill. herb. nn. 545 et 546; Ch. cϾrulescens Vieill. herb. n. 542; 
Ch. neo-caledonica Vieill. herb. n. 551; Ch. tinctoria Vieill. herb. nn. 545 
et 548 (les indigènes en faisant bouillir les feuilles de cet arbuste avec de la 
racine de Morinda tinctoria en extraient une couleur rouge); Ch. montana 
Vieill. Aerb. nn. 551 et 552; Ch. microphylla Vieill. herb. n. 551 bis. 

6° Blackwellia Comm. Douze espèces nouvelles de ce genre ont été décou- 
vertes par l'auteur dans la Nouvelle-Calédonie : B. decurrens Vieill. herb. 
n. 2^ ; B. Guillainii Vieill herb. n. 32; B. austro-caledonica Vieill. herb. 
n. 2201 ; B. polystachya Vieill. herb. n. 2203; B. Mathieuana Vieill. herb. 
n. 2206; B. rubiginosa Vieill. herb. n. 2076; B. intermedia Vieill. 
herb. n. 2202; B. Deplanchei Vieill. herb. n. 2204; B. montana Vieill. 
herb. n. 23; B. rivularis Vieill. herb. n. 2494; B. gracilis Vieill. herb. 
n. 2205; B. kanaliensis Vieill. herb. n. 21. 


Notes upon a few of the plants collected, chiefly near 
Nagasaki, Japan, and in the islands of the Korean archipelago in the 
years 1862-63, by M. Richard Oldham, late botanical collector attached to 
the Royal Garden, Kew (Notes sur quelques-unes des plantes recueillies 
principalement aux environs de Nangasaki (Japon) et dans les îles de 
l'archipel de Corée, dans les années 1862-63, par feu M. Richard 
Oldham, attaché en qualité de collecteur au jardin royal de Kew); par 
M. Oliver (Journal of the Linnean Society, vol. Ix, pp. 163-170). 


Les plantes dont l'étude va fournir de nouveaux matériaux à la flore japo- 
naise ont été parfaitement recueillies, et sont dans un bon état de conserva- 
tion. Quelques-unes sont tout à fait nouvelles : /tea japonica Oliv., E'uchresta 
japcnica Benth., Desmodium Oldhami Oliv., Scrofularia Oldhami Oliv. 
D'autres sont seulement nouvelles pour la flore japonaise; le plus grand 
nombre de celles-ci sont des espèces de l'Himalaya, quelques-unes passent sur 
le continent américain, d'aprés la loi de distribution géographique si bien 
exposée par M. Asa Gray dans son Essai sur les relations de la flore japo- 
naise (Memoirs of the american Academy, nouv. sér, vi, p. 377). 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 85 


Essai sur la pharmacie ct la matière médicale des Chi- 
nois; par M. J.-O. Debeaux. In-8° de 120 pages. Paris, chez J.-B. Bail- 
lière et fils, et chez Challamel aîné, 1865. Prix: 3 fr. 50 c. 


M. Debeaux a été attaché au corps expéditionnaire en Chine pendant les 
années 1860, 1861 et 1862. L'ouvrage qu'il nous donne est le rapport d'un 
témoin oculaire sur l'état actuel de la pharmacie chinoise, et complétera le 
tableau tracé de la médecine des Chinois par M. le capitaine Dabry, sino- 
logue distingué, également attaché au corps expéditionnaire, qui a aidé 
M. Debeaux dans ses recherches, et lui a transcrit les noms indigenes des 
drogues employées par les Chinois (1). 

Le livre de M. Debeaux est divisé en trois parties; l'auteur y traite succes- 
sivement des opérations pharmaceutiques, des formes médicamenteuses et de 
la matière médicale. Cette dernière partie contient une liste fort longue et fort 
bien classée; toute personne qui s'occupera de la médecine chinoise y trou- 
vera des documents de la plus grande importance , notamment tout sinologue 
qui étudiera le Pen-tsào. M. Debeaux a eu l'occasion de vérifier fréquem- 
ment l'exactitude des indications, tant linguistiques que médicales, données 
par Loureiro dans le Flora cochinchinensis. La minéralogie, la botanique et 
la zoologie fournissent chacune leur contingent à la liste de M. Debeaux ; nous 
en extraierons les faits les plus remarquables parmi les applications de la bota- 
nique. 

La décoction des feuilles et de la racine de l'Azédarach est anthelmin- 
thique ; les feuilles fraîches incisées sont appliquées sur les ulcères de mauvaise 
nature et les parties du corps atteintes de lèpre ; on retire de ses fruits une buile 
fixe et purgative. Avec les graines des Dolichos purpureus et D. Saja les 
Chinois constituent une sorte de fromage végétal. Pour cela, les graines des 
Légumineuses sont réduites en bouillie par la cuisson ; le décocté est passé, et 
l'on fait coaguler la caséine végétale par l'addition d'une eau acidulée; on v 
incorpore ensuite du sel marin. Les fleurs fraîches de Sophora japonica sont 
employées dans certains usages thérapeutiques et dans la teinture en jaune; 
les graines de la méme plante constituent un remède fréquemment employé. 
Dans le cas d'empoisonnement par les amandes amères, on fait boire un infusé 
très-chaud d'écorces d'Abricotier. 

Le Dichroa febrifuga fournit l'un des meilleurs fébrifuges de l'Asie inter- 
tropicale. — Les pharmaciens chinois vendent, comme vomitives, des racines 


(1) M. Debeaux a été favorisé par une circonstance singulière : aussitôt que le débar- 
quement du corps expéditionnaire de Chine fut opéré dans la presqu'ile de Tché-fou, en 
juin 1860, l'établissement sur ce point d'un hópital militaire fut décidé, et l'hópital in- 
stallé dans une vaste maison qui se trouvait précédemment occupée par quelques négo- 
eiants et un pharmacien chinois. Ce dernier, dans sa précipitation à évacuer les lieux, 
abandonna presque la totalité des substances médicinales soigneusement étiquetées qui 
composaient l'approvisionnement de son officine. 


86 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de différentes espèces de Psychotria. — Le Physalis Alkekengi passe pour 
être laxatif; les baies en sont employées comme diurétiques. Les racines 
amères du Polygonum Sieboldii Reinw. constituent un des toniques les plus 
renommés chez les Chinois et les Japonais. — L'Zfouttuynia cordata est 
regardé comme un des emménagogues les plus puissants. — Les rhizomes du 
Polygonatum japoricum sont mangés, dans le nord de la Chine et au Japon, 
comme chez nousles Asperges. — Les Champignons ont une place impor- 
tante dans le travail de M. Debeaux. Dans le cas d'empoisonnement par les 
Champignons vénéneux, on recommande la décoction des feuilles du Lycium 
sinense avec la racine de Réglisse, ainsi que celle des racines d'une espèce 
d'Angelica ou d'Imperatoria. — Le Fou-lin, rapporté par M. Berkeley au 
Pachyma Cocos Fr., particulier à l'Amérique subtropicale, est, d’après 
M. Debeaux, le P. Hoelen Fr. Le Chou-lin, autre espèce de Tubéracée, avec 
laquelle on fabrique des gâteaux qu'on. vend dans les rues de Shang-Hai, est 
le Pachyma Tuber regium Fr.; il croit en parasite sur les racines d'une Mi- 
mosée. — Le Laminaria saccharina, séché à l'air libre, après avoir été lavé 
dans l'eau douce, donne lieu à un commerce important, surtout dans les pro- 
vinces centrales et septentrionales de la Chine; il est recherché comme 
substance alimentaire, ainsi que le Conferva corallina Lour. D'autres Algues 
sont employées comme anthelminthiques. 

M. Debeaux pense, et avec juste raison, car l'histoire de notre matière mé- 
dicale témoigne en sa faveur, que plusieurs matières d'origine végétale de- 
vraient étre observées avec soin, et peut-étre introduites dans la thérapeutique 
européenne. ll signale particulièrement, à ce point de vue, les racines des 
Thalictrum sinense, Melia Azedarach, Fagara piperita, Rhamnus (Ber- 
chemia) lineatus, Hobinia amara, Dichroa febrifuga, Athamanta chinensis, 
Rubia cordata, Psychotria asiatica et P. serpens, Smilax lancifolia et 
autres espèces; les écorces de l Ulmus chinensis; les feuilles des Melastoma, 
de I' Zouttuynia cordata; les frondes des Pteris semipinnata et Nipholobus 
Lingua; les Algues marines; les fleurs des Artemisia sinensis et A. annua, 
Stachys Artemisiæ, Sophora japonica; les fruits des Gardenia ; les graines 
des Sinapis brassicata, Convolvulus reptans, Vitex cannabifolia, etc.; les 
coques de la Chine, les galles hérissées du Chan-tong, et enfin, parmi les 
produits extraits des végétaux, les huiles fixes des Camelia Sesanqua, 
Thea oleosa, Urtica nivea, Stillingia sebifera, et les résines des Pinus, Ju- 
niperus, etc. 


Lettres de la Quintynie sur la culture des Melons, tra- 
duites de l'anglais par M. A. Landrin. In-8° de 8 pages, Versailles, impr. 
Aubert. 


Les deux lettres dont il est question dans cette notice furent écrites en fran- 
çais par Ja Quintynie en 1669, Elles étaient adressées à Oldenbourg, consul de 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 87 


Brême à Londres et secrétaire de la Société royale de Londres, qui avait 
demandé à l'habile horticulteur francais des renseignements sur la culture des 
Melons. Elles furent insérées dans les livraisons 45 et 46 des Transactions 
philosophiques de la Société royale de Londres. 

A sa traduction, M. Landrin a ajouté des notes sur certains procédés de la 
culture des Melons, qui ne sont pas les mémes que ceux usités de nos jours. 
Il les doit principalement à des renseignements fournis par M. Hardy, direc- 
teur du potager impérial de Versailles. 


On the Lentibulariew collected in Angola by DÐ" Wel- 
witseb, with an enumeration of the african species 
(Sur les Lentibulariées recueillies dans le royaume d' Angola par le doc- 
teur Welwitsch, avec l'énumération des espèces africaines de cette fa- 
mille); par M. Oliver (Journal of the Linnean Society, vol. 1x, pp. 144- 
156, 1865). 


Le genre Genlisea de Saint-Hilaire, jusqu'ici spécial au Brésil, a été ren- 
contré dans le royaume d’Angola par M. Welwitsch, dans des prés tourbeux, 
à l'altitude de 5000 pieds, en société avec des Zriocaulon, des Lobelia et des 
Burmannia. Vingt-huit espèces d’ Utricularia sont énumérées ou décrites par 
l'auteur ; dans ce nombre, douze sont nouvelles pour la science, Il en est 
parmi elles de fort remarquables, par exemple l’ U. cymbantha dont la corolle 
figure un bateau, la lèvre supérieure en étant fort courte et soudée à la lèvre 
inférieure par des prolongements de ses bords; l’ U. diploglossa, dont les vé- 
sicules sont d'un pourpre livide ; l'U. firmula, dont le hampe dressée et roide 
sort d'une rosette de feuilles radicules obovales-spatulées. 


Recherches chimiques sur la végétation; fonctions 
des feuilles; par M. Corenwinder (Comptes rendus, 1866, t. LXII, 
pp. 340-343). 


Dans ce mémoire, M. Corenwinder présente la suite de ses recherches sur 
les fonctions des feuilles, recherches qu'il poursuit depuis quinze années. 

Les principales observations exposées dans ce nouveau travail peuvent se 
résumer ainsi : 

4° Les feuilles des plantes acquièrent beaucoup plus de carbone pendant le 
jour qu'elles n'en perdent pendant la nuit. Ce fait important, démontré par 
l'auteur en 1858, vient d'étre confirmé par M. Boussingault. 

2° Tous les botanistes ont remarqué qu'il se forme souvent un dépôt pulvé- 
rulent sur les feuilles submergées de plantes aquatiques, telles que les Pota- 
mogeton, les Chara, VHippuris. M. Corenwinder a répété, à ce sujet, les 
expériences et les observations d'Ingenhousz et de MM. Cloëz et Gratiolet, et 
constaté que ce dépót est formé par du carbonate de chaux. 

3° Le phénomène de l'expiration nocturne se manifeste méme chez des vé- 


88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
gétaux dépourvus de chlorophylle. Les feuilles entièrement blanches qu'émet 
souvent l’ Érable panaché à l'extrémité de ses rameaux n'expirent pas d'oxygène 
sous l'influence des rayons solaires, mais elles laissent dégager de l'acide car: 
bonique en quantité notable dans l'obscurité entière ou à la lumiere diffuse 
d'un appartement. 

^^ Dans leur première jeunesse, les bourgeons, les feuilles naissantes, ver- 
-sent dans l'atmosphère, le jour, en plein air, méme au soleil, une certaine 
quantité d'acide carbonique. Cette faculté subsiste pendant une époque varia- 
ble, suivant les espèces. Ces organes, pendant leur exposition au soleil, com- 
inencent de bonne heure aussi à exhaler une proportion d'oxygene, faible 
d'abord, mais qui s'accroit à mesure qu'ils se développent. Ces deux fonc- 
tions sont simultanées pendant une certaine période; bientôt la dernière 
devient prédominante, et la premiere cesse de se manifester. Les feuilles adultes 
et complétement développées n'expirent jamais d'acide carbonique, le jour, 
lorsqu'elles se trouvent dans des conditions normales, c'est-à-dire en plein 
air et sous la voüte du ciel. Mais si on les maintient dans un appartement loin 
des fenêtres, ou dans un lieu fort ombragé, elles en dégagent plus ou moins 


pendant le jour , suivant la nature de la plante et l'affaiblissement de la lu- 
mière. 


Die Gefæss-Cryptogamen Westfalens (Les Cryptogames vas- 
culaires de Westphalie); par M. C. Berthold. In-4° de 36 pages, avec 
deux planches. Brilon, 1865. Prix : 1 fr. 35 c. 


Ce travail se compose de généralités sur la structure des végétaux qui en 
sont l'objet ; vient ensuite leur énumération systématique. Il est bon de signa- 
ler en Westphalie la présence des Lycopodiacées de nos Alpes, qui y crois- 
sent à une altitude beaucoup moindre. Ce pays est également trés-riche en 
Fougères des basses montagnes de l'Europe. L'auteur a disposé sous forme de 
tableau des indications qui donnent l'habitat et la distribution des Crypto- 
games vasculaires de Westphalie. Toutes les plantes sont décrites en allemand. 


Ucher cinige fossile Pflanzenreste aus Siebenbucrgen 
und Ungarn (Sur quelques restes végétaux fossiles de la Transilvanie 
et de la Hongrie); par M. F. Unger (Sitzungsberichte der Kais. Akademie 
der Wissenschaften zu Wien, t. LI, 1865) ; tirage à part en brochure in-8° 
de 8 pages, avec une planche. Prix : 80 cent. 


Ce travail nous offre la description et la figure du Comptonites antiquus 
Nilsson, que l'auteur croit appartenir à la famille des Protéacées, du Ptero- 
spermum cretaceum Ung., du Salvertia transsilvanica, qui représente dans 
la flore fossile la famille des Vochysiacées, aujourd'hui spéciale au Nouveau- 
Monde, du Melustomites parvula Ung., du Phyllites Sturi Ung. , qui se rap- 
proche des Eucalyptus, et du Cedrella Hozlinskyi Ung. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 89 


Plante Arabie in ditionibus Hedschas, Asyr et El Arysch a medico 
germanico nomine ignoto, in El Arysch defuncto, annis 1836-38 collectæ, 
quas determinavit D" Theod. Kotschy (Sitzungsberichte der Kais. Akad. 


der Wissenschaften, t. Lt, 1865); tirage à part en brochure in-8° de 
1^ pages, avec sept planches gravées. Prix : 2 fr. 75 c. 


Cette collection a été offerte au Musée impérial de Vienne par le consul 
d'Autriche à Alexandrie ; elles avaient été recueillies pendant une expédition 
militaire dirigée par Churschid-Pacha, d’après les ordres de Méhémet-Ali. 
Les plantes qui la composent sont au nombre de 107: 8 en sont reconnues et 
figurées par l'auteur comme complétement nouvelles; elles avaient été com- 
muniquées préalablement par lui à M. Boissier : ce sont les Achillea arabica, 
Galium jemense, Psychotria ? arabica, Heliotropium eritrichioides, Con- 
volvulus asyrensis, Farsetia depressa (siliquis breviter stipitatis apice sub- 
falcatis), Cleome pallida et Dianthus deserti. Beaucoup de végétaux signalés 
par M. Kotschy sont nouveaux pour la flore de l'Arabie. Plusieurs d'entre eux 
étant mal connus jusqu'à ce jour, M. Kotschy a cru devoir également les 
décrire et les figurer. 


Observations sur les races du Datura Stramonium ; 
par M. D.-A. Godron (Extrait des Mémoires de l'Académie de Stanislas, 
1864); tirage à part en brochure in-8? de 12 pages. Nancy, 1864. 


Ayant omis d'annoncer cette brochure il y a six mois, nous profiterons du 
travail suivant, qui la complète, pour en dire aujourd'hui quelques mots. Les 
produits des Datura Stramonium L. et D. Tatula L. sont aussi féconds que 
tout type spécifique fécondé par son propre pollen. C'est pourquoi M. Go- 
dron, à l'exemple de Keelreuter et de beaucoup d’autres auteurs, a considéré 
ces deux Datura comme races d'une méme espèce. IL fait connaitre encore 
une autre race de là méme espèce. Un pied de Datura, à capsules lisses, s'est 
trouvé dans un semis de graines d'une seule capsule de D. Tatula. Cette 
forme s’est maintenue pendant trois aus. Ce Datura Tatula inermis est au 
Datura Tatula spinosa ce que le D. Bertolonii Parl. (D. lævis Bertol. non 
L. f) est au D. Stramonium L. M. Godron a observé pendant plusieurs 
années, dans un champ prés de Nancy, une variété du Ranunculus arvensis qui 
n'avait encore été observée qu'aux environs de Bonn, et qui diffère du type 
par l'absence compléte d'épines sur ses carpelles et de dentelures marginales. 


Nouvcilles expériences sur Phybridité dans Ie règne 
végétal, faites pendant ces trois dernières années; 
par M. Godron (Comptes rendus, 1866, t. LXII, pp. 379-380). 


Les produits du croisement des formes de Datura indiquées plus haut ont 
été tres-fertiles; mais de véritables espèces du méme genre, telles;que le Da- 


90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


tura levis L. f., fécondé parle D. quercifolia H. B., le D. Tatula L. fé- 
condé par le D. levis L. f., et le croisement inverse des mêmes espèces, enfin 
le D. ferox L. fécondé par le D. Bertolonii Parl. ont donné des produits 
dont une partie des fleurs ont fourni des capsules pleines de graines. Les 
fleurs de ces hybrides, isolées de leurs parents, ont donc été partiellement fer- 
tiles par l'action de leur propre pollen. L'un de ces hybrides, ceiui qui résulte 
de la fécondation du D. feroz par le D. Bertolonii, deux végétaux à tiges 
vertes et à fleurs blanches, a donné des pieds se rapprochant plus du 2. ferox 
que de l'autre parent, mais dont les fleurs sont violettes et la tige ponctuée de 
blanc, comme dans le P. Tatula, qui paraît être la souche primitive du D. Ber- 
tolonii. L'auteur a fécondé aussi les unes par les autres diverses espèces de 
Dianthus, de Lychnis et de Geum, et les hybrides qui en sont provenus ont 
été fertiles partiellement, mais à des degrés inégaux. De nombreux pieds d'hy- 
brides de Mimulus luteus fécondé par le M. Smithii se sont montrés, au con: 
traire, absolument stériles et ont résisté, deux ans de suite, à une nouvelle 
fécondation par le pollen des parents. De nouveaux croisements d'espèces du 
genre Digitalis ont continué à donner des produits stériles par eux-mêmes, 
mais ils peuvent quelquefois devenir féconds si on leur applique de nouveau le 
pollen de leurs parents. 

Parmi les conclusions tirées par M. Godron de ses expériences, nous devons 
ignaler les suivantes : 

Les hybrides qui participent à la fois, mais dans des proportions plus ou 
moins inégales, des caractères de leurs ascendants, présentent ordinairement 
par eux-mêmes une fertilité partielle, d'autant plus développée que ces hybri- 
des se rapprochent davantage de l'un des parents. - 

Les hybrides qui reproduisent, dés la première génération, les caractères 
de l'un des parents, à l'exclusion complète, ou à peu prés complète, des ca- 
ractères de l'autre parent, sont doués généralement d'une fertilité absolue. 

Les hybrides fertiles retournent, tantót des la premiére ou la seconde géné- 
ration, tantôt au bout d'un temps plus ou moins long et successivement, à 
l'un des types générateurs, ou bien ils périssent si on les abandonne à eux- 
mêmes sans Culture. 


Ils ne peuvent donc pas devenir l'origine d'espèces nouvelles. 


Mittbeilungen ucber die Flora des Wilhclmswalder 
Forstes (Communications sur la flore de la forêt de Wilhelmswald); 
par M. H. Else (Schriften der K. physic.-ækonomischen Gesellschaft zu 
Kænigsberg, 5° année, 1864, 1"? livraison, pp. 24-53). 


Les plantes les plus remarquables de cette florule sont les Thalictrum 
aquilegifolium L., Viola epipsila Led., Evonymus verrucosa Scop., Ervum 
cassubicum Peterm., Lathyrus montanus Bernh., Fragaria moschata Du- 
chesne, Potentilla norvegica L., Circea alpina L., Utricularia intermedia 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 9l 


Hayne, Trientalis europea L., Lysimachia thyrsiflora L., Thesium ebrac- 
teatum Hayne, Salix rosmarinifolia L., Luzula sudetica Presl, Hierochloa 
australis Ræœm. et Schult., Lycopodium annotinum L. et L. compla- 
natum L, 


Zweiter Beitrag zur Flora der Provinz Preussen 
(Deuxième contribution à la flore de la province de Prusse) ; par M. Fr. 
Kærnicke (/bid., pp. 54-62). 


Les principales plantes étudiées au point de vue synonymique et critique 
dans ces notes, sont les Carex acuta L., C. pilulifera L., C. globularis L., 
C. hirta L. var. hirtiformis Pers. (C. orthostachys C.-A. M., C. aristata 
Siegert, C. vesicario-hirta Wimm.), Paris quadrifolius L., Plantago media 
L., Senecio aquaticus Huds. [comparé aux S. barbareifolius Krock. (S. er- 
raticus), S. Jacobæa L. et S. erucifolius L.], S. Doria, diverses espèces 
européennes du genre Arctium, Centaurea austriaca Willd., C. phrygia L. 
et C. nigra L., Adenophora liliifolia Led., Lamium intermedium Fr., 
Angelicn silvestris L. et Archangelica officinolis Hoffm. , diverses hybrides 
du groupe de l'Anemone Pulsatilla L., des hybrides des Geum urbanum et 
rivale, les Potentilla reptans L., P. collina Wib., P. incana Mench, et 
autres espèces du méme genre, Rubus suberectus Andersson (R. fastigiatus 
Weihe et Nees), Xanthium italicum Moretti (X. saccharatum Wallr. , X. ripa- 
rium Lasch., X. macrocarpum Bertol. Sond. non DC.), X. echinatum Murr. 
non Wallr., X. orientale L. (X. macrocarpum DC., X. italicum Rchb. f., 
X. echinatum Wallr.). 


BIBLIOGRAPHIE. 


Naturgeschichtliche Tagebuch aus Fuerstenberg (Journal d'histoire natu- 
relle de Furstemberg); par M. Sarkander, avec une longue liste de plantes 
(Archiv des Vereins der Freunde der Naturgeschichte in Meklenburg, 
19° année, 1865, pp. 15-49). 

Mikroskopische Untersuchungen ueber den Bau lebender und vorweltlicher 
Nadelhælzer ( Recherches microscopiques sur la structure des espèces vi- 
vantes et éteintes de Conifères); par M. Gregor Kraus (Wuerzburger 
naturwissenschaftliche Zeitschrift, t. v, 1864, pp. 114-200, avec cinq 
planches). 

Clavis ad Caspari Bauhini Pinacem theatri botanici; par M. P.-Th.-A. Brunin 
(Zeitschrift fuer die gesammten Naturwissenschaften, t. xxx, Berlin, 
1864, pp. 128-300). 

Ueber die Umwandlung der Vegetation durch Entwæsserung (Sur le change- 
ment que subit la végétation par le drainage); par M. Vogel (/bid., 
pp. 100-208). 


92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ueber die Umwandlung des Stærkemehls durch den Keimprocess (Des mo- 
difications que subit l'amidon par la germination) ; par M. Vogel (/bid., 
pp. 208-216). 

Preussische Diatomeen (Diatomées de Prusse); par M. J. Schumann (Schrif- 
ten der K. physik.-aekonomischen Gesellschaft zu Kæœnigsberg, 5° année, 
1864, 1'* livraison, pp. 13-23). 

Mémoire sur mes herborisations aux environs de Collioure; par M. Oliver, 
Montpellier, 1865. 18 pages. 

Essai de classification des Algues de la Guadeloupe; par MM. Schramm et 
Maze. Paris, 1865. In-4, 57 pages. 

Christian Steven, der Nestor der Botaniker (Christian Steven, le Nestor des 
botanistes); par M. Alexandre de Nordmann (Bulletin de la Société des 
naturalistes de Moscou, 1865, n. 1, pp. 101-161, avec un portrait). 

Nova revisio flore Kurskianæ ; auctore Ed. de Lindemann (/bid. , pp. 152-206). 

Die fossile Flora des mæhrisch-schlesischen Dachschiefers (La flore fossile des 
schistes ardoisiers de la Moravie et de la Silésie); par M. le chevalier 
C. d'Ettingshausen (Extrait des Denkschriften der mathematisch-naturwis- 
senschaftliche Classe der Kaiserlichen Akademie der Wissenschaften , 
t. XXV); tirage à part en brochure in-4 de ^0 pages, avec vi planches. 
Vienne, 1865, chez Gerold et fils. 

Diagnosen neuer Euphorbiaceen aus Cuba (Diagnoses d’ Euphorbiacées nou- 
velles de Cuba); par M. Grisebach (Nachrichten von der K. Gesellschaft 
der Wissenschaften und der G.-A. Universite zu Gottingen, 1865, pp. 
161-181). 

Ueber Cytisus Adami (Sur le Cytisus Adami); par M. Kurr (Wuerttember- 
gische naturwissenchaftliche Jahreshefte, 21* année, 1'* livraison, pp. 
62-66). Tubingue, 1865. | 

Indagini chimiche sulla radice di Eringio officinale, e fenomeni dei semi di 
Ricino in presenza dell’ acido solforico e chloridrico (Recherches chimi- 
ques sur la racine de l'Eryngium officinale, e£ phénomènes que présentent 
les graines de Ricin en présence des acides sulfurique et chlorhydrique); 
par M. Ragazzini (Revista periodica dei lavori della I. R. Accademia di 
scienze, lettere ed arti in Padova, 1864, t. xui, fasc. 26, pp. 5-99). 

New Scirpi of the northern United States (Nouveaux Scirpus des Etats-Unis 
du Nord); par M. Asa Gray (The american Journal of sciences and arts, 
vol. XXXVII, pp. 289-290). 


NOUVELLES. 


— M. Trécul a été nommé membre de l'Académie des sciences en rempla- 
cement de M. Montagne. 
— Le samedi 7 avril a eu lieu à la Sorbonne, sous la présidence de S. Exc. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 93 


M. le ministre de l'instruction publique, la distribution des prix accordés aux 
travaux des Sociétés savantes des départements. Dans la section des sciences, 
une médaille d'or a été décernée à M. J.-E. Planchon, professeur à la faculté 
des sciences de Montpellier, pour ses travaux de botanique. — Une médaille 
d'argent a été également décernée à M. Ch. Grenier, professeur à la faculté des 
sciences de Besancon, pour ses travaux relatifs à la flore de France. 

— M. Boissier vient de terminer les Zhalamiflores de sa Flore d'Orient, 
ouvrage dans lequel il coordonne tous ses travaux antérieurs, épars dans les 
Annales des sciences naturelles et dans ses Diugnoses plantarum orientalium, 
en y joignant les descriptions inédites des plantes qu'il a publiées dans les col- 
lections récentes de MM. Bourgeau et Balansa, ou que M. de Tchihatcheff a 
simplement citées dans la partie botanique de son Asie Mineure, et le résultat 
des travaux de M. Fenzl et d'autres botanistes. M. Boissier a soumis à une ré- 
vision sévère les déterminations spécifiques qu'il avait faites à diverses époques 
et pour la publication de collections différentes; il en est résulté une réduction 
notable dans le nombre des espèces admises dans son nouvel ouvrage. L'étude 
critique et synonymique des plantes de Tournefort et de Rauwolf, qui sont 
soigneusement ramenées à leurs synonymes actuels, ajoutera un grand intérét 
à ce travail, le premier dans lequel sera présenté un tableau général et métho- 
dique de la végétation orientale. 

— M. Balansa vient de partir pour un nouveau voyage botanique. Il se rend 
cette fois en Perse, et compte principalement explorer la province de l'Ader- 
bidjan. Avant son départ de France, et en herborisant dans les environs de 
Béziers, il a fait la découverte de deux cryptogames nouvelles pour la flore de 
France, le Pilularia minuta et une espèce nouvelle du genre Riella Mont. 
(Durieua olim), qui sera prochainement décrite dans notre Bulletin par 
M. Grænland. 

— Le gouvernement anglais a décidé récemment la publication d'une Flore 
de l'Afrique tropicale, faite sur le plan des autres Flores des colonies anglaises 
publiées depuis quelques années (Flora australiensis, Flora Hongkongen- 
sis, etc.). Plusieurs botanistes doivent travailler à cet ouvrage. 

— Les collections attendues du Mexique, dont nous parlions dans notre der- 
nier numéro, sont parvenues récemment au Jardin-des-Plantes. Il y était joint 
un envoi de plantes vivantes, qui comprenait plusieurs espèces d'Orchidées. 
Les envois faits du Mexique par M. Bourgeau s'élèvent déjà à plus de 1500 
espèces; d’autres envois seront faits ultérieurement par le méme collecteur. 
M. Eug. Fournier, qui a déjà étudié une nombreuse collection de plantes rap- 
portée du Mexique par M. Virlet d'Aoust, doit s'occuper de la détermination 
des plantes envoyées par M. Bourgeau. 

— On annonce la publication trés-prochaine des Éléments de botanique de 
M. Duchartre, comprenant l'anatomie, l'organographie, la physiologie des 
plantes, les familles naturelles et la géographie botanique. Cet ouvrage formera 


9A i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


un volume in-8° de 700 pages avec 500 figures intercalées dans le texte et 
dessinées par M. Riocreux. Il est édité par MM. J.-B. Baillière et fils. 

— Nous avons de bonnes nouvelles de M. Beccavi, jeune botaniste florentin 
qui, comme on sait, a entrepris un voyage botanique à Bornéo. M. Parlatore 
vient de recevoir de lui une riche collection de plantes sèches et quelques gros 
fruits charnus conservés dans l'alcool. M. Beccavi prolongera son séjour à Bor- 
néo encore un an; il est certain que la science profitera beaucoup d'un tel 
séjour fait par un botaniste aussi zélé qu'instruit. 

— MM. Rovelli frères, horticulteurs à Pallanza sur le lac Majeur, viennent 
d'obtenir, probablement pour la premiere fois en Europe, des cónes du Pinus 
Fortunei Parl. monogr. ined. (Abies Fortunei Lindl.), que l'on trouve dans 
les jardins sous le nom d' A/ies jezoensis, arbre magnifique des basses monta- 
gnes de la Chine, dont on doit la connaissance à M. Fortune, et qui est tout à 
fait différent du Pinus (Abies) Jezoensis Sieb. et Zucc. du Japon. 

— La vente de la bibliothéque de feu M. Montagne a été terminée le 2/ avril 
au soir. Elle a produit environ 12 000 francs. Nos confrères nous sauront 
gré de leur indiquer les prix auxquels ont été vendus certains ouvrages impor- 
tants : Gartner, De fruct., 51 fr.; Delessert, Je. sel., 86 fr.; Payer, Traité 
d’Organogénie, 87 fr.; les Annales des sciences naturelles (moins la 17* série), 
265 fr. ; le Botanische Zeitung, de 1843 à 1863, 100 fr. ; l’£'xploration scien- 
tifique de l'Algérie, 87 fr.; V Essai sur les Cryptogames des écorces et les 
Mémoires lichénographiques de M. Fée, ensemble 30 fr.; Turner, Fuci sive 
plantarum F'ucorum. genera, 4h0 fr.; Dillwyn, British Confervæ, hh fr.; 
Kuetzing, Phycologia generalis, 22 fr.; Harvey, PAycologia britannica, 
150 fr.; Smith, À synopsisof the british Diatomaceæ, 59 fr.; Bolton, History 
of Fungus about Halifax, 5h fr.; Bulliard, /ZZistoire des Champignons de la 
France, 208 fr.; Paulet et Léveillé, Zconographie des Champignons, 85 fr. ; 
Krombholz, Naturgetreue Abbildungen, 16 fr.; Gorda, {cones Fungorum, 
170 fr.; une collection spéciale et unique des mémoires de M. Berkeley sur les 
Champignons, en 3 vol. in-8°, 50 fr.; Tulasne, Selecta Fungorum Carpo- 
loyia (les 2 premiers volumes), 93 fr.; Fungi hypogæi, h0 fr.; Hedwig, 
Species Muscorum, avec les suppléments, 36 fr. ; Bruch et Schimper, 
Bryologia europea, 270 fr.; etc. Les collections d'ezsiccota ont en général 
atteint un chiffre élevé, notamment les fascicules de Desmazières et les Stirpes 
de Mougeot. 

— Nos lecteurs n'ont sans doute pas oublié le bruit qu'ont fait, il y a trois 
ans, les idées préconisées par M. Hooibrenk, horticulteur hollandais, sur la 
fécondation artificielle des céréales, et dont nous avons parlé à cette époque 
(t. x, p. 175). Les espérances que les promesses de M. Hooibrenk avaient 
fait naître chez d'excellents esprits, et qu'avaient paru justifier les premiers 
travaux de vérification, ont été loin de se réaliser. Des expériences ont été in- 
stituées avec grand soin par la commission, sous la présidence de S. Exc. le ma- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 95 


réchal Vaillant, et suivies avec une attention toute particulière par M. Tisserant, 
chef de division des établissements agricoles au ministère de la maison de l'Em- 
pereur, Ces expériences ont eu lieu dans les fermes impériales de Vincennes, 
de Fouilleuse, du camp de Chälons et de La Motte-Beuvron, à Korn-er-Houët, 
chez S. A. madame la princesse Baciocchi, et chez quelques particuliers. 
Elles ont motivé deux rapports adressés par le maréchal Vaillant à S. Exc. le 
ministre de l'agriculture. Dans le premier, publié il y a un an, le rapporteur 
faisait, dans ses conclusions, des réserves fondées sur ce que les expériences 
n'avaient duré encore qu'une année, laquelle avait pu étre exceptionnellement 
défavorable. Dans son deuxième rapport, publié tout récemment, le président 
de la commission termine ainsi : « En résumé, monsieur le ministre, la com- 
mission pense qu'il faut renoncer à la réalisation des promesses de M. Daniel 
Hooibrenk, en ce qui concerne la fécondation artificielle des céréales. » 

— M. le chevalier de Pittoni, qui habite Gratz, en Styrie, vient d'envoyer à 
la Société botanique de France deux listes imprimées, l'une des desiderata de 
son herbier européen, l'autre de ses doubles. Il invite les botanistes à lui faire 
parvenir aussi leurs demandes et leurs offres. Nous remarquons parmi les 
plantes dont il peut disposer, de nombreuses et rares espèces de Hongrie et 
de Transilvanie. 

— Le gouvernement francais s'occupe activement de l'organisation des col- 
léges professionnaux dont il a été parlé depuis quelque temps. L'histoire natu- 
relle appliquée doit tenir une place importante dans l'enseignement donné par 
les établissements qui seront créés à cet effet. Une école normale profession- 
nelle, où seront formés les professeurs destinés à ces colléges, doit être établie 
dans les bátiments de l'ancienne abbaye de Cluny. 


Collections et livres à vendre. 


— M. Kralik, 12, rue du Grand-Chantier, à Paris, vient de publier la 
deuxième liste des collections de plantes extraites de l'herbier de feu M. Alph. 
Maille et mises en vente. Les Reliquie Mailleanæ, dont nous avons parlé plus 
haut, t. XU, p. 288, font partie de cette liste qui contient surtout des exsiccata 
d'origine américaine. Le prix des centuries de plantes y est inférieur au prix 
où les diverses collections ont été mises pour la premiere fois en distribution. 

— M. Nicolas Martin, guide à Longemer, canton de Gérardmer (Vosges), 
bien connu par son habileté pour recueillir et préparer des collections botani - 
ques, offre aux amateurs de leur récolter les plantes vosgiennes dans d'excel- 
lentes conditions, savoir : 


Une espèce à 100 échantillons.. ...... 
2 esp. à 50 éch.; 3 esp. à 33 éch.; 4 esp. à 25 éch.; 5 esp.à 20éch, © 
10 espèces à 10 échantillons chaque. ... 
20 espèces à 5 échantillons chaque 
50 espèces à 2 échantillons chaque. ..,...,... 2$... 5520 8 : AD 
100 espèces... ts . 2050909 008 042000 ne moe 15 


LE ETS 


96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Nous avons recu de M. le professeur Kirschleger, qui recommande vivement 
à l'attention des botanistes les offres de M. N. Martin, la liste des plantes vos- 
giennes que ce collecteur peut procurer sur commande. Elle est malheureuse- 
ment trop longue (141 espèces) pour que nous puissions l'insérer ici ; mais il 
suffira de consulter la Flore de France pour savoir quelles sont les plantes que 
peut fournir un botaniste exercé, habitant le canton de Gérardmer (1). On 
pourra donc adresser directement des commandes à M. N. Martin; le plus tót 
sera le mieux pour cette année, à cause de la saison. On se libérera par un bon 
de poste à l'ordre de M. Nicolas Martin, sur le bureau de Gérardmer. 


— Un membre de la Société offre de céder, à des conditions trés-avanta- 
geuses, un herbier qu'il a formé en Algérie, dans les années 1849 et 1850 ; il 
contient environ ur millier de plantes recueillies sur le littoral, principalement 
aux environs d'Alger, de Blidah, de Milianah, d'Orléansville et d'Oran. -— 
S'adresser à M. Eug. Fournier, rue de Seine, 72, à Paris. 


— On offre, au prix de 200 francs, un trés-bel exemplaire d'un Serfum 
botanicum en 6 vol. in-folio, présentant sur chaque page alternativement une 
planche et un texte explicatif de la planche. — S'adresser, de neuf heures à 
midi, rue Neuve de Reuilly, n° 6, au premier, deuxième porte à droite. 


— M. Robert Brendel, Riemerzeile, n° 15, à Breslau, offre des modeles 
de fleurs pour l'enseignement de la botanique. Ces modèles sont en carton-pâte 
et autres matériaux, et considérablement grossis; ils peuvent étre fort utiles 
pour la démonstration qui se fait à distance dans les cours (2). Ceux de 
M. Brendel ont été faits d’après les indications de M. Lohmeyer, pharmacien; 
M. le professeur Cohn, de Breslau, leur donne son approbation. Ils sont vendus 
à 1 thaler le modèle (3 fr. 75 c.) ou à 20 thalers (75 francs) la série complète 
représentant les Ranunculus acer, Aconitum Napellus, Papaver Argemone, 
Brassica oleracea, Viola tricolor, Malva silvestris, Dianthus Caryophyllus, Se- 
dum acre, Pirus Malus, Prunus Cerasus, Ononis hircina, OEnothera biennis, 
Conium maculatum, Anthemis Cotula, Gentiana Pneumonanthe, Atropa Bella- 
donna, Calystegia sepium, Stachys palustris, Pedicularis silvatica, Euphorbia 
Cyparissias, Salix alba, Orchis militaris, Iris germanica, Galanthus nivalis, 
Lilium Martagon, Colchicum autumnale, Carex hirta, Poa pratensis, Secale 
cereale en germination, Phaseolus en germination. 

D' EUGÈNE FOURNIER. 


(4) Nous remarquons dans cette liste les Hieracium, Epilobium, Lycopodium, Isoëtes, 
Calamagrostis montana, Sparganium nalans, Streptopus amplevifolius, Veronica bo- 
realis Rchb., Scrofularia Ehrharti, Scabiosa vogesiaca, T. hlaspi vogesiacum, Viola 
ericetorum, Nufar pumilum, etc., etc. M. N. Martin récolte aussi les Mousses, les Hé- 
patiques et les Lichens des Vosges. 

(2) Des modéles de ce genre ont pu étre vus dans les cours de M. Moquin-Tandon, 
auquel les prêtait M. Auzoux. 


Paris — Imprimerie de E, MARTINET, rue Mignon, 2, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 


(MAI-3UIN 1800.) 


N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. J. Rothschild, libraire 
de la Société botanique de France, rue Saint-André-des-Arts, 43, à Paris. 


On five new genera of west tropical Africa (De cing nou- 
veaux genres de l'Afrique tropicale occidentale); par M. Oliver (Jour- 
nal of the Linnean Society, 1865, vol. 1x, pp. 170-176). 


Ces genres sontles genres Dasylepis et Pyramidocarpus, de la famille des 
Bixinées, Ancistrocarpus, de celle des Tiliacées, E'nantia et Cleistochlamys, 
de celle des Anonacées. L'Ancistrocarpus de Kunth ayant été fondu par 
Moquin-Tandon dans le genre Microtea, ct l Enantia Falconer n'étant qu'un 
synonyme du Sabia Colebr., l'auteur a cru pouvoir, sans inconvénient, appli- 
quer ces noms à deux genres complétement nouveaux. H faut encore noter, 
dans le travail de M. Oliver, l'assimilation des genres Oncoba de Forskàl et 
Mayna Œ Aublet; l'auteur trace, à ce sujet, une diagnose nouvelle du genre 
Oncoba. 


Observations sur les bourgeons ct sur l'inflorescenee 
des Papilionacées ; par M. Godron (Extrait des Mémoires de l Aca- 
démie de Stanislas pour 1865); tirage à part en brochure in-8° de 25 
pages. Nancy, 1866. 


Les grappes florales des Vicia Cracca, tenuifolia, varia, villosa et dume- 
torum, unilatérales et déviées latéralement, ne sont pas positivement axillaires, 
et à l'aisselle véritable de la feuille-mère il existe ordinairement un petit 
bourgeon qui reste stationnaire ou se développe plus tard en rameau; il est 
placé alternativement, d'un nœud à l'autre, à gauche et à droite du point de 
l'insertion de la grappe. Les Lathyrus à grappes pluriflores et longuement 
pédonculées offrent des faits analogues et encore plus prononcés. Daus toutes 
ces plautes, la stipule voisine de la grappe est généralement prépondérante. 
Dans les Lathyrus cirrosus Ser., silvestris et pyrenaicus Jord. , on constate 
quelquefois l'existence de quatre bourgeons: la grappe florale, un rameau 
latéral symétrique à l'inflorescence précédente, un bourgeon axillaire, un 
petit bourgeon accessoire : autant d'exemples où un axe latéral, par sa pré- 
cocité et son développement, domine les autres axes. Sur les Zafhyrus 
Ochrus, L. Aphaca, L. Cicer, Vicia lathyroides V., V. pyrenaica Pourr., 
V. sativa L., Cicer arietinum L., dont le pédoncule commun est ordinaire- 

T. XIII. (REVUE) 7 


98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ment uniflore, on observe des faits analogues aux précédents. Les fleurs 
solitaires de ces plantes représentent les grappes des espéces précédemment 
nommées; elles en sont la réduction et se comportent exactement comme 
elles. 

M. Godron se demande pourquoi les inflorescences portées par ces axes 
prépondérants sont unilatérales. Il en trouve la cause dans la compression 
qu'elles éprouvent pendant leur jeunesse, étant resserrées contre l'axe pri- 
maire, et dans la prédominance des axes latéraux qui se produit aussi à l'ais- 

selle de leurs bractées. Dans les Astragalus sulcatus et Cicer, les grappes 
sont extra-axillaires et parfaitement régulières; mais leur long pédoncule dé- 
passe l'axe primaire, de telle sorte qu'elles n'éprouvent dans leur évolution ni 
gêne, ni compression. Chez certaines espèces, les grappes courtes et denses 
deviennent égales par suite du refoulement des fleurs qui s'étalent tout autour 
de l'axe de l'inflorescence. 

On sait que l'étendard des fleurs des Légumineuses, sauf de rares exceptions 
bien connues, correspond à la partie supérieure de la fleur, que les grappes 
soient dressées ou qu'elles soient pendantes. Dans ce dernier cas, le pédi- 
celle se tord sur lui-même à l'approche de l’anthèse, et intervertit les rap- 
ports de position de l'étendard et de l'axe de l'inflorescence. Pour le démon- 
trer, M. Godron a lié au moyen d'un fil, avant l’anthèse, l'extrémité d'une 
grappe de Wisteria chinensis DC., de facon à la maintenir dans la position 
dressée; or, dans cette expérience, aucune fleur n'a éprouvé de torsion sur 
son pédicelle, et l'étendard a conservé sa position première. Les mêmes faits 
se sont produits sur les grappes du Cytisus alpinus et du Robinia viscosa, 
soumises aux mêmes entraves. L'auteur a fait l'expérience inverse sur le Za- 
thyrus latifolius L. Ayant incliné une jeune grappe de cette espèce vers la 
terre, en courbant son long pédoncule avec précaution, il l'a fixée ainsi dans 
une position renversée par un lien placé vers son sommet et retenu par un 
piquet enfoncé en terre: toutes les fleurs se sont retournées. Sur une autre 
grappe, il n'a placé le lien que sur le milieu de l'inflorescence ; la moitié de la 
grappe restée libre s'est redressée en quelques jours, et les fleurs en ont con- 
servé leur position primitive, tandis que celles qui occupaient la base renver- 
sée de la grappe se sont retournées. 


` 


Recherches pour servir à Phistoire physiologique des 
arbres; par M. Arthur Gris (Extrait des Comptes rendus, t. LXII, 


pp. 438-443, 603-607); tirage à part en brochure in-4° de 41 pages. 
Paris, 1866. 


Ces recherches ont été communiquées à l'Académie des sciences dans ses 
séances des 26 février et 12 mars 1866. 

Les alternatives de développement et de résorption que subissent, suivant 
les saisons, les matières amylacées contenues dans la profondeur des tissus 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 99 


des arbres sont indiquées d’une manière très-incomplète dans les traités de 
botanique classiques. En étudiant ce sujet, M. Gris a observé le Chêne, le 
Châtaignier, le Bouleau, l Acacia, le Virgilia, le Mûrier, le Frêne, le Berberis, 
le Fusain du Japon et le Houx. C'est dans les cellules et quelquefois, mais 
rarement, dans les fibres du corps ligneux, comme MM. Payen et Sanio 
l'ont démontré, que se dépose l'amidon qui doit servir à la nutrition du végé- 
tal. La moelle, les rayons médullaires, le parenchyme ligneux, sont les trois 
principaux systèmes de tissu cellulaire dans lesquels l'amidon se développe et 
se résorbe tour à tour. En janvier et février 1865, M. Gris à soumis à l'exa- 
men microscopique des branches de Châtaignier de cinq à six ans. Les rayons 
médullaires, le parenchyme ligneux et la moelle y étaient étroitement remplis 
de matière amylacée. Au milieu d'avril, alors que les bourgeons étaient encore 
clos et verdâtres, le nombre et le volume des grains d’amidon avaient beau- 
coup diminué dans la plupart des cellules appartenant aux rayons médullaires 
et au parenchyme ligneux des quatre couches extérieures du bois. Ce travail 
de la résorption de l'amidon se poursuivit et s'acheva rapidement. Le 30 avril, 
les tissus amylifères des couches extérieures de la tige étaient entièrement dé- 
pourvus de matières de réserve. Mais le 16 juin, une matière de réserve nou- 
vellement et complétement formée remplissait étroitement les cellules des 
rayons médullaires et du parenchyme ligneux. Le même état de plénitude fut 
constaté pendant les mois de juillet, d'aoüt et de septembre. 

Le 10 avril, les tissus amylifères du Virgilia étaient très-riches en matières 
de réserve ; le 9 mai, le dépôt nourricier était trés-diminué. Ce ne fut que le 
6 juin que la résorption de l'amidon danses tissus d'une branche de sept 
ans parut presque complète, La reproduction de cette matière de réserve était 
d'ailleurs très-manifeste le 17 juillet. 

Les mêmes faits ont été constatés par M. Gris surle Mürier, le Berberis et 
le Houx. 

Il n'y a donc que deux grands mouvements des matières nutritives à l'inté- 
rieur du tronc des arbres : la genèse de ces matières en été, et leur résorption 
au printemps. 

Dans un second mémoire, M. Gris recherche quel est le degré de vitalité 
des réservoirs de substance nutritive; pendant combien de temps la moelle, 
les rayons médullaires et le parenchyme ligneux conservent-ils la propriété de 
sécréter de l'amidon ? Indépendamment des fibres ligneuses qui quelquefois 
constituent un quatrième lieu de dépôt de cette matière, il est encore un autre 
tissu à mentionner sous ce rapport, c'est le tissu cellulaire qui occupe la ca- 
vité des gros vaisseaux du bois. L'amidon est quelquefois sécrété en grande 
quantité dans ce tissu, dont les cellules sont munies d'un nucléus. 

M. Gris a observé un Hêtre de quatre-vingt-quinze ans, coupé vers la fin 
de l'hiver. Depuis la dernière couche annuelle immédiatement placée sous 
l'écorce jusqu'à la quinzième, les cellules des rayons médullaires et du paren- 


100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


chyme ligneux étaient, pour la plupart, complétement remplies de matière de 
réserve. Vers la vingtième couche, les cellules contenant encore cette matière 
n'offraient plus que quelques grains d'amidon groupés ordinairement en un 
petit amas arrondi n'occupant qu'un point très-limité de la vaste cavité cellu- 
laire. Enfin, depuis la trente-cinquième couche environ jusqu'à la moelle, les 
réservoirs de substance nutritive étaient dépourvus d'amidon. 

Sur un tronc de Peuplier abattu au mois de février, à l’âge de trente-cinq 
ans, l'auteur constata que les réservoirs de substance nutritive avaient perdu 
la faculté de sécréter de l'amidon dans la partie centrale du corps ligneux, 
depuis la moelle jusqu'à la quinzième zone concentrique d'accroissement en- 
viron. Un Chêne abattu au mois de mai a été le sujet d'observations analo- 
gues. Au contraire, un Acacia de trente-cinq ans n'a offert de l'amidon que 
dans les quatre dernières couches annuelles. 11 en a été à peu près de méme 
dans un Chátaignier. 

H est à remarquer, dit en terminant M. Gris, que la zone ligneuse qui pos- 
sede encore la vitalité nécessaire à la sécrétion de l'amidon correspond dans 
beaucoup de cas et assez exactement (sinon absolument) à la partie extérieure 
et peu colorée du bois que l'on nomme vulgairement aubier. Cette région 
a été toujours assez mal définie; les observations de M. Gris permettent de 
la délimiter très-nettement. Si sa définition est admise, il est évident que les 
tiges de certaines espèces Jigneuses méme tres-àgées, dans lesquelles les au- 
teurs reconnaissent un duramen, n'en possèdent réellement pas. 


Sur unc station quasi-spontanée du Sapin de Sibérie 
(Abies sibirica Led.) dans le gouvernement de Saint-Pétersbourg ; par M. A. 
Békétoff (Bulletin de la Société des naturalistes de Moscou, 1865, n. 4, 
pp. 162-171). 


Notre confrère M. Békétoff, n'ayant pu recueillir de cônes de ce Sapin, qui 
constituait évidemment une espèce nouvelle pour la flore de Saint-Péters- 
bourg, où peut-être il a été introduit, entreprit l'étude comparative de l'ana- 
tomie des feuilles du Sapin blanc et du Sapin de Sibérie, seules espéces aux- 
quelles pouvait se rapporter celle qu'il étudiait. Ses recherches l'ont conduit à 
des résultats assez intéressants, dont il trace ainsi les conclusions : 

Les feuilles du Sapin de Sibérie sont plus étroites que celles du Sapin 
blanc ; elles sont plus arrondies sur les angles et sur les nervures que chez 
cette espèce ; les stomates n'ont sur leurs faces inférieures que quatre ou cinq 
rangées de chaque côté de la nervure médiane, tandis qu'il y en a de huit à 
neuf de chaque côté de la méme nervure sur la feuille du Sapin blanc. Les 
conduits résinifères ne touchent pas l'épiderme chez le Sapin de Sibérie, étant 
séparés de lui par du parenchyme vert, tandis que ces mêmes conduits dans 
les feuilles du Sapin blanc sont immédiatement accolés à l'épiderme, ou sépa- 
rés lui de uniquement par une seule cellule libérienne. Les angles et la ner- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 191 
vure médiane des feuilles du Sapin de Sibérie né sont pas ou presque pas 
renforcés par du liber, ce qui se voit, au contraire, invariablement chez le 
Sapin blanc. 

Les feuilles du Sapin de Sibérie venues dans un lieu ombragé sont un peu 
plus grandes, les nervures en sont moins accusées ; les cellules libériennes y sont 
en plus petit nombre; le parenchyme en est moins développé, les branches 
plus minces, moins feuillues, plus flexibles ; toutes les cellules en ont des parois 
plus minces. 


Cronaca della briologia italiana (Chronique de la bryologie 
italienne); par M. De Notaris (Extrait du Commentario, vol. 11, fasc. 11); 
tirage à part en brochure in-4° de 27 pages. Genève, 1866, 


M. De Notaris est en train de publier une monographie des Mousses d'Italie. 
Avant de la faire paraitre en entier, il en a extrait certaines considérations gé- 
nérales, qu'il fait valoir dans ce mémoire. 1l traite de la manière dont on doit 
comprendre le genre dans les Mousses. Il l'entend d'une manière trésJarge ; 
ainsi il réunit les Poftia et Anacalypta, Amphoridium et Zygodon, Seli- 
geria et Anodus. Il ne croit pas que les exemples d'un arrêt de développement, 
notamment l'imperfection ou l'absence du péristome, soient suffisants pour con- 
stituer des genres. Mais il ne veut pas aller trop loin dans cette voie en l'ab- 
sence de preuves, ni accepter, à l'exemple d'autres, bryologues, certaines 
espèces de Phascum pour des états rudimentaires de Pottia et d'Anaca- 
lypta, etc. S'il en était ainsi, on devrait, de temps à autre, observer des gra- 
dations et des passages entre les états imparfaits et les états développés des 
espéces sous lesquelles ils veulent réunir des formes aussi disparates. Pour 
donner un exemple de la variabilité des feuilles et du port dans un genre que 
les caractères carpologiques constituent cependant d'une manière trés-natu- 
relle, l'auteur choisit les Grimmia. WM y réunit non-seulement les espèces à 
calyptre fendue, cuculliforme (Guembelia Hampe, Mueller), à l'exemple de 
M. Schimper, mais encore les Racomitrium, qui, à l'exception de quelques- 
uns, Rh. canescens, ericoides, lanuginosum, ne peuvent, à aucun titre, être 
distingués des Grimmia. 

Pour faire apprécier d'un coup d'œil les découvertes récemment acquises 
par les bryologues italiens et les réductions à opérer dans la nomenclature, 
l'auteur suit l'ordre des publications de M. Schimper. Le Phascum interme- 
dium appartient au genre Sporledera. Les Microbryum et Sphærangium dif- 
ferent à peine du Phascum. Le genre Cycnea, fondé par M. Berkeley pour le 
Phascum curvicollum, est difficile à admettre. Le Phascum carniolicum se 
rapproche du Systegium par la structure de ses feuilles, la forme de ses . 
feuilles et de la calyptre. Le Gymnostomum bicolor peut être ramené avec 
M. Lindberg au genre Tortula. L'auteur décrit les Fissidens decipiens DNtrs, 
Grimmia Haussmanniana DNus, G. bifrons DNus, G. triformis Carest. 


102 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


et DNtrs. Il donne la disposition synoptique des genres Grimmia, Orthotri- 
chum et Bryum pour les espèces italiennes. 


Beitrag zur Flora der Provinz Preussen (Contribution à la 
flore de la province de Prusse); par M. Fr. Seydler (ScAriften der K.physik.- 
akonomischen Gesellschaft zu Kæœnigsberg, 5° année, 1864, 2° livraison, 
pp. 156-172). 

Les plantes étudiées dans ces notes appartiennent à la flore des environs de 
Braunsberg. Les principales sont les Thalictrum aquilegifolium L., Ranun- 
culus sardous Crantz, Dianthus Armerio-deltoides Hellwig, Spergularia 
marina Garcke, Astrantia major, Senecio erucifolius L., Cuscuta Epithy- 
mum, Elssholzia cristata Willd., Centunculus minimus L., Orchis latifolia 
L., Heleocharis ovata, Carex cespitosa L. (C. pacifica Drej.), Calama- 
grostis neglecta Fr., etc. 


Weber den Bau der Cyeadeenficdern (Sur la structure des 
frondes des Cycadées) ; par M. Gregor Kraus ( Jahrbuecher fuer wissen- 
schaftliche Botanik, t. 1v, 3° partie, pp. 305-348, avec cinq planches gra- 
vées) ; 1865. 

Si l'on songe aux caractères anatomiques que présentent les tiges aplaties et 
foliiformes de beaucoup de Cactées, et qu'ont particulièrement éclairés les 
recherches de Grischow, on aura immédiatement devant la pensée les traits 
principaux de la structure des organes auxquels est consacré le mémoire que 
nous analysons. Il débute par une comparaison, tant anatomique que physio- 
logique, du parenchyme des feuilles, et de ce que les savants allemands nom- 
ment l'écorce primaire, c’est-à-dire l'épiderme, la couche herbacée et le col- 
lenchyme, qui se prolongent en suivant le pétiole jusque dans le limbe dans 
lequel ils s'étalent. Cette comparaison, longuement poursuivie, est étayée par 
de nombreux exemples pris parmi différentes familles. Dans les chapitres sui- 
vants, l’auteur entame d'une manière plus spéciale le sujet propre de son 
mémoire. L'épiderme des Cycadées, quant à la forme de ses cellules, tient le 
milieu entre celui des Fougères et celui des Coniféres. Le Sfrangeria est dif- 
ficile à distinguer des premieres par sa nervation et par la structure de son 
épiderme, à cellules allongées et à parois ondulées, tandis que le Cycas, dont 
l'épiderme a des cellules 3-6-angulaires et à parois rectilignes, se rapproche 
par là des espèces de Pinus. Chaque genre peut d'ailleurs être distingué rien 
que par les caractères de ces cellules, caractères qui, doit-on ajouter, varient 
un peu selon les régions qu'elles occupent. Ces cellules ont des parois trés- 
épaisses et comparables à celles des éléments du liber dans le Ceratozamia. 
Leur paroi extérieure est traversée de pores dans le Cycas, comme dans le 
Camellia, le Cinnamomum aromaticum, le Berberis Aquifolium et sur la 
corolle du Calluna vulgaris. L'auteur donne des détails circonstanciés sur les 
changements de coloration que certains réactifs font éprouver aux parois et 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 103 


au contenu des cellules épidermiques des Cycadées; viennent ensuite quel- 
ques considérations sur les stomates, qui se trouvent généralement sur la page 
inférieure des frondes, et exceptionnellement surle cóté supérieur de celles 
de l Encephalartos, vers leur base. L'hypoderme est la couche sous-épider- 
inique, analogue au collenchyme de l'écorce; elle présente, chez les Cycadées, 
chez les Conifères et, d’après M. Karsten, chez les Palmiers, des caractères 
fort différents de ceux qu'elle affecte ordinairement; elle offre des fibres très- 
analogues aux éléments du liber, cloisonnées ou non dans leur intérieur par 
de minces cloisons transversales. Le diachyme est le parenchyme chargé de 
chlorophylle ; aprés l'avoir étudié, l'auteur traite des canaux de résine, dont il 
n'a pu observer l'origine, puis des faisceaux vasculaires. Ceux-ci traversent 
l'intérieur de la fronde parallèlement à sa direction; ils ressemblent étonnam- 
ment, quant à leur structure, à ceux des Conifères, ainsi qu'on le sait déjà. 
Il existe un tissu médullaire dans le milieu de la fronde du Strangeria et du 
Cycas, tissu dans lequel est enfoncé le faisceau vasculaire, et qui forme une 
partie du relief attribuable extérieurement à ce faisceau. 

Après avoir traité en général de la structure des Cycadées, en passant en 
revue chaque tissu anatomique, M. Kraus expose successivement les caractères 
anatomiques de chacun des genres de la famille. 


Ueber die Entwickelung des Farnsporen (Sur le développe- 
ment des spores des Fougères); par M. Fischer de Waldheim (Jahrbuecher 
fuer wissenschaftliche Botanik, t. 1v, 3° partie, pp. 349-382, avec 4 plan- 
ches gravées) ; 1865. 


Teophrastus Eresius a connu les sores des Fougéres; Frederico Cesi en a 
vu le premier les spores; Robert Hooke, vers 1660, a, le premier, constaté 
qu’elles étaient produites dans des sporanges. Kælreuter (1777) a observé que le 
contenu d'abord informe du sporange s'obscurcit plus tard, se sépare en cor- 
puscules granuleux. Gmelin (1764) a fait remarquer l'aspect inégal et rugueux 
de la surface des spores. Treviranus (Vermischte Schriften) a décrit, mais très- 
obscurément, les cellules-mères de celles-ci; et c'est M. de Mohl qui, en1833, 
dans le Floru, a fait connaitre nettement l'existence de ces cellules et la forma- 
tion par quatre des spores; les résultats de ces recherches furent confirmés par 
celles de Meyen, qui expliqua les saillies de la membrane externe des spores 
(Exine) par un dépôt opéré sur elles extérieurement. M. Nægeli signala le 
noyau cellulaire des spores. En 1849, M. Schacht, dans le beau travail orga- 
nogénique qu'il consacra au sporange, dans le Botanische Zeitung, fit con- 
naître la naissance d'une première cellule (dite centrale) dans cet organe, et 
celle d'un noyau dans cette cellule, la production des cellules-mères des spores 
a l'extérieur du sporange, le partage répété de leur noyau pour la formation 
des spores, l'action de la potasse caustique, de l'acide sulfurique et de l'iode 
sur certains états du sporange. 


104 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Aprés cet exposé historique, l'auteur fait connaitre la structure et le déve- 
loppement du sporange et des spores, d’après ses propres recherches. Nos lec- 
teurs nous pardonneront si nous n'entrons pas dans l'analyse de ce travail. En 
effet, M. Fischer de Waldheim expose des faits dont les principaux sont. géné- 
ralement connus et depuis longtemps; ce sont seulement des traits de détail 
qu'il a ajoutés au tableau figuré dans les mémoires qu'il rappelle lui-même; et 
il n'a donné aucun résumé de ses propres recherches. Les figures de son mé- 
moire concernent les Polypodium sporodocarpum Willd., Pteris crenulata, 
Polypodium crassifolium L., Scolopendrium officinarum Sw., Asplenium 
Serra Lgsd. et Fisch., Aspidium Filix mas Sw., Polypodium vulgare L., 
Cibotium Schiedei Schltd. et Osmunda regalis L. 


Elenco sistematico di alcunc piante dei luoghi di 
Terra Santa (Liste systématique de quelques plantes de la Palestine, 
déterminées par M. de Cesati); extrait de l'ouvrage La Terre-Sante, du 
théologien Igino Martorelli, chanoine de la basilique métropolitaine de Ver- 
ceil. In-A? de 10 pages. 


Voilà un document à joindre à la liste que MM. Cosson et Kralik ont publiée 
des plantes recueillies en Palestine par MM. de Saulcy et Michon. Ce n'est mal- 
heureusement qu'une énumération sèche, à laquelle l'auteur a ajouté quelques 
notes de peu d'importance. Aucune espèce n'est donnée comme nouvelle, et 
M. de Cesati n'indique méme pas celles qui peuvent, dans sa liste, étre nou- 
velles pour la flore du pays dans lequel on les a recueillies. 


AMermosiphon e Nostoc; par M. De Notaris (Extrait du Commen- 
tario); tirage à part en brochure in-4° de 7 pages. 


M. Rabenhorst a réuni, dans son deuxième fascicule du Flora europæa 
Algarum aque dulcis et submarine, les genres Nostoc et Hermosiphon 
Kuetz. M. De Notaris pense qu'on doit rapporter au genre Æermosiphon tous 
les Nostoc dans lesquels les associations de gonidies, dans le tissu méme de la 
fronde, se trouvent manifestement entourées d'une membrane d'enveloppe, et 
cela quelle que soit l'adhérence des siphons entre eux. Il donne ensuite quel- 


ques détails sur la structure anatomique de plusieurs espéces de ces deux 
genres. 


Flora des Soturba an der nubischen Kueste (Flora de So- 
turba, sur la côte de Nubie); par M. G. Schweinfurth (Verhandlungen 
der K. K. zool.-botan. Gesellschaft in Wien, 1865); tirage à part en bro- 
chure de 24 pages. 


La région parcourue et étudiée ici par M. Schweinfurth est la partie de la 
cóte nubienne habitée par la tribu des Bischarin, nommée Ammed-Gorab; 
elle est traversée par le 12* degré de latitude nord. Les collections de l'auteur y 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 105 


ont été faites du mois de mars au mois de juillet. La liste ne renferme aucune 
description de plantes nouvelles. Elle est suivie de listes des plantes recueillies 
sur d'autres points de la méme cóte, soit en Nubie, soit en Égypte. 


Elfter Bericht der oberhessisehen Gesellschaft fuer 
Natur- und Heilkunde (Onzième compte rendu de la Société de 
la Hesse supérieure pour l'histoire naturelle et la médecine). Un volume 
in-8*. Giessen, 1865. 


Ce volume renferme un grand nombre de travaux de botanique cryptoga- 
mique. Ce sont des énumérations des Champignons, des Lichens et des 
Mousses qui appartiennent à la flore de la Hesse et des régions voisines. 1l 
faut, en outre, signaler tout particulièrement les mémoires que M. le profes- 
seur H. Hoffmann a publiés dans ce volume, sous le titre de Parerga bota- 
nica, et dont nous devons à nos lecteurs une analyse spéciale. 

Ces mémoires sont au nombre de deux. Le premier est intitulé : De lac- 
tion de la cuisson sur les graines des plantes. M. Hoffmann a fait voir, il y 
a plusieurs années (Jahrbuecher fuer wissenschaftliche Botanik, v1, 4860, 
p. 326), que certaines spores de Champignons peuvent supporter sans altéra- 
tion, quand elles sont sèches, une température supérieure à celle de l'ébulli- 
tion de l'eau, tandis qu'elles perdent la faculté germinative bien au-dessous 
de ce point, quand elles sont humides. Or, c'est une opinion trés-accréditée, 
que les graines des Larix, de plusieurs Palmiers, des Ronces et des Fram- 
boisiers peuvent supporter la cuisson dans l'eau sans perdre cette faculté. Il 
serait possible, a pensé l'auteur, que cette propriété fût due aux cellules ligneuses 
et aériféres qui entourent l'embryon de ces graines, lesquelles le protégeraient 
contre l'action de l'eau ambiante, et le maintiendraient dans une chambre inté- 
rieure sèche. Mais les résultats des expériences spéciales qu'il a instituées 
n'ont pas été favorables à l'opinion générale. Aucune des graines de Rubus 
sur lesquelles il a expérimenté n'ont germé aprés avoir été traitées par l'eau 
bouillante. 

Le deuxième mémoire de M. Hoffmann est intitulé : De la prétendue con- 
gélation des plantes à une température supérieure à zéro. Comme M. J. 
Sachs l'avait fait en 1860, l'auteur a soumis des plantes de serre chaude à des 
températures de serre froide, supérieures à 0? et suffisantes pour empêcher 
leur congélation, mais inférieures à celles qui sont nécessaires à ces plantes. 
Tandis que M. Sachs n'avait expérimenté que sur des plantes herbacées, 
M. Hoffmann a étudié des plantes vivaces et méme ligneuses. Jl les a vues périr 
par suite dela mort et de la chute de leurs feuilles, mais nullement par l'ac- 
tion mécanique du froid sur leur tissu. 


106 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Revue du groupe des Pédalinées; par M. J. Decaisne ( An- 
nales des sciences naturelles, 5° série, t. 111, pp. 326-336). 


M. Decaisne exclut de la famille des Pédalinées les genres Æccremocarpus et 
Tourretia que M. Bureau y a joints malgré leur mode différent de végétation ; la 
structure de leurs graines et la forme de leur embryon étant, dit M. Decaisne, 
identiques avec ce que l'on voit dans les Bignoniacées, auxquelles ces deux 
genres doivent, suivant lui, rester associés. M. Decaisne a supprimé le genre 
Rogeria J. Gay, qu'il réunit au Pedalium ; mais il a conservé le Proboscidea 
de Schimdel, fondé pour le Martynia proboscidea Willd. Il faut noter, dans 
son travail, une nouvelle distribution générique de beaucoup d'espéces déjà 
connues; il décrit deux Zarpagophytum, H. Zeyheri et H. leptocarpum, 
qui avaient été confondus sous le nom d' ZZ. procumbens sur la planche 94 
des /cones selectæ, ainsi qu'un Pretrea nouveau, P. Forbesii. 


Adhuc novitiæ quidam Lichenum Europæ variarum 
tribuum ; exposuit W. Nylander ( Flora, 1865, n. 23, pp. 353-358). 


Les nouveaux Lichens décrits dans ce mémoire par M. Nylander sont les 
suivants : Collema furfuraceum, in Scotia ad saxa (Jones); Lecanora pori- 
niformis Nyl., ad schistum micaceum in monte Zen- Lawers Scotia (Jones); 
Pertusaria gyrocheila, prope cacumen montis Zen-Lawers (J. Cerroll); 
Lecidea relicta, in Gallia ad Falaise (Calvados), supra terram sabulosam 
(Brébisson ) ; Z. contristans , supra Andrææas destructas in cacumine 
montis Zen-Lawers (Carroll); Z. ochrophora, ad corticem Ulmi prope Brest 
(Crouan); Opegrapha lentiginosula, in Scotia ad corticem Pini (Carroll); 
Arthonia armoricana, ad corticem prope Brest (Crouan); Melaspilea ochro- 
thalamia, ad corticem Salicis prope Brest (Crouan); Verrucaria tristicula, 
supra Weisias in comitatu Aberdeen (Jones); V. dubiella, supra Muscos in 
Scotiæ montibus (Carroll); V. endococcoidea, prope cacumen montis Ben- 
Lawers, in. thallo Lecideæ excentricæ ; V. superposita, in cacumine. Ben- 
Lawers (Jones et Carroll), supra thallum et hypothallum Verrucarée theleo- 
dis Smrf.; V. nigritella, supra terram cacuminis Zen-Lawers (Carroll), 
inter squamas thalli Verrucariæ Tephroidis; V. melasperma, supra terram 
prope Brest; V. allogena, in cacumine Zen-Lawers supra thallum Zecideæ 
excentricæ ad saxa micaceo-schistosa (Carroll); V. platypyrenia, ad corticem 
prope Cork (Carroll); et V. innata, supra terram ad Ben-Lawers (Jones). 


Ueber einige neue Pflanzen der Philippinen aus der 
Cumingschen Sammlung (Sur quelques plantes nouvelles des 
Philippines, provenant des récoltes de Cuming); par M. Hasskarl (Flora, 
1865, n. 26, pp. 401-403). 


Ces plantes appartiennent aux familles des Basellacées, Symphorémées et 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. . 407 


Zygophyllées; ce sont les Anredera Cumingit (Cum. n. 703), Symphorema 
glabrum (Cum. absque numero), et Tribulus macranthus (Cum. n. 710). 
L'auteur regarde le groupe constitué par les Symphorema comme une famille 
distincte, bien que quelques auteurs en aient fait une tribu des Verbénacées. 
Le S. glabrum parait étre la méme plante que celle que Blanco a décrite dans 
la Flora de las Filippinas, p. ^06, sous le nom indigène de Balibaï. 


Botanical contributions. Characters of some new plants of Cali- 
fornia and Nevada, chiefly from the collections of professor William H. 
Brewer, botanist of the State geological Survey of California, and of D" 
Charles L. Anderson, with revision of certains genera or groupes (Contri- 
butions botaniques : caractères de quelques plantes nouvelles de la Cali- 
fornie et de [a Nevada, principalement d'après les collections du 
professeur William H. Brewer, botaniste attaché à la description géo- 
logique de la Californie, et du docteur Charles L. Anderson, avec la 
révision de certains genres ou groupes); par M. Asa Gray (Proceedings 
of the american Academy of arts and sciences, vol. VI, nov. 1865, pp. 
519-556). 


Voici les noms des espèces ou genres, pour la plupart nouveaux, dont il est 
traité par M. Gray dans cette nouvelle brochure : Arabis (Lomaspora) pla- 
tysperma Gray, Streptanthus polygalioides Gray, Str. procerus Brewer, 
Thelypodium brachycarpum Torr., Smelowskia? californica Gray, Draba 
eurycarpa Gray, Cleomella parviflora Gray, Linum californicum Benth., 
L. congestum Gray, L. Breweri Gray, Lupinus meionanthus Gray, Trifo- 
lium (Lupinaster) Andersonii Gray, Tr. bifidum Gray, Tr. (fnvolucraria) 
monanthum Gray, Tr. amplectens Torr. et Gray, Tr. depauperatum Desv. (T. 
stenophyllum Nutt.?), Astragalus lentiginosus Dougl., A. Andersonii Gray, 
A. cyrtoides Gray, A. tener Gray, A. (Oroboidet) ineptus Gray, A. (Inflati) 
Whitneyi Gray, A. platytropis Gray, A. pycnostachius Gray, A. (Triphylli) 
tridactylicus Gray, 7 espèces du genre Horkelia Cham. et Schlecht., dont 
l'auteur donne une diagnose nouvelle; 5 espèces du genre /vesia Torr. et 
Gray, que l'auteur réforme et sectionne; Epilobium obcordatum Gray, Eu- 
charidium Breweri Gray, Mitella (Mitellaria) Breweri Gray, Saxifraga 
bryophora Gray, 7 espèces du genre Lithophragma Nutt. , dont l'auteur publie 
une étude nouvelle, Cymopterus cinerarius Gray, C. fœniculaceus Nutt., 
C.? nevadensis Gray, Sphenosciadium capitellatum (nouveau genre d'Om- 
bellifères, de la tribu des Angélicées), Lonicera (Xylosteon) Breweri Gray, 
Galium Andrewsii Gray, G. Bloomeri Gray, G. hypotrichium Gray, Kel- 
logia galioides Torr., Machæranthera ( Hesperastrum) Shastensis Gray, 
Aster Bloomeri Gray, Erigeron (Celmisia) Andersonii Gray, E. concin- 
num Torr. et Gray, E. Bloomeri Gray, E.(Pseuderigeron) Breweri Gray, 
Linosyris (Chrysothamnus) Howardii Parry, Aplopappus Bloomeri Gray, 


` 408 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


A. suffruticosus Gray (Macronema Nutt.), A. Macronema Gray (Macro- 
nema discoidea Nutt.), Chrysopsis (Ammodia) Breweri Gray, Chr. (Achy- 
rea) Bolanderi Gray, Solidago Guiradonis Gray, Wyethia (Alarconia) 
glabra Gray, W. mollis Gray, Helianthus (Annui) Bolanderi Gray, 
H. (Annui) exilis Gray, Pugiopappus Bigelowii Gray, Chænactis Xanthiana 
Gray olim Ch. glabriuscula var. megacephala Gray, Ch. tanacetifolia Gray, 
Actinolepis multicaulis DC., Achyropappus Woodhousei Gray, Burrichia 
leptalea Gray, Lasthenia (Monolopia) ambigua Gray, Hulsea algida Gray, 
H. vestita Gray, Rigiopappus leptocladus Gray (nouveau genre de Synan- 
thérées de la tribu des Héléniées), 3 espèces du genre Zemizonia DC., 
Whitneya dealbata Gray (genre nouveau appartenant aux Héléniées ou aux 
Sénécionées), 2 espèces du genre Ztaillardia Gaudich., Artemisia (Seriphi- 
dium) potentilloides Gray, 2 espèces du genre Calais, 2 du genre Stepha- 
nomeria, Crepis Andersonii Gray, Hieracium Breweri Gray, Hespero- 
mannia arborescens Gray (genre nouveau de Mutisiacées), Pellæa Breweri 
Eaton, Aspidium californicum Eaton. 


Vorweltliche Pflanzeu aus dem Stcinkoblengebirge 
der preussischeu Rheinlande und Westphalens (Plantes 
fossiles du terrain carbonifère de la Prusse rhénane et de la West- 
phalie); par M. le docteur Carl Justus Andrä. 1° partie, avec cinq plan- 
ches. Bonn, impr. A. Henry, 1865. 


L'ouvrage du professeur de Bonn est surtout une collection d'études criti- 
ques sur une série d'espèces nouvelles, rares ou litigieuses, que l'auteur a ren- 
contrées, principalement dans les mines de Saarbrueck, d'Eschweiler et de 
Westphalie. D’après le plan de l'auteur, les Worwetliche Pflanzen compren- 
dront dix fascicules, texte et planches in-folio, renfermant chacun la descrip- 
tion et les dessins de cinq ou six espéces remarquables. La premiere livraison, 
parue l'année dernière, est consacrée presque tout entière au genre Zon- 
chopteris Brongn. Pour la flore houillére, on ne considérait jusqu'ici que les 
L. Bricii et rugosa Brongn. comme appartenant au genre Zonchopteris. 
M. Andrä réunit avec beaucoup de justesse toutes ces espèces ainsi que les 
Woodwardites obtusilobus et acutilobus Gospp. sous le type Lonchopteriz 
rugosa Br., qu'il décrit trés-longuement et trés-exactement. M. Briant, ingé- 
nieur des charbonnages à Mariemont, a suivi une fronde de cette espéce sur 
une longueur de 6",50. La distribution géographique de cette Fougère s'étend 
par toute l'Europe centrale, depuis la mer du Nord jusqu'à la Silésie et la 
Bohéme. Outre cette premiere espéce, qu'on peut considérer comme type du 
genre, M. Andrä décrit et figure encore trois espèces nouvelles, les Zon- 
chopteris Braunii, L, Rhelii et L. Eschweïileriana. Il passe ensuite au 
genre Sphenopteris, et il s'étend longuement sur le Sph. Hæninghausi 
Brongn. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 109 


Prodromus Florsæ hispanies, seu Synopsis methodica omnium 
plantarum in Hispania sponte nascentium vel frequentius cultarum quæ 
innotuerunt, auctoribus M. Willkomm et J. Lange. Voluminis II pars prior. 
In-8° de 272 pages. Stuttgart, chez E. Schweizerbart, 1865. 


Cette première partie renferme l'étude des Valérianées, des Dipsacées et 
des Composées, traitées, les deux premières, par M. Lange, la dernière par 
M. Willkomm. En feuilletant ce volume, nous n'y avons remarqué qu'ane 
seule espèce nouvelle, le Centaurea Iserni Wk. (C. rigens Lag.?); en géné- 
ral, les nouveautés reconnues par les auteurs ont été décrites par eux dans 
leur Pugillus ou dans la publication spéciale que M. Lange consacre à l'illus- 
tration de certaines plantes des Pyrénées. On comprendra que, malgré l'im- 
portance de cet ouvrage, il nous soit impossible de nous étendre à son sujet 
en détails analytiques. 


Description des plantes fossiles du bassin de Paris; 
par M. Ad. Watelet, 3° et 4° livr., pp. 81-144, pl. 21-50. Paris, 1865. 


Nous avons déjà parlé de cette importante publication. Les livraisons que 
nous annoncons traitent de la famille des Naiadées, de celle des Nipacées et de 
celle des Palmiers; ils renferment aussi le commencement de l'étude des Di- 
cotylédones. 

Dans les Naiadées, on remarque des empreintes de tiges rameuses fort ana- 
logues à celles du Posidonia C'aulini ; elles constituent le Caulinites Wateleti 
Ad. Brongn. L'auteur ajoute aux Potamogeton connus dans le bassin de Paris 
six espèces du calcaire grossier de la méme région, et une des grès de Belleu 
(Aisne). Le genre Vipadites, considéré longtemps comme particulier au bassin 
tertiaire de Londres et de Belgique, a été retrouvé il y a quelques années dans 
le bassin de Paris, à Issy, par M. Hébert, et vient de l'étre, il y a peu de jours, 
dans les fouilles qne l'on fait au Trocadéro, toujours dans le calcaire grossier. 
Un nouveau genre de Palmiers fossiles est décrit par M. Watelet sous le nom 
d’ Anomalophyllites ; le limbe des feuilles de ce genre présente deux moitiés, 
dontl'une, placée d'un cóté de la nervure médiane, offre des saillies cor- 
respondant par leur position aux parties creuses de l'autre moitié. Le genre 
Podocarpus est inscrit pour la premiere fois par l'auteur dans le catalogue du 
bassin parisien ; M. Watelet en décrit deux espèces de l’éocène, 

La flore de l’éocène présente beaucoup de faits nouveaux dans le travail de 
M. Watelet, par le nombre d'Angiospermes qu'elle renferme. Il a trouvé, dans 
les grès de Belleu, six espèces de Comptonia, toutes nouvelles pour le bassin 
de Paris ; quand méme ces espèces seraient considérées par certains natura- 
listes comme trop multipliées, il n'en résulterait pas moins la découverte d'un 
genre fort important, et que l'aspect de ses feuilles autorise bien les paléonto- 
logistes à distinguer du genre Myrica. 


110 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Six espèces de ce dernier genre sont aussi décrites pour la première fois 
par l'auteur dans les parties. inférieures des formations tertiaires des environs 
de Paris. Il est remarquable que l'on trouve dans les mémes formations, par 
exemple dans les grès de Belleu, des espèces de Palmiers et de Bétulacées, 
végétaux qui vivent aujourd'hui sous les climats les plus opposés. Les Chénes, 
comme la plupart des autres genres de la famille des Cupulifères, ont laissé 
dans les couches tertiaires toutes les parties essentielles de leur organisation ; 
on en a trouvé dans ces formations non-seulement des feuilles, mais encore des 
chatons et des fruits. Toutefois, aucune de ces parties n'avait encore été 
trouvée dans le bassin de Paris, si ce n'est l'échantillon décrit par M. Unger 
sous le nom vague de Quercinium. M. Watelet caractérise dix espèces de ce 
genre trouvées dans les grés qui recouvrent les lignites du Soissonnais. Les 
grès de Belleu ont encore fourni deux Fagus et trois Castanea, tous nouveaux 
pour la science. 


Die pflanzlichen Parasiten des menschlichen Kærpers 
fucr Arztc, Botaniker und Studirende, zuglcich als 
Anleitung in das Siudium den niederen Organismen 
(Les parasites végétauz du corps humain, ouvrage destiné aux médecins, 
aux botonistes et aux étudiants, qui peut servir d'introduction à l'étude 
des organismes inférieurs); par M. Ernst Hallier. Un volume in-8° de 
116 pages, avec quatre planches gravées. Leipzig, chez W. Engelmann. 
Prix : 6 francs. 


Ce livre est concu sur un plan général, et ce n’est qu'après avoir éclairci 
la physiologie des végétaux cellulaires que l'auteur entre dans l'étude spéciale 
de ceux d'entre eux qu'on a rencontrés dans le corps humain. Il consacre un 
premier chapitre à l'étude de la cellule végétale et de son mode d'accroisse- 
ment; il part de là pour faire comprendre la nature de ces individus si réduits 
dans leur forme, bornés à une cellule ou à quelques filaments, vivant seuls ou 
en colonies ; puis il trace sommairement la division des végétaux. Le deuxième 
chapitre de l'ouvrage traite de la végétation des Algues et des Champignons. 

Le troisième chapitre est spécial. On y trouve l'étude du Penicillium 
glaucum Lk, des Champignons du favus, de la mentagre et du poumon ; du 
Sarcina ventriculi et de l'Oscillaria intestini. Suivant M. Hallier, les êtres 
végétaux inférieurs qu'on a signalés dans le corps de l'homme n'appartiennent 
qu'à un très-petit nombre d'espéces, qui se modifient considérablement, et 
dont les diverses modifications ont été décrites comme autant de types diffé- 
rents; sur chacun d'eux, l'auteur a observé des états successifs : l'état de moi- 
sissure, qui est leur état-type le plus parfait, sous lequel ils se développent à 
l'air libre et dans les conditions normales ; l'état d'AcAorion, ou celui de co- 
nidies réunies en chapelets, l'état de filaments articulés, l'état de Leptothriz, 
ou de filaments très-ténus et très-allongés, l'état de Torula et l'état d'Acro- 


REVUE BIBLIOGRAPIIIQUE. 111 


spores, qui tous résultent de la privation de lumière ou du séjour dans un 
milieu oü l'air atmosphérique est altéré. Le Champignon du favus (Achorion 
Schœnleinei), celui de la mentagre, le Leptothrix buccalis Remak, les Cryp- 
togames de l'Herpes circinatus et de PH. tonsurans, ne sont, d’après l'au- 
teur, que des états divers du Penicillium glaucum Link (P. crustaceum Fr., 
Botrytis glauca Spr., Mucor crustaceus L.); un grand nombre d'autres pré- 
tendues espèces doivent être de méme rapportées à l’ Aspergillus glaucus 
Link (Mucor glaucus L.), notamment le Champignon du Pityriasis versicolor. 


Die bisher bekannten Pflanzen Slavoniens (E numération 
des plantes connues jusqu'ici en Slavonie); par MM. Stefen Schulzer de 
Mueggenburg , August Kanitz et Josef A. Knapp. In-8? de 172 pages. 
Vienne, chez Carl Czerimak, 1866. Prix: 3 fr. 75 c. 


Une introduction où sont réunis, comme il est d'usage, les documents his- 
toriques et géologiques nécessaires, ainsi que des détails sur la météorologie 
de la Hongrie, commence cet ouvrage, où sont énumérés les Algues, Lichens, 
Champignons (au nombre de 912), Characées, Hépatiques et Mousses, grâce 
à la collaboration de plusieurs savants, ainsi que les Cryptogames supérieures et 
les Phanérogames, dont l'étude parait n'avoir été faite que par M. Kanitz. On 
trouve dans cet ouvrage des notes importantes sur les espèces de Kitaibel, dont 
les manuscrits et en général toutes les publications ont été, comme on sait, 
l'objet de prédilection des études de M. Kanitz. 


Observations sur les Saxifragées, l'organisation, les rapports et 
- leslimites de cette famille; par M. H. Baillon (Adansonia, t. v, pp. 282- 
30^; t. VI, pp. 1-15). 


Les caractères auxquels les botanistes attachent le plus d'importance se 
montrent variables chez les Saxifragées : présence ou absence, division ou 
indivision de la corolle, insertion des étamines, situation des placentas, inté- 
grité ou séparation de la cavité ovarienne, régularité ou irrégularité de la fleur. 
Si l'on ne tenait compte, en premiere ligne, que de l'organisation du gynécée, 
on serait amené à ranger certains Z'scallonia parmi les Saxifragées, et certains 
autres auprès des Onagrariées et des Myrtacées. D’après M. Agardh, qui con- 
sidere les Escalloniées comme des Rhododendrées à forme polypétale, les deux 
feuilles carpellaires seraient latérales dans ces plantes comme dans les Myrta- 
cées et dans les Éricinées bicarpellées ; tandis qu'elles seraient l'une antérieure - 
et l'autre postérieure, par rapport à l'axe, dans les Grossulariées, les Hydran- 
géées et les Saxifrages. Mais, dit M. Baillon, il est très-fréquent que deux 
loges, antérieure et postérieure, se déplacent de telle facon, qu'elles devien- 
nent de bonne heure latérales, par exemple chez les Euphorbiacées bicarpel- 
lées; et, chez les Loganiacées, on remarque des genres voisins et naturels, où 


412 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


les loges sont, dans l’un, antérieure et postérieure, et dans l'autre latérales. 
Au contraire, il existe des affinités réelles entre les Escalloniées, d'une part, 
les Onagres et les Pittosporées d'autre part. Les Pittosporum sont aux Zscal- 
lonia ce que les Saxifrages à ovaire supere sont aux Saxifrages à ovaire infère. 

Ordinairement, chez les Saxifrages, les deux placentas unis par leur base 
forment d'abord un croissant à concavité supérieure, sorte de cloison très- 
incomplete, qui grandit graduellement dans le sens vertical; la portion pleine 
qui répond au milieu du croissant va toujours s'élevant, et sépare l'une 
de l'autre deux cavités ovariennes qui deviennent de plus en plus profondes ; 
la solution de continuité qui est au-dessus des placentas va toujours diminuant 
de hauteur et de largeur, jusqu'à ce qu'on n'en retrouve plus qu'un rudiment 
prés du sommet ovarien, ou méme qu’elle disparaisse complétement. Cette 
suppression n'est jamais complète dans l'Anopterus ; mais, dans les Saxifraga 
hirsuta, dentata, irrigua, Aizoon, orientalis, dans V Hoteia japonica, le 
Forgesia borbonica, le Ceratopetalum gummiferum, les Eucryphia, la 
cloison s'éiéve plus haut et forme séparation complète entre les deux loges. 
Cependant, si l'on examine, à un âge un peu plus avancé, certaines espèces 
dont l'ovaire était d'abord primitivement cloisonné et biloculaire, on pourra y 
trouver un vide au centre de la cavité ovarienne, et croire que les placentas, 
aprés avoir marché à la rencontre l'un de l'autre, se sont ensuite abandonnés 
pour se rapprocher de la paroi ovarienne. Cette apparence est due à une autre 
cause, la méme qui rend fistuleuses certaines tiges ou certaines feuilles dont 
le centre était primitivement plein d'un tissu ordinairement cellulaire; la 
méme qui, dans le fruit de certaines Nigelles, dédouble la paroi ovarienne en 
deux feuillets, et y produit deux rangées concentriques de cavités inégales. Ce 
dédoublement de la paroi extérieure de l'ovaire se produit de bonne heure 
chez le Sazifraga oppositifolia, qui, sous ce rapport, ressemble à une Ni- 
gelle à ovaire biloculaire. Mais, dans les S. stellaris, cæspitosa, c'est sur la 
cloison que porte ce dédoublement ; elle se partage en deux lames, limitant en 
avant et en arrière une cavité septale, vide au centre, mais laissant voir sur ses 
parois un tissu cellulaire lâche, tiraillé comme les parois du canal d'un jeune 
chaume. 

La situation taxonomique des Brexiacées a été considérée par les auteurs de 
manieres trés-différentes. M. Baillon pense que ce groupe de plantes rattache 
les Pittosporées aux Saxifragées. Il parait que les graines des Zrezia n'ont 
pas d'albumen; mais il en existe un chez les AÆoussæa, qui sont extrêmement 
voisins des Zrexia. 

Les Saxifragées, en outre, tiennent à la fois aux Rhamnées et aux Célastri- 
nées; aux premieres par les Bruniacées, qui étaient autrefois des Rhamnées ; 
aux dernieres par les Dulongiées et aux genres analogues qu'on a autrefois 
attribués aux Célastrinées, et qui ne different des Saxifragées par aucun trait 
essentiel. Le Dulongia, rapporté définitivement par MM. Bentham et Hooker 


REVUE BIBLIOGRAPIHQUE. 1138 
aux Saxifragées, à cause de sa placentation pariétale, ne diffère pas plus d'une 
Célastrinée que deux espèces de certains genres ne diffèrent l'une de l'autre 
dans la famille des Saxifragées. Les Bruniacées ont le périanthe, l'androcée, 
l'insertion, c'est-à-dire la forme du réceptacle, essentiellement les mêmes que 
les Saxifragées à ovaire infére; leur graine est albuminée, et les productions 
arillaires qu'on y remarque ont exactement la méme origine que les ailes des 
graines des Cunoniacées. Quant à l'opinion. émise dans ces derniers temps 
par M. Agardh, que les Bruniacées seraient des Euphorbiacées, ou plutót des 
Micranthées plus élevées en organisation, l'auteur ne s'y arréte pas, car. cette 
manière de voir repose principalement, dit-il, sur une erreur, M. Agardh 
croyant à tort que l'ovaire des Raspailia est supère et libre jusqu'à la 
base. 

Les Hamamélidées, dont la déhiscence anthérale n'a pas lieu toujours par 
des panneaux, ne peuvent être séparées des Saxifrages par une limite nette, 
absoluc. 

Les Liquidambar ont de très-grandes analogies avec le groupe que forment 
les Bucklandia et le Sedgwickia, parmi les Hamamélidées. Comme tous ccs 
genres ont d'ailleurs des ovules en grand nombre, ils se rapprochent, par. ce 
fait, davantage de la plupart des Saxifragées; leur inflorescence les relie aux 
Bruniacées, leurs stipules aux Cunoniacées. 

ll v a même des Saxifragées dont les fleurs ont les carpelles indépendants ou 
à peu près, et qui, par ce caractère, se rapprochent extrémement des Rosa- 
cées du groupe des Spiréacées, notamment le Zauera. L'albumen et la coa- 
lescence inférieure des carpelles font la différence ; mais la graine de l'Amaz.- 
dier a deux albumens dans sa jeunesse, et il y a des espèces du genre Saxifraga 
à carpelles indépendants, avec un placenta pariétal situé dans leur angle in- 
terne. La grande analogie des Rosacées et des Cunoniacées explique comment 
un type attribué autrefois aux Chlénacées, celui des Zueryphia, a presque 
tous les caracteres des Rosacées, tandis que les auteurs les plus récents le rap- 
portent aux Cunoniacées. 

De méme qu'en supposant infere l'ovaire des Pittosporées et des Brexiacécz, 
on a les Escalloniées, dont tous les autres caractères sont semblables, de même 
des Eucryphiées à ovaire infère deviennent tout à fait des Philadelphées à 
étamines nombreuses; et comme les affinités des Philadelphées avec les 
Myrtes ont été reconnues de tout temps, nous voyons dans ce fait, dit l'auteur, 
une nouvelle preuve des rapports que, par l'intermédiaire des Bruniacées ct 
des Hamamélidées, les Saxifragées affectent avec les Rhamnées, Rosacées, 
Myrtacées, Mélastomacées, etc. 

Le Cephalotus follicularis, que M. Baillon a pu étudier vivant dans les 
serres du Sénat, lui parait devoir être rapproché des Crassulacées, groupe 
dans lequel l'insertion des étamines peut devenir plus ‘ou moins périgynique 
et le périanthe simple (Penthorum). Mais ses affinités avec les Saxifragées 

T AUE : (REVUE) 8 


AAA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 
sont incontestables, ainsi qu'avec les Rosacées, parmi lesquelles devra être 
probablement placé le Zuetkea, rapporté maintenant aux Saxifragées. 

Les Homalinées et les Samydées peuvent à peine, dans l'état actuel de nos 
connaissances, étre sérieusement distinguées des Saxifragées. Et, de plus, il 
faut songer que, sinon par la forme du réceptacle, les Homalinées ne sauraient 
différer beaucoup des Bixacées, des Garrvacées, etc. 

Par les Brexiacées, et surtout par les Pittosporées, les Saxifrages se ratta- 
chent encore aux groupes à placentation pariétale des Hypéricinées, des Vio- 
lariées et des Bixacées : relations qui expliquent comment les Banarées ont pu 
être rapportées aux Bixacées et aux Samydées, si voisines des Saxifragées; 
comment une autre Samydée, le Casearia, a, sous le nom de Piparea, que 
lui a donné Aublet, quelquefois été rangée parmi les Violariées; comment le 
Leonia et le Melicytus, dont M. J. Hooker a définitivement fait des Viola- 
riées, s'allient en méme temps aux Bixacées, aux Homalinées et aux Saxifra- 
gées, et comment le Parnassia peut revendiquer, à titre presque égal, des 
affinités trés-diverses avec les Violettes, les Sauvagésiées, les Hypéricinées et 
les Saxifragées elles-mémes. 


Le specie dei Cotoni, descritte da (Zes espèces de Cotonnier, 
décrites par) M. Filippo Parlatore. In-4? de 64 pages, avec ua atlas in- 
folio de 6 planches, Florence, imprimerie royale, 1866. 


Ce travail a été présenté avec des spécimens desséchés de chaque espèce de 
Gossypium et des cotons qu'elle produit, à la première exposition des cotons 
italiens, faite à Turin au commencement de l'année 1864. Il a été publié par 
la commission royale instituée pour la culture du coton en Italie, qui en avait 
chargé l'auteur. Deux années ont été nécessaires pour l'impression de cet 
ouvrage, où l'on trouve les premiers essais faits en Italie pour appliquer la 
chromo-lithographie à la représentation des plantes. Les dessins en ont été 
faits en général sur des plantes cultivées au jardin botanique de Florence ; 
les expériences horticoles faites par l'auteur lui ont montré la nécessité de 
réduire considérablement les espèces admises dans le genre qu'il a étudié, 
et dans lesquelles il existe un grand nombre de formes, comme dans tous les 
types spécifiques depuis longtemps éprouvés par la culture. En effet, le 
nombre des espèces de Gossypium admises dans le Prodromus par De Can- 
dolle, énumérées dans les Suppléments de Walpers, et décrites ultérieurement 
par divers auteurs, notamment par M. Todaro, s'élève à plus de cinquante, 
et M. Parlatore n'en décrit que sept: Gossypium arboreum L., répandu 
dans les sables humides de l'Inde, de l'Arabie heureuse, de l'Abyssinie, du 
Fazoql, du Cordofan et du Sénégal; G. herbaceum V. (G. indicum Lam., 
(i. micranthum  Cav.), répandu en Asie, de la Perse jusqu'en Cochin- 
chine, et. porté dans beaucoup de régions des deux mondes par la culture; 
G. sandvicense Parl, n. sp., G. taitense Parl. (G, barbadense Hook. et Arn. ). 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 115 
G. hirsutum L., originaire du Mexique, de la Jamaïque et des iles Gallo- 
pagos, G. barbadense L. (G. vitifolium Cav.), des Antilles, et G. religiosum 
L. (G. peruvianum Cav.), probablement originaire des parties chaudes du 
Pérou et peut-être des Antilles. A ces espèces sont jointes huit espèces dou- 
teuses qui devront probablement, selon M. Parlatore, être fondues dans les 
précédentes quand elles seront mieux connues. Les caractères sur lesquels 
M. Todaro a établi des espèces nouvelles, la pubescence, les lobes des feuilles, 
la grandeur et les dents des folioles de l'involucre, la grandeur et la couleur 
des fleurs, sont regardés par l'auteur comme appartenant à des formes nées 
de la culture d'une méme espèce. 

L'auteur a rapporté avec soin les synonymes foarnis par les auteurs anté- 
rieurs à Linné, et les noms commerciaux donnés en général aux cotons de di- 
verse provenance, notamment dans le Catalogue des produits des colonics 
françaises, envoyés à l'exposition de Londres de 1862. 

Toutes les espèces décrites par M. Parlatore sont figurées dans l'atlas joint 
à son importante monographie, qui ne pourra manquer d’être consultée avec 
fruit lors de l'exposition universelle de 1867, par ceux qui s'occuperont de 
l'industrie cotonnière. 


Anleitung zur Kennéniss der natuerlichen Familicu 
der Phanerogamen (/ntroduction à l'étude des familles natu- 
relles des plantes phanérogames); par M. Johann Anton Schmidt. In-8° de 
350 pages. Stuttgart, chez E. Schweizerbart, 1865. Prix : 6 fr. 75 c. 


Ce livre est concu sur un plan fort analogue à celui de l Znchiridion d'End- 
licher; cette seule indication nous dispense de nous étendre longuement à son 
sujet. Pour chaque famille de plantes, l'auteur trace succinctément sa dii- 
gnose, ses caractères généraux et sa distribution géographique, puis il en 
signale les espèces les plus remarquables, Un paragraphe intitulé Bibliogra- 
phie est en téte de chaque article, mais il est fort peu étendu. La classification 
suivie par l'auteur est, à peu de chose près, celle de De Candolle. L'ouvrage est 
rédigé tout entier en allemand. 


Aufzæhlung der in Ungaru und Slavonien bisher beob- 
achteten Gefæsspflanzen, nebst einer pflauzengco- 
graphisehen Uebersicht (Énumération des plantes vasculaires 
observées jusqu'ici en Hongrie et en Slavonie, avec un apercu de géogra- 
phie botanique); par M. Aug. Neilreich. In-89 de 389 pages. Vienne, chez 
W. Braumueller, 1866. Prix : 1^ fr. 75 c. 


M. Neilreich a déjà donné à la science des travaux importants sur la flore 
de l'Allemagne méridionale. Son nouvel ouvrage, dont le titre suffit pour en 
indiquer la nature, est rédigé sur le méme plan que ses précédents travaux. La 


116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. . 
synonymie et les localités de chaque espèce y sont indiquées avec le plus grand 
soin; mais l'ouvrage ne nous parait contenir aucune description. 
L'énumération proprement dite est précédée d'une introduction. historique, 
dans laquelle l'auteur a mis à profit les travaux si consciencieux de M. Kanitz, 
puis d'un petit traité de géographie botanique locale. Le sol des régions étudiées 
par l'auteur est décrit dans sa constitution orographique et géologique; les 
altitudes d'un grand nombre de chaines et de pics sont indiquées en pieds; 
l'hydrographie et la pluviométrie ne sont pas négligées, non plus que les autres 
phénomènes atmosphériques, dont l'action diverse constitue le climat de la 
région. C'est seulement après avoir scientifiquement exposé toutes les in- 
fluences qui s'exercent sur la végétation, que M. Neilreich trace, à l’aide de 
listes étendues, le tableau de chaque subdivision géographique ou physique 
de la flore. L'influence du sol forme l'objet d'une étude soignée de la part de 
l'auteur, qui nous parait, sur ce point, fournir des documents à la science 
plutót que prendre des conclusions. 


Monographie des Cassiengruppe Senna (Monographie. des 
Cassiées du groupe Senna); par M. Joh. B. Batka. In-/^ de 52 pages, avec 
5 planches. Prague, 1866, chez Tempsky. Prix : 10 francs. 


C'est en 1849 que M. Batka a établi le genre Senna, dont la création a été 
l'objet d'une discussion assez vive dans le Botanische Zeitung de l'année sui- 
vante. M. Batka, qui n'a point renoncé aux premieres idées émises par lui sur 
ce sujet, a toujours continué ses travaux sur le méme groupe de plantes. Voici 
les principaux points nouveaux dans son dernier mémoire : changement du 
nom de Senna tomentosa en celui de S. ovalifolia, à cause de la désignation 
habituelle qui est faite dans les officines des feuilles de cette plante officinale ; 
description et nouvelle étude de la plante regardée par Bischoff comme une 
variété de son Cassia lenitiva, et par l’auteur comme une variété de son 
Senna acutifolia, figurée dans la Description de l'Égypte, planche 27; dé- 
termination de l'origine des feuilles de Séné, dites de Tripoli; étude de la 
germination des Senna, dont la plumule est invisible ; découverte, description 
et représentation du Senna Hookeriana, espèce nouvelle, non officinale : 
enfin description d’une nouvelle variété du Senna ovalifolia Batka, originaire 
d' Aden. 


Dic Gattung Lysimachia L. monographisch bearbcitct 
( Etude monographique du genre Lysimachia L.); par M. Friedrich 
Wilhelm Klatt (Extrait des Abhandlungen des naturwissenschaftlichen 
Vereines in Hamburg, t. 1v, 14* livraison); tirage à part en brochure in-^^ 
de 45 pages, avec 24 planches litliographiées. Hambourg, chez G.-E. Nolte, 
1866. Prix : 6 francs. 


Voilà un des travaux monographiques les plus complets qu'on puisse con- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 117 
cevoir, puisque toutes les espèces qui y sont étudiées, au nombre de 45, 
distribuées en 9 sections, sont figurées par l'auteur, dont les planches ont 
été lithographiées d'une manière remarquable. Les genres Naumburgia, Aste- 
rolinum, Lerouxia, Lubinia et autres ont été fondus dans le grand genre 
Lysimachia, où ils ne figurent qu'à titre de sections. Aucune espèce n'est 
signalée par l'auteur comme nouvelle. 


*. 


Die Pflanzen der Pfahlhauten (Les plantes des pilotis); par 
M. Oswald Heer ( Extrait du I Veujahrsblatt der naturforschenden Gesell- 
schaft, pour l'année 1865); tirage à part en brochure in-A* de 54 pages, 
avec une planche litho3raphiée. Zurich, chez Meyer et Zeller, 1865. Prix : 
2D (oc 
Il s'agit, dans ce nouveau travail du savant paléontologiste suisse, des plantes 

trouvées dans les habitations lacustres, que l'on rapporte à l'àge de la pierre. 
Ce qui frappe le plus, dès le frontispice du travail, c'est la découverte, faite 
dans de telles conditions, de plusieurs de nos céréales, que l'auteur caracté- 
rise ainsi: 7riticum vulgare antiquorum; Hordeum hexastichum densum; 
Hordeum hexastichum sanctum, Triticum turgidum V., Tr. dicoccum Schr., 
Panicum miliaceum L. et Setaria italica. La découverte de ces plantes à 
l'état subfossile, si l'on peut parler ainsi, a une grande importance, puisque 
l'on sait que la science est encore incertaine aujourd'hui sur l'origine de plu- 
sieurs d'entre elles, et sur l'époque à laquelle l'homme est. entré en possession 
de ces plantes, qui jouent le premier rôle dans son alimentation. Et point de 
doute sur l'exactitude de la détermination de ces plantes, car ce sont des épis 
entiers qui ont été retrouvés. L'auteur mentionne encore le Triticum Spelta 
et Avena sativa, le Seigle, le Panais, Ja Fève, le Pois, ła Lentille, des fruits 
d'Amygdalées, le Pavot, le Lin, un grand nombre de nos arbres et de plantes 
herbacées qui, en général, vivent encore aujourd'hui en. Suisse. 


Handbuch der physiologischeu Botanik (Manuel de physio- 
logie végétale); t. 11, 17* livraison : Morphologie et physiologie des Cham- 
pignons, des Lichens et des Myxomycètes); par M. A. De Bary. Grand 
in-8° de 316 pages, avec une planche gravée et de nombreuses figures inter- 
calées dans le texte. Leipzig, chez W. Engelmann, 1866. 


Voilà encore un des tomes qui font partie de la vaste encyclopédie de 
physiologie végétale que nous avons annoncée dans notre dernier volume, et 
nous pouvons répéter ce que nous avons dit à propos du tome récemment 
paru de M. Sachs, un de ces livres qui, par leur mérite et leur importance, 
échappent à une analyse détaillée. L'exposé méthodique et complet des progrès 
accomplis depuis vingt ans dans l'étude des Cryptogames qui font le sujet de 
ce livre, fait par un des hommes auxquels la science en est en partie redevable, 


118 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
ne peut manquer d'être accueilli avec la plus juste faveur par les juges les 
plus compétents, comme par les naturalistes avides de s'instruire. 

L'un des points les plus saillants de l'ouvrage que nous avons sous les yeux 
est peut-être la séparation des Myxomycètes, qui sont étudiés comme famille 
distincte après les Champignons et les Lichens. Quant à en signaler les détails, 
cela nous est ici de toute impossibilité, et nos lecteurs nous pardonneront sans 
doute si nous ne leur en transcrivons pas sechement la table des matières, 
jugeant plus utile d'employer la place dont nous disposons à leur faire con- 
naitre plus longuement les mémoires originaux. 


On some pecularitics in the growth of the Hawthorn- 
tree (De quelques particularités observées dans la croissance de P Aubé- 
pine); par le rév. W.-H. Purchas (Reproduit dans le Journal of botany, 
1865, pp. 366-370, d’après les Zransactions of the midland scientific 
association). 


Durant son jeune âge, et peut-être pendant la première moitié de son exis- 
tence, l'Aubépine suit le mode de croissance habituel aux arbres exogènes ; 
les couches de bois y sont déposées successivement et réguliérement au pour- 
tour du cylindre ligneux déjà formé ; mais, à mesure que l'arbre vieillit, l'ac- 
croissement de ce cylindre ne s'opère plus que sur certains points de sa cir- 
conférence; il en résulte des côtes extérieures qui suivent une direction 
verticale, droite ou spirale. Cela se continue pendant plusieurs années ; plus 
tard, les côtes extérieures se chargent de saillies analogues à celles que ces 
cótes mémes ont formées sur la tige principale. Quand l'arbre atteint sa période 
ultime, c'est par le centre qu'elle commence, et tout le cylindre ligneux inté- 
rieur est détruit d'abord, de sorte que les différentes parties du végétal ne 
demeurent reliées que par les cótes extérieures à ce cylindre; celles-ci finis- 
sent par ressembler à autant de tiges séparées; elles présentent bien sur leur 
face interne les traces du bois auquel elles étaient primitivement adhérentes ; 
mais cette face est très-réduite et est négligeable en comparaison du reste de 
leur périphérie, qui est recouvert d'une écorce. 

Si l'on examine la structure anatomique des cótes dont il vient d'étre ques- 
lion, on n'y trouve aucune moelle centrale, mais seulement une prolongation 
des rayons médullaires de la tige : l'un d'eux, qui est central sur la coupe de 
de la côte, la traverse suivant son diamètre, et autour de celui-là divergent, 
en forme d'éventail, plusieurs rayoris partant du point de la circonférence oü 
la cóte avoisine la tige principale ; quand il se forme sur cette cóte des saillies 
secondaires, c'est encore suivant la direction des rayons médullaires. 

Le Peuplier d'Italie et le Tilia parvifolia ont fourni des exemples analogues 
à celui qu'a donné le Crategus Oxyacantha. 


. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 149 

Experiments on the composition of Wheat grain (Zrpé- 

riences sur la composition du grain de Blé); par M. A.-H. Church, 

professeur de chimie au collége royal d'agriculture de Girencester (Journal 

of botany, 4865, pp. 375-378). 

Voici les conclusions de ce mémoire : 

4. Dans un échantillon de Blé, les grains transparents contiennent beau- 
coup plus d'azote que les grains opaques, mais la même quotité d'eau. 

2. Les grains transparents sont plus denses que les grains opaques. 

3. Les grains opaques germent en plus grande proportion que les grains 
transparents. 

^. Les grains les plus denses produisent plus de Blé, et ce Blé est meilleur 
et lui-même plus dense. 


Deserijtions of four new plants from southern China 
( Description de quatre plantes nouvelles de la Chine méridionale); par 
M. Henry F. Hance (Journal of botany, 1865, pp. 378-381). 


Les espèces décrites dans ce mémoire sont les suivantes : Nasturtium ( Bra- 
chylobos) cantoniense, Hypericum |Euhypericum, Drosocarpium) Samp- 
sont, Sedum drymarioides et Opnioxylon chinense., 


Qn Faradaya a new australian genus (Sur le Faradaya, 
nouveau genre d Australie); par M. B. Seemann (Journal of botany, 1865, 
pp. 256-259). 

Le genre Faradaya a été publié par M. F. Mueller dans le 34° numéro de 
ses Fragmenta phytographiæ Australiæ; il le rapportait aux Bignoniacées. 
M. Seemann pense que ce rapprochement résulte d'une erreur, et que ce 
genre est étroitement allié aux genres Clerodendron et Oxera, de la famille 
des Verbénacées ; c’est la méme coupe que M. Asa Gray a établie dans les Pro- 
ceedings of the american Academy, v1, 50, sous le nom de Tetrathyranthus 
et comme section du genre Clerodendron. M. Seemann profite de cette occa- 
sion pour donner la description du genre inédit Zphielis Soland., qui appar- 
tient également à la famille des Verbénacées, 


Welwitscehii iter angolense. Eignoniaeccarum à cl Fr. 
Welwitsch in Africæ æquinoctialis territorio angolensi collectarum des- 
criptio, auctore B. Seemann (Journal of botany, 1865, pp. 329-337, avec 
six planches). . - 

Plusieurs genres nouveaux sont établis par M. Seemann dans-cette publica: 
tion ; nous en transcrirons ici la diagnose. 

1. Muenteria Seem. (Jacarandeæ). — Calyx spathaceus, junior clausus, 
demum hinc longitudinaliter fissus. Corolla infundibuliformis, limbo 2-labiato, 


120 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. - 


labio supero 2-, infero 3-lobo. Stamina ^, didynama, cum rudimento quinti ; 
antheræ glabro, divaricatæ. Stylus elongatus; stigma 2-lamellatum. Capsula 
siliquæformis, 2-locularis, 2-valvis, septo valvis planiusculis contrario. Semina 
8, alata. Arbores erectae, foliis oppositis imparipinnatis, floribus terminalibus 
racemoso-paniculatis. — Spathodeæ species auct. 

A ce genre appartiennent probablement plusieurs Spathodea d'Afrique, les 
Sp. lutea, Zanzibarica, puberula ei acuminata. M. Seemann en a décrit 
deux espèces nouvelles : M. stenocarpa et M. tomentosa. 

2. Ferdinandiía Welw. (1) (Catalpeæ). — Calyx clausus, subglobosus, 
demum irregulariter in lob. 3-^ fissus. Corolla campanulato -subbilabiata, 
5-loba. Stamina 5, didynama, cum quinto sterili. Ovarium 2-loculare. a - 
ovulatum, Stylus elongatus; stigma 2-lamellatum. Capsula siliquæformis, 
cylindrica, 2 ped. longa, torta, 2-valvis, septo crassiusculo valvis opposito. 
Semina æ , 2-serialia, transversa, alata. Arbor 30-55-pedalis, florifera aphylla. 

M. Seemann décrit et figure en outre les Catophractes Welwttschit Seem. 
et Spathodea campanulata. 


Le monde végétal, dans ses rapports avec les us et coutumes, les 
légendes et la poésie populaire sur les bords du Rhin; lecture faite à la 
salle de la mairie de Strasbourg le mercredi 14 mars 1866, par M. le pro- 
fesseur Kirschleger. 18 pages. Strasbourg, 1866. 


On trouvera dans cet opuscale une foule de détails intéressants, nous en 
donnerons une idée en en citant quelques-uns. 

Il existait, chez les anciens Germains, une fête du printemps célébrée vers 
la méme époque et avec la méme solennité que la fête de Pâques l'a été depuis 
dans l'Église chrétienne. Ostara était la déesse de la lumière et de la chaleur; 
on lui attribuait une trés-grande influence sur la prospérité des champs, et l'on 
célébrait en son honneur des fétes dont il est resté des traces dans d'anciens 
manuscrits et dans quelques coutumes de la Saxe et de la Thuringe ; le 
Muguet-de-mai lui était tout particulièrement consacré. Ostar signifiait le 
point où le soleil se lève! c'est notre orient, Osten de l'allemand moderne. 
Les fétes célébrées en l'honneur de la déesse Ostara ont été remplacées au 
x r1* siècle par celles de la Résurrection; mais le nom païen est resté, et l'on 
sait que toute l'Allemagne nomme Ostern la fête de Pâques, qui est aussi la 
fête du retour des fleurs du printemps. 

La fête de l'Assomption a des rapports très-intimes avec le monde végétal. 
En Allemagne, la féte a recu des noms fort divers : Krautiweih-Tag, jour de 
la consécration des herbes; St. Marie Wuerzweihe, fétes de la consécration 
des herbes aromatiques, dédiées à la Vierge; Bueschelfrauentag, jour de 


(4) Il est à regretter que ce nom rappelle celui du Ferdinanda genre de Composées du 
Mexique, bien connu de nos horticulteurs. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 121 


Notre-Dame aux bouquets. Ces bouquets de fleurs que l'on consacrait à la 
Vierge devaient étre composés des neuf herbes suivantes : 1? l'Aunée ( téte 
d'Odin), placée au centre du faisceau ou bouquet; 2? l'Eupatoire ; 3? la Valé- 
riane; 4° l'Armoise ; 5? l'Aurone; 6° l'Absinthe ; 7° le Caille-lait jaune ; 8° la 
Douce-amère; 9° la Tanaisie. Ces bouquets bénis étaient réputés efficaces 
contre toutes les influences malignes. 

La coutume de planter et d'orner un arbre de Noël et d'y. suspendre des 
cadeaux pour les enfants date de l'époque germanique paienne. L'arbre-vert 
(notamment le Sapin et l'Épicéa) était spécialement consacré à Wodan, le Ju- 
piter germanique, et lui et les divinités inférieures étaient censés se plaire 
à faire des cadeaux aux enfants obéissants et sages. 


Précis des principales herborisations faites en Mainc- 
ct-Loirc, cn 1564; par M. Boreau (Mémoires de la Société acadé- 
mique de Maine-et-Loire, t. XVII; Travaux de la section des sciences phy- 
siques et naturelles), pp. 103-110. Angers, 1865. 


Les principales plantes mentionnées dans cette notice comme nouvelles 
pour la flore de Maine-et-Loire, ou comme constatées, pour la première fois, 
d'une manière authentique dans ce département, sont les Phyteuma orbicu- 
lare, Peucedanum officinale, Carex axillaris Good. (trouvé en société avec 
le C. remota), Poa serotina Ehrh., Crepis setosa, Centaurea solstitialis, 
Veronica Buxbaumii, ces trois dernières introduites. Nous remarquons en- 
core, dans la notice de M. Boreau, des plantes rares, telles que l’ Orchis sam- 
bucina, le Ranunculus ophioglossifolius, V Ornithogalum nutans, le Sime- 
this bicolor, le Trifolium maritimum, le Valerianella hamata, l Avena 
sulcata, le Lupinus reticulatus. Nous invitons nos confrères à prendre bonne 
note de ces raretés et de ces découvertes pour l'époque où il sera question 
d'une session extraordinaire de la Société à Angers. 


Beitræge zur Histologic der Pflanzen, Dic milehsaft- 
fuchrenden Zellen der Hollunderarten (Recherches d'his- 
tologie végétale. Les cellules à latex des espèces de Sureau) ; par M. L. 
Dippel ( Verhandlungen des naturhistorischen Vereines der preussischen 
Rheinlande und Westphalens, 22° année, pp. 1-18, avec une planche 
lithographiée. Bonn, 1865). 


L'auteur ayant remarqué que les phénoménes étudiés par lui se présentent 
essentiellement de méme dans les diverses espèces de Sureau qu'il a eues à sa 
disposition, prend pour type de ses descriptions les faits qu'il a observés sur 
l'espèce la plus commune du genre, le Sambucus nigra. Il n'a pu connaitre 
suffisamment le premier développement des organes dont il traite, et com- 
mence sa description sur de jeunes entre-neuds d'un rameau d'un an. Sur la 
coupe transversale d'un de ces entre-nœuds, dont le développement en lon- 


122 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

gueur est achevé ou presque achevé, on ne voit pas encore de partitions dans 
les séries de cellules de collenchyme ; le parenchyme n'a produit que les mem- 
branes primaires de ses cellules ; le jeune bois et les cellules libériennes ne 
montrent encore que des couches secondaires d'épaississement insignifiantes ; 
les parois des cellules à latex paraissent d'une structure encore très-délicate ; 
inais elles se montrent déjà partout où on les retrouvera dans les entre-nœuds 
plus âgés. Dans la partie libérienne des faisceaux vasculaires, ces cellules ap- 
paraissent isolées ou réunies par deux ou trois; tandis que les cellules libé- 
riennes renferment un contenu incolore, le parenchyme, de l'amidon et de la 
chloroph le, les cellules en question se distinguent par un contenu plus 
opaque, granuleux, mais non laiteux. Dans l'écorce, elles sont bornées en 
dedans par les cellules du liber, en dehors par le parenchyme cortical. Dans la 
moelle, ces cellules sont isolées, ou au plus réunies par deux, dans le voisinage 
des vaisseaux spiraux et annulaires. 

Leur membrane d'enveloppe est extrêmement mince en comparaison de 
celle des cellules médullaires voisines, de sorte qu'on pourrait ne pas l'aper- 
cevoir et prendre l'organe tout entier pour un méat rempli de latex; mais on 
la voit bien quand il existe des intervalles entre la cellule séveuse et les cellules 
médullaires voisines. La cellule séveuse est ordinairement comprimée, ce qui 
donne à $a coupe un aspect elliptique, surtout dans le liber; cela n'a lieu que 
rarement dans la moelle, où d'ailleurs elle présente un diamètre fort variable. 

Sur la coupe longitudinale, la cellule à latex se présente comme un tube 
prismatique ou presque prismatique, extrêmement long; par la macération, 
on en obtient qui ont 10 à 15 millimètres; elles sont terminées par des extré- 
mités arrondies et obtuses, ou obliquement tronquées. Leurs parois ne présen- 
tent ni ponctuations, ni épaississements, et se colorent par l'iode et l'acide 
sulfurique, comme par le chloro-iodure de zinc. 

Dans des entre-nœuds plus âgés, la membrane des laticifères (que l'auteur 
persiste à nommer cellules, malgré leur longueur) apparait munie de ponc- 
tuations arrondies ou ovales, à canal horizontal ou oblique; jamais on n'y 
observe de plaques cribreuses. Les pores de deux cellules voisines restent tou- 
jours séparés l'un de l'autre par les membranes primaires de ces deux cellules. 
Alors le contenu des laticiféres s'est modifié, il y existe bien moius de gra- 
nules. C'est une masse liquide, homogène, consistante, visqueuse, qui tantôt 
remplit toute la lumière du vaisseau, tantôt forme seulement dans son intérieur 
un revêtement latéral. 

Sur les entre-nœuds les plus âgés, les laticiferes sont encore plus dévelop- 
pés. Dans le liber, ces organes ont encore les parois un peu moins épaisses que 
les éléments libériens proprement dits. Dans la moelle, au contraire, tantôt 
l'épaisseur de leurs parois ne dépasse pas celle des cellules médullaires voi- 
sines, tantót elle est plus considérable, et quelquefois extréme ; souvent alors, 
le contenu visqueux pénètre dans les canalicules qui aboutissent aux ponctua- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 493 


tions. Ce dernier prend une coloration rouge, plus ou moins intense, selon 
l'épaisseur des couches d'accroissement qui le recouvrent. Sur ces rameaux 
(de l'année) les plus âgés, il se coagule dans les laticiferes de la moelle; et 
dans le liber, on ne trouve plus que des traces de cette formation, tandis que 
dans les couches de la deuxième année, il s'y développe les vaisseaux propres 
du liber, les cellules grillagées, qui peuvent aussi être observées à la partie 
interne des faisceaux libériens de la première année. 

Si l'on compare, dit en terminant l'auteur, les laticifères du Sureau avec 
ceux des autres végétaux, on trouve la plus grande analogie entre eux et ceux 
des Euphorbiacées tropicales, des Ficus et de plusieurs Asclépiadées. Mais 
cette ressemblance n'est qu'apparente ; dans les laticifères de ces plantes, il se 
produit des cloisons horizontales ou transversales munies de pores qui en tra- 
versent l'épaisseur. Les organes à latex du Sureau ne peuvent donc étre 
comptés parmi les vrais laticifères ; mais tous les traits de leur organisation 
montrent une modification des cellules libériennes. 


Uebcr die Vegetation der hohen und der vulkanischen 
Kifel (Sur la végétation du Haut-Etfel et de l Eifel volcanique); par 
M. Wirtgen (Verhandlungen. des naturhistorischen Vereines der preus- 
sischen liheinlande und Westphalens, 22° année, 1865, pp. 63-291). 


Le travail considérable que M. Wirtgen vient de publier sur le pays où il a 
herborisé depuis plus de trente années, ne peut étre l'objet d'une analyse, 
mais nous devions le signaler à ceux de nos lecteurs qui peuvent rechercher 
les conditions de végétation des plantes du nord de l'Allemagne. Le climat, 
l'altitude, le sol, l'orographie et leurs influences sur les végétaux, sont étudiés 
dans ce mémoire avec une grande profusion de détails. De longues listes y 
sont données des plantes qui croissent sur tel ou tel terrain, dans telle ou telle 
condition donnée. Une florule dressée suivant l'ordre taxonomique ordinaire 
donne ensuite une récapitulation nécessaire. Nous remarquons dans un appen- 
dice à cette florule l'énumération de 51 Rubus qui doivent être distingués 
dans l'Eifel si l'on adopte la nomenclature de Weihe et Nees et de M. Ph. 
Mueller, Un autre appendice contient les noms vulgaires que le peuple donne 
aux plantes dans l'Eifel. 


Ein neues westfielisehes Laubmoos (Une Mousse nouvelle de 
Westphalie); par M. H. Mueller (Verhandlungen des naturhistorischen 
Vereines der preussischen Bheinlande und Westphalens, 22° année, 1865, 
pp. 292-298, avec deux planches). 


Voici la diagnose de cette espèce nouvelle : 

Trichostomum pallidisetum H. Muell. — Monoicum. Dense cæspitosum, 
cæspites 2-8"? alti, læte virides. Planta gracilis, magnitudine et habitu 77. 
crispulo proxima. Folia infima dissita, minuta, cauli appressa, comalia paten- 


124 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 
tia et erecto-patentia, lineari-lanceolata et linearia, margine apicem versus plus 
minus incurvo rarius recto, costa in mucronem excedente, perichætialia tria 
ovato-lanceolata, erecta, laxe vaginantia. Flores masculi gemmiformes in folio- 
rum axillis reconditi, foliis involucralibus ovato-acuminatis costatis. Capsu'a 
in pedicello erecto pallide stramineo, sicco dextrorsum torto, erecta ovali. 
oblonga et subcylindrica. Annulus simplex. Operculum longe et oblique ros- 
tratum. Peristomii dentes inæquales. 

Habitat in fissuris rupium calcarearum ; fructibus in Junio et Julio maturis. 


Ueber dic Organismen der warmen Qucllen in Aachen 
und Burtschcid (Sur les êtres qui vivent dans les sources chaudes 
d Aix-la-Chapelle et de Burtscheid); par M. Ignaz Beissel (Verhandlun- 
gen des naturhistorischen Vereines der preussischen Rheinlande und 
Westphalens, 22° année, 1865, Correspondenzblatt, pp. 45-55). 


Ce travail renferme un grand nombre d'indications diverses, d’où nous cx- 
trairons ce qui peut le plus intéresser nos lecteurs. M. Beissel cite le Proto- 
coccus thermalis Kuetz., trouvé dans une source dont la température est. de 
35° R., le Palmella flava Lenormand, une espèce décrite par M. Fontan 
(Recherches sur les eaux minérales des Pyrénées, de l'Allemagne, etc., 
1853), sous le nom de Sulfuraria, et qui, d’après le système de M. Kuet- 
zing, devrait être placée dans le genre Leptothrix, le Phormidium mem- 
branaceum Kuetz., le Symphyothriz fragilis Kuctz., le Leibleinia juliana 
Kuetz., une espèce d'Ulothrix, etc. Chacune des espèces fournit à l'auteur 
des détails intéressants pour les algologues. 

Dans le méme volume des Verhandlungen se trouve un travail de M. La- 
sard qui soulève des questions intéressantes, bien que communiqué dans une 
séance sans un titre spécial (Correspondenzblatt, pp. 68 et 101). Il s'agit de 
l'origine de la houille, que M. Mohr soutient être due à une formation marine. 
Entre autres raisons, M. Mohr invoque la fusibilité constatée sur certains 
échantillons de houille, tandis que la tourbe est infusible parce qu'elle ren- 
ferme des fibres ligneuses de végétaux ; il soutient que, si le charbon ne l'est 
pas, c'est parce qu'il ne contient pas de pareilles fibres, et parce qu'il renferme y 
des végétaux d'une autre nature que ceux de la tourbe. M. Lasard n'a pas de 
peine à réfuter ces raisons. Il fait observer qu'en effet les végétaux de l'époque 
carbonifère étaient fort différents. M. Mohr s'appuie, en outre, sur ce que la 
houille renferme de l'iode pour la présenter comme un dépôt marin. M. Lasar 4 
répond par la citation des travaux de M. Chatin et de tous les anatomistes 
qui ont trouvé de l'iode dans les plantes d'eau douce, méme au Mexique 
(Yniestra, dans les Annales de chimie et de physique, 1862, p. 111). 

On trouve une réponse de M. Mohr dans la troisième partie du même 
volume, Sitzungsberichte, p. 111. 


REVUE DIDLIOGRAPIIIQUE. 1925 


Vorarbciten zu ciner Kryptozamenflora von Mæhreon 
und cesterrcichisches Schlesien (Préparation à une flore 
cryptogamique de la Moravie et de la Silésie autrichienne); par M. G.-V. 
Niessl ( Verhandlungen des naturforschenden Vereines in Bruenn, 
t. 1U, 186^; Abhand., pp. 60-193). 


Ce travail, qui n'est qu'un. chapitre du mémoire de l'auteur, renferme 
l'énumération de 127^ Champignons, parmi lesquels quelques-uns, peu con- 
nus, sont l'objet de notes plus ou moins étendues. La classification suivie est 
celle de M. De Bary. On remarque que les genres Vredo, Æcidium, Pucci- 
nia, Phragmidium, sont adoptés séparément par l'auteur, qui énumère par 
exemple dans des articles distincts, lÆcidium Adoxæ Grev. et le Puccinia 
Adoxæ DC.; le Puccinia Graminis Pers. et l'Zcidium Berberidis Pers., 
bien que beaucoup d'auteurs trés-compétents regardent aujourd'hui comme 
prouvée l'identité spécifique de telles formes placées par les anciens cryptoga- 
mistes dans des genres différents. 


Rondelet ct ses disciples, ou la botanique à Montpellier au xv1° 
siècle; discours prononcé dans la séance solennelle de rentrée des Facultés 
et de l'École supérieure de pharmacie de Montpellier, le 15 novembre 
1865; par M. J.-E. Planchon, professeur à la Faculté des sciences (Ex- 
trait du Montpellier médical, tirage à part en brochure in-8? de 22 pages). 
Montpellier, 1866. 


Rondelet, Richer de Belleval, Magnol, Gouan, De Candolle, tels sont les noms 
qui représentent, dans l'histoire botanique de l'école de Montpellier, ses phases 
saillantes. M. Planchon, qui a recueilli sur chacune de ces époques des maté- 
riaux souvent inédits, a détaché cette fois de ses notes l'histoire d'une. seule 
période, celle qu'illumina de son éclat l'immortelle époque de la renaissance. 
Autour de Rondelet, on y voit se grouper les figures de ses protecteurs : Guil- 
laume Pellicier, le dernier évêque de Maguelonne, auquel Lobel a dédié le 
premier la plantule qu'il nomme Zinaria domini Pelisserii, etle cardinal de 
Tournon, le diplomate homme d'État, àla suite duquel Rondelet put visiter 
Anvers, Bordeaux et méme Rome, attaché à sa maison comme médecin. Parmi 
les amis de Rondelet, brille au premier rang le futur curé de Meudon, docteur 
en médecine de la Faculté de Montpellier; le docteur Rondibilis qui, dans le 
Pantagruel, donne à Panurge la comique consultation que l'on connait, est un 
souvenir de Montpellier, oà celui de Rabelais est demeuré à l'état de légende. 
Enfin, parmi les élèves de Rondelet, il faut citer tous les naturalistes étrangers 
qui vinrent pendant son professorat s'inscrire à la faculté de Montpellier ; ces 
étrangers, ce sont Jacques Daléchamp, Charles de l'Escluze, Félix Plater, Jean 
Bauhin, Pierre Pena et Mathias de l'Obel, dans les écrits duquel apparaissent 
les localités classiques de la flore de Montpellier. 


126 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

Médecin comme ses confrères, Rondelet était de tous le plus habile en 
anatomie, ainsi qu'en histoire naturelle. Comme anatomiste, de concert avec 
ses trois collegues, Jean Schyron, Antoine Saporta et Jean Bocaud, Rondelet 
fit construire, en 1556, à la place qu'occupe aujourd'hui le jardin de l'École 
de pharmacie, un amphithéâtre anatomique, le premier que posséda Mont- 
pellier. Zoologiste, son livre sur les poissons le place d'emblée aux premiers 
rangs de son siécle. Botaniste, il le fut dans l'esprit du temps : érudit 
plus qu'observateur, cherchant dans les plantes, non pas les détails merveil- 
leux de leur structure, de leur vie, de leurs rapports de parenté, mais avant 
tout des éléments utiles à l'art de guérir. Minéralogiste enfin, il dut l'étre au 
moins dans la mesure très-étroite de la science, à peine entrevue alors, des 


corps bruts, 


Beitrag zur Kenntniss der Nervation der Graminecenu 
(Recherches sur la nervation des Graminées); par M. le chevalier C. d'Et- 
tingshausen (Sitzungsberichte der K. Akad. der Wissenschaften in Wien, 
math. naturwissenschaftliche Classe, t. LI, 3° livraison, octobre 1865, pre- 
mière division, pp. 403-432, avec une planche gravée sur zinc et six plan- 
ches produites par le procédé d'impression sur nature). 


M. d'Ettingshausen continue d'employer, en les appliquant aux Graminées, 
les procédés qui lui ont si bien réussi dans l'étude des Fougères. L'étude de la 
nervation des feuilles des Graminées, sur laquelle M. Duval-Jouve s'est. déjà 
exercé avec succès, fournit d'excellents caractères de genres et d'espèces qui 
sont encore peu connus des botanistes. On peut, en outre, profiter largement 
des résultats de ces études dans les recherches paléontologiques. 

L'auteur décrit dans ce mémoire le nombre et la distance des nervures des 
feuilles chez un très-grand nombre de Graminées actuellement vivantes. Il a, 
en outre, réuni et étudié au méme point de vue des échantillons de 39 espèces 
de Graminées fossiles, dont plusieurs sont nouvelles; elles appartiennent en 
général à la flore tertiaire et aux couches d'OEningen. Cependant l'une d'entre 
elles a été trouvée dans le terrain carbonifére du Lancashire, et l'autre dans le 
terrain wealdien. 


Der Blucthenstand der Juncaceen (L'inflorescence des Jonca- 
cées); par M. Fr. Buchenau (JaArbuecher fuer wissenschaftliche Botanik, 
t. IV, 4° livraison, pp. 385-440, avec 3 planches lithographiées). Leipzig, 
1866. 


Nous rendrons bien compte des idées du savant morphologiste allemand. eu 
reproduisant le résumé synoptique qu'il a placé à la fin de son mémoire. Il 
distribue ainsi, d’après leur inflorescence, les espèces qu'il a étudiées. 

A. Inflorescence portant des fleurs isolées : 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 127 
|. Seulement une seule fleur terminale : Juncus magellanicus, grandiflorus, 
trifidus var. monanthos ; 

2. Une fleur terminale, à laquelle se joignent un certain. nombre de fleurs 
latérales munies d'un nombre déterminé de préfeuilles, le plus généralement 
d'une foliole-mére et de deux folioles accessoires : 

a. Sous forme de grappe : J. trifidus, ?J. sphacelatus. 

b. Sous forme de grappe ombelliforme : Luzula flavescens, Juncus 
Lechleri Steud. 

9. Entre la foliole principale et les deux folioles accessoires s'insinuent des 
folioles intermédiaires en nombre indéterminé, diminuant supérieurement ; 
l'inflorescence se transforme en anthèle : 

a. Anthéle simple : Juncus filiformis, arcticus, Jacquini, pauciflorus. 

b. Anthèle composée: J. glaucus, effusus, conglomeratus, procerus 
E. Mey., vaginatus, persicus Boiss., balticus, andicola, compressus H. 
B. K., Chamissonis, Greevei, tenuis, Gerardi, compressus Jacq. , ela- 
tior Lange, Tenageia, ranarius, bufonius, squarrosus; Luzula For- 
steri, pilosa, arcuata, lutea, silvatica, nemorosa, canariensis, nivea, 
lactea, purpureo-splendens, purpurea, spadicea. 

B. Inflorescence portant des capitules : 

I. Seulement un capitule terminal : J. biglumis, triglumis, Hoffmeisteri, 
concinnus, stygius (forma vulgaris). 

2. Un capitule terminal auquel se joignent des capitules latéraux munis de 
hractées immédiatement au-dessus de la feuille-mère : 

a. Sous forme de grappe : pas d'exemple. 

b. Sous forme de grappe ombelliforme : J. stygius (exemplaria robus- 
tiora), castaneus, scheuchzerioides, repens, cæspiticius, pygmæus, 
capitatus, Kotschyi, lagenarius, corralensis Ph. 

3. Inflorescence transformée en anthèle, comme précédemment : 

a, Anthele simple : J. pygmæus, homolophyllus, Leschenaultii, valvatus 
Link, ensifolius, striatus Schousb. , affinis R. Br., Rostkovii, supinus. 

b. Anthèle composée : J. microcephalus H. B. K., multiceps, acutus, 
maritimus, scirpoides, debilis, capensis, graminifolius, planifolius, ri- 
vularis, alpinus, canadensis, monticola, lamprocarpus, anceps, atratus, 
silvaticus, obtusiflorus. 

C. Inflorescence portant des épis : 

i. Seulement un épi terminal (dans l'état normal, pas d'exemple). 
2. Un épi terminal accompagné d'épis latéraux : 

a. Épi composé : Luzula Alopecurus, L. campestris var. congesta, L. chi- 
lensis, spicata (formes simples). 

b. Ombelle composée spiciforme : L. campestris, comosa, sudetica, nodula. 

3. Inflorescence décomposée par la ramification des rameaux latéraux de sa 
base : L. spicata var. racemosa, pediformis, caricina. 


128 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

Zur Kenntniss des Baucs und der Entwiekcelungzszc- 
schichte des Pollens der Mimoseæ (Etude de lo structure 
et du développement du pollen des Mimosées); par M. S. Rosanoff (Jah - 
buecher fuer. wissenschaftliche Botanik, t. 1v, h° livraison, pp. 441-150, 
avec deux planches lithographiées). 


Lorsque le pollen s'est échappé des loges anthéra'es d'un Acacze, on remar- 
que sur la paroi de chaque loge la trace de quatre excavations séparées par 
une saillie cruciforme. C'est qu'en effet il se forme d'abord quatre cellules 
dans chacune de ces loges : ce sont les cellules -meres. des grains polliniques 
composés. L'auteur décrit la partition de ces cellules-mères comme si les 
cloisons qui doivent en former les cellules-filles de deuxième génération, nais- 
saient, sous forme de saillies, sur le contour de la cellule-mée:e, pour se joindre 
à une saillie née en face d'elle sur la premiere cloison. On sait que d'autres 
anatomistes, examinant d'autres végétaux, ont, au contraire, attribué la for- 
mation des cloisons-méres du pollen à celle des nucléus de ces cellules, lesquels 
s'entoureraient d'une membrane aprés s'être constitués. Quand le dévelop- 
pement des cellules-mères est avancé, la couche de cellules qui les entoure, 
aplatie par leur croissance et partiellement résorbée, se transforme en une 
membrane granuleuse qui entoure le grain de pollen composé ; sous l'influence 
des acides, cette membrane offre les réactions de la cuticule. 


Zur Kenntniss der Sphaeclaricen (E(ude des Sphacélarices 
par M. Th. Geyler (Jahrbuecher fuer wissenschaftliche Dotantk, t. 1v, 
^* livraison, pp. 479-535, avec 3 planches lithographiées). Leipzig, 1866. 


Nos lecteurs n'ignorent pas la tendance de certaine école allemande, dans 
laquelle on arrive, en organogénie, à compter les cellules, le nombre de cloi- 
sons qui s'y forment pendant le développement des parties qui les portent, la 
direction de ces cloisons, etc. Nous avons rendu compte, il y a deux ans 
(Revue, t. Xt, p. 279), d'un travail de M. Kny, relatif au développement des 
Hépatiques, qui est un exemple de cette tendance. M. Geyler, avec moins de for- 
mules, il est vrài, a fait des recherches de méme nature sur le développement 
des genres Stypocaulon, Halopteris, Phlæocaulon, Chetopteris, Sphacelaria 
et Cladostephus. Par la végétation de leurs axes, réduits en général à une seule 
file de cellules dans leur premier état, ces Algues se prétent parfaitement aux 
recherches des organogénistes. M. Geyler a surtout déterminé suivant quelle 
loi a lieu la production des cellules- filles dans chaque grande cellule longitudi- 
nale de l'axe, et suivant quelle loi s'accomplit la ramification de cet axe. Dans 
ce dernier cas, une bosselure latérale se dessine d'abord sur la cellule allongée 
qui le termine ; plus tard, il se forme à la base de cette bosselure une cloison 
qui la sépare et en constitue l'origine d’un rameau de deuxieme génération. 
Ou ne remarque rien de nouveau dans l'essence de ces phénomènes. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 199 


Botanische Untersuchungen aus dem physiologischen 
Lahoratorium der landwirthschafdichen Lehrans- 
{alt in Berlin, mit Beitrægen deutscher Physiolozen 
und Anatomen (Recherches botaniques faites au laboratoire de 
physiologie de l'école d'agriculture de Berlin, publiées avec l'assistance 
des anatomistes et des physiologistes allemands); par M. H. Karsten. 
T. I", première livraison, in-8° de 112 pages, avec 8 planches litho- 
graphiées. Berlin, 1865. 


Le nouveau recueil que fait paraitre sous ce titre M. Karsten, appelé il 
y a quelque temps aux fonctions de professeur à l'école d'agriculture de 
Berlin, contient des travaux d'un grand intérêt, que nous devons faire con- 
naitre successivement à nos lecteurs. Voici ceux qui sont contenus dans le 
cahier que nous avons sous les yeux : 


1? Ueber die Spaltæffnungen bei den Liliaceen (Sur les stomates des 

Liliacées); par M. Paul Sorauer, pp. 1-20, avec une planche. 

Aprés avoir tracé l'historique de la question qu'il étudie, montré que des 
opinions fort diverses ont été exprimées sur la structure des stomates, décrit 
le mode de développement de ces organes, et insisté sur leur forme et leur 
répartition, l'auteur résume ainsi les résultats de ses propres recherches : 

1. L'appareil stomatique appartient à l'épiderme. 

2. Le développement des stomates normaux alieu par trois cellules-filles, 
qui se trouvent à l'intérieur d'une cellule épidermique. 

3. Dans les premiers degrés de développement, on rencontre aussi des cel- 
lules-meres pourvues de deux cellules-filles seulement, ou méme d'une seule, 
mais c'est seulement sous les cellules-méres, munies de trois cellules-filles, 
qu'on observe le développement d'une chambre respiratoire. 

^. La répartition des stomates est indépendante de celle des faisceaux vascu- 
laires; la forme de l'entonnoir stomatique est indépendante aussi de l'épaissis- 
sement de l'épiderme. 

5. La détermination du nombre des stomates d'une plante doit être faite 
avec beaucoup de précaution, car la base de la feuille doit en être et en est 


toujours moins chargée que le sommet, et le milieu souvent moins que les 
bords. 


2^ Worlzeufige Mittheilung ueber die Rothfæule der Fichte (Commu- 

nication sur la pourriture rouge du Pin); par M. Willkomm, pp. 21-33, 

avec une planche lithographiée. 

M. Willkomm a trouvé dans le bois altéré qu'il a étudié deux Hyphomycètes, 
dans la détermination desquels il a été aidé par M. Rabenhorst, et auxquels 
paraît due cette maladie du tissu végétal. Le principal est le Xenodachus Ligni- 
perda, dont les filaments se trouvent dans les fibres ligneuses du Chêne et du Pin ; 

T. XIII, (REVUE) 9 


130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ils en sortent souvent en traversant les ponctuations de ces fibres. Sur certains 
points de leur longueur, ces filaments s'étranglent de manière à former des 
sporanges, ordinairement réunis en chapelet, et d'où il sort à la maturité une 
enveloppe gélatineuse renfermant une grande quantité de corpuscules, lesquels 
deviennent promptement libres, et sont encore entourés d'une membrane gé- 
latineuse. Ils se disposent alors de façons très-diverses, figurant quelquefois 
des chapelets de perles. Chacun d'eux renferme une ou deux zoospores qui, 
selon l'adaptation de l'objectif, paraissent tantôt noirâtres, tantôt d'un vert 
clair, brillantes et transparentes. Elles sont munies chacune de deux cils placés 
à l'opposite l'un de l'autre. Leur mouvement est vif, tantót rotatoire, tantót 
direct et saccadé. Elles sont sujettes à reprendre vie aprés dessiccation, sous 
l'influence de l'humidité. Ce qu'il y a de plus remarquable, c'est que ces zoo- 
spores ne germent pas, mais se juxtaposent en série, et s'entourent d'une 
membrane gélatineuse, ce qui produit des filaments allongés d'un aspect par- 
ticulier : tantôt on les retrouve sur une seule série dans le centre du filament, 
tantôt sur deux séries, et comme enchássées dans ses parties latérales. Ces fila- 
ments ne présentent aux plus forts grossissements qu'un seul contour. Les ex- 
trémités en sont dilatées et claviformes, C’est seulement plus tard que ces fila- 
ments, en se développant, deviennent gibbeux sur les points où se rencontre 
encore une granulation, réste de la zoospore qui a perdu ses cils ; ils prennent 
alors un double contour. Ces filaments sont tout à fait identiques avec ceux 
qui traversent le bois-pourri par l'humidité et forment, dans les cavités de la 
tige, ce qu'on a nommé le Vyctomyces candidus. Ces filaments sont toujours 
stériles. L'auteur n'a pu constater comment sont reproduits les organes spo- 
rangiferes du Xenodochus. 

Le deuxième Hyphomycète constaté par M. Willkomm a été reconnu par 
M. Rabenhorst pour le type d'un genre nouveau; il est nommé Staphylos- 
porium violaceum. M constitue de longs utricules rameux, assez semblables 
à ceux du Vyctomyces candidus par leur double contour; mais qui s'en dis- 
tinguent bien par leur ramification et leur coloration. Les parois latérales de 
ces utricules semblent d'un jaune brunâtre, et la paroi tournée vers l'œil de 
l'observateur parait d'un bleu violet ou d'un violet noirátre ; dans l'intérieur 
sont des corpuscules violets disposés sur une seule série. Cà et là naissent de 
ces utricules des rameaux dressés, tantót tout à fait simples, tantót cloisonnés 
à la base, qui paraissent produire les spores. Celles-ci sont tantót isolées, tan- 
tôt réunies en faisceaux au sommet ou sur les parties latérales de ces rameaux : 
elles sont allongées-obovales et munies de trois cloisons. 

Il a semblé à l'auteur, dans une observation, que les utricues violacés du 
Staphylosporium, du côté opposé à celui où ils portent les spores, deve- 
naient blanchâtres et s'inséraient sur les filaments du Nyc/omyces. S'il en était 
ainsi, il faudrait voir dans le Staphylosporium seulement un état plus parfait 
du Xenodochns Ligniperda, 


REVUE PIBLIOGRAPHIQUE, 131. 


3° Beitrag zur Kenntniss der Mohrruebe (Recherches sur la racine de 
la Carotte); par MM. Frehde et Paul Sorauer, pp. 34-49, avec deux 
planches. 


Pendant la germination de la Carotte, il nait dans le cylindre central de 
cambium de l'embryon deux vaisseaux spiraux, sur les limites des cotylé- 
dons et de la radicule, dont l'épiderme est déjà muni de stomates; ces vais- 
seaux s'étendent ensuite, d'une part, dans la radicule, et, d'autre part, dans 
les cotylédons. Entre ces deux vaisseaux existe une série de cellules unique au 
lieu d'une moelle: c'est le centre propre de la racine. Dans le plus grand 
nombre des cas, ces cellules se multiplient par génération endogène; dans 
d'autres, elles se transforment en un vaisseau muni de couches d'accroisse- 
ment spirales et ponctuées, bien plus large que les vaisseaux spiraux primitifs. 
L'allongement de la racine est extraordinairement rapide; il ne s'opeére pas par 
son sommet lui-méme, mais par la partie qui est immédiatement au-dessous. 

Les vaisseaux qui se trouvent en dedans du cambium, d'abord étendus sur 
une seule ligne, deviennent bientôt plus nombreux et forment un faisceau à 
quatre angles. Vers chacun des angles, les cellules du cambium se montrent 
bientôt plus petites et plus serrées, et se transforment enfin en trachées hori- 
zontales, qui sont l'origine d'une ramification de la racine. Voilà pourquoi ces 
fibres naissent régulièrement sur quatre séries; l'auteur ne sait pas pourquoi, 
sur la Carotte, ces séries affectent une direction spirale. 

Quand l'écorce secondaire est formée, il s’y développe des vaisseaux latici- 
feres qui, durant la seconde année de la vie de la plante, deviennent le centre 
d'une résorption successive des cellules voisines. 

L'auteur s'étend sur les différences de structure de la Carotte seuvage et de 
la Carotte cultivée : dans la premiere, c'est le corps ligneux qui se développe le 
plus; dans la seconde, c'est le parenchyme central, médullaire. 

Quelques chimistes ont soutenu que la Carotte ne renferme pas d'amidon. 
C'est surtout en automne que ce principe y apparait, principalement dans 
l'écorce et dans les rayons médullaires. Les grains d'amidon sont plus ou moins 
gros, plus ou moins abondants, selon les variétés. 

Les cristaux qui. constituent la carotine varient de la coloration rose à la 
coloration violette, en passant par le rouge. Ce sont des rhomboédres allongés, 
quelquefois aciculaires, associés en croix ou isolés, qui varient également de 
forme chez les diverses variétés de Carotte. Par l'acide sulfurique concentré, 
ils se colorent en bleu foncé. L'iode et l'acide sulfurique, de méme que le 
chloro-iodure de zinc, les colorent également en bleu. Au contraire, la solu- 
tion d'iode les teint en vert. | 

M. Frehde, auquel est due principalement la partie chimique de ce mé- 
moire, conclut de ces réactions et de plusieurs autres que ces cristaux, indiffé- 
rents à l'action des bases et des acides, ne sont que de la cholestérine imbibée 


.132 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
d'une matiére colorante. Cette opinion est fortifiée par les analyses élémen- 
taires des deux corps. On obtient aussi, en traitant convenablement certaines 
variétés blanches de Carotte, une matiére grasse non colorée, qui offre toutes 
les réactions de la cholestérine. 


li? Das Rothwerden zelterer Kiefern begleitet von parasitischer Pilzen 
(Champignons parasites qui accompagnent le rougissement des Pins ágés); 
par M. H. Karsten, pp. 50-68. 

Après s'étre étendu sur la structure anatomique des feuilles des Pins, et 
notamment sur la formation de leurs canaux résinifères, l’auteur expose lhis- 
toire des Champignons qu'il a vus naitre sur les feuilles malades, tachées de 
plaques noires ou colorées en gris sur la face supérieure. Il a toujours trouvé 
des spores et des filaments de mycélium sur les plaques noires; il pense que les 
Cryptogames pénètrent ensuite par les stomates dans l'intérieur du tissu des 
feuilles malades, qui, à certaines époques, en est rempli, et passent de ce tissu 
dans celui des ramuscules qui portent les feuilles. Les Cryptogames que 
M. Karsten décrit et figure sont les Cladosporium penicilloides Preuss., une 
autre espèce du méme genre et le Sporidesmum atrum Link. 1] pense aussi 
avoir observé les spores d'un Uredo, qu'il nomme Uredo conglutinata ; il 
incline à penser que c'est la méme espéce que Corda a désignée sous le nom 
de Tortula conglutinata. 


5° Ueber die Pilze welche die Trockenfæule der Kartoffelo begleiten 
(Sur les Champignons qui accompagnent la putréfaction sèche des 
Pommes-de-terre); par M. H. Karsten, pp. 69-75. 
L'auteur décrit dans cette note le /'usisporium Solani et le Spicaria Solani 
Harting, et leurs diverses formes. 


6° Ursache einer Mohrruebenkrankheit (/iecherches sur une maladie 
des Carottes) ; par M. H. Karsten, pp. 76-83. 


Cette maladie est, d'aprés l'auteur, causée par un Champignon qu'il regarde 
comme appartenant à la division des Gastéromycètes, et qu'il nomme ZZelico- 
sporangium parasiticum. Les pédoncules qui en portent les sporanges sont 
recourbés en crosse, peu à peu, suivant les progrés du développement. La 
cellule qui termine chaque pédoncule se dilate progressivement et devient sphé- 
rique, puis forme le sporange, qui est entouré de plusieurs cellules appartenant 
à la partie du pédoncule recourbée autour du sporange. 


1? Ueber die Gesehlechtsthætigkeit der Pflanzen (Sur la sexualité des 
plantes); par M. H. Karsten, pp. 84-112). 
M. Karsten n'a guère fait que résumer ici son grand mémoire sur la vie 

sexuelle et la parthénogenèse. Il décrit successivement les organes sexuels et la 

reproduction d'un certain nombre de végétaux, pris comme tvpes parmi les 
grandes classes, savoir: le Spirogyra Quinina, le Vaucheria tovarensis Karst., 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 133 


le Cænogonium andinum Karst., le Sphagnum acutifolium, un Pteris, le 
Prunus Cerasus et le Wolffia columbiana Karst. Il s'occupe surtout de la 
reproduction des Crvptogames, et figure diverses formes des spermatozoïdes 
de ces plantes. 


Nuove osservazioni su talune agenti ariifiziani che ac- 
eclerano la maturazione nel Fico (Nouvelles observations sur 
certains agents artificiels qui accélèrent (a maturation du Figuier); par 
M. G. Gasparrini (Extrait des Affi della R. Accademia delle scienze 
fisiche e matematiche di Napoli, vol. 11°); tirage à part en brochure in-4° 
de 16 pages. Naples, 1865. 


M. Gasparrini s'est déjà occupé de ce sujet dans des mémoires que cette 
Revue a précédemment analysés (1). L'action qu'exerce la gouttelette d'huile 
placée sur l'orifice de la figue pour en accélérer la maturation était comparée 
par lui à celle du pollen porté sur le stigmate. Ce qu'il y a de curieux, c'est 
que les matières grasses qui agissent ainsi sur l'orifice du fruit n'ont aucune 
action sur le reste de sa surface. Les faits sont demeurés propres à la figue : 
l'auteur n'a rien obtenu en expérimentant sur le melon, la poire, la grenade. 
Il fait remarquer que, pour la figue, il s'agit de la croissance du réceptacle. 

M. Gasparrini a fait un grand nombre d'expériences avec diverses substances 
pour essayer d'activer la maturation des figues. L'acide sulfurique du com- 
merce, étendu de deux parties d'eau, a fait márir les figues dans l’espace de 
huit jours; les expériences ont été très-multipliées et variées avec des échan- 
tillons de cet acide différemment étendus. L'acide phénique désorganise très- 
promptement le tissu de la figue, qui devient d'un blanc jaunâtre, puis noi- 
ràtre, en deux ou trois jours; il favorise le développement de certaines 
Cryptogames, comme le P/eospora herbarum et Y Alternaria tenuis. V'acide 
formique produit des effets de la méme nature, mais moins intenses. L'acide 
tartrique a fait parfaitement máürir vingt-cinq fruits dans l'espace d'une se- 
maine. Des fruits ont pareillement mûri en neuf jours par le collodion, l'huile 
de pétrole et l'acide benzoique. La levüre de biere etla pepsine en ont fait 
mürir deux sur quatre, l'acide gallique deux sur trois, l'acide acétique trois 
sur quatre, l'acide oxalique quatre sur cinq, l'acétate de fer deux sur quatre. 
Le sulfate de fer et le chlorure de potassium ont été peu efficaces. L'acide 
azotique et l'acide chlorhydrique, bien qu'ils aient avancé la maturation, ont 
été moins actifs que l'acide sulfurique. L'acide arsénieux a fait mürir deux 
fruits sur trois en sept jours. La (leur de soufre, maintenue sur l'orifice du 
fruit avec de la glycérine, a eu une action favorable. 


(1) Voyez le Bulletin, t. XI (Revue), p. 132. 


134 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Addenda nova ad Lichenographiam europ:oam ; scripsit 
W. Nylander (Flora, 1865, n. 39, pp. 601-606). 


Spilonema revertens, ad saxa granitica et micaceo-schistosa in Finlandia 
media (Norrlin); Pyrenopsis diffundens, ad arenas viridantes prope Midstone 
in comitatu Ken’ (Jones); Collema psorellum, ad saxa micaceo-schistosa prope 
Ben- Lawers in Scotia (Jones); Pannaria microleuca prope Falaise in dit. 
gallica Calvados, supra terram ad rivulos (Godey); Lecanora pleiophora, ad 
corticem vetustum A /ni in Finlandia (Norrlin); Lecidea derivata, ad corticem 
Olec et Fraxini in Lusitania (Welwitsch), etiam in Gallia occidentali ex her- 
bario Lenormand; Z. anthracophila, ad lignum in? carbonatum in Fin- 
landia ( Norrlin); Z. botryocarpa, ad saxa dioritica prope Onegam lacum 
(Simming); S. subfuscula in Islandia, ad Reikiavik, supra terram turfosam 
(Lauder Lindsay); Z. obsoleta, ad cretam ad Sussex Downs prope Lewes 
(Jones) ; L. lusitanica, in agro olisiponensi ad saxa calcareo-arenacea (Wel- 
wiltsch); Arthonia turbidula, in Lusitania ad corticem Dracænæ Draconis 
(Welwitsch); A. Melaspermella, in Anglia prope Londinum (Currey); Thelo- 
carpon epilithellum, ad saxa granitica in insula lacus Peene in Finlandia 
(Norrlin); Verrucaria advenula, supra thallum Zecideæ excentrice prope 
Killarney in Hibernia (Jones). 


Éléments de botanique ; comprenant l'anatomie, l'organographie, la 
physiologie des plantes, les familles naturelles et la géographie botanique ; par 
M. P. Duchartre, membre de l'Institut, professeur à la Faculté des sciences 
de Paris. In-8° de 636 pages, avec 500 figures dessinées d’après nature par 
M. Riocreux, et intercalées dans le texte. Paris, chez J.-B. Baillière et 
Fils, 1866. 


- 


C'est surtout lors de l'apparition d'un nouveau livre classique, exposant 
les éléments d'une science, que l'on peut constater les progrès récents qu'elle 
a faits. Telle est la réflexion qu'inspirera à tout lecteur instruit le livre que 
nous annonçons, et que le nom de son auteur met au-dessus de tout éloge. 
Autant que l'espace le lui à permis, car s'il s'agissait ici seulement de publier 
des Éléments, M. Duchartre s'est appliqué à faire connaitre, par des citations 
choisies, les principaux résultats nouvellemeut et réellement acquis à la science 
durant ces vingt dernieres années, en les fondant dans l'ensemble de faits que 
doit contenir tout traité classique. Plusieurs fois, dansles cas douteux, il a 
indiqué les principales divergences d'opinions des savants spéciaux; souvent, 
dans les sujets controversés, il fait connaitre l'appréciation que lui inspire sa 
connaissance approfondie des faits et des textes. Parmi les articles qui, à une 
première lecture, nous ont paru porter au plus haut degré la marque de 
l'époque et de l'auteur, et différer le plus des articles analogues que l'on. ren- 
contre dans les ouvrages élémentaires qui ont précédé celui-ci, nous devons 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 135 


citer ceux qui traitent de l'aleurone, de la formation de la chlorophylle, du 
nombre des stomates, des tiges des Sapindacées, des couleurs des net: dela 
structure des racines, en particulier de celle des Orchidées, de l'absorption 
et de l'excrétion radiculaires, du développement des feuilles, de la nature des 
ovaires infères et de la théorie des placentas axiles, de la structure de l'an- 
thère, de la parthénogenése, etc., etc. Les principaux faits nouveaux cités 
dans cette rapide revue ont été fournis, en dehors des observations propres 
de l'auteur, par les travaux de MM. Cauvet, Chatin, Clos, Guillard, A. Gris, 
Irmisch, Leitgeb, Naudin, Netto, Prillieux, Schacht, Schleiden, Trécul, 
Unger, etc., travaux qui ont été presque tous publiés ou analysés dans notre 
Bulletin. 

M. Duchartre a eu l'heureuse idée de condenser, sous forme de tableaux 
synoptiques imprimés en petits caracteres, toute la terminologie morpholo- 
gique, qui tient une si grande place dans certains traités de botanique. Quand 
le sujet s'y prétait, il a eu soin d'exposer, en termes concis, les consé- 
quences qui dérivent, pour la pratique horticole, de certaines lois de la phy- 
siologie végétale. 

Tel qu'il parait aujourd'hui, son livre n'est pas terminé ; il ne le sera que 
vers la fin de l'été. Il reste encore à publier, pour terminer la première partie 
(botanique physiologique), deux chapitres relatifs : 1° au fruit et à la graine ; 
2° aux phénomènes généraux de la végétation, dont l'auteur a rejeté l'étude 
après celle des organes qu'ils affectent. La seconde partie, comprenant la taxo- 
nomie, et la troisième partie, comprenant la géographie botanique, paraîtront 
avec la fin de la premiére partie. 

Les gravures des Éléments ont été dessinées par M. Riocreux et gravées 
par M. Leblanc; c'est dire qu'elles réunissent à une grande fidélité tout le 
mérite de l'exécution artistique. 


Osservazioni sul cammino di un micelio fungoso nel 
fusto vivente dell Acacia dealbata (Observations sur [e 
chemin fait par le mycélium d'un Champignon dans le tronc vivant d'un 
Acacia dealbata); par M. G. Gasparrini (Extrait des Att? della R. Accade- 
mia della scienze fisiche e matematiche di Napoli, vol. 11°); tirage à part 
en brochure in-4° de 10 pages, avec une planche gravée. Naples, 1865. 


Cet Acacia avait 6 mètres de hauteur; le centre du tronc en était bruni et 
rempli d'un mycélium brunátre, rameux, articulé, qui montait surtout autour 
de la moelle, dans l'intérieur des vaisseaux ponctués. L'auteur rapproche ces 
faits de ceux qui ont été observés sur la pénétration de la carie dans les 
tiges des Céréales. Il cherche par quelle voie les spores ont pu pénétrer dans la 
tige des plantes que ces Cryptogames envahissent. Il fait observer que souvent 
les spongioles sont détruites à l'extrémité des fibres radiculaires; il l'a vu no- 


136 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


tamment sur des A//ium, des Tulipa, et d'autres Monocotylédones, et il 
pénse que les spores peuvent pénétrer dans l'orifice des vaisseaux ouverts lar- 
gement à l'extérieur par la destruction de la spongiole. 


Étymologie du nom de ,l'Aconit; par M. le chevalier de Parave: 
(Extrait des Actes de [a Société Linnéenne de Bordeaux, t. xxv, 6*livr.); 
tirage à part en brochure in-8° de 4 pages. 


Le livre dix-septième de l'encyclopédie chinoise nommée Pen-tsao-kang-mou 
est consacré aux plantes toxiques, dites en chinois TO, en copte ou égyptien 
ma-TOU, en sanscrit ma-DOU-ra. L'Aconitum feroz Wall., reconnu dans les 
herbiers apportés de la Chine et du Japon à Leyde, se trouve décrit dans ce 
livre dix-septieme sous les noms FOU-TSE et OU-TEOU. Le suc de cet Aconit 
ou-teou y est nommé CHF-WANG, ou la calamité, le malheur (wang) que pro- 
duisent les flèches des archers (che), c'est-à-dire de ces Indiens du Népaul, 
qui, comme les Germains et les Gaulois de nos Alpes, emploient ce poison TO 
de l'Aconit pour rendre leurs fléches mortelles. Parmi les douze noms que 
porte cet Aconit dans le Pen-fsao, on trouve celui-ci : HY-TO, ou le très grand 
poison. ACON est le nom des fléches et des lances dans nos langues issues de 
l'Inde. AcoN-1-TO serait donc celui des flèches à poison. Les dictionnaires 
sanscrits font venir le mot Vapel du nom du Népaul, pays où les Indiens 
employaient l'Aconit pour empoisonner leurs armes. Pline dit que la plante 
se trouve à l'entrée du Pont-Euxin, au port d'Acone, qui, d'aprés l'auteur, 
aurait tiré son nom de celui de la plante. 


Note sur Ia lettre de M. Alph. de fociiebrune, en date du 
1** juillet 1864, relative aux plantes importées, et pouvant servir de docu- 
me i archéologiques sur les ruines et les peuplades de la France; par 

Ch. Des Moulins (Extrait de l Annuaire de l'Institut des provinces); 
p à part en brochure in-8° de 19 pages. Caen, chez Leblanc-Hardel, 
1865. 


Cette note a été écrite dans le but de combattre l'opinion de MM. Chatin et 
Alph. de Rochebrune (1). M. Des Moulins critique successivement la création 
des époques auxquelles ces auteurs ont cru pouvoir rapporter la naturalisation 
de certaines plantes dans les contrées occidentales de l’Europe, avec M. Lenor- 
mant et M. Lepage. L'époque hébraique, proposée avec doute par M. Chatin, ne 
repose que sur ce que l’ Hyssopus officinalis habite les murailles des temples; ct 
l'on ne sait ce que c'était que l'Hysope de Salomon. L'époque romaine, admise 
par M. Lenormant, est fondée sur la dispersion du Buis, qui croit sans cul- 
ture. dans l'Europe méridionale; c'est une plante autochthone, et on la trouve 
autour des constructions romaines quand le lieu lui convient : Montrez-la, dit 


(1) Voyez le Bulletin, t, VIII, p. 359, et t. X, p. 502. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 137 


M. Des Moulins, dans les mêmes conditions apparentes de spontanéité et dans 
les lieux qui ne lui conviennent pas: et alors on pourra se demander si ce sont 
les Romains qui l'ont importée. L'époque gothique a été étudiée par M. de 
Rochebrune; M. Des Moulins montre que, surles neuf plantes sur lesquelles cet 
auteur s'est appuyé, aucune n'est exclusivement propre aux contrées danu- 
biennes. Au contraire, pour l'époque du moyen âge, M. Des Moulins s'étonne 
de voir caractériser seulement à l'aide de quatre espèces une époque qui, en 
vertu d'une hypothèse fort rationnelle, celle de la transplantation volontaire 
des plantes cultivées, pourrait être présumée plus riche. Cependant il trouve 
que nul document ne permet d'établir que certaines de ces quatre espèces, le 
Fœniculum officinale All., le Silybum Marianum Gærtn., aient été impor- 
tées dans l'Europe occidentale. L'époque de la renaissance, reconnue par 
M. Chatin, prête à des critiques analogues; est-on bien sûr, dit l'auteur, 
que les plantes qui la caractérisent ne soient pas spontanées aux lieux où on 
les trouve, ou qu'elles n'y aient pas été introduites avant la Renaissance ? La 
derrière époque, époque moderne de M. Chatin, ne paraît pas mieux fondée 
à M. Des Moulins. 


Ucber das Resonanzhodenholz der Urwælder des Ræ- 
merwaldes (Sur le bois fourni par la forêt de Bohème, pour les 
tables d harmonie); par M. Goppert (Breslauer Gewerbe Blatt, n^ 26, 
23 décembre 1865). 


C'est le bois des Conifères des Alpes qui passe, d’après Amatus et Stradiva- 
rius, pour fournir le bois le plus propre à la confection des violons, qui récla- 
ment beaucoup d'élasticité et de légèreté; mais on n'a pas dit pourquoi. Pour 
répondre à ce pourquoi, il est nécessaire d'étudier la structure de ce bois. 
Les rayons médullaires étant formés, chez les Conifères, par une seule rangée 
de cellules, et chez les arbres angiospermes par plusieurs, souvent par beau- 
coup de ces rangées, l’union des éléments ligneux est moins intime chez 
ces derriers, ce qui est moins favorable à la confection des instruments de 
musique. D'ailleurs, le bois y sera d'autant plus propre que ses couches an- 
nuelles seront plus minces, parce qu'il aura d'autant plus d'homogénéité. De 
toutes nos Conifères indigènes, dit M. Gæppert, c'est le Pinus Abies L., qui 
présente au plus degré ces caractères, quand il croit sur un sol rocheux, à une 
certaine altitude, conditions bien réalisées dans les foréts primitives de la 
Bohéme. 


BIBLIOGRAPHIE, 


Annales Musei botanici Lugduno-batavi , edidit F.-A.-G. Miquel. 


Observationes de quibusdum Pandaneis in horto bogoriensi Javæ cultis, auc- 
tore Sulpicio Kurz, t. IT, pp. 52-51. 


138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Polygonaceæ, auctore Meissner, pp. 55-65. 

Legnotideæ archipelagi indici; recensuit F.-A.-G. Miquel, pp. 66-67. 
Phonicosperma, Tiliacearum genus; proposuit F.-A.-G. Miquel, p. 68. 
Prolusio Florz japonicæ, auctore F.-A.-G. Miquel, pp. 69 et sq. 


Flora (1865). 


Articles non analysés dans le Dulletin. 


Synopsis specierum Casuarinæ, auctore F.-A.- G. Miquel, pp. 17-24, 33-39. 

Noch eine Bemerkung ueber (Encore une remarque sur le) Biatora campes- 
tris; par M. Th. Fries, pp. 24-26. 

Beitræge zur Moosflora von Neu-Granada (Recherches sur les Mousses de 
la Nouvelie- Grenade); par M. Hampe, pp. 129-155. 

D* Welwitsch's Orchideen aus Angola (Orchidées recueillies dans le royaume 
d'Angola par le docteur Welwitsch); par M. H.-G. Reichenbach, 
pp. 177-191. : 

Beobachtungen ueber einen Gæhrungsprozess in der Mund- und Rachen- 
hoehle des Menschen (Observations sur un mode de fermentation qui s'ac- 
complit dans les cavités buccale et pharyngienne de l’homme); par 
M. Ernst Hallier, pp. 193-203. 

Vorstudien zu einer Orchidographie der Antillen, besonders britischen An- 
theils. Neuheiten und eingehende Critiken bisheriger Literatur (Préparation 
à une orchidographie des Antilles, surtout des Antilles anglaises. Nou- 
veautés et critiques des publications antérieures); par M. H.-G. Rei- 
chenbach, pp. 273-280. 

Enumeratio synoptica Sticteorum ; scripsit W. Nylander, pp. 290-299. 

Morphologische Mittheilungen (Communications morphologiques); par M. Wyd- 
ler, pp. 312-319 (bourgeons à fleur du Tilleul; inflorescence du Houblon 
femelle). 

Ueber (Sur Le) Cosmocladium ; par M. De Bary, pp. 321-330, 

Circa Lichenes crustaceos Novæ Zeandiæ; scripsit W. Nylander, pp. 337- 
340. 

Neue Flechtenarten (Nouvelles espèces de Lichens); par M. Th. Fries, tra- 
duit du suédois par M. de Krempelhuber, pp. 340-346. 

Ueber (Sur le) Glochidion Forst.; par M. J. Mueller Arg., pp. 369-380. 

Viola portulacea, ein noch unbeschriebenes Veilchen aus der Cordillera des 
Portillo-Passes zwischen Santiago de Chile und Mendoza (Violette non 
encore décrite de la Cordillère du défilé de Portillo, entre Santiago et 
Mendoza); par M. Fr. Leybold, p. 381. 

Ueber Arthopyrenia und Pyrenula; par M. J. Mueller Arg., pp. 410-411. 

De Nephromate expallido Nyl.; scripsit W. Nylander, pp. 428-429. 

De genere Lichenum Welanotheca notula ; scripsit W. Nylander, pp. ^429- 
430. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 139 


Ad historiam reactionis iodi apud Lichenes et Fungos notula ; scripsit W. Ny- 
lander, pp. 465-468. 

Beitrag zur Laubmoosflora Badens (Flore mycologique de Bade) ; par M. A. 
Jæger, pp. 468-471. 

Zwei Lecidea-Arten mit dreizelligen sporen ( Deux espèces de Lecidea à spores 
tricellulaires); par M. Ernst Stizenberger, pp. 489-491. 

Neue scandinavische Flechtenarten (Nouveaux Lichens de Scandinavie); par 
M. Th. Fries (traduit du suédois par M. de Krempelhuber, pp. 508-511, 
537-540). 

Musci novi, quos in Peruviæ meridionalis orientalis provincia Carabaya legit 
D' J.-K. Hasskarl, auctore E. Hampe, pp. 580-582. 

Dalzellia, eine neue Gattung der Commelinaceæ (Le Dalzellia, nouveau genre 
de Commélinacées); par M. J.-K. Hasskarl, pp. 593-595. 

Die Lichenen des frænkischen Jura (Les Lichens du terrain jurassique de 
Franconie); par M. F. Arnold, pp. 596-599. 


The journal of botany, british and foreign, 
edited by B. Seemann. 


Articles non analysés dans le Bulletin. 


Tuber excavatum Vitt. and the other british Truffles (Ze T. excavatum Vitt. 
et les autres Truffes d'Angleterre); par M. M.-C. Cooke, 1865, pp. 137- 
440, avec une planche. 

Boletus cyanescens Bull; par M. M.-C. Cooke, pp. 141-142, avec unc 
planche. y 

Plants used medicinally at Caracas, Venezuela, South America, and their verna- 
cular names (Plantes employées en médecine à Caracas, dans le Véné- 
zuela, Amérique méridionale, avec les noms indigènes de ces plantes); par 
M. A. Ernst, pp. 143-150, 277-284, 306 et sq. 

On the systematic position of the natural order Zrochodendreæ (De la place 
de l'ordre naturel des Trochodendrées dans la série des familles); par 
M. A.-W. Eichler, pp. 150-151. 

On the native country cf Arum canariense (Du pays où croit Ü. Acum cana- 
riense Webb et Berthelot); par M. Ch. Bolle, pp. 153-155. 

OE nanthe fluviatilis; par M. Ch.-C. Babington, pp. 155-156. 

Brizopyrum siculum, found in Ireland (trouvé en Irlande); par M. D. Moore, 
p. 156. 

Erucastrum Pollichii Schimp. and Spenn. as a british plant (plante d'An- 
gleterre) ; par M. W. Carruthers, pp. 169-171, avec une planche. 

Notes on (Notes sur le) Desmarestia pinnatinervia Mont.; par M. J.-E. Gray, 
pp. 171-173. 

Revision of the natural order Hederacew (Révision de Pordre naturel des 
Hédérocées, suite); par M. B. Seemann, pp. 173-181, 265-276, 361-363. 


110 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

On Hedera canariensis as an Irish plant (Ze l’Hedera canariensis £rouvé en 
Irlande); par M. B. Seemann, pp. 201-203, avec une planche. 

Notes on the first leafing and flowering of plants found in the neighbourhood 
of Marlborough (Notes sur la premiere apparition de feuilles et de fleurs 
chez des plantes observées au voisinage de Marlborough); par le rév. T.-A. 
Preston, pp. 203-209. 

Monimiaceæ nove, auctore Alph. De Candolle, pp. 219-220. 

On the morphological constitution of the andræcium of Mentzelia, and its 
analogy with that of certain Rosaceæ (De la constitution morphologique 
de l'androcée du Mentzelia, et de son analogie avec celui de certaines 
Rosacées) ; par M. A. Dickson, pp. 208-218, avec une planche. Voy. le 
Bull., t. xii (Revue), p. 256. 

On the English Mints (Sur les Menthes d'Angleterre); par M. J.-G. Baker, 
pp. 233-256. 

On Orchis mascula with double flowers (Z'Orchis mascula avec des fleurs 
doubles); par M. David Moore, pp. 284-286. 

Contributions to british lichenology ; being notices of new and rare species ob- 
served since the publication of Mudd's manual (Rech rches sur les Lichens 
d'Angleterre, ou notices sur des espèces nouvelles et rares observées 
depuis la publication du manuel de Mudd ); par M. Isaac Carroll, 
pp. 286-293. 

On the nomenclature of the british Hepaticae (Nomenclature des Hépatiques 
d'Angleterre); par M. W. Carruthers, pp. 297-302. | 

New or little-known polynesian Thymeleæ (T'hymélées de la Polynésie, nou- 
velles ou peu connues); par M. Asa Gray, pp. 302-306. 

Observations on the purple Laburnum (Remarques sur le Cytisus Adami); par 
James Backhouse, pp. 323-324. 

On the existence of a second foramen in the legume of Faba vulgaris (De 
l'existence d'un second ostiole dans le fruit du Faba vulgaris); par M. Ar- 
thur B. Church, p. 324. 

Discovery of /nula salicina DC. in Ireland (Découverte de l'Inula salicina en 
Irlande); par M. D. Moore, pp. 333-335. 

On white-flowered varieties of british plants (Des variétés à fleurs blanches de 
plantes anglaises) ; par M. James Britten, pp. 335-337. 

On certain gardens at 4 high elevation in Durham and Northumberland ( De 
certains jardins qu'on rencontre d une altitude considérable duns les com- 
tés de Durham et de Northumberland); par M. J.-G. Baker, pp. 338-339. 

On the occurrence of Cryptotænia canadensis DC. in southern China (De la 
présence du Cryptotenia canadensis dans la Chine méridionale); par 
M. H.-F. Hance, pp. 340-341. 

On the genus (Sur le genre) Brainea J. Sm. ; par M. H.-F. Hance, 
pp. 341-544. : 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. | 141 

On the Orthotricha and the rarer and more interesting species of Mosses found 
near Dailly, in Ayrshire (Sur les Orthotrichum ef les espèces rares et inté- 
ressantes de Mousses trouvées près de Dailly, dans le comté d'A yr); par 
M. John Shaw, pp. 344-348. 

Stations near Plymouth of some plants that are either uncommon , or else new 
to Devon or Cornwall (Stations occupées, près de Plymouth, par des 
plantes rares ou nouvelles pour les comtés de Devon et de Cornouailles); 
par M. T.-R. Archer Briggs, pp. 349-352. 

The Waratah, or native Tulip-tree of new South Wales (Le Waratah, ou le 
Tulipier de la Nouvelle-Galles du Sud, 'Telopea specissima); par M. George 
Bennett, pp. 363-366. 

Official report on the damages caused by the cyclone of the 5th of october 
186^ in the Calcutta botanical garden (Rapport officiel sur les dommages 
causés par l'ouragan du 5 octobre 186h, dans le jardin botanique de 
Calcutta); par M. T. Anderson, pp. 370-375. 


Articles divers. 


Nachtræge und Berichtigungen zu D" H. Leonhardi Die bisher bekannten 
œsterreichische Armleuchter-Gewæchse (Additions et corrections au mé- 
moire de M. le docteur H. Leonhardi intitulé : Les Characées d'Au- 
triche connues jusqu’à ce jour); par l’auteur (Verhandlungen des natur- 
forschenden Vereines in Bruenn, 186^, t. rr, pp. 194-202). Voy. le 
Bull., t. xt (Revue), p. 232. 

Ueber die physiologischen Bedingungen des Chlorophvllbildung (Sur Les con- 
ditions physiologiques de la production de la chlorophylle); par M. Joseph 
Boehm (Sitzungsberichte der K. Akad. der Wissenschaften zu Wien, 
t. Lt, numéro d'avril et mai, première division, pp. 405-418. — Expé- 
riences faites sur des plantes étiolées. La production de la chlorophylle est 
indépendante du développement normal dela plante, puisqu'elle a lieu sur 
des plantes soumises longtemps à l'obscurité. 

Nachtræge zur Flora der Steiermark (Additions à la flore de la Styrie); par 
M. J.-C. Maly (Mittheilungen des naturwissenschaftlichen Vereines fuer 
Steiermark, 2* livraison, pp. 119-153). Gratz, 1864. 

Ueber die Befruchtung der Salvia-Arten mit Huelfe von Insekten (De la fé- 
condation des espèces de Salvia par le concours des insectes); par M. F. 
Hildebrand (Jahrbuecher fuer wissenschaftliche Botanik, t. 1v, ^* livrai- 
son, 1866, pp. 451-578). Voy. le Bull., t. xit (Revue), p. 218. 

Diagnosen neuer Euphorbiaceen aus Cuba ( Diagnoses d’ E'uphorbiacées nou: 
velles de Cuba); par M. Grisebach (Nachrichten von der K. Gesellschaft 
der Wissenschaften und der G. A. Universitæt zu Gœttingen, 1865, 
pp. 161-181). 


149 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ueber Cytisus Adami ; par M. Kurr ( Wuerttembergische naturwissenschaft- 
liche Jahreshefte, XX1* année, 1'* livraison, pp. 61-66). 

Mikroskopische Untersuchung der organischen Substanzen in Brunnen- Wasser 
(Étude microscopique des substances organisées qu'on trouve dans les 
eaux de source); par M. L. Radlkofer (Zeitschrift fuer Biologie, t. I”, 
1'* livraison, pp. 26-37. Munich, 1865. 

Die Keimfæhigkeit des Kiefernsamens und ihre Erprobung (£'rpérimenta- 
tions sur la persistance de la faculté germinative chez les graines de 
Pin); par M. J.-Th. Grunert (Forstliche Bletter, 9° livraison, 1865, 
pp. 65-112). 

‘Traitement et conservation des semences d'arbres; par M. A. Davall (Pulle- 
tin de la Société vaudoise des sciences naturelles, t. viu, pp. 205-211). 

Ueber den Gehalt der Pflanzen an Ammoniak und Salpetersæure (Sur la ri- 
chesse des plantes en ammoniaque et acide nitrique); par M. E. Reichardt 
(Archiv der Pharmacie, 2° série, t. 122, pp. 193-198). 

Leber das Vorkommen und die Bestimmung des Ammoniaks und Salpeter- 
sæure in den Pflanzen (Je la présence et de la détermination de lammo- 
niaque et de l'acide nitrique dans les plantes); par M. A. Hosæus (bid. , 
pp. 198-209). 

Sur une nouvelle phase de la théorie cellulaire et sur le rôle que joue le pro- 
toplasma; par M. J.-B. Schnetzler (Bibliothèque universelle de Genève, 
vol. xxii, pp. 15-29). 

Conjugations of (Conjugaison des) Navicula serians, N. rhomboides and 
Primularia gibba; par M. H.-J. Carter (The Annals and magazine of 
natural history, 3° série, XV, 1865, pp. 161-175, avec une planche). 

Flore analytique des genres et espèces appartenant à l'ordre des Mousses, pour 
servir à leur détermination dans les départements du Rhóne, de la Loire, 
de Saône-et-Loire, de l'Ain, de l'Isère, de l'Ardéche, de la Drôme et de la 
Savoie; par M. L. Débat (Annales de la Société Linnéenne de Lyon, 
t. x, année 1863, publié en 1864, pp. 405-599) (1). 


Piante nuove asiatiche (Plantes nouvelles d'Asie); par M. Ant. Bertoloni 
. (Memorie della Accademia delle scienze dell” Istituto di Bologna, sér. 11, 
t. I0, fasc. ^, pp. 417-425, avec 6 planches). 


Observationes lichenologicæ; par M. Edw. Tuckermann (Proceedings of the 
american Academy of arts and sciences of Boston, vol. xt, p. 287). 

Synopsis of north-american Gaurineæ; par M. J.-T. Rothroek (/Zbid., 
pp. 347-354). 


(4) Nous n'avons pas vu cette publication, qui parait fort importante. Il est trés-regret- 
table que des travaux publiés à Lyon ne parviennent à notre connaissance que par l'in- 
termédiaire des journaux allemands qui les signalent. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 143 


On Ammobroma, a new genus of plants, allied to Corallophyllum und Pho- 
lisma (Sur l'àAmmobroma, nouveau genre de plantes, voisin du Corallo- 
phyllum ^ du Pholisma); par M. John Torrey (Annals of the Lyceum of 
natural history of New-York, vol. viu, pp. 50-57, avec une plauche). 

Dayern's flora (Flore de Bavière); par M. Besnard. In-16 de xx et 478 pages. 
Munich, 1866. 

Beschreibung der in der homæopathischen Pharmacopæ aufgenommen Pflanzen, 
nebst dreihundert Tafeln. natargetreu colorirter Abbildungen ; der Angabe 
ihrer Standorte, ihrer zur Verwendung kommenden Theile und ihrer An- 
wendungsweise, sowie derjenigen stendigen Krankheitsformen, in denen 
sie sich heilkraftig erwiesen haben ( Description des plantes employées 
dans la pharmacie homæopathique, avec trois cents planches de figures 
coloriées d'après nature, l'indication de leur station, de celles de leurs 
parties usitées et de leur mode d'emploi, ainsi que des formes de maladie 
déterminées dans lesquelles elles se sont montrées efficaces); par M. H. 
Goullon, médecin privé de S. A. le grand-duc de Saxe. 1*' fascicule; 
in-4°; 16 pages de texte et 5 planches, représentant les Clematis recta, 
Anemone pratensis, Helleborus niger, Aconitum Stærkianum et Pæonia 
officinalis. Leipzig, chez W. Bænsch, 1865. L'ouvrage sera complété en 
60 livraisons, à 15 Ngr. la livraison. 


NOUVELLES. 


— Hugh Cuming, le naturaliste auquel la science a dû tant de précieuses 
collections, est mort le 10 aoüt dernier en Angleterre. On calcule que les 
échantillons de plantes sèches rapportées par lui de ses nombreux voyages dans 
l'archipel indien, à Sainte-Hélène et dans l'Amérique du Sud, s'élévent à en- 
viron 130 000. Il faut y joindre, pour rappeler ses titres à la reconnaissance 
des savants, une collection de coquilles extrêmement importante; il avait 
encore rapporté de ses voyages des poissons, des annélides, des insectes, qui 
ont été distribués dans différents Musées. Un grand nombre des plantes de 
Cuming ont été déjà étudiées; cependant, il n°v a pas d'années où l'on n’en 
décrive encore quelques-unes comme nouvelles. Le nom de Cumingia a été 
donné par D. Don à un genre d'Asphodélées. Plusieurs espèces portent aussi 
le nom de cet intrépide collecteur. 

— M. Hermann Wendland a proposé au dernier congrés des naturalistes 
allemands, qui a eu lieu à Hanovre, une nouvelle classification des Palmiers, 
que nous trouvons dans le Journal of botany de M. Seemann (numéro de 
décembre 1865), et que nous nous faisons un devoir de reproduire : 


Subordo 1. ARECACE X. — Semina endocarpio affixa solummodo per hilum 
vel per rhaphidem. 
Tribus J. Arecineze. — Semina extus conversa. 
Subtribus I. Euarecineg, — Ovarium 1-loculare, 1-ovulatum. 


144 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Subtribus IL. Arecoideæ. — Ovarium 3-loculare vel 3-carpellare, 3-ovu- 
lare. 

æ. Frons pinnatisecta, segmentis retrorsum conversis. 

GB. Frons pinnatisecta v. bipinnatisecta, segmentis intus conversis. 

y- Frons flabelliformis. 


Tribus IT. Lepidocoryneæ. — Semina intus conversa. 
Subtribus I. Calamecæ. — Ovarium imperfecte 3-loculare. 
Subtribus IT. Raphieæ. — Ovarium absolute 3-loculare. 


a, Euraphieæ. — Frons pinnatisecta. 
b. Mauritieæ. — Frons flabelliformis. 
Subordo II. COCOINEÆ. — Semen absolute, vel excepta linea dorsali cava, 


endocarpio coanexa. 


Tribus I. Borassineæ. — Drupæ libera. 
Subtribus I. /Vipacee. — Ovarium 3-carpellare. 
Subtribus II. £uborassinæ. — Ovarium e carpellis in unum coalitis con- 
stitutum. 
Tribus II. Eueocoinese. — Drupa 3-6-locularis. 


Collections de plantes à vendre. 


— M. le professeur Henri van Heurck, 396, Vieille-route, à Berchem- 
Anvers, publie un herbier des plantes rares ou critiques de Belgique. Quatre 
fascicules de 50 plantes sont publiés. Le cinquième paraîtra en décembre pro- 
chain. Le prix du fascicule est de 10 francs. 

— Nous avons déjà annoncé (t. xir, Revue, p. 192) la publication des 
plantes de Corse entreprise par M. P. Mabille sous le titre d' Zerbarium cor- 
sicum. La premiere centurie en a déjà paru. Il sera distribué au moins une 
deuxième centurie durant l'automne prochain. On trouvera dans chaque cen- 
turie des plantes des différentes parties de l'ile, trente plantes spéciales au 
moins, dix espèces nouvelles ou critiques, soixante espèces méditerranéennes 
ou rares. Il ne reste plus à présent que cinq exemplaires de la première cen- 
turie. 

Les souscripteurs recevront gratuitement le cahier d'annotations qui doit 
accompagner l Herbarium corsicum. 

Nous rappelons que le prix de la centurie est fixé à 20 francs. Les frais de 
port restent à la charge des souscripteurs. S'adresser à M. Jules Mabille, rue 
et ile Saint-Louis, 64, à Paris. 


D: EUGÈNE FOURNIER, 


Paris. — Imprimerie de E. MaRTINET, rue Mignon, 9, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 


(q4UILLET-AOUT 1866.) 


N. D. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans celte Revue chez M. J, Rothschild, libraire 
de lz Société botanique de France, rue Saint-André-des-Arls, 43, à Paris. 


Ueber den Bilucibenbau der Eamariaccen, Crucifcren 
und einiger Capparideen (Sur la structure florale des Fumaria- 
cées, des Crucifères et de quelques Capyaridécs); par M. A.-W. Eichler, 
de Munich (Flora, 1865, n° 28, 29, 32, 33, 34 et 35, pp. 433-444, 
A^49-A60, 497-508, 513-521, 529-536, 545-550, avec cinq planches). 


Ce travail, préparé par M. Eichler à l'occasion de sa collaboration au Flora 
brasiliensis de M. de Martius, peut être regardé comme un extrait de cet ou- 
vrage. Il présente un grand intérêt par le soin avec lequel y sont présentés 
les documeuts historiques et par les observations propres de l'auteur. 

On distingue, chez les Fumariacées, trois types floraux. Le premier est le 
type des genres à deux éperons : le Dicentra et Adlumia. Dans leurs fleurs, 
on trouve, à la partie inférieure. de l'axe floral, à droite et à gauche de la 
bractée, et habituellement opposées, deux bractéoles; au-dessus, un calice 
formé de deux petites folioles caduques, croisées avec les bractéoles, et, par 
conséquent, antéro-postérieures. La corolle est composée de deux paires de 
folioles : la paire extérieure, ou inférieure, croise la direction du calice; 
concave seulement dans Adlumia, elle s'élargit en deux saccules opposés 
dans le Dicentra; la paire intérieure, plus petite et très-différente de formes, 
enferme les organes sexuels. L'androcée est, comme oa le sait, divisé en deux 
faisceaux de trois étamines, opposés aux pétales intérieurs ; on connait la dis- 
position spéciale de leurs anthères. H se trouve, en outre, à la base de l'éta- 
mine moyenne de chaque faisceau, une glande nectarifere qui se prolonge en 
dehors, plus ou moins profondément, dans la concavité du pétale inférieur (1). 
Dans le Dicentra spectabilis, la glande se développe entre l'étamine et l'ovaire, 
de sorte qu'elle refoule et recourbe le filament en dehors et en bas. 1l se pré- 
sente ici, on le voit, les mêmes variétés que dans la fleur des Crucifères. Le 
pistil enfin est formé de deux carpelles latéraux, par rapport à l'axe de la fleur; 
lcs stigmaf:s correspondent à l'extrémité des valves et. non, comme dans les 
Papavéracées et les Crucifères, à celle des placentas. On voit, par conséquent, 


(1) Dans l’Aubrielia erubescens Griseb., il existe de même deux glandes dont le pro- 
longement bilobé descend, au-dessous du torus, dans la concavité des sépales latéraux. 
T: EHE (REVUE) 10 


116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 
que la fleur de ces genres est divisible en deux moitiés symétriques par deux 
plans : l'un antéro-postérieur et l'autre transversal. 

Les genres à un seul éperon : Corydallis, Fumaria et Sarcocapnos, n'ont 
qu'une seule glande, d'un cóté de la fleur, et par conséquent qu'un seul 
éperon floral; cette irrégularité se présente méme dans la fleur terminale du 
Corydallis glauca Pursh. Il faut ajouter que les bractéoles florales manquent 
en général chez les genres de ce deuxième type. 

Le troisième type est offert par le genre Z/ypecoum, qui, d'apres l'auteur, 

est rapporté avec raison aux Fumariacées dans la plupart des travaux récents. 
` Ici, il existe de chaque côté de la feuille-mère deux bractéoles opposées, puis 
deux sépales opposés aux bractéoles, deux pétales extérieurs et deux intérieurs, 
comme précédemment, mais les pétales sont plans ou peu concaves, non épe- 
ronnés, de plus, les extérieurs sont trilobés, et les intérieurs fendus presque 
jusqu'à la base en trois parties, dont la médiane a la conformation d'une an- 
thére. Enfin, il existe quatre étamines opposées chacune à un des éléments de 
la corolle; chaque filament porte une anthère biloculaire, et est muni de cha- 
que cóté de sa base d'une glandule. Quant aux cloisons transversales de l'ovaire, 
qui semblent éloigner ce genre de la famille des Fumariacées, elles ne se pro- 
duisent que pendant la maturation des graines. 

Le genre Pteridophyllum Sieb. et Zucc. présente, d'apres la description et 
;e diagramme de ces auteurs ( Abhandl. der Muench. Akad. 11, 719, t. 1), un 
androcée à quatre éléments qui alternent avec ceux de la corolle, et un gyné- 
cée dont les carpelles sont, l'un antérieur, l'autre postérieur. I} ne saurait 
donc appartenir à la famille des Fumariacées, oà l'ont placé MM. Bentham et 
Hooker. Le port de cette plante est celui de beaucoup de Zygophyllées. Il n'en 
existe à Leyde, dans l'herbier de Siebold, que des échantillons dépourvus de 
fleurs. 

La difficulté d'interpréter la constitution florale des Fumariacées conformé- 
ment aux principes de la morphologie végétale, a produit cinq théories diffé- 
rentes. De Candolle a considéré la fleur de ces plantes comme disposée sur le 
type binaire ; d’après lui, les étamines uniloculaires provenaient de la dissocia- 
tion de deux étamines biloculaires, antérieure et postérieure. Ces opinions 
ont été très-généralement approuvées, notamment par MM. A. de Saint- 
Hilaire, Moquin-Tandon, Lindley, Parlatore, Hammar et Wydler. Ce dernier 
a fait remarquer que, dans les fleurs virescentes de Fumariacées, on trouve, 
en effet, à la place des étamines uniloculaires, des folioles formées symétrique- 
ment, l'une par rapport à l'autre, d'un demi-limbe (Z7ora, 1859). M. Kirsch- 
leger (Flora, 1854, p. 545) a aussi observé, dans une fleur virescente de 
Dicentra spectabilis, deux étamines extérieures entières et deux intérieures 
fendues en deux filaments porteurs chacun d'une anthère uniloculaire. 

M. J. Gay (Ann. $c. nat. 2, XVII, p. 214) a proposé des opinions différentes 
sur l'androcée des Fumariacées, qui se compose, d'apres lui, de deux verti- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 147 
cilles à quatre éléments, de constitution différeute. Le verticille extérieur serait 
réduit à deux étamines biloculaires latérales, par avortement de deux de ses 
éléments; le verticille intérieur serait complet, mais composé d'étamines uni- 
loculaires. M. Gay adopte une interprétation. analogue pour l'androcée des 
Cruciferes (1). 

M. Krause (EZin/ge Bemerkungen ueber den Blumenbau der Fumariaceæ 
uud Cruciferco, Bot. Zeit., 1846, p. 121) adopte une manière de voir assez 
rapprochée de la précédente. Il y aurait aussi, pour lui, deux verticilles stami- 
naux chez les Fumariacées; le verticille extérieur ne comprendrait que deux 
éléments, et le verticille intérieur quatre, à anthères uniloculaires. Il affirme 
qu'il a vu les étamines uniloculaires naître par des mamelons isolés. 

La quatrième théorie est due à M. Asa Gray (Genera flore Americe bor. - 
orient. illustrata 1, p. 1485; Botanical Text- Book, 3° édit. p. 251). Il con- 
sidere chaque faisceau staminal des Fumariacées comme l'équivalent d'une 
seule feuille. Les recherches organogéniques de M. Payer parlent en faveur de sa 
théorie, car les étamines de chaque faisceau ont été vues par l'auteur francais 
naître d’un mamelon unique, primitivement simple; ces résultats sont di- 
rectement opposés à ceux des observations de M. Krause. Mais ni M. Asa 
Gray, ni M. Payer n'ont cherché à expliquer la difficulté qui naît, dans leur 
théorie, de la superposition des carpelles aux éléments de l'androcée. 

La cinquième théorie est celle de Bernhardi (Ucber den Charakter und 
Verwandtschaft der Papaveraceen und Fumariaceen,in Linnæa vit, 1833, 
p. 401). D’après Bernhardi, bien que le calice soit à deux éléments dans les 
Fumariacées, la corolle est tétramére. Mais ses éléments sont fendus sur leur. 
ligne médiane, et chacun d'eux soudé avec la moitié de son voisin; l’androcée, 
resté normal chez les 77ypecoum, a les éléments antéro-postérieurs fendus sur 
la ligne médiane, dissociés et joints par moitié aux éléments latéraux. Cette 
théorie artificielle et hasardée n'a plus guère qu'un intérêt historique. 

Voici maintenant le résultat des observations personnelles de l'auteur. Il a 
étudié soigneusement le développement des fleurs des Fumariacées. Elles se 
présentent, à leur premiere origine, sous forme d'un mamelon celluleux hémi- 
sphérique qui apparaît dans l'axe d'une bractée triangulaire concave. Les pre- 
mières traces de folioles qui apparaissent sur ce mamelon sont, chez le Di- 
centra. et l'Adlumia, comme aussi dans les fleurs inférieures du Corydallis 
glauca, celles des bractéoles, dont la première se montre tantôt à droite, tantôt 
à gauche; quelquefois, par exemple dans les fleurs supérieures du Corydallis 
glauca, il n'existe jamais aucune trace de ces appendices. A cette circonstance 
prés, le développement des fleurs est le méme dans les deux cas. Le sépale 
antérieur apparait constamment le premier ; tandis que les éléments des verti- 


(1) Malgré la grande différence qui existe entre deux familles qui offrent dans leur 
fleur l'une le type binaire, l'autre le type quaternaire. 


148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

cilles corollins se montrent simultanément dans chacun d'eux. Presque au 
méme moment que le verticille interne de la corolle, on observe l'apparition 
de deux bourrelets semi-lunaires, circonscrivant entre eux un espace ellipti- 
que; ces bourrelets deviennent trilobés par la suite de leur développement ; 
le lobe médian de ce bourrelet, d'abord plus petit que les lobes latéraux, les 
surpasse promptement dans son développement. Bientôt, il se montre encore, 
entre les extrémités des bourrelets semi-lunaires, un nouveau mamelon, au 
moment où ceux-ci se divisent en lobes. Ordinairement , cette formation s'ar- 
réte; ce n'est que dans un seul cas que l'auteur en a observé un développe- 
ment ultérieur. Pour la naissance du pistil, le tissu qui forme l'extrémité de 
laxe se relève de chaque côté autour de cette extrémité méme, ce qui forme - 
comme un enfoncement quadrilatéral ; il en résulte promptement les deux car- 
pelles qui s'allengent pour former le style et les deux lèvres du stigmate. 

L'auteur, qui a confirmé les recherches organogéniques de M. Payer, est, 
par conséquent, conduit à adopter la théorie de M. Asa Gray. Il est remar- 
quable qu'en découvrant la trace d'un deuxieme verticille staminal, qui reste 
avorté, il a fait disparaître la difficulté de la superposition des carpelles au ver- 
ticille staminal. La maniere de voir qu'il a adoptée n'est d'ailleurs qu'une légère 
modification de celle de De Candolle. Il fait remarquer combien l'interpréta- 
tion qu'il croit conforme au fait s'accorde avec la structure, ea apparence 
anomale, du genre ÆZypecoum ; ici, les mamelons latéraux qui bordent les 
bourrelets semi-lunaires se soudent deux à deux en s'isolant de ces bourrelets, 
et donnent naissance à deux étamines biloculaires qui paraissent antérieure et 
postérieure. Cette soudure, constatée par l'observation, n'est pas seulement 
supposée ou affirmée pour le besoin de la théorie. Il faut ajouter que la trilo- 
bation des pétales de l’Æypecoum cadre bien avec celle des bourrelets stami- 
naux des Fumariacées. Les faits de virescence observés sur des Fumariées par 
M. Kirschleger et par M. Wydler s'expliquent également bien par la théorie 
de M. Eichler; dans ces faits, les étamines présenteraient, d'aprés l'auteur, 
l'état intermédiaire entre le type des Fumariées et celui de l'Zjpecoum. En 
d'autres termes, tandis que De Candolle a pensé que les étamines antéro-pos- 
térieures du type de l Zypecoum se dédoublent pour contribuer à former les 
faisceaux staminaux des Fumariées, ce sont, au contraire, ces faisceaux qui 
existent. primitivement et se détriplent pour contribuer à la formation des 
étamines antéro-postérieures de l //ypecoum. 

Ensuite l'auteur s'occupe du développement de l'éperon des Fumaria et 
des Corydallis, et il critique le mémoire publié par M. Godron sur ce sujet, 
dont nous avons rendu compte (1). Selon M. Eichler, le savant professeur de 
Nancy a négligé plusieurs considérations dans sa théorie. Quand deux bour- 
geons sont comprimés lun contre l'autre, comme M. Godron l'a indiqué, l'un 


(1) Voyez le Bulletin, t. NL (Revuc), p. 278. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE? 149 


résiste tout autant que l'autre, et si la pression devait empêcher la production 
d'un éperon d'un cóté, il ne devrait en naitre aucun surla fleur, et la grappe en 
devrait étre complétement dépourvue. D'un autre. cóté, comme la grappe est 
d'autant plus lâche qu'on la considère plus inférieurement, si la pression devait 
être moins grande sur le côté d'une fleur, pendant sa formation, ce devrait 
être du côté inférieur de cette fleur (par rapport à sa situation dans la spirale 
de l'inflorescence), et les fleurs devraient être éperonnées toutes du méme 
côté, tandis qu'elles le sont tantôt à droite et tantôt à gauche, mais sans une 
grande régularité. L'auteur avoue d'ailleurs ne pas pouvoir substituer d'expli- 
cation à l'hypothese de M. Godron qu'il rejette. 

Relativement aux Crucifères, l’auteur entame de même l'exposé historique 
de la question. De Candolle à d'abord, dans la deuxième édition de sa théorie 
élémentaire, regardé la fleur de ces plantes comme formée morphologiquement 
de trois fleurs, doat deux seraient réduites chacune à une étamine, et seraient 
ainsi l'origine des deux étamines latérales. Cela était établi sur une monstruo- 
sité observée par Aug. de Saint-Hilaire. Plus tard, l'illustre savant de Genève, 
dans son mémoire sur la famille des Cruciferes, adopta la théorie d'un andro- 
cée à quatre éléments, dont deux seraient dédoublés sur la ligae médiane, et 
d'une fausse cloison formée par le prolongement des quatre placentas, soudés 
deux à deux, suivant l'axe du fruit. Cette. théorie a été adoptée par Seringe 
(Bull. bot. 1830, p. 112), Aug. de Saint-Hilaire et Moquin-Tandon (Avn. sc. 
nat. 1, XX, 318), Moquin-Tandon et Barker Webb (Zond. Journ. of bof. 
vol. vit, p. 1, et Mém. de l’Acad. de Toulouse, vol. v, p. 364) et Asa Gray 
(loc. cit.). Lestibeudois et Seringe ont observé sur le Cheiranthus Cheiri le 
dédoublement des étamines latérales. Robert Brown ( Plante javanree ra- 
riores, pp. 107 et sq.) a regardé le stigmate placentaire comme formé par la 
réunion de deux moitiés de stigmates carpellaires. M; Trécul (Ann. se. naf. 
2, xx, 342) a montré que la cloison est réellement simple. Plusieurs auteurs 
ont fait voir que le nombre des carpelles, réduit ordinairement à deux, résulte 
d'un avortement. Steinheil a cru la fleur des Cruciferes constituée sur le type 
binaire; d’après lui, les deux pétales de la corolle se dédoubleraient en quatre. 
(Ann. sc. nat. 2, xu, 337). Sa théorie du dédoublement staminal a recu des 
recherches organogéniques de M. Payer une confirmation directe. 

Malgré cela (nous suivons M. Eichler), des explications tout à fait opposées 
aux précédentes ont été émises par Lestiboudois (Obs. phyt., p. 5), Lindley 
(Introd. to bot. ed. 1, p. 14; Veget. Ainyd. p. 351), Kunth (Ueber. die 
Bluethenentwickelung und F'ruchtbildung der Crucifercn), et adoptées par 
J. Gay (loc. cit.), €. Schimper ( Mém. du congrès scientifique de France, 
10° sess., Strasbourg, 1845, t. 11, pp. 63 et sq.), Wydler (Flora, 1859, 
p. 296), Chatin (Bull, Soc. bot. Fr. vin, 370 et 471) et Godron (Ann. sc. 
nat. 5, 11, 281). D'après ces auteurs, l'androcée serait double, et deux éta- 
mines antéro postérieures auraient avorté dans le verticille staminal extérieur ; 


450 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


il n'y aurait aucun dédoublement. Lindley a supposé constants quatre car- 
pelles, dont deux seraient stigmatifères. Les recherches de M. Chatin se trou- 
vent d'accord avec celles, plus anciennes, de Krause (Bof, Zeit., 18^6, 
p. 142) et de M. Duchartre (Revue botanique, 18^6, t. 11, 207). Krause a 
supposé un verticille staminal extérieur à deux éléments seulement. Bernhardi 
(Ueber den Bluethen- und Fruchtbau der Cruciferen in Flora, 1838, 
p. 129) a pensé qu'il existe un verticille extérieur de quatre étamines, et un 
intérieur de huit, parce qu'il comprenait là-dedans les glandes. Nous avons 
rendu compte des hypotheses de M. Smith et de M. Clarke (1). 

L'auteur rapporte ensuite ses propres observations. Il a remarqué dans di- 
verses espèces du genre Lepidium, relativement au nombre des étamines, les” 
phénomènes les plus variables, dont beaucoup étaient déjà connus. T} montre 
que ces faits pourraient presque s'expliquer également par la théorie du dé- 
doublement ou par celle de l'avortement des deux étamines antéro-postérieures 
du verticille extérieur. 

Ensuite, il décrit longuement des monstruosités observées par lui sur le 
Cleome spinosa, et dans lesquelles le verticille staminal extérieur était complété 
par des appendices tantôt foliacés, tantôt staminifères, placés sur le plan 
antéro-postérieur de la fleur. Il en existait deux en devant, deux en arrière, 
comme s'ils résultaient encore d'un dédoublement; les anthères en étaient bi- 
loculaires. L'auteur croit, avec ces faits, avoir réellement prouvé l'existence 
des dédoublements chez les plantes dont il s'agit. Puis il expose les obser- 
vations organogéniques qu'il a faites principalement sur le Lepidium latifo- 
lium, V'Erucaria aleppica, le Nasturtium amphibium et le Matthiola annua. 
Il a vu les sépales médians naître avant les sépales latéraux, et les étamines 
latérales avant les faisceaux staminaux primordiauz, antérieur et postérieur, 
lesquels se divisent très-promptement chacun en deux mamelons, origines des 
grandes étamines. Aussi regarde-t-il le calice comme formé par deux verti- 
cilles d'âge différent, ainsi que l'androcée. Cependant, il reconnait la corolle, 
dont les éléments apparaissent simultanément, pour un verticille unique; il 
n'a jamais reconnu que deux carpelles dans la fleur, à quelque époque de son 
développement qu'il l'étudiàt. Contrairement aux observations de M. Trécul, 
il admet que chaque lame émanée d'un placenta pour former la cloison se 
compose, comme De Candolle l'avait dit, de deux lamelles. 

L'auteur décrit accidentellement un dimorphisme fort curieux observé sur 
les fruits du Cardamine chenopodifolia Camb. , du Brésil. Outre ses fruits 
normaux et semblables à ceux du genre, cette espèce en présente qui croissent 
sur de longs pédoncules, à l'aisselle des feuilles radicales de la plante, sont 
ovales-lancéolés, plus courts et plus larges que les autres; ils ne contiennent 
que deux graines dont une seule parvient à maturité, 


(4) Voyez le Bulletin, t. XII (Revue), pp. 120 et 121. 


KEVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 151 


Quant aux Capparidées, l'auteur a reconnu qu'il naît également chez elles 
deux mamelons staminaux latéraux, puis deux médians, qui se divisent d'abord 
chacun en deux, puis en plusieurs autres. Il pense qu'il en est de méme, parmi 
les Cruciféres, chez le Hegacarpæa. Il trouve donc aussi un double calice et 
un double androcée chez les Capparidées. 

Comme Robert Brown, il regarde le stigmate des Crucifères comme formé 
de deux moitiés qui se séparent l'une de l'autre pour se souder chacune à une 
moitié du stigmate opposé et former le stigmate placentaire. TI émet la méme 
opinion au sujet du stigmate des Capparidées. 


Be'trægc zur Kenntniss fossiler Cyendeen (Recherches sur 
des Cycadées fossiles); par M. H.-R. Geeppert. In-8° de 7 pages. 


On trouve dans cette brochure la description du Cycadites Taxodium, ren- 
contré en Silésie dans les schistes à Productus et à Spirifer, du Cycadites 
qyrosus, de Pterophyl'um gonorrhachis Gœpp., de la formation carbonifère 
et du méme pays, et du Zamites arcticus, des schistes de la formation mio- 
cene du Greenland; cette dernière plante offre évidemment un haut intérêt 
paléontologique. 


Chrysomyxa Abielis Ung. und die von ihr verursachte 
Wichtennadel-Krankheit (Le Chrysomyxa Abietis Ung. et [a ma- 
ladie qu'il cause dans les feuilles du Sapin); par M. Max Reess (Bota- 
nische Zeitung, 1865, nn. 51 et 52, pp. 385-388, 393-396, avec une 
planche). 


Voici le résumé, tracé par l'auteur lui-méme, de ses observations : 

1. La maladie des feuilles du Sapin nommée faches jaunes, et les phéno- 
mènes pathologiques qui s'y rattachent, sont causés par un Champignon dela 
classe des Urédinées, dont le développement dure deux ans: le Chrysomyxa 
Abietis Unger. 

2. La fructification du Chrysomyxa consiste en téleutospores qui, au prin- 
temps, s'allongent en promycélium ; sur celui-ci, des sporidies se forment à 
l'extrémité des stérigmates et se séparent par étranglement, de la méme ma- 
nière que toutes les formes de téleutospores des Urédinées. Les spores en 
navette du Sphæria navicularis Wallr. , rapportées par Stein au Chrysomyxa, 
n'ont aucun rapport avec les organes reproducteurs de ce genre, et n'ont 
aucune influence sur le développement des taches jaunes. 

3. Les sporidies du Chrysomyxa produisent en germant des utricules qui 
pénètrent à travers i'épiderme des feuilles pendant la première année du 
développement de celles-ci, et elles forment, jusqu’à l'hiver suivant, sous 
l'épiderme, une nouvelle couche fructipare de CArysomyxa, qui se fait jour 
au printemps à travers cet épiderme. 

^A. Comme le parasite se montre peu fréquemment, mais sur une zone 


152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


géographique trés-étendue, il faudra s'adresser aux hommes *péciaux pour 
apprendre des détails précis sur les maux qu'il occasionne. 


Uehbersichtliehe Zusammenstellang der Arten der Gat- 
tung Cousinia Cass. (Revue et groupement des espèces du genre 
Cousinia Cass. ); par M. A. de Bunge (Mémoires de l'Académie impériale 
des sciences de Saint -Pétersbourg, VIIe série, t. IX, n. 2, 1865). 


Au commencement de ce siècle, Cassini ne connaissait qu'une seule espèce 
du genre Cousinia, si répandu en Orient; en 1858, Szovitz ct Aucher-Éloy ea 
avaient fait connaitre trente-quatre, recueillies principalement en Perse; 
MM. Kotschy, Griffith et de Bunge ont étendu ce nombre à 126, dont les deux 
tiers se rencontrent en Perse. C.-A. Meyer et De Candolle ont distribué 
toutes les espèces de ce genre en trois sections caractérisées par la forme et la 
direction des écailles de l'involucre. Ces moyens ne suffisaient plus pour la 
division du genre, aprés un tel accroissement. M. de Bunge en a réparti les 
espèces dans vingt-trois groupes qu'il regarde comme naturels; voici sur quels 
caractères il s'est appuyé pour les constituer : les variations offertes par le dé- 
veloppement des paillettes sur le réceptacle floral ; la structure de l'akéne, qui 
manque souvent d’aigrette ; les appendices qu'on remarque à la base des 
anthères ; les prolongements qu'on observe à leur sommet; la coloration de la 
corolle ct du tube formé par la réunion des anthéres; le nombre des fleurs 
d'un capitule ; la forme et la direction des écailles de l’involucre ; et enfin le 
port. 

L'auteur donne une diagnose du genre Cousinia, une revue analytique des 
vingt-trois groupes qu'il y reconnait, puis la description de ces groupes et 
des espèces nouvelles, et des remarques critiques. Un index termine le mé- 
moire. 


Die unterscheidenden Merkmale der dentschen Pflan- 
zen-Familien und Geschlechter (Les caractères différentiels 
des familles et des genres de plantes d'Allemagne); par M. S. Lantzius- 
Beninga. 1'* livraison, contenant les familles et les genres des Dialypétales 
et des Gamopétales à ovaire infère. Deux volumes in-8°; l'un de texte, 
l'autre de planches lithographiées. Geettingue, chez Ad. Reute, 1866. Prix : 
10 francs. 


Cet ouvrage, s'il n'était écrit tout entier en allemand, serait de nature à 
rendre de grands services à tous ceux qui commencent à étudier les plantes 
d'Europe. Il se compose d'une suite de tableaux synoptiques conduisant gra- 
duellement, par l'application de la méthode de Lamarck à la détermination des 
genres. Le texte proprement dit se réduit à l'explication des planches, oü les 
dessins sont trés-nombrenx, assez pour reproduire les caractéres de chaque 
fumille et le trait diagnostique de chaque genre. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 153 


Flora brasiliensis. Enumeratio plantarum in Brasilia hactenus detec- 
tarum, etc., quam edidit C.-F.-Ph. de Martius. Fasciculi XXXIX-XT. In- 
folio, déc. 1865. Prix : 54 francs. 


Le fascicule 39 renferme l'exposition des Capparidées, des Crucifères, des 
Papavéracées ct des Fumarlacées, traitée par M. Eichler. Comme nous avons 
analysé plus haut, et assez longuement, un mémoire important publié ré- 
cemment par M. Eichler sur la morphologie de ces quatre familles, nous 
n'avons que peu de chose à dire sur sa participation au Flora brasiliensis de 
M. de Martius. La famille des Capparidées est représentée au Brésil par sept 
genres : Dactylæna, Physostemon, Cleome, Gynandropsis, Crateva, Steri- 
phoma et Capparis. Le genre Cleome y contient 34 espèces. M. Eichler a 
développé son sujet plus qu'il. ne lui était nécessaire, puisqu'il a inséré dans 
son travail une monographie des Capparis d'Amérique. Les Cruciféres sont 
représentées par les genres Nasturtium, Cardamine, Vesicaria, Sisymbrium, 
Erysimum, Brassica, Sinapis, Capsella, Senebiera, Lepidium, Rapistrum 
ct Raphanus ; mais la p'upart des espèces en doivent être considérées comme 
introduites au Brésil. Les Papavéracées ne sont représentées que par l'Argc- 
mone mexicana; les Famariacés par les Fumaria officinalis et capreo- 
lata. Quinze planches sont consacrées à l'illustration des monographies de 
M. Eichler. 

Le fascicule 40 contient l'exposition de la géographie botanique et des usages 
des Apocynées, par M. de Martius, et la monographie des Gentianées du 
Brésil, traitée par M. Aug. Progel. . 

Les Gentianées sont représentées, au Brésil, par les genres Dejanira, Zy- 
gostiqma, Schultesia (1h esp.), Xesteea, Coutoubea, Microcala, Cicendia, 
Schucbleria, Voyria (21 esp.), Voyriella, Hockinia, Pagæa, Irlbachia, 
Brachycodon, Lisianthus (12 esp.), Tachia, Prepusa, Limnanthemum. 
Onze planches sont consacrées à l'illustration du travail de M. Progel. 


Ewpüigychiun, Nuscorum  neo-caledonicorum gcnus 
novum, cé genus Spéridens revisum spceeieque nova 
nuetum; exposuit W.-Ph. Schimper. In-4° de 10 pages, avec trois plan- 
ches lithographiées. Prix : 4 francs. 


Voici la diagnose du nouveau genre : 

Musci pleurocarpi proceriores, caule ligneo simplici rarius dichotomo 
arcuato erecto e basi prolifero dense folioso, foliis homomorphis plurifariis so- 
lidiusculis ecostatis, anguste vermiculato-arcolatis; floribus dioicis; sporangio 
perichætio polyphyllo immerso; vaginula propria nulla; calyptra magna omnino 
Levi mitræformi, margine lobato introflexo; capsula brevissime pedicellata basi 
truncata, oblongo-cylindrica, operculo instructa magno acuminato-ovali, an- 
nulo nullo, peristomio duplici magno, externi dentibus lineali-lanceolatis, 


151 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


crassis, solidis, confertim trabeculato-articulatis, dorso linea divisurali latius- 
cula exaratis, interni membrana basilari sedecies carinato-plicata in processus 
integros dentibus paulum breviores continua. 

Après avoir décrit l'Zuptyehium neo-caledonicum, M. Schimper donne une 
diagnose nouvelle du genre Spiridens, puis il décrit les Spiridens Rein- 
wardti Nees, Sp. longifolius Lindb., Sp. Balfourianus Grev., et Sp. Vieil- 
lard i, espèce nouvelle dont voici la diagnose: 

Caule simplici raro apicem versus parce ramoso. Foliis e basi paulo minus 
longe vaginante margine remote dentato patulis, subrigidis, facillime deciduis, 
longe subulatis, remotius dentatis, summa subula e costa excedente efformata 
integris, dentibus minoribus e singula vel e duabus cellulis effiguratis. Flo- 
vibus masculis pentaphyllis. Perichetii polyphylli foliis inferioribus brevi- 
cuspidatis, superioribus e basi valde dilatata subito fere setaceis, integerrimis. 
Capsula in pedicello vaginulam longitudine æquante ovato-oblonga, leniter in- 
curva, solida, castanea, operculo convexo-conico bevirostro. Peristomii den- 
tibus 1/4 longitud. capsulæ metientibus pallide luteis, siccitate erecto-paten- 
tibus, apice inflexis; interni membrana basilari ad medios dentes porrecta, 
dehinc in processus integerrimos dentes paululum superantes inque cilia sin- 
gula vel binata breviora soluta, dentibus concoloribus; sporis 3/100 mm. 
metientibus ferrugineis. - 


Flora vitiensis; auctore B. Seemann. In-A^, part Iv, pp. 121-144, 
pl. XXXI-XL 


Ce fascicule contient l'exposition des Rubiacées et le commencement de 
celle des Composées. On remarque, dans la premiere. de ces deux familles, le 
genre nouveau Pelagodendron, voisin du Griffithia, du Gymnopachys et du 
Randia, desquels il diffère par son calice à tube irrégulièrement fendu après la 
floraison, son stigmate épais bilobé et ses graines horizontales. On y remarque 
encore plusieurs espèces nouvelles : Gardenia vitiensis Seem., G.? pentago- 
nioides Seem., fPelagodendron vitiense Seem., Lindenia vitiensis Seem., 
Canthium flavidum Seem., Ixora. pelagica Seem., I. maxima Seem., .? 
Storckii Seem., Psychotria sulphurea Seem., Ps. Browerii Seem., Ps. 
Pritchardii Seem., Ps. Storckii Seem., Ps. pelagica Seem., Ps. tetragona 
Seem., Ps. bullata Seem. 

On ne trouve dans le commencement de la monographie des Composées 
qu'une seule espèce nouvelle, le Blumea Milnei Seem. 


Vorsehule der Botanik facr den Gebrauch an hoheren 
Classen der Mittelsehnlen (Zfudes préliminaires de botanique à 
l'usage des classes supérieures des écoles); par M. Mathias Wretschko. 
In-8* de 207 pages. Vienne 1866, chez C. Gerold fils. 


On trouvera dans ce petit livre, imprimé tout entier en allemand, une étude 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 155 


générale et concise de toutes les familles de plantes. De nombreuses gravures 
sur bois, inte-calées dans le texte, y facilitent l'intelligence de divers détails 
anatomiques. 

L'ouvrage débute par les Champignons, qui, à certains points de vue, con- 
tiennent les végétaux les plus rapprochés du règne animal. Avant de passer à 
là famille des Algues, l'auteur donne des détails sur la vie de la cellule 
végétale, sur son accroissement, sur la chlorophylle qu'elle contient, sur les 
diverses sortes de tissus qu'elle forme. Avant de traiter des Cryptogames supé- 
rieures, l'auteur donne quelques notions élémentaires sur la nature du tissu 
vasculaire et sur ses variations, Enfin, avant d'aborder l'étude des végétaux 
phanérogames, il explique en quelques pages l'organisation de ces végétaux, 
surtout celle de leurs bourgeons, de leur fleur et de leur fruit, et donne un 
apercu sommaire de la terminologie que l'on emploie pour en nommer les 
différentes parties. 


Recherches sur l'origine cé Ia provenance de certains 
végétaux phanérogames observés dans [Ies îles du 
grand @Gcéan; par M. Henri Jouan (Mémoires de la Société impé- 
riale des sciences naturelles de Cherbourg, 2° série, t. 1°", 1865, pp. 81- 
TIR : 

M. Jouan à passé sept ou huit années de sa vie en courses dans l'océan 
Pacifique; on lui saura gré d'avoir voulu faire profiter la science de ses 
observations, méme après celles qu'ont produites les grands voyages de cir- 
cumnavigation, et les travaux spéciaux de M. Guillemin, de M. Jardin, de 
M. Raoul, de M. Cuzent, et d'autres botanistes. M. Jouan s'occupe principa- 
lement des iles Marquises et de la Nouvelle-Calédonie ; il place aussi dans son 
travail quelques remarques sur les groupes de la Société, des Sandwich, sur 
les ilots madréporiques qui composent l'archipel des Paumotu, et sur la Nou- 
velle-Zélande. Il a rassemblé avec grand soin les documents fournis par les 
naturalistes qui l'ont précédé dans la méme voie, de sorte que son mémoire 
constitue un ensemble complet, pour l'état actuel de nos connaissances, et utile 
à consulter pour tous ceux qui s'occuperont de géographie botanique. 

Son mémoire est divisé en divers chapitres, consacrés chacun à une région 
particulière; dans chacun d'eux, les plantes sont disposées suivant l'ordre 
alphabétique. Un index général, dressé suivant le méme ordre, termine le 
travail. 


Sur lF'anatowie et le développement du corps ligneux 
dans les genres Fecce et Zrecetnmne ; pr M. ^. Millardet 
(Mémoires de la Société impériale des sciences naturelles de Cherbourg, 
11* série, t. I, pp. 329-325, avec trois planches). 


Les recherches de M. Millardet ont été faites à Heidelberg; il a pu profiter 


156 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

pour son travail de l'assistance de M. le professeur Hofmcister, qui a mis à sa 
disposition de nombreuses préparations anatomiques du Dracena marginata. 
Après avoir cité les travaux des observateurs qui se sont occupés du méme 
sujet, notamment de MM. Unger et Nægeli, M. Millardet entre dans l'exposé 
de ses propres recherches. Le travail de M. Unger lui a paru exact dans tous 
les points, à l'exception de ce qui regarde la direction des faisceaux fibro- 
vasculaires ainsi que leurs anastomoses. 

M. Millardet résume comme il suit ses observations : 

La tige des Aloïnées augmente d'épaisseur au moyen d'un anneau de cam- 
bium, comme celle des Dicotylédones, mais la manière dont se fait l’augmen- 
tation de diamètre diffère totalement dans les deux embranchements. Dans les 
Dicotylédones, ce sont les cellules elles-mêmes de cambium dont chacune , en 
se développant, produit presque toujours immédiatement, sans division ulté- 
rieure, soit une fibre ligneuse ou un vaisseau, soit une fibre du liber ou une 
cellule criblée. Dans les AMoinées, le cambium n'est qu'un tissu intermédiaire 
entre le parenchyme primordial et les faisceaux de tissu cambial, une sorte de 
substratum, dans lequel seul ces faisceaux cambiaux peuvent prendre nais- 
sance, Ce sont les éléments de ces faisceaux qui se développent chacun pour 
soi en particulier, soit en fibre, soit en cellule cambiforme. 

Les Monocotylédones qui augmentent en diamètre ( Aloinées, Dioscorea 
bulbosa), restent beaucoup au-dessous des Dicotylédones, quant à la compli- 
cation anatomique des tissus qui contribuent à cette augmentation d'épaisseur. 
Le bois secondaire, ainsi formé, ne contient que deux sortes d'éléments ana- 
tomiques, des fibres ponctuées ou striées et des cellules cambiformes et allon- 
gées ; dans les Dicotylédones, au contraire, les produits de ce phénomène sont 
les éléments variés du bois et du liber. 

Dans les Dracæna, on a l'exemple d'un végétal dans lequel aucun des nom- 
breux faisceaux qui contribuent à en augmenter le diamètre (à un degré 
quelquefois si remarquable) ne communique directement avec les feuilles. 
Tous ces faisceaux se terminent à une certaine distance au-dessous de la cou- 
ronne, et ne communiquent avec les feuilles qu’au moyen de rares anasto- 
moses qui les réunissent aux faisceaux du bois primordial : nouvelle preuve 
que la circulation des sucs nourriciers doit se faire par diffusion. 

Les faisceaux plus petits, formés exclusivement ou en grande partie de liber, 
et qu'on trouve à la périphérie du corps ligneux primordial des Aloïnées, ne 
représentent pas, ainsi qu'on l'a dit jusqu'ici, les extrémités des faisceaux qui, 
plus haut, se retrouvent au centre de la tige avec une structure bien diffé- 
rente : ce sont des faisceaux à part, qui ont un trajet presque rectiligne ; 
M. Millardet les a appelés périphériques, en opposition avec les autres qui ont 
recu de lui le nom d'axiles. Des recherches ultérieures prouveront si cette dis- 
tinction doit s'étendre à un plus grand nombre de Monocotylédones. 

Le mode de développement de ces deux sortes de faisceaux justifie leur 


REVUE DIBLIOGRAPIIIQUE. 157 
distinction, aussi bien que la différence de leur trajet. Ainsi, les faisceaux 
axiles du Praccæna se déve'oppent avant les périphériques, et l'épaississement 
de leurs éléments commence par le côté interne du faisceau, à l'encontre de 
ce qui se passe dans les faisceaux périphériques. 

Ces faisceaux, qui constituent le bois secondaire, sont arrangés par couches 
concentriques; ils sont anastomosés ensemble dans tous les sens, surtout laté- 
ralement. Enfin, dans le Yucca, ces mêmes faisceaux offrent un trajet sinueux 
et oblique par rapport à la verticale, et une opposition dans la direction des 
fibres de deux couches contigués, qui n'ont été jusqu'ici signalées dans aucun 
végétal. 


Mémoire sur la famille des Pipéraeées; par M. Casimir De 
Candolle (Extrait des Mémoires de la Société de physique ct d'histoire 
naturelle de Genève, t. xvii, 2° partie); tirage à part en brochure in-4° 
de 32 pages, avec 7 planches. Genève, 1866. 


L'auteur a été chargé de la description des Pipéracées pour le prochain 
volume du Prodromus. Ses recherches l'ont conduit à observer sur les plantes 
de cette famille, quelques faits nouveaux d'anatomie et de physiologie qu'il a 
eu dessein d'exposer dans ce mémoire. 

Les Pipéracées se divisent, dit-il, en deux groupes entierement différents, 
soit sous le rapport de la structure anatomique, soit sous celui de la fructif- 
cation. Il lui a fallu observer les divers organes dans chacun ce ces groupes 
séparément. 

La tige des Pipéracées a été étudiée par M. Unger sur le Piper pruni- 
folium Jacq. (Anat. und Phys. der Ph., p. 234); par M. Karsten (D'e Vege- 
tationsorgane der Palmen, p. 145) sur l' Artanthe flagellaris, par M. Miquel 
(Commentatio phytographica, p. 3) sur une espèce du genre Piper ; et 
par M. Sanio sur le Peperomia blanda et le Chavica Roxburghir (Bot. Zeit. 
1864, n°° 27-30). Sur le Peperomia obtusifolia A. Dict., M. C. De Candolle 
a constaté que les faisceaux se forment successivement de la périphérie vers le 
centre de la tige, et constituent plusieurs cercles concentriques, alternant 
consécutivement. Ces faisceaux parcourent chaque mérithalle en restant recti- 
lignes, parallèles entre eux et à l'axe de la tige, et parfaitement indépendants 
les uns des autres; mais, dans aucun cas, l'auteur n'a trouvé de faisceaux passant 
sans bifurcations et sans anastomoses d'un entre-nœud dans un autre. Les 
faisceaux se bifurquent tous en entrant dans le chaton qui termine l'axe; ces 
bifurcations parcourent, sans anastomoses, toute la longueur de cet organe, 
émettant, le long de leur parcours, de petits filets vasculaires qui aboutissent 
aux fleurs et se perdent dans l'ovaire. Chez l£nchea unguiculata Miq. et 
toutes les autres Pipérées, le rameau possede deux systèmes fibr: -vasculaires, 
L'un de ces systèmes est périphérique, et se développe dans la zone externe 
d'un anneau de cambium, dont on trouve longtemps la trace, mais qui finit 


158 ^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


par disparaître entièrement. L'autre système est interne. Il paraît un peu 
après le premier, et ne se complète que lentement. De nouveaux faisceaux 
internes se produisent encore longtemps après que l'anneau périphérique est 
complet et que le rameau a cessé de s'allonger. Ce système interne se coni- 
pose d'un anneau de faisceaux enveloppant la partie centrale de la moelle. Les 
faisceaux périphériques s'accroissent indéfiniment par leur face externe, 
tandis que les faisceaux internes s'épaississent en général fort peu tous en 
vivant longtemps. On peut donc dire que l'accroissement des tiges des Pipé- 
rées est à la fois endogène et exogène. Il est endogène par l'ordre de produc- 
tion des deux systèmes vasculaires, et exogène par le mode de formation des 
faisceaux, dont le cambium est toujours tourné vers l'extérieur. Ce mode 
d'accroissement est aidé par une subdivision des faisceaux produite elle-méme 
par une recrudescence de vitalité chez des cellules déjà fort épaissies. Enfin, 
la couche extérieure de chaque faisceau. périphérique meurt de bonne heure, 
après que ses cellules sont épaissies et ont pris l'apparence de fibres du liber. 
Quant à l'écorce, elle se compose d'autant de faisceaux fibreux de collenchyme 
qu'il y a de faisceaux ligneux périphériques, et d'un parenchyme vert qui enve- 
loppe ces faisceaux fibreux, et dont les replis intérieurs forment les rayons 
médullaires primaires. 

La marche des faisceaux dans la tige a été aussi étudiée avec soin par l'au- 
teur : dans la plupart des cas, la presque totalité des faisceaux périphériques 
d'un méme rameau envoie ses couches externes daus le pétiole; mais aucun 
faisceau interne n'y pénètre, 

Le cambium, qui se transforme en vaisseaux et fibres ligneuses, peut aussi, 
soit directement, soit par l'interinédiaire de ces fibres ligneuses, produire des 
cellules ponctuées identiques à celles que forme directement le tissu primor- 
dial. Ces cellules ponctuées représentent la dernière phase de la vie cellulaire 
chez les Pipérées, et leurs parois acquièrent parfois une épaisseur considé- 
rable. C'est ce qui a surtout lieu dans l'enveloppe verte extérieure. Les fibres 
de l'écorce ne different de celles du bois que par leur épaississement, qui com- 
mence aux angles, au lieu de se faire uniformément, comme cela a lieu pour 
les fibres ligneuses. 

L'auteur résume de la manière suivante ses observations sur les feuilles des 
Pipéracées. Il y a une analogie frappante entre le ramvau et les feuilles. 
Celles-ci ont, comme le rameau, une écorce (faisceaux de collenchyme), un sys- 
teme ligneux et une moelle. Dans la plupart des cas, la moitié supérieure 
n'avorte que dans le limbe et existe dans une portion de pétiole. Enfin, la 
moitié supérieure est quelquefois représentée à la fois dans le pétiole et dans le 
limbe. La feuille est alors comme un véritable rameau aplati. Elle diffère 
cependant du rameau par l'absence de bourgeon terminal et d’anneau de cam- 
biuin, ainsi que par la plus grande complication des anastomoses des faisceaux. 
“omme les faisceaux ne se bifurquent pas en pénétrant dans les pétioles , on 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 159 


doit considérer la feuille plutôt comme un prolongement de l'entre-neud 
précédent que comme un nouveau mérithalle. Les nervures secondaires des 
feuilles multiplinerves et même des feuilles penninerves sont, en réalité, de 
même ordre que la nervure médiane. 

Les anthères appartiennent à deux types distincts, Les unes sont simple- 
ment biloculaires (à loges apposées suivant M. Miquel), et les autres sont qua- 
driloculaires (à loges opposées suivant M. Miquel). A l'époque de la matu- 
rité, les premières deviennent bivalves, parce que chacune de leurs loges 
s'ouvre par une seule valve, et, par la méme raison, les anthères quadrilo- 
culaires deviennent quadrivalves. Les anthères biloculaires ne sont évidem- 
ment que des moitiés d'antheres quadriloculaires. 

M. Miquel a admis dans les Pipéracées vingt genres fondés sur des carac- 
tères fort divers. Il répartit ces genres en deux tribus, qu'il distingue d’après 
le mode de végétation continu ou interrompu et d’après la structure des 
anthères. Mais ces caractères varient dans des groupes naturels. Aussi M. Ca- 
simir De Candolle a-t-il cru plus logique de les subordonner à ceux de la 
structure anatomique. La présence ou absence d'un anneau de cambium : 
tel est, suivant lui, un caractère absolu qui permet de grouper toutes les 
Pipéracées connues en deux tribus faciles à reconnaitre, Cet anneau manque 
chez toutes les Pépéromices et se retrouve invariablement dans toutes les tiges 
des Pipérées. Enfin, il n'a trouvé ni dans la sexualité, ni dans les fleurs, aucun 
caractère suffisamment tranché pour servir à la délimitation des genres. M a 
vainement essayé deles définir d’après le nombre des stigmates ou d’après la 
forme des bractées. Il se présentait toujours des exceptions impossibles à con- 
cilier, et il lui a fallu faire passer tous ces caractères au raag de caractères 
de sections. On trouvera dans le Prodromus toutes les Pipérées réunies en un 
seul genre, Piper, et toutes les Pépéromiées groupées dans deux genres, Pe- 
peromia et Verhuellia Miq.; encore ce dernier genre doit-il étre défini autre- 
ment qu'il ne l'a été par M. Miquel. 


Physiologische Beitvæge (Recherches physiologiques); par M. Au- 
gust Vogl (Botanische Zeitung, 1866, n° 1, pp. 1-4). 


M. Vogl a publié sous ce nom deux notes distinctes. La première est 
relative au contenu granuleux des cellules de la tige et du rhizome chez le 
Spiræa Ulmaria. Après avoir décrit sommairement la constitution anatomi- 
que de ces parties, et fait remarquer l'existence. d’une couche libérienne 
interne qui sépare de la moelle les faisceaux ligneux dans la tige de cette 
plante, l'auteur aborde la description des granules qui font le sujet de son tra- 
vail, On les prendrait, au premier coup d'œil, pour des grains d'amidon. 
M. Hartig (Entiwickelungsgeschichte des Pflanzenembryo, pp. 100 et 107), 
les a rapportés, eu effet, à cette formation. M. Vogl les regarde comme bien 
plus complexes: Ils sont bien colorables en violet par l'iode, mais ils sont 


160 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 
solubles dans l'eau, dans l'alcool étendu, l'éthez, etc.; ils se colorent en bleu 
ou en vert sous l'influence des sels de fer, ce qui les rapproche du tannin. La 
solubilité de ces granules dans l'éther, comme la coloration violette que pren- 
nent beaucoup d'entre eux sous l'influence des sels de fer, indiquent bien une 
substance de la nature des glycosides, et de la série du phényl. Enfin, en con- 
sidérant les gouttelettes huileuses qui apparaissent dans certains corpuscules, 
ainsi que l'odeur bien connue du rhizome frais, laquelle correspond à celle 
des fleurs de Ja méme espèce, on n'aura peut-être pas tort de regarder les 
corpuscules en question comme supportant l'acide salicylique. D'après tous ies 
phénomènes qu'il a observés, l'auteur pourrait présumer qu'il y a, dans ces 
corpuscules, dédoublement d'un glycoside (peut-étre de la salicine) en amidon 
et en acide salicylique. 

Le second mémoire de M. Vogl traite des corpuscules résineux du Portlandia 
grandiflora, dont l'écorce est connue dans la matière médicale sous le nom 
de Cortex Chine novo. Ces corpuscules ont été observés dans le périderme 
de cette écorce, L'étude que l'auteur en a faite confirme les résultats auxquels 
est arrivé M. Wiesner dans le mémoire que nous analysons plus bas. M. Vog! 
a vu parfaitement, dit-il, que l'amidon se transforme en résine, en passant 
jar une phase intermédiaire, sous laquelle il se montre à l'état de tanni». Ces 
faits sont d'autant moins étonnants que certains auteurs, ct notamment 
M. Hartig, ont déjà fait remarquer la métamorphose de l'amidon en substance 
tannifère. 
eker ciue wahrscheinlich reie @roebanehe (Sur un Oro- 

banche probablement nouveau); par M. C.-F. Meissner (Botanische Zei- 

iung, 1866, n? 3, pp. 17-20). 

Cet Orobanche s'est développé à la fin de l'année dernière sur tous les pieds 
d'4iralia papyrifera cultivés zu jardin botanique de Bâle. M. Meissner y a 
reconnu une espèce nouvelle, qu'il décrit longuement sous le nom d'O. ara- 
lioctona. M se demande ensuite d’où peut provenir ce parasite, développé sur 
sept pieds d’Aralia, dont les plus jeunes avaient plus de -deux ans. ll recon- 
naît qu'il ne peut énoncer à cet égard que des conjectures, qu'il discute lon- 


guement. 


Sur da sirue(ure des anthères dans les Aroïdées; par 
M. Van Tieghem (Comptes rendus, 1866, t. LXII, pp. 1289-1294). 


M. Chatin a reconnu que, en général, les anthères qui s'ouvrent par des 
pores terminaux sont privées de cellules fibreases. Les Aroïdées font excep- 
tion à cette. règle. Dans lanthère sessile du Richardia africana Schott, les 
cellules fibreuses sont étendues sur le pourtour interne de la loge anthérale, 
excepté sur deux arêtes longitudinales qui correspondent à l'insertion de la 
cloison, mais elles ne revêtent pas l'intérieur du petit tube vertical par où s'ouvre 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 161 


l'anthere au dehors, et qui traverse le connectif. Le pollen est expulsé par 
chaque pore de cette anthère comme par le trou d’une filière, ce qui exige 
qu'il y ait contraction de la paroi et diminution du volume de la loge. C'est le 
róle de la couche fibreuse d'amener ce résultat, mais il est bien difficile d'en 
comprendre l'action d'une maniére générale et dans les divers cas de déhis- 
cence, 

Dans l'anthére des Alocasia odora et metallica Schott, chacune des dix 
loges rangées autour du connectif épanoui en plateau est constituće à peu près 
de la méme manière; mais la loge s'ouvre par un conduit qui en traverse 
l'épaisseur, s'infléchit au dehors et s'y ouvre directement au-dessous du pla- 
teau par un orifice commun aux deux loges confluentes ; des cellules fibreuses 
régnent autour de ce pore. 

Dans l’ Aglaonema marante folia Schott, les couches fibreuses recouvrent 
la cloison qui sépare en logettes les deux loges de l’anthère, et sont séparées 
dans la partie inférieure de la cloison par plusieurs rangées de cellules ordi- 
naires. à 

M. Van Tieghem conclut de ses observations qu'il n'y a pas de corrélation 
nécessaire entre la débiscence apicilaire et l'absence des cellules fibreuses ; et 
que la production ou l'absence de ces cellules constitue un caractère plus con- 
stant et d'ordre plus élevé que le mode de déhiscence. 

M. Chatin à reconnu que chez quelques plantes dont les étamines ont subi 
un arrêt de développement, l'absence de cellules fibreuses coincide avec 
l'évolution incomplète du pollen. Il en est autrement dans la Ficaire. Les 
anthéres de la variété bulbifère de cette plante ne produisent pas de 
pollen, ce qui est la caüse de la stérilité de cette plante. Ici, les cellules-méres 
du pollen, au lieu de donner naissance aux grains ordinaires pour se résorber 
ensuite, épaississent leurs parois. Mais la couche de cellules fibreuses n'en 
acquiert pas moins sa structure normale. Comme, en l'absence des grains 
polliniques, les antheres ne s'ouvrent pas chez la Ficaire, l'auteur pense que 
les grains de pollen ont eux-mêmes leur rôle à jouer dans le phénomène de 
la déhiscence. Comme, en outre, la couche transitoire de cellules minces 
(troisième membrane de l’anthère) ne s’en est pas moins résorbée, elle ne 
peut être considérée comme servant à la nutrition du pollen, ainsi que l'a 
pensé M. Chatin. 


Osservazioni sulla originc dcl ealice monosepalo e 
della corolla monopetala in alcune piante (Observations 
sur (l'origine du calice monosépale et de la corolle monopétale chez quel- 
ques plantes); par M. G. Gasparrini (Extrait du deuxième volume des A// 
della R. Accademia delle scienze fisiche e matematiche di Napoli); tirage 
à part en brochure in-4° de 22 pages, avec 2 planches. 


Il est généralement admis que le calice et la corolle monophylles résultent 
T. xiu (Revue) 11 
LÀ 


162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de la fusion de plusieurs pièces morphologiquement distinctes, et cela tant 
par des raisons tirées de l'analogie ou de monstruosités accidentelles, que 
par suite des observations organogéniques, notamment de celles de M. Schlei- 
den. Cependant ces observations n'ont pas toujours été favorables à la théorie 
que nous rappelons, notamment celles de M. Duchartre, exposées en 1844 
dans les Annales des sciences naturelles. M. Gasparrini a étudié certaines 
plantes dont le développement proteste contre l'interprétation générale. Dans 
le Lemna minor,la masse cellulaire qui est l'origine dela fleur se divise d'abord 
en deux parties : l'une, interne, centrale et globuleuse ; l'autre, externe, for- 
mant d'abord une enveloppe complétement close, qui sera le périanthe. Dans 
les Najas marina L., N. minor All., N. alaganensis Pollini, il n'y a pas de 
périanthe à la fleur femelle; mais les fleurs máles consistent primitivement 
en un mamelon placé à l'aisselle d'une bractéole, mamelon qui se divise 
prés du sommet en deux parties, dont l'externe et inférieure deviendra un 
périgone oblong, ouvert à son sommet, muni d'un bord un peu oblique, 
quadrilobé ou garni de grosses dents aigués, inégales en nombre, en forme et 
en grandeur. Le carpelle des Graminées, en produisant deux styles dans cer- 
tains genres, agit comme ces périanthes qui se divisent à leur sommet, aprés 
avoir été primitivement d'une seule pièce. La fleur femelle du Figuier offre 
dans la croissance de son périanthe, qui ne devient sinueux qu'à une certaine 
époque, des faits de méme ordre. Les dents de cet organe peuvent étre, dans ce 
cas, comparées aux lobes d'une feuille simple. Hl en. est de méme, d’après 
M. Gasparrini, dans le Lamium purpureum et dans quelques Salvia, et sur- 
tout dans le Primula sinensis, dont l'auteur a fait une étude organogénique 
trés-détaillée. Il va méme jusqu'à se demander si la portion inférieure du 
tube floral, qui porte supérieurement chez certaines plantes les sépales et les 
pétales, ne doit pas être regardée comme un organe simple. L'androcée de cer- 
taines Gamopétales, notamment des Primula, lui paraît méme n'étre que la 
lame interne de la corolle. 


Sulla melata dell Uva apparsa nella state di questo 
anuo 1865 in alcuni luoghi della provincia di Napoli 
(Sur la maladie du raisin apparue dans le cours de la présente année 
1865 sur quelques points de la province de Naples); par M. Gasparrini 
(Extrait des Ai del R. Istituto d'incoraggiamento, 2° série, t. 11); tirage 
à part en brochure in-4° de 10 pages. Naples, 1865. 


Ce n'est pas de l'Oidium qu'il s'agit dans ce mémoire, mais d'une extrava- 
sation de la matiére sucrée des grains, extravasation analogue à celle que 
M. Gasparrini a déjà étudiée, d'une maniere plus générale, sur les feuilles de 
plusieurs arbres et arbustes, sous le nom presque intraduisible de melata. 
Flle est accompagnée de la présence d’une moisissure noirâtre, qui a paru être 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 163 
le Cladosporium Fumago. Les feuilles en sont’ affectées comme les grains ; 
il a réellement semblé que le Cryptogame était cause de la maladie, laquelle 
n'existait pas quand il manquait. Mais M. Gasparrini a reconnu que Je mycé- 
lium du Cladosporium ne pénètre pas à travers l'épiderme du raisin, et il a 
observé sur d'autres plantes, notamment sur le Jambosa australis, sur des 
galles de Chêne, la méme maladie sans qu'il y existât de Mucédinée ; il regarde 
en conséquence l'apparition de celle-ci comme un épiphénomene. 


Osservazioni sopra una malattia del Cotone detta 
pelagra e su qualche muffa che l'aeéompagna (Observa- 
tions sur une maladie du Cotonnier, dite pelagra, et sur une certaine 
moisissure qui l'accompagne); par M. Gasparrini (Atti del R. Istituto 
d'incoraggtamento, 2° série, t. 11) ; tirage à part en brochure in-4° de 
22 pages, avec 2 planches). | 


La maladie dont il s'agit ici a son siége sur la tige; elle débute par le ramol- 
lissement de l'écorce, qui devient brune ou livide, en laissant transsuder, sur 
certains points, une humeur brunâtre un peu visqueuse ; ensuite la partie 
affectée noircit ou se dessèche. Quand le tissu vasculaire a été attaqué par la 
putréfaction manifestée primitivement dans le tissu cortical et par l'action de 
l'air, la tige se brise, ne pouvant supporter le poids de la cime. On n'a trouvé 
dans la partie malade aucun ver, aucune perforation spirale qui permette d'en 
attribuer l'altération à un insecte ; dés qu'elle commence, on remarque qu'il 
existe un mycélium sur la première tache brane qui apparait à la surface du 
tissu, comme dans la maladie de la Vigne. En outre, on trouve presque toujours 
une Mucédinée sur le point malade : c'est P Alternaria tenuis, qui se ren- 
contre aussi avec l' Erysiphe Turkeri sur la Vigne malade, de méme que le 
Penicillium glaucum et le Trichothecium roseum. V'auteur donne une des- 
cription de l'Alfernaria, prise sur la Vigne et sur le Cotonnier; il a vu les 
filaments du mycélium de cette Mucédinée ramper sur des vésicules ouvertes 
supérieurement, qui ressemblent aux périthéciums du Pleospora herbarum, 
mais dans lesquelles il n'a trouvé ni thèques, ni spores. L'A/fernar?a est Tail- 
leurs sujet à une variabilité de formes assez prononcée pour faire penser à 
M. Gasparrini que ce Champignon est. une des formes d'un Champignon plus 
parfait, probablement le Pleospora, analysé par MM. Tulasne dans la plan- 
che 32 du Selecta Fungorum Carpologia. 

Pour savoir si les moisissures observées sur le Cotonnier, et spécialement 
P Alternaria, sont la cause de la pelagra, l'auteur a fait des expériences intéres- 
santes. I] a attaché des tiges malades à des tiges parfaitement saines, et celles-ci 
n'ont point été atteintes de la maladie. Aussi cherche-t-il la cause de celle-ci 
ailleurs que dans le développement du parasite. Il la trouve dans l'influence 
des brouillards, qui sont assez fréquents en juillet et en août dans les pays 


164 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


oü la maladie a été observée, sur certains points de la province de Naples. Ils 
déterminent des altérations plus ou moins profondes de l'écorce, qui devient 
roussátre, humide, ct laisse transsuder une matière granuleuse, blanchâtre, un 
peu visqueuse, qui appelle quelquefois les pucerons, et où se développe pres- 
que toujours l'A/ternaria. Mais les feuilles sont toujours altérées avant 
l'écorce, et le trouble des fonctions principales du végétal, l'exhalation et la 
respiration, rendent bien compte des désordres observés. La séve ascendante 
séjourne dans les vaisseaux, et provoque le ramollissement des cellules de 
l'écorce, qui donne lieu à une transsudation de nature gommeuse. Fn consé- 
quence, la maladie ne peut étre regardée comme contagieuse. 


Ueber Abstammung und Entwiekelung des Bacterium 
Termo Duj., Vibrio Lineola Ehrh. (Sur l'origine et le déve- 
loppement du Bacterium Termo Dj. ,Vibrio Lineola £hrb.); par M. J. Luc- 
ders (Botanische Zeitung, 1866, n** 5 et 6, pp. 33-39, 41-46, avec une 
planche). l 


Ehrenberg et d'autres ont classé les Bactéries parmi les infusoires; Perty 
les place entre les deux règnes organisés, dans ses PAytozoidia; M. Cohn a 
décrit une de leurs nombreuses phases de développement sous le nom de 
Zooglæa, et la regarde comme constituant un genre de la famille des Algues. 
D'aprés les recherches de l'auteur, les Bactéries ne doivent point étre consi- 
dérées comme un genre doué d'une entité véritable (se/bststændige); mais, 
comme un produit organisé appartenant à quelques-uns des genres de Mucé- 
dinées, et peut-être à tous. Elles sont comparables aux zoospores des Algues, 
avec cette différence que la plante qui les a produites ne renaît pas immédia- 
tement d'un corpuscule de Bactérie, mais seulement aprés que celui-ci s'est 
transformé en un corps susceptible de germination. 

Cependant les Bactéries n'arrivent pas toujours à ce dernier état. Si elles 
sont placées dans des conditions physiologiques défavorables à une telle 
métamorphose, elles prennent, selon les circonstances, d'autres formes, 
qui s'écartent tellement de leur état primitif, qu'elles ont été prises par 
divers naturalistes pour des genres ou des espéces, soit d'Algues, soit de 
Champignons aquatiques, soit d'infusoires. Dans tous les liquides aqueux, non 
putréfiés, les Bactéries se multiplient de préférence en conservant leur forme 
primitive. C'est dans les liquides qui contiennent des substances animales, que 
leur développement est le plus actif; elles y forment de petites monades ani- 
mées, ou se disposent sur des séries, courtes ou longues, qui rampent comme 
des vibrions ou s'entortillent comme un filament. d'Z/ygrocrocis. Dans les 
infusions végétales, les Bactéries se pelotonnent souvent en boules; ce sont les 
ZooglϾu de M. Cohn. Dans les liquides en fermentation, elles se transfor- 
ment en Zeptothriz ou en espèces du genre Palmella. Dans la germination 
des Mucédinées, il apparait des Bactéries, qui donnent naissance soit aux Cor- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 165 


puscules dont est rempli le mycélium de certains genres, soit méme aux spores, 

Les recherches de l'auteur ont été faites exclusivement sur des espèces des 
geures Mucor, Botrytis et Penicillium ; mais il ne pourrait que rarement 
les indiquer, parce que les caractères sur lesquels est fondée la diagnose de 
ces espèces, tels que la couleur et le mode de ramification des organes qui 
portent les spores, comme aussi la grosseur, la forme et la coloration de 
celles-ci, ne sont rien moins que constants ; et parce qu'il se rencontre dans 
ces genres des formes nombreuses qui passent de l'une à l'autre, selon leur 
âge, le substratum sur lequel elles croissent et l'humidité de l’atmosphère qui 
les environne. 

M. Lucders commence par tracer les caractères différentiels des spores de 
ces trois genres; il indique l'action des réactifs sur les membranes qui consti- 
tuent ces organes. Après avoir donné naissance à des filaments de mycélium, 
ou méme sans avoir germé, les spores laissent s'échapper, à travers les pores 
de leur membrane externe, des corpuscules qui sont de petits individus du 
Bacterium Termo Duj. Ils sortent aussi des filaments embryonnaires du my- 
célium. 

La plus petite forme du Bacterium Termo est un corpuscule isolé, arrondi, 
entouré d'une enveloppe hyaline. Chez des individus plus grands, il existe plu- 
sieurs corpuscules dans la méme enveloppe; ils sont placés à la file. On les 
voit souvent se mouvoir très-vivement dans des liquides en putréfaction. Ce 
mouvement consiste à se traverser l’un l'autre avec la rapidité d'une flèche, 
ou à osciller perpétuellement et à tournover sur soi-même, sans changer de 
place; il est facilité, dans le second cas, par un filament flagelliforme attaché à 
l'une des extrémités de la Bactérie, qui tourne sur lui-méme comme une 
hélice. Les corpuscules contenus à l'intérieur de la Bactérie sont colorés en 
violet par l'iode et l'acide sulfurique; l'enveloppe hyaline reste incolore, 
malgré l'usage de ces réactifs. 

Les transformations des Baçtéries issues des spores se voient fort bien 
quand on cultive ces spores sur de petites plaques de verre dans une atmos- 
phére trés-humide, sous une cloche. Dans l'eau pure, une partie des Bactéries 
passe dans les premiers jours à l'état de repos; leurs corpuscules deviennent 
plus gros; les enveloppes se confondent, et il se produit des agglomérations 
par quatre, huit et seize, semblables à celles des Merismopædia et autres Pal- 
mellées. Dans d'autres conditions, le développement des corpuscules étant 
encore plus considérable, ils arrivent à renfermer un liquide aqueux avec un 
noyau brillant à chaque extrémité atténuée de la cellule qu'ils représentent ; 
ce sont alors des Torula. Cette forme cellulaire procède aussi des Bactéries 
dans l'eau pure, mais moins fréquemment qu'une petite monade aux mouve- 
ments très-vifs; quand les Cryptogames en germination ont été cultivées pen- 
dant trois à cinq jours, il se forme de petits groupes de Bactéries munies de 
deux cils flagelliformes, un à chaque extrémité. 


166 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

Ces détails suffisent pour qu'on puisse apprécier les motifs qu'a l'auteur 
pour réunir un grand nombre de formes regardées comme distinctes par 
d'éminents naturalistes, notamment les genres Bacterium, Vibrio, Spivillum, 
sur lesquels les réactifs indiqués plus haut agissent de même. Il y a plus, puis- 
que certaines Palmellées (Palmella cruenta, P. flocculosa, Leptothrix com- 
pacta, muralis, rosea, janthina , tomentosa) arrivent à être regardées par 
l'auteur comme des formes aquatiques de Mucédinées bien connues. Elles 
dérivent, dit-il, de certaines espèces de Penicillium, et elles en sont comme 
le mycélium, que des circonstances défavorables ont empéché de produire des 
spores. Mais, dans la trés-grande quantité de faits rapportés par M. Lueders, 
on saisit plutôt des observations isolées, faites sur différents êtres, qu'une 
série d'études réalisées avec certitude sur la méme espèce; et il en résulte un 
peu d'incertitude dans les conclusions que l'on se sent disposé à en tirer. 


Ucber das Eindringen der Wurzeln in den Boden (De 
la pénétration des racines dans le sol); par M. Th. Hartig (Botanische 
Zeitung, 1866, n. 7, pp. 49-54). 


Kniglt a attribué beaucoup d'influence à la pesanteur dans la direction des 
végétaux. Nos lecteurs connaissent peut-étre l'opinion exprimée sur ce point 
par M. Hofmeister, qui, dans son Manuel de physiologie végétale, t. 1v, 
p. 104, répond comme il suit aux objections de M. Wigand : « L'extrémité 
» radiculaire, à l'état plastique, pénètre dans les petits pores du sol un peu 
» comme un liquide visqueux. Elle y est encore enfoncée par la dilatation et 
» l'extension de la partie plus ancienne de la racine. Cette dilatation presse le 
» sol environnant, et comme la racine est intimement unie au sol par le 
» moyen des poils qu'elle porte, elle ne peut remonter, et pousse d'autant 
» plus son extrémité en avant. » On sait que chez plusieurs plantes 
(Chéne, Marronnier, Féve, Mais), la radicule se recourbe en arc d'abord 
en haut, puis latéralement, et s'enfonce ensuite dans le sol. Dans ces cas, 
selon M. Hofmeister, ce n'est pas l'extrémité radiculaire, mais la tranche 
qui la précède, qui se trouve à l'état mou, visqueux, et c'est le poids de l'ex- 
trémité elle-méme qui agit constamment pour incurver la radicule. Toutes ces 
explications sont directement opposées aux résultats des recherches de 
M. Hartig. Le tissu qui est placé au-dessus de l'extrémité radiculaire perd de 
très-bonne heure la faculté de se cloisonner, chez le Quercus, V Æsculus, la 
Féve et le Mais; et si les cellules qui le constituent paraissent, à un certain 
moment du développement, beaucoup plus longues qu'auparavant, c'est seule - 
ment gráce à la jonction de beaucoup d'entre elles ; de sorte qu'il n'y a point d’al- 
longement de la partie ancienne de la racine: cette faculté est réservée à un 
ménisque convexe inférieurement, qui ne remonte pas à plus de 2 ou 3 milli- 
mètres au-dessus du sommet de la racine, et dont les bords se relient à la zone 
cambiale. Les cellules-mères qui remplissent ce tissu produisent leurs cellules- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 167 
filles dans deux directions opposées : supérieurement pour l'accroissement en 
longueur de la racine, inférieurement pour celui du tissu cellulaire qui coiffe 
l'extrémité de la racine (pilorrhize), dont les couches les plas extérieures ct 
les plus âgées meurent et se dissocient les premières. Ces couches ont des 
cellules à parois épaisses et étroitement soudées, qui se séparent isolément 
ou par couche entière, mais en laissant toujours à l'extrémité radiculaire une 
forme constante et parfaitement unie. Ces faits répondent d'eux-mémes aux 
auteurs qui attribuent l'état. visqueux, semi-fluide, à l'extrémité radiculaire ; 
celle-ci est toujours régulière, à moins qu'elle ne se heurte et ne s'aplatisse 
contre des obstacles insurmontables; il en serait autrement si l'hypothèse de 
M. Hofmeister était exacte. Nulle part et jamais l'auteur n'a vu, sur des plantes 
vivantes et saines, rien qui apporte, füt-ce de loin, un appui à l'opinion de cet 
auteur sur l'état pàteux et passif de l'extrémité radiculaire. 

Ce n'est qu'apres la disparition de la cuticule normale, qui engaine la radi- 
cule dans l'embryon, que peut avoir lieu la dissociation des couches exté- 
rieures du tissu cellulaire qui la termine. Gráce à la disparition de cet organe, 
l'eau contenue dans le sol peut pénétrer librement dans les méats intercellu- 
laires; l'air qu'ils renferment ne peut, en tout cas, empécher l'eau d'y monter 
en s'évaporant. 

Comme le nombre total des cellules comprises en longueur dans le tissu 
qui forme la pilorrhize reste le même, bien que le ménisque indiqué plus 
haut en fournisse de nouvelles à la face interne de ce tissu, et qu'il s'en sépare 
d'anciennes de sa face externe, il est évident que l'arrivée des jeunes cellules 
et le départ des vieilles ont lieu dans le méme espace de temps. Comme, de 
plus, les jeunes cellules ont seulement le quart ou le cinquième, en longueur, 
des vieilles qui se séparent, il en résulte, en outre, que l'espace laissé libre au 
devant de la racine par la désagrégation des anciennes cellules doit étre rempli 
par la croissance des cellules de la couche précédente, durant le quart ou le 
cinquième de cet espace de temps. 

Les poils radicaux ne sont pas, dans l'état ordinaire des choses, assez nom- 
breux pour jouer le rôle important que leur assigne M. Hofmeister, d'autant 
que la résistance du sol est trés-considérable. Si l'on fond, à l'extrémité d'une 
aiguille à tricoter, une boule de cire à cacheter de la grosseur et de la forme 
de l'extrémité radiculaire, et qu'on place sur l'autre extrémité de l'aiguille une 
assiette pesante, on. remarque qu'il faut un poids d'une demie à trois livres 
pour faire pénétrer l'aiguille à 5 ou 6 centimetres dans le sol. La résistance de 
celui-ci augmente avec la profondeur de la pénétration, tant parce qu'il se dé- 
place plus facilement à la superficie, que parce qu'il est d'autant plus com- 
primé par l'aiguille qu'elle le pénètre davantage. Il faut méme, dans le grès 
humide, un poids d'une livre et demie pour enfoncer l'aiguille à 6 centi- 
metres; il faut trois livres pour obtenir le méme effet dans la terre grasse. 

Après avoir réfuté les théories qu'il combat, l'auteur. cherche à les rem- 


168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


placer. Il croit en première ligne devoir attribuer la force de pénétration de la 
racine à la multiplication cellulaire qui se fait dans la direction de l'axe de la 
racine, à la réunion des forces avec lesquelles toutes les cellules-filles parvien- 
nent à égaler la grosseur de leurs cellules-mères, c'est-à-dire à la puissance de 
la succion qu'elles exercent sur les liquides. D'ailleurs la formation des cellules 
de cambium, par laquelle la racine croit tous les ans en largeur en refoulant 
le sol qui la comprime, triomphe d'obstacles encore plus considérables que ne 
le fait l'extrémité radiculaire. En outre, les phénomènes du renouvellement 
périodique de l'extrémité radiculaire agissent encore contre la résistance du sol. 
Les cellules de la zone extérieure de la pilorrhize conservent leurs propriétés 
endosmotiques méme aprés leur séparation, et comme elles se boursouflent 
souvent en petites vésicules, il est plausible de penser que cette dilatation 
provient de l’action endosmotique exercée autour d'elles par les matières 
(sucre, gomme, amidon) qu'elles renferment. Le sol est ainsi déplacé dans le 
voisinage de l'extrémité radiculaire. On peut, en outre, se figurer que les 
vésicules, dilatées outre mesure par l'absorption, se rompent, et laissent ainsi 
autour de l'extrémité radiculaire un espace libre à sa progression. 

On pourrait objecter à l'auteur que dans les germinations qui se font pro- 
fondément dans le sol, la plumule a à détruire la méme résistance que la radi- 
cule, sans étre pourvue du méme appareil, auquel il attribue la progression de 
celle-ci. Mais, dans le cas de germination, il faut invoquer l'allongement des 
entre-nœuds. 

Quant à ce qui concerne la courbure des radicules d'abord redressées dans 
l'atmosphère, l'auteur fait remarquer que la courbure de ces radicules a lieu, 
non de leurs parties les plus anciennes vers les plus jeunes, mais en sens in- 
verse. C'est toujours le sommet de la racine préalablement dressée qui s'in- 
curve le premier, ensuite a lieu l'aplatissement de l'arc de courbure, dont le 
milieu se rapproche toujours de la base de la racine, tandis que le sommet de 
celle-ci s'enfonce dans le sol. Aussi parait-il probable que des tissus déjà plus 
anciens peuvent revenir à l'état demi-consistant attribué par certains natura- 
listes à la partie jeune et terminale de la racine. 


Quatre notes physiologiques (extraites du Journal de la Société 
impériale et centrale d'horticulture); par M. P. Duchartre. Brochure in-8? 
de 11, 15, 16 et 11 pages. 


M. Duchartre a réuni dans ce tirage à part, 1° ses Expériences sur le dé- 
veloppement individuel des bourgeons ; 2° sa Note sur le Chasselas panaché; 
3» ses Expériences relatives à l'influence de la lumière sur. l'enroulement 
des tiges; h° ses Observations sur l'accroissement de quelques plantes pen- 
dant le jour et pendant la nuit. Comme ces divers travaux ont été communi- 
qués à la Société botanique, et se trouvent ou se trouveront imprimés dans 
notre Bulletin, nous croyons devoir nous contenter ici de cette mention. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 169 


Beitræge zur Kenntniss der sogenannten Cephalodien 
bci den Ficehten (Recherches sur le prétendu cephalodium des 
Lichens); par M. Th. Fries (F/ora, 1866, n° 2, pp. 17-25). 


Ce mémoire est destiné à répondre à des critiques que M. Nylander a faites 
sur des publications précédentes de l'auteur et à critiquer d'autres travaux du 
méme savant. Nous reproduirons impartialement le résumé que M. Fries 
donne lui-méme de ses recherches. 

1. Il se rencontre, chez plusieurs Stereocaulon, des Algues parasites vivant 
à l'intérieur du stratum corticale, en dehors duquel elles n'apparaissent que 
rarement et par exception. 

2. Ces parasites causent sur le thalle de ces Lichens des formations mala- 
dives, connues chez quelques espèces sous le nom de cephalodium; chez 
d'autres, ce sont seulement les pulvinules parasites du Sérosiphon saxicola 
qui portent ce nom. 

3. Ces cephalod ium, malgré leur fréquence, sont des formations tout à fait 
fortuites et ne peuvent en aucune facon étre regardés comme correspondant 
aux bulbilles des Phanérogames. 

h. Les Algues parasites en question traversent une série de phases trés- 
analogues à celles que M. Itzigsohn a observées sur l Zapalesiphon, qui peu - 
vent parfois étre observées sur le méme échantillon. 

5. Un certain nombre des espèces nouvelles que M. Nylander a établies 
dans les Stereocaulon doivent être rejetées, parce que les caractères sur 
lesquels elles sont exclusivement fondées ne sont pas tirés d'une partie d'un 
Lichen, mais des divers états de développement d'une Algue parasite. 

6. Il existe vraisemblablement, chez diverses espèces de Stereocaulon et 
dans divers pays, plusieurs espèces de ces Algues parasites, dont la détermi- 
nation et la description sont recommandées aux travaux des mycologues. 


Morphologische Bemerkungen ucber Lobelia Dort- 
manna i. (Remarques morphologiques sur le Lobelia Dortmanna) ; 
par M. Fr. Buchenau (Flora, 4866, n. 3, pp. 33-38). 


La germination de cette plante a lieu sous l'eau, de méme que tout son dé- 
veloppement. La racine principale forme un long filament blanc, souvent 
ramifié, bientôt arrêté dans ses fonctions, qui sont remplies par des racines 
accessoires. La premiére d'entre elles apparait sous la ligne médiane de la 
premiere feuille aérienne. 

La plante demande plusieurs mois pour fleurir, mais si les embryons germés 
en aoüt ne peuvent fleurir qu'au printemps suivant, ceux qui se développent 
au premier printemps pourraient peut-étre y parvenir vers la fin de l'été. L'in- 
florescence est formée par la portion terminale de l'axe feuillé. La rosette qui 
est à la base de cet axe, souvent détruite lors de la floraison, donne naissance, 
à l'aisselle de la plus inférieure de ses feuilles, à un bourgeon latéral qui va 


170 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

former à côté d'elle une deuxième rosette d’un ordre plus élevé ; il se trouve 
quelquefois ainsi deux rosettes latérales. Ainsi se perpétue la plante. L'auteur 
ajoute quelques détails sur la formation de la fleur. 


Hedacigia, n° 1, 1866. 


Ce nouveau journal de botanique, consacré exclusivement à la botanique 
cryptogamique, est publié à Dresde par M. Rabenhorst. Le premier numéro 
contient, outre plusieurs comptes rendus, trois travaux originaux, une énu- 
mération des espèces d’Ascobolus qui se trouvent dans la région rhénane, 
due à M. L. Fuckel; la description de la copulation d'une Diatomée, l Æpi- 
themia Gæppertiana Rabenh., par M. J. Hermann, et d'un nouveau genre 
d'Hystériacées, dont voici la diagnose : 

Baggea Auerswald : Receptaculis hysteriiformibus : ascis amplis obovatis 
polysporis, paraphysibus paucis intermixtis, sporis fusiformibus septatis. 


Sur les Commélinaeces; par M. J.-K. Hasskarl (Extrait du Bulletin 
du congrès international de botanique et d'horticulture, convoqué à 
Amsterdam au mois d'avril 1865) ; tirage à part en brochure in-8* de 
17 pages. 


Cette brochure comprend un texte où l'auteur expose (en allemand) l'his- 
toire botanique de la famille des Commélinacées, et deux tableaux synoptiques, 
rédigés (en latin) suivant la méthode dichotomique, et destinés à faire parvenir 
facilement le lecteur à la détermination des quarante-deux genres qui com- 
posent maintenant cette famille. 


Ueber dic Entstehunz des Harzes im Innern der Pflan- 
zenzellen (De la naissance de la résine dans l'intérieur des cellules 
végétales); par M. J. Wiesner (Sitzungsberichte der K. K. Akad. der 
Wissenschoften zu Wien, t. 1, 16 juin 1865). 


Il existe dans les éléments ligneux de beaucoup d'arbres de nos forêts des 
corpuscules qui ne se composent que rarement de résine, mais dans lesquels 
alternent presque toujours la résine, la cellulose, la granulose, le tannin, et 
une matière colorante que font apparaitre les alcalis. Il est trés-vraisemblable 
que l'amidon se transforme d'abord en tannin, et que celui-ci passe ensuite à 
l'état de résine; et une grande quantité de la résine qui se rencontre dans la 
nature doit provenir, directement ou indirectement, des grains amylacés. 


Bemerkungen ueber den Bluethenubau der Fumaria- 
ecen und Cruciferen (Remarques sur la structure florale des 
Fumariccées et des Crucifères); par M. Fr. Buchenau (Flora, 1866, 
n. 3, pp. 39-44). 


Ge mémoire est publié à l'occasion de celui de M. Eichler, que nous avons 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 174 


longuement analysé plus haut. La difficulté que soulèvent , d’après M. Bu- 
chenau, les interprétations proposées par M. Eichler, tient à la théorie du 
dédoublement, théorie francaise, dit-il, qui fait là son entrée dans la morpho- 
logie allemande. 

M. Buchenau s'est rappelé les études qu'il avait faites, il y a douze ans, sur 
l'organogénie florale des Fumariacées, et dont les résultats concordent dans 
tous les points essentiels avec ceux que M. Eichler a obtenus. Il décrit et figure 
le développement du Fumaria officinalis. Pour les Cruciféres, il rappelle qu'il 
a décrit dans le Botanische Zeitung de 1862, p. 306, des fleurs terminales 
d Jonopsidium acaule munies de sept étamines, ainsi que d'autres anomalies. 
La septième étamine de l’Zonopsidium s'est trouvée sur deux fleurs entre deux 
des grandes étamines, formant leur paire normale, insérée à la méme hauteur 
et aussi haute qu'elles. 


Lin neues Tragopogon, aufgestellt und beschrieben 
(Un nouveau Tragopogon établi et décrit); par M. F. Schaltz, de Wis- 
sembourg (Flora, 1866, n. ^, pp. 49-53). 


L'auteur reçut, en 1861, un Tragopogon envoyé d'Agen par M. de Pom- 
maret, et dans lequel il reconnut au premier coup d'œil une espèce nouvelle. 
Il le nomma 77. Pommaretii; plus tard, sur l'avis de son frère, M. C.-H. 
Schultz, il le distribua sous le nom de 77. dubius Vill. dans la septième cen- 
turie de son Herbarium normale, ce nom étant le nom princeps de l'espeéce 
nommée depuis Zr. Tommasinii. Ayant recu ultérieurement des observations 
de M. de Tommasini sur cette plante, l'auteur réforme les idées qu'il avait 
cru devoir adopter. Le Tr. Tommasinii C.-H. Sch.-Bip. in Bischoff Berr. 
zur Fl. Deutschl. 3, est distingué par lui du 7. dubius Vill. dont il diffère 
« Pedunculis sub capitulo vix incrassatis , nec jam sub anthesi clavato-incras- 
satis, etc. ». De plus, le 77. Pommaretii est ainsi décrit : 

Tr. Pommaretii Fr. Schultz msc. 1861. — 77. pratense Saint-Amans non 
L. — Tr. majus var. decipiens Chaub. in Noul. 77. bass. pyr. et Lagr. -Foss. 
Fl. Tarn-et-Gar. — Tr. minus Bille F/. Gall. et Germ. exsicc. non Fries. 
— Jr, orientale var. decipiens de Pomm. in litt. — Tr. dubius C.-H. 
Sch.-Bip. in Fr. Schultz herb. norm. n. 697 non Vill. nec Scop. 

Pedunculis sub capitulis vix incrassatis, involucro glabro 8-10-phyllo, folio- 
lis e basi dilatata lanceolato-linearibus acuminatis, floribus involucro subbre- 
vioribus vel involucrum æquantibus, fructibus marginalibus plus minusve 
squamuloso-incurvatis, centralibus glabris, rostro filiformi longitudine fructus, 
superne non incrassato, sed infra pappum constricto valde barbato, pappo 
rostro longiore, foliis linearibus basi dilatatis subamplexicaulibus caule pedun- 
culisque glaberrimis. 


172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Weber cine cigenthuemliehe Form von Milchsafthe- 
bæltern (Sur une forme particulière des réservoirs à latex); par 
M. F. Hildebrand (77ora, 1866, n° 6, pp. 81-84). 


Quand on observe les feuilles ternées du Psoralea hirta, on remarque sur 
leur page inférieure et supérieure des taches arrondies distribuées assez régu- 
lièrement sur toute la surface, qui se distinguent par leur couleur plus claire 
sur le vert sombre de la feuille. Si l'on fait une coupe parallèlement à la surface 
de celle-ci, en enlevant avec l'épiderme une ou plusieurs des couches sous- 
jacentes, on reconnait bientôt à l’œil nu qu'il coule du latex des points remar- 
quables auparavant par leur coloration claire. Ce latex est contenu dans des 
réservoirs auxquels l'auteur ne connait rien d'analogue en anatomie végétale. 
Ces réservoirs consistent dans des cavités sphériques traversées par de lon- 
gues cellules qui contiennent le latex, et qui, nées sous une agglomération de 
petites cellules épidermiques, rayonnent de là dans toutes les directions, et 
s'attachent en s'épatant aux parois du réservoir. Celles-ci sont formées par 
une couche de cellules aplaties, à diamétre allongé suivant la circonférence, en 
dehors de laquelle s'en trouve une seconde pareille, seulement sur une demi- 
circonférence, dans la profondeur du parenchyme de la feuille. Le réservoir 
occupe prés des deux tiers de l'espace qui sépare les deux faces de la feuille. 


Addenda nova ad Lichenozraphiam curopæam ; scripsit 
W. Nylander (Flora, 1866, n. 6, pp. 84-87). 


Lecidea microphæa, supra Polyporum fomentarium vetustum in Finlandia 
(Norrlin); Z. chlorotica, ad corticem Ulmi prope Clifton in Anglia (Larba- 
lestier); Z. chloroticella, supra pileum vetustum Polypori ignarii in Finlandia 
media (Norrlin); L. hæmatomela, ad corticem Pini prope Onegam lacum 
(Simming); Verrucaria mesobola, prope Baréges in Pyrenæis supra Muscos, 
in locis 1800 m. altis; V. antecellens, ad corticem //icis in Anglia (Larba- 
lestier). 


Osservazioni sulle Felce fossili dell'Oolite ed enume- 
razione delle specie finora rinvenute nel varii piani 
di quella formazione (Observations sur les Fougères de l'oolithe, 
et énumération des espèces trouvées jusqu'ici. sur divers étages de cette 
formation); par M. le baron de Zigno. Padoue, 1865. 


M. de Zigno a employé dans cette énumération un nouveau système de 
classification, parce qu'à son avis, colui qui a été suivi jusqu'à présent ne con- 
corde pas avec les caractères naturels. Il divise les Fougères de l'oolithe en 
neuf ordres. Le premier d'entre eux, celui des Pachyptéridées, est créé pour 
le genre Pachypteris de M. Brongniart, parce que les frondes de ce genre ne 
sont pourvues que d'une seule nervure médiane, caractère qui n'appartient à 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 173 


aucun autre ordre, pas méme celui des Cycadées, oà M. Unger place les Pa- 
chypteris. Les genres Cyclopteris Ad. Br., Odontopteris Ad. Br. , Dichopte- 
ris Zigno, Dicropleris Pom. et Loxopteris Pom., sont séparés des Neu- 
roptéridées, où ne reste que le seul genre JVeuropteris , et forment le nouvel 
ordre des Cycloptéridées. Dans l'ordre des Dictyoptéridées sont placés tous 
les genres à nervation réticulée, dont les anastomoses circonscrivent des mailles 
plus ou moins longues, soit par toute la fronde, soit seulement jusqu'à une 
limite donnée ( Camptopteris Sternb., Pretorhipis Andr., Phlebopteris Ad. 
Br., Sagenopteris Presl). L'ordre des Stachyptéridées a été fondé pour le 
Stachypteris Pom. , remarquables par ses fructifications spiciformes. Les 
ordres des Sphénoptéridées , Pécoptéridées, Gleichéniacées et Danéacées, ont 
&té conservés avec quelques modifications. 

Ce sont les Alpes de la Vénétie qui ont fourni à M. de Zigno ses principales 
sources d'observations. On y trouve, dans l'oolithe seulement, trente espèces 
fossiles. La méme formation en contient, en France, dix-sept espéces, et en 
Angleterre quarante-neuf. 


Pugillus plantarum imprimis hi«panícarum, quas in 
itinere 1851-52 legit Joh. Lange. Pars 1v. Extrait du JVaturh?st. Foren. 
vidensk. Meddelelser, 4865; pp. 225-388, avec 2 planches. 


Cette quatrième partie termine le Pugillus de M. Lange. Elle renferme les 
familles des Ombellifères, Crassulacées, Saxifragées, Renonculacées, Papavé- 
racées, Crucifères, Cistinées, Paronychiées, Caryophyllées, Malvacées, Poly- 
galées, Euphorbiacées, Onagrariées, Rosacées et Légumineuses, ct les familles 
moins importantes qui se trouvent ordinairement placées dans le voisinage des 
précédentes. Beaucoup d'observations importantes sont consignées par M. Lange 
dans ce travail. Nous citerons les principales, ainsi que les espèces nouvelles. 

Ombelliféres. — La distinction établie entre les Orthospermées et les Cam- 
pylospermées est artificielle. Déja, M. Boissier a fait ressortir laffinité des 
genres Bunium, Heterotænia et Conopodium. M. Lange dresse un tableau où 
chaque genre d'Orthospermées a son correspondant direct dans la série paral- 
lèle des Campylospermées. — L'Eryngium viviparum J. Gay, de Bretagne, 
se retrouve en Espagne sous le nom d*Z. linearifolium Pourr. —Le Bunium 
nivale Boiss., ayant l'involucre monophylle, passe dans le genre Carum. — 
Conopodium brachycarpum Boiss. in litt. n. sp. 

Crassulacées. — Le Sedum anglicum est ainsi traité : Sedum Raji Lge Ind. 
sem. hort. haun. 4851, p. 27. S. minimum non acre floribus albis Rai Syn. 
tab. 12, f. 2. S. arenarium Brot. Phyt. t. 1, f. 2; var. a pyrenaicum Lge 
l. c.5 var. B Hudsonianum Lge l. c. (S. anglicum Huds. excl. syn., Zngl. 
bot. t. 171, Fl. dan. 82). 

Crucifères. — Lepidium ambiguum Lge n. sp. — Sinapis setigera J. Gay 
in DR. Pl. ast. n. ^11. — Eruca orthosepala Lge Ind. sem. h. haun. 1857, 


17h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


p. 28. — Erucastrum Pseudosinapis Lge (Brassica bætica var. Coss. in 
Bourg. Pi. d'Esp. n. 1555). — Crambe reniformis Desf. 8 hispanica 
(C. filiformis Boiss. Voy. p. 13). — Raphanus Raphanistrum L. b hispidus, 
y microcarpus. — Bunias tricornis Lge n. sp.; l'auteur n'en possède qu'un 
exemplaire. 

Résédacées. — Astrocarpus suffruticosus Lge (A. Clusii var. Lge olim in 
schedul.). — A. minor Lge n. sp. — Reseda bipinnata Willd. (R. gigantea 
Pourr., R. suffruticulosa Cutand.). 

Paronychiées. — Paronychia brevistipulata Lge n. sp. 

Polygalées. — Polygala angustifolia Lge n. sp. 

£Euphorbiacées. — E'uphorbia tetraceras Lge n. sp. 

Linées. — Linum suffruticosum L. (excl. syn. L. salsoloides Lam.), var. 
& angustifolium (L. scabrum Kze). 

Légumineuses. — Ononis tridentata L. (incl. O. crassifolia L. Duf. et 
O. Barrelieri L. Duf., var. 8 intricata Lge (O. crassifolia B iniricata 
Willk.). — Ulex australis Clem. .(U. parviflorus Pourr., U. provincialis 
Lois. ?). — U. canescens Lge n. sp. — Genista cinerascens Lge n. sp. — 
Trifolium cernuum Brot. (T. reflexum Pourr., ¥.:Perreymondi in Bourg. 
Pi. hisp. 1863). — Astragalus granatensis Lge (A. hypoglottis Brot. 
Phyt. Lus. p. 445, tab. 60, an L.?). — Vicia lanciformis Lge n. sp. 

Le Pugillusse termine par des Addenda et corrigenda, et par l'Zndex 
generum. 


Manuel de la flore de Belgique; par M. François Crépin. 
Deuxième édition considérablement augmentée. Un volume grand in-12 de 
XLII et 384 pages. Bruxelles, chez G. Mayolez, 1866. 


Des changements notables distinguent cette deuxième édition de la première. 
Les modifications, ou plutôt les améliorations les plus remarquables, sont celles 
qui concernent la distribution géographique des plantes. C’est à la fondation de 
la Société royale de botanique de Belgique, aux herborisations de la Société et 
aux recherches individuelles de ses membres, que l’on -doit la plus grande 
partie des documents nouveaux consignés dans le livre de M. Crépin. 

Au lieu de ranger les indications géographiques par provinces, comme cela 
était fait dans la premiere édition , l'auteur les a distribuées par régions et par 
zones, ce qu'il regarde comme plus clair et plus rationnel. Pour ce qui con- 
cerne la partie phytographique, il a suivi à peu près la classification de la Flore 
des environs de Paris, de MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre, d'oü il a, 
en outre, extrait presque textuellement la diagnose des différents groupes. 
En fait de synonymie, il a adopté la nouvelle maniere d'écrire le nom d'une 
plante qui a été changée de genre, la seule, dit-il, qui respecte les droits 
acquis. Dans cette nouvelle édition, il n'a pas cru devoir reparler des pro- 
priétés médicinales de nos plantes indigènes : cela devenait inutile depuis la 
publication de la flore médicale belge de MM. Guibert et Van Heurck. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 175 


Ueber das Holz ciniger um Desterro wachsenden Klet 
terpflanzen (Sur le bois de quelques plantes grimpantes croissant 
prés de Desterro); par M. Fritz Mueller ( Botanische Zeitung, 1866, n. 8, 
pp. 57-67, n. 9, pp. 65-69, avec une planche). 


Les principales plantes étudiées dans ce mémoire sont un Tefrapteris, un 
Peixotoa, un Luntana, un Condylocarpon, un Aristolochia, un Securidaca, 
une Hippocratéacée (7ontelea ?), un Bryonia, un Strychnos, un Caulo- 
tretus, une Ménispermée, un Mucuna, diverses Bignoniacées, un Haplolo- 
phium, un Serjania et une autre Sapindacée indéterminée, ainsi qu'un Phi- 
lodendron. D'après leur structure anatomique, l'auteur divise en cinq groupes 
les tiges de ces plantes, qui sont toutes des tiges anomales. Dans le premier 
groupe, le corps ligneux croissant inégalement dans les divers points de sa cir- 
conférence, tantót plus rapidement, tantót plus lentement, i! en résulte sur sa 
surface extérieure des saillies longitudinales séparées par des enfoncements qui 
lui donnent un aspect fendillé. Tantót l'écorce a produit extérieurement ces 
dispositions du corps ligneux, qu'elle retrace à l'extérieur, tantôt elle comble, 
au contraire, les vides des parties rentrantes. Le premier cas se remarque 
dans le genre Zantana, le second cas chez le Peixotou, le Tetrapteris et le 
Cond ylocarpon. Dans un second groupe de plantes grimpantes, le corps ligneux 
est fendu en troncons séparés les uns des autres dans toute la longueur de la 
tige par le grand développement des rayons médullaires (Clematis, Cocculus, 
Cissus, Aristolochia, Bryonia). Ces formations n'offrent qu'un faible degré 
d'anomalie. Dans un troisième groupe, le cambium, au lieu de former un cercle 
unique, se retrouve encore, autour de l'anneau générateur, dans l'écorce, 
sous forme de bandes, d'arc, ou méme d'anneau complet, et donne lieu à des 
formations ligneuses, séparées du systéme ligneux central par des couches 
d'écorce. Cette structure appartient à beaucoup de Ménispermées et au genre 
Mucuna; chez ces plantes, il n'existe aucune différence de structure entre le 
corps ligneux central et la ceinture ligneuse extérieure, tandis que dans le 
geure Securidaca il en est autrement. Un quatrième groupe est constitué par 
les Bignoniacées sarmenteuses, dont l'auteur a examiné une douzaine d'espéces, 
et dont la structure, dont le corps ligneux partagé en quatre divisions, ne nous 
paraissent offrir dans son mémoire aucun fait nouveau important. L’Æaplolo- 
phium présente une tige de là méme nature. Enfin, le cinquiéme groupe 
renferme les Sapindacées examinées par l'auteur, qui offrent à cóté de l'axe 
principal des axes latéraux enveloppés par la méme écorce. Ici encore, rien 
d'essentiellement nouveau pour la science. 


La feuille florale et Panthère; par M. D. Clos (Extrait des Mé- 
moires de l Académie impériale des sciences, inscriptions et belles-lettres 
de Toulouse, 6° série, t. 1v) ; tirage à part en brochure in-8° de 20 pages. 


N'y a-t-il vraiment dans le végétal le plus compliqué que des axes et des 


176 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 

appendices. L'auteur a démontré, en 1848, que les radicelles ne peuvent étre 
rapportées ni à l'un ni à l'autre de ces groupes. Depuis lors, les écailles termi- 
nales des bractées des Centaurées, les urnes des Nepenthes, ont été considérées 
comme des formations spéciales surmontant la feuille. Enfin, la signification 
des épines du Xanthium spinosum a été diversement appréciée. Or, on est loin 
de s'accorder sur la nature de l'étamine. L'idée de considérer cet organe 
comme un bourgeon, idée singulière au premier abord, mais jadis soutenue 
par C.-A. Agardh et Endlicher, et récemment reprise par MM. D. Mueller et 
Guillard, est-elle conforme aux faits ? 

Pour élucider cette question, M. Clos compare d'abord l'étamine avec la 
feuille et le pétale; il montre que, dans un grand nombre de genres, les éta- 
mines sont modifiées singulièrement, sans que la feuille ou les pétales le 
soient, et vice versà. Il rappelle combien sont nombreux les exemples d'an- 
thères dorsifixes, tandis qu'il n'y a presque point dans le règne végétal 
d'exemple de feuille ou de pétale dorsifixe. 

Ensuite, M. Clos cherche des renseignements parmi les faits tératologiques, 
Est-il vrai, demande-t-il, que dans la duplicature de certaines fleurs, l’anthère 
se transforme en lame de pétale, Il rapporte au connectif la formation des lames 
sur les parties latérales desquelles se retrouvent fréquemment des vestiges d'an- 
there. Quand les Papaver commencent à doubler, on voit une languette par- 
faitement distincte de l'anthére partir de son filet et en abriter les deux loges. 
M. Masters a observé chez une Saponaire les appendices terminaux de l'onglet 
transformés en pétales. Plusieurs faits, relatés par divers botanistes, MM. de 
Schlechtendal, Chavannes, Ch. Lemaire, Páris et l'auteur lui-méme, prouvent 
que la lame pétaloide résultant de la transformation de l'étamine procède du 
connectif. Les Paris, Nymphæa et autres genres, témoignent en faveur de 
l'indépendance du filet et de l'anthére. Si celle-ci est un corps surajouté au 
filet, on peut s'expliquer très-bien les filets stériles des Z'rodium, l'existence 
accidentelle de l'anthére sur divers organes floraux, notamment sur plusieurs 
endroits du gynécée. 

La théorie qui fait de l'anthére un organe distinct dissipe les difficultés d'in- 
terprétation relatives à la structure de l’anthère des Laurinées ; elle montre 
l'inutilité de comparer le mode d'attache, ordinairement dorsifixe, de l'anthere 
au filet, avec celai ordinairement continu de la lame de la feuille au pétiole ; 
elle explique la présence des anthères au sommet des divisions du périanthe des 
Protéacées; elle justifie la multiplication d'antheres observée par M. Fée sur 
les écailles florales des Cycadées; elle fait disparaître l'anomalie que montrent 
dans la plupart des familles de Monocotylédones les étamines pourvues d'un 
long filet, comparées aux feuilles sessiles et. peut-étre de nature phyllodique; 
elle rétablit une analogie naturelle entre les organes mâles de tout le règne 
végétal, car chez les Acotylédones, l'anthéridie ne dérive pas de la feuille ; elle 
offre un argument de plus à l'opinion qui voit des staminodes dans les lanières 
pétaloides internes des Canna, etc. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 177 


Les opinions soutenues par Bernhardi (Ann. sc. nat. 2, Xx, 122) et L. Bravais 
(Ann. sc. nat. 2, xvii) se rapprochent de celle de M. Clos. Il énumère lon- 
guement les passages où les auteurs ont exprimé des idées contraires, adoptées 
généralement comme classiques depuis l'enseignement de De Candolle. Au con- 
traire, M. Guillard, dans notre Bulletin, t. v, p. 729, regarde l'étamine, et 
M. D. Mueller (d'Upsal) regarde lanthère comme le bourgeon axillaire du 
sépale. M. Clos, qui combat cette opinion, fait remarquer que beaucoup de 
plantes, méme parmi les Phanérogames, manquent de bourgeons axillaires. 


Ucber ploetztiches massenhaftes Auftreten und Wieder. 
schwinden einzelner Pflanzen (Sur les phénomènes subits 
d'apparition en masse et de disparition de certaines plantes); par M. H. de 
Mohl ( Wuerttembergische naturwissenschaftliche Jahreshefte, 21* année, 
2* et 3° partie, pp. 161-164). Stuttgart, 1865. 

C'est un phénomène assez fréquent de voir apparaitre en abondance, dans 
le cas de changements physiques d'une localité, une ou plusieurs espèces 
végétales qui n'y avaient pas été rencontrées, du moins en quantité, et qui en 
disparaissent aprés une ou plusieurs générations. C'est ainsi qu'après les coupes 
des bois épais croissent le Senecio silvaticus, Y Epilobium angustifolium et 
autres plantes qui ne se verront plus quand la forét aura grandi de nouveau. 
Les faits sont encore plus remarquables quand les modifications survenues 
dans la localité ne changent pas le mode d'acces des vents, mais seulement les 
conditions physiques du sol ; alors, il est encore plus certain que les plantes 
nouvellement apparues doivent leur présence à des graines depuis longtemps 
enfouies dans le sol. L'auteur a observé un fait de ce genre après l'établisse- 
ment d'un chemin de fer aux environs de Tubingue. La couche supérieure du 
sol ayant été enlevée jusqu'à une profondeur de 1 à 2 pieds sur une étendue 
considérable, pour fournir les matériaux nécessaires à un remblai, le sous-sol 
mis à nu fut ensemencé en Luzerne. Celle-ci vint d'une manière détestable; 
mais, il y a trois ans, le sol se couvrit, sur une étendue de plusieurs arpents, 
d'un tapis serré de Zeseda Luteola, qui, deux ans après, avait disparu sans 
laisser de trace. Un autre exemple a été donné par le Conium maculatum, 
qui, dans les environs de Tubingue, n'est rien moins que fréquent, et qui 
l'année passée, une chaussée ayant été construite de la station d'Eyach à 
Muehringen, s'est développé en trés-grande abondance sur les pierres de 
revétement et sur le talus de cette chaussée. 


Zur Entwickelaungsgeschichte des Ascobolus pulcher- 
rimus Cr. und ciniger Pezizen (0rganogénie de l’Ascobolus 
pulcherrimus e£ de quelques Pézizes); par M. M. Woronin (Abhandlungen 
der Senckenbergischen naturforschenden Gesellschaft, 5* vol., 3* et A* li- 
vraisons, pp. 333-344, avec ^ planches). Francfort-sur-le-Mein, déc. 1865. 
Tl y a deux ans, M. le professeur De Bary a trouvé sur le Peziza confluens 

T XIE (nrvvE) 12 


178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Pers. des groupes de cellules disposées par paires, qui sont le premier 
état de développement de ce Champignon. L'auteur a observé le même 
phénomène au printemps de 1865 sur l'Ascobolus pulcherrimus, qu'il 
avait recueilli sur du fumier de cheval, et dont il suivit toutes les phases en le 
cultivant pendant plusieurs semaines sur le porte-objet d'un microscope (1). 
L'auteur décrit successivement le mycélium et les cupules. Celles-ci apparais- 
sent d'abord à l'état de corps vermiformes comme une ramification latérale 
et infléchie du mycélium, formée de cinq à douze cellules séparées par des 
cloisons parallèles; chacune d'elles renferme une à deux vacuoles. Elles sont 
d'autant plus grosses qu'elles s'approchent plus de la terminaison du chapelet 
qu'elles forment par leur juxtaposition. Sur les filaments de mycélium qui les 
portent se remarquent encore des articles latéraux, courts et incolores, en 
forme de crochets, dont chacun se partage peu aprés son apparition en deux 
cellules de grosseur inégale, dont l'inférieure est un peu plus petite que la 
supérieure. Le côté concave de leur courbure est tourné vers les corps ver- 
miformes, et ces deux formations finissent par se trouver en contact assez iu- 
time pour ne pas se laisser séparer l'une de l'autre. Peu après cette sorte de 
copulation, les corps vermiformes et les articles unciformes qui s'y sont atta- 
chés se trouvent complétement environnés par un lacis de filaments qui repro- 
duisent le mycélium du méme Champignon; ces filaments naissent de la 
cellule inférieure de l'article unciforme. Au bout de quelque temps, il devient 
impossible de suivre la direction des divers filaments du mycélium entrelacés 
autour des corps vermifozmes; les cellules qui constituent ces filaments se 
renflent en vésicules, et il en résulte un tissu polyédrique dont les cellules 
extérieures sont arrondies; les cellules intérieures, au contraire, celles qui 
avoisinent le substratum, poussent encore des filaments qui se ramifient et 
forment une sorte de mycélium secondaire, qui s'entrelace avec le mycélium 
primordial. C'est cette agglomération cellulaire, résultant de l'union des corps 
vermiformes et des articles unciformes, qui se développe en cupule ou péri- 
. thécium; l'auteur a suivi avec soin la transformation que subissent alors les 
cellules. Jl explique encore la formation des spores et des paraphyses dans l'in- 
térieur de la cupule; nous n'insisterons pas sur ces faits, dont l'intérét est 
moindre. 

En terminant, il fait connaitre e 1core une deuxième forme de fructification 
de l'Ascobolus pulcherrimus, qui, dit-il, n'a pas été mentionnée encore. Il 
s'agit là de chlamvdospores, qui naissent également sur les mêmes filaments 
du mycélium que les cupules, et qui sont d'une couleur orangée et remplies de 
gouttelettes huileuses quand elles sont. complétement développées. C'est par là 


(1) Les principaux documents sur le genre Ascobolus ont été fournis par M. De Bary 
(Entwickclung der Ascomyceten), par MM. Crouan (Ann. sc. nat. 4, VII, p. 473, et X, 
p. 193), et par M. Coemans (Bulletins, de la Société royale de botanique de Belgique, 
I, p. 76). 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 179 


qu'elles se distinguent des articles unciformes signalés plus haut, car elles ter- 
minent également des ramifications latérales et infléchies, Ce sont des spores 
de conservation (Dauerzellen, Ruhesporen); elles ne commencent à germer 
que longtemps apres la destruction du mycélium qui leur a donné naissance. 
L'auteur n'a trouvé jusqu'ici de chlamydospores sur aucun autre Ascobolus 
ou Peziza. 

Les figures du mémoire de M. Woronin sont relatives aux Peziza granu- 
lata Bull., P. scutellata L. et à l'Ascobolus pulcherrimus. 


Zur Kenntniss der Mucorineen (Étude des Mucorinées) ; par 
M. De Bary ( Abhandlungen der  Senckenbergischen naturforschenden 
Gesellschaft, X. v, 3° et 4° Jivraisons, pp. 345-366, avec 2 planches). 
Francfort-sur-ie-Mein, déc. 1865. 


Les nouvelles recherches du savant professeur de Fribourg concernent le 
Mucor Mucedo et le Mucor stolonifer; il y a ajouté quelques notes sur la 
taxonomie des Mucorinées, 

Le Mucor Mucedo étudié ici par M. De Bary est celui de Fresenius. Il croit 
naturellement sur les excréments du cheval, du chien, du lapin, et on peut 
le semer sur le blanc et sur le jaune d'œuf, comme sur la solution sucrée albu- 
mineuse de M. Pasteur, le pain, les cerises, les fruits du Sorbus Aucu- 
paria, etc. Sur le mycélium de cette espèce s'élèvent les pédoncules qui por- 
tent les fruits. On connaît bien ceux qui portent le sporange caractéristique 
du genre Mucor. Ces sporanges sont tantót hérissés de petites pointes, tantót 
lisses, état qui constitue le Mucor racemosus de Fries. Une deuxiéme forme 
tonte particulière est celle qui a été décrite par Corda sous le nom de 
Thamnidium, et par Link sous celui d'AscopAora elegans. Sur cette forme, 
le pédoncule, avant de porter ce sporange, donne naissance à de nombreuses 
ramifications latérales, portant un petit sporange au bout de chacune 
de leurs dernieres dichotomies. ll se rencontre de nombreux intermédiaires 
entre les formes extrêmes de ces deux types. En société avec le Mucor Mucedo 
se trouve souvent, sur les excréments, une troisieme forme, comme celle que 
MM. Berkeley et Broome ont décrite sous le nom de Botrytis Jonesii et que 
M. Fresenius a placé dans un genre particulier, le Chætocladium. Ici, on a sous 
les veux comme une petite forét d'un blanc de neige; en réalité, les sporanges 
terminaux du Mucor et du Thamnidium ont disparu, et il ne reste que les 
ramifications latérales entre lesquelles s'élévent des aiguilles blanches formées 
par les pédoncules privés des sporanges terminaux. On a encore décrit sur le 
Mucor Mucedo des gonidies; M. De Bary considere ces organes, formés de 
cellules placées bout à bout sur le mycélium, comme les analogues des bour- 
geons des plantes supérieures; il les nomme Zrutzellen. 

M. Bail ( Flora 1857, p. ^17) a soutenu que les Zrutzellen, quand on a 
semé le Mucor Mucedo dans une solution sucrée, se transforment en cellules 


180 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


de levüre. A ce point de vue, M. De Bary n'est parvenu qu'a des résultats 
négatifs dans ses expériences. M. Bail a aussi réuni au Mucor l Achlya proli- 
fera Nees, Y Entomophthora Muscæ Fres. M. Cohn a déjà fait remarquer 
que l Zntomophthora est. l'état jeune de Achlya ou d'autres Saprolégniées 
(Bot. Zeit. 1853). Mais M. De Bary n'a pas vu les cellules de la levüre se 
changer, dans le pharynx ou l'estomac de la Mouche, en cellules d'Znto- 
mophthora. X n'a aussi obtenu que des résultats négatifs, quant à la transfor- 
mation du Mucor Mucedo en Achlya prolifera. 

Quant au Mucor stolonifer, M. De Bary s'étend notablement sur la copu- 
lation qu'il a observée entre des cellules nées à l'opposite l'une de l'autre, sur 
des ramifications du mycélium de cette espèce. Il lui réunit le Rhizopus 
nigricans Tode, l'Ascophora Mucedo Tode, et regarde comme très-probable, 
d'après les dessins et les descriptions de Corda, qu'il faut lui réunir aussi 
l'Aseophora Mucedo Corda, VA. nucuum Corda, l'A. Todeana Corda, et le 
Jihizopus nigricans Corda. 

Il fait encore rentrer dans le genre Mucor le Syzygites megalocarpus 
Ehr. (1), sous le nom de Mucor Syzygites, le Phycomyces nitens Kunze 
(Mucor Phycomyces Berkeley) ; il énumére encore, parmi les espéces du 
méme genre, le M. macrocarpus Corda et le M. fusiger Link. Les autres 


espèces de Mucor décrites par différents auteurs réclament de nouvelles 
recherches. 


Zur Kenntniss der Peronosporen (Recherches sur les Péro- 
nospores); par M. De Bary (//id. , pp. 367-372). 


Ces notes se composent d'une étude sur le développement des conidies du 
Peronospora infestans, et d'une étude sur la germination des oospores du 
Peronospora Valerianella. 


Sind die Rastfasern Zellen oder Zellfusionen? (Zes fibres 
du liber sont-elles des cellules ou des agrégations de cellules ?); par 
M. Josef Beehm (Sitzungsberichte der Kais. Akademie der Wissenchaften 
zu Wien, t. LINI, 4"° et 2° livraisons, 1866, pp. 26-48). 


M. Bœhm a examiné depuis huit ans plus de mille plantes, dans leur racine, 
leur tige et leurs pédoncules, pour chercher la solution de cette question. 1l 
s'est appliqué à observer surtout des fibres libériennes isolées: enfin, il a 
rencontré dans le Salisburia les faits qui forment la base de son mémoire. La 
moelle renferme, chez cet arbre, non-seulement des cellules parenchyma- 
teuses ponctuées, mais encore des cellules allongées qui ressemblent considé- 
rablement à celles du liber par leur contenu et par la structure de leurs parois. 
L'acide chlorhydrique et Ia chaleur colorent tous ces organes en un rouge rosé, 


(1) Voyez le Bulletin, t. XI (Revue), p. 217. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 181 


comme les fibres du liber, parois et contenu. Cet effet parait dà à la térében- 
thine que renferment ces organes chez le Salisburia. On isole bien les fibres 
libériennes en employant la coction dans une solution concentrée de potasse. 
L'auteur a vu que leur longueur varie depuis 3 jusqu'à 40 millimètres. On 
doit convenir, dit-il, que ces différences ne plaident point en faveur de l’hypo- 
thése d'une fusion de plusieurs cellules. Quant aux fibres libériennes secon- 
daires, qui atteignent également une longueur considérable, l’auteur pense 
qu'elles la doivent à leur accroissement, accompagné de la résorption des cel- 
lules voisines du dessus et du dessous, ou bien à ce qu'elles se glissent dans 
l'intervalle de celles-ci. 

L'auteur a encore examiné le Lin, le Chanvre, des Urtica, la Vigne, le Til- 
leul, sans reconnaitre que les fibres libériennes soient composées de cellules. 
Mais il fait observer que les vaisseaux laticiféres, souvent confondus avec les 
fibres du liber, au moins par la position qu'ils occupent, ont été, au contraire, 
et doivent être regardés comme résultant d'une semblable fusion. 

Nous avons été étonné de ne pas trouver dans le mémoire de M. Bœhm, 
qui abonde en citations, celle d'un passage des beaux travaux de M. Karsten, 
oü ce savant a figuré les fibres du liber dissociées en cellules constituantes 
après l'emploi de certains réactifs (1). 


Flora brasiliensis, Enumeratio plantarum in Brasilia hactenus detec- 
tarum, quam edidit C.-F. -Ph. de Martius. Fasc. XLI, mai 1866. In-fol. 


Le nouveau fascicule du Flora brasiliensis renferme l'étude des Lauracées 
et des Hernandiacées, due à M. Meissner, qui avait traité récemment ces 
familles dans le Prodromus. Aussi comprend-on qu'il ne peut y avoir beaucoup 
de nouveautés dans cette deuxième publication, faite d'ailleurs sur le méme 
plan que les fascicules précédents du méme ouvrage. 53 planches sont consa- 
crées à l'illustration du travail de M. Meissner. 


Ueber dic Vorrichtungen an cinigen üllucthen zur Bce- 
fruchtung durch Inscktcnhuelfe (Comment certaines fleurs 
sont disposées de manière à étre fécondées par le secours des insectes) ; 
par M. F. Hildebrand ( Botanische Zeitung, 1866, n° 50, pp. 73-78, avec 
une planche). 


M. Hildebrand continue avec une persévérance digne d'éloges des travaux 
que nous avons déjà analysés dans cette Æevue (2), suivant la trace de C.-K. 
Sprengel et de M. Ch. Darwin. Ses nouvelles recherches concernent le 
Pedicularis silvatica, les genres Indigofera, Medicago et Cytisus, le Lo- 
dezia coronata, le Schizanthus pinnatus et le Siphocampylus bicolor. Elles 


(4) Voyez le Bulletin, t. X, p. 335. 
(2) Voyez plus haut, p. 72 ; et t. Xll (Revue), pp. 193, 218, etc. 


182 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


étendent encore le domaine de la fécondation croisée. M. Hildebrand profite 
de cette occasion pour faire remarquer une légère confusion dans la termino- 
logie, qui désigne par le terme de fécondation intrinsèque (Selbstbefruch- 
tung) la fécondation qui a lieu dans une seule fleur, soit qu'on la féconde, soit 
qu'elle se féconde elle-méme par son propre pollen. Dans le premier cas, 
M. Hildebrand la nomme fécondation propre (eigene Befruchtung); dans le 
second cas, auto-fécondation (Sichselbstbefruchtung). 


Ueber die Einwirkung der Chromsæurce auf Stærke 
(Action de l'acide chromique sur l'amidon) ; par MM. Adolf Weiss et 
Julius Wiesner (Botanische Zeitung, 1866, n° 13, pp. 97-104, avec une 
planche). 


C'est Schacht qui, le premier, a employé une solution chaude d'acide 
chromique dans les recherches d'anatomie végétale, notamment pour dis- 
soudre la substance intercellulaire (Das Mikroskop, p. 120). Elle a servi 
plus tard, et froide, à dissoudre la pollénine et la cutine (Pollender in Bot. 
Zeit. 4862, p. 405); enfin, M. Kabsch et l'un des auteurs l'ont employée 
froide presque à la méme époque, à la place du réactif de Schultz, et avec le 
meilleur résultat, pour dissoudre la substance intercellulaire et divers produits 
résultant de la métamorphose des parois cellulaires. Voici maintenant le méme 
réactif appliqué à l'étude de l'amidon. Il est préparé en traitant le chromate 
double de potasse par l'acide sulfurique concentré et étendu de la moitié de 
son volume d'eau. 

Le premier indice de l'action exercée par ce réactif sur le grain d'amidon 
consiste dans l'apparition claire et nette des couches qui le constituent ; plus 
tard, ces couches se séparent sur certains points les unes des autres et par 
zones, dont chacune comprend un certain nombre de couches, Le grain prend 
d'abord, sous l'influence du réactif, une coloration jaune qui dépasse par son 
intensité celle du liquide environnant, mais il pâlit quand les couches se des- 
sinent. En méme temps que celles-ci apparaissent des lignes rayonnantes, qui 
partent du hile, et sont extrémement nombreuses; elles sont plus ou moins 
prononcées, et quelquefois interrompues. 

Si l'on met en contact avec l'iode le grain qui a passé quelques heures dans 
la solution d'acide chromique, et dont les couches ne sont pas séparées par 
zones, il se colore en jaune ou en brun jaune, et trés-rarement quelques 
grains prennent d'abord une teinte d'un violet terne pour passer ensuite à la 
coloration jaune ou jaune brun. Mais, si l'on ajoute alors de l'acide sulfurique, 
la coloration bleue de l'amidon réapparait trés-intense; puis les grains Se 
dilatent considérablement, et laissent aprés eux une membrane d'un jaune 
terne ou bleue, qui devient peu à peu incolore et finalement disparaît. Si l'on 
traite des grains d'amidon qui ont séjourné assez longtemps dans l'acide chro- 
mique, et qu'on a soigneusement lavés dans l'eau, par la solution ammoniacale 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 183 
d'oxyde de cuivre fraichement préparée, les grains bleuissent, se dilatent et se 
dissolvent. Si on laisse des grains d'amidon dans la solution ammoniaco-cupri- 
que durant plusieurs heures, et qu'on les lave ensuite avec de l'eau ammo- 
niacale, il se montre à la place du noyau une cavité remplie d'une matière 
granuleuse ; le grain se dilate jusqu'à trente fois son volume, en conservant 
sur ses bords l'indice de sa division en couches. Les grains fortement attaqués 
par la solution ammoniaco-cuprique ne forment plus qu'une large enveloppe 
affaissée, dépourvue de zones et remplie d'une matière graisseuse. Si l'on 
ajoute de l'acide chromique, tout disparaît sous un grand développement de 
gaz. Les grains traités par la solution ammoniaco-cuprique se colorent dans 
tous leurs états en bleu par l'iode, leur enveloppe aussi bien que la matière 
granuleuse qui les remplit. 

Les observations des auteurs ont été faites sur le Solanum tuberosum, des 
espèces de Canna, le Zea Mays, le Triticum sativum, V Iris pallida, V Oryza 
sativa, des espèces d’ Euphorbia, le Maranta arundinacea et le Curcuma 
leucorrhiza. / 


Observations sur la fécondation et la germination des 
Orchidées, à l’occasion d'un Zelia hybride présenté 
en fleur, le 24 août 1863 ; par M. Aug. Rivière (Journal de la 
Société impériale et centrale d'horticulture, t. xit, 1866, pp. 288-291). 


M. Rivière raconte en détail, dans ce mémoire, l'histoire des tentatives qu'il 
a faites pour la fécondation artificielle des Orchidées et des vicissitudes qu'il a 
éprouvées dans ses expériences, dont les résultats ont été signalés à nos lec- 
teurs (1). On croira difficilement, dans un certain nombre d'années, ei méme 
aujourd'hui, que la fécondation artificielle des Orchidées est pratiquée en An- 
gleterre et en Allemagne sur une échelle si étendue, on s'étonne encore que 
M. Rivière ait rencontré dans ses recherches tant d'obstacles accumulés par la 
routine, Les essais qu'il faisait daas les serres du jardin botanique dela Faculté 
de médecine de Paris, où M. Lhomme, jardinier en chef, avait confié à ses 
soins la culture des Orchidées, furent heureux; de nombreux fruits germe- 
rent. Mais on craignit que les plantes fécondées ne dussent s'altérer ou périr. 
Le jardinier en chef ordonna de détruire tous les fruits à l'exception de ceux 
d'un Epidendrum crassifolium qu'il permit de conserver, et dont les graines 
mûrirent et germèrent. Mais M. Rivière fut encore forcé d'interrompre ses ex- 
périences, qu'il ne put reprendre, en 1854, qu'en cachette ! Aussi fut-il devancé 
en Allemagne par la publication du livre de M. Beer, dont nous avons rendu 
compte il y a deux ans (2), bien qu'il ait travaillé depuis vingt ans environ à 
la fécondation des Orchidées. Espérons que dans la nouvelle position qu'il 


(1) Voyez le Bulletin, t. III, pp. 28 et 653. 
(2) Voyez le Bulletin, t. X, p. 609. 


18^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

occupe depuis quelque temps, M. Rivière, jardinier en chef du palais du 
Luxembourg, pourra continuer ses travaux en dehors de ces contrôles quel- 
quefois si funestes à la science. 

Il donne dans son mémoire un apercu sur la nature de l'appareil sexuel 
des Orchidées en général et de plusieurs de ces plantes en particulier, ainsi que 
des détails sur la manière de pratiquer sur elles la fécondation artificielle. La 
fécondation ordinaire n'a pas réussi sur l'Óncidium Cavendishianum, dont 
les fruits n'ont germé que sous l'influence de la fécondation croisée. Un ovaire 
de S/anhopea ne s'est développé que plusieurs mois après la fécondation. 

Les essais de M. Riviere lui ont appris que, par la forme des fruits, on peut 
facilement, dans les grands genres, obtenir des groupes parfaitement distincts. 
Par exemple, les £pidendrum cochleatum et fragrans, qui ont les pseudo 
bulbes en forme de massue un peu aplatie, donnent des fruits ailés, tandis que 
les espèces à pseudobulbes ovoïdes ou arrondis, comme les Zpidendrum 
ionosmum, ochranthum, phœniceum, atro-purpureum, ont les fruits oblongs 
et sans ailes; les Zpidendrum, dont les tiges sont longues et cylindriques, 
comme l'Z. crassifolium, ont encore des fruits d'une forme particulière. Il 
est à remarquer que les pseudobulbes qui naissaient sur des plantes chargées 
de fruits étaient en général plus gros. 

Le mémoire de M. Rivière se termine par la description d'un hybride et de 
ses deux parents, les Zælia crispa (mère) et Lælia cinnabarina (père). 


Note sur quelques matières tinetoriales des Chinois ; 
par M. J.-O. Debeaux, pharmacien-major. In-8° de 16 pages. Paris, chez 
F. Savy, 1866. 


Les couleurs principales que les Chinois retirent du règne végétal sont le 
rouge, le jaune, le bleu, l'indigo, le vert et le noir. 

Cinq ou six plantes produisent la couleur rouge. La plus estimée se retire 
du HóNc-HóA, fleurs du Carthamus tinctorius L.; d'autres, du TsóU-FAN-MÓ, 
ou mieux Tsôu-MÔ (Cresalpinia Sapan L., le bois de fer des Malais et des 
Cochinchinois), et du TsiNG-TSAÓ (Rubia cordata Thunb. , R. cordifolia L.). 
Le Messerschmidtia Tournefortii Andr., qui est probablement le Litho- 
spermum arvense 'Thunb. non L., fournit par sa racine une matière colorant 
en rouge pourpre. 

Parmi les matières colorant en jaune, on remarque surtout le HôEI-HÔA ; 
ce sont les fleurs du SopAora japonica L., dont on a vainement essayé en 
France de retirer une matière colorante. Il faut citer encore le KOUI-TZÉ ou 
KIN-TZË (fruit d'or), fruits secs du Gardenia florida L., qui porte encore le 
nom de Zchang-Pe- Hóa ou arbre aux fleurs blanches ; le TIEN-SIEN-TAN, 
bois du Fibraurea tinctoria Lour., le THING-K1-HOANG, Reseda chinensis; 
le HóàNG-P£-M0, Pterocarpus flavus Lour., dont l'écorce sert à colorer la 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 185 
soie en une belle couleur jaune; le KIANG-HOANG, racines de divers Cur- 
cuma; et le HoANG-LÓ, gomme-gutte du commerce. 

Les matières colorant en bleu sont retirées de diverses espèces des genres 
Indigofera et Polygonum. 

Dans les matières colorant en vert, la principale est le Ló-KA6 ou vert de 
Chine, fourni par les Rhamnus chlorophorus Decaisne et Rh. utilis Decaisne, 
sur lequel une notice de M. N. Rondot a déjà été analysée il v a longtemps 
dans ce Bulletin (1). 

Quant aux matières colorant en noir, elles ne s'obtiennent pas directement 
des substances végétales, mais bien de liqueurs tanniques que l'on mélange 
avec des solutions ferrugineuses. Au premier rang des substances astringentes 
recherchées par les Chinois se trouvent les galles ou coques de Chine, nom- 
mécs OU-PEI-TZÉ et YEN-FOU-TZÉ, produites par l'ApAis chinensis Bell. sur 
les feuilles du Dystilium racemosum Sieb. et Zucc. , galles qui sont quelquefois 
de la grosseur d'un œuf de poule. La thérapeutique chinoise les emploie jour- 
nellement. On se sert encore dans le méme but des galles recueillies sur les 
branches du Quercus castaneifolia, des écorces sèches de ce méme arbre, et 
des fruits secs et noirâtres d'une Amygdalée. 

Le mémoire de M. Debeaux est terminé par un petit glossaire donnant les 
noms indigènes des couleurs employées en Chine. 

Les matières minérales, presque exclusivement réservées en Chine aux 
peintres et aux dessinateurs, ne trouvent aucun emploi dans la teinture des 
étoffes. 


Icones Euphorbiarum, ou figures de cent vingt-deux espèces du 
genre Fuphorbia, dessinées et gravées par M. Heyland, avec des considé- 
rations sur la classification et la distribution géographique des plantes de ce 
genre; par M. E. Boissier. In-folio de 24 pages et 122 planches. Paris, 
Victor Masson et fils, 1866. 


Le beau volume que nous annoncons ici forme une annexe importante au 
Prodromus, dans lequel le genre Z'uphorbia a été, comme on le sait, mono- 
graphié par M. Boissier. Forcé de choisir, pour cette publication iconogra- 
phique, parmi un grand nombre d'Euphorbes non encore figurés, M. Boissier 
a pris les formes les plus caractéristiques et les plus variées, toutes les fois 
qu'il a pu disposer, pour les faire dessiner, d'échantillons assez complets. 
Ceriains groupes très-intéressants par leur port, les Euphorbes charnus par 
exemple, ne sont malheureusement presque pas représentés dans les herbiers ; 
c’est une lacune que M. Boissier signale, et qui ne pourra se combler un jour, 
que lorsqu'on se sera remis à recueillir et à cultiver dans les serres ces plantes 
si curieuses. 


(1) Voy t. V, p. 244, et t. VI, pp. 576-578. 


186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Relativement à la classification des Euphorbiées, il n'y a rien à apprendre à 
nos lecteurs depuis la publication du 1** fascicule de la 2° partie du 5° volume 
du Prodromus. On sait que M. Boissier a adopté l'explication généralement 
adoptée aujourd'hui de l'inflorescence des Euphorbiées, proposée d'abord par 
Lamarck et A.-L. de Jussieu, et développée depuis par R. Brown, A. de Jus- 
sieu et Reper, et qui consiste à la regarder comine formée par des fleurs 
unisexuelles renfermées dans un involucre; l'opinion. contraire de Linné, 
pour lequel l'involucre était un calice, et que MM. Payer et Baillon ont 
reprise et cherché à appuyer par des considérations organogéniques, parait, dit 
l'auteur, être en contradiction avec la structure générale de la famille des 
Euphorbiacées. L'étude de l Euphorbia paucifolia (Calycopeplus Planch. in 
Bull. Soc. bot. t. vr, p. 30), dont les faisceaux distincts de fleurs mâles 
sont entourés chacun de bractées imbriquées, et renfermés tous les quatre 
dans une enveloppe commune, fait voir que cette enveloppe est bien aussi un 
involucre, 

Après avoir tracé les principes d’après lesquels il a divisé les Euphorbiées 
dans le Prodromus, M. Boissier fait une étude géographique extrêmement 
intéressante de la distribution de ces plantes, dont le nombre s'élève à 826 
pour le seul genre £'uphorbia. Dans ce nombre, 428 espèces appartiennent à 
la zone extratropicale de l'hémisphère boréal, 297 à la zone tropicale, 101 à la 
zone extratropicale de l'hémisphére austral. Un fait trés-curieux, c'est que, 
dans des iles trés-diverses, et n'ayant entre elles aucun rapport par leur végé- 
tation, les Euphorbes sont souvent représentés par des espèces frutiqueuses ou 
arborescentes. Ce fait se reproduit, comme on le sait, pour certaines Com- 
posées et pour beaucoup d'autres plantes de diverses familles. 

La plupart des espèces d'Euphorbes ont une aire remarquablement res- 
treinte. Les espèces qui pourraient être citées comme faisant exception à 
cette règle sont en général des espèces annuelles qui habitent d'ordinaire ou 
envahissent souvent les cultures, et dont les graines peuvent avoir été trans- 
portées par l'homme avec les Céréales. C'est la méme considération qui empéche 
l'auteur de regarder comme des espèces disjointes les E. pilulifera, thymi- 
folia, prostrata et serpens, qui habitent les tropiques à la fois dans l'Ancien 
et dans le Nouveau-Monde, Dans ces régions baignées par la mer Pacifique, 
les E. Atoto, ramosisissima, eremophila, habitent des iles souvent éloignées 
les unes des autres, mais ce sont des espèces maritimes dont les graines ont 
pu étre transportées par les courants. La méme cause peut expliquer, . sur 
notre continent, l'aire assez grande des Æ. Peplis, Chamesyce, terracina, 
Pinea et Paralias. A l'exception de ces espèces, des Æ. palustris, pilosa, 
pubescens et Esula, dont l'aire étendue s'explique aussi par leur station dans 
les lieux humides, et des Æ. Gerardiana, amygdaloides , dulcis et Cyparis- 
sias, il n'y a pas d'espèces septentrionales d'Z'upAorbia communes à l'ouest 
de l'Europe et àla Russie; de méme qu'on ne pourrait citer dans ce genre 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 187 


aucune autre espèce de la région méditerranéenne occidentale qui se retrouvát 
aussi en Asie Mineure. 


BIBLIOGRAPHIE, 
Botanische Zeitung (1865). 


Articles non analysés dans le Bulletin. 


Ueber einige Culturpflanzen (Sur quelques plantes cultivées); par M. F. Ale- 
feld (Citrus, Cinara, Triticum, Phaseolus, Pisum); pp. 8-10. 

Skizze der Vegetation der Inseln Bangka (Z'squisse de la végétation de l'ile 
de Banka); par M. Sulpiz Kurz, communiqué d’après le texte hollandais 
par M. J.-K. Hasskarl, pp. 6-8, 15-19). 

Die Verschiedenheit der Suedwest- und Suedostflora Australiens nach Aus- 
zuegen aus Hooker's Flora tasmanica (Différences de la flore du sud- 
ouest et de celle du sud-est de l'Australie, d'après des extraits du Flora 
tasmanica ce Hooker); par M. C. Mueller (de Berlin), pp. 48-50. 

Ueber zwei Grundsætze in der beschreibenden Botanik (Sur deux principes 
fondamentaux en botanique descriptive); par M. F. Alefeld, pp. 80-81. 
Noch einmal Ztamischia (Encore une fois le Ramischia); par M. P. Ascherson. 
Neue Orchideen von Upper-Clapton (Orchidées nouvelles du Haut-Clapton); 

par M. H.-G. Reichenbach, pp. 99-100. 

Vorrichtung um die Einwirkung der Wærme auf mikroskopischen Objekten 
leicht beobachten zu koennen (Appareil pour faire apprécier facilement 
l'action de la chaleur sur les objets microscopiques); par M. Otto W. 
Thomé, p. 107. 

Zwei neue Phalænopsis (Deux nouveaux Phalænopsis); par M. H.-G. Rei- 
chenbach, pp. 146-147. 

Ueber Zebrina Schnizlein (Sur Le Zebrina Schn.); par M. J.-K. Hasskarl, 
pp. 153-155). 

Die geographische Verbreitung der Equiseten (Distribution géographique 
des Equisetum) ; par M. Milde, pp. 157-160. 

Ein kleiner Beitrag zur Naturgeschichte unserer Maiblumen (Courte note sur 
l'histoire naturelle de nos Muguets ( Maianthemum, Polygonatum) ; par 
M. Th. Irmisch, pp. 160-162. 

Ein neuer Standort von Chrysanthemum suaveolens Asch, (Une nouvelle lo- 
calité du Chr. suaveolens); par M. Fr. Buchenau. 

Ueber Zeptothriz buccalis (Sur le Leptothrix buccalis); par M. Hallier, 
pp. 181-185, avec figures. 

Untersuchung fossiler Zellenpflanzen (Recherches sur des plantes cellulaires 
fossiles); par M. Hallier, pp. 189-191. 

Bemerkungen ueber das Pandanophyllum humile Hassk. ( Remarques sur 
le P. humile); par M. Oudemans, pp. 193-195. 


188 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Zu Ernst Meyer's Gesch. der. Bot. B. h, s. 160 (Note sur l’histoire de la 
botanique d'E. Meyer, t. 1v, p. 160); par M. Langkavel, p. 195. 

Ramischia; par M. P. Ascherson, p. 200. 

Nachtræglich zu Gardenia Tinneæ (Note additionnelle sur le G. Tinneæ); 
par M. Kotschy, p. 208. 

Die Formenkreise der europæischen Pinus-Arten (Les différentes formes des 
espèces européennes du genre Pinus); par M. Christ, pp. 213-216, 221- 
224, 229-234. 

Weitere Mittheilungen das Gerbmehl betreffend (Communications addition- 
nelles concernant le tannin); par M. Hartig, p. 237. 

Ueber das Verhalten der Blætter zur atmospherischen Feuchtigkeit (De la 
maniére dont les feuilles se comportent avec l'humidité atmosphérique); 
par M. Hartig, p. 238. 

Mittheilungen ueber Hefebildung (Sur la production du ferment); par 
M. Hallier, pp. 238-240. 

Ueber das Vorkommen des Amygdalins und des Emulsins in den bittern Man- 
deln (De la présence de l'amygdaline et de l'émulsine dans les amandes 
amères); par M. Otto W. Thomé, pp. 240-241. 

Ueber Equisetum limosum L. und E. fluviatile L.; par M. Milde, pp. 241- 
242. 

Untersuchung des Pilzes bei Diabetes mellitus und Beobachtungen ueber 
die Pilze beim Soor und bei Pityriasis versicolor (Recherche d'un 
Champignon dans le diabète sucré, et observations sur les Champignons 
du muguet et du Pityriasis versicolor) ; par M. Hallier, pp. 253-255, 261- 
263. 

Ueber gefleckte Blætter (Sur les feuilles tachetées) ; par M. F. Jænniche, 
pp. 269-271. 

Die Rispe von Bromus sterilis, gemessen und gezahlt (Za panicule du 
Bromus sterilis, mesurée et dénombrée); par M. de Schlechtendal, pp. 277- 
219. 

Beobachtungen ueber Zeptothriz und Hefe (Observations sur l’état de Lep- 
tothrix ef de levére); par M. Hallier, pp. 281-284, 289-291, avec une 
planche. 

Repræsentiren die Equiseten der gegenwærtigen Sehœæpfungsperiode ein oder 
zwei Genera? (Les Equisetum de la période actuelle de la création repré- 
sentent-ils un ou deux genres ?) ; par M. Milde, pp. 297-299. 

Blattstellungs-Verhæltnisse der Sonnenblume photographisch dargestellt (Æe- 
présentation photographique des modifications de situation des feuilles 
du Soleil); par M. A. Braun, p. 299. 

Ueber das Wappen des (Sur les armoiries de) Matthias Lobelius; par M. Th. 
Irmisch, pp. 299-300. 

Ueber Muehlenbeckio polygonoides ; par M. C.-F. Meissner, pp. 313-314. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 189 


Einige Betrachtungen ueber brandige und nicht brandige Rispen der Avena 
sativa (Quelques observations sur les panicules de l'Avena sativa atta- 
quées ou non attaquées par la carie) ; par M. de Schlechtendal, pp. 314- 
317. 

Die Rispenglieder eines perennirenden Grases (Les articles de la panicule 
d'une Graminée vivace, l'Aira cæspitosa Z.); par M. de Schlechtendal, 
pp. 321-323. 

Ueber Dothidea genistalis Fr.; par M. Léopold Fuckel, pp. 330-331. 

Ueber die Zwergmandeln (Sur les amandes naines); par M. Schlechtendal, 
pp. 337-341. 

Ueber eine seltsame Form von (Sur une forme étrange de l) Equisetum 
Telmateya Ehrh.; par M. Milde, pp. 345-346. 

Trichophyton tonsurans Malmsten im Vergleich mit Penicillium crustaceum 
Fries and den Torulaceen (Le Tr. tonsurans Malmst. comparé au P. crus- 
taceum Fr. et aux Torulacées); par M. Hallier, pp. 372-373. 

Equiseten-Studien (Études d'Equisetum) ; par M. Milde, pp. 380-383. 

Audeutungen von Dimorphismus bei den Laubmoosen (/ndication d'un di- 
morphisme chez les Mousses) ; par M. Milde, p. 388. 


Articles divers, 


Ueber die Cultivirung der Seealgen (De la culture des Algues marines) ; par 
M. F. Cohn (Jahresbericht der Schlesischen Gesellschaft fuer vaterlæn- 
dische Cultur, 4865, pp. 80-86). 

Ueber die Agaveen im Allgemeinen und deren systematische Eintheilung (Sur 
les Agavées en général et leur division systématique); par M. le major 
général de Jacobi (/bid., pp. 86-87). 

Ueber papierliefernde Pflanzen (Sur les plantes qui fournissent du papier); 
par M. de Rosenthal (/bid., pp. 87-89). 

Ueber neue Bereicherungen der Schlesischen Moosflora (Sur des nouvelles 
acquisitions pour la flore bryologique de la Silésie) ; par M. Milde (/bid., 
p. 100). 

Einige Beobachtungen ueber den Fruchtbau der Nadelhælzer, besonders der 
Abietineen (Quelques observations sur la structure du fruit des Coni- 
fères, particulièrement des A biétinées) ; par M. Stenzel (/bid., p. 103). 

Beitrege zur Algenkunde Schlesiens (Étude des Algues de Silésie); par 
M. Hilse (/bid., pp. 109-129, avec description de quelques espèces nou- 
velles). 


NOUVELLES. 


— L'Académie des sciences a procédé, dans sa séance du 18 juin 1866, à 
la nomination d'une place de correspondant vacante dans la section de bota- 


190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


nique par suite du décés de sir William Hooker; c'est sir Joseph Hooker qui a 
été nommé. La section avait présenté, en première ligne, sir Joseph Hooker, 
et, en deuxième ligne, par ordre alphabétique, MM. De Bary, Gasparrini, 
Asa Gray, Parlatore et Pringsheim. 

— Nous avons le vif regret d'annoncer à nos confréres la perte que la So- 
ciété vient de faire dans la personne de M. G. Gasparríni , professeur de bota- 
nique à Naples. Notre Revue a plusieurs fois, et tout récemment encore, fait 
connaitre d'intéressants travaux de M. Gasparrini, dont les nombreux titres 
scientifiques sont bien connus de nos lecteurs. 

Nous lisons dans /'Opinione du 20 juillet que le gouvernement de Flo- 
rence aurait désiré offrir la chaire de M. Gasparrini à M. De Notaris, profes- 
seur de botanique à l'Université royale de Génes, mais que ce dernier savant 
se refusant à quitter cette ville, l'administration a décidé d'appliquer en sa fa- 
veur la loi organique du 13 novembre 1859, qui augmente ses émoluments de 
professeur. Voici les considérants du décret : 

Vu que M. Giuseppe De Notaris, appelé depuis le 2 novembre 1839 aux 
fonctions de professeur de botanique à l'Université royale de Génes, a réelle- 
ment créé à nouveau le jardin botanique de cette ville, et a mérité par ses pu- 
blications d'étre compté au nombre des savants les plus distingués, comme 
membre de plusieurs Académies savantes, et notamment de l'Académie des 
sciences de Turin et de la Société des Quarante, et comme honoré de plu- 
sieurs ordres, entre autres de l'ordre civil de Savoie ; 

Vu que ces titres, la haute réputation dont il jouit dans la branche spéciale 
des sciences à laquelle il a consacré toute sa vie, et le zèle qu'il montre dans 
ses études, lui ont donné le droit d'aspirer à la chaire d'une de ces six Univer- 
sités, pour lesquelles les lois en vigueur assignent des émoluments supérieurs 
pour la rétribution des professeurs; mais que ce savant, qui porte une prédi- 
lection spéciale au jardin botanique de Gênes, en grande partie l'œuvre de ses 
soins, n'a jamais demandé un changement, et que le gouvernement s'unissant 
aux désirs de ce professeur, ne voudrait pas lui en proposer; 

Vu que M. De Notaris se trouve ainsi dans les conditions déterminées par 
les articles 60 et 73 de la loi du 13 novembre 1859; 

Vu l'avis denné par le Conseil supérieur de l'instruction publique, etc. 
bus Nous devons encore signaler la perte bien regrettable d'un botaniste 
irlandais des plus distingués, M. le docteur W.-H. Harvey, si connu par ses 
ouvrages sur les Algues et sur les plantes du cap de Bonne-Espérance. 

— Le professeur George Jan est décédé le 7 mai dernier en Italie, au 
milieu des belles collections d'histoire naturelle qu'il avait formées de 
concert avec son ami Giuseppe de Cristoforis, enlevé beaucoup plus tót que 
lui à la science. Il était né, en 1791, à Vienne, d'une famille hongroise. Tous 
nos confréres savent que le professeur Jan s'est beaucoup occupé des plantes 
de nos régions, grâce à la libéralité de madame la duchesse de Parme, qui 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 191 
ui avait facilité les moyens d'exécuter de grands et fructueux voyages en 
l'urope. 

— On annonce encore la mort bien regrettable d'un jeune botaniste, 
M. Julius Rossmann. 

— Nous devons faire connaitre encore à nos confréres la perte d'un artiste de 
mérite, M. Heyland, qui vient de mourir à Genève dans un âge avancé, Hey- 
land a illustré la plupart des ouvrages d'A. -P. De Candolle et de M. Boissier. 
Sa vocation s'était révélée à l'époque où le vieux Mociño fit réclamer à Pil- 
lastre savant de Genève les dessins inédits de ses plantes du Mexique, et où 
l'on voulut, à Genève, les reproduire en un temps extrêmement court (voyez 
les Mémoires et Souvenirs). De Candolle devina le talent d'Heyland, dont 
Ja position était alors des plus modestes, et l'envoya à ses frais à Paris, pour 
qu'il püt s'y perfectionner dans la pratique de son art. 

— Parmi les six sujets de prix proposés pour le concours de 1867 par l'Aca- 
démie royale de Belgique (clesse des sciences), nous remarquons : 1? descrip- 
tion de la flore fossile des tourbières de Belgique, suivie d'un essai de classifi- 
cation de ces formations; 2° exposer les différents appareils de reproduction 
qui se rencontrent chez les Mucorinées ; rechercher particulièrement les zygo- 
spores (Copulattonssporen) qui doivent exister dans toutes les espèces de cette 
famille. Chacun de ces prix consistera en une médaille d'or de la valeur de 
600 francs. Les mémoires pourront étre écrits en francais, en flamand ou en 
latin, et devront être parvenus au secrétariat de l'Académie à Bruxelles avant 
le 1** août 1867. 

— M. Alph. De Candolle a donné dernièrement à l'Académie des sciences de 
Paris des détails verbaux sur les communications les plus importantes faites à 
Londres dans le congrés international de botanique et d'horticulture, qu'il 
présidait. Nous lisons dans un compte rendu de la séance de l'Académie 
qu'un botaniste de San-Francisco a dissipé une illusion concernant l’âge des 
Sequoia de Californie, auxquels on avait attribué bénévolement plusieurs 
milliers d'années. Un de ces arbres, dont le bois est analogue au Cèdre, a été 
brisé il y a peu de temps par un ouragan, et sur le tronc, qui a été nivelé, on 
a installé une salle de bal. Le botaniste dont parle M. De Candolle a obtenu du 
propriétaire de cet établissement la permission d'en faire raboter le sol dans la 
direction d'un diamètre, sur une largeur de 30 centimètres. On a pu, de la 
sorte, compter les tranches concentriques annuelles du bois : on en a trouvé 
123^. Il y a, en Europe, des arbres aussi vieux, mais non aussi gros. Le dia- 
métre de celui-ci atteint à 26 pieds anglais. M. De Candolle était porteur 
d'une bandelette de papier sur laquelle on avait copié la tranche de l'arbre, et 
cette bandelette, qui ne représentait qu'un rayon, égalait presque la largeur de 
la salle des séances de l'Institut. Ce qui explique une telle grosseur, c'est que 
les Sequoia s'accroissent d'une manière sensible pendant quatre ou cinq 
cents ans. 


192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


— Nous avons reproduit plus haut, p. 64, d’après les Proceedings of the 
natural history Society of Dublin, des observations de M. l'amiral Jones, 
qui doivent être appréciées un peu différemment que nous ne l'avons fait, 
ainsi qu'il résulte d'une lettre adressée par M. Jones à M. Nylander, qui a 
bien voulu nous la communiquer. Ce n'est pas dans le thalle de l'Evernia 
Prunastri que M. Jones a découvert des vaisseaux spiraux, mais sur des 
taches sombres placées à la surface du thalle de ce Lichen, et qu'il regarde 
comme accidentelles (adventitious). 

— M. Durieu de Maisonneuve a introduit récemment dans l'horticulture 
française une nouvelle Graminée ornementale, qui est rustique dans le midi 
de la France. C'est le Saccharum «gyptiacum, découvert, il y a trois ans, 
au sud du cercle de Bóne, par M. Letourneux, qui lui en envoya quelques 
éclats. La plante atteint, dans le jardin botanique de Bordeaux, une hauteur 
de 3 mètres. 

— M. le chevalier Honoré Ardoino (de Menton) a commencé récemment 
à faire imprimer sa Flore analytique du département des A lpes- Mmaritimes. 

— M. Henri Blanche, à Dóle (Jura), s'est rendu acquéreur des exemplaires 
disponibles de l Herbier des plantes critiques du Jura, herbier arrêté au 
numéro 150 par la mort bien regrettable de l'auteur, M. Michalet. Le pos- 
sesseur de cette intéressante collection est disposé à la céder en échange 
d'autres plantes. 


Collections de plantes à vendre. 


— M. Moritz Prihoda, via Chiozza, n, 24, 1'** Stock, à Trieste, offre en 
vente dix-huit centuries de plantes des environs de cette ville, au prix de 
5 fl. C. M. (environ 12 francs). 

— On annonce la mise en vente des 7° et 8° centuries de l’ Herbarium nor- 
male de M. F. Schultz (de Wissembourg). On peut se procurer ces deux 
centuries au prix de 50 francs. Nous avons sous les yeux un extrait du cata- 
logue de ces deux centuries, qui renferme des plantes d'un grand intérêt; on 
y remarque plusieurs raretés bryologiques. 

— M. À. Déséglise, dont les études spéciales relatives au genre Rosa sont 
bien connues de nos confrères, met en vente un Herbarium Rosarum que 
nous avons sous les yeux et dont nous apprécions vivemeat l'intérét. Cette 
publication parait par fascicules, au prix de 10 francs le fascicule. Trois fas- 
cicules ont déjà paru; le quatrième suivra prochainement. S'adresser à 
M. Déséglise, à Mehun-sur-Yévre (Cher). 


Dr EUGÈNE FOURNIER. 


Paris, — Imprimerie de E. MARTINET, rue Mignon, 2. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 


(SEPTEMBRE-OCTOBRE 1860.) 


N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. J. Rothschild, libraire 
de la Société botanique de France, rue Saint-André-des-Arts, 43, à Paris. 


Cueurbitaeées nouvelles cultivées au Muséum d'his- 
toire naturelle en 1863, 1864, 1565; par M. Ch. Naudin 
(Ann. sc. nat. 5° série, t. v, pp. 1-43, avec 5 planches). 1866. 


Malgré les ressources que M. Naudin a eues à sa disposition pour l'étude 
des Cucurbitacées, il lui est échappé dans ses méinoires précédents, dit-il, 
quelques erreurs, que de nouvelles observations lui ont fait reconnaitre et 
qu'il a eu à cœur de rectifier. C'est ce qu'il fait dans ce sixième mémoire, qui, 
réuni à un septième, dont les matériaux s'élaborent en ce moment, achèvera 
le premier volume de sa monographie des Cucurbitacées. Les formes nouvelles 
qu'il y décrit sont les Zagenaria angolensis, Cucumis Melo saharunporensis, 
anatolicus et ethiopicus; Cephalandra Mac Kennii, de Port-Natal ; C. di- 
versifolia, d Abyssinie; Momordica Schimperiana, du méme pays; Scotan- 
thus Porteanus, du Singapore; Sc. Weberi, de la Cochinchine; Prasopepon 
Duriæi, espèce originaine de l'Uruguay qui constitue un genre nouveau, 
nommé à cause de la persistance de la couleur verte du fruit mûr, et remar- 
quable par le nombre des placentas de l'ovaire et des loges du fruit, qui est 
invariablement de cinq, par le filet staminal divisé dans presque toute sa lon- 
gueur en deux branches, dont chacune porte une loge de l'anthére; Peponia 
Mac Kennii, de la Cafrerie; Cucumeropsis Mannii, du Gabon et du Vieux- 
Calabar, nouveau genre intermédiaire entre les Cucumis et les Cucurbita ; 
Eopepon vitifolius, nouveau genre de la Chine; Platygonia Kæmpferi 
(Bryonia cucumeroides Ser.), du Japon, nouveau genre caractérisé par ses 
graines, fortement comprimées en sens inverse de la plupart de celles des 
autres Cucurbitacées; Melothria Regelii, du Japon; et Pilogyne lucida, de 
Madagascar. M. Naudin termine par l'indication des Cucurbitacées hybrides 
qui ont été observées au Muséum dans ces trois dernières années; ce sont les 
Trichosanthes anguino- cucumerina, Cucumis myriocarpo - dipsaceus et 
C. myriocarpo- Anguria. 

Les observations de M. Naudin sur ces diverses Cucurbitacées n'ont été 
rendues possibles que par la culture de ces espèces ; heureusement cette cul- 
ture, pratiquée au Muséum de Paris, a pu l'être aussi dans le midi de la 
France, à Hyères, chez M. Huber et chez M. Germain de Saint-Pierre, et 

T. XIII. (REVUE) 13 


19^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

près d'Alger, dans l'établissement horticole de M. Péragus. Il est plusieurs 
fois arrivé à l'auteur de n'observer les fleurs ou les fruits de certaines espèces 
que dans les jardins du Midi. 

A propos du genre Actinostemma, dont la structure est très-insolite pour 
une Cucurbitacée, et chez lequel l'ovaire n'est qu'à demi immergé dans la 
cupule réceptaculaire, M. Naudin exprime une opinion intéressante. L'adhé- 
rence de l'ovaire au tube du calice, ou, pour parler plus exactement, dit-il, 
son invagination dans l'extrémité du pédoncule, lui parait étre un stade plus 
avancé de l'organisation de la fleur que celui dans lequel i! est tout à fait libre, 
et lorsqu'il s'en dégage accidentellement, en totalité ou en partie, il est permis 
d'y voir une sorte de rétrocession vers un état de choses plus simple, et, selon 
qui, plus ancien. En admettant cette interprétation, les familles caractérisées 
par l'adhérence de l'ovaire seraient de création plus récente que celles où 
l'ovaire est libre, et, dans une famille qui renferme à la fois les deux modes 
de structure, l'apparition. des genres à ovaire adhérent serait postérieure à 
celle des genres où il ne l'est pas, et marquerait un progrès dans l'évolution 
de la famille. 

Le méme cahier des Annales renferme le commencement de la reproduc- 
tion des mémoires publiés l'an dernier par M. Trécul dans les Comptes rendus, 
sur les laticiferes, mémoires déjà analysés dans cette Revue. 


Ueber die bandfuessige Halmflicge (Sur le Chlorops tæniopus) ; 
par M. F. Cohn (Jahresbericht der Schlesischen Gesellschaft fuer vater- 
lændische Cultur, 1865, pp. 71-79). 


Il s'agit dans ce travail des altérations causées dans le chaume du Blé par 
un insecte, le Chlorops tæniopus. Après avoir décrit le mode de reproduc- 
tion du CAlorops, M. Cohn donne des détails sur la structure de ce chaume. 
Il comprend d'abord extérieurement un épiderme formé d'une seule assise cel- 
lulaire, puis immédiatement au-dessous des faisceaux de longues cellules libé- 
riennes, séparées les unes des autres par des cellules parenchymateuses 
garnies de chlorophylle, au-dessus desquelles correspondent les stomates. Plus 
intérieurement, on voit s'appliquer sur chaque faisceau libérien un faisceau 
vasculaire, formé de bois et de cellules grillagées, et d'un. petit nombre (3-6) 
de vaisseaux annulaires et spiraux plus ou moins larges. Les faisceaux vascu- 
laires forment donc à la périphérie du chaume un cercle régulier; ils sont 
séparés les uns des autres par un parenchyme médullaire incolore, composé 
de cellules ponctuées, courtes, polyédriques, et qui sont détruites dans le mi- 
licu de la tige. 

La larve du Chlorops se nourrit principalement du parenchyme vert placé 
au-dessous de l'épiderme, et détruit cependant aussi les faisceaux vasculaires 
qui se trouvent dans le voisinage. Toutefois, ce sont seulement les cellules de 
prosenchyme de ces faisceaux qui se dissolvent et se transforment avec le pa- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 195 
renchyme voisin en une masse jaunâtre et visqueuse, tandis que les vaisseaux 
demeurent intacts. Les cellules de la moelle s'altérent aussi, le suc en devient 
plus abondant, et elles se dilatent considérablement dans une direction rayon- 
nante. Les cellules vertes de parenchyme qui avoisinent la cavité creusée par 
l'insecte s'agrandissent aussi dans toutes les directions, de sorte qu'un chaume 
attaqué parait étre plus largement vert qu'un chaume normal, et avoir perdu 
l'état cylindrique. Ce n'est pas seulement, en effet, une destruction locale que 
cause le Chlorops, telle que le ferait une chenille ou la pointe d'une aiguille; 
il résulte de cette excitation, qui modifie les conditions de nutrition du paren- 
chyme voisin et la direction du courant séveux, que celui-ci, au lieu de monter 
verticalement, est entrainé horizontalement vers la surface de la blessure, et 
cause les phénomènes indiqués plus haut. Aussi le produit résultant des ra- 
vages du CAlorops doit-il être rangé parmi les galles. 


Ueber neue und seltene Pflanzen der Sehlesischen 
Flora (Sur des plantes nouvelles et rares de la flore de Silésie) ; par 
M. le chevalier d'Uechtritz (Jahresbericht der Schlesischen Gesellschaft 
fuer vaterlendische Cultur, pp. 89-96). 

Ces notes sont relatives aux Thlaspi alpestre L. (Thl. ecerulescens Presl), 
Galium Wirtgeni F. Schultz, Alnus autumnalis Hartig, Carex Ohmuelle- 
riana O.-F. Lang, Erysimum cheiranthoides p dentatum Koch Syn. (E. mi- 
cranthum Buek), Nasturtium officinale R. Br. var. B siifolium, Rosa alpina 
var., Epipactis latifolia Ml., Carex elongata var. pallida Uechtritz, etc. 


Ueber parasitische Flechten (Sur les Lichens parasites); par 
M. Kærber (/bid. , p. 102). 


Les Lichens parasites ou Pseudolichenes ont été négligés à cause de leur 
grande petitesse jusqu'à ce que M. De Notaris établit son genre Abrothallus, 
et que M. Tulasne insistàt sur eux, en en faisant connaitre d'autres genres 
dans son Mémoire sur les Lichens. L'auteur a, dans la dernière livraison 
parue de ses Parerga lichenologica, donné une description de tous les genres 
connus de Pseudolichenes, en y joignant celle des Lichens reconnus nou- 
vellement par lui comme parasites. Ces Lichens sont toujours dépourvus 
.de thalle propre, et se présentent seulement comme des fructifications. A 
l'exception du 7romera, qui naît sur la résine des Pins, ils croissent non sur 
des Mousses, des Fougères ou des feuilles d'arbres, mais exclusivement sur 
d'autres Lichens plus développés, qu'ils finissent par anéantir. Ils rappellent, 
par cette influence perverse, des Champignons inférieurs, mais la structure 
spéciale de leur Schlauchschicht ne permet pas de les considérer autrement 
que comme des Lichens. Le critérium à trouver pour distinguer les Lichens 
inférieurs des Champignons inférieurs, parait devoir étre découvert par l'étude 
monographique des Lichens parasites. 


196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


De Casuarinearum caulis foliique cvolutione et struc- 
tura. Dissertatio inauguralis botanica quam in lit. univ. Friderica Gui- 
lelma ad summos in philosophia honores rite capessendos die xix m. 
Julii a MDCCCLXV, ctc., publ. def. Ernestus Lew, berolinensis. In-8° de 
54 pages. Berlin, chez G. Lange. 


L'auteur, qui est né en 1843 à Berlin, a dédié sa dissertation à M. Hanstein, 
dont il a été l'élève. Ses matériaux d'études lui ont été fournis par les her- 
biers et par le jardin botanique de Berlin. Apres un préambule et une intro- 
duction, l'auteur s'occupe d'abord de la germination qu'il a observée sur quel- 
ques graines du Casuarina Lehmanniana, et il partage son mémoire en deux 
chapitres, relatifs, le premier, au développement et à la structure de la tige 
des Casuarina , le second, au développement et à la conformation des feuilles 
et des phyllichnium. Ensuite, l'auteur jette un coup d'œil en arrière, et con- 
dense les résultats de ses recherches dans les quinze propositions suivantes : 

1. La germination est épigée chez les Casuarina ; leurs cotylédons ont des 
stomates ; l'axe hypocotvylé est long et renferme quatre faisceaux ligneux pri- 
maires. 

2. Les deux premieres feuilles croisent la direction des cotylédons; le verti- 
cille immédiatement supérieur correspond aux intervalles placés entre les 
cotylédons ct les deux premières feuilles. 

3. Sur le centre dé végétation, on ne peut remarquer de séparation en 
articles. 

h. Le tissu cellulaire du cône terminal de végétation se sépare en paren- 
chyme médullaire primitif et en une couche extérieure. 

5. De la dernière proviennent les rudiments de feuilles (phyllichnia) avec 
les cercles de faisceaux fibro-vasculaires. 

6. Ces derniers sont de deux sortes différentes dans la tige des Casuarina : 
les intérieurs, comme à l'ordinaire, produisent le bois et le liber; les exté- 
rieurs, qui se continuent dans les feuilles, se distinguent des faisceaux vascu- 
laires des feuilles ordinaires par leur situation au pourtour de la tige propre- 
ment dite; ils ne présentent qu'un petit nombre de cellules épaissies, etc. 

7. Le bois se compose de trachéides, de trachées, de parenchyme ligneux et 
de fibres de remplacement (Zrsotzfasern). Le parenchyme ligneux est disposé 

couches concentriques non interrompues... La plus grande partie du bois est 
composée de trachéides qui ressemblent à des fibres libériennes trés-épaissies.. 

8. Les stomates sont disposés en série sur les cótés des sillons longitudi- 
naux des articles; les fentes en sont horizontales. 

9. Dans le genre Casuarina, le liége n'est pas produit par le méme procédé 
que chez les autres plantes, mais sur d'autres points et à d'autres époques; il 
se prolonge dans l'intérieur de la tige, à travers les faisceaux fibro-vasculaires 
destinés aux feuilles. Les partitions qui le produisent ont lieu dans les cel- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 197 


lules parenchymateuses au-dessous de l'épiderme des sillons et de la couche 
verte des rudiments de feuilles, et méme daus les cellules qui se dirigent vers 
le centre. 

10. Dans son premier développement, la feuille se comporte comme à l'or- 
dinaire chez les Dicotylés. 

11. Sur le sommet végétatif, il apparait simultanément autant de feuilles 
qu'il y aura ultérieurement de dents à la gaine. 

12. La feuille des Casuarinées est très-faiblement développée; la partie de 
la tige qui se trouve au-dessus du point où elle naît, en remplit les fonctions. 

13. Cette partie de la tige est le phyllichnium, et l'entre-nœud est entouré 
d'un cylindre de phyllichnia, qui apparaissent à la partie inférieure de la tige. 

1^. Le phyllichnium est déterminé anatomiquement comme partie foliacée 
par la présence d'une couche de chlorophylle, de cellules libériformes, d'un 
faisceau vasculaire, d'un parenchyme foliaire; physiologiquement parce qu'il 
est doué de respiration. 

15. La feuille et la tige ne sont, chez les Casuarina, ni soudées, ni sépa- 
rées, et les feuilles n'y sont pas davantage soudées latéralement l'une avec 
l'autre. 

Au point de vue taxonomique, M. Low a distingué dans les Casuarina six 
formes dont il rapproche toutes les autres. 


Notices on british Fungi (Notes sur des Champignons d'Angle- 
terre); par MM. J. Berkeley et C. Broome (Annals and Magazine of na- 
tural history, juillet 1866, pp. 51-56). 


Nous devons citer, parmi ces nouvelles Votes, la description de plusieurs 
espèces nouvelles, savoir : Agaricus autochthonus, Agaricus leucophanes, 
Cantharellus radicosus, Apyrenium armeniacum, Reticularia applanata et 


Trichia flagellifer. 


Fiorc fourragère dc la France; reproduite par la méthode de 
compression dite phytoxylographique, et publiée sous le patronage du ser- 
vice du parc et des jardins de la ville de Lyon; par M. Edme Ansbergue. 
Un volume in-folio de 272 pages. Lyon, 1866. 


Il faut voir dans ce livre une collection d'épreuves, obtenues par le décal- 
cage, des espéces les plus communes dans les prairies de la plaine et de la 
montagne. L'ordre suivi par l'auteur est celui de la classification botanique de 
De Candolle. Chaque genre et chaque espèce sont accompagnés d'une courte 
description, à l'appui de laquelle certains organes ont été quelquefois dessinés 
à cóté de l'épreuve décalquée. La description spécifique est précédée de l'in- 
dication des principaux synonymes de l'espèce et de ses noms vulgaires; elle 
est suivie d'une légende indiquant l'époque de la (loraison, l'habitat, le degré 
d'abondance et les diverses propriétés agricoles, médicinales ou industrielles. 


198. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Untersuchung zur Klima- und Bodenkunde mit Rueck- 
sicht auf die Vegetation (Recherches sur la connaissance du 
climat et du sol dans ses rapports avec la végétation); par M. H. Hoff- 
mann (Botanische Zeitung, 1865 ; Beilage, 124 pages). 


Le grand mémoire que le savant professeur de Giessen a publié dans les 
suppléments au Botanische Zeitung, doit attirer l'attention de tous les savants 
qui étudient la distribution géographique des plantes phanérogames. Nous 
regrettons de ne pouvoir en donner une analyse étendue, à cause de sa lon- 
gueur. Il comprend une introduction, puis un long chapitre où l'auteur, avant 
de tirer des conclusions générales, énumère dans les plus grands détails les 
stations et l'habitat de quinze espèces communes en Europe; ce sont les sui- 
vantes : Asperula cynanchica, Bupleurum falcatum, Coronilla varia, Dian- 
thus Carthusianorum, Erucastrum Pollichii, Eryngium campestre, Eu~ 
phorbia Cyparissias, Falcaria Rivini, Hex Aquifoliun, Medicago falcata, 
Brunella grandiflora, Pteris aquilina, Pulicaria dysenterica, Sedum 
album et Specularia Speculum. L'auteur exprime ensuite les conclusions 
qu'il croit devoir tirer de ce long examen, auquel sont consacrées plus de 
trente pages de texte serré sur deux colonnes. Selon lui, l'importance des 
études géognostiques et chimiques en géographie botanique a été fort exagérée, 
car les résultats obtenus par les différents observateurs, sur la nature chimique 
du sol réclamé par une plante, se contredisent. Ni la manière d’être du sol, 
ni celle du climat, ne peuvent nous permettre de déterminer l'aire d'une 
plante donnée. L'utilité des recherches qui ont été faites jusqu'à présent dans 
ce sens est cependant réelle, car elles permettent par exemple de conclure, 
par l'analogie, que si certaines mauvaises herbes qui accompagnent générale- 
ment des plantes de grande culture croissent dans un lieu où la culture de ces 
plantes n'a pas encore été essayée, elle devra certainement y réussir. 

Dans les chapitres suivants, l'auteur étudie spécialement d'abord l'influence 
du climat, puis celle du sol sur la végétation. Il a dressé des tableaux instructifs 
sur l'époque à laquelle se sont montrées, ont fleuri et fructifié, à Giessen, pen- 
dant plusieurs années consécutives, dont les phénomènes météorologiques sont 
connus, certaines espèces spécialement observées par lui, notamment le Dian- 
thus Carthusianorum, le Groseillier, le Sureau, le Cerasus avium, le Linum 
usitatissimum, la Vigne et plusieurs des espèces énumérées plus haut. Il cor- 
robore ces tableaux par l'indication des températures auxquelles les mémes vé- 
gétaux sont soumis dans d'autres pays. Un appendice donne des détails sur les 
maxima et les minima (1) de température observés sur les principaux points 
de l'Europe, surtout de ceux sur lesquels portent davantage ses observations. 


(4) Il est à noter que sur le Schiffenberg, montagne voisine de Giessen, les minima 
restent loujours plus élevés qu'au jardin botanique de Giessen. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 190 


Un tableau spécial indique les limites en latitude, soit continentale, soit mari- 
time, et en altitude, des plantes dont il s'est le plus occupé. Il exprime lui- 
méme les résultats auxquels l'ont conduit des études sur l'influence exercée 
par la température, Ses tableaux donnant de très-grands écarts entre les 
diverses moyennes de température correspondant aux phases de la végétation 
des plantes qu'il a observées, il conclut que l'action de la chaleur sur la végé- 
tation doit étre considérée comme prépondérante, mais non comme décisive ; 
que l'ancienne idée, défendue principalement par Humboldt , de l'importance 
des températures moyennes, est tout à fait insuffisante pour expliquer les 
limites des aires ; que M. Grisebach a introduit dans la question une amélio- 
ration essentielle en faisant valoir des effets thermiques de diverse nature, 
déterminant ce qu'il nomme lignes de végétation; que l'emploi des sommes de 
température, tel qu'il a été amélioré par MM. Boussingault et Fritsch et sou- 
tenu par M. Alph. De Candolle, a réalisé un progrès très-décidé ; que cepen- 
dant les phénomènes sont encore plus compliqués qu'on ne l'a cru jusqu'à 
présent, et que les modes d'observation météorologique suivis jusqu'ici ont 
besoin d'une transformation fondamentale ; qu'il faut renoncer à expliquer par 
une formule climatologique simple le probléme si compliqué de la distribution 
géographique des plantes, au lieu de s'en tenir à l'influence de la température, 
d'autant que nous ne savons rien sur le mode particulier d'action de la cha- 
leur, non plus que sur sa transformation en force constituante chimique ou 
mécanique. 

Le troisième chapitre du mémoire de M. Hoffmann a trait à l'influence du 
sol. Il. conclut de très-nombreux exemples qu'il n'existe pas de plantes du 
calcaire, au sens chimique; que ce terme doit étre rayé de la science. En 
effet, on voit que les plantes qui généralement 'sont tenues pour indiquer la 
présence du calcaire, comme le Bupleurum falcatum, e Dianthus Carthu- 
sianorum, le Brunella grandiflora, le Sedum album, ne présentent pas à 
l'analyse chimique une quantité de chaux plus considérable que le sol; elles 
croissent même sur des sols dans lesquels la quantité de chaux varie depuis 
des traces à peine constatables jusqu'à des rapports centésimaux considérables. 
D'ailleurs, les mêmes variations se rencontrent aussi sur des sols où les végé- 
taux en question manquent complétement, et elles sont communes à tous les 
terrains. L'auteur repousse pour des raisons analogues la dénomination de 
plantes silicicoles. 

Dans un quatrième chapitre, l'auteur agite des questions de paléontologie 
végétale, en cherchant de quelle manière elles peuvent contribuer à éclaircir 
nos idées sur les causes de la distribution actuelle des végétaux. 

Enfin, il termine son mémoire en récapitulant les données les mieux ac- 
quises à la science sur les sujets qu'il a traités. 


200 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Notice sur les plantes fossiles des ealeaires eoncré- 
tionnés dc Brognon (Côte-d'Or); par M. Gaston de Saporta (Extrait 
du Bulletin de la Société géologique de France, 2° série, t. xxttt, p. 253 
et sq., 1866); tirage à part en brochure in-8° de 30 pages, avec 2 planches. 


Il existe sur le territoire de la commune de Brognon, prés de Beire, à douze 
ou quinze kilomètres au nord-est de Dijon, un dépôt d'empreintes végétales 
dont la situation stratigraphique n'est. pas parfaitement connue. Le massif de 
calcaires qui les renferme, bien que plus compacte inférieurement et plus tendre 
supérieurement, conserve cependant un grand caractère d'unité. Ces em- 
preintes attestent des formes larges et luxuriantes qui dénotent une contrée 
favorable au développement des végétaux. La position irrégulière des feuilles 
qu'on y rencontre, souvent repliées sur elles-mêmes et disposées en tous sens, 
indique de plus que les plantes recueillies à Brognon appartenaient à des 
espèces (en petit nombre) disposées en groupe social, et croissant sur les bords 
mêmes du lac où leur dépouille est venue s'ensevelir. 

M. de Saporta a déterminé avec soin les espèces de Brognon. Il indique 
dans un tableau les espèces tertiaires analogues à celles-là ; les localités ter- 
tiaires où les espèces de Brognon ou leurs analogues ont été signalées, l'âge de 
ces localités, et les espèces vivantes analogues à celles de Brognon. Il reprend 
ensuite une à une les espèces qui figurent sur ce tableau pour décrire celles 
qui lui paraissent nouvelles et mentionner; toutes les particularités qui concer- 
nent chacune d'elles. Les espèces nouvelles sont les : Pecopteris (Aspidium) 
Lucani, Quercus provectifolia, analogue à des espèces vivant aujourd'hui au 
Mexique, Quercus divionensis, sujet à la méme observation, Ficus recondita, 
Andromeda secernenda (avec fruits), Acer inæquilaterale, Ilex spinescens, 
Xanthoxylon? falcatum et Cercis Tournouéri. 

La flore de Brognon ne compte que treize espèces déterminées ; en y joi- 
gnant celles dont l'attribution est incertaine, on arriverait à une vingtaine 
environ; la nature de la roche qui la renferme indique un mode de sédimen- 
tation b'en différent de celui qui a présidé aux dépôts de la plupart des for- 
mations tertiaires qu'on serait tenté de rapprocher de celles de la Cóte-d'Or. 
En examinant une à une ces treize espèces, on voit que la plupart, soit par 
elles-mêmes, soit par leurs similaires les plus proches, soit enfin par leur 
caractère, se rapportent au miocène inférieur, quelques-unes seulement au 
tongrien et une seule au miocène supérieur. En précisant davantage, c’est- 
à-dire en choisissant les espèces dont la détermination parait le plus exempte 
d'incertitude, savoir : le ÆZabellaria latiloba, le Myrica (Dryandroides) 
levigata, le Cinnamomum polymorphum et le Zizyphus paradisiaca, on 
reconnait que trois d'entre elles se rencontrent vers la base de la mollasse 
suisse, dans l'étage à Anthracotherium. La composition même de la flore de 
Brognon, c'est-à-dire l'association des Palmiers, des Quercus, Ficus, Cinna- 


REVUE DIBLIOGRAPHIQUE. 201 


momum, Andromeda, à des Myricées, des Rhamnées, des Légumineuses, 
n'offre rien que de très-conforme à ce qu'on remarque dans toutes les flores 
du tongrien ou du miocène inférieur. Aussi l'auteur conclut-il que cette 
flore ne doit pas, sans invraisemblance, étre reculée plus loin que le tongrien 
supérieur, ni être reportée plus haut que le miocène inférieur, sans qu'on 
puisse toutefois encore l'adapter rigoureusement à l'un. des étages de cet 
espace vertical; il est plus probable cependant qu'elle est voisine du miocène 
inférieur, auquel se rattachent la plupart de ses espèces et l'ensemble de sa 
physionomie, et qu'elle doit être placée à la partie. inférieure. de l'étage qui 
renferme l'AntAracotherium magnum. 

Le vrai caractère de la florule de Brognon considérée en elle-même n'est 
pas difficile à saisir. Elle est empreinte d'un cachet tropical bien prononcé par 
la présence. répétée et prédominante d'un Palmier aux frondes puissantes, 
d'une Fougère de grande taille, par celle des Ficus, Andromeda, Zizyphus, 
qui font penser au Brésil et aux îles de la Sonde. Les Quercus, Ilex, Acer, 
Myrica, Cerris, ramènent au contraire la pensée vers la zone tempérée, sur 
les bords de la Méditerranée, dans la Louisiane, le Texas, le Japon. En com- 
binant ces deux données, on arrive à constater l'existence. d'une végétation 
pareille à celle des plateaux mexicains et centro-américains, où l'on. observe 
le méme mélange de Chênes et de Palmiers, de formes caractéristiques de la 
zone équatoriale et de celles qui se rattachent à des régions tempérées. 


Essai sur la distribution géographique des plantes 
phanérogames dans le département de Loir-et-Cher; 
par M. A. Franchet (Extrait du Bulletin de la Société archéologique du 
Vendómois); tirage à part en brochure in-8° de 28 pages. Vendôme, 1866. 


Ce travail est extrait d'un Catalogue raisonné des plantes phanérogames 
du département de Loir-et-Cher, que l'auteur n'a pas encore publié. 
M. Franchet commence par y esquisser les caractères géognostiques des trois 
divisions naturelles de ce département, la Perche, la Beauce et la Sologne. 
Ensuite, il décrit les caractères que présente la flore du Perche, celle du val et 
des coteaux du Loir, celle de la Beauce, celle du val et des coteaux ce la 
Loire, celle de la Sologne, celle du val et des coteaux du Cher. En comparant 
ensemble de la végétation des trois régions du département, il trouve que la 
Sologne et la Perche offrent un certain nombre d'espèces communes, et que 
la Beauce parait jouir d'une végétation plus spécialement propre. D'un autre 
côté, il est à remarquer que, parmi les espèces qui croissent en méme temps 
dans le Perche et dans la Sologne, celles qui sont le plus abondamment ré- 
pandues dans cette dernière région sont relativement rares dans l'autre; tandis 
que, par une sorte de réciprocité, certains types, fréquents dans le Perche, se 
montrent rares en Sologne. Ainsi les Nardus stricta, Erica Tetralix et sco- 
paria, Lobelia urens, Gentiana Pneumonanthe, etc., qui pullulent dans les 


202 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


bruyères de la Sologne, les Myriophyllum alterniflorum, Ranunculus holo- 
leucos, Pilularia globulifera, Littarella lacustris, qui y tapissent le fond ou 
y revêtent la surface des étangs, n'apparaissent que rarement au nord du Loir, 
bien que les landes et les étangs à fond siliceux n'y manquent point. D'un 
autre côté, les Hypericum montanum, Convallaria majolis, Gnaphalium 
silvaticum, des forêts du Perche, aussi bien que le Chrysanthemum segetum, 
si répandu dans les foréts de la méme région, sont à peine représentés dans les 
bois et les cultures au sud de la Loire. Il y a aussi ce que l'auteur appelle des 
espèces de remplacement. Ainsi l’ Orobanche Ulicis remplace dans les bruyères 
de la Sologne l Orobanche cruenta des landes et des pelouses du Perche; de 
méme que dans les marais à fond calcaire de la Beauce, le Pinguicula vul- 
garis vient se substituer au P. lusitanica des landes humides et arénacées de 
la Sologne. 

En cherchant à rapprocher la végétation de ces différentes contrées de celles 
des régions limitrophes, M. Franchet dit que la végétation du sol calcaire de 
la Beauce n'offre rien qui la distingue essentiellement de celle des terrains 
jurassiques ou crétacés de l'Yonne, par exemple, du Nivernais, ou mieux en- 
core du Cher; que les espèces qui, dans la Sologne, forment le fond de la vé- 
gétation, sont à peu prés toutes empruntées à la flore des terrains analogues 
de l'ouest ou du sud-ouest de la France; que, quant au Perche, il est assez 
difficile de lui trouver un point de comparaison, à cause de l'extréme diversité 
de sa végétation; que, toutefois, sa végétation n'est pas sans analogie avec 
celle de certaines régions des environs de Paris, où l'on retrouve également, 
plus ou moins associés : Antennaria dioica, Stachys alpina, Androsæmum 
of ficinale, Lysimachia nemorum, Hypericum montanum, Lycopodium cla- 
vatum, etc. 

La température moyenne de chacune de ces trois régions explique assez 
bien la différence qu'on observe dans leur végétation. La Sologne est la por- 
tion du département où elle se montre le plus élevée, probablement parce que 
les plaines de sable s'y échauffent notablement sous l'influence des rayons 
d'un soleil plus méridional. Au contraire, le Perche (si l'on exclut la vallée du 
Loir) offre une moyenne thermométrique un peu plus faible, due probable- 
ment à l'influence des mouvements de terrain. 

Le mémoire de M. Franchet est terminé par l'énumération raisonnée des 
espèces qu'il regarde comme introduites dans le département de Loir-et-Cher. 

Les travaux de M. Franchet sur la végétation du Loir-et-Cher ont été faci- 
lités par les recherches locales de plusieurs botanistes, en particulier de 
M. Ém. Martin, pour l'arrondissement de Romorantin. Feu le docteur Monier 
lui a communiqué son herbier, dans lequel il a trouvé les notes, accompagnées 


£ * * r 4 , 
de spécimens à l'appui, déposé par M. Ém. Desvaux (de Mondoubleau), qu'une 
mort prématurée a enlevé trop tót à la science. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 203 


Descrizione di una anomalia del Polipodio volgare 
(Description d'une anomalie du Polypodium vulgare); par M. G.-A. Pas- 
quale. In-4° de 11 pages, avec une planche gravée. Naples, août 1866. 


Cette anomalie consiste dans la division des segments des frondes en la- 
nières lancéolées-obtuses, longues de 4 à 6 centimètres, à bord crénelé, 
L'auteur a examiné au microscope les faisceaux vasculaires normaux des 
frondes du Polypodium; il y a trouvé des vaisseaux scalariformes, plongés 
au milieu de fibres à lumière trés-étroite, le tout entouré par un cercle de 
cellules allongées, de couleur rouge ou brune, qu'il nomme écorce du fais- 
ceau fibro-vasculaire. Ce cercle s'aplatit dans les frondes anomales, et à cette 
dépression correspond la partition de la fronde; aprés s'étre déprimé davan- 
tage sur un de ses diamètres, il se partage. Cette. anomalie est donc de la 
nature des fasciations. 


Précis des principales herborisations faites en Mainc- 
et-Loire, en 1865; par M. Boreau (Extrait des Mémoires de la 
Société académique d'Angers, tome XX); tirage à part en brochure in-8° 
de 14 pages. Octobre 1865. 


L'/ndicateur de Maine-et-Loire, récemment publié par M. Millet (1), 
fournit aux botamstes de précieux renseignements sur les localités qu'ils 
doivent explorer de préférence. 

M. Ledantec a découvert le 17 septembre, dans l'étang Penai prés Tiercé, 
le Sparganium fluitans Fries. Cette plante scandinave, non encore signalée 
en France, se distingue du Sp. minimum par ses proportions plus robustes 
et ses spadices plus gros, et surtout par l'ovaire atténué en pointe et non subi- 
tement mucroné par la base du style, et de la forme flottante du Sp. sim- 
plex par ses spadices plus rapprochés, le mâle presque unique. Elle est 
entiérement flottante, ne redressant pas méme son inflorescence; lorsque 
l'eau l'abandonne, elle éléve sa tige, qui alors atteint de moins grandes pro- 
portions ; c'est dans cet état qu'elle parait avoir été décrite par Fries. Cette 
plante a été retrouvée dans les mares de la Sologne. 

En se dirigeant de Tiercé sur Souchelles, M. Boreau a observé dans tous 
leurs états deux Ranunculus assez répandus aux environs d'Angers, qui sont 
confondus par certains auteurs sous le nom de 7. bulbosus. Le premier a été 
décrit par M. Jordan sous le nom de Æ. bulbifer (Diagn. 1, 80). Le second, 
R. brachiatus Bor. (R. bulbosus var. brachiatus Schleich. Cat. p. 28 ; Rchb. 
Icon. fl. germ. tab. xxm, f. 4611), est décidément vivace; soa bulbe 
arrondi ou oblong, ou de forme irrégulière et plus volumineux, est un véri- 
table rhizome produisant plusieurs tiges inclinées ou étalées, et se ramifiant 


(1) Nous n'avons pas encore vu cet ouvrage à Paris. 


204 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


en bras plus ou moins ouverts (unde nomen); ses feuilles, qui repoussent dès 
le milieu de l'été, sont le plus souvent simplement ternées; la villosité des 
pétioles est assez abondante et un peu appliquée. Il est probable que c'est à 
cette forme qu'il faut rapporter la variété macrorrhizus de certains auteurs. Le 
R. sparsipilus Jord. a les feuilles petites, découpées différemment, d'un vert 
plus foncé, une pubescence plus appliquée, éparse; le bec des carpelles plus 
prononcé ; cette espèce est probablement le Zi. bulbosus des flores des envi- 
rons de Paris. 

M. Ledantec a recueilli, dans les cultures de Lin des vallées de la Loire, 
un Spergula retrouvé par M. Genevier parmi les Lins de la Vendée, et que 
M. Boreau décrit sous le nom de Sp. linicola. Cette plante atteint la hauteur 
des moissons dans lesquelles elle croit. Le Sp. maxima Weihe, qui lui res- 
semble par ses grandes proportions, en diffère beaucoup par ses graines char- 
gées de papilles et dépourvues de bord membraneux. Le Sp. linicola, sous ce 
rapport, se range dans le groupe des Sp. pentandra et Morisonii, muis il 
diffère de l'un et de l'autre par le bord de la gaine beaucoup plus étroit. 

M. l'abbé Ravain a constaté, aux étangs de la Corbinière prés Segré, une 
nouvelle station du Coleanthus subtilis Seid. 

Le mémoire de M. Boreau se termine par une note où il soutient que 
l Equisetum ramosum DC., que l'on peut récolter aux environs de Nevers, 
sur des lieux où la Loire a rongé ses bords en falaise perpendiculaire, possède 
de petits tubercules ovoides, malgré l'assertion contraire de M. Duval-Jouve 
(Hist. nat. des Equisetum, p. 8); et que cette espèce a pour synonyme Equi- 
setum tuberosum Hectot. 


Sur deux Odontites dc la flore d'Algéric; par MM. Ch. Gre- 
nier et J. Paillot (Billotia, 1** vol., pp. 81-82). 


L'Odontites Triboutii Gren. et Paill. diffère de l'O. lutea par sa corolle 
glabre; par ses anthères incluses et plus brièvement acuminées; des O. Kol- 
liana et O. rubra par ses feuilles plus étroites, par sa corolle glabre et jaune 
et non violacée, pubescente; de l'O. corsica par sa tige non rameuse, diva- 
riquée, et par sa corolle glabre, bien plus longue que le calice, jaune et non 
blanche; de l'O. Jaubertiana par ses feuilles plus étroites, sa corolle glabre, 
ses anthéres moins acuminées ; de l'O. purpurea par sa corolle jaune et non 
pourprée; de l'O. viscosa par ses calices non glanduleux, ses feuilles plus 
étroites et plus épaisses ; enfin de l'O. Bocconi par sa racine annuelle et non 
vivace. 

L'O. Dukerleyi Gren. et Paill. se distingue par sa corolle glabre des 
O. Rolliana, rubra, corsica, Jaubertiana ; de l'O. granatensis par sa tige 
et ses feuilles glabrescentes et non poilues-visqueuses ; de l'O. purpurea par 
ses calices hispides-glanduleux ; de l'O, viscosa par ses fleurs pourprées et non 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 205 


jaunes, et presque du double plus grandes; par les feuilles plus minces et plus 
étroites. 


Suz la géographie botanique des environs de Saint-Dié 
(Vosges); par M. l'abbé Boullay ( Billotia, 4°" vol., pp. 82-97). 


Dans cette note, M. Boullay signale principalement la végétation des ilots de 
calcaire magnésien des environs de Saint-Dié, qui se rapproche d'une 
manière générale de celle du calcaire jurassique, comme l'a déjà indiqué 
M. Kirschleger, plutôt que de celle du lias, plutôt surtout que de celle du 
muschelkalk. M. Boullay cherche la raison de cette analogie dans l'état. phy- 
sique du sol. La dolomie grenue de Saint-Dié, mêlée aux débris secs et très- 
friables du grés rouge, offre certainement, dit-il, avec le sol graveleux de 
plusieurs collines des environs de Neufchàteau, une ressemblance qui peut 
n'étre point sans influence sur la dispersion des espèces végétales. Les ter- 
rains dolomitiques de Saint-Dié sont remarquables, en outre, par la pauvreté 
de leur végétation. Les agriculteurs regardent les engrais de dolomie comme 
nuisibles. 


Description de quelques espèces nouvelles du genre 
Rosa ; par M. A. Déséglise (Billotia, 1° volume, pp. 33-48). 1866. 


Les plantes décrites dans ce mémoire ont été récoltées par MM. Déséglise, 
l'abbé Puget, Ch. Grenier, Lamotte et d'autres botanistes. Elles sont ainsi 
réparties : 


Sect. I. SYSTYLÆ. — R. ruscinonénsis Gren. et Déségl. (/2. moschata 
DC. Fl. fr. non Mill; R. sempervirens pilosula Ser. in DC. Prod.) — 
R. rusticana Déségl., du Cher. 

Sect. VII. CANINE. — R. adscita Déségl., du Cher. — R. caballicensis 
Puget, de la Haute-Savoie. — i. vinealis Ripart, du Cher. — R. Habe- 
riana Puget, de la Haute-Savoic. 

Sect. VIII. RUBIGINOS E. — R. approximata Déségl., recu de M. Lamotte. 
— R. similata Puget, de la Haute-Savoie, de la Savoie, de la Haute-Loire 
et de la Lozère. — R. speciosa Déségl. , du Rhône et du Cher. — R. ne- 
morivaga Déségl., du Cher. — R. pseudoflexuosa Ozanon, du Rhône. — 
R. mentita Déségl., de la Haute-Savoie. — XR. virgultorum Ripart (R. 
neglecta Ripart non Lem.), du Cher, de l'Isère et du Rhône. — R. che- 
riensis Déségl., du Cher et des Basses-Alpes. 

Sect. IX. TOMENTOSÆ. — R. tunoniensis Déségl., de la Haute-Savoie. — 
R. omissa Déségl., de la Haute-Savoie. 


La plupart de ces espèces ont été publiées dans l’ Herbarium Rosarum de 
M. Déséglise. 


206 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Observations sur le Crafægus Azarolus et quelques 
espèces voisines; par M. Ch. Grenier (Billotia, 4°% volume, 
pp. 68-72). 1866. 

Sous les noms de Mespilus Aronia et de M. Azarolus, les anciens botanistes 
n'avaient en vue qu'une seule plante, l'Azérolier à fruits comestibles, du vo- 
lume de celui du Sorbier domestique, auquel ils ont presque tous eu soin de 
le comparer. Linné lui-même, en 1750, n'admet qu'une seule espèce, dont le 
type est son C. Azarolus, et dont la variété Aronia n'est caractérisée que.par 
des feuilles hérissées en-dessous. Willdenow et De Candolle ont regardé cette 
variété comme espèce, sous le nom de Crafægus Aronia ; mais c'est cette 
espèce que Poiret a désignée sous le nom de Mespilus tanacetifolia, et 
Pallas (Cat. Taur.) sous celui de C. orientalis Pall. non Bosc, le C. orien- 
talis Bosc rentrant comme synonyme dans le C. melanocarpa Bieb. 

M. Grenier décrit ensuite le C. Azarolus L. et le C. ruscinonensis, espèce 
voisine de la précédente, jusqu'ici confondue avec elle dans les flores de 
France, et qu'il doit à M. le colonel Blanc d'avoir pu étudier vivante. Elle se 
distingue du C. Azarolus par ses feuilles oblongues et non obovales dans leur 
pourtour, allongées et étroitement cunéiformes à la base, à face inférieure 
glabre et comme gaufrée, à fruit d'environ 4 centimètre de diamètre, renfer- 
mant une et plus rarement deux pyrènes. M. Grenier ajoute que, peut-être, 
cette espéce ne differe pas de l'arbuste unique, d'origine inconnue, signalé 
par Lamarck dans la forét de Saint-Léger prés Paris, et décrit par Poiret 
(Dict. 1v, 530), sous le nom de Mespilus elegans. Le Cratægus ruscinonensis 
habite les garigues du midi de la France. 


Notes sur des plantes nouvelles ou peu connues de la 
Savoie; par MM. A. Songeon et E. Perrier; n° 2, 4866 (Billotia, 
Ae vol., pp. 72-81). 

Ces notes concernent les Ranunculus lutulentus Perr. et Song., Ceras- 
tium pedunculatum Gaud., que les auteurs considèrent comme radicalement 
distinct du C. latifolium L., Medicago Verloti n. sp., Oxytropis Parvo- 
passuæ Parl., Sedum montanum n. sp., et Agrostis rubra L. 

Le Medicago Verloti, compris dans les nombreuses formes du M. Gerardi 
Willd., dont plusieurs ont déjà été décrites par M. Jordan, diffère des 
M. Morisiana Jord., M. cinerascens Jord., M. germana Jord. et M. depressa 
Jord., par ses pédoncules à 4-6 fleurs et non sub-biflores au commencement 
de la floraison. Ce caractère le rapproche du Medicago Timeroyi Jord., qui 
s'en éloigne par les dents du calice velues mais non glanduleuses, lancéolées, 
plus courtes et n'égalant pas les ailes, par ses folioles plus évidemment tron- 
quées, émarginées au sommet, et par sa,pubescence beaucoup plus rare, qui 
laisse voir trés-nettement la teinte verte de la plante, tandis qu'elle commu- 
nique un aspect un peu grisàtre à l'espéce nouvelle. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 207 


L'Ozytropis Parvopassuæ Parl., observé dans la chaine du Mont-Blanc, 
parait à l'auteur n'étre que l'O. cyanea Bieb. La seule expression leguminibus 
pendulis pourrait jeter du doute sur cette interprétation, mais on peut, 
disent-ils, expliquer cette contradiction apparente, car quand le pédoncule de 
la grappe florale de cette plante est tenue dans la main, la faiblesse du pédi- 
celle permet à la gousse, ordinairement dirigée vers la terre avec toute la 
grappe, de retomber, et alors l'expression Jeguminibus pendulis devient tout 
à fait exacte. En tout cas, si l'espèce de nos Alpes diffère de l'O. cyanea Bieb. , 
il faut se rappeler qu'elle a recu le nom d'O. Gaudini Bunge, et que M. Gay 
a également décrit dans l'ouvrage de Bertoloni un O. neglecta qui, d’après 
M. Nyman, appartiendrait encore à la méme forme. 

Le Sedum montanum habite les débris de rochers, les taillis rocailleux, 
dans une zone comprise entre 500 et 1500 mètres d'altitude, et semble repré- 
senter au milieu de la région subalpine le Sedum anopetalum des coteaux du 
Midi. En voici la description : 

Corymbes tout couverts de petits poils glanduleux, dressés ou légèrement 
inclinés avant l'anthése, à cymes munies de bractées, bifurquées, nulle- 
ment recourbées; fleurs brièvement pédicellées ; divisions du calice dépri- 
mées au milieu, allongées, lancéolées, atténuées, tres-aigués, égalant au moins 
les deux tiers de la longueur des carpelles; pétales linéaires-oblongs, étalés, 
d'un beau jaune d'or; filets des étamines parfaitement glabres; carpelles 
linéaires-subulés, trés-lisses ; feuilles d'un beau vert ou d’un glauque intense 
avec tous les intermédiaires entre ces deux états, cylindriques, minces, li- 
néaires, aiguës, mucronées, éperonnées à la base ; tiges radicantes, puis redres- 
sées, de 20 à 30 centimètres, gréles et fermes. Souche assez épaisse, allongée, 
rameuse, émettant un grand nombre de rejets et de tiges florifères. Les pétales 
jaunes et étalés de cette espèce lui donnent l'aspect du S. reflexum L. En 
dépit de cette apparence, ce dernier, y compris toutes ses formes, S. albe- 
scens Haw., S. rupestre L., en est très-éloigné par tous ses autres caractères, 
lla, en effet, les corymbes glabres, réfléchis avant la floraison, à cymes 
scorpioides, les divisions du calice ovales-lancéolées un peu obtuses, égalant la 
moitié de la longueur des carpelles, les étamines hérissées à la base, les car- 
pelles linéaires-oblongs couverts de papilles transparentes. Mais, à cause de 
son inflorescence, de ses calices, de ses carpelles, qui sont presque identiques 
dans tous les deux, c'est avec le S. ochroleucum Chaix (S. anopetalum DC.) 
que le S. montanum présente les plus étroites relations. Il en diffère toutefois 
spécifiquement par ses pétales d'un beau jaune, étalés, et aussi par ses feuilles 
gréles, cylindriques, écartées, et non fortement imbriquées et dressées sur 
les rejets. 

L'Agrostis rubra L., qui n'avait été signalé jusqu'à ce jour que dans les 
contrées boréales (la Laponie, la Scandinavie, etc.), vient d'étre rencontré sur 

plusieurs points des Alpes de la Savoie, où il occupe les points culminants 


208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


du terrain talqueux depuis le mont Mirantin jusqu'aux abords du Mont-Blanc, 
sur une longueur de plus de 20 kilomètres et sur une largeur maximum de 
7 à 8 et entre 2000 et 3000 mètres d'altitude. 


La chaîne des Aravis. Topographie botanique, histoire et statistique 
des vallées dela Clusaz, du Grand-Bornand, du Reposoir et de Thónes ; par 
M. le docteur Louis Bouvier, ancien professeur d'histoire naturelle au col- 
lége Chaptal. Brochure in-16 de 81 pages. Annecy, 1866. 


La chaine des Aravis, signalée par M. Bouvier dans son rapport sur l'herbo- 
risation du Charvin, forme la paroi orientale d'un massif montagneux triangu- 
laire, dont les autres parois sont formées, d'un cóté, par le massif de la Tour- 
nette, de l'autre par le Parmelan et la chaine du Vergy, et dans lequel sont 
creusées les ramifications supérieures de la vallée de Thónes ou du Fier, que 
la Société a parcourue en partie dans sa session d'Annecy. Ces ramifications 
sont, outre les vallées de Serraval et de Manigod, la vallée de la Clusaz et la 
vallée du Grand-Bornand, adossée vers le nord à celle du Reposoir, dont la 
sépare le col des Annes. 

M. Bouvier décrit successivement les herborisations qu'il a faites à la mon- 
tagne de Columban, à Étale, deuxieme sommité des Aravis au nord du Char- 
vin, au col des Aravis, où la chaîne plonge au nord d'Étale pour se relever 
sous le nom de Balme de la Clusaz, se continuer par les crétes pyramidales 
de l'Aiguille, du Grand-Cré, de la Pointe-Percée, aboutir au Mont-Méry, et 
se terminer sur les bords de l'Arve par des escarpements presque perpendi- 
culaires. La plupart des plantes signalées par M. Bouvier appartiennent au 
tapis végétal des Alpes dont la Société a pris une ample connaissance pendant 
sa session. Il faut noter, sur le sommet d'Étale, les Avena Scheuchzeri All., 
Agrostis rupestris Ml. et A. alpina Scop. ; sur la pente du col des Aravis, le 
Draba tomentosa Wahlnb. ; sur la route de la Clusaz au col, Thlaspi virgatum 
Gr. et Godr.; dans les pâturages des Aravis, Orchis globosa, O. ustulata, 
O. sambucina, à fleur pourpre et d'un blanc jaunâtre, etc. C'est en sortant de 
la Clusaz que M. Bouvier découvrit le Rosa clusiana, ainsi que les Rosa 
rubrifolia Vill., R. Reuteri Godet, une variété parviflora de la même espèce, 
et R. coriifolia Fries en fruits, cette dernière à 1400 mètres d'altitude. A 
ces espèces, M. Bouvier ajouta le 2 octobre 1865, sur les hauteurs de Fer- 
nouy, les Rosa montana Chaix et R. pomifera Herm. « valde notanda (dit-il) 
pedunculis hispidis, rectis, et fructibus glabris, nitidis, globosis, ternatis ». 
La vallée de la Clusaz lui a encore fourni une plante trés-rare, le Peuce- 
danum austriacum Koch, exclue de la flore francaise dans l'ouvrage de 
MM. Grenier et Godron. A la Balme de la Clusaz se rencontrent : Anemone 
baldensis, Saxifraga planifolia; à la porte des Aravis, Viola cenisia L., 
Ranunculus parnassifolius L.; au-dessus de la Giettaz, Saxifraga cæsia L., 
Juniperus nana Willd. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 209 


L'herborisation que M. Bouvier décrit dans la vallée du Reposoir et sur les 
sommets du Méry a moins d'intérét à être reproduite ici, le compte rendu 
de la session. d'Annecy renfermant déjà le rapport de M. Doümet sur une 
herborisation analogue, ainsi que le mémoire spécial de M. l'abbé Puget. 

Nous devons encore signaler dans le livre de M. Bouvier un catalogue des 
plantes de la Tournette, le sommet le plus élevé qui sépare la vallée de 
Thônes de celle du lac d'Annecy. Il existe des différences remarquables 
entre la végétation du versant oriental et celle du versant occidental de cette 
montagne; certaines espèces ne s'y observent que sur le versant occidental. A 
l'ouest, la Vigne couvre la base de la Tournette, mais elle manque à l'est; la 
culture du Froment, possible à l'ouest de cette montagne, est remplacée à 
l'est par celle de l'Avoine. La limite inférieure de l'A/chimil/a vulgaris, du 
Gentiana lutea, du Luzula nivea, y est en moyenne beaucoup plus basse sur 
le versant oriental que du cóté opposé. 


Une semaine dq'berborisation en Corse; par M. N. Doümet 
(Extrait des Annales de la Société d'horticulture et de botanique de V Hé- 
rault) ; tirage à part en brochure in-8° de 55 pages. Montpellier, 1865. 


Le voyage de M. Doümet a été entrepris à la suite de la session extraordi- 
naire de Nice. Après avoir abordé à Ajaccio, M. Doümet et M. Ch. Senot de 
la Londe, qui l'accompagnait, se dirigérent vers les montagnes du massif cen- 
tral par la diligence de Bastia, qu'ils quittérent à Boccognano, village qui fut 
longtemps un des centres favoris du brigandage. Le Cistus eriocephalus Viv. 
et le Zorrago taxiflora DC. avaient été remarqués pendant la montée, au 
milieu des fourrés impénétrables connus en Corse sous le nom spécial de 
makis. De Boccognano à Vivario, premier relai qu'on rencontre de l'autre 
côté du col de Vizzavona, nos confrères cueillirent l Arenaria balearica, qui 
tapissait les parois d'une fontaine naturelle ; le long des rochers, sous des Châ- 
taigniers plusieurs fois séculaires, les Zellevalia romana Rchb., Linaria he- 
paticifolia Duby, Galium rotundifolium L. et Saxifraga corsica, le Cycla- 
men vernum aux fleurs odoriférantes, et, sur le bord des ruisseaux, l'Orobus 
variegatus Ten. , le Stachys corsica Pers. et l’ Helleborus fætidus toujours 
en touffes gigantesques. 

Au-dessus des rochers, tout en admirant le magnifique panorama de la 
vallée du Gravone, nos confrères remarquèrent des centaines de Pancratium 
illyricum, exhalant de leurs blanches fleurs une odeur pénétrante de citron; 
sur les rochers, les Saxifraga corsica, Anthyllis Hermanniæ, Sedum brevi- 
folium DC., Astragalus sirinicus Ten., Spergula pilifera, etc. Ils arri- 
vèrent ensuite au col de Vizzavona par une splendide futaie de Hétres dont les 
fosses humides recélaient encore une végétation intéressante. Le col de Vizza- 

T. XH. (Revue) 14 


210 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


vona est élevé d'environ 1200 mètres; son altitude et surtout son orientation, 
qui le livre à l'accès des vents, ne permettent aux Hétres que la forme buis- 
sonnante. 

Le lendemain, nos voyageurs prennent un guide et des provisions pour 
plusieurs jours, afin de monter au sommet du Monte-Rotondo et de re- 
descendre ensuite sur Corte. Ils ajoutent à leurs récoltes de la veille: Saxi- 
fraga pedemontana All., Robertia taraxacoides DC., Barbarea rupicola, 
Hieracium Planchonianum Lor. et Timb., Dianthus velutinus. Tandis qu'ils 
admirent les Chênes-verts formant un bois à leur gauche, les forêts de Pins 
couvrant les flancs escarpés des montagnes jusqu'aux nappes de neige, un pont 
de bois jeté hardiment à trente-six pieds au-dessus du torrent de Vizzavona 
les conduit dans la vallée du Vecchio, qui sépare le massif du Monte d'Oro 
de celui du Monte-Rotondo. À mesure qu'ils montent, les Cistes d'abord, les 
Asphodèles en second lieu, les Pancratium ensuite, disparaissent successive- 
ment. L'Erica arborea les accompagne jusque sous les Pinus Laricio de 
la forét de Trottalaja, chaos inimaginable de rochers et de cascades entremélés 
d'arbres géants debout ou tombés de vieillesse. Le Saxifraga Candollei herb. 
Salzm. et le Potentilla rupestris terminent les récoltes de la journée. 

Après une nuit passée à la belle étoile (les huttes abandonnées de la bergerie 
de Trottaglia étant le domicile de pourceaux infects), et l'observation baromé- 
trique de rigueur faite, nos voyageurs quittent leur campement imprégné par 
l'odeur balsamique d'une espèce d' A/nius. On était à la fin de mai, et l'épaisseur 
des neiges cachait encore les passages habituels. Leur ascension devient une 
suite d'escalades périlleuses. Les parties où la neige avait fondu offrent au 
milieu des gazons le Scirpus cæspitosus L., le Narthecium ossifragum, le 
Crocus insularis, le Pinguicula corsica et le Myosotis pyrenaica Pourr. 
Au bout de cinq heures, ils atteignent enfin le col du Monte-Rotondo, d'oà l'on 
découvre un lac situé à 400 ou 500 mètres au-dessous du pic. L'ascension de 
ce col leur donne Zarbarea rupicola, Pyrethrum tomentosum, Astrocarpus 
sesamoides, Draba olympica Sibth., Armeria multiceps Wahlnb. Après de 
grandes difficultés, ils parviennent à un second col d’où la vue s'étend sur les 
deux versants de la montagne, et ils récoltent un Sazifraga différent du 
S. Aizoon par des feuilles plus longues et plus poilues, le Viola Nummu- 
laria, etc. Enfin ils atteignent le sommet du Monte-Rotondo, sur une plate- 
forme de deux pieds carrés qui borde l'abime à 2800 mètres de hauteur, et 
sur laquelle M. Doûmet, à l'aide de son marteau-pioche, creuse profondément 
un D qu'il avait vu son pére graver vingt-deux ans auparavant dans le granit. 
La végétation (Ozyria digyna) s'élève à quelques pieds du sommet. 

Les nuages et la neige forcérent les voyageurs de redescendre par le ménie 
chemin pour retrouver les huttes de Trottaglia qu'ils ne purent atteindre qu'à 
minuit, à la lueur d'une torche, aprés des accidents qui eussent pu devenir 
affreux m alheurs. Le lendemain, 30 mai, ils redescendaient à Vivario et Y 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 241 
prenaient la diligence de Corte. L'excursion qu'ils avaient projetée ne devrait 
se faire qu'un mois plus tard. 

Le 3 juin, ils partaient pour Bastia; aux environs de cette ville, leurs her- 
borisations permettent de mentionner les Cerastium Boissieri, Scrofularia 
mellifera Lois.; aux abords d'une source Orchis incarnata, Bellium belli- 
dioides, Orobus variegatus, Orchis tridentata, etc. Ils remontèrent jusqu'à 
1200 ou 1300 mètres sur la Serra del Pigno, le point le plus étroit du cap 
Corse, d’où l'on a vue sur les deux mers, et dont la crête, sur des roches glis- 
santes de serpentine asbestifère, leur offrit le Genista corsica, le Lychnis cor- 
sica, le Galium Bernardi, à fleur lie-de-vin, et le Viola Soleirolit, aux fleurs 
solitaires longuement éperonnées. 

Leur dernière herborisation, faite sous la direction de M. O. Debeaux, notre 
confrère, leur fournit, dans la vallée du Fango, les Zeucrium Marum, Alys- 
sum corsicum, Euphorbia Pinea, Serofularia oblongifolia Lois., Agrostis 
verticillata Vill., Polypogon subspathaceum Req. 

En terminant, M. Doûmet émet le væu de voir notre Société tenir une 
session en Corse, décision qui serait, dit-il, éminemment profitable à la science 
dont elle porte glorieusement le drapeau. 


Phytogénie, ou théorie méeanique de la végétation; par 
M. Ch. Fermond. Un vol. in-8? de 692 p. Paris, Germer Bailliére, 1867. 


Pour comprendre facilement l'exposition qui va suivre, le lecteur devra se 
reporter à un article antérieur de cette Revue, où ont été exposées déjà en 
partie les idées particulieres que professe M. Fermond, sur les lois de l'or- 
ganisation et du développement des végétaux (1) ; il devra aussi consulter des 
notes publiées à diverses reprises par M. Fermond, dans les comptes rendus 
de nos séances (2). L'auteur a jugé nécessaire de rentrer, dans cette nou- 
velle publication, dans des développements qu'il a déja donnés en certains 
points de ses publications antérieures. Nous nous contenterons d'indiquer 
sommairement les sujets nouveaux qu'il a traités. 

Notre savant confrére s'est proposé pour but principal de tracer l'histoire 
du phytogène, d'en prouver l'existence et d'en suivre l'évolution dans les dif- 
férents organes. Aussi, après deux chapitres préliminaires, consacrés le pre- 
mier à l'étude de l'hécastosie et de ses effets, le second à la nutrition et à la 
formation des éléments constitutifs des végétaux, s'occupe-t-il exclusivement 
des formes, de la structure et des propriétés du phytogene, sujet qu'il a déja 
traité dans un article publié dans ce Bulletin, auquel nous renvoyons le lec- 
teur. Le chapitre 1V est intitulé Considérations sur le nombre originel 
des éléments phytogéniques des bourgeons; l'auteur fait cette étude au triple 


(4) Voy. le Bulletin, t. XI (Revue), p. 88-91. 
(2) Voy. le Bulletin, t. X, pp. 306, 367. 


212 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


point de vue anatomique, phytomorphique et organogénique. Il s'occupe du 
nombre des faisceaux vasculaires qui parcourent la tige, pour prouver que 
les cellules qui leur ont donné naissance étaient au nombre de six, et par con- 
séquent résultaient de la composition d'un phytogène simple. L'examen 
phytomorphique de l'inflorescence du Lonicera Caprifolium, du Staphylea 
pinnata, des Pommiers, de certains Rosiers, etc., conduit au même résultat, 
ainsi que celui du nombre-type des éléments floraux des Dicotylédonés (1); 
le nombre 5, qui est le plus fréquent, le nombre normal, étant considéré par 
l'auteur comme dérivé du nombre-fype six, par avortement. Les observations 
organogéniques qu'il s'efforce de faire cadrer avec sa théorie, sont empruntées 
par lui aux travaux de Payer ; il suffit, dit-il, de suivre le développement des 
organes pour étreassuré que chaque organe n'est, dans le principe, quele résultat 
du développement d'un ou de plusieurs phytogenes accolés, et, si le nombre 5 
que l'on observe dans les planches de l'important ouvrage de M. Payer est le 
plus fréquent, cela tient à des avortements ou à des fusions dont les phénomènes 
naturels nous offrent de nombreux exemples. D'ailleurs, si, dans la plupart des 
cas, l'organogénie n'a pu indiquer à l'auteur soit l'avortement d'une partie, soit 
la fusion de deux parties en une seule, cela tient, dit-il, à ce que nos moyens 
d'investigation sont encore imparfaits, ou à ce qu'il ne nous est pas donné de 
remonter jusqu'à l'origine des phénoménes, laquelle est déjà bien antérieure à 
l'origine apparente que nous permet de découvrir le microscope. 

Le chapitre v est intitulé : Causes mécaniques qui déterminent les hécas- 
tosies. — 1° Il est des cas où les phytogènes périphériques se séparent du 
phytogène central à cause de leur développement ; il se forme alors autour de 
lui une chambre close et circonscrite par un; organe appendiculaire continu de 
toutes parts, au moins dans les premiers temps de son existence ; c'est ainsi 
que se forment le calice des Eschscholtzia et la spathe des Allium avant 
l'hécastosie transversale ou circulaire qui doit permettre à la fleur ou à l'in- 

_florescence de se montrer au dehors. — 2° Dans un autre cas, la plus grande 
somme de forces vitales se trouvant d'un seul côté du protophytogène ou bour- 
geon, ces forces vitales se propageront en rayonnant avec une intensité égale, 
de chaque côté, jusque vers le bord opposé de ce bourgeon, où elles se neu- 
traliseront, de telle manière qu'il ne se produise sur ce point aucune fusion 
d'organes; ainsi se forment la plupart des feuilles des Monocotylédonés, 
presque toujours engainantes et alternes. — 3? Si les forces vitales prédominent 
et se font équilibre aux deux extrémités' d'un diamétre transversal du proto- 
phytogène, la séparation aura lieu sur deux points intermédiaires aux extré- 
mités de ce diamétre : ainsi se constituent les feuilles opposées des Dicotylé- 
donés. — 4° Si les forces vitales occupent avec une égale intensité trois centres 
dans le bourgeon, les feuilles seront verticillées par 3, etc. Enfin la ligne de 


(1) Voy. le Bulletin, t. H, p. 466, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 913 


séparation est toujours située sur la surface, dite par l'auteur surface de repos, 
où s'arréte le rayonnement des forces vitales, parvenues là à leur minimum 
d'intensité. Telles sont les causes mécaniques principales des hécastosies ; il 
en est encore de secondaires, tenant au défaut de simultanéité qui existe 
dans łe développement des phytogènes partiels d'un bourgeon ou protophy- 
togène composé. La réalité de ces phytogènes partiels est prouvée par diverses 
monstruosités, et par la faculté que possèdent certains points des feuilles, dans 
plusieurs végétaux, de donner naissance à de nouveaux individus. 

Le chapitre vi, le plus important de l'ouvrage, est consacré à la Théorie 
mécanique de l'évolution des phytogénes. —Tandis que les phytogènes circu- 
laires grandissent ensemble pour former les premiers organes appendiculaires, 
le phytogène central, dont ils se sont séparés, se compose en s'accroissant, 
devient protophytogène, et donne lieu à de nouveaux organes appendiculaires 
qui, protégés par les premiers formés, ne subissent pas l'action desséchante de 
l'air et de la lumière, et peuvent, par cela méme, acquérir déjà des dimensions 
plus grandes que les premiers et des formes plus analogues à celles des feuilles ` 
normales. Cette série de phénomènes se répète jusqu'au moment où la vie se 
ralentissant dans le végétal, ces mémes organes se modifient, et forment 
d'abord des bractées, puis les organes appendiculaires de la fleur. Ces modes 
de formation organogénique peuvent être observés aisément dans le cône cel- 
luleux qui termine le rhizome de l'Onoclea sensibilis, dans les bulbilles du 
Cystopteris bulbifera, etc. Les nervations multiples des feuilles, les stipules et 
autres accidents proviennent de la multiplication du phytogène qui en est 
l'origine. Il en est de méme de la lobation des feuilles, méme des feuilles 
peltées ou composées latéralement. En général, la manière originale dont 
M. Fermond considere ces faits le conduit à des conclusions semblables à 
celles que M. Trécul a déduites de ses observations sur la formation des 
feuilles. 

En étudiant la formation des organes axiles, l'auteur considère : 1? la for- 
mation du corps solide de la tige ; 2° la formation de la cavité médullaire; et 
3° la genèse des phytogènes ou bourgeons destinés à former des ramifications 
ou axes d'un ordre inférieur. — Tandis que les phytogènes périphériques 
d'un protophytogène central se développent en feuilles, les phytogènes infé- 
rieurs ou autres augmentent de nombre et de volume, forment un tissu cel- 
lulaire pressé dont souvent les membranes se résorbent, et écartent les uns des 
autres les organes appendiculaires en formant les mérithalles, qui tantót res- 
tent courts, tantôt s'allongent extraordinairement, suivant telle ou telle pré- 
disposition organique. Sur l'évolution de ces mérithalles, l'auteur rapporte 
les observations de Duhamel, de Cassini, de M. Unger et les siennes propres. 
Il a, comme ses devanciers, observé des phénomenes différents, suivant les es- 
pèces auxquelles il s'adressait. Surles Polygonées, l'allongement est d'autant plus 
‘grand à la base du mérithalle que les ochrea sont plus longs et plus épais; des 


21% SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


expériences comparatives faites sur les Ampeligonum chinense, Rumex abys- 
sinicus et montevidensis, les uns privés, les autres munis de leur ochrea, ont 
prouvé que les premiers croissaient également dans toute leur longueur, et 
les seconds bien plus activement à leur base. Cela tient à ce que le mérithalle 
est maintenu dans un grand état de souplesse par la présence d'une assez forte 
proportion d'une matiére gommeuse liquide qui existe entre l'ochrea et le mé- 
rithalle, — Rien de particulier sur la formation de la cavité médullaire. — Sur 
la genèse des bourgeons, l'auteur partage l'opinion classique reproduite par 
A. de Jussieu. L'auteur s'étend sur la formation des tiges, et notamment sur 
la théorie des décurrences. Il n'est guère probable, dit-il, que l'on puisse ne 
pas accorder à ces formations descendantes une certaine part dans l'accroisse- 
ment en diamètre des tiges. Si véritablement il y a des formations, faites sur 
place, qui y contribuent, il y a aussi des formations descendantes et peut-être 
des formations ascendantes qui y concourent. Aprés avoir exposé, d’après les 
faits connus, le développement de la tige chez les Dicotylédonés, les Monoco- 
tylédonés et les Acotylédonés, M. Fermond fait voir que ces végétaux seraient 
mieux rangés suivant une autre disposition que la série linéaire, et que la 
famille des Cycadées se trouve placée par ses caractères fau centre du règne 
végétal, 

L'auteur étudie ensuite l'évolution. des organes floraux. — Le réceptacle 
est le point de départ des phytogènes floraux; ce n'est point un organe parti- 
culier, mais une forme spéciale de l'axe, une agrégation de mérithalles plus 
ou moins ayortés, terminés chacun à son sommet par un verticille floral. Le 
sommet de l'axe, c'est-à-dire le dernier mérithalle, celui qui porte les car- 
pelles, peut subir un arrét dans son accroissement pendant que les mérithalles 
précédents s'allongent d'autant plus qu'ils sont de plus ancienne formation; il 
semble, dans ce cas, que l'axe soit véritablement refoulé ; c'est l'effet d'une 
campylotropie circulaire. En concevant des variations dans les rapports qui 
existent entre le développement du mérithalle terminal et celui des mérithalles 
inférieurs à lui, on arrive à comprendre la formation des ovaires supères et 
des ovaires infères, avec les gradations qui existent entre eux. — Le disque, 
que Payer a regardé comme une modification particulière produite dans le tissu 
de l'un des organes de la fleur, modification qui ne peut influer en rien sur 
la symétrie de cette fleur, est au contraire pour M. Fermond un organe par- 
ticulier formé de parties verticillées, et conséquemment doit étre le résultat 
du développement d'un protophytogène. — L'étamine, que certains auteurs 
ont regardée comme un organe axile, est pour l'auteur le résultat de l'évo- 
lution d'un seul phytogène circulaire, son filet est un axe, et les parois des 
loges anthérales en sont les organes appendiculaires. Il fortifie cette inter- 
prétation par l'étude de diverses monstruosités. — Les phénomènes de la 
fécondation semblent démontrer jusqu'a l'évidence que le grain de pollen 
est un phytogene composé d'une multitude de granules qui semblent devoir 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 915 


se comporter isolément comme des phytogènes. — L'idée de la nature axile 
du filet staminal suggère à l'auteur une interprétation originale de la con- 
stitution de l'ovaire infere. Aprés avoir fait remarquer, avec M. Trécul (1), 
que l'inflorescence des Ficus est formée par une rétünion d'inflorescences 
scorpioides, il dit : « Supposons qu'il en soit ainsi pour l'urcéole des Z?osa ; 
» dans ce cas, l'inflorescence de chaque axe serait monoique, c'est-à-dire 
» que les étamines seraient des fleurs mâles nues placées au-dessus des 
» fleurs femelles, nues aussi, représentées par les ovaires. » M. Fermond fait 
en outre remarquer qu'il n'est pas rare de rencontrer des urcéoles de Rosa 
montrant des roses développées à leur intérieur. D'ailleurs, dit-il, si l'on con- 
sidérait ces urcéoles uniquement comme résultant du développement et de la 
soudure des éléments du calice, de la corolle et de l’androcée, tel qu'on le 
comprend généralement, on ne pourrait pas dire logiquement que cet organe 
soit de nature axile. — Le style, sur la nature duquel on à émis des opinions 
diverses, est pour l'auteur un organe axile, mais de nature appendiculaire, 
Gette opinion provient de celle qu'il professe pour les feuilles, dont toutes les 
nervures sont pour lui analogues à des axes. Le style, terminaison des feuilles 
carpellaires ou plutôt de leurs nervures, quelquefois constitué aussi ou unique- 
ment par un prolongement des placentas, est de nature axile comme les vrilles, 
et peut s'unir circulairement avec les organes voisins comme les organes de 
nature axile, et se diviser comnæ eux. Mais le stigmate est considéré par 
l’auteur comme de nature appendiculaire; ce que prouve, dit-il, la forme 
peltée qu'il présénte assez fréquemment. — Relativement à la nature des pla- 
centas, M. Fermond, après avoir rapporté et discuté les opinions contraires 
dont M. Ad. Brongniart et M. Schleiden sont les principaux représentants, 
arrive à reconnaitre que, dans tous les cas, que les ovules naissent sur ces pla- 
centas axiles, comme dans les Coriariées, Polvgalées, Berberis, etc.; où sur 
les carpelles, comme dans les Violariées et les Butomées, ils sont toujours 
produits par des phytogènes uniquement cellulaires au moment de leur for- 
mation, et dans lesquels, plus tardivement, apparaissent ou non des vaisseaux. 
— Dans la formation de l'ovule, le phytogène central du protophytogèné-ovule 
grossit beaucoup et s'élève en rejetant sur les côtés les phytogènes périphé- 
riques qui, vivant en commun, arrivent un peu plus tard à se montrer sous 
forme d'un bourrelet inférieur circulaire ; le phytogène central constituera le 
nucelle, qui se développe toujours le premier. — La spore des Acolylédonés 
représente un phytogene initial extrémement simple, ainsi que la graine des 
Orchidées. 

A propos de la formation de l'embryon, M. Fermond a exposé des idées 
intéressantes sur le mécanisme de la fécondation. Quand la cavité du sac em- 
bryonnaire grandit, dit-il, le vide qui tend à s'y faire y détermine l'afflux de 


(4) Voyez le Bulletin; t. I, p. 184. 


246 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


tous les fluides voisins, de sorte que celui de la fovilla, même avec quelques 
granules très-déliés et très-fins en voie d'organisation, sera comme aspiré ou 
humé, et se retrouvera dans le liquide qui remplit le sac, et au sein duquel se 
forment les vésicules embryonnaires. Pendant que celles-ci se développent 
elles-mêmes, il est impossible qu'il ne se produise pas de nouveau un phé- 
nomene d'aspiration analogue. C'est à cette tendance au vide intérieur qu'il 
faut attribuer, d’après l'auteur, une grande partie de l’élongation du tube pol- 
linique, soit rapide, soit lente comme dans les Conifères, ainsi que ses ramifi- 
cations si curieuses. M. Fermond discute avec de grands détails, en emprun- 
tant des arguments au règne animal, la question de l'origine des germes ; le 
germe est selon lui fourni par l'organe mále ; il modifie en se l'appropriant la 
théorie de Schleiden. Il va jusqu'à considérer comme mâles les organes des 
Cryptogames dans lesquels les spores se développent suivant la méme loi que 
les grains polliniques dans l’anthère, et il serait disposé à reconnaître le sexe 
mâle aux individus dits agames qui produisent des zoospores sans fécondation 
préalable. Il n'est pas nécessaire, ajoute-t-il, que l'extrémité du tube pollinique 
forme la vésicule embryonnaire pour que le germe soit un produit de l'organe 
mâle, celui-ci fournissant par myriades des germes dont un suffit à féconder un 
ovule en y pénétrant, tandis que la vésicule peut n'étre qu'un organe de ré- 
ception. — L'auteur se montre disposé à admettre la parthénogenése, princi- 
palement à cause des expériences de M. Igcoq. — Examinant les questions 
d'hybridité, il propose une nomenclature nouvelle pour éclaircir le sujet, et 
désigne par dose (de toç, espèce) le produit du croisement d’espèces sem- 
blables, par pécile (de mowia, Variété), le produit du croisement des 
variétés différentes d'une même espèce; l'Aybride est alors le résultat de la 
fécondation croisée de deux espèces congénères; le métis celui de deux hy- 
brides, ét le mulet celui de deux espèces ayant peu d'affinité entre elles. Le 
pécile, l'hybride et le métis pourront étre fertiles à des degrés divers, inter- 
médiaires entre la fécondité de l'idose et l'infécondité des mulets. Une 
formation trés-différente des précédentes pourrait encore se rencontrer dans 
les cas où il existe plusieurs sacs embryonnaires, si ceux-ci recevaient les uns 
le germe d'une espèce, les autres un germe différent, et que les embryons 
issus de croisements différents se greffassent ensemble. Cela pourrait avoir lieu 
aussi dans les vésicules embryonnaires d'un méme sac, et c'est peut-être par 
ces considérations qu'il faut expliquer l'association bizarre offerte par l'Oran- 
ger connu sous le nom d'Oranger hermaphrodite et par le Cytisus Adami. 

Dans le chapitre vir, intitulé : Organes axiles et appendiculaires, Vauteur 
poursuit l'application de la théorie phytogénique à certaines modifications 
normales ou monstrueuses de ces organes. Il étudie avec soin la nature mul- 
tiple des vrilles, qu'if résout en se fondant sur la maniere dont il comprend la 
feuille, qui est pour lui un axe modifié, de nature appendiculaire. 

Le chapitre V1, où cette analyse déjà longue ne peut être continuée, est 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 217 


consacré aux influences physiologiques qui s'exercent sur le végétal à diverses 
périodes de son histoire : loi d'alternance, arrét provisoire d'accroissement, etc. 
Le chapitre 1x traite de la germination, et le chapitre X est un résumé apho- 
ristique de phythogénie. 


Observations sur la Ficaire; par M. Ph. Van Tieghem (Ann. sc. 
nat., 5° série, t. v, pp. 88-109, avec une planche) ; 1866. 


Plusieurs auteurs ont déjà publié des observations sur cette plante, et 
principalement sur le mode de formation de ses tubercules axillaires, notam- 
ment MM. Irmisch (Zur Morphologie der Monocotyledonen Knollen- und 
Z wiebel- Gewechse, 1850), Aimé Henry (Verhandlungen des naturhistc- 
rischen Vereines der preussischen Rheinlande und Westphalens, 7° année, 
1850), Germain de Saint-Pierre (Z Institut, janvier 1852, et Bull. Soc. bot. 
Fr. t. rt, p. 11), et D. Clos (Ann. sc. nat. 3, XVII, p. 130). Nous repro- 
duisons les conclusions données par M. Van Tieghem de ses observations, qu'il 
se propose de poursuivre. 

4° La cause prochaine organique de la stérilité de la Ficaire bulbifere est 
l'arrét de développement du pollen dans l’anthère. 

2° Tous les tubercules de la Ficaire, dans ses deux variétés, ont une struc- 
ture, un mode de formation et un rôle identiques ; un bourgeon muni d'une 
grosse racine adventive issue de lui, et avec laquelle il se sépare de l'axe : telle 
en est la signification commune. 

3° Le tubercule de la Ficaire est identique avec le faux bulbe des Ophrydées. 

h° La graine de la Ficaire renferme un petit embryon sphérique, et parait 
germer avec un seul cotylédon. 

5° Il existe enfin un ensemble de caractères différentiels qui permet de 
reconnaitre, dès le plus jeune âge, une plante de l'une ou de l'autre variété, 
et qui peut se résumer en un excessif développement, chez la Ficaire stérile, de 
l'appareil végétatif et des racines adventives tuberculeuses, circonstance qui 
s'explique par les conditions de milieu où cette plante croit spontanément. 


HKondelet et ses disciples, ou la botanique à Montpellier au xv1* 
siècle, Appendice par MM. J.-E. Planchon et G. Planchon (Extrait du 
Montpellier médical, 1866); tirage à part en brochure in-8? de 43 pages. 
Montpellier, 1866. 


Les auteurs se sont proposé de faire entrer dans cet Appendice les détails 
que leur nature trop spéciale avait exclus du discours consacré à Rondelet (1). 
Ils commencent par indiquer leurs principales sources d'informations, et, à ce 
propos, ils rectifient certains documents erronés ; la liste manuscrite des Me- 
dici monspelienses et l'Apollinis monspeliensis bibliotheca mentionnent 


(4) Voy; plus haut, p. 425. 


218 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


. comme ayant étudié à l'Université de Montpellier des personnages célèbres qui 
n'y sont jamais venus, tels que Ruellius, Léonhard Fuchs, Camerarius et Ta- 
bernæmontanus, Ensuite, les auteurs donnent de nombreuses indications 
tirées des anciens registres de la Faculté, de la ville et des églises de Mont- 
pellier, pour nous faire connaitre la famille de Rondelet et sa biographie. Ce 
‘qui intéresse le plus les botanistes dans leurs recherches, c'est l'étude des 
collaborateurs et des disciples de Rondelet, et surtout parmi eux de Fontanon, 
de Jacques Salomon, son gendre (plus connu sous le nom de Bonail d'Assas, et 
maitre de Mathias de L'Obel), de Jacques Dalechamps, de Charles de Lescluze, 
de Félix Plater (qui devint plus tard à Bàle le premier maitre de Gaspard 
Bauhin), de Rauwolf, de Jean Bauhin, de Pierre Pena (probablement le même 
que le médecin de Henri III), de L'Obel, dont le nom, suivant M. Irmisch 
(Bot. Zeit. 1865, p. 300), est tiré du vieux nom français du Populus alba 
(arbre reproduit sur le fronstipice du Krujydtboek de L'Obel), de Gaspard 
Pelletier. (qui réunit dans un méme ouvrage l'énumération des plantes de l'ile 
de Walcheren en Hollande, et de quelques plantes de Montpellier), de Sarra- 
cenus, de Desmoulins (Joannes Molinzus) et de Melchior Sebisch (Sebezius), 
qui travaillèrent à l’Æistoria lugdunensis de Dalechamps. Enfin, parmi les 
émules scientifiques de Rondelet qui ont passé quelque temps à Montpellier, 
il faut citer Conrad Gesner, l'illustre naturaliste de Zurich, et peut-étre Pierre 
Belon, 


Catalogus plantaram in Algeria sponte nascentium, 
auctore G. Munby Editio secunda. In-8° de 42 pages, sur deux colonnes. 
Londini, 1866. 


Une courte introduction résume les principaux travaux publiés jusqu'ici sur 
la flore d'Algérie; le nombre des végétaux connus dans cette flore, et qui 
s'élevait en 1859, à 2600 dans la première édition de cet ouvrage, a été 
porté, dit l'auteur, à 2964, par ses propres recherches, et surtout par celles 
de MM. Cosson et Durieu de Maisonneuve, dont les résultats ont été en partie 
publiés dans notre Bulletin. La plupart des espèces qui figurent, à titre de 
nouveautés, dans cette seconde édition, portent les noms de MM. Boissier et 
Reüter, Cosson, Durieu, Duval-Jouve et de Noé. Elle ne s'étend que jus- 
«qu'aux Cryptogames vasculaires inclusivement. Aucune espèce ou variété 
nouvelle n'y est décrite. . 


Étude du Phycomyces nitens Kunze; par MM. N. Joly et 
D. Clos (Extrait des Mémoires de l'Académie impériale des sciences, in- 
scriptions et belles-lettres de Toulouse); tirage à part en brochure in-8° de 
7 pages avec une planche). 


Ce Champignon, déterminé par M. Léveillé, s'est développé sur un torchon 
imbibé d'une certaine quantité d'huile. Kunze, qui le premier en a fixé la 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 919 


place en le retirant de la famille des Algues, où il avait été placé par M. Ad. 
Agardh, dit qu'il naît sur les murs et sur le bois des moulins à huile et des 
magasins à huile. Il n'avait pas encore été signalé en France. Voici la diagnose 
qu'en donnent MM. Joly et Clos. 

Flocci perplurimi decumbentes, elongati, tenuissimi, simplices, continui, 
in formam capillamenti infra grisei, supra nigri et nitentis intricati, et alii 
erecti fertiles. Sporangium terminale spharicum vel lageniforme, articulo 
basilari a filamento secedens, primum granulis luteis, dein sporidiis farctum. 
Sporidia mox libera, ellipsoidea vel subreniformia. 


Recherches sur les variations que présentent quelques 
plantes communes de la Haute-Garonne au point dc 
vue phytographique ; par M. Éd. Timbal-Lagrave (Extrait des Mé- 
moires de l'Académie impériale des sciences, inscriptions et belles-lettres 
de Toulouse); tirage à part en brochure in-8* de 12 pages. 


M. Timbal-Lagrave, pour s'éclairer sur la faculté de variation des types spé- 
cifiques, a récolté avec grand soin des graines mûres de certaines espèces, et les 
a semées dans des conditions particulières, en faisant varier le sol, l'exposition, 
les arrosements, le mode de culture, etc., etc. Il a expérimenté ainsi d'abord 
sur le Daucus Carota. V a semé aux environs de Toulouse des graines recueil- 
lies dans diverses localités de la France sur des formes diverses de cette méme 
espèce, et en général, dès ses premiers semis, ces formes sont revenues à celle 
qui est la plus fréquente aux alentours de cette ville. Il a vu disparaître, dans 
ces expériences, non-seulement les variétés fondées sur la grandeur des fleurs 
et la couleur des pétales, mais encore celles que caractérise la forme ovale, ou 
ellipsoide, ou ellipsoide-oblongue du fruit. Ces modificatious de forme dépen- 
dent assurément, dit-il, de la vitesse qu'affecte la végétation après l’anthèse et 
pendant le développement du fruit. Il n'a pas trouvé plus de stabilité dans les 
colorations diverses de cet organe, qui, dans les premiers semis, sont reve- 
nues à la coloration blanchàtre. Des observations encore plus importantes ont 
été faites par lui sur les aiguillons du fruit des Daucus. Il a d'abord remarqué 
que leur longueur varie notablement chez le D. Carota, relativement au dia- 
mètre du fruit, et que, plus celui-ci est ellipsoide, plus les aiguillons sont 
longs ; que ceux-ci se bifurquent ou se trifurquent quelquefois (1), ce qui 
fait ressembler les grands échantillons de D. Carota au D. maximus. Il a 
méme observé aux environs de Toulouse une forme de D. Carota, à aiguillons 
confluents à la base et répondant au 2. serratus Moris, qui, par la culture, 
est revenue peu à peu au D. Carota, à aiguillons libres. Il pense, en consé- 
quence, que le 2. serratus ne peut constituer une espèce légitime, mais seu- 
lement une variation qui se rencontre parallèlement chez diverses espèces de 
ce genre. 


(4) Voyez le Bulletin, t. V, p. 266. 


220 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Études sur l'herbier du Gabon, du musée des colonies 
francaises; par M. H. Baillon (Adanson?a, t. v, pp. 361-368; t. vt, 
pp. 177-230, avec quatre planches gravées). | 


Les plantes du Gabon étudiées dans ce mémoire sont principalement dues à 
M. Griffon du Bellay, chirurgien de la marine impériale. L'auteur a profité 
de l'examen qu'il en faisait pour les comparer aux espèces récoltées à peu près 
dans les mêmes localités par le P. Duparquet, dont les doubles ont été déposés 
dans l'herbier du Muséum d'histoire naturelle, en même temps qu'avec les 
échantillons du voyage de M. G. Mann, que cet établissement doit à la libé- 
ralit& du musée de Kew. Nous ferons connaitre successivement, suivant 
l'ordre des familles auxquelles elles s'appliquent, les principales observations 
faites sur ces végétaux par M. Baillon. 

Anonacées. — On comprend difficilement d'abord que le genre Monodora 
avec son ovaire uniloculaire à parois chargées d'ovules, puisse étre réuni aux 
autres Anonacées dont les carpelles sont indépendants les uns des autres, avec 
des placentas situés dans l'angle interne. C'est pour avoir accordé à ce carac- 
tére de la placentation une valeur absolue, que plusieurs auteurs ont séparé le 
Monodora des Anonacées, et l'ont placé auprés des Bixacées. Mais comme, 
par presque tous les autres caractères, le Monodora reproduit le type des 
Anonacées, il faut nécessairement, dit l'auteur, sacrifier ici un caractére, 
méme d'une valeur considérable, pour se conformer aux principes fondamen- 
taux des méthodes naturelles. Le Monodora est aux Anonacées ce que les 
Reseda sont aux Asfrocarpus, les Saxifragées nettement pariétales aux Cuno- 
niacées dicarpellées, les Pavots méme aux Renoncules. Le genre Jateorrhiza 
Miers a les filets monadelphes, comme ils le sont également, bien qu'à un 
faible degré, dans le Chasmanthera, auquel l'auteur propose de le réunir. — 
Chez le Cissampelos, dont une espèce du Gabon est très-affine, sinon sem- 
blable au C. Pareira L., l'ovaire est articulé à sa base, au-dessus de ce qu'on 
appelle le pétale. Il y aura lieu, dit M. Baillon, de rechercher ultérieurement 
la véritable nature de cet organe et de discuter en méme temps la signification 
de ces fleurs singulieres de Cissampelos, qui pourraient bien ne représenter 
chacune qu'une portion d'une fleur polycarpellée, soulevée sur une division 
pédiculiforme d'un réceptacle floral commun. 

Légumineuses. — Le genre nouveau Didelotia, dédié au contre-amiral 
baron Didelot, organisateur zélé de l'herbier du Musée des colonies francaises, 
est remarquable par l'appauvrissement du périanthe. Ce n'est qu'après les pro- 
grès du développement, qu'on peut observer dans sa fleur cinq petites lan- 
guettes aiguës, très-étroites, qui représentent probablement un rudiment de 
corolle. A leur base, ces languettes se soudent en une sorte d'anneau court 
qui encadre le pourtour du disque, et qui se confond presque complétement 
avec cinq petites écailles très-obtuses, situées en dehors du pied de chaque 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 221 


étamine, écailles dans lesquelles l’auteur ne sait s’il faut voir de petits sépales 
rudimentaires ou de légères saillies du pourtour du disque lui-même. Dans 
une pareille fleur, les organes sexuels seraient donc tout à fait dépourvus, au 
premier âge, d'enveloppes protectrices, si les deux bractéoles latérales de la 
fleur, au lieu d'occuper la base du pédicelle, de méme que sa bractée-mère, 
n'étaient soulevées jusqu'à la fleur elle-même, et, formant deux cuillerons 
concaves qui se rapprochent par leurs bords, ne venaient envelopper complé- 
tement le bouton dans une sorte de poche piriforme qu'on prend au premier 
abord pour le calice. — Dans les Vouapa Aubl. , la corolle et l'androcée ne se 
développent que d'un côté de la fleur, comme dans l'AntAonota Beauv. , sinon 
dans l’espèce-type de ce genre, l'A. macrophylla, du moins dans d'autres 
espèces intermédiaires, et l'auteur pense qu'il faudra réunir dans un seul 
groupe ces deux genres, et peut-être aussi les Æumboldtia. Une espèce nou- 
velle de ce groupe est nommée par l'auteur Vouapa crassifolia (Heudel. 
€xsicc. n. 153 bis), une autre, dont le calice a cinq sépales à peu près égaux 
et un grand pétale, le V. demonstrans, y forme la section Pentisomeris; une 
troisième, le V. explicans, à trois pétales égaux, la section 7riplisomeris. L'au- 
teur étudie les genres A fzelia et Berlinia Sol. , qui sont également très-voisins du 
méme groupe. Chez ces plantes, l'insertion du gynécée, qui est excentrique 
dans la fleur adulte, est centrale ou à peu près dans la fleur jeune. Si l'on sub- 
stitue par la pensée, dit l'auteur, au réceptacle floral une cavité ovarienne, on 
voit que les Légumineuses où le podogyne est central répondent aux ovaires à 
placenta central libre, tandis que les Gésalpiniées, où l'insertion pistillaire est 
excentrique, représentent les gynécées à placentation plus ou moins pariétale. 
Et l'on peut en conclure que l'essence de la placentation demeure la même, 
quelque lieu de l'ovaire qu'occupent les trophospermes, aussi bien que le pistil 
des Légumineuses est toujours inséré sur une méme région organique du 
réceptacle floral. — M. Baillon décrit un genre nouveau, Duparquetia, ana- 
logue parmi les Légumineuses au type américain des Martiusées. Le Dupar- 
quetia orchidacea, INgandji des indigènes, diffère des genres voisins Zol- 
lernia et Martiusa par le nombre de ses étamines fertiles, la configuration de 
ses staminodes et de sa corolle, en méme temps que par son calice qui n'a que 
deux pièces opposées l’une à l'autre, et non pas cinq, comme les Martiusa, 
ni, comme les Zollernia, un sac gamophylle irrégulièrement déchiré lors de 
l'anthése, — Le Baudouinia sollye formis (Boiv. exs. n. 1556), genre dédié 
à M. le capitaine Baudouin, l'un des derniers explorateurs de la Nouvelle- 
Calédonie, a le calice d'un Martiusa et l'androcée d'un Zollernia, et se rat- 
tache en méme temps aux Swartziées et aux Cassiées par ses étamines, qui di- 
minuent de taille d'autant qu'elles se rapprochent plus du cóté placentaire de 
la fleur. — Les observations suivantes de M. Baillon concernent les genres 
Cassia, Mesoneuron, Cœsalpinia, Schotia, Dialium, Crudia, Detarium 
(lequel est au Copaifera à peu près ce que le Pécher est à l'Amandier, qu'on 


ong SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ne peut en séparer génériquement), Zardwickia, Erythrophleum, Fillea, 
Pentaclethra, Entada, Piptadenia, Tetrapleura, Baphia (auquel il faut 
rapporter le Weluria Desv.), Hecastophyllum, Drepanocarpus, Andira, 
Lonchocarpus, Millettia, Hedysarum, Mucuna, Tephrosia, Eriosema, Dio- 
clea, Crotalaria, etc. Des espèces nouvelles de plusieurs de ces genres sont 
décrites par l’auteur. 

Les planches jointes à ce mémoire représentent les Griffonia simplicifolia 
Bn (Schotia Schum. et Thœnn.), Vouapa demonstrans Bn, V. macrophylla 
Bn (Anthonota P. Beauv.), Berlinia Steudelotiana Bn, B. acuminata Sol., 
Duparquetia orchidacea Bn et Baudouinia sollyæformis Bn. 


Sur deux Euphorbiacées brésilienues; par M. H. Baillon 
(Adansonia), t. VI, pp. 231-238. 


. La première de ces deux plantes, qui a été désignée dans le commerce sous les 
noms d' Z/ippomane spinosa, ilicifolia et longifolia, se rapporte au genre Acan- 
tholoma Gaudich. ; l'auteur la décrit sous le nom d' A. spinosum. La seconde 
forme un genre nouveau sous le nom de Piranhea, tiré de l'appellation vul- 
gaire qui la désigne, ce genre, rapporté par M. Bentham au groupe des 
Zanthoxylées, appartient aux Euphorbiacées bi-ovulées et a les feuilles com- 
posées digitées ; voisin des Bischoffin asiatiques, il se rapproche encore davan- 
tage, par la polyandrie de ses fleurs mâles, des Cyclostemon, des Daphni- 
phyllum et autres genres à étamines nombreuses réunis par M. Baillon sous 
les noms de Cyclostémonées et Gyrandrées, 


Botanische Untersuchungen aus dem physiologischen 
Laboratorium der landwirihsekaftlichen Lehranstalt 
in Berlin, mit Beitrægen deutscher Physiologen und 
Anatomen (Recherches de botanique faites au laboratoire de physio- 
logie de l’école d'agriculture de Berlin) et publiées par M. H. Karsten, 
avec le concours des anatomistes et physiologistes allemands. 2° partie, in-8^, 
pp. 113-206, avec 6 planches. Prix : 5 fr. 35 c. 


Anatomisches und Histoehemisches ueber das Zuckerrohr ( llecher- 
ches d'anatomie et de chimie histologique sur la Canne-à-sucre); par 
M. Julius Wiesner, pp. 113-128, avec une planche. 


On emploie depuis longtemps, pour l'extraction du sucre dé Betterave, uné 
méthode connue sous le nom de méthode de diffusion; qui consiste à traiter 
la Betterave, coupée en tranches, par de l'eau chaude et neutre aux réactifs 
Cette méthode donne de meilleurs résultats que l'emploi de la pression, parce 
que celle-ci, en brisant les cellules, en fait sortir une grande quantité de ma- 
tières protéiques; pourvu cependant que la température de l’eau ne dépasse 
pas 40 degrés Réaumur, car au-dessus de cette limite la chaleur trans+ 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 223 


formerait la pectose de la substance intercellulaire en matériaux pectiques 
solubles. MM. Minchin, fabricants de sucre à Aska et à Madras dans les Indes 
orientales, sont venus récemment en Autriche pour y étudier le résultat de la 
fabrication par diffusion, qu'ils se préparent à introduire dans leurs établisse- 
ments. M. Wiesner pénse que ce procédé sera encore plus avantageux dans le 
traitement de la Canne-à-sucre, que dans celui de la Betterave ; eu effet, la 
matière suage étant située dans le Saccharum à l'intérieur de la tige, derrière les 
faisceaux libériens et le parenchyme extérieur en partie lignifié, la pression 
agit mal sur elles, si ce n'est en brisant les cellules, ce qui verse dans le 
liquide extrait de nombreux matériaux albumineux. De plus la température 
de l'eau peut être portée sans danger, dans le traitement de la Canne, bien 
au-dessus de 50, car les substances pectiques y sont contenues non dans 
la matière intercellulaire mais dans les couches moyennes de la paroi cel- 
lulaire; il.est méme avantageux d'employer une température élevée qui 
coagule les matières protéiques et n'extrait que mieux les matières sucrées. 
Ajoutons que l'on peut en outre, dans ce traitement, se servir d'acides qui 
exercent une heureuse influence sur la conservation du jus. 


Ueber das Wachsthum des Biuethensaftes einer Agare Jacquiniana 
Schul. (De la croissance de l’inflorescence d’un Agave, etc.) ; par 
M. Adolf Weiss; pp. 129-142. 


La rapidité avec laquelle se développe la hampe des Agave est bien connue 
de nos lecteurs, qui ont pu l'apprécier dans un travail spécial de M. Ch. 
Martins. Voici les principales conclusions que tire M. Weiss de ses récentes 
observations, 

L'allongement de la hampe dépend en premiere ligne de la température. Il 
est très-faible dans l'après-midi, de midi à dix heures du soir, augmente dans 
le cours de la nuit, de dix heures du soir à six heures du matin, et c'est daus 
la matinée qu'il est le plus fort. 

L'allongement le plus faible se montre dans les premiers jours de mai, où 
commence simultanément le développement des axes floriferes, lair étant 
à une température encore assez basse. L'allongement le plus faible a lieu 
quelques jours avant et immédiatement après la première ramification de la 
hampe, aprés laquelle il se maintient assez longtemps à son maximum. 

Dans certains jours, on n'observé aucune différence de longueur entre l'état 
du matin et celui de l'aprés-midi, mais il n'en est pas de méme entre celui-ci 
et celui du soir. La raison de ces phénoménes est dans les variations de la tem- 
pérature, qui, ces jours-là; descend fréquémment pendant la nuit jusqu'a 
=+ 5 degrés Réaumur, et dans ce fait que la température ne nianifeste son in- 
fluence qu'au bout de trois à quatre heures; Quand le thermomiétre ne s'abaisse 
pas pendant la nuit au-dessous de -+ 7 degrés Réaumur, on n'observe pas dé 
temps d'arrét dans l'évolution matinale de la bampe. 


22h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


L'influence de l'état couvert ou serein du ciel est tout à fait sans importance, 
à moins que l'absence de vapeurs ne coïncide avec un grand abaissement de 
la température, ce qui fait paraître encore plus remarquable l'arrét d'évolution 
de la hampe. 

En vingt-quatre heures, la croissance a été, dans' les observatious de 
M. Weiss, en moyenne de /,5?7,5 ; au maximum de 109 millimètres, au mi- 
nimum de 18 millimètres; pour une heure elle a varié de 5 à 6""Wg. L'auteur 
distingue dans le développement de la hampe six périodes dans lesquelles il a 
prédominé tantôt pendant la matinée, tantôt pendant l'après-midi. 

En cinquante-deux jours, l'inflorescence s'est élevée à 2,364, dont 07,79 
ont crû pendant la nuit, 0,80 dans la matinée et 0,77 dans l'après-midi. 


Untersuchungen ucher die Ursache der Knospen-Entfaltung (Recher- 
ches sur les causes de l'épanouissement des bourgeons); par M. F. Schultze 
(pp. 143-146). 


L'auteur a placé des rameaux de Marronniers-d'Inde, munis de bourgeons 
à peine développés, d'une part dans un vase ordinaire rempli d'eau, d'autre 
part, à l'aide d'un fragment creux de caoutchouc, dans un tube de verre re- 
courbé à sa partie inférieure en deux branches dont la plus longue était pleine 
d'eau. Dans ce second cas, il s'exercait une pression notable, graduée à volonté 
par l'expérimentateur, sur la surface de section du rameau. Or, dans ce second 
cas, les bourgeons se développèrent avec bien plus de vigueur et plus long- 
temps. L'auteur ne trouva aucun avantage à remplacer l'eau distillée, dans 
cette expérience, par d'autres liquides chargés de matières nutritives. La dé- 
cortication de la partie du rameau plongée dans l'eau eut une influence très- 
remarquable sur l'épanouissement des bourgeons. Ces observations pourraient 
avoir un résultat pratique important pour l'horticulture. 


Weitere Nachrichten ueber dic Breitnadeltriebe oder Rosetten der 
Kiefer ( Recherches ultérieures sur les rameaux à feuilles élargies où 
rosettes du Pin); par MM. Ratzeburg et H. Karsten (pp. 146-159, avec 
une planche). 


M. Ratzeburg a énuméré et décrit antérieurement dans un traité spécial 
intitulé : Waldverderbniss (Destruction des forêts), plusieurs agents qui 
produisent l'anomalie décrite dans ce mémoire au point de vue botanique 
par M. Karsten. Cette anomalie consiste dans la formation d'organes foliacés 
plats, allongés, flexueux, verts, qui se substituent aux écailles chez un grand 
nombre de bourgeons du plant malade, et coincident fréquemment avec 
l'atrophie des rameaux qui devraient se développer à leur aisselle. Cette ma- 
ladie est déterminée ordinairement sur le Pinus silvestris par les ravages de 
certains insectes, notamment du Bombyx Pini. Elle l'est aussi par les dégâts 
que cause le gibier dans les plantations, par le feu, et par diverses circonstances 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 295 
atmosphériques mal définies. En général les feuilles ainsi transformées forment 
une rosette à la base du bourgeon malade. Elles sont intermédiaires, par leur 
structure anatomique, entre les écailles brunes qui revêtent normalement le 
bourgeon et les feuilles vertes arrondies et pourvues de stomates. 


Zur Befruchtang der Pilze (Sur la fructification des Champignons); par 
M. H. Karsten (pp. 160-169, avec une planche). 


M. Karsten a fait connaître dans son grand mémoire sur la parthéno- 
genèse (1) un Lichen du genre Cænogonium dans lequel il a cru observer une 
fécondation. Il a soupconné qu'il devait en trouver les organes chez les Cham- 
pignons comme chez les Lichens. Il pense que ses prévisions ont été réalisées ` 
par l'étude de l’ Agaricus vaginatus Bull. Ila trouvé sur le mycélium de cet 
Agaricus des cellules d'abord courtement, plus tard longuement pédicellées, 
d'une à cinq fois plus larges que les filaments de ce mycélium, et remplies 
d'un contenu albumineux opaque dans le milieu duquel est un noyau plus 
brillant. Ces cellules sont l'origine du chapeau de l'Agaric. Le pédicelle qui les 
porte est séparé par une cloison de la cellule qui le termine aussi bien que du 
filament du mycélium. L'auteur a observé une fois deux cellules semblables 
auprès l'une de l'autre, sans autres ramifications du mycélium aux alentours. 
Il les regarde comme des archégones. Une autre fois il a observé, prés d'un des 
archégones, un filament cylindrique composé de deux cellules dont la supérieure 
renfermait un liquide granuleux, et né aprés l'archégone qu'il dépassait. L'ar- 
chégone était soudé intimement avec ce filament sur un point de son pour- 
tour, son contenu opaque et formé d'une écume vésiculeuse se portait mani- 
festement vers le point de contact, au niveau duquel la paroi était plus épaisse 
et ponctuée, A leur base, les cellules qui portaient l'une l'archégone ovale, 
l'autre le filament cylindrique, émettaient des ramifications. Sur d'autres 
exemples, ces ramifications, devenues très-nombreuses, empêchaient d'observer 
l'archégone qu'elles entouraient. Ces ramifications se soudent pour devenir le 
velum de l Agaricus vaginatus, et la partie du pédicule cellulaire placée entre 
leur naissance et l'archégone transformé se développe pour former le pédicule 
du chapeau. | 

L'auteur explique ensuite combien ces phénomènes ont d'analogie avec ceux 
qu'il a observés chez le Cenogonium. 

Zur Entwickelung der Milehsaftgefzesse in den Luftwurzeln von (Du 
développement des vaisseaux laticiferes dans les racines aériennes du) 
Syngonium decipiens Schott; par M. Adolf Weiss (pp. 170-173, avec 
une planche). 


Les vaisseaux laticiferes sont répandus dans toute l'écorce des racines 


(1) Voy. le Bulletin, t. VIII, p. 448. 
p. XI. (Revue) 15 


226 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

aériennes du Syngonium ; il existe méme du latex dans certains organes 
allongés faisant partie des faisceaux vasculaires. Quelquefois les laticifères sont 
placés immédiatement sous les cellules épidermiques. L'auteur en a suivi le 
développement. 


Pflanzenphbysikalische Untersuchungen (/iecherches de physique végi- 
tale) ; par M. Wilhelm Schumacher (pp. 172-191). 


Les diverses considérations développées ici par l'auteur, et qui sont. plutôt 
du domaine de la physique que de celui de la botanique, ont été déja, pour la 
plupart, exposées par lui dans son livre intitulé : Za nutrition de la plante, 
analysé plus haut t. X1 (Revue), p. 166. Il a construit avec du collodion un 
appareil qui, suivant lui, représente assez bien les phénomènes de la tram- 
spiration et de l'imbibition végétale; il étudie surtout les différences de densité 
des différentes couches liquides qui se succèdent dans cet appareil, dont la 
membraue supérieure et perméable est comparée par lui à la feuille de la 
plante. 


Ueber den Flugbrand (Sur /Ustilago Carbo); par M. Hoffmann (pp. 192- 
206, avec trois planches). 


Le résultat de ces recherches est exprimé par l'auteur dans les termes sui- 
vants : Le filament embryonnaire de l Ustilago pénètre dans la plante qu'il 
envahit, à travers une fente de la coléorrhize ou à travers le nœud cotylé- 
donnaire (ou bien un peu au-dessus de lui), atteint l'intérieur de la geinmule 
et s'éléve en hauteur avec les feuilles et le jeune axe pendant l'élongation du 
chaume, pour atteindre dans les fleurs son dernier degré de développement. 
Un grand sombre de figures représentant l'embryon des Graminées attaqué par 
le Charbon sont jointes à ce mémoire. 


Iconographie des espèces nouvelles décrites ou énu- 
mérées dans le Genera Filicum ei révision des pu- 
blications antérieures relatives à là famille des Fou- 
gères (dixième mémoire); par M. A.-L.-A. Fée. In-A^ de 52 pages, avec 
17 planches lithographiées. Paris et Strasbourg, chez veuve Berger-Levrault 
et fils. 1865. 


Voici les noms des espèces nouvelles décrites et en général figurées par 
M. Fée dans cette nouvelle publication : 

Leptochilus Thwaitesianus (Thw. n. 346), Z. zeylanicus (Thw. n. 1317); 
Vittaria latipes (Boiv. n. 1590), V. hirta, de Bornéo; Adiantum confine 
(iles Mascareignes); Pteris mysorensis (Pt. cretica var. latifolia Hook. et 
Thoms.), Pt. rostrata (Am. équinoxiale), Pt. philippinensis (Cuming n. 8), 
Pt. oppositi-pinnata (Cuming absque numero), Pt. punctata (Bourbon); 
Plecosorus leptocladon (Schlim n. A38): Nothochlena pruinosa (Toluca, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 227 
Schaffner n. 107); Asplenium Dufourii (Bourbon), A. semidentatum (Bour- 
bon), A. notabile (Bourbon), A. debile (Weddell n. 3790), A. macrodon 
(Jameson absque humero); Diplazium pinnatifidum (Fhw. n. 3101), D. fir- 
mum (Thw. n. 1349), D. prælongum (ile Maurice); Phegopteris brevinervis 
(Brésil), Ph. mollivillosa (Polypodium subincisum Mart. non Willd.) ; Go- 
niophlebium coriaceum (Bourbon); Craspedaria javanica (Zoeling. n. 1086), 
Cr. borbonica ; Amblya servata (Sainte-Hélène); Aspidium Kunzei (Orizaba), 
A. microthecium (Cuming n. 13), A. producens (Mexique, Schaffner n. 220 
part.), A. dasychlamys (Bourbon), A. calcigenum (Bourbon), A. frondu- 
losum (Bourbon), A. puberulum (Schaffner n. 247 part.), A. jucundum (Gal. 
n. 6563, Linden n. 2145), A. formosum Fée part.) ; Nephrodium aculeatum 
(Bourbon), N. zeylanicum (Thw. n. 4394), JV. excisum (Thw. n. 1359); 
Culeita Schlimensis (Schlim n. 322). 

Beaucoup d'aütres espèces ont fourni à M. Fée le sujet de notes intéres^ 
santes; que le défaut d'espace nous empêche d'indiquer. ll se trouve à la fin 
de son mémoiré un appendice à son neuvième mémoire (Z'numération des 
Fougères et des Lycopodiacées du Mexique). 


Histoire des Fougères et des Lycopodiacées des Antilles 
(onzième et dernier mémoire sur la famille des Fougères) ; par M. A.-L.-A. 
Fée. In-4° de 16/4 pages, avec 34 planches lithographiées. Paris, chez 
J.-B. Baillière et fils, Victor Masson et Berger-Levrault, 1866. 


Ce livre, qui continue le traité des Fougères d'Amérique de Plumier, est 
consacré par l'auteur à la mémoire de ce savant, l'une des gloires de la bota- 
nique francaise. 

De toutes les familles de plantes des tropiques et de l'équateur, ce sont les 
Fougères qui ont donné lieu aux monographies les plus complètes et les plus 
étendues; elles y forment environ le neuvieme de la végétation totale. La mo- 
nographie de Plumier renferme la figure et la description de 180 espèces, 
dont 175 Fougères et 5 Eycopodes. Après lui, i| faut citer, parmi les 
botanistes qui se sont le plus occupés des Fougères des Antilles, Sloane et 
Swartz pour la Jamaïque, de Tussac pour Saint-Domingue, Linden et Wright 
pour Cuba, Mlle Rivoire pour la Martinique, et MM. L'Herminier pére et 
fils. Grâce à ces explorateurs, la flore ptéridologique des Antilles est bien près 
d’être complétée. M. Fée porte le nombre des espèces de Filicinées qui appar- 
tiennent à l'archipel des Antilles à 772, en y compreñant 39 Lycopodiacées, 
quelques Rhizocarpées et Equisetum. Sur ce nombre, 326 espèces sont indi- 
quées comme propres aux Antilles, mais ce chiffre devra se réduire beaucoup: 
toutes les espèces continentales ne sont pas encore connues, et plusieurs 
d'entre elles, qui seront plus tard découvertes, devront probablement rentrer 
dius les espèces indiquées aujourd’hui comme vivant exclusivement dans les 
Antilles. 


3G 


228 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

Quoique très-analogue à celle des Antilles, la flore ptéridologique du Mexi- 
que en diffère sensiblement. Sur une centaine de Fougères arborescentes, 
éparses sur le continent américain, le Mexique en possède 16, tandis que l'ar- 
chipel en a 25. Les espèces herbacées mexicaines pouvant être évaluées à 500 es- 
pèces, les espèces ligneuses seraient aux espèces herbacées 27 31,25 : 500; d'un 
autre côté, les espèces antillanes herbacées, s'élevant au nombre de 675, 
seraient aux espèces ligneuses |} 27 : 675. Différence très-notable, qui trouve 
peut-être son explication dans la préférence que les Fougères arborescentes 
affectent pour les rivages de la mer. 

Les Fougères sont peut-être, de tous les végétaux, ceux dont la synonymie 
est le plus embrouillée ; cela tient, et nous devons le faire ressortir ici, à l'iso- 
lement dans lequel travaillent les botanistes descripteurs. Chacun opère le 
plus souvent avec ses propres matériaux, sans demander à ses confrères des 
lumières sur les espèces difficiles et souvent sans voir les grands herbiers. Pour 
décider qu'une espèce est nouvelle, on se contente de consulter les planches, 
qui ne donnent et ne peuvent donner qu'une forme, et l'on décide. 

L'auteur trace dans ce mémoire, aussi complétement qu'il lui a été pos- 
sible de le faire, l'énumération des Fougères trouvées jusqu'a présent dans les 
principales iles des grandes et des petites Antilles. Les espèces depuis long- 
temps connues et depuis longtemps figurées dans les ouvrages regardés comme 
classiques sur les Fougères, étant dans toutes les bibliothèques, il n'a pas cru 
uécessaire d'en reproduire les diagnoses, excepté quand il lui a été démontré 
que certaines d'entre elles laissaient des doutes sur leur détermination, ou que 
leur synonymie avait besoin d'étre éclaircie. 

Les espèces successivement figurées (et décrites en général comme nou- 
velles) par M. Fée sont les suivantes : Acrostichum scandens, A. obcrenatum ; 
Polybotrya cyathifolia ; Lomaria exaltata, L. Plumieri, L. violacea ; 
Lindsaya L Herminieri, L. montana, L. consanguinea, L. trapezi ormis, 
L. parvula; Adiantum oblique truncatum ; Lithobrochia inæqualis, L. bre- 
vinervis ; Athyrium (Hypochlamys) Tussaci, A. squamulosum, A. inæqua- 
lidens; Diplazium Apollinaris L'Herm. ; D. Callipteris, D. grammatoides ; 
Polypodium L Herminieri, P. mollissimum, P. inæquale ; Phegopteris rus- 
tica, Ph. Germaniana, Ph. hygrophila, Ph. dilatata, Ph. ctenoides, Ph. Du- 
chassagniana ; Goniopteris strigosa, G. gracilis Moor et Houlst., G. tenera, 

G. leptocladia, G. pyramidata, G. quadrangularis, G. Feei V'Herm., G. 
guadalupensis, G. rostrata, G. hastata, G. Rivoirei ; Goniophlebium inter- 
medium, G. acuminatum ; Polystichum guadalupense ; Xiphopteris extensa; 
Phegopteris delicatula; Drynaria elastica; Aspidium (Oochlamys) consan- 
guineum ; Hypolepis dicksonioides ; Aspidium pachychlamys, A. Rivoiret, 
A. Berteroanum, A. strigosum, A. Capitainei, A. asperulum L., A. tri- 
chophorum, A. Germani; Goniopteris mollis; Nephrodium varians, N. 
guadalupense ; Dicksonia incisa, D. cicutarioides ; Hemistegia insignis; 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 9290 


Cyathea arborea Sm. var. Sternbergii ; Nevrophyllum thecaphyllum ; Di- 
dymoglossum fructuosum, D. cordifolium , D. angustifrons; Trichomanes 
procerum, T. L Herminieri; Hymenophyllum (Spherociontum) elegantis- 
simum; Actinostachys Germani ; Hymenophyllum gratum, H. cespitosum, 
H. atrovirens, H. ectocarpon, H. lanatum, H. macrothecium, H. lati- 
frons; Didymoglossum laceratum; Mertensia subtrisperma ; Lycopodium 
guadalupianum Spr.; Adiantum deltoideum Sw., A. jamaicense; Selagi- 
nella mollis, S. porelloides Spring, S. rotundifolia Spring, et S. didymo- 
stachya Spring var. 9. integerrima. 

Les espèces dont la mention n'est suivie, dans cette énumération, d'aucun 
nom d'auteur, doivent porter celui de M. Fée. 


Neuer Schluessel zu Rumph’s Herbarium amboinense 
(Nouvelle Clef de l'Herbarium ambojnense de Rumphius); par M. J.-K. 
Hasskarl (Extrait des Abhandlungen der naturforschenden Gesellschaft, 
t. Ix, 2e livraison) ; tirage à part en in-4° de 247 pages. Halle, chez H.-W. 
Schmidt, 1866. 

Peu susceptible d'analyse, cette intéressante publication de M. Hasskarl 
témoigne, après un laps de temps assez long, des travaux qu'il avait faits pen- 
dant son séjour dans l'Inde hollandaise, et du soin qu'il avait pris d'y recueil- 
lir les noms des plantes vulgaires en y étudiant la végétation qui l'entourait. 
Elle sera fort utile au botaniste qui, suivant les traces de M. Miquel, voudra 
fouiller le texte souvent obscur de Rumphius. 

L'ordre adopté par l'auteur est tout simplement celui de l Herbarium am- 
boinense, dont il étudie successivement chaque article. Il donne le nom indi- 
gene et la synonymie botanique, aussi complète qu'il lui a été possible, de 


chaque plante. 


Einige Untersuchungen uchber die Wirkung des Lichtes 
von verschiedener Intensitæt auf die Ausscheidung 
der Gase durch Wasserpflanzen (Quelques recherches sur 
l'action de la lumiere d'intensité variée sur la sécrétion gazeuse des 
plantes aquatiques); par M. Alexander von Wolkoff (Pringsheim's Jahr- 
huecher, t. V, 1** livraison, pp. 1-30). 


Nos lecteurs devront se reporter, au sujet de ce travail, à un mémoire anté- 
rieur de M. J. Sachs analysé dans cette Revue, t. xii, p. 101. Comme 
M. Sachs, M. A. von Wolkoff a expérimenté sur le Ceratophyllum demer- 
sum; il a étudié aussi le Potamogeton natans et le Ranunculus fluitans. M 
conclut de ses recherches que l'intensité de la sécrétion gazeuse ne se trouve 
en ancune relation appréciable avec celle des rayons chimiques du spectre. 
Cela est à peu près conforme à ce que nous ont fait connaître les savants quj 
se sont occupés antérieurement des mêmes phénomènes, Ensuite il a voulu 


230 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


savoir dans quelle relation l'intensité de la sécrétion gazeuse se trouve avec 
celle de la lumière diffuse, 11 à vu que cette sécrétion est directement propor- 
tionnelle à l'intensité de la lumière, et que la composition du gaz sécrété est 
également en harmonie avec l'influence de l'agent lumineux. / 

L'auteur a construit, pour soumettre les plantes à une lumière d'intensité 
voulue et graduée, un appareil composé d’une grande caisse partagée par des 
cloisons transversales en dix grands compartiments sans fond. Dans chacun de 
ces compartiments, la lumière parvenait d'un seul côté, principalement par en 
haut, Là, le couvercle était formé par une plaque métallique percée de diverses 
ouvertures semi-lunaires à diamètre géométriquement gradué, et recouvertes 
d'un verre dépoli. L'intensité de la lumière était déterminée avec le photo- 
metre de Rithe, La caisse fut établie, ainsi préparée, sur une autre plus large 
et préalablement remplie de terre. Les divers compartiments communiquaient 
entre eux et avec l'extérieur par des tubes courbés qui permettaient la libre 
circulation de l'air et non l'introduction de la lumière, Des dispositions 
ont, en outre, été prises pour voir à volonté les plantes et mesurer la tem- 
pérature dans l'intérieur de chaque compartiment, où l'auteur a placé 
120 graines de Lepidium sativum, avec des soins minutieux pour qu'elles y 
fussent semblablement placées. La quantité de lumière était ménagée en 
décroissant du premier au dernier compartiment. Dans chacun d'eux, les 
plantes offraient toutes le même aspect et la même hauteur, leurs feuilles avaient 
la même largeur et la même longueur. Dans le premier, ces derniers organes 
étaient concaves inférieurement, et cette courbure s’affaiblissait peu à peu du 
deuxième au sixième compartiment. D'une manière générale, et comme on 
doit s'y attendre, la tige était d'autant plus longue et les feuilles plus blanches, 
que l'obscurité était plus intense. L'expérience n'a pas pu durer plus de trois 
semaines, car il s'est développé sur les jeunes plantes observées une maladie 
singulière : leurs tiges se courbaient à angle droit, et leurs extrémités finis- 
saient par s'incliner perpendiculairement vers la terre, les feuilles tournant 
leur page inférieure vers la lumière, Comme aucune plante n'a été malade dans 
les compartiments les moins éclairés, l'auteur pense que cette maladie n'était 
pas causée par le défaut de lumière. 


Beitræge zur Kenntniss der Wilebsaftorgane der Pflan- 
xem (Recherches sur les laticifères des végétaux); par M. Aug. Vogl 
(Pringsheim's Jahrbuecher,t. v, pp. 31-71, avec une planche). 


Les figures annexées à ce mémoire représentent les vaisseaux laticifères de 
la racine du Campanula Trachelium et du Calystegia sepium. L'auteur à 
étudié, en outre, ceux des plantes suivantes : Acer platanoides, Argemone 
mexicana, Asclepias Cornuti, A. curassavica, Broussonnetia papyrifera, 
Campanula alpina Jacq., C. Cervivaria, C. glomerato, C. thyrsoiden, 
Convolvulus Soldanella, C. siculus, C. tricolor, Crepis tingitana, Esch- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 231 


scholtzia californica, Euphorbia Characias, E. Gerardiana, E. Lathyris, 
E. portlandica, E. prunifolia Jacq., E. Walfénii Hoppe, Ficus bengha- 
lensis, F, Carica, F. stipulata Thunb., Gomphocarpus angustifolius, Hip- 
pomane Mancinella, Hura crepitans, Ipomea} coptica Roth, 7. Turpethum 
R. Br., Lactuca sotiva, Lobelia fulgens, L. urens, Morus nigra, Pharbitis 
hispida, Phyteuma orbiculare, Ph. spicatum, Specularia hybrida, Sti- 
lephorum cambricum Spr. et Symphyandra pendula L. 

M. Vogi a publié il y a quelques années des recherches sur le sujet qu'il 
approfondit dans re mémoire (Voy. le Bull., t. x1 (Revue), pp. ^9 et107) (1); 
il s'appuie aujourd'hui sur ces recherches antérieures. La structure de la racine 
et de ses rejetons est presque semblable dans le Calystegia sepium et dans le 
Convolvulus arvensis, qu'il a étudié antérieurement. Les organes qui trans- 
portent le latex dans la première de ces plantes sont tantôt des séries de cellules 
parenchymateuses, tantôt de trés-longs tubes qui, aprés la macération dans 
l'eau bouillante, se montrent composés de séries analogues à parois minces, 
que colore en jaune d'or la solution alcoolique d'iode. On trouve une grande 
ressemblance dans là structure et dans là disposition des laticifères chez le 
Calystegia et chez l'Zpomeea Turpethum (2). Chez ce dernier le latex est con- 
tenu dans les séries de cellules parenchymateuses de l'écorce moyenne et dans 
les rayons médullaires de l'écorce, dans les utricules et dans les tubes de l'écorce 
interne, et dans quelques-uns (isolés) des organes du corps ligneux nommés 
libriformes par M. Sanio. Les utricules et les tubes montrent des plaques cri- 
blées et renferment des cristaux entourés d'une gaine metnbraneuse comme 
chez le Convolvulus arvensis ; ils n'ont aucune Communication avec les élés 
ments du boís. 

Dans le Convolvulus tricolor, les laticiferes n'existent que dans l'écorce, et 
surtout dans la partie extérieure de l'écorce interne; il n'y en a ni dans les 
rayons médullaires, ni dans la moelle, ni dans le bois: ce sont tantót des séries 
de cellules, tantôt de longs tubes cylindriques. Chez l’/pomæa coptica et le 
Pharbitis hispida, au contraire, le latex se trouve non-senlement dans la partie 
intérieure de l'écorce moyetine, mais encore dans la moelle. 

Dans la tige de l'Argemone mexicana; les laticiferes ne se rencontrent que 
dans l'écorce interne. Cà et là ils possèdent des prolongements latéraux ; ils 
procèdent évidemment de la soudure des séries longitudinales des cellules de 
cambium. Les mêmes organes se trouvent chez l’Æschscholtzia seulement à 
l'intérieur du faisceau du liber. Dans l' Acer platanoides,ils sont bornés encore 
à l'écorce interne. Dans l Asclepias Cornuti, au niveau des nœuds de là tige, 
ils présentent de fréquentes bifurcations: Dans l'A, curassavica, ils abendent 


(4) Le nom de M. Vogl avait été altéré dans des publications que nous avons consul- 


tées pour ces analyses. : $ 
(2) L'auteur décrit dahs l'écorce de la racine de cet Ipómæd des faisgeaux ligneux 


qu'il regárde comme formés sur place dans eette écorce méme, 


932 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


non-seulement dans l'écorce interne et dans l'écorce moyenne, mais encore 
dans la moelle. Dans cette plante comme dans l'A. Cornuti, l'auteur a reconnu 
que les vaisseaux laticifères de l'écorce moyenne dérivent de séries de cellules 
parenchymateuses, et ceux de l'écorce interne de tubes criblés. Chez le Zo- 
belia fulgens, les laticifères sont bornés à la partie la plus intérieure de l'écorce 
interne ; isolés par la solution de potasse, ils se présentent comme des tubes 
très-fins unis par de nombreuses anastomoses. Ils sont également rameux dans 
le Campanula Trachelium, ainsi que dans les Chicoracées. Dans le C. thyr- 
soidea, ils forment sous le périderme un réseau à mailles très-serrées. Des 
détails analogues sont donnés par l'auteur pour chacune des plantes qu'il a 
examinées ; il n'a d'ailleurs tracé ni exposé général de ses recherches ni con- 
clusions que nous puissions reproduire. 


Flora vitiensis, auctore B. Seemann. 5* partie. Londres, chez Reeve et 
Cie, 1866. Prix : 20 francs. 


La cinquième partie du Flora vitiensis renferme les familles des Goodé- 
niacées, Sapotacées, Ébénacées, Styracées, Jasminées, Apocynées, Asclépia- 
dées, Loganiacées, Gentianées, Borraginées, Convolvulacées, Solanées, Scro- 
fulariées, Cyrtandrées, Acanthacées, Verbénacées, Labiées, Plantaginées, 
Plumbaginées, Nyctaginées, Amarantacées. 

Les planches représentent les espéces suivantes : C'yrtandra ciliata Seem. 
sp. n., Éranthemum laxiflorum A. Gray, Premna taitensis Schauer, Fara- 
daya vitiensis Seem. sp. n., Vitex vitiensis Seem. sp. nov., Canthiopsis 
odorata Seem. gen. n., Plectranthus Forsteri Benth., Cinnamomum peda- 
tinervium Meissn. sp. n., Tetranthera Seemanni Meissn. sp. n. et T. vitiana 
Meissn. sp. n. . 

Le genre nouveau Canthiopsis est placé par l'auteur dans les Loganiacées, 
auprès du genre Strychnos. En voici la diagnose : 

Calyx cupuliformis, irregulariter 5-dentatus. Corolla tubo abbreviato, limbo 
patente 5-fido, lobis obovatis obtusis, æstivatione contortis. Stamina 5, corollæ 
tubo inserta; filamentis brevissimis; antheris linearibus longitudinaliter dehis- 
centibus, introrsis, exsertis. Ovarium 2-loculare, loculis 1-ovulatis, ovulis 
pendulis. Stylus elongatus: stigma bilobum. Drupa 2-locularis. Semina..... 


Ueber die abgeleiteten Pflanzenbastarde (Sur les hybrides 
végétaux dérivés); par M. Nægeli (Sitzungsberichte der Kænigl. Bayer. 
Akademie der W issenschaften zu Muenchen, 1866, pp. 71-93). 

M. Nægeli nomme hybrides dérivés les êtres qui descendent d'un hybride 
immédiat fécond, résultant immédiatement du croisement de deux individus 
d'espéce différente. 

Aprés avoir rappelé les expériences de Kælreuter, de Gærtner, et celles 
beaucoup plus récentes de M. Wichura, dont nous avons rendu compte il và 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 233 


quelque temps (1), M. Nægeli expose une notation abrégée fort commode 
pour exprimer la nature des hybrides dérivés qui doivent quelquefois l'origine 
à six espèces différentes. On sait que, dans le croisement, les deux espèces 
croisées ensemble n'exercent généralement pas la méme influence sur le pro- 
duit; malheureusement, il est impossible, dans l'état de la science, de déter- 
miner par une formule constante ce qui revient au père et à la mère dans 
l'ensemble des effets produits. M. Nægeli, ne pouvant y parvenir, se borne à 
désigner par a et b l'influence exercée par le père A et la mère B sur le pro- 
duit AB; a et b sont pour lui des équivalents d'hybridation, et l'équivalent 
du produit AB sera a + b. 

Si l'on croise AB avec A père, on devra considérer que celui-ci renferme 
autant d'équivalents d'hybridation que.le type avec lequel il se croise, soit 2, 
et par conséquent 2 a. Donc le produit A-AB aura pour formule 2 a + (a + 
b) soit 3 a + b. En attribuant toujours à A, qui intervient comme féconda- 
teur à chaque nouveau croisement, un nombre d'équivalents à celui du type 
fécondé, M. Nægeli arrive à des formules très-compliquées : la formule de 
lhybride de septième génération est 127 a + 5; en d'autres termes, l'in- 
fluence de l'élément a y est 127 fois plus forte. Dans de pareilles conditions, 
il est fort naturel que méme dès la quatrième génération, dont la formule est 
15 a + b, le produit paraisse complétement revenu au type paternel, ce que 
l'expérience constate. Il en est de méme du produit de cinquième génération 
fécondé par B, dont la formule est 63 0 + a. Par conséquent, 4 en présence 
de 15 a, et a en présence de 63 », deviennent plus petits que toute quantité 
donnée; on obtient ainsi l'équation p, — ;2,; d'où 63 0? — 15 a?, et en 
augmentant chaque coefficient d'une unité 85 — 4 a, ou 25 — a. En d'autres 
termes, l'hybride AB a recu de A une influence a double de celle de B. L'au- 
teur arrive ainsi à déterminer approximativement, en se fondant sur l'expé- 
rience, c'est-à-dire en comptant après combien de générations l'hybride revient 
au type primitif par lequel on l'a successivement fécondé, quelle est la part du 
père et de la mère dans une certaine quantité d'alliances hétérogènes. 

L'auteur est disposé à croire que les équivalents d'hybridation ne demeu- 
rent pas constants dans les croisements d'une espéce avec diverses autres 
espèces. 

Il reconnaît, après d'autres physiologistes, que la fécondité des hybrides 
entre eux dépend de l'affinité de leurs organes sexuels, bien différente de 
l'affinité des types; et que c'est là la raison qui rend plus facile la fécondation 
croisée de deux types donnés quand A et non B y joue le rôle fécondateur. 1l 
reconnait encore comme regle générale que plus il entre de types différents 
dans l'ascendance d'un hybride, plus celui-ci a de tendance à la stérilité, 1l en 
est de méme jusqu'à un certain point de sa tendance à la variabilité, Les hy- 


(4) Voy. le Bulletin (Revue), t. XII, p. 87. 


934 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


brides d'une génération donnée restent d'autant plus uniformes, qu'ils con- 
tiennent dans leur formule plus d'équivalents d'un dé leurs ancétres. La 
fécondité et la variabilité de l'hybride dépendent, dans certains cas, du mode 
suivant lequel ont été choisis les sexes de ses deux premiers parents. 


Die Theorie der Bastardbildung (Za théorie de l'hybridation); 
par M. Nægeli (Sitzungsberichte der K. Bayer. Akademie der Wissen- 
schaften zu Muenchen, 1866, pp. 93-127). 


Aprés avoir retracé les opinions de M. Darwin et celles de M. Wichura, 
l'auteur reconnait qu'il est généralement d'accord avec ce dernier savant, 
sur la nécessité ou sont les hybrides de s'adapter aux circonstances extérieures, 
mais il fait les deux remarques suivantes, relatives à l'emploi de la. théorie de 
l'adaptation. 

4° Il est certainement exact que l’hybride de formation intermédiaire entre 
deux formes est incomplétement adapté à leurs conditions biologiques. Mais il 
en résulte seulement qu'il est supplanté et remplacé sur un point par la plante- 
père, sur un autre par la plante-mére, et non qu'il ne puisse, sur un troisième 
point et dans des conditions biologiques intermédiaires, vivre parfaitement et 
méme supplanter ses deux parents, — Il y a en outre, dans certains genres, 
des formes intermédiaires entre les espèces, qui se développent aussi bien et 
sont aussi fécondes que ces espèces. Qu'elles soient ou non d'origine hybride, 
l'hybride produit entre les mêmes espèces qu'elles pourrait tourner comme 
elles en se formant et en s'accommodant aux circonstances extérieures. — 
Enfin, il est à remarquer que, pour les hybrides artificiels, leur accommoda- 
tion, à vrai dire, ne mérite pas qu'on s'en occupe. Les deux parents de cet 
hybride se trouvent tous deux dans les cultures, où ils réussissent très-bien 
sous l'influence des mémes cireonstances extérieures, entre lesquelles on ne 
saurait imaginer d'intermédiaire, 

2° C’est seulement quand l'hybride se trouve en conflit avec les circon- 
stances extérieures, pendant la germination de la graine et la croissance de la 
jeune plante, que l'on peut constater avec évidence le défaut d'une accom- 
modation convenable. Mais c'est la répuguance qu'ont à se croiser deux 
espèces différentes qui influe tant sur la fructification, pour l'empêcher, la 
ralentir ou la diminuer, que sur le développement de l'embryon, d'oü sort 
une plantule chétive ét souvent flétrie au bout de quelques jours. Rapporter 
ces phénomènes à un défaut d'adaptation, c'est supposer que la plante à 
d'avance et exprès négligé, ou laissé imparfaites des formations qui devaient 
plus tard lui étre inutiles sous certaines circonstances extérieures. 

Continuant ses observations, l'auteur expose que les hybrides BA et AB ne 
sont point identiques, parce que les deux parents ne contribuent pas à l'acte 
fécondateur par des éléments de méme valeur, si ce n'est chez les Algues con- 
juguées, En effet, on sait que, sur deux espèces données que l'on veut croiser, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 235 


le choix du sexe fécondateur n'est pas indifférent pour la constitution de 
l'hybride. Les individus végétaux ne sont pas méme égaux dans leur végé- 
tation, et celui qui produira l'élement formateur en plus grande quantité et 
de la meilleure qualité, sera toujours prépondérant dans le croisemeng 

Revenant à la théorie de l'adaptation, M. Nægeli s'étend sur ce qu'il 
nomme l'adaptation interne ; il fait voir que les différentes parties de l'organisme 
végétal sont unies physiologiquement l'une à l'autre, et qu'une modification 
survenue dans l'un de ses appareils en doit entrainer de correspondantes dans 
les autres appareils pour que la vie continue d'étre possible. Aussi suffit-il d'un 
défaut d'adaptation interne pour que la plante meure, sans qu'elle ait cessé 
d'étre convenablement adaptée aux conditions extérieures. Pour que l'adapta- 
tion interne ou harmonie organique soit bonne, il faut que les divers appareils 
de l'organisation aient chacun une force équivalente. L'auteur distingue deux 
sortes d'harmonie organique; l'une affecte les organes de végétation, l'autre 
les organes de reproduction, deux fonctions qui ne sont pas solidaires comme 
leurs agents le sont respectivement entre eux, mais dont les développements 
sont, au contraire, dans beaucoup de cas, en raison inverse l'un de l'autre, et 
sont loin d’être toujours aussi nécessaires l’un que l'autre an maintien de 
l'espèce. 

En poursuivant l'étude. de l'harmonie, M. Nægeli s'enfonce de plus en plus 
dans les abstractions familières au génie allemand. Comme il existe dans l'or- 
ganisme deux catégories de propriétés, les unes individuelles, les autres géné- 
rales (c'est-à-dire propres à la variété ou à l'espèce), il existe de méme, dit-il, 
deux sortes d'harmonie. L'harmonie générale est la méme chez tous les indi- 
vidus de méme type, mais se modifie chez ceux de variété ou d’espèce diffé- 
vente; c'est pourquoi la facilité de croissance ainsi que la fécondité ne sont 
pas les mémes chez des types non identiques. Dans la lutte de concurrence 
vitale, ceux qui possèdent l'harmonie la plus parfaite doivent l'emporter; il en 
est de méme des individus. : 

On a, depuis longtemps, reconnu que les variations se produisent bien plus 
par le semis que par le bouturage. Cela tient à ce qu'il y a croisement entre 
l'individu porte-graines et un autre individu de la méme variété. Mais com- 
ment les variétés se sont-elles formées à l'origine, alors qu'il n'existait qu'un 
type isolé et qu'il ne pouvait être question de croisement ? On sait que quel- 
quefois un arbre donne naissance à un rameau dont les caractères botaniques 
different de ceux du type. Aussi faut-il reconnaitre que la variation n'est pas 
en théorie plus imputable au semis qu'à la reproduction asexuelle. 

Dans la suite de son mémoire, l'auteur continue d'appliquer des considéra- 
tions théoriques analogues aux faits généralement reconnus par les tentatives 
d'hybridation. On se servirait facilement de ces considérations un peu hypo- 
thétiques pour justifier la. théorie de l'individualité des bourgeons, et pour 
appuyer la théorie phytogénique de M. Fermond, dont M. Nægeli se rap- 


236 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


proche en certains passages, quand il traite des propriétés de « la cellule ou 
» d'un assemblage de cellules, nouveau produit de la force de végétation ». 


BIBLIOGRAPHIE. 


Verzeichniss der in Wuerttemberg bisher beobachteten Lebermoose (Énumé- 
ration des Hépatiques observées jusqu'ici en Wurtemberg) ; par M. He- 
gelmaier (Wuerttembergische naturwissenschaftliche Jahreshefte, 21* 
année, 2° ct 3° livraisons, pp. 168-177). 

Kleinere Beitræge zur Kenntniss einheimischer Gewæchse (Recherches sur la 
structure de nos végétaux indigènes, suite); par M. Wydler (Mittheilungen 
der natur[orschenden Gesellschaft in Bern, année 1865, pp. 20-37. Eu- 
phorbia amygdaloides, E. Cyparissias, E. exigua, E. Lathyris, Mercu- 
rialis, Urtica). 

On extreme and exceptional variation of Diatoms, in some White Mountain 
localities (De quelques variations extrêmes et exceptionnelles de Diato- 
mées, dans certaines localités des Montagnes- Blanches) ; par M. F.-W. 
Lewis (Proceedings of the Academy of natural sciences of Philadelphia, 
1865, pp. 7-18, avec une planche). 

Quelques réflexions snr le Darwinisme; par M. Malbranche (Extrait des tra- 
vaux de la Société des amis des sciences naturelles) ; tirage à part en bro- 
chure in-8° de 15 pages. Rouen, sans date, mais récent. 


NOUVELLES. 


— La botanique, déjà si cruellement frappée depuis quelques années, vient. 
de faire encore des pertes bien douloureuses. 

M. G.-H. Mettenius, professeur de botanique à l'université de Leipzig, à 
succombé pendant l'automne à une atteinte du choléra développé en Alle- 
magne à la suite des rassemblements de troupes de la dernière guerre. C'est 
surtout comme cryptogamiste, et particulierement comme ptéridographe, que 
M. Mettenius s'était acquis une réputation scientifique des mieux méritées. 
Ses principaux mémoires ont pour titre : De Salvinia, Heidelberg, 1845, 
in-4°; Beitræge zur Kenntniss der Rhizocarpeen, Francfort-sur-le-Mein, 
1846, in-h?; Filices Lechlerianæ, chilenses ac peruanæ, Leipzig, 1856-59, 
in-8°; Beitræge zur Anatomie der Cycadeen, in-h°; Ueber die Seiten- 
knospen bei Farren, in-8°; Beitræge zur Botanik, in-8°; Filices horti 
botanici lipsiensis, un vol. in-4° ; Ueber den Bau von Angiopteris, in-A^; 
Ueber die Hymenophyllaceæ, in-h*. On trouvera dans notre Bulletin l'ana- 
i: de plusieurs de ces publications, t. 111, pp; 131-259; t. vir, p. 119; et 
t. XI (Revue), p. 19^. M. Mettenius a pris part, comme ptéridographe, à la 
détermination d'un grand nombre de collections importantes ; il était encore 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 237 
loin d'avoir terminé sa carrière ; son activité et son mérite faisaient encore 
espérer à la science des publications importantes. 

M. Kotschy, qui a fait des voyages fructueux en Asie-Mineure, en Perse, 
en Syrie et en Égypte, et dont les collections ont été déterminées par 
MM. Boissier et Fenzl, est mort récemment à Vienne. M. Kotschy s'occupait 
depuis quelques années de publier les résultats de ses voyages. Plusieurs mé- 
moires de lui ont paru dans les Verhandlungen der K. K. zool.-bot. Gesell- 
schaft de Vienne; il y traitait de la géographie botanique de la Syrie, du 
Taurus, de l'Égypte et de l'Arabie. Il avait coopéré avec M. Unger à la rédac- 
tion d'un ouvrage important sur l'ile de Chypre, analysé dans cette Revue, 
t. XIL, p. 33. On y trouvera encore la mention de plusieurs autres publica- 
tions de M. Kotschy, t. xii, pp. 58, 128, 158; et t. XII, pp. 19, 89, etc. 

M. Philippe-Francois de Siebold, auquel la science doit la connaissance de 
la flore du Japon, ainsi que de précieux renseignements sur l'état intérieur de 
cette contrée, longtemps ignorée du reste du monde, est mort à Munich le 
18 octobre dernier. Né à Wuerzburg le 17 février 1796, M. de Siebold, fils 
d'un médecin distingué, avait étudié lui-même la médecine à la célèbre uni- 
versité de cette ville, et montré dés sa jeunesse un goüt prononcé pour l'eth- 
nologie et surtout pour la description des voyages. Nommé docteur eu 1820, 
il fut deux ans plus tard attaché comme médecin militaire à l'armée hollan- 
daise et passa en cette condition quelques années à Batavia, d’où il partit pour 
le Japon avec l'expédition scientifique que le gouvernement hollandais y en- 
voya. Il resta pendant six ans à Nangasaki (Dezima) ou aux environs de cette 
ville, d’où il envoya à diverses reprises, en Europe, des collections dont tout 
le monde savant a pu apprécier l'importance. Les premières plantes qui par- 
vinrent en Europe furent décrites par Zuccarini, professeur à l'Université de 
Munich, qui était trés-lié avec Siebold, et qui, par la suite, devint son colla- 
borateur lorsqu'il fit la flore du Japon. L'histoire naturelle, et surtout la mé- 
decine étaient fort estimées des Japonais, et dans le voyage que l'ambassade 
hollandaise faisait chaque année de Nangasaki à Yédo, le médecin, entouré 
de la vénération universelle, jouissait de la plus grande liberté, et pouvait 
communiquer avec tout le monde sans étre soumis au contróle ordinaire. 
Bientót méme, Siebold se vit entouré, non-seulement de malades, de savants 
de toute sorte, et surtout de célébrités médicales du pays qui venaient con- 
sulter le voyageur européen. Sous prétexte d'enseigner la médecine à des 
jeunes gens du pays, il obtint du gouvernement japonais une permission de 
résidence qui fut successivement prolongée; les élèves qu'il envoyait her- 
boriser dans les montagnes lui procurèrent incessamment de nouvelles riches- 
ses; et l'on sait combien notre horticulture doit de plantes précieuses à sa 
grande et intelligente activité, secondée par des circonstances exceptionnelles. 
— Les ouvrages de M. de Siebold sont assez rares aujourd'hui, parce que 
plusieurs d'entre eux n'ont pas été imprimés en Europe; les principaux sont 


238 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

les suivants : De historiæ naturalis in Japonia statu, Bataviæ, 1824, in-8"; 
Tabulæ synopticæ usus plantarum, in insula Dezima, 1827, in-fol. ; Sy- 
nopsis plantarum economicarum universi regni Japonici, Dezima, 1827, 
in-4°; Flora japonica (commencé en 1835, mais interrompu peu après la 
mort de Zuccarini, collaborateur de M. de Siebold); £rwicderung aus 
W.-H. de Vriese’s Abhandlung, etc., Leyde, 1837, in-8°. Citons encore de 
lui la Lettre sur l'utilité des Musées ethnographiques, Paris, 4843, in-8*, et 
le Krwidkundige Naamlijst von japansche en Chineesche Planten, etc., 
in-89. M. de Siebold s'était uni à M. de Vriese, mort lui-même il y a quelques 
années, pour publier les Annales d'horticulture et de botanique, ou Flore 
des jardins du royaume des Pays-Bas. 

On nous annonce de Montpellier la mort de M. Philippe Dunant de Salatin 
(de Genève), décédé à Arles le 25 septembre dernier dans sa soixante-neu- 
vieme année. Amateur distingué de botanique, M. Dunant avait formé un 
très-riche herbier de plantes principalement exotiques, ainsi qu'une belle bi- 
bliothèque. Ces plantes furent pour lui, pendant de longues années de souf- 
frances, la plus douce des distractions. Dans ses fréquents voyages dans le 
midi de la France, il utilisait ses promenades pour étudier avec amour la 
flore locale, et son bonheur était d'arranger lui-même les collections nouvelles 
dont il se faisait l'acquéreur. Plus d'un trait de caractère, au physique et au 
moral, rapprochait cet homme excellent de feu A. de Saint-Hilaire,dont la bo- 
tanique fut aussi la consolation et la distraction aux longs jours de solitude et 
de souffrance. Sans aucune prétention scientifique, M. Dunant présentait 
l'exemple, toujours trés-rare, des hommes du monde dont l'esprit s'attache 
aux études élevées avec un amour d'autant plus solide qu'il est plus désinté- 
ressé. En lui disparaît d'ailleurs un des élèves de De Candolle, un des hommes 
les plus faits pour honorer la patrie des Ch. Bonnet, des Saussure, des 
Huber, etc., où l’histoire naturelle est en quelque sorte un élément de la vie 
intellectuelle et sociale. 

Enfin, le Botanische Zeitung a paru récemment encadré de noir, pour 
annoncer la mort de M. de Schlechtendal, l'un de ses rédacteurs, dont il est 
impossible de songer à énumérer ici, au dépourvu, les nombreux titres scien- 
tifiques. Les mémoires originaux de M. de Schlechtendal remplissent les publi- 
cations qu'il dirigeait, le Linnæa et le Botanische Zeitung. Son Flora bero- 
linensis est presque le seul ouvrage d'ensemble qu'il ait publié sur un territoire 
nettement délimité, mais il avait travaillé comme descripteur à un grand 
nombre de publications, ainsi qu'a la détermination de plusieurs collections 
importantes, notamment à celle des plantes du voyage de Romanzoff, pour 
laquelle il eut M. de Chamisso pour collaborateur, ét à celle des plantes récol- 
tées au Mexique par Schiede: M. de Schlechtendal a étudié les plantes des 
familles et des régions les plus diverses, et, comme niorphologiste, il avait 
publié des études intéressantes, dont plusieurs ont été ou séront encore ana- 
lvsées dans cette Revue, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 239 

— Nous lisons dans le Bulletin de lu Société impériale zoologique d' Ac- 
climatation (août 1866, p. 446) des renseignements intéressants transmis par 
M. Paul Champion sur la fabrication des cordes de Bambou en usage à Han- 
Keou (Chine). Au moyen d'un couteau, les Chinois fendent longitudinalement 
la partie du bois qui touche à la superficie du Bambou en lames d'environ 2 à 
3 centimètres de largeur, sur 2 millimètres d'épaisseur. La longueur de ces 
lames dépend de celle des Bambous, et atteint en général À à 5 mètres. Pour 
les cordes communes, on réunit plusieurs de ces lames ensemble par la tor- 
sion, comme on le fait chez nous pour le Chanvre. Mais, pour obtenir des 
cordes de la plus grande solidité, on emploie le procédé suivant : l'ouvrier con- 
fectionne une tresse ronde de huit à dix brins, suivant la grosseur du Bambou 
et dela corde; quand elle a atteint une longueur suffisante, on l'introduit 
dans une chaudière formée d'un grand baquet de bois ayant pour fond une 
bassine de fonte, placée sur un fourneau de maconnerie que l'on chauffe au 
moyen de morceaux de Bambou; puis on remplit la chaudière d'eau, on 
ajoute des fragments de chaux, et l'on chauffe pendant environ cinq ou six 
heures, Au bout de ce temps, on retire la corde, qui a pris une couleur bru- 
nâtre due à l'action de la chaux, et qui possède alors une flexibilité suffisante 
pour les usages auxquels on la destine. Néanmoins, quand les cordes doivent 
séjourner un temps assez prolongé dans l'eau, on en emploie qui sont fabri- 
quées avec des écorces de Palmier. 

— Les Diatomacées se sont enrichies, dans les dernières dizaines d'aunées, 
de quelques milliers d'espèces. Leurs formes variées et exquises les rendent 
fort dignes d'attention, mais elles sont en gén*ral mal représentées dans nos 
grandes collections, ce qui est une lacune regrettable. 

M. Th. Eulenstein s'est décidé à publier sous le titre de Types des Diato- 
macées (Bacillariées) une collection de ces Algues microscopiques, qui com- 
prendra presque fous les genres vivants et fossiles. Les échantillons provien- 
dront en grande partie des récoltes mémes qui ont servi aux auteurs pour 
établir les espèces. Ils seront préparés avec soin, à sec ou à l'aide du baume 
du Canada, sur des plaques de verre, et couverts de lames de talc assez minces 
pour en permettre l'examen avec les microscopes qui produisent les plus 
forts grossissements. 

La collection sera publiée en cinq livraisons, chacune de 100 espèces. La 
premiére partie paraitra au mois de janvier prochain; les autres suivront à 
intervalles de trois mois pendant l'année 1867. 

Le prix pour les souscripteurs est de 45 francs par livraison. On ne pourra 
souscrire qu'à toute la collection. Chaque centurie sera payable au moment 
de sa réception. 

MM. le professeur W.-Ph. Schimper, à Strasbourg, De Brébisson, à Falaise, 
et René Lenormand, à Vire, auront la bonté de recevoir les souscriptions 
pour la France, et donneront des renseignements plus particuliers si l'on en 
désirait. 


9A0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


— M. J. Grenland, 13, rue des Boulangers, à Paris, met en vente des 
pièces d'histologie végétale préparées pour l'examen microscopique. Une pre- 
miére série de ces préparations, comprenant 15 pièces, peut être livrée dès à 
présent ; en voici l'énumération : 

1. Passiflora Loudonii. — Coupes et diagramme de la.fleur; différents 

degrés de développement des ovules. | 


2. Yucca filamentosa. — Coupes de l'ovaire, différents degrés, etc. 

3. Canna nepalensis. — Id. 

h: Frullania dilatata. — Sporanges ouverts, périgone, élatères, spores. 
3. Agave americana. — Coupe transversale de l'épiderme et des stomates. 
6. Alo? nigricans. — Id. 

7. Ficus elastica. — Coupe transversale de la feuille. 

8. Croton punctatum. — Id. 

9. Wigándia urens. Poils urticants. 
10. Loasa lateritia. — Poils urticants et poils glanduleux. 


11. Urtica. — Id. 
12. Cryptanthus zonatus. — Coupe transversale de la feuille; écailles vues 
de face. 
13. Cheiranthus Cheiri. — Épiderme et poils. 
14. Anoda hastata. — Poils de différentes formes. 
15. Ambrina anthelminthica. — Épiderme et poils. 
Cette série de 15 pièces, renfermées dans une boite de carton où elles sont 
maintenues horizontales, est livrée par M. Greenland au prix de 25 francs. 


Collections de plantes à vendre. 


-— On offre à céder aux prix indiqués ci-dessous, par centurie, les exsiccata 
suivants : 
1° 3889 plantes du cap de Bonne-Espérance, provenant de Drége, de Zeyher 
(en petite quantité) et de Dombey, Commerson et Palisot de Beauvois 
(Oware et Benin). 20 francs. 
2° 883 plantes recueillies en Égypte, en Arabie, en Crète, en Anatolie, au 
Sinai, aux environs de la Mecque et en Carie, par MM. Schimper, Wiest, 
Sieber et C. Pinard. 25 francs. 
3° 1230 plantes du Brésil, provenant pour la plupart de MM. de Martius et 
Blanchet. 30 francs. 
^? 892 plantes de l'Altai et du Caucase, provenant de Hohenacker (Géorgie 
caucasienne) et de Ledebour (Altai). 25 francs. 
Toutes ces plantes, étiquetées par les collecteurs, ont été passées au sū- 
blimé corrosif; elles sont disposées par familles, genres et espéces sur beau 
papier. — S'adresser à M. Eug. Fournier, 72, rue de Seine, à Paris. 
Dr EUGÈNE FOURNIER. 


Paris. — Imprimerie de E, MARTINET, rue Mignon, 2. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 


(NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1866). 


N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. J. Rothschild, libraire 
de la Société botanique de France, rue Saint-André-des-Arts, 43, à Paris. 


Ueber den Bau trockner Pericarpien (Sur la structure des 
péricarpes secs); par M. G. Kraus (Pringsheim's Jahrbuecher, t. v, 
1'* livraison, pp. 83-126, avec quatre planches lithographiées). 


Ce mémoire a été présenté comme dissertation inaugurale à la Faculté de 
philosophie de Wuerzburg. L'auteur commence par y rappeler des faits épars 
dans les œuvres de Malpighi et de M. Schleiden, auxquels se borne, dit-il, 
toute la littérature botanique relative au sujet qu'il traite, car il néglige com- 
plétement, comme n'étant pas fondés sur des observations propres, les travaux 
d'A. Richard et de M. Lestiboudois; et les ouvrages généraux, méme la carpo- 
logie de Gartner, ne fournissent rien, selon lui, sur la structure anatomique 
du péricarpe. 

Le péricarpe de la structure la plus simple est offert par les fruits des 
Chénopodiacées, particulièrement du Salicornia herbacea, où il se compose 
seulement de trois couches de cellules en épaisseur, savoir: des deux épi- 
dermes et d'une couche de parenchyme intermédiaire. Dans les genres Che- 
nopodium et Urtica, ce parenchyme remplit deux couches de cellules à 
parois minces. Chez les Plantaginées, la structure est toujours aussi simple, 
mais les parois des cellules s’épaississent. Chez d'autres plantes, le tissu pa- 
renchymateux se développe davantage, et l'une des couches d'enveloppe, par 
l'épaississement de ses parois cellulaires, forme la partie résistante du péricarpe. 
Cette fonction est dévolue rarement à la couche moyenne ( Caricinées), fré- 
quemment à l'épiderme extérieur (Joncées, Népenthées, Alsinées, Silénées, 
Polygonées, Borraginées), et très-fréquemment à l'épiderme interne (Rhinan- 
thacées, Monotropées, Crassulacées). L'auteur a observé encore un péricarpe 
formé ainsi de trois éléments chez les familles suivantes : Rubiacées, Rhinan- 
thacées, Monotropées, Droséracées, Résédacées, Polygonées, Cistinées, Hypé- 
ricinées, Malvacées, Solanées, Primulacées, Liliacées, Joncées, et chez une 
partie des Gentianées, Rosacées, Renonculacées, Ombelliféres, Scrofulariées 
et Papavéracées, tandis que chez une autre partie de ces derniéres familles 
c'est un type différent qu'il a observé, type que M. Schleiden a eu le tort de 
croire général, et dans lequel il se développe dans la couche parenchymateuse 
des faisceaux de cellules à parois épaisses, ordinairement parenchymateuses, 

T X (REVUE) 16 


242 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

analogues à ceux que l'on rencontre chez certaines feuilles. L'auteur désigne 
la couche qui les renferme sous le nom de couche résistante (Hartschicht) ; 
elle n'est pas toujours continue, mais séparée quelquefois en faisceaux par 
des rayons de parenchyme médullaire. Tel est le type offert par les Labiées, 
Euphorbiacées, Papilionacées, Asclépiadées, Célastrinées, Cruciféres, Fuma- 
riacées, Joncaginées et Alismacées. Chez les Crucifères et les Papavéracées, 
le ar enchyme parait fréquemment divisé en deux couches qui différent par 
la forme ou le contenu des cellules. Il se trouve ainsi dans leur péricarpe 
cinq tissus différents. Enfin le péricarpe le plus complexe est offert par les 
akènes des Composées, chez lesquels il existe, entre la couche résistnte et 
l'épiderme interne, un tissu particulier. 

L'auteur a trouvé des stomates sur l'épiderme interne du fruit chez le Da- 
tura et chez les Papavéracées (Papaver, Glaucium, Eschscholtzia); il a aussi 
observé chez les Crucifères et les Résédacées la présence des mêmes organes, 
qui y avait été constatée antérieurement par d'autres botanistes. 

Il reconnait que les éléments de la couche résistante peuvent présenter tous 
les passages entre l'état de parenchyme et celui de prosenchyme. Plusieurs des 
généralisations de l'auteur soulèvent des critiques que le règlement imposé à 
cette Revue nous oblige de réserver pour le compte rendu des séances. Les 
fibres prosenchymateuses du Z/artschicht sont, dit-il, transversales chez 
l Zrythroa et l Antirrhinum, obliques chez les Papilionacées, parallèles chez 
les Cruciferes siliqueuses, forment deux couches de direction perpendiculaire 
l'une à l'autre chez le Mercurialis annua, etc. 

M. Kraus a fait des remarques anatomiques sur le siége de la déhiscence 

des fruits secs. Celui-ci est parcouru presque partout, dit-il, par une ou ra- 
rement plusieurs séries celluleuses, d'une formation particulière, qui traversent 
le tissu du péricarpe, et qui sont tantót à parois minces et prosenchymateuses 
(Erythræa) ou parenchymateuses (Crucifères, Papavéracces), tantôt épaissies 
et collenchymateuses (Delphinium, Veronica, Papilionacées), toujours très- 
pauvres ou même privées de chlorophylle. Chez quelques familles (Alsinées, 
Silénées, Liliacées) il existe sur ce point, au lieu de cellules, un faisceau vas- 
culaire très-mince. Chez les Papilionacées, les éléments prosenchymateux du 
faisceau vasculaire forment les limites des deux valves. Dans tous les cas qu'il 
a examinés, la déhiscence a lieu par l'écartement de deux lames de tissu, et 
jamais par la destruction d'une lame, pas méme dans des cas où l'on pouvait 
peut-étre le présumer, comme chez les genres Papaver, Antirrhinum et 
Campanula. 

Le développement des fibres du Har/schicht dépend, dit l'auteur, de cloi- 
sons qui se produisent dans les cellules-mères peu avant l'épanouissement de 
la fleur. Chez les Papilionacées, le développement de cette formation ne s'achève 
qu'après la floraison. 

Quelques études permettent à l'auteur d'affirmer que le péricarpe ne diffère 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 243 


pas, au moment de la floraison, qu’il doive constituer plus tard une baie ou 
une capsule. 

L'auteur entre ensuite dans l'exposition détaillée des résultats de ses re- 
cherches, résultats qu'il expose famille par famille et espèce par espèce, et 
que nous ne pouvons reproduire. 


Neue Untersuchungen ueber Uredineen (Nouvelles recherches 
sur les Ürédinées) ; par M. A. De Bary (Monatsbericht der K. Pr. Aka- 
demie der WÜüssenchaften zu Berlin, avril 1866, pp. 205-215, avec une 
planche lithographiée). 


Ce mémoire fait suite à un autre mémoire communiqué l'année précédente 
par le méme auteur à l'Académie des sciences de Berlin, et analysé dans cette 
Revue, t. XII, p. 172. Dans le premier de ces deux travaux, M. De Bary avait 
seulement établi que les sporidies issues des téleutospores de l’Uredo linearis 
Pers., germent sur l'épiderme de la face inférieure des feuilles du Berberis 
vulgaris où elles développent l Æ cidium Berberidis. Dans ses nouvelles ob- 
servations, il a vu qu'au mois de mai les spores de lÆ'cidium, semées sur de 
jeunes feuilles de Seigle, forment un promycélium qui pénètre dans le paren- 
chyme de ces feuilles à travers leurs stomates, et, en huit jours environ, y 
provoque le développement de l’ Vredo. 

Dans son premier mémoire, M. De Bary s'était demandé si l' Zéeidéum de 
la méme Urédinée ne pourrait pas se développer aussi sur d'autres Dicoty- 
lédones que sur le Berberis. I} peut aujourd'hui répondre négativement à 
cette question ; les expériences qu'il a faites pour la résoudre n'ont pas méme 
réussi sur le Zerberis nepalensis. 

L'auteur, qui soupconnait avec raison l'hétéreecie chez d'autres Urédinées, 
a étudié, pour en chercher un nouvel exemple, le Puccinia straminis Fuckel, 
qui n'est guère moins nuisible aux Céréales que le Puccinia Graminis dont 
P Uredo est VU. linearis Pers. Il a semé des sporidies du P. straminis sur 
les feuilles des Dicotylédones qui se rencontrent le plus habituellement dans 
le voisinage des Graminées attaquées par ce Puccinia, et a observé qu'elles 
germent sur l'Anchusa officinalis, dans les feuilles duquel elles développent 
un Æcidium, après en avoir percé l'épiderme, ainsi que sur le Zycopsis 
arvensis, sur lequel l'expérience, mieux réussie et plus prolongée, a fait naitre 
l'ZEcidium Asperifolii P. Inversement, en semant sur des Seigles P Æci- 
dium Asperifolii recueilli sur F Anchusa officinalis, M. De Bary a déterminé 
le développement de l’ Vredo propre au Puccinia straminis. 

L'auteur a fait encore des expériences analogues sur le Puccinia coronata 
Cord. Les sporidies de cette espèce ont pénétré à travers l'épiderme des feuilles 
du Rhamnus Frangula et du Rh. cathartica, et y ont produit l Æcidium 
Rhamni P. Les spores de cet Æ'cidium n'ont développé aucune Urédinée sur 
le Blé ni sur le Seigle, qui ne sont pas attaqués par le Puccinia coronata, ni 


24h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
méme sur l Avena sativa et sur l Holcus, lesquels, surtout ce dernier, sont 
habités par ce parasite. 


Botanische Ergebnisse der Reise Seiner Majestæt des 
Kaisers von Mexico Maximilian E naeh Brasilien 
(1859 GO0)(Résultats botaniques du voyage accompli par S. M. Maxi- 
milien 1%, empereur du Mexique, de 1859 à 1860, publiés d'après ses 
ordres); par M. H. Wawra. Un volume in-folio de 234 pages, avec 104 plan- 
ches lithographićes. Vienne, 1866. Prix : 150 fr. 


M. Wawra se trouvait en qualité de médecin de marine sur le vaisseau 
l Élisabeth, que montait alors l'archiduc Maximilien ; à M. Wawra était adjoint 
un jardinier de Scheenbrunn, M. Franz Maly, exclusivement chargé de la 
récolte des plantes. Les collections recueillies par ces deux botanistes et 
étudiées par M. Wawra se composent d'un herbier, de graines et de tubercules. 
L'herbier renfermait 785 numéros ; les cultures faites à Scheenbrunn avec les 
graines et les tubercules rapportés ont fourni 97 espèces. Plusieurs collabo- 
rateurs ont aidé M. Wawra dans les études qu'il a faites de ces plantes : 
M. Schott pour les Aroidées, M. Reichenbach pour les Orchidées, M. de 
Krempelhuber pour les Lichens. 

Selon la coutume suivie dans ces sortes de travaux, l'auteur n'a décrit que 
les plantes nouvelles ou celles sur lesquelles il avait des renseignements nou- 
veaux à donner. Il nous est impossible de nous étendre sur chacun de ces 
points; nous pensons que le mieux, pour faire apprécier la nature et l'impor- 
tance du travail de M. Wawra, est de relever les planches dans lesquelles il a 
figuré les plantes dans l'ordre suivant : 

Myrcia imperatoris Maximiliani Wwr., Calyptranthes fastigiata Berg. var. 
turbinata, Lasiandra imperatoris Wwr. , Miconia Bergii Wwr., Gomphia brac- 
teosa Wwr., Dalechampia ilheotica Wwr., Begonia neglecta DC., Passiflora 
Jileki Wwr., Tapeinotes Caroline Wwr., Bignonia imperatoris Maximiliani 
Wwr., Arrabidæa virescens DC., Dipteracanthus affinis Nees, Aphelandra 
oostachya Wwr., A. Porteana Morel var. clava, Palicourea metallica Wwr., 
P. densiflora Wwr., Suteria nuda Mart. , Patabea capitellata Wwr., Peperomia 
flexicaulis Wwr. var. P. microphylla, P. pernambucensis Miq. var procera et 
var. humilis, Heliconia pendula Wwr. , Canna polyclada Wwr., Eurystiles Co- 
tyledon Wwr., Oncidium imperatoris Maximiliani Rchb. f., Vriesea geniculata 
Wwr., W. carinata Wwr., Pitcairnia corcovadensis Wwr., Lamprococcus 
chlorocarpus Wwr., Bomarea salsilloides Ræœm., Dichorisandra pubescens 
Mart., Panicum gladiatum Wwr., Lycopodium Martii Wwr. 

Camptosema pinnatum Benth., Mimosa podocarpa Benth. var. acutiflora, 
Bauhinia brasiliensis Vogl var. longiflora, Eugenia diantha 8. glabra Berg., La- 
siandra adenostemon DC. , Staphydium blepharodes Wwr. , Clidemia salicifolia 
Naud., Cuphea ingrata Cham. et Schlecht., Jussiæa linifolia? Vahl, Astra 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 245 


glandulifera Kl., Caperonia castaneifolia St-Hil. , Cnemidostachys patula Mart. , 
Sarotrostachys multiramea Kl., Phyllanthus Thonningii Schum., Begonia 
angulata Vell., B. arborescens Raddi, B. depauperata Schott, B. scandens 
Dryand. , Wilbrandia drastica Mart. , Anguria Sellowiana Schlecht. , Loasa par- 
viflora Schrad. , Polygala ilheotica Wwr., Malachra Gaudichaudiana St-Hil. , 
Tetracera Breyneana Schlecht. , Myristica bicahyba Schott, Loranthus furcatus 
Mart., L. polyrrhizus Mart., Besleria fascicularis Wwr., Bignonia punicea 
Mart. var. varians, Arrabidea Agnus castus DC., Sericographis hirsuta Nees, 
Heteranthera decipiens Nees et Mart., Linaria Brunneri Benth., Solanum ju- 
batum Dun., Capsicum villosum Sendt. var. muticum, Tournefortia villosa 
Salzm., Lavandula rotundifolia Benth., Jasminum bahiense DC., Manettia 
albiflora Schott, Tocoyena brasiliensis Mart., Rudgea macrophylla Benth., 
Chomelia obtusa Cham. et Schlecht., Richardsonia sparsa DC., Ageratum 
melissifolium DC., Ooclinium villosum DC., Mikania obovata DC., Baccharis 
flocculosa Schlecht. , Odontospermum Vogelii Webb, Clibadium rotundifolium 
DC. , Peperomia brachyphylla A. Dietr., P. rupestris Kth., Celosia brasiliensis 
Moq. , Cecropia leucocoma Miq., Vriesea bituminosa Wwr., Cryptanthus un- 
dulatus KI., Dioscorea filiformis Griseb., Pæpalanthus tortilis Mart. , Rhyn- 
chospora silvatica Nees, Ophryoscleria microcarpa Nees, Nemochloa elegans 
Nees, Elionurus Grisebachii Schm., Pappophorum vincentianum Schm., 
Olyra corcovadensis Wwr. , Schizæa elegans Sw., Dicksonia rubiginosa Klfss. , 
Asplenium lineatum ? Sw., A. scandicinum Klfss., Nephrodium eriocarpum 
Decsne, N. rufescens Presl, Phegopteris polystichops Wwr., Polypodium mi- 
crolepis Fée, Pleurothallis anthoxantha Rchb. f., P. sagittata Rchb. f., Stelis 
petropolitana Rchb. f., Pleurothallis truncicola Rchb. f., Restrepia Miersii 
Rchb. f. 

La plupart de ces plantes appartiennent à la flore du Brésil, mais quelques- 
unes à celle des Canaries et des îles du Cap-Vert. 


Floraison en pleine terre du Dasylirion gracile Zuce. 
au Jardin des plantes de Montpellier, comparée à 
celle du Phormium tenax et de VAgave americana; 
par M. Ch. Martins (Extrait des Annales de la Société d'horticulture et de 
botanique de l Hérault) ; tirage à part en brochure in-8° de 7 pages, avec 
une planche lithographiée. Montpellier, 1866. 


Le Dasylirion gracile Zucc., originaire des hauts plateaux du Mexique, a 
une synonymie très-compliquée, et a été placé méme dans des familles diffé- 
rentes, M. Martins, à l'exemple de M. Torrey, qui a décrit 5 espèces de 
Dasylirion, place ce genre parmi les Broméliacées. 

La croissance de la hampe observée par M. Martins n'a pas été uniforme : 
Pendant les onze premiers jours, cette hampe a crü de 07,190 par vingt- 
quatre heures, et pendant les douze dernières, de 07,066 seulement dans le 


2^6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


méme espace de temps. Cet accroissement, chose remarquable, était plus fort 
la nuit que le jour. Le maximum de la croissance diurne a été de 07,103 et 
le maximum de la croissance nocturne de 0",140. Les périodes de plus rapide 
croissance se sont écoulées d'une part entre trois heures et six heures du 
matin, d'autre part entre neuf heures du soir et minuit. Chez le Phormium 
tenax, l'accroissement nocturne a été également plus fort que l'accroissement 
diurne, dans le rapport de 1 à 0",88. Ces résultats sont en contradiction avec 
ceux que l'on a toujours obtenus quand on a comparé l'accroissement nocturne 
avec l'accroissement diurne chez l'Agave americana. 


Ueber Papaver trilobum Wallr. Ein Beitrag zur NXatur- 
geschichte der Gattung Papaver (Sur le P. trilobum Wallr. ; 
recherches sur l'histoire naturelle du genre Papaver); par M. Th. Irmisch. 
In-8° de 20 pages, avec deux planches. Halle, chez H.-W. Schmidt. Prix ; 
3 fr, 25 c. 


Ce travail n'est destiné qu'à l'étude des caractéres donnés comme spéci- 
fiques par lesquels Wallroth et plusieurs auteurs ont distingué le P. trilobum 
du P. Rhœæas. Aprés avoir longuement étudié les divers organes de cette 
plante, M. Irmisch conclut que cette distinction ne peut se soutenir. Il a re- 
présenté sur ses planches non-seulement le P. trilobum, mais divers états 
intermédiaires observés par lui entre les feuilles du P. Rhæas type et celles du 
P. trilobum. 


Beitræge zur Naturgeschichte und Verbreitung des 
Genus Sarifraga L. (Recherches sur l'histoire naturelle et la 
distribution géographique du genre Saxifraga); par M. Adolf Engler, de 
Breslau (Extrait du Zinnæa, t. XXXV); tirage à part en brochure in-8° de 
12^ pages, avec deux cartes géographiques, 


M. Engler, qui est un érudit avant d'étre un botaniste, commence par 
rechercher dans les textes les plus anciens qui nous soient parvenus quel sen 
a été primitivement attribué par les auteurs grecs et latins aux termes Saz?- 
fraga et Eumerpoy (car le 9013o de Dioscoride ne peut être, dit-il, rapporté 
avec certitude à un Saxifrage, pas plus que le Vardus celtica au Soxifrag 
Hirculus). Suivant Fuchsius, le Saxifraga et le who étaient des Fougères, 
l'Adiantum Capillus Veneris ou l Asplenium Ruta muraria. 

La première espèce du genre connue a été le Saxifraga granulata, nommé 
par Brunfels, Fuchsius et Tragus S. alba. Valerius Cordus a fait connaître 
ensuite le S. Aizoon sous le nom d'Aizoon serratum. Gesner, qui avait par- 
couru les Alpes, observa un grand nombre de Saxifrages et les représenta sur 
des planches fort remarquables pour l'époque à laquelle il écrivait. Ces plan- 
ches, vendues à Camerarius par C. Wolf, héritier de Gesner, lui servirent dans 
la rédaction de son Epitome, et arrivèrent plus tard entre les mains de Tre- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 247 


wius, qui les légua à Schmidel ; ce dernier les publia. Il fit connaître ainsi 
12 espèces de Saxifraga (les plus communs dans les montagnes), auxquels 
dans le chaos de la nomenclature d'alors, Gesner avait adjoint des plantes de 
familles toutes différentes, et dont, bien entendu, pas un seul ne portait le nom 
de Saxifraga. Pona décrivit une autre espèce, et Lobel, sous le nom de Sedum 
minimum tertium, le S. Burseriana. Dans Morison paraissent pour la pre- 
mière fois les S. bulbifera et hypnoides. Ray, dans sa méthode, fut l’un des 
premiers qui commencèrent à coordonner le genre. Tournefort, essayant une 
tentative analogue, le divisa, en nommant Geum les Saxifrages à ovaire libre. 
Il faut nommer ensuite, parmi les auteurs qui ont le plus contribué à avancer 
la connaissance de ce genre, Martens, Buxbaum, puis après la fondation Lin- 
néenne, Haller, Gouan, Allioni, De Candolle, Bellardi, Sieber, Jacquin, 
Wulfen, Sprengel et Bertoloni pour la région des Alpes, Lapeyrouse pour celle 
des Pyrénées ; Moretti pour l'Italie, et surtout le comte de Sternberg, dont le 
livre orné de superbes planches, intitulé : Revisio Saxifragarum, contient la 
description de quatre-vingt-sept espèces. "Tausch et Gaudin ont proposé di- 
verses sections du genre, et souvent celles de Gaudin ne différent que de nom 
de celles de Tausch, qui sont antérieures ; le résumé de leurs travaux se trouve 
dans le deuxième supplément à la monographie de Sternberg, publié par Presl, 
en 1832. 

Aprés cet exposé bibliographique, M. Engler trace le tableau des Saxifrages 
de l'Europe, au nombre de 98, distribués en 44 sections : Calliphyllum 
Gaud., Cotyledon Gaud., KAabschia Engl, Porophyllum Gaud., Trigo- 
nophyllum Gaud., Dactyloides Tausch, Arabidia Tausch, Æydatica 
Tausch, Hirculus Tausch, Nephrophyllum Gaud., Lobaria Haw., Micro- 
petalum Tausch, Cymbalaria Nyman et Mieranthes Tausch. La section 
nouvelle Æabschia a pour type le S. media Gouan ; elle diffère de la section 
Cotyledon Gaud. par des feuilles acuminées à bord cartilagineux entier. 

Ensuite , l'auteur étudie particulièrement les nombreuses espèces de la 
section Dactyloides Tausch, dont il fait connaitre la synonymie souvent fort 
compliquée et la distribution géographique. Il envisage l’espèce d'une manière 
large et en lui reconnaissant une faculté étendue de variabilité. Dans la der- 
nière partie de son mémoire, il entre dans des considérations toutes parti- 
culières sur la diffusion du genre Saxifraga. 


Ueber die geographischen Verhieltnisse der Lorbeer- 
gewæehse (Sur la distribution géographique des végétaux de la fa- 
mille des Laurinées) ; par M. C.-F. Meissner (Extrait des Abhandlungen 
der K. Bayer. Akademie der Wissenschaften) ; tirage à part en brochure 
in-4° de 34 pages. Munich, 1866, chez G. Franz. 


On sait que la famille des Lauracées a été récemment traitée dans le Pro- 
dromus par M. Meissner, dont une note a été présentée à la Société à ce sujet 


248 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE., 


par M. Duchartre. Voici en quels termes le professeur de Bâle expose les 
résultats auxquels l'ont mené ses études sur la distribution géographique de 
cette famille. 

Les Lauracées sont répaudues dans les cinq parties du monde et ont leur 
maximum en Amérique (447 espèces) et en Asie (445 espèces) ; on en trouve 
56 en Australie, 26 en Afrique et 1 en Europe. L’hémisphère oriental lem- 
porte sur l'hémisphére occidental de 60 espèces, mais il y a 5 genres de 
moins ; le groupe principal est constitué dans le premier par les tribus des 
Litséacées et des Perséacées, qui y contiennent ensemble 405 espèces; dans 
le second par celles des Oréodaphnées (246 espèces) et des Cryptocaryées 
(117 espèces). On rencontre en Amérique toutes les divisions (6 tribus) de la 
famille, tandis qu'en Asie et en Australie il manque les Oréodaphnées et en 
Afrique les Gyrocarpées. C'est l'Amérique qui possède, absolument comme 
relativement, le plus grand nombre des genres de Lauracées, savoir 32, dont 
23 lui sont tout à fait particuliers..... Les Lauracées, qui ne sortent guère 
de la région tropicale, s'étendent cependant un peu plus au nord qu'au sud de 
cette zone. La zone équatoriale proprement dite en renferme 538, le reste de 
la région intertropicale 365; enfin on en trouve, au nord du tropique, 88, et 
au sud, 85... Toutes les espéces de Lauracées sont endémiques, c'est-à-dire 
ne se rencontrent que dans une seule partie du monde et dans une seule 
région botanique définie. Il en est de méme du plus grand nombre des genres, 
à l'exception des Phæbe, Persea, Apollonias, Cryptocarya, Caryodaphne, 
Endiandra, Mespilodaphne, Oreodaphne , Tetranthera, Actinodaphne , 
Litsæa, Laurus, Lindera, Gyrocarpus et Cassytha, qui sont plus cosmo- 
polites. Le plus grand nombre des Lauracées vit dans les forêts des pays 
chauds, et de préférence dans les terrains bas et humides. Cependant, dans la 
zone tropicale, quelques-unes s'élévent sur des montagnes dont la climatologie 
se rapproche de celle de la région afttique. Relativement à l'histoire de la 
création, il est à remarquer que les Lauracées sont au nombre des formes vé- 
gétales les plus anciennes, car elles se trouvent dans le sol parmi les premières 
Dicotyiédones, sinon dans la craie, du moins déjà dans l'éocéne moyen, et 
trés-nombreuses dans la mollasse du miocène supérieur, par exemple dans les 
couches d'OEningen, ce qui prouve qu'elles ont joué un róle important dans 
les foréts dela période tertiaire. 


Camille Montagne, botaniste; par M. P.-A. Cap. In-8? de 


98 pages, avec un portrait de M. Montagne, photographié d’après na- 
ture. 


« J'ai écrit de ma propre main, a dit M. Montagne dans son testament, une 
» histoire détaillée de ma vie entière. Il n'est pas question de la publier ; mais 
» si mon ami M. P.-A. Cap... voulait bien prendre la peine de rédiger ma 
» biographie sur ces documents exacts, je serais heureux qu'il consentit à 


REVUE DIBLIOGRAPHIQUE. 259 


» payer ce tribut à la mémoire d'un homme qui l'a tant aimé, lui et toute sa 
» famille. » Tel est le principal motif de la publication de M. Cap, qui ne peut 
nous fournir des détails importants à ajouter à ce que nous avons dit l'année 
dernière à cette méme place, en annonçant la perte si douloureuse que la 
Société venait de faire dans la personne de M. Montagne, comme au sujet de la 
publication faite il y a quelques mois par M. Larrey. Mais nous tenions à 
signaler les pages écrites par M. Cap, où la sincérité du narrateur est d'ac- 
cord avec la pieuse tendresse de l'ami pour tracer le portrait le plus attachant 
de l'homme de bien, du savant désintéressé, dont la perte a été si vivement 
ressentie par nos confréres. 

M. Cap a fait suivre sa notice d'un appendice où il a saisi l’occasion d'ex- 
poser quelques généralités relatives à la Cryptogamie, et de donner une liste 
compléte des nombreuses publications de M. Montagne. 


Die Himbeere und Erdbeere; deren zum Anbau geci- 
gnetesten Sorten, deren Kultur und Treiberei, mit 
besonderer Beruecksichtigung in rauhen Kiimaten 
(Les framboises et les fraises; leurs sortes les plus favorables à la cul- 
ture, etc.) ; par M. E. Regel. In-4° de 44 pages, avec deux planches co- 
loriées. Erlangen, chez F. Enke, 1866. Prix : 2 fr. 


Le savant directeur du Jardin botanique de Saint-Pétersbourg n'a eu en vue 
que des applications horticoles dans ce mémoire, où l'on trouvera ces rensei- 
gnements fort intéressants sur la culture de deux végétaux dont les fruits sont 
recherchés. Pour le naturaliste, ce mémoire a un intérét spécial, parce que 
c'est sous le climat de Saint-Pétersbourg qu'ont été obtenus les fruits qu'il 
figure, et cela, comme on le pense, à l'aide de quelques procédés particuliers, 
surtout d'une préservation hivernale que notre climat ne nécessite pas. 


Thiloa und Buchenavia, zwei neue Gattungen der 
Combretaceen ( Deux nouveaux genres de Combrétacées ) par 
M. A.-W. Eichler (Flora, 1866, n“ 10 et 11, avec une planche). 


Ces deux nouveaux genres sont dédiés l'un à M. Thilo Irmisch et l'autre à 
M. Franz Buchenau. En voici la description et la synonymie : 

1. Thiloa Eichl., Combreti Sp. auct. — Flores hermaphroditi et masculi in 
una eademque rhachi irregulariter mixti, 4-meri. Flores masculi hermaphro- 
ditis conformes, nisi ovario debiliore. Flores hermaphroditi ovario 4-gono ; 
calyce cupulari, obsolete 4-dentato ; petalis abortu deficientibus ; androceo ad 
exteriorem verticillum abortu reducto, staminibus 4 fundo calycis supra 
discum insertis, antheris versatilibus, nunc apophysi carunculiformi parte 
anteriore auctis, disco annulari, integro v. S-crenato ; ovulis 2-4, funiculis 
elongatis; fructu coriaceo v. endocarpio lignescente, indehiscente, A-alato, alis 


950 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


scariosis transverse striolatis; semine solitario, testa membranacea, cotvyle- 
donibus irregulariter complicatis ; plumula brevissima. — In Brasilia. 


Sect. 1. Hemiaphanes : staminodia nulla ; antheræ ecarunculatæ. 


Th. glaucocarpa Eichl. (Combretum glaucocarpum Mart.). — Th. para- 
quariensis Eichl. 


Sect. II. Æemispadon : staminodia adsunt ; antheræ carunculatæ. 
Th. gracilis Eichl. (Combretum gracile Schott). — Th. nitida Fichl, 


Sectionis incerleæ : 
Th. stigmaria Kichl. (Combretum stigmarium Mart.). 


2. Buchenavia (Terminaliæ sp. auct.) — Flores hermaphroditi et 
masculi, in una eademque rhachi irregulariter mixti, 5-meri. Flores masculi 
hermaphroditis consimiles, nisi ovario debiliore. Flores hermaphroditi ovario 
lanceolato-cylindraceo v. subpentagono, superne in collum longiusculum atte- 
nuato; calyce subventricoso-cupulari v. urceolari, levissime 5-dentato, petalis 
abortu deficientibus ; staminibus 10, biseriatis, alternis fundo calycis insertis, 
alternis e medio limbo surgentibus, antheris immobilibus, subgloboso-didymis, 
adnatis; disco adnato, 5-lobo ; ovulis 2-3, faniculis elongatis; fructu dru- 
paceo, ovoideo, acuminato, tereti v. cum putamine 5-angulato ; semine soli- 
tario, subfusiformi, testa tenuiter coriacea; cotyledonibus foliaceis, circuitu 
multiplici spiraliter convolutis ; plumula brevi. — In America australi tro- 
pica et in Antillis. 


A. Flores fructusque capitati. 


B. capitata Kichl. (Bucida capitata Vahl, B. spec. altera Vahl [specimen 
senile, foliis, ut maturitate fieri solet, glabratis induratis], 7'erm?nalia obovata 
Camb.). — B. ochroprumna Kichl. (Spr. n. 309). 


B. Flores fructusque v. saltem fructus spicati, 


B. oxycarpa Eichl. (Terminalia oxycarpa Mart.).— B. suaveolens Eichl. 
(Spr. nn. 1887 et 3189). — B. tomentosa Eichl. — B. punctata Eichl. (Spr. 
n. 4945), — B. macrophylla Eichl. (Spr, n. 2507). — B. reticulata Eichl. 
(Spr. n. 3453). 


Entstehung und Begriff der naturhistorisehen Art (0ri- 
gine et idée de l'espèce en histoire naturelle); par M. Carl Nægeli. In-8° 
de 56 pages. Munich, 1865. 


Ce travail a été lu à l'.cadémie des sciences de Munich, le 28 mars 1865. 
L'auteur y passe en revue les divers systémes proposés par les naturalistes sur 
l'origine des êtres; les théories de Linné et de Cuvier, de Lamarck, de 
Darwin; après avoir discuté et opposé les théories de l'immutabilité et de la 
transformation, il conclut d'une manière un peu obscure en disant : Les or- 


REVUE BIDLIOGRAPHIQUE. 251 


ganismes les plus simples sont produits par une création primitive : les orga- 
nismes ultérieurs par la transmutation, dans le cours d'innombrables géné- 
rations ; et dans ce cas la direction à suivre et le but à atteindre sont déterminés 
tantôt par une prédisposition propre aux premières cellules, tantôt par les 
conditions où vivent les séries qui en sont issues. 


Excursion de la Société Linnéenne à Vire, le dimanche 
8 juillet 1866; extrait du compte rendu par M. J. Moriére, secrétaire 
adjoint de la Société, In-8? de 36 pages. Caen, chez Le Blanc-Hardel, 
1866, 


Les plantes de Normandie récoltées par la Société Linnéenne dans cette 
excursion n'offrent pas assez d'intérét pour que nous en reproduisions le cata- 
logue; mais nous ne pouvons résister au désir de signaler l'intéressant disconrs 
que M. René Lenormand a prononcé dans cette solennité. Tl y a retracé la vie 
des botanistes qui avaient pris à Vire, dans les leçons de Lamouroux, le goût 
d'une science qu'ils cultivèrent dans les pays les plus éloignés et dans les 
situations les plus diverses. 

Le plus célèbre de cette phalange est Turpin, né à Vire dans les rangs du 
peuple, et d'abord ouvrier menuisier. Après avoir appris d'un vieux peintre 
virois à satisfaire sa passion pour le dessin, Turpin s’embarqua comme vo- 
lontaire dans l'expédition que le général Leclerc conduisait à Saint-Domingue ; 
il s'y maria à une jeune créole qui lui avait sauvé la vie lorsqu'il fut attaqué de 
la fièvre jaune; mais ses deux enfants et leur mère furent enveloppés dans le 
massacre des Francais à Saint-Domingue. Lui-méme ne put échapper qu'à 
l'aide d'une grande caisse à sucre, dans laquelle il fut caché et transporté sur 
un navire qui se trouvait en rade. Il aborda aux États-Unis au moment où 
Humboldt v arrivait aprés son immense voyage dans l'Amérique méridionale. 
L'illustre savant de Berlin crut pouvoir livrer à l'homme que le hasard jetait 
sur ses pas, la tàche délicate et difficile de dessiner l'énorme quantité de 
plantes nouvelles qu'il avait recueillies ; ce fut en effet, on le sait, un des pre- 
miers ouvrages que Turpin entreprit lorsqu'il se fut fixé à Paris. TI lui fallait 
la plus sérieuse et la plus intelligente attention pour recomposer à l'aide de ces 
objets et des cicatrices qui étaient restées sur l'écorce, les plantes auxquelles 
il savait si bien rendre la vie. Le nom de Turpin, devenu membre de l'Aca- 
démie des sciences, est resté attaché aux plus importants ouvrages de bota- 
nique qui furent publiés pendant une trentaine d'années. 

Delise, chef de bataillon en demi-solde à Fougères, où il consacrait à la 
botanique les loisirs que lui laissait sa non-activité, quí fit la monographie du 
genre Sticta et traita les Lichens dans le Botanicon gallicum de M. Duby; 
Castel, le poëte des fleurs; Jean-Marie Despréaux, qui visita Terre-Neuve, 
la Morée pendant l'expédition scientifique placée sous la direction de Bory 
de Saint-Vincent, puis les Canaries, et qui fut surpris par la mort au mo- 


252 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ment où il explorait le Mexique; le célèbre amiral Dumont-d'Urville, né à 
Condé-sur-Noireau: Sanson, qui avait herborisé aux environs de Saint- 
Pétersbourg, et qui joignait à une instruction mathématique très-sérieuse la 
connaissance des langues anciennes, méme de l'hébreu et du sanscrit; 
Dubourg d'Isigny ; Chauvin ; M. Pelvet : tels sont les autres naturalistes aux- 
quels M. Lenormand a consacré, en présence du vénérable auteur de la flore 
de Normandie, M. Alph. de Brébisson, un souvenir touchant dont le but de 
la réunion rehaussait la valeur. Il s'est oublié dans la période qu'il a fait 
revivre, mais à défaut de sa propre biographie il nous donne un rensei- 
gnement précieux, c'est qu'il a légué d'avance son magnifique herbier, dont 
il trace le dénombrement, au Jardin-des-plantes de Caen, où il ne sera pas 
séparé de sa bibliothèque qui renferme des ouvrages d'un grand prix. 


Flore forestière de Belgique; ou Description et histoire des végé- 
taux ligneux qui croissent spontanément en Belgique, ou qui sont cultivés 
dans les forêts; par M. Alfred Wesmael. Mémoire couronné par la fédéra- 
tion des Sociétés d'horticulture de Belgique (Bulletin de la Fédération, 
1865, pp. 337-508, publié en 1866). 


En publiant la flore forestière de Belgique, le but de M. Wesmael a été de 
compléter tout ce qu'on a écrit dans les flores belges sur les végétaux ligneux. 
Les différents auteurs de nos flores n'avaient qu'une seule chose en vue : celle 
de tracer la liste des espéces observées en Belgique. M. Wesmael a voulu 
aller plus loin, et faire pour la Belgique ce qui a été fait pour la France par 
M. Mathieu, et pour l'Allemagne par MM. Hartig et Schacht. 

Son mémoire comprend la liste des ouvrages consultés, l'énumération 
méthodique des familles, des genres et des espèces, la description des végé- 
taux ligneux, accompagnée de remarques intéressantes sur chacun d'eux, et 
une table alphabétique. 


Morphologische und embryonische Studien (//udes de 
morphologie et d'embryogénie), par M. S. Rosanoff (Pringsheim's Jahr- 
buecher, t. v, 1** livraison, pp. 72-82, avec trois planches). 


Ces recherches ont été faites à Heidelberg dans le laboratoire de M. le pro- 
fesseur Hofmeister. Elles ont eu pour sujet les genres Heliotropium et 
Tiaridium, quiont montré beaucoup d'analogie dans le développement de leur 
embryon. Chez Heliotropium europæum, le style porte une pyramide quadran- 
gulaire à base inférieure dont les angles sont émoussés, dont le bord inférieur 
supporte, principalement au niveau des angles, les papilles stigmatiques et les 
poils collecteurs, et dont le sommet se partage en deux lèvres inégales, corres- 
pondant aux deux carpelles. On ne trouve jamais de grains polliniques sur ces 
lèvres, mais bien sur le bord inférieur de la pyramide, dont les angles sont les 
véritables stigmates de la plante. De ces angles partent quatre bandes oü les cel- 


REVUE BIBLIOGRAPIIHIQUE. 253 


lules sont plus granuleuses, qui se dirigent vers le sommet de la pyramide, 
s'arrétent subitement au-dessous de la fente qui la termine et se tournent en se 
réunissant vers la base de l'organe, formant comme une trainée de tissu con- 
ducteur au milieu du style. L'auteur a pu suivre les boyaux polliniques dans 
leur trajet compliqué à travers ce tissu. Quelquefois ses quatre branches d'ori- 
gine sont réduites à deux. Des organes analogues se rencontrent chez l’ Helio- 
tropium peruvianum et chez VH. grandiflorum. Chez le Tiaridium indicum, 
au lieu de supporter une pyramide analogue à la précédente, le style, décrit 
comme capité par Endlicher, s'élargit à sa partie supérieure et offre à son 
sommet une surface légèrement convexe ; les ramifications initiales du tissu 
conducteur sont courtes et peu inclinées, tandis que la partie terminale et 
centrale de ce tissu est trés-longue. 

Le tissu conducteur est manifestement formé chez ces plantes par une ap- 
propriation du tissu du style. A l'origine, la formation pyramidale qui surmonte 
la gynécée de l Heliotropium repose immédiatement sur l'ovaire; la tige 
étroite qui la supporte ne se développe que consécutivement. 

L'auteur décrit sommairement la formation de l'embryon chez l’ Heliotro- 
pium et le Tiaridium ; les observations qu'il a faites sur ce point ne différent 
pas essentiellement de celles que MM. Tulasne et Hofmeister ont publiées sur 
l'embryogénie des Gamopétales. Cependant nous devons noter la dilatation de 
l'extrémité supérieure du sac embryonnaire, qui a lieu aprés la fécondation, 
ainsi que l'apparition de filaments radiés au sommet du sac. L'auteur dit s'étre 
convaincu que ces filaments sont indépendants des vésicules embryonnaires. 
Le développement du globule embryonnaire lui parait dans ces deux genres 
différer de celui de l'embryon des Borraginées, et se rapprocher au contraire 
des phénomènes qu'on observe chez les Verbénacées, Hydrophyllées, Sélaginées 
et Labiées. 


Iconum botanicarum index locupletissimus; pars altera; 
auctore G.-A. Pritzel. In-^4? de 298 pages. Berlin, 1866. Prix : 7 fr. 50 c. 


Cette publication n'est qu'un supplément à l'/ndez ?conum de M. Pritzel, 
qui avait paru en 1855. L'auteur se flatte d'v avoir réuni l'indication de toutes 
les planches de botanique publiées depuis cette époque jusqu’à la fin de 
l'année 1865, ainsi que quelques indications qui manquaient à la première 
édition de son ouvrage. 


Grundlinien der Anatomie und Physiologie der Pflan- 
zen (Traits principaux de l'anatomie et de la physiologie des plantes); 
par M. F. Unger. In- 8? de 178 pages, avec figures intercalées dans le texte. 
Vienne, chez W. Braumueller, 1866. ji 


Ce petit livre est un traité d'anatomie et de physiologie végétales, dont l'éru- 
dition bien connue de son auteur garantit la valeur scientifique. Il ne servirait 


254 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de rien d'en indiquer les divisions, qui sont conformes au titre du livre. L'au- 
teur est extrémement concis et n'entre dans aucune discussion, se contentant 
d'indiquer les résultats acquis à la science, d'en éclairer l'exposition par des 
figures appropriées, et de citer à la fin de chaque paragraphe les mémoires 
dans lesquels le sujet qu'il vient de traiter l'a été avec de plus grands dévelop- 
pements. 


Handbuch der physiologischen Botanik. Die Lehre von 
der Pflauzenzelle (Manuel de physiologie végétale. 1** volume ; 
A" partie: La théorie de la cellule végétale) ; par M. W. Hofmeister. 
In-8° de 404 pages, avec 57 gravures sur bois intercalées dans le texte. 
Leipzig, chez W. Engelmann, 1867. 


Nos lecteurs savent que la première partie de cette sorte d'encyclopédie de 
physiologie végétale a été précédée de la publication d'autres parties du méme 
ouvrage publiées par MM. De Bary et J. Sachs. Cette premiere partie, qui 
sort du laboratoire de l'université d'Heidelberg, porte l'empreinte bien connue 
de l'homme éminent qui le dirige. 

Ce volume est divisé en quatre parties. Dans la premiere, M. Hofmeister 
traite du protoplasma ; dans la deuxième, de la formation de la cellule; dans la 
troisième, de la paroi cellulaire; et dans la quatrième, des corps qui se for- 
ment dans le contenu de la cellule. Il est curieux de montrer comment l'auteur 
a su grouper sous ces quatre chefs principaux les nombreux sujets qui ont été 
étudiés dans ces trente derniers siècles par les physiologistes, surtout par les 
physiologistes allemands. 

Dans l'étude du protoplasma, l'auteur a compris non-seulement celle de la 
constitution moléculaire de ee corps (sar laquelle il a émis, il y a quelque 
temps, des opinions reproduites dans cette Revue) et de ses mouvements, 
mais encore celle dela transformation qu'il subit chez les Myxomycètes, des 
embryons ciliés auxquels il donne naissance, et celle de l'influence qu'exercent 
sur ses propriétés divers agents physiques et chimiques. 

Dans l'étude de la formation de la cellule, on rencontre d'abord la contrac- 
tion que subit son protoplasma sous les agents desséchants, l'élargissement que 
forme autour de ce protoplasma la dilatation de la paroi cellulaire; vient 
ensuite l'étude du noyau et celle des divers développements cellulaires; 
l'auteur en profite pour éclairer divers sujets classiques d'histologie végétale. 
Aussi, en considérant la formation cellulaire faite aux dépens de toute la masse 
protoplasmatique d'une cellule-mère, il décrit la formation des embryons à 
cils vibratils (Schwærmsporen), des zygospores, des spores des Mousses et des 
Hépatiques, et la partition cellulaire des Navicules. Décrivant la division de la 
chambre cellulaire, qui se fait par étranglement et section du protoplasma, et 
que suit, au bout d'un certain temps, le développement subit de la cloison, il 
poursuit l'examen de ces phénoménes chez les OEdogoniées, les Volvox: et cer- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 255 


taines plantes vasculaires. Au contraire, dans d’autres cas, le cloisonnement de 
la cavité a lieu en méme temps que la partition du protoplasma. Dans cette 
catégorie se rangent le pollen et ce que l'auteur nomme cellules de végétation. 
Enfin, la formation cellulaire peut se faire librement daus le contenu de la cel- 
lule, par exemple dans les vésicules embryonnaires et dans leurs cellules anti- 
podes, dans l'endosperme, les spores des Lichens et des Champignons ascomy- 
cètes, etc. Cette étude, devenant plus générale, amène l'auteur à suivre 
les formations celluleuses dans leurs rapports avec le développement des orga- 
nes des végétaux; il prend surtout des exemples chez les Characées, les 
Mousses et les Fougères. 

Dans la troisieme partie, on devine que la constitution chimique et les trans- 
formations des parois cellulaires doivent avoir surtout occupé l'auteur. On y 
trouve, en outre, des détails circonstanciés sur la cuticule et sur les couches 
cuticulaires, sur la faculté d'imbibition de la paroi cellulaire et sur les varia- 
tions de cette faculté. Quand elle varie en profondeur, il apparait des couches 
différentes d'une translucidité plus ou moins grande, selon leur degré de per- 
méabilité ; quand eile varie sur différents points de la surface de la membrane, 
il se produit sur celle-ci des raies ou des dilatations; cette dernière catégorie 
de faits renferme l'étude de l'exhyménine des grains de pollen (exine de l'au- 
teur), des fibres libériennes des Apocynées, des cellules des tubercules radi- 
caux du Phlomis tuberosa, etc. Ces variations de la faculté d'imbibition, aux- 
quelles M. Hofmeister accorde une importance physiologique capitale, et rap- 
porte la plupart des phénoménes considérés comme vitaux (c'est-à-dire sans 
cause appréciable) par d'anciens physiologistes, déterminent dans un certain 
nombre de cas, par suite de l'inégale dilatation des couches, la rupture de la 
cellule et la destruction de certaines parties de tissu au sein de l'organisme 
vivant. Des expériences délicates de physique ont permis à l'auteur de mesurer 
à quelle force peut résister la dilatation de la paroi cellulaire. Il a eu recours 
pour cela à des appareils hydrostatiques analogues à ceux par lesquels on 
mesure l'ascension de la séve. Il rapproche encore, comme causée par la dila- 
tation dela paroi cellulaire, la courbure de certaines parties de l'embryon, 
due médiatement à l'action de la pesanteur, et cela lui donne l'occasion de 
décrire les expériences de Knight. Quand cette dilatation est causée par l'ac- 
tion solaire, on observe, au contraire, les divers faits d'héliotropisme, positif 
ou négatif, que peuvent déterminer certains éléments du spectre solaire de 
préférence à d'autres. Là se placent les phénomènes de gyration connus depuis 
longtemps, et ceux qu'apres M. Guillemin et M. Payer, divers observateurs 
ont étudiés sur l'action des verres colorés. Les variations de température peu- - 
vent agir encore sur la dilatation des membranes cellulaires. La faculté de 
dilatation peut étre augmentée ou diminuée dans la cellule par certains agents; 
cette considération conduit à l'étude de l'irritabilité végétale, et des plantes, 
dites sensitives, chez lesquelles elle se développe le mieux. Ce chapitre se ter- 


256 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


mine par l'étude et la manière dont la membrane végétale se conduit sous l'in- 
fluence de la lumiere polarisée. 

Dans le quatrième et dernier chapitre, l'auteur passe en revue la chloro- 
phylle et les produits analogues, l'amidon, l'aleurone (qu'il range parmi les 
formations cristallines). 

En somme, le livre de M. Hofmeister, bien que contenant seulement le ré- 
sumé de l'état actuel de la science relativement aux sujets qu'il a traités, est 
concu par lui sur un plan original qui en fait une œuvre essentiellement propre 
à son auteur. 


Botanik der spæteren Griechen, vom dritten bis drei- 
zehnten Jahrhunderte (Botanique des Grecs modernes, du troi- 
sième au treizième siècle) ; par M. Bernhard Langkavel, In 8° de xxiv et 
207 pages. Berlin, 1866, chez F. Berggold. Prix: 5 fr. 35 c. 


Avec Columelle et Dioscoride, qui ont traité de la matière médicale, Galien, 
sous lequel la médecine post-hippocratique atteignit son apogée, le géographe 
Arrien, qui nous alivré les connaissances les plus utiles sur le commerce 
qu'on faisait dans l'antiquité des produits du régne végétal, et la vaste encyclo- 
pédie de Pline, se termine généralement la liste des ouvrages qu'on a mis à con- 
tribution pour tracer le tableau de la flore classique des anciens; mais il y a 
dans les siécles suivants des auteurs à consulter à ce point de vue. Pour ne 
citer que les plus importants, on ne saurait oublier le Gaulois Marcellus Empi- 
ricus, qui a donné à la flore de son pays l'attention qu'elle méritait ; Aétius, 
l'auteur des Biblio iaxgixz éxxxidexæ; Alexandre de Tralles, l'auteur des (2:/6A(a 
iatpixà Juoxaidexa ; Paul d'Égine, l'auteur des imiropñis Bihia inta; Michael 
Psellus, dont la compilation intitulée : mept dtuitng, intéresse la botanique; 
Siméon Leth, qui a dédié à l'empereur Michel Dukas son cóvcaypx mept 
9099» Ouyapee», Où l'on rencontre, à côté des notices botaniques, des 
notices sur le commerce si étendu avec l'Orient, et d'autres Grecs du Bas- 
Empire. En Occident, les capitulaires de Charlemagne et l'école de Salerne 
contiennent des traces importantes pour l'étude archéologique à laquelle se 
sont déjà livrés Fraas et Billerbeck, ainsi que les quatre livres de physique 
de l'abbesse Hildegarde, les œuvres d'Albert le Grand, l'Aristote du moyen 
âge, etc. 

Aprés avoir tracé avec plus de détails cet exposé historique, l'auteur cite les 
sources, en partie manuscrites, qu'il a pu consulter sur la matière dont il s'est 
occupé, et dont un certain nombre paraissent étre restées inconnues aux 
auteurs qui se sont exercés sur la flore de l'antiquité grecque et latine. Parmi 
ces sources, nous devons citer des documents empruntés à l'arabiste Ibn 
Beithar, qui ont été communiqués à l'auteur. 

Après cette introduction, M. Langkavel expose les documents qu'il possède 
sur chaque espèce. 1l procede suivant l'ordre taxonomique, en commençant par 


"A 
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 257 


les Légumineuses. Il cite d'abord les sources, puis indique les termes latins et 
grecs qui, selon lui, désigneraient cette espèce dans les ouvrages de l'antiquité. 
Il n'entre à cet égard dans aucune critique, et donne comme d'égale valeur 
un certain nombre de termes de méme consonnance et d'orthographe diffé- 
rente, qu'il a recueillis à cet état chez divers auteurs ou dans des manuscrits. 
Il ne cherche pas à justifier les identifications souvent contestées qu'il adopte, 
par exemple lorsqu'il rapporte l'524:/057 à F Hyacinthus orientalis L. 

Son livre se termine par un index alphabétique des noms de plantes admis 
par les botanistes, et par une table alphabétique des termes grecs ou latins 
signalés dans le cours de l'ouvrage. A 


Ueber den Charakter und die Mæhenverhbhæltnisse der 
Vegetation in den Cordilleren vou Veragua und Gua- 
temala (Sur les caractères de la végétation dans les Cordilléres de 
Veragua et de Guatimala, et sur les modifications qu'elle subit avec 
l'altitude); par M. Moritz Wagner (Sitzungsberichte der K. Bayer. Aka- 
demie der Wissenschaften zu Muenchen, 1866, pp. 151-182). 


Les collections botaniques qui font le sujet de ce travail ont été recueillies 
par l'auteur dans les États de Costarica et de Guatimala, en 1853 et 1854, 
et dans les Cordillères de Veragua, en 1858 (1). Ces régions n'avaient été 
visitées avant lui que par un petit nombre de botanistes : M. OErsted, dont 
cette Revue a fait connaitre un beau travail relatif à la végétation de l'isthme 
de Panama (2), M. B. Seemann, qui prit part au voyage de l’Æerald, et 
M. Warscewicz, directeur du jardin botanique de Cracovie. On connait la belle 
publication faite sur le voyage de l’ Herald ; quant aux plantes de M. Warsce- 
wicz, une partie en a été publiée par M. Lindley dans le Journal of botany 
de Hooker, et par M. Reichenbach dans le tome 11 du Bonplandia. Rien d'es- 
sentiel pour la géographie botanique n'a été publié par deux autres voyageurs, 
MM. Wendlandt et Fendler. 

Les soins les plus minutieux ont été pris par M. Wagner pour tirer de ses 
observations les résultats les plus utiles à la science. Il a mesuré les hauteurs 
avec le baromètre Fortin, et, seulement dans des excursions spéciales où cet 
instrument était difficile à transporter, avec le baromètre anéroide, qu'il avait 
soin de comparer soigneusement au précédent. 

Nous extrairons de son long mémoire l'indication des régions botaniques 
différentes qu'il a reconnues et caractérisées. 

1? La région de la plaine et des Lomas (terme espagnol qui désigne les col- 
lines situées entre le littoral et la base des Cordillères). C'est la région de la 


(4) Voyez dans le Bulletin, t. XI (Revue), p. 35, le compte rendu d'une autre publi- 


cation de M. Wagner. 
(2) Voyez le Bulletin, t. X, p. 444. 
T. XIL. (Revue) 17 


958 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


plupart des Monocotylédones tropicales, particulièrement des Palmiers, des 
Pandanées, des Musacées, des Cannées et des Aroidées; elle s'éléve jusqu'à 
1900 pieds sur le versant nord des montagnes, et jusqu'à 1700 pieds sur leur 
versant sud. La température moyenne y est de 25? C. à la limite inférieure, 
de 20° C. à la limite supérieure. Parmi les Palmiers qui forment la partie 
principale du sous-bois dans le pays plan, au sud-ouest des Cordiiléres de 
Veragua et de Darien, l'auteur cite les Chamædorea Friedrichsthaliana 
Wendl., Ch. Casperiana KI., Guilielma speciosa Mart., Elis melanococca 
Mart., Bactris subglobosa Wendl., B. minor Jacq., Euterpe edulis Mart., 
Geonoma simplicifrons Willd., Thrinax Warscewiczii Wendl. msc. Le Go- 
cotier monte jusqu'a 1600 pieds. Parmi les Pandanées, il faut remarquer les 
Carludovica incisa Wendl., C. gracilis Liebm., C. palmata R. et P.; parmi 
les Aroidées, les Spathiphyllum Friedrichsthalii Schott, Anthurium crassi- 
nervium Schott, A. Hookeri Schott, A. violaceum Schott, Pistia Stratiotis 
L., Philodendron lacerum Schott, PA. lingulatum Schott, Ph. bipinnati- 
fidum Schott et plusieurs Heliconia. Les parasites y sont nombreux dans les 
bois; ils appartiennent aux familles des Orchidées, des Broméliacées et des 
Loranthacées. 

2° La région montagneuse inférieure, région des Fougères et des Graminées 
arborescentes et de la plupart des Orchidées rupicoles; elle s'éléve de 1900 à 
3400 pieds et a une température moyenne de 17? C. La grande humidité des 
foréts de cette région y rend le climat fort analogue à celui des iles situées 
sous les tropiques. Les Fougéres y prennent un développement extraordi- 
naire. Celles du genre Dicksonia y atteignent quarante pieds de hauteur. 
L'auteur y cite particulièrement les Dicksonia obtusifolia W., Davallia Lin- 
denii Kz., Marginaria Wagneri Mett., M. incana Presl, Campyloneuron 
fasciale Presl, Polypodium Preslianum Spgl., Chrysodium alienum Mett. , 
Adiantum tenerum Sw., Pteris caudata L., Blechuum lanceola Sw., Asple- 
nium fragrans Sw., A. pumilum Sw. , i Polystichum vestitum Presl. Les 
deux arbres fruitiers les plus estimés de l'Amérique centrale, l’ Anona Cheri- 
molia et le Persea gratissima, réussissent fort bien dans cette région, ainsi 
que le Smilax officinalis, qui y est, pour l'exportation, l'objet d'un com- 
merce important. Les arbres forestiers qui y sont les plus nombreux appar- 
tiennent aux familles des Papilionacées, Pipéracées, Euphorbiacées, Rubiacées, 
Myrtacées et Mélastomacées. 

3° La région montagneuse moyenne, qui est la région des Rosacées, des 
Labiées et des Composées. Les deux premières de ces familles s'y font remar- 
quer par le grand nombre des individus, et celle des Composées, au contraire, 
par le nombre relativement extraordinaire de certains de ses genres, tels que : 
Dialesta, Liobum, Cœlestina, Wedelia, Gymnopsis, Oyedea, Zexme- 
nia, etc. Cette région s'éléve de 3500 à 4400 pieds; la température moyenne 


* 


y est de 14° à 16° C. Les végétaux caractéristiques cités par l'auteur pour 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 259 


cette zone sont les Prunus occidentalis Sw., Rubus occidentalis L., R. urti- 
cifolius Seem., Hypericum gnidioides Seem., Salvia occidentalis Sw., 
S. brevicalyx Benth., Hyptis vulcanica Seem., H. recurvata Poir., H. ca- 
pitata Jacq., H. spicata Poit., Valeriana scandens L., Galium cari- 
pense Kunth, Eupatorium conyzoides Vahl, E. lævigatum L., E. Vitalbæ 
DC., E. Schiedeanum Schrad., E. subcordatum Benth., Gnaphalium 
oxyphyllum DC., Gn. domingense L., Gn. spicatum Lam., Polygala 
hygrophila Kunth, P. ovalifolia DC., P. caracasana Kunth, Senecio 
arborescens Steetz, Thibaudia longifolia Kunth, Th. pubescens Kunth, 
Clethra quercifolia Schlecht., Pernettya pilosa Don. Auprès de ces 
espèces, qui rappellent des espèces voisines de la zone tempérée, s'en 
rencontrent d'autres qui sont propres aux Cordillères de l'Amérique cen- 
trale : Sisyrinchium iridifolium Seem., Peperomia quaternata Miq., Rho- 
pala montana Aubl. , Aristolochia pilosa Kunth, Echites veraguensis Seem. , 
Asclepias glaucescens Kunth, Herpestes Salzmanni Benth., Buchnera elon- 
gata Sw., Rhytiglossa ovalifolia OErst., Bignonia laurifolia Vahl, Ronde- 
letia versicolor Hook., Psychotria uliginosa Sw., Myrsine læta Alph. DC., 
Ardisia decipiens Alph. DC., Bocconia frutescens L., Cleome pubescens 
Seem., Casearia javitensis Kunth, C. macrophylla Vahl, C. ramiflora 
Vahl, Xylosma nitidum Griseb., Picramnia Seemanniana Griseb. n. sp., 
Jussiæa hirta Vahl, J. nervosa Poir., Rhynchanthera monodynama DC. (1). 

^? La région montagneuse supérieure, ou région des Chênes et des Aulnes, 
étendue en hauteur de 4400 à 8600 pieds. On y trouve encore quelques 
genres qui y contrastent d'une manière singulière avec la végétation, le C'ha- 
madorea Pacaya OErst. et l'Agave americana. Dans les taillis se rencon- 
trent, comme au volcan Irazu, dans la province de Costarica, les genres 
Fuchsia, Baccharis, E upatorium, Lobelia, Cestrum, etc. Les plantes les 
plus remarquables que l'auteur ait récoltées dans cette région sont les Di- 
streptus spicatus Cass., Elephantopus mollis Kunth, Cosmos tenuifolius 
Lindi., Faramea suaveolens Duchesn., Palicourea parviflora Benth. , Dioi- 
dia setigera DC., Asclepias glaucescens Kunth, Hyptis excelsa Mart. et 
Gal., Malachra capitata L., Pavonia alba Seem., Cuphea appendiculata 
Benth. , Equisetum ramosissimum H. B. Certaines Légumineuses et Vacciniées 
de la zone précédente parviennent jusque dans celle-ci, mais en exemplaires 
rabougris. : 

5° La région des Sapins, qui s'étend environ de 8800 à 10 400 pieds. Elle 
est caractérisée surtout par le Pinus occidentalis. 

6° La région des plantes alpines, que l'auteur a reconnue jusqu'à une alti- 
tude de 11 800 pieds, à une hauteur généralement supérieure à celle de nos 


(1) La flore de celte région se rapproche beaucoup de celle des plateaux du Mexique, 
à une altitude plus grande et à quelques degrés de moins en latitude, 


260 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

Alpes. C'est seulement dans le Guatimala que les plateaux des montagnes 
sont assez élevés et assez étendus pour donner naissance à cette végétation sur 
une échelle favorable à l'observation; comme au Mexique et dans les Paramos 
de Quito, on y trouve, à cóté d'arbrisseaux formés par les genres Gaultheria, 
Arbutus, Andromeda et Spiræa, de nombreuses herbes alpines qui appar- 
tiennent aux genres Alchimilla, Aster, Potentilla, Sida, Draba, Arabis, 
Gentiana, Ranunculus, Saxifraga, Cerastium, etc. On ne peut décrire dans 
les montagnes de l'Amérique centrale une région des Cryptogames, comme 
dans nos Alpes et nos Pyrénées, parce que jamais les montagnes n'atteignent 
dans cette région une assez grande hauteur pour que la température y arréte 
le développement des plantes vasculaires. 


Sur lF'odorat et les odeurs; par M. Fée (Bulletins de la Société 
royale de botanique de Belgique, t. 1v, n. 3); tirage à part en brochure 
in- 8° de 23 pages. 


Linné avait établi sept classes d'odeurs : ambrosiennes, pénétrantes, aro- 
matiques, alliacées, puantes, vénéneuses, nauséabondes. Saussure reconnaissait 
en elles des odeurs piquantes, muriatiques, balsamiques, hydro-sulfureuses et 
camphrées. Voici la classification établie par M. Fée pour les odeurs des végé- 
taux : 


I. — CORPS ODORANTS : 
A. — Superodorants : 


1° Odeur due à des huiles volatiles ayant presque toujours un siége spécial, et pour 
la plupart faciles à obtenir par une simple distillation. 


a. Camphroides (Laurinées, Menthes, Amomes, Cardamomes, Gubèbe, 
rhizome de l'Acorus Calamus, etc. ). 

b. Citrosmées (Hespéridées, Gardenia florida, Psidium aromaticum, 
Melissa officinalis, Thymus citriodorus , Hydrocotyle citriodora, fleurs 
d'OEnothera biennis, Funkia subcordata). 

c. Myrtoides (Muscade, Mais, écorce de Winter, Giroflier, Peperomia ver- 
ticillata, fleurs de plusieurs Dianthus, etc.). 

d. Anisoides (Anis, Badiane, Myrrhis, Fœniculum, Mirabilis suaveolens, 
Piper anisatum, Sassafras, résine Élémi, Boletus suaveolens, etc. ). 

e. Rhodoïdes (Rosa, Pelargonium roseum, P. capitatum, Sedum Rho- 
diola, Convolvulus scoparius). 

f. Anthémisoides (plusieurs Synanthérées). 


29 Odeur associée à un principe de nature résineuse avec acides cinnamique 
et benzoique. 


g, Balsamoides (Baume du Pérou sec, de Tolua, storax, benjoin, Vanille). 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. ] 261 


3° Odeur due à un arome de nature inconnue, quoique très-prononcée. 


h. Nardosmoides (Nardosmia fragrans, quelques Orchidées, fleurs du 
Cacalia Petasites Lam., de l Heliotropium peruvianum, du Cereus grandi- 
florus Mill., les fleurs tristes ou nocturnes de plantes de diverses familles). 

i. Ambrosioides (Ambrosia maritima, Chenopodium ambrosioides, Cen- 
taurea ambracea, Muscari ambrosiacum, Anthospermées du Cap). 

j. Moschoides (un grand nombre d'espéces fort connues et désignées par leur 
nom spécifique, la Cascarille, le Scandix odorata, les fleurs du Muscari, etc. ). 

k. Méliloides (Mélilot, Fève Tonka, Asperula odorata desséché, quelques 
Orchidées, Fénu grec). 

l. Narcissoides (Narcissus. poëticus, N. Jonquilla, Polyanthes tuberosa, 
Lilium candidum, Allium odorum L., A. suaveolens Jacq., etc. ). 

m. Zosmoides (Viola odorata, Cheiranthus Cheiri, Reseda odorata, fleurs 
de la Vigne, Nymphæa cærulea Savigny, fleurs de l'Olea fragrans, rhizomes 
d'/ris, fleurs de l'Aselepias syriaca, de l Hoya carnosa et du Paulownia 
imperialis). 

B. — Subodorants : 


Odeur prononcée, mais plus douce, non associée aux huiles volatiles, ou bien existant 
en pelite quantité. 
n. Méliosmides (Miel vierge, Galium verum, fleurs de Tilleul, du Vibur- 
num Lantana, du Spiræa Aruncus, de quelques Ombellifères). 
o. Jasminoides (Jasminum officinale, Ligustrum, Syringa, Chèvrefeuille). 
p. Amygdaloides (Anthoxanthum odoratum, semences des Amygdalées). 
q. Cyamoides (Fève en fleur, Robinia, Lathyrus odoratus, Phaseolus Ca- 
racalla, fleurs du Glycine chinensis et d'un grand nombre de Légumineuses). 
r. Maloides (Pomme-de- reinette, fleurs du Calycanthus precoz, Anthemis 
nobilis, fruit du Coignassier). 
s. Tamnoides (écorces de Chéne et de Quinquina). 


II. — CORPS NIDORANTS : 


A. — Supernidorants : 


40 Odeurs dues à des huiles volatiles tenant des résines en dissolution, que l'on peut 
facilement isoler par la distillation. 


a. Zérébinthoides (oléo-résine des Conifères, mastic, encens, baume de la 
Mecque et de Copahu, semences de Piitosporum, Teucrium Iva). 
20 Odeurs dues à des huiles volatiles, associées à des résines. 


b. Péganoides (Ruta, Dictamnus, Diosma, Haplophyllum, Erigeron 
canadensis, Tagetes patula, Sideritis fætida, plusieurs Sauges). 


262 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
3° Odeurs dues à la présence d'une essence sulfurée qu'il est parfois possible d'isoler. 


c. Allioides (un grand nombre d'A//ium, plusieurs Cruciféres, Asa 
fœtida, Sagapenum, racine des Acacias, etc. ). 


1 
4? Odeurs dues à des principes divers, en général peu connus. 


d. Fétoroides (Anagyris fœtida, Barkhausia fotida , B. graveolens, 
bois à odeurs stercorales, Datura, Jusquiames, etc.). 

e. Méconoides (Papaver, Lactuca et autres Chicoracées). 

f. Cicutoides (Conium maculatum, Cherophyllum virens et autres Om- 
bellifères, Pteris fetosma J. Sm. , etc.). 

g. Hircoides (Ononis hircina Jacq. , Satyrium hircinum, Agathosma 
apiculata Mey. , quelques Cleome). 

h. Ciminoïdes (Coriandre, Orchis coriophora, Cassia lignea). 

i. Ptéridosmoides (les Fougères). 

M. Fée termine en indiquant les odeurs animales qui se trouvent dans le 
règne végétal : odears cadavéreuses, spermatiques et saproïdes. 


Ueber Krystallbildung in vegetabiliseber Gewebe (Sur 
la formation de cristaux dans les tissus végétaux); par M. Vogel jeune 
(Sitzungsberichte der K. Bayer. Akademie der Wissenschaften zu Muen- 
chen, 1866, pp. 182-187). 


Nous mentionnerons exprés ce mémoire, bien qu'il ne traite pas précisément 
un sujet botanique, parce que son titre est de nature à induire les jbotanistes 
en erreur. Il n'y est, en effet, question. que des cristaux qui se forment dans 
les tissus d'origine végétale, tels que la toile et le papier, sous l'influence de 
certains agents chimiques, qui laissent cristalliser leurs éléments entre ceux 
de la toile ou du papier en en écartant les fibres, et en en détruisant la 
solidité. 


Prodromus systematis naturalis regni vegetabilis, editore 
et pro parte auctore Alph. De Candolle. Pars decima-quinta, sectio poste- 
rior, fasc. 2. Un volume in-8°, pp. 190-1285. 


Comme le titre l'indique, le volumineux livre que nous avons Sous les 
yeux né renferme que la suite de la seconde partie du 15° volume du Pro- 
dromus, c'est-à-dire de la monographie des Euphorbiacées que M. Boissier 
avait commencée par l'étude des Euphorbiées, et que M. Mueller termine 
dans le volume actuel par celle des autres tribus de cette grande famille. On 
concevra qu'il nous est impossible méme d'énumérer ici toutes les nouveautés 
signalées par M. Mueller (qui avait publié l'an dernier, dans le Lennea, la 
plupart d'entre elles). D'ailleurs nos confrères trouveront dans le compte rendu 
des séances une savante exposition de la méthode suivie dans ce travail par 
M. Mueller, due à M. le comte Jaubert (séance du 44 décembre (1866). 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. ' 963 


Le 16* volume du Prodromus doit terminer la publication de l'oeuvre en- 
treprise par A. -P. De Candolle. 


Salices europææ; recensuit et descripsit Fridericus Wimmer. Un vo- 
lume in-8° de 286 pages. Breslau, 1866, chez F. Hirt. 


Ce livre a été commencé par l'auteur il y a dix-huit ans; il est divisé en 
neuf parties, et comprend : 1° un catalogue bibliographique des publications 
de trois sortes faites sur le genre Salix, livres, gravures et exsiccatay 2° une 
introduction où l'auteur s'étend sur la. morphologie des Saules, sur leurs con- 
ditions biologiques, sur la taxonomie de ce genre, sur la manière d'en recon- 
naître les hybrides et sur sa distribution géographique; 3° la description des 
espèces, qui est trés-compendieuse, et occupe 130 pages; 4° la en des 
hybrides; 5° des additions ; 8° et 9° des tables. 

Voici le conspectus de la classification adoptée par M. Wimmer, qui | admet 
pour les Salix de l'Europe onze sections, savoir : 


I. Arborescentes, ramis pruinosis aut strigoso-pilosis, germinibus glabris com- 
pressis. 

S. lanata L., S. daphnoides Vill., S. pruinosa Wendl. 

II. Arborescentes, floribus serotinis, julis femineis in pedunculo foliato, brac- 
teolis concoloribus deciduis, nectariis in flore masculo binis, foliis oblongo- 
lanceolatis demum glabris. 

S. pentandra L., S. fragilis L., S. alba L., S. triandra L. 

III. Fruticosæ, bracteolis pallidis, filamentis semiconnatis, foliis linearibus. 
S. incana Schr. 

IV. Fruticosæ, bracteolis coloratis, filamentis connatis, foliis sublinearibus. 
S. purpurea L. 

V. Fruticosæ, bracteolis seminigris, filamentis liberis, germinibus subsessi- 
libus, stylis, stigmatibus nectarioque longis. 

S. viminalis L., S. Lapponum L., S. longifolia Host. 

VI. Fruticosæ, bracteolis seminigris, filamentis liberis, germinibus pedicel- 
latis, stylis brevibus, foliis latis pube vestitis. 

S. cinerea L., S. aurita L., S. caprea. 

VII. Fruticosæ, bracteolis seminigris, filamentis liberis, germinibus pedicellatis, 

obliquis, stylis brevibus, foliis latis glabrescentibus. 
S. silesiaca Willd., S. grandifolia Ser. 

VIII. Fruticosæ, bracteolis seminigris, filamentis liberis, germinibus pedicel- 
latis, stylis subfissis, stigmatum basi infundibuliformi, foliis ovalibus. 

S. nigricans Sm., S. Weigeliana Willd., S. glabra Scop., S. has- 
tata L. 

IX. Fruticulosæ, bracteolis ferrugineis, filamentis liberis, germinibus subsessi- 

libus, stylis fissis, foliis ellipticis. 


26A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
S. helvetica Vill., S. glauca L., S. pyrenaica Gouan, S. Myrsinites 
L., S. cæsia Vill, S. Arbuscula L. 
X. Fruticulosæ, humiles, bracteolis coloratis, filamentis liberis, germinibus 
pedicellatis. 
S. livida Wahlnb., S. myrtilloides L., S. repens L. 
XI. Fruticulosæ, trunco subterraneo ramosissimo, bracteolis coloratis, pellu- 
centibus. 
S. retusa L., S. herbacea Y., S. polaris Wahlnb., S. reticulata L. 


Manuel de l'amateur des jardins ; traité général d'horticulture ; 
par MM. J. Decaisne et Ch. Naudin. Tome H; in-8? de 824 pages, accom- 
pagné de figures dessinées par A. Riocreux, gravées par F. Leblanc. Paris, 
chez Firmin Didot. 


Il y a quelque temps déjà que notre Revue a rendu compte du premier 
volume de cet ouvrage, dont le second renferme la troisième partie, divisée 
en huit chapitres. | 

Le chapitre I” est consacré à l'étude climatologique de la France, que les 
auteurs ont tracée d'aprés l'excellent travail de M. Ch. Martins. 

Le chapitre II renferme des considérations pratiques sur les jardins fleu- 
ristes, les jardins paysagers, l'établissement des parcs, etc. 

Le chapitre III traite des plantes de collection qui servent à décorer les par- 
terres. Les auteurs y passent en revue les Rosiers, les OEillets, les Tulipes, 
les Jacinthes, les Lis, les Hémérocalles et autres Liliacées de second ordre, les 
Amaryllidées, les Iridées, les Primevéres, la Pensée, les Anémones et les Re- 
noncules, les Chrysanthémes de la Chine et de l'Inde, la Reine- Marguerite et 
le Dahlia. 

Le chapitre IV traite des plantes de fantaisie propres àla décoration des 
parterres. Le nombre en est si considérable, que nous ne pouvons tenter de 
les énumérer. ; 

Le chapitre V traite des plantes grimpantes à tiges annuelles et à tiges 
vivaces et plus ou moins ligneuses, et le chapitre VI des grandes plantes orne- 
mentales. 

Le chapitre VII est consacré aux plantes aquatiques et aux aquariums. On 
y trouve des détails sur les Joncs, les Laiches, les Souchets, le Papyrus 
d'Égypte, les Scirpes, les Roseaux et autres Monocotylédones aquatiques; sur 
la Cardamine des prés, le Ménianthe, le Vi/tarsia, les Podophylles et les Sar- 
racénies ; et plus particulièrement sur les Nénufars, les Nymphéas, les 
Earyales, le Victoria, les Nélumbos, l'Hydrocléis, les Ouvirandras et la Val- 
lisnérie. 

Le chapitre VIII traite des plantes à cultiver en pots à l'air libre, des 
plantes d'appartements et de fenêtres, des plantes alpines ou de rocailles et 
des Fougères. 


[n 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 65 

Ucher die Zwisehenformen zwischen den Pflanzen- 
arten (Sur les formes intermédiaires aux espèces végétales); par M. C. 
Nægeli (Sitzungsberichte der K. Bayer. Akademie der Wissenschaften 
zu Muenchen, 1866, pp. 190-235). 


Les intermédiaires que la nature nous offre entre un grand nombre d'es- 
peces végétales nous montrent clairement, dit l'auteur, la parenté des espèces, 
et, d'un autre cóté, nous prouvent qu'elles ne sont pas absolument différentes 
l'une.de l'autre, et qu'elles dérivent les unes des autres, ou du moins d'une 
origine commune. Il est arrivé souvent aux descripteurs de prendre ces inter- 
médiaires pour des hybrides, en vertu d'une disposition préconcue que l'au- 
teur qualifie d'hybridomanie. On peut suivre, dit-il, pour juger de la nature 
hybride d'une forme végétale spontanée, les regles suivantes. 

|. L'hybride est dans tout son système végétatif, méme dans son inflores- 
cence et ses enveloppes florales, et le plus souvent aussi dans ses étamines et 
son pistil, complétement normal, et ne se distingue aucunement par ces 
organes du reste des végétaux ; de sorte que nous ne poavons décider à pre- 
miere vue si une plante donnée est ou non hybride. 

2. Comme les hybrides sont souvent féconds, et que les individus des 
espèces légitimes sont parfois stériles, on ne peut tirer de l'état plus ou moins 
parfait des organes sexuels une preuve d'hybridité. 

3. Les hybrides sont des formations intermédiaires régulières, puisqu'ils 
ont tiré généralement leurs caractères d'une manière à peu prés équivalente 
de ceux de chacun de leurs parents. Ils re franchissent le cercle où la nature 
les enferme que dans des conditions très-limitées et trés-déterminées, puisque 
leurs facultés de reproduction sexuelle sont affaiblies et que leurs forces végé - 
tatives sont surtout excitées. Nous ne devrons, par conséquent, revendiquer 
une plante comme hybride que quand ses caractères taxonomiques répon- 
dront à ce qu'exige la théorie. 

^. Entre deux formes, il n'y a de possible qu'uneseule forme intermédiaire 
de nature hybride, car pour les caractères taxonomiques de celle-ci, il est 
indifférent qu'elle ait eu pour père, pendant la fécondation, l'un ou l'autre 
de ses deux parents. Au contraire, l'hybride peut produire diverses variétés 
qui se rapprochent plus ou moins de ses parents. 

5. La fécondation croisée a lieu par un pollen étranger, pourvu que pen- 
dant le temps souvent trés-court où l'organe femelle est apte, l'étamine de la 
fleur demeure éloignée du stigmate, Comme ces circonstances sont fréquentes, 
et que, de plus, l'époque de maturité diffère souvent dans les organes des 
deux sexes et de la méme fleur, on concoit que, gràce aux insectes, les hy- 
brides soient si fréquents chez les plantes spontanées. 

6. Les hybrides d'espéces sont ordinairement stériles ou d'une fécondité 
bornée. Dans ce dernier cas, ils produisent par la fécondation intrinséque un 


266 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


faible nombre de graines aptes à germer, et s'évanouissent aprés un petit 
nombre de générations. La fécondation par un des deux parents exclut la 
reproduction intrinséque et fait revenir l'hybride au type employé comme 
fécondateur. Les formes hybrides intermédiaires se conduisent, relativement 
à leur parenté avec les types d’où elles proviennent, de trois manières : 

A. Comme des formes intermédiaires représentées par un très-petit nombre 
d'individus complétement stériles, sans qu'il y ait de passage entre eux et 
leurs parents. 

B. Comme des formes intermédiaires clair-semées, rarement fécondes, 
présentant un petit nombre de passages vers l'un ou l'autre des types originels. 
. G Comme des formes intermédiaires plus ou moins clair-semées, douées 
d'une fécondité partielle et offrant de nombreux exemples d'un tel passage. 
Ce sont là les variétés qui se rapprochent le plus du caractère de l'espèce. 

7. Tandis que les règles comprises dans les six paragraphes précédents pa- 
raissent bien établies, et que les formes intermédiaires exposées dans le para- 
graphe 6 sont certainement d'origine hybride, il y a d'autres formes intermé- 
diaires qui se font remarquer par un plus grand nombre d'individus, par la 
constance de leurs caracteres et de leur fécondité, et dont l'origine reste dou- 
teuse. Elles se conduisent de trois manières : 

A. Comme une forme intermédiaire isolée, séparée des deux espèces voi- 
sines par des lacunes que remplissent des formations hybrides clair-semées. 

B. Comme deux ou plusieurs formes intermédiaires isolées, qui s'étagent 
par degrés d'une des deux espèces voisines à l'autre; les lacunes qui se trou- 
vent entre elles, comme entre elles et ces espèces, sont remplies par quelques 
formations hybrides de transition. 

C. Comme une série de transitions insensibles entre les deux espèces voi- 
sines, transitions dont tous les échelons sont représentés par des individus 
nombreux et parfaitement féconds. 

Ce qui semble plaider pour l'hybridité de ces formes intermédiaires con- 
stantes, c'est qu'elles ne se rencontrent presque jamais qu'en société avec les 
deux formes légitimes. Mais les expériences d'hybridation artificielle s'oppo- . 
sent à cette interprétation; d’après elles, en effet, on ne peut concevoir qu'en 
présence des types originels il se développe un ou plusieurs intermédiaires sous 
des formes constantes et morphologiquement isolées. Il est encore à remarquer 
que les hybrides artificiels ou spontanés ressemblent beaucoup aux formes 
constantes intermédiaires entre leurs parents, mais s'en distinguent par leur 
fixité bien moindre. 


Icones ad floram Europæ novo fundamento instau- 
randam spectantes, auctoribus Alexi Jordan et Julio Fourreau ; 
47° et 2° livraisons. Paris, chez F. Savy, 1866. Prix de la livraison : 9 fr. 


Les plantes figurées dans cet ouvrage sont : 4° les espèces nouvelles ou Crt- 


REVUE DIBLIOGRAPITIQUE. 267 


tiques signalées antérieurement par M. Alexis Jordan dans ses divers travaux, 
notamment dans le Pugillus plantarum novarum præsertim gallicarum , et 
dans la première partie du premier volume des Diagnoses d'espèces nouvelles 
ou méconnues ; 3° celles qui paraîtront dans la suite de ce dernier ouvrage, 
ainsi que dans le Breviarium plantarum novarum, dont le premier fasci- 
cule, qui est sous presse, sera suivi bientôt de plusieurs autres ; 3° les plantes 
rares ou critiques signalées par divers auteurs, qui sont encore peu connues, 
dont il n'existe pas de figures ou dont la comparaison est indispensable pour 
l'exacte appréciation des autres espèces nouvellement signalées. 

En raison des matériaux dont les auteurs ont pu disposer, et par suite de la 
direction spéciale donnée à leurs recherches, les plantes critiques de l'Europe 
occidentale, celles de la France notamment, sont surtout représentées dans 
cette publication. Cependant, celles des autres parties de l’Europe, ainsi que 
les espèces d'Afrique ou d'Asie qui appartiennent au bassin méditerranéen, 
n'en sont pas exclues. Même parmi.les vraies exotiques, les auteurs y placent 
celles que leur rapport avec certaines plantes d'Europe pourraient faire con- 
fondre avec elles. 

La localité précise d'où provient la plante figurée est toujours indiquée. 

Toutes les plantes, sauf de très-rares exceptions, sont dessinées et coloriées, 
d'aprés nature, sur le vif. Une culture étendue et déjà ancienne, dirigée ex- 
clusivement au point de vue de l'étude des plantes critiques, a permis de pré- 
senter toujours les espèces affines dans des états tout à fait analogues. Il 
résulte de là que les différences indiquées, soit dans le port, soit dans les 
analyses de la plante, ne sont point celles qui pourraient étre produites par la 
diversité du sol ou de l'exposition, ni celles qui correspondraient à des modi- 
fications accidentelles ou à de simples états individuels d’un méme type. Ce 
sont, au contraire, selon M. Jordan, les vraies notes caractéristiques et spéci- 
fiques, donnant la mesure exacte de la diversité qui existe entre des types 
qui, pour étre uuis par des rapports intimes, n'en sont pas moins essentielle- 
ment distincts, 

Les dénominations génériques anciennes ont été généralement conservées. 
On a cru pouvoir se borner provisoirement à l'admission de certains genres 
proposés par divers botanistes, dont l'utilité, d'abord contestable, est devenue 
évidente pour les auteurs, par suite de l'accroissement du nombre des espèces. 

Dans le but deles rendre plus faciles à étudier et à comparer, les plantes 
critiques sont, antant que possible, rapprochées par petits groupes de formes 
similaires. Mais, comme les matériaux réunis pour ce travail sont très- 
considérables et devront s'accroitre encore, les séries trés-nombreuses d'es- 
peces affines ne sont pas données tout entières à la fois. On s’est plutôt appli- 
qué à présenter successivement de petites séries d'espèces appartenant aux 
familles les plus diverses, afin de varier devantage les sujets d'étude et sur- 
tout de faire apprécier, par des exemples plus nombreux et plus instructifs, la 


268 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

loi d'affinité qui, selon M. Jordan, réunit par groupes et rapproche, sans les 
confondre, les unités spécifiques que la nature a placées dans une même 
contrée, pour s'y développer et s'y perpétuer indéfiniment, dans des condi- 
tions analogues ou même parfaitement identiques. 

Cet ouvrage parait par livraisons de cinq planches gravées sur cuivre et 
coloriées, format grand in-4°, accompagnées ordinairement d'une feuille de 
texte du méme format. Les planches sont munies d'un numéro d'ordre qui 
correspond à l'ordre des livraisons. Le texte est paginé à part. Comme les 
planches contiennent souvent deux, quelquefois trois ou quatre espèces, 
celles-ci ont une numération distincte, selon l'ordre d'apparition, qui servira 
à faciliter les citations. 

Une ou deux livraisons paraissent chaque mois. Les trente premieres livrai- 
sons formeront le premier volume, qui sera accompagné d'une table des ma- 
tières. 

Les deux premières livraisons parues renferment la diagnose et la figure de 
vingt Z'rophila, de cinq Papaver du groupe du P. dubium, de cinq Aspho- 
delus du groupe de l'A. ramosus et de trois Tulipa du groupe du 7. Gesne- 
riana. 


Des vaisseaux propres dams les Ombelliféres; par M. A. 
Trécul (Comptes rendus, t. LXIII, pp. 154-160, 201-209; 1866). 


Ces vaisseaux ou canaux résineux sont, dans les plantes que M. Frécul a 
étudiées, des vaisseaux le plus ordinairement continus, ramifiés, anastomosés 
les uns aux autres, et formant un système qui s'étend. dans toutes les parties 
du végétal. Ce système n'a pas de membrane propre; il est limité le plus 
communément par une rangée de cellules plus petites que les cellules envi- 
ronnantes; mais, quelquefois, ces cellules ne se distinguent pas du tout, ou a 
peine, des utricules adjacents. Le suc contenu dans ces canaux est limpide 
ou trouble, blanc-laiteux ou jaune, à divers degrés. Il est limpide dans les 
Pastinaca sativa, Scandix Pecten Veneris, Cherophyllum bulbosum, Bu- 
pleurum fruticosum, etc. Il est d'un blanc-laiteux dans les parties jeunes des 
Ferula tingitana et glauca, Angelica silvestris, Smyrnium Olusatrum, 
Daucus Carota (sauvage) ; trouble et jaune dans les Sison Amomum, 1mpe- 
ratoria Ostruthium ; d'un très-beau jaune limpide ou trouble dans les Opo- 
panax Chironium et orientalis. 

Selon les espèces, le plexus des canaux. résineux présente dans l'écorce des 
racines d'Ombelliferes diverses dispositions que décrit l'auteur ; dans quelques- 
unes dont l'écorce interne était bien conservée, il a pu voir ces canaux rangés 
en cercles concentriques (Opopanax Chironium, Sison Amomum, Eryngium 
campestre, Fœniculum vulgare, Bupleurum angulosum, etc.). 

Quelques Ombellifères, comme l'Opopanaz Chironium et le Myrrhis 
odorata, présentent des vaisseaux propres, même dans le système fibro-vascu- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 969 
laire de leurs racines; il en existe aussi, à la surface des faisceaux vasculaires, 
dans les racines adventives de l’ UZnanthe crocata. La racine de Myrrhis exa- 
minée par M. Trécul avait, autour d'un petit axe muni de vaisseaux rayfs, 
trois zones de faisceaux vasculaires alternant avec quatre couches corticales. 
L'écorce externe avait la structure propre à beaucoup d'Ombelliferes, et con- 
tenait des canaux oléo-résineux comme celles-ci. Les autres couches d'écorce 
avaient aussi des vaisseaux propres dans les points correspondant aux inter - 
valles des rayons médullaires. 

L'auteur a observé des vaisseaux propres dans la moelle de la souche chez 
le Seseli varium et chez l’Zmperatoria Ostruthium. Chez cette dernière 
plante, il existe au pourtour de la moelle deux à quatre rangées longitudi- 
nales de cavités elliptiques pleines d'un suc jaune, ordinairement comprises 
entre deux réseaux horizontaux de canaux oléo-résineux. Ces excavations sont 
entourées de cellules comprimées qui peuvent renfermer des gouttelettes 
d'oléo-résine où des grains d'amidon. Un examen attentif apprend que de 
petites branches, partant des canaux réticulés transversaux, s'ouvrent dans ces 
curieuses cavités. Il en est de méme dans l'écorce. L'examen des jeunes rhi- 
zomes, qui n'ont que des canaux correspondants, prouve que ces cavités ne 
sont que des hypertrophies des vaisseaux normaux. 

Dans la tige aérienne des Ombellifères, les vaisseaux propres existent pa- 
reillement dans lécorce et dans la moelle, et ils y présentent des variations 
quant au nombre et à la distribution. Pour leur répartition dans l'écorce, dix 
modifications sont décrites par M. Trécul. Les vaisseaux propres de cette 
écorce ne s'anastomosent guère dans les entre-nœuds, mais chez les Smyr- 
nium Olusatrum, Ferula tingitana, Anthriscus vulgaris, Bupleurum fru- 
ticosum, etc., on trouve, près de l'insertion des feuilles, des anastomoses 
effectuées par des branches horizontales ou obliques. Presque toutes les Om- 
bellifères ont des canaux oléo-résineux dans la moelle. Dans les plantes à tige 
fistuleuse, le parenchyme périphérique conservé renferme ordinairement des 
vaisseaux propres; dans quelques espèces peu communes, où les vaisseaux 
propres du centre sont conservés, bien que la moelle soit devenue fistuleuse, 
ils forment, entourés de quelques rangées de cellules, des cordons qui s'éten- 
dent d'un mérithalle à l'autre (Smyrnium Olusatrum). Dans V Heracleum 
Sphondylium, la moelle est de même en partie détruite au centre, mais il 
en reste une portion qui enveloppe les vaisseaux propres sous forme de 
lamelles par lesquelles ils sont rattachés latéralement à l'étui médullaire. Leurs 
extrémités aboutissent aux cloisons transversales, qui interrompent la cavité 
des tiges vis-à-vis de l'insertion des feuilles. 

L'auteur fait remarquer que la cloison intérieure qui sépare les mérithalles, 
dans les tiges fistuleuses comme dans celles qui ne le sont pas, est propor- 
tionnée à la dimension de la gaine. Quand les feuilles inférieures sont tout à 
fait amplexicaules, la cloison correspondante est complète; si, au contraire, les 


270 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


feuilles supérieures deviennent de moins en moins embrassantes, les cloisons 
deviennent incomplètes aussi du côté opposé à la gaine. Il existe souvent dans 
cette cloison un plexus de vaisseaux propres, méme quand il en manque dans la 
moelle. 1l y existe aussi des faisceaux fibro-vasculaires quand ceux-ci se rer- 
contrent, soit au pourtour de la moelle (ŒÆ'nanthe crocata), soit épars jus- 
que dans le centre de celle-ci (Opopanax Chironium, Ferula tingitana et 
communis). Les vaisseaux propres de la moelle communiquent avec ceux de 
l'écorce, de la feuille et des bourgeons. Dans les feuilles, les vaisseaux propres 
des diverses nervures communiquent également entre eux. Les pétales en 
renferment aussi. 

Outre les vitto, il y a, dans les ovaires de beaucoup d'Ombelliféres, des 
canaux oléo-résineux qui sont la prolongation de ceux du pédoncule et de la 
tige. Quelquefois, ces derniers existent seuls dans les fruits (Asérantia major, 
Scandix Pecten Veneris). 

De même que dans les canaux oléo-résineux des Composées, il se produit 
des membranes d'apparence cellulaire dans les canaux oléo-résineux de cer- 
taines Ombelliferes. Là, le suc oléo-résineux se divise en parties, le plus sou- 
vent inégales; chaque partie se revêt d'une pellicule qui simule une mem- 
brane cellulaire. Cette membrane, ordinairement brune, résiste à l'action 
de l'acide sulfurique concentré, et, aprés l'action de l'iode et du méme acide, 
elle ressemble beaucoup à la cuticule du péricarpe. 


Structure anomale dans quelques végétaux et en par- 
ticulier dans les racines da Myrrhèis odorata; par 
M. A. Trécul (Comptes rendus, t. LXIII, pp. 245-254). 


M. Trécul revient dans cette note sur un fait qu'il. n'avait fait qu'effleurer 
dans la précédente, l'existence des couches génératrices multiples dans la 
tige de certains végétaux. Il signale dans le pétiole du Pastinaca sativa, dans 
les faisceaux vasculaires composés de certaines Aroidées, dans la moelle des 
Campanula Cervicaria, pyramidalis et lamiifolia, des formations opposées 
l'une à l'autre par leur partie libérienne. Chez d'autres plantes, les faisceaux 
s'associent au contraire par la juxtaposition des éléments ligneux et vasculaires 
proprement dits. Cette disposition s'observe dans les tiges de l'Œnanthe 
crocata, de l Aralia esculenta, ainsi que dans les pétioles des Aralia chi- 
nensis et spinosa. ; 

L'accroissement le plus singulier du système fibro-vasculaire a été offert à 
[auteur par les racines du Myrrhis odorata. Ces racines possèdent d'abord 
la structure normale. Quand elles sont parvenues à une certaine dimension, 
leur corps cellulo-vasculaire central se partage en deux parties. Il se fait, dans 
la région moyenne, suivant une ligne circulaire, une couche génératrice secon- 
daire par la division des cellules interposées aux vaisseaux. Souvent la nou- 
velle couche ne forme d'abord qu'un croissant (déjà pourvu de canaux oléo- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 271 


résineux), mais peu à peu ses bords s'étendent ; enfin ils se rejoignent, et l'on 
a alors sous les yeux une zone circulaire complète de tissu cortical enfermé 
entre une zone externe vasculaire et un axe vasculaire aussi. Bientôt, la com- 
plication devient plus grande encore. La multiplication des couches qui sur- 
viennent s'effectue de deux manières, alternativement ou simultanément, soit 
par une nouvelle production corticale dans la zone vasculaire externe, soit par 
la formation de nouveaux faisceaux vasculaires sur le cóté interne des fais- 
ceaux de cette zone. On arrive ainsi à une écorce qui présente, sur une coupe 
transversale : 4° l'écorce externe ; 2° la couche génératrice ordinaire; 3° une 
zone vasculaire avec direction normale de ses faisceaux; ^^ une couche 
génératrice; 5° une écorce avec vaisseaux propres normaux; 6° une zone de 
faisceaux vasculaires dirigés aussi normalement; 7° une zoue de faisceaux 
vasculaires inverses; 8° une couche génératrice; 9° une écorce ; 10° un axe 
vasculaire. Le développement, cependant, ne s'arréte pas là; et quelquefois 
une des parties d’un faisceau s’individualise en quelque sorte, en s’entourant 
d’une couche génératrice. 


Recherches sur la pourriture des fruits; par M. C. Davaine 
(Comptes rendus, t. LXII, pp. 276-279). 


La pourriture, qui doit être distinguée de l'altération produite par une con- 
tusion, par la chaleur ou par la congélation, est déterminée par le développe- 
ment du mycélium d'un Champignon; dans toute partie de fruit pourrie, on 
trouve un mycélium, c'est-à-dire les filaments de la tige souterraine ou de la 
racine d'un Champignon, accompagnée quelquefois des spores d'un myco- 
derme. Cette pourriture est déterminée tantót par le Mucor Mucedo, tantót 
par le Penicillium glaucum. La pourriture occasionnée par le développement 
de ces mycéliums est contagieuse pour les fruits sains, mais seulement quand 
l'épiderme qui les protége a été altéré. L'introduction des spores du Mucor ou 
du Penicillium sous l'épiderme des fruits produit le méme résultat que le 
contact du mycélium. Les spores du Mucor ainsi introduites germent en cinq 
ou six heures, tandis que celles du Penicillium, dans le méme milieu et par 
la méme température, ne germent qu'en douze ou quinze heures. La pourri- 
ture qui est déterminée par le Mucor a une couleur plus foncée et une mollesse 
plus grande ; il se fait, en outre, un dégagement abondant d'acide carbonique, 
qui donne aux tissus, lorsque ce gaz est retenu, une sorte de turgescence, 
une apparence emphysémateuse, que le Penicillium ne produit pas. 

Chez les Poires et les fruits des Rosacées en général, les spores pouvant 
pénétrer par l'hiatus qui est au centre des folioles calicinales, produisent le 
blettissement, qui n'est autre chose qu'une pourriture, comme M. Davaine 
s’en est convaincu par une expérience analogue aux précédentes, 


NS 


22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ee Jardin fruiticr du Muséum, ou iconographie de toutes les 
espèces ou variétés d'arbres fruitiers cultivés dans cet établissement, avec 
leur description, leur histoire, leur synonvmie, etc.; par M. J. Decaisne. 
In-4° avec planches coloriées par M. Riocreux. Livraisons 65-72, 1864-65. 
Paris, chez Firmin Didot. 


65° livraison. — Pécher de Malte. Feuilles dépourvues de glandes, forte- 
ment dentées. Fleurs grandes, d'un rose carné très-pâle. Fruit à peine 
moyen, à chair non adhérente, mûrissant dans la dernière quinzaine d'aoüt. 
— Pécher admirable jaune. Feuilles glanduleuses, à glandes réniformes. 
Fleurs petites. Fruit gros, à chair jaune, non adhérente, mürissant vers la fin 
de septembre. — Poire du comice. Fruit d'automne, moyen ou gros, turbiné, 
oblong ou ventru; à queue souvent assez courte, charnue, plissée, droite ou 
oblique, légèrement enfoncée dans le fruit; à peau jaunâtre ou jaune, recou- 
verte de larges taches fauves, ordinairement lavée de rouge vif du côté du 
soleil; à œil placé au milieu d'une dépression assez profonde; à chair demi- 
fondante, très-juteuse, parfumée. — Poire Dalbret. Fruit d'automne, moyen, 
turbiné ou piriforme, obtus ; à queue droite ou un peu oblique ; à peau vert- 
jaunâtre ou jaune, plus ou moins complétement recouverte de taches rousses 
ou fauves ; à chair fine, fondante, sucrée-acidulée, parfumée. 

66° livraison. — Pêcher Téton de Vénus. Feuilles glanduleuses, à glandes 
globuleuses. Fleurs très-petites. Fruit gros, souvent mamelonné, à chair non- 
adhérente, mürissant vers la fin de septembre. — Pécher Grande-Mignonne 
hátive (A).— Poire Chat-brálé. Fruit de fin d'automne, petit ou moyen, piri- 
forme ; à queue cylindracée, insérée dans l'axe ou sur le côté du fruit ; à peau 
lisse, jaunâtre, plus ou moins recouverte de taches fauves et colorée en rouge 
obscur au soleil; à chair cassante, sucrée, peu juteuse. Fruit à cuire. — 
Poire Louise de Boulogne. Fruit d'hiver, maliforme, moyen, très-déprimé ; à 
queue droite, ordinairement grosse et courte ; à peau vert-jaunátre, unicolore, 
parsemée de points bruns; à chair demi-cassante, sucrée. 

67: livraison. — Pécher Brugnon hátif d' Angervilliers. Feuilles glandu- 
leuses, à glandes réniformes. Fleurs très-petites, campaniformes. Fruits à 
peine de moyenne taille, à chair non adhérente, márissant vers le 15 août. — 
Pêcher Belle-de-Doué. Feuilles glanduleuses, à glandes globuleuses. Fleurs 
très-petites. Fruits très-gros, fortement colorés, déprimés, à chair non adhé- 
rente, mûrissant versle commencement d'août. — Poire d'argent. Fruit d'été, 
petit, turbiné ; à peau jaune-verdátre, lisse, parsemée de petits points; à queue 
droite ou oblique, élargie et se confondant avec le fruit, ou cylindracée e 
placée dans un léger enfoncement; à chair fine, demi-fondante, sucrée-act- 
dulée, légèrement parfumée. — Poire de Saint-Ours. Fruit d'été, turbiné ; 


(1) La feuille renfermant la description de ce Pécher manquait dans la collection que 


nous avons consultée. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 273 

à queue assez longe, droite, cylindracée, insérée dans l'axe du fruit; à peau 
jaune à l'ombre, d'un beau rouge au soleil, parsemée de points et de quelques 
marbrures fauves et légèrement squameuses; à chair demi-fondante, très- 
sucrée, parfumée. 

68° livraison. — Poire Matou. Fruit d'été, moyen ou gros, piriforme, 
régulier ; à queue droite, cylindracée, insérée dans l'axe du fruit; à peau 
épaisse, un peu rude, jaunátre, plus ou moins recouverte de taches et colorée 
en rouge vif au soleil, toujours marquée de fauve autour de la queue; à chair 
cassante, acidulée -astringente, — Poire Baronne-de- Mello. Fruit d'automne, 
moyen, piriforme-ventru, plus ou moins régulier; à peau assez lisse, à fond 
jaune terne, presque complétement recouverte d'une couche d'un brun fer- 
rugineux, à peine pointillée; à queue cylindracée ou plus ou moins renflée à 
son insertion sur le fruit; à chair très-fine, fondante, parfumée, — Pécher 
pleureur, Feuilles glanduleuses, à glandes réniformes. Fleurs trés-petites, d'un 
rose violacé. Fruit moyen, oblong, trés-rarement coloré, à chair adhérente. 
— Pécher Grande-Pointue. Feuilles à glandes globuleuses. Fleurs petites, 
Fruit turbiné-conique, à chair non adhérente, mûrissant vers la mi-août, 

69° livraison. — Pécher Madeleine- Blanche. Feuilles dépourvues de 
glandes. Fleurs grandes, d'un rose carné. Fruit moyen, sphérique ou légère- 
ment déprimé, à chair trés-Iégerement adhérente, — Pécher Siculle. Feuilles 
munies de glandes réniformes. Fleurs petites. Fruit gros, subsphérique, par- 
fois légèrement mamelonné, à chair non adhérente, mürissant vers le 15 sep- 
tembre. — Poire Liébart. Fruit d'automne, gros, oblong ou ovoide, obtus 
aux deux extrémités; à peau jaune pâle, parsemée de petits points, lavée et 
fouettée de rouge au soleil; à queue trés-charnue et enfoncée dans le fruit; à 
chair cassante, peu juteuse, acidulée ou astringente. — P. Defays. Fruit 
d'été, arrondi, bosselé autour de la queue, qui est cylindracée et légèrement 
enfoncée; peau lisse, jaune, lavée de rouge orangé du côté du soleil; œil 
placé au milieu d'une dépression entourée de cótes; chair trés-fine, fondante, 
parfumée. 

70° livraison. — Pécher Montigny. Feuilles glanduleuses, à glandes réni- 
formes. Fleurs grandes, d'un beau rosc. Fruit ovoide-conique, pointu, à chair 
légèrement adhérente, mürissant au commencement de septembre. — PécAer 
de Chine à fleurs rouges doubles. Feuilles glanduleuses, à glandes réniformes. 
Fleurs grandes, doubles, d'un rouge vif cocciné. Fruit allongé, terminé en 
pointe au sómmet, à chair adhérente, márissant dans la dernière quinzaine de 
septembre, — Poire Jansemine. Fruit d'été, petit ou moyen, arrondi ou tur- 
biné, obtus; à peau lisse, vert-jaunátre, unicolore; à queue grêle, oblique, 
evlindracée, blonde, ordinairement épaissie à son inse! tion sur le fruit; à chair 
blanche, demi-fondante, un peu granuleuse, sucrée, parfumée. — P. Thom- 
pson. Fruit de fin d'été, gros, Oblong ou turbiné-ventru, bosselé; à queue 
droite ou courbée, courte, ins*rée dans l'axe du fruit; à œil enfoncé, souvent 

T iL (nevue) 18 


27h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


entouré de bosselures ; peau jaune-brun, parsemée de gros points, ainsi que 
de marbrures fauves; chair très-fine, juteuse, parfumée. 

74° livraison. — Pécher d'Ispahan. Feuilles dépourvues de glandes, fine- 
ment et assez profondément dentées. Fleurs grandes. Fruit petit, subsphé- 
rique; à chair non adhérente ou légèrement adhérente, mûrissant vers le 
15 septembre. — Pécher Bourdine. Feuilles à glandes globuleuses. Fleurs 
petites, d'un rose violacé. Fruit assez gros, ovoide-oblong ; à chair non adhé- 
rente, márissant dans la dernière quinzaine de septembre. — Poire d'Ange. 
Fruit d'été, ventru ; à peau verte, parsemée de points arrondis entremélés de 
quelques petites taches fauves ; à queue assez longue et gréle, droite ou arquée, 
enfoncée dans le fruit; à chair blanchâtre, trés-granuleuse, juteuse, sucrée, 
acidulée, parfumée, — P. de Marsaneiz. Fruit d'hiver, maliforme, petit; à 
queue grêle, droite ou légèrement arquée; à peau brune ou ferrugineuse, 
parsemée de très-petits points blanchâtres ; à chair cassante, sucrée, Fruit à 
cuire. 

72° livraison. — Pécher Pucelle de Malincs. Feuilles dépourvues de 
glandes, fortement dentées. Fleurs grandes, d'un beau rose. Fruit subsphé- 
rique, parfois un peu inéquilatéral; à chair non adhérente, mürissant vers le 
15 août. — Pécher Pavie-Bonneuil. Feuilles dépourvues de glandes, forte- 
ment dentées. Fleurs grandes, d'un rose carné pâle. Fruit de moyenne gros- 
seur, subsphérique; à chair fortement adhérente, márissant dans le courant 
de novembre. — Poire Musette. Fruit d'été, petit ou moyen, allongé en 
forme de cornue; à peau d'un jaune pâle, souvent marquée de fauve autour 
de l'œil; à queue très-courte ou nulle; à chair blanche, cassante, sucrée 
légèrement astringente, sans parfum. — P. sucrée de Montluçon. Fruit 
d'automne, turbiné, ventru, souvent irrégulier, à peau jaune, parsemée de 
points roux ou ferrugineux entremélés de quelques taches, et plus ou moins 
colorée de rouge au soleil; à queue arquée, dressée ou oblique; à œil placé 
au fond d'une dépression très-profonde ; à chair fondante, sucrée, parfumée. 

73° livraison. — Pécher Brugnon-Gathoye. Feuilles à glandes globuleuses, 
rares. Fleurs grandes. Fruit moyen, subsphérique ou oblong, à chair non 
adhérente, mûrissant de la fin d'août au commencement de septembre. — 
Pécher tardif des Mignots. Feuilles à glandes réniformes. Fleurs grandes. 
Fruit oblong, souvent bosselé, à chair non adhérente, mûrissant dans la pre- 
mière quinzaine de septembre, — Poire Seringe. Fruit d'été, moyen, ovoide, 
à peau lisse, jaune pâle, parsemée de points entremélés de quelques petites 
taches brunes; à queue longue, dressée ou courbée, légèrement renflée aux 
deux bouts; à chair très-fine, fondante, sucrée, acidulée, — P. Carrière. 
Fruit d'été, petit, piriforme, à peau mi-partie jaune-verdàtre et rouge foncé 
au soleil; à queue longue, courbée, quelquefois accompagnée de plis à son 
ansertion sur le fruit; à chair cassante, peu juteuse, sucrée, acidulée. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 279 
Eine Karpatenreise ausgefuchrt fm August und Sep- 
tember 1864 uñd be:chriebeu vön (Un voyage aux Car- 

pathes, exécuté en août ct en septembre 1864, e£ décrit par) MM. P. 

Ascherson, A. Engler, M. Kuhn et C. Reimatin (Extrait des Verhand/un- 

gen des botanischen Vereines fuer Brandenburg, livr. vii); tirage à part 

en brochure in-8° de 106-173 pages. Berlin, R. Gærtner, 1866. 

Nous ne saurions analyser cette publication. I faudrait pour cela entrer 
dans des détails que notre cadre exclut. Mais on la consultera avec intérêt, si 
l'on étudie la végétation des montagnes de l'Europe centrale, l'excursion réa- 
lisée par les auteurs ayant eu pour but principal les monts Tatra, situés en 
Hongrie, dans la partie la plus haute des Carpathes. Les Cryptogames cellu- 
laires ont été recueillies et déterminées par M. Kuhv, qui a exécuté quelques 
observations météorologiques. 


Piluiaridæ gtobulifer«e 5cuerntíio eum Marsili com- 
parata ; scripsit Joannes Hanstein. In-A4? de 16 pages. Bonn, 1866, chez 
Adolphe Marc. Prix: 4 franc. 


Bernard de Jussieu (1739), Bischoff (Die AKryptogamischen Gewwchse, 
1818), Mettenius (Beitr. zur Kenntn. d. Rhizocarpeen, 1846), M. Nægeli 
(Fortpflanzung der Itkizocarpeen, in Schleiden and Nægeli Zeitsch. f. wiss. 
Bot.) et M. Pringsheim (Zur Morphologie von Salvinia natans, in Jakrb. 
ut; Befruchtung und Entwickelung der Gattung Marsilia, in JaArb. tv, 
197), sont les auteurs qui, avec M. Hofmeister, se sont le plus occupés de la 
reproduction des Marsiliacées. M. Hanstein a publié de belles observations sur 
le méme sujet dans les Monatsb. der Berliner Akademie der Wiss. 1862, 
p. 103. Aujourd'hui, il traite seulement de quelques points de cet acte phy- 
siologique. Il recherche à quelle époque les spores sont émises, comment se 
fait la génération des corpuscules mâles, l'issue du proembryon, et enfin il 
étudie l'origine et l'aecroissement de la plantule qui en naît; il termine par 
quelques observations sur la structure du conceptacle. 

Chez la Pilulaire, il ne faudrait pas croire que les conceptacles demeurassent 
pendant l'hiver enfouis dans le sol pour s'ouvrir seulement au printemps; c'est 
aussitôt après la maturité de ces organes, et quand ils adhèrent encore à leur 
pédicule, que ce phénomène à lieu subitement. Chez les Marsilia, il se pro- 
duit, au contraire, plus lentement et graduellement; il n'est pas rare d'y 
observer des spermatozoides sortis des microspores, alors que les macrospores 
n'ont pas encore émis leur proembryon, et devenus inutiles à une fécondation 
trop tardive. : 

Pour la génération de ces zoospores, l'auteur a observé les mémes divisions 
successives du protoplasnia que dans le genre Marsilia. Il existe cependant 
une différence notable entre les organes mâles de ces deux genres. Dans 
les Pilularia, le spermatozoïde doit sortir complétement libre de sa cellule- 


276 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

mére, pour pouvoir se diriger rapidement vers l'organe femelle; au con- 
traire, dans les Marsilia, il conserve durant toute son existence un appendice 
gélatineux jusqu'à ce qu'il pénètre dans le tissu de la macrospore. Ici, le 
spermatozoïde, en quittant sa cellule-mère, entraîne dans son saccule tout ce 
que celle-ci contenait; au contraire, celui de la Pilulaire laisse dans sa cellule- 
mère tout le plasma qu'elle renfermait avant qu'il s'en échappàt. La question 
serait de savoir si ce dernier ne perd pas son appendice en sortant de la cellule, 
tandis que celui du Marsilia le perd dans le tissu de l'organe femelle. L'auteur 
incline à adopter cette interprétation des faits. Il pense que, dans tous les cas, 
le saccule ne peut être regardé comme un débris de la cellule-mère, mais 
comme une partie intégrante du spermatozoïde. — La cellule-mère globuleuse, 
avant de laisser s'échapper le spermatozoïde, prend une forme ovale ets'étrangle 
en son milieu; dans la partie supérieure à l'étranglement, on peut voir le 
fil spiral du spermatozoide enroulé le long de la paroi. Les granules d'amidon 
renfermés dans cette partie sont animés d’un mouvement de rotation sou- 
vent double de celui qui entraîne les granules de la partie inférieure. Cela 
doit être dû aux mouvements du fil spiral, qui s'ajoutent aux mouvements 
propres de la cellule-mère. — Au bout de quelque temps, la pointe antérieure 
du fil spiral perce la paroi de la cellule-mère et se montre au dehors au-dessus 
de son sommet; le spermatozoide déroulé continue de traîner pendant quelque 
temps la cellule-mère aprés lui; quand il s'en est détaché, celle-ci s'arrête 
aussitôt et reprend la forme globuleuse. Le spermatozoïde du Pilularia, qui 
a moins de spires et moins de cils que celui du Marsilia, a aussi un mouve- 
ment moins rapide. 

L'auteur n'a jamais pu voir de spermatozoïdes pénétrer davs le col de l'ar- 
chégone du Pilularia, mais il en a vu dans l'intérieur de cet organe après 
la fécondation, vivants encore ou déjà morts. 

Il pense que l'organe mâle est comme immergé dans la spore primordiale 
qui, résultant de la fécondation opérée au fond de l'archégone, doit produire 
la plantule qu'il nomme l'embryon des Rhizocarpées. Cet embryon est tout à 
fait semblable dans les deux genres qu'il compare. 

La structure du conceptacle est fort analogue dans le Pilularia et dans le 
Marsilia; la macération seule permet de voir de légères différences dans la 
structure des éléments anatomiques qui forment les quatre couches de leurs 
parois. r 


Flore cryptogamique des Flandres; œuvre posthume de Jean 
Kickx, publié par Jean-Jacques Kickx, fils de l'auteur. t. I, in-8° de 
521 pages. Gand, H. Hoste; Paris, J.-B. Baillière et Fils. 


M. J. Kickx, dont notre Revue a annoncé la mort il y a dix-huit mois €n- 
viron, fitinsérer, de 1840 à 1855, dans les Mémoires de l'Académie royale 
des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, une série de Re- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 277 


cherches pour servir à la flore cryptogamique des Flandres. Les cinq cen- 
turies dont cette publication se compose reçurent dans le monde scientifique 
l'accueil le plus favorable. L'auteur fut bientôt obligé d'en préparer une nou- 
velle édition et se trouva ainsi peu à peu engagé dans une entreprise plus 
vaste, celle de décrire la flore cryptogamique compléte des mémes provinces. 
Ce travail, poussé pendant huit années avec une ardeur extréme, malgré les 
difficultés inhérentes à de semblables entreprises, touchait à sa fin lorsque, 
en 1864, une mort imprévue vint enlever le savant à ses études. Heureu- 
sement, le fils. de l'auteur, qui tenait à s'acquitter, en mettant une dernière 
main à cette œuvre, d'une dette de reconnaissance filiale, était capable de 
la mener à bonne fin. 

Les deux provinces qui portent les noms de Flandre orientale et de Flandre 
occidentale constituent la partie nord-ouest de la Belgique. De méme que dans 
ses recherches antérieures, l'auteur n'a pas cra devoir exclure de cette flore 
les Cryptogames des polders situés en deçà de l’Escaut occidental. Ainsi con-. 
stituées, ces provinces possèdent un territoire d'au moins 70 000 hectares, 
dans lequel on peut, au point de vue géologique, distinguer trois régions 
principales. La région septentrionale ou maritime comprend les sables des 
dunes et les dépôts fertiles des alluvions modernes. La région centrale se 
compose de vastes plaines cultivées; son sol est constitué principalement par le 
sable campinien et le limon heslayen traversés, cà et là, par des terrains ter- 
tiaires. Mais ces derniers se rencontrent de préférence dans la région méri- 
dionale, qui est plus accidentée, et dont la végétation rappelle parfaitement 
celle des provinces montagneuses voisines. Cette variété de terrains facilite et 
présage une grande variété de végétation. 

Le tome pre-nier de la Flore cryptogamique des Flandres renferme l'énu- 
mération méthodique des Lycopodiacées, Marsiliacées, Fougères, Ophioglos- 
sées, Équisétacées, Characées, Mousses, Hépatiques, Lichens, Hypoxylées et 
Discomycètes. Le volume suivant renfermera les Lycoperdacées, Phalloidées, 
Æcidiacées, Urédinées, Hyménoniycétes, Byssoidées, Algues, Nostochinées, 
Desmidiées et Diatomées. Toutes ces divisions sont placées sur le méme rang 
par l'auteur, et seulement groupées sous des rubriques dichotomiques qui en 
facilitent la reconnaissance, mais n'ont recu de lui aucun nom systématique. 

La diagnose de chacune de ces familles, de leurs genres et de leurs espèces 
est tracée successivement avec le plus grand soin par M. Kickx. Synonymes, 
habitat, localités, aucune indication n'est omise par lui; et des observations 
originales sont souvent ajoutées à chacun des articles qui concernent les 
nombreux types qu'il a étudiés. 


Vindieiæ Plinians; scripsit Carolus Ludovicus Urlichs. Fasciculus 
alter. In-8° de 267 pages. Erlangen, chez A. Deichert, 1866. 


Il y a environ dix ans que la premiere partie de ces recherches critiques a 


278 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


été publiée, L'auteur avait voulu attendre, pour faire paraitre la seconde, 
l'apparition d'une nouvelle édition de l'Histoire naturelle de Pline, qui était 
préparée par M. Ludwig Jan. Il s'occupe, dans ce deuxième fascicule, de rec- 
tifier sur de nombreux passages le texte des éditions antérieures de Pline 
depuis le livre 16° jusqu'au livre 37° de l’Æistoire naturelle. Nous avons 
tenu à signaler cette publication, parce qu'elle intéresse évidemment l'histoire 
de la botanique en corrigeant fort à propos, dans des passages rendus obscurs, 
un texte évidemment défiguré, où se trouve l'étude de diverses plantes con- 
nues et nommées par les anciens. 


Keteleeria Fortunei; par M. E.-A. Carrière ( Revue horticole, 
1° décembre 1866, n° 23, pp. 419-451, avec une planche). 


L'arbre dédié par M. Carriére à un de nos horticulteurs les plus distingués, 
M. Jean-Baptiste Keteleer, est connu depuis assez longtemps chez nous. C'est 
une des nombreuses conquétes que M. Fortune a faites en Chine et dont il a 
enrichi nos jardins paysagers : PAbies Fortunei A. Murr. Cet arbre a long- 
temps été confondu avec celui que M. de Siebold a trouvé au Japon, et qui a 
été nommé, dans la Flore du Japon, Abies Jezoensis Sieb. et Zucc. M. Gar- 
rière a déjà relevé cette erreur-dans son Traité général des Conifères, 1" éd., 
p. 256, en plaçant dans le genre Picea l'Abies Jezoensis Sieb. et Zucc., au 
voisinage du P. Menziesii. Quant à la plante de M. Fortune, elle ne peut 
rester ni dans le genre Abies, ni dans le genre Picca. En effet, le premier a 
les cônes dressés à écailles caduques, le deuxième des cônes pendants à 
écailles persistantes ; or, le A'efeleería a des cônes dressés à écailles persis- 
tantes. 


Enumeratio plantarum Transsilvanic, exhibens stirpes pha- 
nerogamas sponte crescentes atque frequentius cultas , Cryptogamas vas- 
culares, Characeas, etiam Muscos Hepaticasque ; auctore Ph. -J. -F. Schur. 
Un volume in-8? de 981 pages. Vienne, chez Braumueller, 1866. 


On s'étonnera peut-être de l'apparition d'un nouvel ouvrage sur les plantes de 
la Transsilvanie, venant si peu de temps aprés ceux de MM. Neilreich et Maly. 
Cet étonnement cessera en tout cas à la lecture du livre de M. Schur. Fami- 
liarisé depuis longtemps avec la végétation qu'il décrit, ainsi que l'ont prouvé des 
études antérieures publiées en partie et par fragments, M. Schur en a pour- 
suivi l'investigation dans ses dernières limites, ct a cru pouvoir publier un exposé 
plus complet et plus utile à la science que les travaux des botanistes qui l'ont pré- 
cédé. En analysant tout, il a partagé et méme poussé à l'extréme une tendance 
actuelle, celle de multiplier les types génériques et spécifiques; nous avouons 
qu'il nous serait impossible, à cause de l'étroitesse de notre cadre, de donner 
même la liste des espèces nouvelles qu'il a décrites. Nous signalerons seule- 
ment, pour en faire préjuger le nombre, qu'il a décrit comme nouveaux 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 279 


quatre Thalictrum, deux Ficaria, huit Ranunculus, trois Caltha, deux Co- 
rydallis, huit Arabis, cinq Cardamine, sept Hesperis, quatre Erysimum, 
treize Viola, six Dianthus, huit Cerastium, sept Genista, trois Cytisus, cinq 
Epilobium, plusieurs Hieracium, huit Quercus, cinq Sesleria, ete, Un 
grand nombre de sections génériques ont été élevées par M. Schur au rang 
de genre : nous pouvons citer Zomalocarpus (Anemone narcissiflora), Trip- 
terium (Thalictrum aquilegifolium), Hecatoniu ( Ranunculus glacialis), 
Kladnia (Hesperis tristis), Norta, Velarum , Descurea et Arabidopsis, sec- 
tions du genre Sisymbrium, Chamcænerium (Epilobium angustifolium), 
Torminaria (Cratequs torminalis), Hippomarathrum (Seseli Hippomara- 
thrum), Xanthoselinum (Peucedanum alsaticum) , Corvisartia (Inula He- 
lenium), Tephroseris (Cineraria campestris et aff.), Lerchenfeldia (Des- 
champsia flexuosa), ete. La même tendance a conduit l'auteur à augmenter 
le nombre des ordres; ainsi, nous remarquons dans son livre ceux des Sper- 
gulacées (à côté des Alsinées), des Spiréacées, des Sibthorpiées, des Échinop- 
sidées. Ces raisons font de son travail une œuvre tout à fait originale, bien 
qu'il traite d'une végétation déjà connue. 

Les descriptions de l'£numeratio sont en latin, mais l'indication des loca- 
lités en allemand. L'auteur n'a décrit que les plantes critiques et les espèces 
voisines de celles-ci. Pour les Mousses et les Hépatiques, il s'est borné à une 
énumération alphabétique. 

L'ouvrage de M. Schur contient un très-grand nombre de fautes typogra- 
phiques. Cela nous a surtout. frappé dans les nouvelles dénominations géné- 
riques, où elles courent risque d’être reproduites par des copistes mal informés 
de l'étymologie des mots ou peu familiarisés avec la littérature botanique. 


Catalogus plantaram cubensiuan, exhibens collectionem Wrigh- 
tianam aliasque minores ex insula Cuba missas, quas recensuit A. Griscbach. 
Un volume in-8° de 30 pages. Leipzig, chez W. Engelmann, 1866, Prix : 
10 francs. 


On ne peut plus opposé au précédent, ce livre présente le tableau. d'une 
végétation peu connue en Europe, sans la moindre intention d'innover dans la 
taxonomie généralement admise. On jugera de l'importance botanique qu'il 
offre, en sachant que l'auteur a eu à sa disposition, outre les belles collections 
de M. Ch. Wright, les plantes de Rugel, de G. Don, de Peppig, de Greene, 
de Lane, de Drummond, de Fràsér, d'Otto et de Linden, dont plusieurs ont 
été consultées par lui au Musée de Kew. En réalité, cette nouvelle publica- 
tion de M. Grisebach doit être considérée comme la suite ou plutôt le com- 
plément de ses autres ouvrages sur la végétation du golfe du Mexique (Sys- 
tematische Untersuchungen ueber die Vegetation der Karaiben, Plante 
Wrightianæ e Cuba orientali, Flora of the British West Indian Islands, 
Die geographische Verbreitung der Pflanzen. Westindiens, etc.). 


280 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

Quelques genres nouveaux sont décrits par M. Grisebach dans cette publi- 
calion : 

REYNOSIA, Rhamnée anomale, qui, par son albumen ruminé, relie cette 
famille à celle des Ampélidées, et qui, voisine du genre Rhamnidium par 
la forme du calice, la structure du disque et la baie, se distingue de 
toutes les Rhamnées par son embryon axile et subcylindrique ; — MILDEA, 
voisin du Verhuellia (Pipéracées), et SYMBRYON, autre Pipéracée dioique, 
dont les fleurs femelles, seules connues, sont décrites ainsi par l'auteur : 
« Ovarium bracteis 2 basifixis lateralibus subulatis basi dilatata vaginantibus 
» stipatum ; ovulum basilare : stigma sessile, nudum, minutissimum » ; — 
BEHAIMIA, nouveau genre de Légumineuses-Dalbergiées, voisin de l’ Hymeno- 
lobium et du Platymiscium, et distinct de tous deux par son légume sessile 
et son calice 5-fide jusqu'au milieu ; du premier, par l'étamine vexillaire plane 
et distincte; du second, par les pétales de la caréne distincts et les feuilles 
alternes; — PHYLLOMELIA, nouveau genre de Rubiacées-Céphalanthées, à 
placer entre le Machaonia et le Phialanthus, mais différant du premier par 
son fruit largement couronné, vraisemblablement indéhiscent, et par son in- 
florescence axillaire non contractée, et du second par son style bifide, l'inser- 
tion staminale, l'inflorescence et le défaut d'excrétion résineuse; — HEPTAN- 
THUS, voisin du genre Bellis, mais « perennis, involucro 5-phyllo, achæniis 
» 2-3, etc. »; — SACHSIA, qui diffère du genre Pluchea par ses styles tous 
bifides et ses fleurs parfaites, et du Conyza par ses anthères appendiculées ; 
— RHODOGERON, voisin du Sachsia, ayant le limbe des fleurs ligulées plan et 
le port des Z'rigeron; — LESCAILLEA, voisin du genre Porophyltum, dont il 
s'éloigne par l'aigrette unisériée, les branches du style obtuses, les capitules 
jaunes, les feuilles opposées et le port jonciforme; — HENOONIA, nouveau 
genre de Sapotées, reliant cette famille à celle des Myrsinées, caractérisé par 
» ovarium uniloculare, ovulo basi loculi inserto solitario anatropo »; — 
TYLODONTIA, nouveau genre d'Asclépiadées, à intercaler près du Microloma; 
— POINCILLA, de la méme famille, se rapprochant du Gonolobus par son port, 
et réunissant le genre Orthosia au Vincetoxicum et au Cynanchum, mais 
différant de l'OrtAosia par les segments de la coronule prolongée intérieure- 
ment en languettes, les anthères privées de membrane terminale, etc.; — 
METALEPIS, de la méme famille, à rapprocher du Gymnema; — ENCOPA, 
petite Scrofulari^e voisine de l Hemianthus , et dont le port. est celui de PA- 
sine tenuifolia; — Synopsis, autre Scrofüláriée, voisine du genre Pentste- 
mon, d'après M. Bentham, et se rapprochant par son port du Desfontainea, 
par plusieurs caractères da Schlegelia, à feuilles d' //ez et à divisions du stig- 
mate subulées, établissant un nouveau lien entre les Scrofulariées et les Bigno- 
niacées ; — ACHLÆNA, rappelant, parmi les Graminées-Oryzées, la structure 
des Mieroltena, mais caractérisé par une cupule qui tient lieu des glu- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 981 


melles (1); — PARATHERIA, Graminée annuelle, à port de Brachypodium, 
mais rapprochée du Triscenia par l'ensemble de ses caractères. 
Le livre de M. Grisebach se termine par des addenda et un index. 


Révision de la section T'omentosa du genre Rosa; par 
M. A. Déséglise (Extrait des Mémoires de la Société académique d'An- 
gers, t. XX); tirage à part en brochure in-8* de 48 pages. Angers, 1866. 


Outre son Æssai monographique des Roses de France, M. Déséglise a 
fait paraître l'an dernier, dans le journal anglais The Naturalist, des Observa- 
tions sur les classifications du genre Rosa; et en joignant là publication que 
nous analysons à celle qui est mentionnée plus haut, p. 205, on pourra, sur- 
tout si l'on a sous les veux l Herbarium Rosarum publié par le méme auteur, 
se rendre facilement compte des progres que ce botaniste distingué a fait faire 
à la connaissance du genre Rose. 

Voici le sommaire de son dernier mémoire. 


ROSA sect. TOMENTOSA Déségl. 


Villosæ Bess., Pronv., Rchb. FI. exc. (excl. R. glandulosa Rell.); 
Canine Ser. Prodr. 5 Diastyle tib. Orthoacanthæ Godet. 


1. R. vestita Godet (R. montana DC. FL. fr. non Vill); Bill. exsicc. 
n. 3078. — Juillet; région montagneuse, Alpes de Savoie. 


2. R. arduennensis Crép. ( R. spinulifolia B. Foziana Thory; R. mol- 
lissima Q. Lej.). — Mai ; Belgique, Angleterre. 

3. R. cuspidata Bieb. (R. Seringeana Godr., R. tomentosa Woods non 
Sm., Gren. ); Wirtg. exsicc. n. 34^; Baker Herb. Ros. brit. n. 9. — 
Juin-Juillet; France, Belgique, Angleterre. 

lj, R. tunoniensis n. sp. Déségl. Herb. Hos. n. 36. 

Différe du R. cuspidata par son port moins élevé, à rameaux touffus, ses 
aiguillons, ses folioles dépourvues de glandes en dessous, ses bractées, ses 
fleurs roses, ses styles velus, son fruit obovoide couronné jusqu'à la maturité 
par les divisions calicinales; du 2. Andrzetowskii par son port, ses aiguillons, 
ses folioles, ses pédoncules courts cachés par les bractées, ses styles velus, son 
fruit obovoide; des Z. subglobosa et R. tomentosa par son port , ses folioles, 
son fruit, ses fleurs, ses divisions calicinales ; du Z. mollissima par ses aiguil- 
lons, ses styles velus, ses pétales dépourvus de cils à la base, son fruit 
obovoide rouge, ses divisions calicinales plus courtes que la corolle et non 
entierement persistantes. — Mai-juin; buissons des montagnes, Haute-Savoie : 
Thonon (Puget). 


(1) L'auteur appli sue le nom de gluma aux glumes comme aux glumelles, ce qui rend 
son texte un peu obseur, 


282 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
5. R. omissa n. sp. Déségl. Herb. Ros. n. 57. 

Differe du 2. Andrzeiowskii par ses aiguillons moins robustes, ses folioles 
portant des glandes en dessous, ses pédoncules très-courts, entièrement cachés 
par les bractées; le tube du calice glabre, ses fleurs d'un beau rose, son fruit 
plus gros, glabre, ses divisions calicinales non persistantes après la. maturité 
du fruit. — Juin; bois des montagnes, Haute-Savoie (Puget). 

6. R. anneciensis, n. sp. Déségl. Herb. Hos. n. Th. 


Differe du R. omissa par ses rameaux trés-courts, ses folioles latérales 
presque sessiles et dépourvues de glandes en dessous, les stipules pubescentes 
en dessus, les bractées dépourvues de glandes en dessous, les divisions calici- 
nales égalant la corolle, les fleurs d'un rose pále, le fruit ellipsoide, d'un rouge 
sanguin à la maturité. — Juin-juillet; buissons de la région montagneuse, 
basses montagnes de la Savoie. 


7. R. dimorpha Bess. Zn. Pod. et Volh. 19 non exsíce. (R, mollisSw.); 
Bill. exsice. n. 1481. — Juin-juillet; région montagneuse. 


8. R. farinosa Bechst. — Juin; Vosges (?), Angleterre. 


9. R. tomentosa Sm., Bor. excl. var. B. (A. tomentosa a. Smithiana Ser. ; 
R. insidiosa: Gren.; R. villosa B. Huds); Zngl. bot. first ed. tab. 990, 
third ed. tab. 467 mala; Bill. exsice. n. 1662 et bis; Wirig. exsicc. 
nn. 78, 232, 271; Baker Herb. Hos. brit. n. 8. — Juin-juillet ; com- 
mun. 

M. Déséglise a pris un grand soin de distinguer ce type des voisins avec les- 
quels il se trouve confondu par plusieurs auteurs et méme dans l'herbier de 

Smith, comme M. Baker s'en est assuré à la prière de l'auteur. 


10. R. cinerascens Dumort. (R, tomentosa var. cinerascens Crép., R. ve- 
lutina Chabert non Clairv.). — Mai-juin; France et Belgique. 


11. R. seabriusenla Winch. Ængl. bot. tab. 1896. — Angleterre. 


12. R. Sherardi Dav. et Sm. Engl. fl. 1v, 269 (R. subglobosa Sm. Ibid. 
1, 381; R. tomentosa var. & Woods; A. villosa silvestris Desv. ; 
R. silvestris folio molliter hirsuto, fructu rotundo glabro calyce et 
pedunculo hispidis Ray Synops. p. ^78); Bill. exsice. n. 1481 bis; 
Wirtg. exsicc. n. 233 ; Déségl. Herb. Ros. n. 37. —Juin-juillet ; France, 
Belgique, Angleterre. 

13. R. Andrzeiowskii Stev.; Bor, éd. 3; Wirtg. exsicc. n. 179? Baker 
Herb. Ros. brit. n. 10. — Juin; France, etc. 


14. R. mollissima Fr. (A. ciliatopetala Koch; R. villosa Bor. éd. 1 
excl. syn.; Woods ; R. Andrzeiowskii Bor. éd. 2). — Juin, etc. 
Var. 4. cerulea Woods; Baker Herb. Ros. brit. n. 1. — Pédoncule et 
tube lisses, feuilles glandulifères en dessous. 
Var. y. suberecta Woods (R. mollis B. resinosa Lindl.). 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 283 


15. R. resinosa Rchb. (X. pomifera Lec, et Lam. non Herm.; R, coronata 
Crép.); Wirtg. exsicc. n. 270; Déségl. Herb, Ros. n. 75. 
Diflére du X. pomifera par ses folioles chargées en dessous de glandes rési- 
neuses, le tabe du calice, son fruit plus petit, rouge. — Juin-juillet ; brous- 
sailles des montagnes, 


16. R. dumosa Puget. — Juin-juillet ; bois des montagnes (1). 

17. R. minuta Bor. in Déségl. Essai mon. (R. villosa var. minuta Rau) ; 
Déségl. Herb. Hos. n. 76 ? — Juïlet-août ; montagnes élevées. 

18. R. Grenieri Déségl. Æerb. Ros. nn. 38 et 38 bis. — Id. 


19. R. pomifera Herm. ( X, villosa L. Sp. part. ; R. villosa a, pomifera 
Desv.); Fl. dan. tab. 1458; Bill. exsice. n. 1482; Wirtg. exsicc. 
n. 24; Thielens et Devos Kickæia belgicà n. 5. — Juin; région mon- 
tagneuse. 

20. R. recondita Puget. 


Differe du À, pom?fera, dont il a l'aspect, par ses folioles couvertes de 
glandes en dessous, ses stipules velues en dessus, ses pétales non ciliés, son 
fruit moins gros, rouge à la maturité. — Juillet; région des montagnes, Savoie, 
Piémont, Suisse, Écosse, Angleterre. 


Sur Ia fécondation des Filoridées ; par MM. E. Bornet et 
G. Thuret (Comptes rendus, t. LXII, pp. 44h et suiv.). 


La fécondation des Floridées n'avait jamais été observée. Elle a lieu lors du 
premier développement du cystocarpe. 

Chez les Némaliées, dans |'elm?inthora divaricata J. Ag., cet organe 
commence par une petite cellule née sur le côté et à la base d'un des filaments 
dichotomes dont la fronde est formée : cette cellule s'allonge, se divise succes- 
sivement par des cloisons transversales, et devient un trés-court ramule com- 
posé de quatre cellules superposées. La cellule supérieure continue seule dès 
lors à se développer; elle se remplit d'un protoplasma réfringent; bientót, on 
voit poindre à son sommet une petite protubérance qui s'allonge peu à peu en 
un long poil hyalin, souvent un peu renflé à son extrémité. Ce poil finit par 
dépasser les filaments de la fronde. C'est l'organe essentiel de l'impréguation, 
ou #richogyne. Lorsque les corpuscules issus des anthéridies viennent en con- 
tact avec la partie supérieure de ce poil, ils y adhèrent, et l'on en trouve 
souvent plusieurs fixés à son sommet. Alors la cellule qui forme la base du tri- 
chogyne commence à se gonfler et à se cloisonner; puis elle se transforme 
bientót en une petite masse celluleuse qui constituera le jeune cystocarpe. 


(4) Nous ne reproduisons pas les descriptions des espèces nouvelles de M. l'abbé 
Puget, parce que ce botaniste les a communiquées à la Société; on les trouvera dans le 
compte rendu des séances, 


:81 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Pendant ce temps, le trichogyne semble se flétrir; sa membrane se détruit ; 
peu à peu il disparait, et l'on n'en trouve plus de traces avant méme que le 
cystocarpe soit arrivé à son complet développement. 

Dans les tribus inférieures des Floridées, l'organisation du cystocarpe est 
lus compliquée. Chez les Callithamniées, ce n'est plus dans les cellules basi- 
laires du trichogyne, mais dans deux cellules latérales que se formeront, à la 
suite de l1 fécondation, les glomérules de spores qu'on désigne sous le nom 
de favell«s. Dans les Rhodomélées, Chondriées, Dasyées, la structure de la 
petite urne celluleuse ou céramide, qui renfermera plus tard les spores, est 
déjà assez avancée, et sa forme est bien reconnaissable quand une des cel- 
lules supérieures commence à s'allonger en trichogyne. Les auteurs n'ont pu 
vérifier l'existence de ce poil si ténu dans les plantes à frondes épaisses, comme 
les Gigart/nées, Gracilariées, etc. Ils présument cependant que son existence 
est générale dans les Floridées. 

C'est bien une copulation, disent-ils, qui s'effectue entre le sommet du tri- 
chogyne et le; antléridies. Dans le Ceramium decurrens Harv., ils ont vu 
avec la plus grande netteté les corpuscules soudés avec le tube du trichogyne. 
Diverses espèces de Polysiphonia leur ont offert aussi des exemples fréquents 
et tout à fait décisifs. Dans ces plantes, les corpuscules se montrent souvent 
implantés sur le tricLogyne par un petit prolongement fort court, mais bien 
visible; et quand les fonctions du trichogyne sont accomplies, on le rencontre 
encore pencant quelque temps portant les corpuscules vides suspendus à son 
s)mmet. 

Le nombre des corpuscules qu'émettent les anthéridies est trés-considé- 
rable, et on les trouve fréquemment répandus parmi les poils dont. presque 
toutes les Floridées sont pourvues. Cette abondance explique comment la fé- 
condation peut s'accomplir dans ces plantes, malgré les obstacles que semblent 
y opposer la dioicité de la plupart d'entre elles, l'immobilité des corpuscules 
fécondants et la nature fugace du trichogyne. On trouve d'ailleurs des cysto- 
carpes dont le développement n'a pas dépassé la période oü ils étaient munis 
d'un trichogyne, et cela parce qu'ils n'ont pas été fécondés. 


Composition et usage économique de deux espèces dc 
gousses en Chine. Structure et composition des périspermes de 
Légumineuses; par M. Payen (Comptes rendus, t. LXII, pp. 465-471). 


M. Paul Champion, ingénieur, en revenant de Chine, a rapporté de Shang- 
Hai quelques fruits de Légumineuses qui sont employés au savonnage dans 
plusieurs contrées du Céleste-Empire. Pour s'en servir, on enléve au couteau 
la partie superficielle des gousses, puis on frotte avec le péricarpe le linge 
mouillé préalablement, et qu'un rincage suffit ensuite pour achever de blan- 
chir. D’après M. Decaisne, ces fruits appartiennent à un Dialium ; M. Payen 
a trouvé de la saponine dans le péricarpe charnu de ces fruits. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 285 
Il ajoute qu'il existe un périsperme dans les graines de cette Légumineuse, 
périsperme blanc qui peut se diviser en deux lames épaisses. Il se trouve dans 
les cellules de ce périsperme une sécrétion particulière, qui peut absorber à 
froid, très-graduellement, environ trente fois son poids d'eau, produisant 
alors une gelée volumineuse, incolore, diaphane. Cette substance se rapproche 
de la cellulose désagrégée ; M. Payen la désigne sous le no:n de dialose. I l'a 
retrouvée dans un Gleditschia dont les gousses sont employées en Chine 
comme celles du Dialium. 


NOUVELLES. 


— La librairie Germer Baillière, 17, rue de l'École-de-médecine, à Paris, 
vient d'entreprendre la publication d'une Flore morphologique et synoptique 
de la France. 

Cet ouvrage, rédigé en langue française, doit paraître dans le format grand 
in -8°, avec de nombreuses figures intepcalées dans le texte. Il. comprendra 
deux parties distinctes consacrées, la première, aux végétaux phanérogames, 
la seconde aux Cryptogames, qui y seront traités complétement. 

Les familles et les genres y seront étudiés conformément aux progrès récents 
de l'anatomie et de la morphologie végétale, et la terminologie sera, à ce point 
de vue, l'objet d'une attention toute particulière, 

La synonymie et la distribution géographique générale et spéciale de chaque 
espèce, le sol et l'altitude où elle croit, seront soigneusement indiqués; mais 
la description en sera réduite à une courte diagnose. Les auteurs anciens qui 
ont écrit sur la Flore de France, notamment Dalechamp, les Bauhin, Magnol, 
'Tournefort, Barrelier, seront cités quand on connaitra certainement les plantes 
dont ils ont parlé. Les genres dont la fondation est antérieure aux ouvrages de 
Linné seront attribués à leurs auteurs véritables. 

Des tableaux synoptiques convenablement choisis auront pour but d'exposer 
le groupement des genres dans les familles nombreuses et des espèces dans 
les genres nombreux. De nombreuses gravures sur bois éclaireront les diffé- 
rences génériques ou spécifiques qui embarrassent dans la détermination des 
Phanérogames, et rendront accessible à tous les botanistes l'étude des familles 
cryptogamiques inférieures, jusqu'ici réservée à un petit nombre de savants 
spéciaux. 

L'ouvrage sera précédé d'une introduction où seront exposés la constitu- 
tion orographique et géologique du sol de la France, ainsi que les caracteres 
météorologiques de son climat, dans leurs rapports avec la distribution des 
végétaux qui l'occupent ; on y indiquera l'altitude des massifs montagneux et 
des sommets les plus fréquentés par les botanistes. 

Une liste aussi complète que possible y sera dressée, par ordre de dates, de 
tous les travaux spéciaux publiés jusqu'ici sur la flore de la France. On y 


986 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
joindra l'indication des principaux herbiers où se trouvent des matériaux im- 
portants pour l'étude de la végétation française. 

Un appendice à la partie phanérogamique contiendra lénumération des 
espéces exotiques observées temporairement à l'état de naturalisation dans 
certaines localités du midi de la France. 

Le plan sur lequel est conçue la Flore morphologique et synoptique de [a 
France permet d'attacher à son élaboration tous les botanistes francais, soit 
comme monographes des différentes familles de la Flore, soit comme consul- 
tants. 

Les botanistes qui préteront leur concours à cet ouvrage sont prévenus 
que, sur leur demande, leur rédaction sera rétribuée à raison de 64 francs la 
feuille. Aucune partie de l'ouvrage, quel qu'eu soit le rédacteur, ne pourra 
être reproduite isolément. Il sera remis à chaque collaborateur, à titre gratuit, 
un exemplaire de la partie de l'ouvrage à laquelle il aura collaboré (phanéro- 
gamie ou cryptogamie). 

Bien que cet ouvrage soit encore às état de projet, plusieurs savants des plus 
distingués ont déjà promis d'en rédiger certaines parties, notamment MM. De- 
caisne, Trécul, membres de l'Institut, et MM. Bescherelle, Cauvet, Chatin, 
Alph. Derbés, Durieu de Maisonneuve, Duval-Jouve, Groenland, Lebel, Les- 
pinasse, Ch. Martins, Parlatore, J.-E. Planchon, Éd. Prillieux, Roze, J. de 
Seynes et Weddell. On espere encore de nombreuses adhésions de la part 
d'autres botanistes. 

La direction principale de la Ælore morphologique et synoptique à été 
confiée à M. Eug. Fournier, docteur ès sciences, rue de Seine, 72, à Paris. 

— M. Gustave Planchon vient d’être nommé professeur à l’École supérieure 
de pharmacie de Paris, en remplacement de M. Guibourt. 

— M. Balansa, dont nous avons annoncé il y a quelque temps le départ 
pour l'Asie, est de retour de son voyage. 1l a exploré avec succés, malgré des 
pluies et des brouillards très-intenses qui s'opposaient à la préparation des 
plantes, la chaine du Dasistân, située entre Trébizonde et Batoun, à une qua- 
rantaine de lieues du Caucase, et qui n'avait encore été visitée par aucun 
botaniste. Cette chaine est entièrement granitique; la plupart de ses pics dé- 
passent 3000 mètres. La végétation en est assez semblable à celle du Caucase; 
les plantes arborescentes y sont les plus intéressantes; M. Balansa y a re- 
cuei li 84 espèces d'arbres ou arbustes. 

— Nous lisons dans le deuxième cahier du Flora, qui n'est parvenu à la 
Société que dans les derniers jours de décembre, une nouvelle fâcheuse. Tous 
les botanistes qui lisent cette Revue connaissent les travaux publiés sur la flore 
d'Espagne par MM. Willkomm et Lange, et notamment le Prodromus Flore 
hispanicæ. M. Willkomm écrivait à la date du 29 mars dernier, que le libraire 
Schweizerbart (de Stuttgart) hésitait à continuer la publication de cet ouvrage; 
faute d'une vente suffisante; que la première partie du deuxième volume 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 287 
renfermant, entre autres, la famille des Composées) n'avait pu être publiée 
que grâce à un arrangement par lequel il s'engageait à couvrir les frais de la 
vente. L'auteur du Prodromus ajoutait que, si trois mois aprés la date de cet 
avertissement, le nombre des acheteurs ne s'était pas augmenté de cinquante, 
il se verrait contraint de cesser la publication de cet ouvrage. 

— Le même cahier du Flora nous apprend plusieurs pertes regrettables 
faites par la botanique dans le cours de l'année dernière : celle de M. Fr. 
Maly, auteur d'une flore d'Allemagne et d'autres travaux, décédé à Gratz 
(Syrie), à l'àge de soixante-neuf ans; et celle de M. le professeur Paul Feodo- 
roWitch Horaninow, né en 1796, à Mohilew, qui appartint pendant deux 
semaines, en 1812, à l'armée française comme officier de santé, publia en 
1815 ses recherches sur le chlore, qui le firent. recevoir sans examen par 
l'Université de Vilna comme aide en phariacie, et après divers succès sco- 
laires, fut nommé en 1825 professeur adjoint dé pharmacologie et de bota- 
nique à l'Académie médico-chirurgicalé de Saint-Pétersbourg. M. Horaninow 
a publié plusieurs Éléments dans diverses sciences naturelles; l'ouvrage qui 
l'a le plus distingué est le Prodromus monographie Scitaminearum (1862). 
C'est à lui qué Fischer et C.-A. Meyer ont dédié un genre de Chénopodées 
qui renferme trois espèces. 

— Ajoutons encore à cette liste. nécrologique le nom de Robert Kaye Gre- 
ville, qui est mort à Édimbourg le ^ juin dernier, à l’âge de soixante-douze 
ans. M. Greville, cryptogamiste distingué, avait travaillé à la publication des 
Icones F'ilicum avec W. Hooker. 

— Au moment de tirer cette feuille, nous apprenons encore la mort de 
M. G. Mandon, décédé à Poitiers dans les derniers jours de l'année dernière, 
M. Mandon, qui avait recueilli dans la Bolivie des collections fort importantes, 
était de retour depuis peu de temps d'un voyage botanique à l'ile de Madère. 
Les plantes rapportées de Madère par M. Mandon sont en ce moment étudiées 
par M. Cosson. Nos lecteurs liront dans le compte rendu des séances des dé- 
tails intéressants sur la vie de cet excellent homme, communiqués à la Société 
par son ami M. Weddell. 

— M. le professeur Unger a exposé à l'Académie des sciences de 
Vienne, dans une des séances du mois de juin dernier, une découverte ar- 
chéologique qui n'est pas sans intérêt. Il a trouvé dans des briques de lan- 
cienne Égypte des graines de diverses plantes, de Blé, d'Orge, de Pisum ar- 
vense, d'Eragrostis abyssinica, de Linum usitatissimum, de Raphanus 
Raphanistrum, de Chrysanthemum segetum, d' Euphorbia Helioscopia, de 
Chenopodium murale, de Bupleurum aristatum et de Vicia sativa. Les 
briques qu'il a examinées provenaient de la pyramide en briques de Dasbur,' 
bâtie entre 3400 et 3300 ans avant l'ere chrétienne. Il faut rapprocher ces 
faits des découvertes de M. Passavacqua, que Kunth a contrôlées (Ann. sc. 
nat. , 4"° série, t. viii, 1826, p. 418). 


288 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

— Le 12 juin 1866, on a élevé à Linné un monument en granit, dans son 
village natal, à Rashult, en Suède. C’est un obélisque haut de Imit metres, 
composé de sept pièces, dont la supérieure se termine par l'emblème de 
l'Étoile polaire. On sait que Linné avait été décoré de l'ordre de l'Étoile po- 
laire. La pièce du milieu est ornée du médaillon en bronze du grand natura- 
liste, exécuté par l'artiste suédois Quarstróm. L'inscription porte : Carolus à 
Linné natus. Rashultz, 25 majo 1707 (Annales de l Association philoma- 
thique vogéso-rhénane). 

— La prochaine excursion de l'Association philomathique vogéso-rhénane 
aura lieu au Hohneck et durera trois jours, pendant les fêtes de la Pentecôte. 
Le rendez-vous est fixé le samedi soir à Kaisersberg (Haut-Rhin), à l'hôtel 
de M. Gsell, a la Couronne. 

— M. le professeur Kirschleger suspendra pendant quelques mois la publica- 
tion des Annales de l'Association philomathique vogéso-rhénane , dont la 
sixieme livraison vient de paraitre, pour donner tout son temps et tous ses 
soins à la rédaction et à la publication d'une Flore analytique des régions 
vogéso-rhénanes, à l'usage des élèves des lycées et des écoles supérieures. Ce 
livre sera une sorte de deuxième édition de la Flore d'Alsace, mais très- 
abrégée, et destinée spécialement aux herborisations. 


Collections mises en vente. 


— Les 25 février et jours suivants aura lieu à la salle Sylvestre la vente 
d'une bibliothèque botanique importante, dont le catalogue se distribue dès 
à présent chez MM. J.-B. Bailliere et Fils, rue Hautefeuille, 19, à Paris. La 
cryptogamie, particulièrement la cryptogamie cellulaire, est la partie la mieux 
représentée dans cette vente. Toutes les brochures sont mentionnées au cata- 
logue et souvent réunies en petits lots ; on a groupé ainsi, en général, soit les 
mémoires d'un méme auteur, soit des travaux de méme nature. 

— M. Canut, qui a herborisé avec succés dans les environs de Nice, se 
propose de publier un exsiccata des plantes recueillies dans cette région, et 
principalement dans la chaine des Alpes maritimes, dans le cas où il réunirait 
une quarantaine de souscripteurs. Le prix de la centurie sera fixé à 15 francs. 
Les souscripteurs sont priés de se faire connaitre à l'avance. S'adresser à 
M. Canut, rue Victor, 52, à Nice. 

Dr EUGÈNE FOURNIER. 


ERRATUM. 


ll faut lire dans notre dernier numéro, p. 238, M. Philippe Dunant de Galatin, et 
non de Salatin. 


Paris. — Imprimerie de E. MARTINET, rue Mignon, 2. 


TABLE ALPHABÉTIQUE 


DES 


MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME TREIZIÈME. 


N.-B. — Les numéros indiquent les pages, — Tous les noms de genre ou d'espèce rangés par 
ordre alphabétique sont les noms latins des plantes, Ainsi, pour trouver Canne à sucre, cherchez Sac- 


charum, etc. 


Les chiffres arabes se rapportent aux Comptes rendus des séances de la Société, Les chiffres arabes 
entre crochets [ ] désignent la pagination de la Revue bibliographique, — et les chiffres romains celle de 


la Session extraordinaire. 


A 


Abies Pinsapo var. Baborensis Coss. (A. 
numidica Delannoy), 240. — sibirica 
[100].—Hygroscope à branche de Sapin, 
XLIV. 

Acacia magnifica, [21]. 

Acanthes (Mécanisme de la déhiscence du 
fruit et de la projection des graines 
des), 95. 

Accroissement de quelques plantes pendant 
le jour et pendant la nuit, 254. 

Achlæna Griseb. g. n. [280]. 

Adanson /Lettre d') à Bernard de Jussieu, 
24. 

Agrostis rubra L. [201]. 

Ajaccio (Juncus foliosus tr. aux env. d"), 
300. 

Algérie (Flore de l’). Catalogue des plantes 
de la subdivision de Sidi-bel-Abbés, 
25, 45, 65. —Sur le Quercus castaneæ- 
folia d'Algérie, 51. — Sur l'Iberis par- 
viflora, 216. — Sur une nouvelle espèce 
de Tulipe, 256. — Sur les noms arabes 
des plantes d'Algérie, 217. — Voy. 
Dukerley, et (dans la table de la Revue 
bibliogt.), Grenier, Munby. 

Algues [1] [58] [63] [124] [128]. 

Alimentaires (Carlina acanthifolia et Ara- 
bis cebennensis considérés comme), 384. 

Alpines (Sur l'origine des plantes), xur, 

Alsine Villarsii M. et K., 457. 

Alyssum maritimum, 362. 

Amaranthus Delilei Lor. sp. nov., 316. 

Ambulatoriées, voy. Diatomées. 

Ame (La plante a-t-elle une)? 86,157. 

ANpnÉ (Ed.). Sur un cas particulier de téra- 
tologie végétale, 138. 

AxJUBAULT. Sur le Carex microstachya Ehr- 


T. XIIL 


hart, xct.— Sur le Gui du Chêne, xcu, 

Annecy (Séance de la session extraordinaire 
à), 1. — (Herborisations des environs 
d’), c.vi.— (Sur trois plantes des enyi- 
rons d’), cL. 

Annonces, voy. Mélanges. 

Anomale (Sur la structure) des tiges des 
Lianes, 272. 

Anthères (Des Placentoïdes, nouvel organe 
des), 81. 

Arabis cebennensis, 384. 

Arak des Musulmans (Solvadora persica), 
436. 

Arbres (Rech. pour servir à l’histoire phy- 
siologique des), 431. 

Arctium [19]. 

Anpomo a trouvé à Menton le Cytisus Ar- 
doini Fourn, , 389. 

Aroidées [29] [160]. 

Ascobolus pulcherrimus [177]. 

Asparagus (Des épines pulvinales de quel- 
ques espèces d’), 213. — (Sur les feuilles 
aciculées des), 236. 

Asplenium Breynii, vraisemblance de son 
hybridité, 20. 

Atractylis gummifera (Étude botanique, 

chimique et toxicologique sur l’), 146. 

Australie, 476. 


B 


Bacterium Termo Duj. [166]. 

Baggea Auersw. g. n. [170]. 

BARAT. Sur la floraison du Capsella rubella 
Reut. à Tarbes, 306. 

Barringtonia [84]. 

Basse-Cochinchine, voy. Cochinthine. 

Behaimia Griseb. g. n. [280]. . 

Békértorr (A.). Sur la structure de l'écorce 


19 


290 


du Bouleau, étudiée sur des échantillons 
pris en pays divers, 75. — Obs., 80, 85. 

BEscHERELLE. Bryologie française: Florule 
des environs de Revin (Ardennes), 477. 
— Obs.. 371. 

Betula alba (Sur la structure de l'écorce 
du), 75. 

Bibliographie [38] [91] [137] [187] [236]. 

Bignoniacées [119]. 

Bikkia Reinw., 40. — Forsteriana B. sp. 
nov., 42. — Gaudichaudiana B. sp. 
nov.,43.— Guilloviana B. sp. nov.,42. — 
Hombroniana B. sp. nov. , 43. — marian- 

mensis B. sp. nov., 43. 

Bixacées, 465. 

Blackwellia Comm. [84]. 

BLANCHE (Henri). Rapport sur l'herborisa- 
tion de la Société, au mont Châtillon 
près Annecy, xxxv. — Sur l’herbier de 
M. Michalet, cxLvir., 

BLancsusé (Dr). Sur le Sechium edule, 244. 

Bligny prés Bar-sur-Aube (Ranunculus con- 
fusus tr. à), xuvu. 

BoispvvAL présente plusieurs plantes culti- 
vées par lui, 254, 300. — présente des 
Fougères cultivées par lui, 467. — Obs., 
301, 477. 

Bonhomme (Herborisation au col du), 
CXXXIX. 

Bonner (Maurice). Sur l'Oxalis libyca, 99. 

Bonneville (Séance de la session extraordi- 

' paire à), xxv. — (Sur quelques arbres 
fruitiers des environs de), xrvmur. — 

` (Souvenirs biographiques sé rattachant 
à), L, Lvn. — (Herborisations sur la 
chaîne de montagnes qui s'étend de) à 
Sallanches, cxxvur. 

Borderea pyrenaica Mieg. (Dioscorea pyre- 
naica Bub.), 374. 

BornÈre (J.) a récolté le Dioscorea pyre- 
ñaica au port de Gavarnie, 243. 

Boucueman (E. de). Découvertes botaniques 
faites aux environs de Versailles, 276. 

Boulogne (Seine). Nouvelle localité de l’He- 
lichrysum arenarium, 278. (Poa ner- 

- vala tr. au bois de), 391. = (Sur plu- 
sieuts espèces trouvées au bois de), 362. 

BouncauLT-DucoupnaY. Obs. , Lxt. 

BouncEAU (Notice biographique sur M.-E.), 


L. 

Boutures (Sur quelques phénoménes phy- 
siologiques de la végétation chez les) 
de Mûrier, 225. 

Bouvier (Louis). Suf la topographie bóta- 
nique de la chaîne des Aravis; 142, — 
Sur l'origine des plantes alpinés ét sur 
la question de l'espèce, xit, — Suf plu- 


sieurs espèces de Rosa, xxt, == Rap- 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


port sur l'herborisation de la Société au 
mont Charvin, xxvii. — Sur Hugard et 
H.-B. de Saussures, vii. — Sur un ms. 
de J. Gay contenant la relation d'un 
voyage dans les Alpes, xci. — Rapport 
sur l'herborisation faite au Montanvert 
et à la Mer de glace, cxLvr.— Obs., 142, 
XVIII, XL, LVII, LX, LXI, CXXXVII, CXXXVIII. 

Bras. Obs., LIX. 

Brésil (Sur les plantes économiques du), 53. 

Brévent (Herborisation faite au), CLXXXIX. 

Brizon (Herborisation de la Société à là 
montagne du), xcvr. —(Sur les Champi: 
gnons trouvés au mont), cx. 

Bromus ambigens Jord, cuxxv. 

BnoscwiAnT (Ad.). Sur le genre Bikkia de 
la famille des Rubiacées, 40. — Sur le 
Clathrus cancellatus observé par M. La- 
vallée aux environs de Paris, 44. — 
Obs., 101, 135, 213. — et A, Gris. Sur 
quelques Conifères de la Nouvelle-Calé- 
donie, 422. — Sur les Sympl/ocos de la 
Nouvelle-Calédonie, 428. — Suppl. aux 
Myrtacées de la Nouvelle-Calédonie, 468. 
— Sur le prétendu genre Chiratia, 479. 

Brunella alpina T. L., cuu. 

Buchenavia Eichl. g. n. [230].— capitata 
et oxycarpa [250]. 

Borrer (J.). Obs., 101. ; 

Bulbes des Ophrydées (Sur la nature, l'or- 
ganisation et la structure anatomiqué 
des), 71. 

Bureau de la Société, 8. 

Bureau (Éd.). Sur dés espéces fossiles dé- 
couvertes à Paris, 254.— Sur la décou- 
verte du Poa palustris Roth. en Bre- 
tagne, 478. — Obs., 43, 261, 474, 
477. 


C 


Caladium auritum Lind., 138. 

Calédonie (Nouvelle-). Voy. Brongaiatt et 
Gris. 

Calepinà Corvini, 369. 

Calvaire près Annecy, voy. Herborisations 

Campelia [17]. 

Cannabis sativa et indica, 401. 

Canthiopsis Seem. g, n. [232]. 

Capparidées [115]. 

Capsella rubella Reut., 306. 

Carex microstachya Ehrh. , xci. 

Carlina acanthifoha, 384, — Chamteléon; 
xxxix, en note. 

Carpolozie (Quelques faits de), 95. 

Cassiées [116]. 

Castanea. D'une variété de Chátaigtfiét à 
longs chátons femelles, 96, — Pluralité 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 


des graines dans le fruit.du Chátaignier, 
96, 

Casuarina [196]. 

Cellules (Sur les transformations succes- 
sives des parois des), 243. 

Cenlaurea acaulis, Son emploi en méde- 
cine et en teinture, 437, — Kotschyana 
Heuff., 457, — nervosa, xxxix, en note. 

Cuapoisseau (L'abbé) présente des échan- 
tillons du Dioscorea pyrenaica récoltés 
au port de Gavarnie, 243.— Obs., 362. 

Chameleon albus de Dioscoride, 157. 

Chamonix (Séance de la session extraordi- 
naire à), cxxxvir — (Sur quelques 
plantes rares ou nouvelles de la vallée 
de), CXLVI 

Champignons [21] (22] [72] [111] [132] 
i] [181] [197] [218] [225] [263] 

[211]. — Selecta fungorum carpologia, 
57. — trouvés au mont Brizon, cx. 

Cbarvin (Mont), voy. Herborisations, 

Chasseloupia [84]. 

Cbátillon (Mont), voy. Herborisations. 

CuaTiN (Ad.). Placentoïdes, nouvel organe 
des anthéres, 81. — présente des ma- 
tières végétales provenant de l'égout 
d'Asniéres, 141, 142. — a trouvé le 
Nephrodium Oreopteris dans la forét de 
Hallatte, 363. — Obs., 80, 85, 86, 
99, 261, 262, 300. 

CHAUMONTEL, Discours à l'ouverture de la 
session d'Annecy, vi. 

Cuevauier (L'abbé E.). Sur quelques plantes 
rares du département de la Haute-Savoie, 
XIX. — Observations sur le genre Saus- 
surea, cxxxvi. — Rapport sur l'herborisa- 
tion dirigée par lui au col du Bonhomme, 
cxxxix, — Sur une herborisation faite 
au Brévent, cLxxxix, — Obs., CXLVIII, 
CLXXXVI. 

Chionyphe Carteri [9]. 

Chiratia Montr: (Sur le prétendu genre), 
479, 

Chrysanthemum atratum L., cut 

Chrysomyæa Abielis Ung. [151]. 

Cinchona [65]. 

Cistus hybr., 445, 453. 

Citrus [15]. 

Cladonia [12]. 

Clathrus cancellatus observé aux environs 
de Paris, 44. 

CLos (D.). Quelques faits de carpologie, 95. 
— Des épines pulvinales dé quelques 
espèces d'Asparagus, 213. — Révision 
d'un des groupes de la 5° section du 
genre Helianthemum établie dans le Pro- 
dromus de De Candolle, 406. — Prési- 
dent de la session extraordinaire à An- 


291 


necy, v, — Discours, x.— Quelques re- 
cherches relatives aux Silybum Marianum 
et viride, xut. —— Obs. , 236. 

Cochinchine (Sur lavégétation de la Basse-) , 
264. 

Col du Bonhomme, voy. Bonhomme, 

Collections de la Haute-ShVofe, CLxxxvit, 

Colone (Bois de), voy. Herborisations. — 

Colorante (Sur la matière) des Raisins noirs, 
248. 

Coloration des Floridées, 298, 

Combrétacées [24$]. 

Comité pour la détermination des plantes 
de France et d'Algérie, 8 

Commélinacées [170]. 

Commission dés archives, 8. — du Bulletin, 
8.— de comptabilité, 7. — des gravures, 
8. — pour le choix du lieu de la session 
extraordindire, 8. 

Compte rendu du Selecta fungórum tar- 
pologia de MM, L. R. et Ch. Tulasne, 
57. — du Tentamen dispositionis me- 
thodicæ Lichenum in Longobardia nas- 
cénlium de M, Sancto Garovaglió, 55. 

Congrés botanique à Londres, 100. 

Coniféres (Sur la valeur morphologique de 
l'écaille daus le cóne des), 256. — dela 
Nouvelle-Calédonie, 499. 

Conseil de la Société, 8 

Constant, membre à vie, 475. 

Coralliorrhiza innata, xxxt, CXVII, CXLV. 

Connu (Max.) à trouvé l'/soste$ tenuis- 
T Bor. aux environs de Romorantin, 
433. 

Corse (Juncus foliosus esp. nouv. pour la 
flore de), 300. 

Cosson (E.). De la éohsetvation des het« 
biers, 100. — présente des échantillons 
du Juncus foliosus Desf. recueillis en 
Corse, 300. — a trouvé le Juncus capi- 
tatus à Thurelles, 364,— Notice biogra- 
phique sur M. E. Bourgeau, 1, — Obs., 
51, 101,156, 223, 249, 243, 256, 963, 
278, 299,300, 306, 364, 314, XVI, LIX, 
LX; LXI, CXXXVII; CxLVIII, CXLIX, aseyi. -— 
Voy. Doumet, 

Cousinia Cass, [152]. 

Cralægus [206]. — Oxyacantha [118]. 

€ [145] [170]. — (Sur deux) de 

in 

CRUVELLIÉ (3.). Note nécrologique sur le 
pasteur Magnan, 136. 

Crypsis, 517, 

Cryptogames cellulairés récoltées " 
la session extraordinaire, eux. à; 

Cucumis Melo x 

Cucurbitacées [32] [198]. 

Cuming (Hugh), Sa hope [u à 


292 


Cupheanthus Seem. , 470, — Austro-Cale- 
donicus S., 470. 

ConnaAL. Son discours à la séance de la ses- 
sion extraordinaire à Sallanches, xcv. 

Cuticule (Sur la genése de la), 243. 

Cycadées [102). — fossiles [151]. — (Sur les 
corps reproducteurs des), 10. 

Cyclamen coum Mill., cxiv. — neapolila- 
num Ten., xxt. 

Cydonia vulgaris monstr., 234. 

Cytisus Ardoini Fourn. sp. n. trouvé à 
Menton, 389. 


D 


Dacrydium araucarioides B. G., 426. — 
laxoides, 427. 

Datura stramonium [89]. 

Daucus Carotta [131] [132]. — marci- 
dus T.-L., cLv. 

De CanporLe (Alph.). Sur le Quercus casta- 
necfolia d'Algérie, 51. — Voy. Clos. 
Découverte du Poa palustris en Bretagne, 

418. 

Déhiscence (Mécanisme de la) du fruit des 
Acanthes, 95. 

Delphinium [81]. 

De ManriN (L.). Sur la fermentation ca- 
séique, CXXI. - 

Des Érawcs (S.). Sur un Ranunculus de la 
section Batrachium, xLvn. — Noms po- 
pulaires de quelques plantes en Savoie, 
LIX. — Obs., XXXVII, xL, LXI. 

Diatomées, 309. 

Dictyote [4]. 

Didelotia Baill. g. n. [220]. 

Discours de M. le comte Jaubert, président, 
32, vir. — de M. Chaumontel à l'ouver- 
ture de la session extraordinaire à An- 
necy, vi. — de M. Clos, x. — de M. Cur- 
ral, xcv. 

Disemma [13]. 

Dioscorea pyrenaica Bub. et Bord., 243, 
314, 380. 

Dioscorinée découverte dans les Pyrénées, 
373. 

Dipseudochorion Buch. gen. nov. [37]. 

Dons faits à la Société, 10, 32, 52, 53, 
98, 136, 142, 169, 224, 225,242, 253, 
262, 264, 279, 308, 362, 363, 379, 434, 
435, 436, 459, 475, Xil, XXVI, CXLVIII. 

Doumer (N.). Sur l'hygroscope à branche de 
Sapin en usage chez les habitants de la 
Haute-Savoie, xuv. — Rapport sur les 
herborisations faites dans les montagnes 
du Brizon, du Vergy et du Méry, et diri- 
gées par MM. Hénou et Cosson, xcvi, — 
Obs., Lx. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Dracena [155]. 

DucxarTRe (P.). Sur l'accroissement de 
quelques plantes pendant le jour et pen- 
dant la nuit, 254. — Obs,, 80, 85, 224, 
262, 263, 361, 406, 421. 

DuxerLey (Is.). Sur les différences que pré- 
sente, avec lechanvre ordinaire, la variété 
decette espèce connue en Algérie sous les 
noms de Kif et de Tekrouri, 401. 

Dumonr (Fr.). Obs., Lx. ; 

Dunant de Salatin (Ph.). Sa mort [238]. 

Duparquetia Baill. g. n. [221]. 

DuniEU DE MatsoNNEUVE présente des échan- 
tillous de l’Ustilago marina Tul. et du 
Marsilia hirsuta R. Br. 239. — Obs., 
240. 

Duvaz-Jouve (J.). L'herbier de Linné et les 
Graminées francaises, d'aprés les travaux 
de MM. Parlatore, C. Hartman et W. 
Munro, 106. — Etude sur le genre 
Crypsis etsur ses espèces françaises, 317. 

DuviLLERS, membre à vie, 253. -— présente 
une fleur de Lis monstr., 372. 


E 


Écaille (Sur la valeur morphologique de l’) 
dans le cóne des Coniféres, 236. 
Écorce (Sur une bande d’) engagée entre 
des couches ligneuses, 388. — du Bou- 
leau (Sur la structure de l’), 75. 
pines des Asparagus, 213. 
Epipogon aphyllus Sw., xcvi, cxvit. 
Espèce (Sur la question de P’), xir. 
Étymologie du genre Hesperis, 220.— Voy. 
(dans la table de la Revue bibl.) Para- 
vey. 
Eucopa Griseb. g. n. [280]. 
Eugenia aphthosa et crassifolia Vieill. 469. 
Euphorbia polygonifolia L. découverte en 
France, 473. 
Euphorbiacées [185] [222] [262] 461. 
Euptychium Schp. g. nov. [153]. 
Evernia Prunastri [64]. 
Exposition internationale d'horticulture à 
Londres, 100. 


F 


Faivre. Sur quelques phénomènes physio- 
logiques de la végétation chez les bou- 
tures de Mûrier, 225. — Obs., 228. 

Faradaya F. Muell. g. nov. [119]. 

Ferdinandia Welw. g. nov, [120]. 

Fermentation, cxxi. 

Feuilles aciculées de l'Asperge, 236. 

Ficaria [217]. 

Ficus Carica [133]. 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÉRES. 293 


Flaine (Haute-Savoie), voy. Herborisations. 
Floridées [283]. — (Sur le pigment rouge 
des) et sur son róle physiologique, 228. 
Folembray (Aisne), voy. Herborisations. 
Foliation du Lathyrus aphaca, ux. 
Fossiles. Sur les genres de végétaux actuels 
dont l'existence a été constatée à l'état 
fossile, 189. — (Sur des plantes) décou- 
vertes à Paris, 254, — Voy. (dans la 
table de la Revue bibliographique) Andrä, 
GϾppert, Hallier, de Saporta, Schenk, 
Unger, Watelet, Zigno. 
Fougères [103] [172] [226] [227] 467. 
Founnier (Eug.). Sur l'étymologie et les 
origines du genre Hesperis, 220. — Mo- 
nographie du genre Hesperis, 326. — 
Sur deux crucifères de Chine, 455. — 
Rapport sur l'herborisation de la Société 
au pont de Saint-Clair (Haute-Savoie), 
xxvi, — Rapport sur les herborisations 
faites aux environs de Sallanches sous la 
direction de M. Personnat, cxi. — Sur 
les herborisations faites à Notre-Dame 
de la Gorge et au col de Voza, cxLv. — 
Rapport sur les collections de la Haute- 
. Savoie, cuxxxvir, — Obs., 86, 141, 146, 
156, 223, 301,361, 383, 400, 456, LVI, 
XCIII, 
Fournier (H.). (Diverses plantes trouvées 
au bois de Boulogne par M.), 362. 
France (Flore de). Nouvelles herborisations 
dans l'Hérault, 13. — Sur la flore de 
l'ile Sainte-Marguerite, 44, — L'herbier 
de Linné et les Graminées françaises, 
106. — Sur un Romulea de Montpellier 
nouveau pour la flore de France, 245.— 
Étude sur le genre Crypsis et ses espéces 
françaises, 317. — Détermination d'une 
Dioscorinée découverte dans les Pyré- 
nées, 373. — Sur la découverte de 
l'Isoëtes tenuissima à Romorantin, 433. 
— Promenades botaniques dans l'arron- 
dissement de Saint-Pons, et découvertes 
faites dans l'Hérault, 440. — Florule 
bryologique des environs de Revin (Ar- 
dennes), 477. — Session extraordinaire 
à Annecy, 1 à cxcu, — Sur quelques 
plantes rares du département de la 
Haute-Savoie, xix, — Herborisations de 
Ja Société pendant sa session extraordi- 
naire à Annecy, Xxvi, XXVII, XXVIII, XXXV, 
XCVI, CK, CXIIL, CXXXIX, CLXIII, CLXV, CXLVI, 
CLXXXV, CLXXXIX. — Sur quelques arbres 
fruitiers des environs de Bonneville, 
xvni. — Sur la végétation du Saléve, 
uxi. — Herborisations sur la chaîne de 
montagnes qui s'étend de Bonneville à 
Sallanches, cxxviu. — Sur un Helleborus 


nouveau pour la flore de France, cxxxv. 
— Sur quelques plantes rares ou nou- 
velles de la vallée de Chamonix, cxcvu. 
— Sur un Vicia mal connu de la flore 
française, cxrix. — Sur trois plantes des 

` environs d'Annecy, cut. — Herborisa- 
tions des environs d'Annecy, civi. — 
Sur les collections de la Haute-Savoie, 
CLXXXvit, — Espèces décrites ou signa- 
lées : 

Agrostis rubra [207]. — Alyssum mariti- 
mum, 362. — Amaranthus Delilei, 316. 

Bromus ambigens, cuxxv, — Brunella al- 
pina, cuu. 

Calepina Corvini, 362. — Carex micro- 
stachya, xci, — Carlina Chameleon, 
xxxix, en note, — Centaurea nervosa, 
xxxix, en notes, — Cistus hybr., 445, 
453, — Coralliorrhiza innata R. Br., 
XXXI, CXVII, CXLV, — Cralægus ruscino- 
nensis [206]. — Crypsis, 317, 325. — 
C. aculeata, alopecuroides, schenoides, 
325. — Cyclamen neapolitanum, xxu. 
— C. coum, cxiv. — Cylisus Ardoini 
Fourn. sp. n., 389. 

Daucus marcidus, cuv. — Dioseorea pyre- 
naica Bub., 374, 380. 

Epipogon aphyllus, xcvut, cxvit. — Eu- 
phorbia polygonifolia, 413. 

Goodyera repens, cxvit. 

Helleborus Bocconi, cxxxvt. — Hesperis la- 
ciniata, var, hieracifolia, 336.— H, sil- 
vestris, var. alpestris, 347. 

Iberis sabauda, CLxxv. — Isoëtes tenuissi- 
ma, 433. 

Juncus capitatus, 364. — J. foliosus Desf., 
300. 

Lecanora parisiensis N. sp. nov., 368. — 
Leontodon taraxaci pyrenaicum. cLxxxiv. 
Lepidium Smithii, 362.—Leucanthemum 
atratum, CLI. 

Medicago Verloti [206]. 

Narcissus serotinus, 364. — Nephrodium 
Oreopteris, 363. 

Oxalis libyca, 99. 

Paronychia argentea L., 307. — Phyco- 
myces nitens K. [248]. — Pilularia mi- 
nuta [93].— Poa nervala, 391.— P. pa- 
lustris, 478. — Potentilla frulicosa,476. 

Ranunculus confusus, xuvir.— R. Drouetii, 
LV, — Romulea ramiflora Ten., 245. 
— Rosa [281]. — R. clusiana Bouv., 
XXIV, 

Salix daphnoides, xxxix. —8S. Pontederana, 
xxxvii. — Schistostega osmundacea W. 
et M , 478. — Sedum montanum [207]. 
— Sempervivum, esp. div, et hybr., 20. 
— Senecio Jacobea var, xxix, en note, — 


294 


Sisymbrium aus!riacum, xL. — S. lcvi- 
. gatum et bursifolium, 383. — S. stric- 
lissimum, 362. — Sparganium fluitans 
[203]. — Sphagnum Muelleri, 478. 

Tragopogon Pommaretii [171]. 

Verbascum montanum, 391. — V. nigro- 
pulverulentum, 445. — Vicia Sallei, 
CXLIX. 

Voyez (dans la table de la Revue bi- 
bliographique) : Ansbergue, Boreau, Boul- 
lay, Bouvier, Déséglise, Doumet, Fran- 
chet, Grenier, Moriére, Planchon, de 
Saporta, Songeon et Perrier, Timbal-La- 
grave. 

Fumariacées [57]. 


G 


Gardenia Tinnea Kotschy et Heuglin [19]. 

Gaslondia Vieill. [84]. 

Gasparrini (G.). Sa mort [190] 363. 

GaupEFROY. Obs., 391. 

Gavarnie (Hautes-Pyrénées) (Dioscorea py- 
renaica, tr. à), 314, 380. 

Gay (Ch.). Sa mort, 400. 

Gay (Sur up manuscrit de J.) contenant la 
relation d'un voyage dans les Alpes, xci. 

GELsHoRN. Obs., CLXXXVI. 

GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Sur le Lagenaria 
sphærico-vulgaris, hybride obtenu à Hyé- 
res, et description des espèces du genre 
Lagenaria, 301, — Enumération des 
espéces de la famille des Ambulatoriées 
(nouveau groupe de la famille des Dia- 
tomées), 309. — Obs., 261, 299, 309, 
312. 

Germination des Sélaginelles, 372. 

Gisors (Morchella bahemica tr, à), 43. 

Glycine L. [62]. 

Gogot (D'). Sa mort, 400. 

Goniobryum Lindl. g. n. [78]. 

Gonrier fils, Rapport sur l’ herborisation de 
la Société au Calvaire, XXVII 

Goodyera repens, cxvit. 

Gossypium [114]. 

GouwAIN-CouwILLE, Épisodes d'un voyage en 
Savoie et dans le nord de l'Italie, rela- 
tifs à la longévité de certains arbres, 
142. 

Graminées [126], — françaises (L'herbier 

. de Linné et les), 106, 

Grandidiera Jaub. g. noy., 467,— Boivini 
J. sp. nov., 467. 

Graphidées [34]. 

Grenier (Ch.). Note sur le Dioscorea pyre- 
naica, 380. — Sur les Sisymbrium læ- 
vigalum et bursifolium, 383. 

Greville (R.-K.). Sa mort [287]. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


Gris (A.). Sur les corps reproducteurs des 
Cycadées, 10. — Recherches pour servir 
à l'histoire physiologique des arbres, 
431. — Obs., 86, 228, 235, 236, 241, 
— Voy. Brongniart. 

GROENLAND. Préparations microscopiques, 
422. 

GUBLER a trouvé une nouvelle localité de 
V Helichrysum arenarium à Boulogne- 
sur-Seine, 278. — Obs., 24, 264, 278. 

Guillainia Vieill. [83]. 

GuiLLARD (A.). Sur la mort de D. Juan 

. Ysern, 64.— Sur l'Australie, 476, 477. 
— Obs., 456. 

Gussone. Sa mort, 168. 


H 


Hällatte ( Nephrodium Oreopteris trouvé 
dans la forét de), 363. 

Hartman, voy. Duval-Jouve, 

Harvey (W.-H.). Sa mort [190]. 

HasskanL. Membre à vie, 475. 

Helianthemum (Révision d'un groupe d"), 
406. — lasiocarpum Desf., 406. — 
ledifolium Willd., 410. 

Helichrysum arenarium trouvé à Boulogne 
(Seine), 278. 

Helicosporangium parasiticum Kart, [132]. 

Helleborus (Sur une espéce du genre), nou- 
velle pour la flore de France, cxxxv. — 
Bocconi Ten., cxxxvi en note. 

Hénon (D'). Sur quelques arbres fruitiers 
des environs de Bonneville, notamment 
sur le poirier Maude, xLvin. — Sur les 
champignons trouvés au mont Brizon, 
€x. — Voy. Doumet. 

Henoonia Griseb. g. nov. [280]. 

Heptanthus Griseb. g, nov. [280]. 

Hérault (Nouvelles herborisations dans l’), 

43. — (Nouveau tribut scientifique des 
botanistes de 1), 312. — (Découvertes 
récentes dans Y), 440. 

Herbiers. L'herbier de Linné et les Grami- 
nées francaises, 106. — Herbier Magnol, 
101. — Herbier de M. Michalet, cxviii, 
— Voy. Collections et (dans la table de 
la Revue bibliograpbique) Coemans,Hass- 
karl. 

Herborisations (Nouvelles) dans l'Hérault, 
13, 440. — à Folembray (Aisne), 
391. — de la Société pendant la ses- 
sion extraordinaire (Rapports sur les): 
pont de Saint-Clair, xxvi; le Calvaire, 
xxvi; mont Charvin, xxvii; mont Chà- 
tillon, xxxv; montagnes du Brizon, du 
Vergy et du Méry, xcvi; mont Brizon 
cx; bois de Colone, pâturages de Flaine 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÉRES. 


et Haut-Véron, cxi col du Bonhomme, 
cxxxix: glacier de Tré-la-Téte, cxunr; 
Notre Dame de la Gorge et col de Veza, 
CXLV; Montanvert et Mer de glace. cxLvi ; 
Brévent, cixxxix. — sur la chaîne de 
montagnes qui s'étend de Bonneville à 
Sallanches, cxxvimr. — des environs 
d'Annecy, cLvi. — Voy. Champignons, 
Cryptogames cellulaires, Loret, Malin- 
vaud, et (dans la table de la Revue bi- 
bliographique) Boreau, Moriére. 

Hermosiphon Kuetz. [104]. 

Hesperis (Sur l'étymologie et les origines 
du genre), 220. — (Monographie du 
genre), 326. — (Descr. du genre), 332, 
— armena, Boiss., 349.—- Balansæ F, 
Sp., 338. — bicuspidata DC., 350. — 
Boltæ F. sp. n., 352. — campicarpa 
Boiss., 3140. — cappadocica F., 351. — 
dalmatica F., 335. — elata Hornem., 
848. — glabra Boiss., 349.— hyrcanica 
Spr., 352. — laciniata et var. hieraci- 
folia, 336.— majuscula F. sp. n., 339. 
— microcalyx, 351. — moniliformis 
Sch., 352.— multicaulis Boiss., 341.— 
Pachypodium F. sp. n., 335.— pendula 
DC. et var., 339. —persica Boiss.,340. — 
podocarpa Boiss. , 341. — pulmonarioides 
Boiss., 334. — runcinata W .et K., 341. 
— scabrida Boiss., 338. — secundiflora 
Boiss.,338.— silvestris Clus. et var.,342. 
— spectabilis Jord., 337. — Stevemana 
DC. et var., 342. — unguicularis Boiss., 
352. — villosa DC., 337. — violacea 
Boiss., 350. — Visiani F., 338. 

Heyland. Sa mort [191]. 

Horaninow (P.-F.). Sa mort [287]. 

Hugard, naturaliste, LVU. 

Hybrides. Cistus ladanifero-monspeliensis 
Lor., 445, 453.— C. monspeliensi-lada- 
niferus L., 445, 453. — Lagenaria 
sphærico-vulgaris, 301.— Leontodon ta- 
raæaci-pyrenaicum, CLXXXIV. — Semper- 
vivum, 20. — Verbascum nigro-pulveru- 
lentum, 445. — Voy. (dans la table de 
la Revue bibliographique) : Christ, Go- 
dron, Nægeli, Rivière, Scott. 

Hybridité (Vraisemblance de l’) de l’ Asple- 
nium Breynii [20]. 

Hygroscope à branche de Sapin, xuv. 


I 


Iberis parviflora, 216. — sabauda P., 
CLXXV. 

Ischia (Les jardins de l'ile d’), 281. 

Isoétes tenuissima Bor. trouvé aux environs 
de Romorantin, 433. 


c6c 
J 


Jambosa australis DC, [69]. 

Jamin (Ferd.). Obs., xiv. 

Jan (G.) Sa mort [190]. 

Jardins de Naples et de l’île d'Ischia, 281. 

Jaugerr (le comte), président de la Société, 
8. — Discours, 32.— Compte rendu du 
Selecta fungorum carpologia de MM. L. 
R. et Ch. Tulasne, 57. — Les jardins 
de Naples et l'ile d'Ischia, 281. — 
Sur les Euphorbiacées et sur un genre 
nouveau de Bixacées de Zanzibar, 461, 
— Discours à la session extraordinaire 
d'Annecy, vn.— Sur les plantes recueil- 
lies par lui aux environs d'Annecy, 
xxxvin.—Obs., 99, 100, 141,146,169, 
244, 979, 281, 300, 309, 363, 311, 
387, 405, 411, 476, 417, LVII, LX. 

Joncacées [126]. 

Juglandées (Sur l'organisation de l'ovaire 
des), 96, en note. 

Juglans cinerea L. (Sur les épis du), 96, 
en note. 

Juncus capitatus trouvé à Thurelles, 364. 
— foliosus Desf. trouvé en Corse, 300, 
— pygmæus et fasciculatus [13]. 

Jussica (Sur les racines aérifères des), 169. 
— repens, 183. 

Jussieu (Lettre d'Adanson à B. de), 24. 


K 


Kampmann père (F.-E.). Sur la flore de l'île 
Sainte-Marguerite, 44. 

Kerria japonica DC. [74]. 

Keteleeria Fortunei Curr. [278]. 

KinscHLEGER, Sur la valeur morphologique 
de l'écaille dans le cône des Coniféres et 
sur les feuilles aciculées de l'Asperge, 
236. 

Kotschy (D' Théod.). Sa mort [237] 400. 


L 


Lagenaria, 301.—sphærico-vulgaris, 301. 
— angolensis, sphæriea, 303, — vulga- 
ris, 304, 309. 

Laisné. Obs., 457. 

LaNpniN (Arm.), Sur une lettre d'Adanson 
à Bernard de Jussieu, 24. — Sur les 
découvertes botaniques faites parM. Eug. 
de Boucheman aux environs de Ver- 
sailles, 276. à i 

Lathræa, 86 [21]. 

Lathyrus aphaca (Sur la foliation du), 
LIX. 


| Laurinées [247]. » 


206 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Lecanora dissipata Nyl., 368, — sophodes | 
var. teichophila Nyl., 367. — urbana | 
Nyl.,368.— parisiensis Nyl. sp. n., 368. 

Lecidea [18]. 

LecoQ. Obs., 241. 

Lrr£vnE (Éd.). Aperçu général sur la végé- 
tation de Ja Basse-Cochinchine, 264. 
Lerranc (Edm.). Catalogue des plantes 
récoltées dans la subdivision de Sidi-bel- 
Abbés (Algérie), 25, 45, 65. — Étude 
botanique , chimique et toxicologique 

sur l' Atractylis gummifera, 146. 

Légumineuses [284]. 

Lentibulanées [37]. 

Leontodon taraxaci- pyrenaicum Geoff., 
aLxxxiv. 

Lepidium Sinithii, 362. 

Leptothriz [12]. — buccalis [24]. 

Lescaillea Griseb. g. n. [280]. 

Lettres de MM. Ardoino, Cornu, de Can- 
dolle, Grenier, Guillard, Kampmann, 
Landrin, voy. ces noms, 

Leucanthemum atratum T.-L. non DC., 
cLi. 

Lianes {Sur la structure anomale des tiges 
des), 272. 

Lichens [34] [63] [65] FH (68][73][74] 

15] [106] [117] [134] [169] [172] 
lh 95]. Tentamen dispositionis Lichenum 
in Longobardia crescentium, 55.— ‘Note 
sur l'Exsiccata des) de Normandie publié 
par M. Malbranche, 240. — du jardin 
du Luxembourg, 364. 

Liliacées [129]. 

Lilium, fl. monstr., 372. 

Linné (L'herbier de) et les Graminées fran- 
caises, 106. 

Lobelia Dortmanna L. [169]. 

Lodoicea Seychellarum [8]. 

Longévité de certains arbres, 142. 

Loner (Henri). Nouvelles herborisations 
dans l'Hérault, 13.—De l'herbier connu 
sous le nom d'herbier Magnol, 101. — 
Nouveau tribut scientifique des botanistes 
de l'Hérault, 312. — Sur deux plantes 
indigénes considérées comme alimen- 
taires: Carlina acanthifolia et Arabis 
cebennensis, 384, — Promenades bota- 
niques dans l'arrondissement de Saint- 
Pens-de-Thomière en 1866, suivies des 
découvertes récentes faites dans l'Hé- 
rault, 440. — Voy. Richter et Loret. 

Lycopodiacées [227]. 

Lysimachia L. [116]. 


M 


Magnan (Le pasteur). Sa mort, 52.— Note 
nécrologique, 136. 

Magnol (De l’herbier attribué à), 101. 

MALBRANCBE, voy, Nylander. 

MaLmvAup (Ern.). Sur ûne station nou- 
velle du Verbascum montanum Schrad. 
et sur quelques herborisations à Folem- 
bray (Aisne), 391. — Obs., 307. 

Maly (Fr.). Sa mort [287]. 

Manceau, membre à vie, 475. 

Mandon (G.). Sa mort [287]. 

ManciLLY (L.). Sur le Solanum nigrum L., 
390. ; 

Manis, Obs., 101, 

Marsilia [275]. — hirsuta, 239. 

ManriN (L. de). Sur la fermentation en- 
séique, CXXI. 

Martins (Ch.). Sur les racines aérifères des 
espèces aquatiques du genre Jussiæa, 
169. — Sur la synonymie et la distri- 
bution géographique du Jussiæa repens 
L., 483. 

MaucENEsT (D') envoie des échantillons 
nains de Papaver dubium, 279. 

MauGix (G.), La plante a-t-elle une âme? 
Essai de psychologie végétale, 86, 157. 
— Sur la quadrifoliolation du Trifolium 
repens, 279. 

Medicago Verloti S. P. sp. n. [206]. 

Mélanges [42] [92] [143] [189] [236] 

285]. 


MeuicocQ (de la Fons de). Sur le Paronychia 
argentea Lam. observé à Monthermé 
prés Mézières, 307. 

Menton (Cytisus Ardoini Fourn. sp. n. tr. 

" 3 

Mer de glace (Herborisation à la), cxLvi. 

Mermoup (L'abbé). Sur l'herborisation di- 
rigée par lui au glacier de Tré-la-Téte, 
CXLUI. 

Méry (Herborisation de la Société à la mon- 
tagne du), xcvi. ' 

Metalepis Griseb. g. n. [280]. 

Mettenius (G.-H.). Sa mort lj 400. 

Michalet, voy. H. Blanche. 

Mi£cEviLLE (L'abbé) .Essai de détermination 
d'uneDioscorinée récemment découverte 
dans les Pyrénées, 373. 

Mildea Griseb. g. n. [280]. 

Mimosées [128]. 

MoccnipcE a retrouvé le Potentilla fru- 
ticosa dans les Alpes-Maritimes, 476. 

Monochoria vaginalis [11]. 

Monstruosités. Quadrifoliolation du Trifo- 

_ lium repens, 279. — Caladium auritum, 


RE 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 


138, — Cydonia vulgaris, 234, — Li- 
lium, 312. — Voyez (dans la table de la 
Revue bibliographique) : Godron, Lan- 
drin, Pasquale, Masters. 

Montagne. Sa mort, 7. — Voy. (dans la 
table de la Revue bibliographique) : Cap. 

Montanvert (Herborisation au), cxLvr. 

Mont Charvin près Annecy, voy. Herbori- 
sations, 

Monthermé près Mézières (Paronychia ar- 
gentea obs. à), 307. 

Montpellier (Romulea ramiflora trouvé aux 
environs de), 245.— (Vicia Sallei T.-L. 
trouvé aux environs de), CxLix. — Voy, 
Loret. 

Morchella bohemica Krombh. Nouvelle loca- 
lité, 43. 

Morées [12]. 

Morphologique (Sur la valeur) de l’écaille 
dans le cône des Conifères, 236. 

Morus. Sur la végétation des boutures de 
Mürier, 225. 

Mostaganem (Sechium edule cultivé à), 244. 

MoviLLEFARINE (Edm.) a trouvé le Narcissus 
serotinus à Pietrocorbara (Corse), 364. 

Mousses [55] [57] [77] [100] [123] [153] 
477. 

Mucorinées [179]. 

Muenteria Seem. g. nov. [119]. 

Muxsy (G.) Sur l’{beris parviflora, 216. 
— Sur les noms arabes des plantes d’Al- 
gérie, 217. — Sur une nouvelle espéce 
de Tulipe, 256. 

Munro (W.), voy. Duval-Jouve. 

Mürier (Sur les boutures de), 225. 

Myrrhis odorata [210]. 

Myrtacées de la Nouvelle-Calédonie (Suppl. 
aux), 468, 

Myxomycètes [117]. 


N 


. Naples (Les jardins de), 281. 

Narcissus [7].—serotinus trouvé à Pietro- 
corbara (Corse), 364. 

Nasturtium officinale [35]. 

Nécrologie, voy. Mélanges. 

Nephrodium Oreopteris trouvé dans la forêt 
de Hallatte, 363. 

Nerro (Ladislaü). Sur les plantes économi- 
ques du Brésil, 53. — Sur le Pisonia 
Caparrosa, sp. ined,, 55. — Sur la 
structure anomale des tiges des Lianes, 
272.—Itinéraire botanique dans la pro- 
vince de Minas-Geraes, 362. 

Noms arabes des plantes d'Algérie, 217. 

Noms populaires de quelques plantes en 
Savoie, LIX., 


297 


Normandie (Sur l'Exsiccata des Lichens de), 
240. 

Nostoc Kuetz [104]. 

Notre-Dame de la Gorge (Herborisation à), 
CXLV, 

Nouvelle-Calédonie, voy. Brongniart et Gris. 

Nouvelles, voy. Mélanges. 

Nycanver (W.). Sur l' Eccsiccata des Lichens 
de Normandie, publié par M. A. Mal- 
branche en 1863, 240. — Les Lichens 
du jardin du Luxembourg, 364,— Obs., 
311. 


0 


Odontites Dukerleyi Gr. et P. [204]. — 
Triboutii Gr. et P. sp. nov. [204]. 

Ombelliféres [268]. 

Oncidium [14]. 

Opegrapha [15]. 

Ophrydées (Sur la nature, l'organisotion et 
la structure anatomique des bulbes des), 
71. 

Ophrys aranifera Huds. [13]. 

Oran (Tulipa fragrans Muuby sp. nov. 
signalé à), 256. 

Orchidées Lio) [183]. — (Sur l'organisa- 
tion des racines des), 257, 

Orobanche aralioctona Meiss. [160]. 

Oxalis libyca Viv., 99. 

Oxytropis Parvopassuæ Parl, [207]. 


P 


Palmiers [143]. 

Papaver [75] [246]. — dubium, échantil- 
lons nains, 279. 

Papilionacées [97]. 

Paratheria Griseb. g. nov. [281]. 

Paris (Flore des environs de). Découvertes 
botaniques faites aux environs de Ver- 
sailles, 276. — (Sur les Lichens du jar- 
din du Luxembourg à), 264. — Voy. 
Boulogne, Fossiles, Gisors, Hallatte, 
Thurelles, 

PARLATORE, voy. Duval-Jouve. 

Paronychia argentea Lam. observé à Mon- 
thermé, 307. 

Passiflora [13]. 

Passy (A.). Sur une nouvelle station du 
Morchella bohemica, 43. 

Pavor (Vénance). Sur quelques plantes 
rares ou nouvelles de la vallée de Cha- 
monix, CxLvil, 

Rédalinées [106]. 

Penicillanthemum Vieill. [83]. 

PERRIER (A.). Sur Ja foliation du Lathyrus 
aphaca, LIX. 


298 


PgnsoNNAT (V.). Sur une espèce du genre 
Helleborus, nouvelle pour la flore de 
France, cxxxv. — Obs., 411. — Voy. 
Sallanches. 

Peronsikow (Al.Y Recherches physiologi- 
ques sur les transformations successives 
des parois des cellules, et sur la genèse 
de la cuticule, 213, 

Philippe. Sa mort [47]. 

Paire (Jules) présente la Revue savoi- 
sienne, publication de la Société flori- 
montane, xi. 

Phycomyces nitens Kunze [218]. 

Phyllomelia Griseb. g. nov. [280]. 

Pietrocorbara (Corse) (Narcissus serotinus 
trouvé à), 364. 

Piliocalyx bullatus B. G., 470. — waga- 
pensis, 471. 

Pilularia globulifera [215].— minute [93]. 

Pipéracées [157]. 

Pirus [272]. — Poirier Maude cultivé à 
Bonneville, xLvnr. 

Pisonia Caparrosa N. ined., 54. 

Placentoides (Des), nouvel organe des an- 

 théres, 81. 

PLancson (J. -E.). Sur une monstruosité des 
ovaires du Cydonia vulgaris, 234. — 
Obs., 235, 236, 241. 

Plante (La) a-t-elle une âme? 86, 157. 

Poa nervata obs. au bois de Boulogne, 391. 
— palustris Roth découvert en Bretagne, 
478. 

Podocarpus alpina R. Br., 495. — Nove- 
Caledoniæ V., 425. — usta B. G., 426. 

Pociloneuron Bedd. g. n. de la famille des 
Ternstræmiacées [62]. 

Poincilla Griseb. g. nov. [280]. 

Pontederia vaginalis L. [11]. 

Potentilla fruticosa retrouvé dans les Alpes- 
Maritimes, 416. 

Prasopepon Duriæi Naud. sp, nov, [193]. 

Prinieux (Ed.). Sur la nature, l'organisa- 

. tion et la Structure anatomique des 
bulbes des-Ophrydées, 71. — Sur la ma- 
tière colorante des raisins noirs, 248, — 
Apercu général de l'organisation des ra- 
cines des Orchidées, 257, 261. 

Primula graveolenti-viscosa [63]. 

Projection (Mécanisme de la) des graines 
des Acanthes, 95, 

Poer (D'). Obs., 455, 456. i 

Pucert (L'abbé). Sur la végétation du Saléve 
et du territoire qui s'étend de cette 
montagne au mont du Vuache, txi. — 
Herborisations sur la chaine de monta: 
gnes qui s'étend de Bonneville à Sallan- 
ches, cxxviir. — Résumé de quelques her- 
borisations des environs d'Annecy, civi. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Pyrénées (Dioscorinée découverte dans les), 
313. i 


Q 


Quadrifoliolation (Sur la) du Trifolium re- 
pens, 279. 
Quercus castaneæfolia C. A, Mey., 51. 


R 


Racines aérifères des espèces aquatiques de 

: Jussiæa, 169. — des Orchidées, 257. 

Ranunculus (Sur un) de la section Batra- 
chium, xvivu. — confusus G. G. tr. à 
Bligny, prés Bar-s.-Aube, xLvirr, en note. 
— (Sur un) fleurissant sous l'eau, LVII. 
— Drouetii F. Sch., LYD. 

Rapport sur les collections de la Haute- 
Savoie, CLXXXVII. 

Rapports sur les herborisations de la So- 
ciété, voy. Herborisations. 

Rreouo (V.). De l'drak des Musulmans 
(Salvadora persica), 436. — Du Reja- 
gnou (racine du Centaurea acaulis), et 
de son emploi en médecine et en tein- 
ture, 437. — Obs., 405. 

Rejagnou, racine du Centaurea acaulis; 
son emploi en médecine et en teinture, 
437. 

Reproducteurs (Sur les corps) des Cycadées, 
10. 

Respiration des plantes submergées, 411. 

Restio L. [60]. 

Revin (Ardennes) (Florule bryologique des 
environs de), 477. 

Reynosia Gris. g. n. [280]. 

Rhodogeron Griseb, g. n. [280]. 

RicaTer et Longer. Sur un Romulea nouveau 
pour la flore de France, 245. 

Ricinus communis [14]. 

RipAnT (D'). Cryptogames cellulaires récol- 
tées pendant la session, CLXXXV. 

River. Obs., 391. 

Rivière (A.), Sur un Ranunculus fleurissant 
sous l'eau, virt, — Obs., 371, 391, VII, 
LIX, LXI. 

Romaines (Sur quelques plantes), 393. 

Romorantin (/soëtes tenuissima Bor. tr. aux 
env. de), 433. à 

Romulea ramiflora trouvé aux environs de 
Montpellier, 243. 

Rosa [205]. — section tomentosa [281].— 
clusiana Bouv. sp. n., xxiv. 

RosaworrF (S.). Sur le pigment rouge des 
Floridées, et sur son rôle physiologique, 
228. — Études de morphologie et d'em- 
bryogénie [252]. 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 


Rossmann (J.). Sa mort [191]. 

Roussec. Sur l'ouvrage de M. Sancto-Garo- 
vaglio, intitulé : Tentamen dispositionis 
methodicæ lichenum in Longobardia nas- 
centium, 55. 

Royer (Ch.). Sur une bande d'écorce enga- 
gée entre des couches ligneuses, 388. 
Roze. Sur la germination des Sélaginelles, 

372. — Obs., 468. 

Rubiacées (Sur le genre Bikkia de la famille 
des), 40. 

S 


Sables d'Olonne (Euphorbia polygonifolia 
L. tr. aux), 473. 

Saccharum [223]. 

Sachsia Griseb. g. n. [280]. 

Saint-Clair (Pont de) prés Annecy, voy. 
Herborisations. 

Saint-Pons de Thomières (Hérault) (Pro- 
menades botaniques dans l’arrondisse- 
ment de), 440. 

Sainte-Marguerite (Sur la flore de l'ile), 44. 

Saléve (Sur la végétation du), LXI. 

Salix [18] 1263].— daphnoides, xxxix, en 
note.— pontederana Sehl., xxxvii. 

Sallanches (Séance de la session extraordi- 
naire à), xciv. — (Herborisations faites 
aux environs de) sous la direction de 
M. V. Personnat, cxu. — (Herborisa- 
tions sur la chaine de montagnes qui 
s'étend de Bonneville à), cxxvur. 

Salvadora persica, 436. 

Sambucus [121]. 

Sancto-Garovaglio : Tentamen dispositionis 
methodicæ lichenum in Longobardia nas- 
centium (Compte rendu de l'ouvrage de), 
55. 

SaronrA (G.de). Sur les genres de végétaux 
actuels dont l'existence a été constatée à 
l'état fossile, leur ancienneté relative, 
leur distribution, leur marche et leur 
développement successifs, 189. 

Saussure (H.-B.). Son passage à Bonneville, 
LVII 

Saussurea (Sur le genre), cxxxvi. 

Savoie (Sur quelques plantes de la Haute-), 
xix. — (Noms populaires de quelques 
plantes en), tix. — (Sur les collections 
de la Haute-), cLxxxvir, 

Saxifraga [246]. 

Saxifragées [111]. 

Schistostega osmundacea W. et M., 478. 

Schizopsis, genre nouveau de la famille des 
Bignoniacées [59]. 

Schlechtendal (De). Sa mort [238] 400. 

SCROŒENEFELD (W. de). Obs., 80, 141, 223, 
299, 300, 371, 387, 455 456, 467. 


209 


Sechium edule cultivé à Mostaganem, 244. 

Sedum montanum S. P. [207]. 

Selaginella (Sur la germination des), 372. 

Sempervivum arvernensi-arachnaideum La- 
ret, 16, 20. : 

Senecio Jacobea, var. xxxix, en note, 

Senna Batk. [116]. 

SENOT DE LA Lonne. Obs., cxt.vrim. 

Sequoia (Sur la longévité et les dimensions 
des), 143. 

Session extraordinaire à Annecy, r-cxcir, — 
(Fixation de la), 254, — (Comité de la), 
I. — (Membres qui ont assisté à la), ir. 
— (Autres personnes qui ont pris part 
à la), 1n. — (Programme de la), v. — 
(Bureau de la), v. — (Séances de la), 
VI, XXV, XCIV, cxxxvirr, — (Commissions 
de la), xir. — (Herborisations, excur- 
sions et voyages de la), voy. Herborisa- 
tions. — Fixation de la session extraordi- 
naire de 1867 à Paris, 461. 

Sidi-bel-Abbés (Catalogue des plantes ré- 
coltées dans la subdivision de), 25, 45, 
65. 

Siebold (P.-F. de). Sa mort [237] 400. 

Silybum Marianum et viride, xvi. 

Sisymbrium austriacum Jacq., xL.— lœvi- 
gatum et bursifolium, 383. — strictis- 
simum trouvé au bois de Boulogne, 362. 

Sioetia Sideroxylon T, et B., esp, nouv. de 
la famille des Morées [12]. 

SOCIÉTÉ BOTANIQYE DE France. Composition 
du bureau et du conseil pour 1866, 7. 
— Commissions pour 1866, voy. Com- 
mission. 

Solanum [35] — nigrum, 390. 

Sparganium fluitans Fries [203]. 

Sphagnum Muelleri Sch., 478. 

Spiridens [153]. — Vieillardi [154]. 

Staphylosporium violaceum Rab. [130]. 

Stephanosphara pluvialis Cohn [63]. 

Stratiotes aloides (16]. 

Streptanthus, 456. 

Submergées (Respiration des plantes), 411, 

Sweetia Spreng [62]. 

Symbrion Griseb. g. n. [280]. 

Symplocos de la Nouvelle- Calédonie, 428. 
— arborea B. G., 429, — baptica B. G., 
430. — carulescens, B. G. 429. — gra- 
cilis B. G.,431.— Lenormandiana B. G., 
428. — montana B. 6., 430. — nitida 
B. G., 430. — rotundifolia B. G., 430. 
— stravadioides B, G., 498. — Vieil- 
lardi B. G., 429. 

Syngonium decipiens Schott. [225]. 

Synopsis Griseb. g., n. [280]. 

Syzygium micansB. G. ,468. — tenuiflorum 
B. G., 469. — wagapense B. G., 468. 


300 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Tacsonia [13]. 

Tératologie (Phénoméne de) sur une Aroi- 
dée, 138. 

Ternstræmiacées [62]. 

Taéry, membre à vie, 475. 

Thiloa Eich). g. n. [249]. — glaucocarpa 
E. et gracilis E. [250]. 

Thurelles (Juncus capitatus trouvé à), 364. 

Tiges, voy. Lianes. 

TimBaL-LaGRAvE (Éd.). Sur un Vicia mal 
connu de la flore francaise, cxLix.— Sur 
trois plantes des environs d'Annecy, CLI. 

Tissor (Mgr), président d'honneur de la 
session à Sallanches, xcv. — Son allo- 
cution à la Société, cxxxvn. 

Tortula nitida Lind. [57]. 

Toxicologie. Étude sur l’Atractylis gum- 
mifera, 146. 

Tragopogon Pommaretii Fr. Sch. sp. n. 

171]. 

AT e (Herb. au glacier de), cxt. 

Trichostomum pallidisetum H. Muell. sp. 
nov. [123]. 

Trifolium repens (Sur la Quadrifoliolation 
du), 279. 

Tristaniopsis glauca B. G., 471. 

Tulasne : Selecta fungorum  carpologia 
(Compte rendu de l'ouvrage de L,.B. 
et Ch.), 57. 

Tulipa fragrans Munby. sp. nov., 256. 

Tylodontia Griseb, g. n. [280]. 


U 


Urédinées [243]. 
Urococcus [58]. 


Ustilago carbo [226].—- marina Tul., 239. 
Utricularia [87]. 


v 


Valérianées [37]. 

Valos (E. de). Sur l’Alsine Villarsii M. et K. 
et le Centaurea KotschyanaMHeuff. , 457. 

Van TieGue. Sur la respiration des plantes 
submergées, 411. 


Végétation, voy. Basse-Cochinchine, Saléve, 

Verbascum montanum Schrad. trouvé à 
Folembray (Aisne), 391. 

Vergy (Herborisation de la Société à la 
montagne du), xcvi. 

VznLor (B.). Obs., 308, 374, 387, 406. 

Véron (Haut-), voy. Herborisations. 

Verrucaria [65] [68].— virens Nyl., 310. 

Versailles (Découvertes botaniques faites 
par M. E. de Boucheman aux environs 
de), 276. 


Viaupn-GnaNp-Manairs,. Sur un Euphorbe 


d'Am“ que (Euphorbia polygonifolia L.) 
récemment découvert en France, 473. 

Vicia (Sur un) mal connu de la flore fran- 
çaise (V. Sallei T.-L. ), cxux. — 
olbiensis, c.t, en note. — Sallei T.-L., 
CXLIX, CLI en notes. 

Ville-Jégu (Poa palustris trouvé au bois 
de la) (Loire-Inférieure), 478. 

Vire, voy. (dans la table de la Revue bibl.) 
J. Moriére, 

Viscum. Sur le Gui du Chêne, xcu. 

Vitis vinifera. Sur la matière colorante des 
raisins noirs, 248. 

Voza (Herborisations au col de), cxLv. 


W 
W anioN (A.).Sur quelques plantes romaines, 
Mana (F. de). Sa mort, 400. 

X 


Xanthosoma appendiculatum Koch., 141, 
Xenodochus ligniperda [129]. 


y 


Ysern (don Juan). Sa mort, 64. 
Yucca [158]. 


Z 


Zanzibar (Sur un genre nouveau de Bixa- 
cées de), 461. 


E 


TABLE 


PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS 
DES PUBLICATIONS 


ANALYSÉES DANS LA REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 


(TOME TREIZIÈME,) 


N.-B. — Cette table ne contient que les titres des ouvrages analysés et les noms de leurs auteurs. 
Tous les noms de plantes dont les descriptions ou les diagnoses se trouvent reproduites dans la Revue 
bibliographique, ainsi que les articles nécrologiques, etc., doivent être cherchés dans la table générale 


qui précède celle-ci. 


V 


ANpEnsoN (L.), voy. Gray. 

Anpra (D' C.-J.). Plantes fossiles du ter- 
rain carbonifére de la Prusse rhénane 
et de la Westphalie (108]. 

AwpnÉ (Ed.). Les plantes à feuillage orne- 
mental [36]. — Le mouvement horticole 
en 1865 [81]. 

ANSBERGUE (Edme). Flore fourragère de la 
France [197]. 

AncHER. Note sur la présence nouvelle, en 
Irlande, du Stephanosphera pluvialis, 
Cohn, algue de la tribu des Volvocinées, 
avec des remarques sur sa constitution 
[63]. 

cs (P.), voy. Voyage. 

BaziscrToN (C.-C.). Sur les espèces anglaises 
du genre Arctium [19]. 

BaiLLoN. (H.). Observations sur les Saxifra- 
gées, l'organisation, les rapports et les 
limites de cette famille [141]. — Etudes 
sur l'herbier du Gabon, du Musée des 
colonies françaises [220]. — Sur deux 
Euphorbiacées brésiliennes [222]. 

Barxa (J.-B.). Monographie des Cassiées du 
groupe Senna [116]. 

BEppowE (H.-R.). Sur un nouveau genre 
de Ternstræmiacées [62]. 

BrissEL (Ignaz). Sur les êtres qui vivent 
dans les sources chaudes d'Aix-la-Cha- 
pelle et de Burtscheid [124]. 

Békérorr (A.). Sur une station quasi 
spontanée du Sapin de Sibérie, Abies 
sibirica. Led. [100]. 

BeNrHAM. Sur les genres Sweetia Spreng et 
Glycine L., publiés simultanément sous 
le nom de Leptolobium [62]. 

BsnkELEY (J.). Observations sur un mode 


particulier de fructification dans le Chio- 
nyphe Carteri Berk [9]. — et C.-E. 
Broome. Notes sur les Champignons d'An- 
gleterre [21] [197]. 

BEnruoLp. Les Cryptogames vasculaires de 
Westphalie [88]. 

Bibliographie [38] [91] [137] [187] [236]. 

Boenw (Jos.). Les fibres du liber sont-elles 
des cellules ou des agrégations de cel- 
lules [180]? 

Boissier (E.). Icones Euphorbiacearum, ou 
figures de 122 espèces du genre Eu- 
phorbia, dessinées et gravées par M. Hey- 
land, avec des considérations sur la clas- 
sification et la distribution géographique 
des plantes de ce genre [185]. 

Borte (Carl). Sur une nouvelle espèce ita- 
lienne de Narcisse [7]. 

Boreau. Précis des principales herborisa- 
tions faites en Maine-et-Loire en 1864 
[121] [203]. 

Borner (E.). et G. Taurer. Sur la fécon- 
dation des Floridées [283]. 

Botanische Zeitung, articles non analysés 
[187]. 

Bouvier (Ém.). Des Champignons, au point 
de vue de leurs caractères usuels, chimi- 
ques et toxicologiques [22]. 1 

BouLLay (L'abbé). Sur la géographie bota- 
nique des environs de Saint-Dié (Vosges) 
[205]. 

BourrevitLE. De l'existence limitée et de 
l'extinction des végétaux propagés par 
division [53]. 

Bouvier (L.). La chaine des Aravis. Topo- 
graphie botanique, histoire et statístique 
des vallées de la Clusaz, du Grand- 


302 


Bornand, du Reposoir et de Thónes 
[208]. 

Brewer (W.-H.), voy. Gray. 

Broome (C.), voy. Berkeley. 

BucngNau (Fr.). Dipseudochorion, novum 
Alismacearum genus [31]. — Juncus 
pygmaus Buch. et J. fasciculatus Sch. 

73]. — L'inflorescence des Joncacées 
SEU — Remarques morphologiques 
sur le Lobelia Dortmanna [169]. — 
Remarques sur là structure florale des 
Fumariacées et des Crucifères [170]. 

Bunce (A. de). Revue et groupement des 
espèces du genre Cousinia Cass. [152]. 

Bureau (Ed.). Description du genre nou- 
veau Schizopsis, de l'ordre des Bigno- 
niacées [59]. 

Car (P.-A.). Camille Montagne, botaniste 
[248]. 

CARRIÈRE (E.-A.). Production et fixation 
des variétés dans les végétaux [53]. — 
Keteleeria Fortunei [218]. 

CksaTt (De). Liste systématique de quelques 

- plántes de la Palestine, extrait de l'ou- 
vrage la Terre-Sainte de Igino Marto- 

- relli [104]. 

CmariN. (A .). Sur la vrille des Cucurbita- 

. eées [32]. — Existence d'une troisiéme 
membrane dans les anthères ; localisation 
des cellules fibreuses daus quelques an- 
théres; absence de ces cellules dans les 
anthéres d'un grand nombre de plantes 
[33]. — Le Cresson [35]. 

Cuuisr. Primula graveolenti-viscosa [63]. 

Cuuncu (A.-H.). Expériences sur la com- 
position du grain de blé [119]. 

Cros (D.). De la postfloraison (32]. — Ob- 
servations sur le pistil ou le fruit des 
genres Papaver et Citrus [15]. — La 
feuille florale et l'anthére [175]. 

Gormans (Eug.). Cladonite Acharsano [12]. 

Coun (F.). Sur le Chlorops tæniopus [194]. 
—Voy. Rabenhorst. 

Comptes rendus de l'Académie royale des 
sciences de Stockholm [57]. 

ConExwiNpER, Recherches chimiques sur la 
végétation; fonctions des feuilles [87]. 

Crerin (Fr.). Manuel de la Flore de Bel- 
gique [174]. 

Cuming, voy. Hasskarl, 

Davam (E.), Recherches sur la pourriture 
des fruits [271]. 

De Bary. Manuel de physiologie végétale, 
t. HI, t7* livraison, Morphologie et phy- 
siologie des Champignons, des Lichens 
et des Myxomycètes [117]. — Étude des 
Mucorinées [179]. — Recherches sur ies 
Péronospores [180]. — Nouvelles re- 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


cherches sur les Urédinées [243]. — 
Voy. Hofmeister. 

DeBEaux (J.-O.). Essai sur la pharmacie et 
la matiére médicale des Chinois [85].— 
Note sur quelques matières tinctoriales 
des Chinois [184]. 

Decaisne (J.). Revue du groupe des Péda- 
linées [106]. — Jardin fruitier du Mu- 
séum ou Iconographie de toutes les es- 
pèces ou variétés d'arbres fruitiers cultivés 
dans cet établissement, avec Jeur descrip- 
tion, leur histoire, leur synonymie, etc. 
Livraisons 65-72 [272]. — et Cu. Nau- 
DIN. Manuel de l'amateur des jardins; 
traité général d'horticulture, t. I [264]. 

DE CANDOLLE. Théorie de l'angle unique en 
phylfotaxie [5]. — La vie et les écrits 
de sir William Hooker [69]. — De la 
germination sous des degrés divers de 
température constaute [70]. — Mémoire 
sur la famille des Pipéracées [157]. — 
Voy. Prodromus. 

DE Noranis. Chronique de la bryologie 
italienne [101]. — Sur les genres Her- 
mosiphon et Nostoc [104]. 

DÉsÉctis&€ (A.). Description de quelques 
espéces nouvelles du genre Rosa [205]. 
— Révision de la section Tomentosa du 
genre Rosa [281]. 

Des MouuiNs. Note sur la lettre de M. Alph. 
de Rochebrune, relative aux plantes im- 
portées et pouvant servir de documents 
archéologiques sur les ruines et les peu- 
plades de France [136]. 

Dickie (G.). Observations et expériences sur 
la germination [63]. 

Dirrez (L.) Recherches d'histologie végé- 
tale. Les cellules à latex des espèces de 
Sureau [121]. 

Doumer (N.). Une semaine d'herborisation 
en Corse e: 

Dozy (F+) et J.-H; Moixensorn. Bryologia 
Javanica, seu descriptio Muscorum fron- 
dosorum, archipelagi indici iconibus il- 
lustrata, fase. 45-48, edentibus .R. B. 
van den Bosch et C. M. van der Sende- 
Lacoste [77]. 

DucuanraE (P.). Eléments de botanique, 
comprenant l'anatomie, l'organographie, 
la physiologie des plantes, les familles 
naturelles et Jä géographie botanique 
[134]. — Quatre notes physiologiques: 
1? Expériences sur le développement 
individuel des bourgeons; 2° Note sur le 
chasselas panaché; 3° Expériences rela- 
tives à l'influence de la lumière sur len- 
roulement des tiges; 4? Observations sur 
l'accroissement de quelques plantes pen- 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. 


dant le jour et pendant la nuit [168]. 

Eicutgg (A.-W.). Sur la structure florale 
des Fumariacées, des Cruciféres et de 
quelques Capparidées [145]. — Deux 
nouveaux genres de Combrétacées [249]. 
— Voy. Flora brasiliensis. 

Erse (H.). Communication sur la flore de 
la forét de Wilhelmswald [90]. 

EwGLER (Ad.), de Breslau. Recherches sur 
l'histoire naturelle et la distribution 
géographique du genre Saxifraga [246]. 
— Voy. Voyage. 

ErriNGsHAUSEN (C. d’). Recherches sur la 
nervation des Graminées [126]. 

Fée (A.-L.-A.). Iconographie des espèces 
nouvelles décrites ou énumérées dans le 
Genera Filicum, et révision des publica- 
tions antérieures relatives à la famille 
des Fougères [226].— Histoire des Fou- 
gères et des Lycopodiacées des Antilles 
[227].—Sur l'odorat et les odeurs [260]. 

FEnwonp (Ch.). Phytogénie, ou théorie mé- 
canique de la végétation [211]. 

Ficani- Bey (le D" A.). Etudes scientifiques 
sur l'Egypte et les pays adjacents, y 
compris la péninsule de l'Arabie-Pétrée 
[49]. 

Flora, journal (articles non analysés) [138]. 

Flora brasiliensis. Enumeratio plantarum in 
Brasilia hactenus detectarum, quam edidit 
C.-F.-Ph. de Martius. Fasc. xxxix-xr. 
Capparidées, Cruciferes, Papavéracées, 
Fumariacées, Gentianées, Apocynées, 
par MM. Eichler, de Martius et Progel 
[153]. — Fasc. xti. Lauracées et Her- 
nandiacées, par M. Meissner [181]. 

Fourreau (J.), voy. Jordan. 

FnawcHET (A.). Essai sur la distribution 
géographique des plantes phanérogames 
dans le département de Loir-et-Cher 
[201]. 

Fries (Th.). Recherches sur le prétendu 
cephalodium des Lichens [169]. 

Fnoënbe et Sonauen. Recherches sur la ra- 
cine de la Carotte [131]. 

GasPammiwr (G.), Note sur une Myrtacée 
d'Australie qui peut être cultivée avec 
avantage dans l'Italie méridionale [69]. 
— Nouvelles observations sur certains 
agents artificiels qui accélèrent Ja ma- 
turation du Figuier [133]. — Observ. 
sur le chemin fait par le mycélium d'un 
Champignon dans l^ tronc vivant d'un 
Acacia dealbata [135]. — Observations 
sur l'origine du calice monosépale et de 
la corolle monopétale chez quelques 
plantes [161]. — Sur la maladie du 
raisin apparue, dans le cours de la pré- 


303 


sente année 1865, sur quelques points 
de la province de Naples [162]. — Obs. 
sur une maladie du Cotonnier, dite pe- 
lagra, et sur une certaine moisissure qui 
l'accompagne [163]. 

GEvLER (Th.). Etudes sur les Sphacélariées 
[128]. 

Gip&LLI (G.), Sur les organes reproducteurs 
du genre Verrucaria [65]. 

Gopnox (D.-A.). Mémoire sur la pélorie des 
De'phinium et sur plusieurs autres ano- 
malies que présentent les fleurs de ce 
genre [81]. — Observations sur les 
races du Datura stramonium [89]. — 
Nouvelles expériences sur l’hybridité 
dans le régne végétal, faites pendant ces 
trois derniéres années [89]. — Observa- 
lions sur les bourgeons et sur l'inflores- 
cence des Papilionacées [97]. 

GogPPenT (H.-R.). Sur le bois fourni par là 
forét de Bohéme pour les tables d'har- 
monie [137]. — Recherches sur des Cy- 
cadées fossiles [151]. 

Gray (Asa). Contributions botaniques: ca- 
ractéres de quelques plantes nouvelles 
dela Californie et de la Nevada, princi- 
palement d’après les collections du pro- 
fesseur W.-H. Brewer et du D" Ch.-L. 
Anderson [107]. 

Grenier (Ch.). Observations sur le Crate - 
gus Azarolus et quelques espèces voi- 
sines [206]. — et J. Paittor. Sur deux 
Odontites de la. flore d'Algérie [204]. 

Gris (A.) . Recherches pour servir à l’histoire 
physiologique des arbres [98]. 

GnisEBACH (A. ). Catalogus plantarum euben- 
sium, exhibens collectionem Wrightianam 
aliasque minores ex insula Cuba missas 
[279]. 

GnuNow (A.), voy. Rabenhorst, 

HaLLiER (Ern.). Sur le Leptothriz buccalis” 
[24]. — Sur des plantes cellulaires fos- 
siles [24]. — Recherches sur le Lepto- 
thriz et la levüre [72]. — Les parasites 
végétaux du corps humain, ouvrage des- 
tiné auk médecins, aux botanistes et aux 
étudiants, qui peut servir d'introduction 
à l'étude des organismes inférieurs [110]. 

Haxce (H.-F.). Description de quatre plantes 
nouvelles de la Chine méridionale [119]. 

Hansrux (J.). Pilulariæ globuliferæ gene- 
ratio cum Marsilia comparata [235]. 

Hanrzscu (C.-A.), voy. Rabenhorst» 

Hanric (Th.). De la pénétration des racines 
dans le sol [166]. 

HasskanL (J.-K.). Sur quelques plantes nou: 
velles des Philippines, provenant des ré: 
coltes de Cuming [106].—Sur les Com- 


304 


mélinacées [170]. — Nouvelle clef de 
l’'Herbarium amboinense de Rumphius 
[229]. 

Heer (Oswald). 
[t17]. 

Herper (F. de). Remarques sur les arbres, 
arbrisseaux et plantes vivaces les plus 
importants du Jardin botanique de Saint- 
Pétersbourg et de la flore de ce pays, 
avec des détails sur leur développement 
périodique [28]. — Voy. E. Regel. 

Hermann (le D°), voy. Rabenhorst. 

HEvLAND, voy. Boissier. 

Hipesrano (F.). Recherches d'hybridation 
sur les Orchidées [72]. — Sur une forme 
particuliére des réservoirs à latex [172]. 
— Comment certaines fleurs sont dispo- 
sées de manière à être fécondées par le 
secours des insectes [181]. 

Horrmanx (H.). Recherches sur la connais- 
sance du climat et du sol dans ses rap- 
ports avec la végétation [198]. — Sur 
l'Ustilago carbo [226]. 

HorwErTER (W.). Sur le mécanisme des 
mouvements du protoplasma [14]. — 
Manuel de physiologie végétale, publié 
en collaboration avec MM. A. de Bary, 
Th. Irmisch, N. Pringsheim et J. Sachs, 
4* partie. Traité de physiologie expéri- 
mentale des végétaux, par M. Sachs [26]. 
— Manuel de physiologie végétale, t. I°", 
1'* partie [254]. 

Inwiscu (Thilo). Contributions à l'histoire 
naturelle du Stratiotes aloides [16]. — 
Sur le Papaver trilobum Wall.; recher- 
ches sur l'histoire naturelle du genre Pa- 
paver [246].— Voy. Hofmeister, Raben- 
horst. 

JENNER (Ch.). De l'histoire et de la struc- 
ture de l'Urococcus [58]. 

Jouy (N.) et D. Cros. Etude du Phycomy- 
ces nitens Kunze [218]. 

Jones (T.). De la présence des vaisseaux 
spiraux dans le thalle de l'Evernia Pru- 
nastri [64]. 

JonpaN (Al.) et J. FounREAU. Icones ad 
floram Europe novo fundamento instau- 
randam speciantes, 1'* et 2° livraisons 
[266]. 

Jovan (H.). Recherches sur l'origine et la 
provenance de certains végétaux phané- 
rogames observés dans les iles du grand 

Océan [155]. 
Journal of Botany (articles non analysés) 
139]. 

EN (Aug.), voy. Mueggenburg. 

KansTEN (H.). Recherches botaniques faites 
au laboratoire de physiologie de l'école 


Les plantes des pilotis 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


d'agriculture de Berlin, publiées avec 
l'assistance des anatomistes et des phy- 
siologistes allemands, t. I°", 1'* livraison 
[129]. 2* livraison [122]. — Champi- 
gnons parasites qui accompagnent le 
rougissement des Pins âgés [132]. — 
Champignons qui accompagnent la putré- 
faction séche des Pommes-de-terre [132]. 
— Sur une maladie des Carottes [132]. 
— Sur la sexualité des plantes [132]. — 
Sur la fructification des Champignons 
[225]. — Voy. Batzebourg. 

Kickx. (J.-J.). Sur les Graphidées de la 
Belgique [34]. — Flore cryptogamique 
des Flandres [276]. 

Kirk (John). Du dimorphisme des fleurs du 
Monochoria vaginalis [11]. 

KinscuLEGER. Le monde végétal dans ses 
rapports avec les us et coutumes, les 
légendes et la poésie populaire sur les 
bords du Rhin [120]. 

Karr (F.-W.). Étude moe de AS du 
genre Lysimachia [116]. 

KNarp, voy. Mueggenburg. 

KOŒRBER. Sur les Lichens parasites [195]. 
— Parerga lichenologica [73]. 

KoEnNickE. Deuxième contribution à la 
flore de la province de Prusse [91]. 

Korïscay (Théod.). Un nouveau Gardenia du 
bras occidental du Nil [19]. — (Plante 
Arabic in ditionibus Hedschas, Asyr et 
El Arysch a medico germanico nomine 
ignoto in El Arysch defunclo annis 
1836-38 collecte, quam determinavit) 
[89]. 

Knave areni Sur la structure des frondes 
des Cycadées [102]. — Sur la structure 
des péricarpes secs [241]. 

Krause (Ernst). La taxonomie botanique 
T1). ses rapports avec la morphologie 
Ti] 

Knox (0.-B.-N.). Essai d'une monographie 
de la famille des Valérianées [37]. 

Kuns (M.), voy. Voyage. 

Kurz (Salpiz). Sur un nouveau genre de la 
famille des Morées, de Sumatra et dé 
Singapore [12]. 

LAwsERtYE (Le comte L. de). Les plantes à 
feuilles ornementales en pleine terre; 
botanique et culture, Première partie . 
Solanum [35]. 

Laxprin (A.). Quelques monstruosités vé- 
gétales, et catalogue des cas de proliférie 
observée [59].— Voy. La Quintynie. 

Lance (Joh.). Pugillus plantarum imprimis 
hispanicarum, pars 1v [173]. — Voyez 
Willkomm et Lange. 

LawckAVEL (Bernh.). Botanique des Grecs 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. 


modernes du m° au xin* siècle [256]. 
LANTZIUS-BENINGA (S.). Les caractéres diffé- 
rentiels des familles et des genres des 
plantes d'Allemagne, 1'* livraison [152]. 
La QuiwrYwie. Lettres sur la culture des 
Melons [36]. 

LeiGaron (W.-A.). De la glande du phyl- 
lode de l' Acacia magnifica [21]. 

LÉPINE (Jules). Sur l'aeclimatation des Cin- 
chona [65]. 

Loew (Ern.). De Casuarinearum caulis folii- 
que evolutione et structura [196]. 

LuEpzns (J.). Sur l'origine et le développe- 
ment du Bacterium Termo Duj. [164]. 

ManriNs (Ch.). Floraison en pleine terre du 
Dasylirion gracile Zucc. au Jardin des 
plantes de Montpellier, comparée à celle 
du Phormium tenax et de l’ Agave ame- 
ricana [245]. 

Martius (C.-F.-Ph. de), voy. Flora brasi- 
liensis. 

MaRTORELLI (Igino), voy. Cesati. 

Masters (Maxwell-T.). Sur une pélorie et 
une fleur semi-double d'Ophrys arani- 
fera Huds. [13]. — Observations sur la 
morphologie et l'anatomie du genre Res- 
tio L., accompagnées de l'énumération 
des espéces de Restio de l'Afrique australe 

60 

Ma (C.-F.). Sur un Orobanche proba- 
blement nouveau [160]. — Sur la dis- 
tribution géographique des végétaux de 
la famille des Laurinées [247]. — Voy. 
Flora brasiliensis. 

MiLLARDET (A.). Sur l'anatomie et le déve- 
loppement du corps ligneux dans les 
genres Yucca et Dracæna [155]. 

Mou (H. de). Sur les phénomènes subits 
d'apparition en masse et de disparition 
de certaines plantes [177]. 

MoLEwpo (L.). Études sur les mousses des 
Alpes de l'Algau, contributions à la géo- 
graphie botanique [55]. 

MonkENBOER (J.-H.), voy. Dozy. 

Moni£nE (J.). Excursion de la Société lin- 

. méenne à Vire le 8 juillet 1866 [251]. 

Monnew (Ed.). Panmachure des plantes, 
causes de son hérédité [10]. 

MuEccENBURG (Stefen-Schulzer de), Ave. 
Kanırz et A. Knapp. Enumération des 
plantes connues jusqu'ici en Slavonie 

111}. 

ne (Fritz). Sur le bois de quelques 
plantes grimpantes croissant prés de 
Desterro [175]. 

Muercer (H.). Une Mousse nouvelle de 
Westphalie [123]. 

MUuELLER, voy. Prodromus. 


T. XIII. 


305 


Mungy (G.). Catalogus plantarum in Alge- 
ria sponte nascentium [218]. 

Næçeur (C.). Sur les hybrides végétaux 
dérivés [232].— Théorie de l'hybridation 
[234]. — Origine et idee de l'espèce en 
histoire naturelle [250]. — Sur les for- 
mes intermédiaires aux espéces végétales 
[265]. 

Naupix (Ch.). Cueurbitacées nouvelles cul- 
tivées au Muséum d'histoire naturelle en 
1863, 1864, 1865 [193]. — Voy. De- 
caisne. 

NgiLnEiICH. (Aug.). Énumération des plantes 
vasculaires observées jusqu'ici en Hon- 
grie et en Slavonie, avec un apercu de 
géographie botanique [115]. 

NigssL (6.-V.). Préparation à une flore 
cryptogamique de la Moravie et de la 
Silésie autrichienne [125]. 

Nycanper (W.). Lecideæ adhuc quedam 
-europæcæ novæ [18]. — Circa Amylo- 
bacteria Trec. notula. — Adhuc circa 
Amylobacteria adnotatio [29]. — Novi- 
tie quedam Lichenum europearum va- 
riarum tribuum [63]. — Lichenes Novæ- 
Zelandie , quos ibi legit anno 1801, 
D" Lander Lindsay [74]. — Adhuc novi- 
tiv quedam Lichenum Europa variarum 
tribuum [106]. — Addenda nova ad 
Lichenographiam europeam [134] [172]. 

Nyman. Supplementum Sylloges floræ eu- 
ropeæ [10]. 

OLsam (Richard), voy. Oliver. 

Ouver, Notes sur quelques-unes des 
plantes recueillies principalement aux 
environs de Nangasaki (Japon) et dans 
les iles de l'archipel de Corée, dans les 
années 1862-63, par feu M. Richard 
Oldham, collecteur du jardin de Kew 
[84].— Sur les Lentibulariées recueillies 
dans le royaume d'Angola par le docteur 
Welwitsch, avec l'énumération des es- 
pèces africaines de cette famille [87]. — 
De cinq nouveaux genres de l'Afrique 
tropicale occidentale [97]. 

Paravey (Le chevalier de). Etymologie du 
nom de l'Aconit [136]. 

PanLATORE (Filippo). Les espéces de Coton- 
nier [114]. 

PasQUALE (G.-A.). Description d'une ano- 
malie du Polypodium vulgare [203]. 

Paven. Composition et usage économique 
de deux espéces de gousses en Chine 
[284]. 

PERRIER (E.), voy. Songeon. 

PLANCUON (J.-E.). Rondelet et ses disciples, 
ou la botanique à Montpellier au xvi* 


siècle [125]. — et G. PLascmox. Ronde- 
20 


306 


Jet et ses disciples, ou la botanique à 
~ Montpellier au xvi? siècle, appendice 
“Fours. 

Princsaem (N.), voy. Hofmeister. 

PRITZEL (G.-A.). Iconum botanicarum index 
locupletissimus pars altera [253]. 

Prodromus systematis naturalis regni vege- 
tabilis, ed. Alph. de Candolle. Pars xv, 
22 sect., fasc. 11, Euphorbiacées, par 
M. Mueller [262]. 

PnocEL (A.), voy. Flora brasiliensis [153]. 

Poncnas (W.-H.). De quelques particularités 
observées dans la croissance de l'Aubé- 
pine [118]. 

RazENHonsT (D') Contributions servant à 
perfectionner et à répandre la connais- 
sance des Algues [1]. — Hedwigia, 
journal de botanique [170]. 

RATZEBURG et H. Karsten. Recherches ulté- 
rieures sur les rameaux à feuilles élargies 
en rosettes du Pin [224]. 

Rees (Max). Le Chrysomyxa Abietis Ung. 
et la maladie qu'il cause dans les feuilles 
du Sapin [151]. 

REGEL (E.). Les Framboises et les Fraises ; 
leurs sortes les plus favorables à la cul- 
ture [249]. — et pe Herber. Enumeratio 
plantarum in regionibus cis-transiliensi- 
bus a Cl. Semenowio anno 1837 collec- 
tarum [27]. 

Reicuexsacu (L. et H.-G.). Icones floræ 
germanica et helvetica, simul terrarum 
adjacentium, ergo medie Europæ, t. XXI, 
decades 12-15 [75]. 

Remans (C.), voy. Voyage. 

Ricuanp (L.-C.). Sur le Campelia [17]. 

Rivière (A.). Observations sur la féconda- 
tion et la germination des Orchidées, à 
l'occasion d'un Lælia hybride présenté en 
fleurs le 24 aoüt 1865 [183]. 

Rosaworr (S.). Des glandes cristallines qui 
se rencontrent dans la moelle des Kerria 
japonica DG., et Ricinus communis 
[74]. — Etude de la structure et du dé- 
veloppement du pollen des Mimosées 
[128].— Études de morphologie et d'em- 
bryogénie, t. V, 4"° livraison [252]. 

Sacas (J.), voy. Hofmeister, 

SAGoT. De l’état sauvage, de la culture et 
de la domestication [56]. 

Sanio (Carl). Quelques remarques à l'égard 
des vues que j'ai émises sur la formation 
des faisceaux fibro-vasculaires [24]. 

SANTO-(AROVAGLIO. Tenlamen dispositionis 
methoaicæ  Lichenum in, Longobardia 
nascentium [67]. — Quelques discours 
sur la botanique [68]. — De la distri- 
bution géographique des Lichens de 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Lombardie, et d'un nouvel arrangement 
du genre Verrucaria [68]. — Sur les 
systèmes lichénographiques les plus ré- 
cents, et sur l'importance relative des 
caractéres employés par les auteurs pour 
limiter les genres et les espèces [68]. 

SaponTA (G. de). Notice sur les plantes fos- 
siles des calcaires concrétionnés de Bro- 
gnon (Cóte-d'Or) [200]. 

Scaenk (A.). Sur la flore des schistes noirs 
de Raibl [59]. — La flore fossile. des: 
couches limites du Keuper et du Lias en 
Franconie, 1"° livraison [76]. 

ScaimPer (W.-Ph.) (Euptychium, musco- 
rum Neo-Caledonicorum genus novum 
el. genus . Spiridens revisum specieque 
nova auctum exposuit) [153]. 

Scawior (J.- A.). Introduction à l'étude des 
familles naturelles des plantes phanéro- 
games [115]. 

ScauLTz (F.), de Wissembourg. Un nouveau 
Tragopogon établi et décrit [171]. 

ScuuLTzE (F.). Recherches sur les causes de 
l'épanouissement des bourgeons [224]. 

Scuumacner (W.). Recherches de physique 
végétale [226]. 

Scaur (Ph.-J.-F.). Enumeratio plantarum 
Transsilvaniæ, exhibens stirpes phane- 
rogamas sponte crescentes atque frequen- 
tius cultas, Cryptlogamas vasculares, 
characeas, etiam Muscos Hepaticasque 
[278] 

SCHWEINFURTH (G.). Flore de Soturba, sur la 
côte de Nubie [104]. 

Scorr (John). De la stérilité individuelle, et 
de la fécondation croisée de certaines 
espèces d'Oncidium [11]. — Notes sur la 
stérilité et l’hybridation de certaines 
espèces de Passiflora, de Disemma et de 
Tacsonia [13]. 

Seemann (B.). Sur le Faradaya, nouveau 
genre d'Australie [119]. — Welwitschii 
iter angolense. Bignoniacearum a cl. Fr. 
Welwitsch in Africæ æquinoclialis ter- 
ritorio angolensi collectarum descriplio 
[119]. — Flora vitiensis, 4°. part. 
[154] — 5* partie [232]. 

SEMENOW, voy. Regel. 

SeypLer (Fr.).Contribution à la flore de la 
province de Prusse [102]. 

Société de la Hesse supérieure pour l'his- 
toire naturelle-et la médecine. Onzième 
compte rendu [105]. 

Sozws-Lausaca (comte Herm. de). De La- 
thrææ generis positione systematica [21]. 

SowcEoN (A.) et E. Perrier. Notes sur des 
plantes nouvelles ou peu connues de la 
Savoie [206]. 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. 307 


SonAvEn (P.). Sur les stomates des Liliacées 
[129]. — Voy. Froehde. 

SrizENBERGER (Ernst). Sur les espéces saxi- 
coles d'Opegrapha [75]. 

SwiNBURN Warb. Sur le coco de mer des iles 
Seychelles, Lodoicea Seychellarum [8]. 

Taurer (G.), voy. Bornet. 

TiuBAL-LaGRnAVE (Éd.). Recherches sur les 
variations que présentent quelques plan- 
tes communes de la Haute-Garonne au 
point de vue phytographique [219]. 

TrécuL(A.). Des vaisseaux propres dans les 
Aroidées [29]. — Des vaisseaux propres 
dans les Ombelliféres [268]. — Structure 
anomale dans quelques végétaux, et en 
particulier dans les racines du Myrrhis 
odorata [270]. 

UrcurriTz (Ch. d’). Sur des plantes nou- 
velles et rares de la flore de Silésie [195]. 

UwcER (F.). Sur quelques restes végétaux 
fossiles de la Transilvanie et de la Hon- 
grie [88]. — Traits principaux de l'ana- 
tomie et de la physiologie des plantes 
[253]. 

Urucus (C.-L.). Vindiciæ Plinianæ [277]. 

Vax pen Bosca, voy. Dozy. 

Van DER SANDE LACOSTE, voy. Dozy. 

Van TIiEGHEM (Ph.). Sur la structure des 
anthères dans les Aroïdées [160]. — 
Observations sur la Ficaire [217]. 

VikgiLLARD (Eug.). Notes surquelques plantes 
intéressantes de la Nouvelle-Calédonie 

83]. 

ee E Les fleurs de pleine 
terre [23]. 

VocEL jeune. Sur la formation de cristaux 
dans les tissus végétaux [262]. 

Vost (A.). Recherches physiologiques [159]. 
— Recherches sur les laticiféres des vé- 
gétaux [230]. 

Voyage aux Carpathes, exécuté en aoüt et 
en septembre 1864, et décrit par MM. P. 
Ascherson, A. Engler, M. Kuhn et 
C. Reimann [275]. 

Wacxer (Moritz). Sur les caractères de la 
végétation dans les Cordilléres de Vera- 
gua et de Guatimala, et sur les modifi- 
cations qu'elle subit avec l'altitude [257]. 

WarpnEn (Fischer de). Sur le développe- 
ment des spores des Fougères [103]. 


AVIS AU 


WartLET. Description des plantes fossiles 
du bassin de Paris [109]. 

Wawra (H.). Résultats botaniques du voyage 
accompli par S. M. Maximilien I°", em- 
pereur du Mexique, de 1859 à 1860 
[214]. 

Weiss (Ad.). De la croissance de l'inflores- 
cence d'un Agave [223]. — Du dévelop- 
pement des vaisseaux laticiféres dans les 
racines aériennes du Syngonium deci- 
piens Schott [225]. — et J. Wiesner. 
Action de l'acide chromique sur l'amidon 
[182]. 

Wezwirscu (D^), voy. Oliver, Seemann. 

WrzsMaEL (A.). Monographie des Saules de 
la flore belge et des espéces les plus ré- 
pandues dans les cultures [18]. — Flore 
forestiére de Belgique, ou description et 
histoire des végétaux ligneux qui cro's- 
sent spontanément en Belgique ou qui 
sont cultivés dans les foréts [252]. 

Wiesner (J.). De la naissance de la résine 
dans l'intérieur des cellules végétales 
[170]. — Recherches d'anatomie et de 
chimie histologique sur la Canne à sucre 
[222]. — Voy. Ad. Weiss. 

WiLLkoxM., Sur la pourriture rouge du Pin 
[129]. — et J. Lance. Prodromus Floræ 
hispanicæ seu synopsis melhodica om- 
nium plantarum in Hispania sponte nas- 
centium vel frequentius cultarum, vol. 1I, 
17° partie [109]. 

Wimmer (Fréd.). Salices europee [263]. 

WinrGEN. Sur la végétation du haut Eifel 
et de l'Eifel volcanique [123]. 

Worxorr (Al. de). Quelques recherches sur 
l'action de la lumière d'intensité variée 
sur la sécrétion gazeuse des plantes 
aquatiques [229]. 

Woronin (M.). Organogénie de l’Ascobolus 
fein et de quelques Pézizes 

171]. 

WnErscuko (M.). Études préliminaires de 

, botanique à l'usage des classes supérieu- 
res des écoles [154]. 

ZicNo (baron de). Observations sur les Fou- 
gères de l'oolithe, et énumération des 
espèces trouvées jusqu'ici sur divers éta- 
ges de cette formation [172]. 


RELIEUR. 


La planche I de ce volume (Dioscorea pyrenaica) doit étre placée en regard de la 
page 383 ; et la plauche II (Poire Maude) en regard de la page xtv, 

Classement du texte : 1° Comptes rendus des séances, 480 pages; 2° session extra- 
ordinaire à Annecy, cxcir pages; 3? revue bibliographique et tables, 308 pages. 


Paris. — Imprimerie de E. MARTINET, rue Mignon, 2. 


SOCIETE BOTANIQUE 
DE FRANCE 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY 


EN AOUT 1866, 


La Société, conformément à la décision prise par elle dans sa 
séance du 11 mai 1866, s'est réunie en session extraordinaire à 
Annecy le 9 aoüt. Les séances de la session ont eu lieu le 9 (à 
Annecy), le 14 (à Bonneville) le 18 (à Sallanches) et le 22 août (à 
Chamonix). 

Durant sa session, qui a duré quatorze Jours, la Société a visité 
le musée d'Annecy et celui que le frére Valfrid a commencé à 
Sallanches, ainsi que les collections de M. le docteur Bouvier, de 
M. l'abbé Chevalier, de M. V. Personnat et de M. Vénance Payot. 
Le 10 aoüt, la Société a exploré les environs de Saint-Clair et le 
Calvaire de Thónes; le 11, elle a fait une herborisation au mont 
Charvin, le 12 au mont Châtillon; puis elle s'est divisée en deux 
groupes, dont l'un a exploré, sur la rive gauche de l'Arve, le Brizon 
et les montagnes qui font partie du systéme du Vergy, et l'autre, 
sur la rive droite, le Haut-de-Véron et les bois et páturages de 
Flaine. Aprés la séance tenue à Sallanches, des herborisations 
ont été faites encore au col du Bonhomme, au glacier de Tré-la-Téte 
et à Notre-Dame de la Gorge; et l’on s'est rendu, les uns par le col 
de Bellevue, les autres par la grande route, c'est-à-dire par Saint- 
Gervais et Servoz, à Chamonix, oü a eu lieu la séance de clóture. 
Le 23, quelques membres ont encore fait l'ascension du Brévent, 
sous la direction de M. l'abbé Chevalier. 

Le Comité chargé d'organiser la session, et nommé par le Consei 
d'administration, conformément à l’article 5 du règlement des 
sessions extraordinaires, se composait de MM. le comte Jaube rt, 

T. XH A 


Il SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
président de la Société, Eug. Fournier, vice-président, Bouvier, 
l'abbé Chevalier, E. Cosson et V. Payot. 

Les membres de la Société qui ont pris part aux diverses réunions 
el excursions sont : 


MM. Bardel (Philibert). MM. Gontier. MM. Mignot. 
Blanche (Henri). Hasskarl. Payot (V.). 
Bonnamour. Hénon. Personnat (V.). 
Bourgault-Ducoudray. Jamin (Ferd.). Rey (Michel). 
Bouvier, Jaubert (le comte). Ripart. 

Bras. Latteux d'Espagne. Roussel. 

Chevalier (l'abbé). Lombard (Armand). Salve (S. de). 

Clos (D.). Lombard (Francois). Senot de la Londe (Ch.). 
Cosson (E.). Main. Thibesard. 

Cosson (P.). Manceau. Timbal-Lagrave. 

Des Étangs. Martin (Bernardin). Titon. 

Dumont (Francois). Martin (Louis de). Vigineix. 

Fournier (Eug.). Mermoud (l'abbé). 


Les personnes étrangères à la Société qui en ont suivi les ex- 
cursions sont : 


MM. ADAM (Prosper). 
Binsg-W OLF. 
CHAMPEAUX, docteur en médecine. 
CHATIN (Joannès). 
DÉBIOLLE, vicaire à Manigod. 
DoówET (Napoléon), de Cette. 
DUCASSE. 
GELSHORN (le professeur), de Verden. 
GONTIER fils. 
HARDY, docteur en médecine. 
MANCHE. 
MAUGENEST. 
PERRIER (Alfred), archiviste de la Société Linnéenne de Normandie. 
POULET, maire de Talloires. 
PRAT-MARCA. 
RicHARD, vicaire à Manigod. 
RAPIN (de Genève), 
RIVIÈRE, jardinier en chef du Luxembourg. 
RIVIÈRE fils, 
RONGE, de Bonneville. 
SISLEY” 
TANTENSTEIN, etc., etc. 
VALFRID (frère), directeur des écoles chrétiennes à sine 


Les personnes qui ont assisté, dans diverses localités, aux séances 
de la Société, sont : 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. Ill 


A Annecy: 


M. Joseren FERRAND, préfet de la Haute-Savoie. 
Më" MAGNIN, évêque d'Annecy. 
M. CHAUMONTEL, avocat, premier adjoint au maire. 


MM. ALVIN, principal du collége. 
ARMINGON, avocat. 
BAUD, chanoine. 
CALLOUD, pharmacien. 
CARNOT, ingénieur. 
CHALLAMEL, prévôt du chapitre. 
CHARVILLON, chanoine. 
DUBOULOZ, vérificateur des poids et mesures, 
Ducis (l'abbé), archiviste départemental. 
DUNAND, président de la Société Florimontane. 
FusTER, professeur à la Faculté de médecine de Montpellier. 
GrROD, juge au tribunal. 
LACHENAL, docteur en médecine. 
MAILLET, professeur de philosophie. 
NANCHE, chirurgien-dentiste. 
PuiLIPPE (Jules), secrétaire de la Société Florimontane. 
PONCET, ancien avoué. 
ROCHETTE (Édouard de), banquier, 
SAILLET, professeur au collége. 
SERAND, archiviste-adjoint. 
TocHON, avoué, 


M5 BOUVIER. 
Euc. FOURNIER, 


Sœurs BAZILE, de la congrégation de saint Joseph. 


DELPHINE, id. 
SAINT-ANGE, id. 
Ete., ^ic. 


A Bonneville: 


M.JosEPH GUY, sous-préfet de l'atrondissement. 
M. DUFOUR, maire de Bonneville. 


MM. ALMÉRAS (Antoine), chef de musique. 
BARD, juge au tribunal de Genève, 
BASTIAN, commandant en retraite, 
BERNADOT, ingénieur. 

BLANC (Pierre), adjoint au maire. 
CHARDON (Alfred), conseiller général. 
COTTARD, juge. 
CourrTois, ingénieur, 
DARCINE (le colonel), 
Ducros, avoué. 
GossET, procureur impérial. 
JACQUIER, avocat, ancien dépulé au parlement sarde. 
Naz, juge. 
PERRIER, avocat. 
PINGET (Xavier), docteur en médecine. 
PLAN, adjoint au maire. 
PorTou, principal du collége. 
REY, juge de paix. 
REY (Jean-Baptiste), président de la Société d'agriculture. 
REY (Octave), propriétaire. 
Ete., etc, 


IV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


A Sallanches : 


Mer TISSOT, évêque de Milène et vicaire apostolique de Vizagapatam. 
M. ALEXANDRE CURRAL, notaire, maire de Sallanches. 


MM. BEROD, missionnaire. 
BERTHOLLET (Hector), greffier de la justice de paix, naturaliste. 
BERTHOLLET (J.-P.), négociant. 
BLONDET (Jacques), conseiller municipal, 
BoNNEFOY (Adrien), conseiller d'arrondissement. 
BRASIER, vicaire à Sallanches. 
CHALAMEL (Alphonse), naturaliste. 
CAMoT (Félix), pharmacien. 
CHAMOT (Jean), docteur en médecine. 
CHAMOT (Joseph), secrétaire de la mairie. 
CROTTET (Auguste), conseiller général. 
CURRAL (Joseph), négociant. 
DELACQUIS (Jean), conseiller municipal. 
DELACQUIS (Louis), id. 
DESCOMBES (Ulysse), capitaine des sapeurs-pompiers. 
GARNY (Théophile), conseiller municipal. 
GayDoN, curé de Chamonix. 
GRANDVAUX, conducteur des ponts et chaussées. 
JACQUIER (Joseph), archiprêtre, curé de Sallanches. 
LAFIN (Louis), conseiller municipal. 
L’'HuILLIER (Eugène), juge de paix. 
MAGDELAIN, docteur en médecine. 
MENNE, receveur des postes. 
MoNrrFonT (Jean), conseiller municipal. 
MoNTFORT (Louis), id., lieutenant des sapeurs-pompiers. 
PÉRIGNON, inspecteur des eaux et foréts. 
Pin (Jacques), propriétaire. 
PROVENCE (Michel), docteur en médecine, adjoint au maire. 
REY, receveur de l'enregistrement et des domaines. 
SALLANSONNET, vicaire à Sallanches. 
VUICHARD, vicaire à Sallanches. 
WARCIN, employé des contributions indirectes. 

Etc., etc. 


A Chamonix : 
M. DUPUIS, maire de Chamonix. 
M. AMOUDRUZ, juge de paix. 
Etc. 


Réunion préparatoire du 9 août 1566. 


La Société se réunit le 9 aoüt, à neuf heures du matin, dans une 
des salles de l'hótel-de-ville d'Annecy. 

M. le comte Jaubert, président de la Société, préside la réunion. 
Il est assisté de M. Eug. Fournier, vice-président, qui remplit les 
fonctions de secrétaire. 

Sur l'invitation de M. le Président, M. Fournier fait l'appel des 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. Y 


personnes présentes, d'aprés la liste des cartes qui ont été en- 
voyées de Paris sur la demande des membres de la Société. 

M. Eug. Fournier communique le programme des excursions à 
faire pendant la session extraordinaire, programme qui a été arrêlé 
la veille par le Comité chargé d'organiser la session. Des exem- 
plaires imprimés de ce programme sont distribués aux personnes 
présentes (1). 

M. le Président informe la Société que, gráce à la prompte éla- 
boration et à l'impression de ce programme, le Comité a pu en 
adresser des exemplaires aux botanistes du pays, que la Société 
pourra en conséquence rencontrer sur divers points de ses excur- 
sions, ainsi qu'aux autorités locales des villes où elle doit séjour- 
ner, et par lesquelles Je Comité a lieu d'espérer qu'elle sera favo- 
rablement accueillie. 

En vertu de l'article 11 des statuts, un Bureau spécial doit étre 
choisi, pour la durée de la session actuelle, parmi les membres qui 
s’y sont rendus. En conséquence, M. le Président propose à l'a- 
doption de la Société la liste suivante : 


Président : 


M. D. CLos, professeur d'histoire naturelle à la Faculté des sciences de 
Toulouse, 
Vice-présidents : 
MM. Bouvier, docteur en médecine à Annecy. 
l'abbé Chevalier, professeur au grand séminaire d'Annecy. 
Des Étangs, juge de paix à Bar-sur-Aube. 
Thibesard (de Laon). 
Secrétaires : 
MM. Henri Blanche (de Dóle). 
Bonnamour (de Lyon). 
Manceau, professeur d'histoire naturelle au Mans. 
Louis de Martin (de Narbonne). 


Ces choix sont unanimement approuvés par la Société. 
(1) Ce programme a dû être modifié en certains points à cause des pluies qui ont régné 


pendant plusieurs jours dans les montagnes, et qui ont empéché ou géné certaines 
courses. C'est pour cette raison qu'on n'a pas cru devoir le reproduire ici. 


YI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


SÉANCE DU 9 AOUT 1566, 


La Société se réunit à Annecy, à une heure, dans la grande 
salle de l'hótel-de-ville, gracieusement mise à sa disposition par 
l'autorité municipale et élégamment décorée. 

M. le comte Jaubert, président de la Société, occupe le fauteuil ; 
il est assisté de M. Eug. Fournier, vice-président. 

Un grand nombre de personnes notables d'Annecy honorent la 
réunion de leur présence, Sur l'invitation de M. le Président, 
M. Joseph Ferrand, préfet de la Haute-Savoie, M*' Magnin, évéque 
d'Annecy, et M. Chaumontel, adjoint au maire, prennent place au 
bureau. 

M. Chaumontel, au nom de l'administration municipale d'Annecy, 
procéde à l'installation de la Société en prononcant le discours 
suivant ; 


DISCOURS DE M, CHAUMON TEL. 


Messieurs, 


La ville d'Annecy est heureuse de vous recevoir et d'avoir été choisie par 
vous pour ouvrir votre session extraordinaire de 1866. Elle vous remercie de 
venir compléter l'euvre de notre auguste souverain, et de ciraenter ainsi les 
liens qui nous unissent désormais à la France. 

Jusqu'ici, messieurs, nous pouvons le dire, notre pays a été l'enfant chéri de 
l'Empereur et de son gouvernement, mais il lui reste une ambition que vous 
lui pardonnerez bien vite, c’est celle d'être aussi l'enfant chéri de la science 
et des beaux-arts. 

Nous apprécions d'autant mieux l'honneur que vous nous faites, messieurs; 
que dés longtemps nous sommes pénétrés de l'importance civilisatrice que l'on 
doit attribuer au progrès et à la propagation des sciences, C'est pour nous 
un drapeau planté dans cette ville par saint Francois de Sales, par le président 
Favre, drapeau sous lequel s'abrite et travaille chaque jour la fille de ces deux 
grands hommes, notre modeste Société Florimontane. Si les travaux de cette 
Société, si notre Musée, nos collections ne constatent pas nos succès, du moins 
ils témoignent de nos efforts. 

Messieurs, soyez donc les bienvenus, L'hospitalité de nos montagnes est 
toute simple, mais elle est cordiale. Le département que vous allez parcourir 
offre un vaste champ à vos travaux, et je suis convaincu que, sous l’habile di- 
rection de l'homme éminent qui vous préside, vous emporterez une abondante 
moisson. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. VII 


M. le Président remercie M. Chaumontel, et exprime la recon- 
naissance de la Société pour l'excellent accueil que l'administration 
municipale d'Annecy a bien voulu lui faire. Les membres présents 
confirment ces remerciments par des applaudissements unanimes. 

M. le Président prononce ensuite le discours suivant : 


DISCOURS DE M. le comte JAUBERT, 


Messieurs, 


' La douzième session extraordinaire de la Société botanique de France est 
ouverte, 

En instituant ces sortes de réunions, nos fondateurs se sont proposé pour 
but de resserrer les liens qui unissent les membres de la Société, de remédier 
à ce que, au point de vue scientifique, la centralisation de Paris semble avoir 
de plus contraire aux intéréts des départements, en multipliant autant que pos- 
sible les relations toujours si profitables des savants francais entre eux et avec 
les savants étrangers, de provoquer ou d'affermir les vocations botaniques, de 
répandre les bonnes méthodes, de travailler en commun avec tous les natura- 
listes de bonne volonté au perfectionnement de la flore francaise. A cet effet, 
des localités de premier ordre ont été successivement choisies sur le territoire 
si vaste et si varié de la France; quant aux époques de réunion, on a cherché 
à concilier autant que possible, avec les exigences du calendrier linnéen, les con- 
venances de la majorité des personnes qui devaient prendre part aux sessions, 
Les administrations des chemins de fer ont libéralement favorisé nos voyages, 
et le Conseil de la Société à pris toutes les mesures propres à assurer 
l'utilité et l'agrément de nos réunions. Dans quelques années nous aurons 
abordé une à une les meilleures herborisations du Zotan?con gallicum, et la 
Société ne pourra alors que recommencer, pour les nouvelles générations, la 
méme série, mais avec l'expérience des devanciers, et les chances inépuisables 
des découvertes promises à l'étude patiente de la nature. 

En 1855, année de l'Exposition universelle, la Société dut rester à son chef- 
lieu pour y recevoir les botanistes qui, de tous les pays, s'étaient rendus à 
Paris, pour leur faireles honneurs de nos collections publiques et particu- 
lieres, de notre flore des environs de Paris, dont le rayon s'est considérable- 
ment étendu dans ces derniers temps, et qui s'est tant enrichie par les 
recherches de MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre, de Schenefeld, 
Chatin, de Boucheman, Questier, Marcilly, etc. Tous ensemble nous avons eu 
à étudier les produits végétaux de toutes les contrées du monde, rangés en si 
bel ordre dans les galeries de l'Exposition, M. le professeur Parlatore, de Flo- 
rence, auteur du Flora italiana, occupa le fauteuil. 

L'année suivante nous visitions l'Auvergne, devenue depuis Ramond comme 


VIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


le domaine de M. Lecoq. Sous la conduite du maitre, nous rapportions de cette 
province intéressante à tant de titres une ample moisson d'instruction. Personne 
de nous n'a oublié les improvisations de M. Lecoq sur la botenique et la géo- 
logie, à l'ombre des sapins séculaires ou à nos modestes banquets du soir. 

Dans l'été de 1857, nous avions la satisfaction de conduire dans le Midi, à 
la suite de la Société et par exception, deux cents éléves des écoles de Paris 
accourus à notre voix pour fraterniser avec leurs camarades de la faculté de 
Montpellier. La présidence fut déférée au célèbre explorateur de l’Asie- 
Mineure, M. de Tchihatcheff. A Montpellier nous fümes reçus par des pro- 
fesseurs dignes de succéder aux Magnol, aux Gouan, aux De Candolle. La 
flore des environs fut explorée dans tous les sens : elle n'a pas dit son dernier 
mot : je n'en voudrais pour preuve que les découvertes récentes de M. Plan- 
chon et de M. Loret. 

En 1858, nous parcourions l' Alsace sous la présidence de M. le professeur 
Fée, et, sous celle de mon vénérable ami M. Mougeot, les Vosges, leurs belles 
foréts, leurs lacs étagés sur les pentes du Hohneck. M. Mougeot recut à Gé- 
rardmer les derniers hommages de la Société. 

Au mois d’août 1859, nous étions réunis à Bordeaux autour de notre excellent 
doyen M. Léon Dufour. Que ne dümes-nous pas alors au zéle, à la sagacité de 
M. Durieu de Maisonneuve! Quand Schomburgk et ses compagnons, descen- 
dant l'un des fleuves de la Guyane, contemplèrent pour la première fois le 
Victoria regia étalant sur les eaux ses gigantesques feuilles et ses fleurs magnifi- 
ques, ils ne furent pas plus ravis que nous lorsque notre flotille débouchant par 
un canal verdoyant vers l'étang de la Canau, s'arréta au mot d'ordre de M. Du- 
rieu de Maisonneuve, au milieu des tiges innombrables de l'A /drovandia 
vesiculosa ; car pour le naturaliste l'admiration ne se mesure ni à la dimension, 
ni à l'éclat des objets. 

En 1860, M. Durieu de Maisonneuve nous présidait dans la patrie de 
Villars, à Grenoble, à la Grande-Chartreuse, au Lautaret : il y était bien 
secondé par M. Verlot aîné. Il ne manque au Dauphiné que des lacs pour 
rivaliser de beauté pittoresque avec la Savoie. 

Nantes nous a reçus en 1861 sous la présidence de M. l'abbé de Lacroix. 
Guidés par M. Lloyd et sa flore à la main, nos courses dans les marais de 
l'Erdre et sur la côte du Croisic furent fructueuses. Le reste de la Bretagne 
nous en réserve d'autres: il y faudra plus tard consacrer une session spéciale 
à la famille des Algues seulement. 

En 1862, session de Béziers et Narbonne. Furent présidents pour l'Hérault, 
M. Doümet, créateur d'un des plus riches musées du Midi, pour l'Aude, M. le 
professeur Planchon, toujours suivi par les élèves que charment ses leçons. 

En 1863, impatients de serrer la main à nos confrères de la Savoie, rendus 
enfin à la patrie commune, nous étions réunis à Chambéry, en présence de 
S. Em. Mr le cardinal-archevéque qui n'est point étranger à nos études, et au 


- 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. IX 
Mont-Cenis, sous les auspices de M. le sénateur Moris, le célèbre auteur du 
Flora sardoa. 

Les Pyrénées devaient avoir leur tour, avec Toulouse leur métropole scien- 
tifique représentée par le président de la session, M. Noulet, auteur de la 
Flore du bassin sous-pyrénéen, et par M. le professeur Clos que nous sommes 
heureux de voir aujourd'hui à notre téte. M. Timbal-Lagrave nous guidait à 
Bagnères-de-Luchon. 

L'année dernière Nice était le rendez-vous, contrée chérie des botanistes. 
MM. Germain de Saint-Pierre et Thuret ne s'y sont, à notre gré, que trop 
acclimatés au détriment de nos séances de Paris. Mais la retraite studieuse de 
ces deux présidents de la session des Alpes-Maritimes prépare à notre curio- 
sité d'autres jouissances, à leur réputation de nouveaux titres. 

Aujourd'hui la cité de saint Francois de Sales nous offre dans cette enceinte 
une hospitalité dont nous sommes d'autant plus touchés qu'un prélat digne du 
siége illustre d'Annecy daigne s'y associer. M. le préfet de la Haute-Savoie, 
aussi habile à décrire qu'à administrer ce beau département, protége, et, mieux 
encore, consent à partager nos travaux dans les rares moments que le service 
public ne réclamera pas. Notre Société est accueillie comme une sœur par la 
Société Florimontane (heureuse dénomination où se reflète l'aimable génie du 
fondateur), académie laborieuse reconstituée dans une pensée patriotique et 
installée par M. le docteur Bouvier dans la demeure même qui fut celle de 
saint François de Sales; le voisinage de la docte Genève nous assure de pré- 
cieux auxiliaires, et les Alpes sont devant nous ! 

La Société a déjà élu les membres qui composeront le Bureau spécial de la 
présente session. Elle a ensuite arrêté son programme : les guides qu'elle s'est 
donnés parmi ceux de ses membres auxquels les localités sont le plus familières, 
et au premier rang nos savants confrères, M. le docteur Bouvier et M. l'abbé 
Chevalier, sont investis par elle d'une autorité que chacun se plaira à recon- 
naitre. Si, dans cette campagne botanique, et pour atteindre à une plus com- 
plète exploration, il se forme plusieurs détachements, je les exhorte à ne jamais 
perdre de vue le gros de l'armée, et à se rallier sur la base d'opération aux 
points indiqués d'avance par l'état-major. Cette recommandation est essentielle. 

On s'arrétera à Bonneville, patrie de M. Bourgeau, le parfait collecteur, 
brave soldat de la science que nos vœux suivent aussi en ce moment sur les 
tierras calientes du Mexique. On fera une station à Sallanches. Chamonix 
sera le terme d'où chacun pourra, à son gré, se diriger pour le retour sur Pon- 
tarlier, Genève, Annecy, Grenoble, Saint-Michel ou Nice. Le choix pourra 
étre embarrassant entre ces diverses routes, tant chacune d'elles offre d'attraits. 
Toutes sont ouvertes aux libres échanges de la civilisation et de la science, 
tandis, hélas ! qu'au delà de notre frontière de l'Est, chez tant de malheureux 
peuples, la guerre déchaine ses fureurs. Dieu veuille en préserver notre 
France! 


X SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ce discours est vivement applaudi par la Société. 

M. Eug. Fournier donne lecture d'une lettre adressée à M. le Pré- 
sident par M. le sous-préfet de Bonneville, qui met à sa disposition 
une salle de la mairie pour la. séance que la Société doit tenir dans 
cette ville. 

M. le Président procéde ensuite à l'installation du Bureau spécial 
de la session, nommé le matin méme dans la réunion préparatoire 
de ce jour, et composé comme il a été dit plus haut. 

En conséquence, M. Clos, président, MM. Bouvier, l'abbé Cheva- 
lier, Des Étangs et Thibesard, vice-présidents, et MM. Henri Blanche, 
Bonnamour, Manceau et L. de Martin, secrétaires, s'asseyent au 
bureau. 

M. Clos prononce ensuite le discours suivant : 


DISCOURS DE M. CLOS. 
Messieurs, 


On a souvent dit: les honneurs ont aussi leurs périls, Je ne l'ai jamais mieux 
compris qu’en cette circonstance, Appelé, comme la plupart de vous, à venir 
faire connaissance et avec une flore nouvelle et accessoirement avec l'orogra- 
phie et les mœurs de ces belles contrées, je n'avais guère songé à m'y prépa- 
rer à l'avance, espérant mettre à profit tous les documents que devaient néces- 
sairement produire et nos entretiens et les précieux renseignements que 
voudront bien nous communiquer les savants naturalistes de la localité. Mais 
la Société, beaucoup trop indulgente à mon égard, a décidé, sans appel, que 
profession obligeait, et j'ai dà accepter l'honorable mission de diriger une partie 
de vos travaux, sans me dissimuler que plusieurs de nos confréres, ici pré- 
sents, l'auraient assurément mieux remplie que moi. 

Nulle époque n'a vu plus que la nótre se multiplier les relations entre les 
savants, Partout s'organisent des congrés scientifiques ou horticoles; et l'on 
peut hardiment énoncer que quand, en 1854, quelques amis du progrès 
eurent l'heureuse idée de fonder une association botanique en France, ils 
répondaient au vœu de la majorité des botanistes. 

Et cependant encore que d'hommes inoccupés, totalement étrangers aux 
séduisants mystères de Flore ! Qu'ils viennent avec nous dans ces belles mon- 
tagnes de Savoie, et ils comprendront aussitót combien le botaniste sait 
vivement sentir les merveilles de la nature: mais pour lui le plaisir qui s'at- 
tache à cette impression générale est décuplé par un intérét toujours nouveau, 
car chaque site a sa végétation propre, je dirai presque une vie toute spéciale 
qui le recommande à son attention. 

La phalange botanique, déjà nombreuse, n'est certes pas encore ce qu'elle 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. XI 


devrait étre. A la Société, la mission de rallier ces natures indécises qui sou- 
vent voudraient, mais qui n'osent pas ou ne savent pas commencer. Qu'elles 
assistent une fois, une seule, à ces réunions si pleines d'abandon et d'entrain, 
où l'air et le sol semblent trop bornés pour satisfaire à la louable avidité du 
botaniste herborisant, et les voilà fixées à jamais. 

Étudier la végétation des diverses contrées de la France, est, à coupsûr, un 
des premiers buts de nos sessions; et les publications de la Société offrent 
déjà, sous ce rapport, une mine féconde. Mais réveiller le zéle affaibli et 
n'attendant qu'un stimulant pour contribuer aux progrès de la science, faire 
naître un goût décidé là où il n'y avait que prédisposition, n'est-ce pas aussi 
un de ses plus beaux róles? Et voilà pourquoi elle fait également appel à tous, 
au touriste, à l'amateur, aussi bien qu'au botaniste de profession. Car quel 
homme aujourd'hui ne s'intéresse aux fleurs? Qui ne voudrait, en présence 
d'une plante ou nouvelle ou attrayante, pouvoir la rapporter à sa famille, à son 
genre, à son espèce? Quelques lectures dans un livre élémentaire, et surtout 
quelques courses eu compagnie des membres de la Société, et c'en est assez, 
la vocation se dévoile et l'initiation est suffisante pour atteindre le but 
désiré. 

La Société est encore heureuse de voir parfois se joindre à elle, dans ses 
réunions, géologues, zoologistes, chimistes. Les liens les plus étroits n'unissent- 
ils pas les uns aux autres tous les scrutateurs des secrets de la nature dans l'un 
et dans l'autre de ses deux grands règnes ? Que de fois ne serencontrent-ils pas 
sur un terrain commun? A combien d'importants travaux n'a pas déjà donné 
lieu, par exemple, la question de la constitution du sol dans ses rapports avec 
la végétation? Tout ce qui peut éclairer un sujet trop riche encore de points 
litigieux mérite, de la part de la Compagnie, une attention toute spéciale. 
Aussi apprendrez-vous sans doute avec intérét, messieurs, que, dans cette 
session méme, un jeune chimiste de Paris coopérera à nos investigations, et 
nous donnera peut-étre la solution de quelques-uns de ces problémes. 

Ainsi donc, messieurs, la Société, dans ses sessions extraordinaires, poursuit 
un triple but: faire connaitre les flores locales et préparer des documents qui 
permettront quelque jour à une main habile d'édifier sur des bases durables 
le recensement, je n'ose dire complet (il ne peut jamais l'étre!), mais du moins 
pleinement satisfaisant, de la végétation du sol francais ; appeler à elle, convier 
à ses travaux tous ceux qui ont, avec quelques loisirs, le goüt des choses de la 
nature; mettre en présence et relier plus intimement entre eux des hommes 
que rattachaient déjà des études communes, groupant tous les confréres en 
Linnzus en une vaste famille dispersée sur tous les points du globe, mais où 
chacun peut espérer de rencontrer un ami, 

La Société cherche aussi à faire pénétrer l'enseignement des sciences natu- 
relles dans les établissements d'instruction, car c'est surtout aux jeunes intelli- 
gences que l'étude de la nature devrait être offerte et de trés-bonne heure, 


XH SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Quelle autre peut leur inspirer plus d'admiration pour les ceuvres du Créateur? 
Quelle autre les dirigera plus sûrement dans la voie du bien? Aussi avons-nous 
appris avec intérét qu'une ;des gloires de l'épiscopat francais, un prélat que la 
Savoie revendique comme un des siens, avait introduit avec succes l'étude des 
sciences naturelles et plus spécialement de la botanique dans les institutions 
de son ressort, et qu'une pareille innovation ne tarderait pas à se réaliser dans 
la ville méme oü j'ai l'honneur de porter la parole. Je crois étre l'interpréte 
de la Société en remerciant en son nom les hauts dignitaires qui veulent bien 
user de leur influence pour lui préparer de longue date de nouvelles recrues. 
Je remercie encore les premiers fonctionnaires d'Annecy, qui veulent bien 
favoriser nos travaux, et méme y prendre méme une part active. La Société 
emportera un précieux souvenir de l'accueil qui lui est fait dans le chef-lieu de 
la Haute-Savoie. Elle l'attendait bien d'une ville où se transmet d'âge en âge 
le grand nom de saint Francois de Sales, d'une ville qui s'honore d'étrela patrie 
de Berthollet et de tant d'autres hommes éminents, et où fut fondée, sous les 
auspices de Flore, la première association scientifique qu'ait vu naître, dit-on, 
le sol francais. 


Dons faits à la Société : 
1° Par M. Bouvier : 

La chaîne des Aravis. Topographie botanique, histoire et statistique 
des vallées de la Clusaz, du Grand-Bornand, du Heposoir et de 
Thónes. 

2° Par MM. D. Clos et N. Joly: 
Étude du Phycomyces nitens Kunze, 


3° Par M. N. Doümet : 
Une semaine d'herborisations en Corse. 


h° Par la Société Florimontane d'Annecy : 
Revue savoisienne (collection complète). 


M. Jules Philippe, secrétaire de la Société Florimontane, dépose 
sur le bureau un exemplaire complet de la Revue savoisienne, 
publiée par cette Société, et s’exprime en ces termes : 


Messieurs, 


En qualité de secrétaire de la Société Florimontane, j'ai l'honneur de dé- 
poser sur le bureau les travaux publiés par cette Compagnie depuis 1850 jus- 
qu'à ce jour. 

Nous espérons, messieurs, que vous voudrez bien accepter. cette marque 
de sympathie, ce modeste gage de confraternité. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. XIII 


Certes, la Société Florimontane n'a point la prétention d'établir un paral- 
lèle quelconque entre elle et la Société botanique de France, qui compte 
dans son sein des hommes si remarquables à plus d'un titre. Mais quelle que 
soit la sphere dans laquelle ils se meuvent, tous les hommes qui s'occupent 
de travaux intellectuels sont frères, car tous ils se dirigent vers un méme but : 
le progrés général et l'émancipation de l'esprit humain. C'est pourquoi les 
membres de la Société Florimontane se croient autorisés à vous tendre une 
main amie et fraternelle, et à vous offrir un souvenir de votre visite au milieu 
de nos vallées. Puisse ce souvenir, messieurs, vous rappeler que vous trou- 
verez toujours ici des bras ouverts pour vous recevoir et des coeurs pour 
vous comprendre. 


M. le Président prie M. J. Philippe de transmettre à la Société 
Florimontane d'Annecy les remerciments de la Société botanique de 
France. 

M. le Président annonce ensuite une nouvelle présentation. 

Une commission est nommée pour visiter le musée d'Annecy et 
les herbiers de MM. Bouvier et Chevalier. Cette commission se com- 
pose de MM. Bonnamour, Eug. Fournier, Gontier et Roussel. 

M. le docteur Bouvier fait à la Société la communication suivante : 


SUR L'ORIGINE DES PLANTES ALPINES ET SUR LA QUESTION DE L'ESPÈCE, 
par MI. le docteur BOUVIER. 


Je demande la permission de soumettre à mes confréres quelques obser- 
vations relatives à l'origine des plantes alpines, question brülante et trés-con- 
troversée que je n'ai pas la prétention de résoudre, mais qui, posée au congrès 
d'Annecy, à la porte des Alpes, qui vont s'ouvrir à nos investigations, pro- 
voquera peut-étre de nouvelles vues, de nouveaux faits, qui seront à enre- 
gistrer avec bénéfice pour la solution ultérieure. Je le désire, et à ce propos, 
rappeler la physionomie et le caractère des plantes des hautes régions, indiquer 
leur origine, distinguer les tendances des deux écoles qui se partagent présen- 
tement le domaine de la science, et rechercher si l'observation des plantes 
alpines en particulier vient appuyer ou contredire le systeme de métamor- 
phoses sans fin et de progrés indéfini que l'on préconise dans l'histoire des 
étres organisés : telles sont les limites dans lesquelles je vais me renfermer. 

Et d'abord, pour ce qui les concerne, les plantes alpines ont une physio- 
nomie à part, un tempérament qui leur est propre, résultant du milieu qu'elles 
habitent et des températures extrémes qu'elles subissent. 

Les plantes alpines restent, pendant huit à dix mois de l'année, ensevelies 
sous des couches épaisses de neige, n'ayant que deux mois, et le plus souvent 
que quelques semaines, pour renaitre, épauouir leurs fleurs et disparaitre de 


XIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


nouveau. Seule et unique expression de la vie dans ces régions perdues, seul 
accident qui vienne trancher sur la livrée blanchie des fiers sommets et rompre 
l'éternelle uniformité des surfaces glacées des Alpes, les plantes dont je parle 
ne connaissent que deux saisons, l'hiver et l'été : l'hiver relativement trés-long, 
l'été toujours trés-court. 

Durant cet intervalle si limité, alors que le thermométre s'éléve, que les 
brouillards et les nuages, balayés et repoussés par le vent, permettent aux rayons 
solaires de pénétrer jusqu'à elles, on voit les espéces des sites élevés rompre 
leur sommeil, secouer leur manteau de neige, et accomplir leurs phases de 
végétation avec une vivacité de port, une richesse de couleurs, une fraicheur 
d'expression des plus surprenantes. 

Ce qui distingue les plantes des Alpes dans des conditions si exception- 
nelles, c'est la rapidité étonnante qui marque les phases de leur vie; c'est le 
peu de chaleur nécessaire pour amener le développement de leurs feuilles et de 
leurs fleurs. Comment concevoir la rapidité avec laquelle ces phénoménes 
s'accomplissent ? La raison en est toute simple, et je prends la liberté de vous 
la communiquer comme je la concois. 

Dans nos climats de plaine, les plantes, soumises en hiver à des alterna- 
tives de température froide ou chaude, sèche ou humide, manifestent sous 
l'influence des unes des commencements de végétation que réprime bientôt 
l'action des autres. Sous l'influence incessante de ces deux causes opposées, 
les plantes de la plaine éprouvent un. premier degré d'épuisement; elles con- 
somment inutilement une partie de leur vitalité. Dès lors, les phases de leur 
végétation, à l'époque des beaux jours, se déclarent par degrés et marchent 
avec une lenteur relative. 

Le phénoméne contraire se remarque dans les plantes alpines. Pendant 
les longs hivers qu'elles subissent, ensevelies sous des couches de neige consi- 
dérables, protégées qu'elles sont par une température constamment uniforme, 
par une température qui prépare insensiblement leur germe ou qui fortifie leurs 
racines, et qui tient en réserve toutes leurs forces vives, elles font en quelque 
sorte explosion au premier soleil qu'elles recoivent. Dans ce cas, les phéno- 
mènes de la germination et ceux de la fructification se succèdent rapidement 
et s'accomplissent presque en méme temps chez tous les individus placés 
dans le méme milieu. 

La lenteur avec laquelle procéde la végétation des plaines est donc subor- 
donnée à la diversité de température et au caractère mixte de nos hivers, et 
l'évolution soudaine, pour ainsi parler, des espèces alpines trouve son explica- 
tion dans un long repos et dans la condition d'une température uniforme. En 
hiver, celles-ci demeurent dans un état toujours constant, et les plantes des 
plaines parcourent des alternatives tantót en plus, tantót en moius : de là 
prédisposition d'affaiblissement pour les organes de ces dernières et bénéfice de 
vigueur réservé aux organes des autres, 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. XV 


Mais d’où viennent les plantes alpines et par quelle voie les Alpes se sont- 
elles couvertes de cette végétation luxuriante qu'elles étalent aux yeux de l'ob- 
servateur ? 

Si vous dressez l'inventaire de la végétation alpine, vous retrouvez des 
plantes du pôle, des plantes du midi, des plantes asiatiques. Les rapports de 
parenté entre la flore alpine et celle du póle sont si frappants qu'on est tenté 
de leur attribuer une origine commune qui remonterait à l'époque glaciaire. 
Avant l'époque actuelle, le froid régnant sur la terre, les glaciers descendaient 
du póle, pénétraient jusqu'au milieu de l'Asie et de l'Amérique, remplissaient 
nos vallées, transportant des amas de sable, des blocs de pierres, des plantes et 
des graines. La fusion opérée et la retraite des glaciers produite sous l'in- 
fluence d'une température plus élevée, les espéces qui recherchaient le climat 
froid ou le voisinage de la glace ont remonté vers les sommités, et en parti- 
culier dans les Alpes, tandis que celles qui s'accommodaient d'un climat 
tempéré se sont cantonnées en Écosse, en Angleterre, en Russie et dans le 
nord de l'Allemagne. Les espèces alpines seraient donc le reliquat de l'époque 
glaciaire. 

Dans un autre ordre d'idées, à l'époque tertiaire, la mer couvrait notre 
continent et s'étendait au pied des Alpes et des monts Ourals ; les Alpes se 
dessinaient sur ce vaste bassin d'eau, de sorte que pendant une longue série 
de siècles, la flore alpine s’est enrichie avec les pays voisins. Les catastrophes 
qui ont donné naissance à cette chaine ont compromis l'existence de bien des 
espèces et amené probablement l'introduction d'un grand nombre d'autres. 
Mais quel est le rapport entre les pertes subies et les additions nouvelles, c'est 
ce que nous ignorons. Quoi qu'il en soit, à la faveur de ces bouleversements, 
les Alpes se sont trouvées riches en espèces, et les Composées, les Campanu- 
lacées, les Saxifragées, les Gentianées, les Cvpéracées et les Graminées sont les 
familles importantes qui composent la couronne de la premiere chaine de 
l'Europe. 

Dans tous les cas, on peut répartir en trois catégories les espèces des 
Alpes : 

1* Espèces communes avec les Pyrénées, l'Écosse et la Scandinavie, 
plantes anciennes remontant à l'époque glaciaire, où l'Océan recouvrait une 
partie de l'Allemagne. 

2» Espèces venues des pays voisins, après le retrait de la mer d'Allemague, 
par les plaines ou les montagnes moins élevées que les Alpes, telles que l'Au- 
vergne, les Apennins, la Sibérie méridionale. 

3° Espèces propres aux Alpes qui peuvent avoir été créées sur cette chaîne 
méme. 

Je viens de parler des espèces et, à cet égard, il est bon de nous entendre 
et de distinguer nettement les principes auxquels obéissent les deux écoles qui 
divisent les botanistes de nos jours. 


XVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


L'école du pere de la science, la vieille école, l'école de Linné, pour la 
nommer, professe l'existence de l'espèce à laquelle les circonstances de milieu, 
les influences du sol, de l'exposition, de la chaleur ou de l'humidité impri- 
ment des tempéraments divers qui portent sur l'aspect, le port, la coloration, 
la glabrescence ou la villosité : tempéraments divers qu'elle désigne du nom 
de variétés. L'espéce ainsi comprise se caractérise facilement par une phrase 
descriptive, courte et facile à saisir. — Partant de vues opposées, l'autre école, 
école contemporaine, nie de la maniére la plus formelle la variabilité des types 
spécifiques, et élève à l'état de dogme l’immutabilité dans le règne végétal. 
Pleine d'ardeur età tous égards convaincue, elle divise quand méme, sans 
relâche ni merci : pour elle point de degrés, point de modification dans les 
formes typiques, et si faibles que soient les différences accusées par deux 
plantes congénères, l'école nouvelle les transforme sans plus de souci en deux 
espèces radicalement distinctes dès l'origine des choses : de là cette amplifica- 
tion prodigieuse qui distingue les flores locales imbues de ces idées ; de là cet 
accroissement indéfini d'espéces de mauvais aloi qui viennent encombrer le 
parvis du temple et transformer sans profit la botanique descriptive en une 
véritable logomachie. Dans cette voie, je me demande où est la vérité, où est 
le progrès, où est la science ? 

Toutefois, les deux écoles sont d'accord en ce point qu'elles n'admettent 
ni l'une ni l'autre la transformation des espéces, hypothése qui vient de se 
reproduire tout récemment et à laquelle les honneurs de la publicité n'ont pas 
fait défaut. Que nous apprend l'histoire des plantes alpines sur ce sujet ? Con- 
sultons du reste les documents dont dispose la science et voyons les faits. 

Jean Ray fit, en 1672, un voyage à Genève, et profita de son séjour en 
cette ville pour visiter le Salève. Il a consigné dans son Sylloge stirpium euro- 
paarum Vénumération assez détaillée des plantes trouvées par lui sur cette mon- 
tagne, énumération qu'il a fait suivre de la description de plusieurs d'entre 
elles. 1l est remarquable que toutes les plantes citées par le célébre natura- 
liste anglais se retrouvent encore deux cents ans aprés lui aux mémes lieux. Ce 
fait vient donc témoigner assez hautement en faveur de la permanence et de la 
fixité des espèces. 

Six ans aprés, en 1678, Tournefort parcourait les Alpes du Dauphiné et 
de la Savoie. Les plantes qu'il y recueillit devinrent le commencement de son 
herbier, qui est conservé au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Ces plantes 
sont les mémes que celles qu'on peut récolter aujourd'hui dans les mémes 
localités, 

Dans l'herbier de Linné, conservé à la Société Linnéenne, j'ai vu moi-méme 
à Londres, en 1841, une plante du Mont-Cenis que j'ai retrouvée dix ans 
après dans ce site incomparable, la méme trait pour trait, l'Z/ieracium Auri- 
cula L. Depuis Linné, c'est-à-dire pendant prés de cent ans, aucun change- 
ment ne s'est produit dans cette espèce. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1860, XVII 

Les plantes de l'herbier de Haller, contemporain de Linné, conservé à Ge- 
neve, se retrouvent exactement avec la méme physionomie, comme au temps 
du célèbre botaniste de Berne. 

L'herbier d'Allioni, que j'ai été heureux de consulter au jardin du Valen- 
tin, à Turin, pour les plantes du Mont-Cenis, m'a fourni les mêmes données. 
Je n'ai trouvé, pour ma part, aucune différence entre ces plantes et celles que 
j'ai récoltées dans ces parages, aprés un intervalle de plus de cent ans. 

Je suis donc en droit de conclure que, si les plantes alpines n'ont pas varié 
dans l'espace de deux cents ans, comme l'établissent les faits que je viens de 
citer, il n'y a pas lieu de penser qu'elles aient varié pendant cinq cents, pendant 
mille ans et plus. Elles sont sous nos yeux ce qu'elles ont été pour nos devan- 
ciers, ce qu'elles seront pour les générations qui nous suivront. Les plantes 
des Alpes, au point de vue historique, viennent donc formellement attester la 
permanence de l'espèce. 

Tel est le langage de la nature, qui n'est pas celui de l'hypothése que je 
combats et que voici : 

Dans l’ordre des idées émises tout récemment, on admet que chaque 
espèce du règne animal et du règne végétal provient d'une méme origine, 
d'un méme père, père de toute la nature vivante. Le temps produit la méta- 
morphose des espèces, et son action s'exercant pendant des millions d'années, 
engendre des multitudes de formes auxquelles s'adaptent des aptitudes diffé- 
rentes. On déclare que le monde n'a subi aucun. cataclysme et qu'il marche 
vers un avenir d'une incalculable durée. On professe que tout organisme ani- 
mal ou végétal tend nécessairement vers la perfection, se modifiant sans cesse, 
de telle sorte qu'un jour il ne restera rien des formes actuelles, sinon des 
formes supérieures et dans leur ensemble et dans le dernier de leurs or- 
ganes. 

Tout cela est difficile à croire. Admettre en effet une origine commune 
pour le mammifère et l'oiseau, pour le poisson et le reptile, pour la mousse et 
le palmier, pour la graminée et la conifere, parait tout aussi inexplicable que 
leur apparition subite sur la terre. La création rentre dans l'ordre surnaturel 
et échappe à nos moyens d'observation. La métamorphose des espéces, que 
vous dérivez de l'action du temps, n'en est pas moius un fait miraculeux, et votre 
affirmation à cet égard constitue une pure hypothése qui vous fait oublier, 
parait-il, que c'est par cette seule porte que le naturaliste peut observer le 
grand probléme de l'origine des étres; quand vous déclarez qu'aucun cata- 
clysme n'a pesé sur le monde, il nous sera bien permis de regarder cela 
comme hasardé. Votre idée de faire progresser la nature organique vers un 
perfectionnement indéfini est-elle plus satisfaisante? Et en quoi pourrait con- 
sister ce perfectionnement pour les animaux? Et les végétaux monocotylé- 
dones deviendraient-ils des dicotylédones, les fleurs seraient-elles plus belles 
et les arbres plus majestueux? Tous les animaux deviendraient-ils intelligents, 

T. XI. B 


XVHI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


et ceux qui n'ont ni instinct ni intelligence finiraient -ils par acquérir l'un et 
l'autre ? 

Pour nous, nous aimons à croire à la stabilité des lois qui président à l'ad- 
ministration du monde physique; nous voyons tout ici-bas si bien coor- 
donné, les plantes et les animaux si bien appropriés à leur maniére 
d'étre dans le milieu qui leur convient, que le perfectionnement indéfini que 
vous révez peut étre une noble idée, mais n'a trés-certainement aucune racine 
dans la réalité des choses. A nos yeux, l'homme sera toujours l'homme de Job, 
la fourmi, l'infatigable et laborieuse ouvrière ; le champignon ne changera pas 
de nature et l'arbre de nos jardins continuera de porter des fruits pour nous et 
nos neveux! Que voulez-vous de plus que ce que nous avons sous les yeux ? 
N'y a-t-il pas dans cette immensité de richesses que la nature étale, plus que 
votre œil n'en peut contempler? Et dans ces nuances infinies de fleurs qui 
décorent la surface du globe, dans cette variété prodigieuse de tons, de cou- 
leurs, de parfums, n'y a-t-il pas de quoi satisfaire tous vos sens? Vous n'admi- 
reriez pas cette multitude d'animaux si bien et si diversement organisés pour 
la marche, le vol, la natation, pour la vie terrestre etla vie aquatique, pour 
l'alimentation végétale ou animale, et cette vie merveilleuse dans les derniers 
étres de l'échelle, qui dépasse toute la portée de l'imagination! Ces merveilles 
ne vous suffisent pas et il vous en faut de plus merveilleuses encore. Soit! Vous 
voulez échapper à la création; mais en remplaçant le rôle de la Providence 
dans le monde par le róle du temps dont l'action devient sans terme, en sub- 
stituant le provisoire dans le règne organique à la stabilité qui en est la règle, 
en imposant aux espèces des métamorphoses qui ne seraient jamais définitives 
et qui constitueraient, selon vous, un perfectionnement, vous ne faites qu'a- 
boutir au merveilleux. Vous décomposez le miracle de la création en croyant 
satisfaire la raison: vous avez pensé lever la difficulté de la question, et vous 
n'avez fait que la circonscrire dans des difficultés plus grandes encore; vous 
avez voulu expliquer ce qui est inexplicable, et, à bout de voie, vous retom- 
bez devant l'éternel probléme de la Genèse qui subsiste tout entier : Numero 
et pondere Deus creavit. - 


M. Cosson présente les observations suivantes : 


Il rappelle qu'une quantité de chaleur déterminée est nécessaire à chaque 
espèce pour fleurir et mûrir ses graines, et que, cette somme de chaleur réa- 
lisée, la floraison se produit aussi bien pour les plantes des Alpes que pour 
celles des plaines. Il cite, comme exemple, la floraison du Blé; bien qu'elle 
ait lieu dans lés montagnes environ deux mois plus tard que dans la plaine, la 
somme de chaleur indispensable pour amener ce résultat est toujours la méme 
dans les deux conditions. 

... M. Bouvier répond : 
Que l'exemple choisi ne rentre pas précisément dans la catégorie des plantes 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. XIX 
alpines, et qu'une espèce introduite par la culture dans les montagnes ne saurait 
infirmer le fait physiologique qui caractérise, à son avis, leurs végétaux in- 
digenes. Relativement au point en litige et à Ja différence fondamentale qui 
lui parait exister entre les plantes des plaines et celles des Alpes, on doit re- 
connaitre que c'est l'action directe de la chaleur, de l'air et du soleil qui pro- 
voque la végétation des premières, tandis que la floraison des secondes n'ap- 
parait qu'en vertu de la chaleur du sol. C'est là ce qui explique. pourquoi les 
plantes des Alpes fleurissent sous la neige ou dans son voisinage, lorsque la 
température de l'air est à peine au-dessus du point de la glace fondante. Les 
plantes des plaines ne présentent jamais à l'observateur un pareil phénomène. 
Je me crois donc fondé à persister dans ma maniere de voir et à maintenir la 
différence que j'ai signalée dans la floraison des plantes alpines d'une part et 
dans celle des plantes des plaines d'autre part. Au surplus, ce fait n'avait pas 
échappé à Hoppe, dont on ne récusera pas le témoignage dans la question, et 
qui, arrivé aux premiers jours de juin 1830 dans les Alpes de Carinthie, y 
trouva un si grand nombre de plantes en fleur, qu'il en conclut que toutes les 
plantes alpines sont des plantes vernales. 


M. l'abbé Chevalier, vice-président, fait à la Société la commu- 
nication suivante : 


SUR QUELQUES PLANTES RARES DU DÉPARTEMENT DE LA HAUTE-SAVOIE, 
par M. l'abbé CHEVALEER, professeur au grand séminaire d'Annecy. 


La flore des Alpes savoisiennes renferme un assez grand nombre de plantes 
rares qui n’ont jamais été rencontrées dans les autres départements français, 
ou dont la présence, signalée par quelques botanistes anciens, n'a pu y être 
constatée d'une manière certaine par les botanistes de notre époque. 

Dans la session extraordinaire de 1863, la Société botanique a pu récolter 
dans le département de la Savoie plusieurs de ces belles espèces, telles que 
Matthiola varia DC., Saponaria lutea L., Cortusa Matthiolt L., Androsace 
Chamæjasme Host, Primula pedemontana Thom., Artemisia nana Gaud., 
Sesleria sphærocephala Ard., Kobresia caricina Willd., Carex micro- 
glochin Wahblnb:, C: lagopina Wahlnb., C. juncifolia All., et beaucoup 
d'autres communes aux deux départements savoisiens. 

Pour donner à la Société un apercu des richesses que contient la flore du 
département de la Haute-Savoie, je me permettrai de lui communiquer uu 
petit extrait des notes suivantes qui sont destinées à faire partie d'un précis de 
statistique phytologique de notre département. 

Je ne citerai que des espèces admises par tous les botanistes, et je m'abs- 
tiendrai de parler aujourd'hui des nombreuses espèces plus ou moins con- 
troversées, 


XX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


On trouve dans le département de la Haute-Savoie plusieurs espéces nou- 
velles pour la flore de France, quelques espèces rencontrées dans les Pyrénées | 
ou dans de rares localités des autres départements, mais qui paraissent n'avoir 
pas été constatées avec certitude dans les Alpes francaises, et enfin un grand 
nombre d’espèces rares qui n'ont été récoltées que dans des localités peu nom- 
breuses des Alpes de l'ancienne France. 

Nous avons dans notre département les espèces suivantes : Peucedanum 
austriacum Koch, Achillea atrata L., A. moschata Jacq., A. olpina L., 
Linnæa borealis L., Androsace pennina Gaud., Erica carnea L., Gentiana 
purpurea L., Valeriana celtica L., Pedicularis recutita L., Poa flexuosa 
Wahlnb., Scirpus alpinus Schl., Alnus pubescens Tausch, Botrychium rutæ- 
folium A. Br., B. simplex Hitsch. Toutes ces espèces me paraissent nouvelles 
pour la flore de France. 

Le Peucedanum austriacum Koch est abondant sur les rochers calcaires 
de la Clusaz, prés de la chaine des Aravis. J'ai cueilli aussi cette élégante Om- 
bellifere à Samoéns et à Saint-Jeoire, et il est probable qu'elle est plus ou 
moins répandue, parmi les rochers calcaires un peu boisés et exposés au cou- 
chant, dans les chaines de montagnes qui séparent la vallée du Giffre du canton 
du Valais, où elle croit sur les rochers qui dominent la rive droite du Rhône. 

L'Achillea atrata L. se trouve au Buet, et çà et là dans les montagnes qui 
séparent Samoéns et Sixt du Valais. 

L'Achillea moschata Jacq. (forme un tapis qui borde tous les glaciers de 
la vallée de Chamonix et de celle de Mont-Joie. 

L' Achillea alpina L., indiqué par Boccone et Allioni dans la vallée de Gha- 
monix, m'a été communiqué comme provenant des bords du glacier du Miage. 

On rencontre le Zinnæa borealis L. près de Valorsine, au pied de la forêt 
de Téte-Noire, à cóté du Trient. Le célébre Gaudin dit que cette localité est 
la plus méridionale que l'on connaisse pour cette plante ; cependant je l'ai 
récoltée dans la descente du Grand-Saint-Bernard à Aoste, localité plus méri- 
dionale que celle de Valorsine. Gaudin indique aussi cette plante au bois des 
Fonts prés Chamonix, et aux Voirons d'aprés Saussure, mais on ne l'a pas 
retrouvée dans ces localités. 

L'Androsace pennina Gaud. est trés-répandu au-dessus du col du Bon- 
homme, ct parmi les débris pierreux entre le col des Fours et l'aiguille de 
Tré-la-Tête. 

L' Erica carnea L. couvre les rochers de la base d'Andey au-dessus de Pont- 
chy et de Rumilly près Bonneville. Cette plante remarquable-présente en 
automne de nombreuses fleurs blanchâtres, ce qui l'avait fait dénommer par 
Linné Æ. herbacea, et ce n'est qu'au commencement d'avril que ses fleurs 
prennent la belle couleur incarnate qui lui a valu le nom d' E. carnea; il cst 
ainsi clairement démontré que le grand botaniste suédois s'était trompé en 
établissant deux espèces différentes aux dépens de ce type. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866, XXI 


On trouve le Gentiana purpurea L. en grande abondance sur les pentes 
herbeuses de la vallée de Chamonix et de celle de Mont-Joie, sur le Móle, sur 
le Brizon et sur le Vergy. 

Gaudin affirme, dans sa Topographie botanique, avoir récolté le Valeriana 
celtica L. au Brévent, mais je doute que cette plante y ait été retrouvée par 
d'autres botanistes. 

Je ne crois pas que le Pedicularis recutita L. ait dans notre département 
d'autre localité connue que celle du col de Balme, ni le Poa flexuosa Wahlnb. , 
d'autre que celle du Brévent. 

Le Scirpus alpinus Schl. est indiqué au Chapeau près Chamonix. 

M. Parlatore dit avoir récolté en 1849, aux Contamines-sur-Saint-Gervais, 
l Alnus pubescens Tausch. 

Le Botrychium rute folium M. Br. etle B. simplex Hitsch ont été dé- 
couverts dans le bois du Bouchet prés Chamonix, par M. Vénance Payot. 

Parmi les plantes qui paraissent nouvelles pour la flore des Alpes francaises, 
je citerai d'abord trois espèces de Saxifrages des Pyrénées, le Saxifraga pla- 
nifolia Lap. , assez rare dans les fentes des rochers au Méry, au Vergy, au Ja- 
louvre et au Brizon ; le S. pyramidalis Lap., rare sur les rochers du Brévent 
et du Chapeau; le S. mutata L., abondant sur les rochers du revers nord du 
Brizon, au-dessus de Pontchy. Beaucoup de botanistes mettent en doute lexis- 
tence de cette espèce dans les Pyrénées. 

Je citerai ensuite le Viola pumila Chaix var. cordifolia, sur les murs 
entre les Ouches et Chamonix. Cette plante n'est qu'une variété alpine du 
V. lancifolia Thore, des landes de l'ouest. Je citerai aussi le Wicropus erec- 
tus L. sur les collines de Chaumont ; le Salvia verticillata L. commun dans 
la vallée d'Abondance; et le Zinaria simplex DC., très-répandu sur les col- 
lines qui dominent la rive gauche de la rivière des Usses, depuis Frangy 
jusqu'à son embouchure dans le Rhóne. 

Il serait trop long d'énumérer toutes les espèces rares des Alpes du Dau- 
phiné, et qui se trouvent également dans les vallées ou sur les montagnes du 
département de la Haute-Savoie ; il me suffira d'en indiquer les principales, 
en les faisant suivre du nom des localités les plus importantes que j'ai été 
à méme d'observer : 


Anemone baldensis L., au Méry. 
Atragene alpina L., au Saléve, R. 
Thalictrum saxatile DC., au Saléve et au Charvin. 
-— nutans Desf., à la Dent d'Oche. 
Isopyrum thalietroides L., à Magland, au Vuache, à Seytenex et à Tamié. 
Aquilegia alpina L., à Samoéns et prés du glacier de Tré-la-Téte. 
Aconitum Anthora L., au Jalouvre et à Saint-Jean-d'Aulph. 
— Napellus L., à Samoëns et sur toutes les montagnes du haut Chablais. 
Ranunculus parnassifolius L., à Samoéns et au Méry. 
— glacialis L., au Bonhomme, à Tré-la-Tè'e, et à la Mer-de-Glace. 
— pyrenæus L., au Méry et au Vergy. 


XXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Helleborus viridis L., à la Clusaz et à Saint-Laurent. 

Aüthionema saxatile R. Br., à Thónes, au Vuache et dans le val du Fier. 

Teesdalia Iberis DC., au Salève. 

Braya pinnatifida DC., à Tré-la-Téte, au Bonhomme, au Brévent, etc., partout dans le 
voisinage des glaciers. 

Draba frigida Saut., au mont Jovet. 

Arabis cærulea Wulf., au Bonhomme. 
— brassicæformis Wallr., à Saint-Germain-sur-Talloires. 
— saxatilis DC. , au Saléve et au Petit-Bornand. 

Hugueninia tanacetifolia Rchb., à Tró-la-Téte. 

Corydallis fabacea Pers., à Pontchy et à Saint-Laurent. 

Papaver alpinum L., au Jalouvre et au Vergy, 

Viola cenisia Z., à Ja Gieltaz et au Buet. 

Geranium nodosum L., à Serraval et à Sainte-Colombe. 

Potentilla petiolutata Gaud., au Saléve. 

Hypericum pulchrum /.., dans les bois de Viry. 

Lythrum Hyssopifolia L., à Bassy, 

Phaca frigida Jacq., au Mont-Joli, au Méry et au col d'Anterne. 
— alpina L., au Buet, à Samoëns et au Méry. 
— australis L., au Vergy. 

Astragalus depressus L., au Brizon et à la Dent-d'Oche. 

— monspessulanus L., à la base du Móle au-dessus d'Ayse. 
Anthyllis montana L., à Thónes, à Dingy, au Salève, à la Tournette, etc. 
Trifolium saxatile All., à Chamonix, le long de l'Arveyron. 

Eryngium alpinum L., à Sommier, au-dessus du Reposoir. 

Serratula nudicaulis DC., au Salève. 

Rhaponticum scariosum Lam., à Tró-la-Téte et dans la vallée de la Dioza. 
Saussurea depressa G.G., au Méry. 

— alpina DC., à Tré-la-Tête. 

Carlina nebrodensis Guss., au roc d'Enfer, sur la côte d'Arbroz. 
Carpesium cernuum L., à Sallenoves, à Pontchy et à Scionzier. 
Crepis pygmæa L., à Samoëns et à Platet, au-dessus de Passy. 
Hieracium ligusticum Fr., au Salève et au Vuache, 

— valdepilosum Fr., au Vergy. 

— hybridum Chaix, au Brizon. 

—  Janatum Vill., au Saléve et au Môle. 

Aposeris fœtida Less., à Sixt, aux Getz et à Taninges. 
Campanula cenisia L., au Buet. 
Androsace pubesceñs DC., au Vergy et au Méry. 

— helvetica Gaud., au Jalouvre et au Vergy. 

Samolus Valerandi L., à Bassy. t 
Gentiana glacialis Fill., au mont Jovet et au Bonhomme. 
Valeriana saliunca All., au Méry et à Pointe-Percée. 
Antirrhinum latifolium Mill, , sur les vieux murs d'Annecy. 
Pedicularis gyroflexa Vill., au Bonhomme. 
— Barrelieri Rchb., au Vergy. 
Eritrichium nanum Schrad., au Buet. ; 
Dracocephalum Ruyschiana L., à Saint-Jean-d'Aulph. 
Lilium croceum Chaiz, à Mieussy et à Saint-Sigismond. 
Erythronium Dens canis L., au Vuache et à Vougy. 
Ornithogalum nutans L., à la Roche et à Neydens. 
Limodorum abortivum Sw., à Mieussy, à Bonneville et à Bossey. 
Streptopus amplexifolius DC., aux Contamines-suc-Saint-Gervais, 
Nigritella suaveolens Koch, au Vergy, au Méry, et entre Megève et Hauteluce. 


e aphyllus Sw., à Saint-Nicolas-la-Chapelle, au Brizon, au mont Saxonnex et au 
teposoir, 


Liparis Leeselii Rich., à Bossey et au pied des Voirons. 


Coralliorrhiza innata R. Br., au Saléve, aux Voirons, au Brizon, à Saint-Laurent, aux 
Contamines, à Chamonix, etc. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866, XXIII 


Chamorchis alpina Rich., au Vergy, au Méry et au Brévent. 
Goodyera repens R. Br. à Archamp, à Ja Roche et à Brizcn. 
Orchis divaricata Rich., dans les marais de Doussard. 
Cypripedilum Calceolus L., à Beaumont, aux Voirons et à Brizon, 
Typha minima Hoppe, le long de l'Arve, de Bonneville à Genève. 
Calamagrostis tenella Host, au Brizon, au Vergy. 
Poa minor Gaud., au Vergy, au Brévent, au Montanvert et à la Mer-de-Glace. 
— cæsia Sm., au Brévent, 
— distichophylla Gaud., au Vergy et au Brévent. 
— laxa Hænke, le long de la Mer-de-Glace et au Jardin. 
Festuca Halleri All., au Méry. 
— pumila Vill., au Brévent. 
— varia Hænke, à la Mer-de-Glace. 
— violacea Gaud., à la Mer- de-6lace, au Vergy et au Méry. 
Selaginella helvetica Spreng., aux Contamines-sur- Saint-Gervais, à Bionassay, aux 
Ouches, à Chamonix, etc. 
Ophioglossum vulgatum L., à la Roche et à Saint-Blaise. 
Woodsia hyperborea R. Br., à Servoz, aux Ouches et à Chamonix. 


Je dois ajouter à cette énumération le Cyclamen neapolitanum Ten., décou- 
vert tout récemment par M. l'abbé Delavay, dans les bois de la Caille prés 
Annecy. Cette belle espèce, rare en France et en Suisse, n'avait pas encore 
été indiquée en Savoie. 

Je citerai encore en terminant deax espéces rares que j'ai découvertes dans 
le département de la Savoie, près des confins du département de la Haute- 
Savoie. Je veux dire l'Achillea tfnacetifolia All., abondant dans la vallé 
de la Gitaz, prés du Bonhomme, et le Trientalis europea L. qui se trouve en 
trés-grande quantité à Crest-Voland, à l'extrémité du grand bois prés de la 
montagne de Bisane et à une altitude d'environ 1800 mètres au-dessus du 
niveau de la mer (1). 

Le département de la Haute-Savoie renferme les terrains les plus divers et 
offre les expositions les plus variées; aussi ses petites plaines, ses nombreuses 
collines et ses hautes montagnes présentent aux amateurs de botanique des 
trésors innombrables, et l'on peut avancer, sans crainte de se tromper, 
qu'il ne le cède en richesses phytologiques à aucun autre département de la 
France. 


M. Bouvier met sous les yeux de la Société plusieurs espéces 
de Rosa, parmi lesquelles une forme qu'il considére comme nou- 
velle, qu'il a découverte le 14 juillet 1865, dans la vallée de la 
Clusaz, et qu'il a depuis retrouvée dans d' autres localités. Voici les 

caractères de cette plante : 


^ 


(1) La découverte du Trientalis en Savoie, due à M. Chevalier, a déjà été annoncée 
il y a quelques années à la Société par M. J. Gay (Voy. le Bulletin, t. IX, p. 4). 


XXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

ROSA CLUSIANA Bouv. (1). 

Frutex humilis; aculeis rectis, subulatis, basi rotundata; foliolis 7, latis, 
oblongo-lanceolatis, petiolulatis, supra viridi-pubescentibus, infra cineras- 
centibus, nervatis, biserratis, glanduloso-ciliatis ; stipulis supra glabris, infra 
glandulosis, auriculis prismaticis; petiolis glanduloso-tomentosis ; pedunculis 
hispidis; calycis laciniis pinnatifidis, glandulosis, corollam superantibus; co- 
rollis rubris; fructibus aurantiacis, cartilagineis, crasse globosis, hispidis, 
nutantibus, calyce persistente coronatis. 


M. Eug. Fournier engage les membres de la Société à dresser la 
liste des plantes récoltées par eux dans chacune de leurs herbori- 
sations, et à communiquer ces listes au secrétariat de la Société. 

Et la séance est levée à trois heures. 


A quatre heures, les membres de la Société, malgré l'incertitude 
du temps, ont fait le tour du lac d'Annecy, sur le bateau à vapeur 
la Couronne de Savoie, qui avait élé gracieusement mis à leur 
disposition par la municipalité de la ville, sur la demande de la 
Société Florimontane. Lorsque le bateau fut arrivé dans les eaux de 
Talloires, la Société a été saluée par des détonations de boites, et 
recue au port par M. Poulet, maire de Talloires. M. Poulet, par 
une délicate attention, a offert à M. le comte Jaubert une branche 
de Rhododendron ferrugineum, cueillie sur le roc de Chère, où 
cette plante croit exceptionnellement à une faible altitude. 

À huit heures, M. le comte Jaubert, M. Clos et plusieurs membres 
de la Société se trouvaient réunis à la table de M. le Préfet; M. Fer- 
rand, qui a montré pour la Société une bienveillance toute parti- 
culiére, voulut bien lui annoncer qu'il écrirait dés le lendemain aux 
autorités des communes qu'elle devait traverser pendant ses excur- 
sions, afin de lui assurer partout une salle convenable pour la tenue 
de ses séances, et des logements à prix modérés daus les hótels. 

Le 10, dans la matinée, la Société a visité le musée d'Annecy, 
et les herbiers de MM. Bouvier et Chevalier (voyez plus loin le rap- 
port de M. Eug. Fournier sur ces collections). — A une heure, la 
Société a pris en voiture la route de Thónes. Une halte a été faite au 
pont de Saint-Clair ; et à peine arrivés à Thónes, un grand nombre 

(1) M. Bouvier, qui a distribué cette espèce à quelques amis sous le nom provisoire 


de R. macrocarpa, a cru devoir changer ce nom, l'épithète macrocarpa ayant déjà été 
appliquée à certaines espéces de Rosa par divers auteurs, notamment par Mérat. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. XXV 


de membres ont, malgré la pluie, gravi la montagne du Calvaire 
(voyez plus bas les rapports de MM. Fournier et Gontier fils). 

Le 44 a eu lieu, suivant le programme, l'ascension du mont 
Charvin. — Le 12, la Société s'est transportée de Thónes au Grand- 
Bornand, et a consacré le reste de la journée à l'exploration du 
mont Chátillon (voyez plus bas les rapports de MM. Bouvier et 
Blanche sur ces herborisations). 

Le 13, le mauvais temps empéchant la course projetée au lac 
Bénit, la Société a repris directement en voiture la route du Grand- 
Bornand à Bonneville. Quelques membres partis à pied sous la 
direction de M. Bouvier, ont recu au Petit-Bornand une gracieuse 
hospitalité chez M. Descombes, curé de ce village (1). 


SÉANCE DU 14 AOUT 1866. 


PRÉSIDENCE DE M. BOUVIER, VICE-PRÉSIDENT. 


La Société se réunit à trois heures, dans une des salles de l'hôtel- 
de-ville de Bonneville ; elle y est recue par M. Guy, sous-préfet de 
l'arrondissement, et par M. Dufour, maire de Donneville. 

Pendant la séance, dans l'intervalle des communications, la mu- 
sique de la ville, réunie dans une piéce voisine, fait entendre plu- 
sieurs morccaux d'harmonie. 

M. le Président prie MM. Guy, sous-préfet, et Dufour, maire de 
Bonneville, de prendre place au bureau. 

M. le Maire souhaite la bienvenue à la Société et lui exprime ses 
regrets de ne pas la posséder dans la journée du 15 août à Bonne- 
ville pour la fête de l'Empereur. Pour ce qui le regarde, il ne peut 
S'associer à ses travaux, mais il compte sur un savant du pays, 
M. Francois Dumont, auprés duquel la Société trouvera tous les 
renseignements désirables sur le Faucigny, qu'il connait fort bien. 
M. le Maire termine en remerciant la Société botanique de l'hon- 
neur qu'elle a bien voulu faire à la ville qu'il administre. 


(1) Dès six heures du matin, et malgré la pluie, M. Bouvier s'était rendu au Saugy, 
petite vallée fort pittoresque qui s'ouvre sur la roate du Chenaillon, et en avait rapporté 
les Rosa resinosa, subglobosa, elusiuna, montana, Reuteri, et une variété de cette der- 
nière espèce à fleurs blanches et à folioles orbiculaires d'un vert jaunâtre; il a distribué 
des échantillons de ces ftosa à divers membres de la Société. 


XXVI SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


M. le Président remercie M. le Maire de ses obligeantes paroles 
et lui répond que la Société resterait volontiers un jour de plus à 
Bonneville, si elle n'était liée par un programme d'explorations à 
réaliser pour atteindre le but qu'elle s’est proposé dans le dépar- 
tement de la Haute-Savoie. 

M. Henri Blanche, secrétaire, donne lecture du procés-verbal 
de la séance du 9 aoüt, dont la rédaction est adoptée. 

Par suite de la présentation faite dans la séance précédente, 
M. le Président proclame l'admission de : 

M. LATTEUX D'EsprAGNE, 17, rue des Anglaises, à Paris, présenté 

par MM. Chatin et Eug. Fournier. 

M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. 


Don fait à la Société : 


Par M. Francois Dumont: 
Thermographie et hipsométrie de la Savoie. 


Lecture est donnée d’une lettre adressée à M. le comte Jaubert, 
président de la Société, par M. Alexandre Curral, notaire, maire 
de Sallanches. M. Curral prie la Société de disposer du salon d'hon- 
neur de l'hótel-de-ville de Sallanches pour ses réunions, ct des 
agents de la ccmmune pour lui servir de guides dans ses excursions. 


Les rapports suivants sont déposés sur le bureau : 


RAPPORT DE M. Eug. FOURNIER SUR L'HERBORISATION FAITE LE 10 AOUT 
AU PONT DE SAINT-CLAIR. 


L'une des herborisations les plus intéressantes des environs d'Annecy est 
sans contredit celle de la vallée du Fier. Pour la faire complétement, il eût 
fallu nous diriger vers l'ouest, en sortant de la ville par la route de Craon, et, 
vers l'entrée de ce village, descendre sur les bords de la rivière pour en 
remonter le cours. Mais programme oblige, hélas! et nous avons dû, partant 
d'Annecy après midi pour nous rendre à Thónes, visiter seulement dans une 
courte halte la partie la plus intéressante de la vallée, les rochers qui bordent 
le pont de Saint-Clair. Heureusement, il n'en résultera pas de lacune dans 
notre Bulletin, car l'un des botanistes les plus exercés de la Haute-Savoie, notre 
honorable confrère M. l'abbé Puget, se propose de comprendre l'herborisation 
de Seint-Clair dans son tableau de la végétation des environs d'Annecy. 

Le torrent qui a recu le nom de Fier a ses sources aux flancs du Charvin, 
ses affluents dans les vallées de la Clusaz, de Manigod et de Serraval. Courant 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. XXVII 


du sud-est au nord-ouest, il s'élargit dans les pâturages de Thónes, puis baigne 
à droite la base arrondie du mont Parmelan, séparé du lac d'Annecy par l'épais 
massif de la Tournette. Ses eaux peu profondes et rapides s'écartent pour en- 
tourer de nombreux ilots sablonneux en méandres multiples, qui lui ont valu 
pendant l'excursion le nom de Fier-ä-bras. Ses bords sont des montagnes 
boisées, parsemées de chalets, quelquefois surmontées par les gazons alpestres, 
que dépasse le soramet du Parmelan, la gigantesque Tête-à-Turpin. D'abord 
étagées en gradins successifs par des pentes assez douces que soutient le dilu- 
vium des Alpes, ses rives se resserrent bientót, montrant à nu leurs rochers 
verticaux, et, dans le torrent qu'elles surplombent, laissent pleuvoir de fraiches 
cascades. Un pont les réunit au point le plus étroit de la vallée ; c'est le pont 
de Saint-Clair. 

La végétation y témoigne des conditions spéciales que nous venons de dé- 
crire. Elle offre bon nombre de plantes alpestres, qui y descendent à une alti- 
tude faible, évaluable, en l'absence de documents précis, à 600 mètres, celle 
de Thónes étant de 625. L'humidité considérable de la vallée, sa situation, 
abritée du côté du midi et exposée aux vents d'ouest par la trouée qui domine 
Annecy-le-Vieux, sa grande profondeur (1), enfin la fraicheur que répandent 
les eaux froides du torrent, rendent bien compte de cette apparente anomalie, 
qui serait plus frappante ici si le temps nous avait permis d'augmenter la liste 
suivante : 


Arabis serpyllifolia Vill. Hieracium Jacquini Vill. 

— hirsuta Scop. Carduus defloratus L. 
Draba aizoides L. Gentiana acaulis L. 
Kernera saxatilis Rchb. Primula Auricula L. 
Lotus diffusus Sol. Euphrasia salisburgensis L. 
Potentilla caulescens L. Daphne alpina L. 
Sedum dasyphyllum L. Tofieldia calyculata Wahlnb. 
Athamanta cretensis L. Asplenium Halleri DC. 
Hieracium staticifolium Vill. — Ruta muraria L. 

— amplexicaule L, Cystopteris fragilis L. 


RAPPORT DE M. GONTIER fils SUR L'HERBORISATION FAITE LE 40 AOUT 
AU CALVAIRE, 


Comme celui que M. Fournier vient de présenter à la Société, ce rapport 
ne sera presque que l'expression d'un regret. C'est, en effet, un véritable 
chagrin pour le botaniste que de traverser en courant de riches localités, et, s'il 
était permis à l'un des derniers venus dans les rangs de la Société d'émettre 
timidement un vœu, nous lui souhaiterions, pour ses sessions ultérieures, d'ex - 
plorer complétement une localité, plutót que de visiter en grande háte les 


(1) Sur l'influence que la profondeur des vallées exerce sur leur température, on peut 
consulter Villars (Bulletin de la Société de Statistique de l'Isère, t. 1, p. 253). 


XXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


points les plus intéressants d'un pays. Il en résulterait, ce nous semble, plus 
de satisfaction personnelle et plus d'intérét scientifique. 

Ces réflexions nous sont inspirées par l'heure avancée à laquelle nous 
dümes escalader la colline du Calvaire, qui, malgré son peu d'élévation au- 
dessus de Thónes, nous aurait sans doute fourni une plus ample moisson, si 
elle avait pu être explorée complétement. Le temps seul nous fit défaut, car 
nos jambes étaient toutes fraiches. 

Au début, M. Manceau nous fit remarquer l'Zchium Wierzhickii, qui 
diffère de l Æ. vulgare par ses étamines incluses. Nous fümes bientôt à la cha- 
pelle d'oà la montagne a pris le nom de Calvaire. Tournant ensuite à gauche, 
nous suivimes un sentier rapide pratiqué sur le revers occidental, et nous 
récoltâmes alors la plupart des plantes qui font partie de la liste suivante, en- 
viron à 650 mètres d'altitude. Malgré la rapidité de la pente, tout le monde 
parvint au. point. culminant, dans une petite plaine à laquelle une tradition 
consacre le nom d'Ermitage. Les seules plantes fleuries en cet endroit étaient 
l Euphrasia montana et V E. ericetorum. En descendant sur le côté opposé, 
nous trouvâmes sous nos pas les Globularia vulgaris et cordifolia, et le 
Gentiana Cruciata. De retour à la plate-forme du Calvaire, M. Bouvier nous 
indiqua le Cyclamen europæum sous les Hétres; on se mit en quête de la 
plante, qui fut bientót recueillie en abondance. C'est là que M. Hénon nous 
montra plusieurs Champignons remarquables par leurs grandes dimensions, 
qu'il venait d'y récolter et qui sont placés à la fin de la liste suivante : 


Arabis hirsuta Scop. Gentiana Cruciata L. 
Aéthionema saxatile R. Br. Echium Wierzbickii Hab. 
Helianthemum canum Dun. Erinus alpinus L. 
Fumana procumbens G.G. Euphrasia montana Jord. 
Polygala Chamæbuxus L. — ericetorum. 
Dianthus Scheuchzeri Rchb. Betonica hirsuta L. 
Alsine mucronata L. Globularia vulgaris L. 
Geranium columbinum L. — cordifolia L. 

— sanguineum L, Rumex scutatus L. 
Anthyllis montana L. Thesium alpinum Z. 
Trifolium medium L. Melica Magnolii G.G. 
Coronilla Emerus L. Agaricus acer Bull. : 
Amelanchier vulgaris Mœnch. Cantharellus cibarius Fr. 
Epilobium rosmarinifolium Hænke. Hydnum cervinum Pers. 
Artemisia Absinthium ZL. ; — repandum L. 
Cyclamen europæum L, 7 


M. le Président rend compte de l'herborisation faite le 44 aoüt 
au mont Charvin, et dont il avait bien voulu accepter la direction. 


RAPPORT DE MK. le doctcur IEBOUU V BER. SUR L'HERBORISATION FAITE LE 44 AOÛT 
AU MONT CHARVIN. 


Le mont Charvin, que la Société vient d'explorer fructueusement, appartient 
à la chaine des Aravis, qui s'étend du sud au nord, dans une direction parallele 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866, XXIX 


à l'axe de la chaine centrale des Alpes, à partir de Marlens, localité située à 
h kilometres de la petite ville de Faverges, pour aboutir au mont Méry et se 
perdre sur le bord de l'Arve prés de Cluses. Ainsi nos confrères ont étudié 
le 11, la partie méridionale d'une chaine dont ils vont aprés-demain, en se 
rendant du Reposoir à Sallanches par les montagnes, visiter la partie sep- 
tentrionale. 

Le Charvin se dessine en un cóne gazonné auquel sa forme a fait donner le 
nom de Grand-Carre. C'est la première grande montagne que présente depuis 
Marlens la chaine des Aravis; de ses flancs descendent à l'occident deux vallées, 
l'u ne pl au sud, celle du Bouchet de Serraval, l'autre plus au nord, celle de 
Manigod, qui se rattachent inférieurement à la vallée de Thônes; sur le ver- 
sant opposé les eaux se jettent dans le bassin de l'Arly. Telle est sommairement 
l'orographie de la région oà le programme nous appelait le samedi 11, quand 
nous nous levàmes à cinq heures du matin, inquiets de la pluie de la veille, 
heureux de voir briller un soleil radieux, mais hélas un peu trompeur. - 

Dés le matin la perspective d'une grande et belle course à réaliser produit 
une animation peu commune au sein des deux hôtels de Thônes. Les membres 
de la colonne expéditionnaire s'apprétent, et, comme aux soldats à la veille 
d'une campagne, des provisions de bouche sont remises à chacun pour les 
besoins de la journée. Aprés une halte sur la place, en plein marché, pour 
rallier les retardataires, la caravane, composée de 29 personnes, se met en 
marche à sept heures par la route des Clefs. Le temps est douteux, mais les 
dispositions du personnel sont des meilleures. 

On traverse le hameau de la Curiaz, et tirant sur la gauche, on a en face, de 
l'autre cóté du Fier, le village des Clefs qui s'éléve sur un rocher escarpé. Son 
église est bâtie sur l'emplacement d'un ancien château-fort. 

M. le docteur Hénon nous accompagne jusqu'à Manigod et nous fait re- 
marquer la présence du Salix daphnoides sur les bords de la route. De temps 
à autre on voit apparaître Rosa sepium, Digitalis grandiflora, Verbascum 
nigrum. 

Sur les huit heures, on touche au village de Manigod qui nous arréte un 
quart d'heure pour opérer la concentration de notre colonne. Jusque-là le 
ciel nous a souri, favorisés que nous étions par un beau soleil et par unc 
bonne route d'une pente insensible. A partir de Manigod il n'en est plus ainsi. 
La route que nous suivons, boueuse, effondrée par la bourrasque de la veille, 
rend notre marche peu agréable. 

Au hameau de Joux, composé de trente maisons, à 3 kilométres de Manigod, 
on apercoit à droite et sur la rive gauche du Fier qui coule dans une exca- 
vation profonde, la montagne de Gros-Sullin, de 1800 mètres d'altitude, en- 
Lierement recouverte de gazon jusqu'à son sommet. Cette montagne sépare la 
vallée du Bouchet de celle de Manigod. 


XXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Viennent successivement les hameaux de Tournans, de la Chenale et de 
Charmette. 

Là, les membres de l'expédition pénètrent dans une maison pour juger de 
la disposition des cheminées du pays, disposition que l'on retrouve dans toutes 
les habitations des montagnes. Ces cheminées sont construites en bois, affectant 
la forme d'une pyramide à quatre cótés, trés-évasée dans le bas et rétrécie à la 
partie supérieure. Elles sont munies à leur sommet d'une soupape qui s'élève 
ou s'abaisse à volonté au moyen d'une tige inflexible qui les parcourt dans toute 
leur longueur. C'est dans ces cheminées que lesgens du pays soumettent à l'air 
et à la fumée pendant plusieurs mois le salé de leur maison : il en résulte une 
qualité particulière qui le fait rechercher sous le nom de salé de montagne, 
qualité que l'un de nous, M. L. de. Martin, attribue à la présence de l'acide 
pyrogallique, développé dans le ligneux des parois. 

Ceux de nos membres qui visitent les Alpes pour la premiere fois et ont 
encore présent à l'esprit l'aspect dénudé des Pyrénées, sont frappés de la frai- 
cheur qui règne dans toute la vallée que nous traversons et de cette belle teinte 
verte que revétent toutes les pentes qui s'offrent à nos regards. 

Au dernier hameau, Sous-/' Aiguille (ainsi nommé d'un rocher qui s’élève 
perpendiculairement au-dessus en guise d'obélisque), plusieurs de nos mem- 
bres récoltent les Rosa tomentosa et R. coriifolia, et bientôt aprés M. Gon- 
tier fils ápporte de beaux échantillons de l'espéce que M. Bouvier désigne sous 
le nom de Rosa clusiana. Sur les bords d'un ruisseau notre attention est 
attirée par Campanula pusilla, Saxifraga aizoides, Veronica fruticulosa, 
Veronica nummularioides Lecoq et Lam. qui se distingue par ses tiges 
étalées-radicantes, par ses feuilles presque orbiculaires et par ses fleurs d'un 
bleu foncé, en grappes velues-glanduleuses. 

Une route rocailleuse des plus ardues s'ouvre devant nous en ligne droite, 
flanquée de Sapius à droite et à gauche. Durant ce trajet apparaissent Lala- 
mintha grandiflora, Astrantia major, Trifolium montanum, Crepis blat- 
tarioides, Carduus defloratus, Festuca nigrescens, Veronica officinalis, 
Aspidium Lonchitis, et quelques Mousses comme Zetraphis pellucida, Po- 
lytrichum alpinum, Leskea julacea et Pseudoleskea catenulata. 

Après la forêt vient le Fier, dont il nous faut affronter les eaux rapides et 
écumantes, et nous n'avons, pour le traverser, que deux maigres troncs de 
Sapins qui s'étendent parallèlement entre les deux rives. Avec un peu de pa- 
tience, toute la colonne se tire à merveille de cette premiere difficulté, jusqu'à 
M. le docteur Mignot, qui malgré ses soixante-quinze aus, s'est bien promis 
d'escalader le Charvin àl'égal des plus intrépides de la bande: 

De la passerelle au premier chalet, nous avons une demi-heure de marche 
à fournir, moitié à l'ombre-des Sapins et moitié à ciel découvert. 

La première moitié de ce trajet nous vaut: Veronica aphylla; Carum 
Carvi, Hieracium villosum; Anemone alpina (fructif.), Scabiosa lucida, 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. XXXI 


Campanula rhomboidalis, Actea spicata, Rubus saxatilis (en beaux fruits 
rouges), Crepis aurea, Trifolium badium, Onobrychis montana, Gnaphalium 
norvegicum, Botrychium Lunaria, Bartramia OEderi, Peltigera scutata. — 
M. Armand Lombard (du Vigan) rencontre sur ce point l'une des plantes les 
plus rares de l'Europe, le Coralliorrhiza innata R. Br. A cette nouvelle, 
la bande enthousiasmée multiplie ses recherches qui demeurent stériles. De 
cette plante, il ne reste qu'un seul et unique pied, entre les mains de 
M. Lombard. 

En sortant du bois nous apercevons sur notre gauche le Charvin, dont la 
sommité est voilée par quelques nuages, et droit devant nous, le chalet qui 
doit marquer notre première étape. Nous cheminons insensiblement au travers 
des feuilles du Petasites albus qui abonde ea cet endroit, butinant par-ci par- 
là, tantót dans les détritus de pierres mobiles, tantót sur les bords du Fier : 
Cerinthe alpina, Cynoglossum montanum, Gypsophila repens, Pimpinella 
magna var. rosea, Daphne Mezereum, Veronica verna (fructif.), Crepis 
paludosa, Ramunculus aconitifolius, Bryum ventricosum et Aronicum 
scorpioides. 

A onze heures et demie, la caravane, passablement affamée par cinq heures 
de marche, arrive au chalet qui est situé à la limite des arbres, à 1600 mè- 
tres. En un clin d'oeil la table se dresse et sur elle viennent se confondre les 
provisions de chacun. Pendant prés d'une heure l'entrain, une gaieté char- 
mante, des saillies de toutes sortes viennent assaisonner le repas des nouveaux 
montagnards. 

A midi et demi, le signal du départ est donné. Nous sortions à peine du 
chalet qu'une surprise nous est ménagée. M. l'abbé Chevalier arrive, accom- 
pagné de MM. les abbés Débiolle et Richard, vicaires de Manigod, qui veulent 
bien venir en aide à notre course et nous préter le secours de leur expérience 
locale. Le ciel se voile et nous n'avons bientót plus à compter qu'avec les 
brouillards, Nous récoltons cependant avec empressement les intéressantes 
plantes que voici: Thalictrum aquilegifolium, Kernera saxatilis, Pedi- 
cularis Barrelieri, Oxytropis montana, Aster alpinus, Hedysarum obs- 
curum, Alchimilla alpina, Gentiana verna, Plantago alpina, Pl. montana, 
Rosa alpina (en feuilles), Gentiana acaulis. 

La pente s'accentue davantage, et, tout en la gravissant, nous sommes ac- 
cueillis par une giboulée désagréable qui nous projette en pleine figure une 
masse de petits grains très-durs, assez analogues à des champignons pédiculés. 
Ceci dure un bon quart d'heure, aprés quoi le soleil nous rend ses faveurs. 

Nous passons à côté du chalet du haut du Fier, dont l'altitude, déterminée 
en 1852 par M. Plantamour, de Genève, est de 1770 mètres. De nouvelles 
surprises nous attendent le long de notre route qui est toute détrempée : 
Cirsium spinosissimum, Campanula barbata, Senecio Doronicum, Luzula 
multiflora var. congesta, L. spicata, Geum montanum, Silene acaulis. 


XXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

Quittant un plateau gazonné, nous abordons des rochers humides qui nous 
procurent : Saxifraga oppositifolia, Arabis alpina, Hutchinsia alpina, 
Marchantia conica. 

Nous descendons ensuite dans une sorte d'entonnoir où règne une tem- 
pérature froide et humide, et où nous trouvons disséminés en petit nombre 
d'individus : Aronicum scorpioides, Saxifraga muscoides, Thlaspi rotundi- 
folium, Soldanella alpina. 

Nous touchons à la source du Fier, qui consiste eu un simple filet d'eau, 
alimenté par une épaisse couche de neige s'étendant à la base d'une vaste 
surface triangulaire, à l'aspect lisse et nu, qui nous domine et qui n'est autre 
que le Charvin. Nous ne pouvons attaquer ce dernier que par ses cótés, ou 
par le nord du côté du lac, ou par le midi. A ce moment, un épais brouillard 
nous enveloppe et ne nous permet plus de rien distinguer. Au sud est une 
rampe des plus abruptes, des plus difficiles à tenir : c'est par cette voie que 
nous tentons de sortir de l'impasse dans laquelle nous sommes renfermés. 

Les efforts se multiplient, on fait assaut de courage, et à force de tâtonne- 
ments et de zigzags sur ce sol durci, MM. Clos, Bouvier, Gontier fils, Doümet, 
Chatin fils, Hardy, Tantenstein, Rouillé et Prat-Marca prennent possession de 
la créte à deux heures et demie (1). Nous étions saisis et par la températnre 
sensiblement abaissée de la station et par un brouillard si épais que nous avions 
peine à nous compter. Une demi-heure aprés arrive par petits détachements 
la division conduite par M. l'abbé Chevalier; et, dans le nombre, M. le doc- 
teur Mignot, qui recoit des félicitations bien dues à son courage et à sa rare 
énergie. Notre troupe, ainsi ralliée au complet sur ce sommet inhospitalier, 
obtient en surcroit le baptéme de la neige qui tombe par rafales, et c'est à ce 
moment, qu'à notre grande surprise, la carte de M. le comte Jaubert est re- 
inise à M. Bouvier par un montagnard de Serraval (2). 

Notre Président, inquiet sur le sort de la caravane, avait quitté Thônes 
sur les dix heures du matin et, croyant prendre la route de Manigod, était ar- 
rivé à Serraval par l'inexpérience de son conducteur qui ne connaissait en 
aucune facon la localité. Il nous prévenait que des voitures nous attendaient à 
Manigod. M. Bouvier fait dire à M. le comte Jaubert par le méme messager 
que toute la colonne est saine et sauve au sommet de la montagne et que la 
neige qui vient de Yy assaillir ne lui permet pas d'y prolonger son séjour. Il 
ajoute que la descente va s'opérer incontinent sur Manigod. A trois heures et 
demie la retraite est sonnée. Le terrain, rendu glissant par le fait de la neige, 
produit dans nos rangs quelques chutes heureusement sans gravité. 

Parvenue à la partie supérieure de la vallée du Bouchet, la colonne expé- 


(1) Une détermination de M. Plantamour, prise eu 1853, donne à la cime du mont 
Charvin une altitude de 2412 métres. 

(2) Le cantonnier de la route de Faverges, auquel les ordres donnés jar M. le Préfet 
avaient permis de quiller ses travaux pour le service de la Société. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1566. XXXIII 
ditionnaire voit avec satisfaction la neige cesser et faire place à un soleil radieux 
qui nous vaut le magique spectacle des sommités environnantes dont nous 
étions privés depuis plus de deux heures. Nous côtoyons la base du mont 
Gros-Sullin et, traversant le Fier après une descente rapide, nous venons 
reprendre notre route du matin au village de Joux. 

Dans ce dernier village, l'avant-garde, composée de MM. Bouvier, Gon- 
tier fils, Manceau, Tantenstein, Hardy, Chatin fils, Prat-Marca et Manche, 
s'arrête chez Pierre Paccard. Le bon montagnard met à sa disposition du vin, 
du sucre, de l'eau chaude, un excellent fromage : c'est plus qu'il n'en fallait 
pour la circonstance. De plus, un charmant petit garcon de six ans honore les 
nouveaux venus de deux beaux bouquets cueillis dans le jardin de la maison, 
et consacre doublement le souvenir qui est acquis dans notre ascension au 
village de Joux. 

A Manigod, l'avant-garde, laissant les voitures à la disposition des plus âgés, 
continue sa marche au pas gymnastique, et franchit en quarante-cinq minutes 
les 11 kilomètres qui marquent la distance de Manigod à Thónes. 

A huit heures tout le personnel de l'expédition était de retour. Chacun, 
après avoir réparé le désordre de sa toilette, reprend à la table de son hôtel 
respectif la place qu'il y occupait la veille, heureux d'une course pénible et 
fructueuse, semée de péripéties à Ia vérité, mais opérée sans accident. 

Voici la liste complète des plantes recueillies dans cette herborisation : 


Liste des plantes récoltées au mont Charvin (1). 


Thalictrum aquilegifolium L. 
Anemone alpina L. 
Ranunculus spretus Jord. 
— Villarsii DC. (Blanche). 
— aconitifolius L. 
Trollius europæus L. 
Actæa spicata L. 
Aconitum lycoctonum L. 
Arabis muralis Bert. (Manceau). 
— hirsuta Scop. 
— alpina L. 
Dentaria digitata Lam. 
Hesperis matronalis L. 
Kernera saxatilis Rchb. 
—  — var. auriculata. 
Hutchinsia alpina R. Br. 
— rotundifolia R. Br. 
Biscutella lævigata L. var. 
Helianthemum grandiflorum D^. 


Viola biflora L. 

— calcarata L. 

— lutea L. 

— alpestris Jord. 

Polygala alpestris Rchb. 
Gypsophila repens L. 

Silene nutans ZL. 

— vesicaria Schrad. (Manceau). 
— acaulis L. 

Mæhringia muscosa L. 
Cerastium trigynum Vill. (Blanche). 
Linum alpinum L, 

Geranium phænm L. 

— silvaticum L. 

Anthyllis Vulneraria L. 

Trifolium cæspitosum Reyn. 

— pallescens Schreb. 

— montanum L. 

— spadiceum L. 


(1) Cette liste, ainsi que la plupart de celles qui accompagnent dans ce numéro les 
comptes rendus des herborisations de la Société, ont été rédigées à l'aide des docu- 
ments transmis au secrétariat, suivant l'avis reproduit plus haut, p. XXIV, par queiques- 
uns de nos confrères, notamment par MM. Blanche, Manceau et Ripart. 


T nb E 


XXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Trifolium badium Schreb. 

Phaca astragalina DC. 

Oxytropis montana DC. 

Hedysarum obscurum Ł. 

Onobrychis supina DC, (Ripart). 

— montana DC. 

Orobus vernus L. 

Vicia silvatica L. 

Geum montanum L. 

Dryas octopetala L. 

Rubus hirtus Weihe et Nees. 

— saxatilis L, 

Rosa alpina L. 

— dumosa Puget .(Ripart). 

— recondita Puget (Ripart). 

— coriifolia Fr 

Ałehimilla vulgaris £. 

— alpina L. 

Sorbus Aria Crantz. 

Circæa alpina L. 

Epilobium alsinifolium Vill. 

— collinum Gmel. 

Sedum annuum L. 

— — var. aurantiacum. 

— atratum L, 

— anglicum Huds, 

Saxifraga rotundifolia L. 

— cuneifolia L. 

— stellaris L. 

— Aizoon Jacq. 

— aizoides L. 

— muscoides Wulf. 

— oppositifolia L. 

Astrantia major L. 

— minor L. 

Carum Carvi L. 

Pimpinella magna L. var. rosea. 

Meum Mutellina Garin. 

Chærophyllum aureum Z. (Ripart). 

— hirsutum L. 

Lonicera alpigena L. 

Valeriana tripteris L. var. foliis caulinis 
inferioribus indivisis. 

— montana L. 

Asperula odorata £L. 

Galium boreale L. 

Knautia longifolia Koch. 

Scabiosa lucida Vill. 

Adenostyles alpina Bluff et Fing. 

Petasites albus Gærtn. 

Homogyne alpina Cass. 

Aster alpinus L. 

Erigeron alpinus L. 

— drebachensis Muell. (Manceau). 

Gnaphalium norvegicum Gunn. 

— silvaticum L. var. alpinum Gaud. 

Arnica montana L. 

Leucanthemum moximum DC. 

— atratum Gaud. 


Aronicum scorpioides DC. 

Senecio Doronicum L. 

Centaurea montana L. 

— nervosa Willd, 

Cirsium spinosissimum Scop. 

— oleraceum Scop. 

— setosum Bieb. 

Carduus defloratus L. 

Carlina acaulis L. 

Picris crepoides Saut. 

Willemetia apargioiles Cass. (Ripart). 

Prenanthes purpurea L. 

Crepis blaltarioides Vill. 

— paludosa Manch. 

— aurea Cass. 

Hieracium amplexicaule L. 

— staticifolium Vill. 

— villosum L. 

Phyteuma orbiculare Ł. var. lanceola- 
tum G.G. 

— — var. ellipticum G.G. 

— betonicifolium Vill. 

Campanula barbata L. 

— linifolia Lam. 

— rhomboidalis L. 

— pusilla Hænke. 

Rhododendron ferrugineum L. 

Pirola chlorantha Sw. 

— secunda L. 

Gentiana lutea L. 

— acaulis L. var. media G.G. 

— campestris L. 

— excisa Presl (Ripart). 

— verna L. 

— bavarica L. 

— purpurea Vill. 

Cerinthe alpina Kit. 

Cynoglossum montanum Lam. 

Myosotis alpestris Schmidt. 

Cuscuta minor DC. 

Digitalis lutea L. 

— grandiflora All. 

Linaria alpina L. 

Erinus alpinus L. 

Veronica alpina L. 

— verna L. 

— aphylla L, 

— bellidioides L. (Blanche). 

— urticifolia L. f. 

— serpyllifolia L. var. nummnlarioides 

Lec. ei Lam. 

Euphrasia salisburgensis Fun. 

Pedicularis incarnata Jacq. 

— verticillata L. 

— Barrelieri Rchb. 

— tuberosa L. (Blanche). 

Bartsia alpina L. 

Salvia glutinosa L. 

Calamintha grandiflora Mænch: 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. XXXV 


Stachys alpina L. 

Betoniea hirsuta L. (Blanche). 
Ajuga reptans L. var. alpina Koch. 
Primula Aurieula L. 

Soldanella alpina L. 

Plantago alpina L, 

— montana L., 

Rumex alpinus L. 

— arifolius All. 

Oxyria digyna Campd. 

Polygonum viviparum L. 

Daphne Mezereum L, 

Thesium alpinum L, 

Salix retusa L. 

Alnus viridis DC, 

Nigritella angustifolia Rich. 
Epipactis atrorubens Schult. 

— — var. longibracteata. 
Coralliorrhiza innata R. Br, (4. Lombard), 


Carex umbrosa Host (Blanche), 

Agrostis vulgaris With. 

Phleum alpinum L. 

Deschampsia cæspitosa P. Beauv, var. 
alpina Gaud. 

— — var. pallida G.G. 

Festuca heterophylla Lam. 

— — var. alpina G.G. 

— Halleri All. 

Avena versicolor Vill, (Ripart). 

Botrychium Lunaria Sw. 

Polypodium Dryopteris L. 

Aspidium Lenchitis Sw. 

Cystopteris fragilis Bernh. 

— alpina Link (Manceau). 

Asplenium Adiantum nigrum L, 

— viride Huds. 

Equisetum silvafícum L. 

Lycopodium Selágo L. 


Lilinm Martagon L. 

Allium ursinum Z. (Blanche). 
Convallaria maialis L, 

Paris quadrifolia L, 
Veratrum album L, 

Tofieldia calyculata Wakinb. 
Luzula maxima DC. 

— spicata DC, 

— multiflora Lej. var, 


Selaginella spinulosa Al. Br. 
Tetraphis pellucida Hedw. 
Polytrichum alpinum 7. 
Bryum ventricosum Sw. 

Leskea julacea W. et M. 
| Pseudoleskea catenulata B. et S. 
Bartramia OEderi Sw. 
Marchantia conica L. 
Peltigera scutata Duby. 


M. H. Blanche, secrétaire, présente le rapport de l'herborisation 
faite au mont Chátillon, sous la direction de M. Bouvier : 


RAPPORT DE NE. Henri BLANCHIE SUR L'HERBORISATION FAITE LE 12 AOÛT 
AU MONT CHATILLON, ET DIRIGÉE PAR M. BOUVIER. 


Malgré les fatigues de la veille et les menaces du temps, la Société, jusque-là 
fidèle à son programme, quittait Thônes le dimanche matin, en remerciant 
de son cordial accueil la musique de la ville, qui saluait notre départ comme 
elle avait fété notre arrivée. Nous prenions la route des Villards, les uns à pied, 
partis d'avance, le plus grand nombre en voiture. Nous nous élevions lente- 
ment vers le nord, et nous quittions au col de Saint-Jean-de-Sixt la vallée du 
Fier, josque-à sent théâtre de nos excursions, pour entrér dans celle dé 
l'Arve, qui devait nous conduire jasqu'à Chamonix. Après avoir franchi le pont 
des Énterrois, trop étroit pour de larges diligences et qui a fort gêné notre 
excursion, mais où se trouve le Capsella rubella Reut., nous cheminions à 
la base des bois de Sapins, qui descendent là jusqu'à une faible altitude, dans 
une vallée librement parcourue par les vents froids du nord. Nos paquets de 
plantes n'étant soumis à aucune taxe, nous dépassions sans encombre, sinon 
sans étonnement, la limite douanière qui, laissant. neutre le territoire de la 


XXXVI SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 

vallée d'Arve, borne maintenant de ce côté la France, comme elle bornait 
jadis la Savoie, et qui a valu leurs noms au torrent de la Borne, au Petit- 
Bornand, que nous devions traverser le lendemain, et au Grand-Bornand, 
où nous sommes arrivés à onze heures. 

C'est là que nous avons le plus vivement déploré la persistance du mauvais 
temps. Comme notre programme l'indiquait, il eût fallu entreprendre, en par- 
tant du Grand-Bornand, une de ces belles courses de montagne qui font 
d'avance tressaillir de joie le coeur du botaniste. La vallée du Grand-Bornand, 
ouverte vers le sud, est adossée à celle du Reposoir, la localité peut-être la 
plus riche et à coup sür la mieux explorée de toutes celles des Alpes de la 
Haute-Savoie ; en partant de bon matin, on füt facilement parvenu le soir à la 
Chartreuse du Reposoir, pour atteindre de là les sommets du Vergy, puis 
redescendre, soit sur Bonneville par le Brizon, soit sur Cluses par la vallée du 
Reposoir, soit sur Sallanches par le Méry : herborisations classiques, rarement 
commencées au point de départ que nous conseillons aux botanistes futurs 
de prendre, si le ciel les traite mieux que nous. Ou bien encore, traversant 
sur la droite la vallée du Bouchet, on füt allé coucher dans les chalets des 
Aravis, dont les éboulis calcaires et les crêtes neigeuses promettaient une 
course fructueuse et neuve, et l'on eût pu gagner ensuite Sallanches par le 
col du méme nom et les montagnes de la Giettaz. On eüt pu d'ailleurs y par- 
venir en un seul jour, par le col de la Grande-Forclaz, le plus élevé de 
Ja chaine des Fours, où dans ce moment méme notre honorable confrère 
M. V. Personnat, parti le matin de Sallanches pour nous rejoindre au Grand- 
Bornand, était arrété par la neige et par un sol impraticable. 

Réduits à l'herborisation alpestre du voisinage immédiat, nous suivimes les 
avis éclairés de M. Bouvier, que son zéle et sa connaissance spéciale du pays 
placaient naturellement à notre tête, et nous nous bornámes à explorer le mont 
Châtillon, qui s'éléve dans le haut de la vallée du Grand-Bornand, séparé 
par un vallon accessoire de la montagne des Annes. 

Partis à midi, nous débouchons par la vallée du Bouchet, et traversons 
tout d'abord le Nant-Communaz; le sentier que nous suivons au milieu de 
cultures d'Avoine et d'Orge ne nous offre rien à noter jusqu'à la chapelle du 
Nant-Robert. Aprés avoir dépassé cet endroit, M. Bouvier nous fait cueillir 
dans les haies du chemin le Rosa Reuteri Godet, avec ses deux variétés, l'une 
glabre et l'autre glanduleuse, et le R. coriifolia Fr., en fruits excellents 
pour l'étude. Plus haut, M. Bouvier fait remarquer le Poa nemoralis L. var. 
montana Gaud., sous de beaux Sapins où nous récoltons en outre les Cam- 
panula rapunculoides L., C. Trachelium L., C. rhomboidalis L., Paris 
quadrifolia L., et le Calamintha alpina Lam. 

Ici, un paysage remarquable se déroule à nos yeux : à nos pieds serpente la 
vallée du Bouchet du Grand-Bornand; sur les pentes qui la dominent sont 
semés de gracieux chalets, et vis-à-vis s'élèvent, bornant l'horizon vers l'est, 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 18660. — xxxvi 


les sommets des Aravis couverts de neiges éternelles. Pour admirer ce pano- 
rama, la première section de notre colonne fait halte sous l'ombrage des 
Sapins, et tandis qu'on attend la seconde, qui suit à distance, M. Hénon nous 
retrace la vie d'un savant aimé, Moquin-Tandon, dont l'éloge a déjà retenti 
dans les Académies, et dont le souvenir vit au fond du cœur de la plupart 
d'entre nous. 

Nous poursuivons notre route en récoltant : 
Lonicera Xylosteum L. 
Valeriana montana L. 
Prenanthes purpurea L. 


Carlina acaulis L. var. caulescens. 
Veronica urticifolia L. 


Trifolium medium Z. 

Astragalus glycyphyllos L. 

Rosa alpina L. 

— pomifera Herm. 

— rubrifolia Vill. var. pinnatifida. 
— sphærica Gren. 


Mais le temps, jusque-là resté douteux, tourne à notre désavantage ; une 
pluie fine vient nous enlever nos dernières espérances, et va bientôt rendre 
toute récolte impossible. Un bois de Sapins, au pied duquel sont entablés des 
blocs de grosses pierres, sert d'abri à toute la bande. On a remarqué, depuis 
les récoltes précédentes : 

Epipactis atrorubens Schult. 
Lasiagrostis Calamagrostis Link. 


Equisetum silvaticum L. 
Lycoperdon pedunculatum. 


Pirola minor L. 

— secunda L. 
Stachys alpina L. 
Epipactis latifolia All. 


M. Hénon nous fait observer, sur la racine du Melampyrum silvaticum 
L., des sucoirs très-visibles à l'œil nu; cette disposition bien connue prouve 
d'une maniere incontestable que la plante est parasite. 

Au sortir du bois de Sapins, nous nous trouvons dans les pâturages alpes- 
tres, et nous pouvons récolter en abondance : 

Hieracium murorum L. var. 
Campanula barbata L. 
Betonica hirsuta L. 

Thesium pratense Ehrh. 


Plantago serpentina Lam. 
— media L. 


Trollius europæus L. 
Polygala alpestris Rchb. 
Cerastium suffruticosum L. 
Geranium silvaticum Z. 
Aruica montana L. 
Serratula tinctoria L. 
. Crepis blattarioides Vill. 


Nous avons alors au-dessus.de nous le sommet qu'on nomme /es Arces, 
montagne nue, composée de trois ou quatre crétes, et qui parait renfermer 
une notable proportion d'oxyde de fer, dont la présence donne arx rochers une 
couleur rouge qui s'apercoit méme à une certaine distance. En montant 
encore, nous observons : | 


Mehringia muscosa L, Euphrasia montana Jord. 


Cratægus Aria L. 
Cotoneaster vulgaris Lin:l!. 
Lonicera alpigena L. 
Rhododendron ferrugineum L. 
Veronica fruticulosa L. 


Enfin, désespérant d'atteindre le 


Salix daphnoides Vi'l. 
Triglochin palustre L. 
Tofieldia calyculata Wahlnb. 
Aspidium Lonchitis Sw. 


sommet des Arces, glacés par la pluie qui 


XXXVIIT SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
nous pénètre, nous atteignons le chalet de Châtillon, dont le propriétaire, 
M. Francois Missilier, nous fait les honneurs avec la cordialité habituelle aux 
montagnards de la Savoie. La douce température du chalet est accueillie avec 
bonheur, et tout un cercle se forme bientôt autour du fourneau, qui est tout 
à fait de saison. Nous ne quittons qu'à regret cette hospitalière demeure, 
pressés par l'heure qui s'avance. 

Redescendant par le versant opposé de la montagne, nous parcourons une 
prairie couverte de : 

Helianthemum grandiflorum DC. Vaccinium Myrtillus L. 


Centaurea nervosa Willd. — uliginosum L. 
Carduus detloratus L. 


Meis la difficulté de descendre sur des schistes glissants une pente abrupte, 
ravinée par les torrents, absorbe notre attention aux dépens de l'herborisation. 
Ce n'est qu'au bas de la montagne (avant d'arriver au chemin du Bouchet, et 
méme encore au bas du pont) qu'une plante intéressante nous est signalée par 
M. Des Étangs, le Salix Pontederana Schl., qui n'était pas encore cité dans 
la localité. Enfin, à la tombée de la nuit, nous rentrons successivement au 
Grand-Bornand, trés-désireux de retrouver un gite et des vétements de 
rechange. 

Le lendemain, nous partions du Grand-Bornand, et aprés avoir parconru 
en sens contraire, sur une étendue de quelques kilometres, notre route de 
la veille, nous descendions la vallée du Petit-Bornand, pour entrer à Bon- 
neville à travers les eaux de l'Arve débordée. 


M. Des Étangs ajoute qu'il serait utile de rechercher si le Salix 
Pontederana Schl. est une espéce bien légitime, car dans le dépar- 
tement de l'Aube (où elle est cultivée) cette espèce ne lui a paru 
représentée que par des individus femelles. Cette espèce est d'ail- 
leurs le Saliz cinereo-purpurea de Wimmer. 


M. le comte Jaubert donne lecture de la liste suivante des plantes 
qu'il a recueillies à Annecy, au pont de Saint-Clair, aux environs 
de Thónes et sur la route du Grand-Bornand à Bonneville : végé- 
tation d'un caractère simplement alpestre, ne donnant lieu qu'à un 
petit nombre d'observations ou d'indications spécialos : 


Collema saturninum. Polypodium Dryopteris. 
Marchantia hemisphærica (Preissia com- Asplenium viride. 

mutata Nees). Cystopteris fragilis. 
Rhacomitrium lanuginosum. Aspidium Lonchitis. 
Hypnum splendens, Calamagrostis varia. 
Equisetum silvaticum. Lasiagrostis Calamagrostis. 
= multiforme Vauch. Holcus mollis . 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. 


Hordeum distichum. 

Blysmus compressus. 

Luzula albida. 

Tofieldia calyculata. 

Veratrum nigrum. 

Allium carinatum. 

— ursinum. 

Epipactis latifolia. 

Gymnadenia albida. 

Spiranthes æstivalis, 

Castanea vesca (en état de germination 
compléte). 

Salix purpurea. 

— retusa. 

— daphnoides Vill. (S. præcox Willd.) (4). 

Oxyria digyna. 

Polygonum viviparum, 

Thesium alpinum. 

— pratense. 

— divaricatum. 

Daphne Mezereum. 

Hippophaë rhamnoides, 

Valeriana montana. 

Adenostyles glabra. 

Artemisia Absinthium. 

Antennaria dioica. 

Senecio flosculosus (2). 

Centaurea montana. 

— nervosa Willd.; G.G. M, p. 246 (3). 

Cirsium oleraceum. 

— hybridum. 

Carlina Chameleon Vill. ; 
gall. (4). 

Leontodon hastilis. 


Duby, Bot. 


Prenanthes purpurea. 
Crepis blattarioides. 
Hieracium staticifolium, 
Campanula glomerata. 
— pusilla. 

— barbata. 

— rhomboidalis. 
Ligustrum vulgare. 
Gentiana campestris. 
— purpurea. 

— Cruciata. 

Teucrium montanum. 
Salvia glutinosa. 
Brunella grandiflora. 
Calamintha grandiftora. 
— Nepeta. 

— alpina. 

Lamium maculatum, 
Betonica hirsuta. 
Stachys alpina. 
Globularia cordifolia. 
Cynoglossum montanum. 
Cerinthe alpina. 
Cuscuta major. 

Linaria alpina. 
Veronica fruticulosa. 
— urticifolia. 
Melampyrum silvaticum. 
Scrofularia canina, 
Erinus alpinus. 
Verbascum nigrum, 
Lysimachia nemorum, 
Primula Auricula. 
Vaccinium Myrtillus. 


XXXIX 


(1) Arbre analogue par son port aux S, pentandra et alba, et qui atteint une taille de 
6 à 13 mètres d’après Mutel, de 7 à 10 mètres d’après MM. Grenier et Godron; générale- 
ment il n'habite que le fond des vallées ; nous en avons vu, auprès de l’avant-dernier 
chalet du Châtillon, prés le Grand-Bornand, un bel individu qui mesurait 4",90 de cir- 
conférence à hauteur de ceinture. 

(2) S. Jacobæa var. 8. DC.Fl. fr. et Prodr., omise dans le Botanicon gallicum et dans la 
flore de MM, Grenier et Godron, L'absence des demi-fleurons a toujours été prise en con- 
sidération dans la classification du genre Senecio; à ce caractère se joint ici celui de la 
couleur des capitules, qui rappelle ceux du S. aurantiacus. C'est done avec raison que 
M. Jordan, et aprés lui M. Reuter (Catalogue des plantes des environs de Genève), ont 
revendiqué le S. flosculosus à titre d'espèce distincte. 

(3) Distinet du C. phrygia L. (Fl. dan. tab. 520), avec lequel il a été confondu par 
De Candolle ( Fl. fr. et Prodr.); rétabli dans la flore de MM, Grenier et Godron. Le 
C. phrygia est une plante de l'Europe septentrionale. Le C. nervosa a des capitules d'un 
beau rose; les échantillons que nous avons rencontrés étaient tous à tiges simples. — 
Abonde dans les prairies de la descente par l'ouest des chalets du Châtillon, vers le Grand- 
Bornand. 

(4) Dénomination préférable à celles de C. acaulis L., C. subacaulis DC., €. cau- 
lescens Lam., qui ne représentent pas méme des variétés proprement dites, mais seule- 
ment des différences de taille, la tige se rapetissant de plus en plus, jusqu'à s'annuler, 
à mesure que la plante atteint sur les montagnes des stations plus élevées. Malheureuse - 
ment il n'est pas probable que le C. acaulis-soit le Chamælon des anciens (voy. le 
Bull. t. XIII (Séances), p. 157). 


XL SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Rhododendron ferrugineum (1). 

Astrantia major. 

— minor. 

Pimpinella magna. 

Carum Carvi. 

Chærophyllum hirsutum. 

Sedum sexangulare. 

— album. 

Saxifraga aizoides. 

— Aizoon. 

Ranunculus aconitifolius. 

Aconitum Anthora. 

Sisymbrium austriacum Jacq. var. (S. Til- 
lierii Bell. — S, acutangulum forma A. 
gracile, var. Tillierii Eug. Fournier 
Sisymbr. p. 81) (2). 

Camelina sativa. 

Arabis hirsuta Scop. 

— serpyllifolia Vill. 

Drosera longifolia. 

Dianthus silvestris. 

Silene nutans. 

— glareosa Jord. Pugill. p. 80 (3). 

Arenaria mucronata. 

Mohringía muscosa. 


Cerastium strictum. 
Gypsophila repens. 
Hypericum perforatum. 

— quadrangulum. 

— Richeri. 

Geranium nodosum. 

— silvaticum. 

Linum alpinum. 
Epilobium rosmarinifolium 


. Circæa alpina. 


ichimilla alpina. 
Potentilla caulescens. 
Fragaria vesca i 
Rubus idæus (4). 
— saxatilis ! 
— corylifolius. 
Rosa Reuteri Godet 
— dumosa Puget non Mérat | (5). 
— Grenierii Déségl. 
Arthyllis montana (6). 
Trifolium cæspitosum. 
— medium. 
Vicia Cracca. 
Ononis procurrens (7). 
Onobrychis montana. 


M. Bouvier dit que l Anthyllis montana descend encore plus bas 
qu'à Thónes, jusqu'au lac du Bourget, à Saint-Germain prés Aix- 
les-Bains. 

M. Des Étangs ajoute qu'il a récolté la méme espèce prés de Chà- 


(1) A la descente par l'ouest des chalets du Châtillon, prés du Grand-Bornand, altitude 
environ 1800 métre:. Au roc de Chére (prés de Talloires), dominant le lac d'Annecy, 
altitude environ 500 métres. Voyez ce qui est rapporté dans la Géographie botanique de 
M. Alph. De Candolle, p. 317,sur la limite inférieure de cet arbuste: elle s'abaisse au 
bord du lac de Thun (564 mètres), moins qu'au roc de Chère, et au bord du lac de 
Còme jusqu'à 199 mètres. Le Rhodendron ferrugineum trouverait-il dans l'égalité de 
température hivernale dont il jouit auprès de ces lacs, l'équivalent de la protection que 
la neige lui assure dans la région ordinaire de son habitat ? 

` (2) Très-différent du S. acutangulum des Pyrénées, auquel MM. Grenier et Godron 
le réunissent pourtant comme simple variété. De Candolle (Synops. et Prodr.) incline à 
admettre la plante de Bellardi comme espèce : « var. ò forsan ab omnibus diversa sili- 
quis longioribus et foliis radicalibus confertioribus, caulinis paucioribus. » — Recueilli 
à Annecy, prés du lac, au bout de la grande avenue qui fait face à la préfecture. 

(3) Cette espéce, admise par M. Reuter dans son Catalogue des plantes des environs 
de Genève, paraît irréprochable ; elle a été regardée comme une des nombreuses variétés 
du S. inflata. Son port touffu, à rameaux gréles, à feuilles presque linéaires , nous l'a 
fait reconnaitre à premiére vue, — Annecy, sur les graviers des bords du lac. 

(4) Ces trois espéces, en fruits mürs et savoureux, en compagnie du Vaccinium 
n digo : autant de plats de dessert tout servis parmi les rochers des chalets du Châ- 
tillon. 

À (5) Déterminés par M. Déséglise, auteur de l Essai -monographique sur les Roses d? 
rance. 

(6) Prés de Thónes, à 650 métres environ, ce qui est une altitude faible. 

(7) Monstruosité par virescence (Engelmann ; Moquin-Tandon, Tératologie). 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 41866. XLI 


tillon-sur-Seine (Cóte-d'Or), au pied du coteau de Saint-Vorle, à la 
source de la fontaine dela Douin, sur un rocher calcaire. D’après la 
carte de l'état-major, l'altitude de ce point n'est que de 221 mètres. 

M. L. de Martin, secrétaire, donne lecture de la communication 
suivante, que M. Clos, président de la session, rappelé à Toulouse 
par d'impérieux devoirs, a remise au secrétariat : 


QUELQUES RECHERCHES HELATIVES AUX SILYBUM MARIANUM ET VIRIDE, 
par M. D. CLOS. 


On cultive depuis longtemps aux Jardins-des-plantes de Paris et de Toulouse, 
sous les noms de Silybum Marianum Gærtn. et S. viride Willd. , deux 
sortes de plantes qui conservent constamment, dans les deux écoles de hota- 
nique de ces établissements, la différence d'aspect qui les distingue. 

J'ai vainement cherché, dans les écrits de Willdenow et dans les ouvrages de 
phytographie moderne ou de la fin du siècle dernier, la description ou méme la 
simple mention d'un Silybum viride. Un examen attentif de cette plante, 
comparée au S. Marianum, n'a pu me faire découvrir entre ces deux types 
d'autre caractère distinctif que l'absence des taches dans le premier, leur 
présence dans le second. D'une autre part, la diagnose du S. Marianum, 
donnée par Gouan et reproduite par Linné, ne signale pas les panachures, 
auxquelles le prince des naturalistes n'attribuait probablement pas une grande 
valeur. Ne semble-t-il pas dés lors rationnel à priori de considérer la plante 
à feuilles vertes comme le type spécifique auquel il faudrait rapporter, à titre 
de variété, la plante à feuillage maculé ? 

L'histoire du Chardon-Marie offre, à cet égard, certaines particularités bien 
intéressantes. 

A partir du xvr* siècle jusqu'à nos jours, la plupart des phytographes ne 
connaissent, ne décrivent que la plante tachetée ; 

Ils éprouvent tous de l'embarras pour la rapporter avec certitude à quelque 
espèce de Pline ou de Dioscoride (1) ; 

Le plus grand nombre d'entre eux déclare qu'elle croit surtout. dans les 
décombres ou dans les jardins (2) ; 


(1) Voyez, à l'appui de cette assertion, les discussions relatives au Silybum, soit dans 
Matthiole, soit dans P Historia generalis de Jean Bauhin, et plus récemment dans les 
notes dont M. Fée a enrichi la partie botanique de l'histoire naturelle de Pline l'ancien 
(édit. Panckoucke, t. XIV, p. 173, note 89), 

(2) « In hortis et in neglectis locis (Dalech. Hist, pl. 4475) ». — « In hortis in 
quibus olera seruntur. Non raro ct secus vias locis incultis exit (Dodoéns, Pempl.) ». — 
« Ad agrorum margines et in aggeribus fossarum (Ray, Hist. plant.) », — .« Planta 
hortensis, passim inter rejectanea hortorum et in ruderosis copiosior (Haller, Helvet. 
t. l, p. 78) ». — Du temps de Matthiole, elle était trés- commune dans certaines 
parties de l'Italie, car on lit dans l'édition de cet auteur, de Du Pinet: « Croist és 
plaines ainsi qu'en peut témoigner notre Toscane, qui en produit à grande abondance 
(Comment. sur Dioscorides, p. 268) ». 


XLII ; SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Enfin, cette plante a été admise dans l'alimentation, car je lis dans le Dic- 
tionnaire universel d'histoire naturelle, t. XI, p. 616, que dans les dépar- 
tements méridionaux on mange les jeunes pousses en salade et en fritures; 
et cet usage remonte assez loin, puisqu'il est signalé par Ray en ces termes : 
« Apud nos in Anglia frequenter in hortis seritur ad acetaria et usus culinæ 
(Hist. plant. t. YI, p. 312) » 

Toutes ces considérations n'indiquent-elles pas que le Silybum Marianum 
tacheté est une plante introduite, devenue subspontanée, et son usage culi- 
naire ne justifie-t-il pas, jusqu'à un certain point, la préférence accordée aux 
sujets maculés, qui dés lors se seront multipliés à l'infini au détriment des 
einen verts? 

M. Alph. De Candolle a écrit = S. Marianum : « Je doute infiniment que 
» l'espéce füt connue des Romains et des anciens Grecs; en effet, depuis 
» Bauhin (Hist. III, p. 52) jusqu'à nos jours (Fraas, Syn. FT. class. p. 206) 
» on mwa pu citer un synonyme des anciens qui soit admissible. » Mais si le 
S. viride est le type, doit-on s'étonner de ne pas trouver la plante aux feuilles 
tachées de lait signalée ou décrite par les auteurs anciens ? Le premier leur 
était-il connu ? 

Je laisse à de plus compétents le soin de le décider. Mais à partir de 
la Renaissance, le S. viride paraît avoir été inconnu à tous les botanistes, 
à l'exception de Ray et de quelques auteurs módernes. Le savant anglais, 
en 1686, décrit d'abord dans son Historia plantarum, t. II, p. 312, le 
Corduus Mariæ Ger., et à la suite le Carduus Mari NON MACULATUS; on y 
lit à propos de ce dernier : « Non alia in re a vulgari Carduo Mariæ differt 
quam quod folia edat maculis destituta : Hanc plantam mihi ostendit D. 
Georges Hornsnell circa Clarkenwell prope Londinum. » Quelques années 
après (en 1724), ce méme Carduus figure comme espèce et avec l'indica- 
tion de quelques. autres localités dans le Synopsis stirpium (3° éd. t. I, 
p. 195-6) du méme auteur. La plante au feuillage vert se retrouve-t-elle 
encore à l'état spontané dans quelques localités de France ou d'Angleterre? 
Poser la question devant la Société botanique, c'est assurément en préparer la 
solution. 

Ce qui prouve combien, même après Ray, le S. viride est resté ignoré, 
c'est de voir le Silybum Marianum des modernes appelé par Scopoli Cirsium 
MACULATUM (Carn. II, n° 1009), par Lamarck, Carthamus MACULATUS 
(Dict. 1, 658), par Meench, Silybum MACULATUM (Meth. p. 555). De Can- 
dolle qui, dans son Prodromus, n'admet que le $. Marianum, ajoute à la 
description : variat foliis omnino viridibus (t. VI, p. 616): preuve qu'aux 
yeux de l'illustre auteur le type est la plante maculée. 

Je ne me dissimule pas qu'à côté du Silybum se placent les Galactites et 
T yrimnus, qui n'ont probablement pas été l'objet d'une culture spéciale, ayant 
comme lui des feuilles habituellement maculées, mais souvent aussi entière- 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. XLII 


ment vertes (1). Je sais encore que MM. Durieu de Maisonneuve et Cosson 
ont décrit en 1855, sous le nom de Silybum eburneum, une nouvelle es- 
pèce d'Algérie aux feuilles tachetées (in Bull. Soc. bot. t. II, p. 366). 
Mais l'inconstance du caractère de la couleur des feuilles dans les deux pre- 
miers genres, prouve qu'il n'a qu'une valeur secondaire; j'ajouterai qu'aux 
environs de Toulouse le Galactites tomentosa se présente souvent avec des 
fleurs de couleur blanche. Je ne connais pas le S. eburneum ; mais pourrait-on 
s'étonner de voir le S. Marianum varier dans certaines limites, quand il s'é- 
tend de la Russie moyenne et australe à travers l'Allemagne et la France jus- 
qu'en Angleterre et en Irlande, de la Turquie et de la Transilvanie, en Italie 
et en Sicile, en Corse et aux Baléares, en Espagne et en Portugal, passant de 
là, d'une part en Algérie, de l'autre, à l'ile de Madère et aux Canaries. 

Mais sa dispersion est surtout notable dans l'Amérique méridionale où, de 
concert avec le Cardon (Cinara Cardunculus), il occupe, d’après M, Ch. d'Or- 
bigny (Voyage en Amér. t. I, p. 340), une surface de plus de sept cents 
lieues carrées, menacant d'envahir entièrement les pampas et servant de 
retraite aux voleurs. 

N'en serait-il pas, à certains égards et indépendamment des différences de 
sexualité et de durée, du Silybum Marianum, du Galactites tomentosa, 
et du Zyrimnus leucographus, comme de l'Aucuba japonica? On sait 
que l'on a introduit récemment un Aucuba à feuilles vertes, considéré ou 
vendu par les horticulteurs comme une espèce distincte, mais qui, d’après les 
observations de M. Standish, n'est autre que le pied mâle de l'espèce, dont 
tous les individus panachés cultivés en Europe représentaient des pieds femelles ; 
on a pu féconder ceux-ci par le nouveau venu. Il est trés-probable qu'au 
Japon on possède les deux sexes de l'espèce avec la couleur verte ou primitive 
et avec des panachures ; mais que tous les pieds panachés cultivés jusqu'ici en 
Europe provenaient de multiplication par greffe ou par marcotte du premier 
pied panaché introduit. C’est l'opinion de M. Naudin. 

J'avais récemment fait semer dans deux vases distincts des graines des 
Silybum Marianum et viride, recueillies dans l'école de botanique de Tou- 
louse par les jardiniers de cet établissement. Dans chacun des pots dominait le 
type correspondant à l'étiquette du semis, mais avec un mélange de quelques 
pieds de l'autre type. Cette expérience autoriserait à ne faire considérer les 
deux prétendues espèces que comme des variétés d'une seule, si l'on avait la 
certitude que la cueillette des graines des deux plantes voisines dans l'école, 
où elles entremélent certains rameaux, n'a donné lieu à aucune méprise. 


(1) Foliis supra viridibus aut albo-maculalis, dit De Candolle du Galactites tomen- 
tosa Mench, et foliis albo-maculatís aut immaculatis du Tyrimnus leucographus (loc. 
cit. p. 616 et 617). 


XLIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


M. Ferd. Jamin dit que l'introduction de l'Aucuba mâle a déjà 
permis de faire de nombreuses fécondations artificielles, et que l'on 
en voit surgir des variétés fort intéressantes, variétés qui, chaque 
année, ne manqueront pas de s’accroitre. 


M. N. Doümet dépose sur le bureau le rapport suivant : 


RAPPORT SUR L'HYGROSCOPE A BRANCHE DE SAPIN EN USAGE CHEZ LES HABITANTS 
DE LA HAUTE-SAVOIE, par M. Napoléon DOUXNIET. 


Lors de notre passage à Thónes, M. Machet, ancien directeur du collége 
Chaptal, oncle de notre collégue et vice-président le docteur Bouvier, informa 
M. le comte Jaubert que les habitants du pays fabriquaient eux-mêmes un 
instrument fort simple et possédant la propriété d'annoncer d'une manière 
assez précise la pluie ou le beau temps. 

Notre honorable Président eut l'obligeance de communiquer aux membres 
de la Société les renseignements qui lui avaient été fournis sur ce prétendu 
baromètre, et, le fait ayant paru mériter quelque attention, il fut convenu que 
ceux d'entre nous qui s'occupent plus spécialement de météorologie vou- 
draient bien examiner l'instrument et en donner, à la prochaine séance, leur 
appréciation. C'est la mission que nous allons essayer de remplir et pour la- 
quelle nous réclamons la plus grande indulgence. 

Les questions de physique, chacun le sait, étant de celles où il est le plus 
facile de prendre l'apparence pour la réalité, nous osons espérer que l'on ap- 
prouvera la réserve que nous gardons sur la partie de la question qui ne pour- 
rait être élucidée d'une manière satisfaisante que par une série de recherches 
et d'expériences comparatives exigeant beaucoup plus de temps que nous n'en 
avons à notre disposition. Ce rapport, en quelque sorte superficiel, sera donc 
une description de l'instrument lui-méme plutót qu'un exposé des moyens 
employés par la nature pour opérer le phénomène. 

L'appareil est des plus simples : un tronçon de la tige d'un Sapin âgé de 
trois à quatre ans et portant sur l'un des cótés un rameau latéral unique et 
flexible, l'un et l'autre soigneusement dépouillés de leur écorce. Dans celui 
que nous avons examiné, le fragment de tige mesurait environ 15 centimétres 
en longueur, la branche latérale devait avoir environ 30 centimètres dans le 
principe, mais un accident en a diminué un peu la longueur. Du reste, les di- 
mensions relatives de ces deux portions de l'appareil semblent n'avoir aucune 
influence appréciable sursson degré de sensibilité, car nous avons vu d'autres 
branches destinées au méme usage offrir des proportions trés-différentes. 

A l'isolement absolu du rameau latéral tiendrait, au contraire, toute la 
verta de l'instrument. Il est donc rigoureusement nécessaire de choisir pour 
sa confection une tige on portion de tige où tous les bourgeons latéraux d'un 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. XLV 
méme verticille aient été atrophiés, sauf un seul, par une cause naturelle, La 
difficulté de trouver un arbre remplissant cette condition dans le genre 
Abies où, à l'état normal, comme on le sait, chaque étage se compose de 
quatre à six rameaux verticillés, de méme force, est ce qui peut donner 
quelque valeur marchande à l'instrument. 

Le tronçon de tige ainsi constitué est cloué par un de ses bouts sur une 
planche de la dimension voulue, et retenu à l'autre extrémité par une bride 
en fil de fer ; le rameau latéral reste, au contraire, libre, car c'est lui qui doit 
indiquer, suivant qu'il s'infléchit vers le haut ou le bas de la planche, la ten- 
dance au beau temps ou à la pluie, et, pour rendre plus facile à l'observateur 
l'appréciation de son déplacement, l'exirémité du rameau que l'on pourrait 
désigner par le nom d'a?guille, vient aboutir à une échelle qui suit la courbe 
décrite par lui. Comme dans les thermometres, l'échelle porte deux séries de 
graduations (comprenant 10 degrés chacune) s'éloignant en sens inverse d'un 
méme point zéro ; l'évolution de l'aiguille a donc lieu alternativement au-dessus 
et au-dessous du zéro que nous devons supposer marquer l'état intermédiaire 
entre pluie et beau temps, état que l'on a coutume de désigner par le mot 
variable. 

L'absence du constructeur et. propriétaire de l'instrument, M. Juillard (de 
Thônes), sorti au moment de notre visite, nous a privés de renseignements pré- 
cis à cet égard, de méme que sur l'étendue de l'arc susceptible d'étre parcouru 
par le rameau indicateur. Nous manquons aussi de données sur les bases qui 
servent à établir la graduation. Tout ce que nous pouvons dire, c'est que 
l'échelle entière occupe à peu près le sixième de la circonférence d'un cercle 
et que des lignes paraboliques ont été tracées sur la planchette qui porte l'in- 
strument, mais ces lignes nous ont paru avoir servi à déterminer la courbure 
de l'échelle et le milieu exact de l'arc qu'elle devait décrire. 

Le point 10? supérieur portant l'indication beau a-t-il été pris à l'état com- 
plet de siccité? le 10° opposé, marqué de l'indication pluie, est-il le point de 
saturation de l'air? De quel procédé s'est-on servi pour obtenir ces deux états 
différents, si toutefois on a songé à les prendre pour bases? Ce sont là des 
questions qu'il sera facile d'éclaircir au moyen des renseignements que nous 
espérons obtenir des personnes qui résident dans le pays, mais ces questions se 
trouvent en quelque sorte reléguées au second plan par l'intérét qui s'attache 
à la recherche des causes auxquelles on peut attribuer la propriété méme de 
l'instrument. 

Sans prétendre donner une explication positive du phénomène, il est permis 
de regarder la vapeur d'eau comme l'agent déterminant le mouvement de la 
branche de Sapin; l'absorption par les cellules de la vapeur tenue en suspen- 
sion dans l'air donnerait lieu à une tension hydraulique qui gonflerait les 
tissus comme cela a lieu pour certains corps hygroscopiques, tels que le 
cheveu, la corde à bovau, etc. Mais, ceci étant admis, il reste à déterminer 


XLVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

de quelle manière s'opère la tension, car, on le sait, chez certains corps, les 
cellules s'allongent, comme dans le cheveu et la corde à boyau, tandis que 
chez d'autres, comme le bois et les cordes de chanvre, où les fibres sont 
tordues, le renflement se fait en largeur et amène un raccourcissement. 

Nous savons, d'autre part, que le tissu fibreux des Conifères différe nota- 
blement dans son organisation de celui des autres arbres; ne serait-ce pas 
la raison d'une plus grande faculté d'absorption dans la tige du Sapin? 
Enfin, l'avortement des bourgeons latéraux destinés à former le verticille 
auquel devait appartenir le rameau indicateur n'a-t-il pas donné lieu à des 
modifications dans la direction des fibres ligneuses, et rompu l'équilibre de la 
force de résistance, ce qui ferait supporter au seul rameau restant tous les 
effets de la force de tension répartie entre tous les rameaux à l'état normal de 
la tige ? Peut-être encore un état maladif de l'arbre altérant les tissus, aug- 
mente-t-il leur porosité et conséquemment leur faculté absorbante. 

Ce sont là autant d'hvpothéses qu'il serait tout aussi téméraire de rejeter de 
prime abord, que d'admettre comme explication du phénomène sans avoir 
procédé à un examen sérieux. 

Le petit nombre de renseignements et le peu de temps que nous avons eus 
ne nous permettant pas d'entrer dans la discussion de ces divers points, nous 
nous bornons, quant à présent, à ajouter aux ekplications précédentes les 
détails suivants : 

L'instrument qui nous a été signalé est d'un usage assez général dans toute 
la Haute-Savoie, mais, d'aprés ce que nons avons pu recueillir à Thónes, il 
aurait été introduit dans le pays par M. Bianco, juge de paix à Montmélian, 
et au moins vulgarisé, il y a une vingtaine d'années, par M. Gentil, juge de 
paix à Rumilly. Il est fort simple de construction, peu coûteux à établir, mais 
le nom de baromètre lui est improprement donné, puisqu'il ne subit pas, 
selon toute apparence, l'effet de la pesanteur atmosphérique, mais bien l'im- 
pression de la quantité plus ou moins grande de vapeur d'eau tenue en sus- 
pension dans l'air et cause de la plie ou du beau temps. Il rentre donc dans 
la catégorie des Ajgrométres, mais comme, ainsi que cela a lieu pour le cheveu, 
la corde à boyau et autres corps qui marquent seulement le degré plus ou 
moins grand de tension hydraulique qu'ils subissent eux-mémes, et non 
point un degré correspondant exactement à la quantité réelle de vapeur 
contenue dans l'air, il doit prendre le nom d'4ygroscope, celui. d’hygramètre 
n'étant. applicable qu'aux instruments pondérateurs, les seuls susceptibles de 
donner la mesure exacte de la quantité de vapeur dont l'atmosphère est chargée. 

L'hygroscope à branche de Sapin n'en reste pas moins tm instrument qui, 
s'il est réellement doué de la sensibilité qu'on Iui attribue, peut rendre des 
services, notamment à l'agriculture, et mérite d’être étudié par les physiolo- 
gistes au point de vue de la propriété hygroscopique qu'il paraît révéler dans 
le bois de certains arbres. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. XLVII 

Nous ajouterons en terminant que ce fait démontre une fois de plus les rap- 
ports intimes qui unissent toutes les branches de la science et l'utilité que l'on 
peut souvent retirer de leur étude et particulièrement de celle de la botanique. 


M. Des Étangs, vice-président, met sous les yeux de la Société 
un Ranunculus intermédiaire entre le Ranunculus Baudotit et le 
R. aquatilis, et fait la communication suivante : 


SUR UN RANUNCULUS DE LA SECTION BATRACHIUM, par RE. S. DES ÉTANGS. 


Le Ranunculus que j'ai l'honneur de présenter à la Société a été décou- 
vert par moi le 6 mars 1861 dans l'étang de Bligny, dit étang du Pâtis, à 
15 kilomètres au sud-ouest de Bar-sur-Aube, où il se reproduit depuis plu- 
sieurs années (1). Il appartient à la section Batrachium, et y prend sa place 
parmi les espèces à feuilles divisées en lanières capillaires. C'est vainement que 
je Pai cherché ailleurs; je ne l'ai vu dans aucun des herbiers que j'ai visités, 
ce qui me porte à penser qu'il est rare en France. Les caractères qui le dis- 
ünguent, et qui m'ont le plus frappé, sont les suivants : 

Tige s'élevant verticalement et ramifiée à partir d'une certaine hauteur, 
non dès la base comme celle des autres espèces. — Pédoncules trés-longs, 
amincis de la base au sommet, atteignant 10, 15, et méme parfois 18 centi- 
mètres, excédant de 1 à 2 centimètres, dans leur partie émergée, ceux des 
autres espèces qui croissent dans le méme étang. — Réceptacle conique, 
moins allongé que celui du R. Zaudotii. — Fleurs d'une grandeur moyenne, 
portant de 15 à 22 étamines. — Nectaire circulaire, assez grand et fortement 
bordé. 

La saillie seule des pédoncules suffisait pour faire reconnaitre cette espèce, et 
quand, armé d'une longue perche, j'en attirais un pied par sa base, j'étais cer- 
tain à l'avance de ramener avec lui celles des fleurs que je voyais surpasser les 
autres à la surface de l'eau. 

M. Cosson, auquel j'ai communiqué cette plante en arrivant à la session 
actuelle, m'a dit avoir trouvé la méme forme en Algérie; il la considère 
comme intermédiaire entre le A. aquatilis et le R. Paudotii. 

Je dois ajouter que j'ai été conduit, par suite des difficultés que j'ai éprou- 
vées pour déterminer cette espèce, et. plusieurs autres de la même section, à 
rechercher si la forme des glandes nectarifères, le nombre des étamines et 
l'absence ou la présence des feuilles nageantes, ne fourniraient pas des carac- 
teres particuliers qui, joints aux autres, conduiraient plus facilement au nom 
que l'on cherche. Faute d'observations assez multipliées et assez suivies, je 


(1) Cet étang est assis sur les argiles ou marnes kimméridgiennes qui constituent un 
des étages supérieurs du terrain jurassique. 


XLVII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

ne suis pas encore arrivé à des résultats positifs. Il est à désirer que les bota- 
nistes qui sont à même d'étudier sur le vivant des Renoncules aquatiques se 
livrent à des recherches à cet égard (1). 


M. Hénon fait à la Société la communication suivante: 


SUR QUELQUES ARBRES FRUITIERS DES ENVIRONS DE BONNEVILLE , NOTAMMENT SUR 
LE POIRIER MAUDE, par ME. le docteur MÉNON. 


Parmi les produits des environs de Bonneville, je crois devoir signaler à 
l'attention de la Société botanique de France quelques variétés d'arbres frui- 
tiers, ignorés ou peu connus ailleurs. 

En Savoie, il existe un assez grand nombre de pommes ou de poires particu- 
lières au pays, telles que la pomme Adam, le Beurré-Saint-Guérin, la poire 
Loup, etc. Les fruits à cidre sont nombreux aussi ; dans cette catégorie il y en 
a de très-bons, tels sont les poires Zergue, Pierreuse, Longpécou, Long, etc. ; 
mais parmi eux, les plus remarquables, à mon avis, sont ceux du Poirier 
Maude. 

Cet arbre est ainsi nommé d'un mot patois, maude, qui veut dire : vin 
doux, vin nouveau, moût, cidre. Cette dénomination équivaut à poire-à-cidre 
par excellence. L'origine du Poirier Maude n'est pas connue. Il est très- 
anciennement répandu dans le pays et commun dans les fermes entre Genève 
et Bonneville. On en peut voir de beaux spécimens aux portes mêmes de la 
derniere de ces villes. 

Le Poirier Maude, dont les feuilles et le fruit sont figurés sur la. planche 
jointe à ce numéro, est vigoureux et très-fertile. Son bois est cassant. Les jets 
de l’année sont longs, gros; l'écorce en est d'un brun foncé, pointillé de 
blanc. Il n'a point d'épines, mais les bourgeons en sont pointus, parfois même 
piquants. 

La feuille est longuement pétiolée, ferme, large, ovale, arrondie à la base, 
se rétrécissant en pointe au sommet, finement dentée en scie sur les bords, 
luisante et d'un vert foncé sur la face supérieure, terne et d'un vert pàle en 
dessous. Le pétiole est mince, roide, presque aussi long que le limbe. Aucune 
stipule n'accompagne la feuille lorsqu'elle est développée. 


(1) Depuis la clôture de la session, M. Godron, au jugement éclairé duquel j'avais 
soumis antérieurement le Ranunculus de Bligny, m'a fait savoir qu'il le rapporte au 
R. conFusts G.G., lequel, à ma connaissance, n'a encore été trouvé en France que 
dans les mares des bords de l'Allier, prés de Clermont-Ferrand, par MM. Lecoq et 
Lamotte. Ces savants botanistes, qui les premiers avaient fait connaître cette espèce en 
France dans leur Catalogue des plantes vasculaires du plateau central, Vavaient prise, 
comme moi d'abord, pour le R. Paudotii, avec lequel elle a beaucoup d'analogie. Je dois 
ajouter que le Ranunculus de Bligny diffère, en ce qu'il n'a que des feuilles submergées, 
de celui de Clermont qui en a de deux sortes. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 185. XLIX 

La fleur parait en même temps que celles du Kousselet de Reims et de la 
Duchesse d’ Angoulême, vers la seconde quinzaine d'avril. Elle est grande, 
entièrement blanche à l'intérieur. Les pétales en sont NODUM bordés 
de rose. 

Les rameaux se chargent de fruits soit solitaires, soit groupés par bouquets 
de 2 à 6. La poire est de grosseur moyenne, arrondie, un peu bosselée ; la peau 
en est lisse, d'un vert grisâtre, pointillée de roux, colorée en rouge du côté 
frappé par le soleil. Le pédoncule, long d’un pouce environ, est brun, presque 
droit; implanté sur la base qui présente quelques plis peu prononcés. L'œil 
placé au centre d’une faible dépression, est assez grand, ouvert. La chair est 
très-aqueuse, grossière, graveleuse, surtout autour des loges renfermant les 
pépins ; le suc est abondant, âpre et sucré. Les pepins, peu nombreux, sont 
ovales-allongés, bien pleins, d'un brun noirâtre. 

La poire mürit fin septembre et peut se conserver jusqu'en novembre. 

L'arbre*prospere dans les bons terrains profonds et calcaires. Il devient 
grand et fort, avec une large téte à rameaux ramassés. 1l craint les endroits 
froids, élevés, battus par le vent. 

Les poires doivent étre cueillies à la main, et non point abattues ainsi qu'on 
le fait ordinairement, soit avec une gaule comme les noix, soit en secouant 
les branches. Dans le premier cas, la gaule casse les bourgeons et les bourses à 
fruit, qui sont très-fragiles ; la poire, qui est très-pesante, perd une partie de 
son jus en se brisant à terre; de plus, quand les fruits sont cassés, on est obligé 
de les presser tout de suite, sans quoi ils pourrissent. Le cidre fait avec des 
fruits cassés est moins clair et devient plus roux. ; 

La différence du prix de revient de la cueillette faite à la main est plus que 
compensée par l'avantage de ne pas briser les bourgeons à fruit. Quand la 
récolte est faite à la main, on peut attendre quelques jours avant de faire la 
pressée; les poires mürissent davantage et donnent un cidre de meilleure qua- 
lité. Il ne faut cependant pas attendre plus de six à huit jours; un plus long 
retard fait perdre une partie du jus, le fruit rend moins. Pressé tout de suite 
après la cueillette, le cidre est plus clair, plus blanc. 

Je ne connais aucune poire qui contienne autant de jus que la poire Maude. 
L'eau en jaillit lorsqu'on la coupe avec le couteau, et la petite quantité de 
marc qui reste, apres la fabrication du cidre, parait disproportionnée avec celle 
des poires écrasées.* C’est à tel point que des cultivateurs affirment sérieusement 
qu'à volume égal la poire Maude donne plus de suc que le raisin. 

Le cidre de Maude est capiteux, de bonne qualité, de belle apparence. Un 
préjugé faisait croire qu'il ne pouvait guère se conserver au delà de six mois. 
J'en ai bu de fort bon qui avait plus d'une année, et je suis convaincu que, 
fabriqué convenablement, il pourra se conserver longtemps. 

A Villelagrand, village de la Haute-Savoie, sur l'extréme frontiere, à 6 kilo- 
mètres de Genève, où J'écris cette note, le Poirier Maude commence à se 

T. SHE D 


L SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

répandre. Il n'y en a pas encore de gros; cependant de jeunes arbres d'un 
mètre de circonférence donnent déjà environ un hectolitre de cidre chacun. 
Le plus âgé des environs, qui a 5 décimètres de diamètre, en a produit 
jusqu'à 6 setiers (32^ litres). Quand l'arbre est vieux, il devient trés-gros et 
d'un grand rapport. Dans les environs de Bonneville, au Réret, il existe, dans 
une ferme appartenant à M. Jacquier, un vieux pied de Poirier Maude qui 
produit dans les bonnes années jusqu'à 16 setiers de cidre, c'est-à-dire quatre 
mâconnaises. On m'en a cité un autre qui a donné 17 setiers et demi, c'est-à- 
dire prés de mille litres. Lorsque ce cidre est encore à l'état de moüt, on s'en 
sert pour faire de bon vin cuit. 

Je m'étendrai moins sur les variétés de Vignes cultivées autour de Bonne- 
ville, parce que leurs produits sont généralement plus connus. Je pense qu'il 
suffit de les indiquer. 

En premiére ligne je place les Vignes d'Ayse, croissant sur des coteaux 
abrités du nord par la base du Móle et inclinés au midi vers la rivière d'Arve. 
Elles produisent un vin blanc petillant, mousseux : c'est le champagne de 
Savoie. La Vigne donne aussi autour de Bonneville d'excellent vin rouge, dit 
de la cóte d' Arve. Un peu plus à l'est, vers Marignier, on cultive un plant qui 
donne le vin de feu, vin blanc muscat trés-capiteux. 

Ces vins, d'un prix modéré et dont les qualités seraient estimées partout, 
sont cependant peu connus. La faute en'est aux habitants de Bonneville, appré- 
ciateurs éclairés des bonnes choses, qui en font une grande consommation, et 
qui limitent ainsi la réputation de leurs vignobles. 


M. E. Cosson demande la parole et s'exprime en ces termes : 


Mesdames, Messieurs, 

Je suis heureux de profiter de l'occasion que m'offre notre réunion à Bon- 
neville pour rappeler les services rendus à la botanique par l'infatigable voya- 
geur M. Eugène Bourgeau. M. Bourgeau est un enfant du pays, et l'éloge que 
j'ai à en faire trouve naturellement sa place dans une séance tenue dans cette 
ville, pour ainsi dire sa patrie. M. Bourgeau est né en 1813, au village de 
Brizon, dans un humble chalet de la belle montagne que nous voyons d'ici. 
Dès son enfance, tout en gardant le petit troupeau paternel, il se familiarisa 
avec les richesses de la végétation alpine ; et, au grand spectacle des beautés 
de la nature, sa vocation pour la botanique ne tarda pas à se révéler. Bientót 
il se plut à accompagner. les touristes et à leur faire admirer les plantes 
caractéristiques de la riche flore de la Savoie. Plus tard, ses aptitudes pour 
l'histoire naturelle trouvérent un puissant encouragement dans les conseils 
du regrettable Seringe, directeur du jardin botanique de Lyon, qui l'accueillit 
avec sa bonté habituelle et lui fit acquérir les notions indispensables à un 
voyageur-naturaliste. Il resta quelques années à Lyon, et, pendant son séjour 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866, LI 
dans cette ville, il fit, sous la direction du bienveillant professeur, les herbori- 
sations les plus importantes du pays. M. Jordan, dont vous connaissez tous 
le zèle pour la science, l'engagea comme collecteur, et lui fit faire plusieurs 
voyages botaniques dans diverses parties de la France. En 1843, Seringe l'en- 
gagea à venir à Paris, où il ne pouvait manquer de trouver une position 
avantageuse. Les lettres de recommandation du professeur de Lyon lui furent 
des plus utiles auprès des botanistes parisiens, et Webb, l'illustre auteur de 
l Histoire naturelle des îles Canaries, auquel je l'adressai, l'attacha à la con- 
servation de son magnifique herbier. Ces fonctions permirent à M. Bourgeau 
de se familiariser avec la connaissance des genres et des espèces étrangers 
à la flore de la France; aussi Webb, occupé alors à coordonner les riches 
matériaux qu'il avait lui-même réunis pendant son séjour aux Canaries, 
n'hésita-t-il pas à le charger d'une exploration complémentaire de ses propres 
recherches. 

En 1845 et 1846, il visita successivement presque toutes les îles de l'archi- 
pel canarien, recueillit de magnifiques échantillons de toutes les espèces rares 
qui lui avaient été signalées, et enrichit la flore des Canaries de plus de 
soixante espéces nouvelles pour la science. Ses abondantes récoltes, qui com- 
prenaient 1229 espèces, presque toutes recueillies à plus de vingt exemplaires, 
furent déterminées par Webb, mises en collection et publiées avec des éti- 
quettes détaillées portant des numéros d'ordre. Cet exsiccata est, comme la 
plupart d'entre vous le savent, irréprochable à tous les points de vue, et sera 
toujours une des bases les plus utiles pour l'étude de la végétation de l'archi- 
pel canarien. 

En 1847, plusieurs botanistes s'étant réunis pour fonder une Association 
botanique francaise d'exploration, sous les auspices du Muséum d'histoire 
naturelle, de Robert Brown, Webb, sir William Hooker, et de MM. Francois 
Delessert, comte Jaubert, Boissier, de Franqueville, E. Cosson, etc., M. Bour- 
geau fut, à l'unanimité, désigné comme voyageur-collecteur de cette associa- 
tion, dont le but était de faire successivement explorer les parties de la France 
et de l'Europe les moins connues. 

Dés cette méme année, M. Bourgeau parcourut le versant espagnol des 
Pyrénées, la Catalogne et une partie de l'Aragon, et rapporta près de 800 es- 
pèces qui furent distribuées à plus de trente souscripteurs, 

En 1848, il visita les environs d'Ajaccio, de Fréjus, de Toulon, et recueillit 
près de 800 espèces. 

En 1849, l'Association le chargea de l'exploration de l'Espagne, pays qu'elle 
avait l'intention de lui faire parcourir dans son ensemble. Cette exploration 
avait d'autant plus d'intérét, qu'en raison des circonstances politiques, 
l'Espagne avait été longtemps presque fermée aux botanistes, et que sa flore, 
n'étant guère connue que par les recherches des anciens auteurs, par celles 
de Léon Dufour, de Webb et de MM. Monard, Durieu de Maisonneuve et 


LII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

Boissier, était à peine représentée dans les herbiers. Ce premier voyage, pour 
lequel Cadix fut d'abord pris comme centre d'herborisation, comprit la partie 
inférieure du bassin du Guadalquivir, le groupe des montagnes circonscrites 
entre Séville, Cadix et Gibraltar, les Sierras de Ronda et de las Nieves, et 
fournit à notre habile collecteur 522 espéces à A0 exemplaires, nombre 
adopté pour les plantes distribuées avec un numéro d'ordre. — J'ai été heu- 
reux d'avoir l'occasion de lui dédier un genre nouveau de Cinarocéphales 
(Bourg«ea) dont il m'avait signalé les caractères distinctifs. 

En 1850, M. Bourgeau a visité les Sierras de Ayora, de Alcaras, de Segura, 
les environs de Riopar, d'Albacete, de Chinchilla, d'Hellin, de Tobara, de 
Ziezar, de Murcie, de Carthagene, le littoral de Carthagène au cap de Gate, 
les environs de Malaga, etc. Dans cette longue pérégrination, il recueillit 
481 espèces en nombre (nn. 523-1003). 

En 1851, il retourna à Carthagène et visita successivement les environs de 
Murcie, de Huescar, de Grenade, d'Almeria, revit le cap de Gate et explora 
surtout les Sierras de Sagra, de Segura, de Baza, de Gador, de Maria; la 
Sierra-Nevada, dont Webb et M. Boissier avaient fait connaitre la richesse, 
lui offrit une riche moisson de belles plantes ; aussi le total des espèces recueil- 
lies dans cette campagne s'éleva-t-il à 527 (nn. 1004-1530). 

En 1852, il prend encore Carthagène pour point de départ, visite Murcie, 
Orihuela, Alicante, Alcoy, Moxente, San Felipe de Xativa, Valence et la Sierra 
de Carrascoy. Ce pays, moins riche, bien que très-intéressant, ne lui fournit 
que 217 espèces en nombre (nn. 1531-1747). 

En 1853, il explore, dans la partie occidentale et méridionale de l'Anda- 
lousie, Cadix, Chiclana, Puerto-Santa-Maria, et, dans la partie méridionale des 
Algarves, Tavira, Faro, Loule, Albufera, Silve, Lagos, Cabo-de-San-Vicente, 
la Serra de Monchique, et rapporte 333 espèces en nombre (nn. 1748-2080). 

En 1854, les centres principaux de ses herborisations sont Madrid et To- 
lède; il explore l'Escurial, Aranjuez, la Sierra de Guadarrama et les mon- 
tagnes des environs de Toléde. Contrarié par les événements politiques, il ne 
put recueillir en nombre que 266 espèces (nn. 2081-2347). 

En 1855, pour réaliser le désir qu'avait exprimé avant sa mort l'illustre 
auteur du Phytographia canariensis, il entreprit un nouveau voyage aux 
Canaries, où il trouva, de la part de mon regrettable ami Henri de la Perrau- 
diére, son compagnon d'exploration, une collaboration aussi utile que dévouée. 
Ils parcoururent ensemble presque toute l'ile de Ténériffe, et pendant que 
H. de la Perraudière faisait une importante excursion à l'Ile-de-Fer, M. Bour- 
geau dirigea ses recherches sur l'ile de Canaria. Il rapporta de ce voyage 
371 espéces (nn. 1230-1600 dela collection des Canaries). 

En 1856, notre voyageur fut encore distrait de l'exploration de l'Espagne par 
un voyage en Algérie, pour lequel j'avais réclamé son concours. Il se chargea, 
aprés avoir séjourné peu de jours à Oran avec M. Kralik et moi, de visiter la 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. LII 
partie la plus occidentale de la province, c'est-à-dire Nemours, Lalla-Maghrnia, 
Gharrouban, Tlemcen, etc., localités dont la richesse botanique était loin 
d'étre suffisamment connue. La collection. distribuée par M. Bourgeau, en v 
comprenant les plantes de l'extréme sud de la province recueillies par 
MM. Kralik, Paul Marès et moi, se compose de 245 espèces en nombre. 

Pendant les années 1857, 1858 et 1859, M. Bourgeau dut renoncer à 
voyager sous le patronage de l'Association botanique francaise d'explora- 
tion, ayant eu l'honneur d'étre appelé par sir William Hooker à faire partie, 
comme botaniste -collecteur, de l'expédition envoyée par le gouvernement 
anglais dans ses possessions de l'Amérique du Nord, sous la direction de M. le 
capitaine John Palliser. On comprendra toute l'importance de ce voyage, 
qui s'est étendu de New-York au fort Edmonton, au pied des Montagnes- 
Rocheuses, suivant environ une diagonale O.-N.-O., du 40° au 55° degré de 
latitude nord, et sur une distance presque égale à celle de Madrid à Saint- 
Pétersbourg. Les principales récoltes de M. Bourgeau ont été faites aux envi- 
rons du Lac-Supérieur, à là Rivière-Rouge, aux environs du lac Winnipeg, 
dans les immenses prairies du Saskatschawan, aux environs des forts Carlton 
et Edmonton. De ce dernier fort, il a gagné les Montagnes-Rocheuses, où il a 
été heureux de retrouver, au milieu de magnifiques espèces spéciales, quelques 
représentants de la flore alpine de son pays natal, et d'où il est revenu à 
New-York, en accomplissant cet immense trajet sans autre escorte, jusqu'au 
Lac-Supérieur, que celle des Indiens dont il s'était concilié l'amitié. — Dans 
ce magnifique voyage, il a recueilli, indépendamment d'autres objets d'his- 
toire naturelle, plus de 1200 espèces de plantes, à 10-12 échantillons, desti- 
nées au Musée du jardin de Kew, qui les a généreusement distribuées aux 
principaux herbiers de l'Europe et des États-Unis. Dans les rares loisirs que lui 
laissait la botanique, il savait, par son dévouement infatigable et ses habitudes 
industrieuses, se rendre très-utile à l'expédition, comme M. J. Palliser s'est 
plu à le reconnaitre dans le Z/ue- Zook (1). Pendant les deux hivers passés 
dans les forts de la Compagnie de la baie d'Hudson, hivers durant lesquels la 
température est descendue quelquefois jusqu'à — 40 degrés, il seconda avec 
autant de zèle que d'exactitude le membre de l'expédition chargé de la partie 
astronomique et météorologique, pour les observations à faire sur le magné- 
tisme terrestre, ainsi que sur la température de l'atmosphere et celle du sol 
et des végétaux ligneux, observations prises de jour et de nuit, et souvent 
d'heure en heure, malgré l'intensité du froid. Habile à manier la scie et le 
rabot, il fabriquait des caisses, des tables, des siéges et jusqu'à un maitre- 
autel pour la chapelle de l'un des forts. Il ne négligeait pas non plus les soins 
culinaires, et l'expédition lui dut souvent la fabrication du beurre et des 
galettes qui étaient consommés avec le thé ; il profitait de ses courses météo- 


(4) Voy. The Journal of the Royel geographical Society, XXX, 294. — Voy. aussi 
Le Tour du monde, 1, 286. 


LIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

rologiques pour tendre des piéges et des lacets qui lui fournirent jusqu'a 
cent quarante lièvres en deux mois, bien que les loups lui dérobassent trop 
souvent ses prises. Cette abondance de gibier venait varier agréablement l'ali- 
mentation trop uniforme à laquelle était réduite l'expédition, qui n'avait, 
pendant l'hiver et jusqu'à la fonte des neiges, d'autre viande que la chair de 
bison gelée et emmagasinée aux premiers froids. Son industrie trouvait en- 
core à s'exercer dans les portages, c'est-à-dire dans les distances à franchir 
par terre dans l'intervalle d'un cours d'eau ou d'un lac à un autre, et où 
les barques, moyen de transport habituel, devaient, ainsi que le bagage, être 
portées à dos d'homme. Tous les botanistes savent combien dans les voyages, 
méme en pays civilisé, sont souvent difficiles la préparation et la conservation 
des échantillons d'herbier. M. Bourgeau, par des procédés souvent des plus 
ingénieux, trouva moyen d'obtenir ce double résultat. Je n'ai pas à parler 
ici de toutes les émotions des chasses au bison ou à l'ours gris auxquelles 
notre voyageur a assisté, ni des dangers qu'il à eu à courir au milieu de peu- 
plades sauvages, et souvent en guerre entre elles, que l'on rencontre seules 
dans ces immenses savanes; mais je dois vous dire que par des soins médi- 
caux, et surtout par l'influence que lui donnait sa double qualité de Francais 
et de catholique, il se concilia l'amitié de ces peuplades, qui ont gardé le sou- 
venir de notre domination, comprennent notre langue, et sont restées fideles 
aux principaux dogmes de notre religion. 

En 1860, M. Boissier, voulant compléter, pour son grand ouvrage sur la 
flore d'Orient, les documents qu'il possédait déjà sur la Lycie, chargea 
M. Bourgeau d'une campagne botanique dans cette riche partie de l'Asie- 
Mineure. Les deux centres principaux des herborisations de notre voyageur 
furent Adalia et Elmalu, et ensuite la montagne d'Elmalu et l'Ak-Dagh, dont 
la région alpine fut attentivement explorée par lui. Dans ce voyage, il réunit 
prés de 700 espéces, dont 296 furent distribuées en nombre. 

En 1861, pour satisfaire à la demande de la plupart de ses souscripteurs 
qui désiraient enrichir leur herbier de France des plantes du comté de Nice 
récemment annexé, il prit cette intéressante partie du bassin méditerranéen 
pour but de sa pérégrination de l'année. Les environs de Nice et de Menton, 
le col de Tende et le littoral du département du Var, depuis Nice jusqu'à 
Fréjus et Dráguignap, lui fourpirent 374 espéces qui ont été publiées avec 
des numéros d'ordre, 139 espèces distribuées à environ vingt exemplaires, 
et 255 recueillies à un ou plusieurs exemplaires, soit, au total, 768 espèces. 

En 1862, M. Boissier le chargea d'un nouveau voyage en Asie-Mineure, 
voyage dont le but était l'exploration des Alpes pontiques. Il débarqua à Tré- 
bizonde, et prit pour autres points de départ de ses recherches Gumusch- 
Khané et Beibout; de cette dernière ville, pour se conformer aux instructions 
de M. Boissier, il se rendit à Ispir, mais l'état politique du pays était tel qu'il 
dut renoncer à y séjourner, bien que cette localité offrit un grand intérét au 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. LV 
point de vue botanique. Malgré cette lacune regrettable, il put recueillir pen- 
dant son voyage près de 700 espèces, dont 258 ont été distribuées avec des 
numéros d'ordre; cet important résultat a été dû surtout à la haute protection 
que l’évêque de Gumusch-Khané lui a accordée pour assurer sa sécurité dans 
les excursions sur les hautes sommités des montagnes. 

En 1863, l'Association botanique française d'exploration traça à M. Bour- 
geau un itinéraire dans l'Estramadure espagnole, dont les hautes montagnes 
présentaient un grand intérêt, Les principaux points explorés furent Avila, 
Placentia, Coria, Navalmoral, les Sierras de Gata et de Gredos, etc., et, dans 
la province de Tolède, Talavera-la-Reina, Cette campagne botanique ne lui 
fournit que 235 espèces (nn. 2348-2582) ; mais, si elle ne fut pas avantageuse 
pour lui, elle enrichit les herbiers de ses souscripteurs de plantes rares et 
d'autant plus importantes qu'elles provenaient de localités voisines de la fron- 
tière du Portugal peu connue des botanistes. 

En 1864, bien que son dernier voyage dans l'Estramadure ne lui eût donné 
que de bien faibles avantages pécuniaires, il n'hésita pas, à la demande de 
l'Association, à diriger ses recherches encore en Espagne, dans les provinces 
des Asturies et de Léon, qui ne promettaient pas de plus riches récoltes, mais 
offraient cependant plusieurs plantes spéciales qui avaient été signalées par 
Lagasca et M. Durieu de Maisonneuve, et n'étaient représentées dans la plupart 
des herbiers que par les échantillons distribués en 1835 par cet habile obser- 
vateur, M. Bourgeau visita successivement, dans les Asturies, Gijon, Oviedo, 
Grados, Sala, Corias, Cangas-de-Tineo et les montagnes élevées du Puerto- 
de- Leitariegos, du Pico-de-Arvas et du Pico-de-Canillàs ; dans le royaume de 
Léon, il séjourna surtout à Astorga et à San-Isidro, et fit une importante her- 
borisation au Pico-de-las-Corvas. Le total des espéces distribuées en nombre 
ne fut que de 143 (nn. 2583-2725); mais près de 700 espèces avaient été 
recueillies par notre zélé voyageur, qui avait dû exclure de sa collection les 
plantes communes du bassin méditerranéen. 

M. Bourgeau a donc fait, de 1847 à 186^, neuf vovages en Espagne, et, si 
l'on ajoute aux 2725 numéros de sa grande collection les plantes recueillies 
par lui en 1847, et qui ont une numération à part, le nombre total dépasse 
3000, sans compter les plantes recueillies en nombre insuffisant pour tous les 
souscripteurs et dont le chiffre s'élève à plus de 2000, — Je n'ai pas besoin de 
rappeler ici que, pour la beauté et le choix des échantillons, ainsi que pour la 
largesse avec laquelle ils ont été distribués, la collection espagnole de M. Bour- 
geau, comme du reste toutes les autres qu'il a publiées, doit étre placée au 
premier rang; elle a acquis un nouveau prix par les citations qu'en ont 
faites dans leurs ouvrages MM. Boissier, Reuter, E. Cosson, Willkomm et 
Lange, qui tous ont apprécié le dévouement et l'intelligence du voyageur de 
l'Association botanique francaise d'exploration. 

L'ensemble des plantes recueillies par M. Bourgeau depuis prés de vingt 


LVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

ans, et répandues par lui dans les herbiers, s'éléve à environ 12 000 espèces. 
Je dois faire remarquer que, dans ses voyages, il a abordé toutes les parties du 
monde, moins l'Océanie; en effet, ses recherches ont compris la France, 
l'Espagne et le Portugal, l'Algérie, les Canaries, l'Asie-Mineure et l'Amérique 
du Nord. — Il a dû souvent à la bienveillante communication des botanistes 
les plantes les plus rares recueillies par eux, et l'on ne peut pas évaluer à moins 
de 500 le nombre des espéces qui lui ont été o(fertes pour enrichir ses publi- 
cations. — Les plantes recueillies aux Canaries ont été déterminées par Webb, 
J. Gay, H. de la Perraudière, MM. Schultz-Bip., Parlatore et E. Cosson ; les 
plantes de France, d'Espagne et d'Algérie, par J. Gay ( pour les genres étudiés 
par lui monographiquement ) et par M. E. Cosson; les plantes de l'Asie- 
Mineure, par MM. Boissier et Reuter. 

M. Bourgeau n'est pas, à vrai dire, un savant; mais, par son aptitude pour 
l'histoire naturelle et son zéle, il a su suppléer aux lacunes de son éducation 
première. Il a le coup d’œil du naturaliste, et souvent, sur le terrain, il a 
reconnu des plantes comme espéces nouvelles pour la science. Sa probité à 
toute épreuve, son désintéressement, son dévouement, sa persévérance, l'amé- 
nité de son caractere, sa franche bonhomie lui ont valu des amis dans tous les 
pays qu'il a parcourus, et les botanistes, parmi lesquels nous devons nommer 
Seringe, Webb, sir William Hooker, J. Gay, Adrien de Jussieu, et MM. Bron- 
gniart, Decaisne, Alph. De Candolle, Boissier, Jordan et E. Cosson, sont 
devenus pour lui de véritables protecteurs et se sont plu à lui donner leur 
appui dans sa carrière de botaniste-voyageur. 

On doit à M. Bourgeau d'avoir introduit dans les cultures un assez grand 
nombre de plantes utiles ou ornementales. — Tous les services qu'il a rendus à 
la science lui ont valu, sur la proposition du Muséum d'histoire naturelle, 
l'honneur d’être attiché, il y a près de deux ans, comme botaniste-collecteur, 
àla Commission scientifique nommée par le Ministre de l'Instruction publique 
pour explorer le Mexique à la suite de notre armée. L'importance des envois 
déjà faits par lui prouve qu'il est resté digne de son passé, et je laisse à 
M. E. Fournier, notre honorable vice-président, le soin de mettre en relief 
le zèle et l'intelligence avec lesquels il remplit sa mission. 

Toute la vie de M. Bourgeau est un exemple frappant de ce qu'un homme, 
méme issu des rangs inférieurs de la société, peut obtenir par la volonté et la 
persévérance, qualités distinctives de l'enfant des Alpes. 

“Espérons qu'il nous reviendra bientôt, et puisse-t-il, par de nouveaux 
voyages, continuer une carriére déjà si bien remplie. 


M. Fournier ajoute que les collections envoyées du Mexique par 
M. Bourgeau sont, d'aprés le témoignage de M. Decaisne, membre 
de la Commission scientifique du Mexique, extrêmement remar- 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. LVH 


quables tant. par leur nombre que par le choix des échantillons de 
chaque espéce qu'elles renferment. 


M. le Président remercie M. Cosson d'avoir bien voulu restituer 
à la biographie du Faucigny un homme d'une incontestable valeur, 
peu connu jusqu'ici dans son propre pays. Il le remercie des termes 
chaleureux dans lesquels il a signalé l'honnéteté, le courage et cette 
franche bonhomie qui ont valu à Dourgeau des amis sous toutes les 
latitudes qu'il a parcourues, qualités solides sinon brillantes qui 
resteront toujours le trait distinctif de l'enfant des Alpes. Il s'as- 
socie, pour sa part, aux éloges qui lui ont été donnés, et il aime à 
croire que le souvenir que la Société botanique vient de Iui con- 
sacrer à Bonneville mème, sera pour le fervent missionnaire de la 
botanique, engagé sur les routes périlleuses du Mexique, le plus 
noble des encouragements comme la plus belle des récompenses de 
sa vie militante. 

M. le Président ajoute ensuite : 


Bonneville a deux souvenirs d'un autre ordre que la Société ne peut man- 
quer d'accueillir et qu'elle voudra bienme permettre de lui rappeler. 

Tout prés d'ici, à Cluses, est né vers 1814 un naturaliste de ma con- 
naissance qui fut, pendant vingt ans, aide-naturaliste au Muséum d'histoire 
naturelle, et qui a eu le mérite d'enrichir la collection minéralogique de notre 
plus grand établissement scientifique de nombreux échantillous recueillis en 
Suisse et dans le Tirol autrichien. Collaborateur de plusieurs ouvrages impor- 
tants, Hugard avait obtenu l'approbation de l'Académie des sciences pour un 
mémoire Sur les formes cristallines de la chaux sulfatée. Il a succombé en 
1861, aprés deux ans d'une cruelle maladie, laissant sans appui une jeune 
veuve avec deux filles en bas âge. Le conseil de la Société des amis des sciences 
s'est montré sympathique aux malheurs de cette intéressante famille, qui a été 
soutenue par ses bienfaits. 

C'est encore prés de Bonneville, c'est du Brizon que H.-B. de Saussure, en 
1759, à l’âge de dix-neuf ans, aperçut pour la première fois le splendide spec- 
tacle des glaciers du Mont-Blanc. De là naquit cette vocation alpestre qui ramena 
invariablement pendant trente-six ans, l'éminent Génevois dans les Alpes du 
Faucigny. Nous pouvons avec d'autant plùs de justice rappeler ici le nom de 
Saussure, que c'est par la botanique qu'il a débuté dans la science, et que 
c'est par elle qu'il a terminé sa noble existence. Ce grand observateur brillait 

urtout par les qualités du cœur, et il suffit d'onvrir les Voyages dans les 
Al pes pour retrouver les palpitantes émotions qui s'emparaient de son àme en 
face des grandes scénes de la nature. C'estlà le secret qui a popularisé son 


LYI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 

œuvre et qui imprimera toujours le sceau de l'immortalité aux productions de 
l'intelligence. Saussure a eu ce mérite, et ce mérite n'est pas quelque chose 
d'ordinaire dans l'histoire des hommes de science. 


M. le Président, en levant la séance, exprime de nouveau aux 
autorités de Bonneville la reconnaissance toute particuliére que 
la Société éprouve pour la bienveillance avec laquelle elles ont ac- 
cueilli ses membres et facilité ses travaux ainsi que ses excursions. 

La séance est levée à cinq heures. Elle est reprise le soir à huit 
heures, dans une salle de l'hótel des Balances. 


M. Aug. Rivière fait à la Société la communication suivante : 


La communication faite à la Société il y a quelques heures par M. Des 
Étangs m'a remis en mémoire un fait assez curieux. En 1864, j'herborisais 
dans les montagnes de la Suisse, en compagnie de mon ami M. Léon Jour- 
nault, qui me dirigeait dans mes excursions. Après quelques jours de marche 
dans le Valais, nous arrivions, par la vallée de Saint-Nicolas et la vallée de Saas, 
au petit village de Zermatt, situé au pied du Mont-Rose. Ma première excursion 
dans ces parages fut l'ascension du Gornersgrad ; le lendemain j'arrivai au pied 
du mont Cervin, au Hornli, et là je remarquai d'abord un petit lac dont les 
eaux attirèrent mon attention par leur teinte blanche ; puis un second, situé 
un peu plus bas, le SSehwartz-See (lac noir), qui m'offrit à quelque distance le 
méme phénoméne. En m'approchant davantage, j'apercus, à une certaine 
profondeur dans l'eau, un Ranunculus du groupe du R. aquatilis, dont la flo- 
raison avait lieu à 25 ou 30 centimètres au-dessous de la surface de l'eau. 
Les fleurs en étaient tellement nombreuses que leur agglomération semblait 
blanchir l'eau. 

Je n'ai pas encore étudié les caractères de cette plante ; je ne sais si elle est 
connue, mais je ne l'ai vue mentionnée nulle part (1). 


M. le comte Jaubert demande à M. Riviére si le niveau de l'eau 
ne s'était pas élévé aprés la floraison. 

M. Rivière répond qu'il s’est assuré du contraire; on lui a affirmé 
dans le pays que ce niveau était à peu prés constant, et il s'en est 
convaincu en examinant les bords du lac. Les eaux, dit-il, n'avaient 
pas dà s'élever depuis longtemps, car la fonte des neiges avait eu 
lieu à une époque déjà éloignée. 


(1) La plante adressée par M. Riviére au secrétariat de la Société est le RANUNCULUS 
DRovzTI F. Sehultz. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866, LIX 


M. Cosson demande à M. Rivière si les fleurs étaient à pétales 
connivenis. 

M. Rivière répond qu'elles étaient ouvertes, circonstance qui 
doit s'expliquer par la présence d'une bulle d'air qui aura produit 
l'expansion des pétales. 

M. Bras dit qu'ila vu un Alisma natans fleuri sous l'eau, dont 
les fleurs étaient fécondées gráce à une bulle d'air renfermée dans 
le périgone. 


M. Alfred Perrier fait à la Société la communication suivante : 


NOTE SUR LA FOLIATION DU LATHYRUS APHACA, par BE. le docteur Alfred 
PERRIER, archiviste de la Société Linnéenne de Normandie. 


Nous savons que les feuilles des Lathyrus annuels sont bifoliolées, multi- 
foliolées et quelquefois dépourvues de folioles. Le Lathyrus Aphaca fait partie 
de cette dernière section. 

Dans cette espèce, les folioles avortent et les vrilles seules persistent. Les 
stipules prennent alors un grand accroissement et simulent de véritables 
feuilles. 

Cependant l'avortement des folioles n'est pas toujours constant. Le plus habi- 
tuellement la partie terminale de la vrille disparait pour offrir à sa place une 
petite feuille ovale-allongée. D'autres fois, le rachis porte sur ses parties 
latérales une ou deux paires de folioles complètes ou incomplètes; il peut 
n'exister que deux folioles d'un seul cóté de cet organe. Qn trouve ainsi sur le 
Lathyrus Aphaca toutes les formes de feuilles simplement composées qu'on 
observe dans le groupe des Papilionacées. 

Une observation plus scrupuleuse nous fournira peut-étre d'autres anoma- 
lies, et l'occasion ne peut nous manquer, car cette forme accidentelle se re- 
produit depuis bien des années, dans des terres argileuses, aux environs de 
Bayeux. Je n'oserais pas tirer de conclusion de ces faits tératologiques, mais 
j espere, en les signalant à nos savants physiologistes, que la science en fera son 
profit. 


M. Des Étangs entretient la Société de l'utilité de recueillir les 


noms populaires des plantes ; il en a noté quelques-uns au Grand- 
Bornand, ce sont les suivants ; 


BOIS DE DOIGT, BOIS D'Ai. — Taxus baccata L. 

ALIBOUR. — Cyclamen europœæum L. 

Le rhizome de cette Primulacée, pulvérisé et mêlé au tabac à priser, enivre 
ceux qui en font usage. Bulliard l'a placée au nombre des plantes vénéneuses 
(Hist. des pl. vénén. et susp. de Fr.). 


LX SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 

BRAILLL — Rhododendron ferrugineum L. 

AVAN. — Salix rosmarinifolia Gouan et S. incana Schr. 

SAULE SAUVAGE. — Salix Pontederana Schl. — Est employé pour la 
vannerie, | 

EMBRUNE, EMBROUZALE. — Vaccinium uliginosum L. 

On trouve dans le répertoire des plantes utiles de Duchesne, le mot Zmbre- 
saille appliqué au Ribes Uva crispa L. qui a une certaine ressemblance avec 
ce dernier. 


CHEVRETTE. — Rubus saxatilis Y. 
POMMETTE. — Cotoneaster vulgaris Lindl. 
VARNE, VERNE. — Pinus Picea L. 


Voici ce que j'ai recueilli au Grand-Bornand même sur cette espèce : 

Son bois prend une teinte rouge au contact de l'air lorsqu'on le coupe; il 
est plus pesant que celui du Pinus Abies L. Son tissu fibreux est moins droit; 
il se fend àla chaleur; on évite de l'employer pour les caisses à fromages, 
parce qu'il leur communique un mauvais goüt. On fait des cannes avec ses 
rameaux. 


M. le comte Jaubert partage, sur l'utilité de rechercher les noms 
vulgaires, l'opinion de M. Des Étangs, qui était aussi, dit-il, celle 
de De Candolle. 

M. N. Doüàmet dit qu’il croit également à l'utilité de ces re- 
cherches. | 

M. Bouvier est d'un avis contraire. Il dit que le paysan observe 
en masse, d'une maniére trop générale pour arriver à distinguer 
l'espéce, et que les noms vulgaires qu'il emploie sont loin de corres- 
pondre toujours aux dénominations scientifiques; que souvent il 
confond sous le méme nom des plantes différentes. Il cite comme 
exemple le Genipi, terme qui est appliqué à l Artemisia glacialis L. 
dans la vallée du Mont-Cenis, et réservé par les montagnards de 
Thónes à l Artemisia Mutellina Vill. 

M. Fr. Dumont, pour appuyer l'opinion de M. Bouvier, dit que dans 
les environs de Bonneville on confond sous le nom de Genipi le 
Ranunculus. glacialis, Y Achillea nana et Y Artemisia. atrata ;il 
pense que les noms vulgaires ne peuvent pas étre d'un grand se- 
cours pour le botaniste. 

M. Cosson pense au contraire que la recherche de ces noms peut 
étre trés-utile; il dit qu'il en a retiré de grands avantages en 
Algérie. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1806, LXI 

M. Des Étangs fait observer que si les noms vulgaires sont quel- 
quefois appliqués à des espèces diverses, c'est alors le plus souvent 
à des espèces voisines, et que celte remarque justifie l'importance 
de leur recherche. 

M. Bourgault-Ducoudray informe la Société, de la part de notre 
honorable confrère M. Lloyd, de Nantes, que celui-ci tient à la 
disposition des botanistes qui lui en demanderont, des échantillons 
d'une Cuscute rare, le Cuscuta Kotschyi Des Moul. 

M. Bourgault-Ducoudray fait connaitre en outre à la Société que 
M. Édouard Dufour, de Nantes, ayant fait l'acquisition de l'herbier 
de feu Billot, il lui manque un paquet renfermant le genre Rosa. 
Dans le cas où ce paquet aurait été confié par M. Billot à quelque 
membre de la Société, celui-ci serait instamment prié de vouloir 
bien le faire parvenir à M. Éd. Dufour. 

M. Bouvier dit à cette occasion qu'il s'occupe particuliérement du 
genre Rosa. 

M. Riviére l'engage vivement à faire des semis pour étudier expé- 
rimentalement les variations de certains types. 

M. Bouvier répond qu'il a déjà commencé à pratiquer cette mé- 
thode d'observation. 

M. Cosson dit qu'il a recu en don l'herbier de M. Maire, et qu'il 
mettra volontiers cet herbier à la disposition des botanistes qui 
voudront le consulter. 


Lecture est donnée de la communication suivante, adressée à la 
Société : 


SUR LA VÉGÉTATION DU SALÈVE ET DU TERRITOIRE QUI S'ÉTEND DE CETTE MONTAGNE 
AU MONT DU VUACHE, par M. l'abbé PUGET. 


(Pringy, 20 juillet 1866.) 


Le Salève est pour le botaniste un charmant parterre et unè promenade 
agréable. Les plantes subalpines y sont nombreuses, et des yeux perspicaces 
ont su en découvrir toutes les richesses. Aucun coin n'y est resté inconnu aux 
phanérogamistes ou aux cryptogamistes. La fente du rocher, comme la 
pelouse, a été scrutée. 

Le Salève est une montagne peu élevée (1379 mètres de hauteur au point 
culminant appelé les Pitons). Sa directioa est du N.-E. au S.-O. Le versant 
oriental présente une pente douce et généralement boisée. Le versant occi- 
dental offre de grandes assises horizontales et parallèles de rochers arides 
presque taillés à pic. 


LXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

Une journée suffit à un touriste pour le parcourir. En partant d'Annecy ou 
de Genève de grand matin, il peut y revenir le soir ravi du souvenir des 
panoramas les plus pittoresques, de la perspective la plus variée de la plaine, 
du lac Léman et d'une partie du lac d'Annecy, de la grande chaine des Alpes 
avec ses cimes blanches sur lesquelles domine en reine celle du Mont-Blanc. 
Mais le botaniste doit y mettre plus de temps pour revenir avec ses cartons 
pleins d’espèces fort intéressantes. Je me propose d'indiquer ci-après toutes 
les plantes qui embellissent le Salève aux diverses époques de l’année. Je 
n'omettrai que les plus communes, que l'on rencontre partout dans des 
stations analogues. Supposons que le départ ait lieu d'Annecy. 

La distance est de 12 kilomètres jusqu’à Allonzier, où M. l'abbé Delavay a 
découvert l'année dernière les Barbarea arcuata Rchb., Evonymus latifo- 
lius L., Comarum palustre L., et cette année deux plantes nouvelles pour 
notre flore : Cyclamen hederifolium Ait. et Koch non Ten., et Dipsacus 
laciniatus L., cette dernière au-dessous de Cernex. Après avoir traversé le 
pont de la Caille, appelé pont Charles-Albert , jeté sur le défilé des Usses, long 
de 194 mètres et élevé de 200 mètres au-dessus du torrent, on arrive, aprés 
une demi-heure de montée, à Cruseilles, situé à l'extrémité méridionale du 
Saléve. Aprés quelques minutes de marche, on atteint les Avenières, où l'on 
se plait à cueillir (1) : 


Euphrasia ericetorum Jord. Lappa major Gærtn. 

Lycopodium clavatum L. Filago minima L. (2). 

Fumaria Chavini Reuter, Betula alba £L. 

Sagina procumbens L. Alnus viridis DC. 

Hypericum humifusum var, p. Liot- Hieracium umbellatum L. 
tardi DC. — tridentatum Fries. 

Scleranthus perennis L. — curvidens Jord, 

— annuus L. — melanotrichum Reuter (3). 


De là; la montée est douce jusqu'aux chalets du Thovex et présente sur son 
passage : 


Senecio Fuchsii Gmel. Aconitum lycoctonum L. 
Cirsium eriophorum Scop. Digitalis grandiflora Lam. 
Ranunculus aconitifolius L. Campanula rhomboidalis L. 


Gentiana lutea L. 
Autour des chalets ces mêmes plantes sont accompagnées de : 


Chenopodium Bonus Henricus £. Ramex conglomeratus Schreb. 
Rumex obtusifolius L. Galeopsis Reichenbachii Reuter. 


(4) Quand les listes qui suivent ne sont pas disposées dans l'ordre taxonomique habi- 
tuel, c'est parce qu'elles sont dressées dans l'ordre où les plantes se présentent pendant 
chaque berborisation. 

(2) Dans les bruyéres. 

(3) Espèce des plus belles et des plus grandes du genre. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. LXHI 
Dans les bois de cette localité, on rencontre : 
Ranunculus lanuginosus L. Ficaria ranunculoides Mænch. 
Saxifraga roiundifolia L. Hieracium melanotrichum Reuter. 
— Aizoon Jacq. 
Dans les pâturages : 


Astrantia major L. | Pimpinella magna L. var. B. rosea Koch. 


L'ascension des Pitons se fait à travers de riches pâturages où abondent 
Ranunculus montanus L. et R. gracilis Schleich., et aux bords desquels il 
est agréable de récolter, sur la lisière des forêts : 


Myrrhis odorata Scop. Coralliorrhiza innata R. Br. 


Anthriscus abortivus Jord. Adenostyles alpina Bl. et Fing. 
Adenostyles albifrons Rchb. | Hypopitys glabra DC. 


Près de la fontaine du Grand-Piton : 


Cardamine amara L. | Chrysosplenium alternifolium £. 
Stellaria uliginosa Murr. 


Dans les lieux humides et moussus : 


Sagina Linnæi Presl. Homogyne alpina Cass. 


Viola nemoralis Jord. | Rhinanthus angustifolius Gmel. 
Hypericum quadrangulum Z. 


Dans les petites mares : 


Potamogeton densus L. 
— — var. f. lanceolatus Koch. 
Lemna minor L. 


Scirpus compressus L. 
Glyceria plicata Fries. 


Çà et là dans les marais spongieux ou tourbeux : 


Eriophorum angustifolium Roth. | Carex stellulata Good. 
— vaginatum L. — vulgaris Fries. 


Dans les pâturages secs ou rocailleux : 


Arabis alpina £L. Potentilla jurana Reuter. 
— incana Roth. — aurea L. 

— alpestris Schleich. Hypochæris maculata L. 

Draba aizoides L. Platanthera viridis Lindl. 
Polygala vulgaris L, Rosa sabauda Rapin. 


— alpestris Koch. 


Et dans les crevasses et sur les rochers du Piton : 


Polystichum rigidum DC. Veronica fruticulosa L. 

Hieracium villosum L. Draba aizoides L. 

— dentatum Hoppe, var. B. salævense Carex sempervirens Vill, 
Rap. — tenuis Host. 

— pulmonarioides Vill. Laserpitium Siler Le 

— ligusticum Fries. — latifolium L. 

Calamintha alpina Lam. 


LXIV SOCIÈTE BOTANIQUE DE FRANCE. 


A quelques pas du Grand-Piton se trouve un monticule moins élevé, appelé 
le Petit-Piton, où se présentent quelques bonnes espèces, telles que : 


Arabis serpyllifolia Vill. 
Helianthemum canum Dun. 


Et sur le versant nord : 


Alnus viridis DC. 


On trouve sur les deux Pitons : 
Poa alpina var. P. brevifolia G.G. 


Autour et en dessous des Pitons : 


Rosa alpestris Rapin non Déség'ise Herb. 
Ros, n? 59. 

Hypopitys multiflora Scop. 

— glabra DC. 

Plantago alpina L. 

Orchis sambucina L. 

Luzula maxima DC. 

Deschampsia flexuosa Griseb. 

Botrychium Lunaria Sw. 

Selaginella spinulosa À. Br. 


| Potentilla jurana Reuter. 


Hieracium dentatum Hoppe, var. p. 
salævense Rap. 


Fesluca glauca Lam. 


Rosa rubrifolia Vill. 

— Reuteri Godet. 

— spinulifolia Dem. 

Pirola minor L. 

Lysimachia nemorum L. 
Gentiana verna L. 

Myosotis silvatica Ehrh. 
Veronica montana L. 

Galeopsis Reichenbachii Reuter. 
Vaccinium Vitis-idæa L. 


En outre, tous les pâturages élevés du Salève offrent cà et là : 


Alchimilla vulgaris L. 

— alpina L. 

— hybrida Willd. 

Scleranthus biennis Reuter. 

Gnaphalium silvaticum L. 

Taraxacum levigatum DC. 

Hypochorris maculata L. 

Crepis aurea Cass. 

Hieracium elatum Fries, var. perfoliatum 
Frol. 

Campanula rhomboidalis L. 

— subramulosa Jord. 

Gentiana campestris L. 


On rencontre dans les champs cultivés le Triticum monococcum L. 


Gentiana lutea L. 

Thesium pratense Ehrh. 

— alpinum L. 

Crocus vernus All. 

Anthoxanthum odoratum L. var. f. vil- 
losum Rchb. 

Phleum alpinum ZL. 

Poa alpina L. 

Festuca ovina L. 

Nardus stricta L. 

Botrychium Lunaria Sw. 

Lycopodium Selago L. 


* 


Le 


Phleum nodosum Y. est commun sur les bords des chemins qui conduisent 


des Pitons à la Croisette. 


La Croisette est un col qui sépare le Grand-Salève des Pitons et qui donne 
son nom à un groupe de chalets et de maisons. Elle fournit d'intéressantes 


espèces ; savoir, dans les lieux rocailleux : 


Hieracium cæsium Fries. 


Arabis muralis Bertol. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOÛT 1866. LXV 


Dans les pâturages : * 


Pedicularis tuberosa L. 
Orchis globosa L. 
Nigritella angustifolia Rich. 


Sur les blocs erratiques de granit : 


Nigritella nigro-conopea Rchb. 
Sedum villosum £L. 


Asplenium septentrionale Hoffm. 


Dans les bois : 


Actæa spicata L. 

Vicia dumetorum L. 

— silvatica L. 

Lathyrus silvestris L. 

Agropyrum caninum Rom. et Sch. 
Rosa salævensis Rapin. 


Rosa Reuteri Godet. 

— Chavini Rapin. 

— coriifolia Fries. 

— senticosa Godet non Achar. 
— dumalis Bechst. 

— sphærica Gren. 


A la base occidentale et le long de la montée de la Croisette : 


Astragalus Cicer L. 
Senecio Jacobæa L. 


Populus alba L. 
Avena pratensis L. 


En continuant sa marche par le milieu du Saléve, trente minutes suffisent 
pour atteindre le sommet de la Grande-Gorge, qu'il est intéressant de visiter 
en détail. Elle a la forme d'un vaste entonnoir à flancs rapides, d'un accès 
difficile. Le botaniste sera dédommagé de sa peine par les plantes variées 


qu'il pourra y récolter, telles que : 


Thalictrum saxatile DC, 

Ranunculus Thora L. 

— gracilis Schleich. 

Lunaria rediviva L. 

Ononis rotundifolia L. 

Dryas octopetala L. 

Rosa pimpinellifolio-alpina Rap. 

— glandulosa Bell. 

— Chavini Rap. 

Alchimilla alpina L. 

Saxifraga aizoides L. 

Athamanta cretensis L. 

Adenostyles alpina Bl, et F. 

Centaurea Scabiosa L. var. f. petrophila 
Reuter. 

Scorzonera austriaca Willd. 

Hieracium flexuosum Waldst. et Kit, 

— pulmonarioides Vill. 


Hieracium glaucum All. 
Orobanche Scabiosæ Koch. 
— Laserpitii Sileris Rap. 
Hippophaë rhamnoides L. 
Salix Pontederana Willd. 
— Seringeana Gaud. z 
Orchis globosa L. 
Gymnadenia conopea Rich. 
— odoratissima Rich. 
Goodyera repens R. Br. 
Carex humilis Leyss. 

— ferruginea Scop. 

— sempervirens Vill. 
Luzula maxima DC. 

Stipa pennata L. 
Lycopodium Selago L. 
Selaginella spinulosa Al. Br. 
Botrychium Lunaria Sw. 


Au-dessus de la Grange-Gorge se trouve le large plateau du Grand-Saléve, 
couvert de vastes pâturages au nord desquels est adossé le lieu dit Zes Treize- 
Arbres. On y voit dans les champs : 


Lamium amplexicaule L, 


Thlaspi arvense L. 
Galium Vaillantii G.G. 


Viola Sagoti Jord. 
Galeopsis intermedia Vil. 


T. JIE. E 


LXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Et daus les bois et les lieux rocailleux : 


Rosa dumalis Bechst. 


Hieracium cæsium Fries. 


Du chalet des Treize-Arbres, pour se rendre à Monnetier, il faut à peine une 
heure. La descente est facile et se signale par la présence des : 


Vicia silvatica L. 
Orchis globosa L. 
Lappa intermedia Rchb. 
Rosa salevensis Rap. 
— veslita Godet. 


Rosa coriifolia Fries. 

— dumetorum Thuill. 
Rubus elongatus E. Mer. 
— albidus E. Mer. 


Le vallon de Monnetier est tine gorge qui sépare la montagne en Petit et en 
Grand-Saléve; sa hauteur est de 721 mètres. On v rencontre : 


Trollius europæus L. 
Papaver Argemone L. 
Cardamine impatiens L. 
Iberis amara L. 

— pinnata Gouan, 
Neslia panniculala Desv. 
Melilotus arvensis Wallr. 
Potentilla rupestris L. (1). 
Caucalis daucoides L. 
Asperula arvensis L. 
Galium tricorne Withr. 
Valerianella Auricula L. 
— Morisonii DC. 


J 


Valerianella Morisonii var. leiocarpa 
Godet. 

Lappa intermedia Rchb, 

Hieracium pulmonarioides Vill. 

— amplexicaule L. 

Specularia Speculum Alph. DC. 

Anchusa italica Reiz. 

Verbascum nigrum L. 

Veronica triphyllos L. 

Rhinanthus Alectorolophus Poll. 

Odontites rubra Pers. 

Avena fatua L. 

Lolium strictum Presl. 


Monnetier est abrité au nord par le Petit-Saléve. Le sommet du Petit- 
Salève, où l'on peut parvenir par plusieurs sentiers, offre un magnifique pano- 
rama. Sa hauteur est de 827 métres. Une végétation variée nous y donne, 


sous les voütes supérieures : 


Sisymbrium Sophia L, 
Anthriscus vulgaris Pers. 
Galium tenerum G. G. 


Sur le sommet : 


Polygala Chamæbuxus L. 
Trifolium alpestre L. 


Sur les bancs de rochers : 


Arenaria grandiflora L. 
Ononis rotundifolia Z, 

Vicia tenuifolia Roth. 
Scleranthus verticillatus Rchb. 
Peucedanum Cervaria Lap. 
Laserpitium Siler L. 

— latifolium L. 


(4) Au-dessus du chäteau, 


Parietaria erecla M. B. 
Leucoium vernum L. 


Hieracium Jacquini Vill. 


Hieracium ligustieum Fries. 
— andrialoides Vill. 
Orobanche Cervariæ Schrad. 
Plantago Cynops L. 
Ruscus aculeatus L. 
Phalangium Liliago Schreb, 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1860. LXVII 


Entre Monnetier et Mornex, dans les prairies ou sur les murs et les rochers : 


Primula variabilis Goupil. 
Asplenium Adiantum nigrum L. 
Ceterach officinarum C. Bauh. 


Trifolium aureum Poll. 
Linaria Cymbalaria Mill, 


Ou sur les coteaux et dans les gravières : 


Rubus collinus DC. 
— cuneifolius E. Mer. 
Potentilla alba L. 


Jasione montana L. 
Nardurus tenellus Rchb. 
Atropa Belladonna L. (4). 


En contournant le Petit-Salève, on descend rapidement depuis Mornex eu 


récoltant : 


Hepatiea triloba Chaix. 


Et l'on arrive à Étrembières, où soit dans les lieux marécageux, soit sur les 


bords de l'Arve, il y a abondamment : 


Geum rivale L. 

Myricaria germanica Desv. 
Fæniculum officinale Al. 
Pastinaca opaca Bernh. 
Artemisia campestris L. 
Onopordum Acanthium L. 
Scrofularia nodosa L. 

— Ehrharti Stev. 


Scrofularia Balbisit Hornem. 
Linaria alpina Mill. 

Carex paniculata L. 

— ampullacea Good. 

— paludosa Good, 

— nitida Hos:. 
Calamagrostis Epigeios Roth. 
— littorea DC, 


Quelques pas plus bas, au-dessous de Gaillard, ce sont : 


Centrophyllum lanatum DC. 
Chondrilla juncea L. 
Lactuca dubia Jord. 
Crepis fœtida L. 

Chlora serotina Rchb. 
Symphytum officinale L. 
Veronica Buxbaumii Ten. 
Sa!ix amygdalina L. 

— daphnoides Vill. 

— incana Schrank. 
Alnus incana DC. 

Typha minima Hoppe. 

— gracilis Jord. 

Allium ursinum L. 

— carinatum L. 


Allium deflexifolium Jord. 
Juncus alpinus Vill. 

Cyperus fuscus L, 

— flavescens L. 

Scirpus Tabernæmontani Gmel, 
Leersia oryzoides L. 

Setaria glauca P. B. 

Panicum glabrum Gaud. 
Vulpia ciliata Link. 

— Pseudomyuros Gaud. 
Festuca arundinacea Schreb. 
Lolium temulentum £L. 
Equisetum variegatum Schleich. 
Nitella capitata 4g. 


Pour compléter la connaissance de la riche végétation du Saléve; il est 
nécessaire d'en parcourir le revers occidental et de s'arréter d'abord au Pas-de- 
l'Échelle, C’est un rendez-vous de charmantes espèces, telles que : 


Papaver collinum Bonn. 
Corydallis bulbosa DC. 
Sisymbrium acutangulum L, 
Cardamine impatiens L. 


(1) Près de la cascade des Moulins. 


Arabis auriculata Lam. 
— muralis Bertol. 

— hybrida Reuter, 

— stricta Huds. 


LXVIIL 
Kernera saxatilis Rchb. 
Hutchinsia petrea R. Br. 
Fumana procumbens G.G. 
Reseda lutea L. 
Alsine fasciculata M. K. 
Cerastium strictum L., 
Geranium lucidum L. 
Potentilla petiolulata Gaud. 
Rosa Andrzeiowskii Stev, 
Sedum anopetalum DC. 
Trinia vulgaris DC. 
Leucanthemum corymbosum G.G. 
Senecio flosculosus Jord. 
Centaurea Scabiosa var. f. petrophila 
Reuter. 
Hieracium Pseudocerinthe Koch. 
— Jacquini Vill. 
— andrialoides Vill. (1). 
Campanula aggregata Noc. et Dalb. 
Echinospermum Lappula Sch. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Orobanche Teucrii Vauch. 

Digitalis lutea L. 

Erinus alpinus L. 

Veronica spicata L. 

Euphrasia salisburgensis Funk. 
Calamintha ascendens Jord. 

— nepetoides Jord. 

Polycnemum majus R. Br. 

Salix nigricans var. f. eriocarpa Godet. 
Leucoium vernum L. 

Allium sphærocephalum L. 

Carex gynobasis Vill. 

Phleum Bœhmeri Wib. 

Panicum glabrum Gaud. 

Lasiagrostis Calamagrostis Link. 
Vulpia ciliata Link. 

Agropyrum caninum Ram. et Schult. 
Nardurus tenellus Rchb. 
Scolopendrium officinale Sw. 


Entre le Pas-de-l'Échelle et Crevin, on trouve au pied du Salève : 


Viola mirabilis L. 

— silvatica Fries. 
Saponaria ocimoides L. 
Genista pilosa L. 
Trifolium alpestre L. 
Seseli bienne Crantz. 
Hieracium præcox Craniz. 
Lathræa Squamaria L. 
Utricularia vulgaris L. 


Utricularia minor L. 
Daphne alpina L. 
Limodorum abortivum Sw. 


` Cephalanthera ensifolia Rich. 


Liparis Læselii Rich. 
Goodyera repens R. Br. 
Narcissus poëticus L. 
Carex maxima Scop. 
Chara hispida L. 


Bossey, selon ses localités diverses, spécialement marécageuses ou humides, 


nous donne : 


OEnanthe Lachenalii Gmel, 
Petasites Reuteriana Jord. 
Menianthes trifoliata L. 
Euphrasia montana Jord. 
Utricularia vulgaris L. 

— minor L. 

Potamogeton natans L. 
Liparis Læselii Rich. 
Spiranthes æstivalis Rich. 
Juncus obtusiflorus L. 


Schenus nigricans L, 
Carex dioica L. 

— Davalliana Sm. 

— leporina L. 

— remota L. 

— lepidocarpa Tausch. 
Nitella capitata Ag. 

— opaca Ag. 

— polysperma Al. Br. 
— glomerata Ag. 


De Bossey, il convient d'aller visiter le Coin, où se trouvent : 


Arabis auriculata Lam. 

— saxatilis AU. 

= stricta Huds. 

Cardamine amara £. 
Sisymbrium acutangulum DC. 


Alsine grandiflora L. 
Anthyllis montana L. 
Rosa spinosissima L. 
— glandulosa Bell. 
— andegavensis Bast. 


(1) Sous les voûtes des rochers supérieurs, avec le Sisymbrium Sophia L. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. LXIX 


Sedum anopetalum DC. 
Hieracium glaucum All. 
— ligusticum Fries. 

— Jacquini Vill. 

— Pseudocerinthe Gaud. 


Euphrasia ericetorum Jord. 
— uliginosa Ducom. 
Daphne alpina L, 
Phalangium Liliago Schreb. 
Allium sphærocephalum L. 


Si lon redescend en côtoyant le bas de la montagne, on arrive à Collonges, 


qui fournit la petite liste suivante : 


Circæa lutetiana L, 

Sedum purpurascens Koch. 
Carum Bulbocastanum Koch. 
Myosotis silvatica Ehrh. 
Mentha viridis L. 

— candicans Crantz. 
Salvia glutinosa L. 
Pinguicula vulgaris L. 
Polygonum lapathifolium Z. 
— Persicaria L. 

— Hydropiper L. 

Salix aurita L. 


Orchis Traunsteineri Koch. 
Epipactis palustris Crantz. 
Spiranthes æstivalis Rich. 
Narcissus poéticus L. 

— biflorus Curt. 

Tofieldia palustris Huds. 
Scirpus compressus L. 

— pauciflorus Light. 
Carex fulva Good. 

— Hornschuchiana Hoppe. 
— flava L. 

Glyceria plicata L. 


Il suffit d'un quart d'heure pour se rendre de Collonges à Archamp. Cette 
dernière localité est la plus intéressante de toutes, surtout dans la partie infé- 
rieure et moyenne du Salève. C'est ici surtout que le genre Rosier est riche en 
espèces, comme nous le verrons dans l'énumération suivante : 


Atragene alpina L. (1). 
Lunaria rediviva L. 
Polygala comosa Schrank. 
Lychnis diurna Sibth. 
Cytisus Laburnum L. 
Orobus vernus L. 

— niger L. 

Spiræa Aruncus L. 
Rubus cæsius L. 

— idæus L. 

Rosa repens Scop. 

— spinosissima L. 


— alpino-pimpinellifolia Reuter. 


— alpina L. 

— lagenaria Vill. 
— dumalis Buhst, 
— Reuteri Godet. 
— salævensis Rapin. 
— glandulosa Bell. 
— coriifolia Fries. 
— urbica Lém. 

— tomentella Lém. 
— spinulifolia Lém. 
— sepium Thuill. 
— umbellata Leers. 
— comosa Rap. 


Rosa marginata Wallr. 
— micrantha Sm. 

— nemorosa Libert. 

— subglobosa Sm. 

— vestita Godel. 

— omissa Déségl. 

Sorbus hybrida L. 

— aucuparia L. 

— Aria L. 

— scandica Fries. 
Epilobium spicatum Z. 

— montanum L. 

Ribes alpinum L. 
Heracleum montanum Schl. 
Sambucus racemosa L. 
Lonicera Periclymenum L. 
— Xylosteum L. 

Galium silvaticum ZL. 
Knautia silvatica Duby. 
Serratula nudicaulis L. 
Prenanthes purpurea L. 
Scorzonera austriaca Willd. 
Hieracium glaucum Ail. 
— lanatum Vill. 
Campanula persicifolia L. 
Vaccinium Myrtillus L. 


: (4) Sous les grands rochers, à moitié hauteur avec le Serratula nudicaulis L. 


LXX 


Pirola rotundifolia L, 

— secunda L, 

Veronica urticifolia L. 
Melampyrum pratense ZL. 
— cristatum L. 

— silvaticum L. 

Melittis Melissophyllum £L. 
Calamintha nepetoides Jord. 
Teucrium Scorodonia L. 
Daphne Mezereum L, 


C'est aussi entre Archamp et Beaumont que l'on rencontre au bord des 
eaux et dans les páturages humides : 


Carex leporina L. 

— remota L. 

— maxima Scop. 
Pinguicula vulgaris L. 
Triglochin palustre L. 
Orchis Traunsteineri Koch. 


Et dans les bois : 


. Acer opulifolium Vill. 

— Pseudoplatanus L. 
Cotoneaster vulgaris Lindl. 
— tomentosa Lindl. 


Amelanchier vulgaris Mœnch. 


Cerasus Mahaleb DC. 
Rubus nemorosus G.G. 
Rosa subglobosa Sm. 
Sorbus torminalis Crantz. 
Lonicera nigra L. 
Valeriana tripteris L. 
Doronicum Pardalianches L. 
Senecio Fuchsii Gmel. 
Centaurea montana L. 
Scorzonera austriaca Willd. 
Pirola media Sw. 
Cynoglossum montanum. L, 
Pulmonaria officinalis L. 
Digitalis lutea L. ` 

— grandiflora L, 

Stachys alpina L. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Daphne Laureola L. 
Euphorbia amygdaloides L. 
Uimus montana Smith. 
Taxus baccata L. 

Ophrys muscifera Huds. 

— aranifera Smith. 

— apifera Huds. 

Herminium Monorchis R, Br. 
Scilla bifolia L. 


Gymnadenia conopea Rich. 
— odoratissima Rich. 
Epipactis palustris Crantz. 
Tofieldia palustris Huds. 
Scirpus pauciflorus Light. 


Stachys recta L. 
Globularia nudicaulis Z. 
Daphne alpina Ł. 
Hippophaë rhamnoides L. 
Asarum europæum L. 
Quercus pubescens Ehrh, 
Salix purpurea L, 

— grandifolia Ser. 
Orchis Simia L. 

— galeata Lam. 

— purpurea Huds. 

— maculata L. 

Goodyera repens R. Br. 
Carex maxima Scop. 
Agrostis gigantea Gaud. 
Festuca silvatica Vill. 
Triodia decumbens P. Beauv. 
Bromus asper L. 

Elymus europæus L. 
Polypodium Dryopteris L. 


C'est encore entre Archamp et Beaumont que l'on trouve à Beulet : 
Fumaria Chavini Reuter. 


Et entre Beaumont et. Pommier : 


Chærophyllum Cicutaria Vill, Equisetum paleaceum Schl, 
Plantago serpentina Vill. ; 
Au-dessus de Pommier : 


Lunaria rediviva L. "| Festuca silvatica Vill. 
Veronica montana L, Elymus europæus L. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 18606, LXXI 
Près de l'abbaye de Pommier sont communs : 


Turritis glabra Z. 

Arabis Turrita L. 
Impatiens Noli tangere L. 
Cephalaria pilosa G.G. 


Campanula patula L. 
Cynoglossum montanum Z. 
Lathræa Squamaria L. 
Atropa Belladonna L. 

En dehors des localités précises des sommités et du pourtour du Salève qui 
viennent d'être énumérées, beaucoup de plantes s'y trouvent communé- 
ment répandues. Je crois utile d'en donner la liste pour compléter la econ- 
naissance de la flore du Saléve. Ainsi les bois fournissent : 


Clematis Vitalba L. 
Anemone nemorosa L. 
— ranunculoides L. 
Ranunculus acer DC. 
— nemorosus DC. 
Ficaria ranunculoides Mænch. 
Aquilegia vulgaris L, 
Actæa spicata L. 
Dentaria digitata L. 

— pinnata Lam. 
Mohringia muscosa L. 
Tilia microphylla Vent. 
— intermedia DC. 
Acer Pseudoplatanus L. 
— opulifolium Vil. 

Vitis vinifera L. 
Geranium sanguineum L. 
— silvaticum L. 


Rubus dumetorum Weih. et Nees. 


—  — var. virens Reuter. 
— hirtus Weih. et Nees. 
— Guntheri Weih. et Nees. 
— cæsio-idæus Rap. 
Platanthera bifolia Rich. 

— chlorantha Curt. 
Epipactis latifolia All. 

— rubiginosa Gaud. 
Cephalanthera pallens Rich. 
— ensifolia Rich. 

— rubra Rich. 


Neottia Nidus avis Rich, 
Listera ovata R. Br. 
Cypripedilum Caleeolus L. 
Convallaria verticillata L. 
Polygonatum vulgare Desf. 
— multiflorum All. 

— maiale All. 
Maianthemum bifolium DC. 
Lilium Martagon L. 

Luzula flavescens Gaud. 
Carex silvatica Huds. 
Calamagrostis montana DO. 
Agrostis vulgaris With. 
Milium effusum L. 

Poa nemoralis L. 

— coarctata DC. 

Melica nutans Z. 

— uniflora Retz. 

Bromus asper L. 

Aspidium aculeatum Doll. 
—  — var. P. angulare G.G. 
Polystichum spinulosum DC. 
— dilatatum DC. 

— Filix mas DC. 

Asplenium Filix femina Bernh. 
Blechnum Spicant Sw. 
Pteris aquilina L. 

Asplenium Halleri DO, 

— viride Huds. 


Les rochers calcaires ou les pâturages rocailleux nous offrent : 


Rhamnus alpina L. 

Coronilla vaginalis Lam. 

Rubus saxatilis Ł, 

Sedum reflexum L. 

—  — var. f. glaucum Koch. 
Lonicera alpigena L. 

Senecio flosculosus Jord. 
Leucanthemum montanum Koch. 
Carduus defloratus Z. 

Hieracium amplexicaule L. 


Arctostaphylos officinalis Wim. et Grab. 


Verbascum Thapsus L. 
Teucrium montanum L. 


Primula suayeolens Bert, 
— officinalis Jacq. 

— elatior Jacq. 
Globularia cordifolia L. 
— vulgaris L, 

Carex digitata L. 

— ornithopoda Willd. 
Sesleria cærulea L. 
Melica nebrodensis Parl. 
Polypodium vulgare £. 
— calcareum Smith. 
Aspidium Lonchitis Sw. 
Cystopteris fragilis Bernh. 


LXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Le pied du Saléve se signale spécialement par : 


Viola mirabilis L. 

Dianthus prolifer L. 

— superbus L. 

— saxicola Jord. 

— Carthusianorum L. 

— Armeria L. 

Alsine tenuifolia Wahlnbg. 
—  — var. f. viscidula Gaud. 
Linum tenuifolium L. 
Genista germanica L. 

— pilosa L. 

— tinctoria L. 

— sagittalis L. 

Trifolium ochroleucum Z. 
— montanum L, 

Asperula odorata L. 
Cephalaria pilosa G.G. 
Aster Amellus L. 
Bellidiastrum Michelii Cass. 
Carlína vulgaris L. 

— acaulis L. 

Leontodon hastilis L. 
Hieracium præaltum Vill. 
— pilosello-præaltum Schultz. 
— boreale Fries. 


Hieracium rigens Jord. 
Campanula Trachelium L. 
— rapunculoides L. 

— persicifolia L. 

Erythræa Centaurium Pers. 
— pulchella Fries. 
Gentiana Cruciata L. 

— germanica Willd. 

— ciliata L. 

Veronica Teucrium L. 

— Chamædrys L. 

— urticifolia L. 

— officinalis L. 

Euphrasia campestris Jord. 
— ericetorum Jord. 

— cuprea Jord. 

Mentha candicans Crantz. 
Galeopsis angustifolia Ehrh. 
Teucrium Chamædrys L. 
Brunella laciniata Lam. 

— vulgaris Mænch. 

— grandiflora Mænch. 
Plantago serpentina Vill. 
Equisetum Telmateia Ehrh. 
— palustre L. 


J'ai laissé ci-dessus à Pommier l'excursion et la visite du revers occidental 
du Saléve. Ma tâche est achevée, et je prends la route d'Annecy par le Mont- 
Sion, dont le col a 778 mètres d'élévation à son point culminant. Le Mont- 
Sion, que j'ai parcouru plusieurs fois, ne m'a rien offert d'intéressant, sauf les 


espéces suivantes : 


Drosera longifolia L. (1). 
Agrimonia odorata Ait. 
Rosa systyla Bast. 

— montivaga Déségl. 

— collina Jacq. 

— tomentella Lém. 


Rosa arvatica Puget. 
— cuspidata M. Bieb. 
— omissa Déségl. 

— Reuteri Godet. 
Pinguicula alpina L. 


* 


Mais il ne faut pas quitter le col du Mont-Sion sans jeter un regard de 
reconnaissance sur le Saléve, De là encore l’œil plonge sur le bassin de Saint- 
Julien, où chaque commune apporte son obole à la flore savoisienne. Ainsi 
Présilly, au pied nord du Mont-Sion, nous donne : 


Echium Wierzbickii Hab. 
Rosa omissa Déségl. 
Ranunculus auricomus L. 


Au Châble ce sont : 


Geranium palustre L. 
Hieracium vagum Jord. 


Hordeum secalinum £. 
Bunias Erucago L, 


| Glyceria plicata Fries. 


(4) Dans un petit marais au-dessus de Cernex, avec le Spiranthes æstivalis Rich. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. 


Neydens se distingue par : 


Agrimonia odorata Ait. 
Orlaya grandiflora Hoffm. 
Filago spathulata Presl. 
— canescens Jord. 

— lutescens Jord, 

— arvensis L. 


Saint-Julien nous offre : 


Vicia Forestieri Jord. 
Gypsophila muralis L. 
Heliotropium eurgpæum Z. 
Sison Amomum Z7. 

Gagea arvensis Schult. 


Thairy voit fleurir : 


Sison Amomum L. 

Plantago Cynops L. 
Amarantus retroflexus L. 
Thalictrum Bauhini Crantz. 


Feigères a pour partage : 


Ranunculus auricomus L. 
Lactuca saligna L. 
Serratula tinctoria L. 
Hieracium Friesii G.G. 
Hordeum secalinum L. 
Gaudinia fragilis P. Beauv. 
Trifolium fragiferum L. 
Astragalus glycyphyllos L. 
Lathyrus Aphaca L. 


Viry est plus riche par : 


Hypericum pulchrum L. 
Astragalus Cicer L. 

Spiræa Filipendula L. 
Silene Otites L. 

Isnardia palustris L. 
Lythrum Hyssopifolia L. 
Peplis Portula L. 
Callitriche hamulata K uetz. 


—  — var. f. homæophylla G.G. 


Hieracium virgultorum Jord. 


Filago gallica L. 
Gladiolus segetum Gawl. 
Tulipa silvestris L. 
Ornithogalum nutans L. 
Ervum tetraspermum L. 
Althæa hirsuta L. 


Allium acutangulum L. 

Lamium incisum Wilia. 
Eryngium campestre L. 
Centaurea Calcitrapa L. 


Polygonum microspermum Jord. 


Senecio viscosus L. 
Spiranthes antumnalis Rich. 
Cynodon Dactylon Pers, 


Lathyrus hirsutus L. 

Prunus insititia Z. 

Galium boreale L. 

Ajuga Chamæpitys Schreb. 
Centunculus minimus L. 
Spiranthes autumnalis Rich. 
Ornithogalum angustifolium Bor. 
Carex maxima Scop. 


Hieracium dumosum Jord. 
— argillaceum Jord. 

— approximatum Jord. 
Plantago arenaria L. 
Sparganium simplex Huds. 
— minimum Fries. 

Scirpus setaceus L. 
Eragrostis megastachya Link. 
— pilosa P. Beauv.. 


Valéry nous présente ses haies remplies de Campanula patula, etc. 
Vulbens enfin, à l'extrémité occidentale du bassin de Saint-Julien, l'emporte 


peut-étre par : 


Isopyrum thalictroides L. 


Erythronium Dens canis L. 


LXXIII 


Et surtout par les bonnes espéces que l'on aime à récolter sur sa mon- 


tagne, telles que : 


LXXIV SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


Aconitum Anthora L. 


Helianthemum pulverulentum DC. 


Genista pilosa Z. 

Androsace villosa L. 

Iris germanica L. 

Ruscus aculeatus L, 
Scorzonera austriaca Willd. 


Sempervivum tectorum L. 
Aëthionema saxatile R. Br. 
Lactuca perennis L. 

Narcissus Pseudonarcissus L. 
Hieracium Jacquini Vill. 

— umbellatum L. 

Campanula rhomboidalis L., etc. 


LISTE SYSTÉMATIQUE DES PLANTES DU SALÈVE ET DU TERRITOIRE FRANÇAIS QUI S'ÉTEND 
DU SALEVE AU MONT DU VUACHE. 


Renoneulacées. 


Clematis Vitalba L. 
Atragene alpina L. 
Thalictrum saxatile DC. 
— Bauhini Crantz. 
Anemone nemorosa L. 
— ranuneuloides L. 
Hepatica triloba DC. 
Ranunculus Drouetii Schultz. 
— divaricatus Schrank. 
— Thora L. 

— aconitifolius L. 

— Flammula L. 

— auricomus L. 

— gracilis Schleich. 

— acer L. 

— nemorosus DC. 

— lanuginosus L. 

— repens L. 

— bulbosus L. 

— arvensis L. 

Ficaria ranunculoides Mænch. 
Caltha palustris L. 
Trollius europæus L. 
Helleborus fætidus L. 
Isopyrum thalictroides L. 
Aquilegia vulgaris L. 
Delphinium Consolida L. 
Aconitum Anthora L, 

— lycoctonum L. 
Actæa spicata L. - 


Berhéridées, 
Berberis vulgaris L. 


Nymphéacées, 
Nympha alba L. 


Papavéracées. 


Papaver Argemone L. 

— Lecokii Lamotte. 

— collinum Bogenh. 

— Rhœas L, 

— strigosum Bœnningh. 
Chelidonium majus L. 


Fumariaeées. 


Corydallis tuberosa L. 
— bulbosa DC. 
Fumaria officinalis L. 
— Chavini Reuter. 


Crucifères. 


Barbarea stricta Andrz. 
Turritis glabra L. 

Arabis alpina L. 

— auriculata Lam. 

— saxatilis All. 

— hirsuta Scop. 

— incana Roth. 

— sagittata Bertol. 

— alpestris Schleich. 

— — f. glabrata Reuter. 
— muralis Bertol. 

— hybrida Reuter. 

-- stricta Huds. 

— serpyllifolia Vill. 

— Turrita L. 

Cardamine amara L. 

— pratensis L. 

— hirsuta L, 

— silvatica Link. 

— impatiens L. 

Dentaria digitata L. 

— pinnata Lam. 
Sisymbrium officinale Scop, 
— acutangulum DC. 

— Sophia L. 

— Thalianum Gaud. 
Alliaria officinalis DC. 
Sinapis arvensis L. 

— orientalis L.  . 
Erucastrum obtusangulum Rchb. 
— Pollichii Schimp, et Spenn. 
Diplotaxis muralis DC. 
Lunaria rediviva L. 
Alyssum calycinum L. 
Draba aizoides L. 

Erophila glabrescens Jord. 
— hirtella Jord. 

— majuscula Jord. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 18606, 


Erophila stenocarpa Jord. 
— brachycarpa Jord. 
Camelina sativa Crantz. 
Kernera saxatilis Rchb. 
Thlaspi perfoliatum L. 

— arvense L. 

Iberis amara L. 

— pinnata Gouan. 
Lepidium campestre R. Br. 
Capsella Bursa pastoris Vent. 
— rubella Reuter. 
Aëthionema saxatile R. Br. 
Hutchinsia petræa R. Br. 
Neslia panniculata Desv. 
Bunias Erucago L. 
Rapistrum rugosum All. 
Raphanus Raphanistrum L. 


Cistinées. 


Helianthemum canum Dun. 
— vulgare Gærtn. 

— pulverulentum DC. 
Fumana procumbens G.G. 


Violariées. 
Viola hirta L. 
— permixta Jord. 
— abortiva Jord. 
— scotophylla Jord. 
— virescens Jord. 
— odorata L. 
— mirabilis L. 
— silvatica Fries. 
— Riviniana Rchb. 
— canina L. 
— nemoralis Jord. 
— pumila Vill. 
— agrestis Jord. 
— segelalis Jord. 
— Sagoti Jord. 


Résédaeées.,. 


Reseda Phyteuma L. 
SITA lutea Ei 
— Luteola L. 


Droséraeéces. 


Drosera rotundifolia L. 
— longifolia L. 
Parnassia palustris L. 


Polygalées. 


Polygala comosa Schrank. 
— vulgaris L. 

— amara L. 

— austriaca Crantz.. 

— alpestris Rchb. 

— Chamæbuxus L. 


Silénées. 


Gypsophila muralis L. 
Tunica saxifraga DC. . 
Dianthus prolifer Z, 

— Armeria L. 

— Carthusianorum L. 
— saxicola Jord. 

— superbus L, 
Saponaria officinalis L. 
— ocimoides L. 
Cucubalus bacciferus L. 
Silene inflata L. 

— puberula Jord. 

— Otites Pers. 

— nutans L. 

Lychnis diurna Sibth, 
— vesperlina Sibth. 
— Flos cuculi L, 
Agrostemma Githago L. 


Alsinées. 


Spergula arvensis L, 
Sagina procumbens L. 

— Linræi Presl. 

Alsine tenuifolia Wahlnbg. 
— — var. f.. viscidula Gaud. 
— hybrida Jord. 

— fasciculata M. et K. 
Arenaria leptoclados Rehb. 
— sphærocarpa Ten. 

— grandiflora L. 
Mærhingia trinervia Clair. 
— muscosa L. 

Stellaria media Smith. 

— graminea L. 

— uliginosa Murr. 
Malachium aquaticum Fries. 
Cerastium vulgatum DC. 
— brachypetalum Desp. 
— glutinosum Fries. 

— triviale Link, 

— strictum £L. 


Linées. 


Linum catharticum L. 
— tenuifolium L. 
— usitatissimum L. 


Malvacées. 


Malva silvestris L. 
— rotundifolia L. 
— Alcea L. 

Althæa hirsuta L. 


Tiliacées. 


Tilia platyphylla Vent. 
— microphylla Vent. 
— intermedia DC. 


LXXV 


LXXVI SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


Hypéricinées, 


Hypericum perforatum L. 
— humifusum L. 

— — Liottardi DC. 

— tetrapterum Fries. 
— quadrangulum ZL. 

— hirsutum L. 

— montanum L. 

— pulchrum L. 


Acérinées. 


Acer campesire L. 

— — var. æ. hebecarpum DC. 
— — var. f. collinum Wallr. 
— opulifolium Vill. 

— Pseudoplatanus L. 


Hippocastanées. 


Æsculus Hippocastanum L. (cultivé). 


Ampélidées, 


Vitis vinifera L. (presque spontané dans 


diverses localités). 
Géraniacées. 


Geranium sanguineum £L. 
— silvaticum L. 

— palustre Z, 

— pyrenaicum L. 

— molle L 

— pusillum Z. 

— rotundifolium L. 
— columbinum L. 
— dissectum L. 

— lucidum L. 

— Robertianum L. 
Erodium triviale Jorå. 


Balsaminées. 
Impatiens Noli tangere L. 
Oxalidées, 


Oxalis Acetosella L. 
— europea Jord. 


Célastrinées. 
Evonymus europæus L. 
Rhamnées. 


Rhamnus Frangula L. 
— catharticus L. 
— alpinus L, 


Légumineuses. 


Genista germanica L. 
— tinctoria L, 

— sagittalis L. 

— pilosa L. 


Cytisus Laburnum LZ. 
Ononis Natrix L. 

— procurrens Wallr. 
— spinosa Wallr. 

— rotundifolia L. 
Anthyllis Vulneraria L. 
— montana L. 
Medicago Lupulina L. 
— falcata L. 

— sativa L. 

— minima Lam. 
Melilotus arvensis Wallr. 
— alba Lam. 

— altissima Thuill. 
Trifolium rubens L. 
— arvense L. 
ochroleucum L. 
alpestre L. 
pratense L. 

repens L. 
montanum L. 
fragiferum L. 
aureum Pol!. 
agrarium L. 
procumbens L. 
Schreberi Jord. 
Lotus tenuis Kit. 

— corniculatus L. 
— — f. villosus Sw. 
— uliginosus Schrank. 
Tetragonolobus siliquosus Roth. 
Astragalus glycyphyllos L. 
— Cicer L. 

Coronilla Emerus L. 
— vaginalis Lam. 

— varia L. 
Hippocrepis comosa L. 
Vicia dumetorum L. 
— silvatica L. 

— Cracca L. 

— tenuifolia Roth. 

— sativa L. 

— Forestieri Jord. 
— sepium L. 

Ervum hirsutum L. 
— tetraspermum L. 
Lathyrus silvestris L. 
— pratensis L. 

— Aphaca L. 

— Cicera L. 

— hirsutus L. 

Orobus vernus L. 

— tuberosus L. 

— niger L. 


L LELII TI 


Amygdalées, 


Prunus spinosa L. 
— fruticans Weihe. 
— insititia L. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A 


Cerasus Mahaleb DC. 
Rosacées, 


Spiræa Filipendula L. 

— Aruncus L. 

— Ulmaria L, 

— — var. f. glauca Schultz. 
Geum montanum L. 

— rivale L. 

— urbanum L. 

Dryas octopetala L. 

Rubus idæus L, 

— cæsio-idæus E. Mercier. 
— saxatilis L. 

— cæsius L. 

— agrestis Waldst, et Kil. 
— dumetorum Weih. et Nees 
— patens E. Mer. 

— nemorosus G.G, 

— Bellardi Weih. et Nees. 
— hirtus Weih. et Nees. 
— Radula Weih. et Nees. 
— Guntheri Weih. et Nees. 
— veslitus Weih. et Nees. 
— discolor Weih. et Nees. 
— rusticanus E. Mer. 

— collinus DC. 

— cuneifolius E. Mer. 

— elongatus E. Mer. 

— albidus 8. Salævæ E. Mer. 
— glandulosus Bell. 

— rudis Weih. et Nees. 

— thyrsoideus Winmer. 
Fragaria vesca L. 

— elatior Ehrh. 

Potentilla rupestris L. 

— alba L. 

petiolulata Gaud. 
Fragariastrum Ehrh. 
micrantha Ram. 
Anserina L. 

argentea L. 

reptans L. 

verna L. 

jurana Reuler. 

aurea L. 

— Tormentilla Sibth. 
Agrimonia Eupatoria L. 

— odorata Ail. 

Rosa repens Scop. 

— fastigiata Bast. 

systyla Bast. 

stylosa Desv. 
fæcundissima Mænch. 
spinosissima L. 
pimpinellifolio-alpina Rap. 
sabauda Rap. 

alpino -pimpinellifolia Reuler. 
rubrifolia Vill. 


RNA 


RE Pi 


ANNECY, AOUT 1866. 


Rosa alpina L. 

— lagenaria Vill. 

canina L. 

sphærica Gren. 
senticosa Godet non Ach. 
montivaga Déségl. 
dumalis Bechst. 

Reuteri Godet. 


andegavensis Bast. 
Chavini Rapin. 
Salevensis Rap. 
Perrieri Song. 
glandulosa Bell. 
dumetorum Thuill. 
coriifolia Fries, 
urbica Lém. 
platyphylla Rau. 
Deseglisii Bor. 
tomentella Lém. 
spinulifolia Dem. 
sepium Thuill. 
arvatica Puget. 
rubiginosa L. 
comosa Rip. 
permixta Déségl. 
marginata Wallr. 
nemorosa Lib. 
micrantha Smith. 
cuspidata Brébiss. 
subglobosa Smith: 
Andrzeiowskii Stev. 
vestita Godet. 
omissa Déségl. 


Sanguisorhées, 


Alchimilla arvensis Scop. 
— vulgaris L. 

— hybrida Willd. 

— alpina L. 


PAS | | TIL ELBÁ|BPSSBRELHILEILEUELT A ELELI 


Pomaeées, 


Cratægus Oxyacantha L. 
— oxyacanthoides Thuill. 
Cotoneaster vulgaris Lindl. 
Amelanchier vulgaris Mœnch 
Mespilus germanica L. 
Cydonia vulgaris Pers. 
Sorbus domestica L; 

— aucuparia L. 

— hybrida L. 

— Aria L. 

— Mougeotii Soyer-Vill. 
— tormiualis Crantz. 


Onagrariées. 


Epilobium spicatum Lam: 
— rosmarinifolium Jaq. 
— montanum L- 


— var. 4. foliis biserratis Reuter. 


LXXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Epilobium collinum Gmel. 
— hirsutun L. 

— parviflorum Schreb. 
— roseum Schreb. 

— tetragonum L. 

— Lamyi Schultz. 
OEnothera biennis L. 
Isnardia palustris L, 


Halorágées. 
Myriophyllum spicatum L. 
— verticillatum L. 
Callitrichinées. 


Callitriche platycarpa Kuetz. 

— hamulata Kuetz. 

— — f. homæophylla G.G. 
Eythrariées. 


Lythrum Salicaria L. 

— Hyssopifolia L. 

Peplis Portula L. 
Tamariscinées. 

Myricaria germanica Desv. 


€ hst Ê má 


Bryonia dioica L. 


Paronychiées. 


Herniaria hirsuta L. 
Scleranthus annuus L. 
— perennis L. 

— biennis Reuter. 
— verticillatus Rchb. 


€rassulacées. 


Crassula rubens L. 

Sedum purpurascens Koch. 
villosum L. 

album L, 

dasyphyllum Z. 

acre L, 

sexangulare L. 
reflexum L. 
anopetalum DC. 


LEER T IF 


€rossulariées. 


Ribes Uva crispa L. 
— alpinum L. 


Saxifragées, 


Saxifraga Aizoon Jacq. 

— aizoides L. 

— tridactylites L. 

— rotundifolia L. 
Chrysosplenium alternifolium L. 


Oiubelliféres. 


Sanicula europea L. 
Astrantia major L. 
Eryngium campestre L. 
Tricia vulgaris DC. 

Sison Amomum L., 
Ægopodium Podagraria L. 
Carum Carvi L. 

— Bulbocastanum Koch, 
Pimpinella saxifraga L. 

— magna L. 

— — f. rosea Koch. 
Berula angustifolia Koch. 
Bupleurum falcatum L. 
Œnanthe Lachenalii Gmel. 
Æthusa Cynapium L. 
Feniculum officinale L. 
Seseli bienne Crantz. 
Athamanta cretensis L. 
Silaus pratensis DC. 
Angelica silvestris L. 
Selinum Carvifolia L. 
Peucedanum Cervaria Lap. 
Pastinaca pratensis Jord, 
— opaca Bernh. 
Heracicum montanum Sehl. 
— pratense Jord, 

— iestivum Jord. 
Laserpitium Siler L. 

— latifolium L. 

— pruthenicum L, 
Daucus Carota L, 

Orlaya grandiflora Hoffm. 
Caucalis daucoides L. 
Torilis Anthriscus Gmel. 
— helvetica Gmel. 
Chærophyllum Cicutaria Vill. 
— hirsutum Vill. 

— temulum L. 

Scandix Pecten Veneris L. 
Anthriscus silvestris Hoffm. 
— abortivus Jord. 

— Cerefolium Hoffm. 

— vulgaris Pers, 

Myrrhis odorata Scop. 


Araltacées, 
Hedera Helix L. 
Cornées. 
Cornus sanguinea L. 


Loranthacées. 
Viscum album Z. 
Caprifoliacées. 


Adoxa Moschatellina Ł, 
Viburnum Lantana L.- 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 18606. 


Viburnum Opulus L, 
Sambucus racemosa L. 
— Ebulus Z, 

— nigra L. 

Lonicera Periclymenum L. 
— Xylosteum L. 

— nigra L. 

— alpigena L. 


Rubiacées. 


Sherardia arvensis L. 
Asperula cynanchica L. 
— arenicola Reuter. 
— odorata L. 
— arvensis L. 
Galium boreale L. 
— Cruciata Scop. 
verum L. 
silvaticum L. 
elatum Thuill. 
erectum Huds. 
dumetorum Jord. 
silvestre Poll. 
commutatum Jord. 
montanum Vill. 
palustre L. 
elongatum Presl. 
uliginosum L. 
Aparine L. 
spurium f. Vaillantii G.G. 
— y. tenerum G.G. 
tricorne Withr. 


a FiiiFf]] 


Valérianées. 


Valeriana officinalis L. 

— montana L. 

— tripteris L. 

—- dioica L. 

Valerianella olitoria Mænch. 
— carinata Lois. 

— Morisonii DC. 

—  — a. leiocarpa Godet. 
— Auricula DC. 


Dipsacées. 


Dipsacus silvestris Mill. 
Cephalaria pilosa G.G. 
Knautia arvensis Coult. 
— silvatica Duby. 
Scabiosa Succisa L. 

— patens Jord. 

— brigantiaca Jord. 
— pratensis Jord. 


C€omposées, 


Eupatorium canuabinum L. 
Adenostyles albifrons Rchb. 
— alpina Bl. et Fing. 
Homogyne alpina Cass. 


Petasites officinalis Mænch. 
— Reuteriana Jord. 
Tussilago Farfara L. 
Solidago Virgaurea L. 
Erigeron canadensis L. 

— acer L. 

Aster Amellus L. 
Bellidiastrum Michelii Cass. 
Inula salicina L. 

— Vaillantii Vill. 

— Conyza DC. 

— dysenterica L. 

Bellis perennis L. 

Bidens tripartita L. 

— cernua L, 

Gnaphalium silvaticum £L. 
— uliginosum L. 
Antennaria dioica Gaertn. 
Filago spathulata Presl. 
— lutescens Jord. 

—. canescens Jord. 

— arvensis L. 

— minima L. 

— gallica L. 

Artemisia vulgaris L. 

— campestris L. 

Achillea Ptarmica L. 

— Millefolium L. 
Anthemis Cotula L. 
Matricaria Chamomilla L. 
Leucanthemum vulgare Lam. 
— montanum Koch. 

— corymbosum G.G. 
Doronicum Pardalianches L. ` 
Arnica montana L. 
Senecio vulgaris L. 

— viscosus L. 

— aquaticus Huds. 

— Jacobæa L. 

— flosculosus Jord. 

— erucifolius Huds. 

— Fuchsii Gmel. 
Onopordum Acanthium L. 
Cirsium lanceolatum Scop. 
— eriophorum Scop. 

— palustre Scop. 

— oleraceum Ail. 

— acaule All. 

— arvense Lam. 
Carduus defloratus L. 

— nutans L. 

Serratula tinctoria L. 

— nudicaulis DC. 

Lappa minor Gærtn. 

— intermedia Rchb. 

— major Garin. 

Carlina vulgaris L. 

— acaulis L. 
Centrophylium lanatum DC. 


LXXIX 


LXXX SOCIETÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Centaurea Jacca L. 
— gracilior Borean. 
— montana L, 

— Cyanus L, 

-— Scabiosa L. 

—  — f. petrophila Reuler. 
— Cæécitrapa L. 

Lampsana communis L. 
Cichorium Intybus L. 
Hypochæris radicata L. 

— maculata L. 

Thrincia hirta Roth. 
Leontodon autumnale L. 

— hispidus L, 

— hastilis L. 

Picris hieracioides L. 
Scorzonera austriaca Willd. 
Tragopogon orientalis L, 
Chondrilla juncea L. 
Taraxacum officinale Wigg. 
— rubrinerve Jord. 

— lævigatum DC. 

— palustre DC. 

Lac'uca rubra Jord. 

-— saligna L. 

— muralis Fresen. 

— perennis L. 

Prenanthes purpurea L. 
Sonchus oleraceus L. 

— asper Willd. 

— arvensis L. 

Crepis taraxacifolia Thuill. 
— fetida L. 

— aurea Cass. 

— biennis L. 

— virens Vill. 

Soyeria paludosa G.G. 
Hieracium Pilosella L. 

— Auricula L. 

præaltum Vill. 
pilosello-præaltum Schultz. 
florentinum All. 
staticifolium Vil. 
glaucum All. 

flexuosum Waldst. et Kit, 
villosum L. 

dentatum Q. salævense Rap. 
Pseudocerinthe Koch. 
amplexicaule L. 
pulmonarioides Vill. 
ligusticum Fries. 
lanatum Vill. 
andrialoides Vill. 
cæsium Fries. 

murorum L. 

nemorense Jord. 
inquinatum Jord. 
patulipes Jord. 
comatulum Jord. 


LLCET EL LEEETLEBMET TT! 


Hieracium retrodentatum Jord. 
silvaticum £. 
acutatum Jord. 
grandidentatum Jord. 
fruticetorum Jord. 
Jacquini Vill. 

elatum Fries. 
perfoliatum Frœl. 
melanotrichum Reuter. 
tridentatum Fries. 
boreale Koch. 

rigens Jord. 
curvidens G.G. 
virgultorum Jord. 
dumosum Jord. 
vagum Jord. 
umbelliforme Jord. 
umbellatum L. 
monticola Jord. 
quercetorum Jord. 
concinnum Jord. 


Aa DAS 2 


Campanulacées. 


Jasione montana L. 
Phyteuma spicatum Z. 

— f. cæruleum. 

Campanula glomerata L, 

— aggregata Nocca et Balb. 
— Cervicaria L. 

— Trachelium L. 

— rapunculoides L. 

— rhomboidalis L. 

— rotundifolia L. 

— pusilla Hænk. 

— subramulosa Jord. 

— patula L. 

— persicifolia L. 

Specularia Speculum Alph. DC. 


Vacciniées. 


Vaccinium Myrtillus L. 
— Vitis-idæa L. 


Éricinées, 


Arctostaphylos officinalis Wimm. et Gr. 
Calluna Erica DC. 


Pirolacées. 


Pirola rotundifolia L. 
— media Sw. 

— minor L. 

— secunda L. 


Monotropées. 


Hypopitys multiflora Scop. 
— glabra DC. 


Aquifoliacées. 


llex aquifolium L. 


SESSION EXTRAORDINAIRE 


O91éacées. 


Ligustrum vulgare L. 
Fraxinus elatior L. 


Asclépiadées. 


Viucetoxicum officinale Mænch. 


Apocynées. 
Vinca minor L. 
(centianées, 


Menianthes trifoliata L. 
Chlora perfoliata L. 
— serotina Rchb. 
Gentiana lutea L. 

— Cruciata L. 

— verna L. 

— campestris L. 

— germanica Willd. 
— ciliata L. 
Erythræa Centaurium Pers. 
— pulchella Fries. 


Convolvulacées. 


Convolvulus arvensis DC. 
— sepium L. 

Cuscuta major DC. 

— minor DC. 

— Trifolii Babingt. 


Borraginées. 


Heliotropium europæum L. 
Borrago officinalis L. 
Symphytum officinale L. 
Anchusa italica Retz. 
Lycopsis arvensis L. 
Lithospermum officinale L. 
—- arvense L. i 
— purpureo-cæruleum L. 
Echium vulgare L. 

— Wierzbickii Hab. 
Pulmonaria tuberosa Schrank. 
— officinalis L. 
Echinospermum Lappula Lehm. 
Cynoglossum officinale L, 
— montanum L. 

Myosotis palustris Wither. 
strigulosa Rchb. 
cæspitosa Schultz. 
silvatica Ehrh. 
intermedia Link. 
hispida Schlecht. 


Solanées. 


FETE 


Solanum nigrum L. 
— ochroleucum Bast. 
— Dulcamara L. 
Atropa Belladonna L. 


T. XII. 


A ANNECY, AOUT 1566. 


Hyoscyamus niger L. 
Datura Stramonium L. 


Verbascées. 


Verbascum Thapsus ZL. 
— thapsiforme Schrad. 
— pulverulentum Gaud. 
— Lychnitis L. 

— nigrum L. 

— Blattaria L. 
Scrofularia nodosa L. 

— Ehrharti Stev. 

— Balbisii Hornem. 

— canina L. 


Antirrhinées, 


Digitalis lutea L. 

— grandiflora L. 
Antirrhinum Orontium L. 
Linaria Cymbalaria Mill. 
— spuria Mill. 

— Elatine Mill. 

— vulgaris Mil. 

—- alpína Mil. 

— minor Desf. 

Erinus alpinus L. 
Veronica spicata L. 

— — f. polystachya. 
— Teucrium L. 

— Chamædrys L. 

— urticifolia L. 

— montana L. 

— scutellata L. 

— Anagallis Z. 

— Beccabunga L. 

— officinalis L. 

— fruticulosa L. 

— serpyllifolia L. 

— arvensis L. 

— triphyllos L. 

— Buxbaumii Ten. 
— agrestis L. 

— hederifolia L. 


Rhinanthacées. 


Melampyrum arvense Z.. 
—- cristatum L. 

— pratense L. 

— silvaticum L. 
Pedicularis palustris L. 
— tuberosa L. 
Rhinanthus minor Ehrh. 
— major Ehrh. 

— Alectorolophus Poll. 
— angustifolius Gaud. 
Odontites rubra G.G. 

— serotina Lam. 

— divergens Jord. 


LXXXI 


LXXXIHI SOCIÉTÉ BOTANIQUE LE FRANCE. 


Euphrasia officinalis L. 
campestris Jord. 
montana Jord. 
ericetorum Jord. 
uliginosa Ducomm. 
cupræa Jord. 
sausburgensis Funk. 


IIi] 


Orob PN 


Orobanche cruenta Bertol. 
— Galii Duby. 

— Epithymum DC. 

— Teucrii Schultz. 

— Scabiosæ Koch. 

— Laserpitii Sileris Rapin. 
— Cervariæ Suard. 

— minor Sutton. 

Lathræa Squamaria L. 


Labiées. 


Mentha silvestris L. 
candicans Crantz. 
virid s L. 
rolun "fola L. 
aquatè a L. 

— a hirsuta. 
arvensis L. 
Lycopus europeeus L. 
Salvia glutinosa L. 
— pratensis L. 
Origanum vulgare L. 
Thymus Serpyllum L. 
Calamintha Acinos Ciairv. 
— alpina Lam. 
— officinalis Mænch. 
— ascendens Jord. 
— nepetvides Jord. 
Clinopodium vulgare L. 
Glechoma hederacea L. 
Nepeta Cataria L. 
Melittis Melissophyllum L. 
Galeopsis angustifolia Ehrh. 
— intermedia Viil. 

— Tetrahit L. 

— Reichenbachii Reuter. 
— præcox Jord. 

Lamium maculatum L. 
— purpureum L. 
— amplexicaule L. 

— iucisum Willd. 
Galeobdolon luteum Huds. 
Stachys alpina L. 
— germanica L. 
— silvatica L. 
— palusiris L. 
— annua L. 
— recta L. 
Betonica officinalis L. 


FFEITI 


hallota nigra L. 
Brunella vulgaris Mœnch. 
— laciniata Lum. 

— grandiflora Manch. 
Teucrium Botrys L. 

— Chamædrys L. 

— montanum L. 

— Scorodonia L. 
Ajuga Chauurpitys L. 
— genevensis L. 

— reptans L. 


Verhénacées. 
Verbena officinalis L. 


Lentibulariées. 


Pinguicula vulgaris L. 
— alpina L. 
Utricularia vulgaris L. 
— minor L. 


Frimuineces 


Lysimachia vulgaris L. 
— Nummularia L. 

— nemorum L. 
Anagallis phænicea DC. 
— cærulea Lam, 
Centunculus minimus L. 
Primula officinalis Jacq. 
— suaveolens Bertol. 
— variabilis Goupil. 
— elatior Jacq. 

— grandiflora Lam. 
Androsace villosa L. 
Cyclamen europæum L. 


Giobularices. 


Giobularia vulgaris L. 
— cordifolia L. 
—— nudicaulis L. 


Plantaginées. 


Plantago major L. 
— media L. 

— lanceolata L, 

— alpina L. 

— serpentina Vili, 
— arenaria W. et K. 
— Cynops L. 


Amaranítaceées. 


Amarantus retroflexus L. 
— Blitum L. 
Polycnemum arvense L. 
-- majus R. Br. 
Chenopodium hybridum L. 
— album L. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. Lxxxul 


Chenopodium polyspermum £L. 


— Bonus Henricus L. 
Bütum virgatum L. 

Atriplex hortensis L. (cult.). 
— patula L. 


Poly gonées. 


Rumex obtusifolius L. 

— conglomeratus Schreb. 

— crispus L, 

— sanguineus L. 

— Acetosa L. 

— Acetosella L. 

Polygonum amphibium L. 

— lapathifolium L. 

— nodosum Pers. 

— Persicaria L. 

— dubium Stev. 

— Hydropiper L. 

— aviculare L. 

— microspermum Jord. 

— agrestinum Jord., 

— rurivagum Jord. 

— Convolvulus L. 

— dumetorum L. 

— Fagopyrum L. (cult.). 
Thymélées. 

Stellera Passerina L. 

Daphne Laureola L. 

— Mezereum L. 

— alpina L. 
Santalacées. 


Thesium pratense Ehrh. 
— alpinum £L. 
Eléagnées. 
Mippophaé rhamnoides L. 
Aristolochiées. 
Asarum europæum L. 
Euphorbiacées. 
Euphorbia dulcis L. 
stricta L. 
platyphyllos L. 
Helioscopia L. 
Cyparissias L. 
exigua L. 
falcata L. 
Peplus L. 
amygdaloides L. 
Buxus sempervirens L. 
Mercurialis annua L. 
— perennis L. 


Urticées. 
Parielaria erecta M. et K. 


Pr) 


Urtica urens L, 

— dioica L. 

Cannabis sativa L. (cult. ). 
Humulus Lupulus L. 
Ulmus campestris L. 

— suberosa Koch. 

— montana Smith. 


Juglandées. 
Juglans regia L. (cult ). 
C€upuliferes. 


Fagus silvatica L. 
Corylus Avellana L. 
Carpinus Betulus L. 
Castanea vulgaris Lam. 
Quercus pubescens Willd. 
— sessiliflora Smith. 

— pedunculata Lam. 


Salicinées. 


Salix alba L. 

— P. vitellina. 
babylonica L. (cult.). 
amygdalina L. 

— a. discolor Godet. 
purpurea £L. 
Pontederana Willd. 
daphnoides Vill. 
Seringeana Gaud. 
incana Schrank. 
nigricans Fries. 

— 2. leiocarpa Godet. 

— ß. eriocarpa Godet. 
cinerea L. 
caprea L. 
grandifolia Seringe. 
aurita L. 

— repens L. 
Populus fastigiata Poir, (cult.). 


EIL ER EEUU UE OL GL 1g 


Bétulinées, 


Betula alba L. 
Alnus glutinosa Garin, 
— incana DC. 
— viridis DC. 
Platanées. 
Platanus occidentalis L. (cult.). 
, Conifères. 


Juniperus communis L. 
Taxus baccata L. (cult.). 
Pinus silvestris L. 

Abies excelsa DC. 

-— pectinata DC. 


LXXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Alismacées. 
Alisma Plantago L. 


Joncaginées, 


Iriglochin palustre L. 


Potamées. 


Potamogeton natans L. 
— fluitans Rəh. 

— densus L. 

— oppositifolius M. e’ K. 
— crispus L. 


Aroïdées. 
Arum vulgare Lam. 
—  — p. maculatum. 
Typhaeéces. 


Typha latifolia £L. 

— minima Hoppe. 

— gracilis Jord. 
Sparganium ramosum Huds. 
— simplex Huds. 

— minimum Fries, 


Lemnacées. 


Lemna minor L. 


Orchidées. 


Orchis Morio L. 
— ustulata L. 
— Simia L. 

— galeata Lam, 
— fusca Jacq. 
— mascula L. 
— globosa L. 

— palustris Jacq. 
— sambucina L. 
— latifolia L. 

— incarnata L. 
— Traunsteineri Koch. 
— maculata L.. 


Anacamptis pyramidalis Rich. 


Gymnadenia conopea Rich. 
— odoratissima Rich. 

— albida Rich. 

Platanthera bifolia Rich. 

— chlorantha Cusi. 

— viridis Lindl. 

Ophrys muscifera Huds. 

-— aranifera Smith. 

— arachnites Rich. * 
— apifera Huds. 


Herminium Monorchis R. Br. 


Nigritella angustifolia Rich. 
— nigro-conopea Rchb. 
Limodorum abortivum Sw. 


Epipactis latifolia 41/. 

— rubiginosa Gaud. 

— palustris Crantz. 
Cephalanthera pallens Rich. 
— ensifolia Rich. 

— rubra Rich. 

Neottia Nidus avis Rich. 
Spiranthes æstivalis Rich. 
— autumnalis Rich. 
Listera ovata R. Pr. 
Goodyera repens R. Br. 
Liparis Læselii Rich. 
Coralliorrhiza innata R. Br. 
Cypripedilum Calceolus L. 


Iridéces., 


Iris Pseudacorus L. 

— germanica L. 
Gladiolus segetum Gawl. 
Crocus vernus All. 


Amaryllidces. 


Narcissus poéticus £L. 
— biflorus Curtis. 

— Pseudonarcissus L. 
Leucoium vernum L. 


Asparagces, 


Asparagus oflicinalis L. 
Paris quadrifolia L. 
Convallaria verticillata L. 
Polygonatum vulgare Desf. 
— multiflorum All. 

— maiale Ail. 
Maianthemum bifolium DC, 
Ruscus aculeatus L. 


Diosrorées. 
Tamus communis L. 
Liliacées. 


'Tulipa silvestris L. 

Lilium Martagon L. 
Erythronium Dens canis L. 
Ornithogalum nutans L. 

— angustifolium Bor. 

— pyrenaicum L. 

Gagea arvensis Schult. 
Scilla bifolia L. 

Muscari racemosum Mill. 
— comosum Mill. 

Allium ursinum L. 

— acutangulum Schrad, 
— sphærocephalum L. 

— oleraceum L. 

— carinatum L. 

— flexifolium Jord. 
Phalangium ramosum Lam. 
— Liliago Schreb. 


SESSION EXTRAORDINAIRE 
€oichicacées, 


Colchicum autumnale L. 
Tofieldia palustris Huds. 


Joneées. 


Juncus effusus L. 

— glaucus Willd. 
— conglomeratus L. 
— obtusiflorus Ehrh. 
— lamprocarpus Ehrh. 
— alpinus Vill. 

— compressus Jacq. 
— bufonius L. 
Luzula pilosa Willd. 
— flavescens Gaud. 
— nivea DC. 

— maxima DC. 

— multiflora Lej. 
— campestris DC. 


Cypéracées. 


Cyperus flavescens L. 

— fuscus L. 

Schænus nigricans L. 
Cladium Mariscus R. Br. 
Heleocharis palustris R. Br. 
— acicularis R. Br. 
Scirpus setaceus L. 

— pauciflorus Light. 

— lacustris L. 

— Tabernæmonlani Gmel. 
— silvaticus L. 

— compressus L, 
Eriophorum latifolium Hoppe. 
— angustifolium Roth. 

— vaginatum L. 

Carex hirta L. 

— f. glabra Gaud. 
paludosa Good. 
ampullacea Good. 
vesicaria L. 
silvatica Huds. 
distans L. 
fulva Good. 
Hornschuchiana Hoppe. 
flava L. 
lepidocarpa Tausch. 
OEderi Ehrh. 

—. ß. elatior Gaud. 
tenuis Host. 
sempervirens Vill. 
pallescens L. 
maxima Scop. 
glauca Scop. 
panicea L. 
nitida Host. 


IIITITIPIELETT IE RE 


A ANNECY, AOUT 1866. 


Carex alba Scop. 

— ornithopoda Wi!l4. 
— digitata L. 

— gynobasis Vill. 
— humilis Leyss. 

— præcox Jacq. 

— montana L. 

— tomentosa L. 

— vulgaris Fries. 
— stricta Good. 

— remota L. 

— stellulata Good. 
— leporina L. 

— paniculata L. 

— muricata L. 

— vulpina L. 

— Davalliana Smith. 
— dioica L. 


Graminées. 


Andropogon Ischæmum ZL. 
Cynodon Dactylon Rich. 
Setaria glauca P. Beauv. 
— viridis P. Beauv. 


— italica P. Beauv. (cult.). 


Panicum sanguinale L. 
— glabrum Gaud. 

— Crus galli L. 

Leersia oryzoides Sw. 
Phalaris arundinacea L. 
Anthoxanthum odoratum L. 
—  — f. villosum Rchb. 
Phleum pratense L. 

— intermedium Jord. 

— nodosum Gaud. 

-— alpinum L. 

— Bæhmeri Wib. 
Alopecurus agrestis L. 
Sesleria cærulea Ard. 


Calamagrostis Epigeios Roth. 


— littorea DC. 

— montana DC. 

Agrostis alba L. 

— gigantea Gaud. 

— vulgaris With. 

— pumila Gaud. 

— canina L. 

Apera Spica venti P. Beauv. 
— interrupta P. Beauv. 
Stipa pennata L. 


Lasiagrostis Calamagrostis Link. 


Milium effusum L. 


LXXXV 


Deschampsia cæspitosa P. Beauv. 


— flexuosa Griseb. 
Avena fataa L. 


— sativa L. l (cult.). 


— orientalis Schreb. 
— pubescens L., 


LXXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Avena pratensis L. 
Arrhenatherum elatius M. et K. 
— bulbosum Gaud. 
Trisetum flavescens P. Beauv. 
Holcus lanatus L. 

— mollis L. 

Kæleria cristata Pers. 
Glyceria fluitans R. Br. 

— plicata Fries. 

Poa annua L. 

alpina L. 

— f. brevifolia G.G. 
buibosa L. 

— f. vivipara. 
compressa L. 
trivialis L. 
pratensis L. 
angustifolia L. 
nemoralis L. 

— f. rigidula Gau. 
Eragrostis pilosa P. Beauv. 
— megastachya Link. 
Briza media L. 

Melica nutans L. 

— uniflora Retz. 

— nebrodensis Parl. 
Dactylis glomerata L. 
Molinia cærulea Mænch. 
Triodia decumbens P. Beauv. 
Cynosurus cristatus L. 
Scleropoa rigida Griseb. 
Vulpia ciliata Link, 

— Pseudomyuros Rchb. 
Festuca ovina L. 

— tenuifolia Sibthorp. 

— duriuscula L. 

— glauca Lam. 

— heterophylla Lam. 

— silvatica Vill. 

— pratensis Huds. 

— arundinacea Schreb. 

— gigantea Vill. 
Brachypodium silvaticum Rom. el Sch. 
— pinnatum Hom. et Sch. 
Gaudinia fragilis P. Beauv. 
Bromus sterilis L. 

— tectorum L. 

— erectus Huds. 

— asper L. 

— mollis L. 

— commutatus Schrad. 
— arvensis L. 

Elymus europæus L. 
Hordeum vulgare L, 

— hexastichum r (cult.). 
— distichum £L. | 

— murinum L. 

— secalinum L. 

Secale cereale L. (cult. ). 


EL IE EI 


Triticum vulgare L. | 
— hybernum L. 

—- efans L. Rut). 
— monococcum L. 
Agropyrum caninum Ræm. et Sch. 
— repens P. Beauv. 

— campestre G.G. 

Lolium perenne L. 

— strictum Presl. 

— multiflorum L. 

— temulentum L. 

— arvense Wither. 

Nardurus tenellus Rchb. 

Nardus stricta L. 


Équisétacées. 


Equisetum arvense L. 

— Telmateia Ehrh. 

— silvaticum L. 

— palustre L. var. polystachyon. 
— paleaceum Schleich. 

— variegatum Schleich. 

— hiemale L. 


Lycopodiacées. 


Lycopodium clavatum L. 
— Selago L. 
Selaginella spinulosa Al. Br. 


Fougères, 


Botrychium Lunaria Sw. 
Ceterach officinarum C. Bauh. 
Polypodium vulgare L. 

— Phegopteris L. 

— Dryopteris L. 

— Robertianum Hoffm. 

— alpestre Hoppe. 

Aspidium Lonchitis L. 

— aculeatum Dæll. 

—  — a. vulgare G.G. 

—  — fp. angulare G.G. 
Polystichum Oreopteris DC. 
— spinulosum DC. 

— Filix mas DC. 

— rigidum DC. 

Cystopteris fragilis Berhn. 
Asplenium Filix femina Berhn. 
— Halleri DC. 

— viride Huds. 

— Trichomanes L. 

— Ruta muraria L. 

— Adiantum nigrum L. 

— septentrionale Hoffm. 
Scolopendrium officinale Smith. 
Blechnum Spicant Sw. 

Pteris aquilina L. 


0 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 4866. LXXXVII 


Characées, 


Nitella capitata 4g. 

— opaca Ag. 

— polysperma Al. Br. 
— glomerata Ag. 
Chara feetida Al. Br. 
— coarctata Walim. 
— hispida L. 

— fragilis Desv. 

— aspera Willd. 

— pulchella Willd. 


Lichens (1). 


Synalissa Acharii Trev. 

— salevensis Mueller Arg. 
Omphalaria botryosa Nyl. 

— Heppii Mueller. 

Polychidium muscicola Mass. 
Leptogium subtile Nyl. 

— lacerum Fries. 

— pulvinatum Korb. 

— Schraderi «, muscicola Hepp. 
Mallotium tomentosum Korb. 

— Hildenbrandii Korb. 

Physma Muelleri Hepp. 

— compactum Mass. 

Collema turgidum Ach. 

—- Laureri Korb. 

— multipartitum Sm, 

— flaccidum Ach. 

— nigrescens Ach. 

—  — a. conglomeratum Seher. 
— multifidum Schor. 

—  — a, jacobeæfolium Scher. 
—  — f. polycarpon Scher. 
— furvum Ach. 

. — microphyllum Ach. 

— plicatile Ach. 

— granosum Korb. ; 

—  — a. auriculatum Scher. 
—  — f. ceranoides Scher. 
— multiflorum Hepp. 

— pulposum Ach. 

—  — a, vulgare Scher. 

— crispum Ach. 

Calicium trabinellum Ach. 

— minimum Hepp. 

— cladoniscum Schleich. 

— hyperellum Schær. 

— trachelinum Ach. 

— nigrum z. curtum Schær. 
— phæocephalum a. chorellum Scher. 


Calicium trichiale Ach. 
-—— — a, filiforme Scher. 
— stemoneum Schær. 
— brunneolum Fries. 
Coniocybe furfuracea Ach. 
Cladonia macilenta Hoffm. 
—  — æ bacillaris Scher. 
— digitata Schær. 

— endiviæfolia Fries. 

— alcicornis Flk. 

— pyxidata Fries. 

—  — a. simplex. 

—  — fp. scyphosa marginalis. 
— fimbriata Hoffm. 

— — a. scyphosa prolifera. 
— — f. radiata Fries. 

—  — y ochrochlora Scher. | 
— furcata Hoffm. 

—  — «. racemosa. k 
—  — s.-v. squamulosa Schaer. 
—  — f. recurva Florke. 
—  — sS.-v. muricata Nyl. 
— — y. subulata Scher. 
— squamosa Hoffm. 

— — 9. microphylla Schær. 
— — f. fungiformis Scheer. 
— delicata Fik. 

— rangiferina Hoffm. 

— silvatica Hoffm. 

— alpestris Schær. 

Bæomyces rufus DC, 

— — a. carneus Nyl. 

— roseus Pers. 

— — &. coccodes Fries. 
Usnea barbata Fries. 

— — a florida Schær. 

— — fp. hirta Fries. 

— — y. plicata Schær. 

—  — S.-Y. erecta. 

—  — À, dasypoga Ach. 
Alectoria jubata Ach. 

— — a. chalybeiformis. 

—  — f. prolixa Ach. 

— — y. cana Ach. 
Ramalina fraxinea. 

—  — a. ampliata Schær. 

— — B. fastigiata Korb. 

— farinacea Ach. 

— pollinaria Ach. 

—  — a. rupestris Flœrke. 
Evernia divaricata Ach. 

— Prunastri Ach. 

— furfuracea Mann. 


(1) Les Lichens du Saléve et du bassin de Saint-Julien, dont nous avons fait unë élude 
particulière, sont extrêmement nombreux, à cause de la grande variété des terrains que 
l'on rencontre tant sur le Salève que sur le Mont-Sion, et dans la plaine qui relie le 


Saléve à la montagne du Vuache. 


LXXXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Anaptychia ciliaris Kærb. 


Cetraria islandica z. vulgaris Scheer. 


— juniperina z. Pinastri Scher. 
— glauca dch., 
Umbilicaria pustulata Hoffm. 
Gyrophora cylindrica Kærb. 
— hirsuta Ach. 
— pellita Ach. 
— polyphylla Rabenh. 
— flocculosa Kerb. 
—  — f. cribrata. 
Nephroma lævigatum Ach. 
—  — a. parile. 
— tomentosum a. fuscum Ach. 
Peltigera aphthosa Ho/fm. 
— canina Hoffm. 
— rufescens Hoffm. 
— — a. crispa Ach. 
— Neckeri Hoppe. 
— polydaclyla Hoffm. 
— horizontalis Hoffm. 
Solomia saccata Ach. 
—  — a. lutescens Scher. 
— — f. limbata Schar. 
Sticta pulmonacea Ach. 
— silvatica Ach. 
Parmelia perlata Ach. 
—  — a. opaca Mueller, 
— dubia Schær. 
— tiliacea Ach. 
—  — a. saxicola Mueller. 
— saxatilis Ach. 
—  — s.-v. sorediosa. 
—  — s.v. isidioidea Kremp. 
—  — a. panniformis Schær. 
— physodes Ach. 
—  — v. tubulosa. 
— encausta z. atro-fusca Schar. 
— caperata Ach. 
—  — a. saxicola, 
— conspersa Ach. 
—  — a. stenophylla Mueller. 
— diffusa Wallr. 
— Acetabulum Fries. 
— olivacea Ach. 
—  — a, leucocheila Mass. 
—  — fp. collematiformis Hepp. 
— — *.aspera Mueller, 
— dendritica Schær. 
— stygia Ach, 
(Physcia) parietina DNtrs. 
— — a. imbricata Mass. 
— controversa Mueller, 
— -— a, lychnea Mueller. 
— candelaria Nyl. 
(Lobaria Næg.) pulverulenta. 
— — a. allochroa Schær. 
— — f. angustata. 
— "T. grisea. 


Lobaria Næg.) stellaris Muel'er. 

— a. melanophthalma. 

— 5b. ambigua. 

— y. tenella. 

cæsia Hoffm. 

— a. atro-cinerea. 

obscura Mueller. 

— a. chlorantha Mueller. 

- B. muscicola Mueller. 

— Y agglutinata Mueller. 
. saxicola Mueller. 

— sç. cycloselis Mueller. 

— s.-v. ciliata Mueller. 

— t. virella Mueller. 

Pannaria triptophylla Nyl. 

Heppia agglutinata Mass. 

Psoroma gypsaceum Hepp. 

— crassum Hepp. 

— lentigerum Mass. 

— fulgens Hepp. 

Placodium radiosum Mueller. 

saxicola Mueller. 

— a. albescens Mueller. 

— $. albo-pulverulentum Kærb. 

galactinum Karb. 

glaucocarpum Korb. 

castaneum Kærb. 

— z. leucospora Kærb. 

smaragdulum Mueller. 

elegans Hepp. 

Callopisma Mueller (sub Amphiloma). 

Heppianum Mueller. 

murorum Hepp. 

— a. lobulatum Kærb. 

pusillum Mueller. 

cirrochroum Karb. 

— granulosum Mueller. 

— citrinum Hepp. 

— aurantiacum Hepp. 

— — a. flavo-virescens. 

— — f. placidium. 

Psora oreina Næg. 

— decipiens Mass. 

— lurida Fries. 

— testacea Kærb. 

Thalloidima vesiculare Mass. 

— — a. teretocarpum Mass. 

— candidum Mass. 

— Boissieri Mueller. 

Lecanora pallescens Scher. 

— — a parella Scher. 

badia 4. major Scher. 

atra Scheer. 

intumescens Rabenh. 

— a. polycarpa Hepp. 

subfusca Ach. 

— a. vulgaris Schær. 

— f. distans Scher. 

— y. chlarona Ach, 


PÉLL) be, 1] 
| 


LÉLII PIE FT 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. LXXXIX 


Lecanora subfusca 9. argentea Korb. 
— — s. campestris Scheer. 

— Sambuci Nyl. 

— Hageui Nyl. 

— — oc. umbrina Mueller. 
— — $.-w. saxicola Mueller. 
— — B. lithophila Korb. 
— cæsio-alba Korb. 

— pallida Scher. 

— — 4, angulosa Scher. 
— sulfurea Ach. 

— cenisia Ach. 

— rimosa æ. sordida Scher. 
— — B. varians Hepp. 

— elacista Mass. 

— — s.-v, variolosa Mass. 
— coracina Hepp. 

— cinerea Schar. 

— — a, vulgaris Scher. 
— — f. alba Mueller. 

— — y ochracea Mueller. 
— ocellata Ach. 

— — z. cæcula Hepp. 

— calcarea Ach. 

— — &. concreta Schar. 
— — D. farinosa Hepp. 

— — y. contorta Hepp. 

— mutabilis Nyl. 

— verrucosa Laurer. 

— rubra Schær. 

— — a. muscicola Mueller. 
— ventosa Scherer. 

— vitellina. 

— — a, citrina Scheær. 
Urceolaria scruposa Ach. 

— — s.-v. isidioidea Ach. 
— — a4, bryophila Scheer. 
— — f. cretacea Scher. 
Caloplaca cerina Th. Fr. 

— — v., chlorina Mueller. 
— stillieidiorum Th. Fr. 

— — a. Ehrharti Th. Fr. 
— arenaria Mueller. 

— variabilis Mueller. 

— — a. albescens Mueller. 
— — s,.-v. acrustacea Mueller. 
Rinodina leprosa Mass. 

— horiza Mueller. 

— alro-cinerea Karb. 

— metabolica +, exigua Korb. 
— Bischoffii Korb. 

— — a. confragosa Hepp. 
Lecania proteiformis Mueller. 
— — z. Rabenhorstii Mueller. 
— turicensis Mueller. 

— fuscella Mass. 

Biatora decolorans Fries. 

— fuliginea Korb. 

— Kochiana a. arenosa Hepp. 


Biatora atro-fusca Hepp. 

— alba Hepp. 

tabescens Kærb. 

aitema a. sepincola Hepp. 
maculiformis Mueller. 
polytropa Scher. 

— a. livida Scher, 
pungens Kærb. 

rupestris Ach. 

— a. calva Rabenh. 

— fp. incrustans Rabenh. 
Flotowiana Mueller. 
immersa æ. calcivora Hepp. 
similis Mueller. 

Prevostii Rabenh. 
enteroleuca Hepp. 

— s.-v. pulveracea Mueller. 
— a, rugulosa Hepp. 

— p. tumidula Hepp. 
insularis Mueller. 

spilota Mueller. 
albo-cærulescens a. alpina Mueller. 
pruinosa æ. oxydata Flw. 
goniophila Hepp. 

— a. atro-sanguinea Mueller. 
— s.-v. acrustacea Mueller. 
ochracea v. atro-fusca Mueller. 
sabuletorum Mueller. 
fumosa Ach. 

— a. nitida Hepp. 

— f. grisella Mueller. 
contigua «. vulgaris Næg. 
confluens Ach. 

— s.-v. oxydata Mueller. 
— a. steriza Mueller. 
platycarpa Mueller. 

jurana Mueller. 

Hampeana Hepp. 

crustulata Hepp. 

— a. macrospora lepp. 
silvicola Mueller. 
myriosperma Mueller. 
privigna Mueller. 

— 2o. strepsodinea Mueller. 
æruginosa Hepp. (Patellaria Mueller). 
anomala Hepp. 

minuta Næg. 

— Pineti Hepp. 

atro-purpurea Hepp. 
globulosa Hepp. 

synothea Hepp. 

holomelæna Hepp. 

— a. chalybeia Hepp. 
lutosa Hepp. 

corallinoides Rabenh. 

fusca Hepp. 

cinerea Hepp. 

ligniaria Hepp. 

Muscorum Hepp. 


EE PRE A ill III LL T] 


LIFELEEFRIM 


XC SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Biatora Nægelii Hepp. 

— thelotremoides Korb. sub Secoliga. 
protuberans Hepp. 

— a, mamillata Hepp. 
salævensis Mueller. 

aulinis Hepp. 

rubella Hepp. 

cæsia Hepp. 

atro-sanguinea Hepp. 
incompta Hepp. 

pezizoides Hepp. 

— — a. viridescens Hepp. 
Thelotrema clausum Scher. 
Gyalecta truncigena Hepp. 

— lecideopsis Mass. 

— cupularis Scher. 

Lecidea luteo-alba Scher. 

— — s.-v. saxicola Scher. 
ferruginea Ach. 

— a4. erysibe Mass. 

— f. festiva. 

punctata, 

— æ. parasema Schær. 

— f. saprophila Kærb, 
punctiformis Hepp. 

saxatilis Næg. 

Dubyana Hepp. 

Dubyanoides Hepp. 

cupreola Mueller (sub Buellia). 
badio-atra a. fusco-atra Næg. 
albo-atra Fries. 

— æ. populorum Nyl. 

— f. epipolia Schær. 
calearea Hepp. 

— 2. Weisii s.-v. tuberculosa Scheer. 
confervoides «. atro-alba Scher. 
atro-alba Næg. 

— s.-v. protothallina Mueller. 
petræa Schær. 

— æ. pusilla Hépp. 
geographica a. contigua Schær. 
— f. atro-virens Scheer. 

— y. alpicola Scher. 
Hookeri Schær. 

Pertusaria communis DC, 

— — a. variolosa. 

— leioplaca Scheer. 

— — 4. Juglandis. 

— — s.-v. variolosa. 

— rupestris Scher. 

Graphis scripta Ach. 

— — a. limitata Scheer, 

— — f. recta Scher. 

— — Y. pulverulenta Pers. 

— — Ò. abietina Scher. 

— — s. serpentina Schær. 
Opegrapha alra Fries. 

— — p. stenocarpa. 

— — 8.-v. tenera Hepp. 


ITTE) 


ET ILE ET IEEE EI I | 


Opegrapha vulgaris Ach. 
— herpetica Ach. 
— — a. fuscata Schær. 
— notha Ach. 
— varia Ach. 
— — æ. lichenoides Schær. 
— — s.-v. chlorina Mueller. 
— — f. pulicaris Schær. 
— — Y rimalis Scher. 

. diaphura Scher. 
— — t, tigrina Leight. 
— rupestris Fries. 
— saxatilis Korb. 
— Smithii Leight. 
Micaræa prasina Fries. 
Xylographa parallela Fries. 
Coniocarpon gregarium Seher. 
Arthonia sordaria Korb. 
— astroidea Hepp. 
— fusca Hepp. 
— exilis Anzi. 
— — a. macrospora Mueller. 
Lenormandia Jungermanniæ Del. 
Endocarpon miniatum Ach. 
— — c. umbilicatum Scher. 
— — D. complicatum Schær. 
— — y. monétrosum Schær. 
— — ò. ochraceum Mueller. 
— rufescens Ach. 
— pusillum Ach. 
— — a. Hedwigii Schær. 
— cinereum Scher. 
— urceolatum Scher. 
Endocarpidium Custnani Mueller. 
Verrucaria epigæa Ach. 
— nigrescens Pers. 
— — a. acrotella Mueller. 
— — f. umbrina Mueller. 
— — y. mauríoides Mueller. 
— catalepta Scheær. 
— fuscella Schær. 
—  glaucina Ach. 
— lecideoides Hepp. 
— tristis Kremp. 
— viridula Scher. 
— cærulea Scheer. 
— veronensis Møss. 
— baldensis Kremp. 


hyascens Ach: 
rupestris Schrad. 
caleiseda Ach. 
Dufourei DC. 
cinereo-rufa Schær. 
limitata Kremp. 
maculiformis Kremp. 
— a. acrotella Hepp. 
papillosa Ach. 
sphinetrina Mueller. 
albissima Scheer, 


SESSION EXTRAORDINAIRE A 


Verrucaria epidermidis. 

— — a. grisea Schær. 
— — f. cerasi Schar, 
Sagedia Muscorum Mueller. 
macularis Korb. 

— z. acrotella Mueller. 
saxicola Kremp. 
persicina Korb. 
Borreri Næg. 

conoidea Hepp. 
spectabilis Hepp. 
umbrosa Mueller. 
amylacea Mueller, 


LEIF ETATE 


Polyblastia Schæreriana Mueller. 


— Hegetschweileri Mueller. 
— rugulosa Mass. 

— sepulta Mueller. 

— intercedens Kremp. 

— rupifraga Mass. 


ANNECY, AOUT 1866. 


Pyrenula carpinea Schær. 
— netrospora Næg.» 

— punctiformis Hepp. 
— — a. analepta Hepp. 
— — fp. vera Hepp. 
— — y. lactea Hepp. 
— — 9. atomaria Hepp. 
— Coryli Mass. 

— Heppii Næg. 

— Tremulæ Hepp. 

— nitida Schær. 

— — æ. major Sehr. 
— — f. nitidella. 

— glabrata Mass. 

— Jleucoplaca Mass. 


— -— v., chrysoleuca Korb. 


— submorsa Schær. 
Lepra incana Wigg. 
— botryoides DC. 


XCT 


Microglæna Wallrothiana Kærb. — flava Ach. 
Pyrenula gem m ata Aug, | — lactea DC, 
— minuta Næg. | — — leiphæma DC. 
— olivacea Pers. | — virescens Sm. 


M. Bouvier dit qu'il est depuis quinze ans en possession d'un ma- 
nuscrit de M. J. Gay, contenant la relation d'un voyage dans les 
Alpes; il offre de le communiquer à la Société. 


M. Manceau, secrétaire, communique à la Société les notes sui- 
vantes, de la part de M. Anjubault, conservateur honoraire de la 
bibliothèque du Mans : 


LE CAREX MICROSTACHYA Ehrhart, par MI. ANJ UBAULT. 


(Le Mans, 4* août 1866.) 


Au commencement du printemps de 1860, nous recueillions sur les bords 
vaseux et herbeux d'un étang de la commune du Breil, canton de Montfort, 
à 21 kilomètres à l'est du Mans, un Carez que son aspect insolite nous fit re- 
marquer parmi ses congénéres, les C. dioica, divisa, muricata, etc. La déter- 
mination spécifique en resta fort incertaine. Transplanté dans une terre trop 
sèche, il languit pendant plusieurs mois. Mis en pot en octobre dans un ter- 
rain fort humide et souvent submergé, il reprit peu à peu de la vigueur ; les 
feuilles et les tiges florales devinrent abondantes, la fructification progressa et 
promit des facilités à l'étude. Voici les caracteres du sujet que nous avons 
observé : 
= Racine fibreuse, dense, brune. Feuilles d'un vert intense, paraissant 
filiformes, striées finement, carénées en dessous, canaliculées en dessus, 
réunies par fascicules de 3 à 5, ayant à peine un millimètre de largeur, 


XCIT SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


et dépassant rarement la hauteur des chaumes moyens qui les surmontent 
le plus souvent de moitié. Tige roide, nue, haute de 16 à 26 centimètres, 
épaisse d'un millimètre, à peu près cylindrique, verdâtre, finement striée, 
pointillée de blanc. Épi cylindrique, long de 10 à 15 millimètres, épais de 
2 à 3, composé de 3 (rarement de ^) épillets sessiles, rapprochés, sans 
bractées saillantes; le terminal deux ou trois fois plus long que les autres, 
androgyne, mâle au milieu, notablement femelle au sommet, faiblement à la 
base; les derniers beaucoup plus petits et quelquefois tous femelles ; épillets 
d'une couleur verdâtre mélangée de brunâtre; écailles à nervure médiane 
verte, marquée de brun sur les cótés, scarieuses sur les bords. Deux stigmates 
assez allongés. Étamines dépassant à peine les écailles. Utricules petits, appli- 
qués, ovales-allongés à bec bifide, d'un vert livide, concaves en dedans, peu 
convexes en dehors, à surface peu lisse, bordés latéralement d'un bourrelet 
vert, montrant quelques rudiments de denticules. Akènes non développés, 
absents peut-être, quoique la floraison ait eu lieu en mai; ce fait, s'il était 
reconnu constant, rendrait la plante suspecte d'hybridité. 

ze Carex, dont les feuilles et les chaumes ont les plus grands rapports avec 
ceux du C. dioica, ne nous a pas paru cité dans les flores françaises dont nous 
disposions. Nous l'avons soumis à l'examen du savant botaniste d'Angers, 
M. Boreau, qui l'a reconnu pour le Carex microstachya Ehrhart, plante 
dont il possède des échantillons desséchés. Chr. Schkuhr, dans son Æistoire 
des Carex, dont là traduction a été faite et publiée à Leipzig en 1802, a 
décrit et figuré, sous ce méme nom, un Carez qu'il n'avait pas vu vivant 
et qui lui venait des environs d'Upsal, en Suède. On aperçoit assurément 
entre la plante suédoise et notre Cypéracée d'intimes ressemblances. Mais 
il y a aussi quelques différences sur la valeur desquelles il est sage d'appeler 
l'attention des botanistes. Ainsi, chez nos exemplaires originaires du Breil, le 
chaume strié est plutôt cylindrique que triquètre. Les feuilles sont trop 
étroites, épaisses et canaliculées pour être dites linéaires. La couleur de l'épi 
est vert pâle et non pas jaune-soufre. Enfin l'akéne demande une confrontation 
sévère ; si la stérilité remarquée dans plusieurs des utricules persistait, la 
solidité de l'espece en serait ébranlée. 

Il est probable que l'introduction de cette espèce est due à quelque oiseau 
voyageur (canard ou autre), qui en aura rejeté les akènes dans nos marécages 
sans les avoir digérés. Dans ce cas, la stérilité que montre l'espèce dans la 
Sarthe pourrait étre attribuée à ce que notre climat ne lui convient pas. 


LE GUI DU CHÊNE, par M. ANJUBAULT. 


Quelques écrivains ont agité depuis peu, dans la presse, la question de savoir 
si le Gui commun est un parasite du Chéne de nos foréts francaises. Le 
fait n'est indifférent ni pour les antiquaires ni pour les botanistes. TI était 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. XCI 


permis de douter que cette plante, si commune sur les Pommiers, les Peu- 
pliers, etc., fût celle que les Druides, à l'occasion de leurs cérémonies reli - 
gieuses, allaient cueillir sur les Chênes, où elle est aujourd'hui d'une rareté 
surprenante. Quoi qu'il en soit, il a été fait à ce sujet, dans les foréts de la 
Sarthe, d'actives recherches restées infructueuses. 

Si la Loranthacée historique ne croit pas sur les Chénes de notre département, 
nous sommes parvenu, aprés de nombreuses sollicitations, à acquérir une forte 
présomption qu'elle se rencontre prés de nous sur ceux de l'Orne. Il y a 
environ un mois, M. de la Vingtrie, chef du cabinet de M. le Préfet, nous a 
remis obligeamment un rameau de Gui implanté sur une petite branche que, 
de concert avec notre savant confrére M. Manceau, nous avons reconnue pour 
provenir d'un Chéne. L'honorable donateur l'avait recu cinq à six semaines au- 
paravant de l'honnéte facteur d'un marchand de bois, qui affirme l'avoir pris sur 
un Chêne de la commune de Courgeout prés Mortagne; il est donc probable 
qu'on fera une trouvaille analogue aux environs de Mamers, et sur le territoire 
de notre belle forêt de Perseigne. 

Notre échantillon de l'Orne, qui nous est arrivé desséché, est dépourvu de 
baies et de fleurs; rien encore n'y présageait le développement de pédon- 
cules. Il sera déposé au musée communal afin d'y contribuer à éclaircir les 
doutes qui pourraient naître sur sa détermination. 

En effet, M. F. Hæfer annonçait dernièrement qu'un exemplaire de Gui re- 
cueilli sur un Chêne par M. Dessaint, de Chàlon-sur-Saóne, muni de baies 
et de fleurs à périanthe sexfide, pédonculées, est le Loranthus europæus. I 
ajoute que cette plante parasite a été généralement confondue avec le Viscum 
album, dont les organes de fructification sont fort différents (1). Si notre dé- 
couverte confirmait l'opinion de M. Hofer, il y aurait là une nouvelle et 
intéressante conquéte pour la flore sarthoise. 


M. Eug. Fournier demande la parole et s'exprime en ces termes : 


Messieurs, 


Notre honorable vice-président, M. le docteur Bouvier, rappelé à Annecy 
par les impérieuses exigences de la profession médicale, nous quitte ce soir, 
ne sachant s'il pourra nous revenir. Il le regrette profondément, et personne 
parmi nous ne le regrette moins que lui. Aussi suis Je certain d’être l'inter- 
prete de la Société tout entière en priant M. Bouvier d'agréer l'expression de 


(1) M. F. Hefer a publié ses remarques dans le journal l'Hlustration, du samedi 
26 mai 1866, page 330 du 47° volume, n° 1213. — Il répond à des articles insérés 
antérieurement dans des numéros du méme journal de la même année. Suivant lui, le 
Gui aurait été trouvé sur le Chêne par M. Perron prés de Vesoul, par M. Lacour dan: 
l'Yonne, et pr M. Cuvier à Constantine. r 


XCIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
sa vive gratitude pour le dévouement éclairé avec lequel il à jusqu'ici dirigé 
ses excursions et partagé ses travaux. 


Et la séance est levée à dix heures du soir. 


Le 15 août, la Société s’est divisée en deux groupes. L'un, sous 
la direction de MM. Hénon et E. Cosson, a exploré le Brizon, le 
Vergy et le Méry, et, après trois jours passés dans les montagnes 
qui bordent la rive gauche de l'Arve, est redescendu à Sallanches, 
le 47 à six heures du soir. L'autre s'est rendu directement en 
voiture de Bonneville à Sallanches; plusieurs des membres qui le 
composaient ont fait, sous la direction de M. V. Personnat, une 
excursion de deux jours sur la rive droite de l’Arve, aux pâturages 
de Flaine et au. Haut-de-Véron (voyez plus bas les rapports de 
MM. N. Doümet et Eug. Fournier sur ces fructueuses herbori- 
sations). 

Le 47 au soir, la Société se trouvait réunie à Sallanches. 


1 


SÉANCE DU i8 AOUT 1566. 


PRÉSIDENCE DE M. BOUVIER, VICE-PRÉSIDENT. 


À trois heures, M. Alexandre Curral, maire de Sallanches, vient 
en personne, accompagné des employés de la mairie, chercher à 
Phôtel du Léman les membres du Bureau de la session et les con- 
duit, escortés par le corps des sapeurs-pompiers, à l'hótel de ville 
de Sallanches, où des décharges d'artillerie annoncent l'ouverture 
de la séance. Un grand nombre d'habitants notables de la ville y 
attendaient réunis sous le péristyle, que décoraient d'élégants mas- 
sifs de verdure disposés avec art et formés des plantes les plus 
variées. Quand la Société pénétra dans la salle préparée pour la 
recevoir, elle y trouva plusieurs dames de la ville qui avaient bien 
voulu préter le charme de leur présence à la réunion; et la mu- 
sique de Sallanches, groupée dans une piéce voisine, préluda par 
une fanfare aux symphonies qu'elle fit entendre dans l'intervalle 
des communications, 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. XCV 

Sur les instances du bureau, Mer Tissot, évêque in partibus de 

Miléne et vicaire apostolique de Vizagapatam, qui se trouve mo- 

mentanément à Sallanches, veut bien accepter la présidence hono- 
raire de la séance, qui est ouverte à trois heures et demie, 


M. Curral, maire de Sallanches, prend place au bureau et pro- 
nonce le discours suivant : 


DISCOURS DE ME, CURRAL. 


Messieurs, 

Notre modeste cité tient à honneur insigne d’avoir été choisie pour une 
des principales étapes de vos pérégrinations scientifiques; elle enregistrera ce 
souvenir parmi les faits les plus précieux de ses annales. 

Soyez les bienvenus, vous qui, à l'exemple des Saussure, des Agassiz et des 
Pischner, de votre sœur la Société géologique de Frence et, ne les oublions 
pas, de nos savants officiers d'état-major, venez parcourir nos montagnes pour 
y compléter l'étude de la (lore francaise en explorant une région nouvellement 
restituée à son domaine, vous qui rendez manifeste la puissance du Créateur, 
en scrutant les mystérieuses lois d'harmonie de ce beau règne, la parure du 
globe, dont l'admirable évolution nous donne chaque année, selon l'heureuse 
devise de notre antique Société Florimontane, le beau et le bon, flores et 
fructus ; de ce beau régne auquel nous sommes tous redevables, tant profanes 
. que savants, pour avoir tous joui de sa magnificence et profité de ses dons. 

Oui, Messieurs, au nom des bienfaits de la science, au nom de la supé- 
riorité des jouissances de l'àme sur celles du corps, au nom de l'honneur de 
nos vallées, soyez chez nous les bien recus, soyez nos hótes honorés; que 
notre climat vous soit doux, que le ciel vous soit clément, que là flore de 
nos montagnes vous soit souriante, et puissions-nous mériter des disciples et 
des émules des Linné et des Jussieu, l'adieu du revoir ! 


M. Henri Blanche, secrétaire, donne lecture du procés-verbal 
de la séance du 44 août, dont la rédaction est adop{ée. 


Par suite des présentations faites dans la séance précédente, 
M. le Président proclame l'admission de : 

MM. Dumonr (François), professeur de chimie et d'histoire 
naturelle, pharmacien à Bonneville ( Haute-Savoie ), 
présenté par MM. le comte Jaubert et Bouvier ; 

Rey (Michel) neveu, avocat à Bonneville (Haute-Savoie), 
présenté par MM. Bouvier et Cosson. 


XCVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. 
M. N. Doùmet rend compte des herborisations faites pendant les 
journées des 15, 16 et 47 aoùt dans les montagnes du Brizon, du 
Vergy et du Méry : 


RAPPORT DE M. Napoléon BD21/ MET SUR LES HERPORISATIONS FAITES PENDANT 
LES JOURNÉES DES 15, 16 ET 17 AOUT DANS LES MONTAGNES DU BRIZON, DU VERGY 
ET DU MÉRY, ET DIRIGÉES PAR MM. HÉNON ET COSSON (1). 


Journée du 15 août. — Course au Brizon; passage du col dc la 
Glacière; arrivée au chalet de Cenise. 


Le ciel inclément avait contrarié nos projets, et forcé la Société à tenir le 
1^, à Bonneville, la séance annoncée pour le 15. La pluie, dont l'Arve débordée 
accusait la longue persistance, devait avoir détruit les chemins de la montagne, 
et rendu les pentes glissantes et dangereuses. Pourtant, lorsque le 15 au 
matin, nous osàmes, presque timidement, interroger l'état de l'horizon, quel- 
ques rayons de soleil, percant les nuages gris, arrivèrent jusqu'à nous trans- 
formés en rayons d'espérance, et, avec l'espoir du beau temps, le botaniste 
retrouva ses forces, son courage et son ardeur première. Telles étaient nos 
dispositions d'esprit, lorsque, aprés avoir passé au pied de la statue de Charles- 
Félix, nous suivions entre deux marais la belle chaussée grâce à laquelle, si 
l'on en croit l'inscription placée au bas de la colonne, ce prince d'auguste mé- 
moire était parvenu à dompter l'Arve terrible. 

Un certain nombre d'espèces apportées des montagnes sur les talus de la 
route par les eaux de l'Arve. (entre autres le Gypsophila repens et le Rumex 
obtusifolius L. contrastant par l'ampleur de ses feuilles avec l'aspect. des 
plantes qui l'entourent) attirérent notre attention sans ralentir notre marche, 
et moins d'une demi-heure aprés notre départ de Bonneville, nous quittions 
la belle route de Cluses et de Sallanches. 

Prenant à droite, nous passàmes au hameau de Thuet, de sinistre mémoire, 
où quelques chalets s'élévent sur l'emplacement d'une ville populeuse et ani- 
mée, soudainement détruite, vers les premières années du xv* siècle, par la 
chute des eaux d'un lac situé dans la montagne. De Thuet nous devions 
toujours monter, d'abord dans les débris pierreux et granitiques qui témoi- 
gnent encore aujourd'hui de cette terrible catastrophe, ensuite par un chemin 
creux qui côtoie le flanc de la montagne et s'élève promptement au-dessus 
d'un ravin. Cà et là, les pluies avaient fait ébouler le sentier, dont le peu de 
largeur et de solidité réclamait de nous une grande attention, sous peine de 


(1) Les renseignements consignés dans ce rapport trouveront un bien utile complé- 
ment dans l'intéressante communication de M. l'abbé Puget sur la végétation de ce beau 
groupe de montagnes, étudiée à un point de vue général d'aprés des herborisations faites 
à diverses époques de l'année. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. XCVII 


rouler à quelques centaines de pieds. Mais, le passage dangereux franchi, nos 
regards se tournaient bien vite vers la végétation charmante qui parait les bords 
du chemin. Des Cyclamen, que quelques-uns d'entre nous rapportaient à une 
espèce différente du C. europeum L., élevaient en grand nombre leurs odo- 
rantes fleurs roses, tandis que leurs feuilles cordiformes, marbrées de vert et 
de blanc en dessus, d'un pourpre foncé en dessous, s'étalaient à la. surface 
du sol; l'Asarum europæum L. y croissait en compagnie du Polygala Cha- 
mabuzus L. et du Lonicera alpigena L. Puis, sur les rochers, on obser- 
vait, végétant sur quelques détritus retenus par les Mousses, les Sedum angli- 
cum Huds. et S. atratum L., le Saxifraga Aizoon Jacq. en touffes volumi- 
neuscs, et, cà et là, de trop rares rosettes non fleuries du S. mutata L., 
l'une des plus intéressantes espèces de la Savoie. 

Aux plantes que nous venons de signaler, il convient d'ajouter les sui- 
vantes, recueillies en montant le Brizon par MM. Manceau et Ripart, qui ont 
bien voulu en fournir la liste : 


Ranunculus spretus Jord. 

Erucastrum Pollichii Schimp. et Spenn. 

Kernera saxatilis Rchb. 

Ononis campestris Koch. 

Trifolium medium L. var. montanum. 

Coronilla Emerus L. 

Spiræa Aruncus L. 

Rubus saxatilis L. 

Potentilla caulescens L. 

Rosa Reuteri Godet. 

— virgultorum Rip. var. pedunculis 
glabris. 

—  — var. pedunculis hispidis. 

— similata Puget. 

—- salevensis Rap. 

— glandulosa Bell. 

— canina L. 

Poterium dictyocarpum Spach. 

Cotoneaster tomentosa Lindl. 

Sorbus Aria Crantz. 

Epilobium spicatum Lam. 

Sedum anopetalum DC. 

Saxifraga Aizoon Jacq. 

Asperula odorata L. 


Knautia dipsacifolia Host. 

— longifolia Koch. 

Hieracium amplexicaule L. 
Vincetoxicum laxum Bartl, 
Mentha candicans Crantz. 
Thymus Chamædrys Fr. 
Galeopsis pubescens Bess. 
Veronica urticifolia L. f. 
Euphrasia salisburgensis Funk, 
Orobanche Teucrii Host. 
Primula Auricula L. 

— latifolia Lap. 

Polygonum microspermum Jord. 
Quercus apennina Lam.? 

Salix grandifolia Ser. 

Alnus incana L. 

Juncus alpinus Vill. 
Andropogon Ischæmum L. 
Phleum serotinum Jord. 
Melica nebrodensis Parl. 
Lasiagrostis Calamagrostis Link. 
Asplenium viride Huds. 

— Halleri R. Br. 

Cystopteris fragilis Bernh. 


Nous fûmes bientôt arrivés aux Caves du Brizon, sortes de cavernes larges 
mais peu profondes, formées par un immense rocher qui surplombe à la 
gauche du chemin. Une vieille croix de fer, fichée dans le roc à louverture de 
la grotte, sans doute un ex-voto des siècles passés, semble marquer le point 
d’où le voyageur peut embrasser l'ensemble du paysage qui se déroule à ses 
pieds, paysage qui doit aux teintes différentes des diverses essences forestières 
du pays, et aux cascades successives des deux torrents qui s’y réunissent, un 
aspect sauvage des plus pittoresques. 

Peu après nous sortions du bois; la vallée s'élargissait et les terres cultivées 

T. XH G 


XCVII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


nous annonçaient l'approche d'un village: c'était le Brizon, réunion d'une 
vingtaine de chalets abritant une de ces populations, si rares aujourd'hui, qui 
conservent encore leur costume traditionnel. 

Le Brizon était le premier point de ralliement des quatorze adhérents à la 
course de trois jours que nous entreprenions sous la direction amicale de 
MM. Hénon et E. Cosson et sous la conduite intelligente de Timothée, un 
guide modèle que nous ne saurions trop recommander aux botanistes qui visi- 
teront cette partie de la Savoie. Timothée n'est pas seulement un bon guide 
de touristes ; il est du méme village que Bourgeau, l'infatigable collecteur, dont 
M. Cosson nous retraçait il y a quelque jours la vie honnête et laborieuse, eq 
comme son compatriote il est devenu naturaliste-collecteur. Lorsque les qua- 
torze confrères faisaient halte à son domicile, pouvait-il mieux les fêter qu'en 
leur faisant les honneurs de la flore de ses montagnes ? On visita donc les cen- 
turies de Timothée, pendant que femmes et enfants s'empressaient de dresser 
au grand air et au grand soleil la table où l'appétit nous conviait. 

Une surprise nous était ménagée; un dessert, messieurs, dont les mon- 
tagnes environnantes, avaient fait tous les frais: un simple baquet de sapin 
servait à le contenir, mais de cette coupe champétre émaillée de bleu, de rose, 
de jaune, de blanc, de vert, de violet, en un mot de toutes les teintes inimi- 
tables que la nature prodigue à la flore des montagnes, allaient sortir. vivantes, 
pour être réparties entre nous, les espèces dont voici la liste : 


Stellaria cerastioides L. Saxifraga mutata L. 
Cherleria sedoides L. Aronicum scorpioides DC. 
Cerastium latifolium L. Pyrethrum alpinum Willd. 
Rhamnus pumila L. Leontodon Taraxaci Lois. 


Astragalus aristatus L'Her. 
Alchimilla pentaphylla L. 
Hedysarum obscurum £. 
Oxytropis campestris DC. 
— montana DC. 
Sibbaldia procumbens £L. 
Saxifraga androsacea L. 


Rhododendron ferrugineum L. 
Myosotis alpestris Schm. 
Veronica alpina L. 

Oxyria digyna Campd. 

Salix herbacea L. 

Eriophorum capitatum Host. 
Cystopteris alpina Link. 


— stellaris L. 


Il y en avait encore une, mais de celle-là, hélas, tout le monde ne pouvait 
avoir sa part. C'était un. échantillon de cette curieuse Orchidée, mal décrite 
et mal figurée jusqu'à ce jour, si rare que tout botaniste doit s'estimer heu- 
reux s'il a pu la cueillir lui-même une fois dans tout le cours de sa carrière : 
vous avez déjà nommé l Zprpogon aphyllus Sw.' Après avoir vu F Zpipogon, 
il ne nous restait plus qu'à nous mettre en route. 

Bien que l'ardeur ne manquát pas, car devant traverser les bois où s'abrite 
l'Zpipogon, chacun de nous se berçait de l'espoir de découvrir le seul pied 
qui en serait sans doute signalé ce jour-là, la montée par le bois de Sapins que 
l'on trouve à la sortie du village, nous parut tout d'abord assez fatigante. Et 
pourtant, sans parler des charmes de ce site, bon nombre de plantes intéres- 
santes croissaient sur les bords du sentier, parmi les Mousses ou dans un sol 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. XCIX 


analogue à la terre de bruyère : Adenostyles alpina Bluff et Fing., Luzula 
flavescens Gaud., Pirola secunda L., Pirola minor E., Polypodium Phe- 
gopteris L., Polygala Chamæbuxus È. et tant d'autres nous escortèrent 
jusqu’à notre arrivée dans une prairie où le Parnassia palustris L. fleurissait 
abondamment, ce qui est à noter, à la méme époque que dans la plaine. 

Nous touchions alors au déclin du jour: le soleil, dérobé à nos regards par 
les hautes sommités du Brizon, inondait encore de toute sa lumière les décou- 
pures capricieuses des montagnes qui bordaient notre vue à l'est, tandis que 
la chaine que nous gravissions projetait déjà ses ombres croissantes jusqu'au 
pied méme de ces pics neigeux, si beaux que les clartés du jour semblent ne 
les abandonner qu'à regret. 

Au sortir du bois de Sapins que nous avions gravi péniblement, notre 
brusque arrivée interrompait un paisible et doux entretien : assis l'un prés 
de l'autre, deux jeunes époux, deux beaux enfants de la montagne, dont 
le nid solitaire se cachait derrière les Sapins, eausaient avec l'abandon char- 
mant d'une mutuelle confiance, loin des soucis de notre civilisation inquiète : 
scene touchante, dont le poétique souvenir nous charmera longtemps. Tous 
nous avons décidé, d'une commune voix, que mention serait faite ici de notre 
rencontre, et nous espérons que les botanistes nos confréres nous sauront 
gré d'avoir signalé au passage cette fleur éphémére et presque introuvable, qui 
s'appelle le bonheur. Mais laissons les heureux du col de Charvachés goûter en 
paix les jouissances de leur vie champétre, et reprenons le cours de notre her- 
borisation. 

Une belle forêt de Sapins, parsemée de clairières où le gazon avait été fauché 
récemment, s'étendait devant nous ; les prés y étaient parsemés de : 

Genista sagittalis L. 


Hieracium aurantiacum L. 
Gentiana lutea L. 


Gentiana campestris L. 
Thesium alpinum £. 
Selaginella spinulosa Al. Br. 


Plus avant sous les arbres séculaires eroissaient abondamment, parmi les 
rochers amoncelés : 


Orobus luteus L. Adenostyles albifrons Rchb. 


Aconitum lycoctonum L. | Saxifraga rotundifolia L. 
Sorbus Chamæmespilus Crantz. Streptopus amplexifolius DC. 


Mais la récolte de ces plantes, quelque attrayantes qu’elles fussent, ne ralen- 
tissait pas notre marche. Plus loin allait notre ambition! Nous foulions le sol 
où avait été trouvé le fameux Æpipogon ; Timothée nous avait méme montré 
les débris de souches restées en terre, et nous furetions dans tous les coins, 
le corps plié en deux, posant le pied avec précaution, scrutant des yeux toutes 
les places favorables, mais ne rencontrant au bout de nos recherches que le 
désappointement le plus complet. 

Un grand. nombre de roches polies ou striées que l'on observe dans le bois 
nous avaient déjà fait présumer que nous passions sur le lit d'un ancien glacier ; 


C SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

le chaos de rochers dans lequel nous nous trouvámes au sortir de ce bois ne 
nous permit plus de douter de l'existence passée d'un de ces amas de glace 
dont nous pouvions maintenant apprécier toute l'importance probable, mais à 
la disparition duquel une date méme approximative serait difficile à assiguer. 
La glace n'a du reste pas abandonné entiérement ces lieux : dans une sorte de 
caverne que l'on peut atteindre assez facilement en prenant quelques précau- 
tions, un amas de glace et de neige dont la prudence nous défendait de me- 
surer l'étendue, subsiste constamment ; serait-ce un dernier vestige de l'an- 
cien glacier ? Ne cherchons pas à répondre à cette question, et contentons-nous 
de constater que le thermomètre frondé au dedans et au dehors de la caverne 
accuse + 3 degrés à l'intérieur et + 11 degrés à l'extérieur. 

La voix de Timothée, qui nous annoncait un passage dangereux, urgent à 
franchir de jour, ne nous permit pas de pousser plus loin nos investigations 
aux alentours de la Glacière ; nous n'en fimes pas moins ample récolte, comme 
on và le voir par la liste suivante : 


Anemone narcissiflora L. Saxifraga muscoides Wulf. 
Ranunculus Thora L. Arctostaphylos alpina Spreng. 
Arabis pumila Jacq. Primula Auricula L. 
Biscutella lævigata L. var. Pedicularis verticillata L. 
Mæhringia muscosa L. Bartsia alpina L. 

Dryas octopetala L. Salix hastata L. 

Sedum atratum L. Carex ferruginea Scop. 


Un bout d'escalade, où l'aide des mains devint parfois nécessaire, nous 
amena prés de l'endroit le plus à redouter. C'est une crevasse ouverte dans le 
rocher, et au bord de laquelle il faut cheminer sur une assez grande longueur. 
Ce passage ne serait réellement dangereux que de nuit, ou si le terrain deve- 
nait très-glissant ; de jour et par un beau temps, il n'y avait aucune crainte à 
concevoir, mais limprudent qui se laisserait choir dans ce gouffre béant ne 
s'arréterait qu'à des profondeurs énormes, que démontre le bruit lointain, et 
lent à percevoir, des pierres qu'on y fait rouler. Nous étions déjà loin de ce 
mauvais pas, cheminant en sûreté sur un plateau gazonné, lorsque l'obscurité 
commença à se faire, mais nous n'atteignimes le chalet de Cenise, désigné 
pour notre campement, qu'à la nuit close. 

Quand l'appel nominal eut constaté que personne ne manquait, chacun s'en- 
quit de trouver place autour du feu petillant dont l'ardeur faisait bondir dans 
une marmite les pommes-de-terre destinées à notre repas. Nous ne pronon- 
cerions pas ce mot, trop employé généralement dans les comptes rendus 
d'herborisation, sans une circonstance importante à noter, qui témoigna de 
nouveau du dévouement de notre guide. Piteuse était notre portion de pain, 
et plus piteuse encore la figure que nous fimes en calculant l'écart qui existait 
entre son. volume et la capacité que nous sentions à nos estomacs; or, si le 
chalet de Cenise est loin de ressembler à un palais, il diffère peut-être plus 
encore d'une auberge par le manque total de provisions de bouche. Heureu- 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CI 


sement pour nous, notre brave Timothée, touché de cette fâcheuse situation, 
s'offrit à retourner avec le porteur au village du Brizon d’où il rapporterait, 
avant le jour, la quantité de pain suffisante pour le lendemain. C'est ainsi que 
la ration de chacun put étre doublée, et comme ventre plein ne demande que 
le repos, surtout quand on a toute une journée d'ascension dans les jambes, 
personne ne se fit prier pour gagner le gite qu'allait nous offrir pour la nuit 
un grenier rempli de foin. 


Journée du 16 août. — Passage du col de Balafra (18): 
arrivée au Reposoir. 


En dépit des mugissements des bêtes à cornes, des grognements de la race 
porcine, et, ce qui était plus désagréable encore, du tintement continuel d’une 
maudite clochette suspendue au cou de l’un des habitants de l'étable au-dessus 
de laquelle nous couchions, nous avions dormi; mais le froid vif du matin 
nous éveilla de bonne heure, et le soleil à son lever nous trouva faisant des 
expériences thermométriques sur le plateau, en attendant qu'il lui plát de nous 
envoyer quelques-uns de ses raçons bienfaisants. Voici les observations que 
nous avons pu faire : 

Au lever du jour, près du chalet et à hauteur d’œil, le thermomètre tourné 
en fronde nous donnait + 6°,5. 

Le méme instrument, au sommet du plateau, accusait, au lever du soleil, 
-+ 6°, mais en méme temps le sol était couvert d'une épaisse couche de gelée 
blanche, et particulièrement les touffes de Sphagnum étaient gelées au point 
que l'on éprouvait quelque résistance pour y faire pénétrer le thermométre. 
Celui-ci marquait + 0,5 à la surface de ces touffes, mais quand on l'enfoncait 
de quelques centimètres, il s'élevait immédiatement à +- 3°. Ces différences, 
qui sont une preuve du refroidissement dû au rayonnement de la chaleur de la 
terre et des corps vers les espaces célestes, nous ont paru d'autant plus dignes 
d'étre notées, qu'elles peuvent avoir de l'intérét pour les études de botanique 
physiologique. 

Le point où nous faisions les observations précédentes offrait en méme 
temps un attrait d'un autre genre ; le soleil s'était élevé au-dessus de l'horizon, 
et ses premiers rayons frappaient obliquement une lougue suite de crêtes et 
de pics neigeux, dont la plume, méme la plus habile, ne saurait donner une 
idée suffisamment vraie. En présence de ces grands effets de la nature alpestre, 
l'homme saisi d'étonnement s'arréte et contemple; mais ce qu'il admire est 
empreint d'une graudeur tellement sublime, que son esprit est impuissant à en 
garder l'image fidele. 

Vers sept heures, aprés avoir mis en paquet les récoltes de la veille, pour 
leur permettre d'attendre sans inconvénient le terme de la course, et nous étre 


(4) On écrit aussi : Balafrat, Balafrasse. 


CII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


mis nous-mêmes en état de supporter quelques heures de fatigue, nous repre- 
nons notre route, favorisés par un ciel d'une pureté irréprochable. Sous 
l'influence des rayons vivifiants du soleil d'août dont l'air, toujours pur et 
frais à 2000 métres d'altitude, tempérait l'ardeur, ce n'était plus seulement, 
comme au départ de Bonneville, l'espoir qui remplissait les cœurs, c'était 
une franche gaieté et une vaillance sans égale pour laquelle il n'y avait pas de 
difficulté insurmontable. Nous verrons tout à l'heure qu'en face du danger, 
la prudence et l'instinct de la conservation n'abandonnent jamais leurs droits. 

Quand le point de départ est déjà élevé de prés de 2000 mètres, l'herbo- 
risation alpine commence immédiatement ; aussi les premiers rochers que nous 
eümes à gravir nous offrirent-ils bon nombre de plantes nouvelles mélées à 
certaines de celles que nous avions déjà cueillies la veille : 


Hutchinsia alpina R. Br. Gentiana campestris £. 
Viola biflora L. — — var. alba. 

Silene acaulis £L. Myosotis alpestris Schm. 
Saxifraga aizoides L. Linaria alpina L. 

Crepis aurea Cass. Pedicularis verticillata L. 
Phyteuma hemisphæricum L. Pinguicula alpina L., 
Gentiana bavarica L. 


dont l'éclat et les variétés de teintes entremélées produisaient l'effet le plus 
pittoresque. Moins séduisantes pour l'eeil du profane, mais souvent plus pré- 
cieuses pour l'herbier du botaniste, une foule d'autres plantes faisaient cortége 
aux premières, et pendant plus de deux heures nous remplimes nos boites 
des especes suivantes : 


Ranunculus Thora L. Cirsium spinosissimum L. 
Arabis alpina L, Hieracium alpinum L, 

— pumila Ja-q. (en fruits). Primula Auricula L. (en fruits). 
Biscutella lævigata L. var. —- elatior L. (id.). 

Silene quadrifida L. Soldanella alpina L. (id.). 
Cerastium arvense L. var. Euphrasia officinalis L. var. 
Hedysarum obscurum Z'Hér. Rumex scutatus L. 
Alchimilla alpina Z. Thesium alpinum Z. 
Saxifraga muscoides L, Tofieldia calyculata Wahlnb. 
Astrantia minor L. Carex firma Host. 

Pimpinella magna L. — ferruginea Scop. 
Adenostyles alpina Bluff et Fing. Poa alpina L. 

Aronicum scorpioides DC, 


Cette flore variée nous accompagna dans les éboulis jusqu'à l'entrée d'un 
cirque où la neige subsistait encore par plaques, et où nous attendaient d'autres 
richesses végétales. Là se joignirent à la liste précédente : 


Ranuneulus alpestris L. (en fleurs et en Bellidiastrum Michelii Cass. 
fruils). Gentiana verna L. 

Thlaspi rotundifolium Gaud. Veronica alpina L. 

Phaca astragalina DC. — aphylla L. 

Oxytropis campestris DC. Armeria alpina Willd. 

Epilobium alpinum L. Oxyria digyna Campd. 

Saxifraga oppositifolia L. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. cn 


Enfin, une plante qui nous fit un moment oublier toutes les autres, le 
Papaver alpinum, se montrait en assez grand nombre et couverte de ses éphé- 
mères fleurs blanches. C'était le couronnement de cette première partie de 
l'herborisation; là, en revanche, devait commencer la série de nos peines. 

Le cirque de Balafra est formé par une ceinture de pics élevés, nus et dé- 
chiquetés. Des flancs déchirés de ces géants de pierre, tombent presque jour- 
nellement des quartiers de roches détachés par le poids de là neige ou par 
l'effet des intempéries. Jl èn est résulté une immense morainé qui occupe tout 
l'espace compris entre les montagnes, ét au-dessus de laquelle s'éléve presque 
perpendiculairement la muraille de pierre qui lui fournit ses matériaux. L'in- 
clinaison de cette moraine est variable, de méme que la grosseur des détritus 
dont elle est formée, mais elle va presque toujours en augmentant vers les 
flancs de là montagne, où les menus débris accumulés sur une pente de 
50 à 55 degrés, roulent ôu plutôt s'éboulent au moindre contact. 

Pour arriver au col, il nous faut gravir cinq à six cents mètres sur ces 
éboulis mouvants, à risque d’être entraînés dans la chute des débris calcaires 
que le poids de notre corps ébraulerà. Or, tandis que nous montons pénible- 
ment, jetons un coup d'œil de géologue sur le théâtre qui nous entoure : 
nulle part, peut-être, les couches multiples dés terrains de sédiment ne sont 
plus faciles à distinguer qu'en cet endroit ; elles sont toutes, sans exception, 
tracées sur le flanc abrupt des montagnes, en sillons étroits et parallèles; les 
forcés prodigieuses qui les ont soulevées semblent aussi les avoir comprimées 
endroits; mais l'action mécanique, dont on peut le mieux se rendre compte, est 
celle de leur soulèvement : à droite, un pic formé de couches inclinées de 75 de- 
grés au moins, rompues au sommet; à gauche, le pendant; entre les deux, 
isolée par deux cols à peu prés d'égale hauteur, une montagne dont les cou- 
ches sont presque horizontales. L'esprit le moins habitué à l'observation des 
grands phénomènes géologiques a compris que, tandis que le mouvement avait 
lien, les couches s'étant rompues, le centre seul a subi le soulèvement complet, 
et les deux extrémités se sont trouvées seulement redressées. Les faits parlent 
d'eux-mémes; les couches y sont tracées comme une multitude de cicatrices 
faites dvec un instrument pointu (d'où le nom de Balafra, qui traduit 
dans la langue du pays notre adjectif balafré), et, pour que nous ne puissions 
pas ignorer l'origine de ces immenses dépôts calcaires, nous trouverons sür le 
sommet de ces pics, c'est-à dire à 3000 mètres au-dessus du niveau de là 
mer, des bancs d'oursins fossiles que la roche laisse échapper en se délitant, 
et qui roulent parfois jusqu'au fond du cirque. 

Aussi bien était-ce une tâche ardue et périlleuse, que de franchir suf ce ter- 
rain mouvant un couloir occupé par un névé dont l'inclinaison dépassait 
^5 degrés, menaçant d'une chute fatale sur la moraine ceux d'entre nous dont 
le pied aurait seulement glissé. Muni d'un piochon; Timothée traçait des pas 


CIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


dans la neige, tandis qu'échelonnés les uns au-dessous des autres, en équilibre 
sur des débris qui croulaient à chaque instant, nous attendions anxieusement 
le signal pour passer l'un après l'autre. Nous respiràmes plus librement lorsque 
le dernier eut mis le pied hors de la neige; le danger avait disparu, il ne res- 
tait plus qu'une montée pénible et longue encore, mais dont nous fümes bien 
dédommagés par le magique panorama qui se déroula tout autour de nous, dès 
que nous eümes atteint le faite du col de Balafra. 

Notre vue s'étendait alors du Jura au Mont-Blanc. C'était la première fois 
que le géant des Alpes s'offrait à nos regards, et sans doute pour nous faire 
mieux apprécier sa majestueuse grandeur, il se présentait à nous débarrassé 
des nuages qui en masquent le plus souvent la cime. Malgré son éloignement, 
il écrasait, tant par son élévation que par l'uniformité de son manteau blanc, 
la belle chaine des Aravis, dont la série de pics aigus, régulièrement espacés, 
s'élevait entre lui et nous. A l'opposé, on pouvait aisément distinguer Geneve 
et l'extrémité du lac Léman, le petit et le grand Salève, la montagne du Môle, 
et plus prés de la chaine du Mont-Blanc, la série de dents et d'aiguilles que 
nous avions déjà vue le matin au lever du soleil. 

La raison et la nécessité de ne pas perdre de temps pour arriver le soir au 
village de Praz-Long, chef-lieu de la vallée du Reposoir, nous arrachèrent 
à ce beau spectacle devant lequel les heures se fussent écoulées trop rapide- 
ment. En effet, le soleil avait accompli déjà plus de la moitié de sa course, 
et les ombres des montagnes étaient projetées dans la vallée qui se déroulait 
verdoyante à nos pieds. 

Une pente gazonnée qu'émaillaient les fleurs du Viola calcarata L. nous 
amena, en moins d'une demi-heure, au bord des lacs des Colombiers, oü 
nous fimes halte. Ces lacs, à peine d'une centaine de mètres de long sur 
dix à douze environ dans leur plus'grande largeur, font l'effet d'un paysage en 
miniature auprés des gigantesques sommets qui les entourent. Leurs eaux 
froides et d'une limpidité parfaite, baignent le pied de rochers capricieux de 
forme, qui, simulant en petit de vraies montagnes à pic, font décrire à leurs 
contours les sinuosités élégantes qu'offriraient les rives d'un grand lac. Une 
bordure blanche, formée par les houppes soyeuses de l’ Eriophorum capita- 
tum, ceint leurs eaux transparentes, et la flore alpine contribue à parfaire 
l'ensemble de ce charmant endroit, en couvrant les rochers et les monticules 
environnants, sur lesquels on peut, dans un court espace de temps, cueillir : 


Hutchinsia alpina R. Br. Pyrethrum alpinum Willd. 
Silene acaulis L. Crepis aurea Cass. 

Alsine verna Bartl. Gentiana verna L. 

Geum montanum L. — bavarica L. 

Gaya simplex Gaud. . Myosotis alpestris Schmidt. 
Erigeron uniflorus L. Armeria alpina Willd. 
Aster alpinus L. Plantago alpina L., 
Bellidiastrum Michelii Cass. 


et une foule d'espèces naines que viennent remplacer, un peu au-dessous, des 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CV 
prairies alpines semées de plantes plus élevées, telles que : Gentiana punc- 
tata L., Campanula barbata L. et autres. 

La descente s'effectuait maintenant avec rapidité, sans toutefois nous faire 
négliger la récolte des espèces intéressantes que nous pouvions rencontrer. 
C'est ainsi que dans un passage parsemé de gros blocs détachés, notre course 
fut momentanément interrompue pour cueillir : Arenaria biflora L., Atha- 
manta cretensis et des touffes d'Aster. alpinus comme nous n'en avions pas 
encore rencontré de pareilles. Plus loin, les parois d’un énorme rocher nous 
donnèrent le joli Leontopodium alpinum Cass. et le Coronilla vaginalis 
Lam. 

Peu aprés nous atteignions un sentier qui rejoint la route du Grand-Bornand 
au Reposoir, et, le long de ce sentier sur les bords duquel gisent à certains 
endroits des blocs renfermant des nummulites, nous découvrions le magnifique 
Erigeron Villarsii Bell. etle Cephalaria alpina Schrader, et quelques pieds 
du Lychnis Flos Jovis Lam. Ces belles plantes couronnèrent dignement l’her- 
borisation, que l'heure avancée ne nous permettait plus de continuer. Chacun, 
satisfait de la course et des récoltes du jour, ne songeait plus qu'à gagner 
gaiement et lestement le gite indiqué, c'est-à-dire l'auberge du village de 
Praz-Long. Quelques-uns d'entre nous se rendirent chez M. l'abbé Dubétier, 
curé de Praz-Long, qui avec un empressement tout chrétien et une gráce par- 
faite, avait bien voulu mettre un certain nombre de lits à notre disposition. 
Que ce digne ecclésiastique recoive nos remerciments pour le service qu'il 
nous rendit, et dont il sut doubler le prix par l'affabilité de son accueil. 


Journée du 17 août. — Course au Méry et descente à Salianches. 


Le lendemain 17, à sept heures et demie du matin, nous étions réunis à la 
sortie du village pour entreprendre la course du Méry, en nombre égal à 
celui de la veille, car, si trois des nôtres, fatigués de la course, redescendirent 
par la vallée du Reposoir, pour reprendre à Scionzier la voiture de Sallanches, 
d'autre part, nous avions rencontré à Praz-Long, oi ils s'étaient rendus dans le 
but de nous guider dans notre course au Méry, trois botanistes du pays: 
M. Ronge et nos deux nouveaux confréres, MM. Fr. Dumont (1) et Michel Rey. 

Aprés nous étre comptés, nous primes le chemin de la Chartreuse du Repo- 
soir, dont nous atteignimes bientót les magnifiques ombrages. 

Nous n'oserions pas faire remonter à l'an 1151, date de sa fondation par 
Aimon baron de Faucigny, les gigantesques Ormes qui abritent l'entrée du 
monastère, mais on peut avancer sans crainte qu'ils doivent étre plusieurs fois 
séculaires. L'édifice, sur lequel on trouvera tous les détails historiques désira- 
bles dans le travail de M. le docteur Bouvier (Za chaîne des Aravis. Topo- 


(4) M. Dumont, qui a dirigé la troisiéme journée d'herborisation, a bien voulu fournir 
des renseignements fort utiles pour la rédaction de cette dernière partie du rapport. 


CIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


dans la neige, tandis qu'échelonnés les uns au-dessous des autres, en équilibre 
sur des débris qui croulaient à chaque instant, nous attendions anxieusement 
le signal pour passer l'un après l'autre. Nous respiràmes plus librement lorsque 
le dernier eut mis le pied hors de la neige; le danger avait disparu, il ne res- 
tait plus qu'une montée pénible et longue encore, mais dont nous fümes bien 
dédommagés par le magique panorama qui se déroula tout autour de nous, dés 
que nous eümes atteint le faite du col de Balafra. 

Notre vue s'étendait alors du Jura au Mont-Blanc. C'était la première fois 
que le géant des Alpes s'offrait à nos regards, et sans doute pour nous faire 
mieux apprécier sa majestueuse grandeur, il se présentait à nous débarrassé 
des nuages qui en masquent le plus souvent la cime. Malgré son éloignement, 
il écrasait, tant par son élévation que par l'uniformité de son manteau blanc, 
la belle chaine des Aravis, dont la série de pics aigus, régulièrement espacés, 
s'élevait entre lui et nous. A l'opposé, on pouvait aisément distinguer Genève 
et l'extrémité du lac Léman, le petit et le grand Salève, la montagne du Môle, 
et plus prés de la chaine du Mont-Blanc, la série de dents et d'aiguilles que 
nous avions déjà vue le matin au lever du soleil. 

La raison et la nécessité de ne pas perdre de temps pour arriver le soir au 
village de Praz-Long, chef-lieu de la vallée du Reposoir, nous arrachérent 
à ce beau spectacle devant lequel les heures se fussent écoulées trop rapide- 
ment. En effet, le soleil avait accompli déjà plus de la moitié de sa course, 
et les ombres des montagnes étaient projetées dans la vallée qui se déroulait 
verdoyante à nos pieds. 

Une pente gazonnée qu'émaillaient les fleurs du Viola calcarata L. nous 
amena, en moins d'une demi-heure, au bord des lacs des Colombiers, oü 
nous fimes halte. Ces lacs, à peine d'une centaine de métres de long sur 
dix à douze environ dans leur plus'grande largeur, font l'effet d'un paysage en 
miniature auprés des gigantesques sommets qui les entourent. Leurs eaux 
froides et d'une limpidité parfaite, baignent le pied de rochers capricieux de 
forme, qui, simulant en petit de vraies montagnes à pic, font décrire à leurs 
contours les sinuosités élégantes qu'offriraient les rives d'un grand lac. Une 
bordure blanche, formée par les houppes soyeuses de l Eriophorum capita- 
tum, ceint leurs eaux transparentes, et la flore alpine contribue à parfaire 
l'ensemble de ce charmant endroit, en couvrant les rochers et les monticules 
environnants, sur lesquels on peut, dans un court espace de temps, cueillir : 


Hutchinsia alpina R. Br. Pyrethrum alpinum Willd. 
Silene acaulis L. Crepis aurea Cass. 

Alsine verna Bartl. Gentiana verna L. 

Geum montanum L. — bavarica L. 

Gaya simplex Gaud. ; Myosotis alpestris Schmidt. 
Erigeron uniflorus L. Armeria alpina Willd. 
Aster alpinus L. Plantago alpina L., 
Bellidiastrum Michelii Cass. 


et une foule d’espèces naines que viennent remplacer, un peu au-dessous, des 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CV 


prairies alpines semées de plantes plus élevées, telles que : Gentiana punc- 
tata L., Campanula barbata L. et autres. 

La descente s'effectuait maintenant avec rapidité, sans toutefois nous faire 
négliger la récolte des espèces intéressantes que nous pouvions rencontrer. 
C'est ainsi que dans un passage parsemé de gros blocs détachés, notre course 
fut momentanément interrompue pour cueillir : Arenaria biflora L., Atha- 
manta cretensis et des touffes d’Aster alpinus comme nous n'en avions pas 
encore rencontré de pareilles. Plus loin, les parois d’un énorme rocher nous 
donnèrent le joli Zeontopodium alpinum Cass. et le Coronilla vaginalis 
Lam. 

Peu après nous atteignions un sentier qui rejoint la route du Grand-Bornand 
au Reposoir, et, le long de ce sentier sur les bords duquel gisent à certains 
endroits des blocs renfermant des nummulites, nous découvrions le magnifique 
Erigeron Villarsii Bell. etle Cephalaria alpina Schrader, et quelques pieds 
du Lychnis Flos Jovis Lam. Ces belles plantes couronnerent dignement l'her- 
borisation, que l'heure avancée ne nous permettait plus de continuer. Chacun, 
satisfait de la course et des récoltes du jour, ne songeait plus qu'à gagner 
gaiement et lestement le gite indiqué, c'est-à-dire l'auberge du village de 
Praz-Long. Quelques-uns d'entre nous se rendirent chez M. l'abbé Dubétier, 
curé de Praz-Long, qui avec un empressement tout chrétien et une grâce par- 
faite, avait bien voulu mettre un certain nombre de lits à notre disposition. 
Que ce digne ecclésiastique recoive nos remerciments pour le service qu'il 
nous rendit, et dont il sut doubler le prix par l'affabilité de son accueil. 


Journée du 17 août, — Course au Méry et descente à Salianches. 


Le lendemain 17, à sept heures et demie du matin, nous étions réunis à la 
sortie du village pour entreprendre la course du Méry, en nombre égal à 
celui de la veille, car, si trois des nótres, fatigués de la course, redescendirent 
par la vallée du Reposoir, pour reprendre à Scionzier la voiture de Sallanches, 
d'autre part, nous avions rencontré à Praz-Long, où ils s'étaient rendus dans le 
but de nous guider dans notre course au Méry, trois botanistes du pays: 
M. Ronge et nos deux nouveaux confréres, MM. Fr. Dumont (1) et Michel Rey. 

Aprés nous étre comptés, nous primes le chemin de la Chartreuse du Repo- 
soir, dont nous atteignimes bientót les magnifiques ombrages. 

Nous n'oserions pas faire remonter à l'an 1151, date de sa fondation par 
Aimon baron de Faucigny, les gigantesques Ormes qui abritent l'entrée du 
monastére, mais on peut avancer sans crainte qu'ils doivent étre plusieurs fois 
séculaires. L'édifice, sur lequel on trouvera tous les détails historiques désira- 
bles dans le travail de M. le docteur Bouvier (La chaîne des Aravis. Topo- 


(1) M. Dumont, qui a dirigé la troisiéme journée d'herborisation, a bien voulu fournir 
des renseignements fort utiles pour la rédaction de cette derniére partie du rapport. 


CVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


trouvâmes déjà quelques plaques de neige. Le brouillard, à la vérité, nous y 
avait précédés, mais un brouillard sans pluie et qui ne gênait en rien les re- 
cherches, habilement dirigées par M. Dumont. Nous récoltâmes là, croissant 
parmi les nombreuses touffes du Vaccinium uliginosum L. : 
Anemone baldensis L. (en fruits). | Homalotheca supina Cass. 
Cardamine resedifolia L. | Leontodon pyrenaicus Gouan. 
Viola calcarata L. | Hieracium Schraderi Koch. 
Silene rupestris L. Veronica alpina L. 
Oxytropis montana DC. | — aphylla L. 
Potentilla aurea L, | Bartsia alpina L, 
Astrantia minor L. : Thesium alpinum L. 
Pyrethrum alpinum Willd; | 

A cette liste, nous devons ajouter les espèces suivantes, recueillies par M. Du- 
mont et énumérées par lui dans la liste qu'il a eu l'obligeance de commu- 
niquer au secrétariat après la session : 


Ranunculus montanus Willd. |o Pieris Villarsii Jord. 
Parnassia palustris L. | Campanula Scheuchzeri Vill. 


Dianthus silvestris Wulf. | Gentiana Kochiana Perr. et Song. 
Arenaria ciliata L. ! Veronica serpyllifolia L. var. nummula- 
Linum alpinum Z. | rioides Lec. et Lam. 

Hypericum Richeri Vill. |  Betonica birsuta L. 

Gaya simplex Gaud. | 

Bientôt la végétation devint plus rase; le Vaccinium fut remplacé pres- 
que totalement par les Salix retusa L. et S. reticulata L., et aux plantes 
précédentes s’ajoutèrent : Aster alpinus L., Saxifraga oppositifolia L., 
Gymnadenia viridis Rich., Meum Mutellina Gærtn. , £rigeron uniflorus L., 
et le Leontodon Taraxaci Lois. en touffes nombreuses portant d'abondantes 
fleurs dorées. 

Ce fut en cueillant cette dernière plante que nous arrivámes sur un petit 
monticule en dos d'àne, dont le sol est exclusivement formé par les couches 
d'une sorte de calcaire schisteux gris clair ; ces couches très-feuilletées, et faci- 
lement divisibles, sont enchássées presque perpendiculairement et de facon à 
figurer, sauf la couleur, une sorte de pavage fait avec des ardoises mises sur 
champ. Un brouillard assez transparent pour laisser arriver jusqu’à nous le 
soleil, dont les rayons donnaient au sol une teinte jaunátre, dérobait à nos regards 
tous les autres monticules, en sorte que nous paraissions entierement isolés sur 
cet emplacement de moins de 100 mètres de long, large à peine de 10 mètres 
et borné des deux côtés par une pente rapide dont le brouillard nous 
empéchait de mesurer l'étendue ; c'est dans les fissures de ce terrain spécial 
où, méme de quelques pas, l'oeil ne sait découvrir aucune apparence de 
végétation, que croissent, dépassant à peine le sol stérile dont elles semblent 
adopter la couleur, deux plantes rares et des plus curieuses, le Ranunculus 
parnassifolius L. et le Saussurea depressa Gren. L'une était en fleurs, l'autre 


à peine en boutons, formant exclusivement à elles deux la végétation de cet 
étrange ilot. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CIX 

La récolte que l'on fit de ces deux bonnes espèces fut considérable, est-il 
besoin de le dire? puis nous dirigeâmes nos pas vers une autre élévation 
connue sous le nom de Mont-Cháteau. Sans le brouillard, nous y eussions 
cueilli le rare Valeriana saliunca All., mais, dans l'état, nous jugeâmes pru- 
dent de ne pas nous aventurer sur des escarpements dangereux, et changeant 
de direction, nous portàmes nos pas vers le col de la cheminée. 

Chemin faisant, on trouva dans les parties où la pelouse rase manque, quel- 
ques-uns de ces petits cristaux de quartz limpide, à deux sommets, isolés 
` par la décomposition de la roche où ils étaient primitivement enchàssés. Non 
loin de cet endroit se montraient quelques rares pieds de Cerastium latifo- 
lium et d'Androsace obtusifolia : on traversa ensuite une large moraine 
qui ne finit qu'au col méme de la cheminée, où nous récoltàmes : 


Cardamine resedifolia L. Saxifraga muscoides L. 
Thlaspi rotundifolium Gaud. — stettaris L. 
Hutchinsia alpina R. Br. — androsacea L. 
Draba aizoides L. Salix herbacea L., 


Silene acaulis L. 


et toute la série de plantes qui accompagnent ordinairement le Silene acaulis, 
tandis que le guide Timothée, grimpant comme un chamois sur la roche 
escarpée, en rapportait quelques pieds de Valeriana saliunca All. 

Il était alors trois heures et nous apercevions Sallanches à nos pieds; le 
temps était clair de ce cóté. Le Mont-Blanc, se débarrassant peu à peu des va- 
peurs qui l'enveloppaient, nous apparaissait par portions successives. Mais nous 
étions à trois mille mètres d'élévation , nous en avions plus de deux mille à 
descendre, et le seul chemin praticable était l'affreuse moraine de quatre cents 
mètres de longueur, horriblement inclinée, qui occupe un espace assez étroit 
entre les rochers coupés à pic formant le couloir de la cheminée. De même 
qu'au passage difficile de Balafra, le haut de la moraine était obstrué par un 
névé qu'il fallait tourner ou traverser ; mais ici l'opération devenait plus dange- 
reuse, car, au lieu de monter, il fallait descendre; aussi, malgré le peu de 
commodité qu'offrait un passage étroit autour de la neige, se décida-t-on à le 
suivre en prenant, toutefois, de grandes précautions pour ne pas glisser; en 
pareille occurrence, il ne faut pas faire attention seulement à soi, mais encore 
à ceux qui descendent au-dessous, et qu'on entrainerait en tombant. Cette 
première portion, la scule dangereuse, une fois franchie, nous nous trou- 
vâmes sur la moraine. Là encore, bien qu'il n'y eût plus de danger réel, il 
fallait pourtant éviter de se tordre les jambes entre les pierres mouvantes, ce 
qui rendait la marche très-lente, et les plus habitués d'entre nous à ce genre 
d'exercice éprouvèrent un sentiment de satisfaction en quittant les — 
pierres de la moraine pour mettre le pied sur la pelouse verte et serrée qui 
lui succède. Deux Pedicularis (P. foliosa L. et P. Barrelieri Rchb.) farent 
les dernières plantes récoltées dans la région alpine supérieure, dont la limite, 
sur ce versant de la montagne, est indiquée par la présence du Rhododendron 


cx SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ferrugineum L. , que remplacent bientôt sur une pente fortement inclinée des 
broussailles de Vaccinium Myrtillus L. et de bruyères parsemées de nom- 
breux Orobanche. Plus bas, nous trouvàmes l' Astragalus aristatus L'Hérit. 
et le Lasiagrostis Calamagrostis Link, puis nous cheminàmes sous de magni- 
fiques arbres fruitiers, plantés dans des prairies naturelles de la plus grande 
fraicheur, ayant à nos pieds le lit de l'Arve et les maisons coquettes de Sallan- 
ches, et devant nous les neiges éternelles du Mont-Blanc, colorées en rose 
purpurin par les derniers rayons du soleil. En contemplant ce panorama, on 
comprend la passion profonde du Savoyard pour sa patrie, oà il revient toujours 
couler des jours paisibles dès qu'il a amassé un pécule suffisant pour élever 
une famille dont tous les membres, honnétes comme lui, hériteront du méme 
amour de leur pays natal. 

Partis du Reposoir à sept heures et demie du matin, à midi nous avions 
touché aux neiges éternelles, et avant huit heures du soir, nous arrivions à 
Sallanches, où nous allions retrouver les vignes pliant sous le poids des grappes 
presque mûres, en compagnie des arbres fruitiers et des autres cultures de la 
plaine. Sallanches était le terme de notre herborisation de trois jours, favorisée 
constamment par un temps merveilleux, féconde en récoltes et en observa- 
tions botaniques, semée d'aventures dont aucune heureusement n'avait eu de 
gravité. Effectuée dans un pays splendide, cette course, durant laquelle l'en- 
tente la plus complète et la cordialité la plus fraternelle n'avaient pas fait un 
seul instant défaut, doit ajouter aux souvenirs de tous ceux qui y ont pris 
part une série d'impressions que le temps ne saurait effacer. 

Chacun y avait mis du sien; mais ce serait manquer au devoir que nous 
fait méme la plus simple gratitude, si, en terminant le compte rendu général 
de cette herborisation, nous omettions d'en attribuer le plein succes à la di- 
rection expérimentée de MM. Hénon et Cosson, aux indications süres de 


M. Dumont, au dévouement et à la prudence dont notre brave guide Timothée 
a constamment fait preuve. 


M. Hénon fait à la Société la communication suivante : 


NOTE de Wi. le docteur BHÉN@IN SUR LES CHAMPIGNONS TROUVÉS AU MONT BRIZON 
PAR UNE FRACTION: DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Les Champignons vus dans la journée du 15 aoüt en montant de Bon- 
neville au Brizon, et du Brizon au pied de Balafra, dans le Vergy, ne sont 
ni trés-rares, ni très-variés. La plupart se retrouvent dans la plaine. Un petit 
nombre de mycologues faisaient partie de cette herborisation, en sorte que nous 
avons pu passer sans nous en douter à cóté d'espéces précieuses. Notre insuf- 
fisance nous a fait regretter plus vivement encore l'absence de notre savant 
confrère M. le docteur Cordier, qui aurait pu découvrir de belles choses là où 
nous n'avons su trouver que des plantes communes, et qui aurait facile- 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CXI 


ment déterminé les espèceS restées douteuses ou inconnues pour nous. 

A partir de la base du Brizon, à Thuet même, nous avons trouvé sur de 
vieux bois de construction le Polyporus abietinus Vries, et le Schizophyllum 
alueum Fries qui se rencontre en Europe sous toutes les latitudes, de Gibral- 
tar au cap Nord. Eu sortant du village, l'Uredo candida Pers. couvrait les 
Capsella Bursa pastoris; le Bulgaria inquinans Fries poussait sur uu tronc 
de Chêne abattu depuis peu de mois; les feuilles des Noyers étaient couvertes 
en dessous par cette singulière villosité que quelques botanistes ont prise 
pour un Cryptogame et désignée sous le nom d' Erineum Juglandis. En mon- 
tant, nous avons vu : 


Agaricus campestris L. Boletus Juglandis Bolt. 
— atramentarius Bull. | Uredo Senecionis DC. 
— stypticus Bull. — Cichoriacearum DC, 
Puccinia Menthæ Pers. — Laburni DC. 
Erysiphe guttata Fries. Exosporium Tikæ Nees. 
Sphæria Coryli Batsch. Xyloma salicinum DC. 


Au-dessus des bois et autour du village du Brizon, dans les prés et dans 
les cultures, sur les bords de la route, nous avons pu cueillir : 


Cyathus striatus Hoffm. Uredo segetum Pers. var. Hordei Teis- 
Dacrymices stellatus Nees. sier. 

Lycoperdon Bovista Fries. Polythrincium Trifolii Kunze. 

Agaricus Oreades Bull. Agaricus micaceus DC. 

— variabilis DC. — tortilis DC. 


Stromatosphæria typhina Grey. 

Un bouquet de: jolis Agarics, à chapeau blanc moucheté de gris, à pédicule 
un peu ventru portant un anneau, qui croissait au pied d'un tas de fumier, nous 
a paru. être l Agaricus: cepestipes Nees, ou une espèce voisine (1). 

Du village du Brizon jusqu'à la Glacière, la montée se fait sous des bois, 
dans des pâturages mêlés à des taillis qui ont l'aspect de jardins dessinés à 
l'anglaise; nous y avons vu dans les bois : 


Agaricus squamosus DC. Agaricus pectinaceus DC. 
— zonarius DC. Fistulina hepatica With. 

— rosaceus Pers. Lycoperdon piriforme Willd. 
Hydnum cervinum Pers. Boletus annularius Bull. 
Botrytis agaricina Link. |; — — cyanescens Bull. 
Agaricus Rotula Pers. et species affinis, Clavaria cinerea Bull. 


A côté des espèces les plus dangereuses, telles que : 


Agaricus acer Bull. | Agaricus theiogalus Bull., 
Amanita muscaria Pers. 


se trouvaient en abondance de délicieuses espéces comestibles, telles que : 


Hydnum repandum L. | Clavaria corallioides L. 
Boletus edulis Bull. Cantharellus cibarius Fries. 


(4) D’après M. Cordier, il est douteux que l'Agaric rapporté ici à I A. cepestipes, appar- 
tienne à cette espèce, l'A. cepestipes n'étant pas blanc, mais jaunâtre, et ne se trouvant 
guère que dans les serres ct les jardins (Note ajoutée pendant l'impression, octobre 1866.) 


CXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

Quelques-unes de ces Chanterelles avaient jusqu’à 14 centimètres de dia- 
mètre. Les deux variations de couleur de cette espèce, jaune vif et jaune pâle, 
ne croissaient pas dans les mêmes lieux. 

Les Clavaires présentaient de nombreuses variétés de forme ou de couleur. 
Tantôt ramassées en tête charnue avec des tiges épaisses et courtes, tantôt à 
rameaux plus ou moins minces, branchus, ressemblant parfois à une tête de 
Chou-fleur, parfois à un pied de corail, variant, pour la couleur, du blanc au 
gris et au jaune pàle. Dans une forét de Sapins, le développement circulaire 
du mycélium d'une de ces Clavaires avait prés de 2 mètres de diamètre, et 
montrait un bel exemple de ce que les superstitions populaires ont désigné 
sous les noms de rond des sorcières, cercle du sabbat. Ce cercle était régu- 
lier dans les deux tiers de son étendue et formé par une douzaine de Cla- 
vaires. 

Dans les taillis et les pâturages, nous avons trouvé : 


Agaricus virgineus Wulf. Agaricus psittacinus Fries. 

— odorus Bull. — gilvus Pers. 

Spathularia flavida Pers. Clavaria fastigiata L. 

Lycoperdon verrucosum Bull. Uredo Cacalie DC. 

Æcidium Ariæ Schleich. Stromatosphæria disciformis Grev. 


— cornutum Pers. 


L'Agaricus psittacinus Fries nous a montré une anomalie remarquable ; 
c'est une soudure de deux chapeaux en un seul. Ce chapeau est supporté par 
deux pédicules trés-distincts, complétement séparés à leurs bases. 

Sous un vieux Sapin et sur de petites branches mortes, un joli Zelephora 
étendait ses expansions brunes et découpées sur leurs bords; il nous a paru 
être le Telephora laciniata Pers. 

Une grande Pezize (de 7 à 8 centimètres), voisine du P. cocAleata L. , ayant 
comme cette espèce la consistance de la cire, mais déjetée d'un seul côté et 
dressée, brune en dessus, rousse en dessous, croissait solitaire ou par groupes 
de deux ou trois, dans un talus de gazon. Quand on la touchait, des jets de 
spores s'en échappaient sous forme de fumée trés-apparente. Serait-ce une 
variété du Peziza stipitata de Bulliard ? 

A peu de distance de la Glacière, nous avons trouvé sur terre le Geoglos- 
sum glabrum Pers. . 

Dans les terrains rocailleux et déchirés qui séparent la Glacière du Planet, 
nous avons cueilli l Æcidium Amelanchieris DC., et sur l'Euphraise des 
Alpes l Uredo Rhinanthacearum DC. 

La nuit venait rapidement lorsque nous avons atteint le Planet, grandes 
prairies formant, proportions gardées, une plaine à la base du passage de 
Balafra. Nous avons encore pu voir le Bovista gigantea Nees et l'Agaricus 
campestris L. Nous avions le matin de ce jour ramassé le méme Champi- 
gnon à 1200 mètres plus bas. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CXIII 


Cette année, la saison a été favorable au développement des Champignons; 
il a plu au moins de quatre jours l'un. Aussi cette liste serait-elle beaucoup 
plus longue si, comme je l'ai dit en commencant, nous pouvions y ajouter 
toutes les espèces restées indéterminées pour nous, surtout dans la section des 
Mucédinées. 

Les grosses espèces de Champignons, communes dans les bois du. Brizon et 
des montagnes voisines, pourraient être utilisées. On ramasse peu les espèces 
comestibles. Je comprends que l'on redoute les erreurs qui causent si souvent 
des empoisonnements avec les Bolets, les Amanites ou les Agarics. Il y a, en 
effet, des espéces dangereuses qu'il est assez difficile de discerner d'avec celles 
qui sont comestibles; mais il est d'autres Champignons, tels que les Chante- 
relles et les Clavaires, qui n'ont point d'analogues vénéneux avec lesquels on 
puisse les confondre. Pourquoi ne pas les recueillir, soit pour l'alimentation 
des montagnards, soit pour les faire sécher et pour les livrer au commerce? 
Non-seulement ce sont des substances saines et agréables qui renferment 
beaucoup de matières alibiles, mais ce serait encore une industrie productive 
pour ceux qui les feraient sécher ; la vente en serait facile. Dieu les a jetés à 
profusion sous nos pas, tàchons d'utiliser ses dons. 


M. Eug. Fournier rend compte de l'excursion faite au bois de 
Colone, aux pâturages de Flaine et au Haut-de-Véron, dans les 
journées des 16 et 17 août: 


RAPPORT DE M. Eug. FOURNIER SUR LES HERBORISATIONS FAITES LES 16 ET 
17 AOUT AU BOIS DE COLONE, AUX PATURAGES DE FLAINE ET AU HAUT-DE-VÉRON, 
SOUS LA DIRECTION DE M. V. PERSONNAT, 


Toutes les fois que la Société tiendra des sessions dans un pays de mon- 
tagnes, et qu'elle voudra en explorer soigneusement certaines parties intéres- 
santes, elle ne pourra que gagner à se fractionner en deux ou trois groupes, 
les hótelleries faisant généralement défaut au-dessus de 1500 mètres. Dans les 
Alpes que nous parcourons, une troupe peu nombreuse se logera aisément 
partout, grâce à la cordiale hospitalité de leurs montagnards, dont les chalets 
spacieux offriront toujours du pain, du lait et de la paille; et les botanistes y 
emploieront les claies à fromages pour faire sécher pendant la nuit leurs ré- 
coltes de la journée. Ils devront méme en Savoie profiter souvent de ces 
avantages pour aller coucher, à la fin d'une première journée d'ascension, dans 
la région alpestre, où les chalets sont très-répandus partout, et se trouver, le 
lendemain, frais et dispos au pied méme de la région alpine. 

Tel est le mode d'herborisation qu'une fraction de la Société réalisa dans 
les journées des 16 et 17 août. Aprés s'étre rendus directement de Bonneville à 
Sallanches, les membres qui la composaient se concertèrent avec M. le maire 

T. XI a 


Cxiv ^ ^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de Sallanches, qui les attendait et fit tout préparer à souhait pour cette séance; 
puis avec notre honorable confrére M. V. Personnat, qui déploya pour la 
Société un zèle au-dessus de tout éloge, et organisa immédiatement la course 
que je vais décrire. 

Nous partimes à dix heures du matin, accompagnés par notre nouveau con- 
frére M. Ph. Bardel, un des habitants les plus distingués de Sallanches, et par 
l'habile directeur de l'école chrétienne de cette ville, frére Valfrid, dont l'activité 
et les connaissances seront dignement appréciées dans le rapport consacré aux 
collections de la Haute-Savoie, et qui doit clore le compte rendu de cette ses- 
sion. L'intention de M. Personnat était de nous faire parcourir les montagnes 
qui s'élévent en face de Sallanches, sur la rive droite de l'Arve, tandis que 
l'autre fraction de la Société explorait les sommets qui en dominent la rive 
gauche. Aussi nous signala-t-il seulement de loin une localité intéressante de 
P Equisetum variegatum Schl., qui croit sur les bords de l'Arve avec les 
Myricaria germanica Desv. et Geranium palustre L., pour parvenir prompte- 
ment au lieu de notre rendez-vous. 

Ce rendez-vous était fixé à la cascade d'Arpennaz, dont le mince filet d'eau, 
cent fois brisé par la roche abrupte, se pulvérise en fines gouttelettes : 
légère colonne de brouillard que le soleil diamante et que le vent disperse. 
Nous comimencons là notre herborisation, à 516 mètres d'altitude. Sur le 
bord de la route fleurit sous les taillis un Cyclamen remarquable par les 
crénelures obtuses de ses feuilles, que M. Eug. Perrier rapporte au C. coum 
Mill., espèce orientale non encore signalée dans les Alpes ; sur le sol s'étalent 
les rosettes de l Hieracium staticifolium Vill., entre les rocailles les tiges dé- 
combantes du Gypsophila repens L., qui se retrouve pendant longtemps 
sous nos pas. Nous gravissons lentement la erase (1) d'Arpennaz, formée de 
calcaire jurassique et exposée au sud-ouest (2), et dont la végétation, dans 
ša partie inférieure au moins, rappelle celle des coteaux du centre de la 
France. Nous y observons en effet (3) Teucrium montanum L., Anthericum 
ramosum L., Trifolium rubens L., Hypericum montanum L., Geranium sai- 
guineum L., Galeopsis angustifolia Vill., Allium carinatum L., et plusieurs 
espèces de Rosa que l'absence de M. Bouvier et de M. Puget ne nous permet 
pas de déterminer. 

En récoltant ces plantes, nous parvenons au hameau de Luz, à 800 mètres 


(4) Le nom de erase est donné en Savoie aux excavations abruptes et peu profondes 
creusées sur le flanc des hautes montagnes. 
. (2) ll en est de méme de tout le coteau étendu de Saint-Martin à Passy, sur lequel 
la Vigne est cultivée à 600 métres d'altitude, tandis que cette culture est impossible sur 
la rive opposée. Quelques membres de la Société ont pu voir, chez M. le curé du Grand- 
Bornand; un cep de vigne planté à 900 mètres d'altitude, et qui, bien exposé, est d'un 
exeellent rapport. 

(3) La liste de ces plantes est dressée en général, dans ce rapport, dans l'ordre sulvant 
lequel elles se sont présentées pendant l'herhorisation. ds 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CXV 


environ ; de Luz aux Granges-devers-Luz, nous devons noter, sur les bords du 
chemin : Lamium maculatum L., Epilobium montanum L., Sedum seran- 
gulare DC., S. album L., S. montanum Perr. et Song., qui se distingue 
du S. reflexum L. par ses sépales aigus, et du S. anopetalum par ses feuilles 
écartées et non imbriquées, dressées sur les rejets; Gérantum pyrenaicum L., 
plusieurs de ces Campanula que Thurmann, dans sà Phytostatique du ira, 
regarde comme des formes du €’. rotundifolia L., occasionnées par des varid- 
tions de sol et d'altitude, entre autres le C. subramulosa Jord. ; puis, sur dés 
petits plateaux gazonnés: Gentiana ciliata L., Alchimilla vülgortt L. vát. 
hybrida, Helianthemum grandiflorum DC. , qui dés le premier aspect se dis 
tingue bien de IZ. vulgare L. ; Euphrasia minima Schl. , bien caractérisé at 
milieu des nombreuses formes qu'on a distinguées dans le type linnéen de IZ. 
officinalis, par sa coralle jaune diaprée de lilas; Juniperus communis L. , hain 
et facile à confondre avec lé J. nana Willd.; enfin un Onobrychis que je crois 
devoir être rattaché à l'Q. montana DC. Sous l'ombrage des Hétres croît le 
Saxifraga aizoides L. , et quelques plantes de la plaine, telles que lë £atAyris 
pratensis L., le Stachijs arvensis L., le Veronica Beccabunga L., se reheon- 
trent encore vers 1000 mètres d'altitude, auprès d'une source où l'un de nos 
secrétaires, M. L. de Martin, commence pendant notre prerièré halté ses 
intéressantes observations sur les fromages de la Savoie, qu'il se propose de 
communiquer à la Société. 

En continuant à monter, des Gr anges-devers-Luz jusqu'aux Frêtes-de- 
Magland , c'est-à-dire à 1240 mètres, nous notons les plantes suiyantes, 
par mi lesquelles on n'a pas omis de citer quelques espèces vulgaires, qu'il peut 
être intéressant de signaler à cette altitude ; 


Phleum Bœlimeri Wib. ` Polygala s i E. 
Seseli montanum L. Stachys alpina 

Medicago Lupulina L., var; Campanüla rapuneuloides L. 
Campanula rhomboidalis L. Asperula odorata L. 

— linifolia Lam. Hippocrepis comosa L. 
Orobus niger £. Sedum dasyphyllum £. 
Pimpinella magna L. Calamintha alpina Lam. 


Alors, parvenus au sommet de la crase d'Arpennaz, sur les Frétes-de-Má- 
gland, nod pouvotis, éit jetant un regard en arrière, contempler à fiós fileds 
la profonde vallée de l’Arve, et, en face de nous, à 2000 mètres au-dessus de 
Sallanches, les pics et les arêtes vives de la chaine des Fours; derrière ed 
notre pensée va chercher les cities des Aravis et le village dü Graiid-Borrat 
et nous regardons d'un œil anxieux un couloir étroit que la neige blanchit à 
deux lieues de distancé horizontale, le couloir de la cheminée, Qté ös göl- 
frères, engagés alors dans la vallée du Reposoir, doivent descendre le lendemain 
pour se réunir à nous. 

Sur les Frétes-de-Magland, qui séparent la vallée’ de l'AtVé d’ün vallon 


CXVI 'SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


secondaire, nous changeons de versant, et la végétation, à l'exposition du nord, 
revét brusquement un caractére tout nouveau. Tournant à droite pour suivre 
le sentier qui doit nous conduire au lac puis aux chalets de Flaine, nous nous 
trouvons dans les pâturages alpestres, au milieu desquels se groupent les chalets 
de Colone, village auquel la tradition locale assigne pour fondateur un Italien 
de l'antique famille des Colonna. Les Composées, Graminées, Légumineuses 
et Ombellifères y dominent; nous y remarquons le Cotoneaster tomentosa, un 
Hieracium que mon ami M. E. de Valon, versé dans la connaissance des 
plantes des Alpes, rapporte à l'H. nemorense Jord. Sur notre droite, un talus 


gazonné, ombragé par d'épais buissons d' A/nus viridis, nous offre les récoltes 
suivantes : 


Orobus luteus L. Veronica urticifolia L. f. 
Alchimilla alpina L. Melampyrum silvaticum L. 
Saxifraga stellaris L. Polygonum viviparum L. 

— rotundifolia L. Convallaria verticillata L. 
Astrantia major L. Tofieldia calyculata Wahlnb. 
Bellidiastrum Michelii Cass. . Luzula spadicea DC. 
Homogyne alpina Cass. Carex tenuis Host. 

Pirola minor L. : — ferruginea Scop. 
Pinguicula alpina L. — pallescens L. 

Gentiana lutea L. 


Quelques pas plus loin nous entrons dans un bois épais d’Abies pectinata 
DC., qui s'élève à perte de vue sur notre droite, abrité du midi par les ai- 
guilles de Varens, et fortement incliné au nord du cóté de Colone. L'ombrage 
des Sapins, un sol tapissé par les Sphagnum, pénétré de sources nombreuses, 
y créent des conditions spéciales de végétation : comme au bois du Capucin, 
que la Société a visité dans ses excursions au Mont-Dore, comme à la Mou- 
cherolle, sur laquelle un intéressant mémoire de M. l'abbé Ravaud a été 
publié dans notre Bulletin (1), des Cryptogames intéressantes, parmi lesquelles 
nous pouvons signaler les Bartramia OEderi Sw., Plagiochila asplenioides 
Lind., Preissia commutata Nees, Fegatella conica Corda, Jungermannia 
barbata var. attenuata Schreb., tapissent un sol meuble et humide, qui 
nous offre les plantes vasculaires suivantes : | 


Ranunculus platanifolius L. Maianthemum bifolium DC. 


Arabis alpina L. Epipactis atro-rubens Hoffm. 
Dentaria digitata Lam. Melica nutans L. 


Mæhringia muscosa L. Elymus europæus L. 
Stellaria nemorum L. Polypodium Dryopteris L. 
Cerastium alpinum L. Aspidium Lonchitis Sw. 


Lonicera cærulea L, Asplenium Adiantum nigrum L. 
Prenanthes muralis L. — viride Huds. 


Vaccinium Vitis idæa L. Cystopteris fragilis Bernh. 
Pirola minor L. Lycopodium Selago L. 


(4) Tome VII, p. 740. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866.  cxvil 


Mais les trois plantes les plus intéressantes de ce bois sont, sans contredit, 
trois Orchidées qui croissent presque ensemble, le Goodyera repens R. Br., 
ici dans sa station naturelle (et qui se multiplie chaque année davantage sous 
les Pins de Fontainebleau), le rare Coralliorrhiza innata R. Br., et surtout 
l'Epipogon aphyllus Sw., dont M. Blanche découvre deux échantillons en 
pleine fleur, et dont nos confréres, moins heureux, n'ont pu voir au Brizon 
que des rhizomes. Des fleurs en ont été dessinées dés notre retour, et placées 
dans l'alcool ; peut-étre réussira-t-on, à l'aide de ces matériaux, à présenter à 
la Société, dans quelque temps, une description et une figure de l’ Epipogon 
plus parfaites que celles qui ont été publiées jusque aujourd'hui. Nous aurions 
bien voulu multiplier nos recherches et rapporter pour les distribuer quelques 
pieds d' Zpipogon, mais il était six heures du soir, les ombres des montagnes 
s'allongeaient dans la vallée, et nous étions encore loin des chalets de Flaine. 
Aussi, quittant le bois de Sapins, nous gravissons sur notre droite un défilé 
qui descend à gauche vers Colone, et de là vers Magland, et dont la pente 
douce et gazonnée nous offre : 


Euphrasia minima Schl. Sedum annuum L. 
Saxifraga Aizoon Jacq. Trifolium badium Schreb. 
Veronica fruticulosa DC. Veronica aphylla L. 
Crepis aurea Cass. Carex leporina L. 
Myosotis alpestris Schm. Phleum alpinum L. 
Selaginella spinulosa Al. Br. Poa alpina L. 


Au point culminant du défilé, à 1500 metres, une croix de fer dressée sur 
un tertre limite la vallée de l'Arve, que nous quittons pour descendre vers le 
lac de Flaine. C'est à peine si les dernières lueurs du jour nous permet- 
tent encore de voir : Salix reticulata L., Polygonum Bistorta L., Dryas 
octopetala L. et Parnassia palustris L., une plante automnale dans la plaine 
qui se mêle ici aux espèces vernales de la montagne, dans un ravin, entre 
deux hautes murailles de rochers, sur les bords d'une source bruyante qui 
court vers le lac de Flaine; puis nous descendons faire une dernière halte 
sur les bords de ses eaux tranquilles, Aucun pli n'en ride la surface, car la 
source, en s'y jetant, ne le trouble pas, mais disparait dans un canal souter- 
rain, où se déversent aussi parfois les eaux du lac : ce qui empêche ses 
rives d'offrir, à 1430 mètres d'élévation, la végétation intéressante des maré- 
cages élevés que nous ont offerte les lacs des Vosges à une altitude beaucoup 
plus faible. 

Quittant à huit heures les bords du lac, nous croyions toucher au but de 
notre course, et bien longue nous parut encore l'heure que nous employámes 
à travers Sapins et pâturages pour grimper aux chalets de Flaine, où nous 
recümes l'hospitalité traditionnelle dans la montagne. Le lendemain, à sept 
heures, nous étions debout, et nous commencions notre herborisation à 


CXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


1711 mètres au-dessus du niveau de la mer, au bas de la région alpine, ayant 
devant nous ses neiges, ses glaciers et sa végétation printanière, 

C'est le cas d'insister ici sur les causes physiques qui donnent à cette végé- 
tation le caractère vernal, depuis longtemps signalé par de nombreux obser- 
yateurs, que M. Bouvier a retracé en paroles éloquentes dès le début de cette 
session, et que M. de Schœnefeld a parfaitement défini dans une note inté- 
ressante (1). La rapidité d'évolution propre aux espèces alpines, semblable à 
celle des espèces printanières de la plaine, tient à ce que le climat des som- 
mités de l'Europe centrale offre en été les conditions météorologiques du prin- 
tenips de la plaine, Dans la plaine, c'est au printemps que l'écart est le plus 
sensible entre la température du jour et celle de la nuit; son influence, at- 
tribuée vulgairement à la lune, y est bien redoutée des cultivateurs. Or, prés 
des glaciers, cet écart est toujours extréme. La température s'y refroidit par 
un rayonnement nocturne considérable, dont les observations rapportées par 
M. Doümet nous donnent une mesure ; tandis que peudant le jour les rayons 
solaires y échauffent le sol plus vivement (2) que dans la plaine, où ils ne par- 
viennent qu'à travers deux mille mètres d'une atmosphère plus dense, qui 
diminue leur puissance ealorifique (3). D'ailleurs, les orages, la grêle, les 
vents et l'évaporation abondante qu'ils déterminent sur un sol arrosé par 
les eaux des glaciers, toutes les vicissitudes météorologiques en un mot, carac- 
térisent aussi bien le elimat habituel de la montagne que le printemps de là 
plaine. 

Telles étaient les réflexions qui s'offraient à chacun de nous au sortir des 
chalets de Flaine. Nous étions dans la zone que MM. Dumont et de Mortillet, 
dans les prolégomènes de leur Histoire des Mollusques de la Savoie, ont dé- 
finie sous le nom de zone des Z/4ododendron. Tantôt uni et verdoyant, tantôt 
crevássé et dangereux à la marche, tantôt relevé en rochers bas ét arrondis, le 
sol offrait une végétation très-variée ; sur les pelouses : Aster alpinus L., Bri- 
geron alpinus L. , E. glabratus Hoppe, Calamintha alpina Lam. , Hieracium 
villosum L., Linum catharticum b. (qu'on est étonné de trouver à cette 
altitüde) ; Crepis aurea Gass., Astrantia minor L., Daphne Mezereum L.; 
— dans les anfractuosités : Viola biflora D., Blechnum Spicant Roth, Poly- 
podium Dryopteris L. et Cystopteris fragilis Bernh. ; — sur les rochers : 
Sedum atratum L., Saxifraga lingulata Bell., Draba aizoides I, Veronica 
alpiñá Y, , Salix reticulata L., S. retusa L., Dryas octopetala b., ete. 

Pour átteindré le col auquel on donne le nom de Haut-de-Véron, nous 


(1) Voy. le Bulletin, t. XI (séances), pp. 31-32, 

(2) Il est à remarquer, à ce propos, que l'intluence des sols calcaires, qui s'échauffent 
plus que les sols siliceux aux rayons du soleil, doit étre plus forte dans les régions éle- 
vées que dans les régions basses. 

(3) S'il était besoin de citer ici des preuves, on en trouverait d'excellentes dans les 
trávaux de M, Ch. Martins et dans une communication faite à la session de Eros 
par M. J; Ball. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CXIX 


sommes obligés de redescendre une centaine de mètres sous les Sapins, dans 
la direction du lac de Flaine; ici la pente est exposée au midi, les Sapins sont 
Clair-semés, n'interceptant pas la lumière, et la végétation qu'ils abritent est 
fraîche et luxuriante, sans présenter les espèces qui vivent dans les Sphagnum ; 
nous récoltons là : 

Homogyne alpina Cass. 

Saxifraga cuneifolia L. 

Campanula barbata L. 


Ranunculus aconitifolius L. 
Potenlilla aurea L. 


Geranium silvaticum L. 
Cirsium spinosissimum Scop. 
Galeobdolon luteum Huds. 
Valeriana tripteris L. 
Thesium pratense Ehrh. 

Puis, tournant à gauche, nous gravissons péniblement 500 métres sur une 
pente rocheuse, fortement inclinée, qui doit nous conduire au point culmi- 
nant de notre course, La première plante nouvelle que nous rencontrons au- 
dessus des Sapins est le Gentiana purpurea Vill, puis nous arrivons à une 
fontaine creusée dans le rocher, dont les anfractuosités nous fournissent encore 
les Fougères alpestres déjà mentionnées plusieurs fois dans ce compte rendu, 
et dont la voûte, couverte de verdure, porte les Sempervivum montanum L., 
Veronica saxatilis Jacq. (1), V. alpina L., Trifolium alpinum L., T. cespi- 
tosum Reyn. , Agrostis rupestris Al., Poa alpina L., et le Silene acaulis L., 
dans lequel j'avoue qu'il m'est encore impossible de distinguer divers types 
spécifiques. : 

A partir de la source, la montée, plus douce et couronnée par de grandes 
assises neigeuses, est complétement gazonnée. Voici la liste des plantes qu'elle 
nous offre successivement: 


Polygala alpestris Rehb. 
Gentiana nivalis L. 
Trifolium badium Schreb. 
Galium anisophyllum Vill. 
Luzula nigricans DC. 
Sedum Anacampseros L. 
Plantago minima DC. 

— montana DC. 

— alpina Z, 

Carduus defloratus L. 


Viola calcarata L. 

— lutea L. 

Crepis aurea Cass. 

Phaca astragalina DC. 
Meum Mutellina Gartn. 
Pyrethrum alpinum Willd. 
Silene rupestris L. 

— alpina Thomas. 

Carex nigra All, 


De distance en distance le sol est soulevé par des schistes brusquement en- 
taillés à pic par le cataclysme qui a produit la crase où nous montons, lit pro- 
bable d'un ancien glacier ; sur les assises délitées des couches schisteuses s'est 
établie une flore très-variée, dont on peut juger par la liste suivante ; 


Galium anisophyllum Vill. 
Saxifraga stellaris L: 

— oppositifolia L. 
Primula Auricula L. 
Pedicularis verticillata L. 


(4) Voy. le Bulletin, t. IH, p. 481. 


Sedum alpestre Vill. 
Saxifraga aspera L. 

— lingulata Bell. 
Draba frigida Saut. 
Alsina Villarsii M. et K. 


CXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Alsine verna Baril. Phyteuma betonicifolium Vil. 

Sagina glabra Willd. Soldafiella alpina L. 

Botrychium Lunaria Sw. Distichium capillaceum Br. et Schimp. 
Nigritella angustifolia Rich. i Webera nutans Hedw. 


Cependant nous montons, dominant le paysage ; nous sommes dans la région 
subnivale, et les pelouses nous offrent Alchimilla pentaphylla L., Adeno- 
styles alpina Bluff et Fing. , Hutchinsia alpina R. Br., Globularia cordifolia 
L., Carex frigida All., Gentiana Clusii Perr. et Song. ; les escarpements 
schisteux : Cherleria sedoides L, , Phyteuma hemisphæricum L., Gaya sim- 
plex Gaud., Carum Carvi L., Saxifraga androsacea L., S. muscoides 
Wulf. et Crepis pygmeæa L. 

Bientôt le sol change subitement : au lieu du gazon fin et serré sur lequel 
nous marchons depuis une heure, c'est une roche blanchâtre, fendillée en 
crevasses longues, étroites et profondes, et que la neige voile quelquefois sous 
nos pieds ; malgré les difficultés qu'elle offre à notre ascension, nous remar- 
quons dans les anfractuosités où s'accumule un peu de terre et où séjournent 
les eaux des glaciers : 


Tozzia alpina L. Viola biflora L. 
Cystopteris fragilis Bernh. Bartsia alpina L. 
Polypodium Dryopteris L. Allium foliosum Clar. 
Biscutella longifolia Vill. ^. Gagea Liottardi Schult. 
Asplenium Ruta muraria L. var. Aronicum scorpioides DC. 


Et enfin, à la base des neiges perpétuelles, Ranunculus alpestris L. et 
R. montanus Willd. 

Nous parvenons alors sur le glacier du Haut-de-Véron, à 2284 mètres d'alti- 
tude. Les falaises escarpées qui le bordent, et où nous grimpons pour chercher 
un sol plus sûr, ne nous offrent plus de plantes nouvelles; et, le glacier franchi, 
la stérilité d'une région désolée où nous ne trouvons plus d'autre végétal que le 
Linaria alpina DC. , nous laisse sentir davantage la fatigue. Nous sommes dans 
le Désert de Platet. Autour de nous se dressent, voilées par les nuages qui 
glissent sous un ciel assombri, les masses puissantes qui nous séparent du col 
d'Anterne à gauche, de la vallée de l'Arve à droite; partout s'élèvent de gigan- 
tesques amas de pierres grisâtres, entrainées par les avalanches : la raréfaction 
de l'airet le silence de la nature nous oppressent à la fois, et c'est avec bonheur 
qu'aprés quelques instants passés au chalet de Platet (2090 métres), nous 
apercevons subitement, du haut dela crase de Chède, à 1400 mètres au-dessus 
de nous, la vallée de?’ Arve où nous allons redescendre, et en face de nous celle 
de Mont-Joie, oà le programme de la session nous appellera dans deux jours. 

Maintenant ce trop long rapport est presque terminé. A peine me reste-t-il le 
temps de signaler cette descente vertigineuse, où le sol schisteux s'éboule sous 
les pieds sur une longueur de 300 mètres. Il ne s'y trouvait à noter qu'un 
petit nombre d'espèces, qui sont, dans l'ordre de la récolte : 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CXXI 


Athamanta cretensis L. Veronica fruticulosa DC. 
Heracleum Panaces L. Petasites niveus Baumg. 
Adenostyles alpina Bluff et Fing. Silene nutans L. 

Erinus alpinus L. Onobrychis montana DC. 
Senecio silvaticus L. Thesium alpinum L. 
Solidago alpestris W. et K. Aconitum lycoctonum L. 
Scabiosa lucida Vill. Astragalus aristatus L'Hér. 
Dianthus saxicola Jord. Gypsophila repens L. 
Lamium purpureum L. Rumex scutatus L. 
Oxytropis montana DC. Epilobium Fleischeri Hochst. 


Nous revoyons enfin la région des Sapins, puis celle des Hêtres, puis nous 
traversons les pâturages de Chède, et de descente en descente, nous arrivons 
a travers champs au village où nous sommes heureux de trouver, pour ren- 
trer à Sallanches, la voiture de M. Personnat, que nous ne savons comment 
remercier des marques de dévouement qu'il nous a prodiguées pendant ces 
deux journées. 


M. Louis de Martin, qui a publié un travail approfondi sur les 
fermentations (1), fait à la Société la communication suivante : 


SUR LA FERMENTATION CASÉIQUE, par ME. L. DE MARTIN. 


La Société botanique de France a depuis longtemps reconnu que si sa mis- 
sion essentielle est d'étudier la végétation des pays qu'elle parcourt, elle 
peut aussi les explorer utilement à divers autres points de vue; si elle en 
émporte surtout des plantes, elle sait aussi y recueillir tous les matériaux 
épars cà et là, en confiant aux chimistes, aux physiologistes, aux géologues et 
aux médecins qu'elle compte parmi ses membres, le soin de tout visiter, de 
tout étudier, afin que son passage soit marqué au coin de l'universalité scienti- 
fique. 

Ce sont là les considérations qui m'enhardissent à présenter à la Société 
des réflexions sur la fermentation caséique. Bien qu'il semble étranger à nos 
études, ce sujet s'y rattache pourtant par un lien caché, mais très-réel. 
Comme je vais l'exposer ici, la fabrication des fromages et les procédés qu'elle 
résume sont fondés sur un fait supérieur et général, l'influence que les végé- 
taux inférieurs exercent pendant les diverses fermentations. En effet, comme 
nous l'a appris M. Boussingault (2), et comme je l'ai observé moi-même, 
le caséum du fromage, aprés avoir séjourné plus ou moins longtemps dans la 
cave où on le conserve, se couvre de moisissures tout d'abord légères, blan- 


(1) L.-H. de Martin, Des fermentations et des fermen!s dans leurs rapports avec la 


physiologie et la pathologie. Paris, chez J.-B. Bailliére, 1865. p 
(2) Rapport sur le mémoire de M. Brassier, intitulé Fabrication et composilion des 


fromages, dans Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d’agriculinre de 
France, 2° série, t, XX, juillet 1865, p. 475. 


CXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


châtres, sous forme de filaments très-déliés, dont la couleur varie et passe du 
bleu au rouge; ils sont formés par le Penicillium glaucum. Ge sont des 
Mucédinées d'un blanc verdâtre qui, envahissant l'intérieur de la pâte du fro- 
mage, y font naître ces marbrures, ce persillé, qui n'apparaissent spontané- 
ment qu'après que le fromage a passé plusieurs mois à la cave. 

Pour bien faire apprécier le mode d'action des ferments en question, il est 
nécessaire de rappeler ici la composition du fromage. On y trouve, quand la 
fermentation a été poussée très-loin : 

1° Des traces d'ammoniaque ; 

2 Du phosphate de chaux qui préexistait dans le lait ; 

3° Une substance blanche formée de paillettes nacrées, brillantes, solubles 
dans l'eau et dans l'alcool, insolubles dans l'éther, sans odeur, sans saveur : 
C'est la leucine, produit constant de la putréfaction de la chair musculaire; — 

he Une matière d'apparence gommeuse, soluble dans l'eau, ayant le goût 
du jus de viande; 

5^ De l'acide margarique, de l'acide oléique, les acides gras du beurre; 

6° Une substance huileuse, jaunâtre, inodore, très-fluide, plus pesante que 
l'eau, et tellement âcre, qu'une parcelle mise sur la langue y fait naître des 
ampoules en y développant une sensation brûlante. Gette huile corrosive a 
une réaction acide; c'est à elle, sans aucun doute, qu'est due la saveur pi- 
quante, le montant qui assaisonnent le fromage, surtout le vieux fromage qu'il 
suffit de goûter pour avoir, suivant l'expression de Proust, la bouche ampoulée. 

Tous ces principes se développent aux dépens du caséum et du beurre. 
C'est sur eux que les Cryptogames agissent comme ferments pour isoler, déve- 
Jopper ou sécréter les principes précédemment énumérés. Leur végétation, 
leur existence, au sein de ce mélange, c'est la fermentation caséique, dont 
les effets sont subordonnés à sa durée et à son intensité (1). Cela se comprend, 
car un seul individu, peu importe le régne auquel il appartient, si on lui 
donne un temps suffisant, pourra absorber des quantités très-considérables 
d'aliments; mettez beaucoup de convives, et les mets seront plus vite con- 
sommés (2), 

Tous les changements survenus dans la masse caséique sont produits par 
des étres vivants, En somme, ce que l'on peut remarquer, le voici : 

4° Un terrain favorable : — le fromage. 

. 2° Des agents vivants: — des phyto-échobies. 
: Après la naissance de ces derniers, il se produit : 

1* Des actes vitaux, 


2° Des actes chimiques dépendant des actes vitaux et apparaissant aprés 
eux. Lg Es 


- (4) Boussingault, loe. cit., p. 476, 
(2) L.-H. de Martin, loc. cit., p. 9. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNEOY, AOUT 1866.  gxxuI 


3^ Des réactions chimiques indépendantes. 

Si la fermentation caséique a continué longtemps, les échobies (ferments 
organisés) qui ont envahi la pâte, hâtent leur œuvre de destruction « en dé- 
» doublant au plus vite la matière organisée morte et la matière organique 
» n'ayaht jamais vécu ou ayant fait momentanément partie d'un organisme, 
» Elle produit peu à peu et successivement une série de transformations 
» accomplies par une suite de ferments. Nous en arrivons ainsi à une 
» putréfaction, et l'on sait que celle-ci n'est pas autre chose que l'ensemble 
» des actes de nutrition et de développement des myriades de ces étres infé- 
» rieurs vivant au sein de ces matières dont se sont nourris les germes pré- 
» existants et venus d'ailleurs aprés leur éclosion ou leur germination sur les 
» fromages, comme sur un terrain qui les alimente, mais qui ne leur a pas 
» donné naissance. G'est à l'aide de ce tout complexe qu'ils ramènent les ma- 
» tières organiques et les substances organisées à un état plus simple, à l'état 
» dit minéral Les termes les plus ultimes de cette simplification sont l'acide 
» carbonique, l'azote ou l'ammoniaque, le sulfure et le phosphure d'hydrogène, 
» l'eau, quelquefois l'hydrogène (1). » 

Une question bien controversée s’est naturellement présentée à l'esprit de 
ceux qui étudiaient la fabrication des fromages. S'y forme-t-il réellement des 
corps gras de toutes pièces ? M. Brassier, dans son remarquable mémoire, a 
mentionné des expériences dans lesquelles il a trouvé que, loin d'augmenter, 
la matière grasse diminue notablement pendant la fermentation. Ainsi la perte, 
pour un fromage de 300 grammes, était de 1057,47 au bout de deux mois, 
atteignait après quatre mois le chiffré de 1957,86, pour arriver au séptième mois 
à 278,04. Mais, longtemps avant M. Brassier, M. Blondeau, qui s'oecupe depuis 
bien des années de l'origine et de la formation des substances grasses dans les 
organismes vivants, avait montré au contraire qu'en vieillissant la proportion 
des matières grasses augmente dans les fromages. Comme le fait remarquer 
M. Boussingault dans son rapport, M. Payen prétendait que cette augmenta - 
tion n'est qué relative, ne se fait sentir que parce que le caséum et la lartine 
diminuent par suite de la fermentation. Au milieu d'un débat aussi grave, et 
qui a pour champions, dans les deux camps opposés, des hommes d'une si 
grande valeur scientifique, on réfléchit à deux fois et avec juste raison avant 
de se prononcer. Cependant, sans trancher nettement la question, on peut, 
ee me semble, arriver bien près dé là vérité. 

Aujourd'hui l'opinion « que les modifications éprouvées par le fromage qui 
» vieillit sont dues en partie aux actions vitales des Cryptogames qui les ont 
» énvahis est assez généralement adoptée » (2). Or, tous les animaux, quelque 
inférieurs qu'ils soient, et bien des végétaux, produisent de vraies matieres 


(4) L.-H. de Martin, loc. eit., p. 27. 
. (2) Boussingault, loc. cit. 


CXXIV 1 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


grasses, soit des sels appelés corps gras, soit des acides gras; tous les forment 
dans leurs cellules, au sein de leur trame organique, et cela avec les mémes 
éléments nutritifs qu'ils emploient pour préparer le substratum matériel des 
cellules. Ils font donc des corps gras. Or, pourquoi les Cryptogames n'en 
créeraient-elles pas ? Pourquoi feraient-elles exception à la loi commune? Avons- 
nous des faits à l'appui de la doctrine que nous avançons ? Oui. Dans ses nom- 
breux et remarquables travaux sur les fermentations, M. le professeur 
Béchamp, de Montpellier, a prouvé que l'échobie de la levüre de bière, celui 
qui dans le sucre de raisin transforme le sucre en alcool, produit aussi de vé- 
ritables corps gras, de la glycérine et de l'acide acétique. Or, tout le monde le 
sait, l'acide acétique est le second acide de la série si remarquable des acides 
gras volatils, et la glycérine est la base de tous les corps gras naturels, tels 
que les graisses, les huiles, etc. On ne saurait expliquer leur formation par les 
actions chimiques mises en jeu dans de pareils milieux, car elles sont incapa- 
bles de leur donner naissance. Il faut donc invoquer, pour comprendre cette 
génération, non pas des actions chimiques, mais bien des phénomenes de nu- 
trition et de vie, phénomènes qui peuvent avoir pour auxiliaires des réactions 
d'ordre chimique. 

Un autre point important dans cette étude est de savoir si les échobies 
fournissent réellement quelque chose, et si par hasard on ne pourrait pas 
saisir l'agent mystérieux, si faible qu'il soit, en supposant qu'il existe, à l'aide 
duquel ils portent leur action. Pour les échobies du fromage, cela n'a pas été 
fait, que je sache; mais il est sorti du laboratoire de Montpellier des travaux qui 
ont mis le fait hors de doute, quant à l'échobie vinique du raisin. Non-seule- 
ment on peut affirmer que toutes les moisissures qui naissent dans un milieu 
agissent en tant qu'étres organisés, mais on peut assurer aussi en toute sûreté, 
pour la levüre de bière, qu'il se produit en elle quelque chose qui lui pré- 
pare les voies pour transformer le sucre de canne en alcool. Ainsi M. Béchamp 
a trituré du sucre de canne en grains avec la levûre de bière en bouillie très- 
épaisse ; instantanément le tout est devenu plus liquide, et tout le sucre de 
canne à passé à l'état de glycose, composé absorbable et assimilable par l'écho- 
bie vinique; c'est ainsi que la diastase, dans l'orge qui germe, sert à chan- 
gerla fécule en une série de matériaux solubles dont s'emparent les tissus de 
la jeune plante. Relativement à l'échobie caséique, la production d'une zymase 
(ferment soluble, non organisé) n'a pas été démontrée expérimentalement ; cela 
viendra peut-étre un jour. Cependant il n'en reste pas moins acquis que c'est 
dans la trame de la simple cellule, bien peu complexe comme produit organisé, 
que se forment les divers composés qui $e trouvent dans le fromage coméstible. 
Il en est à fortiori de méme pour les fromages qui seraierit trop vieux ou qui 
auraient subi une fermentation trop longue. 

Ces échobies agissent-ils toujours partout et dans tous les milieux de la 
méme facon ? Donnent-ils les mémes produits ? Oui. Un échobie donné, dans 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CXXV 


n'importe quel corps, engendrera dans ses tissus les mémes substances, pourvu 
que les éléments de ce corps lui permettent ses évolutions vitales diverses et 
son complet développement. Mais, si vous venez à changer l'état de ce milieu 
dans lequel le ferment organisé vivait, dés lors il cesse de vivre, et, devenu 
matiére purement organique, il sert de nourriture et d'aliment aux ferments 
à qui ce nouveau milieu est favorable. Ce sont là les conséquences des tra- 
vaux de M. Béchamp sur l'échobie vinique et sur l'échobie acétique. 

Ainsi un échobie donne toujours les mêmes produits, du moment qu'il vit 
et qu'il peut remplir sans entraves toutes ses fonctions physiologiques. Mais il 
faut bien se garder de croire que les choses soient aussi simples que je les pré- 
sente actuellement. Dans les fermentations industrielles, dans la fermentation 
caséique en particulier, il y a une foule de ferments organisés qui agissent soit 
simultanément, soit consécutivement. On retrouve divers échobies, je ne dirai 
pas divers genres, car la classification est ici à faire complétement, mais cer- 
tainement diverses espèces qui trouvent sur ce terrain tout ce qu'il faut à leur 
entretien. L'observation n'a pu qu'enregistrer par l'analyse le résultat final de 
leurs évolutions, sans pouvoir encore dire quelle est leur part respective dans 
l'action commune; on a seulement pu donner la somme des différents résul- 
tats dus à des étres vivants; mais nous croyons qu'une espéce prédomine sur 
les autres dans tel terrain donné; c'est elle d'ailleurs qui a servi à donner le 
nom à la fermentation. Aussi nous dirons fermentation caséique, parce que 
c'est l'échobie caséique qui domine dans le changement du caillé en fromage. 

En résumé, on peut conclure que le caillé du lait passe par les transforma- 
tions suivantes : 

1° Coagulation du lait par la zymase de la présure ; 

2» Salure, pressurage et quelquefois cuisson du caillé ; 

3? Apparition de Mucédinées, du Penicillium glaucum, blanc d'abord, 
puis bleu verdâtre et enfin rouge; en méme temps, dit M. Boussingault, la 
surface du fromage est enduite de mucosités, et dans le liquide qui en suinte, 
on découvre des vibrions qui s'agitent dans tous les sens (1). 

On n'a pas encore étudié, que nous sachions, les causes de ces diverses 
colorations. Nous sommes porté à croire que dans chaque nouvelle coloration 
on retrouve quelque ferment nouveau, quelque nouvel échobie. 

Il est donc désormais certain que, si l'on vient à changer les milieux où 
peuvent vivre les échobies, ceux-ci pourront donner, soit toujours les mémes 
produits, soit quelque produit accidentel tenant au mode d'alimentation nou- 
veau. Que si ils ne peuvent vivre, ils meurent, et de nouveaux germes éclo- 
ront en donnant naissance à de nouveaux étres pouvant désormais exister et se 
multiplier dans certains terrains fertiles pour leurs espéces. A cela rien de 
surprenant, et nous nous étonnerions, au contraire, qu'il n'en füt pas ainsi, et 


(1) Boussingault, loc, cit., p. 475. 


CXXVI .. .' o SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


que la règle générale de la vie en cé monde trouvât une si grande exception 
dans le mode des évolutions physiologiques des étres inférieurs. : 
* Ce travail noüs a été inspiré par l'examen d'un excellent fromage du genre 
des persillés, qui se vend à Sallanches, et dont le frére Valfrid nous a fait 
goûter dans une des haltes de l'herborisation qui vient d'être décrite par 
M. Eug. Fournier. Ce fromage, assez mou au toucher, sur lequel la pression 
modérée des doigts faisait une très-légère empreinte, offrait une odeur forte, 
bonne, agréable, nullement comparable à l'odeur presque toujours nauséeuse 
de la plupart des fromages en général, surtout de ceux qui sont très-riches en 
Cryptogames intus ef extra; cette odeur rappelait celle de certains fromages 
de Roquefort: La saveur était exquise, sui generis quant à son ensemble ; 
elle rappelait, mais en mieux, celle que nous procure le meilleur Roquefort. 
Au dedans, le fromage offrait une masse d'une coloration bleu foncé, mé- 
langée d'endroits à teintes plus claires, mais nettement tranchés; c'est, du 
reste, ée qui constitue les fromages du genre des persillés. 
- La fabrication de cette sorte de fromage, sur laquelle le frère Valfrid a bien 
voulu nóus donner des renseignements circonstanciés, présente des particu- 
lärités intéressantes, Au bout de trois mois de cave, après un séjour dans un 
lieu obscur et dans un air frais suffisamment renouvelé, on l'arrose de vin 
blanc que l'on a soin de verser lentement et peu à peu; on dorine ainsi au 
liquide le temps de s'imbiber dans la masse autant que le permettent les corps 
gras et azotés qui forment la majeure partie du fromage; puis, potir mieux 
lui faire absorber le vin, on l'enveloppe avec un linge que l'on a, au préalable, 
trempé dans le méme liquide. On a soin de tenir ce linge bien humecté pen- 
dant un à deux mois, et de retourner le fromage à chaque nouvel arrosage. 
Ce laps de temps écoulé, au lieu de vin blanc, on prend de l'alcool, et, dans 
le pays, de l'alcool de marc, parce qu'il est le plus commun, le moins cher et 
le plus facile à se procurer à l'état de pureté ou du moins sans trop de mé- 
lange. On sature le fromage d'alcool par le méme procédé. Au bout d'un temps 
qui peut varier avec chaque fromage, avec l'exposition, la cave, la tempé- 
rature, les phénomènes météorologiques, le traitement est terminé. Un phé- 
nomène remarquable, c'est que les cirons n'attaquent pas les fromages traités 
de la sorte, pas plus que les insectes ne dévorent les plantes empoisonnées. 

Les explications théoriques dans lesquelles nous sommes entré au début de 
cet article, permettent de comprendre très-facilement ce que pouvait amener 
de nouveau, au sein de la tasse caséique, le traitement particulier fait par lé 
frère Valfrid quand il arrosait son fromage avec du vin blanc d'abord et de 
l'alcool ensuite, en ayant d'ailleurs le soin de le tenir en uii lieu frais, obscur; 
et de le retourner souvent afin que chaque face à son tour fût exposée davati- 
tage à l'air et à l'action plus directe de l'agent bonificateur. 

En effet, le vin par lequel le fromage a été traité renferme, outre des maté- 
riaux, tant solubles qu'insolubles, qui vont augmenter la matière alimentaire 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOÛT 18606.  Cxxvri 
des Cryptogames, de l'alcool dont l'influence ici est très-grande. 1l change le 
milieu où vivent les Cryptogames. — Il les met à méme, vu cette noürriture 
toute spéciale, de donner momentanément peut-être naissance à des com- 
posés que d'ordinaire ils ne forment pas. — Il peut les rendre malades, de 
façon que les proportions de leurs produits soient changées en quantité, et 
qu'un de leurs composants devienne prédominant. — Il peut être pour cér- 
tains d'entre eux une mauvaise nourriture. — Il peut favoriser l'éclosion de 
nouveaux germes, lesquels engendreront normalement certains composés que 
n'aurait pas renfermés le fromage s'il n'eüt été soumis à ce traitement. — 1l 
peut enfin changer chimiquement ou isomériquement la substance caséique, 
favoriser certaines réactions, en contrarier d'autres ou en faire naitre de 
nouvelles, et dés lors le nombre des produits contenus dans le fromage doit 
augmenter ou être changé. Cette dernière action toute chimique est déjà assez 
importante pour que l'on doive y faire une grande attention. x ^ 

En outre, observons qu'il se forme à la surface du linge de l'acide acétique 
par suite de l'oxydation de l'alcool, et que cet acide doit entrer en ligne de 
compte dans les réactions chimiques qui ont lieu. Il est vrai qu'il doit étre en 
petite quantité. 

L'alcool, d'ailleurs, quand méme il n'aurait pour but que d'empécher les pa- 
rasites d'ordre relativement supérieur d'attaquer les fromages, aurait rendu de 
grands services à l'industrie; or ce fait est certain. Aussi les animaux qui les 
attaquent d'ordiriaire les laissent-ils complétement intacts aprés ce traitement. 
L'alcool ne fit-il encore qu'arréter l'éclosion des germes de Cryptogamies qui 
auraient une influence fâcheuse sur la bonne confection du fromage, qu'il serait 
trés-avantageux d'en prescrire l'emploi. 

Malheureusement il n'a pas encore été fait d'observations directes sur le dé- 
veloppement des échobies des divers fromages, à diverses époques de leur trai- 
tement. Si la pratique en usage à Sallanches, et que nous venons de décrire, 
avait pour résultat de faire éclore des germes nouveaux, il faudrait savoir si ce 
nouvel échobie ou les nouvelles Mucédinées semées dans un fromage fabriqué 
dans les conditions ordinaires lui donnent des propriétés organoleptiques nou- 
velles, et si l'on pourrait propager aisément ces nouveaux Mycodermes. Dans 
cë cas, on pourrait arriver à faire partout et directement des fromages tels 
que nous les souhaitons; il suffirait de traiter un bon fromage, pris au temps 
voulu, par le bon vin et l'alcool; sur ce fromage, pris comme sujet, se déve- 
lopperaient des échobies, et de là on pourrait, en les expédiant là où besoin 
serait, les faire multiplier et croître sur des fromages ordinaires qui seraient 
ainsi directement bonifiés (1). On augmenterait ainsi la richesse de certains 


a) Nous connaissons un cru du Narbonnais dont le vin a été plusieurs fois porté à ler 
deaux en sortant des celliers du propriétaire, et a parfaitement secondé les intentions du 
négociant, qui, en le mêlant avec du bordeaux inférieur, a fait une qualité moyenne 


CXXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


pays, en rendant plus commun et moins cher un produit de première néces- 
sité, que l'on peut appeler avec raison la viande du vendredi. : 

Puissent ces prévisions réussir, puissent ces jalons plantés sur une route 
nouvelle y engager quelques-uns des savants membres de la Société botanique 
de France! Ce ne serait pas un des moindres services qu'elle aurait rendus à 
la Savoie, notre Suisse francaise, si, en signe de remerciment pour l'accueil 
si cordial et si sympathique qu'elle a recu partout, au sein de ses populations, 
elle pouvait sous peu augmenter sa richesse en augmentant son industrie. Il 
s'agit ici d'une des grandes questions d'hygiene, c'est-à-dire de l'alimentation 
publique. La solution du probléme est difficile à trouver. Honneur et gloire 
au plus heureux ! 


Lecture est donnée de la communication suivante, adressée à la 
Société : . 


HERBORISATIONS SUR LA CHAINE DE MONTAGNES QUI S'ÉTEND DE BONNEVILLE 
A SALLANCHES, par ME. l'abbé PUGET. 


Parmi les nombreuses localités de notre département, dont l'ascension 
parait moins pénible à cause de leur richesse botanique, il n'en est pas de 
plus intéressante que la chaine de montagnes qui s'étend de Bonneville à Sal- 
lanches sur la rive gauche de l'Arve, c'est-à-dire les monts Brizon, Vergy, 
Méry et la vallée du Reposoir. C'est le résultat de minutieuses recherches sur 
cette terre si aimée des botanistes que j'ai l'honneur de présenter à la Société 
botanique de France. 


Brizon. 


Le Brizon (ou mont Andey) a le pied baigné par l'Arve. Sa hauteur est 
de 1872 mètres. Pour en faire l'ascension, on met quatre heures depuis Bon- 
neville en suivant la route de Sallanches jusqu'à Thuet. De là la montée s'en- 
gage dans une gorge profonde où abonde Lasiagrostis Calumagrostis Link. 
Avant de perdre de vue Bonneville, sous les rochers qui surplombent, on 
rencontre Atragene alpina L., Potentilla caulescens L., Selaginella helve- 
tica Spr., Polystichum rigidum DC., Erica carnea L. ; 

Après avoir traversé le village de Brizon et récolté Avena fatua L. ; Lolium 
temulentum L., Epipogon aphyllus Sw. près du torrent et Digitalis media, 
on arrive aux chalets de Solaison (à trente minutes du sommet ), où l'on 


très-acceptée par les acheteurs, Cette pratique est fondée sur l'action des ferments spé- 


ciaux au vin de Bordeaux, lesquels agissent sur 1 i i i- 
quer l'arome de celui-ci. $ e mélange de manière à lui communi 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CXXIX 


peut recueillir : Viola palustris L., Astragalus depressus L., Lonicera cœ- 
rulea L., Leontopodium alpinum Cass., Orobanche Scabios Koch, Rumex 
alpinus L., Cypripedilum Calceolus L., Juncus filiformis Roth, Blechnum 
Spicant Sw. 


Je vais indiquer successivement les plantes des champs, des bois, des 


rochers et des pâturages ; on trouve : 
Dans les champs : 


Spergula arvensis L. 
Rumex Acetosella L. 


Dans les bois : 


Stellaria nemorum £L. 
Circæa intermedia Ehrh. 
Impatiens Noli tangere L. 
Saxifraga cuneifolia L. 
Galium rotundifolium L. 
Valeriana tripteris L. 

— montana L. 
Adenostyles albifrons Rchb. 
— alpina Bl. et Fing. 
Petasites albus Garin. 

— niveus Baumg. 


Bromus secalinus L. 


Melampyrum silvaticum £L. 
Listera cordata Rich. 
Goodyera repens R. Br. 
Coralliorrhiza innata R, Br. 
Poa hybrida Gaud. 
Lycopodium Selago L. 

— annotinum L. 

— alpinum L, 
Polypodium Phegopteris £. 
Aspidium Lonchitis Sw. 
— aculeatum Doll. 


Sur les rochers et dans les pâturages humides : 


Viola biflora L. 
Gypsophila repens L. 
Arenaria ciliata L. 
Stellaria uliginosa Murr. 
Dryas octopetala L. 
Geum montanum L. 
Comarum palustre L. 
Saxifraga oppositifolia L. 
— mutata Jacq. 

— mutato-aizoides Reut. 
— muscoides Wulf. 
Cirsium spinosissimo-oleraceum Næg. 
Vaccinium uliginosum L. 


Soldanella alpina L. 
Myosotis alpestris Schm. 
Pedicularis verticillata L. 
Euphrasia montana Jord, 
Plantago montana Lam. 
— alpina L. 

Polygonum Bistorta L. 
Germinium Monorchis R. Br, 
Hagea Liottardi Schult. 
— lutea Schult. 

Scirpus compressus L. 
Carex vulgaris Fries. 
Asplenium viride Huds. 


Dans les pâturages au-dessus de Solaison jusqu'au sommet : 


Anemone alpina L. 

— narcissiflora L. 
Ranunculus aconitifolius L. 
— platanifolius L. 

— montanus Willd. 
Arabis alpestris Schleich, 
—  — var. glabrata. 

— serpyllifolia Vill. 
Cardamine silvatica L. 
Helianthemum alpestre DC. 
— grandiflorum DC, 

Viola canina L. 

— calcarata L. 

— alpestris Jord. 


T. XII. 


Polygala alpestris Rchb. 

— Chamebux ZL, 

Silene acaulis L. 

— bryoides Jord. 

Alsine verna Baril. 

Anthyllis montana L., 

Trifolium badium Schreb. 

— aureum Poil. 

Hedysarum obscurum L. 
Potentilla caulescens L. 

Sorbus Chamæmespilus Crantz. 
—  — var. tomentosa Reuter. 
Epilobium trigonum Schrank, 
Bupleurum ranunculoides L, 


[ 


CXXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Peucedanum austriacum Koch. 


Chærophyllum hirsutum Vill. 
Myrrhis odorata Scop. 
Galium anisophyllum Vill. 
Solidago alpestris W. et K. 
Erigeron alpinus L. 

— glabratus Hoppe. 

Aster alpinus L. 

Senecio Doronicum L. 
Carlina acaulis L. 

Serratula Vulpii Fischer-Ost. 
Crepis aurea Cass. 
Hieracium villosum L. 

— monticola Jord. 

— elatum Fries. 

Phyteuma orbiculare L. 
Campanula linifolia L. 

— barbata L. 

— thyrsoidea L. 
Rhododendron ferrugineum L. 
Veronica fruticulosa DC. 


Veronica saxatilis Jacq. 
— aphylla L. 

Bartsia alpina L. 
Pinguicula alpina L. 
Primula Auricula L. 
Polygonum viviparum L. 
Salix retusa L. 

— reticulata L. 

Alnus viridis L. 

Taxus baccata L. 
Juniperus nana Willd. 
Gymnadenia odoratissima Rich. 
— albida Rich. 

Leucoium vernum L, 
Allium fallax Don. 
Veratrum album L. 
Luzula multiflora, var. nigricans G.G. 
Carex sempervirens Vill. 
Phleum Michelii All. 

— alpinum L. 

Agrostis Schleicheri Jord. 


On rencontre encore près de la cascade Carex tenuis Host, en allant à la 
Glacière Deschampsia flexuosa Griseb., et près de la Glacière : 


Arabis pumila All. 
Biscutella lævigata L. 
Silene quadrifida L. 
Trifolium medium £. 

— spadiceum L. 

Ribes petræum L. 
Astrantia minor L. 
Imperatoria Ostruthium L. 
Lonicera cærulea L. 
Mulgedium alpinum Leyss. 
Hieracium glaucum All. 
Arctostaphylos alpina Spr. 
Gentiana lutea L. 

— Thomasii Gill. 


Gentiana purpurea L. 

— Clusii Perr. et Song. 

— nivalis L. 

Euphrasia minima Jacq. 
Globularia cordifolia L. 

— nudicaulis L. 

Empetrum nigrum L. 

Salix hastata L. 

Streptopus amplexifolius DC. 
Calamagrostis tenella Host, 
Cystopteris montana Link. 
Blechnum Spicant Sw. 
Selaginella spinulosa Al. Br. 


Au-dessus de la Glacière croît l’ Agrostis rupestris All. l 
Il est facile de se rendre du Brizon au mont Vergy en passant le Léchaud, 
où l'on trouve encore Nigritella suaveolens Koch, Calamagrostis tenella 
Host. 
Vergy. 


Le Vergy, qui borne au N. -O. la riche vallée du Reposoir, est d'une hauteur 
de 2350 mètres. La végétation y est plus riche qu'au mont Brizon en plantes 
alpines. Au pied du Vergy se trouve le lac Bénit (haut. 1448 métres), qui est 
rempli de Potamogeton lucens L., et dont les bords sont converts des Pri- 
mula farinosa L., Glyceria plicata Fries, Poa supina Schrad. et P. minor 
Gaud. A partir de là, le chemin du Vergy est émaillé des Arabis pumila 
All., Mæhringia polygonoides M. et K., Primula Auricula I oi dioe 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CXXXI 


distichophylla Gaud. Les Planets fournissent : Gentiana purpurea B. nana 
Griseb., Eriophorum capitatum Hoffm., Carex pilulifera L. et C. firma 


Host. 


Dès qu'il a atteint les pâturages du Vergy, le botaniste a successivement 


sous les yeux : 


Anemone baldensis L. 

— narcissiflora L. 
Ranunculus alpestris L. 

— montanus Willd. 
Papaver alpinum L. 
Hutchinsia alpina R. Br. 
Polygala alpestris Rchb. 
Helianthemum alpestre DC. 


Linum alpinum L. 
Hypericum Richeri Vill. 
Erigeron glabratus Hoppe. 
— uniflorus All. 

Allium Victorialis L. 
Carex nigra All. 

— ferruginea Scop. 


Dans les lieux humides ou humectés par les neiges fondantes s'offrent à lui : 


Cardamine resedifolia L. 
Thlaspi rotundifolium Gaud. 
Viola biflora L. 

— calcarata L. 

Gypsophila repens L, 
Stellaria cerastioides L. 
Epilobium alpinum L. 

— alsinifolium Vill. 
Saxifraga stellaris L. 
Petasites niveus Baumg. 


Dans les pâturages rocailleux : 


Biscutella levigata L. 
Arenaria ciliala L. 
Saxifraga oppositifolia L. 
— cæsia L. 

— aizoides L. 

— planifolia Lap. 

Crepis grandiflora Tausch. 
— blattarioides Vill. 


Dans les fentes des rochers : 


Androsace helvetica Gaud. 
— pubescens DC. 


Taraxacum officinale var. alpinum Koch. 

Linaria alpina Mill. 

Veronica alpina L. 

— serpyllifolia L. var. nummularioides 
Lec. et Lam. 

Pedicularis verticillata L. 

Oxyria digyna Campd. 

Gagea Liottardi Schult. 

Carex fœtida AU. 


Soyeria montana Monn. 
Hieracium Pseudocerinthe Koch. 
— valdepilosum Vill. 

Veronica saxatilis Jacq. 

Carex firma Host. 

— nigra All. 

— aterrima Hoppe. 

— atrata L. 


Globularia cordifolia L. 
Agrostis rupestris Áll, ` 


Sur les pentes herbeuses du col de Balafra : 


Sibbaldia procumbens L. 
Antennaria carpatica Bluff et Fing. 
Hieracium valdepilosum Vill. 

— alpinum L. 

Armeria alpina Willd. 


Salix herbacea L. 

Poa minor Gaud. 
Festuca alpina Shultl. 
— violacea Gaud. 


La riche végétation des pâturages élevés du Vergy se caractérise par les 


espèces suivantes : 


CXXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Silene acaulis L. 

Trifolium cæspitosum Reyn. 
Phaca australis L. 

— astragalina DC. 
Oxytropis montana DC. 

— campestris DC. 

Dryas octopetala L. 

Geum montanum Z. 

Gaya simplex Gaud. 
Chærophyllum hirsutum Vill, 
Galium anisophyllum Vill. 
Gnaphalium norvegicum Gunn. 
Homalotheca supina Cass. 
Leontopodium alpinum Cass. 
Cirsium spinosissimum Scop. 
Leontodon pyrenaicus Gouan, 
— dubius Rchb. 

Crepis aurea Cass. 

Hieracium aurantiacum L. 

— glaciale Lach. 

— piliferum Hoppe. 
Campanula linifolia L. 

— Scheuchzeri Vill. 

— barbata L. 

Arctostaphylos alpina Spreng. 
Rhododendron ferrugineum L. 


Gentiana purpurea Z. 
— punctata L. 

Myosotis alpestris Schm. 
Veronica aphylla L. 

— alpina L. 

Bartsia alpina L. 
Euphrasia minima Jacq. 
Ajuga pyramidalis L. 
Pinguicula alpina L, 
Soldanella alpina L. 
Polygonum viviparum L. 
Salix retusa L. 

— reticulata L. 
Juniperus nana Willd. 
Gymnadenia odoratissima Rich. 
— albida Rich. 
Chamorchis alpina Rich. 
Nigritella suaveolens Koch. 
— angustifolia Rich. 
Allium sibiricum L. 
Veratrum album L. 
Carex aterrima Hoppe. 
— atrata L. 

— sempervirens Vill. 
-— ferruginea Scop. 
Festuca pumila Vill. 


Les aiguilles du Vergy présentent en abondance : 


Draba frigida Saut. 
— Johannis Host. 


Avena Scheuchzeri All. 
— pubescens L. var. alpina Gaud. 


Le versant du Vergy qui domine et regarde la vallée du Reposoir, se dis- 
tingue des autres points par de rares espèces, telles que : 


Ranunculus pyrenæus L. 
Rhamnus pumila Z. 

Anthyllis montana L. 

Potentilla minima Hailer. 
Epilobium rosmarinifolium Jacq. 
Sedum annuum L. 
Sempervivum arachnoideum L. 
Meum Mutellina Gartn. 
Artemisia Mutellina Vill. 
Centaurea nervosa Willd. 


Phyteuma betonicifolium Vill. 
Campanula barbata L. 
Gentiana Thomasii Gill. 

— purpurea L, 

— punctata L. 

— bavarica L. 

Pedicularis Barrelieri Rchb. 
— foliosa L, 

Paradisia Liliastrum Bertol. 
Poa distichophylla Gaud. 


Vallée du Reposoir. 


Une riante et pittoresque vallée sépare le Vergy du Méry ; c'est la vallée du 
Reposoir, qui est, pour le botaniste, un riche parterre émaillé de fleurs. Il y 


est invité à récolter : 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. 


Hesperis matronalis L. 
Geranium phæum Z. 
Impatiens Noli tangere L. 
Rhamnus pumila L. 
Lathyrus heterophyllus L. 
Orobus luteus L. 

Epilobium Fleischeri Hochst. 
Peucedanum austriacum Koch. 
Chærophyllum aureum L. 
Scabiosa alpestris Jord. 
Cephalaria alpina Schrad. 
Petasites officinalis Mœnch. 
— — var. subfemineus DC. 
Erigeron drebachensis Mill. 
— Villarsii Bell. 

Achillea macrophylla L. 
Senecio cordatus Koch. 

— Fuchsii Gmel. 

Cirsium eriophorum Scop. 
— rivulare Link. 

— erucagineum DC. 


CXXXIII 


Cirsium spinosissimum Scop. 
Carduus Personata Jacq. 
Centaurea nervosa Willd. 
Lappa major Gærtn. 

— tomentosa Lam. 
Lactuca perennis L., 
Mulgedium Plumieri DC. 
Campanula latifolia L. 
Verbascum nigrum L. 
Cerinthe alpina Kit. 
Pedicularis foliosa L, 
Sideritis hyssopifolia L. 
Betonica hirsuta L. 

Rumex alpinus L. 

Orchis globosa L. 

— sambucina L. 

—  — f. incarnata Willd. 
Anacamptis pyramidalis Rich. 
Epipactis microphylla Sw. 
Listera cordata Rich. 


On rencontre encore sur les murs de la Chartreuse le Poa nemoralis L. 
var. alpina G. G., et au-dessus de la Chartreuse : 


Aquilegia alpina L. 
Aconitum paniculatum L. 
Draba tomentosa Wahlnb. 
Phaca alpina Jacq. 

— frigida Jacq. 

— astragalina DC. 
Oxytropis campestris DC. 
Astragalus aristatus L'Hérit. 
— depressus L. 


Méry. 


Onobrychis montana DC. 
Cerasus Padus Lois. 
Potentilla grandiflora L. 
Sedum annuum L. 
Petasites niveus Baumg. 
Senecio cordatus Koch. 
— subalpinus Rchb. 

— Doronicum L. 
Epipogon aphyllus Sw. 


La chaîne du Méry borne la vallée du Reposoir au sud-est. Pour en faire 
l'ascension avec le plus de fruit, il faut prendre la route de Sommier où il y a 
un chalet de ce nom (1748 métres), prés duquel on se plait à récolter : 


Eryngium alpinum L. 
Hieracium pulmonarioides Vill. 
Azalea procumbens L. 
Rhododendron ferrugineum L. 
Gentiana asclepiadea L. 

Tozzia alpina L. 

Scutellaria alpina L. 


Chamorchis alpina Rich. 
Polypodium Phegopteris L. 
— Dryopteris L. 

— alpestre Mill. 
Polystichum Oreopteris DC. 
— rigidum DC. 


En continuant à gravir les pentes abruptes du Méry, on rencontre dans les 


lieux humides : 


Cardamine resedifolia L. 

Viola bitlora L. 

— calcarata L. 

Gypsophila repens L. 

Epilobium alpinum L. - 

— alsinifolium Vill. 

Imperatoria Ostruthium L. 

Taraxacum officinale var, alpinum Koch. 
Linaria alpina Mill. 


Veronica alpina L. 

— serpyllifolia, var. nummularioides Lec. 
et Lam. 

Pedicularis verticillata L. 

Oxyria digyna Campd. 

Gagea Liottardi Schult. 

Carex fœtida AU. i 

Agrostis vulgaris, var, pumila Gaud. 


, CXXXIV 
Dans les pâturages rocailleux : 


Anemone vernalis L. 

— baldensis L. 
Ranunculus alpestris L. 

— pyrenæus L. 

— parnassifolius L. 

— montanus Willd. 

— gracilis Schleich. 
Arabis brassiciformis Wallr. 
— saxatilis Al. 

— alpestris Schleich. var. glabrata Reut. 
— cærulea All. (1). 
Helianthemum alpestre DC. 
— grandiflorum DC. 
Silene rupestris L. 

Lychnis Flos Jovis DC. 
Hedysarum obscurum L. 


Dans les pâturages élevés : 


Silene acaulis L. 

— bryoides Jord. 

Trifolium cæspitosum Reyn. 
— alpinum L. 

Circæa alpina L. 
Sempervivum montanum L. 
Meum Mutellina Gærtn. 
Gaya simplex Gaud. 

Astrantia minor L. 

Artemisia Mutellina Vill. 
Gnaphalium norvegicum Gunn. 
— Hoppeanum Koch, 
Homalotheca supina Cass, 
Leucanthemum alpinum G. G. 
Antennaria carpatica Bl. et Fing. 
Leontodon pyrenaicus Gouan. 
— dubius Rchb. 

Picris Villarsii Jord. 

Crepis aurea Cass. 

— succisæfolia Tausch. 

— grandiflora Tausch. 

— blattarioides Vill. 

Soyeria montana Monn. 
Hieracium aurantiacum L. 

— glaciale Lach. 

— piliferum Hoppe. 
Campanula linifolia L. 
Gentiana purpurea L. 

— Charpentieri Thom. 

— punctata L. 

— Kochiana Perr. et Song. 


Sur les aiguilles du Méry : 


Draba frigida Saut. 
— Johannis Host, 
Cherleria sedoides L. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Sorbus Chamæmespilus Crantz, var. to- 
mentosa Reut. 

Sedum Anacampseros L. 

Saxifraga oppositifolia L. 

— aizoides L, 

— androsacea L. 

— stellaris L, 

— cæsia L. 

Galium anisophyllum Vill. 

Erigeron uniflorus L. 

— Villarsii Bell. 

Leontodon Taraxaci Lois. 

Globularia cordifolia L. 

Allium Victorialis L. 

Carex nigra All. 

Agrostis rupestris Ail. 


Gentiana nivalis L. 
Myosotis alpestris Schm. 
Veronica saxatilis Jacq. 
— bellidioides L. 
Bartsia alpina L. 
Euphrasia minima Jacq. 
Betonica hirsuta L. 
Ajuga pyramidalis L. 
Seutellaria alpina L. 
Pinguicula alpina L. 
Androsace pubescens DC, 
— obtusifolia AU. 
Soldanella alpina L. 
Plantago alpina L. 
Polygonum viviparum L. 
Salix hastata L. 

— retusa L, 

— reticulata L, 

— herbacea L. 
Gymnadenia odoratissima Rich. 
— albida Rich. 
Nigritella suaveolens Koch. 
Allium sibiricum L. 
Veratrum album L. 
Carex aterrima Hoppe. 
— atrata L. 

— sempervirens Vill. 
Festuca Halleri All. 

— alpina Shuttl. 

— violacea Gaud. 

— Scheuchzeri Gaud. 


Avena Scheuchzeri All. 
— pubescens L. var. alpina Gaud, 


(1) Avec le Cardamine alpina L. à la Croix-de-fer. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CXXXV 


C'est au lieu dit Mont- Cháteau que se rencontrent Ranunculus parnassi- 
folius L., Cerastium latifolium L., Valeriana saliunca All., Saussurea 
depressa G. G., dans les détritus argilo-schisteux qui précèdent les rocs du 
passage de la Cheminée; et c'est au mont du Four-Metert que l'on voit Alchi- 
milla pentaphylla L., Gentiana bavarica L. avec sa variété rotundifolia 
Koch. 

On remarque sur une des cimes du Méry un escarpement calcaire d'un 
accès très-difficile, percé à jour près de son bord occidental, et s'élevant 
comme une crête au-dessus d'un rocher très-élevé; c'est la Pointe-percée 
(haut. 2760 mètres), auprès de laquelle on remarque : Cardamine alpina 
Willd., Draba tomentosa Wahlnb., Braya pinnatifida Koch, Sedum repens 
Schleich. , Artemisia Mutellina Vill. 

Le Méry, bien qu'à peine plus voisin de la grande chaine des Alpes et du 
Mont-Blanc que le Vergy, est plus riche en plantes alpines que cette dernière 
montagne, et l'emporte sur elle par quelques rares espèces, telles que : 


Anemone vernalis L. Sempervivum montanum L. 
Ranunculus parnassifolius L. Valeriana saliunca All. 
Aquilegia alpina L. Gnaphalium Hoppeanum Koch, 
Arabis brassiciformis Wallr. Picris Villarsii Jord. 

— cærulea All. Crepis succisæfolia Tausch. 
Braya pinnatifida Koch. Gentiana Charpentieri Thom. 
Lychnis Flos Jovis L. Veronica bellidioides L. 
Cherleria sedoides L. Tozzia alpina L. 

Cerastium latifolium Z. Euphrasia hirtella Jord. 
. Alchimilla pentaphylla L. Avena Scheuchzeri Al, 
Sedum Anacampseros L. Festuca Halleri AU. 

— repens Schl. — Scheuchzeri Gaud. 


M. V. Personnat fait à la Société la communication suivante : 


SUR UNE ESPÈCE DU GENRE HELLEBORUS, NOUVELLE POUR LA FLORE DE FRANCE, 
par ME. Vietor PERSONNAT. 


Sur la lisière d'un petit bois qui borde le sommet de la prairie de Lévaud- 
Dessus, commune de Saint-Roch, je récoltai, en avril 1861, un Helleborus 
dont le faciés me frappa. Il me semblait absolument différent de la plante que 
nos confrères MM. A. Irat et T. Letourneux m'ont envoyée du Gers et de la 
Vendée, sous le nom d'Zelleborus viridis L, J'ai l'honneur de placer les 
deux plantes sous les yeux de la Société. E —— 

Notre honorable vice-président, M. l'abbé Chevalier, auquel j'avais fait 
part de mes doutes relatifs à la détermination de cet Helleborus, voulut bien 
me donner, pour le rapprocher du mien, l'A. viridis récolté par lui la méme 
année à Saint-Laurent près la Roche. Il résulte de la confrontation des échan- 
tillons que la plante de Saint-Laurent et celle de Saint-Roch sont identiques. 


CXXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Il n'y a donc plus de doute à garder : nous avons en Savoie une plante qui 
n'est pas PH. viridis L. et auct. gall. Je l'ai étudiée chaque année depuis 
cinq ans; elle n'a pas varié. 

En voici la description, rapprochée de celle de l Helleborus viridis L. telle 
que la donnent MM. Grenier et, Godron, dans leur Flore de France, t. T, 
p. 41. Comme vous allez le reconnaitre, messieurs, les points de dissemblance 
sont assez saillants : 


H. VIRIDIS L. H.,... Sp. nova? 

Follicules presque aussi larges que Follicules deux fois et demie plus longs 
longs; bec subulé dépassant la moitié que larges ; bec subulé atteignant à peine 
de la longueur du follicule, la moitié de la longueur du follicule. 

Feuilles radicales longuement pétio- Feuilles radicales moins longuement 
lées, à 9-12 segments disposés en pé- pétiolées que dans PH. viridis L., à 
dale, lancéolés, aigus, dentés en scie, segments moins nombreux et moins al- 
les latéraux soudés à la base; feuilles longés, à serratures bien plus fines et 
caulinaires subsessiles, à trois segments plus rapprochées ; les caulinaires presque 
tri-quadrifides. nulles, en forme de bractées divisées en 

trois segments bi-trifides, courtes et sou- 
dées en pétiole largement embrassant. 

Plante glabre. Plante couverte de petits poils, sur- 

tout sur les rameaux (1). 


M. l'abbé E. Chevalier, vice-président, fait à la Société la com- 
munication suivante : | , 


OBSERVATIONS SUR LE GENRE SAUSSUREA, par ME. l'abbé E. CHEVALIER. 


On doit donner aux diverses plantes du genre Saussurea une des pre- 
mieres places parmi les plantes critiques de nos Alpes savoisiennes. Je me 
propose de soumettre à l'examen de la Société botanique des échantillons au- 
thentiques des différentes formes de Saussurea que j'ai récoltées en Savoie. 

En attendant le jugement qu'elle croira devoir porter, voici l'opinion que 


je me permets de formuler relativement à ces plantes rares des sommités les 
plus élevées de nos montagnes : 


(1) Depuis que j'ai communiqué cette note à la Société, j'ai reçu du Dauphiné, de la 
part de l'honorable directeur du Jardin-des-plantes de Grenoble, M. J.-B. Verlot, des 
échantillons qui se rapportent complétement à l’ Helleborus de Savoie. En outre, j'ai 
appris de M. Fournier, qui avait depuis longtemps noté la forme du Dauphiné comme 
distincte dans son propre herbier, que l'espéce des Alpes du Dauphiné et de la Savoie 
est l'Helleborus Bocconi Ten., plante des Apennins et de Sicile, dont on peut voir la 
synonymie dans le Sylloge in-8° de Tenore, p. 274. M. Fournier pense qu'il sera assez 
difficile d'établir une limite spécifique entre P Helleborus viridis L. et PH. Bocconi Ten. 
Il fait remarquer qu'on observe beaucoup d'intermédiaires quant à la largeur des fleurs 
et au volumé des carpelles mûrs, entre les types extrêmes de ces deux formes. (Note 
ajoutée pendant l'impression, octobre 1866,) 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CXXXVII 


Le Saussurea des bords du lac du Mont-Cenis est le vrai Saussurea alpina 
DC.. Celui qui croit abondamment parmi les débris argilo-schisteux du mont 
Méry, au-dessus du Reposoir, et que M. Doümet vient de signaler dans son 
rapport, est bien déterminé sous le nom de Saussurea depressa Gren. Mais 
nous avons, dans la vallée de Mont-Joie, à Tré-la-Téte, au-dessus des Conta- 
mines-sur-Saint-Gervais, un Saussurea à feuilles brièvement tomenteuses sur 
les deux faces età calathides nombreuses, intermédiaire entre le S. alpina DC. 
et le S. depressa Gren. Cette plante mérite d'étre étudiée et pourrait s'appeler 
S. intermedia. 

En outre, sur les deux versants du col de la Seigne, se trouve un Saussurea 
qui differe de celui de Tré-la-Téte, surtout par ses calathides moins nom- 
breuses et plus briévement pédonculées, ainsi que par ses feuilles presque vertes 
en dessus et un peu coriaces, et qui semble se rapprocher du S. discolor DC. 

Enfin, j'ai récolté dans l'Allée-Blanche, au-dessus du lac Combal, un 
Saussurea qui a quelques rapports avec le S. macrophylla Saut. des Pyré- 
nées, par le faciès de la tige et des feuilles, et avec le S. depressa Gren. par 
la forme des calathides, rapprochées au sommet de la tige en un grand 
corymbe dense. 

Je suis persuadé qu'un examen approfondi des Saussurea de la Savoie fera 
conclure que nous possédons au moins quatre espèces de ce genre, ou bien 
que tous les Saussurea des Alpes ne sont que des formes différentes d'une 
seule et unique espèce, des variétés fort intéressantes du S. alpina DC., mais 
qui n'offrent pas des caractères assez tranchés et assez stables pour qu'on 
puisse les élever au rang d'espéces proprement dites. 

M. Cosson dit qu'il se range volontiers à la deuxième interpré- 
tation proposée par M. l'abbé Chevalier. 

Mgr Tissot, président d'honneur, remercie la Société de l'hon- 
neur qu'elle a bien voulu lui faire en l'appelant au fauteuil : 


Simple missionnaire, il ne peut qu'étre touché des tendances qui portent la 
science à s'associer à la religion, et ce rapport sympathique, personne ne l'ap- 
précie plus que lui. Le plus grand des regrets qu'il éprouve sous le ciel de 
l'Inde, c’est d’être privé de livres. Mais il y vit au sein de la nature, et il 
prend l'engagement de travailler, lorsqu'il sera de retour à Vizagapatam, à 
une collection des plantes de son vicariat, faite avec l'indication des dates et 
des lieux, collection qu'il se fera un vrai plaisir d'adresser au siége de la Société. 
Ce sera pour les missionnaires qui l'entourent, et pour lui, un sujet de délas- 
sement. Il est heureux de témoigner ainsi à la Société les bonnes intentions 


que lui inspire sa gratitude envers elle. 


M. le docteur Bouvier remercie Mgr Tissot, et dit que la'Société 
prend acte de la promesse qu'il veut bien lui faire. 


CXXXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


M. le Président rappelle ensuite que c'est à Sallanches qu'eut 
lieu, le 11 juillet 1787, l'entrevue où H.-B. de Saussure et le guide 
Balmat préparérent la célébre ascension du Mont-Blanc. 

M. le Président clót la séance en priant M. le maire de Sallanches 
de recevoir les remerciments de la Société, pour la réception à 
la fois brillante et cordiale qui lui a été faite à Sallanches. 

Et la séance est levée à cinq heures. 


Le 19 aoüt, la Société a quitté Sallanches pour se rendre à Saint- 
Gervais, oü elle s'est de nouveau séparée en deux groupes, dont 
l'un est parti directement pour Chamonix, tandis que l'autre a 
commencé par explorer la vallée de Mont-Joie. Les membres qui 
le composaient ont herborisé dans la journée du 20, soit au col 
du Bonhomme, sous la direction de M. l'abbé Chevalier, soit au 
glacier de Tré-la-Téte, sous celle de M. l'abbé Mermoud ; puis, 
le 21, à Notre-Dame-de-la-Gorge ; et ils se sont rendus, le soir de ce 
méme jour, au pavillon de Bellevue, d'oü ils sont descendus le 
lendemain dans la vallée de Chamonix. Le 22, on a pu faire encore 
dans l'aprés-midi la course du Montanvert et de la Mer-de-Glace, 
et étre de retour à Chamonix pour la séance de clóture. 


SÉANCE DU 22 AOUT 1566. 
PRÉSIDENCE DE M. L'ABBÉ E. CHEVALIER, VICE-PRÉSIDENT. 


La séance est ouverte à dix heures du soir, à Chamonix, dans 
une des salles de l'Hótel Impérial. 


M. Dufour, maire de Chamonix, et M. Amoudruz, juge de paix, 
honorent la réunion de leur présence. 
M. Henri Blanche, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de 
la séance du 18 août, dont la rédaction est adoptée. 
Par suite des présentations faites dans la séance précédente, 
M. le Président proclame l'admission de : 
MM. BarpeL (Philibert), pharmacien à Sallanches, présenté 
par MM. V. Personnat et Eug. Fournier ; 
Mermoun (l'abbé), professeur de mathématiques au 


collége de la Roche (Haute-Savoie), présenté par 
MM. l'abbé Chevalier et Cosson. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1860, CXXXIX 
Les rapports suivants sont déposés sur le bureau : 


RAPPORT DE M. l'abbé E. CHEVALIER SUR L'HERBORISATION DIRIGÉE PAR LUI 
LE 20 AOÛT AU COL DU BONHOMME, 


Le soir du 19 août, nous nous rendimes à Nant-Borant, hôtel-chalet, situé 
à 8 kilomètres du village des Contamines-sur-Saint-Gervais, et à 20 kilomètres 
environ du col du Bonhomme, Ce chalet a été bâti sur la pente de magnifiques 
prairies, émaillées de Colchicum alpinum DC. et entourées de belles forêts de 
Sapins. 

Là nous avons trouvé, chez Mattel, propriétaire du chalet, tout le confor- 
table d'une hôtellerie, de manière à oublier que nous étions logés à 1400 mè- 
tres au-dessus du niveau de la mer. Le matin du 20, après avoir chargé nos 
provisions de bouche sur des mulets, nous nous séparons en deux caravanes. 
L'une, composée de MM. Ch. Senot de la Londe, V. Personnat, l'abbé Mer- 
moud, Gelshorn et Hardy, se dirige vers Tré-la- Téte pour explorer la riche 
végétation des bords du glacier de ce nom; tandis que l'autre, composée de 
MM. Blanche, Champeaux, Chevalier, E. Cosson, P. Cosson, Doûmet, 
Eug. Fournier, Gontier pére, Hénon, Pret-Marca et Tantenstein (1), s'ache- 
mine gaiement dans la vallée étroite qui monte vers le col du Bonhomme. 

Nous avons bientót traversé un petit bois de Sapins, et nous entrons dans 
les pâturages du P/an-de- /tou/az, où la rapacité des génisses et des moutons 
n'avait laissé que des plantes assez communes dans toutes les Alpes, telles que : 


Linaria alpina DC. Sedum atratum L. 
Cerastium strictum Hænke. Salix retusa L. 

Gentiana bavarica L. Sagina glabra Willd. 
Hieracium staticifolium Vill. Selaginella spinulosa À. Br. 


De là on distingue très-bien le rocher nommé le Bonhomme (alt. 3090 m.), 
et à cóté le rocher plus petit appelé la Zonne-Femme (alt. 3000 m.). 

Puis nous arrivons aux chalets de la Balme, et par une pente roide nous 
atteignons les éboulis d’une montagne calcaire, remarquable par la hardiesse 
avec laquelle elle élève vers le ciel ses cimes aiguës et taillées à angle vif, 
comme des aiguilles de granit. Elle est formée d'un calcaire gris, à grains 
fins, sans fossiles, et reposant directement sur un rocher granitique. C'est 
parmi les éboulis que nous récoltons en abondance : 


Cerastium latifolium L. Campanula cæspitosa Scop. 


Thlaspi rotundifolium Gaud. Veronica bellidioides L. 
Hutchinsia alpina R. Br. — alpina L. 
Viola biflora L. Salix reticulata L., etc. 


(1) Madame Eug. Fournier voulut bien faire avec nous la course pénible du col du 
Bonhomme. Nous avons tous admiré le courage et le sang-froid qu'elle a montrés au mi- 
lieu du terrible orage qui nous a accompagnés pendant tout le temps de notre retour. 


CXL SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Nous laissons sur notre droite les arêtes de la Gyclaz et de la Fenêtre, où 
nous nous proposons de récolter à notre retour les Phaca frigida L., Draba 
frigida Saut., Bupleurum stellatum L. et Artemisia Mutellina Vill. ; et nous 
marchons à travers des rochers où nous trouvons en grande quantité : 


Arabis alpina L. Epilobium alpinum ZL. 
Silene acaulis L. Saxifraga oppositifolia L. 
Ranunculus alpestris L. — muscoides Wulf. 
Veronica alpina L. Bartsia alpina L. 
Erigeron alpinus L. - Onobrychis montana DC. 
Trifolium cæspitosum Reyn. Aronicum scorpioides DC. 


Nous arrivons ainsi, sans nous apercevoir de la longueur du chemin, sur un 
charmant plateau nommé le P/an-du-Mont-Jovet (alt. 1960 métres). 

Ce vaste plateau, couvert au commencement de juillet d'un beau tapis de 
gazon et d'une riche végétation, ne nous offre plus que le Phyteuma he- 
misphæricum L. et le Gentiana tenella Rottb., petite forme naine à peine 
visible dans les touffes d'herbe broutée par les animaux, et quelques plantes 
de marais, entre autres les Juncus triglumis L., J. alpinus Vill., Scirpus 
Bœothryon Ehrh., Carex capillaris L. et C. Goodenowii J. Gay. 

C'est sur le Plan-du-Mont-Jovet qu'une vieille tradition place un temple 
dédié à Jupiter, d’où seraient venus les noms de Mont-Jovet et de Val de 
Mont-Joie. — Une montée fort roide sur des débris d'ardoises et de quartz 
nous conduit à un autre plateau plus petit et plus sauvage que l'on appelle le 
Plan-des- Dames (alt. 206^ mètres). Au milieu de ce plateau se remarque un 
gros tertre arrondi, formé de pierres entassées par les voyageurs. C’est, dit-on, 
le tombeau de deux dames qui, surprises par un orage, périrent en cet en- 
droit. L'usage veut que les passants jettent une pierre sur cette tombe. 

En sortant du Plan-des-Dames, nous traversons des amas de schistes, de 
grès, de calcaires, de poudingues et de diverses roches cristallines descendues 
des flancs du Bonhomme, où nous pouvons tous recueillir en nombreux échan- 
tillons : 


Pyrethrum alpinum Willd. Potentilla minima Hall. f. 
Trifolium alpinum L. Cirsium spinosissimum Scop. 
Cardamine alpina Willd. Sempervivum arachnoideum L. 
Alchimilla pentaphylla L. Oxyria digyna Campd. 

Salix herbacea L. Carex fœtida All. 

— reticulata L, Veronica alpina Ł. 

Gaya simplex Gaud. Mæhringia polygonoides M. et K. 
Pedicularis verticillata L. Soldanella alpina L. 

Euphrasia minima Schi, Ranunculus alpestris L. 
Androsace lactea L. — glacialis L. 

Aronicum scorpioides DC. Plantago alpina L. 

Polygala alpina Perr. et Song. Saxifraga stellaris L. 

Sedum Anacampseros L. Sagina Linnæi Presl. 
Asplenium septentrionale Sw. Meum Mutellina Gærta. 


Au moment où nous Commençons à gravir la pente rapide qui conduit au : 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866, CXLI 


sommet du col, ordinairement connu sous le nom de col de la Sauce, le soleil 
disparaît derrière un épais brouillard, et bientôt nous sommes assaillis par une 
pluie battante qui nous permet cependant d'apercevoir, parmi des dépôts de 
tufs jaunàtres et de schistes : 


Geum montanum L. Androsace carnea L. 
Stellaria cerastioides L. Hieracium glaciale Lach. 
Sempervivum montanum L. — villosum L. 

Sibbaldia procumbens L. Gentiana nivalis L. 


Ce passage sauvage est très-dangereux par la tourmente. Deux jeunes An- 
glais, Richard Braken et Aug. Campbell, y périrent le 3 septembre 1830. 
Après une demi-heure d'une marche fort pénible, nous arrivons au col par 
un beau soleil, et nous récoltons à la hâte le Cherleria sedoides L., Y Are- 
naria biflora L. et le Saxifraga biflora L., seules plantes répandues parmi 
de nombreux débris de pierres schisteuses et calcaires. 

Bientôt, empressés d'aller faire sécher nos vêtements par un air moins vif 
et de restaurer nos forces, nous descendons vers le chalet de la Sauce ; nous 
dressons sur un petit tertre, avec quelques bâtons ferrés et une couverture, 
une tente pittoresque, et nous prenons notre repas champétre. Nous nous 
mettons ensuite à parcourir les pentes herbeuses qui recouvrent sur notre 
droite des couches de schistes et de grés, et, tout en contemplant de loin la 
riante vallée de la Gitaz, nous récoltons : 


Sur les pelouses rases, ou sur la roche nue : 


Draba aizoides L. Erigeron alpinus L. 

— tomentosa L. — Villarsii Bell. 
Dianthus rupestris Wulf. Pyrethrum alpinum Willd. 
Silene acaulis L. Hieracium villosum L. 
Cherleria sedoides L. — alpinum L. IIT 
Mœbringia polygonoides M. et K. Campanula Scheuehzeri Vill. 
Arenaria verna L. Primula viscosa DC. 
Trifolium alpinum L. Gentiana brachyphylla Vill. 
Oxytropis campestris DC. — nivalis L. 

— montana DC, — tenella Rottb. 
Potentilla alpestris Hall. f. Myosotis alpestris Schm. 
— minima Hall. f. Linaria alpina DC. 
Alchimilla pentaphylla L. Veronica fruticulosa L. 
Sibbaldia procumbens L, — aphylla L. 

Epilobium alpinum L. ' — alpina L. 

Sedum annuum Z. Pedicularis tuberosa L. 
— atratum L. Plantago alpina L. (1). 
Saxifraga bryoides L. Rumex alpinus L. 

— stellaris L. Oxyria digyna Campd. 

— oppositifolia L. Juncus trifidus L. 

— aizoides L. Carex fætida All. 

— muscoides Wulf. — atrata L. 

Gaya simplex Gaud. Phleum alpinum L. 

Aster alpinus L. Salix herbacea L. 
Erigeron uniflorus L. — reticulata L. 


(4) La plupart des exemplaires de ze Plantago présentaient des capsules monospermes 
par avortement, et concaves d'un cóté. 


CXLII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Sur le sommet : 
Sempervivum montanum L. 
— arachnoideum L, 
Kobresia scirpina Willd. 


Dans les hautes herbes : 


Anemone narcissiflora L. 
— alpina L. 
Hypericum Richeri Vill. 
Geum montanum L. 
Potentilla grandiflora L. 
Alchimilla alpina L. 
Scabiosa lucida Vill. 


Agrostis rupestris All. 
— alpina Scop. 
Avena versiculor Vill. 


Leontopodium alpinum Cass. 
Centaurea nervosa Willd. 
Gentiana punctata L. 

Juncus Jacquini L. 

Luzula lutea DC. 

— spadicea DC. 

— spicata DC. 


Senecio Doronicum L. 


Carex sempervirens Vill. 

Après avoir fait ces importantes récoltes, nous nous dirigeons à travers les 
immenses blocs de rochers qui s'étendent depuis le chalet de la Sauce jusqu'à 
la croix du Bonhomme et remontent jusqu'au col des Fours; ce sont des 
amas bizarres de grès micacés, de calcaires gris et bleuátres, de poudingues, 
de talcschistes, de schistes, et de toute sorte de roches cristallines ; solitude 
sauvage, où l'on voit voltiger cà et là la Corneille à pieds rouges (Corvus Gra- 
culus) et l'Ortolan des neiges (Emberiza nivalis ). La neige y occupe encore 
tous les endroits creux, et la plupart des plantes commencent seulement à 
sortir de terre. Nous y récoltous cependant en pleine floraison : 

Androsace obtusifolia All. 


— lactea L. 

Braya pinnatifida Koch. 
Saxifraga androsacea L. 
— stellaris L, 

— exarata Vill. 
Cardamine alpina Willd. 
— resedifolia L. 
Homalotheca supina Cass. 
Silene exscapa All, 


Plantago alpina L, 
Leontodon Taraxaci L. 
Carex fætida All. 
Viola calcarata L. 
Agrostis alpina Scop. 
Armerja alpina Willd. 
Senecio incanus L. 
Ranunculus alpestris L. 
Arabis cærulea L. 

— bellidioides L. 


Nous nous acheminons ainsi du côté des bancs de schistes situés au-dessous 
de la croix du Bonhomme, espérant y faire provision de Geum reptans L., 
Carex curvula All., C. capillaris L., Ranunculus pyrenœus L., Pedicularis 
gyroflexa Vill. et Androsace alpina Gaud. Mais le ciel commence à se rem- 
brunir, le tonnerre gronde dans l'Allée-Blanche, et il est à désirer que la tour- 
mente ne nous saisisse pas dans ce désert, à 2400 mètreg au-dessus du niveau 
de la mer. Nous devons donc prendre la direction du col en faisant main basse 
sur des touffes de Ranunculus glacialis L. et d’ Androsace pennina Gaud., 
sans oublier de faire une nouvelle récolte de Saxifraga biflora L. 

` La pluie commence à tomber, les éclairs sillonnent l'atmosphere, le ton- 
nerre gronde; un déluge de pluie, de gréle et de neige fond sur nous. Adieu 
à la botanique ; il est cinq heures du soir, nous avous fait un bon butin, et 
nous nous hátons de descendre les pentes du col, à travers les torrents grossis, 


pour arriver de nuit aux Contamines, transis et harassés, mais joyeux et 
satisfaits de notre intéressante excursion. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CXLIII 


RAPPORT DE MK. l'abbó MIERE MG UU EP SUR L'HERBORISATION DIRIGÉE PAR LUI 
AU GLACIER DE TRÉ-LA-TÉTE, LE 20 AOUT. 


Au moment oü nos confréres partaient de Nant-Borant pour le col du Bon- 
homme, révant mille nouveaux Saxifraga, Ranunculus, Arenaria, etc., 
nous dirigeàmes notre herborisation vers le glacier de Tré-la-Téte. 

Ce point de la riche ceinture du Mont-Blanc n'offre pas seulement de l'in- 
térét aux touristes avides des grands tableaux de la nature alpestre; il mé- 
ritait aussi d'étre connu de la Société botanique par le grand nombre de belles 
plantes que la Providence s’est plu à réunir sur ces hauteurs, comme dans un 
immense parterre infiniment plus brillant que tous les parterres de création 
humaine. 

À quelques minutes de Nant-Borant, nous parcourons les prairies et les ro- 
cailles de la Layat, où nous remarquons successivement les espèces suivantes : 


Colchicum alpinum DC. 
Silene rupestris L. 
Astrantia minor L. 
Imperatoria Ostruthium L. 
Rosa alpina L. (en fruits). 
Sedum Anacampseros L. 
Allosurus crispus Bernh. 
Lycopodium Selago L. 
Selaginella spinulosa Al. Br. 
Alchimilla alpina L. 
Rumex alpinus L. 
Euphrasia minima Schl. 


Schœnus ferrugineus L., 
Drosera rotundifolia L. 
Avena sempervirens Vill. 
Carex sempervirens Vill. 
Primula viscosa Vill. 
Vaccinium Vitis idæa L. 
— uliginosum L, 
Veronica saxatilis Jacq. 
Sedum atratum L. 
Danthonia decumbens DC. 
Sempervivum montanum L. 


Notre but étant surtout d'explorer les pentes herbeuses de Tré-lès-Chosal, 
nous laissons à gauche le sentier qui conduit au pavillon de Tré-la-Tête, pour 
côtoyer le massif qui domine la Layat. Nous cheminons pendant une heure 
et demie, par une pente douce, à travers des débris de rochers granitiques. Bien 
que le point le plus élevé de ce trajet n'ait pas une altitude supérieure à 
1700 mètres, il nous a néanmoins valu un bon nombre de plantes des sommités 
alpines, telles que : Achillea moschata Jacq., Braya pinnatifida DC., Are- 
naria biflora L., Cardamine alpina Willd., et les espèces suivantes : 


Lycopodium alpinum L. 
Cerastium strictum L. 


Trifolium cæspitosum Reyn. 


Viola biflora L. 
Silene exscapa All. 


Phyteuma hemisphæricum L. 


Plantago alpina L. 
Pyrethrum alpinum Wilid. 
Homalotheca supina Cass. 
Saxifraga cuneifolia L. 

— stellaris L. 

Sibbaldia procumbens L. 


Carex fœtida Vill. 
Cardamine resedifolia L. 
Agrostis alpina Scop. 
Hutchinsia alpina R. Br. 
Veronica alpina L. 
Oxyria digyna Campd. 
Alchimilla pentaphylla L. 
Sagina Linvæi Presl. 
Luzula spadicea DC. 
Epilobium alpinum Z. 
Stellaria cerastioides Z. 


Arrivés au pied des rampes de Tré-lès-Chosal, nous sommes tout à coup 


CXLIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


enveloppés d'un épais brouillard, et la pluie, non contente de nous avoir fort 
contrariés les jours précédents, vient encore une fois géner notre excursion. 

L'ascension devient alors beaucoup plus difficile. C'est en nous aidant des 
pieds et des mains que nous parvenons à escalader les premiers rochers. Mais 
nous sommes amplement dédommagés de toutes nos peines par les trésors 
qu'une végétation luxuriante vient étaler à nos yeux. La flore des Alpes nous 
avait préparé un bouquet composé de ses plus rares fleurs, comme on en pourra 
juger par la liste suivante : 


Juneus trifidus L. Pedicularis verticillata L. 
Scirpus cæspitosus Poli. Avena versicolor Vill. 

Carex aterrima Hoppe. Polygonum viviparum L. 

— ferruginea Scop. Cirsium spiuosissimum Scop. 
Bartsia alpina L. Sempervivum arachnoideum L., 
Betonica hirsuta L. Potentilla grandiflora L. 
Hieracium villosum L. Linaria alpina DC. 

— aurantiacum L. Salix retusa L. 

— alpinum Z. — reticulata L. 

Crepis blattarioides Vill. — herbacea L. 

Thesium alpinum L. Linum alpinum Z. 

Allium foliosum Clar. Saxifraga aspera L. 
Centaurea nervosa Willd. — muscoides Wulf. 
Mulgedium alpinum Less. — bryoides L. 

Luzula lutea DC. — stellaris L. 
Leucanthemum montanum DC. Hugueninia tanacetifolia Rchb. 
Hypericum Richeri Vill. Achillea macrophylla Z. 
Rhaponticum scariosum Lam. Cœloglossum viride Hartm. 
Paradisia Liliastrum Bert. Veronica bellidioides L. 
Lilium Martagon L. Soldanella alpina L. 
Laserpitium hirsutum Lam. Homogyne alpina Cass. 
Gentiana purpurea Vill. Alehimilla fissa Schumm. 

— bavarica L. Rumex arifolius Al. 

Draba nivalis DC. Gnaphalium norvegicum Gunn. 
Adenostyles albifrons Rchb. 


Il est regrettable que le temps ne nous ait permis d'explorer qu'une partie 
de cette localité privilégiée. Nous sommes heureux du moins de pouvoir la 
signaler aux botanistes qui auront l'occasion de visiter l'intéressante vallée de 
Mont-Joie. 

Les roulements du tonnerre nous avertirent qu'il fallait songer à gagner le 
glacier afin de le traverser avant l'orage. Nous nous hâtâmes donc de gravir 
une moraine abrupte, en récoltant les espéces suivantes, perdues au milieu 
de ses cailloux : 


Ranunculus glacialis L. Poa minor Gaud. 
Saxifraga androsacea L, Cerastium pedunculatum Gaud. 
Poa cæsia Gaud. Andreæa alpina. 


Nous pümes alors jouir d'un spectacle plus imposant peut-être que celui de 
la mer de Glace vue du Montanvert; nous découvrimes un des plus beaux 
glaciers de la chaine du Mont-Blanc. 


Le glacier de Tré-la-Téte est formé de trois mers superposées en amphi- 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CXLV 


theâtre. Sa largeur varie de 4 à 6 kilomètres, sur une longueur de plus de 20. 
La traversée s'en effectua sans difficultés sérieuses. Aprés une heure de 
marche pleine d'émotions sur la première mer glacée, nous touchions à la 
moraine droite. De là nous continuâmes à herboriser jusqu'au pavillon. Les 
plantes récoltées dans ce trajet sont : 


Gentiana nivalis L. Empetrum nigrum L. 
Erigeron uniflorus L. Azalea procumbens L. 
Geum montanum L. Pedicularis rostrata L. 


L'herborisation se termina là. Une pluie torrentielle la convertit en un vrai 
steeple-chase. La seule plante que nous ayons récoltée du glacier de Tré-la- 
Tête aux Contamines, est le Lycopodium alpinum L., abondant parmi les 
Rhododendron, entre les chalets et les Plans. 


RAPPORT DE M. Eugène FOURNIER SUR LES HERBORISATIONS FAITES A NOTRE- 
DAME DE LA GORGE ET AU COL DE VOZA, LES 21 ET 22 AOUT 1866. 


La vallée de Mont-Joie, à partir de Saint-Gervais, où elle disparaît en jetant 
les eaux de ses torrents dans la vallée de l’Arve, s'éléve rapidement jusqu'aux 
Bains-de-Saint-Gervais ; mais de ce point, la pente est relativement très-douce 
jusqu'aux Contamines et méme jusqu'au sanctuaire de Notre-Dame de la 
Gorge, où la vallée est brusquement bornée par les premiers contre-forts du 
Bonhomme, et où s'arrétent les voitures, laissant au voyageur à gravir à travers 
les Sapins le sentier escarpé, à peine praticable aux mulets, qui monte au 
Nant-Borant. Le fond de Notre-Dame de la Gorge, entouré sur trois cótés de 
hauteurs boisées considérables, et dont l'altitude est supérieure à 1000 métres, 
est d'une fraicheur considérable. Sur les bords du torrent qui en parcourt 
le milieu, un épais lit de Sphagnum couvre un sol meuble et humide, qu'om- 
bragent des Hétres et des Saules. C'est dans cette localité que M. V. Per- 
sonnat nous avait signalé, en la traversant dans la soirée du 19, la présence du 
Coralliorrhiza, que M. Chevalier nous dit se trouver aussi dans la forét de 
Sapins qui couronne le flanc gauche de la vallée. | 

L'heure nous avait rendu toute recherche impossible, mais le 21, quand 
nous fümes remis, tant bien que mal, de nos fatigues de la veille, notre premier 
désir fut de courir à la localité signalée la veille. par M. Personnat, qui n'est 
qu'à une lieue des Contamines. Nos souhaits furent bientót remplis, car 
nous pümes recueillir une trentaine d'échantillons fructifiés de Coralliorrhiza, 
dans le fond de la vallée, tandis que M. Chevalier retrouvait la méme Orchidée 
à quelques centaines de mètres plus haut, sous les Sapins. 

Le Coralliorrhiza était accompagné, dans le fond de la vallée, par une col- 
lection de Pirola; aux P. rotundifolia, minor et secunda, se joignait cette 
fois le P. uniflora (Moneses grandiflora), en grande abondance. p; faut si- 

T. XIII. à 


CXLVI i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


gnaler dans la même localité le Centaurea Kotschyana type, distinct d'une 
plante du Mont-Viso, confondue avec celui-ci, et sur laquelle M. de Valon se 
propose d'attirer l'attention de la Société; le Zuzula flavescens Gaud., et 
quelques plantes moins rares, telles que : Crepis blattarioides, Cr. succisæ- 
folia, Cr. grandiflora, Selaginella spinulosa, etc. 

Cette herborisation intéressante, opérée dans un périmètre très-restreint, 
nous prit à peine trois heures. Revenus aux Contamines entre trois et quatre 
heures aprés midi, nous nous mimes en route immédiatement dans l'intention 
d'aller coucher au Pavillon de Bellevue, et de descendre le lendemain seule- 
ment dans la vallée de Chamonix, où quelques-uns d'entre nous, partis plus 
tôt, devaient être rendus dans la soirée méme du 21, par le col de Voza. 

Les plantes recueillies au col de Voza, dont la plupart ont été déjà signalées 
en 1860 dans le compte rendu de l'excursion dirigée dans les Alpes par 
M. Chatin, ne présentent pas assez d'intérét spécial, et ne tranchent pas assez 
sur le tapis végétal ordinaire des Alpes, pour étre encore, à la fin de cette 
longue session; l'objet d'une énumération particuliére. Nous y signalerons seu- 
Jement les Campanula thyrsoidea L., Plantago serpentina Lam., Asarum 
europæum L., Juniperus alpina Clus., Sparganium minimum Fr., Juncus 
filiformis L: (dans un petit lac au sommet du col de Voza), Phleum interme- 
dium Jord., Cynosurus echinatus L., Festuca ovina L. var. alpina Koch, 
Salix incana Schrank, Weisia crispula Hedw., etc. 

Tl faut en dire autant des plantes recueillies en descendant du Pavillon de 
Bellevue : ici je ne vois guère de particulier à noter que l'abondance du Pi- 
rola uniflora, dans le bois de Sapins qui s'élève au-dessus des Ouches. 


RAPPORT DE $f. ie docteur IL. BOUVIER SUR L'HERBORISATION FAITE 
AU MONTANVERT ET A LA MER-DE-GLACE. 


La fraction de la Société qui s'était rendue directement le 19 de Sallanches 
à Chamonix a eu le plaisir d'y rencontrer à son arrivée M. Rapin (de Genéve), 
en compagnie de M. Birsh Wolf, botaniste anglais, et a consacré la journée du 
20 août à explorer le Montanvert et la Mer-de-Glace. La végétation alpestre 
et alpine a été tant de fois décrite dans les rapports déjà lus à la Société que 
je crois devoir signaler seulement, pendant la traversée du Montanvert, 
l'Aclillea macrophylla L., Phyteuma scorzonerifolium Vil., Epilobium 
anagallidifolium Lam. , Pinus Cembra L. C'est dans ce passage que M. Man- 
ceau a recueilli un Taraxacum voisin du T. affiné Jord., à akènes non hé- 
rissés au sommet, à écailles intérieures de l'involucre atteignant ou dépassant 
un peu la base des aigrettes, 

Du pavillon du Montanvert à la Mer-de-Glace, la végétation prend un ca- 
ractère plus alpin qu'attestent surabondamment un grand nombre de plantes, 
notamment l’Agrostis alpina et l'Avena Scheuchzeri. Nous cheminons sur 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CxLVvII 


la Mer-de-Glace sans nous lasser d'admirer cette belle teinte bleuâtre qui 
se reflète dans la profondeur des crevasses, teinte à laquelle les rayons du 
soleil qui nous favorisent en ce moment communiquent une nuance des plus 
frappantes. 

Mais bientôt la pluie, qui doit invariablement se mêler à toutes nos excür- 

sions, nous oblige à chercher un refuge dans une cabane. Pendant ce temps, 
M. Bouvier remonte la moraine avec Jacques Tissay, le guide de l'expédition, 
et parvient à la base de l'aiguille du Dru, pour vérifier une plante remarquée 
par lui. Aprés maints efforts dans la station presque inaccessible de cette 
plante, il rejoint ses compagnons avec un magnifique exemplaire de Sazifraga 
Cotyledon, dont la panicule mesure 58 centimètres de hauteur. 
. La petite caravane poursuit sa marche sur le dos de la moraine en récoltant 
des espèces alpines dont les plus saillantes sont 7rifolium Thali Vill., Miera- 
cium albidum, Cerastium pedunculatum Gaud. , Phyteuma humile Schleich. , 
Primula villosa, etc. Le passage du Mauvais-Pas, que je ne conseillerais pas 
à tout venant, nous conduisit à l'Hótel-du-Chapeau. Là nous entendons les 
canonnades produites dans le lointain par les mouvements du glacier et par la 
chute des colossales tours de glace qui hérissent sa surface. 

Durant ce trajet, le Montanvert et la Mer-de-Glace nous ont fourni des 
Cryptogames intéressantes, savoir : 


Allosorus crispus Bernh. Trichostomum microcarpum Funk. 
Polytriehum alpinum £. Weisià ctispula Hedw. 

== urnigerum L, Peltigera aphthosa Hoffm. 

— piliferum Schreb, Cladonia rangiferina Hoffm. var. cymosa. 
Barbula unguiculata Hedw. Alectoria jubata Ach. 

Webera elongata Schwegr. Cetraria islandica Ach. 

Bryum capillare L. Stereocaulon alpinum Laur. 

‘= inclinatum Sw. Parmelia olivacea Ach, 

— atropurpureum Web, et Mohr. Umbilicaria vellea Fries, etc, 


Rentrés sur le chemin de la vallée, nous mettons eneore là main sur quelques 
plantes, parmi lesquelles se trouve le Rosa coriifolia Fr. 


M. V. Payot met sous les yeux de la Société quelques plantes rares 
ou nouvelles des environs de Chamonix, et fait la communication 
suivante : 


SUR QUELQUES PLANTES RARES OU NOUVELLES DE.LA VALLÉE DE CHAMONIX, 
; PAR Mi. Venance PAYOT. 


Les plantes que j'ai l'honneur de présenter à la Société sont les suivantes : 
4° Un Hieracium que l'on m'a affirmé être nouveaü, mais qué, jusqu'a plus 
ample informé, je considere comme un hybride entre VH. Pilosella et rg. 
Auricula. 


CXLVIII ; SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


2» Une forme bien remarquable de l'Arbutus Uva ursi, que je n'ai pas 
encore trouvée en bonne floraison, et que je nomme provisoirement À. Uva 
ursi var. GB. angustifolia; elle se distingue du type par ses feuilles allongées 
en forme de coin, velues et comme crispées, et par son fruit beaucoup plus 
petit. Peut-être reconnaîtra-t-on un jour que cette forme constitue une espéce 
distincte. 

3° Plusieurs Fougères intéressantes, savoir : 


Botrychium simplex Hirst, var. B. ma- Asplenium Trichomanes L. var. ramosum 

tricarioides Willd. (à fronde longuement ramifiée). 
Woodsia hyperborea R. Br. — — var. incisum (à pinnules profon- 
— ilvensis R. Br. dément incisées). 


Lycopodium complanatum L. 


Si je voulais entrer dans l'énumération des Mousses intéressantes de notre 
vallée, je dépasserais les limites du temps dont la Société peut disposer, mais 
j'espère bien un jour, quand mes affaires personnelles me laisseront un mo- 
ment de loisir, en profiter pour présenter à la Société un tableau complet 
des richesses de la végétation du massif du Mont-Blanc, que j'ai exploré pen- 
dant quinze années consécutives. 


M. le Président invite les membres présents à visiter le lende- 
main les collections de M. V. Payot. 

M. Ch. Senot de la Londe fait un rapport verbal sur l'ouvrage 
intitulé : Thermographie et Hipsométrie de la Savoie, offert à la 
Société par M. Fr. Dumont. 

M. Cosson félicite M. Ch. Senot de la Londe de la patience avec 
laquelle il mesure l'altitude des points successivement explorés par 
la Société dans chacune de ses sessions extraordinaires, travail dont 
le mérite sera apprécié par tous ceux qui connaissent les difficultés 
que l'on éprouve pour transporter un baromètre. 

M. Ch. Senot de la Londe expose en quelques mots une amélio- 
Tation qui permet de renverser lé baromètre Fortin, 

M. H. Blanche donne lecture de la note suivante : 


NOTE SUR L'HERBIER DE M. MICHALET, par M. Henri BLANCHE. 


Je suis devenu possesseur de l’herbier de M. Eugène Michalet (de Dôle), 
que nous avons eu le malheur de perdre le 12 février 1862, à l’âge de trente- 
trois ans. Notre regretté confrère avait étudié particulièrement certains genres, 
tels que Cirsium, Carduus, Hypericum, Sorbus, Scutellaria, Epilobium, 
dont il a décrit plusieurs formes ; il a découvert une nouvelle espèce d' AZisma 
(Alisma arcuatum), et a retrouvé en Bresse le Bidens radiata, qu'on n'avait 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CXLIX 


pas vu en France depuis Thuillier (1). M. Michalet a donné la plupart de ces 
plantes et d'autres intéressantes dans un exsiccata dont il avait commencé la 
publication sous ce titre: Herbier de la flore du Jura; cette collection ren- 
ferme 150 espèces. Comme ces plantes ont été peu répandues, j'ai pensé qu'il 
serait agréable de savoir où il est possible de les étudier. 

L'herbier de M. Michalet contient les plantes récoltées par lui dans le Jura, 
- qu'il a exploré trés-soigneusement, la collection complète des plantes publiées 
par M. Billot, quelques-unes des espéces distribuées par MM. Puel et Maille, 
et les plantes des diverses régions de la France qu'il avait recues de ses nom- 
-breux correspondants. On y trouve encore la collection de plantes d'Algérie 
de M. Choulette ; la flore de cette contrée y est aussi très-bien représentée par 
de beaux échantillons dus à la libéralité bien connue de M. le docteur Gouget, 
qui a herborisé en Afrique pendant cinq années. 

Cet herbier renferme, en outre, celui de M. Hermann de Jouffroy ( de 
Dóle), mort à Paris en 1859, à l’âge de vingt-six ans; et qui avait légué - 
ses plantes à son ami Eug. Michalet. M. de Jouffroy a parcouru le Jura, 
l'Indre, les Alpes, les Pyrénées et le Var, où il a spécialement exploré les 
environs d’Hyères. Il avait enrichi son herbier de différentes collections ; c'est 
ainsi qu'on y voit les plantes récoltées en Corse par Soleirol, en Arménie et en 
-Italie par MM. Huet du Pavillon, en Espagne par M. Bourgeau, en Syrie par 
MM. Blanche et Gaillardot, en Palestine par M. Boissier, etc.; le comptoir 
d'échanges de Strasbourg lui avait aussi procuré bon nombre d'espéces. 


M. Cosson fait ressortir la gravité dela perte que la Société a 
faite dans la personne de M. Michalet. 

Lecture est donnée des communications suivantes que M. Timbal- 
Lagrave, obligé de quitter la Société avant la fin de la session, a 
laissées au secrétariat : 


SUR UN VICIA MAL CONNU DE LA FLORE FRANÇAISE, par M. Édouard 
TIMBAL-LAGR AVE. 


VICIA SALLEI Nob. — V. cuneata Gren. et Godr. Fl. Fr. et Cors. I, 
p. 459; non Guss. Prodr. II, p. 428. 


Fleurs toujours solitaires, très-brièvement pédonculées, très-petites, d'un 
rose pâle ; calice à dents lancéolées égales, plus courtes que le tube, hérissées 
de poils blancs argentés, à tube rompu à la maturité des gousses; corolle 
offrant un étendard légèrement violacé, accombant sur les ailes et la carène, 

(1) M. Michalet croyant cette espèce nouvelle, l'avait nommée Bidens fastigiata 
(Mém. de la Soc. d'Émul. du Doubs,1854); mais il reconnut plus tard que c'était la plante 
décrite par Thuillier en 1799, sous le nom de Bidens radiata, 


CL SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de manière à les tenir comme enveloppées avant l'anthése (lorsque l'anthése a 
lieu, l'étendard se reléve, les fleurs se fanent aussitót, la corolle tombe poussée 
peu à peu par l'ovaire grossi); ailes ovales, plus pâles que l'étendard; carène 
d'un blanc sale peu visible, à bec un peu chiffonné ; anthéres ovales; filets 
égalant les styles; stigmate plumeux; gousses de 3 millimètres de large sur 
2 centimètres de long, horizontales, couvertes de poils blancs argentés, noir- 
cissant à la maturité, atténuées aux deux bouts et terminées par le style per- 
sistant; graines sphériques, marbrées dans quelques gousses, toutes noires 
dans d'autres, d'autres fois noires et marbrées dans la méme gousse; feuilles 
composées de folioles linéaires obtuses et mucronées au sommet, toutes sem- 
blables, terminées par une vrille simple; pétiole canaliculé en dessus; stipules 
Semi-sagittées; tiges nombreuses, gréles, filiformes, les unes courtes et flori- 
feres, les autres plus longues étalées sur le sol, toutes glabres et de couleur 
vert sombre. 

Plante de 2 à 3 décimètres, annuelle quand elle est cultivée à Toulouse, 
mais devant être vivace, ou tout au moins bisannuelle dans son lieu natal, si 
l'on peut en juger par son mode de développement. 

Hab. — Nous avons trouvé cette curieuse Légumineuse le 10 juin 1857 
surle calcaire jurassique oxfordien, en allant du village de Saint-Jean-de- 
Fos à Saint-Guilhem-le-Désert pendant la session extraordinaire de la So- 
ciété botanique de France à Montpellier; elle vient avec l'Orobus saxatilis 
Vent., bien connu en cet endroit de tous les botanistes de Montpellier. — 
Elle a été trouvée depuis sur mes indications, dans la méme localité, par notre 
savant collégue M. le professeur Planchon ; mon ami M. Loret et M. Barran- 
don, qui étudient avec tant de soin la flore de l'Hérault, l'ont rencontrée 
dans deux autres localités, notamment à Lieussou entre Lodève et Clermont 
(Hérault). 

Il est certain, d'aprés les renseignements qu'a bien voulu nous fournir 
M. Grenier, que notre plante est bien le V. cuneata dela Flore de France et 
de Corse, et que MM. Grenier et Godron reconnaissent que le Vicia de Mont- 
pellier ne peut se rapporter au V, cuneata de Gussone, d’après la description 
de cet auteur et d'aprés les échantillons distribués par M. Huet du Pavillon 
sous le nom de Vicia nebrodensis, lequel Vicia nebrodensis ne serait autre 
que le V. cuneata Gussone, d'aprés M. Grenier. 

Toutefois le Vicia Sallei Nob. vient se placer entre le V. angustifolia 
Roth, avec lequel il a quelque ressemblance par la gousse, quoique un peu plus 
large ; et le V. lathyroides L., dont il se rapproche par ses petites fleurs; 
dans ce méme groupe viennent encore se ranger le V, cuneata Guss. et lé 
V. olbiensis Reut. 

Le V. Sallei se distingue de ses congénères par la forme et la disposi- 
tion des enveloppes florales; par ses petites fleurs; par ses gousses horizon- 
tales, hérissées, atténuées aux deux extrémités, plus étroites que celles du 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866, CLI 


V. cuneata Guss., mais plus larges que celles du V. Zathyroides L., assez 
semblables à celles qu'on observe sur le Vicia -angustifolia Roth, lequel d'ail- 
leurs a les fleurs deux fois plus grandes que celles du V. Sallei Nob. Il en est 
de méme du V. olbiensis Reut., que nous n'avons pas vu, mais qui est carac- 
térisé, d'après M. Grenier (in litt.), par ses gousses étroites et petites et par 
ses grandes fleurs (1). 

Les feuilles caractérisent aussi le V. Sallei et peuvent le distinguer des 
espèces dont nous venons de parler ; dans notre plante, elles-sont toutes sem- 
blables, celles de la base des tiges sont à peine plus larges que celles du som- 
met, elles sont seulement un peu plus courtes; les folioles sont un peu 
pétiolulées, le plus souvent alternes sur le pétiole commun; les vrilles sont sim- 
ples; les tiges, d'un vert foncé, sont couchées sur le sol. 

Nous avons souniis cette plante à la culture depuis que nous l'avons récoltée ; 
elle n'a jamais varié dans ses caractères, si ce n'est que les tiges en sont deve- 
nues de plus en plus longues. 

Dans tous nos semis, le V. Salle a eu une durée d'un an; malgré cela, 
nous croyons que la plante est vivace ou au moins bisannuelle. Ce fait pourra 
étre élucidé par nos savants collégues de Montpellier, qui, étant à méme de 
l'étudier sur place, parviendront, nous l'espérons, à mieux faire connaître 
cette curieuse espèce que nous n'avons pu décrire que sur des sujets cul- 
tivés (2). 


OBSERVATIONS SOMMAIRES SUR TROIS PLANTES DES ENVIRONS D'ANNECY, 
pr M. Éd. TIMBAL-LAGRAVE. 


Pendant cette session, nous avons appelé l'attention de nos confrères sur la 
détermination de quelques plantes qui nous paraissaient douteuses, et notam- 
ment sur trois espéces dont nous allons dire quelques mots, 

1° Un Leucanthemum nommé, par les uns, Z. vulgare Lamk, et, par les 
autres, Z. montanum DC. , tandis qu'il était pour nous le véritable CHRYSAN- 
THEMUM ATRATUM de Linné (Sp. 1252), que l'illustre botaniste a caractérisé 


(1) Depuis la lecture de notre travail à la session d'Annecy, M. Reuter a bien voulu 
nous communiquer le Vicia olbiensis, dont ce savant botaniste n'a pas encore publié la 
deseription ; gráce à son obligeance bien connue, nous pouvons ajouter aux caractéres 
différentiels que nous avait signalés M. Grenier, que le V. olbiensis diffère encore de 
notre V. Sallei par ses gousses plus étroites, glabrescentes et non hérissées, réflexes à 
la maturité, et surtout, comme le dit M. Reuter, par ses feuilles trés-hétérophylles, 
(Note ajoutée pendant l'impression, novembre 1866.) 

(2) Nous n'avons voulu tirer aucun caractère spécifique de la coloration des graines, 
parce que nous avons vu ce fait se reproduire sur d’autres espèces, et nous avons dû 
renoncer au nom de V. heterocarpa que nous avions voulu donner à notre plante. Nous 
préférons lui imposer le nom de Vicia Sallei pour rappeler celui du zélé botaniste qui, 
d'aprésles savants auteurs de la Flore de France et de Corse, semble être le premier 


qui l'ait récoltée aux environs de Montpellier. 


CLII -SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


par la phrase diagnostique suivante : Foliis omnibus cuneiformibus oblongis, 
serratis, carnosis. Jacq. Vind. 151, et qu'il. indique in alpium Helvetiæ, 
Austrie, pratensibus. 

Nous nous occupons depuis plusieurs années du genre Zeucanthemum ; nos 
recherches nous ont conduit à penser, comme beaucoup de botanistes le 
reconnaissent, que les Z. montanum DC., L. vulgare Lamk, Z. atratum 
DC., sont de petits groupes d'espéces affines, qu'une étude attentive pourra 
seule élucider. En attendant que nos recherches soient terminées et-que nos 
essais de culture aient prononcé sur la valeur des déterminations que nous 
proposerons, nous allons dire quelques mots, puisque l'occasion s'en présente, 
du Z. atratum. : 

Le Leucanthemum atratum de la Savoie, que nous prenons, comme nous 
l'avons dit, pour le type de Linné, se distingue de toutes les espèces qu'on a 
décrites sous ce nom par ses tiges épaisses, rameuses au sommet, hérissées, 
velues dans toute leur longueur; par les feuilles du bas des tiges oblongues- 
cunéiformes, épaisses et charnues, les supérieures dentées, à dents peu aigués, 
celles de la base des feuilles de méme grandeur, toutes à peu prés égales ; par 
ses calathides, dont les involucres ont des écailles lancéolées, largement bor- 
dées de noir dans tout leur pourtour, à bordure marginale lisse, peu 
scarieuse. 

Cette plante, très-commune dans les vallées que nous avons parcourues, se 
trouve aussi au sommet des montagnes les plus élevées. A mesure que l'on 
monte, ses tiges tendent de plus en plus à devenir simples et uniflores, comme 
nous l'avons vu au mont Charvin ; on ne peut donc tirer aucun caractere 
des formes rameuses ou uniflores, ainsi que quelques auteurs l'ont fait, car 
cette variation est tout simplement un /usus qu'on peut observer dans toutes 
les espéces de ce genre. 

A l'état simple et uniflore, le Leucanthemum atratum qui nous occupe 
ressemble beaucoup au Z. montanum DC. de Montpellier et du midi (Z. mon- 
tanum minus 'Tournef.), trés-bien figuré par J. Jacquin (Obs. bot. pars IV, 
Tol. 9, tab. 91). Mais la plante de Savoie se distingue par ses feuilles inférieures 
larges, spatulées, cunéiformes, épaisses, inégalement dentées, à dents moius 
aiguës; par ses tiges épaisses méme au sommet, trés-hérissées; et par les 
écailles de l'involucre largement bordées de noir, à bordure lisse, à peine 
Scarieuse. 

La plante de la Savoie s'éloigne aussi beaucoup du Z. atratum, que 
MM. Grenier et Godron ont décrit dans leur F/ore de France et de Corse 
(IT, p. 141), sous le nom de Z. maximum Ram., et que, plus tard, 
M. Godron a reconnu être le Z. atratum DC., réservant le nom de Z. ma- 
ximum Ram., à une autre espèce pyrénéenne parfaitement distincte de ses 
congénères. Le Z. atratum des auteurs de la Flore française et du Prodro- 
mus est une plante très-connue des anciens botanistes ; elle est figurée par 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. ° Li 


Barrelier, 7con. 437 (Leucanthemum Barrelieri Nob.); elle a les feuilles 
tout à fait différentes de celles de la plante de Savoie; elles sont à peu prés 
toutes de la méme forme : celles du bas des tiges, depuis le milieu environ, 
sont lancéolées, longuement pétiolées, aiguës; toutes régulièrement dentées en 
scie, fermes et rudes au toucher, d'un vert foncé, à dents fines et aigués; les 
supérieures sont de méme forme, mais sessiles; les tiges sont plus fines au 
sommet. On peut aussi la distinguer par ses capitules ordinairement plus 
grands, à écailles des involucres légèrement bordées de noir et scarieuses aux 
bords. Tous ces caractères éloignent cette plante de l'espèce linnéenne dont 
nous avons donné plus haut la phrase diagnostique. 

Il y a encore une autre espèce nommée quelquefois L. atratum L. et méme 
L. montanum DC. par quelques botanistes, quoique cette plante ait plus 
de rapports avec le Z. vulgare Lamk (Bellis major figuré par Dodoëns 
[Pempt. 267]). C'est l'espèce que nous avons nommée et décrite, avec notre 
ami M. de Martrin-Donos, sous le nom de Z. commutatum, dans la Ælorule 
du Tarn; cette dernière espèce est intermédiaire entre le Z. vulgare et le 
L. montanum; elle se distingue de l'une et de l'autre, et méme de l'atratum, 
trés-facilement. Sa racine est pérennante; elle donne deux ou trois tiges, 
comme dans le Z. vulgare, ascendantes, velues inférieurement, très-fines et 
glabres au sommet, rameuses aux trois quarts inférieurs par régression, de 
maniére que les fleurs apparaissent successivement; les feuilles inférieures sont 
spatulées, longuement atténuées en pétiole, légèrement dentées, détruites à 
la floraison; les supérieures sont lancéolées, mais trés-obtuses au sommet, 
comme tronquées, semi-embrassantes à la base, dentées, à dents trés-longues 
et fines, mais beaucoup plus longues à la base du limbe, et alors plus rappro- 
chées. 

Cette espèce est trés-commune en France; nous l'avons vue dans des her- 
biers sous des noms divers ; selon que l'échantillon était maigre ou luxuriant, 
on lui donnait le nom de vulgare ou de montanum, et si les écailles de l'invo- 
lucre étaient trés-noires et scarieuses, il portait alors celui de Z. atratum DC. 


2° BRUNELLA ALPINA Nob. — B. grandiflora Meench, Meth. h45.. B. vul- 
garis B. grandiflora L. Sp. 837. 


Les botanistes descripteurs ont attaché trop d'importance à la forme des 
feuilles des espèces du genre Brunella, considérations qui, selon les cas, les 
ont portés à faire des espèces ou des variétés en leur ajoutant quelques autres 
caracteres variables pris dans d'autres organes. 

On remarque, en effet, dans la Flore de France et de Corse de MM. Grenier 
et Godron, et avant eux dans le Synopsis de Koch et ailleurs, que les Z. vul- 
garis L. et B. grandiflora Mœnch, ont tous les deux une variété pinnatifida, 
tandis que le B. alba L., normalement à feuilles pinnatifides, a une variété à 
feuilles entières; ce caractère n'a aucune valeur spécifique : il est tout simple- 


CLIV ; SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ment dû à l'habitat. particulier du sujet qu'on examine. C'est l'humidité pro- 
longée de certains lieux qui peut donner des B. vulgaris pinnatifides, ou des 
B. alba à feuilles entières, tandis que le B. grandiflora présente des feuilles 
pinnatifides quand les sujets sont exposés au soleil; quoi qu'il en soit, ces trois 
plantes sont parfaitement distinctes par une foule de caractères; nous pensons 
méme que le B. grandiflora Mench et le B. grandiflora Jacq. peuvent 
constituer deux espèces distinctes et parfaitement tranchées. 

La première (BRUNELLA ALPINA Nob.), que nous prenons pour le B. vul- 
garis B. grandiflora L. Sp. 837, élevée plus tard au rang d'espéce par Meench, 
est trés-commune daus les montagaes de la Savoie et sans doute dans les Alpes 
françaises, en Suisse, ete.; elle a été trés-bien décrite par MM. Grenier et 
Godron dans leur Ælore de France et de Corse (T1, p. 704). 

La seconde (BRUNELLA TOURNEFORTIL Nob.) est le B. grandiflora Jacq. 
Austr, IV, p. ^0, tab. 377, et de plusieurs autres auteurs; cette espèce est très- 
commune dans les Pyrénées, la Montagne-Noire, le bassin sous-pyrénéen et 
dans plusieurs- autres contrées de la France, excepté dans le midi, oü elle est 
remplacée par le B. Ayssopifolia (C. Bauh. Pin. 261). 

Le Brunella grandiflora Jacq. a été signalé par Tournefort, qui, dapit 
la phrase diagnostique, semble l'avoir observé dans les Pyrénées : Brunella 
pyrenaica maxima, flore majore (Inst. 182). Il connaissait aussi la plante 
des Alpes et de la Savoie, qu'il nomme avec G. Bauhin (Pin. 261) Brunella 
cœærulea magno flore. 1l cite Clusius (Hist. XIII) dont la figure convient très- 
bien à la plante de Savoie et non à celle des Pyrénées ; il signale deux variétés 
dues à la couleur de la corolle : alba (C. Bauh. Pin.) et carnea (H. edimb.). 

Le B. grandiflora Jacq. se distingue de la plante des Alpes, comme l'ont 
déjà dit les savants auteurs de la Flore de France et de Corse (l. c.) par ses 
fleurs plus larges que longues, par ses corolles plus grandes, par la lèvre su- 
périeure du double plus large, et par le tube plus enflé; la tige est plus droite 
etles feuilles souvent hastées sont plus écartées; la couleur des fleurs est 
variable, mais le plus souvent celles du B. alpina sont d'un rose-pourpre, 
tandis que celles du B, Tournefortii sont bleues. 

Mais ces deux dernières espèces se distinguent nettement par leur mode de 
développement. Le B. alpina présente, comme le B. vulgaris et le B. alba, 
une racine fibreuse d'où partent plusieurs tiges ascendantes étalées en cercle 
sur le sol; ces tiges produisent, aux nœuds inférieurs, des radicelles adven- 
tives, qui leur donnent à chacune une vie propre, et les aident à former des 
touffes ; les échantillons qu'on trouve en herbier ne sont que des fragments 
de ces touffes qui peuvent aisément se fractionner ; dans chaque pied il y a 7 ou 
8 tiges; le méme fait se remarque dans le B. vulgaris etle B. alba, et tend 
à rapprocher ces trois plantes, mais le B. vulgaris a les feuilles plus petites, 
ainsi que les fleurs ; il se distingue surtout par ses tiges rameuses donnant 
naissance d'abord à un capitule de fleurs, et puis par régression à deux autres 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866, CLY 


capitules et souvent plus, placés à l'aisselle des feuilles inférieures. Le Bru- 
nella alpina Nob. se sépare aussi du 2. alba par ses fleurs d'un rose-pourpre, 
ses feuilles ordinairement entières, et non ordinairement pinnatifides comme 
dans le B. alba, et par sa station alpine. 

Le 2. Tournefortii a un mode de végétation tout à fait différent, sa racine 
est longue, comme tracante, horizontale, donnant naissance au sommet à un 
ou deux bourgeons, qui fournissent chacun une tige ou rarement deux, Ces 
tiges ne produisent, comme dans les autres espèces, ni des racines adventives, 
ni des rameaux munis de plusieurs capitules; ordinairement un seul termine 
la tige ; il est plus large que long dans son ensemble, tandis que dans le B. al- 
pina, la forme inverse est la plus répandue ; à mesure que les tiges ont fini 
leur évolution, elles disparaissent chaque année, de nouveaux bourgeons sé 
produisent à cóté des premiers, la racine s'allonge, devient comme tracante et 
continue ainsi sa végétation pérennante. Les feuilles du Z. Tournefortii sont 
trés-variables, elles sont entières ou légèrement dentées à la base, quelquefois 
pinnatifides, comme l'avait parfaitement vu Jacquin (Joc. cit,), ou bien encore 
les dents de la base du limbe sont plus marquées et donnent à la feuille la 
forme plus ou moins hastée. 

Nous avons pensé que pour éviter désormais toute confusion entre ces deux 
plantes, il fallait abandonner le nom de Z. grandiflora qui, à bon droit, serait 
revenu à l'espéce des Alpes, laquelle est le B. vulgaris B. grandiflora L. 
(B. grandiflora Mench ). Mais comme celui-ci a les fleurs plus petites que la 
plante de Tournefort, et que d'ailleurs le caractère est variable et fautif, nous 
proposons pour cette plante le nom de B. alpina, en nous fondant sur ce que 
ce Prunella est exclusif à la région alpine inférieure d’où il ne descend pas ; 
d'un autre côté, il parait propre aux Alpes et manquer dans les Pyrénées: 
tandis que nous proposons celui de B. 7ournefortii pour le second, afin de 
rappeler le nom de l'illustre botaniste qui le premier a signalé cette espèce. 

Nous ne croyons pas non plus devoir conserver à cette plante le nom de 
B. hastifolia Brot. Fl. lus, Y, p. 181, cité par MM. Grenier et Godron, 
parce que ce nom représente un caractére accidentel dépourvu de perma- 
nence, et par conséquent tout à fait fallacieux. 


3» DAUCUS MARCIDUS Nob, — D, Carota var, marcescens. 


Il y a quelques années, nous avons trouvé quatre ou cinq individus de ce 
Daucus à Grisolles (Tarn-et-Garonne), dans des terrains argilo-calcaires où 
nous l'avons vainement cherché depuis. Nous avons été trés-étonnés de le re- 
trouver assez répandu dans les vallées d'Annecy et de Thónes, localités bien 
différentes de la première. Cette plante serait-elle une espèce ou tout simple- 
ment une variété? Nous ne saurions nous prononcer en ce moment, comme 
nous l'avons dit dans un travail publié dans les Mémoires de l Académie des 
sciences de Toulouse, ayant pour titre : Études sur quelques plantes com- 


‘CLVI i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


-munes de la Haute-Garonne. Les graines des échantillons de Grisolles, sou- 
mises à des essais de culture, n'ont pu lever, quelques précautions que nous 
ayons prises. Ces graines étaient-elles trop vieilles ou imparfaites ? Nous ne pou- 
vons le dire, n'ayant pu retrouver ce Daucus en bon état depuis; mais nous 
pensons que la découverte de cette plante dans les vallées de la Savoie four- 
nira de nouveaux éléments pour sa détermination ; car il est certain que, si ses 
caractères ont la fixité et la permanence qui distinguent les véritables espèces, 
elle pourra à son tour constituer un type parfaitement distinct. En attendant 
que les botanistes résidants aient pu nous éclairer à ce sujet, voici les carac- 
téres qui séparent ce Daucus des autres espèces françaises. 

La racine est bisannuelle, comme dans les autres Daucus, mais au lieu d 
donner naissance à une seule tige, elle produit ordinairement plusieurs tiges 
-de 2 à 3 décimètres seulement, rougeátres, hérissées, hispides et cannelées; 
les feuilles sont d'un vert foncé, pinnatifides, à lobes assez élargis ; les om- 
belles et les ombellules sont de taille moyenne; les fleurs sont d'un rose pâle 
ou quelquefois d'un rose vif, à pétales grands à la circonférence, inégaux, petits 
-et égaux au centre, plus ou moins marcescents après l'anthése. A ces carac- 
tères variables dans les autres espèces, le fruit vient en ajouter de bien plus 

importants : ovale-oblong dans le D. Carota L., il est parfaitement elliptique 
dans celui-ci; les soies des cótes secondaires sont jaunes et dépassent le dia- 
mètre du fruit. Ces caractères séparent le D. marcidus de ses congénères 
aussi bien et peut-étre mieux que ceux que les auteurs ont signalés pour dis- 
tinguer les D. Carota L., maximus Desf., maritimus, etc. , etc. 


Lecture est donnée de la communication suivante, adressée à la 
Société : 


RÉSUMÉ DE QUELQUES HERBORISATIONS DES ENVIRONS D'ANNECY, 
par M. l'abbé PUGET. 


Pringy prés Annecy (Haute-Savoie), 


Les environs d'Annecy ont une végétation très-variée. Quelques localités, 
telles que la montagne de Veyrier et celle de Mandallaz, offrent au botaniste 
des plantes méridionales. Six herborisations principales peuvent étre faites 
avec fruit autour d'Annecy dans un rayon de 20 kilomètres : la première à Ru- 
milly, par Épagny, Sillingy et le Val de Fier; la seconde à Annecy-le-Vieux, 
par les bords du Fier; la troisiéme aux Bains de la Caille, par Pringy; la 


quatrième au roc de Chère, par Veyrier et Menthon ; la cinquième au Sem- 
noz ; la sixième à la Tournette, 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866.  CLvit 


S8 I. — Herborisation à Rumilly, par Épagny, Nue 
et le Val de Fier. 


Cette herborisation exige une bonne journée, surtout si l'on veut aller jus- 
qu'à Frangy, pour y récolter : Lactuca Scariola L. et Odontites lutea Rchb. 
var. 8. órachystemon Reut. 

Le botaniste, en sortant d'Annecy, prendra la route de Seyssel, et traver- 
sera le Fier à Cran. Il trouvera à gauche dans les bois : Narcissus. Pseudo- 
narcissus L., Viola permixta Jord., V. Riviniana Rchb. — à droite, dans 
les haies : Ornithogalum pyrenaicum Y.; — et plus loin, dans les champs : 
Thlaspi arvense L. et Bunias Erucago L. 

Après une demi-heure de marche à travers une plaine bien cultivée, il at- 
teindra les marais tourbeux de Poisy et d'Épagny. Là, ces fossés lui four- 
niront : 


Utricularia minor L. Sparganium simplex Huds. 
Potamogeton natans L. Ranunculus trichophyllus Chaix. 
— pusillus L. Phalaris arundinacea L. 

Typha latifolia L. Alisma Plantago L. . 
Sparganium ramosum Huds. — lanceolatum With. 


Il verra dans les flaques d'eau et les marais : 


Scirpus lacustris L. Tofieldia palustris Huds. 
Nymphæa alba L. Schænus nigricans L. 
Ranunculus Lingua L. Carex stricta Good. 
Trifolium ochroleucum L. — paniculata L. 

Lotus uliginosus Schk. — Hornschuchiana Hoppe. 
Galium boreale L. — fulva Good. 

-Hieracium prealtum Vill, Aira cæspitosa L. 

Orchis palustris Jacg. Festuca arundinacea Schreb, 
Epipactis palustris Crantz. 


Dans les bois sous Poisy : Physalis Alkekengi L. 


Sur le revers oriental et à l'extrémité sud de la montagne de Mandallaz, se 
trouvent les bains de Bromine autour desquels on rencontre, dans les champs: 
Ervum hirsutum L., Lathyrus Cicera L. ; — dans les bois : Digitalis gran- 
diflora L., Sedum Cepæa L., Tetragonolobus siliquosus Roth, Campanula 
patula L., Carex digitata L., C. ornithopoda Willd.: et Bromus asper L. 

En contoürnant l'extrémité sud de la montagne, on voit les rochers ta- 
pissés de Genista pilosa L., et plus bas, dans les lieux humides, l'/sopyrum 
thalictroides L. Parvenu au revers sud-ouest, le botaniste récoltera succes- 
sivement-: _- 


Ornithogalum pyrenaicum L. Sorbus torminalis Crantz. 


Acer monspessulanum L. Vitis vinifera L. (à une grande hauteur). 
— opulifolium Vill. : Hieracium Jacquini Vil. 


Sorbus Aria Crantz, Osyris alba L. 


aLviti E "SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Si, de là, il poursuit son herborisation jusqu'à Salenóves pour y récolter le 
Carpesium cernuum L., il y rencontrera dans les marais : 


Veronica scutellata L. 
Nymphæa alba- L. 


Ranunculus Lingua L, 
— Steveni Andr. 


- Sur les bords des chemins et dans les endroits secs : 


Rumex pulcher L. 
Crassula rubens L. 
Capsella rubella Reut. 
Sedum album Z. 

— acre L, 


Ononis Natrix L. 

Rosa cuspidata M. Bieb. 
— sepium Thuill. 

— andegavensis Bast. 


De Salenôves, il passera par Chilly, pour y récolter deux de nos plus rares 
plantes : Linaria simplex DC. et Orobanche loricata Rchb. ; et se rendra 
àu Val de Fier où, dans une gorge resserrée, mais bien exposée, il ren- 


contrera ; 


Rubia peregrina L. 
Pistacia Terebirithus L. 
Acer monspessulanum b: 
Ruscus aculeatus L. : 
Genista pilosa L. 

Atropa Belladonna L. 
Hieracium lanatum Vill. 
— andrialoides Vill. 


Phelipæa arenaria Schultz, 
Lactuca Scariola L. 

— dubia Jord, 

Carex gynobasis Vill. 

— pilosa Scop. 
Melampyrum pratense L. 
Euphrasia ericetorum Jord» 
Amarantus retroflexus L. 


Après cette riche récolte, il abandonnera les bords du Fier pour se rendre 
à Rumilly dont les champs sont aujourd’hui couverts de Nicotiana virginica, 
Le mauvais temps, pendant sept excursions diverses, m'a empêché de visiter 
avec fruit la plaine si riche qui entoure la capitale de l'Albanais. Cependant, 
en prenant la route de la chapelle de Notre-Dame-de-l'Aumóne , j'y ai 
trouvé : 


Medicago falcata L. 
— media Pers. 
Lathyrus tuberosus Di 


Centaurea Calcitrapa Li 
Eryngium campestre L. 
Artemisia campestris L. 


Sur les bords du Cheran, au-dessous du cháteau des Balmes : 


Thesium pratense Ehrh. 
Galium pusillum Ż, 
Calamagrostis varia Schrad: 
-Diplotaxis muralis DC. 


Gypsophila repens L. 
Myricaria germanica Desv. 
Salix incana Schrank. 
Polygala austriaca Grantz, 


Sur les rochers mollassiques : 


Saxifraga aizoides L. 


Calamagrostis montana Host. ; 
| Adiantum Capillus Veneris L. 


Bellidiastrum Michelii Cass. 
Dans les bois : 


Hieracium tardiflorum Jord. | Galium dumetorum Jorå. 


Galium album Lam, Lithospermum purpureo-ceruleum L. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CLIX 


J'ai aussi vu autour des Balmes : 


Erophila stenocarpa Jord. 
Myrrhis odorata Scop. 


Lycopsis arvensis L. - 
Equisetum ramosum Schl. 


Setaria verticillata P. Beauv. 


Le retour de cette herborisation s'effectue directement par la route de Ru- 
milly à Annecy, route qui offre à Marcellaz : 


Gymnadenia odoratissima Rich. | Epipactis palustris Crantz. 
Schœnus nigricans L, Pinguicula vulgaris L. 


Aux bords des bois et des haies à Étercy : 
Carpesium cernuum L. | Digitalis grandiflora Lam. 
Aux bords des chemins et dans les prairies à Chavanod : 


Filago spathulata Presl. 

— canescens Jord. 
Echinospermum Lappula Lehm. 
Viola Reichenbachiana Jord. 
— Riviniana Rchb. 

Epipactis palustris Crantz. 
Iris Pseudacorus L. 


Carex paniculata L. 

— stricta Good. 

Orchis Morio L. 

— ]atifolia L. 

— incarnata L. 

— ustulata L. 

Ranunculus Drouetii Schultz. 


En rentrant à Annecy par la route de Chambéry, la dernière récolte que l'en 
fasse près du pont sur le Thioux, est celle du Nufar luteum Sm. et du 
Capsella rubella Reuter, qui abonde sur les trottoirs de la route. 


S II. — Herborlsation à Annecy-le-Vieux, par les bords 
du Fier. 


Cette excursion est pleine d'intérét, quoique fort courte. C'est la plus facile 
et la moins pénible. Le botaniste prend la route de Cran, et, arrivé à l'entrée 
du village, descend sur les bords du Fier qui sont fort remarquables par leur 
végétation. Il récoltera d'abord, dans les marais ou les lieux humides : 


Orchis palustris Jacq. 
Epipactis palustris Crantz. 
Triglochin palustre Z. 


Juncus obtusiflorus Ehrh» 
Cladium Mariscus R. Br. 
Heleocharis palustris R. Br. 


Puis s'avancant sur les grèves et les larges pelouses des iles du Fier, il ren- 
contrera successiyement d'excellentes espèces, telles que : Gypsophila repens 
L., Aéthionema saxatile R. Br., Thesium pratense Ehrh. , et, dans des touffes 


de Myricaria germanica Desv. : 


Reseda lutea L. 

— Luteola L. 

Linaria alpina Mill. 
Artemisia Absinthium L. 
Campanula pusilla Hænke. 
Diplotaxis muralis DC. 
Calamagrostis Epigeios Roth. 
— littorea DC. 

Festuca glauca Lam. 

— rubra L. 

— arundinacea Schreb. 


Poa compressa L. 

Galium erectum Huds. (à tiges lisses ou 
hérissées). ` 

Hippophaë rhamnoides L. 

Salix purpurea L. 

— amygdalina L. 

— incana Schrank. 

Cynoglossum officinale L. 

Scirpus cæspitosus L. 

— compressus Pers. 


CLX | SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Puis viennent : 


Ophrys arachnites Reich. 
Helianthemum procumbens L. 
Carex nitida Host. 

Erigeron canadensis L. 

— acer L. 


Quelques Mousses, telles que : 


Phascum cuspidatum Schreb. 
Fissidens osmundioides Hedw. 
Pottia cavifolia Ehrh. 
Didymodon rubellus Br. et Sch. 
Leptotrichum flexicau!e Hampe. 
Barbula fallax Hedw. 

— muralis Hedw. 

— revoluta Schwg. 


Alsine Jacquini Koch. 
Inula Vaillantii Vill, 
— montana L. 
Veronica precox L. 
— spicata L. 


Barbula ruralis Hedw. 

— unguiculata Hedw. 

Grimmia apocarpa Hedw. 
Hedwigia ciliata Hedw. 

Funaria hygrometrica Hedw. 
Thuidium abietinum Br. et Sch. 


Camptothecium lutescens Br. et 


Les principaux Lichens de cette localité sont : 


Cladonia endiviefolia Fries. 
— neglecta Fik. 

— fimbriata Hoffm. 

— furcata Hoffm. 
Peltigera rufescens Hoffm. 
Psoroma lentigerum Mass. 


Sur les talus abondent : 
Hieracium staticifolium Vill. 
Sideritis hyssopifolia L. 
Epilobium spicatum Z. 


Psoroma fulgens Hepp. 
Psora decipiens Mass. 

— lurida Fries. 
Thalloidima vesiculare Mass. 
Lecanora cinerea Schar. 


Epilobium rosmarinifolium Jacq. 
Ononis Natrix Lam. 
Bupleurum falcatum L. 


Sch. 


On peut remonter les bords du Fier jusqu'à Brogny en récoltant 7ha- 
lictrum Bauhini Crantz et Festuca gigantea Vill. ; il faut ensuite prendre la 


route du riant coteau d'Annecy-le-Vieux pour recueillir au Petit-Brogny : 


Ornithogalum pyrenaicum L. 
Mentha Wirtgeniana Schultz. 


Mentha candicans Crantz. 
— arvensis L. 


Les bords des chemins et des champs présentent : 


Oxalis europea Jord. 

` Medicago falcata L. 
-Erophila majuscula Jord. 
Crepis fœtida L. 

Cucubalus bacciferus L. 
Carex alba Scop. 

-Scandix Pecten Veneris L. 
Orobanche Galii Duby. 
— Teucrii Schuliz. 

— minor Sult. 


Dans les fossés çà et là : 


Myosotis cæspitosa Schultz. 
Callitriche stagnalis Scop. 
— platycarpa Kuetz. 


Phelipæa cærulea C.-A. Mey. 
Viola segetalis Jord. 

— agrestis Jord. 

— virescens Jord. 

— scotophylla Jord. 

— permixta Jord. 

Muscari comosum Mill. 

— racemosum Mill. 

Cerastium brachypetalum Desp. 
— vulgatum L. 


Ranunculus trichophyllus Chaix. 
— Drouetii Schultz. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CLXI 
Dans les haies : 


Rosa insignis Déségl. et Rip. 
— andegavensis Bast. 


Rosa Deseglisei Bor. 
— permixta Déségl. 


Dans les bois et les marais des Glaisins : 


Carex vesicaria L. 

Hieracium furcillatum Jord. 
— umbellatum L. : 
— boreale Fries. 

Orchis fusca Jacq. 

— galeata Lam. 

— maculata L. 

Rosa septicola Déségl. 
Ophrys apifera Huds. 


Sparganium minimum Fries. 
Isnardia palustris L. 
Veronica scutellata L. 

Lotus uliginosus Schrank. 
Pedicularis palustris L. 

Iris Pseudacorus L. 
Utricularia vulgaris L. 
Hypericum tetrapterum Fries. 
Equisetum limosum L. 


Polygala amara L. 
— austriaca Crantz. 
Agrostis canina L. 
— vulgaris With. 
Carex vulgaris Fries. 


Cephalanthera pallens Rich. 
Neottia Nidus avis Rich. 
Chara aspera Willd. 

— fragilis Desv. 
Pleuridium subulatum L. 


— ampullacea Good. Etc. 


Après avoir visité les G/azsins, grand bois de Sapins, on atteint le hameau 
de Sur-les-Bois, point culminant de la route (628 mètres) à l'extrémité sep- 
tentrionale de la montagne d'Annecy-le-Vieux. La route (1) descend ensuite en 
serpentant dans une gorge très- pittoresque, au fond de laquelle coule le Fier. 
A droite, les bords de la route annoncent une végétation de localités plus éle- 
vées, ce sont : 

Knautia silvatica Duby. 


Digitalis grandiflora Lam. 
Sorbus Aria Crantz. 


Veronica urticifolia L. f. 

Vicia silvatica L. 

Salvia glutinosa L. 

Si, au licu de prendre le pont de Saint-Clair, on continue de suivre la rive 
gauche du Fier, on voit la vallée s'élargir et l'on se trouve en face du Mont- 
Parmelan (altitude 1831 mètres), but d'herborisations assez fréquentes. Ci- 
tons ici les plantes les plus intéressantes de cette montagne, dont la visite 


exigerait une longue journée : 


Thalictrum aquilegifolium L. 
Ranunculus Thora L. 
— aconitifolius L. 

— platanifolius L. 

— montanus Willd. 
— Villarsii DC. 

— lanuginosus L. 

— nemorosus DC. 
Trollius europæus L. 
Aconitum lycoctonum L. 
Arabis alpina L. 

— alpestris Schl. 
Hutchinsia alpina R. Br. 


Draba aizoides L. 
Biscutella lævigata L. 
Helianthemum canum Dun. 
Viola calcarata L. 

— biflora L. 

Linum alpinum L. 

Geum rivale L. 

Dryas octopetala L. 
Potentilla alpestris Hall. 
— rupestris L. 

Rubus saxatilis L, 

— cæsius L. 

— glandulosus Bell, 


(4) C'est cette route que la Société a suivie pour se rendre d'Annecy à Thónes. 


T. XIII. 


K 


CLXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Rubus collinus DC. 

— idæus L. 

Rosa alpina L. 

—  rubrifolia Vill. 

— Reuteri Godet. 

— subglobosa Smith, 
Alchimilla a!pina L. 

Sorbus Chamæmespilus Crantz: 
Sempervivum arachnoideum L. 
Saxifraga muscoides Wulf. 
— rotundifolia L. 
Athamanta cretensis L. 
Chærophyllum hirsutum L. 
— Villarsii. Koch. 

Valeriana montana L. 

— tripteris L, 

Scabiosa alpestris Jord. 
Erigeron alpinum L. 
Leontopodium alpinum Cass. 
Arnica montana L. 

Carduus defloratus L. 
Centaurea montana L. 

— nervosa Willd. 
Leontodon pyrenaicus Gouan. 
€repis aurea Cass. 

= blattarioides Vill. 
Hieracium prenanthoides Vill, 
— Jacquini Vil. 


Hieracium amplexicaule £. 
Campanula barbata L. 

— thyrsoidea L. 
Phyteuma orbiculare L. 
Rhododendron ferrugineum L. 
Myosotis alpestris Schm. 
Sideritis hyssopifolia L. 
Pinguicula alpina L. 
Primula suaveolens Bert. 
— elatior Jacq. 

— Auricula L. 

Soldanella alpina L. 
Plantago alpina L. 

— montana Lam. 

Orchis globosa L. 
Cœloglossum viride Hartm. 
Allium sphærocephalum L. 
Luzula flavescens Gaud. 
— maxima DC. 

Carex sempervirens Vill, 
— ferruginea Scop. 
Calamagrostis montana Host. 
Phleum alpinum L. 
Botrychium Lunaria Sw. 
Aspidium Lonchitis Sw. 
Asplenium viride Huds. 
Lycopodium Selago L. 


C'est sous les rochers du Parmelan, au-dessus de Dingy, que M. Perrier a 
découvert le Clypeola Jonthlaspi L., une des plus rares espèces de la 


Savoie. 


A l'extrémité septentrionale de la chaine du Parmelan, s'ouvre la vallée de la 
Verrerie de Thorens. C'est sur les sommités qui l'entourent et aux bords du 
chemin de Pierre-Taillée, que l'on trouve : 


Arabis serpyllifolia Vill. 
Thlaspi virgatum G.G. 
Barbarea intermedia Bor. 
Helianthemum canum Dun. 
Rosa Reuteri Godet. 

— montivaga Déségl. 

— andegavensis Bast. 
— obtusifolia Desv, 

— dumetorum Thuill. 
— platyphylla Rau. 

— Deseglisei Boreau, 
— tomentella Lém. 

— sepium Thuill. 

— arvatica Puget (1). 


Rosa subglobosa Sw. 
Heracleum montanum Gaud. 
Erigeron alpinus L. 

Carduus defloratus L. 
Cirsium eriophorum Scop. 
Crepis blattarioides Vill. 
Hieracium Jacquini Vill, 

— ligusticum Fries. 
Centaurea Scabiosa L. 

— nervosa Willd. 
Endocarpon pusillum Schær. 
Psora decipiens Mass. 

— lurida Fries. 


(4) La description de cette espèce et de quelques autres Rosa inédits, mentionnés dans 
ce travail, sera prochainement communiquée à la Société dans un mémoire spécial. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CLX 


$ III. — Herborisation aux Bains de la Caille, par Pringy. 


Une journée entière est nécessaire pour cette excursion, quoique la distance 
ne soit que de deux heures trente minutes, parce que les localités à visiter sont 
nombreuses. En partant d'Annecy, il faut prendre la route de Genève, qui tra- 
verse le faubourg de Bœuf et qui s'engage dans la vaste plaine des Fins. 
Bientót on apercoit, dans les champs ou au bord de la route : 


Ranunculus arvensis L. | Oxalis europæa Jord. 

Lepidium campestre R. Br. Ornithogalum angustifolium Bor. 
Bunias Erucago L. Carduus nutans L. 

Rapistrum rugosum Áll, Barkhausia feetida DC. 


J'ai aussi tronvé sur les trottoirs le Fumaria Chavini Reuter. 

Au pont de Brogny, l'on entre sur la commune de Pringy, localité agréable- 
ment située et spécialement explorée. Après avoir récolté sur les murs de l'an- 
cien pont l Zieracium pul monarioides Vill., on laisse à droite la route de la 
Roche, et l'on«commence la longue montée qui s'avance jusqu'au milieu des 
bois du Barioz. On trouve dans les premiers buissons, au-dessus de Brogny : 
Tetragonolobus siliquosus Roth, Coronilla Emerus L., Lithospermum pur- 
pureo-cæruleum L. Pringy est une localité intéressante pour le botaniste. Je la 


parcours depuis plusieurs années avec des satisfactions toujours nouvelles, et 
j'y ai trouvé : 


1. — Dans les prés secs : 
Viola hirta L. Scabiosa pratensis Jord. 
— permixta Jord. Euphrasia rigidula Jord. 
— odorata L. — campestris Jord. 
Primula variabilis Goupil. Orchis ustulata L. 
— officinalis Jacq. — Morio L. 
— grandiflora Lam. — mascula L. 
Trifolium aureum Poll. Carum Carvi L. 
— montanum L. Carex præcox Jacq. 
— agrarium L, 


2. — Dans les prés humides et les marais : 


Ranunculus spretus Jord. Crepis paludosa Tausch. 
— repens f. erectus DC, Myosotis palustris With, 
— acer L. — strigulosä Achb. 

— bulbosus L. — repens Don. 
Polygala amara L. Symphytum officinale L. 
— austriaca Crantz. Euphrasia officinalis L, 
Trifolium ochroleucum L. — montana Jord. 
Vicia Kitaibeliana Rchb. Herminium Monorchis R. Br. 
Spiræa Ulmaria L. Orchis palustris Jacq. 
Selinum Carvifolia L. — latifolia L. 

Galium uliginosum L. — incarnata L.. 

Cirsium oleraceum Scop. — divaricata Lois. — 
— palustre L. Gymnadenia conopea Rich. 
Taraxacum palustre L, — odoratissima Rich. 


CLXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Epipactis palustris Crantz, 
Juncus conglomeratus L. 
— effusus L, 

— diffusus L. 

— obtusiflorus Ehrh. 
Schænus nigricans L. 
Carex paniculata L. 

— stricta Good. 

— ampullacea Good. 

— fulva Good. 

— Hornschuchiana Hoppe. 
— tomentosa L. 


Carex panicea L. 

— hirta L. 

— flava L. 

— Davalliana Sm. 

— distans L. 

— paludosa Good. 

— remota L. 

Agrostis alba L. 

Festuca heterophylla Lam. 
Equisetum palustre L. 

— — var. polystachyon Duby. 
— limosum L, 


3. — Dans les foniós et aux bords des chemins : 


Saponaria officinalis L. 
Dianthus Armeria L. 

— prolifer L. 

Melilotus alba Desf. 

— officinalis Desf. 

Lótus tenuis Kit. 

Coronilla varia L. 

Galium palustre L. 

— elongatum Presl. 
Lappa minor DC. 

— major Gærtn. 
Polygonum lapathifolium L. 
— Persicaria L. 

— dubium Stein. 

— dubio-Persicaria Gren. 
— Hydropiper L. 


Potamogeton natans L. 
— crispus L. 

— oppositifolius DC. 
Juncus glaucus Willd. 
— compressus Jacq. 
— bufonius L. 

— lamprocarpus Ehrh. 
Carex vulpina L. 
Glyceria fluitans R. Br. 
— plicata Fries. 

Poa trivialis L. 

Chara coarctata Walm. 
— fætida Al. Br. 

— fragilis Desv. 

— pulchella Wallr. 


4. — Sur les bords des routes, parmi les buissons ou sur les talus : 


Erucastrum obtusangulum Rchb. 

— Pollichii Schimp. et Spenn. 

Saponaria ocimoides L. 

Silene oleracea Bor. 

Epilobium tetragonum L. 

Rosa dumalis Bechst. 

— — var. stylis glabris petiolisque sub- 
nudis. 

— — Chaboissæi Gren. 

— comosa Rip. 

Chondrilla juncea L. 

Hieracium nemophilum Jord; 


5. — Dans les champs : 


Papaver Lecokii Lam. 
— strigosum Bœnn. 
— cruciatum Jord. 
— arvaticum Jord. 
Barbarea stricta R. Br. 
Iberis amara L. 

Bunias Erucago L. 
Viola hirta L. 

— segetalis Jord. 

— agrestis Jord, 


Hieracium præaltum Vill. 
Heliotropium europæum L. 
Echinospermum Lappula Lehm. 
Lycopsis arvensis L. 

Ajuga reptans L. 

— genevensis L. 
Polycnemum majus Al. Br. 
Thesium intermedium Ehrh. 
Bromus mollis L. 

— arvensis L: 

— commutatus Schrad. 


Viola gracilescens Jord. 
— derelicta Jord. 
Saponaria Vaccaria L. 
Silene puberula Jord. 
Agrostemma Githago L. 
Arenaria sphærocarpa Ten. 
— leptoclados Rchb. 
Sagina procumbens L. 
Cerastium viscosum L. 

— brachypetalum Desp. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CLRV 


Cerastium vulgatum L. 

Hypericum humifusum L. 

Oxalis europæa Jord. 

Trifolium arvense L. 

Hippocrepis comosa L. 

Lotus corniculatus L. 

— — f. villosus Ser. 

— tenuifolius Rchb. 

Ervum hirsutum L. 

Lathyrus hirsutus L.. 

Alchimilla arvensis Z, 

Epilobium montanum L, 

Scandix Pecten Veneris L. 

Coriandrum salivum L. (probablement 
échappé de jardins). 

Asperula arvensis L. 

Galium Aparine L. 

— tricorne Wither. 

Valerianella olitoria Mænch. 

— carinata Lois. 

— — B. lasiocarpa. 

— Auricula DC. 

Dipsacus silvestris L. 

Knautia arvensis Coult. 

— indiyisa Bor. 

Scabiosa Columbaria L. 

Gnaphalium uliginosum L. 

Filago spathulata Presl. 

— gallica L. 

Bidens tripartita L. 

Achillea Ptarmica L. 

Tripleurospermum inodorum Schultz. 

Cirsium arvense Scop. 

Centaurea Scabiosa L. 

— Jacea L. 

— Duboisii Bor. 

— serotina Bor. 

Barkhausia taraxacifolia DC. 

Campanula rapunculoides L. 

Specularia Speculum DC. 

Erythræa pulchella Fries. 

— Centaurium Pers. 

Cuscuta Trifolii Babingt. 

Myosotis intermedia Link. 

Linaria spuria Mill. 

— Elatine Mill. 

— minor Desf. 

Orobanche minor Sutt. 


6. — Aux bords des haies et des bois : 


Astragalus glycyphyllos L. 
Vicia Cracca L. 

Rosa fastigiata Bast. 

— systyla Bast. 

— leucochroa Desv, 

— stylosa Desv. 

— fecundissima Muench. (4). 


Melampyrum arvense L. 

Odontites verna Rchb. 

— serotina Lam. 

—- divergens Jord. 

Mentha arvensis L. 

Ajuga Chamæpitys L. 

Teucrium Botrys L. 

Centunculus minimus L. 

Atriplex hastata L. 

— patula L. 

Rumex crispus L. 

— obtusifolius L. 

— Acetosella L. 

Polygonum incanum Schmidt. 

— agrestinum Jord. 

— Persicaria L. 

Stellera Passerina With. 

Euphorbia falcata L. 

— exigua L. 

— stricta L. 

Muscari comosum Mill. 

— racemosum Mill. 

Ornithogalum angustifolium Bor. 

Allium oleraceum L. 

— carinatum L. 

Panicum Crus galli L. 

— glabrum Gaud. 

Setaria viridis P. Beauv. 

— glauca P. Beauv. 

Phleum asperum Vill. ( vignes de Pro- 
méry). 

Agrostis vulgaris With. 

Apera Spica venti P. Beauv. 

Holcus mollis L. 

— lanatus L. 

Arrhenatherum elatius M. et K. 

— — f. bulbosum Gaud. 

Poa compressa L. 

— pratensis L. 

-— angustifolia L. - 

Bromus arvensis L. 

— secalinus L. 

Agropyrum repens P. Beauv. 

— — f. subulatum, 

Lolium temulentum L. 

— arvense With. 

Equisetum arvense L. 


Rosa canina L. 

— nitens Desv. 
— dumalis Bechst. 
— urbica Lém. 

— obscura Nob. 
— Deseglisei Ror. 
— tomentella Lém. 


(4) Échappé de jardins et toujours à fleurs doubles, 


CLXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Rosa cuspidata M. Bieb, 
Cephalaria pilosa G.G. 
Phyteuma spicatum L. 

— — f. cæruleum, 
Cuscuta major DC. 
Verbascum thapsiforme Schrad. 
— Lychnitis L., 

— nigrum L. 

— Blattaria L. 
Scrofularia nodosa L. 

— Ehrharti Stev. 

— canina L. 

Orobanche cruenta Bertol, 


7. — Au bois du Barioz : 


Anemone ranunculoides L, 
— nemorosa L. 
Ranunculus mixtus Jord. 
Viola hirta L. 

— permixta Jord, 

— multicaulis Jord. - 

— Reichenbachiana Jord. 
— Riviniana Rchb. 
Parnassia palustris L. 
Polygala Chamæbuxus L. 
Dianthus superbus L. 

— Carthusianorum L. 
Saponaria ocimoides L. 
Linum tenuifolium L. 
Oxalis Acetosella L. 
Rhamnus catharticus L. 
— Frangula L. 

Genista germanica L. 

— tinctoria L. 

— sagittalis L. 

Cytisus Laburnum L. 
Trifolium medium 4. 

— pratense L. 

— montanum L. 

— ochroleucum L. 

— aureum Poll. 

Vicia nemoralis Pers. 
Orobus vernus L. 

— tuberosus L. 

— niger L. 

Spiræa Aruncus L. 
Fragaria elatior Ehrh. 
Potentilla Fragariastrum Ehrh, 
Rubus cæsius L. 

— — f. grandiflorus E. Mer. 
dumetorum W. et Nees. 
Bellardi W. et Nees. 
hirtus W. et Nees. 
rudis W, et Nees. 
Radula W. et Nees. 
hispidus E. Mer. 

— rusticanus E. Mer. 


FEEETEI 


Orobanche Teucrii Schults. 
Veronica spicata L. 

— — f. polystachya. 
Euphrasia rigidula Jord. 
Stachys alpina L. 

— silvatica L. 

— palustris L. 
Euphorbia platyphyllos L. 
— stricta L. 

— amygdaloides L. 
Ophrys arachnites Reich. 
— apifera Huds. 

— aranifera Smith. 


Rubus thyrsoideus Wimm. 

— fastigiatus W, et Nees. 

Rosa repens Scop. 

systyla Bast. 

stylosa Desv. 

canina L. 

glaucescens Desv. 

fallens Déségl. 

fallax Puget in Déségl. Herb. Ros. 
n? 60. 

spuria Puget in Déségl. Herb. Ros. 
n° 49. 

dumalis Bechst. 

andegavensis Bast. 

urbica Lém. 

— Deseglisei Bor. 

tomentella Lem. 

Pugeti Bor. 

septicola Déségl. 

umbellata Leers var. stylis glabris. 

cuspidata Bieb, 

omissa Déségl. Herb. Ros. fasc. 2, 
n? 57, et in Billotia I, 47. 
Sorbus torminalis Crantz. 

Circæa lutetiana L. 

Epilobium spicatum L. 

— montanum L. 

Sanicula europea L. 

Lonicera Periclymenum L. 

— Xylosteum L. 

Viburnum Opulus L. 

— Lantana L. 

Asperula odorata L. 

Galium silvaticum L, 

— elatum Thuill, 

— dumetorum Jord. 

— silvestre Poll. 

— commutatum Jord. 

Valeriana officinalis L. 

— dioica L. 

Aster Amellus L. 

Inula salicina L. 


f lF 


ER 


LITI] 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866, CLXYVII 


Senecio erucifolius L. 

— aquaticus L. 

Cirsium lanceolatum Scop. 
— acaule L. 

Carlina vulgaris L. 
Hieracium præaltum Vill. 
— patulipes Jord. 

— brevipes Jord. 

— prasinifolium Jord. 
— viridicollum Jord. 

— gentile Jord. 

— umbellatum £L, 

— rigens Jord. 

— virgultorum Jord. 

— gallicum Jord. 
Campanula persicifolia Z, 
Vaccinium Myrtillus L. 
Arctostaphylos officinalis Wimm., et Gr. 
Pirola rotundifolia L. 

— chlorantha Sw. 

— secunda L. 

Hypopitys giabra DC. 
Erythræa Centaurium Pers. 
Chlora perfoliata L. 
Gentiana Cruciata L. 

— germanica Willd. 

— ciliata L. 

— verna L. 

Pulmonaria officinalis L. 
— tuberosa Schrank, 
Veronica urticifolia L. f. 
— officinalis L. 

— Chamædrys L. 
Solanum Dulcamara L. 
Melampyrum silvaticum L.» 
Lycopus europæus L. 
Calamintha officinalis L. 
Teucrium montanum Schreb. 
— Chamædrys L. 
Lysimachia Nummularia L. 
Euphorbia dulcis L. 
Mercurialis perennis L. 
Quercus sessiliflora Smith. 
— pubescens Willd, 

— pedunculata Ehrh. 
Salix amygdalina L. 

— purpurea L. 

— incana Schrank. 

— cinerea L. 

— nigricans Fries. 

— alba L. 

— caprea L, 

— aurita L. 

Betula alba L. 

Alnus viridis DC. 

— incana DC. 

— glutinosa Gaertn. 
Pinus silvestris L. 

Abies excelsa DC. 


Abies pectinata DC. 

Orchis fusca Jacq. 

— galeata Lam. 

— mascula L. 

— maculata L. 

— latifolia L. 

Anacamptis pyramidalis Rich. 

Gymnadenia conopea Rich. 

Platanthera bifolia Rich, 

— chlorantha Curt. 

Ophrys apiferà Huds. 

Herminium Monorchis R. Br. 

Cephalanthera pallens Rich. 

— ensifolia Rich. 

— rubra Rich. 

Epipactis latifolia AU, 

Listera ovata R. Rr. 

Neottia Nidus avis Rich. 

Cypripedilum Galceolus L. 

Convallaria multiflora Z. 

— maialis L. 

Maíanthemum bifolium DC. 

Scilla bifolia L. 

— — v. f. flore albo antherisque sub- 
rubellis. 

Juncus diffusus Hoppe. 

Luzula pilosa Willd. 

— nivea DC. 

— campestris DC. 

— multiflora Lej. 

Scirpus silvaticus L. 

Carex Davalliana Smith, 

— muricata L. 

— remota Z. 

— tomentosa L. 

— montana L. 

— digitata L. 

— panicea L. 

— glauca Scop. 

— pallescens L. 

— distans L. 

— silvatica Huds. 

— hirta L. 

Anthoxanthum odoratum L. 

Agrostis vulgaris With. 

Koeleria cristata Pers. 

Deschampsia cæspitosa P. Beauv. 

Poa nemoralis L. 

Cynosurus cristatus L. 

Melica uniflora Retz. 

— nutans L. 

Molinia altissima Link. 

Festuca tenuifolia Sibth. 

— gigantea Vill. 

— arundinacea Schreb. 

— elatior L. ; 

Brachypodium silvaticum em. et Sch. 

— pinnatum P. Beawv. 

Bromus asper Murr, 


CLX VIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Equisetum Telmateia Ehrh. 
— hiemale L. 
Aspidium aculeatum Doll, 


Polystichum Oreopteris DC. 
Asplenium Filix femina Bernh. 
Pteris aquilina L. 


L'une des espèces comprises dans cette liste, le Molinia altissima Link, a 
été souvent confondue avec le M. cærulea Mœnch, qui croit dans les marais 
tourbeux et les prés froids humides et non dans les bois. Le Mo/inia altissima 
se distingue du M. cærulea par son port beaucoup plus élevé, par ses feuilles 
du double plus larges et plus allongées, sa panicule rameuse, étalée, à épillets 
plus grands et plus lâches, à glumes plus longues, et à caryopses plus longs. 

On trouve encore à Pringy, dans les marais: Lemna minor L., [ris 
Pseudacorus L., Nymphæa albi L., Scirpus lacustris L., Typha latifolia 
L. ; sur le cimetière : Hyoscyamus niger L. ; sur les murs du château de Mon- 
thoux : Epilobium collinum Gmel., Chrysanthemum Parthenium Pers., et 
Hieracium gentile Jord. ; dans le fossé : Leersia oryzoides Sw. (à panicule 
toujours incluse). 

Les Cryptogames cellulaires sont également abondantes à Pringy; on y 


remarque : 


Mousses. 


Phascum cuspidatum Schreb. 
Gymnostomum curvirostre Ehrh. 
Dicranum Schraderi Schwg. 
— scoparium L. 

— — f. orthophyllum Sch. 
Fissidens osmundioides Hedw. 
Seligeria recurvata Hedw. 
Pottia cavifolia Ehrh. 

— truncata Ehrh. 

Anacalypta lanceolata Dicks. 
Didymodon rubellus Br. et Schimp. 


Eucladium verticillatum Br. et Schimp. 


Ceratodon purpureus Brid. 
Leptotrichum flexicaule Hampe. 
Barbula aloides Schimp. 

— fallax Hedw. 

— inclinata Schwgr. 

— mucronifolia Br. et Schimp. 
— muralis Hedw. 

— revoluta Schwgr. 

— ruralis Hedw. 

— subulata Brid. 

— unguiculata Helw. 
Grimmia apocarpa Hedw. 

— commutata Huebener. 

— cririla Brid. 

— pulvinata Sm. 
Rhacomitrium canescens Brid. 
Hedwigia ciliata Hedw. 

Ulota crispa Brid. 
Orthotrichum anomalum Hedw. 
= cupulatum Hoffm.: 


Orthotrichum diaphanum Schrad. 
— leiocarpum Br. et Schimp. 

— speciosum Nees. 

Tetraphis pellucida Hedw. 
Eucalypta streptocarpa Hedw. 
Funaria hygrometrica Hedw. 
Webera nutans Hedw. 

Bryum argenteum L. 

— cæspititium L. 

— capillare L. 

— pseudo-triquetrum Schwgr. 
Mnium cuspidatum Hedw. 

— punctatum Hedw. 

— rostratum Svrhwgr. 

— undulatum Hedw. 

Philonotis fontana Brid. 

Atrichum undulatum P. Beauv. 
Pogonatum aloides P. Beauv. 
Polytrichum juniperinum Hedw. 
Homalia trichomanoides Schimp. 
Neckera complanata Br. et Schimp. 
— pinnata Hedw. 

Leucodon sciuroides Schwgr. 
Leskea polycarpa Ehrh. 

Anomodon attenuatus Hartm. 

— viticulosus Hook. et Tayl. 
Pseudoleskea catenulata Br. et Schimp. 
Thuidium abietinum Br. et Schimp: 
— tamariscinum Br, et Schimp. 
Climacium dendroides W. et Mohr. 
Pylaisia polyantha Schimp. 
Isothecium myurum Brid. 
Homalothecium sericeum Br. et Schimp. 
Camptothecium lutescens Br. et Schimp. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. 


Brachythecium plumosum Jr. et Schimp. 


— populeum Br. et Schimp. 
— rutabulum Br. et Schimp. 


Euryuchium crassinervium Br. et Schmp. 


— piliferum Br. et Schimp. 
— striatum Br. et Schimp. 


Rhynchostegium confertum Br.etSchimp. 


— murale Br. et Schimp. 
— tenellum Br. et Schimp. 


Plagiothecium denticulatumBr.elSchimp. 


Amblystegium riparium Br. et Schimp. 
— serpens Br. et Schimp. 
— subtile Br. et Schimp. 
Hypnum aduncum Hedw. 
commutatum Hedw. 

— fp. falcatum Br. et Schimp. 
cupressiforme L. 

— D. elatum Schimp. 
— y. filiforme Schimp. 
cuspidatum L. 

filieinum L. 

fluitans Hedw. 
molluscum Hedw. 
palustre L. 

purum L. 

Schreberi Willd. 
stellatum Schreb. 
stramineum Dicks. 
uncinatum Hedw. 
Hylocomium loreum Schimp. 
— splendens Schimp. 

— triquetrum Schimp. 

— umbratum Schimp. 


Hépatiques. 


FETT 


Metzgeria furcata Nees. 
Aneura pinguis Dum. 

Pellia epiphylla Nees. 
Marchantia polymorpha L. 
Madotheca platyphylla Dum. 
Lejeunia serpyllifolia Dum. 
Frullania dilatata Nees. 

— Tamarisci Nees. 

Radula complanata Dum. 
Plagiochila asplenioides Lin. 
— — f. minor. 
Chiloscyphus pallescens Nees. 
Lepidozia reptans Nees. 
Calypogeia graveolens Dum. 
Jungermannia minuta Dicks. 
— lanceolata Nees. 


Lichens. 


Mallotium Hildeubraudii Kerb, 

— tomentosun Karb. 
Synechoblastus conglomeratus Kærb. 
Collema granosuin Korb. 

— furvum Ach. 

= multifidum Seher. 


Collema pulposum Ach. 
— cheileum Ach. 
Leptogium lacerum Fries. 
Calicium hyperellum Ach. 
— parietinum Ach. 
Cladonia pyxidata Fries. 
— simplex. 

fimbriata Hoffm. 


neglecta Fik. 

furcata Hoffm, 

— f. racemosa Hoffm. 
— i recurva Hoffm. 
— ò. subulata Scher. 
squamosa Hoffm. 
delicata FIX. 
rangiferina Hoffm. 

— f. major. 

silvatica Hoffm. 


STIFTET 


— B. ochrochlora Scher. 


macilenta 6. bacillaris Scheer. 


CLXIX 


Usnea barbata D. dasypoga Scher. 


Alectoria jubata Ach. 

— — f. prolixa Muell. 
— — y. cana Ach. 
Evernia Prunastri Ach. 

— furfuracea Mann. 

— divaricata Ach. 
Anaptychia ciliaris Kærb 
Platysma glaucum Nyl. 
— — &. vulgare Nyl. 
Peltigera canina Hoffm. 
— polydactyla Hoffm. 

— horizontalis Hoffm. 
Solorina saccata Ach. 
Sticta pulmonacea Ach. 
Parmelia caperata Ach. 

— tiliacea Ach. 

— saxatilis Ach. 

— conspersa Ach. 

— — f. stenophylla Ach. 
— olivacea Ach. 

— physodes Ach. 

Physcia parietina DNtrs. 
— candelaria Nyl. 
Lobaria pulverulenta Muell. 
— — £$.pityrea Nyl. 
— stellaris Muell. 

— — f. tenella Muell. 
— obscura Muell. 

— — a. chlorantha Muell. 
— — f. cycloselis Muell. 
— — ^. virella Hepp. 
Pannaria triptophylla Nyl. 
— cæruleo-badia, 
Amphiloma Callopisma Muell. 
— murorum Korb. 

— cirrochroum Kærb. 
Psora decipiens Mass. 
Squamaria rubina Hoffm. 


CLXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Lecanora pallescens Schor. 
— subfusca Ach. 

— — f. distans Ach. 

— — y. pulicaris Pers. 
— — à. chlarona Ach. 
— pallida Ach. 

— cinerea Ach. 

— calcarea Ach. 

— vitellina Ach. 

Caloplaca cerina Th. Fries. 


— — f. cyanolepra Th. Fries. 


— rupestris Nyl. 
Urceolaria scruposa Ach. 
— — f. bryophila Schær. 
Pertusaria communis DC. 
Biatora rupestris Rabenh. 


— immersa æ. calcivora Hepp. 


— enteroleuca Hepp. 

— goniophila Hepp. 

— conti;ua Fries, 

— confluens Ach. 

— Hampeana Hepp. 
Patellaria icmadophila Muell. 
— Muscorum Muell. 

— rubella DC. 

Lecidea Parasema Ach. 

— petræa Schær. 

— geographica Ach. 

— armeniaca DC. 

— fusco-atra Ach. 

Graphis scripta Ach. 

— — f. pulverulenta Ach. 
— — y. abietina Schær. 
— — Ò. serpentina Schær. 
Opegrapha varia Pers. 

— notha Ach. 

— vulgata Ach. 

— alra Fries. 

— herpetica Ach. 

— Smithii Leigh. 

Arthonia fusca Hepp. 

— Quercus Hepp. 

— astroidea Ach. 
Coniocarpon gregarium Scheer, 
Verrucaria nigrescens Pers. 
— viridula Schar. 


Verrucaria rupestris Schrad. 
— — f. calciseda DC. 

— epidermidis Ach. 

— — f. Cerasi Schrad. 

— — y. punctiformis Schrad. 
— salicina DC. 

Lepra flava Ach. 

— lactea DC. 

— leiphema DC. 

— virescens Sm. 

Pyrenula nitida Schær. 


Algues. 


Palmella torminalis Ag. 

— cruenta Ag. (murs). 

Draparna!dia glomerata Ag. 

— tenuis Ag. 

— plumosa Ag. 

Conferva crispata Ag. 

— zonata Web. et Mohr. 

— fracta Ag. 

— Muscorum Schrad. 

— subsetacea 4g. 

Zygnema quininum Ág. 

— pectinatum Ag. 

Vaucheria dichotoma DC. 

— cæspitosa Ag. 

— terrestris Ag. 

Chætophora tubereulosa Hook. 

— pisiformis Duby. 

Nostoc lichenoides DC. 

— commuue Vauch. 

— verrucosum Duby. 

Phormidium vulgare Kg. (murs hu- 
mides). 

— rivulare Kg. 

Ulothrix inæqualis Kg. 

— parietina Kg. 

Batrachospermum moniliforme Roth: 

Protococcus viridis Ag. 

Hydrurus sporochnoides Kg. 

— penicillatus Kg. 

Oscillaria viridis Ag. 

Physactis mutila Kg. 

Curoolepus aureus Kg. 


Après avoir traversé Pringy, l'on arrive au milieu des bojs du Barioz. Au 
delà du pont, à gauche de la route, on remarque : 


Gentiana verna L. 
Rosa systyla Bast. 


Rosa tomentella Lém. ( à pédoncules ve- 
lus). 


A droite, dans des bois de Pinus silvestris : 


Rosa spuria Puget. 
— squarrosa Rau. 

— urbica Lém. 

— platyphylla Rau. 


— platyphylloides Déségl. et Rip. 


Rosa sepium Thuill. 

— permixta Déségl. 

— cuspidata M. Bieb. 

— omissa Déségl. 

— verticillacantha Mérat. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. 


Plus haut dans les champs : 


Fumaria Chavini Reuter. | 


Scleranthus annuus L. 
Dans les marais : 


Galium boreale L. 
Comarum palustre. 


CLXXI 


Spergula arvensis L. 
Trifolium arvense L, 


Molinia cærulea Monch. 


Aprés avoir parcouru un plateau très-accidenté, on arrive aux marais d'Al- 


lonzier, qui se distinguent par : 


Ranunculus aquatilis L. 
— Steveni Andr. 

Viola pratensis Mert. et K. 
Dianthus superbus L. 
Geranium palustre L. 
Spiræa Filipendula L. 
Comarum palustre L. 
Galium boreale L. 
Menianthes trifoliata L. 
Pedicularis palustris L. 


Salix repens L. 


Salix aurita L. 

Sparganium minimum Fries. 
Orchis palustris Jacq. 
Eriophorum angustifolium Hoppe. 
— gracile Koch. 

Equisetum palustre L, 

— — var, polystachyon Duby. 
Chara glomerata Desv. 

Philonotis fontana L, 
Orthothecium rufescens Dicks. 
Climacium dendroides W. et Mohr. 


Arrivé au magnifique pont Charles-Albert, suspendu sur le défilé des Usses, 
on peut prendre l Hieracium amplexicaule L., avant de s'engager dans une 
route hardiment tracée dans l'escarpement des rochers et conduisant au fond 
du ravin où est situé l'établissement des Bains de la Gaille, Dans cette gorge 
étroite, quelques plantes invitent à la récolte ; ce sont comme les prémices de 
la saison : Arabis alpina L., Turritis glabra L., Hutchinsia petrea R. Br. 

Voici les principales plantes que j'ai récoltées dans le vallon des Usses, sur 


une longueur d'un kilomètre : 


Ranunculus Drouetii Schultz. 
Aconitum lycoctonum L. 
Actæa spicata L. 

Arabis Turrita L. 

— auriculata L. 

— sagittata DC. 
Sisymbrium austriacum Jacq. 
Dianthus saxicola Jord. 
Mehringia muscosa £. 
Acer opulifolium Vill. 
Rhamnus alpinus L. 
Genista lasiocarpa Spach. 
Trifolium alpestre L. 

— rubens L. 

— striatum L. 

— scabrum L. 

Rubus glandulosus Bell. 
Rosa fallens Déségl. 

— platyphylla Rau. 
Potentilla rupestris L. 

— petiolulata Gaud. 
Œnothera biennis L, 


Sedum confertum Bor. 
Peucedanum Cervaria L +. 
— Oreoselinum L. 

Filago canescens Jord. 
Leucanthemum montanum Koch. 
Chrysanthemum corymbosum L. 
Serratula tinctoria £. 
Hypochæris maculata L. 
Lactuca virosa L. 
Hieracium Jacquini Vill. 
— amplexicaule L. 

— pulmonarioides Vill. 
— fragile Jord, 

Jasione montana L. 
Campanula patula L. 

— Trachelium L. 

Pirola minor Sw. 
Cynoglossum montanum £. 
Verbascum Blattaria L. 
Veronica urticifoiia L. f. 
Mentha candicans Crantz. 
Salix Seringeana Gaud. 


CLXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Cyclamen europæum L. 
Limodorum abortivum Sw. 
Epipactis rubiginosa Gaud. 
Spiranthes autumnalis Rich. 
Leucoium vernum L. 
Carex pilosa Scop. 

— hirta B. glabra Gaud. 
Melica nutans L. 

— uniflora Retz. 

— nebrodensis Parl. 
Festuca glauca Lam. 

— heterophylla Lam. 

— gigantea Vill. 

— arundinacea Schreb. 
Poa nemoralis L. 

— — ß. coarctata Gaud. 
Elymus europæus L. 
Bromus asper L. 
Ceterach officinarum C. Bauh. 
Polypodium vulgare L. 
— Phegopteris Link. 


Scolopendrium officinarum Sm. 


Fissidens taxitolius Hedw. 
Barbula inclinata Schwgr. 
Bartramia OEderi Sw. 
Metzgeria furcata Nees. 


Metzgeria pubescens Raddi. 

Reboulia hemisphærica Raddi. 

Protococcus glomeratus Ag. 

Palmoglæa rupestris Kg. 

— macrococca Kg. 

Trichodictyon rupestre Rom. 

Oscillaria amphibia Ag. (eau sulfureuse 
des bains). 

— ornata Kg. 

— viridis Ag. 

Nostoc rupestre Kg. 

— Muscorum Ag. 

Scytonema allochroum Kg. 

Ulothrix æqualis Kg. 

— tenerrima Kg. 

ÓEdogonium dubium Link, 

Conferva floccosa Kg. 

Mougeotia tenuis Kg. 

— compressa Ag. 

Zygnema tenue Kg. 

— subtile Kg. 

— pectinatum Kg. 

Chroolepus aureus Kg. 

Vaucheria geminata E. Bot. 

Batrachospermum moniliforme Roth. 


Le retour des Bains de la Caille doit se faire par Allonzier, dont les champs 


et les rocailles fournissent : 


Papaver Lecokii Lam. 
— confine Jord. 
Barbarea stricta Andr. 
— arcuata Rchb. 

Arabis muralis Bert. 
Erophila majuscula Jord. 
— stenocarpa Jord. 

— glabrescens Jord. 
Viola mirabilis L. 
Cerastium semidecandrum L. 
— brachypetalum Desp. 
— pellucidum Chaub. 
— vulgatum L. 

— glomeratum Thuill. 
— triviale Link. 

— viscosum L. 

— arvense L. 
Hypericum humifusum L. 
Evonymus latifolius L. 
Lathyrus Cicera L. 

— hirsutus L. 

— tuberosus L. 
Potentilla petiolulata Gaud. 
Prunus Mahaleb L. 

Rosa spinosissima L. 

— consimilis Déségl. 

— alpina L. 


Rosa alpino-pimpinellifolia Rap. 

—- pendulina Ait. 

— cuspidata M. Bieb. 

— vestita Godet. 

Cotoneaster vulgaris Lindl. 

— tomentosa Lindl. 

Amelanchier vulgaris Mænch. 

Sorbus aucuparia L. 

— Aria Crantz. 

— Mougeoti Soyer- Will. 

— torminalis Crantz. 

Sanguisorba officinalis L. 

Selinum Carvifolia L. 

Laserpitium prutenicum L. 

Hieracium aspreticola Jord. (inédit). 

Campanula thyrsoidea L. 

Melampyrum arvense L. 

— nemorosum L. 

— silvaticum L. 

Leonurus Cardiaca L. (bords des che- 
mins). 

Primula elatior Jacq. 

— variabilis Goupil. 

— Auricula L. 

Ulmus montana Smith. 

Betula alba L. 

Orchis Simia Lam. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866.  crxxir 


Orchis fusca Jacq. Limodorum abortivum L, 
— galeata Lam. Lilium Martagon L. 
— ustulata L. | .— Allium sphærocephalum Z. 


On traverse ensuite Cuvat, en serrant dans son carton : Callitriche pla- 
tycarpa Kuetz. , Equisetum variegatum Schleich. , Hieracium præaltum 
Vill.; et l'on arrive sur la partie occidentale de Pringy, au lieu appelé les Mol- 
lasses, où l'on trouvera pour dernière récolte : 


Trifolium rubens L. Avena pratensis L. 
Hieracium staticifolium Vill. . Festuca ovina L. 

— præaltum Vill. — tenuifolia Sibth. 
— retrodentatum Jord. Lolium temulentum L. 
— umbellatum L. Rosa stylosa Desv. 


squarrosa Rap. 

andegavensis Bast. (stylis glabris). 
platyphylloides Déségl, et Rip. 
tomentella Léman. 

Pugeti Boreau. 

sepium Thuill. 

septieola Déségl. 

omissa Désegl. 

anneciensis Déségl. Herb, Ros. n? 74. 


— virgultorum Jord. 

Chlora perfoliata L. 

Gentiana Cruciata L. 
Erythræa Centaurium Pers. 
Nepeta Cataria L. 

Plantago integralis Gaud. 
Goodyera repens R. Br. 
Limodorum abortivum Sw. 
Anacamptis pyramidalis Rich. 
Andropogon Ischæmum L. 


B: PET 


Un peu plus loin, dans les steppes de Tessy, on rencontre encore : Zosa 
oblonga Déségl. et Rip. et Polygonum minus Huds. ; on regagne ensuite la 
route de Brogny et on rentre à Aunecy en traversant la vaste plaine des Fins, 
dont le sol est constitué par les dépóts de l'époque quaternaire. 


$ 1V.— Herborisation au roc de Chère, par Veyrier, Menthon et Talloires. 


Cette herborisation demande une journée. Elle est courte, peu pénible, mais 
riche en bonnes espèces. 

On traverse d'abord la charmante promenade du Pâquier, où les récents 
atterrissements ont fait disparaître le Blitum virgatum L. et l Utricularia 
vulgaris L.; les contre-allées de la promenade se couvrent de Panicum Crus 
galli L. et d' Erucastrum Pollichii Sch. et Spenn. ; en outre il ya dans les 
prairies à gauche : Achillea Ptarmica L. var. linearis DC., Gratiola offici- 
nalis L., Carez vesicaria L., C. paludosa Good., C. intermedia Good. et 


Phalaris arundinacea L. ; 
A droite, sur les murs au bord du lac, j'ai trouvé accidentellement Thalic- 


trum saxatile DC. ; dans le lac abondent : 


Potamogeton lucens Le 
— perfoliatus L. 
Scirpus lacustris Le 


Nymphæa alba L. 
Myriophyllum spicatum L. 
— verticillatum L. 


CLXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
Les marais entre le lac et Albigny fournissent : 


Senecio paludosus L. 
Juncus lamprocarpus Ehrh. 
— — f. repens Ag. 
Scirpus compressus Pers. 
Agrostis gigantea Gaud. 


Thalictrum flavum £. 

Nasturtium amphibium R. Br. 

— palustre DC. 

Œnanthe Lachenalii Gmel 

Galium elongatum Presl. 

Achillea Ptarmica L. var. linearis DC. 


Aprés avoir traversé le hameau d'Albigny et récolté au pied des murs Pa- 
rietaria officinalis L., l'on trouve dans les fossés et dans les marais : 


Scrofularia Balbisii Horn. 
Scutellaria galericulata L. 
Teucrium Scordium L. 
Orchis palustris Jacq. 

— incarnata L. 

Carex intermedia Good. 
Alopecurus geniculatus L. 
Phragmites communis L. 


Ranunculus trichophyllus Chais. 
— divaricatus Schrank. 
Nasturtium amphibium R. Br, 
— palustre R. Br. ` 
Potentilla Anserina L. 

Hippuris vulgaris L. 

Menianthes trifoliata L. 
Scrofularia Ebrharti Stev. 


On laisse ensuite à gauche la colline des Barattes, dont les haies sont rem- 
plies de l'Al/ium ursinum L. On suit les bords du lac, pendant quelques 
minutes, afin d'y récolter : 
Capsella rubella Reuter. 
Erophila glabrescens Jord. 


— stenocarpa Jord. 
Origanum megastachyum Link. 


Mentha Wirtgeniana Sohuliz. 
— rotundifolia L. 
Ranunculus reptans L. 
Veronica Buxbaumii Ten. 

Mais hâtons-nous de signaler les plantes intéressantes du lieu dit Magériaz 
ou Pierre-Malveria, qui sépare la commune d'Annecy-le-Vieux de celle de 
Veyrier (alt. 500 m.). Les vieux murs y sont tapissés de Rumex scutatus L. 
Dans les premiers éboulis calcaires et dans les broussailles, on rencontre : 


Ranunculus mixtus Jord. 
Aquilegia vulgaris L. 

Arabis auriculata Lam, 

— saxatilis All. 

— sagittata DC. 

— hirsuta Scop. 

Iberis sabauda Puget, n. sp. 
Silene rupicola Bor. 
Geranium sanguineum L. 
— silvaticum L. 

Rhamnus alpinus L. 

Colutea arborescens L. 
Coronilla montana Scop. 

— Emerus L. 

— varia L. 

Rosa spinosissima £. 

— contingens Deéségl. 

— spreta Déségl. 

— pimpinellifolio-alpina Rap. 
— finitima Déségl. 

— globata Déségl. 

— medioxima Déségl. (in litt.). 


Rosa squarrosa Rau. 

— tenuicarpa Déségl. 
— sepium Thuill. 

— arvatica Puget. 
Sedum acre L. 

— reflexum L. 

— rupestre L. 
Melampyrum arvense L. 
— pratense L. 
Euphrasia ericetorum Jord. 
Salvia glutinosa L. 
Galeopsis canescens Schultz. 
Teuerium montanum L. 
— Scorodonia L, 
Cyclamen europæum L, 
Daphne alpina L. 

— Laureola L, 
Thesium alpinum £. 
Ulmus minor Mill. 
Anthericum Lilíago L. 
— ramosum L. 
Bromus tectorum L, 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CLXXV 
Voici les caractères de l’/beris nouveau sighalé dans la liste précédente : 


IBERIS SABAUDA Nob. — Tiges de 2 à 3 décimètres, anguleuses, scabres, 
souvent violacées, flexueuses à la base; rameaux nombreux, pubérulents, par- 
tant du collet de la racine, dressés en corymbe fastigié; feuilles étroites, 
linéaires -oblongues, bordées de longs cils, d'un vert obscur, portant sur les 
cótés des lobes courts, obtus, plus ou moins nombreux ; fleurs d'un blanc lilacé, 
en grappes corymbiformes; pédicelles étalés, pubescents ; silicules suborbicu- 
laires, convexes ; lobes de l'échancrure ovales, dépassés par le style; stigmate 
obtus. 

Cette espèce diffère de l'7beris amara par ses tiges plus robustes, souvent 
violacées, presque sous-ligneuses à la base ; par ses fleurs plus petites; par ses 
feuilles plus étroites, d’un vert obscur, bordées de longs cils ; par son style 
plus long ; par ses graines presque orbiculaires. 


Dans les vignes de Magériaz, on trouve : 


Fumaria Chavini Reuler. Heliotropium europæum Z. 
Antirrhinum Orontium L. Silene brachiata Jord. 


En s'approchant des rochers perpendiculaires, dans les broussailles : 
pp 


Peucedanum Cervaria L. Hieracium boreale Fries. 
Hieracium obscurum Chaub. — valesiacum Fries. 


Au pied des rochers et sur les rochers : 


Arabis Turrita L. Laserpitium latifolium 8. asperum Gaud. 
Sisymbrium austriacum Jacq. Centaurea Scabiosa L. 
Kernera saxatiiis Rchb. Hieracium lanatum Vill. 
Dianthus saxico!a Jord. Erinus alpinus L. 
Malva silvestris L. (à grandes feuilles ar- Globularia cordifolia L. 
rondies). Parietaria officinalis L. 


— diffusa Mert. et Koch. 
Iris germanica L. 
Sesleria cærulea Ard. 
Bromus tectorum L. 


Sedum maximum Koch. 
— dasyphyllum L. 

— album L. 
Laserpitium Siler L. 

—- latifolium L. 


Il faut ajouter à cette liste le Bromus ambigens Jord. qui est le B. maximus 
Bor. et non celui de Desfontaines, dont il se distingue par la valve inférieure 
de la glume brièvement acuminée n'égalant que la moitié de l'épillet, et par 
ses arétes plus courtes. 

Au-dessus des mêmes rochers est situé le petit plateau de Talabar, que l'on 
atteint par un sentier rapide, en récoltant : 


Avena fatua L. 


Verbascum nigrum £L. dandus 
Vicia silvatica L. 


Physalis Alkekengi L. 

Les sites sont très-variés sur le revers occidental de la montagne de Veyrier, 
où l'on observe partout le terrain urgonien au-dessus du néocomien. Aprés 
avoir visité Magériaz et Talabar, on peut prendre un sentier qui traverse 


CLXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


les bois et le hameau des Champs et qui descend au chef-lieu de Veyrier. Il 
faut ensuite remonter pour récolter : 

Cardamine impatiens L. Cynanchum Vincetoxicum R. Br. 

Vinca major L. Quercus pubescens Ehrh. 

Sur les parois humides des rochers, prés de la grande grotte, on observe les 
Carex tenuis Host, Collema pulposum Ach. et Endocarpon miniatum Ach. ; 
si, faisant quelques pas au-dessus, l'on gravit les rocailles plus ou moins boi- 
sées, on trouve : 


Dentaria digitata Lam. Hieracium ligusticum Fries. 
— pinnata Lam. Primula elatior Jacq. 
Aëthiónema saxatile R. Br. Globularia cordifolia L. 
Medicago minima Lam. Daphne alpina L. 

Vicia silvatica L. Polygonatum vulgare Fries. 
Sorbus Mougeoti Soyer-Will. Convallaria verticillata L. 
Sempervivum tectorum Z. Lilium Martagon L. 

Lactuca perennis L. Carex gynobasis Vill. 
Hieracium amplexicaule L. 


En poursuivant sa route, on arrive dans une gorge étroite où abondent : 
Potentilla petiolulata Gaud., Saxifraga Aizoon L., Inula Vaillantii Vill.; 
sur la crête de la montagne, ce sont les Helianthemum canum Dunal, Sca- 
biosa alpestris Jord., Carduus defloratus L., Convallaria verticillata L., 
Lilium Martagon L., Allium spherocephalum L., Rosa alpina L., R. ru- 
brifolia Vill. ; sur la pointe de Rampon, du côté oriental, Juniperus Sabina L. 
et Rosa rubri folia Vill. var. hispidula Ser. in DC. Prodr. 

On peut redescendre ensuite par la même gorge pour revenir à Veyrier 
prendre : 

Au bord des chemins : 


Calamintha officinalis Mœnch. Mentha rotundifolia L. 
— ascendens Jord. — silvestri-rotundifolia Wirtg. 
— mollis Jord. Cynodon Dactylon Pers. 


—- nepetoides Jord. 
Dans les prairies : 


Astrantia major L. Trollius europæus £L. 
Cirsium oleraceum Scop. 


Dans les vignes : 


Panicum sanguivale L. Antirrhinum OrontiumL. 
— glabrum Gaud. 


Dans les champs : 


Valerianella Morisonii DC. Linaria Elatine Mill. 
— — a. leiocarpa Godet. — spuria Mill. 
— — Q. lasiocarpa Godet. — minor Desf. 
— Auricula DC. Ajuga Chamæpitys L. 


Stachys arvensis L. Polygonum amphibium L. vár. terrestre, 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1860. CLXXVII 


C'est au bord de la propriété de M. Roch que l'on rencontre: Pastinaca 
pratensis Jord. et Cyperus longus L. (une de nos plus rares espèces). 

Pour se rendre à Menthon (460 mètres), on traverse les marais de Préle, 
où rien n'est plus commun que l'ŒÆnanthe Lachenalii Gmel. Menthon est un 
charmant village dont les prairies, au printemps, s'émaillent des fleurs bleues 
du Crocus vernus L. et dont les cheneviéres, en automne, se couvrent de 
Phelipæa ramosa C.-A. Mey., tandis que le Cephalaria pilosa G. G. borde 
les routes. 

Prés de Menthon et au bord du lac se trouvent des vestiges évidents de bains 
romains. C'est là qu'il faut se rendre pour faire l'ascension du roc de Chére. 
La distance d'Annecy est d'une demi-heure par le bateau à vapeur et d'une 
heure trois quarts par Albigny et Veyrier à pied. 

Le roc de Chère est peu élevé (500 mètres). Il semble s'étre détaché des 
montagnes voisines, pour venir former un promontoire qui baigne dans les 
eaux limpides du lac sa large base couverte de broussailles et de bruyères. 
Sur ses mollasses et son terrain nummulitique, il offre au botaniste les 
plantes suivantes : 


Arabis muralis Bert. Jasione montana L. 

— Turrita L. Campanula subramulosa Jord. 
Aéthionema saxatile R. Br. Rhododendron ferrugineum L (1). 
Viola derelicta Jord. Menianthes trifoliata L. 
Drosera rotundifolia L. Erythræa pvlchella Fries. 
Polygala depressa Wend. — Centaurium Pers. 

Sagina procumbens L. Veronica spicata L. 

— nodosa Fenzl. Euphrasia ericetorum Jord. 
Dianthus saxicola Jord. Eriophornm angustifolium Roth. 
Spergula arvensis L. Scirpus setaceus L. 

Hypericum humifusum L. Cyperus fuscus L, 

Potentilla petiolulata Gaud, — flavescens L. 

Epilobium palustre L. Aira flexuosa L. 

Herniaria hirsuta L. Ceterach officinarum C. Bauh. 
Scleranthus annuus L. Polypodium vulgare L. 

— perennis L. — Phegopteris L. 

Crassula rubens L. Aspidium Lonchitis Sw. 

Sedum maximum Koch. Cystopteris fragilis Bernh. 
Sempervivum tectorum L. Asplenium viride Huds, 

— arachnoideum L. Scolopendrium officinarum Sm. 
Caucalis daucoides L. ` Blechnum Spicant Sm. 

Selinum Carvifolia L. Asplenium Adiantum nigrum L. 
Peucedanum Cervaria L. Weisia recurvata Brid. 

Galium palustre L. Bartramia ithyphylla Brid. 
Filago minima L. Polytrichum commune L. 
Bidens cernua L. Hypnum commutatum Hedw. 


Hieracium glaucum Áll. 


(4) Voy. plus haut p. xL (en note}. 
T. XIII. 


CLXXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Au delà du promontoire de Chère et abrité par lui se trouve Talloires, vil- 
lage chéri des touristes et des peintres. Sur les vieux murs d'une ancienne 
abbaye fondée au commencement du x1° siècle par Ermengarde, épouse de 
Rodolphe IIT, roi de Bourgogne,on saisit avec plaisir Aëéthionema saxatile 
R. Br. et Hieracium amplexicaule L. 

Sur les rochers, au fond du village, c'est le Sedum maximum Koch que 
l'on trouve; dans les bois du côté de Doussard, c'est le Carpesium cernuum 
L., et dans les marais sur la route de Menthon, on récolte avec plaisir le 
Polytrichum Thelypteris DC. 

. Au-dessus de Talloires se voit une petite église bâtie sur le roc, c'est Saint- 
Germain, où l'on ira volontiers récolter : 


Micropus erectus L. 

Aceras anthropophora R. Br. 
Medicago minima Lam. 
Trifolium striatum Ł, 


Hemerocallis fulva Z. 
Allium sphærocephalum L. 


Rosa cuspidata Bieb. 


Arrivé à Saint-Germain, le botaniste est invité à faire l'ascension des Dents 
de Lanfond pour y faire provision de Leontopodium alpinum Cass., à 
800 mètres d'altitude, En descendant de ces cimes, il visitera les pâturages, 
les bois et les rocailles au-dessus de Bluffy pour les espèces suivantes ; 


Ranunculus platanifolius L. 

— lanuginosus L. 

—- nemorosus DC. 

— Friesanus Jord. 

Acónitum lycoctonum L, 
Turritis glabra L. 

Polygala Chamæbuxus L. 
Lychnis diurna Sihth. 

Ribes alpinum L. 

Pimpinella magna var. B, rosea Koch, 
Anthriscus abortivus Jord. 
Chærophyllum hirsutum Koch. 
Lonicera nigra L. 

Knautia silvatica Duby. 

Aster Amellus L. 

Inula Vaillantii Vill, 

— semi-amplexicaulis Reuter. 
Crepis aurea Cass. 


Crepis blattarioides Vill, 
Hieracium glaucum All. 
Campanula rhomboidalis L. 
Verbascum Thapsus L. 
Salix grandifolia Ser. 
Cypripedilum Calceolus L, 
Lilium Martagon L, 

Rosa alpina L. 

— rubrifolia Vill. 

— — f. hispidula Ser. 
— sphærica Gren. 

— montivaga Déségl. 

— — var. foliis biserratis. 
— malmundariensis Lej. 
— uncinella Besser, 

— dumetorum Thuill, 

— subglobosa Smith. 

— Andrzeiowskii Stev, 


8 w.— Herborisation au Semnoz. 


Avant de visiter les assises crétacées du Semnoz, il est utile de jeter un coup 
d'œil autour d'Annecy. Les herborisations précédentes nous ont fait connaitre 
les principales plantes des environs, mais elles ne nous ont pas indiqué sur les 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CLXXIX 


murs de la ville l’ Antirrhinum latifolium Mill. ; elles ne nous ont pas dit que 
le lit et les berges du Thioux nourrissent : 


Nymphæa alba L. Typha latifolia L. 

Nufar luteum Smith. Carex paniculata L. 
Potamogeton lucens L. — paludosa Good. 

— perfoliatus L. Phalaris arundinacea L. 
— crispus L. | 


Annecy est bâti sur la base des derniers contreforts septentrionaux du 
Semnoz. Pour parvenir à la cime la plus élevée de cette montagne qui s'étend 
depuis Annecy jusqu'à Allèves, deux chemins se présentent, celui de Leschaux 
celui du Puisot par le Cré-du-Maure. Le premier offrirait une ascension plus 
longue et moins intéressante. Choisissons donc le dernier qui, quoique plus 
difficile, sera plus avantageux et offrira à chaque pas quelques plantes intéres- 
santes. Le botaniste prendra la rampe du château, récoltera sur lés vieux 
murs Zpilobium collinum Gmel. et arrivera aux Colonies à travers des bancs 
de rochers et des broussailles qui lui donneront : 


Hutchinsia petræa R. Br. Peucedanum Cervaria L. 
Arabis hirsuta Koch. Pirola chlorantha Sw. (rare). 
— muralis Bertol. Erinus alpinus L. 

Dianthus saxicola Jord. Digitalis lutea DC. 
Geranium silvaticum L. Humulus Lupulus L. 

— sanguineum L. Orchis mascula L. 
Evonymus europæus L, — Morio L. 

— latifolius Z. — ustulata £. 

Rosa spinosissima L. Limodorum abortivum Sw. 
— spreta Déségl. Festuca ovina L. 

— alpina L. Sesleria cærulea Ard. 

— alpino-pimpinellifolia Rap. Nardus stricta L. 

— rubrifolia Vill. Lycopodium clavatum L. 
— dumalis Bechst. 


Dans les champs il trouvera : 


Spergula arvensis £L. Veronica officinalis L. 
Lathyrus hirsutus L. Rumex Acetosella L. 
— Cicera L. Reboulia hemisphærica Raddi, 


Ervum hirsutum L. 


Arrivé au Puisot, il s'enfoncera dans les forêts immenses de Sapins où il est 
facile de s'égarer, mais s'il rencontre un bon sentier, trois heures suffiront 
pour le conduire sur la pointe la plus élevée du Semnoz (1250 mètres). 1l 
n'y rencontrera guère que le Veronica aphylla L. C'est dans les pâturages et 
les bois qu'il faut herboriser et chercher : . 


Ranunculus Friesanus Jord, Cardamine silvatica Link, 


— nemorosus DC. Biscutella lævigata £L. 
— lanuginosus L. Thlaspi virgatum G. G. 
Aconitum lycoctonum L. Geranium sanguineum L. 


— paniculatum Lam. Vicia silvatiea £. 


CLXXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Sorbus aucuparia J.. 

— Chamæmespilus Crantz. 
Saxifraga rotundifolia L. 
Chærophyllum hirsutum Koch. 
Anthriscus abortivus Jord. 
Chrysosplenium alternifolium L. 
Galium anisophyllum Vill. 
Valeriana tripteris L. 

— montana L. 

Scabiosa alpestris Jord. 
Homogyne alpina Cass. 
Adenostyles albifrons Rchb. 
— alpina Bl. et Fing. 
Bellidiastrum Michelii Cass. 
Gnaphalium silvaticum L, 
Senecio Doronicum L. 
Centaurea montana L. 

Arnica montana L. 

Aronicum scorpioides DC. 
Leontodon pyrenaicus Gouan. 
Crepis aurea Cass. 

— blattarioides Vill. 
Hieracium villosum Jacq. 

— prenanthoides Vill. 
Phyteuma orbiculare L. 
Campanula barbata L. 

— rhomboidalis L. 

— thyrsoidea L. 

Gentiana lutea L. 


Gentiana punctata L. 
— campestris L. 

— verna L. 

Veronica alpina L. 
Euphrasia cuprea Jord. 
— minima Schleich. 
Lysimachia nemorum L. 
Soldanella alpina L. 
Primula elatior Jacq. 
Plantago alpina L. 

— montana Lam. 

—- fuscescens Jord. 
Rumex alpinus L. 

— arifolius All. 
Juniperus nana Will. 
Orchis globosa L. 
Cœloglossum viride Hartm. 
Nigritella angustifolia Rich. 
Lilium Martagon L. 
Luzula flavescens Gaud. 
— Forsteri DC. 

— maxima DC. 

Carex leporina L. 

— stellulata Good. 

— ferruginea Scop. 
Phleum alpinum L. 

Poa hybrida Gaud. 
Elymus europæus L. 


On rencontre également au Semnoz quelques Mousses intéressantes, telles 


que : 


Dicranum congestum Brid. 
Gymnostomum rupestre Schwgr. 
Distichium capillaceum Br. et Sch. 
Leptotrichum flexicaule Hampe. 
Barbula subulata Brid. 

Grimmia commutata Huebener. 
Orthotrichum speciosum Nees. 
Webera cruda Schimp. 

Bryum alpinum L. 


Bryum capillare L. 

Bartramia OEderi Sw. 

— ithyphylla Brid. 

Polytrichum strictum Menz. 
Diphyscium foliosum Mohr. 
Heterocladium dimorphum Br. et Sch. 
Lescurea striata Br. et Sch. 
Sphagnum acutifolium Ehrh. 


De la pointe la plus élevée du Semnoz, on peut, en une heure, descendre 
sur Alléves (à 6^7 mètres) ou atteindre le chemin de Gruffy (609 mètres) 
où aucune plante intéressante, sauf Lathyrus tuberosus L. et L. spharicus 
Retz., n'attire l'attention jusqu'à Vieugy. Dans cette dernière localité, le Carex 
Davalliana Smith est commun. En longeant la colline de Sainte-Catherine, 
où l'on voit : 

Carex digitata L. Amelanchier vulgaris Mench. 

— ornithopoda Willd, | Saxifraga rotundifolia L., 

on arrive à Vovray, où l'on trouve, dans les champs : beris amara L., 
Gagea arvensis Schult. ; aux bords des chemins : Cardamine impatiens L., 
Erophila glabrescens Jord., Saxifraga tridactylites L.'5 et dans les prairies 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866.  CLXXXI 


marécageuses : Carex paniculata L., C. stricta Good. et Euphrasia mon- 
tana Jord. 

Vovray est un petit hameau d'Annecy, situé au pied de la colline de Sainte- 
Catherine, laquelle tire probablement son nom de l'abbaye de Sainte-Cathe- 
rine qui y fut fondée en 1179, pour étre la sépulture des princes de Genéve. 
On peut récolter sur la colline : 


Pinguicula alpina L. Rosa alpina L. 
Evonymus latifolius L. Saxifraga Aizoon L. 
Crepis paludosa Tausch. 


Entre Vovray et Annecy se trouvent les Balmettes, dont les prairies maré- 
cageuses présentent peu de plantes intéressantes, sauf : 


Cirsium subalpinum Gaud. Veronica scutellata L. 
— palustre L. | Eriophorum latifolium Hoppe. 


— oleraceum Scop. 
Vis-à-vis des Balmettes existe, sur le revers occidental du Cré-du-Maure, 
une excellente localité pour les plantes printanières, telles que : 


Anemone nemorosa L. Asarum eùropæum L. 
Helleborus fætidus L. Arabis Turrita L. 
Viola permixta Jord. — muralis Bertol. 
— odorata L. i — hirsuta Scop. 

— scotophylla Jord. Carex montana L. 

— virescens Jord. — præcox Jacq. 

— arenaria DC. (M. Didier). — digitata L. 
Erophila majuscula Jord. 3 


On v trouve aussi, dans les clairières des bois : 


Pirola secunda Z. 
Veronica urticifolia L. f. 


Rosa micrantha Sm. 
Doronicum Pardalianches L. 
Pirola rotundifolia L. 


Et dans les haies : 


Corydallis cava Schw. Lathræa Squamaria L. 
— solida Smith. Galium Aparine L. 


S VI. — Herhorisation à la Tournette. 


Aux environs d'Annecy, l'excursion la plus alpine et la plus riche est celle 
dela Tournette. Élevée de 2364 mètres, cette cime escarpée se trouve entre 
le lac d'Annecy et la vallée de Serraval et domine toutes les montagnes voisines, 
à l'exception du mont Charvin (2414 mètres). 

L’ascension de la Tournette peut se faire par Thónes, chemin très-long, 
mais moins pénible : elle peut aussi se faire du côté d'Annecy où elle est plus 
courte et peut-être plus avantageuse. Choisissons cette dernière d'aprés notre 
propre expérience. Par le bateau à vapeur on se rend à Talloires, d’où l'as- 
cension peut s'effectuer en quatre, heures et demie. On prend, dans les bois 
au-dessus de Saint-Germain, un chemin, puis un sentier qui conduit au chalet 
du Ló (hauteur 1422 mètres). On monte ensuite sur des gazons fort inclinés 


CLXXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
jusqu'à un étroit sentier tracé au bord d'un précipice et conduisant au chalet 


du Cassay (hauteur 1790 métres). 


C'est là qu'une riche végétation alpine invite à une récolte abondante qui 
doit se continuer jusqu'aux dernieres sommités. Le carton du botaniste se 


remplit alors de : 


Thalictrum aquilegifolium L. 


Anemone vernalis L. 
— alpina L. 
— narcissiflora L. 


Ranunculus montanus Willd. 


— Villarsii DC. 

— Thora L. 

— lanuginosus L. 
Aconitum Anthora L. 
Arabis alpina L. 

— brassiciformis Wallr. 
— saxatilis All. 

— stricta Huds. 

— bellidifolia Jacq. 
Dentaria digitata Lam. 
— pinnata Lam. 
Draba aizoides L. 

— tomentosa Wahl. 


Thlaspi brachypetalum Jord. 


— rotundifolium Gaud. 
Biscutella lævigata L. 
Hutchinsia alpina R. Br. 
— petræa R. Br. 
Helianthemum alpestre DC. 
— canum Dunal. 

— grandiflorum DC. 
Viola calcarata L. 

— Zoysii Wulf. 

— alpestris Jord. 
Gypsophila repens L. 
Dianthus cæsius Smith. 
Silene bryoides Jord. 

— rupestris L. 

— quadrifida L, 

— puberula Jord. 
Alsipe Villarsii M. et K. 
>= verna Baril. 
Arenaria ciliata L. 
Cerastium strictum Z. 
Linum alpinum Z. 
Geranium pheum Z. 
Hypericum Richeri Vill. 
Coronilla vaginalis Lam, 
Trifolium badium L. 
Hippocrepis comosa L. 
Hedysarum obscurum DC. 
Oxytropis campestris DC. 
Dryas octopetala L. 
Geum montanum L. 


Epilobium origanifolium Lam. 
Circæa alpina L. 

Sedum annuum L. 

— atratum L. 
Sempervivum arachnoideum L. 
— tectorum Er 

Saxifraga stellaris L. 

— muscoides Wulf. 

— exarata Vill. 

— oppositifolia L. 

— rotundifolia L, 
Athamanta cretensis L. 
Galium anisophyllum Vill. 
— tenue Vill. 

— myrianthum Jord. 
Valeriana tripteris L, 

— montana L. 

Scabiosa lucida Fill. 

— alpestris Jord. 
Adenostyles albifrons Rchb. 
— alpina Bl. et Fing. 
Homogyne alpina L. 
Petasites albus Gærtn. 
Erigeron alpinus L. 

Aster alpinus L. 
Leontopodium alpinum Cass. 
Senecio Fuchsii Gmel. 

— Doronicum L. 

Arnica montana L. 
Aronicum scorpioides DC. 
Artemisia Mutellina Vili, 
Cirsium eriophorum Scop. 
— spinosissimum Scop. 
Carduus defloratus L. 
Centaurea nervosa Willd. 
— montana L. 

Leontodon pyrenaicus Gouan. 
Soyeria montana Monn. 
Crepis grandiflora Tausch. 
— aurea Cass. 

— blattarioides Vill, 
Hieracium villosum L. 

— glabratum Hoppe. 

— prenañthoides Vill. 

— pingue Fries in litt, (4). 
Phyteuma orbiculare L. 

— betonicifolium Vill. 
Campanula thyrsoidea L. 

— barbata L. 


(1) Espèce nouvelle que j'y ai découverte Ie 7 août 1860. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. cCLXXXIII 


Campanula pasilla Hænke. 
Gentiana purpurea L. 

— lutea L. 

— bavarica L. 

— verna L. 

— campestris L. 

— Clusii Perr. et Song.. 
Myosotis alpestris Schm. 
Cerinthe alpina Kit. 
Linaria petræa Jord. 
Pedicularis Barrelieri Rchb. 
— verticillata L. 

— foliosa L. 

Bartsia alpina L. 
Calamintha alpina Lam. 
Androsace pubescens DC, 
— helvetica Gaud. 
Soldanella alpina L. 


Globularia nudicaulis L. 


. Plantago alpina L. 


— montana Lam. 
Armeria alpina. Willd. 
Rumex alpinus L. 

— arifolius Vill. 
Poiygonum viviparum £. 
Thesium alpinum L. 
Salix Arbuscula L. 

— retusa L. 

— reticulata L. 

Orchis globosa L. 

Carex sempervirens Vill. 
— ferruginea Scop. 
Agrostis rupestris All. 
Phleum alpinum L. 
Festuca pumila Vill. 

— nigréscens Lam. 


La pointe la plus élevée de la Tournette est formée d'une masse de rocher 
appelée le Fauteuil ; elle est divisée en deux parties par une crevasse nommée 
la Cheminée, c'est le seul endroit accessible. De quelque cóté que se fasse 
l'ascension, il faut arriver là pour parvenir au point culminant du Fauteuil, 
dont le sommet est couvert d'un gazon fin de Festuca violacea Gaud. et 


F. alpina Shuttl. 


Sur le versant oriental de la Tournette, dans les pâturages et les roçailles, 
du côté de Thónes et de Serraval, une végétation aussi luxuriante que celle du 
versant occidental donne les espèces suivantes : 


Thalictrum saxatile DC. 
Ranunculus Thora L. 
Anemone baldensis L. 
Aconitum Anthora L: 

Arabis pumila Jacq. 

— serpyllifolia Vill. 
Sisymbrium austriacum Jacq. 
Cardamine silvatica Link. 
Draba tomentosa Vahl. 
Helianthemum alpestre DC. 
Silene bryoides Jord. 

— quadrifida L. 

Alsine verna Bartl. 
Arenaria ciliata L. 


Mæhringia polygonoides M. K. 


Rhamnus alpinus L. 
Anthyllis montana L. 
Phaca australis L. 

— astragalina DC. 
Oxytropis campestris DC. 
Orobus luteus L. 

Rubus saxatilis L. 
Saxifraga oppositifolia L. 
— Aizoon Jaq. 

— stellaris L. 

— androsacea L. 


Saxifraga mutata L. 

Trinia vulgaris DC. 
Chærophyllum hirsutum L. 
— Villarsii Koch. 
Eryngium alpinum Z. 
Centranthus angustifolius DC, 
Crepis grandiflora Tausch. 
Hypochæris maculata L. 
Soyeria montana Monn., 
Hieracium villosum L. 

— — f. angustifolium. 
— glabratum Hoppe. 

— scorzonerifolium Fili. 
— elongatum Willd: 

— valdepilosum Vill. 

— perfoliatum Fral. 
Gentiana Clusii Perr. el Song. 
— nivalis L. 

Primula Auricula L. 
Androsace helvetica Gattas 
— pubescens DC. 
Pedicularis foliosa L. 

— Barrelieri Rchb. 
Betonica hirsuta L. 
Paradisia Liliastrum Bertol. 
Pinus uncinata Ram. 


CLXXXIV . SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Je dois à l'obligeance de M. l'abbé Delavay, jeune botaniste aussi zélé 
qu'intelligent, la connaissance (et des échantillons) des plus rares espèces de 
la Tournette. Qu'il en recoive ici l'expression de ma vive reconnaissance. 

Pour faire l'ascension de la Tournette, il existe un troisième itinéraire qui 
tient le milieu entre les précédents sous le rapport du temps et de la difficulté : 
c'est de prendre le bateau à vapeur jusqu'à Doussard et d'aller du bout du lac 
jusqu'à Montmin. On monte alors jusqu'aux prairies du Lard, qui conduisent à 
la crête de la montagne et au milieu desquelles abondent les Zeontodon pyre- 
naicus Gouan, L. Taraxaci Lois. et L. taraxaci-pyrenaicus de Jouffroy. Au 
pied des rochers il y a le Viola sciaphila Koch. 

Du sommet de la Tournette l'œil plonge sur un immense panorama de plaines, 
de collines et de montagnes. La vue, qui embrasse toute la chaine des Alpes 
de la Savoie et du Dauphiné, s'étend méme jusqu'aux portes de Lyon. L'on 
remarque surtout à l'est le mont Charvin, montagne voisine que plusieurs 
membres de la Société botanique de France ont visitée en partie le 11 aoüt 1866. 
Pour compléter la liste des plantes qui en a été donnée, il est utile de citer ici 
les espèces suivantes, dont je dois la connaissance à l'amitié de M. l'abbé De- 
lavay (1). 


Ranunculus lutulentus Perr. et Song. Cerastium latifolium L. 

— alpestris L. Astragalus aristatus L'Hérit.. 
Anemone vernalis L. Potentilla alpestris Hall. 

— baldensis L. Alchimilla fissa Schumm. 
Arabis pumila Jacq. Saxifraga androsacea L. 

— bellidifolia Jacq. Leontodon Taraxaci Lois. 
Cardamine resedifolia L. Hieracium scorzonerifolium Vill. 


La descente de la Tournette se fait utilement par Serraval et le retour par 
Saint-Ferréol et Faverges. Le chemin est plus long que celui de l'ascension, 
mais il dédommagera des fatigues par quelques plantes intéressantes. Serrava 
(hauteur 767 mètres à l'église), est situé dans l'étroite vallée de ce nom, qui 


sépare la Tournette du mont Charvin. Les lieux ombragés attirent l'attention 
sur : 


Geranium nodosum £L. 
Cerasus Padus DC. 

Hieracium prenanthoides Vill. 
— tridentatum Fries. 


Calamintha grandiflora Lam. 
Cypripedilum Calceolus L. 
Orchis fusca Jacq. 

Narcissus Pseudonarcissus L. 


Les rochers au-dessus de la rivière présentent : 


Arabis muralis Bertol. 
— saxatilis Al. 

—- serpyllifolia Vill. 
— Turrita L. 


Hieracium Jacquini Vill. 
— lanatum Vill. 
— andrialoides Vill. 


(1) Plusieurs de ces espèces ne pouvaient être récoltées pendant l'excursion de la 
Société, à cause de l'époque où celle-ci a été faite. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNECY, AOUT 1866. CLXXXV 
Depuis le col de l'Épine qui est au-dessus de Serraval, un sentier sur la 
rive droite du torrent conduit à Saint-Ferréol, qni se distingue par : 


Althæa hirsuta L. 
Colutea arborescens L. 
Carpesium cernuum L. 


Cynosurus echinatus L. 
Lathyrus Aphaca L. 
Bupleurum rotundifolium L. (1). 


En sortant de Faverges, on traverse une petite plaine souvent dévastée par 
les débordements de l’ Zau-morte, et l'on voit au milieu des champs et des 
arbres les communes de Gyez, de Chevaline et de Doussard, où l'on 
rencontre : 


Orchis divaricata Lois. 
— incarnata L. 


Carpesium cernuum L. 
Leucoium vernum L. 
Orchis laxiflora Lam. 


Puis l'on arrive à Duingt, charmant village dominé par des coteaux arides 
ou couverts de Buxus sempervirens L. Par une route muletière on peut 
monter dans l'étroit vallon d'Entrevernes, où abondent Geranium nodosum L. 
et Cephalaria alpina Schrad. 

De Duingt à Annecy, la route cótoie plus ou moins la rive gauche du lac, 
traverse d'abord les marais et la plaine de Saint-Jorioz, où l'on remarque : 


Nufar luteum Smith. Potamogeton pectinatus L. 
Apium graveolens L. (spontané). Scirpus compressus L. 
Potamogeton pusillus L. Apera interrupta P. Beauv. 


Puis les divers hameaux de Sévrier où, après avoir fait provision de Gen- 
tiana Pneumonanthe L. dans les marais de la Carpire, on trouve dans un 
fossé sur la route : Æelosciadium inundatum Koch, Berula angustifolia 
Koch, Myosotis cæspitosa Schultz; sur les murs : Ceterach officinarum C. 
Bauh. ; dans les champs : Datura Stramonium L.; le long des sentiers: Phy- 
salis Alkekengi L.; et sur les rochers de la Puya : 


Peucedanum Cervaria Lap. Ophrys apifera Huds. 
Laserpitium Siler L. Rosa cuspidata Bieb. 
Senecio Jacobæa L. — subglobosa Sm. 


Viola multicaulis Jord. 


M. le docteur Ripart communique la liste suivante des Crypto- 
games cellulaires récoltées par lui durant le cours de la session: 


Hypnum Halleri L. f. — Charvin. 
— M S cip Schrad. — ld, 
Bartramia ithyphylla Brid. — Charvin. — fastigiatum Brid. — Id. 
— Halleriana Hedw. — Id. — crinale Schleich. — Id. 
Pogonatum alpinum P. Beauv. — Mon- Hylocomium splendens Schimp. — Id. 
tanvert. — loreum Schimp. — ld. 
Neckera crispa Hedw. — Brizon. 


(1) Ces deux dernières plantes dans les moissons jusqu'à Faverges. 


GLXXXVI 


Hépatiques. 


Plagiochila asplenioides Lind. — Id. 
Marchantia polymorpha L.—Col de Voza. 
— — var. DB. alpestris Nees. — Id. 


Lichens. 


Collema flacidum Ach. — Sallanches. 

Leptogium Hildenbrandii Nyl. — Charvin. 

Bæomyces icmadophilus Nyl.— Charvin, 
Brizon. 

Cladonia neglecta Flk. — Charvin. 

— cornuta Fr. — Montanvert, 

Alectoria jubata (fructif.) Ach. — Col de 
Voza, Montanvert. 

— — var. prolixa Ach. — Montanvert. 

Getraria islandica Ach. — Charvin, Mon- 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Peltigera horizontalis Hoffm. — ld. 
— venosa Hoffm. — Col de Voza. 
Solomia saccata Ach.— Charvin, Brizon. 


— crocea Ach. — Charvin, Brizon. 
Lecanora cisalpina Ach. — Charvin. 
Lecidea enteroleuca Ach. — Id. 

— silacea Ach. — ld. 


Endocarpon miniatum Ach. 


Champignons, 


Schizophyllum commune Fr. — Id. 

Leuzites sæpiaria Fr. — Id, 

Guepinia belvelloides Fr, — Id, 

Stilbum luteum Celle et Schw.— Brizon. 

Hypoxylon fuscum Fr, — Charvin., 

Coleosporium — Tussilaginis Lév. (sur 
l'Adenostyles alpina). — Id. 


tanvert. Æcdiium Pini Pers. — Col de Voza. 
Peltigera aphthosa Hoffm. — Charvin. 


M. le professeur Gelshorn, de Verden (Hanovre), remercie la 
Société de ce qu'elle a bien voulu l'admettre à partager ses travaux 
et à profiter des avantages qu 'elle accorde à ses membres. 

M. le Président remercie M. Payot, qui avait bien voulu faire 
préparer des logements à Chamonix aux membres de la Société, 
dans les conditions les plus avantageuses et les plus confortables. 

M. Cosson, au nom du bureau permanent de la Société, adresse 
à M, l'abbé Chevalier les remerciments qu'il a si bien mérités par 
le dévouement avec lequel il a pris part à la direction des herbo- 
risations de la Société. 

M. Cosson dit qu'il est certain d'étre l'interpréte des sentiments 
unanimes de la Société en témoignant officiellement du profond 
regret que tous les membres présents à la session qnt exprimé 
de l'absence de notre dévoué et habile secrétaire général, 
M. de Schenefeld, dont le concours a été si utile pour la direction 
de nos sessions annuelles auxquelles il avait toujours assisté, et 
qui, bien que retenu à Paris par des motifs impérieux, s'est associé 
de loin à notre voyage en présidant à tous les détails de son orga- 
nisation. 

La session est déclarée dioe à minuit. — Les membres de la 
Société se séparent à regret, par une nuit sereine, en contem- 


plant, aux rayons de la lune, les cimes majestueuses et resplen- 
dissantes du Mont-Blanc. 


APPENDICE 


AU 


COMPTE RENDU DE LA SESSION D'ANNECY 


mens 


RAPPORT SUR LES COLLECTIONS DE LA HAUTE-SAVOIE. 


Pressée par un programme dont l'attrait ne diminuait pas l'étendue, la 
Société n'a pu que parcourir le musée d'Annecy, dont l'importance témoigne 
des efforts de l'Administration municipale de cette ville, mais qui n'offre pas un 
intérét assez spécialement botanique pour étre décrit dans notre Bulletin. 
Nous pourrions en dire autant ici du musée que M. Pierre Pachoud, en 
religion frére Valfrid, directeur de l'école chrétienne de Sallanches, a commencé 
dans ce chef-lieu cantonal, et qui embrasse toutes les branches de l'histoire 
naturelle ; mais nous ne pouvons omettre les éloges dus à l'activité intelligente 
qui a présidé à sa création. C'est avec ses seules ressources que le frère Val- 
frid a créé cette collection, qui ne serait pas déplacée dans plus d'une de nos 
préfectures, aidé par les envois que des missionnaires et d'autres correspon - 
dants lui ont adressés de pays fort éloignés. Chargé précédemment des fonc- 
tions d'instituteur à la Motte (Savoie), puis à Thonon (Haute-Savoie), il avait 
créé dans chacune de ces deux villes un musée analogue et en avait fait don à 
leur municipalité, comme il l'a fait à Sallanches. Nous sommes heureux 
d'ajouter que M. Pachoud, dont les efforts sont dignement appréciés par 
l'Administration supérieure, a été honoré récemment d'une distinction hono- 
rifique décernée par la préfecture d'Annecy. 

Les herbiers que la Société a pu examiner pendant la session sont ceux de 
MM. Bouvier, Chevalier, V. Personnat et Vénance Payot. 

L'herbier de M. Bouvier se compose de cinquante paquets de Phanórogames 
et de douze paquets de Cryptogames. Trois régions botaniques s'y trouvent 
principalement représentées : les environs de Paris, ceux de Montpellier avec 
le littoral méditerranéen, enfin les Alpes de Tende, du Dauphiné, de la Suisse 
et de la Savoie, objet des études de prédilection de M. Bouvier. On trouve en 
outre dans cet herbier les exsiccala d'Huguenin et de Sieber, les Algues de 
Normandie du professeur Chauvin, les plantes d'Italie du docteur Baglietto, 
celles de l'expédition de Morée de Gittard, celles de Saxe de Lechler ; et d'autres 
rapportées d'Espagne par MM. Boissier et Reuter, et d'Algérie par M. Du- 
rieu de Maisonneuve. Enfin les collections de M; Bouvier se sont enrichies 


CLXXXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


par les dons de plusieurs de nos confrères, qui lui ont adressé les espèces 
recueillies par chacun d'eux dans le cours de leurs herborisations respectives. 

L'herbier de M. l'abbé Chevalier, encore renfermé dans des caisses, faute 
d'un local suffisant pour l'exposer, se compose d'environ six mille espéces, 
parmi lesquelles se trouvent toutes les plantes indiquées dans le Catalogue des 
plantes vasculaires de l'Europe centrale, de M. Lamotte, à l'exception d'une 
centaine. On y trouve en outre beaucoup de plantes de l'Italie méridionale, 
d'Espagne, d’‘Igérie, d'Asie-Mineure et d'Amérique. M. Chevalier a recueilli 
lui-méme la plupart des plantes de la Savoie, du Piémont et de la Ligurie, 
ainsi que le plus grand nombre de celles de la Suisse et dela France. 

L'herbier de M. Personnat contient exactement 3541 espéces phanéro- 
games de France (empoisonnées), représentées par environ 15 000 échantil- 
lons, chaque espéce offrant des spécimens recueillis dans un grand nombre 
de localités. Tous les départements de la France y ont fourni leur contingent, 
mais les flores les plus spécialement représentées dans cet herbier sont celles 
des bords de l'Océan et de la Méditerranée, de l'Auvergne et des Alpes. Deux 
volumes distincts renferment, en outre, l'un, la collection des Mousses pyré- 
néennes, l'autre, les Algues de la Manche. Enfin un dernier volume réunit 
toutes les anomalies végétales observées et recueillies par M. Personnat. La 
Société a examiné avec intérét le répertoire manuscrit qui accompagne cette 
collection, et dans lequel un système de numéros habilement combinés permet 
de trouver facilement et promptement l'indication de toutes les localités où a 
été recueillie chacune des plantes de l'herbier. 

Les collections de M. V. Payot sont considérables. Elles occupent tout un 
étage de sa maison. Elles ont été visitées et appréciées par tous les naturalistes 
qui ont passé à Chamonix. Ce sont des collections de géologie, de minéralogie 
et de botanique; la place restreinte réservée à l'herbier dans l'ensemble a ce- 
pendant une étendue suffisante, parce que les excursions de M. Payot ont été 
bornées à un rayon de vingt kilomètres autour de Chamonix. Quelques plantes 
du Valais, ou de diverses régions de la France, envoyées par des correspon- 
dants, ont été, il est vrai, ajoutées à l'herbier, mais chaque échantillon y est 
muni d'ane étiquette qui en indique expressément la provenance. Si la déter- 
mination de certaines plantes y peut étre dans quelques cas douteuse, leur 
origine du moins ne l'est jamais, et le botaniste qui voudra scruter la végéta- 
tion des Alpes francaises, doit se considérer comme certain de trouver actuelle- 
ment à Chamonix une collection importante et authentique, dont il ne pour- 
rait négliger l'étude. La cryptogamie occupe dans cet herbier une place 
importante, surtout les Lichens et les Mousses, lesquelles ont été détermi- 
nées par M. Schimper. Cette collection a d'ailleurs un intérét particulier, à 
cause des travaux de M. Payot, dont elle est la base. Indépendamment de 
I'Zrpétologie et Paléontologie des environs du Mont-Blanc (1864), M. Payot 
a publié successivement le Catalogue phytostatique des plantes cryptogames 


SESSION EXTRAORDINAIRE A ANNEGY, AOUT 1860.  cLxxXIX 


ou Guide du Lichénologue au Mont-Blanc (extrait du Bulletin de la Société 
Vaudoise des sciences naturelles, n° A7, 1860), le Catalogue des Fougères, 
Préles et Lycopodiacées du Mont-Blanc, analysé dans notre Revue biblio- 
graphique, t. VII, p. 945, et l'É'numération des Mousses nouvelles, rares et 
peu connues des environs du Mont-Blanc (janvier 1865). A ce dernier tra- 
vail se trouve joint un catalogue des Diatomées de la vallée de Chamonix, au 
nombre de cent cinquante, dressé avec le concours de M. le comte F. Castra- 
cane. M. Payot, comme il l'a dit lui-méme à la Société, prépare une flore 
complète du périmètre exploré par lui, flore dont il lui a méme communiqué 
. les premières pages (1). 


Au nom de la commission : 


D' EUGENE FOURNIER, rapporteur. 


RAPPORT DE ME. l'abbé E. CHEVALIER SUR UNE HERBORISATION FAITE 
AU BRÉVENT LE 23 AOUT 1866 (2). 


L'herborisation du Brévent faisait partie du programme, mais le mauvais 
temps avant contrarié les dispositions prises à l'avance, obligea la Société à 
clore la session le 22 au soir, et il fut décidé que je ferais cette excursion le 
lendemain avec les membres qui voudraient bien se joindre à moi, afin de ne 
pas omettre dans le compte rendu de la session une des localités les plus 
importantes du département. 

Nous partimes le 23 au matin, accompagnés de M. l'abbé Gallay, vicaire 
de Chamonix. Nous suivimes la belle route muletière construite tout récem- 
ment pour relier la vallée de Chamonix à celle de Sixt, et, tout en serpen- 
tant à travers une grande forét de Sapins, nous rencontràmes quelques plantes 
intéressantes, telles que : 


Allosorus crispus Bernh. Asplenium septentrionale Sw. 
Woodsia hyperborea Koch. Senecio viscosus L. 
Polypodium vulgare L. Hieracium Peleterianum Mér. 
Aspidium Lonchitis Sw. Homogyne alpina Cass. 


Au sortir du bois, nous eûmes à arpenter les nombreux lacets décrits sur 
les flancs presque perpendiculaires d'une longue gorge qui conduit à l'hótel- 
chalet de Planpraz. C’est là que, sur les rochers et parmi les débris tombés 


(1) Voy. le Bulletin, t. XI (séances), p. 48. 
(2) La commission du Bulletiu a décidé que ce rapport serait annexé au compte rendu 
de la session d'Annecy, à laquelle il se rattache directement, bien que la course qui en. 


fait l'objet, ait eu lieu après la clôture de la session. 


Een 4 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
du Brévent, nous observâmes un grand nombre de bonnes espèces alpines, 


entre autres : 


Arenaria laricifolia Vill. 
Silene rupestris Z. 
Euphrasia minima Schl. 
— montana Jord. 
Botrychium Lunaria Z. 
Campanula rhomboidalis L. 
Sempervivum montanum L, 
— arachnoideum L, 
Carex sempervirens Vill. 
Luzula spicata DC. 

— spadicea DC. 

— lutea DC. 

Galium teriue Vill. 
Centaurea nervosa Willd. 
Festuca violacea Gaud. 
Trifolium spadiceum L. 
Scleranthus perennis L, 
Betonica hirsuta L. 
Cardamine resedifolia L. 
Barisía alpina £. 
Einpetrum nigrum Z. 
Buplevrum stellatum L. 


Laserpitium hirsutum L. 
Crepis aurea Cass. 

Potentilla aurea L. 

— grandiflora L. 

Viola biflora L. 

Primula viscosa Vill, 
Hypericum Richeri Vill, 
Chrysanthemum montanum L. 
Imperatoria Ostruthium L. 
Saxifraga Aizoon Jacq. 
Sedum annuum Z. 

Myosotis alpestris Schm. 
Gentiana campestris L. 
Hieracium villosum L. 

— præaltum Vill. 
Rhododendron ferrugineum L. 
Trifolium montanum L.. 
Thesium alpinum L. 
Onobrychis montana DC. 
Astrantia minor L. 
Lycopodium Selago L. 
Selaginella spinulosa Al. Br. 


On est heureux de trouver à Planpraz tout le confortable nécessaire aux 
voyageurs. Le chalet est situé aux deux tiers de la hauteur de la montagne, au 
milieu de charmantes prairies, C'est au bord de ces prairies que les tou- 
ristes, qui n'ont pas la force ou le courage d'aller jusqu'à la cime du Brévent, 
jouissent de la belle vue du Mont-Blanc, de la vallée de Chamonix, et des 
glaciers qui y aboutissent. C'est près de là, dans la direction du Buet, que 
commence la chaine des Aiguilles-Rouges. Ces rochers qui, de loin, paraissent 
colorés en rouge, doivent cette teinte à la décomposition de particules de fer 
qui entrent comme matière intégrante dans la texture de ce massif cristallin. 
Du chalet de Planpraz à la cheminée, nous remarquámes : 


Ranunculus montanus Willd, 
Trifolium alpinum L. 
Phleum alpinum £L, 
Linum montanum DC, 
Aster alpinus L. 

Festuca alpina Gaud. 
Sagina glabra Willd. 
Plantago alpiua L, 

— montana Lam. 
Gentiana purpurea f. 

— angustifolia Vill. 
Geum montanum Z. 
Meum Mutellina Geærln. 
Veronica bellidioides L. 
— alpina L, 
Cymnadenia albida Rich, 


Stellaria cerastioides L. 
Mehringia polygongides M. K. 
Saxifraga aspera L. 

— stellaris L. 
Chrysanthemum alpinum L. 
Avena versicolor Vill, 
Valeriana montana L, 

Salix herbacea Z. 

— retusa L. 

Juncus trifidus L. 

Senecio incanus L. 
Homalotheca supina Cass. 
Hieracium alpinum Z. 
Phyteuma hemisphæricum L, 
Pedicularis rostrata Jacq. 

— verticillata Z. 


SESSION EXTRAORDINAIRE À ANNECY, AOUT 1860. -ex 


Carex fœtida Al, i Alchimilla pentaphylla L, 

— nigra L. Cirsium spinosissimum Scop. 
Hutchinsia alpina R. Br. Braya pinnatifida Koch. 
Cerastium pedunculatum Gaud. Erigeron alpinus L, 

Sagina Linnæi Presl. Arnica scorpioides L. 
Arenaria biflora L. Artemisia Mutellina Vill. 
Sibbaldia procumbens L. Draba nivalis DC. 
Polygonum viviparum L. Ranunculus alpestris £L. 


La cheminée est un couloir adossé à un rocher presque à pic, d'une tren- 
taine de mètres de hauteur, et de nature à faire reculer d'effroi beaucoup de 
voyageurs-qui préfèrent le passage beaucoup plus long du col du Brévent, Le 
rocher granitoïde une fois escaladé, nous eümes le plaisir de rencontrer ; 


Juniperus nana Wild. | Gaya simplex Gaud. 
Cherleria sedoides L. Erigeron uniflorus L. 

Silene exscapa All. Draba aizoides L, 

Saxifraga bryoides L. Phyteuma hemisphæricum L. 
Festuca Halleri 411. Veronica aphylla L. 


Poa alpina L. 


Ensuite nous traversâmes sans beaucoup de peine une grande étendue de 
débris de la calotte du Brévent, composés surtout de roches, que Saussure a 
dénommées granits veinés. Ce sont des gneiss mélangés de feldspath, de 
quartz et de talc associé au mica, et qu'on prendrait pour de véritables gra- 
nits, s'ils ne conservaient toujours une tendance à la texture schisteuse. 

Nous cueillimes là, parmi les pierres, le Poa cæsia Sm., le Festuca alpina 
Gaud. et l'Agrostis rupestris Willd. 

Arrivés par un beau soleil sur la pointe du Brévent, à 2550 mètres au- 
dessus du niveau de la mer, nous avons été agréablement surpris de rencon- 
wer du bon vin d'Asti dans un élégant pavillon, construit à grands frais depuis 
quinze jours seulement. Comme on peut y loger commodément une huitaine 
de personnes, les touristes se feront un plaisir de faire cette ascension, quelque 
longue et pénible qu'elle soit, pour jouir du plus beau coup d'œil que pré- 
sentent les environs de Chamonix. 

C'est un véritable observatoire, posté au milieu de l3 vallée, en face du 
Mont-Blanc et vis-à-vis des principaux glaciers qui en descendent. 

De là on découvre, pour ainsi dire, dans un seul tableau, les nx glaciers 
qui vont se verser dans la vallée de Chamonix, et les cimes inaccessibles entre 
lesquelles ils prennent naissance, et le Mont-Blanc surtout, que l'on trouve 
d'autant plus majestueux qu'on l'observe d'un lieu plus élevé. 

L'œil ne peut se rassasier de la vue de ces étendues immenses de neiges et 
de glaces, de ces beaux glaciers qui s'en détachent comme des fleuves solia 
dont la blancheur contraste singulièrement avec le vert foncé des forêts qu'ils 
traversent sur les pentes inférieures de la vallée. : 

Si nous nous fussions trouvés là un mois plus tót, nous aurions parcouru 


cxcit SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


les riches pentes herbeuses, situées entre le Brévent, les Aiguilles-Rouges et 
la Dioza, pour récolter : 


Ranunculus parnassifolius L. Festuca varia Hanke. 
Anemone narcissiflora L. Poa distichophylla Gaud. 
Rhaponticum scaricsum Lam. — flexuosa Wahlnb. 
Hieracium albidum Vill. — laxa Hœnke. 


et autres belles espèces de ces parages enchanteurs ; mais les pâturages avaient 
déjà été tondus d'une maniere désespérante pour des botanistes, et il nous 
fallut rebrousser chemin, aprés avoir toutefois mis la main sur quelques 
touffes de Calamagrostis tenella Host, de Poa minor Gaud. et de Festuca 
pumila Vill. 

Le soleil dardait ses derniers rayons sur les cimes des montagnes, et il nous 
importait d'effectuer la descente de la Cheminée avant l'arrivée de la nuit. 


Paris. — Imprimerie de E. MARTINET, rue Mignon, 2.